D’a D - USEmbassy.gov · 2017. 8. 14. · Etant donné qu’aux Etats-Unis, il n’existe pas de...
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Les deux femmes représentées sur la couver-ture de cet ouvrage sont musulmanes. Elles habitent près de Detroit, dans le Michi-
gan – région des Etats-Unis qui compte une forte population arabo-américaine. Chacune exprime sa foi à sa manière – associant habit traditionnel et vêtements modernes. Sur cette photo, elles disputent avec passion un match de basket – sport qui mêle talent personnel et esprit d’équipe. A l’instar des autres femmes, hommes et enfants évoqués dans cet ouvrage, elles illustrent ce que veut dire être musulman, aujourd’hui, aux Etats-Unis.
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introDUction« Je suis américain et musulman » ........... 2
portfolioFaire sa vie en amérique ........... 4
portraits D’américainsDe Jeunes musulmans en vue ........... 30
DocUmentationtableau statistique ........... 48mosquées locales ........... 52les granDes Dates ........... 56bibliographie ........... 60
sUpplémentle saviez-vous ?/minis-posters Des artistes
Etre musulman aux Etats-Unis
J ’aime l’Amérique, non pas
parce que je la crois par-
faite, mais parce que ce
pays permet à l’enfant d’immi-
grants que je suis – mes pa-
rents sont des Indiens musul-
mans – de participer à son
progrès, de s’identifier à sa
promesse et de jouer un rôle
dans l’accomplissement de son potentiel.
John Winthrop, l’un des premiers immigrants euro-
péens sur le sol américain, se fit l’écho des possi-
bilités qu’offrait ce pays. Il disait à ses compatrio-
tes que la société américaine serait comme « une
cité sur la colline », un phare pour le genre hu-
main. L’espérance de Win-
throp était ancrée dans sa
foi chrétienne, et il imagi-
nait probablement un clo-
cher au centre de cette cité.
Au fil des siècles, l’Améri-
que est restée une nation
profondément rel igieuse,
tandis qu’elle devenait plu-
rielle. Les Etats-Unis sont à la fois le pays le plus
pieux du monde occidental et un véritable kaléi-
doscope de religions. Autour du clocher de l’église
sont venus s’ajouter mosquée, synagogue, ainsi
que temples bouddhique et hindou. En vérité,
l’Amérique compte aujourd’hui plus de musulmans
que de chrétiens épiscopaliens – adeptes de la foi
« Je suis américain et musulman »
Eboo Pate l
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professée par nombre des pères fondateurs de
l’Amérique.
Il y a un siècle, W. E. B. Du Bois, grand érudit
afro-américain, annonçait que le problème du
xxe siècle serait la couleur de peau. Le xxie siècle
pourrait être celui de la fracture religieuse. Pour
mon pays (l’Amérique), aux yeux de ma religion
(l’islam) et de toutes les créatures de Dieu, les
questions les plus pressantes pourraient bien être
les suivantes : comment des individus se faisant
une idée différente de l’au-delà pourront-ils coexis-
ter sur terre ? L’église, la mosquée, la synagogue,
les temples divers sauront-ils partager le même es-
pace, dans cette « nouvelle cité sur la colline » ?
J’ai la conviction que l’éthique américaine – faite
de tolérance et de respect – peut contribuer à
cette coexistence.
L’Amérique est le rassemblement prodigieux d’âmes
différentes, venues d’ailleurs, pour la plupart. Le
génie américain est de leur permettre d’ajouter
leur touche personnelle à la tradition nationale,
d’enrichir de nouvelles harmonies la symphonie
américaine.
Je suis américain, et j’ai l’âme d’un musulman.
Une âme habitée par l’histoire séculaire de héros,
de mouvements et de civilisations soumis à la vo-
lonté de Dieu. Une âme qui a écouté le prophète
Mahomet prêcher les grands messages de l’islam :
le tazaaqa et le tawhid – justice compatissante et
unicité de Dieu. Au Moyen Age, cette âme musul-
mane voyage vers l’Orient et l’Occident ; elle prie
dans les mosquées et étudie dans les bibliothè-
ques des grandes villes islamiques du temps :
Le Caire, Bagdad et Cordoue. Mon âme musul-
mane tournoie avec Rumi, lit Aristote et Averroès,
et voyage dans les steppes de l’Asie centrale en
compagnie de Nasir Khusraw. A l’ère coloniale,
mon âme prend le parti de la justice. Elle défile
avec Abdul Gaffar Khan et le groupe des Khudaï
Khidmatgars pour la libération de l’Inde. Elle re-
joint Farid Esack, Ebrahim Moosa, Rahid Omar et
le Mouvement des jeunesses musulmanes en faveur
d’une Afrique du Sud multiculturelle.
Ma vision est double : d’un côté, cette vieille tra-
dition musulmane et, de l’autre, la promesse de
l’Amérique. Et, dans mon cœur, je prie pour l’avè-
nement de cette possibilité : une « cité sur la col-
line » où différentes communautés religieuses par-
tagent respectueusement le même espace et
servent collectivement le bien commun ; un monde
dans lequel une multiplicité de peuples et de na-
tions apprennent à se connaître, dans un esprit de
fraternité et de bonté. Un siècle où la vie en com-
mun deviendra réalité.
L’au teur de ces l ignes, Eboo Pate l , es t di rec teur
exécut i f de l ’ In ter fa i th Youth Core de Chicago,
dans l ’ I l l inois. I l es t l ’un des di r igeants du mouve-
ment in terconfess ionnel .
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Faire sa vie en amérique
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L ’Amérique est une terre d’immigrants venus de
tous les coins de la planète. Des gens diffé-
rents, mais animés d’un même souhait : fuir
leur vie passée et trouver un mode de vie nouveau.
Certains fuyaient la violence, d’autres voulaient
échapper à une tradition pesante, à la pauvreté,
ou tout simplement à des horizons irrémédiablement
fermés. Au xixe siècle, il s’agissait principalement
d’Européens ; puis, aux xxe et xxie siècles, les immi-
grants sont originaires d’Asie, d’Afrique, du Moyen-
Orient et d’Amérique du Sud.
Le plus souvent, ils n’arrivaient qu’avec leur seul
espoir. L’accueil fut souvent mitigé. Ces nouveaux
Américains trouvaient un vaste espace avide de
leur force de travail. Mais certains habitants igno-
rants des coutumes et religions des nouveaux venus
les traitèrent en intrus, incapables de devenir de
véritables Américains. En fait, ils se trompaient.
Car, chaque nouvelle vague d’arrivants, mue par la
liberté, la foi et grâce à un dur labeur, apportait sa
propre contribution à l’édifice américain : enrichis-
sant la société et la culture des Etats-Unis, et façon-
Abdul et Majida Alsaadi font leurs courses dans un hypermarché Wal-Mart à Dearborn, dans le Michigan.
nant cette identité américaine toujours en devenir
qui nous lie ensemble. Aujourd’hui, cette construc-
tion intègre aussi l’apport des musulmans.
E n 1965, une nouvelle législation sur l’immi-
gration modifia profondément l’entrée aux
Etats-Unis. Il ne devait plus y avoir de quo-
tas par nationalité. Les nouveaux critères étaient
ceux des liens familiaux et des compétences profes-
sionnelles. Cela provoqua une augmentation spec-
taculaire du nombre de candidats à l’immigration,
et ce fut le début d’un afflux conséquent de musul-
mans en provenance d’Asie du Sud et du Moyen-
Orient. Ces nouveaux immigrants arrivaient dans
une Amérique très différente de celle du xixe siècle.
Et pourtant, le défi reste le même : il s’agit de trou-
ver sa place dans le tissu économique, social et
politique des Etats-Unis.
Prenons le cas de deux sœurs : Assia et Iman
Boundaoui. Leurs parents sont originaires d’Algé-
rie, et les deux jeunes filles ont été élevées près de
Chicago, dans l’Illinois, en tant qu’Américaines mu-
sulmanes. Comme le soulignait la National Public
Radio (NPR), Assia et Iman ont regardé aussi bien
la chaîne de télévision pour enfants Nickelodeon
que la chaîne d’information Al Jazeera. Lorsqu’il
Au quotidienalbum photos
6
Page de gauche : en haut, à gauche, la jeune
Sadaf Butt ajuste son foulard (hijab) ; à droite,
Rashida Tlaib est devenue en 2008 la première
musulmane élue à la chambre des représentants
de l’Etat du Michigan. Page de droite : ci-dessus,
la styliste Brooke Samad compare des étoffes ; ci-
contre, Tahqiq Abbasi, dans sa boutique de tissus
à Union City, dans le New Jersey.
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s’agit d’acheter des plats cuisinés, elles peuvent
aussi bien choisir le Kentucky Fried Chicken que
leur traiteur favori proposant des falafels.
« En Amérique, nous avons tendance à nous dé-
finir d’abord comme musulmanes, car c’est notre
spécificité, déclarait Assia, âgée de 20 ans, à la
NPR, mais dans d’autres pays, notamment musul-
mans, nous disons que nous sommes américaines. »
Le cas de ces deux jeunes filles est à la fois hors
du commun et assez banal, car il n’y a pas plus
américain que les jeunes générations – quelles que
soient leurs origines ethniques et religieuses, ces
jeunes se définissent comme des Américains.
« L’Amérique a toujours été une terre promise,
pour les musulmans et les non-musulmans », fait ob-
server Behzad Yaghmaian, originaire d’Iran et
auteur d’un ouvrage intitulé Embracing the Infidel:
Stories of Muslim Migrants on the Journey West.
Cette jeune femme déclarait au New York Times :
« Ils continuent à venir aux Etats-Unis, parce que ce
pays leur offre ce qu’ils n’ont pas chez eux. »
L’histoire des Américains musulmans présente
des points communs ; mais chaque personne ap-
porte une dimension incommensurable à la mosaï-
que très vivante de la nation américaine – laquelle
ne repose pas sur un ensemble d’ancêtres commun
à tous, mais sur des valeurs partagées par tous : la
liberté, la possibilité d’entreprendre et l’égalité
des droits.
« A chaque époque de l’histoire des Etats-Unis,
des femmes et des hommes venus du monde entier
ont choisi l’aventure américaine, écrit l’historienne
Hasia Diner. A leur arrivée, c’étaient des étrangers,
porteurs de diverses langues, cultures et religions
qui ont pu paraître totalement extérieures au « noyau
dur » de l’Amérique. Puis, avec l’évolution au fil du
temps de la conception que l’on pouvait avoir de la
culture américaine, ces immigrants et leurs descen-
dants formèrent des communautés ethniques et par-
ticipèrent à la vie de la société américaine appor-
tant leur contribution à la nation dans son
ensemble. »
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Dans le sens des aiguilles d’une montre à partir de
la gauche : Abdi Mohamed fait ses prières du soir,
dans son épicerie, à Omaha, dans le Nebraska ;
une famille musulmane de Brooklyn, à New York,
surfe sur l’Internet ; Susan Fadlallah prépare le dîner
marquant la rupture du jeûne pendant le ramadan ;
au centre, Nehme Mansour, boucher dans le Michi-
gan, hache de la viande hallal.
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Page de gauche : le Dr Maya Hammoud présente
l’ouvrage médical qu’elle a écrit en arabe ; Samiul
Haque Noor, lauréat du prix annuel du meilleur res-
taurateur ambulant de New York ; le badge bilingue
de Mohamad Atwi, employé de Wal-Mart.
CArrièresalbum photos
L es Américains de confession musulmane pré-
sentent une extraordinaire diversité – au sein
d’une nation déjà très diverse. En effet, à la
différence d’autres groupes d’immigrants, ils ne se
définissent pas par l’ethnie ou la nationalité ; à cet
égard, ils sont plus proches des Hispano-Américains
qui peuvent être originaires aussi bien d’Espagne
que des nombreux pays d’Amérique latine ou encore
des Antilles.
La diversité des Américains musulmans est peut-
être encore plus importante, puisqu’ils peuvent venir
aussi bien d’Asie du Sud, du Moyen-Orient, des
Balkans – en Europe –, ou encore d’Afrique, sans
parler d’un groupe encore restreint mais croissant
d’Hispaniques de religion musulmane.
Etant donné qu’aux Etats-Unis, il n’existe pas de
statistiques relatives à la religion des personnes, on
ne dispose pas d’un comptage précis et incontesta-
ble de la population musulmane. Il n’y a, à cet
égard, que des estimations – soit une fourchette
assez large de 2 à 7 millions de personnes, voire
plus. Sur ce nombre global, on compte environ
34 % de personnes d’origine pakistanaise ou d’Asie
du Sud, et 26 % de personnes d’origine arabe.
Il faut y ajouter 25 % de musulmans nés en Amé-
rique : il s’agit principalement d’Afro-Américains –
ce qui enrichit encore le tableau d’ensemble des
Américains de confession musulmane. En d’autres
termes, la saga américano-musulmane ne se réduit
pas aux questions d’immigration et d’américanisa-
tion ; elle rejoint aussi, en partie, l’une des thémati-
ques les plus fortes de l’histoire des Etats-Unis : celle
de la lutte pour l’égalité raciale.
On trouve des mosquées et des centres socio-
culturels musulmans dans l’ensemble du pays, aussi
bien dans les villes qu’en région rurale. Ainsi, vous
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souhaitez visiter l’International Museum of Muslim
Culture, premier musée du genre aux Etats-Unis ?
Nul besoin de vous rendre à New York ou à
Washington, mais allez plutôt à Jackson, dans le
Mississippi. Par ailleurs, la ville de Dearborn,
dans le Michigan, compte la population arabo-
américaine la plus importante du pays. Les musul-
mans originaires d’Asie du Sud ou d’Afrique for-
ment une communauté très vivante et toujours
croissante dans les Etats de New York et du New
Jersey. Les Somaliens sont nombreux à Minneapolis
et à Saint Paul, dans le Minnesota ; quant à la Ca-
lifornie du Sud, elle abrite la communauté la plus
importante d’origine iranienne.
Cependant, ces communautés ethniques ne sont
nullement monolithiques : en effet, nombre d’Arabes
qui vivent à Dearborn ou ailleurs sont chrétiens et
non pas musulmans, tandis qu’un certain nombre
d’Américains d’origine iranienne, vivant à Los An-
geles, sont juifs.
Toutefois, le fait de généraliser au sujet de po-
pulations aussi diverses peut embrouiller les choses
plutôt que de les clarifier. Mieux vaut, semble-t-il,
présenter des expériences représentatives.
Comme le déclare Maya Angelou, célèbre
poète afro-américain : « Chacun sait que la diver-
sité est source de richesse, et il faut bien compren-
dre que chaque touche du tableau a une valeur
Dans le sens des aiguilles d’une montre à partir de
la gauche : le Dr Elias Zehrouni, ancien directeur des
National Institutes of Health ; l’humoriste Maysoon
Zayid ; Shareef Abdur-Rahim, ailier de l’équipe des
Sacramento Kings tente un tir en suspension ; le ser-
gent de l’U.S. Army Magda Khalifa en uniforme.
« Chacun sait que la diversité est source de richesse, et il faut bien comprendre que chaque touche du tableau a une valeur égale, quelle qu’en soit la couleur ; ou, pour utiliser une autre métaphore, chaque fibre du tissu a la même importance quelle qu’en soit la texture. »
13
serviCealbum photos
14
Page de gauche : en haut, l’organisateur d’une fête
de l’Aïd au Texas donne une interview télévisée ; en
bas, vote d’une femme d’origine somalienne. Ci-
dessus, de haut en bas : Farouk Aboelzahab évoque
la diversité dans sa mosquée ; des dirigeants re-
ligieux se réunissent pour la paix et la tolérance ;
Sarah Eltantawi lors d’une conférence de presse.15
égale, quelle qu’en soit la couleur ; ou, pour utiliser
une autre métaphore, chaque fibre du tissu a la
même importance quelle qu’en soit la texture. »
A Chicago, par exemple, Iman Boundaoui
considère que c’est en toute liberté qu’elle a choisi
de se recouvrir la tête d’un foulard. A ce sujet, elle
se souvient d’un incident assez marquant, lors d’une
visite organisée par son lycée à Paris, en France :
son groupe avait alors bavardé avec de jeunes mu-
sulmanes françaises fréquentant une école corani-
que privée du fait que la loi française interdit le
port ostensible de signes religieux (en l’occurrence,
le foulard) dans les écoles publiques. Iman Boun-
daoui a déclaré à la radio NPR : « En voyant cela,
nous avons pensé quelque chose comme “ Dieu
merci, nous vivons en Amérique. “ Je peux sortir
dans la rue avec mon foulard et ne pas être
contrainte de l’enlever en entrant à l’école. »
Au contraire, pour l’immigrante pakistanaise
Nur Fatima, la liberté, à son arrivée dans un quar-
tier de Brooklyn baptisé « le petit Pakistan », à New
York, consiste à enlever son foulard. Elle apprécie
vivement que les Américains considèrent générale-
ment ces choix culturels ou religieux comme une
affaire strictement privée. « L’Amérique offre toutes
les possibilités et l’égalité pour tous, déclare Nur
Fatima au New York Times. Je suis venue aux Etats-
Unis pour me perfectionner. C’est pour moi une se-
conde naissance. »
Aujourd’hui, dans une véritable mosaïque de
cas individuels, les Américains musulmans assument
leurs origines dans le cadre d’une identité qu’ils ont
eux-mêmes façonnée, et de la liberté qu’offrent les
Etats-Unis à chacun. C’est au fil de ce parcours que
les musulmans prennent conscience qu’ils sont eux
aussi devenus des Américains.
Au Centre islamique Al-Fatima, à Colonie, dans
l’Etat de New York, l’imam Hashim Raza dirige la
cérémonie funéraire à la mémoire de Mohsin Naqvi,
officier de l’armée américaine tué par une bombe en
Afghanistan.
16
Salam Al-Marayati, directeur exécutif du Mus-
lim Public Affairs Council déclarait au journal cali-
fornien Sacramento Bee : « Nous insistons sur notre
identité américano-musulmane ; notre pays est celui
où nos petits-enfants vont grandir, et non pas celui
où notre grand-père a été inhumé. »
17
D e plus en plus nombreux, et avec une as-
surance et un sens de l’organisation éga-
lement croissants, les Américains de
confession musulmane participent à tous les sec-
teurs d’activité – commerce et industrie, érudition,
sports, arts. C’est un large éventail, depuis Samiul
Haque Noor, originaire du Pakistan, récompensé
en 2006 par le prix du meilleur restaurateur ambu-
lant, à New York, grâce à ses repas hallal, jusqu’au
Dr Elias Zerhouni – originaire d’Algérie –, qui a
dirigé de 2002 à 2008 les National Institutes of
Health ; cela va également du rédacteur en chef de
Newsweek Farid Zakaria à l’acteur et artiste de
hip-hop Mos Def ; ou encore de la star du basket
professionnel Dikembe Mutombo (des Houston
Rockets) à Keith Ellison, originaire du Minnesota et
premier membre du Congrès de confession musul-
mane (à la Chambre des représentants).
Par ailleurs, une nouvelle génération d’Améri-
cains de confession musulmane vient enrichir la mé-
decine, les sciences et la littérature américaines.
Prenons l’obstétricienne-gynécologue Nawal Nour,
née au Soudan et ayant grandi en Egypte ; c’est
une pionnière des questions de santé chez les
femmes, qui a fondé l’African Women’s Health
Center, à Boston, dans le Massachusetts. Elle ob-
tient, en 2003, la MacArthur Fellowship (surnom-
mée la « bourse des génies ») et, en 2008, le
Muslim Scholar Award de l’université Stanford.
Babak Parviz, chercheur irano-américain de
l’université de l’Etat de Washington, fait d’extraor-
dinaires découvertes dans le domaine de la nano-
technologie – applications biologiques et électroni-
ques microscopiques, aux niveaux cellulaire et
moléculaire.
Citons encore l’écrivain Mohja Kahf, originaire
de Syrie, qui brocarde gentiment, voire stigmatise
de manière plus acérée, la culture américaine en
général et les Américains musulmans en particulier
dans un recueil de poèmes (E-mails From Schehera-
zad) et un roman autobiographique dont l’action se
situe dans l’Indiana (The Girl in the Tangerine Scarf)
– deux ouvrages qui ont beaucoup d’admirateurs,
18
Ci-dessus : à Philadelphie, en Pennsylvanie, des
élèves et des conseillers réalisent une peinture mu-
rale illustrant la diversité. A droite : une étudiante
musulmane avec son fils.
notamment parmi les jeunes musulmanes vivant en
Amérique.
Mohja Kahf est également l’auteur, sur l’Inter-
net, d’une chronique très directe sur les rapports
humains et sexuels des jeunes musulmans ; elle
considère que des ouvrages tels que L’Autobiogra-
phie de Malcolm X et Les Cerfs-volants de Kaboul
de Khaled Hosseini donnent leurs lettres de no-
blesse à la littérature américaine musulmane.
Fady Joudah, né de parents palestiniens au
Texas, est médecin urgentiste ; il travaille aujourd’hui
à Houston, et a collaboré avec Médecins Sans
Frontières dans des camps de réfugiés en Zambie
et au Darfour (au Soudan). C’est également un
poète d’une certaine notoriété, qui a remporté le
prestigieux concours Yale Series of Younger Poets
pour son recueil The Earth in the Attic.
Dans son introduction à l’ouvrage de Fady Jou-
dah, Louise Glück, critique et poète, écrit : « Nom-
bre de ces poèmes sont très courts, mais d’une in-
contestable grandeur spirituelle […]. Pères et frères
y sont prophètes, les hypothèses se transforment en
rêves, de simples détails paysagers en symboles et
signes annonciateurs. Ce recueil est tout à la fois
divers, cohérent et audacieux. Impossible de ne
pas le dévorer. Impossible de l’oublier. »
A ujourd’hui, un nouvel islam, authentique-
ment américain, émerge : il est le fruit des
libertés américaines, mais aussi du contre-
coup des attentats du 11 septembre 2001. Alors
que, d’après des études du Pew Research Center et
d’autres instituts, les Américains musulmans sont
plus instruits et plus prospères que la moyenne de
la population, les attentats de 2001 – planifiés et
perpétrés par des non-Américains – ont fait naître
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eduCAtionalbum photos
20
Ci-dessus : à gauche, ce manuel de 2007 destiné
aux adolescents musulmans a rencontré un vif succès ;
en haut à droite, Dilara Hafiz et ses enfants, Imran et
Yasmine, les trois auteurs du manuel ; en bas à droite,
au Nouveau-Mexique, Adnan Kasseem étudie le rituel
de la prière. Page de droite : en haut, des lycéennes
se préparent à un match de basket dans le Michigan ;
en bas à gauche, à Syracuse, dans l’Etat de New
York, Seham Mere fait des essayages pour une robe
dessinée spécialement pour les musulmanes ; en bas
à droite, débat sur les relations entre les différentes
communautés américaines à l’université de Syracuse.
une certaine méfiance, proche du réflexe raciste,
au sein de la population en général ; et, en retour,
cela a créé un sentiment d’aliénation chez les Amé-
ricains musulmans. Malheureusement, ce type de
méfiance est assez courant – aux Etats-Unis comme
ailleurs – en temps de guerre ou dans les périodes
d’insécurité. Mais 2008 n’est pas 2002, lorsque
les peurs et les soupçons étaient à leur paroxysme.
En outre, le contexte est capital : aux Etats-Unis,
toute communauté d’immigrants importante doit af-
fronter et surmonter un certain degré de discrimina-
tion et de ressentiment.
Ainsi, d’après le New York Times, Nur Fatima,
jouit d’une liberté retrouvée dans une communauté
21
22
religionalbum photos
pakistanaise de New York – où, quelques années
plus tôt, à la suite des attentats du 11 septembre,
la peur était grande, et où des commerces et des
écoles durent fermer. Lors de l’arrivée de Fatima, le
quartier du « Petit Pakistan » revivait, notamment
grâce à un homme d’affaires local du nom de Moe
Razvi, qui avait contribué à la création de cours
d’anglais et d’informatique, à l’ouverture d’un foyer
municipal, à l’organisation de réunions des diri-
geants de cette communauté en vue d’améliorer les
relations avec les autorités fédérales.
Le Times rapportait alors : « Le défilé commémo-
rant l’indépendance du Pakistan regorge de dra-
peaux américains. Cette mutation est visible dans
l’ensemble des communautés d’immigrants musul-
mans du pays. »
L’une des réponses saines aux tensions engen-
drées par les attentats terroristes de 2001 est le
développement du dialogue interconfessionnel aux
Etats-Unis.
« Chaque fois que l’on partage un espace avec
une personne d’une autre culture, on s’enrichit im-
manquablement en tant qu’individu et l’on apprend
à voir les choses sous un autre jour », déclare Ka-
reema Daoud, doctorante en langue et littérature
arabes à l’université de Georgetown et ambassa-
deur volontaire du département d’Etat. « Diversité
est synonyme de beauté », ajoute Kareema Daoud
en conclusion.
Les attentats du 11 septembre 2001 ont égale-
ment incité la communauté musulmane des Etats-
Unis à participer davantage à la vie civique et po-
23
En haut à gauche, Mohamad Hammoud en prière à
la mosquée du Centre islamique américain de Dear-
born, dans le Michigan ; en haut à droite, Mariam
Matala (à droite) prie au Centre islamique de Haw-
thorn, en Californie ; au centre, un enfant souhaite se
mêler aux fidèles à Brunswick, dans le New Jersey ;
en bas, le Centre islamique de Cleveland, à Parma,
dans l’Ohio, accueille plus de 300 fidèles.
24
Ci-dessus : en haut, prière du soir d’enfants ; en bas, la dramaturge Suehyla El-Attar dans le décor de sa pièce
sur la prière, The Perfect Prayer. Page de droite : en haut, des musulmans prient devant le Lincoln Memorial à
Washington ; en bas, rassemblement de fidèles lors de la réunion annuelle de l’Islamic Society of North America
à Chicago, dans l’Illinois.
25
litique, afin d’exposer un certain nombre de
préoccupations, de constituer des alliances avec
des organisations non musulmanes et de faire face
à l’intolérance et aux menaces de violence.
Dans un commentaire sur le site Internet de
débat ouvert altmuslim.com, la journaliste Nafees
Syed, de l’université Harvard, déclare : « L’engage-
ment actif des Américains musulmans dans la vie
politique montre bien qu’ils s’inscrivent dans le tissu
social de l’Amérique et que ce sont de véritables
patriotes. »
Et Nafees Syed poursuit en paraphrasant le pré-
sident John Kennedy : « La question n’est pas de sa-
voir si cet engagement politique peut aider les
Américains musulmans ; il s’agit plutôt de savoir ce
que ces derniers peuvent apporter au pays. »
A l’image de l’ensemble des musulmans dans le
monde, les Américains de confession musulmane
sont majoritairement sunnites – même si l’on compte
aussi, aux Etats-Unis, de nombreux chiites et d’autres
groupes se réclamant de la tradition soufie. Paul
Barrett, auteur d’un ouvrage paru en 2007 sous le
titre American Islam: The Struggle for the Soul of a
Religion, déclare qu’en dépit de cette diversité
« des distinctions pouvant avoir une importance
considérable dans d’autres pays “ se fondent ”, aux
Etats-Unis, dans le grand creuset pluraliste qui ca-
ractérise la société américaine. […] Nombre d’im-
migrants ont osé traverser des continents et des
océans pour fuir les antagonismes de l’Ancien
Monde, pour parfaire leur éducation, améliorer
leur condition économique et offrir une vie meilleure
à leurs enfants. »
Une foi plus progressiste, un rôle plus important
pour les femmes, ou encore l’évolution récente dans
le sens de « méga-mosquées », qui rappellent par
26
Journées pArtiCulièresalbum photos
leur dimension les grandes églises évangéliques,
sont autant de nouvelles caractéristiques d’un islam
américain qui se transforme rapidement.
Dans une interview retranscrite sur le site altmus-
lim.com, Paul Barrett déclare encore : « Je constate
que les musulmans d’Amérique associent de mille
manières leur foi, leurs origines ethniques et les
coutumes de leur pays d’adoption. Il n’existe pas
de formule ou de recette unique – pas plus que
pour les groupes d’immigrants plus anciens. […]
J’ai la conviction qu’il n’y aura pas un seul modèle
d’assimilation des musulmans aux Etats-Unis, mais
une multitude. »
27
Ci-dessus à gauche : lors de la cérémonie du taklif,
Nawal Daoud fait passer le Coran au-dessus de la
tête de plusieurs jeunes filles ; en haut à droite, Hafiz
Azzubair appose une affiche incitant la population
à voter ; en bas, à Austin, au Texas, deux jeunes
musulmanes lisent un texto sur un téléphone mobile
lors de la fête marquant la fin du ramadan.
28
Ci-dessus : en haut à gauche, au Salon international du livre de Miami, en Floride, discussion entre libraires de
diverses origines ; en bas à gauche, trois générations sont réunies à Brooklyn, à New York, pour fêter l’Aïd el-
Fitr, qui marque la fin du ramadan ; en haut à droite, Fawad Yacoob prend la parole lors de la cérémonie de
« bénédiction des vagues » en Californie ; en bas à droite, à Tyler au Texas, des hommes se donnent l’accolade
lors des fêtes d’Aïd-el-Fitr. Page de droite : à l’université Vanderbilt, à Nashville dans le Tennessee, des étudiants
membres de la Malaysian Students Association fêtent la remise des diplômes.
29
« Je constate que les musulmans d’Amérique associent de mille manières leur foi, leurs origines ethniques et les coutumes de leur pays d’adoption. […] J’ai la conviction qu’il n’y aura pas un seul modèle d’assimilation des musulmans aux Etats-Unis, mais une multitude. »
30
portraits
D’américains
De Jeunes musulmans en vueEn haut, de gauche à droite : l’imam Khalid Latif ; la cinéaste Lena Khan ; l’artiste Heba Amin. Ci-dessus, de
gauche à droite : l’homme d’affaires Moose Scheib ; les créatrices de mode Nyla Hashmi et Fatima Monkush ;
le chanteur Kareem Salama ; la journaliste Kiran Khalid. Page de droite : Jeune Bédouine de Heba Amin.
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l’Artisteheba aminHeba Amin, 28 ans, artiste
contemporaine, dessine de-
puis toujours ; mais sa voca-
tion artistique ne s’impose
véritablement à elle qu’au
début de ses études supérieures. Heba Amin – qui
vit aujourd’hui à Minneapolis – s’était alors spécia-
lisée dans les mathématiques et se destinait à
l’architecture.
Cette jeune femme est née et a passé son en-
fance au Caire, en Egypte. Son père, aujourd’hui
disparu, était architecte d’intérieur, et sa mère agent
administratif de l’école privée américaine de la
ville – où Heba Amin a fait toute sa scolarité de la
maternelle à la terminale.
Heba Amin est ensuite partie pour les Etats-Unis,
afin d’entrer au Macalester College – faculté pri-
vée de lettres et sciences humaines à Saint Paul,
dans le Minnesota. En troisième année, Heba Amin
prend conscience de sa vocation artistique et se
détourne des mathématiques ; en 2002, elle ob-
tient une licence en arts plastiques – avec spéciali-
sation en peinture à l’huile.
Comme elle l’a confié à Fayeq Oweis, rédac-
teur de l’Encyclopedia of Arab American Artists,
vivre aux Etats-Unis permet à Heba Amin de « pren-
dre du recul » et de découvrir la richesse de la
culture arabe et égyptienne, ce qui « auparavant lui
avait échappé ou paru aller de soi ».
Pendant plusieurs années, Heba Amin concen-
tre son œuvre picturale sur des portraits de Bédoui-
nes, célèbres pour leur art de la broderie et des
perles.
« L’Union européenne gérait alors un programme
de préservation et de financement de cet artisanat,
et encourageait les femmes âgées à transmettre ce
savoir-faire aux plus jeunes. Je me suis intéressée à
cet aspect et ai séjourné parmi diverses tribus de
Bédouins pour voir ce travail de près. Une artiste
bédouine m’a également initiée à la composition
de tableaux à base de sable. »
Heba Amin s’aperçoit ensuite que le mode de
vie des Bédouins l’intéresse plus encore que leur
art. « J’ai été frappée par leur attachement au mi-
lieu géographique et attristée par le fait que leur
culture souffrait de l’expansion urbaine et de la
modernisation. »
Les premiers tableaux d’Heba Amin, aux cou-
leurs très vives, sont des portraits de Bédouines sur
fond de figures géométriques : « En fait, ces motifs
envahissent littéralement le tableau et symbolisent
la domination urbaine. »
Puis ces créations pous-
sent Heba Amin dans une
autre direction, à savoir des
installations en trois dimen-
sions. « En composant mes
tableaux, j’ai constaté que
ce qui m’intéressait réelle-
ment, c’étaient les structures
urbaines. »
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Par la suite, lors d’un séjour au Caire, l’artiste
devait déclarer : « J’ai été frappée par le nombre
d’édifices et de structures abandonnés – de vastes
superficies couvertes de bâtiments inachevés. J’ai
pris des photos et j’ai commencé à travailler autour
des structures en question – leur nature, les raisons
de leur abandon et les effets que cela pouvait avoir
sur les populations. »
Dès lors, Heba Amin est fascinée par le carac-
tère émotionnel de la ville, plutôt que par son as-
pect matériel. Cela conduit l’artiste vers une autre
forme d’expression : « J’ai alors constaté que la
peinture pouvait être réductrice ; en tout cas, elle
ne me permettait pas d’exprimer l’émotion que je
recherchais. Je souhaitais donner forme à quelque
chose qui relevait de l’expérience. Grâce à cet art
tridimensionnel, j’ai pu créer des espaces tradui-
sant mieux les émotions qui m’intéressaient. »
Heba Amin a exposé dans des galeries de Min-
neapolis, New York et Washington.
Sur son site Internet, elle écrit : « Je pense que
les infrastructures urbaines traduisent l’évolution de
nos sociétés. L’urbanisme reflète la situation politi-
que d’un pays ; je m’intéresse ainsi aux villes du
Moyen-Orient, où l’infrastructure constitue un obsta-
cle et un fardeau pour la vie quotidienne des popu-
lations. Je m’intéresse aux effets de la ville sur l’es-
pace privé : la structure urbaine qui commence à
empiéter sur l’individu ; les édifices et les êtres hu-
mains qui se superposent et s’empilent les uns au-
dessus des autres au lieu de coexister.
« Ces installations veulent simplement montrer
l’importance du rôle que le cadre de vie joue dans
le comportement humain. »
Heba Amin a également illustré, récemment, un
ouvrage sur la place des femmes musulmanes dans
l’histoire, intitulé Extraordinary Women from the
Muslim World.
En dépit de sa réussite, Heba Amin ne tient pas
à vivre de son art : « Je ne cherche pas à vendre
mes œuvres. Cela me libère de l’obligation de
plaire. J’étudie depuis dix ans, et j’aimerais au fond
rester en milieu universitaire. »
Quant à sa vie aux Etats-Unis, Heba Amin
déclare : « Je suis très heureuse, et le milieu univer-
sitaire me convient totalement, car j’y trouve le
temps d’approfondir mes idées et de rechercher les
moyens de les exprimer. »
Ci-dessus : Root Shock, installation d’Heba Amin.
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l’imAmKhaliD latiFAgé de 25 ans,
l’imam Khalid Latif
exerce déjà des
responsabilités im-
portantes en tant
que directeur du Centre islamique de l’université
de New York (NYU) et aumônier de la Police de
New York.
« De toute évidence, l’université et la police sont
des milieux très différents, dit-il. Mais il y a aussi
des points communs, car ce sont deux institutions
américaines où une population musulmane en aug-
mentation cherche sa place. »
Khalid Latif croit profondément au dialogue in-
terconfessionnel et à l’engagement social, car cela
fait partie de l’identité musulmane dans le monde
moderne – qui est multiculturel : « L’ensemble de ces
échanges et relations peut être l’occasion d’un épa-
nouissement spirituel. »
En tant que directeur du Centre islamique de
l’université de New York – qui se développe à un
rythme très rapide –, le jeune imam envisage une
ambitieuse campagne de financement, en vue de
recruter du personnel à plein temps et de nommer,
d’ici trois à cinq ans, un théologien en résidence.
Toutefois, Khalid Latif n’oublie jamais qu’il est
avant tout le chef spirituel d’une congrégation jeune
et diverse. Il s’agit, pour la plupart, d’étudiants qui
souhaitent trouver leur voie en tant que musulmans,
face aux défis communs à tous les jeunes étudiants
du monde.
En 2007, Khalid Latif devient le second aumô-
nier musulman de la Police de New York. Aux côtés
de ses homologues catholiques, protestants et juifs,
il doit apporter du réconfort, dans les hôpitaux, à
des policiers blessés et à leur famille – et, jusqu’à
présent, il ne s’agissait pas même de musulmans.
Né de parents pakistanais, il grandit à Edison,
dans le New Jersey. Son école ne compte qu’un
petit nombre de musulmans. Khalid Latif s’efforce
toujours d’assumer des responsabilités : il est aussi
bien président de son association d’étudiants que
capitaine de son équipe de football ou de course
à pied.
pArCours Au Cœur de lA foi
Khalid Latif est diplômé d’études islamiques et
moyen-orientales de l’université de New York. Il ap-
profondit son parcours religieux et son rôle d’Amé-
ricain musulman dans une métropole qui se carac-
térise par une diversité de populations et de
religions sans doute unique au monde.
Il prend également conscience de l’extraordi-
naire diversité de l’islam même : « Tout jeune étu-
diant, j’ai fait la connaissance d’un Indonésien ar-
borant à la fois une barbe touffue et une planche
de surf. C’était là quelque chose de nouveau. J’ai
également rencontré des musulmans de tous hori-
zons : afro-américains, africains, convertis et en-
fants de convertis. »
Au cours de ses années universitaires, Khalid
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Latif poursuit son étude de l’islam ; et, dès l’âge de
18 ans, il se laisse convaincre de prononcer son
premier sermon. « Cela s’est bien passé, et on m’a
demandé de tenir ce rôle régulièrement. »
En 2005, après l’obtention de son diplôme uni-
versitaire, il rejoint le Programme islamique du Sé-
minaire œcuménique de Hartford, dans le Connec-
ticut – seul programme de ce type officiellement
reconnu dans le pays.
Parallèlement, il se propose d’assurer bénévole-
ment la charge de premier aumônier du Centre isla-
mique de l’université de New York. Il participe éga-
lement à un enseignement sur la résolution des
conflits au sein de l’organisme confessionnel judéo-
musulman pour les jeunes, Abraham’s Vision.
En 2006, Khalid Latif accepte le poste à temps
partiel de premier aumônier musulman de l’univer-
sité de Princeton, dans le New Jersey, et fait alors
la navette entre New York et Princeton. Finalement,
Princeton et la NYU lui proposent un poste à plein
temps, et il accepte l’offre de la NYU – devenant
ainsi le directeur du Centre islamique de cet
établissement.
Aumônier sColAire
Khalid Latif est à maints égards un pionnier à
une époque où le besoin d’autorités religieuses mu-
sulmanes sur les campus augmente fortement du fait
de l’accroissement du nombre d’étudiants musul-
mans et d’étudiants étrangers.
L’une de ses initiatives les plus réussies tient
presque au hasard : podcaster ses sermons du ven-
dredi (d’une durée de 20 minutes). C’est un ami
qui lui suggère d’enregistrer ces sermons et de les
proposer sur le site Internet du Centre islamique.
Le succès dépasse de très loin les prévisions. Le
site des podcasts reçoit en moyenne 15 000 visites
par mois. Ainsi, Khalid Latif est suivi par des inter-
nautes de 40 ou 50 pays, notamment l’Indonésie
et la Malaisie, mais il reçoit aussi des messages
élogieux d’enseignants et de fidèles de pays
européens.
Khalid Latif considère son engagement intercon-
fessionnel comme l’élément majeur de son rôle
d’imam dans le monde multiculturel d’aujourd’hui.
En couverture de l’hebdomadaire Newsweek, un
groupe d’Américains musulmans de divers secteurs
d’activité. Khalid Latif est au centre à gauche, en
uniforme de police.
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lA CinéAstelena KhanPar une après-midi
torride du mois
d’août à Los Ange-
les, Lena Khan ex-
plore la Hand Prop
Room, société qui
fournit Hollywood en accessoires, pour des films
tels que Aviator et Les Infiltrés. Fausses carcasses
de viande ou bouddhas thaïs en bronze, les étagè-
res sont remplies d’objets bizarres, de gadgets et
« Cependant, dit-il, il s’agit d’une activité qui peut
être ingrate, car elle demande du temps et beau-
coup de travail. »
Il évoque un séjour à La Nouvelle-Orléans, en
compagnie de collègues du Centre islamique et du
Centre juif Bronfman de la NYU, en vue d’aider les
victimes de l’ouragan Katrina et de participer à la
reconstruction.
« C’est en travaillant et en vivant ensemble quel-
que temps que l’on surmonte sa méfiance et que
l’on apprend à ne plus définir “ l’autre ” selon des
critères de religion ou d’origine.
« Voilà un vrai changement, estime-t-il, suscepti-
ble de gagner l’ensemble de la population. »
de curiosités, qui font la magie du cinéma. Portant
un foulard vert clair et un sobre cardigan beige,
Lena Khan trouve et dégaine une épée ninja de
près d’un mètre de long. D’un petit air malicieux, la
jeune femme s’exclame : « Voilà qui fera l’affaire. »
Loin de l’idée que l’on peut se faire d’un réali-
sateur – elle est femme, jeune, profondément musul-
mane et d’origine indienne –, Lena Khan, 24 ans,
diplômée d’une école de cinéma, écrit et réalise
des clips vidéo et des courts métrages ainsi que
des films publicitaires pour le restaurant Crave.
Lena Khan remporte un prix de 5 000 dollars
pour Bassem is Trying, court métrage d’une minute
qui illustre avec humour les efforts d’intégration
d’un Américain de confession musulmane – par le
niveau assourdissant de décibels de musique hip-
hop diffusée par son autoradio. Un autre court mé-
trage – clip musical de trois minutes intitulé A Land
Called Paradise et inspiré par la chanson épo-
nyme du chanteur musulman Kareem Salama – ob-
tient le grand prix (20 000 dollars) décerné par
l’organisation militante musulmane One Nation,
qui parraine le concours. Lena Khan y dirige des
dizaines d’hommes et de femmes d’origines diver-
ses qui brandissent une pancarte, sur laquelle fi-
gure le message manuscrit de leur choix à propos
des Américains de confession musulmane. Ces mes-
sages vont des déclarations les plus fantaisistes,
« Moi aussi, je fréquente les magasins Victoria’s Se-
cret », aux plus dramatiques : « Ma sœur est morte
dans l’attentat du 11 septembre 2001. »
L’un des membres du jury du concours organisé
par One Nation en 2007 – l’ex-basketteur profes-
sionnel Kareem Abdul-Jabbar – avait décerné une
excellente note au film A Land Called Paradise,
« pour la beauté de son langage cinématographi-
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que », tandis que la journaliste Mariane Pearl en
appréciait « la fraîcheur et l’humour ainsi que son
traitement de sentiments essentiels partagés par la
population musulmane d’Amérique et chacun d’en-
tre nous ».
Lena Khan se souvient des difficultés qu’elle a
eues pour produire et réaliser A Land Called Para-
dise. A l’origine du projet, la question suivante :
« Si vous deviez adresser un message aux habitants
de la planète qui ne sont pas musulmans, que
diriez-vous ? »
« J’ai envoyé des mails, raconte Lena ; je me
suis rendue dans des mosquées, et j’ai consulté
tous les listings de musulmans possibles. »
Première réponse reçue par la cinéaste : « L’is-
lam inhibe mes tentations suicidaires. » « C’est alors
que j’ai compris que je tenais mon sujet, déclare
Lena Khan. Je n’aurais jamais imaginé une telle ré-
ponse. Mon but était d’illustrer les représentations
des musulmans ; mais je n’ai pas la prétention de
parler au nom de tous. Ce fut là mon point de dé-
part. J’ai reçu 2 500 réponses, je les ai triées, et
puis j’ai réalisé mon clip. »
Depuis la sortie du court métrage, Lena Khan a
reçu des centaines de mails de personnes qui
confient que le film les a fait pleurer, leur a permis
d’ouvrir un débat sur l’islam au sein de leur famille
et a fait tomber les barrières des stéréotypes. Ce
film a également ouvert des portes à sa réalisa-
trice : elle a pu ainsi rencontrer le documentariste
Morgan Spurlock, tandis que le Muslim Public Af-
fairs Council – lors d’un dîner à Hollywood – re-
connaissait que Lena Khan est une cinéaste avec
laquelle il faut compter.
« Si je n’avais pas participé au concours, je
n’aurais pas bougé d’un pouce », déclare Lena qui
En haut : un plan du court métrage de Lena Khan
Bassem is Trying. Ci-dessus : trois plans fixes du
film A Land Called Paradise. Page de droite : sur le
tournage de Bassem is Trying.
37
est diplômée de l’Ecole de Cinéma de l’université
de Californie à Los Angeles (UCLA).
Lena Khan conçoit le cinéma comme une forme
de militantisme social – qui, pour elle, représente
une composante essentielle de sa foi. Sur le point
de se marier, elle est censée accepter une bague
de diamants. « Je ne voulais absolument pas partici-
per à l’industrie sanglante du diamant. Mes parents
eux s’étonnent : “ Mais pourquoi faire tant d’histoi-
res ? Accepte ce diamant, ce n’est pas si grave. ”
Justement, je pense que c’est grave. Il s’agit de sa-
voir si l’on est prêt à sacrifier un élément de son
confort au nom des autres. » Finalement, Lena Khan
choisit une bague moissanite.
Lorsqu’elle tourne un film en extérieurs, Lena
tient absolument à faire appel à des traiteurs qui
préparent uniquement des poulets élevés en plein
air. « Mon frère se moque de moi et me surnomme
“ Lisa Simpson ”, ajoute Lena, allusion à Lisa Simp-
son, la petite sœur intello et fragile du dessin animé
télévisé The Simpsons. »
Etudiante en sciences politiques et en histoire à
l’UCLA, Lena Khan observe alors que ses camara-
des ne s’intéressent à des génocides comme ceux
du Rwanda et du Darfour qu’à travers un film sur le
sujet ou une campagne de sensibilisation menée
par un acteur connu. Elle est lasse aussi de voir des
films hollywoodiens tels que Couvre-feu et La Chute
du faucon noir, dans lesquels le terrorisme est asso-
cié aux ablutions rituelles des musulmans ou à l’ap-
pel à la prière.
« Cela m’atteignait profondément. Alors, j’ai
décidé qu’au lieu de m’en plaindre, je m’empare-
rais moi-même du sujet. Je voulais réaliser des films
à caractère social, parce que le récit cinématogra-
phique est, semble-t-il, le meilleur moyen de faire
passer un message – car le spectateur est vraiment
attentif et s’identifie aux personnages et à ce qu’il
leur arrive. » Lena Khan décide alors d’obtenir un
master de cinéma à l’UCLA.
De retour au magasin d’accessoires, Lena fouille
dans la boîte d’étoiles ninjas. Après avoir choisi les
accessoires nécessaires, elle monte dans sa Toyota
Prius pour se rendre à la Western Costume, sur les
collines d’Hollywood, en quête de masques et de
costumes ninjas.
Outre ce projet publicitaire ninja, Lena envi-
sage de réaliser une série de films publicitaires
concernant l’élection présidentielle, et un clip pour
le chanteur Kareem Salama.
Enfin, Lena Khan a aussi un projet de film de
40 minutes, plus personnel, à propos duquel elle
se contente de déclarer : « On attend quelque chose
d’ambitieux et de populaire. Donc, oui, il y a une
véritable pression. » C’est à elle qu’il revient de
faire une œuvre de magicienne.
Les courts métrages de Lena Khan Bassem is
Trying et A Land Called Paradise sont disponibles
sur YouTube.com.
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l’homme d’AffAires
moose scheib
Cela pourrait être le
scénario d’un film : un
jeune homme, fils d’im-
migrants, fait d’ex-
cellentes études de
droit et, après son diplôme, entre dans un presti-
gieux cabinet juridique. Il se rend dans le restau-
rant où sa mère travaille aux cuisines depuis des
années et lui dit : « Maman, rentre à la maison. Tu
n’auras plus jamais besoin de travailler. »
Or, ce n’est pas du cinéma. C’est en partie
l’histoire de Moose Scheib, 28 ans, à la tête d’une
entreprise qui a fait échapper plusieurs milliers de
familles à la saisie de leur logement.
« Ce qui importe c’est de permettre aux gens de
rester chez eux, – c’est ce qui me tient le plus à
cœur », déclare Moose Scheib.
sColAr ité et v ie profess ionnelle
Moose Scheib est né à Beyrouth, au Liban ; ses
tout premiers souvenirs sont l’enfer d’un pays dé-
chiré par la guerre, alors qu’il était encore enfant.
Lors de son inscription à la faculté de droit, le jeune
homme devait déclarer : « Cette expérience m’a
donné à jamais le goût du savoir et de la justice. »
Lorsque sa famille part pour les Etats-Unis,
Moose Scheib est âgé de sept ans ; ses parents
s’installent d’abord à Toledo, dans l’Ohio, puis à
Dearborn, dans le Michigan. Après la première
des crises cardiaques que subira son père, la mère
prend un emploi à plein temps de cuisinière dans
un restaurant.
« Ma mère ne s’est jamais plainte, commente
Moose Scheib. Elle disait : “ Votre père ne peut plus
travailler, alors c’est moi qui travaillerai. ” Elle ac-
cepte donc un métier difficile, au salaire minimum.
[…] Elle insiste sur une seule chose : nous devons
nous concentrer sur nos études et obtenir une
bourse, “ car, dans la situation actuelle, je n’ai pas
les moyens de financer vos études universitaires”. »
Moose Scheib obtient son diplôme de l’ensei-
gnement supérieur avec mention à l’Albion College,
dans le Michigan, où il fonde une association d’étu-
diants musulmans ; puis il entre à la faculté de droit
de l’université Columbia, à New York, où il siège
au conseil d’administration de la Muslim Law Stu-
dents Association.
Pour échapper à la pression du travail, il y a le
sport – notamment le football américain. « Sur le
terrain, je fais tomber les barrières de la langue, de
la pauvreté et de l’origine », écrit-il lors de sa de-
mande d’inscription à la faculté.
le mi l ieu Jur id ique
Moose Scheib voit la faculté de droit comme un
défi à relever : « L’association université/grande
ville a été un grand choc pour moi – et l’environne-
ment de Columbia le plus compétitif qu’il m’avait
été donné de connaître jusque-là. »
Mais il persévère et réussit. En 2004, l’Arab
39
American Institute le récompense pour les services
rendus à la collectivité ; puis il est employé comme
assistant d’un juge de la cour suprême de l’Etat de
New York.
En 2005, Moose Scheib entre au prestigieux
cabinet juridique new-yorkais Proskauer Rose LLP. Il
apprécie cette expérience du monde des affaires et
du milieu juridique, tout en étant convaincu que le
monde de l’entreprise ne correspond pas véritable-
ment à son objectif à long terme.
« L’une des raisons qui m’ont poussé à aller chez
Proskauer, c’est qu’il s’agit de l’un des plus grands
cabinets juridiques du monde, dirigé par des Juifs,
et je suis partisan de construire des passerelles
entre les différentes communautés. »
sAuver des logements
En octobre 2005, les études de droit appartien-
nent au passé. Moose décide que le jour tant at-
tendu est arrivé. Il se rend au restaurant où sa mère
est cuisinière depuis tant d’années et lui offre la
possibilité de cesser définitivement de travailler.
« Mes parents ont tant sacrifié pour leurs en-
fants, explique-t-il. Pour nous, ils ont abandonné
une vie confortable au Liban, et je voulais leur mon-
trer qu’ils ne s’étaient pas sacrifiés en vain. »
En 2006, Moose Scheib retourne à Dearborn,
dans le Michigan pour y créer sa propre entreprise :
LoanMod.com renégocie des prêts hypothécaires,
afin d’éviter l’expulsion des propriétaires selon une
procédure qui profite au propriétaire comme à
la banque ou l’établissement financier détenant
l’hypothèque.
Grâce à une restructuration du prêt hypothé-
caire – généralement, un simple abaissement du
taux d’intérêt – une famille peut rester dans les murs
et la banque évite les frais beaucoup plus élevés
de la prise en charge du bien saisi.
Moose Scheib déclare que sa société est la
première du genre aux Etats-Unis. « Nous avons été
des pionniers. Au départ, j’ai simplement cherché
à aider mon oncle en difficulté, puis des amis ; nous
avons alors compris que nous avions mis au point
un modèle commercial viable. »
A ce jour, la société a renégocié avec succès
plus de 5 000 prêts, et ainsi permis à de nombreu-
ses familles de conserver leur habitation et aux
banques d’éviter les frais très élevés entraînés par
les saisies. LoanMod.com estime qu’elle aura rené-
gocié 20 000 prêts d’ici à la fin de l’année 2009.
l’Avenir
Moose Scheib prévoit une centaine d’employés
pour répondre à une demande croissante. Alors
que l’Etat fédéral demande aux établissements de
crédit et aux services hypothécaires de modifier
leurs conditions afin de permettre aux propriétaires Ci-dessus : Moose Scheib (au centre) fête son diplôme
de droit entouré de sa famille.
40
les stylistesnyla hashmietFatima monKushNyla Hashmi, 23 ans, et
Fatima Monkush, 25 ans, sont des femmes hors du
commun, qui ont beaucoup de points communs. Ce
sont des amies d’enfance, qui ont grandi à Hart-
ford, dans le Connecticut. Elles ont toutes deux un
père musulman, originaire d’Asie du Sud, et une
mère américaine convertie à l’Islam.
Aujourd’hui, l’une et l’autre créent des vêtements
élégants, que des musulmanes désireuses d’être à
la fois décentes et à la mode peuvent porter.
Nyla Hashmi et Fatima Monkush souhaitent lan-
cer une nouvelle ligne de vêtements baptisée Eva
Kurshid. Outre le marché spécifique qu’elles ont en
tête, elles espèrent toucher un public plus large.
« La marque s’imposera comme musulmane,
mais toutes les femmes pourront porter nos vête-
ments, déclare Nyla Hashmi, qui décrit ainsi la
ligne vestimentaire : « Un style américain, pour des
femmes de 25 à 34 ans qui travaillent et ont un
mode de vie très dynamique. »
d’éviter la saisie de leurs biens, LoanMod.com est
bien placée avec son réseau de 19 000 notaires
dans les 50 Etats du pays : « Nos conseillers aident
les propriétaires dans les démarches à effectuer, et
les notaires leur facilitent le travail de paperasse-
rie », précise Moose Scheib.
« Aider les gens à sauver leur possession la plus
importante est, pour nous, la meilleure des récom-
penses. Sauver un logement, c’est rendre service à
un quartier, à une collectivité et finalement au pays
tout entier. »
Sur le plan privé également, Moose Scheib
connaît de profonds changements : sa fille, Sophia
June, est née en 2008. Moose a grandi dans le
même quartier de Dearborn que sa femme, Nata-
lie, qui est mi-libanaise et mi-amérindienne.
« J’ai de la chance […] et suis vraiment béni des
dieux, dit-il. Mais je m’aperçois aussi que plus je
travaille, plus la chance me sourit. »
Ci-dessus : Moose Scheib, en famille avec son
épouse Natalie et leur petite fille, Sophia June.
41
dilemmes vest imentAires
C’est au cours de leur adolescence que Nyla et
Fatima commencent à s’intéresser à la mode vesti-
mentaire. En 1995, alors que Nyla a dix ans, la
famille Hashmi part pour le Pakistan – mais la jeune
fille continue à passer ses étés dans le Connecticut.
La famille Hashmi revient définitivement aux Etats-
Unis après les attentats du 11 septembre 2001.
« A notre retour, j’avais 13 ans, raconte Nyla,
et j’ai ressenti un profond choc culturel : j’ai vu les
différences de mode de vie des jeunes au Pakistan
et aux Etats-Unis. A mesure que je grandissais, mes
parents souhaitaient que je m’habille de manière
plus décente. Moi, je voulais être “ cool ” comme
les autres jeunes filles ; mais, je ne trouvais rien
dans les boutiques. »
Fatima fait la même expérience : « C’était très
difficile de trouver un prêt-à-porter convenable. »
Les deux jeunes filles recourent souvent à la super-
position des vêtements, « la meilleure alliée des jeu-
nes musulmanes », dit-elle en riant.
Nyla et Fatima apprennent à coudre auprès de
leur mère. Fatima raconte : « Ma maman m’a appris
à suivre un patron, mais aussi à m’en écarter et à
créer quelque chose qui corresponde à ce que je
recherche. J’ai 16 ans lorsque je commence à réa-
liser tous mes vêtements. Cet été-là, Nyla et moi
avons trouvé notre voie. »
vêtements et Confort
Les deux jeunes femmes définissent elles-mêmes
ce que doit être leur style. « J’ai grandi dans une
famille très conservatrice ; mes parents étaient très
stricts et tenaient à un habillement décent », expli-
que Nyla. J’ai fini par trouver mon niveau de
confort : je porterai des vêtements à manches cour-
tes, mais aucun décolleté, et rien de moulant. Ce
niveau de confort varie selon la personne. »
Quant à Fatima, elle précise qu’« il ne s’agit
pas d’imposer des règles, mais plutôt de se sentir
bien. Personnellement, je ne vais pas me balader
en débardeur ou en robe courte, car je ne me sen-
tirai pas à l’aise. Je me couvre les cheveux depuis
l’âge de 14 ans. »
grAndir dAns une fAmil le mét issée
La mère de Nyla Hashmi a été élevée dans la
religion catholique. Quant à son père, d’origine
pakistanaise, il arrive aux Etats-Unis dans les an-
nées 1970, et est aujourd’hui citoyen américain.
« Ma mère faisait des études d’infirmière lorsqu’elle
a rencontré mon père, qui était chirurgien cardiolo-
gue. Ma mère fut tellement séduite – par sa gen-
tillesse et sa générosité – qu’elle s’est intéressée à
sa religion, et puis s’est convertie. »
Fatima Monkush pose pour le magazine Elan.
42
Nyla va à l’école coranique le dimanche, à
Hartford, avec ses trois frères et sœurs.
Quant à Fatima Monkush, son père est ori-
ginaire du Bangladesh. Il arrive aux Etats-Unis
en 1971 et habite chez un cousin, en Virginie-
Occidentale. La mère de Fatima le rencontre chez
des amis communs et, elle aussi, se convertit à
l’islam avant le mariage.
en route pour l ’univers de lA mode
Après le lycée public, Fatima fréquente l’Univer-
sity of Connecticut et la Central Connecticut State
University, et obtient une licence d’arts plastiques.
Puis, elle part pour New York où elle passe le pre-
mier été en colocation avec
Nyla Hashmi, étudiante au
Fashion Institute of Technology.
Après avoir décroché son di-
plôme, Nyla est recrutée par le
grand styliste israélien Elie Ta-
hari et elle crée une ligne de
pulls pour femmes. Fatima entre
aussi dans l’univers de la mode
– travaillant tout d’abord pour
Coogi, créateur de vêtements
pour homme de style hip-hop,
puis pour la marque Married to
the Mob, très branchée et spé-
cialisée dans les vêtements fémi-
nins, où elle travaille toujours.
Pour réaliser leur première
collection, Nyla et Fatima tra-
vaillent le soir et le week-end.
C’est difficile – Nyla vit dans le quartier de Queens,
et Fatima à Brooklyn avec son époux – mais les
deux jeunes femmes s’accrochent à leur rêve.
Le nom de leur marque n’est pas fortuit. Nyla
explique qu’Eva est le prénom de la grand-mère
maternelle de Fatima, tandis que Kurshid est le pa-
tronyme de sa propre grand-mère paternelle. La
marque, comme le style de vêtements qu’elles ont
créé, est au carrefour de leurs deux cultures.
Nyla Hashmi et Fatima Monkush n’ont pas re-
noncé à leur emploi salarié, mais elles espèrent
que leur ligne de vêtements correspondra à un be-
soin des consommatrices. « Nous voulons être les
premières et les meilleures dans notre domaine, af-
firme Nyla. Je crois sincèrement que nous avons
créé quelque chose de totalement inédit. »
Ci-dessus : Fatima Monkush (deuxième à partir de la droite) et Nyla Hashmi (troisième à partir de la gauche) et d’autres jeunes stylistes musulmanes posent pour le magazine Elan.
43
le ChAnteurKareemsalamaKareem Salama vient
du Sud-Ouest des
Etats-Unis, région pro-
fondément marquée
par la musique coun-
try. Mais, pour cet
homme de 30 ans, le milieu familial c’est aussi un
fort attachement à la religion musulmane et à la ri-
chesse de la littérature et de la poésie arabes.
Aussi, lorsqu’il commence à écrire et interpréter
ses propres chansons, Kareem Salama associe-t-il
naturellement une sensibilité enracinée dans sa foi
musulmane et des accents profonds du Sud – portés
par une voix captivante – combinaison souvent per-
çue comme déroutante par son entourage.
oklAhomA et mus ique
Les parents de Kareem Salama, qui sont d’ori-
gine égyptienne, se sont installés dans l’Etat de
l’Oklahoma, où ils ont élevé Kareem, ses deux frè-
res et sa sœur. Dans son enfance, Kareem fréquente
les rodéos, les foires locales et les fêtes indiennes ;
il s’imprègne de musique country et de la tradition
bluegrass, aussi bien à Branson, dans le Missouri,
qu’à Nashville, dans le Tennessee, grâce à la
légendaire émission de radio Grand Ole Opry.
Sur son site Internet, Kareem Salama déclare :
« Comme moi-même, l’Oklahoma est un creuset où
les cultures se mêlent et dansent. L’Oklahoma est un
condensé de cultures du Sud, western et amérin-
dienne ; c’est grâce à la soif de connaissance et de
découverte de ma mère que toute la famille baigne
dans ce climat. »
foi rel ig ieuse et mus ique
Cependant, les parents de Kareem Salama ne
négligent pas l’initiation à l’islam. Malgré son ac-
cent sudiste très marqué et sa musique bien améri-
caine, Kareem est attaché à sa foi et ses composi-
tions puisent à la source de cet héritage religieux et
culturel.
Les chansons de Kareem Salama ne sont pas
ouvertement d’inspiration politique ou religieuse ;
mais elles reflètent la richesse de ses origines que
le site Internet altmuslim.com qualifie de « paradoxe
vivant de la scène musicale américaine ».
Dans l’une de ses chansons, qui traite de la
tolérance, Kareem cite un célèbre érudit et poète
islamique Imam Shafi’ee : « Tel l’encens, plus je
brûle, plus puissant est le parfum que je distille. »
Kareem reconnaît que l’exemple de son père a
façonné sa perception des choses et sa musique :
« Il règle sa vie sur le précepte “ Sois dur envers toi-
même, mais indulgent envers les autres. “ »
Pour lui, composition musicale et religion sont
étroitement entremêlées : « Je prie avant et après
chacune de mes compositions, explique-t-il dans un
entretien accordé à l’université d’Etat de l’Iowa. Je
choisis chaque mot avec soin. J’essaie de rester sin-
cère et espère que Dieu portera cette chanson jus-
que dans le cœur de ceux qui l’écoutent. »
44
lA f i l i ère Country
La conception que Kareem Salama se fait de la
country music a de quoi surprendre – surtout les
habitués de la veine commerciale dominante, dont
les paroles célèbrent les grands espaces, les bas-
tringues et les amours perdues.
« La musique country a une âme, quelque chose
qui vient du plus profond de
l’être. […] Quelque chose
d’essentiellement séculaire et
traditionnel », déclare Ka-
reem Salama dans un entre-
tien sur altmuslim.com.
En fait, il s’inspire d’une
tradition beaucoup plus an-
cienne dont les origines re-
montent à ce que l’on ap-
pelle le bluegrass et qui vient de la région des
Appalaches et du Sud-Est des Etats-Unis.
Kareem Salama a également étudié la littéra-
ture anglaise, notamment le célèbre poème de John
Donne (1572-1631) « A Valediction: Forbidding
Mourning » qu’il a mis en musique afin d’en mémo-
riser le texte.
Composit ion et ConCerts
Kareem Salama commence à composer et écrire
des chansons alors qu’il prépare et obtient un di-
plôme d’ingénieur à l’université de l’Oklahoma,
avant de s’inscrire à la faculté de droit de l’univer-
sité de l’Iowa, où il fait la connaissance du musi-
cien Aristotle Mihalopulos.
Symbole éminemment américain, deux fils d’im-
migrants égyptiens et grecs décident d’écrire en-
semble de la country music. Au cours des années
qui suivent, Kareem Salama donne des concerts
devant des publics majoritairement musulmans aux
Etats-Unis et en Europe, accompagné à la guitare
par Aristotle Mihalopulos.
Avec son visage de jeune premier, ses cheveux
courts et le chapeau de cow-boy traditionnel, Ka-
reem reconnaît qu’il est possible que le public
vienne attiré par cette nouveauté que représente un
chanteur de musique country musulman. Mais, il es-
père qu’il reste séduit par ses chansons.
Il est peut-être en passe de réussir. Lors de la
tournée d’été qu’il a effectuée en Europe, en 2008,
Kareem Salama s’est produit devant des publics en-
thousiastes – musulmans et non musulmans – à Lon-
dres, Berlin, Paris (à Eurodisney), Rome, Gênes et
Amsterdam.
Son premier album, Generous Peace, est sorti en
2006 ; suivi un an après par This Life of Mine. La
chanson intitulée « A Land Called Paradise » a servi
de bande originale à un clip primé célébrant la
45
diversité et la vitalité des Américains musulmans.
Kareem Salama travaille actuellement à la pro-
duction d’un nouvel album, qui sera à la fois une
compilation de ses plus grands succès et le support
de nouvelles chansons.
Toutefois, Kareem Salama n’a pas l’intention de
se consacrer exclusivement à une carrière musicale.
Ayant achevé ses études de droit, il prépare
aujourd’hui l’examen d’avocat et compte se spécia-
liser dans le droit des brevets.
Sur le site qu’il a créé sur MySpace, Kareem
Salama résume ainsi sa pensée : « J’espère que mes
chansons séduiront des êtres et des cœurs qui re-
cherchent la même chose que moi […] l’aspiration
à une vie vertueuse, en accord avec Dieu. »
lA JournAliste de télévision
Kiran KhaliDLa mère de Kiran
Khalid raconte que,
lorsque sa fille était
enfant, elle aimait
s’asseoir dans une
boîte en carton, tour-
née vers l’extérieur
— « de sorte que j’étais littéralement à l’intérieur
d’un poste de télévision, à défaut d’être sur l’écran »,
se souvient Kiran Khalid aujourd’hui âgée de
35 ans. Depuis elle est devenue journaliste, car-
rière qui la fait passer successivement de la presse
locale à la couverture des grands événements na-
tionaux et internationaux.
« J’ai été la première Américaine d’origine pa-
kistanaise à présenter un journal télévisé aux Etats-
Unis, dit-elle. Si je me trompe, j’aimerais bien ren-
contrer la véritable pionnière car on m’a toujours
dit que j’avais ouvert la voie. »
sA Jeunesse Au texAs
Le père de Kiran Khalid est né à New Delhi, en
Inde, et sa mère à Karachi, au Pakistan ; quant à
elle, elle a grandi dans la banlieue de Houston, au
Ci-dessus, à gauche : la couverture du second CD de Kareem Salama This Life of Mine. Ci-dessus : Kareem Salama en concert à Berlin, en 2008.
46
Texas, où son père exerçait le métier de promoteur
immobilier.
Kiran s’intéresse très tôt au journalisme : « J’ado-
rais écrire, et j’écrivais souvent des nouvelles quand
j’étais jeune. »
Comme ses deux frères et sa sœur, Kiran est
excellente élève. Ces bons résultats les aident à
surmonter la difficulté d’appartenir à la seule fa-
mille issue de l’immigration de leur quartier.
« On acceptait cette situation parce que l’on
pensait que le monde était ainsi fait, dit-elle. En
fait, ces expériences de jeunesse m’ont servi, car
cela m’a préparée aux réactions déclenchées par
les attentats du 11 septembre 2001. »
lA télév is ion loCAle
Kiran Khalid est diplômée de journalisme de
l’université du Texas à Austin ; elle déclare avoir été
attirée par « le fait que la télévision colle immédia-
tement à la réalité, la perspective de diffuser en
direct les dernières nouvelles ».
En 1996, elle entre à la station locale de CBS,
à Corpus Christi, au Texas, où le travail est à la fois
intéressant et frustrant, car, si cette station permet-
tait de s’initier à l’information – par des reportages
sur les tempêtes, sur le trafic de drogue et sur l’im-
migration –, elle souffrait de l’archaïsme du maté-
riel, qui rendait le travail difficile.
« Néanmoins, le travail m’a plu, j’ai aimé le
face-à-face avec la caméra, dit Kiran. J’avais
conscience d’être assez douée pour ce métier. »
A la station de télévision de Lake Charles, en
Louisiane, Kiran fait l’expérience inverse : équipe-
ment technique dernier cri, mais actualité quasi
inexistante. « Je travaillais dur et suis devenue la
présentatrice de l’actualité du week-end. » Kiran y
fait aussi l’expérience de la notoriété : « Fréquenter
le centre commercial était comme entrer en scène,
car tout le monde me reconnaissait. »
A Mobile, en Alabama, Kiran Khalid est à l’an-
tenne quatre ou cinq fois par jour – ce qui l’épuise.
« J’avais l’impression de tourner en rond. » Elle opte
pour le risque et la liberté et devient journaliste
indépendante.
Avec le recul, Kiran déclare : « L’aspect le plus
intéressant de l’information locale, ce sont les en-
quêtes sur les pratiques commerciales et de consom-
mation. En braquant le projecteur sur des sociétés
douteuses et en mettant chacun devant ses respon-
sabilités, la télévision locale rend un service à la
collectivité qui passe souvent inaperçu. »
Kiran ajoute : « Les pressions sont énormes, avec
la multiplication des organes de diffusion qui préfè-
rent le modèle de l’information en continu aux exi-
gences du reportage plus approfondi. »
En haut, à gauche : le véhicule de Kiran Khalid em-
bourbé en Afrique, en 2005. Page de droite : Kiran
interviewe le chanteur John Mayer lors du gala an-
nuel de la fondation Save the Music, en 2007.
47
JournAl iste indépendAnte
En 2005, Kiran enquête en Afrique, sur le sort
douloureux d’agriculteurs menacés par la famine
au Niger et au Mali. Son documentaire, intitulé The
Hunger Gap, est finaliste, lors d’un festival cinéma-
tographique des Nations unies. Aux Etats-Unis,
Kiran Khalid travaille en tant que productrice pour
un type de chaîne très différent, Court TV, qui cou-
vre les grands procès civils et pénaux.
Kiran est également membre actif de la South
Asian Journalists Association (SAJA) : « Je suis très
fière de faire partie du conseil d’administration de
la SAJA, dit-elle. J’aime travailler pour une organi-
sation qui fait tant de choses pour les jeunes journa-
listes, notamment travail de tutorat, mais aussi oc-
troi de bourses. »
le pAk istAn et l ’Amér ique
Après les attentats du 11 septembre 2001,
Kiran Khalid prend vite conscience du fait que « le
Pakistan allait jouer un rôle majeur et j’ai compris
que c’était maintenant ou jamais, si je voulais faire
partie du jeu ».
Parlant couramment la langue ourdoue, Kiran
se rend au Pakistan où elle est l’un des premiers
journalistes occidentaux à effectuer des reportages
à l’intérieur même d’écoles religieuses pakistanai-
ses, les medersas, souvent accusées d’encourager
le terrorisme.
En 2007, elle revient pour sa mission la plus
dangereuse : filmer le documentaire We Are Not
Free, qui traite de la censure imposée aux médias
et des attaques que le gouvernement de M. Mu-
charraf fait subir aux journalistes, au Pakistan.
Dans un entretien à AsiaMedia, Kiran Khalid
déclare : « J’ai été réellement frappée par le cou-
rage de ces journalistes […] qui sont prêts à mettre
leur vie en danger au service de ce qu’ils considè-
rent être une noble cause. »
Depuis janvier 2008, Kiran Khalid est produc-
trice de l’une des émissions d’information les plus
populaires des Etats-Unis : Good Morning America,
sur la chaîne ABC.
« J’aime l’intensité de ce travail », dit-elle, et cela
veut dire un jour traiter du prix du gaz et le lende-
main de la campagne présidentielle.
« Good Morning America me permet de couvrir
des sujets devant des millions de personnes. J’es-
père que, dans dix ans, je pourrai encore travailler
sur des sujets qui concernent tout le monde et ser-
vent le bien commun. »
18 - 29 ans 29%30 - 49 ans 48%50 - 64 ans 18%+ De 65 ans 5%Hommes 54%femmes 46%
Dans quelles régions Des etats-unis vivent les musulmans ?
les musulmans aux etats-unis répartition par âge et par sexe
sUD 32%norD-est 29%miDwest 22%oUest 18%
A ujourd’hui, la population américaine de
confession musulmane forme une extra-
ordinaire mosaïque ethnique, linguisti-
que, idéologique, sociale, économique et reli-
gieuse. Il s’agit aussi bien de personnes nées aux
Etats-Unis et bien intégrées, que de nouveaux arri-
vants – très nombreux – qui commencent tout juste
à s’adapter au mode de vie américain. Vis-à-vis
de la religion, ces musulmans peuvent être très or-
thodoxes, modérés, voire laïques. Ils ressemblent
aux chrétiens, aux juifs, aux hindous ou aux mem-
bres d’autres communautés religieuses d’Améri-
que, dans la mesure où nombre d’entre eux s’ef-
forcent de s’intégrer totalement au pays, tant sur
le plan social que politique ; tandis que certains
tableau statistiqueles musulmans en amérique
préfèrent rester proches de leur groupe et préserver
leurs pratiques culturelles. La plupart de ces immi-
grants sont originaires de pays où les musulmans
sont majoritaires ; aussi leur faut-il nécessairement
un temps d’adaptation pour se familiariser avec
une société pluraliste.
Il est dif ficile de chiffrer précisément la popu-
lation musulmane des Etats-Unis, car les services
de recensement américains ne demandent pas
aux citoyens leur appartenance religieuse. Les
estimations varient de 2 à 7 millions. Ce qui est
clair, en revanche, c’est que cette population
augmente très rapidement – du fait de l’immigra-
tion, d’un taux de natalité élevé et d’un certain
nombre de conversions.
48
sUD-asiatiqUes 28%afro-américains 27%sUD-asiatiqUes et araBes 16%araBes 15%aUtres groUpes 14%
très importante 72%Une certaine importance 18%pas très importante 5%aUcUne importance 4%sans opinion 1%
D’après une enquête du Pew Research Center
de 2007, 65 % des Américains musulmans sont
des immigrants de la première génération, et 61 %
de ceux qui sont nés à l’étranger sont arrivés dans
les années 1990 ou 2000. 77 % des musulmans
vivant aux Etats-Unis sont citoyens américains, et
65 % de ceux nés à l’étranger ont été naturalisés.
Selon une récente étude du Center for Human
Rights and Global Justice de la faculté de droit de
l’université de New York, de nombreux musulmans
font partie des quelque 40 millions de personnes
ayant attendu plus de trois ans une décision au
sujet de leur demande de naturalisation.
Selon les estimations, les musulmans afro-
américains représentent entre un tiers et un cin-
quième de l’ensemble des musulmans d’Amérique.
Les autres grands groupes ethniques sont les
Arabes et les personnes originaires d’Asie du Sud
(Indiens, Pakistanais, Bangladais et Afghans).
Alors que la plupart des Américains associent
islam et population d’origine arabe, deux tiers
des Arabo-Américains sont chrétiens. Toutefois,
depuis la Seconde Guerre mondiale, la plupart
des immigrants arabes sont musulmans – ces der-
niers constituant l’élément de la population arabo-
américaine qui augmente le plus rapidement. La
niveau D’instructionmUsUlmans popUlation
totale
etUDes De 2e et 3e cycles 10% 9%
licence 14% 16%
etUDes sUpérieUres 23% 29%
BaccalaUréat 32% 30%
mUsUlmans popUlation totale
$100 000 16% 17%
$75 000 - $95 000 10% 11%
$50 000 - $74 999 15% 16%
$30 000 - $49 999 24% 23%
revenus annuels Des ménages
49
répartition Des mosquées par groupe ethnique
sans BaccalaUréat 21% 16% moins De $30 000 35% 33%
quelle est la place De la religion Dans votre vie ?
REPARTITION DES MOSQUEES AUX ETATS-UNISS’intitulant The Global Muslim eCommunity, le site IslamiCity.com réunit des informations sur les musulmans américains depuis 1995. Sa base de données en ligne
NV
TX
OKNMAZ
UTCOCA
KS
NE
WY
IDOR
WA
MT ND
SD
AK
HI
al Alabama 20
aK Alaska 0
az Arizona 10
ar Arkansas 1
ca Californie 198
NC Caroline du Nord 20
sc Caroline du Sud 12
co Colorado 8
ct Connecticut 17
nD Dakota du Nord 4
sD Dakota du Sud 2
De Delaware 2
Dc District de Columbia 8
FL Floride 42
ga Georgie 40
hi Hawaii 1
iD Idaho 3
il Illinois 43
in Indiana 14
ia Iowa 5
Ks Kansas 2
Ky Kentucky 9
la Louisiane 17
me Maine 1
mD Maryland 18
MA Massachusetts 13
communauté musulmane qui croît le plus rapide-
ment est celle des personnes originaires d’Asie du
Sud. La population américaine musulmane compte
aussi des Turcs, des Iraniens, des Bosniaques,
des Malais, des Indonésiens, des Nigérians, des
Somaliens, des Libériens, des Kényans et des Sé-
négalais – entre autres. Un nombre restreint mais
croissant comprend des Blancs et des Hispani-
ques convertis à l’islam, notamment de nombreu-
ses femmes ayant épousé un musulman.
Si l’on trouve des musulmans dans toutes les
régions des Etats-Unis, nombre d’entre eux vivent
dans les grandes métropoles de la côte ouest et
de la côte est, ainsi que dans le Midwest : New
York, Los Angeles, Chicago et Detroit/Dearborn.
Les dix Etats comptant le plus grand nombre de
musulmans sont la Californie, l’Etat de New York,
l’Illinois, le New Jersey, l’Indiana, le Michigan, la
Virginie, le Texas, l’Ohio et le Maryland. On
trouve aussi des communautés musulmanes près
des villes abritant des universités d’Etat ; celles-ci
comptent souvent un nombre important d’étudiants
et d’enseignants musulmans nés à l’étranger.
D’après l’enquête de 2007 de l’institut Pew,
la population américaine musulmane est généra-
lement proche du reste de la population des Etats-
Unis par le niveau d’instruction et de revenus – les
musulmans nés à l’étranger étant légèrement plus
riches et plus instruits que ceux nés aux Etats-Unis.
24 % des Américains musulmans et 29 % des mu-
sulmans nés à l’étranger ont un diplôme de l’en-
seignement supérieur – contre 25 % pour l’ensem-
ble de la population américaine. 41 % des
Américains musulmans et 45 % des musulmans
ayant immigré aux Etats-Unis ont un revenu annuel
de 50 000 dollars ou plus – le chiffre étant de
50
Mosquées dans chacun des Etats
100 à 200 50 à 99
20 à 49 10 à 19
0 à 9MN
IA
MO
AR
LAMS
TN
KY
INIL
WIMI
FL
GAAL
SC
NC
VAWVOH
PA
NY
ME
NH
VT
MA
RI
CT
NJ
DE
MD
DC
mi Michigan 55
mn Minnesota 3
ms Mississippi 9
mo Missouri 7
mt Montana 2
ne Nebraska 1
nv Nevada 3
nh New Hampshire 3
nJ New Jersey 56
ny New York 131
nm Nouveau-Mexique 41
oh Ohio 41
oK Oklahoma 8
or Oregon 10
pa Pennsylvanie 43
ri Rhode Island 2
tx Texas 58
ut Utah 5
VT Vermont 0
va Virginie 27
Wv Virginie-Occidentale 3
Wa Washington (Etat de) 10
Wi Wisconsin 13
Wy Wyoming 1
44 % pour l’ensemble de la population. Les immi-
grants musulmans sont bien représentés dans la
catégorie des personnes à hauts revenus : 19 %
d’entre eux déclarent un revenu annuel de
100 000 dollars ou plus (contre 16 % pour l’en-
semble de la population musulmane et 17 % pour
l’ensemble de la population américaine). Cela
s’explique sans doute par la forte concentration
de musulmans dans les professions libérales et les
postes de cadres techniques ou de direction – no-
tamment dans l’informatique, l’éducation, la mé-
decine, le droit et le monde des affaires. Depuis
2001, on a pu noter une baisse des revenus des
Américains arabo-musulmans ; mais, d’après des
données plus récentes, cette tendance pourrait
commencer à s’inverser.
Le parcours des Américains musulmans est uni-
que, dans la mesure où il appartient à deux expé-
riences foncièrement américaines : la première
concerne les Afro-Américains, la seconde les im-
migrants. Les immigrants musulmans et les musul-
mans afro-américains ont réussi à faire entendre
leur voix dans la société et en politique. Ils ont la
même identité musulmane, mais des contextes eth-
nique, culturel, socioéconomique et historique très
différents. S’ils veulent participer pleinement à la
vie politique américaine, les immigrants musul-
mans doivent s’inspirer de la réussite de leurs frè-
res afro-américains, notamment dans l’élaboration
des institutions et dans un dialogue effectif avec
les autres Américains.
Sources : Données statistiques extraites de Muslim Americans: Middle Class and Mostly Mainstream, Pew Research Center, 22 mai 2007. Le texte de cet article est extrait de Strengthening America: The Civic and Political Integration of Muslim Americans, The Chicago Council on Global Affairs, © 2007.
51
recense plus de 2300 mosquées, écoles et organisations islamiques dans les 50 Etats. On trouvera ci-dessous le nombre de mosquées par Etat en décembre 2008. Pour le district de Columbia, ce chiffre émane du Centre is-lamique de Washington. Le nombre total de mosquées aux Etats-Unis est de 1 018.
Masjid Abu-Bakr (Colorado Muslim Society)2071 South Parker Road, Denver, Colorado
Avec 2 000 à 3 000 fidèles qui y pratiquent les prières chaque semaine, la Colorado Muslim Society est un véritable pilier de la vie islamique à Denver. Récemment, ce centre a entrepris un vaste projet d’agrandissement en vue de doubler l’espace de prière et d’accueillir la population croissante de musulmans dans la région. Situé sur l’une des grandes artères de la ville, ce centre est le cœur de la vie civique des musulmans – et notamment des jeunes. Ce sont de jeunes adultes qui enseignent à l’école coranique le dimanche. Outre cet enseignement dominical, le centre dispense un en-seignement islamique par l’intermédiaire de la Crescent View Academy. Cet établissement, qui accueille des musulmans et des non-musulmans de la maternelle à la quatrième, met fortement l’accent sur l’apprentissage de la langue arabe et la connaissance de l’Islam en général.
mosquées locales
Islamic Community Center / Tempe Masjid131 E. Sixth Street, Tempe, Arizona
Composé d’un centre culturel, d’une mosquée (masjid) et d’une école situés immédiatement au nord de l’université d’Etat de l’Arizona, à Tempe, l’Islamic Community Center accueille des personnes de plus de 75 nationalités différentes et de toutes origines socioéconomiques. Il a été créé en 1984 afin de rassembler des musulmans qui, dans ce secteur géographique, avaient jusqu’alors pratiqué leur religion au sein de petits groupes réunis chez des particuliers. Aujourd’hui, quelque 300 musulmans y observent la prière du vendredi, mais ce centre est également très actif vis-à-vis de l’Association des étudiants musulmans de l’Arizona et de la communauté musulmane dans son ensemble. Il est doté d’une petite bibliothèque sur l’Islam, et il organise des visites de la mosquée, imitée du dôme du Rocher, à Jérusalem. Le centre propose aussi l’organisation de cérémonies de mariage ou d’inhumation, et abrite la Phoenix Metro Islamic School, école primaire coranique.
52
Islamic Society of Central Florida1089 N. Goldenrod Road, Orlando, Floride
L’Islamic Society of Central Florida démarre assez modestement, à Orlando, au début des années 1970. La première mosquée – Masjid al-Rahman ou « Mosquée de la Miséricorde » – voit le jour au début des années 1980. La croissance rapide de la communauté fait que cette société se développe. Aujourd’hui, elle compte neuf mosquées dans l’ensemble de la région, au service de 40 000 musulmans de diverses origines ethniques. En 2001, elle crée le Center for Peace, qui s’efforce d’éliminer les stéréotypes dont peuvent faire l’objet les musulmans, et de promouvoir la paix et la compréhension entre les peuples. L’Islamic Society of Central Florida soutient également la Muslim Student League de l’University of Central Florida.
Masjid Abu-Bakr Al-Siddiq4425 David Drive, Metairie, Louisiane
Sur le plan architectural, la mosquée Abu-Bakr al-Siddiq est unique, car c’est la seule mosquée de la région de La Nouvelle-Orléans qui respecte la tradition du dôme géodésique et du minaret. Les 250 à 300 fidèles qui s’y rendent sont pour la plupart des immigrants de première et deuxième générations – venus du Pakistan, de l’Inde et du Moyen-Orient. 20% d’entre eux sont des immigrants plus récents et des convertis. Cette mosquée accueille des musulmans venant de la ville voisine de Kenner et de la Nouvelle-Orléans. Par chance, elle n’a été que très peu endommagée par le cyclone Katrina. La plupart des fidèles ont pu regagner leur domicile après la catastrophe, et la mosquée a pu conserver la majorité de ses pratiquants.
53
Albanian Islamic Center 19775 Harper Avenue, Harper Woods, Michigan
L’Albanian Islamic Center a été créé en 1962 par la population musulmane d’origine albanaise de la région de Detroit. Situé dans la banlieue du comté de Wayne, ce centre est au service de quelque 150 familles d’Albanais tosks et gegs, mais aussi d’Iraniens, de Palestiniens, de Maltais, d’Arabes et d’Indiens. Il y a eu différents styles religieux, en fonction des vagues d’immigration. Les Albanais tosks (originaires du Sud de l’Albanie), sont considérés comme des musulmans « réformés », et vivent aux Etats-Unis depuis le xixe siècle. Ils sont moins stricts sur le plan de la pratique religieuse et des conventions sociales. Quant aux Albanais gegs (originaires du Nord de l’Albanie), ils sont généralement attachés à une pratique religieuse plus traditionnelle.
Islamic Society of Greater Kansas City8501 E. 99th Street, Kansas City, Missouri
C’est au début des années 1970, après la première prière (salat) de la fête d’Aïd-el-Fitr, qu’un groupe de musulmans habitant Kansas City envisagea la construc-tion d’une mosquée. Dix ans plus tard, l’Islamic Society of Greater Kansas City ouvrait les portes de cette mos-quée et était enregistrée comme association à but non lucratif. Depuis lors, elle s’est développée et a acquis des terrains en vue de la création d’un parc et d’un ci-metière musulman. Une école coranique a également été créée dans ce centre : elle accueille aujourd’hui une centaine d’étudiants. L’Islamic Society of Greater Kansas City estime à plus de 8 000 le nombre de ses fidèles musulmans dans l’agglomération de Kansas City, mais touche aussi des non-musulmans. Les visites de ce centre islamique sont encouragées, et ses sessions d’étude de la langue arabe, de l’Islam et du Coran sont ouvertes au public.
54
Masjid Al-Islam40 Sayles Hill Road, North Smithfield, Rhode Island
Masjid al-Islam, la plus grande mosquée du Rhode Island, a vu le jour en 1994 pour répondre aux besoins de la population musulmane croissante de North Smithfield. Cette mosquée accueille des musulmans de toutes ten-dances religieuses et de toutes origines ethniques, mais considère comme essentiels les écrits coraniques et la sunna. La mosquée est gouvernée de manière démocra-tique ; un comité composé de six fidèles est chargé des affaires administratives, mais toutes les questions d’importance sont soumises à l’ensemble de la commu-nauté avant toute décision. Masjid al-Islam œuvre au dia-logue interconfessionnel et entretient des relations avec les communautés chrétienne et juive en vue de participer à des projets d’intérêt collectif. Parmi les projets à venir, on peut citer un partenariat avec des hôpitaux locaux en vue de bilans de santé annuels – dans le cadre d’une journée d’hygiène publique au service de la collectivité. Quelque 250 fidèles pratiquent la prière du jumah ou prière du vendredi, mais aucune adhésion officielle n’est exigée.
Masjid Al-Muslimiin (Islamic Center of Columbia)1929 Gervais Street, Columbia, Caroline du Sud
Au cœur de Columbia, en Caroline du Sud, Masjid al-Muslimiin accueille 500 fidèles. Très proche de l’université de la Caroline du Sud, ce centre, qui a ou-vert en 1981, collabore fréquemment avec des étu- diants afin d’inviter d’éminents spécialistes de l’Islam. Il propose de nombreux services à ses membres – notam-ment des cours, le dimanche, pour permettre aux en-fants d’apprendre le Coran et de s’initier à l’histoire de l’Islam. Parmi les autres services, citons un forum à l’intention des femmes : il s’agit d’activités sociales, édu-catives et de santé. Ce centre est également très engagé dans une action de diffusion de la religion musulmane auprès de l’ensemble de la communauté – mais plus particulièrement à l’intention des personnes détenues en prison ; il espère être en mesure d’améliorer son assis-tance aux ex-délinquants de confession musulmane, ainsi qu’à tous les nouveaux venus. Enfin, ce centre en-visage la création d’une coopérative d’alimentation, destinée aux musulmans.
55
1619-années 1800 On es-
t ime à 10 mill ions le nombre
d’Africains alors amenés en
Amérique du Nord en tant
qu’esclaves. Quelque 30%
d’entre eux sont musulmans.
1796 Le prés ident John
Adams s igne un Trai té de
paix e t d’ami t ié avec le bey
e t les su je ts de Tr ipol i de
Barbar ie.
1898 Créat ion de Kawkab
Amrika ( L’E to i le de l ’Amér i -
que), premier quot id ien en
langue arabe publ ié aux
E ta ts -Unis, comme en témoi -
gne l ’ar t ic le du New York
Times c i -dessus.
1775 L’ancien esclave Peter
Salem (Saleem) par ticipe à
la batail le de Bunker Hil l et
à l’ensemble de la Révolu-
t ion américaine. A noter que
des Américains de confes-
sion musulmane ont combattu
dans toutes les guerres qu’ont
connues les Etats-Unis.
les granDes Dates
1819 Af franchi par son maî-
t re lorsqu’i l avait la cinquan-
taine, Yarrow (Mamout) Mar-
mood (ci -dessus, en 1819)
s’établi t en tant que proprié-
taire foncier et investisseur
à Georgetown (aujourd’hui
quar tier de Washington).
1 9 0 7 D e s i m m i g r a n t s t a -
t a r s , v e n u s d e P o l o g n e ,
d e R u s s i e e t d e L i t u a -
n i e , f o n d e n t l ’ A m e r i c a n
M o h a m m e d a n S o c i e t y –
p r e m i è r e o r g a n i s a t i o n
m u s u l m a n e a m é r i c a i n e . 56
1908 Un grand nombre
d’ immigrants musu lmans ar -
r ivent aux E ta ts -Unis en pro -
venance de l ’Empire o t to -
man, qui recouvrai t a lors la
Syr ie, le L iban, la Jordanie
e t la Turquie actue ls .
1913 Noble Drew Ali
(1886-1929) fonde le Moor-
ish Science Temple of Ame-
rica (MSTA) à Newark, dans
le New Jersey. Ce groupe re-
l igieux se revendique comme
une organisation musulmane,
tout en s’inspirant de nom-
breuses autres religions.
1924 La loi Johnson-Reed
sur l’ immigration impose des
quotas nationaux limitant
considérablement le nombre
des nouveaux immigrants aux
Etats-Unis.
1934 La Mother Mosque –
premier immeuble destiné à
devenir une mosquée – voit
le jour à Cedar Rapids, dans
l’Iowa.
1957 Le Centre is lamique de
Washington est consacré en
tant que mosquée et centre
cul turel is lamique. Le prési -
dent Dwight Einsenhower et
son épouse Mamie assis tent
à la cérémonie.
1934 Eli jah Muhammad
devient ministre suprême de
la Nation of Is lam (NOI), or-
ganisation nationaliste noire
ayant adopté cer taines prati -
ques islamiques.
57
1919 La première associa-
tion islamique est créée à
Highland Park, près de De-
troit, dans le Michigan – où
de nombreux immigrants trou-
vaient alors un emploi dans
l’industrie automobile.
1965 Publié peu de temps
après l’assassinat de son
auteur, en février 1965, L’Auto-
biographie de Malcolm X est
l’histoire de la conversion
d’un homme à l’islam dans le
contexte plus vaste de l’expé-
rience afro-américaine. Cet
ouvrage demeure l’un des plus
influents du xxe siècle.
1991 Le Cent re cu l tu re l i s la -
mique de New York voi t le
jour. I l s ’agi t de la première
mosquée de la v i l le. E l le a t -
t i re régul ièrement p lus de
4 000 f idè les à la pr ière du
vendredi.
1996 Première célébrat ion
de la fê te d’Aïd -e l -F i t r à la
Maison-B lanche.
1991 Char les Bi la l es t
é lu maire de Kountze, au
Texas : i l s ’agi t du premier
musu lman é lu à la tê te d’une
munic ipal i té amér icaine.
2 0 0 1 L ’ U . S . P o s t a l S e r -
v i c e é m e t l e p r e m i e r
t i m b r e c é l é b r a n t u n e
f ê t e m u s u l m a n e d a n s
l a s é r i e i n t i t u l é e H o l i -
d a y C e l e b r a t i o n s .
1 9 9 3 A b d u l - R a s h e e d
M u h a m m a d , n o m m é p r e -
m i e r a u m ô n i e r m u s u l m a n
d e l ’ a r m é e a m é r i c a i n e .
1965 Le prés ident Lyndon
Johnson promulgue la lo i
de 1965 sur l ’ immigrat ion
e t la nat ional i té, qui abol i t
les quotas l iés aux nat iona-
l i tés é tabl i s en 1924 et en -
courage l ’ immigrat ion aux
E ta ts -Unis de ressor t i ssants
aut res qu’européens.
58
2005 Gamma Gamma Chi,
première associa t ion d’é tu -
d iantes musu lmanes aux
E ta ts -Unis, es t fondée par
l ’é tudiante Imani Abdul -
Haqq et sa mère, Al th ia Al i :
i l s ’agi t d’amél iorer l ’ image
des femmes musu lmanes e t
de l ’ i s lam en général .
2006 Kei th E l l i son es t le
premier musu lman é lu au
Congrès des E ta ts -Unis en
tant que représentant du
Minnesota.
2006 Ingr id Mat tson, née
au Canada, es t la première
femme élue prés idente de
l ’ I s lamic Socie ty of Nor th
Amer ica.
2007 Le président George
W. Bush assiste aux célé-
brations du cinquantenaire
du Centre islamique de
Washington.
2008 Décès de l ’ imam Wa-
r i th Deen Mohammed. Sur -
nommé « l ’ imam de l ’Amé-
r ique », i l fu t le premier
musulman à prononcer une
prière au Sénat des Etats -
Unis (1990). I l pr ia aussi
dans le cadre des ser vices
interconfessionnels ins taurés
par le président Bi l l Cl in -
ton, et dir igea The Mosque
Cares, projet dawah ou
d’ int roduct ion à l ’ is lam.
59
60
BiBliogrAphie
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sites internet
Les s i tes suivants ont été ut i l isés pour préparer cet te publ icat ion :
The Aga Khan Program for Islamic Architecture at Harvard University and the Massachusetts Institute of Technologyhttp://web.mit.edu/akpia/www
Fazlur Rahman Khan Web sitehttp://fazlurrkhan.com
Gamma Gamma Chi Sorority, Inc.http://gammagammachi.org
Heba Aminhttp://hebaamin.com
Interfaith Youth Core http://ifyc.org
The Islamic Center at New York Universityhttp://icnyu.org
IslamiCityhttp://www.islamicity.com
Kareem Salamahttp://kareemsalama.com
LoanMod.comhttp://loanmod.com
The Mother Mosque of Americahttp://mothermosque.org
Pew Research Centerhttp://pewresearch.org
The Pluralism Project at Harvard Universityhttp://pluralism.org
Dalia Ghanem’s t-shirtat.comhttp://t-shirtat.com
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Directeur de la publication : George ClackRédacteur en chef : Michael Jay FriedmanDirectrice de la rédaction : Chandley McDonaldCollaborateur : Raphael CalisPhoto / maquette : Tim BrownRédacteurs : Howard Cincotta, Deborah Conn, Serena Kim, Meghan LoftusDocumentation : Martin ManningIconographie : Joann SternVersion française : Africa Regional Services, Paris
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