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15 ans d’AbbVie Rheumatology Grant De la recherche à la pratique 15 ans d’AbbV 15 ans d’AbbV Rheumatology Grant ie 15 ans d’AbbV Rheumatology Grant Rheumatology Grant 2018

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15 ans d’AbbVie Rheumatology Grant

De la recherche à la pratique

15 ans d’AbbV15 ans d’AbbV Rheumatology Grantie15 ans d’AbbV Rheumatology Grant Rheumatology Grant

2018

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Références1. Keystone EC et al. Longterm E� ect of Delaying Combination Therapy with Tumor Necrosis Factor Inhibitor in Patients with Aggressive Early Rheumatoid Arthritis: 10-year E� cacy and Safety of Adalimumab from the Randomized Controlled PREMIER Trial with Open-label Extension. J Rheumatol 2014;41(1):5–14. 2. Keystone EC et al. Clinical, Functional, and Radiographic Benefi ts of Longterm Adalimumab Plus Methotrexate: Final 10-year Data in Longstanding Rheumatoid Arthritis. J Rheumatol 2013;40(9):1487–1497. 3. Mease PJ et al. Adalimumab for long-term treatment of psoriatic arthritis: 2-year data from the Adalimumab E� ectiveness in Psoriatic Arthritis Trial (ADEPT). Ann Rheum Dis 2009;68(5):702–709. 4. Sieper J et al. Early response to adalimumab predicts long-term remission through 5 years of treatment in patients with ankylosing spondylitis. Ann Rheum Dis 2012;71(5):700–706. 5. Van der Heijde D et al. Maintenance of improvement in spinal mobility, physical function and quality of life in patients with ankylosing spondylitis after 5 years in a clinical trial of adalimumab. Rheumatology 2015;54(7):1210–1219. 6. Rudwaleit M et al. Adalimumab e� ectively reduces the rate of anterior uveitis fl ares in patients with active ankylosing spondylistis: results of a prospective open-label study. Ann Rheum Dis 2009;68(5):696–701. 7. Menter A et al. Adalimumab therapy for moderate to severe psoriasis: a randomized controlled phase III trial. J Am Acad Dermatol 2008;58(1):106–115. 8. Van der Heijde D et al. E� cacy and Safety of Adalimumab in Patients With Ankylosing Spondylitis. Arthritis Rheum 2006;54(7):2136–2146. 9. Paanaccione R et al. Adalimumab maintains remission of Crohn’s disease after up to 4 years of treatment: data from CHARM and ADHERE. Aliment Pharmacol Ther 2013;38(10):1236–1247. 10. Colombel JF et al. Four-year maintenance treatment with adalimumab in patients with moderately to everely active ulcerative colitis: Data from ULTRA 1, 2, and 3. Am J Gastroenterol 2014;109(11):1771–1780. 11. HUMIRA® Information professionnelle Mars 2017. 12. AbbVie’s HUMIRA® (Adalimumab) Receives CHMP Positive Opinion to Treat Adolescents with Hidradenitis Suppurativa, a Chronic Infl ammatory Skin Disease. Novembre 2016. Disponible sur le site: https://news.abbvie.com/news/abbvies-humira-adalimumab-receives-chmp-positive-opinion-to-treat-adolescents-with-hidradenitis-suppurativa-chronic-infl ammatory-skin-disease.htm, dernier acces: Mai 2017. 13. Van der Heijde et al. Physical function, disease activity, and health related quality-of-life outcomes after 3 years of Adalimumab treatment in patients with Ankylosing spondylitis. Arthritis Research & Therapy 2009, 11(4):R124. 14. Paul C et al. Infl uence of psoriatic arthritis on the e� cacy of adalimumab and on the treatment response of other markers of psoriasis burden: subanalysis of the BELIEVE study. Eur J Dermatol. 2012.22(6):762-7699.# Uvéite non infectieuse intermédiaire, postérieure ou panuvéite (NIIPP). Humira® (Adalimumab): C: Principe actif: adalimumab. I: Adultes: polyarthrite rhumatoïde (PR) active modérée à sévère en cas de réponse insu� sante au traitement par agents antirhumatismaux de fond (DMARD), en monothérapie ou en association avec le méthotrexate (MTX) ou d’autres DMARD; patients MTX-naïfs atteints de PR modérée à sévère diagnostiquée depuis peu (<3 ans) traitement en association avec le MTX. Arthrite psoriasique (APs) en cas de réponse insu� sante au traitement par DMARD, traitement en monothérapie ou en association aux DMARD. Spondylarthrite ankylosante (SA) active en cas de réponse insu� sante aux traitements conventionnels. Maladie de Crohn (MC) dont l’activité est moyenne à forte en cas de réponse insu� sante aux traitements conventionnels ainsi que de réponse insu� sante/d’intolérance à l’infl iximab. Colite ulcéreuse (UC) active modérée à sévère en cas de réponse insu� sante, d’intolérance ou de contre-indication aux traitements conventionnels. Psoriasis en plaque (PsO) chronique modéré à sévère chez les patients candidats à un traitement systémique ou une PUVA-thérapie, en monothérapie. Hidradénite suppurée (HS) active modérée à sévère en cas de réponse insu� sante à une antibiothérapie systémique. Uvéite (U) non infectieuse intermédiaire, postérieure ou panuvéite en cas de dépendance aux corticostéroïdes ou de réponse insu� sante aux corticostéroïdes ou aux immunomodulateurs; selon la progression anatomique et fonctionnelle en association avec des corticostéroïdes ou des immunomodulateurs. Enfants et adolescents: De 4 à 17 ans, arthrite juvénile idiopathique polyarticulaire active (AJIp) en cas de réponse insu� sante/d’intolérance aux DMARD, en association avec le MTX ou en monothérapie (intolérance au MTX). À partie de 6 ans en présence d’une forme active sévère de la MC et d’une réponse insu� sante, une intolérance ou une contre-indication aux traitements conventionnels (traitement nutritionnel, glucocorticoïde et immunosuppresseur). P: Injection sous-cutanée. Adultes: PR, SA, APs: 40 mg toutes les deux semaines. MC, UC: 160 mg à la semaine 0, 80 mg à la semaine 2, puis 40 mg toutes les deux semaines. PsO, U: 80 mg à la semaine 0, 40 mg à la semaine 1 puis 40 mg toutes les deux semaines. En cas de diminution de l’e� et du médicament dans l’UC, la PR et la PsO, possibilité d’augmenter la fréquence d’administration à 40 mg une fois par semaine. HS: 160 mg à la semaine 0, 80 mg à la semaine 2 puis 40 mg une fois par semaine à partir de la semaine 4. Enfants et adolescents: AJIp: 24 mg/m2 de surface corporelle sans toutefois dépasser 40 mg (dose individuelle) toutes les deux semaines. MC: <40 kg: 80 mg à la semaine 0, 40 mg à la semaine 2 suivis de 20 mg ou de 10 mg toutes les deux semaines. ≥40 kg: 160 mg à la semaine 0, 80 mg à la semaine 2 puis 40 mg ou 20 mg toutes les deux semaines. CI: Hypersensibilité à l’un des composants, tuberculose active (TB), infections graves, insu� sance cardiaque modérée à sévère (NYHA cl. III-IV). Préc.: Infections, y compris infections opportunistes, TB, y compris TB oculaire, syphilis ou réactivation de l’hépatite B, événements neurologiques, y compris troubles de la myélinisation, réactions allergiques, y compris réactions anaphylactiques, tumeurs malignes, y compris lymphome intraoculaire, immunosuppression, vaccinations, administration de vaccins vivants, administration de vaccins vivants à des nouveau-nés après exposition in utero, insu� sance cardiaque, utilisation simultanée d’un DMARD biologique ou d’autres antagonistes du TNF, troubles hématologiques, auto-anticorps, utilisation en gériatrie. Interact.: aucune observée/pas étudiée. Grossesse: Contraception, évaluation du bénéfi ce/risque, allaitement non recommandé pendant au moins 5 mois après le dernier traitement. EI: Réactions au site d’injection, infections, leucopénie, céphalées, paresthésies, torpeur, toux, diarrhée, troubles de la motilité, douleurs abdominales, maladie infl am-matoire intestinale, douleurs oropharyngées, nausées, élévation des enzymes hépatiques, éruption cutanée, dermatite, prurit, arthrite, douleurs musculosquelettiques, fatigue. P: 40 mg/0,4 ml: une seringue prête à l’emploi, un injecteur prérempli; 40 mg/0,8 ml: 2 fl acons avec la solution injectable (patients pédiatriques) par conditionnement. Médicament de catégorie B. Remboursé par les caisses maladies (sauf pour U). Pour informations détaillées voir l’information professionnelle du médicament: www.swissmedicinfo.ch. (V7) Titulaire de l’autorisation: AbbVie AG, Neuhofstrasse 23, 6341 Baar.

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JUSQU’À 10 INDICATIONSd’e� cacité prouvée et de profi l de sécurité établi11

PLUS D’UN MILLION de patients traitésdans le monde12

JUSQU’À 10 ANSd’inhibition de la progression radiologique1-3 et d’e� cacité complète contre les MEA4-10

HUMIRA® – Rendre possible le quotidien2, 13-14

NOUVEAU – Autorisé en cas d’uvéite#11

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IMPRESSUMEditionRosenfluh Publikationen AGSchaffhauserstrasse 13, 8212 Neuhausen am RheinfallTél. 052-675 50 60, fax 052-675 50 61E-mail: [email protected], Internet: www.rosenfluh.ch

RédactionDr Christin Döring, Philipp Kämpf,Dr Christine Mücke

VentesKurt M. Hess, Haldenstrasse 5, 6340 BaarTél. 041-760 23 23, e-mail: [email protected]

Impression et envoistamm+co. AG, CH-8226 Schleitheim CopyrightRosenfluh Publikationen AG, Neuhausen am Rheinfall

Ce cahier a été créé avec l’aimable soutien de la sociétéAbbVie.Pour de plus amples informations sur l’entreprise:� Contact:

AbbVie AG, Neuhofstrasse 23, 6341 BaarTél. 041 399 15 00E-Mail: [email protected]: www.abbvie.ch

� www.abbvie.ch/walk&talkPour de plus amples informations sur notre événe-ment annuel Walk&Talk

� bit.ly/AbbVieSchweiz vous conduit directement auxinformations spécifiques sur AbbVie en Suisse

� Twitter: @AbbVieSchweiz – suivez le canal Twitterd’AbbVie en Suisse

SOMMAIRE«Je vois le prix comme un encouragement important pour la relève» 2Entretien avec le Prof. Diego Kyburz, Bâle

«Le prix de la recherche est un stimulant» 3Entretien avec le Prof. Paul Hasler, Kantonsspital Aarau

Projet gagnant du Prof. Axel Finckh Les anticorps antimédicament responsables de la perte d’efficacité du traitement de la polyarthrite rhumatoïde 4

Projet gagnant du Prof. Thomas HügleL’inflammation comme mécanisme de réparation de l’arthrose du genou 5

Projet gagnant du Prof. Marten TrendelenburgLes anticorps anti-C1q conviennent comme biomarqueurs de la néphrite lupique 7

Projet gagnant de la Dr Frauke Förger, privat-docentPourquoi une grossesse peut entraîner une amélioration de la polyarthrite rhumatoïde 9

Projet gagnant du Dr Adrian Ciurea, privat-docentCe qui distingue les hommes et les femmes atteints de spondylarthrite ankylosante 10

Que prévoit la lauréate 2017, la Dr Mojca Frank-Bertoncelj?Comment les différences moléculaires dans les articulations peuvent se répercuter sur le traitement de l’arthrite 12

AbbVie: 5 ans seulement – et bien ancrée dans la rhumatologie en Suisse, aujourd’hui et demain 16

TOPIX RHEUMATOLOGIE | 2018 1

EDITORIAL

Chère lectrice, cher lecteur,

J’ai le grand plaisir de vous convier à dé-couvrir ce cahier spécial consacré àl’AbbVie Rheumatology Grant (prix derecherche AbbVie en rhumatologie).Cette revue réunit des articles publiés aucours de l’année 2017, qui sont consa-crés non seulement à la lauréate 2017, la Dr Mojca Frank-Bertoncelj, maisaussi au thème: «Que sont effectivementdevenus les précédents projets gagnants?». Au cœur de ce cahierspécial figurent donc les chercheuses et chercheurs ainsi que leursprojets, distingués par un jury indépendant d’éminents rhumatolo-gues suisses. A ce sujet, lisez en page 3 l’article du président du jury,le Prof. Paul Hasler, Kantonsspital Aarau, et en page 2 l’entretienavec le Prof. Diego Kyburz, Président de la Société suisse de rhu-matologie.

Pour nous, à AbbVie Suisse, en tant que société créatrice de l’Abb-Vie Rheumatology Grant, c’est un grand honneur de pouvoir ànouveau présenter la force concentrée de l’innovation dans la rhu-matologie suisse. En 2017, nous avons décerné pour la 14e fois déjàl’AbbVie Rheumatology Grant suisse lors du congrès de la SSR. Le soutien aux jeunes chercheurs, accordé depuis toutes ces années,a ainsi atteint la barre du million avec l’attribution de l’IBD CareGrant. L’engagement comparable en gastro-entérologie soutient en

2018 un projet innovant dans le domaine des soins IBD par l’attri-bution de l’IBD Care Grant, doté de CHF 30 000. Cet engagementn’est pas le fruit du hasard, notre entreprise est étroitement liée àl’immunologie en Suisse depuis longtemps: depuis l’autorisation demise sur le marché d’Humira® (adalimumab) en Suisse en 2003pour la polyarthrite rhumatoïde, neuf autres indications se sontajoutées ainsi que des innovations dans le mode d’administration,qu’il s’agisse des aiguilles plus fines, de la nouvelle formulation introduite au printemps 2017 ou de la possibilité de conserver Humira® temporairement à température ambiante. Actuellement,en Suisse, 6000 patients sont traités par Humira®, et environ unmillion de patients dans le monde entier.

Dans le cadre de la célébration du 5e anniversaire d’AbbVie, noussouhaitons dans les pages suivantes vous faire découvrir quelquesfaits peut-être encore peu connus à notre propos. Saviez-vous parexemple comment nous collaborons avec les organisations de pa-tients? Ou ce qu’est AbbVie Care? Ou combien de collaboratricesd‘AbbVie Suisse s’occupent d’études cliniques? Mais tout d’abord,accordons notre pleine attention aux lauréats des prix, avec les-quels nous sommes étroitement liés par noter engagement en faveurde l’innovation.

Bien cordialement.Olaf WeppnerGeneral Manager, AbbVie Suisse

CHOTH

170406h_01/2018

Photo de couverture: © fotolia –Kateryna_Kon

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Quelle est l’importance de la recherche enrhumatologie en Suisse?Son importance est grande, l’intérêt pour larecherche rhumatologique ne cesse de croîtreen raison des médicaments nouvellementdéveloppés. On observe cette évolution nonseulement en Suisse, mais aussi au niveau in-ternational. Les congrès de rhumatologiesont de plus en plus importants, et on enregi-stre de très nombreuses activités de recher-che. C’est précisément parce que l’on a ob-tenu de grands progrès scientifiques en im-munologie que la spécialité est devenue trèsattractive. Je pense qu’il y a ici une évolutiontrès dynamique et positive.

Comment s’est développée la rhumatolo-gie au cours de ces dernières années?Sur le plan international, on a assisté à de trèsnombreux développements passionnants.Une découverte importante a sûrement étéqu’une intervention précoce apporte de bonssuccès thérapeutiques. Cela vaut non seule-ment pour la polyarthrite rhumatoïde, danslaquelle ce constat a tout d’abord été fait,mais aussi pour d’autres affections rhumatis-males. Le concept Treat-to-target, commestratégie de traitement précisément ciblée,représente une évolution très importante,dont le bénéfice pour les patients a été dé-montré dans de nombreuses études. Par ail-leurs, la recherche fondamentale a livré unesérie de résultats importants. Par exemple,les anticorps anti-CCP ont été découverts, degrands progrès au regard de la classificationdes patients avec polyarthrite rhumatoïde etde l’évaluation pronostique de cette maladieont ainsi été obtenus. De nouvelles connais-sances ont aussi été acquises dans le domainede la pathogenèse de la polyarthrite rhuma-toïde.

Quelles sont les évolutions importantes in-tervenues en Suisse?L’établissement du registre de patients suis-ses SCQM (Swiss Clinical Quality Manage-ment in Rheumatic Diseases) peut être consi-déré comme une étape importante dans cedomaine. Dans le monde entier, il n’existeguère d’autres registres disposant d’une tellebase de données ; la Suisse a ainsi pu atteindre

une visibilité internationale en ce qui con-cerne la recherche clinique. Par ailleurs, jesouhaite mentionner ici l’étude familiale duProf. Axel Finckh, Genève, qui se base sur lesparents au premier degré de patients atteintsde polyarthrite rhumatoïde et examine lesfacteurs de prédisposition pour une polyar-thrite rhumatoïde. En outre, en Suisse, uneexcellente recherche fondamentale est pour-suivie dans le domaine des maladies auto-im-munes.

Quelle est l’importance de la visibilité pourle lieu de recherche qu’est la Suisse?La visibilité peut contribuer à ce que davan-tage de chercheurs internationaux viennenten Suisse. Mais sur le plan national aussi, il estimportant d’être visible en tant que domained’études, pour susciter l’intérêt des futursmédecins et scientifiques.

Comment évaluer à cet égard l’importancedes prix de recherche?Les prix de recherche contribuent égalementà attirer l’attention sur le domaine d’études.Pour les personnes qui ne se sont pas encorepenchées sur cette thématique, ils sont unsigne que la recherche y est active. C’est pré-cisément pour la relève qu’il est important devoir que dans ce domaine aussi, des dévelop-

pements passionnants sont à attendre. Celasoutient l’attractivité de la spécialité engénéral et c’est donc essentiel pour la com-munauté des spécialistes.

Quelle est l’importance de l’AbbVie Rheu-matology Grant?A la différence de nombreux autres prix,l’AbbVie Rheumatology Grant n’est pas attri-bué pour des résultats déjà obtenus mais sertà soutenir de futurs travaux de recherche. Leprix doit permettre à la relève scientifique deréaliser des projets qui, sans ce soutien, nepourraient être transposés dans la pratique.Etant donné que le prix est décerné pour laconception du projet et non pour la publica-tion de résultats, les personnes qui n’ont pasencore publié dans des revues de prestige ontaussi leur chance. Au cours des dernièresannées, nous avons fait une sélection parmide très bons dossiers et le niveau général dequalité des travaux était très élevé.

Quelle est votre motivation personnelle àsoutenir l’AbbVie Rheumatology Grant?Je considère que le prix est un soutien impor-tant de la relève, ce qui joue un rôle centralpour notre communauté spécialisée. Enfin, lajeune génération académique forme la basepour de futurs développements dans notrespécialité. Ces prix constituent un facteur im-portant de soutien de cette évolution. Avecl’attribution du prix au congrès annuel de laSociété suisse de rhumatologie et la présen-tation des résultats l’année suivante, ces pro-jets sont visibles pour toute la communauté.Ceci est capital non seulement pour lelauréat, mais aussi pour nous en tant que so-ciété spécialisée. �

Diego KyburzMédecin chef de rhuma-

tologie, Hôpital universi-

taire de Bâle, Président de

la Société suisse de rhu-

matologie

Registre suisse des patients SCQM

A ce jour, 15 000 patients environ ont été inclus dans le registre suisse des patients SCQM (SwissClinical Quality Management in Rheumatic Diseases). Ceux-ci se répartissent dans les différentssous-registres, qui se différencient selon les maladies, à savoir polyarthrite rhumatoïde, spon-dylarthrite axiale et arthrite psoriasique. En complément du recueil des données cliniques, unebase de données radiologiques a été établie et est mise à jour avec des examens de contrôle ré-guliers. Ce registre a permis de mener à bien un grand nombre de projets de recherche impor-tants.� Vous trouverez plus d’informations à ce sujet en ligne sous: www.scqm.ch

2 TOPIX RHEUMATOLOGIE | 2018

ABBVIE RHEUMATOLOGY GRANT

La rhumatologie est un domaine passionnant, au sein duquel beaucoup de réalisations ont été accomplies cesdernières années. Dans ce contexte, qu’en est-il de la Suisse en tant que lieu de recherche? Nous avons demandéau Président de la Société suisse de rhumatologie (SSR), le Prof. Diego Kyburz, de nous donner son appréciation.

«Je vois le prix comme un encouragement important pour la relève»

Entretien avec le Prof. Diego Kyburz, Bâle

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ABBVIE RHEUMATOLOGY GRANT

TOPIX RHEUMATOLOGIE | 2018 3

Combien de candidatures recevez-vouschaque année? Lors de ces dernières années ce nombre a étérelativement constant, avec à chaque fois de11 à 13 candidatures.

Comment se déroule la procédure de sélec-tion? Un jury composé d’un président, vice-prési-dent et cinq autres membres choisit lelauréat. Le président est en fonction pour 3ans, ensuite, normalement, le vice-présidentreprend la présidence. Après expiration dudélai de dépôt, tous les membres du jury ef-fectuent un classement des projets reçusselon différents critères. Les meilleurs d’entre

eux sont discutés par la suite et, si nécessaire,les membres du jury procèdent à un ajuste-ment de leur évaluation des différents pro-jets. Enfin, un accord se fait sur le nom dulauréat. En général, un consensus apparaîtmême si souvent, la décision est très serréeentre les deux à quatre premiers projets.

D’après quels critères s’opère le classe-ment? Dans un premier temps, un contrôle formelpermet de savoir si les critères de soumissionsont remplis. Ensuite, les projets sont exper-tisés dans le détail. Un critère essentiel est lafaisabilité. Dans ce contexte, on évalue si leprotocole de l’étude est conçu de telle sorteque l’objectif du travail puisse être atteint. Unautre facteur important est la nouveauté duprojet prévu. Des notes sont attribuées pourles différents critères, afin d’établir ensuiteun classement. Au fil des années, les critèresde sélection sont constamment ajustés etaméliorés.

Dans quel cadre sont présentés les résul-tats du travail?

Le prix est décerné lors du congrès annuel dela Société suisse de rhumatologie (SSR). Dansce contexte, le lauréat de l’année précédenteprésente son projet de recherche primé et lesrésultats qu’il a obtenus jusqu’à présent. En

dehors de cela, les lauréats doivent informerle jury de leurs progrès chaque année jusqu’àla fin du projet de recherche, et mettre à dis-position les publications des résultats.

Quelle est l’importance d’un tel prix pourla recherche en rhumatologie?Le prix de la recherche est un stimulant pourde très nombreux groupes et aussi pour despersonnes, afin de concevoir un projet solide,et d’en assurer le financement grâce à ce prix.Par ailleurs, il est un atout pour la renomméedes jeunes chercheurs et peut contribuer àl’obtention de ressources financières pour defuturs projets. Un tel prix ne peut être consi-déré comme allant de soi et pourquoi j’appré-cie beaucoup cet engagement. Je suis très re-connaissant du soutien ainsi accordé chaqueannée à la recherche rhumatologique enSuisse par l’AbbVie Rheumatology Grant.

Quelles sont conséquences du fait quel’AbbVie Rheumatology Grant soit attri-bué de manière prospective?Dans le processus de sélection, il est parfoisun peu plus difficile d’évaluer un projet avant

que ses résultats ne soient connus. Toutefois,on est de ce fait impartial à l’égard de la revuedans laquelle les résultats sont publiés, etdonc, indépendant de l’Impact Factor. Enconséquence, la conception du contenu duprojet se trouve au premier plan. En fin decompte, le projet primé est celui qui est leplus prometteur pour une publication.

Quelles expériences avez-vous faites avecl’attribution prospective du prix?Jusqu’à présent, les expériences avec leslauréats ont été très positives. Les résultatsétaient très solides et se situaient dans lecadre attendu. Parfois, des retards ont été ob-servés dans un projet et le délai d’un à deuxans prévu à l’origine pour leur réalisation n’apu être respecté. Les travaux ont été pour laplupart publiés dans de très bonnes revues derhumatologie ou de médecine interne.

Vous souvenez-vous tout particulièrementd’un projet de ces dernières années?A mon avis, tous les projets retenus étaientexcellents, et ont livré de bons résultats. Jementionnerais en priorité les projets des deuxdernières années, qui concernaient la recher-che sur le microbiome. Il s’agissait d’une partde la contribution du microbiome cutané auxinflammations de la peau, et d’autre part desrépercussions du microbiome intestinal sur lapolyarthrite rhumatoïde. J’ai trouvé ces deuxprojets particulièrement passionnants.

Quelle était votre motivation personnellepour assumer le rôle de président du jury?Il y a quelques années, j’ai reçu le prix quiprécédait l’AbbVie Rheumatology Grant.Cela m’a particulièrement motivé à poursui-vre dans la recherche. C’est pourquoi, quandj’ai reçu cette invitation, j’étais disposé à sié-ger comme membre du jury et par la suite àassumer la fonction de président. C’est pourmoi une grande joie de voir la qualité de la recherche rhumatologique en Suisse. Par ailleurs, j’apprécie les discussions avec lescollègues sur les différents projets, qui sontpour moi toujours très intéressantes et fruc-tueuses. �

«Le prix de recherche est un stimulant»

Entretien avec le Prof. Paul Hasler, Kantonsspital Aarau

Chaque année, un jury choisit parmi toutes les candidatures le projet qui doit recevoir le prix d’encouragement.Ce n’est pas une tâche facile, comme le raconte le président du jury, le Prof. Paul Hasler. Mais cette tâche est pas-sionnante ...

Paul HaslerMédecin chef de rhumato-logie, président du conseilde la rechercheKantonsspital AarauPrésident du jury AbbVieRheumatology Grant

Un tel prix ne peut être considéré comme allant de soiet c’est la raison pour laquelle j’apprécie beaucoup cetengagement.

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La polyarthrite rhumatoïde est l’affectioninflammatoire la plus fréquente des articu-lations. En Suisse, elle concerne environ 70 000 personnes, son incidence étant laplus élevée dans les deuxième et troisièmedécennies de la vie (1). Pour le traitement,on dispose d’une série de médicaments an-tirhumatismaux modifiant la maladie(DMARD), médicaments biologiques etautres médicaments, qui se distinguent parleurs mécanismes d’action respectifs. Unproblème répandu est toutefois que, aprèsla réponse initiale au traitement, l’efficacitépeut diminuer au fil du temps. Pour le mé-

decin traitant se pose la question de savoirquel médicament utiliser par la suite. Lesrecommandations EULAR actuelles don-nent une vue d’ensemble générale de la sé-quence thérapeutique (2). Pour pouvoir ce-pendant évaluer au préalable si un patientrépondra en général à un nouveau médica-ment, le mécanisme qui est à l’origine de labaisse d’efficacité est décisif. C’est précisé-ment ce mécanisme qu’a voulu étudier demanière approfondie Axel Finckh, en com-pagnie d’autres médecins du Managementde la qualité clinique suisse en cas de mala-dies rhumatismales (Swiss Clinical Quality

Management in Rheumatic Diseases,SCQM), dans une étude sur la résistanceacquise aux médicaments chez les patientsatteints de polyarthrite rhumatoïde. En2005, il a reçu l’AbbVie RheumatologyGrant pour son projet de recherche «Lerôle des anticorps anti-médicament dans letraitement de la polyarthrite rhumatoïde»,afin de le réaliser.

Développement d’un test spécifiquePour l’étude, 24 patients du registre suissede la polyarthrite rhumatoïde (SCQM-RA), chez lesquels une perte d’efficacité du

Projet gagnant du Prof. Axel Finckh

Les anticorps anti-médicament responsables de la perte d’efficacitédu traitement de la polyarthrite rhumatoïde

Une série de substances dotées de mécanismes d’action différents est à disposition pour traiter la po-lyarthrite rhumatoïde. Mais que faut-il faire lorsque l’efficacité initiale du traitement régresse? Doit-on choisir une substance similaire ou une substance dotée d’un tout autre mécanisme d’action? C’estsur cette problématique que s’est penché le Prof. Axel Finckh, Hôpitaux Universitaires de Genève, dansson travail de recherche qui a reçu en 2005 l’AbbVie Rheumatology Grant.

ABBVIE RHEUMATOLOGY GRANT

4 TOPIX RHEUMATOLOGIE | 2018

Prof. Axel Finckh: Aujourd’hui, on peut fairedoser en routine les anticorps anti-médica-ment. Le laboratoire d’immunologie du Cen-tre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) àLausanne effectue par exemple les analysescorrespondantes. De nombreux collèguespensent que ce dosage n’est pas nécessaire,étant donné qu’une perte d’efficacité du trai-tement est principalement visible aussi sur leplan clinique. Souvent, la procédure actuelledans le quotidien clinique se base donc sur leprincipe «Trial and error». Si un patient ne ré-pond plus au traitement actuel, un nouveau

médicament est utilisé, et après un délai dé-terminé, son efficacité est à nouveau vérifiéeà l’aide d’une évaluation clinique.C’est précisément pour les patients chez les-quels une bonne réponse thérapeutique a étéinitialement enregistrée et chez qui une perted’efficacité n’est intervenue qu’après unepériode prolongée, que la détection des anti-corps anti-médicament peut toutefois êtreutile.Si les anticorps expliquent la résistance ac-quise aux médicaments, on peut en principeutiliser un nouveau médicament doté du

même mécanisme d’action. Si les patientsont auparavant bien répondu à ce mécanismed’action, il faut s’attendre à nouveau à unebonne réponse. Si les anticorps anti-médica-ment ne sont toutefois pas la cause de laperte d’efficacité du traitement, il convientde recourir à un médicament ayant un autremécanisme d’action. La détection des anti-corps anti-médicament peut ainsi soutenir lechoix de la séquence thérapeutique. Il fauts’attendre à l’avenir à ce que des procéduresde test spécifiques se généralisent dans lequotidien clinique. Aujourd’hui, on peut déjà,avec une goutte de sang du patient, mesurersimultanément de nombreux paramètres etpronostiquer ainsi la probabilité d’une ré-ponse à une thérapie. Il ne s’agit ici plus seule-ment des anticorps anti-médicament, maisaussi de nombreux autres biomarqueurs. Ilfaut toutefois considérer d’un œil critique lefait que le médecin traitant n’est souventplus en mesure d’évaluer à quel paramètrespécifique du système de test doit être im-putée la recommandation thérapeutique. �

INTERVIEWDepuis lors, le Prof. Axel Finckh est devenu Associate Professor et di-recteur de la recherche clinique en rhumatologie aux Hôpitaux Univer-sitaires de Genève. Il participe activement à différents groupes de l‘Eu-ropean League Against Rheumatism (EULAR) et dirige un grand nombred’études cliniques, par exemple dans le cadre de la SCQM.

Selon vous, quelle est l’importance pratique actuelle des résultats de l’étude?

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traitement actuel par infliximab a été ob-servée (3) ont été identifiés. 40 patients, quiont reçu l’infliximab pendant la mêmedurée sans développer de perte d’efficacité,ont servi de groupe témoin. L’infliximab estun anticorps anti-TNF� qui, en raison deson immunogénicité, peut conduire à laformation d’anticorps anti-infliximab. Lerôle de ces anticorps anti-médicament dansla genèse de la résistance acquise aux médi-caments était au cœur de cette étude. Pourêtre en mesure de prouver la présence d’an-ticorps anti-infliximab dans le sang, un testspécifique a été développé dans le cadre dece travail. En outre, la concentration d’in-

fliximab dans le sang a été mesurée car cedosage permet de tirer des conclusions surles anticorps anti-infliximab.Il a été possible de démontrer que leur pré-sence est associée à un risque majoré deperte d’efficacité du traitement. Inverse-ment, une concentration résiduelle d’infli-ximab dans le sang s’accompagne d’un ris-que moindre de résistance au traitement.De fait, les anticorps anti-médicament re-présentent un mécanisme qui contribue audéveloppement d’une perte d’efficacité desmédicaments. Ainsi, aussi bien ces anti-corps que la concentration résiduelle dumédicament, équivalente à ces anticorps,

peuvent servir de biomarqueurs potentiels.La mesure de ces deux paramètres repré-sente en conséquence une possibilité d’opti-miser le traitement de la polyarthrite rhu-matoïde. �

Références:1. Bernhard J, Villiger P: Rheumatoide Arthritis: Pathogenese und

Pathologie. Schweiz Med Forum 2001; 8: 179–183.2. Smolen JS et al.: EULAR recommendations for the manage -

ment of rheumatoid arthritis with synthetic and biological disease-modifying antirheumatic drugs: 2016 update. AnnRheum Dis 2017; 76 (6): 960–977.

3. Finckh A et al.: Influence of anti-infliximab antibodies and residual infliximab concentrations on the occurrence of acquired drug resistance to infliximab in rheumatoid arthri-tis patients. Joint Bone Spine 2010; 77(4): 313–318.

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TOPIX RHEUMATOLOGIE | 2018 5

L’arthrose douloureuse est une affection ar-ticulaire chronique dégénérative, qui con-cerne l’articulation du genou chez de nom-breux patients (1). Les femmes sont plussouvent touchées que les hommes, la préva-lence augmentant à mesure que l’on avanceen âge (2). La maladie se caractérise par denombreuses modifications de l’articula-tion, dont une inflammation synoviale etdes transformations osseuses sous-chon-drales (2). Les modifications osseuses sous-chondrales englobent différents processus,tels que la formation d’ostéophytes, le re-modelage osseux, la perte osseuse et l’osté-osclérose sous-chondrale (3). Bien que l’onsache déjà que, en cas d’arthrose, il se pro-duit non seulement des modifications os-seuses mais aussi une réaction inflamma-toire, l’interaction des deux caractéristi-ques de la maladie n’a pas encore étécomplètement élucidée. C’est pourquoi leProf. Thomas Hügle s’est consacré à laquestion de la mesure dans laquelle les cel-lules immunitaires impliquées dans l’in-flammation peuvent influencer le remode-lage osseux par interaction avec les cellules

résidentes dans l’os (4). En collaborationavec le Dr Jeroen Geurts, qui est devenu de-puis lors directeur de la recherche en chi-rurgie spinale à l’Hôpital universitaire deBâle, il a commencé à mettre en pratique leprojet de recherche «Remaniement osseuxsous-chondral dû à l’inflammation commecible thérapeutique de l’arthrose», qui a étérécompensé en 2012 de l’AbbVie Rheuma-tology Grant.

Réaction inflammatoire et destructionosseuse agissent de concertL’étude a examiné le plateau tibial de 14 pa-tients qui avaient reçu une prothèse dugenou (4). Une analyse des os a été effectuéepar ostéoabsorptiométrie tomographique,afin de constater dans quelles régions un re-modelage osseux avait eu lieu. Cela a per-mis un examen ciblé des cellules immuni-taires et des cellules résidentes osseusesdans ces régions. Pour cela, des coupes his-tologiques ont été réalisées, dans lesquellesdes lymphocytes B et des macrophages ontété mis en évidence dans le tissu sous-chon-dral de la moelle osseuse (4). La fréquence

relative de ces cellules dans les échantillonsosseux sclérotiques par rapport aux échan-tillons non sclérotiques étaient significati-vement augmentée. On a même trouvé desostéoclastes en nombre accru dans leséchantillons sclérotiques et, surtout, asso-ciés aux vaisseaux sanguins. Pour pouvoirencore mieux caractériser les cellules, uneanalyse cytométrique de flux de cellules di-rectement isolées de la moelle osseuse tra-béculaire sous-chondrale a été établiecomme nouvelle méthode (5). La présencede cellules précurseurs osseuses, de cellulesprécurseurs d’ostéoclastes et de macropha-ges s’est confirmée. Pour comprendre com-ment les différentes cellules interagissent,des études ont par ailleurs été réalisées invitro (4). Les ostéoblastes cultivés ont réagiseulement sur les échantillons provenantd’os non sclérotiques, non sur les échantil-lons d’os sclérotiques. Dans le cas d’une os-téosclérose, il semble en conséquence nepas y avoir d’induction de l’activité des os-téoblastes.Il a finalement été possible de démontrerqu’en cas d’arthrose du genou, il se produit

Projet gagnant du Prof. Thomas Hügle

L’inflammation comme mécanisme de réparation de l’arthrose du genou

Le développement de l’arthrose est étroitement lié à des réactions inflammatoires et à des trans-formations osseuses. Mais quels sont les mécanismes à l’origine de ces deux processus et dans quellemesure s’influencent-ils réciproquement? Pour répondre à ces questions dans le détail, le Prof. ThomasHügle, CHUV Lausanne, a initié un projet de recherche pour lequel il a reçu l’AbbVie RheumatologyGrant en 2012.

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Prof. Thomas Hügle: L’AbbVie Rheumato-logy Grant m’a permis d’effectuer cette étudesur l’arthrose du genou directement à la suited’un travail de recherche et donc, de faire pro-gresser activement ma carrière académique.Dans le cadre de nos études, nous avons ob-tenu une meilleure compréhension de la réac-tion inflammatoire et du processus de remo-delage osseux lors de cette maladie. Nousavons montré que l’inflammation n’est pas

fondamentalement délétère mais qu’ellecorrespond plutôt à un processus de répara-tion. En principe, cette réaction sert à proté-ger l’os jusqu’à ce que la biomécanique per-turbée se normalise à nouveau. Cela indiqueque, dans le traitement de l’arthrose, une in-hibition de l’inflammation peut certes con-duire à une amélioration mais n’est pas judi-cieuse à elle seule. Au lieu de cela, il faut enplus corriger la biomécanique, par exemple

par l’ostéotomie de reposition ou par des or-thèses. Pour inhiber l’inflammation, on dis-pose déjà d’un grand nombre de médica-ments en rhumatologie. En théorie, il est possible d’inhiber non seulement les lym-phocytes, mais aussi la communication entreeux. Etant donné que nous avons vu dansnotre étude que ce sont surtout des macro-phages qui sont présents dans l’os, on pour-rait concevoir une approche ciblant ces cellu-les. Les études qui inhibent les messagers desmacrophages n‘étaient jusqu’alors pas cou-ronnées de succès, ce qui est probablementlié à l’absence de correction de la biomécani-que. Une autre approche serait d’inhiber ladifférenciation des macrophages en ostéo-clastes, d’autres études étant nécessairespour cela. Une stimulation de la conversionen ostéoblastes serait uniquement judicieuseà un stade très précoce, sans quoi un risqued’ostéosclérose existe. Finalement, la recom-mandation serait de combiner une thérapiebiologique avec une thérapie biomécanique,pour pouvoir utiliser ainsi pleinement les pro-cessus de réparation naturels du corps. �

INTERVIEWLe Prof. Thomas Hügle est professeur à l’université de Lausanne et di-recteur de la rhumatologie au CHUV. Il est actif depuis de nombreusesannées dans la recherche et a créé, entre autres, le centre de recherchesur l’arthrose à Bâle. A côté de sa recherche clinique, il a collaboré à dif-férentes innovations techniques et, par exemple, a codéveloppé un ap-pareil pour optimiser les biopsies synoviales, ainsi que la premièrecoque anatomique de bras pour les béquilles.

Selon vous, quelle est l’importance pratique actuelle des résultats de l’étude?

6 TOPIX RHEUMATOLOGIE | 2018

ABBVIE RHEUMATOLOGY GRANT

effectivement une réaction inflammatoirequi se répercute essentiellement sur les os-téoclastes. L’interaction entre macrophageset ostéoclastes, ainsi que les modificationsphénotypiques des ostéoblastes, influen-cent le remodelage osseux et donc finale-ment aussi l’ostéosclérose sous-chondrale.Il semble que non seulement la formation,mais aussi la résorption osseuse soient mo-

difiées, le couplage naturellement présentde ces deux processus ne fonctionnant alorsplus que de manière limitée. �

Références:1. Arthrose. Rheumaliga Schweiz, 02/2015.2. Behrens R: Management der Kniearthrose. Ars Medici 2012;

19: 989–993.3. Bas H: Arthroseupdate – Von der «Abnützungserschei-

nung» zur entzündlichen Beteiligung von Knochen und Sy-novia. Ars Medici 2012; 10: 498–502.

4. Geurts J et al.: Elevated marrow inflammatory cells andosteoclasts in subchondral osteosclerosis in human kneeosteoarthritis. Journal of Orthopaedic Research 2016; 34(2):262–269.

5. Pippenger B et al.: Multicolor flow cytometry-based cellu-lar phenotyping identifies osteoprogenitors and inflamma-tory cells in the osteoarthritic subchondral bone marrowcompartment. Osteoarthritis and cartilage 2015; 23(11):1865–1869.

AbbVie Rheumatology GrantL‘AbbVie Rheumatology Grant soutient des projets innovantset orientés vers l’avenir dans le domaine de la rhumatologie etde l’immunologie clinique. Le prix de la recherche est destinéaux jeunes scientifiques et il est doté de 50 000 francs. Pra-tiquant elle-même la recherche dans différents domaines thé-rapeutiques, AbbVie a lancé ce projet de soutien lors de la com-mercialisation d’Humira® il y a 14 ans, dans le cadre de son en-gagement dépassant le seul traitement. C’est un élément

important de l’implication globale d’AbbVie en faveur des per-sonnes touchées, qui va au-delà du médicament. Depuis lors,chaque année, un jury a pour mission de sélectionner à partird’une série de projets prometteurs celui qui doit être soutenu.ARS MEDICI a voulu savoir ce qu’il est advenu des projets di-stingués. Que ce soutien permet-il, aussi à plus long terme?Qu’ont ainsi obtenu les chercheurs? Et quelle est l’importanced’une telle stimulation pour les jeunes scientifiques?

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Le lupus érythémateux disséminé (LED) estune affection auto-immune inflammatoirechronique qui survient principalement chezles jeunes femmes. Avec une prévalence de15 à 50 cas pour 100 000 personnes auxUSA, le nombre estimé de patients en Suisseest compris entre 1200 et 4000, la fré-quence de la maladie variant entre les diffé-rentes ethnies (1). Chez environ 50% despatients, une atteinte rénale survient au

cours de la maladie, la néphrite lupique(NL) étant la manifestation viscérale la plusfréquente du LED (2). Elle contribue defaçon importante à la morbidité à longterme et à la mortalité, en augmentant parexemple le risque de maladies cardiovascu-laires. En cas d’évolution défavorable, ellepeut même conduire à une insuffisance ré-nale terminale (2). C’est pour cette raisonque le diagnostic précoce d’une NL est in-

dispensable. L’absence de biomarqueursappropriés, permettant de mesurer l’acti-vité de la maladie dans le sang, posait ce-pendant problème depuis longtemps. C’estpourquoi le Prof. Trendelenburg a initié, encollaboration avec des collègues à Bâle, Ge-nève, Lausanne, Madrid, Paris et Prague,une étude sur la prévalence des anticorpsanti-C1q chez les patients atteints de NLactive. Le Prof. Trendelenburg a reçu le

Projet gagnant du Prof. Marten Trendelenburg

Les anticorps anti-C1q conviennent comme biomarqueurs de la néphrite lupique

L’atteinte rénale est une complication grave du lupus érythémateux disséminé, qui exige une adapta-tion rapide de la stratégie de traitement. C’est pourquoi un dépistage régulier des patients atteints delupus est indispensable. Pour pouvoir identifier en temps voulu une lésion rénale, même sans biopsie,des biomarqueurs sanguins mesurables dans le sang sont cependant nécessaires. C’est à cette tâche ques’est attelé le Prof. Marten Trendelenburg, Hôpital universitaire de Bâle, dans son travail de rechercheen vue de la réalisation duquel il a reçu en 2004 l’AbbVie Rheumatology Grant.

Prof. Marten Trendelenburg: Prof. MartenTrendelenburg: Chez les patients avec LED,une série de biomarqueurs sont utilisés de-puis longtemps en pratique clinique. Avecl’aide de l’AbbVie Rheumatology Grantcomme financement initial lors de la consti-tution de mon propre groupe de recherche,nous avons pu initier une étude montrant laprévalence élevée des anticorps anti-C1q encas de néphrite lupique. Etablir un tel nou-veau biomarqueur est cependant difficile laplupart du temps. Bien que les données issuesde notre étude initiale soient très convain-

cantes et qu’elles aient été entre-temps con-firmées aussi par d’autres centres, ce biomar-queur ne s’impose que de manière très hési-tante en pratique clinique. Il s’agit finalementd’une question d’acceptation; or celle-ci n’estpas aussi élevée qu’attendu sur la base desdonnées. Au cours des dix dernières années,on a toutefois constaté qu’un nombre crois-sant de rhumatologues praticiens ont recoursà ce test.Le titre d’anticorps anti-C1q est en principemesurable avec des tests du commerce et lescoûts se situent au niveau des autres tests

d’anticorps. Une automatisation de la me-sure est également possible. Le test peutdonc être effectué dans chaque laboratoired’immunologie, et il est maintenant proposésystématiquement en Suisse dans plusieurslaboratoires. Le laboratoire d’immunologiemédicale à Bâle bénéficie par exemple d’unelongue expérience en matière de dosage decet anticorps. Le test n’est pas uniquementutilisé chez nous, mais aussi de plus en plusdans d’autres centres dans le monde. Il ne faittoutefois pas encore partie de la pratiquestandard générale. C’est précisément parceque l’anticorps anti-C1q est un très bon mar-queur de l’atteinte rénale chez les patientssouffrant de lupus qu’il est recommandé de ledoser en pratique clinique de routine.Hormis l’établissement d’un nouveau bio-marqueur, ce projet peut être considéré demon point de vue comme une sorte d’étapepréalable à l’étude de cohorte suisse actuellesur le LED. J’ai pu la mettre sur pied, avec mescollègues des autres hôpitaux universitairessuisses, pour favoriser la recherche dans cedomaine. La collaboration entre les dif-férents centres a déjà permis d’inclure jusqu’àprésent plus de 600 patients LED de toute laSuisse. �

INTERVIEWLe Prof. Marten Trendelenburg est médecin chef adjoint à l’Hôpital uni-versitaire de Bâle et dirige le groupe de recherche d’immunologie clini-que dans le département de biomédecine. Il y étudie les mécanismes pa-thologiques de l’auto-immunité systémique. Dans le cadre de la SwissSLE Cohort Study (SSCS, étude suisse de cohortes sur le LED), il s’engagepar ailleurs en faveur de l’établissement d’une étude suisse interdisci-plinaire de cohorte en tant que plateforme pour la recherche clinique etexpérimentale dans le domaine de l’auto-immunité systémique et duLED.

Selon vous, quelle est l’importance pratique actuelle des résultats de l’étude?

TOPIX RHEUMATOLOGIE | 2018 7

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soutien en 2004 de l’AbbVie Rheumato-logy Grant pour réaliser le projet de recher-che «Aspects cliniques des anticorps anti-C1q dans la néphrite LED».

Caractéristiques de l’étudeL’étude incluait des patients LED adultes,chez lesquels on supposait une NL active etchez qui on avait donc effectué une biopsierénale (3). Dans le même temps, des échan-tillons sériques ont été examinés pour dé-tecter la présence d’anticorps anti-C1q, dont la prévalence devait servir demarqueur potentiel pour l’activité de la ma-ladie. La classification de l’activité de la NLa été effectuée à l’aide des examens histolo-giques des biopsies rénales. Au total, 38 pa-tients LED avec biopsie rénale ont été prisen compte dans l’analyse, dont 36 présen-taient une NL proliférative. 2 patients avai-ent une NL membraneuse, qui doit êtreconsidérée au regard du pronostic et des ca-ractéristiques histologiques comme un ta-bleau pathologique autonome. Commeproblématique centrale, l’étude a évaluédans quelle mesure l’atteinte des reins estcorrélée avec les anticorps anti-C1q. Parmiles patients avec NL proliférative, en de-hors d’une personne, tous étaient positifspour les anticorps anti-C1q (97,2%).

Pour pouvoir comparer cette valeur, 26 pa-tients LED avec NL inactive ainsi que 36sans antécédents de NL ont été en plus in-clus dans l’étude. On a ainsi montré que, encas de NL inactive, seuls 35% et en casd’absence de NL, seuls 25% des patientssont positifs pour ce marqueur. Par ailleurs,les titres des anticorps anti-C1q étaient sig-nificativement plus élevés chez les patientsLED avec NL proliférative que chez les pa-tients témoins. Sur les 36 patients avec NLproliférative, 15 ont pu être réexaminés sixmois après la biopsie, et 11 un an après. Il aainsi été démontré que le titre des anticorpsdiminue en cas de réponse au traitement duLED.

Prévalence élevée des auto-anticorpsL’étude démontre finalement que les anti-corps anti-C1q ont une prévalence très éle-vée chez les patients LED avec NL active.En conséquence, un résultat de test négatifpermet de presque complètement exclureune NL proliférative. Ainsi, on disposed’un bon biomarqueur pour l’atteinte ré-nale. Une étude consécutive a en outre per-mis de démontrer que ces titres d’anticorpssont corrélés avec l’activité de la maladie, etpeuvent donc être utilisés comme mar-queurs de suivi chez les patients LED (4).

De plus, l’étude a été un point de départ im-portant pour de nombreuses études expéri-mentales d’exploration des effets des anti-corps anti-C1q sur la modification ducours de la maladie (5–8). �

Références:1. Trendelenburg M, Ribi C: The Swiss SLE Cohort Study (SSCS).

Fachzeitschrift Rheuma Schweiz 2016; 1: 7–10.2. Kistler AD, Huynh-Do U: Lupusnephritis. Fachzeitschrift

Rheuma Schweiz 2016; 1: 26–30.3. Trendelenburg M et al.: High prevalence of anti-C1q antibo-

dies in biopsy-proven active lupus nephritis. Nephrol DialTransplant 2006; 21(11): 3115–3121.

4. Bock M et al.: Anti-C1q antibodies as a follow-up marker inSLE patients. PLoS One 2015; 10(4): e0123572.

5. Bigler C et al.: Autoantibodies against complement C1qspecifically target C1q bound on early apoptotic cells. J Im-munol 2009; 183(5): 3512–3521.

6. Vanhecke D et al.: Identification of a major linear C1q epi-tope allows detection of systemic lupus erythematosusanti-C1q antibodies by a specific peptide-based enzyme-lin-ked immunosorbent assay. Arthritis Rheum 2012; 64(11):3706–3714.

7. Thanei S et al.: Anti-C1q autoantibodies from systemiclupus erythematosus patients activate the complement sy-stem via both the classical and lectin pathways. Clin Immu-nol 2015; 160(2): 180–187.

8. Thanei S, Trendelenburg M: Anti-C1q autoantibodies from systemic lupus erythematosus patients inducea proinflammatory phenotype in macrophages.J Immunol 2016; 196(5): 2063–2074.

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8 TOPIX RHEUMATOLOGIE | 2018

Candidature pour l’AbbVie Rheumatology GrantL’appel s’adresse à de jeunes chercheurs qui sont au début de leur carrière. La limite d’âge est de 45 ans. Les candidats doivent ré-sider en Suisse et le projet prévu doit pour la majeure partie être réalisé en Suisse. Il n’y a pas de restriction concernant le centre derecherche ou l’hôpital où le travail est conduit. Le projet prévu doit être ancré dans le domaine de l’immunologie ou de la rhuma-tologie. Aussi bien des projets cliniques que des projets orientés sur la recherche fondamentale sont possibles, le projet devantêtre important pour les patients.

Informations sur la candidature à l’AbbVie Rheumatology Grant 2018 sous:http://www.rheuma-net.ch/News/Article22

� Dépôt des candidatures possible du 1er février au 30 avril 2018� Annonce des lauréats:� Dîner de gala de la SSR le 30 août 2018

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TOPIX RHEUMATOLOGIE | 2018 9

Une grossesse place le système immunitairede la mère devant un défi. L’enfant se com-pose à 50% de gènes paternels et devraitainsi être perçu comme «étranger», aumoins en partie. Pour éviter une telle situa-tion, le système immunitaire maternel dé-veloppe une certaine tolérance, qui doit as-surer que le fœtus n’est pas attaqué alorsqu’une lutte efficace contre les infectionsest simultanément possible (1).

Ces modifications du système immunitaireont cependant aussi d’autres répercussionset influencent par exemple différentes ma-ladies auto-immunes rhumatismales. Chezles patientes avec polyarthrite rhumatoïde,une amélioration spontanée des symptô-mes se produit souvent au cours de la gros-sesse alors que, en cas de spondylarthriteankylosante, aucun effet positif ne se mani-feste (2). Pour mieux comprendre de quoi

proviennent ces variations différentes dansl’activité de la maladie, le Dr Frauke Förger,privat-docente, a étudié un groupe de lym-phocytes qui avaient déjà été mis en rela-tion avec des propriétés immunorégulatri-ces (3). Pour son projet de recherche inti-tulé «Les cellules T γδ jouent-elles un rôledans la rémission des affections rhumatis-males induite par la grossesse?», elle a reçul’AbbVie Rheumatology Grant en 2009.

Projet gagnant de la Dr Frauke Förger, privat-docente

Pourquoi une grossesse peut conduire à l’amélioration de la polyarthrite rhumatoïde

Une grossesse peut avoir des répercussions positives sur une maladie auto-immune rhumatismale pré-sente chez la mère. Mais comment ces observations cliniques peuvent-elles s’expliquer, et quels méca-nismes sont à l’origine d’un tel changement? Ces questions étaient au cœur du travail de recherche dela Dr Frauke Förger, privat-docente, Hôpital de l’Ile de Berne, dont la réalisation pratique a été soute-nue en 2009 par l’AbbVie Rheumatology Grant.

Dr Frauke Förger, privat-docente: Chez lespatientes avec polyarthrite rhumatoïde, onobserve souvent, pendant la grossesse, uneamélioration spontanée des symptômes de lamaladie. Ce n’est pas le cas pour la spondyl-arthrite ankylosante. Pour pouvoir appréhen-der comment un tel phénomène se produit, ilfaut impérativement comprendre la patho-genèse de la maladie. Quels types de cellulesjouent un rôle dans une maladie et non dansl’autre et quels changements fonctionnelssurviennent ? L’AbbVie Rheumatology Grant

m’a permis d’obtenir des résultats prélimi-naires prometteurs dans le cadre d’un travailde recherche de grande ampleur sur les cellu-les T γδ pendant la grossesse. Rétrospective-ment, cela a été dans ma carrière un élémentimportant pour mon habilitation. Avec notretravail, nous avons montré que les cellules T γδ sont une sorte de miroir des observationscliniques. La faible activité de la polyarthriterhumatoïde pendant la grossesse et le milieuanti-inflammatoire qui en résulte conduisentà une activité réduite des cellules qui, en re-

tour peuvent avoir elles-mêmes un effet anti-inflammatoire. Si cela n’était qu’un phé-nomène lié à la grossesse, on observerait lamême chose en cas de spondylarthrite anky-losante. Pour cette maladie toutefois, l’ac-tivité de la maladie et donc l’inflammationdans le système sanguin restent élevées,même pendant la grossesse. Cela se reflèteégalement dans les cellules T γδ, qui continu-ent à exercer une action pro-inflammatoire.De ce fait, la maladie reste durablement ac-tive. Les cellules sont donc influencées parl’activité de la maladie et inversement, ellesinfluencent elles aussi l’activité de la maladie.On peut donc parler d’un processus auto-ren-forçateur. Par leurs propriétés uniques, lescellules T γδ et les cytokines qu’elles produi-sent, telles que l’IL-17, focalisent depuis quel-que temps déjà l’intérêt de la recherche. Con-sidérés à long terme, ces résultats fondamen-taux de la recherche sont décisifs pour mieuxcomprendre la maladie à l’aide des mécanis-mes pathogéniques. Cela peut contribuer àidentifier des objectifs thérapeutiques, pourpeut-être pouvoir utiliser de manière ciblée àl’avenir ce processus naturel d’améliorationde l’état de santé. �

INTERVIEWLa Dr Frauke Förger, privat-docente, est médecin-cheffe de la cliniqueuniversitaire de rhumatologie, immunologie clinique et allergologie àl’Hôpital de l’Ile de Berne, et responsable du service de rhumatologiependant la grossesse. En plus de son travail en clinique, elle est activedans la recherche. En tant qu’experte des maladies rhumatismales pen-dant la grossesse elle a, entre autres, collaboré aux directives EULAR surl’utilisation de médicaments antirhumatismaux avant et pendant unegrossesse ainsi que pendant l’allaitement.

Selon vous, quelle est l’importance pratique actuelle des résultats de l’étude?

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10 TOPIX RHEUMATOLOGIE | 2018

Profil pro-inflammatoire réduit descellules immunitairesUne étude clinique a évalué si les change-ments de l’activité de la maladie, induitspar la grossesse, sont associés à des change-ments fonctionnels des cellules T �γδ (1).Ces cellules sont un petit groupe de cellulesT qui représentent uniquement 5% deslymphocytes dans le sang périphérique.Elles constituent un lien entre la réponseimmunitaire innée et la réponse immuni-taire adaptative, étant donné qu’elles pos-sèdent des propriétés des deux systèmes.Par ailleurs, elles peuvent avoir un effet tantpro-inflammatoire qu’anti-inflammatoire,ce qui les rend particulièrement intéressan-tes pour les processus de régulation. Afin depouvoir comparer deux maladies dontl’activité est régulée de manière différentepar une grossesse, l’étude a inclus 28 pa-tientes enceintes atteintes de polyarthriterhumatoïde et 21 patientes enceintes att-eintes de spondylarthrite ankylosante. Desfemmes enceintes en bonne santé, ainsi que

des patientes non enceintes et des femmesen bonne santé, ont servi de témoins.La caractérisation fonctionnelle des cellulesT γδ de ces personnes a eu lieu à l’aided’analyses cytométriques de flux deséchantillons sanguins. Bien que le nombrede cellules n’ait pas varié pendant la gros-sesse, des différences en termes d’activitéont été constatées chez les patientes avecpolyarthrite rhumatoïde. Plus la maladieétait active chez une patiente, plus on trou-vait aussi de cellules T γδ dans son sang.Aucun résultat comparable n’a été mis enévidence en présence d’une spondylarthriteankylosante. Au regard de la fonctionnalitédes cellules T γδ, on a observé des change-ments chez les patientes atteintes de polyar-thrite rhumatoïde. Dans l’ensemble, les cel-lules étaient moins cytotoxiques et ont pro-duit, dans le troisième trimestre de lagrossesse, moins de cytokines pro-inflam-matoires telles que TNF a ou IFN γ. Celaparle en faveur d’un profil généralementplutôt anti-inflammatoire chez les patientes

enceintes avec polyarthrite rhumatoïde.Les résultats de l’étude montrent que l’amé-lioration de la polyarthrite rhumatoïde quise produit naturellement pendant la gros-sesse s’accompagne de changements foncti-onnels des cellules T γδ. Il existe probable-ment un lien entre la pathogenèse de la ma-ladie et ces cellules. Au contraire, dans laspondylarthrite ankylosante, ce change-ment ne se produit pas. C’est seulementchez les patientes avec polyarthrite rhuma-toïde que l’on a observé un profil plutôt to-lérogène des cellules T γδ, ce peut égale-ment renforcer l’amélioration de l’état desanté. �

Références:1. Tham M et al.: Reduced pro-inflammatory profile of gd T

cells in pregnant patients with rheumatoid arthritis. Arthri-tis Res Ther 2016; 18(1): 26.

2. Østensen M, Villiger PM, Förger F: Interaction of pre gnancyand autoimmune rheumatic disease. Auto immun Rev 2012;11(6): A437–A446.

3. Mincheva-Nilsson L, Hammarström S, Hammarström ML:Human decidual leukocytes from early pregnancy containhigh numbers of gamma delta+ cells and show selectivedown-regulation of alloreactivity. J Immunol 1992; 149(6):2203–2211.

La spondylarthrite réunit un groupe de maladies inflammatoires, qui peuvent tou-cher les articulations tant périphériquesqu’axiales. Elle englobe entre autres les pa-tients atteints de spondylarthrite ankylo-sante ou d’arthrite psoriasique (1). Selon lamise en évidence ou non de lésions structu-relles de l’articulation ilio-sacrée ou de lacolonne vertébrale à la radiographie, ondistingue la spondylarthrite axiale radio-graphique de la non radiographique (1).Avec une prévalence de 0,3 à 0,5% enEurope centrale, la spondylarthrite ankylo-

sante peut être considérée comme le sous-groupe de spondylarthrites le plus fréquent(2). Tandis que l’on supposait auparavantque la spondylarthrite ankylosante tou-chait bien plus souvent les hommes que lesfemmes, on n’estime plus aujourd’hui lerapport qu’à environ 2:1 (2, 3). Indépen-damment de la fréquence se pose toutefoisla question de savoir dans quelle mesurel’expression de la maladie est différenteentre les sexes. C’est pour cette raison quele Dr Adrian Ciurea, privat-docent, a initiédans le cadre du registre rhumatologique

suisse (Swiss Clinical Quality Managementin Rheumatic Diseases, SCQM) une étudesur les «Différences spécifiques au sexe encas de spondylarthrite axiale». Pour pou-voir mettre en œuvre ce travail de recher-che, il a reçu en 2013 l’AbbVie Rheumato-logy Grant.

Les femmes sont plus tardivement atteintes que les hommesLes résultats de l’étude consistent en diffé-rentes évaluations issues d’un grand projetde recherche, qui examine les différences

Projet gagnant du Dr Adrian Ciurea, privat-docent

Ce qui distingue les hommes et les femmes atteints de spondylarthrite ankylosante

La spondylarthrite ankylosante était traditionnellement considérée comme une maladie masculine.On suppose aujourd’hui que les femmes sont nettement plus souvent touchées qu’on le pensait initia-lement. Les résultats actuels de la recherche montrent que l’expression de différentes maladies est dif-férente entre les patients masculins et féminins. La question se pose alors de savoir si, en dehors de laprévalence, d’autres caractéristiques de la spondylarthrite ankylosante sont influencées par le sexe. LeDr Adrian Ciurea, privat-docent, a étudié cette thématique et a reçu pour cela l’AbbVie RheumatologyGrant en 2013.

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ABBVIE RHEUMATOLOGY GRANT

TOPIX RHEUMATOLOGIE | 2018 11

entre les hommes et les femmes dans unecohorte de patients avec spondylarthriteaxiale au sein du SCQM. L’accent a été missur l’activité de la maladie, mais aussi surles caractéristiques de celle-ci et sur la ré-ponse au traitement. Dans une premièreanalyse l’âge au début de la maladie a étéplus précisément étudié chez 2098 patients,dont 1294 hommes et 804 femmes (4). Ona montré qu’au début de la maladie, leshommes avec spondylarthrite axiale sontsignificativement plus jeunes que les fem-mes. Ceci s’applique aussi aux patientsavec spondylarthrite ankylosante, chez les-quels la différence d’âge médiane entre lessexes était de 2,7 ans. Dans ce groupe depatients, on a observé en outre que l’inter-valle de temps jusqu’au diagnostic est unpeu plus long chez les femmes que chez leshommes. Aucune différence au regard de

l’âge au début de la maladie n’a été revan-che constatée en cas de spondylarthriteaxiale non radiographique. La réponse de267 hommes et 152 femmes au traitementpar un inhibiteur du TNFa a été analyséedans le cadre d’une autre étude (5). Tandisque, par rapport aux femmes avec spondy-larthrite ankylosante, significativementmoins de patientes avec spondylarthriteaxiale non radiographique ont obtenu uneréponse clinique, le taux de réponse chez leshommes était comparable dans les deuxgroupes. Cette observation est actuelle-ment étudiée de plus près dans d‘autres éva-luations.Dans l’ensemble, les résultats montrentqu’il existe effectivement certaines diffé-rences entre les patients masculins et fémi-nins avec spondylarthrite axiale et spondy-larthrite ankylosante. Alors que la maladie

a tendance à commencer plus tard chez lesfemmes, leur réponse au traitement est plu-tôt plus mauvaise en cas de spondylarthriteaxiale non radiographique. Il faut toutefoisprendre aussi en compte les variations indi-viduelles entre les différents patients, desorte que le sexe ne peut être considéré quecomme l’un des facteurs d’influence. �

Références:1. Ciurea A: Spondyloarthritiden. Rheuma Schweiz 2015.2. Braun J, Sieper J: Ankylosing spondylitis. Lancet 2007; 369

(9570): 1379–1390.3. Lee W, Reveille JD, Weisman MH: Women with ankylosing

spondylitis: a review. Arthritis Rheum 2008; 59(3):449–454.

4. Ciurea A et al.: Age at symptom onset in ankylosing spon-dylitis: is there a gender difference? Ann Rheum Dis 2014;73(10): 1908–1910.

5. Ciurea A et al.: In contrast to men, women with nonradiographic axial spondyloarthritis have lower res-ponse rates to TNF inhibitors than women with ankylosingspondylitis. Arthritis Rheumatol 2016; 68(suppl 10):923–925.

Dr Adrian Ciurea, privat-docent: Avec lesoutien de l’AbbVie Rheumatology Grant,nous avons pu lancer un projet de recherchequi s’occupe de l’influence du sexe sur dif-férents aspects de la spondylarthrite axiale.C’est précisément ce soutien initial grâce auprix qui a facilité la demande d’autres res-sources financières nécessaires, de sorte quel’étude a été poursuivie sous divers aspects.Jusqu’à présent, nous avons montré que lamaladie commence plus tard chez les fem-mes et que leur réponse à un traitement estplus mauvaise.

Le taux de réponse tendanciellement plusmauvais chez les femmes ne signifie cepen-dant en aucun cas qu’un traitement par desinhibiteurs du TNFα ne doit pas être entre-pris. A mon avis, dans le traitement de pre-mière ligne, les différences entre les hommeset les femmes ne sont pas décisives. Toute-fois, si l’on observe pendant le traitementqu’une patiente ne répond pas, on doit consi-dérer de manière critique le recours à un autreinhibiteur du TNFα, au regard du taux de ré-ponse plus mauvais à attendre. Même s’il n’e-xiste pas de bonnes alternatives aux inhibi-

teurs du TNFα, un traitement qui ne fonc-tionne pas n’est pas non plus une option, sur-tout si l’on prend en compte les risques po-tentiels du traitement. Malgré cela, il fautconsidérer tous les patients de manière indi-viduelle, étant donné que certaines femmesrépondent très bien au traitement. Un traite-ment est en principe toujours justifié lorsquela bonne indication est posée. Un des problè-mes est toutefois que le diagnostic est pluscomplexe à établir chez les femmes que chezles hommes. Cela provient entre autres dufait que la maladie se manifeste de manièredifférente. Les femmes montrent dans l’en-semble moins d’inflammation mais souffrentdavantage de douleurs. Le diagnostic estcompliqué en outre par le fait que chez lesfemmes, on observe d’une part une moindreprogression radiologique de l’atteinte de l’ar-ticulation ilio-sacrée et que, d’autre part, unefibromyalgie survient plus souvent. Il estdonc important d’être conscient de ces dif-férences, pour éviter autant que possible leserreurs de diagnostic. �

INTERVIEWLe Dr Adrian Ciurea, privat-docent, est médecin chef à la clinique derhumatologie de l’Hôpital universitaire de Zurich. Ses priorités dans larecherche sont axées sur les domaines de l’arthrite et de la spondylar-thrite et il a, entre autres, collaboré aux recommandations thérapeu-tiques internationales actuelles pour la spondylarthrite axiale. Dans lecadre du SCQM, il est actif dans le conseil de la fondation et s’occupe deplus de 20 projets de recherche différents.

Selon vous, quelle est l’importance pratique actuelle des résultats de l’étude?

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12 TOPIX RHEUMATOLOGIE | 2018

L’arthrite est une inflammation des articu-lations qui s’accompagne la plupart dutemps de douleurs articulaires, d’enflures etde raideurs articulaires. Chaque année, en-viron 80 à 100 adultes sur 100 000 déve-loppent une arthrite inflammatoire, envi-ron 0,5 à 1% de la population totale souf-fre de polyarthrite rhumatoïde (1, 2). Dansles principales formes d’arthrite, plusieursarticulations sont concernées, de sortequ’un profil topographique distinctif del’atteinte des articulations peut être observé(3). Mojca Frank-Bertoncelj souhaite, dansson projet de recherche «Différences spéci-fiques aux articulations dans l’activation dela voie de signalisation IL-6 et JAK-STATen cas de polyarthrite rhumatoïde», étudierquels facteurs sont responsables de ce pro-fil spécifique aux articulations. Pour qu’ellepuisse réaliser ce projet, l’AbbVie Rheuma-tology Grant 2017 lui a été remis dans lecadre du congrès de la SGR/SSR cette annéeà Interlaken.

Un profil moléculaire unique dans chaque articulationLe travail de recherche prévu se base surune étude du profil moléculaire et fonction-nel des fibroblastes synoviaux (3). Les fi-broblastes synoviaux sont des cellules dutissu conjonctif de la synovie, la couche in-

terne de la capsule articulaire. Ce sont descellules effectrices centrales de l’inflamma-tion et de la destruction articulaires en casd’arthrite, qui produisent un grand nombrede molécules inflammatoires et perturbentl’articulation. Si l’on compare les fibroblas-tes synoviaux provenant de différentes arti-culations, ceux-ci montrent respectivementun transcriptome et un épigénome spécifi-ques à l’articulation (3). Ces différencesmoléculaires conduisent à un micro-envi-ronnement unique dans chaque articula-tion. Différents composants des voies designalisation IL-6 et JAK-STAT comptentparmi les voies de signalisation dans les fi-broblastes synoviaux modifiées de manièrespécifique à chaque articulation, (3, 4). Cesvoies de signalisation constituent des pointsd’attaque thérapeutiques importants dansle traitement de la polyarthrite rhumatoïde.

La voie de signalisation JAK-STAT en ligne de mireL’étude actuelle de du Dr Frank-Bertonceljexamine le tissu synovial ainsi que les fi-broblastes synoviaux du genou, de l’épauleet du poignet de patients atteints de polyar-thrite rhumatoïde. Dans une premièreétape, il faut identifier les gènes qui se dis-tinguent dans leur expression entre les dif-férentes articulations. L’accent est placé sur

les composants de la voie de signalisationJAK-STAT. Ensuite, l’activité de la voie designalisation sera examinée de plus près.Ceci est décisif pour tirer des conclusionsdans la dernière étape sur la réponse spéci-fique de chaque articulation à un traite-ment avec les inhibiteurs d’IL-6 et JAK.

Ajustement ciblé de la thérapieEnfin, ce travail de recherche pourrait per-mettre d’évaluer déjà par avance la réponseà un traitement à l’aide du profil spécifiquede l’articulation, et de procéder à un ajuste-ment ciblé de la thérapie à l’aide du profiltopographique des articulations concer-nées. �

Références:1. Ledingham J, Snowden N and Ide Z.: Diagnosis and early

management of inflammatory arthritis. BMJ 2017; 358:p. j3248.

2. Scott DL, Wolfe F and Huizinga TW: Rheumatoid arthritis.Lancet 2010; 376 (9746): 1094–1108.

3. Frank-Bertoncelj M et al.: Epigenetically-driven anatomicaldiversity of synovial fibroblasts guides joint-specific fibrob-last functions. Nature Communications 2017; 8: 14852.

4. Ai R et al.: Joint-specific DNA methylation and tran-scriptome signatures in rheumatoid arthritis identify di-stinct pathogenic processes. Nature communica tions 2016;7: 11849.

Que prévoit la lauréate du prix 2017, la Dr Mojca Frank-Bertoncelj?

Comment les différences moléculaires dans les articulations peuvent se répercuter sur le traitement de l’arthrite

L’arthrite se traduit par une pathologie caractéristique dans des articulations spécifiques. Les différen-tes articulations se distinguent au regard de l’expression de la maladie. Cela peut avoir des répercussi-ons sur la réponse à un traitement. Les mécanismes à l’origine de cette observation sont pourtant lar-gement inconnus à ce jour. C’est pourquoi la Dr Mojca Frank-Bertoncelj prévoit de réaliser un projet derecherche sur les différences spécifiques aux articulations dans l’arthrite rhumatoïde. Afin qu’ellepuisse concrétiser ce travail, elle a reçu l’AbbVie Rheumatology Grant 2017 dans le cadre du congrès dela SGR/SSR cette année à Interlaken.

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TOPIX RHEUMATOLOGIE | 2018 13

Dr Mojca Frank-Bertoncelj: Nous savonsd’après les expériences de nos collègues de laclinique que, chez les patients souffrant d’ar-thrite, la maladie peut rester active dans cer-taines articulations malgré la réponse au trai-

tement. Une des causes à cela pourrait prove-nir de la variabilité de la voie de signalisationJAK-STAT entre les différentes articulations.Dans le cadre de l’étude, nous voulons identi-fier les composants spécifiques de la voie de

signalisation qui sont particulièrement actifsdans les articulations concernées. L’inhibi-tion ciblée de ces composants serait une ap-proche pour le développement de nouveauxmédicaments. Pour moi personnellement,c’est une grande motivation étant donné queje souhaite me perfectionner grâce à ce projeten passant de la recherche fondamentale à larecherche clinique et au développement demédicaments. Sans le soutien de l’AbbVieRheumatology Grant, cela me serait impossi-ble. Le tofacitinib et le baricitinib sont lesdeux inhibiteurs de januskinase autorisésdansle traitement de la polyarthrite rhuma-toïde. Cependant, ils ne sont pas spécifiquespour une januskinase définie mais inhibentplusieurs kinases de cette famille de protéi-nes. Toutes les januskinases de chaque articu-lation ne sont cependant probablement pasimpliquées dans le processus de la maladie.Nous saurons à la fin de notre étude dansquelle articulation quels composants de lavoie de signalisation JAK-STAT sont impli-qués. En conséquence on pourrait, pour cha-que patient, utiliser un inhibiteur adapté àson cas. Selon l’articulation concernée, onchoisirait la thérapie à l’avance de manièreciblée ou on l’ajusterait en conséquence aucours du traitement. Cela a non seulementdes répercussions sur le traitement de la po-lyarthrite rhumatoïde mais pourrait éventu-ellement jouer un rôle dans d’autres affec-tions. Les inhibiteurs des januskinases sontégalement étudiés actuellement dans lecadre d’études cliniques concernant la mala-die de Crohn et le psoriasis. Etant donné queces deux maladies montrent une atteinte lo-calement spécifique du tissu cible, un inhibi-teur adapté au tissu touché pourrait être uti-lisé aussi dans ces cas-là. �

INTERVIEW

La Dr Mojca Frank-Bertoncelj exerce en tant que chercheuse au centre de rhumatologie expéri-mentale de la clinique de rhumatologie de l’Hôpital universitaire de Zurich. Ses priorités de re-cherche se situent dans le domaine de la biologie synoviale et de l’épigénétique. Le travail surlequel se base le projet a été distingué par l’Abstract Award EULAR en 2015. Elle était alors déjà,en tant que membre fondatrice du groupe de travail et représentante de la Slovénie, active ausein de l’Emerging EULAR Network (EMEUNET), un réseau professionnel pour les jeunes clini-ciens et chercheurs dans le domaine de la rhumatologie en Europe. En outre, elle fonctionnecomme experte pour une série de publications internationales revues par les pairs.

Qu’attendez-vous des résultats de l’étude pour la pratique clinique?

Innovation: en tant que leader de la science, faire vivre l’immunologie

� bit.ly/AbbViePräsentationen propose des documents sur la stratégie et le pipeline d’AbbVie Global

Le développement de médicaments biologiques, tels que les inhibi-teurs du TNF a signifié une percée importante dans l’histoire des médicaments. Pour un certain nombre de maladies jusque-là trèsdifficilement curables, ces nouvelles molécules protéiques comple-xes ont permis de nouveaux succès thérapeutiques. Depuis la pre-mière autorisation d’Humira® en Suisse en 2003 pour la polyarthriterhumatoïde, 9 autres indications ont été autorisées. En plus des extensions d’indication, l’objectif principal d’AbbVie a toujours étéde simplifier continuellement et de rendre plus agréables l’applica-tion du traitement pour les patients.

AbbVie dispose en Suisse de sa propre équipe de 10 personnes pour laréalisation d’études cliniques avec des centres suisses. Sur les 33 étudescliniques conduites jusqu’à maintenant, 28 ont été consacrées à Hu-mira®. Ainsi les spécialistes et les personnes concernées en Suisse peu-vent contribuer au développement clinique et recueillir des expérien-ces locales. Pour l’avenir, AbbVie a de nouvelles molécules dans le pi-peline. En immunologie, six molécules sont actuellement testées dansle cadre d’études cliniques. Ces études portent sur le traitement de lapolyarthrite rhumatoïde, de la maladie de Crohn, de la rectocolite hémorragique, de la dermatite atopique et de l’arthrite psoriasique.

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(pka) AbbVie est une entreprise biopharmaceu-tique mondiale, spécialisée dans la recherche etle développement de thérapies innovantes pourcertaines des maladies les plus graves et les pluscomplexes du monde. A côté de l’immunologie,ses domaines principaux sont l’oncologie,l’hépatite C et la neurologie. Plus de 1 franc sur 6du chiffre d’affaires réalisé en 2016 dans lemonde a été réinvesti par AbbVie dans la re-cherche et le développement, cette part ayantaugmenté continuellement au cours des der-nières années.

Identité en Suisse – employeurEn Suisse, l’entreprise est établie dans le cantonde Zoug et elle est représentée dans toutes lesrégions linguistiques du pays par ses collabora-teurs en médecine et en marketing du serviceexterne. AbbVie emploie 150 personnes dans lepays. Outre les Suisses qui sont majoritaires, 12nationalités sont représentées dans l’équipe. 2collaborateurs sur 3 sont des femmes. AbbVie a

déjà reçu trois fois de suite la distinction de«Great Place To Work» en Suisse.

Améliorer la vie des patientsTraiter une affection signifie pour AbbVie com-prendre non seulement la maladie, mais aussi lespatients dont la vie est fortement impactée. Lesbesoins des patients sont individuels et évoluentau fil du temps. Cela explique l’engagementd’AbbVie en faveur des organisations de patientssuisses, dans le cadre de nombreuses coopérati-ons sur des maladies spécifiques avec des orga-nisations sans but lucratif, comme lors de l’évé-nement annuel «Walk & Talk», qui réunit plusde 150 participants, patients et collaborateurs.La manifestation est placée sous le signe desmaladies chroniques et relie le mouvement(Walk) et l’échange (Talk). L’objectif de cet évé-nement est de donner aux personnes con-cernées et aux organisations de patients la pos-sibilité d’échanger entre eux et avec la popula-tion et d’attirer davantage l’attention sur lesmaladies chroniques.A cela s’ajoutent de nombreuses coopérationsavec des organisations de patients spécifiques àchaque maladie, qui proposent une offre largeaux personnes touchées, allant au-delà du trai-tement et de la prise en charge médicale. Dansle domaine de la maladie de Bechterew par ex-emple, le soutien d’AbbVie a permis de franchirune étape importante: un test en ligne des sym-ptômes facile à utiliser et une campagne corre-

spondante ont contribué à réduire le délai entreles premiers symptômes et le diagnostic. Demême en rhumatologie, l’entreprise collaboreétroitement depuis plusieurs années avec laLigue suisse contre le rhumatisme et l’Associa-tion suisse des polyarthritiques. Le programme AbbVie Care pour les patientsest le résultat des efforts d’AbbVie pour aiderles patients à gérer leur maladie et le traite-ment. Les patients ayant une ordonnance pourHumira® ont accès en ligne à «Symptom-Tracker», une bibliothèque d’informations surle traitement. Le coach santé AbbVie Care, quisoutient individuellement les patients, est unautre élément important du programme.

Des partenariats pour des objectifs communsLes partenariats constituent un autre pilier del’«AbbVie Way». Les partenariats avec des mé-decins dans le monde entier, et donc aussi enSuisse, sont essentiels pour qu’AbbVie puisseégalement, par le biais du développement denouvelles approches thérapeutiques plus per-formantes, améliorer à l’avenir la vie des per-sonnes touchées par une maladie auto-im-mune. Le soutien des sociétés médicales estaussi important que le soutien à la recherchesuisse. Les AbbVie Grants, tels que le Rheuma-tology Grant, sont d’une grande importancepour AbbVie. Ils font partie de l’engagementglobal qu’AbbVie met en œuvre en plus des trai-tements.

AbbVie: 5 ans seulement, et bien ancrée dans la rhumatologie en Suisse aujourd’hui comme demain

En tant qu’entreprise indépendante, AbbVie existe depuis le 1er janvier 2013. Elle émane d’Abbott, par le biaisd’une stratégie cohérente de recentrage. L’entreprise dont le siège est établi à Baar (ZG) en Suisse fête donc cetteannée son premier anniversaire «rond». L'occasion idèale pour évaluer comment se positionne l’entreprise actu-ellement et pour considérer ses quatre piliers: l’identité de l’entreprise, l’innovation, l’orientation patient et les partenariats dans tous les domaines clés de l’activité. Le chemin ne s’arrête cependant pas là: les cinq années passées forment la base d’autres innovations, pour faire progresser davantage le traitement des patients dans ledomaine de la rhumatologie.

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14 TOPIX RHEUMATOLOGIE | 2018

AbbVie d’un coup d’œil� Dans le monde, 21 sites de R&D et de

production� CA de 25,6 milliards de $ en 2016� 17,3 % du chiffre d’affaires réinvesti

dans la R&D (2016)� 39 000 collaborateurs dans le monde

entier� Nombre de collaborateurs en Suisse:

150� Distinction «Great Place To Work» en

Suisse, en 2015, 2016 et 2017� 10 collaboratrices AbbVie s’occupent

de recherche clinique en Suisse� Plus de 20 études cliniques en cours en

Suisse� Domaines principaux dans la thérapie

et la recherche: immunologie, hépa-tite C, oncologie, neurologie