Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

download Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

of 48

Transcript of Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    1/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 1

    1

    LES TROIS LIVRES

    LART DU POTIEREn Lequel des traite Non seulement de la pratique, mais brivement de tous les

    secrets de cette chose qui jouxte mais qui a t toujours scelle.

    DU CAVALIER CYPTIAN PICCOLPASSI DURANTOYS

    Translat de lItalien en langue franaise

    Par Matre CLAUDIUS POPELYN, Parisien.

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    2/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 2

    2

    AVANT-PROPOS

    En publiant la traduction de l'ouvrage de Piccolpasso sur l'art du vasier, ou

    plutt sur l'art de la fabrication des majoliques, mon but a t, non seulementde donner aux amateurs clairs un complment indispensable sur ce sujet,mais encore de chercher veiller parmi les artistes, la pense de faire revivreun art minemment national.

    Sans vouloir nier ou mme amoindrir l'appoint considrable que l'Italie apportaaux arts de la civilisation occidentale, puisqu'elle fut la voie par o de tout

    temps, passa le rayon venu d'Orient, nous pouvons dire, sans tre trop oss,que l'art de l'mail sur terre, par les liens directs qui le rattachent celui del'mail sur mtaux, pourrait bien tre, dans notre France, un art peu prsaborigne.

    En effet, si la Gaule parat redevable l'occupation romaine de la plupart de cespaves du pass qu'on retrouve en fouillant son sol, nous savons pertinemmentque longtemps avant, sur l'tendue entire de son territoire, existaient desfabriques de poteries. Avant la Rvolution, on en voyait encore Franchevilleen Lyonnais, une manufacture, qu'une tradition du pays prtendait tre

    antrieure l'invasion romaine. Ces poteries taient-elles recouvertes d'mail,ou seulement vernisses? Nous n'oserions l'affirmer, puisque aucun monumentne vient nous en apporter la preuve, et que les plus anciens spcimens de terressimplement vernisses, que l'on ait pu trouver, appartiennent l'poque gallo-romaine ; cependant, rien non plus ne noua interdit compltement de croire quel'Orient apporta en Gaule une industrie qui offre tant d'analogie avec celle,

    qu'au dire des anciens auteurs, pratiquaient dj les Gaulois.

    Cette analogie entre les maux sur terre cuite et les maux sur mtal est telle,qu'il en dcoule naturellement cette observation : ou l'mail sur terre a enfantl'mail sur mtaux, ou c'est le contraire qui a eu lieu. Nous laissons auxantiquaires le soin de rsoudre ou de dbattre cette question. Ce qui nousimporte, c'est de signaler la parent de ces deux arts. Or, il est presqueincontestable que l'art de l'mail sur mtal a pris naissance en Gaule. Qu'il y aitt import de l'extrme Orient, alors inconnu du monde ancien, par une de cescommunications dont le fait constat quelquefois, n'en demeure pas moins unmystre, quant la manire dont il s'est produit, c'est chose possible, mais quenous ne saurions rechercher. Seulement, nous croyons pouvoir affirmer que

    l'art des maux sur cuivre existait dans la Gaule exclusivement. l'poque o le

    luxe de l'Empire romain atteignait ses proportions les plus exagres.

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    3/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 3

    3

    M. de Laborde a prouv victorieusement, dans la remarquable notice qui

    accompagne sa description catalogue des maux, bijoux et objets diversexposs dans les galeries du Louvre, que les anciens, y compris les gyptiens,ignoraient l'art d'mailler les mtaux. Le savant conservateur de notre richecollection nationale, rfute compltement les diffrentes assertions contraires son dire.

    Nous pouvons, pour nous confirmer dans cette certitude, nous appuyer avec lui

    et avec M. Louis Dussieux, sur une phrase de Philostrate, rhteur athnien fix Rome ds le commencement du ni sicle de l're chrtienne. Cet iconographenous apprend que des barbares, voisins de l'Ocan,avaient le secret d'tendre descouleurs sur l'airain ardent. Qui ne verrait dans ces barbares voisins de l'Ocan,les Gaulois de la Squanaise, de l'Armorique ou de l'Aquitaine ?

    Les Anglais pourraient aussi cependant y reconnatre leurs anctres ; nous neleur en contesterons pas le droit, bien que plus vraisemblablement il nous

    appartienne d'y voir nos pres. Un passage de Pline suffirait pour nous donnergain de cause. Dans tous les cas, une semblable prtention de nos voisins nechangerait rien notre principale assertion, puisque la Bretagne, cette poque,tait peuple par la mme race d'hommes que la Gaule, qu'elle avait avec elle

    des intrts, des murs, des lois et un idiome communs, et qu'elle faisait partieavec elle de cette admirable nation des Celtes, qui l'Occident doit le cthroque, judicieux et potique de ses peuples modernes.

    Ainsi c'est aux Celtes qu'on doit l'mail des mtaux, comme aussi bien lacharrue roues, les tonneaux et les vases en bois cercls, l'emploi de la marnecomme engrais, et bien d'autres merveilleuses inventions, qui tmoigneraientseules d'une civilisation fort avance, si les beaux travaux de la critiquehistorique en France ne nous en fournissaient la preuve jusqu' l'vidence, parleurs rvlations sur le druidisme.

    Malgr la dsignation de voisins de l'Ocan, que Philostrate donne aux peuplesqui maillaient les mtaux, nous inclinons croire que cet art s'est gnralis enGaule, si nous considrons combien le gnie de ses habitants tait apte imitertout ce qui leur tombait sous les yeux, comme aussi s'approprier les industriesles plus diverses, qu'ils portaient leur dernier degr de perfection.

    Quoi qu'il en soit, une tradition vague place les mailleurs Limoges ds lespremiers sicles de l're chrtienne. C'est dans cette ville' que saint loi fut mispar son pre en apprentissage chez Abbon, orfvre habile, qui tenait un atelier

    de monnayage pour le fisc.

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    4/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 4

    4

    Les luttes qui signalent l'tablissement de la fodalit carolingienne, portent un

    coup funeste l'art des mailleurs dans les VIIIe et IXe sicles. On le voitrenatre au x*, et se personnifier dans le frre Guillaume. Ducange a prouv, pardes citations irrfutables. qu'au lui' sicle dj, la rputation des maux deLimoges, tait rpandue en Angleterre et en Italie, si bien que l'uvre deLimoges, opus de Limogia, limocenum, lemovicense, etc.. dsigne dsormais lesmaux, qu'on fabriquait cependant du nord au midi de la France.

    Soyons justes et rendons chacun ce qui lui appartient. Transport par lesRomains de Gaule en Grce, cet art s'y implanta, y jeta de profondes racines, ets'y panouit prompte-ment en produits d'un cachet tout particulier, dontl'influence se fit sentir ds l'an 1000 Limoges.

    En 979, des marchands vnitiens viennent fonder dans cette ville un commerced'piceries et d'toffes du Levant. tablis prs de l'abbaye de Saint-Martin-les-Limoges, ils occupaient une rue qui porte encore le nom de rue des Vnitiens.Incontestablement, ils apportrent souvent des chantillons de l'art byzantin,qui influrent singulirement sur les produits de la fabrique limousine, dont lesabbs de Saint-Martin taient les protecteurs. Des artistes grecs vinrent mme,dit-on, amens par les Vnitiens, s'tablira Limoges. M. du Sommerard en voit

    la preuve dans cette inscription sur un calice maill :Magister G. Alpais me fecitLemovicarum. Alpais est-il un nom grec? Il n'est pas latin sans doute, cependantM. Louis Dussieux, dans un Mmoire qui a obtenu une mention honorable l'Institut, veut que ce nom soit tout franais.

    On comprend parfaitement que, par les Vnitiens, l'maillerie de Limoges,enrichie des pi 'a-tiques byzantines, se soit rpandue en Italie, o des artistes,tels que Giovanni Pisani, Pollajuolo, maestro Cione, Andra di Ardito, Francia,etc., et jusqu' Benvenuto Cellini, rappliqurent avec un immense succs auxbijoux, ainsi qu'aux objets du culte.

    Par ses relations avec la France, rien de plus naturel que de voir l'Italie apporter

    notre art national son tribut de splendide rnovation ; mais c'est une erreurcapitale qui fait venir d'Italie en France, au XVIesicle, l'art de l'maillerie. Trscertainement et incontestablement, les Lonard, les Pnicaud, les JehanLimousin, les Courteis dits Courtois, taient les continuateurs d'une traditionnon interrompue, mais plusieurs fois modifie, jusqu' ce que les Laudin, etsurtout les Nouailler, vinssent, avec la dcadence, emporter le secret d'un si belart.

    Bien qu'on ne puisse pas suivre en France l'histoire de la poterie maille avec

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    5/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 5

    5

    une telle prcision, il nous reste du moyen ge des poteries vernisses du plus

    beau caractre ; c'est un tmoignage irrcusable de l'anciennet de cettefabrication dans notre pays. On peut la faire remonter, sans contredit, fort au

    del du XIIesicle, poque o l'on commena renoncer aux mosaques pour lecarrelage des glises, si l'on veut bien observer surtout, qu'outre l'art d'maillerles mtaux, les Gaulois connaissaient parfaitement l'art de fabriquer le verre. Eneffet, nous voyons que, sous les rois mrovingiens, les verreries franaisestaient dj clbres. L'abb d'un monastre en Angleterre, saint Benoit Bissope,qui mourut en 690, vint en Gaule chercher des ouvriers verriers, pour clore en

    vitres songlise, son rfectoire et son clotre. Ces ouvriers enseignrent leur art

    aux Anglais ; car, dit l'auteur de la vie de ce saint homme, ces artisans taientinconnus alors aux Bretons, vitri factures Britannicis eatenus incognitos.

    Ne pourrait-on pas admettre que les Gaulois, si experts dans des pratiques

    tellement analogues avec l'mail des poteries, pouvaient connatre cettefabrication? Et si cet art n'est pas n en Gaule et ne s'y est pas dveloppparalllement avec celui de l'mail sur mtaux, ce n'est certainement pas l'Italie que la France est redevable de sa naturalisation chez elle.

    L'Egypte, qui ne possdait pas l'mail sur mtal, qu'elle imitait cependant par

    des encastrements de mastics colors dans des cloisons mtalliques, imitationsur laquelle bien des personnes se sont mprises, nous a laiss une quantitconsidrable d'objets de terre maille. Les trusques, les Grecs, n'ignoraientpas cet art, que possdaient galement les Hbreux et les Phniciens. Pourquoiles Gaulois en eussent-ils t privs ? Si l'on considre les frquentesexpditions des Phniciens dans la Gaule et dans la Bretagne, il n'y a riend'invraisemblable ce qu'ils aient enseign cette pratique aux peuples aveclesquels ils changeaient leurs produits, contre les mtaux prcieux, etnotamment le cuivre et l'tain, dont le sol galique regorgeait alors.

    Que, par analogie avec l'mail sur terre, grce cet esprit inventif que nous leursavons, nos aeux soient parvenus fabriquer l'mail sur mtaux, c'est unehypothse laquelle des personnes plus capables que nous feraientcertainement prendre de la consistance, si elles voulaient apporter sa dfenseet son tablissement, le secours efficace de leur talent et de leur rudition.

    Mais si l'origine de cet art en France doit renoncer au bnfice d'une si hauteantiquit, il est encore qui l'attribuer avant que d'en faire honneur l'Italie.Les Arabes, par leur caractre nomade, semblent avoir t destins servir devhicule pour communiquer et transportera l'extrme Occident les lumires de

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    6/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 6

    6

    l'extrme Orient. C'est eux que l'on doit, par voie de transmission, la pratique

    des maux cloisonns, dont les peuples de race sinique paraissent tre lespremiers inventeurs. Ils sembleraient avoir galement apport de l'Inde et de laPerse l'art de revtir les parois des maisons, de ces carreaux dont, sous le nomde Zulajas, ils couvrirent les monuments de l'Espagne.

    Nul doute que leur sjour prolong dans le midi de la France n'y ait laiss destraces profondes de leurs industries, et si l'Italie, comme on l'a prtendu, estredevable aux frquentes expditions des Pisans dans les les Balares del'importation des majoliques, dont le nom rappelle, avec un euphmismepropre aux races mridionales, celui de l'le de Majorque, combien plusvraisemblablement peut-on croire que la France devait galement tenir de lamme provenance ses terres mailles, et par ses frquents rapports avec lesSarrasins, et par ses relations avec les princes chrtiens qui journellement reconquraient le sol envahi des Espagnes.

    La ville de Montpellier, au commencement du XIVesicle, n'avait-elle pas pourseigneur un roi de Majorque, dont les rapports avec Philippe le Bel, touchant la

    manufacture d'mail sur or et sur argent tablie en cette ville, nous ont tconservs par un document curieux et unique, cit par dom Vaisselle,

    bndictin de Saint-Maur, dans son histoire du Languedoc.

    En remontant beaucoup plus haut, nous voyons que les anciens potes du XIIeet du XIIIesicle, les trouvres de la Loire, comme les troubadours, comiccs etconteurs de Provence, qui romanisrent ds le temps de Hue Capet, mentionnent

    souvent dans l'exercice de leur gay suber, tes vases de madr, faisant cettedistinction du grand et du petit madr. Le grand madr, qu'ils reprsententcomme une chose prcieuse et rare, tait peut-tre de la porcelaine du Levant;quant au petit madr, se trouvant constamment parmi les ustensiles despaysans, des aubergistes et des gens du peuple, c'tait probablement de la

    faence ; moins que, comme le nom semble l'indiquer, ce ne ft qu'une poterietachete et simplement vernisse. Mais alors nous aurions peine nous rendrecompte de la haute valeur que nos vieux potes na tionaux accordent au grandmadr.

    Il n'est pas, jusqu'au nom vulgaire des poteries mailles, le mot de faence,qu'un fait driver gnralement de Faenza, ville de la Romagne, si clbre parses fameuses manufactures de ce produit, dont on ne puisse contester l'origine

    italienne. Ce nom parait, en effet, venir du petit bourg de Fayence, situ enProvence, dans le diocse de Frjus. Mzerai nous dit, en racontant les

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    7/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 7

    7

    campagnes de Lesdiguires dans le Midi : Fayence plus renomme par les vaisselles

    de terre qui s'y font, que par sa grandeur ni son importance..... et cinq ou six autreslieux fortifis, qui firent peu de rsistance. Or, les vaisselles fabriques Fayence,taient avantageusement connues avant les tablissements de Henri IV. Cetteobservation de Le Duchat a t reproduite par Legrand d'Aussy, auteurremarquable par son rudition, qu'on pille l'envi, qu'on ne cite presque jamais.

    Cependant, tout en constatant que la France tient des Sarrasins l'art de la

    faence, nous ne pouvons nier qu'elle n'en doive la renaissance l'Italie parl'tablissement du duc de Gonzagne Nevers. Ce sont certainement des Italiensqui ont, sinon fond, du moins rgnr les centres industriels qui couvraient lemidi de la France. Leur influence s'tend galement sur ceux du nord, puisqueceux-ci nous viendraient des Flandres, o nous voyous que vers lecommencement du XVIe sicle, un certain Guido de Savino, vint Anversimporter son art, que ses fils y exercrent aprs lui, du vivant mme de notrePiccolpasso.

    Quoi qu'il en soit de l'origine de la faence, c'est en Italie que les majoliques ontacquis, ds le XVesicle, une incontestable supriorit. Mais n'oublions pas quesi cette contre est, l'poque de la renaissance, le pays o cette industrie

    commence se dvelopper et s'lever au rang d'un art de premier ordre, lesartistes, attirs en France par le luxe croissant de la cour et des maisonsseigneuriales, propagrent ce got, et bientt successivement on vit s'lever etfleurir ces fabriques clbres, o la belle tournure qui distingue l'ornementationdes produits, nous dnote assez que des artistes d'un rang lev neddaignrent pas d'illustrer de modestes faences, comme d'autres avaientenrichi nos glises et nos palais, de magnifiques verrires et de splendidesmaux.

    Disons-le, rien, si ce n'est l'maillerie mtallique de Limoges, n'atteignit la

    hauteur o parvinrent, vers la moiti du XVIe' sicle, les faences peintes enItalie.

    En effet, parmi les pres de la renaissance artistique, un grand et beau gnie,Lucca della Robbia, transporte dans l'art de la terre maille, la supriorit deson immense talent de sculpteur et de ses connaissances chimiques,

    considrables pour l'poque, au point de vue toutefois de sa spcialit. L'illustreFlorentin qui trouva ou plutt perfectionna, ds le commencement du XVesicle, le moyen de recouvrir la sculpture en terre d'un mail opaque inal -trable, en enseigna libralement la mthode toute l'Italie. C'est une opinion

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    8/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 8

    8

    populaire en Toscane, qu'il mourut sans rvler son secret, mais qu'il se

    contenta d'en celer la recette dans une de ses uvres qu'il ne dsigna point.Pense symbolique qui renferme cet enseignement ternel, que le secret desbelles manifestations du gnie humain est enferm dans les uvres des grandsartistes, et que l seulement il faut en chercher la thorie et en poursuivrel'tude.

    De ces figures mailles, de ces admirables mdaillons encadrs de fruits enronde bosse, l'art descendit ou plutt s'tendit dans la vaisselle d'apparat, carles nobles choses lvent leur niveau ce qu'elles touchent, et les plats italiensde la belle poque, sont dignes en tout point de marcher de pair avec cequ'enfanta de plus merveilleux cet incomparable XVIesicle.

    Autant la France l'emporte par ses admirables maux de Limoges, autant l'Italiese montre suprieure dans ses faences d'Urbin, de Ferrare, de Pesaro, deCastel-Durante, de Gubbio, de Castello, de Faenza, de Foligno, de Pis, deGnes, de Venise, et mme de Castelli, dans le royaume de Naples, bien que ladcadence se fasse sentir dj dans les produits de ce dernier endroit.

    Un homme, en France, tenta d'arriver cette perfection des faences italiennes;on peut dire qu'il y russit merveilleusement. Qu'est-il besoin de nommerBernard de Palissy? Ce grand gnie, qui pour vivre, peignait des images, nous alaiss dans des pages qui arrachent des larmes, le rcit de ses luttes et de sessouffrances, couronnes enfin du plus admirable rsultat. Mais l'immortelouvrier de terre, et des rustiques figurines du Roy,fil un secret de ses procds etl'emporta dans la tombe. La France ne put donc pas suivre l'Italie qu'elle avait

    gale pendant un jour, grce au grand artiste prigourdin.

    C'est surtout dans les duchs de Ferrare et d'Urbin que la fabrication desmajoliques s'est leve la hauteur d'un art du dernier prix. Ce magnifique

    rsultat est d au gnie du peuple italien, comme aussi l'intelligence de cespetits princes, qui marchaient alors la tte de leur sicle. Je veux parler desprinces d'Este et de la Rovre.

    C'est ainsi, et notre Piccolpasso nous l'apprend, qu'Alphonse d'Este, pour

    encourager cette belle industrie dans ses tats, se fit potier lui-mme,tablissant des fours jusque sous les fentres de son palais, cherchant sans cessedes perfectionnements, courant la fortune des beaux secrets, et dcouvrant cefameux blanc du duc de Ferrare, improprement nomm blanc de Faenza parune injustice de la tradition.

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    9/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 9

    9

    C'est ainsi que Guid'ubald II, Feltro dlia Rovere, seigneur de Pesaro et

    Senegaglia, de Montefeltro et Castel-Durante, comte et prfet de Rome,quatrime duc d'Urbin, malgr cela fort petit souverain, mais esprit suprieur,ne ngligea rien, non-seulement pour donner de la vie aux fabriques demajoliques, trs-nombreuses dans ses tats, mais encore pour les diriger et lesmaintenir dans une noble voie.

    Admirateur passionn de Raphal, ce lui fut un mortel regret, que son aeuln'et pas su retenir auprs de lui ce sublime artiste. Il runit tout ce qu'il puttrouver de croquis, de dessins, de cartons du divin matre ; autant que possible,il exigeait que dans ses fabriques. on ne reproduist que des dessins de songrand et regrett compatriote. Intelligente et admirable impulsion, qui produisitde non moins admirables rsultats.

    Les savants, dont sa cour tait le rendez-vous, ne ddaignaient pas de composereux-mmes des sentences, qui apportaient aux belles images un surcrotd'intrt.

    Barthlmy Genga, son architecte et son ministre, attira chez lui le VnitienBattista Franco, dont les merveilleux dessins furent reproduits Castel-Durante, avec une telle perfection, que, suivant Vasari, les plus excellents

    matres n'eussent pu mieux faire en peinture l'huile.

    C'est de ces fabriques, que sortit cette belle pharmacie de Pesaro, aujourd'hui Loretto, et qui n'est pas un des moindres trsors que possde l'Italie. C'est de lque sortaient ces belles pices, ces garnitures compltes de crdences, que leduc d'Urbin donnait aux souverains, munificence royale dont on ne pourrait de

    nos jours que difficilement approcher.

    Comment, aprs avoir eu des artistes tels que maestro Andreoli Giorgio etCentio son fils, tels que Xantho da Rovigo, Guido Salvaggio, Oratio Fontana,

    Alphonse et Vincenzio Patanazzi, les majoliques sont-elles tombes dans cettedcadence des arts qui fut gnrale et presque simultane dans les diffrentescontres? C'est ce que nous ne rechercherons pas dans cet avant-propos, dontles bornes nous prescrivent cette rserve. Nous constaterons seulement le faitavec tout le monde, ajoutant que l'indiffrence pour les grands matres et parconsquent pour les beaux modles, l'engouement pour les uvres flamandesdont l'intrusion s'tend partout alors, et peut-tre l'abaissement des puissantesfamilles, vritables centres protecteurs, ont grandement contribu cemalheureux rsultat. Voyons-y surtout aussi cette loi suprme de nature, que

    tout subit ici-bas, cette dcomposition qui suit toutes les maturits, et qui, ne

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    10/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 10

    10

    permettant jamais la stabilit des choses, leur imprime l'ternel mouvement et

    leur impose le perptuel renouveau.

    Le got fastueusement faux du XVIIe sicle, et les dplorables et ridiculestendances artistiques du XVIIIe, ont d naturellement rejeter ces clatantstmoignages de la gloire d'une poque dont on ne comprenait plus le gnie.Aussi l'oubli profond dans lequel sont tombes les majoliques n'a-t-il rien quidoive nous surprendre.

    Une instruction plus rpandue, le mpris qui s'attache tt ou tard auxproductions o les lois svres de la beaut sont remplaces par l'affterie et

    une grce de mauvais aloi, le got toujours croissant des amateurs, les ontheureusement tires de l'oubli, pour les porter un degr de faveur qu'ellessont dignes de conserver. Ce serait peut-tre le cas de signaler ici quelque peud'exagration, dans les prix fabuleux qu'elles atteignent et de le regretter. Yaurait-il plus d'engouement que d'admiration claire et sincre? Cela sentencore son barbare, et pourrait nous menacer de subits revirements dans l'esprit

    les Francs chevelus qui se latinisent; mais il ne faut dcourager personne;contentons-nous de rappeler nos Mcnes ce qu'Horace adressait an sien :

    Est modus in rebus, sunt certi denique fines,

    Quos ulta, citraque nequit consistere rectum.

    Devant a rveil du bon sens public, on se demande pourquoi, de nos jours, lesartistes ddaigneraient de reprendre cet art, qui a produit d'insignes chefs-d'uvre, et qui pourrait, convenablement employ, contribuer d'une manire siheureuse l'ornementation des difices publics et des demeures particulires.

    Toutes les personnes qui ont voyag en Italie, n'ont pas oubli avec quel art lesanciens modifiaient la monotonie du carrelage. Celles qui ont visit l'Espagne,ont d tre frappes de la richesse des revtements dont les Maures, et aprseux les Espagnols, dcoraient les murailles de leurs monuments et de leursmaisons. Cet usage tait si gnral, que le vieux dicton castillan : Non ava casacou azulejos, quand on l'appliquait quelqu'un, tait dans toute la pninsuleibrique le signe de la pauvret. La France, qui accueillit les hritiers de Lucadlia Robbia, vit ses palais orns des plus belles terres cuites mailles ; lescarrelages des chteaux de Polisy et d'couen taient des merveilles, et lechteau de Madrid, littralement couvert des faences de Girolamo, tincela deces splendides maux, dont en 1792, un paveur fit du ciment !

    Tous les ouvrages d'archologie, et notamment le beau livre de M. Emile Ame,

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    11/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 11

    11

    sur les carrelages maills du moyen ge et de la renaissance, mentionnent,

    dans les plus grands dtails, ces divers modes d'ornementation, o la Frances'est montre suprieure, aussi bien que dans ses belles poteries de Nevers, deLimoges, de Moustiers, de Bordeaux, de Brissambourg en Saintonge, de

    Beauvais, de Rouen, d'Alsace, de Lorraine, etc. C'est en parcourant le musecramique de Svres, qu'on voit quel degr de perfection nos compatriotes ontport l'art de la faence. Les plus curieux spcimens sont runis dans cettemagnifique collection, dont M. Riocreux, le savant conservateur, fait les

    honneurs avec une obligeance qui n'a d'gale que son rudition. Tous les espritscurieux de l'histoire de la faence et de la cramique en gnral, lui doivent un

    tribut de sincre gratitude, pour les notions intressantes qu'il leurcommunique, et pour la courtoisie avec laquelle il accueille et facilite leurs

    recherches. Plt Dieu que les nombreuses et difficiles occupations de sa placelui laissassent le loisir de publier toutes les belles dcouvertes, fruits de seslongues et constantes recherches, c'est ce que nous devons souhaiter avec les

    artistes et les amateurs : l'histoire des maux sur terre y apparatrait sous unjour tout nouveau, et l'opinion publique, pousse par un surcrot d'intrt, feraitun pas de plus vers eux.

    Les Anglais ont fait des efforts inous pour' la restauration de cet art. Depuis legrand Josiah Wedgwood, l'illustre potier du Staffordshire, les Minton, lesCopeland, ont obtenu, avec ce gnie pratique, apanage de leur nation, desrsultats surprenants. En Toscane, le marquis Ginori, dans sa belle manufacturede Docci prs de Florence, qu'il dirige avec cette libralit et cette suprmeintelligence des vritables grands seigneurs, est parvenu imiter les plus bellesuvres des anciens matres en majoliques.

    La France resterait-elle en arrire, aprs avoir brill si vivement dans le pass,que l'Italie seule peut revendiquer sur elle dans l'art de terre, une suprioritdont notre pays approche souvent, et qu'il atteint mme quelquefois? Quand,parmi ses grands cramistes, la France n'et eu que Palissy, c'est assez pourcontrebalancer la gloire italienne. Aussi nous ne pouvons croire qu'elle ne fasse

    tout au monde pour reconqurir la place qu'elle a occupe jadis, maintenantsurtout que les procds industriels ont acquis un si haut degr deperfectionnement. Ce que nous faisons est donc surtout un appel aux artistes,

    afin qu'ils viennent vivifier du souffle de l'esprit et des palpitations de

    l'intelligence, les moyens matriels si dvelopps par les recherches patientesdes fabricants.

    Dj des hommes courageux, des artistes recommandables par leur talent, se

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    12/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 12

    12

    sont lancs la poursuite de cette rgnration. Les beaux rsultats obtenus par

    le regrettable Avisseau de Tours, ainsi que par MM. Pull et Barbizet, sont unencouragement nergique la persvrance.

    M. Devers, peintre pimontais, domicili depuis quinze ans Paris, o il a faiten partie toutes ses tudes artistiques, est un des premiers qui ait comprisl'avenir de son an retremp dans les vieilles traditions. Le succs ne lui a pasfait dfaut, et nous esprons que ses travaux, justement apprcis, lui vaudrontles loges qu'il mrite si bien. Citons encore Paris M. Jean, qui met volontierssa belle installation industrielle au service des amateurs de l'art de l'mail surterre, MM. Dack frres, pour leurs belles imitations des vases arabes, M.Lessore, M. le marquis de Monestrol, rechercheur infatigable, et M. Pinard.

    Citons Nevers M. Ristori, citons surtout Dijon M. le docteur Lavai, dont lascience vient seconder merveilleusement les efforts qu'il fait pour atteindre la

    perfection, et qui est parvenu fabriquer des modles sans dfauts et d'undiamtre extraordinaire. Il vient, il y a quelques jours, d'offrir au muse deSvres, o on peut les admirer, des chantillons de ses produits, qui dpassentcertainement en beaut tout ce qu'on avait vu jusqu'alors.

    Des fabricants de faence, tels que M. Laurin, Bourg-la-Reine, M. Auboin,

    Sceaux -Penthivre, mesdames veuve Pichenot et veuve Dumas, Paris ; deschimistes habiles, tels que MM. Dubois-Mortelque et Guyonnet-Colville,mettent avec empressement leurs moyens matriels et leurs connaissancespratiques au service des chercheurs, dont le nombre augmente chaque jour. Des

    socits particulires, composes de gens du monde, d'amateurs, de peintres etde sculpteurs habiles, ont commenc par faire un amusement d'une chose qui,devenue srieuse, dnote, par les rsultats de ses premiers essais, quel estl'avenir rserv aux artistes qui voudraient suivre cette voie et s'y engagerrsolument.

    C'est, bien pntr de cette tendance et de ce besoin, que nous avons cru rendre cet art un vritable service en publiant cette traduction de Piccolpasso.

    Ce matre vasier de Castel-Durante crivit son livre en 1548, c'est--dire dix ansaprs l'avnement du duc Guid'ubald II, l'poque o l'art des majoliques taitdans toute sa splendeur. Il nous transporte donc dans cette belle priode de larenaissance en plein duch d'Urbin.

    Ce trait dcrit minutieusement en trois parties l'art de la terre maille. Dans lapremire partie, l'auteur nous indique les moyens d'extraire la terre ou de la

    recueillir, de la travailler pour la rendre propre tre faonne, ainsi que les

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    13/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 13

    13

    diverses mthodes employes dans les endroits o cette fabrication tait en

    vigueur. Puis, il nous montre le tour ainsi que les engins qui le composent et quilui sont propres, nous expliquant la manire de confectionner ces diffrentsinstruments, leurs usages, les travaux qu'on excute avec eux, enfin la thoriecomplte du moulage, y compris celle de la confection des moules, terminantcette premire partie par le pangyrique de son souverain, le duc d'UrbinGuid'ubald II.

    Dans la seconde partie, ou le second livre, comme il l'appelle, il nous donne le

    moyen d'obtenir ce produit, que tantt l'tat de frite, tantt & l'tat defondant, il dsigne par le nom de murzacotto, que le traducteur a cru devoirconserver en l'accolant au mot de fondant qui est son vritable sens.

    Ce marzacot obtenu, il nous dcrit la fabrication du blanc, qu'il nommebianchetto, petit blanc, et qui n'est que le blanc faire ces retouches et cesrehauts, que les anciens dans leurs peintures, employaient avec tant d'esprit et

    de succs.

    Puis nous tudions la fabrication du vert, de ce fameux vert de cuivre qui faitpar sa fugacit le dsespoir des modernes, et qui donne tant d'clat aux vieillesmajoliques.

    Le jaune fonc, le jaune clair, nous passent sous les yeux ; nous assistons alors la faon du fourneau rverbre, ainsi qu' l'expos de la mthode employepour y faire cuire l'tain et le plomb. Ce mlange obtenu, notre auteur entredans les diffrentes fabrications des couleurs des diverses contres de l'Italie :couleur d'Urbin, couleur de la marche dAncne, couleur de Castello, de Venise, de

    Foligno,dfilent devant nous avec leurs dosages soigneusement indiqus, ayanttoutes leurs fondants et leur couverte.

    Nous apprenons alors lever le four o se cuisent les couleurs, les objets deterre, les biscuits maills et peints. Aussi Piccolpasso ne nglige-t-il pas denous dcrire les casettes et leur emploi, ainsi que les moulins broyer lescouleurs, et finalement la fabrication des diffrents engobes blancs dont serecouvrent les ouvrages en terre cuite, et sur lesquels s'tendent les autresmaux colors qu'il nous dcrit compltement. Aprs quoi notre excellentmatre crot devoir nous apprendre qu'il est amoureux, et, se lanant corpsperdu dans une comparaison de sa matresse avec les produits de sa fabrique,comparaison toute l'avantage de la bella donna, il gmit sur ses blessuresincurables, ne trouvant d'autre remde ses peines qu'un travail assidu. N'en

    connaissant pas d'autre nous-mme, pour le moment, nous conseillons nos

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    14/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 14

    14

    lecteurs d'en faire usage le cas chant.

    Le troisime et dernier livre est consacr nous enseigner tremper les biscuitsdans le bain d'mail, ou plutt de demi-mail, ce qui est le caractre propre decette ancienne fabrication, a peindre sur ce demi-mail, puis tremper les objetsainsi peints, dans une couverte qui leur donne un glac prcieux.

    L, Piccolpasso nous apprend faire les cruches, plaant cette fabricationcommune immdiatement aprs celle des majoliques fines, pour tablir uncontraste que sa navet de vieil auteurrelve par une ingnieuse comparaison.Enfin, il termine son ouvrage par la description de l'enfournement, ayant bien

    soin de nous recommander dans ces pratiques les plus importantes, d'invoquer,avant tout, le nom du Dieu tout-puissant; remarquable et touchant usage qui,

    apportant ces oprations le calme ncessaire leur russite, dmontre aumoins le zle et la conscience avec lesquels, cette poque, s'accomplissaientdes travaux o l'intelligence humaine apportait ce qu'elle avait de plus exquis.

    L'analyse bien succincte de ce livre montre cependant ce qu'on peut y puiser

    d'utiles enseignements, tant pour l'histoire de l'art, que pour la fabrication

    mme des produits que le bon got du public recherchera de plus en plus.

    Voil pourquoi nous esprons, en publiant cette traduction, contribuer dans lamesure de nos humbles forces la bonne direction du mouvement trs -marqude l'opinion publique, vers cet an trop longtemps oubli.

    Le traducteur de cet ouvrage porte notre nom, c'est dire qu'il nous touche de

    prs. Nous n'avons eu garde de ne pas conserver son vieux langage, quis'adapte au texte italien avec une exactitude que le franais moderne n'aurait

    jamais pu atteindre, et avec une similitude de tournures et d'expressions, dont

    le moindre avantage est d'en conserver la navet.

    L'honnte traducteura fait de son mieux, aussi bien dans la traduction du texte,que dans la reproduction des planches, o il s'est appliqu conserver le libredessin du matre vasier, imitant fidlement et sans prtention, ce qu'il avait sousles yeux.

    Esprons qu'il en recueillera la rcompense posthume, dans la bienveillanceavec laquelle le public instruit et curieux des bonnes choses, accueillera cette

    publication de son hritier

    CLAUD1US POPELIN. Juin 1861.

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    15/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 15

    15

    PROLOGUE DU TRADUCTEUR

    AU LECTEUR BENEVOLE, MAISTRE CLAUDIUS SALUT ET PAIX EN LE

    SEIGNEUR CHRIST

    Puisque pia jtais Florence, bnite et illustre ville de Toscane, tant plus :

    instrophie dhistoires belles et plaisantes, si que de fameuses et royales fabriques, parmi

    lesquelles se voient statues, peintures, bronzes et joyaux pleines paleres, fus -je

    merveill des mirifiques et prcieuses poteries de terre enserres en icelle ville, tant es

    cours, palais, voire simples logis de noblesse et de bourgeoisie, luisantes, nettes,clatantes et mignonesques tant et plus que point comme, non tant seulement des

    formes et faons, en sorte de peintures et histoires, btes, fruits, feuillages, paysages,

    grotesques, arabesques, et autres fantaisies labores et portraites en icelle, dont se peut

    l'il rjouir infiniment, mieux que ne se peut-il dire et prouver. Si que ft mon

    attention et tude, fige, voire engrave en cette part par superlative d'invention

    humaine, jusquen la marche ultime et frontire du menu, pays de mes esprits.

    A donc, sache que ne me ft nulle trve ni repos, que n'eusse trouv la mthode dont

    s'labore cet trs excellent art. A quoi me jaurai perdu le boire et le manger force

    rflexions, et et t en perte vaine, vu le secret o le tiennent enferm et musel ceux

    qui le pratiquent, si le Dieu trs haut et misricordieux ne m'et conduit par la main,comme fait un enfant monsieur son matre d'cole.

    A donc, par grce divine, appris-je qu'un monsieur Piccolpassi, Durantoys, avait.

    doctement trait la matire, seule fin de se lever de lme les rflexions amoureuses et

    morsures cupidonesques, avec un labeur continu, et qui toutes fois fut utileetgracieuxaux pauvres humains, dont je le loue trs fort. Aprs que t'eusse dvotement remerci le

    bnit crateur et serviteur de cette sienne grce et faveur spciale, je fus incontinent en

    le duch d'Urbin, o je me suis mis translater en franais, les trois livres du susdit

    sieur.

    Ami lecteur, je te baille ce mien labeur, lequel en raison de ma chtivet, se peut que soit

    chtif et moindre; mais je considre que fait un chacun ce que peut, encore n'est -il tant

    menu travail ou effort, qui ne trane aprs soi un ftu, comme se voient es champs les

    fourmis. Si que ces petites bestioles vont portant pniblement les menus brins que

    trouvent, et finalement en btissent leur maison. Si ai-je fait pour ma part, si fasse un

    chacun, et ainsi ne demeure nullement en inutile oisivet, qui est chose trop plus

    abominable aux hommes comme Dieu, lequel te sauve, pour aprs te couronner en

    Paradis.

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    16/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 16

    16

    Jai dit. Maistre CLAUDIUS, Parisien, 1560.

    PROLOGUE AUX LECTEURS

    Puisque je me suis mis manifester tous les secrets de l'art du potier, je n'auraitfailli la dessus que ne se fut trouv, qui d'une plus belle voyance et plus mieuxtri langage, eut fait ce que prsentement fais-je, si le mal vouloir d'iceux quifurent es mains, n'eut empch le dessein d'autrui, cause qu'aucune fois amanqu l'art de sa perfection.

    Donc puisque jai fait le tout sans moult belles paroles, seulement avecl'intgrit du vrai, ne me demeure autre affaire que me dfendre des morsurescontinues des dtracteurs, lesquels en prime part, diront que cet art ne seregarde mie moi, pour n'en tre pas l'inventeur, et encore avoir chtivepratique, moult diront que je devrais viser choses plus utiles ; d'autres metiendront pour outrecuidant prsomptueux, disant qu'est mal publier ce que japuis tant d'annes est demeur scell et secret. Ne faudront qui me blment dulangage, d'autres de l'criture et du dessin. A quoi, si ils fussent prsents,rpondrais-je : iceux qui disent que ce n'est de mon invention, que disent vrai,

    vu que le premier inventeur en fut Chorebus, Athnian, duquel n'est que peu, acrit aucunes particularits, M. Vanuccio Beringuccio, noble Siennois, en sapyrotechnie. Si iceux me trouvent un auteur, qui fasse secret du susdit art,

    l'excepte certaines petiotes recettes que tiennent aucuns qui en secret les

    manigancent; emmy lesquels sont, qui jouxte en leur dernier terme de vie, les

    clent aux propres fils et connaissant soi trpasser, entre autres ressources quelairent aprs eux, appelant leur plus an et avis fil, lui publient leur secret, etsi iceux me trouvent ce dit art avoir t baill par autrui, je me rends vain cu.D'iceux qui disent que ne se regarde mie moi, ne l'ayant point longuement

    pratiqu, l'uvre mme me dfendra, pour ce que, ayant failli en aucune partie,elle montrera que client vrai, n'ayant point failli, les fera connatreblasphmateurs et trs plus malins. A. iceux qui disent que je devrais viser choses plus utiles, je rponds ainsi que ne je sais trouver rien de plus majeureutilit en ce monde, que faire la dlectation ; d'autrui. A iceux qui me tiennentpour suffisant de publier ce secret, je dis qu'est mieux que maints sachent le

    bien, que si peu le tiennent abscons. Point ne s'avisent iceux que ce faisant,

    parviendra l'art es mains de tels, qui l, ou pauvres matres vont consumant leplomb et l'tain, considrant ce que font ces dits mtaux bas et vils, viendront &calciner l'or et l'argent, et o bien et souventes fois est all entre personnes de

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    17/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 17

    17

    chtive considration, il ira parmi les cours, emmy les hauts esprits et mes

    spculatives. A iceux qui me reprhendront du langage, je dirai que j'ay parlma langue maternelle durantoyse, de la faon que veut la matire du susdit art.A qui me gouaillera de l'criture et du dessin, je dis que jai fait ce que je sais, et

    je ne suis contraint & rien plus. Qu'iceux conduisent le langage, l'criture et ledessin, plus haute perfection, je leur en aurai obligation. Lors, adviendra mapoine ce que je souhaite advenir l'art du potier, savoir, que vu de maints etde beaucoup mani, se conduise en sa perfection.

    Soyez en sant.

    Dr CYPRIAN PICCIOLPASSO.

    LIVRE PREMIER

    Les hommes de l'art du potier en la ville d'Urbin [Urbin , ville en la marche

    dAcne, trs plus heureusement possde par Guidubald II, duc dUrbin,vraiment digne dun plus grand Etat], emploient la terre qui se recueille en le litdu Mtaure, et rcoltent icelle mieux en t qu'en autre temps, et tient ce, la

    mthode de le faire. Quand tombent les pluies de l'Appenin aux racines duquelnat le susdit fleuve, ses eaux se gonflent et se font troubles, et cheminanttroubles ainsi par leur lit, lairent ces parties plus subtiles, quen coulant en aval,elles robent l'une et l'autre berge.

    Ces parties croissent en dessus de un pied ou deux par le sable du dit fleuve,

    puis se recueillant par le lit susdit, s'en fait l'on des monticules.

    Maints sont qui les lairent scher au soleil, et dient que se gouvernent mieux enles eslabourant. Autres dient que se purgent, pource que, ainsi poses en les

    terriers [terriers, endroits creuss en le sol, de quatre cinq pied profond, o seconservent les argiles], ou ce qu'ils entendent, les rservoirs en lesquels ellesgisent, il convient les amollir nouveau, et qu'ainsi les amollissant se font pluspures.

    L'une et l'autre mthode ai-je vu pratiquer sans y connatre la plus menuedissemblance. Toutes fois est-il recommand de les recueillir nettes de racines,herbes, feuilles d'arbres et d'aucuns cailloux dits Giarins [aucune pierres

    blanches]. Avertissant que pendant le trajet imptueux des eaux la dclivit,font icelles se cogner les unes l'encontre des autres, maintes pierres emmy

    lesquelles s'en trouve d'une sorte qui tient de la chaux, et qui ml avec la

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    18/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 18

    18

    susdite terre, fait un moult grand dam. La mme pratique est Durante [Castel-

    Durante, btie par Guillaume Durante, doge de Chiereterre, gt en la marchedAncne] ma patrie, laquelle le Mtaure baigne en trois parts, comme semontrera en se pourtraiture. Cela mme se fait en la Romaigne, comme se dirait Faenza qui tient le premier ] rang pour la poterie ; Forli, Ravenne, Rimini ; etse fait la mme chose prsentement Bologne, et crois aussi Modne, Ferrare,comme en autres lieux de la Lombardie.

    Venise travaille la terre de Ravenne, de Rimini et de Pesaro, comme tant lameilleure. Le vrai est que souventes fois s'y emploie d'une sorte qui se tire laBataille, lieu peu loin de Padoue; mais la meilleure pourtant que le connaisse est

    celle de Pesaro, quand est recolle nette.

    Ont travaill Corfou un Jehan Tise et Lusio frres, et les fils d'un AlexandreGatti, du pays de Durante, et pourtant que m'en ont dit, recueillaient iceux la

    terre, sur une montagne qu'ils fond nue et strile, sans nulle sorte d'herbages oud'arbres, rcoltant la terre susdite au temps des pluies, comme avonsaccoutumance, par le lit des fleuves.

    Dans la marche d'Ancne, la terre de cave se travaille en maint endroit, enmaint autre la terre fluviane. A Gnes, j'ay ou dire que se travaille la terre decave; Eyon, celle du Rhosne; es Flandres, celle de cave. l'entends Anvers, oporta cet art un certain Guido de Savino de ce pays-ci, et le maintiennent mes

    huy, ses fils. Adonc, c'est savoir, que l o sont les terres blanches, ou quicontiennent de la glaise, en tous ces lieux dis-je, se trouve la terre faire lesvases.

    A Spello, quatre miles loin environ de Foligno en Ombrie, j'ay vu la terre aller

    de cette faon suivante : On a fait creuser en terre, des fosses de cinq pieds entous cts, et profondes de trois pieds, loin l'une de l'autre un pied environ ; en

    celui pied de terre solide, entre l'une et l'autre fosse, se pratique un canal, pourque l'eau puisse descendre en les dites fosses. En telle sorte que lors quil pleut,icelles se schant souvent, on retire de chacune plus de deux charges de terre ;et cela par toute l'Italie, ainsi qu'au dehors ; l'entends en les terrains qu'on

    nomme crtuleux. Point ne trouve que Dioscorides en fasse autrement mention,ne que particulirement il la nomme, ains dit-il seulement que les tourtires desfours longtemps brles, causent l'escarre des ulcres, et crois-je que se peutfaire qu'il a entendu cette susdite terre. Mais est grande en Italie la diffrenceentre la terre des tourtires et celle des vases, vu que l'une est blanche et lgre,l'autre rouge et pesante le ne crois pas qu'il raisonne autrement que de la terre

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    19/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 19

    19

    d'rtrie [Etririe, en lle de Crte. Samos. Chio., Cimollis, prsentement

    lArgentire, proche lle de Milo.], de Samos, de Chio, de Cimollis, et de la terredes fourneaux, ne spcifiant nullement la terre faire des vases.

    Suffit que lou sera de la terre lisse et blanche, et qui contienne de l'argile, sil ya des fleuves, faisant les susdites fosses, ou creusant en dessous, il y aura et se

    trouvera de la terre faire des vases, ainsi que l'affirment les anciens matres encelui trs plus noble art.

    MODE DE RECUEILLIR LA TERRE OU POINT N'EST DE FLEUVE, DE LA

    BATRE, DE LA TRIER ET LA PASSER, QUI GNRALEMENT S'EMPLOIE

    (fig. 2.)

    Aucuns ont l'accoutumance pour faire le blanc laiteux, de rduire la terrequasiment en eau, et de la passer par certains draps grossiers et ras ; aucuns par

    certains cribles [Les cribles, en Italie, sont de plusieurs formes ; nous nous en

    servons de longs pour vanner le grain ; en Romaigne et en Lombardie, on sensert de ronds. Iceux qui semploient pour la terre sont comme iceux criblerlavoine des chevaux] de cuir perfor, d'autres par de larges tamis, et cettematire passe, la serbent-ils en des vases cuits une fois, et assche ensuffisance, la travaillent-ils.

    La terre faire les vases communs s'accommode d'une autre guise, car onltend sur une table grosse d'un demy-pied ; tendue, on la bat avec un ferlarge quatre doigts, long quatre palmes approchant, pesant douze livres. Puis

    battue bien ainsi trois ou quatre fois, on la ramasse avec la main, comme sont

    accoutumes les femmes avec la pte faire le pain, la rendant nette de toutesalet. Lorsque si, la sent l'on bien lisse emmy les mains, on en faonne dis -je,des ballons, ou comme le veut le mtier pour le mieux, une seule masse, puisaprs on la travaille sur le tour, ou on l'tend en des moules de pltre, comme

    en raisonnerons. Pour la mthode de rcolter la terre, sans plus l'expliquerautrement en paroles, nous en montrons le dessin, comme est dit ci-dessous.

    Tu creuseras quatre pieds en fileLes fosses o tu rcoltes l'argile,Si que les eaux entrent en se troublant

    Par les canaux sans entraves coulant.

    Bien est-il d'avertir que lendroit o se font ces dites fosses ait un peud'inclinaison ; ainsi fait, quand elles ont sch, on retire la terre et l'emporter on

    la bat et la passe, comme convient le mieux qui veut travailler.

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    20/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 20

    20

    Ains quand sera l'argile bien battue,

    Si molle est plus que ne doit, qu'on la jetteSur la muraille, ou terre seiche et nette.

    Nos ouvriers ont coutume, quand ont battu la terre, si elle est par trop molle, de

    l'tendre sur les murs de nos maisons, et une fois affermie, de l'accommoder.Pour raffermir, quand on la passe, on la met en certains vases comme ci-

    dessous est dit.

    A ton planchier tu pends crible ou tamis,

    Sur quoi tes mains, en la jetant ont mis

    L'argile, dont vont les parts plus subtilesEmplir des pots rompus et pas utiles,

    O tu lairras la terre scher tantQue le potier en soit trs plus content.

    C'est me semble tout ce que se peut dire sur la terre, se recordant toutes fois que

    celle de cave, pour faire des travaux l'urbinienne, doit tre de couleur blanche,ains, si ft-elle cleste [Cleste, couleur du ciel], serait trop plus gentille, et pointne prendrait le blanc d'estaim. Vrai est-il qu'elle serait bonne si on voulait

    travailler la Castellane, avec de la terre de Vicence, puisqu'on y donne la terredite cru. Voyez-ci quelle diffrence entre la terre fosse ou de cave, et la terredes fleuves. Icelle des fleuves, alors qu'est azure est bonne, et vient tant pluslgre, plus dense et sans nulle rugosit.

    MODE DE TRAVAILLER AU TOUR (Fig. 3.)

    Tu fais un tour la manire que tu vois ci reprsente. sur icelui se font toutesles ouvrages de toutes sortes. Bordes, marteles, ovodes, carres et entailles ,pourvu que toutes les susdites ouvrages soient en le cercle parfait. Dessus ne se

    peut faire ne plat triangulaire, ne oblong, pour ce que trs tout ce qui manque tourner en perfection, point ne se peut faire au tour.

    Les ouvrages qui s'y font sont les suivantes :

    cuelles )) avec ou sans ourlet.

    Petites cuelles )

    Bocaux )

    ) avec ou sans bouche.

    Feuillettes )

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    21/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 21

    21

    Bassins )

    ) doubls d'argent, creuss.Bronzes )

    Fioles tenir huile, vin aigre et eau,Urnes d'piceries ou confiseries.Vases lait et onguents.Flasques vin, vin aigre et eau.Tasses ou confituriers.

    Ongresques dites Venise Piadene.Assiettes basses ou plats.

    Plats avec fonds, avec ou sans pied.

    Ronds avec ou sans fonds.

    Salire champignon.Tasses ou gobelets.

    Divers vases tirs de l'antique.Vases poire ou pomme.Vases de deux corps.

    Vase tour.

    Tout ce qu'on fait avec la circonfrence parfaite, se peut faire au tour ;autrement c'est un vain projet. Mais pour que soit bien compris mon langage,jen veux poser ici trois ou quatre raisonnements, traitant brivement commequoi se font les objets entiers ou morcels.

    Le prsent que tu vois (fig. 4), aucuns le nomment vase poire ; et maint est quile fait tout d'une pice, d'autres de deux, d'autres de trois. Point ne parlai-je desanses ne du couvercle, pource que se fond icelles choses part ; cause despremires, aucuns le nomment vase deux anses ; aucuns vase Dorique. En lefaisant d'un seul morceau, fors les anses et le couvercle, tout s'tire d'une seule

    balle de terre, et quand icelle est sche point, on tourne, comme le dirons auxautres ouvrages. Le faonner en deux parts, est de l'tirer en hauteur jouxte l'A. L se laire, et se fait le restant d'autre part. Pour le faonner de troismorceaux, se forme tout le mitan B, depuis les deux A suprieurs, jouxte auxdeux A infrieurs; et le pied comme le col, se faonnent part. Avertissant, quetournant icelles deux pices, il convient lairer deux prises ou deux creux, cettefin de les rejoindre ensemble. En ce, maint est, qui lors que le vase et frais, le

    colle en le tournant, avec de la barbotine ou glaise, dont nous parlerons plus

    outre. Aucuns le cuisent ainsi en morceaux, les ajustant ensemble avec la

    couverte la dernire cuisson ; iceux faonns ainsi en trois morceaux, point

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    22/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 22

    22

    ne s'y ajustent les anses, vu que ne tiendraient en nulle faon.

    Pareillement, celui vase que voyez-ci (fig. 5), maint est qui le nomme bronze

    antique [bocal antique lvre], autres le nomment bocal antique en raison de sabouche lvres. En icelui sont choses ne point peu s'merveiller;premirement de voir un vase de rond parfait, secondement d'y considrer unebouche pendante 3 en dehors, courbe moult loin du premier ordre. Lconvient d'avertir, parce que se faonne ronde, puis vivement on tranche unepartie avec un fil de cuivre, et ployant l'autre avec les mains, on la fait se porter

    en dehors, ce qui fait que cette bouche est hors de la perfection du cercle.

    Beaucoup le ; font de deux ou trois morceaux, mais le beau faire est d'une seule

    venue, fors ', les anses qui s'attachent aprs que le vase est tourn, comme jaydit ailleurs. l'entends que de toutes les anses, qui jamais se verront au monde des vases de terre, on puisse dire et soutenir librement, qu'elles furent attaches crud; car l'art ne comporte pas qu'on attache en finissant avec la couverte outoute autre couleur minrale, une partie qui point n'aurait de soutien, ou unsupport tout alentours sur quoi elle retombe ; ains l'air, ne demeure fermenulle chose colle au feu avec de la couleur qui ait du fondant. Le collage labarbotine durera seul, et autre non. L'endroit o se fait l'entaille, est cette demy-lune o passe la ligne A A; elle se fait de part en part, en avisant de tenir avec la

    main, la bouche par o se verse l'eau. Point ne veux-je nier que ces vases sefassent de deux parts volont, et se collent icelles au dernier feu, pourvu quesoient supraposes, autrement point n'est ce possible, et le secret n'est onquesencore dans l'art.

    Le prsent que voyez-ci (fig. 6) se nomme fiole sirops. Se fait icelui enplusieurs faons puisque en cette forme sont les flacons enserrer l'huilequ'employons pour l'usage de la maison. Vrai est-il de dire, que point ne s'y fait

    de couvercle. D'autres le font avec la bouche large, mais je vous baille toujours

    les plus excellents; d'autres avec la bouche vis, semblable aux flasquesd'argent. Celui secret, point ne veux-je le passer ainsi lgrement, pource quec'est chose trop plus belle, ingnieuse, et moult difficile. Adonc est savoir, queces vases esquels vont les vis, se fond sans col, comme serait dire le prsent,s'il ft taill la corniche de la ligne A, veux-je dire qu'il ft fait de l en bas,mais qui le voulsit faire en plus entier, pour qu'il ft plus mieux men droit, jele loue. Cela fait, et taill en haut avec le fil, faonnez nouveau sur le tour uneautre bouche grosse un bon doigt approchant, forant cette terre jouxte au fonds.

    Par aprs ayez votre estque avec trois ou quatre dents, et que soit icelle d'unbois moult dur et poli, puis l'ayant pose dans la terre, tournant les dents vers

    soi, petit petit jouxte que icelles dents s'y impriment, faits aller toujours le tour

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    23/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 23

    23

    lgrement. Mais me semble d'arraisonner en l'air, si je ne vous monstre

    l'estque, pource que sans cela, c'est grande chose que me comprendre, la voici(fig. 7). Tout cela fait, coupez cette terre ainsi creuse sur le tour, et la fendezpar le milieu (fig. 8); fait cela, baissez le ct B, ou bien A, comme est plus ais celui qui travaille, et baissez jouxte que le premier tour du relief qu'a fait

    l'estque se joigne avec le second, le second avec le tierce, le tierce au quart,jouxte que le quart soit indpendant et ainsi le premier. Alors tu verras que lo taient d'abord quatre cercles parfaits, tant runis ainsi par cet abaissement,se verra courir un seul cordon l'intrieur de cette concavit, et avoir iceluicommencement et fin. Et pour ce que la partie qui baisse vient avancer par en

    dessous, d'autant comme celle qui reste, demeure au dessus, si que se peut voir(fig. 9), tranche lavance de la partie B, et rajoute le la partie B suprieure, tuauras un cercle parfait, qui se fixe sur ton vase avec de la barbotine ; et tu lairras

    scher ainsi un jour, puis lors qu'est solide assez pour que s'y puisse imprimerson empreinte de terre molle, qu'ont fait d'un bouchon large de demy-doigt, fin qu'il emplisse bien la concavit, tu presses icelui promptement pour que lecanal du cordon qui reste en le col du vase y demeure estamp (fig. 10), puis tuptris cette avance, qui reste en dehors, en une seule masse, l'largissant assezpour en tirer aprs avec le fer, un mascaron, comme mieux semble celui qui

    travaille. Cela fait ce que nous voyons pour l'ordinaire dans les buffets, aux,flasques d'argent. Finalement, laire ainsi jouxte que la terre en schant,s'largisse assez, pour que l'empreinte vire dans son sens, sorte sans se gter.Maints sont qui premirement de l'imprimer, oignent d'huile la matrice, ce quiest une mthode moult plus certaine. Ainsi se font les vis, dont point plus neveux-je parler autrement.

    Reste savoir que celui bec qui s'avance en dehors est fait sur le tour, et en suites'attache au vase, comme se fait des anses. Autrement, ne vas pas croire qu'il se

    lire du vase mme, que ce serait trop grande bterie, pour ce que, o va un

    cercle, ne s'y peut transporter autre chose qu'un cercle; et pour que soit monlangage bien compris, je suppose qu'avec le compas se forme un cercle; si je

    veux en tirer une ligne droit en tournant le compas, ce me semble impossible ;

    bien se pourra former un plus grand ou plus petit cercle, mais que d'iceux on

    lire une ligne qui se porte droit au dehors, ou sans toute la perfection d'un

    cercle, c'est vainement qu'on y pense. Exemple (fig. 11) :

    Ores quel sera celui qui croira d'un cercle parfait, me tirer une ligne parfaite ou

    penche, avec le mme instrument? Autant voudrait croire celui qui croiraitfaonner les vases avec les anses et le bec, tout d'un mme temps, que de croirecelui qui dirait pouvoir en tournant le compas, tracer une ligne droite.

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    24/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 24

    24

    Faut donc connatre que le vase tant fait au tour, on lui attache aprs ses anses,

    comme sont les deux lignes A, avec son bec qui vient tre le pendant B, si quese peut voir (fig. 12). Suffit cela pour toujours, quand s'agira des anses, ou des

    choses transportes hors du cercle parfait le pourrais arraisonner de mainteautre espce de vases, mais supposant d'tre compris en ces sortes les plusdifficiles, point ne chercherai-je autre-ment m'allonger en paroles, pour ce quesi commenais-je m'tendre des vases sans bouche, aux tasses volont quisont choses sans rgles, je m'allongerais trop plus. J'en mettrai encore d'unesorte, et puis nous poserons fin quant aux vases levs.

    Celui-ci (fig. 13), point ne se trouve qu'emmy les matres italiens, il ait autrenom que Albarelle [urnes], ne qu'il se nomme autrement dans les pharmacies.

    Rgulirement se faonne d'une seule pice, et a ses grandeurs diverses, commeon dira en son lieu.

    Je pense vous montrer comme se fond les vases sans bouche, qui s'emplissentpar le cul. On formera sur le tour un vase de cette forme (fig. 14) sans pied ; par

    aprs, fait on son pied spar, avec un cornet qui arrive jouxte au bord de laligne A ; avertissant cependant, que point ne touche icelui aucun ct, mais que soit illec bien d'aplomb, ains, il vient tre le soutien de tout le vase, et que

    le cornet soit effil, creux d'outre en outre, comme voyez (fig. 15) ; et que ce quidemeure dehors, s'carte en forme de pied, lairant les raccords aux deuxjointures qui seront la ligne A dans le cornet, et la ligne B dans le vase, lejoingnement avec le pied, comme tu vois (fig. 16). Rejoint que c'est avec la

    barbotine, on attache le bec au trou de la ligne C, en face duquel on attache

    l'anse. Celui vase est clos, et n'a point d'ouverture par le haut ; et pour l'emplir

    on plonge le vase dans l'eau par le pied. Mais pour mieux montrer l'art de celui

    vase, on en feindra ci un de verre (fig. 17). Ainsi je crois m'avez compris, tant

    par la parole que par les dessins. C'est pourquoi touchant cela, n'en parlerai-je

    plus, puis qu'en avez vu tous les secrets par partie.

    MODE DE FAIRE LES TOURS (Fig. 18).

    Tous les tours, en tous lieux que jay vus, sont d'une mme sorte, et l'entendsainsi d'iceux qui en ont vus plus que moi. Trs tous sont de bois. Bien queplusieurs se font avec l'axe de fer, nanmoins est de bois tout le demeurant ; et

    jentends que l'axe est encore meilleur de bois que non pas de fer. Qu'il soit faitgros de quatre doigts en toutes faces. D'aucuns le font rond, ce quoi n'estpoint de rgle et importe peu. La roue ensuite va de la mme grosseur, et o nese trouve point de planche assez paisse, si la fait-on de planches plus minces,

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    25/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 25

    25

    en les supraposant en sens contraire. Et se fait tout cela fin que soit la roue

    plus pesante, pour ce que, dans le travail, en va-t-elle plus vite. Mais pour tremieux entendu, je veux recourir au dessin (fig. 19). Voici deux roues

    supraposes en sens contraire. Elles se fixent ensemble comme le fonds destonnes, puis se supraposent et se clouent; avertissant que soient icelles bien

    planes l'une sur l'autre ; c'est savoir que le ct A s'ajuste bien au ct B. Pointne suis-je assur que m'avez compris. le dis donc que se font deux roues (fig. 20)adaptant soi parfaitement l'une l'autre, faisant concider le trou. Cela aprs secloue, et veut tre cette roue d'un des cts l'autre, longue de quatre pieds,soit dire du ct C au ct D, dont se prend la moiti, et c'est cette longueur de

    deux pieds, avec quoi se formera le rond parfait. Ainsi se font les roues, aumitan desquelles se pose l'axe, lairant sur cette part qui avance et sert tenir laroue loin du sol, un piedouche ou support. Maints sont qui le lairent du bois

    pareil l'axe, d'autres le clouent sous la roue, et cela pour qu'elle ne branle (fig.21).

    Adonc, le support dont nous avons parl est celui o passe la ligne A. Cettepointe qui dessous se voit, est de dur acier, et se fiche sur une pierre fusil, l'enay vus qui la fichent sur une plaque d'acier moult durement trempe, avec aumitan une petiote indication de trou o se pose la pointe. Cette plaque se fait

    large de quatre doigts, et dans lart se nomme le caillou.

    Adonc, sur le plan du support, on aplanit la roue de faon qu'elle ne pencheplus d'un ct que de l'autre ; ceci fait on la fixe et la cloue sur son support lemieux possible, et l, qu'elle s'applique de manire qu'elle ne branle ou remuenullement l'axe. Cela suffit quant au tour, ou veux-je dire, la roue de vole. Ilme reste vous montrer la girolle, qui est une roue large un pied, paissequatre doigts, et fore une des surfaces jouxte environ sa moiti ; et ne sonpertuis soit carr, tel qu'est le fer qui se voit en haut de l'axe du tour. Aucunsfond le fer en croix, aucuns en serpe, d'autres en forme do deux croissants

    comme se voit en celui dessin (fig. 22) ; et la mme entaille se fait dans la girelle[girelle sont diverse et de diffrente grandeurs, suivant les ouvrages qui syfont. La moindre quai-je mesure, si quela plus grande est de 2 onces et , etentre justement 2 fois en la grande, dont la hauteur va ainsi double, la petitemesurant une once]en la partie de dessous, qu'il faut entailler tant que le carrou la croix pntre en la tablette. Ores que je vous ai parl de sa forme etgrandeur, c'est juste que je vous la monstre (fig. 23), et ci la voyant prendrez

    vous meilleure ide de mon dire. La voil donc de quatre faons, prsentant leplan de dessous, et leurs fers rciproques vont chacun en son trou, sa voir : laroue A va au fer A, etc.

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    26/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 26

    26

    Nous sommes accoutums, pour que le fer se fige bien en sa cavit, d'y

    introduire des bribes de lin trempes en du vin aigre, avec un peu de sel, finque le fer se rouille et vienne se tenir plus roide, comme on voit.A prsent, ilme demeure vous montrer le tour avec sa girelle suprajoute, l o elle tient l'axe (fig. 24). Ainsi on entendra ce qu'est un tour et ce qu'est une girelle, quand

    on parlera d'iceux pour faire les vases. le vous ai monstre cette girelle l'envers,pour vous lairer voir l'encastrement du fer. En celui dessin-ci, je vous monstre

    comme elle se pose sur l'axe du tour, ainsi que le ferrement qui le inainclicnt.

    Encores est-il savoir qu'autour du fer de la girelle, se roule un morceau de cuirgraiss, ou bien un chiffon, cette fin que glissant entre le fer qui tourne, et

    celui qui maintient l'axe, aille celui-l plus doucettement (fig. 25). , Celaparachev, y joint-on les autres complments, comme le banc pour s'asseoir, laplanche en face, le nettoie-mains, le marche-pied, qui sont choses sans quoi rien

    ne se peut faire. Puis nous raisonnerons de la mthode pour faonner les vases ;nous verrons ce qu'est l'cuelle, et ce qu'est la girelle ; car il en est une autresorte qui se suprapose cette-ci, comme on verra plus outre.

    Voil que je vous ai pos le tour (fig. 26) ; le banc pour s'asseoir est o terminela ligne H ; la planche d'en face est o gt la lettre E [Que la table E se fasse pourle moins large de deux fois comme le banc II, et de la mme longueur]; l'essuie-

    mains o termine la lettre G ; la perche o s'appuie le pied, est o termine lalettre M. Et ores que moult bien entendez comme se fond les tours, il me reste vous montrer l'cuelle et l'autre girelle avant que de parler du travail.

    Lcuelle n'est pas moult diffrente de cette girelle, et est de la mme grandeur,si bien que plutt qu'cuelle, je la nommerais volontiers girelle, vu qu'est d'unrelief quasiment gal, mais puis que la nomment ainsi ceux qui l'emploient, jene veux en corrompre le nom. Et pour vous montrer que je dis vrai, voyez-ci

    (fig. 27) quelle diffrence fond aucuns, d'icelle dsigne A que nommentcuelle, et d'icelle dsigne B que nomment girelle. C'est le tourneur qui lesfaonne, toutes fois, l'cuelle est creuse en dessous, comme on voit, o setermine la ligne C. C'est la diffrence qui gt entre l'cuelle et cette girelle :

    Voici la girelle plane, dont avons parl, et qui se met aprs le fer, et ne se lvepoint jamais.

    Ores, nous parlerons des ouvrages qui se fond sur l'cuelle, sur la girelle etsur la girelle plane :

    Grandes tasses ou confituriers.

    Coupes.

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    27/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 27

    27

    Ongresques ou piadnes.

    Plats avec ou sans fonds.Ronds.

    Ecuelles )

    ) fines.

    Petites cuelles )cuelles )

    ) a empailler.

    Tasses )

    Menues tasses ou coquetiers.

    Tous ces travaux se fond sur l'cuelle, avec la balle, dont parlerons plus outre.Mais en premier veux-je deviser de toutes les autres ouvrages, leur assignant

    leurs mesures, comme se verrra. Emmy celles-ci, en est de deux sortes qui se

    fond en deux parts, comme les cuelles empailler esquelles va un couvercle, etsimilement les menues tasses, esquelles va un manche. Maint est qui leur en fait

    deux, mais point ce ne me plat. Ores je vous ai pos ci quatre sortes demanches qui vont aux lasses (fig. 28). Point ne vous parlai-je des couvercles cuelles, pour ce que ils vont tous d'une faon, fors l'cuelle cinq parties delaquelle avant d'aller plus outre, jentends d'arraisonner.

    Adonc est savoir que les cinq parties dont se compose 'cuelle des femmes encouches, toutes cinq font leur besogne, et poses les cinq ensemble, forment unseul et mme vase. Mais pour mieux tre compris nous verrons le dessin (fig.29). Ce sont les cinq parties de 'cuelle. Le plan o gt le numro 2 va sur laconcavit de 'cuelle numro 1 ; le creux de l'ongresque est tourn sur le pieddu tailloir, la salire est ainsi pose debout sur le pied de l'ongresque, et sur ellese met son couvercle comme on verra. Voici comme les parties ajoutes font teseul vase prsent (fig. 30) ; chose de non chtive invention. Maints le font deneuf parties, et ce vase se nomme vase de cinq ou de neuf morceaux.

    Voici les mesures (fig. A 30) dont vous ai-je parl ci-dessus. Desquelles pourplus claire intelligence, ai-je trac la moiti de la circonfrence; avertissant quesouventes fois, sur une mme mesure, se fond trois ou quatre sortes d'ouvrages; comme on voit-ci, spares par leurs lignes en propre. Voici les ouvrages quise font sur 'cuelle avec la balle :

    Vases poire.Vases d'un corps et demy.

    Bocaux.

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    28/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 28

    28

    Feuillettes.

    Bronzes antiques.Albarelles.

    Fioles.

    Fiasques.

    En voici les mesures (fig. 30 B), savoir de la hauteur et du corps, avertissanttoutes fois, que n'tant icelles pas toutes de cette grandeur, on a mis celles-cipour exemple. Ce qui reste de terre hors de la circonfrence, s'emploie pour labouche. le ne parle pas du pied, pour ce qu'il s'indique avec les doigts, point

    trop en dehors, suivant l'ouvrage, celles-ci se font toutes sur la girelle, et leurs

    grandeurs sont poses sur la mesure des ouvrages subtiles, ainsi qu'on verra del'A jouxte au D :

    A grands plats tourns.B menus plats tourns.A menus plats a la douzaine (grands).

    BC menus plats la douzaine (petits).AD calottes.

    Encore ai-je vous montrer ces deux sortes d'ouvrages qui s'tirent de la masse,et sont celles-ci :

    cuelles la mode.Menues cuelles.

    Les cuelles rondes la douzaine, se fond avec la balle sur l'cuelle. Ores mereste vous exposer les casettes qui vont toutes un doigt plus grandes que lesouvrages dont icelles prennent le nom, et qui se faonnent toutes sur la girelleplane. Les voici :

    Casettes tasses.Casettes de coupelles.

    Casettes de plats.

    Casettes cuelles.Casettes salires, tassettes et cuelles la vnitienne.Casettes bronzes.Casettes bassins.

    Casettes menues cuelles. Toutes se font de colombins, comme le dirons. Il est savoir que sur la girelle plane, se font tous les travaux creux, et sur l'cuelle,

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    29/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 29

    29

    tous les travaux subtils. Trs tous s'tirent de la balle dont se font les cuelles

    la mode, et les cuellettes qui sont de deux sortes, se forment galement d'unemasse de cette faon : Faites une grande masse de terre, comme serait d ire de30 ou 40 livres, selon qu'il convient le mieux l'ouvrier, et qu'icelle se pose surla girelle plane. comme se voit ci. On en tire les susdites ouvrages. C'est vrai dire que s'en pourrait tirer d'autres diverses, mais point n'est ce l'usage. Ores

    voici la masse sur la girelle, et la balle sur l'cuelle (fig. 31). Il se pourraitqu'aucun voyant ces balles ci-dessus, se print croire que fussent d'artillerie,mais cette fin de lui lever ce double, lui fait l'on savoir qu'elles sont de terre,faites pour notre usage. Toutes fois, celui qui veut travailler, si tt qu'il a ptri la

    terre, et fait d'icelle un long pt, qu'il entaille des morceaux de la grandeurd'un bon pain de buffet, qu'il en prenne deux ou trois, et qu'il taille iceux avec la

    paume de la main, comme taillent le pain nos bouviers, mainte fois les bastant

    et reboustant ensemble, nettoyant si aucune salet s'y trouve, ce qui tant faitainsi, il les range l o il veut travailler. Encore faut-il savoir qu'on ne travaillepoint sans estques, lesquelles se font de bois moult dur et moult lisse, groscomme un peigne pour la leste.

    D'icelles se font quatre sortes, desquelles une s'emploie faire cuelles empailler, bassins de barbiers et plats la douzaine. On la verra dsigne la

    lettre A (fig. 32). L'autre s'emploie faire les tasses empailler, grands plats viandaige, et salires champignon, et sera marque B. L'autre aprs s'emploie tous travaux subtils et sera marque C. La quarte et ultime sert faire lestravaux creux, et sera dsigne D. Faut qu'on sache que l, o se voient cestrous, on y met le doigt mdium, comme on voit dans la mi -estque ci prs.Lors, que s'opre comme dirons.

    Ores qu'avons devis des estques, convient-il de parler des fers ou tournassins.Et vrisimilement, faut-il les montrer, et enseigner comme on les pratique, etquelles sont les ouvrages qui se tournassent. Il est donc connatre que sonthuit espces d'ouvrages qui point ne se tournassent comme dire :

    Plats la douzaine.cuelles la mode.cuellettes.cuelles rondes.Bocaux. Feuillettes.

    Fioles.

    Flasques.

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    30/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 30

    30

    Toutes les autres ouvrages qui se font sur le tour, se doivent tournasser. Ores

    voici les tournassins (fig. 33).

    Prsentement que vous ai-je monstre cinq sortes de tournassins, vous veux-jeenseigner quoi servent; pour ce que, si vous lairais-je ainsi en l'air, vouspourriez vous en servir malement; mais pour que en cette uvre mienne, il nedemeure chose obscure, il faut savoir que le premier fer, marqu A, sert faireles corniches qui se voient es revers des bassins laver les mains, plus, certainescorniches es pieds des bronzes ; avec le second B, on les parachve ; avec letierce C, se dgrossissent toutes les ouvrages; avec le quart D, se fond les piedsdes compotiers, ou voulons nous dire, des grandes tasses. Avec le quint E, se

    refinissent les choses plus dlicates. Voil l'usage des fers tournasser.

    Maintenant me reste discourir un petit sur les casettes o s'enfument lesouvrages, sur les pernettes, les points ou pillets, et sur les colifichets ou leviers,

    tout le plus brivement.

    Il est savoir que les casettes sont faites de deux sortes de terre, la terre cruches, et la terre faire les vases. Se peut qu'aucun entendis mal la diffrenceentre ces deux terres, qui est grande, vu que l'une est rouge et l'autre blanche;

    l'une tient du minral et l'autre point. Dans la rouge, dont se font les cruches,voit-on certaines cailles comme d'or. L'autre tient de la glaise, et plus estazure, tant mieux vaut-elle. Se prend donc autant de l'une comme l'autre, semlangent moult bien, et ce fait l'on avec des colombins, comme voyez -ci (fig.34). Iceux s'largissent aprs sur la girelle, et s'levant en suffisance, en fait l'onles casettes que pouvez voir (fig. 35). Icelles se font grandes ou menues, suivant

    que le veut l'ouvrage ; et qu'on sache que tous les objets subtils s'enfornent en

    les cassettes, fors les objets la douzaine. Faut savoir aussi que toutes lescasettes sont fores en dessous, hormis celles des blancs, vu que les objets s'yenfornent debout; et la fin que je sois mieux compris, vous veux -je en tourner

    une l'envers, que vous voyiez bien comme sont fores. D'icelles ai-je fait deuxsortes, ou plutt trois, pour ce que en1 icelles ne gt autre diffrence que dansles faire grandes ou menues, hautes ou basses. Voici la pernette A, le pillet B, et

    le colifichet C (fig. 36). Il me reste vous montrer les estques que voici (fig. 37).Se pourrait qu'icelles fussent encore faonnes droites, mais je me suis proposde vous montrer l'art en sa prime excellence.

    Sache que toutes les casettes se font sur la girolle plane, sur quoi se taillent

    icelles avec un fil de cuivre, puis se haussent les cts, puis se met dessus lun etl'autre, l'une et l'autre estque. fait ceci, on fourre ces deux avances de bois sous

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    31/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 31

    31

    les bras la jointure de la main, posant le gros doigt sur le dos de l'estque, et

    les autres sur le champs de dessous, et ainsi les haussant galement l'une etl'autre, fait l'on s'lever la casette au dessus du tour. Ces dites estques ne sontpoint pour d'autres usages, et moult grande est la diffrence dicelles aux autresque je vous ai montres en premier; ains avec celles-ci, se faonnent toutes lesouvrages, et nulle ouvrage, de nulle faon, ne se parfait, sans que s'y emploiel'estque.

    Ores que je suis ce discours, je m'esjouis de dire comme, et en quelle main onles emploie. Adonc est savoir, que pour faire les ouvrages subtiles, l'estques'emploie de la main gauche tenant le travail entre la main droite et Festque,c*est dire l'ourlet du travail de terre; et ainsi toujours galement. La mmemthode est tenir pour faire les ouvrages creuses, mais s'emploie l'estquepour lors, de la main droite, tenant la gauche dans le vase, opposant toujours le

    doigt l'estque, et menant l'ouvrage le plus poliment que faire se peut, ce enquoi gt le beau travail.

    Hors et dedans, que le diligent matre,Egalement fasse l'uvre paratre,Les menus tas de terre aplanissant

    Qu' l'ordinaire a le vase en haussant.

    Maintenant est savoir, que celui engin nomm tour, se meut avec le pied, etainsi se fait-il tourner vitement. Tournant le tour, tome aussi la terre gisant sur

    la girelle ou l'cuelle, laquelle terre presse entre les mains, faonne toutessortes d'ouvrages (fig. 38).

    Puis que jai trait ainsi du travail au tour, jai rsolu de discourir aussi sur lesformes de piastre, et comme dans l'art, on moule avec la terre. L faut -il savoir,que le piastre veut tre frais et non trop cuit, moult bien pill, bien tamis;

    ensuite on le dtrempe en l'eau tidie, bien remu avec la main, et rompu de cepremier saisissement qu'il tient en allant dans l'eau. Ainsi dissout, on le boutsur il n'importe quel relief, pour vu que soit-il de terre frache ; aprs que lepiastre aura pris, on lve diligentement la terre, et se trouvera la forme nette etpolie en laquelle se pourra mouler comme nous dirons. Point ne m'tendrai-jeen cela, vu qu'en la pyrotechnie du Seigneur Vanuccio Beringuccio, noble

    Siennois, gt tout ce qui se peut dire sur la formation des moulages des diversreliefs, qu'il traite au livre VIlle. Adonc, qui en veut plus savoir, qu'il aille aux

    travaux de ce dit Seigneur, o en aura tant que souhaiter en peut.

    Il a aussi trait, point ne sais-je o, de l'art des figurines, lequel point ne me

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    32/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 32

    32

    dplait vritablement. Mais ci, bien dirai-je, qu'en l'accord des couleurs, a bien

    failli sa Seigneurie. En tout le restant, a parl si diligentement, que devrait sapratique tre l'tude de trstous les gens de l'art. Pour ce passerai-je brivementsur la formation des moules, puisque m'en a tollu la fatigue, un tel Seigneur, en

    l'uvre duquel se voit travailler avec ou sans piastre, , ce qui se doit faire on'est pas de piastre, comme se moulent les reliefs et les creux, comme se

    faonnent les formes des morceaux, et bref, tout ce que dire se peut.

    Ores moi suffit vous montrer la mthode du moulage en terre. Moultm'allongerais-je, si je voulais discourir sur toutes les ouvrages qui se peuvent ;

    mouler. Mais pour faire bref, je vous en montrerai une partie, comme des vases,

    bords renverss, forme de corbeilles, et des bronzes. tant donc faites lesformes de tous ces morceaux, on moule en terre de cette guise. Tu prends le

    ballon de terre, moult bien ptrie et bien nette, de la grandeur que veut le vase ;qui mouler se doit. Que soit la terre bien molle, si que pour aller au tour, et bien

    ptrie toute ensemble ; tu la poses sur une table bien plane. En su ite, tu as deuxrgles galement paisses comme est portrait en A (fig. 39), et larges comme estfait en B (fig. 40). Celles-ci se mettent plat sur la dite table, au ct du ballonde terre [ballon, cest savoir masse moncel], savoir, dans un mme sens. Tuas un fil d'archal ou de cuivre, et que soit icelui long assez, qu'il dpasser quatre

    doigts en chacun ct du ballon. Aprs quoi, tu prends ces avances^i enchacune main, posant le gros doigt sur le fil, et tranant sur les rgles, tu 1 letires toi de faon qu'il taille le ballon en travers; lequel lev de sa placer ildemeure sur la table une dalle de terre aussi paisse comme les deux rgles.icelle dalle s'introduit en les formes, soit entire, soit en morceaux, pressant biende la main, la fin que, si dans les formes taient des masques ou autres reliefs,s'en prenne bien l'empreinte. Puis tu rejoins les formes ensemble, coupant

    pralablement avec l'archet, la terre qui avance outre, et boutant toujours de laglaise sur l'entaille qui doit rejoindre l'autre entaille. Le tout rejoint, si on n'y

    peut mettre la main, on le polit avec le bois. Mais pour vous montrerpleinement le tout, et que l'entendiez bien, je vous pose ci dessous le dessin de

    toute chose (fig. 41). Vous voyez-ci le ballon, que jai dit, emmy ses deux rgles,avec son fil derrire, lequel tir parci tout d'un trait, et roidi par les gros doigts,comme jai montr, vient tailler une dalle en terre, la faon que voyez sur latable en B. Ce qui est point l'entaille signe au ballon sous la lettre A.

    Suffit pour tailler la terre mouler [Moules de corbeille et bronze]. Me reste vous montrer les formes, le bois polir les concavits et l'archet (fig. 42!). Voicipremirement le moule de la corbeille la lettre , comme la forme de son pied

    la lettre B. Ensuite ci-dessous, jai mis la forme du bronze, c'est dire les deux

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    33/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 33

    33

    morceaux qui luts ensemble avec de la glaise, se rappliquent sur l'entaille

    qu'on fait avec l'archet en levant ce qui avance hors de la forme.

    Sachez que toutes les formes de la corbeille vont en concave, et se moulent sur

    le mle, comme voyez-ci ; puis on tourne dedans un morceau de bois de lamme grandeur, et on taille trs tous ces menus carrs marqus C. La mmechose se fait du pied, et se rajuste le tout ensemble. Maints le reboutent avec de

    la barbotine crud, et maints font ce finalement avec le blanc ou la couverte,laquelle, qui no veut l'avoir simple, la touche avec le blanc, ou mle de blanc gales parts, qui est chose excellente. Ajustes que sont les deux parties dumoule du bronze, on les polit l'intrieur; mais puisque sa bouche n'est large ensuffisance y mettre la main, il est bon de faire un baston de cette faon (fig.43*) [La partie marque dun * est icelle quon enlve pour y pouvoir mettre lamain. Les plus aviss la lvent par derrire comme la ligne marque C,avertissant que bien que marque en deux parts, se doit entendre dun seulmorceau. A ces vases on fait les anses en des moules de deux morceaux, comme

    se voit en la partie marque D, lesquelles emplis se runissent comme on faitdes bronzes, les collant avec la parbotine.]; et de cette boule qui est au cttordu, on va polissant les creux. Voil donc le bton o se termine la ligne A,avec lui se polit o ne peut aller la main. Ce qui lui est joint est l'archet qui sert

    tailler la terre avanant au del des formes.

    Ores me reste vous montrer les pices rebordes, et le ferons nous brivement,ains est la chose de grande simplesse, comme voir se peut (fig. 41). Les picesdites rebords, sont icelles savoir qui ont aucuns reliefs en dehors, commemoult est d'usage prsentement en les pices d'orfvrerie dans les palais. Icelleo se termine la ligne A, est une salire dont va la forme en deux morceaux,lesquels s'ajustent jouxte o se termine la ligne B. La terre tant donc mise en lesformes, on rejoint icelles comme a t dit pour les bronzes antiques, levant lesparties qui dbordent avec l'archet. Puis on laire ainsi jouxte que commence saillir l o est ouverte la forme. Lors, dlicatement on l'enlve d'un ct, puisde l'autre, et ainsi avez en les mains une salire que faut polir es jointures, et obesoin est accommoder. De cette faon, faut-il traiter tous les autres travaux,avec lesquels se tiendra la mme marche. Je me suis encore rsolu vousmontrer les martels ou piquets, seule fin que je ne passe rien, et que l'art soitcomplet. C'est ceux-ci que l'entends par martels (fig. 45). D'iceux ai-je vu auxmiens, maint d'or et maint d'argent ; iceux et aux compotiers se mettent lespieds la fin ; et telles sont les ouvrages qui ne se peuvent mie faire sur le tour.

    C'est tout ce que jai vous dire sur les moules de piastre. Le pltre est

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    34/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 34

    34

    semblablement chose trs connue en toute l'Italie. D'icelui a crit Dioscorides au

    Velivre, disant ainsi : Le pltre a vertu pour ressuyer et arrter la sueur. Il en estaucuns qui le nomment autrement que pltre. Il s'en fait en moult grandeabondance dans ltat du trs illustre et trs excellence Guibald II duc d'Urbin,mon Seigneur. Ores ci me tairai-je sur le moulage et le piastre (fig. 46).

    Encore que jen aie dit au discours sur les tournassins, me semble bon d'entoucher nouveau quelque peu en cetendroit, la fin qu'on sache appertementquels sont les objets tournasses. Toutes les ouvrages subtiles se doivent

    tournasser, et pour ce, fait-on un mandrin de terre un petiote plus menu que les

    ouvrages. Et se fait icelui sur la girelle plane, sur quoi on met des bandes de

    papier. Puis dessus pose l'on les ouvrages la tte en bas, les dressant droits, etavec le fer tournasser, on enlve quantit de terre, jouxte que les cts dudehors, s'accordent avec iceux du dedans, mais que demeure l'ouvrage paisseen suffisance, comme le connat le bon ouvrier. Aprs se joignent les pieds et lesanses, selon que le veut le travail, et ce, avec la barbotine qui se fait de la faonsuivante : Prends de la terre moult bien sche, avec icelle trs molle, qui est d etrop quand on travaille au tour et avance sur l'estque G et semble de l'onguent;avec celle-ci se mle de la bourre de drap, puis se ptrit bien ensemble, et serend si tant molle qu'elle attache gaillardement, pourvu que les deux objets que

    tu colles soient galement secs, ou galement frais, qu'autrement ne se feraitrien.

    Ores voici le mandrin avec quoi jentends mettre fin mon premier livre (fig.47).

    Puisque, avec l'aide du trs Haut, suis-je parvenu la fin du premier livre delArt du Potier, avec toute brivet que faire s'est peu, point ne me tiendrai-je l,que je n'y ajoute le second et le tierce et dernier livre. Pour tant qu'aucuns liront

    celui mien premier livre, que n'admirent ne ne ddaignent cette particulire

    narration faite touchant les choses de terre. Car je suppose que toujours auront-ils se tenir sous des matres habiles, si que l'art en sortant hors d'ici, voiremme de l'Italie, et se faisant connatre iceux qui le voudront prouver, ne semonstre non moins beau, ne de moindre prix, si dis-je, iceux y portent les seings

    et la diligence que sont accoutums d'avoir en celui pays. Puis cela renouvelleen la mmoire d'autrui, le trs heureux tat du trs illustre et trs excellentGuibald II duc d'Urbin. Trs heureux, dis-je, par dessus tous tat, pour legouvernement d'un si excellent Prince. le ne pourrais comme c'est, dire combien

    sont saintes les admirables constitutions et divines lois de ce Duc, pour ce que

    par elles-mmes sont si tellement claires, que plutt les ombrerais-ie, que je n'en

  • 7/29/2019 Cyptian Piccolpassi Durantoys - L' Art du Potier.pdf

    35/48

    CYPTIAN PICCOLPASSI LART DU POTIER 35

    35

    montrerais la puret, l'clat de leur clart, avec mon vulgaire langage. Point