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Contribution à l’amélioration des chaines de conversionphotovoltaiques par l’introduction d’architectures
distribuéesBruno Estibals
To cite this version:Bruno Estibals. Contribution à l’amélioration des chaines de conversion photovoltaiques parl’introduction d’architectures distribuées. Micro et nanotechnologies/Microélectronique. UniversitéPaul Sabatier - Toulouse III, 2010. <tel-00546390>
HABILITATION A DIRIGER LES RECHERCHES
Préparée au Laboratoire d’Analyse et d’Architecture des Systèmes du CNRS
En vue de l’Obtention du diplôme de l’Université Paul Sabatier de Toulouse
_______________________________________________________
Contribution à l’amélioration des chaînes de conversion
photovoltaïques par l’introduction d’architectures distribuées
_______________________________________________________
Présentée le 4 Novembre 2010
Par
Bruno ESTIBALS Docteur en Electronique de l’Université Paul Sabatier
Maître de Conférences à l’Université Paul Sabatier
JURY
Francesc GUINJOAN GISPERT Rapporteur
Didier MAYER Rapporteur
Christian SCHAEFFER Rapporteur
Pascal COUFFIN
Père ROCCA I CABARROCAS
Pierre BIDAN Président
Corinne ALONSO Directrice Scientifique
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
a
« Le plus difficile, ce nʹest pas de sortir de Polytechnique, cʹest de sortir de lʹordinaire. »
Ch. dG.
Remerciements
Je ne sais pas si c’est la même chose pour tout le monde, mais pour moi, qu’il est difficile d’écrire cette
partie tant la crainte de ne pas être suffisamment exhaustif me tétanise… Car ce travail est une
illustration parmi tant d’autres des activités d’un groupe soudé autour d’une thématique.
Avant toute chose, je voudrais remercier vivement Messieurs Jean‐Claude Laprie, Malik Ghallab, et
Raja Chatila, Directeurs successifs du LAAS pour m’avoir accueilli dans ce laboratoire.
Je tiens également à remercier pour son accueil et son soutien Madame Marise Bafleur, responsable du
groupe Intégration des Systèmes de Gestion de l’Energie, dans lequel j’ai démarré mes activités de
recherche en tant que Maître de Conférences. J’adresse des remerciements particuliers à Augustin
Martinez, Jean‐Louis Sanchez et Luis Martinez Salamero, pour leurs conseils toujours avisés et leurs
disponibilités, souvent bien tôt le matin…
Mes remerciements vont également aux rapporteurs de ces travaux, Messieurs Francesc Guinjoan,
Didier Mayer et Christian Schaeffer qui, en dépit d’emplois du temps surchargés ont sans hésiter
accepté ce travail d’évaluation. Je leur suis infiniment reconnaissante de l’intérêt qu’ils ont porté à mes
activités et les remarques constructives qu’ils ont formulé.
Je tiens également à remercier Monsieur Pierre Bidan, Professeur à l’Université Paul Sabatier, d’avoir
accepté de participer au jury et d’en avoir assuré la présidence, et Messieurs Pascal Couffin et Pere
Rocca i Cabarrocas, d’avoir accepté également d’être membre de ce jury.
Mes remerciements particuliers vont à Corinne Alonso, ma directrice de recherche, Professeur à
l’Université Paul Sabatier de Toulouse, qui depuis le début, m’a guidé, encouragé et soutenu, me
permettant aujourd’hui de présenter cette habilitation. Merci Corinne également, pour ta sympathie
durant toutes ces années.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
b
Bien entendu je n’oublie pas mes collègues du groupe ISGE qui m’ont encouragé : Marie Breil, Magali
Brunet, Frédéric Morancho, Vincent Boitier, Jean‐Pierre Laur... Merci pour votre confiance, vos
conseils précieux et pour la sympathie que vous m’avez témoigné depuis mes débuts parmi vous.
Il me serait difficile de ne pas associer à ces remerciements mes collègues du Département de Génie
Electrique et d’Informatique Industrielle de l’IUT de Toulouse. En particulier, merci à Messieurs
Alexandre Nketsa et Boutaieb Dahhou, qui m’ont permis de démarrer dans l’enseignement supérieur
et la recherche ainsi qu’ Abdelhakim Bourennane, Bruno Gorla, François Olivié, Gilles Roux, David
Dubuc, Gaëlle Lavigne, Damien Delauzun, Guy Latapie et… Sylvie Roux.
Je voudrais également exprimer toute ma gratitude à tout le personnel des services administratifs et
techniques du LAAS qui m’ont permis d’effectuer ces recherches dans des conditions idéales et
particulièrement à Nicole Higounet, Michelle Plana, Claude Laforre et Christian Berty pour leur
disponibilité, leur gentillesse et leur efficacité.
Comme je l’ai déjà dit, ce mémoire est une des illustrations du formidable travail accompli par une
équipe soudée. Je pense d’abord à Lionel Séguier, notre grand maître de la technique, toujours
disponible dans les cas d’urgence, et Pierre Aloïsi, notre sage parmi les sages. Viennent ensuite
l’ensemble des doctorants avec qui nous vieillissons ensemble, Cédric Cabal, Stéphane Petibon, Alain
Salles, Philippe Artillan, Adan Simon‐Muela et les plus jeunes, Alona Berasategi, Marcos Orellana,
Youssef El Basri et Carlos Carrejo. Quel parcours effectué ensemble depuis nos débuts ! Et une pensée
à la jeune équipe technique constituée par Olivier Gantet et Cyril Lahore. Merci à vous tous pour votre
amitié sans faille, votre confiance et votre compréhension quand je ne suis pas aussi disponible que je
le souhaiterais…
J’adresse une pensée particulière à mes accointances informaticiennes et automaticiennes, mes fidèles
amis Pascal Berthou, Patrick Danès, Yann Labit et Nicolas Rivière.
Enfin, je souhaite exprimer toute ma reconnaissance à mes parents, à toute ma famille pour leur
soutient constant et leur patience… Je vous dois en grande partie l’accomplissement de ce travail par
l’espoir et la confiance que vous avez toujours su me donner. J’espère que vous trouverez toutes et
tous par ces mots un modeste geste de reconnaissance et de remerciement.
__________________________________
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
i
Table des matières
Introduction générale 1
Vers une optimisation des chaînes de conversion de l’énergie ? 3
1. Panorama de la production d’énergie électrique 3
1.1 Positionnement mondial du problème de l’énergie 3
1.2 Positionnement européen 5
1.3 Politique énergétique de la France 7
1.3.1 L’offre énergétique de la France 7
1.3.2 Principes de la politique énergétique 8
1.3.3 La promotion des économies d’énergie et des énergies renouvelables 9
2. L’énergie solaire photovoltaïque 10
2.1 Généralités sur le photovoltaïque 11
2.2 Applications actuelles 11
2.2.1 Applications autonomes : sites isolés 11
2.2.2 Applications raccordées au réseau 12
2.3 Enjeux et prospectives 13
2.3.1 Marché 13
2.3.2 Acteurs 14
2.4 Le photovoltaïque comparé aux autres énergies 15
3. L’intégration du photovoltaïque au bâtiment 15
3.1 Positionnement du problème 15
3.2 Axes de recherche communément admis 17
3.3 Moyens d’action et réponses techniques envisagées 17
3.3.1 L’intégration des systèmes au réseau électrique 17
3.3.2 L’intégration à l’habitat 18
3.3.3 L’architecture globale du système dans son environnement 18
3.4 Structuration d’une chaîne classique de conversion 19
4. Discrétisation des chaînes de conversion 20
4.1 Structuration d’une chaîne classique de conversion 20
4.1.1 Connexion directe d’un générateur photovoltaïque à une charge 20
4.1.2 Connexion générateur photovoltaïque‐charge via un étage d’adaptation… 22
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
ii
4.1.3 Intérêts de la discrétisation 25
4.2 Les micro‐convertisseurs comme étages d’adaptation 26
Discrétisation des chaînes de conversion 28
1. Discrétisation des chaînes de conversion 28
1.1 Contexte 28
1.2 Exemple d’illustration 30
1.2.1 Tests en éclairement homogène 30
1.2.2 Tests en éclairement inhomogène 32
2. Discrétisation au plus près des cellules : le projet ATOS 34
2.1 Le projet de Recherche ATOS. 34
2.2 Du panneau photovoltaïque vers la cellule 36
2.3 Travaux réalisés dans ce cadre 41
2.3.1 Réalisation et validations expérimentales d’un micro‐convertisseur Buck 42
2.3.2 Réalisation et validations expérimentales d’un micro‐convertisseur Boost 43
2.3.3 Synthèse des validations expérimentales 45
3. Conclusion 46
Vers une intégration des chaînes de conversion 48
1. Positionnement du problème 48
1.1 Introduction 48
1.2 Analyse de l’existant 49
1.3 Place des inductances dans les convertisseurs 50
1.4 Problèmes envisagés 50
2. Modélisation des éléments inductifs 51
2.1 Positionnement du problème 51
2.1.1 Approche analytique 51
2.1.2 Approche numérique 52
2.1.3 Contribution au sujet 53
2.2 Développement d’un outil d’aide à la simulation 53
2.2.1 L’interface graphique 54
2.2.2 Validité des résultats obtenus 56
3. Réalisation et caractérisation d’éléments inductifs 58
3.1 Processus technologique employé 58
3.2 Prototypes obtenus 60
3.3 Caractérisation des composants 60
3.3.1 Mesures à basse fréquence 61
3.3.2 Mesures à haute fréquence 62
3.3.3 Comparaison des résultats 62
4. Conclusion 64
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
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Programme de recherche 65
1. Positionnement du programme de recherche 65
1.1 Contexte général 65
1.2 Quelle évolution pour le photovoltaïque dans le contexte des smart‐grids ? 67
2. Axes de recherche envisagés 68 2.1 Nouvelles architectures de panneaux photovoltaïques 68
2.2 Stratégies de gestion avancées : vers une intégration ultime panneau – convertisseur69
2.3 Stratégies optimisées de Gestion des batteries et couplage au réseau 69
3. Le projet ADREAM comme démonstrateur 70 3.1 Généralités 70
3.2 Volet « Energie » 71
3.3 La création d’une plateforme « Energie » dans ADREAM 72
3.4 Synthèse 73
Références 74
Liste des travaux et publications 77
_________________________________
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
1
Introduction générale
Lʹénergie solaire photovoltaïque est une forme dʹénergie renouvelable permettant de produire de
lʹélectricité par transformation dʹune partie du rayonnement solaire grâce à des modules solaires
photovoltaïques, comprenant plusieurs cellules photovoltaïques reliées entre elles. Les impacts locaux
du solaire sont très réduits : pas de bruit, pas de rejets et, sur le plan visuel, une relative discrétion
voire, pour certaines structures intégrées au bâtiment une réelle élégance.
Lʹélectrification par lʹénergie solaire photovoltaïque est une solution alternative pour un habitat en site
isolé, éloigné du réseau électrique. Elle permet de couvrir les besoins domestiques dʹune résidence
principale en utilisant des appareils standards (petit électroménager, téléviseur, chaine haute‐fidélité, micro‐
informatique, etc...) et des équipements spécifiques économes en énergie (éclairage et froid). Le
photovoltaïque raccordé au réseau représente une filière émergente pour la production décentralisée
dʹélectricité. Toute personne disposant dʹun habitat résidentiel, dʹun bâtiment communal ou dʹun
autre lieu dʹimplantation susceptible de recevoir un champ de modules photovoltaïques, peut devenir
un producteur dʹénergie renouvelable en injectant toute ou partie de lʹélectricité localement produite
dans le réseau de distribution public. Chaque pays s’approprie ce potentiel énergétique en fonction
des politiques incitatives liées au prix de rachat de l’électricité. En 2010, pour la France, EDF achète
systématiquement lʹénergie ainsi produite à des tarifs préférentiels, définis dans le cadre
réglementaire fixé par les pouvoirs publics. Cependant, à ce jour, le développement massif du solaire
photovoltaïque, en tant que moyen de production dʹélectricité raccordé au réseau, reste pénalisé par
son coût de production encore très élevé. C’est dans ce contexte que se situent les travaux de recherche
présentés dans cette habilitation à diriger des recherches.
Dans le premier chapitre, pour mieux comprendre la nécessité d’efforts en recherche à accomplir dans
le domaine du photovoltaïque, nous montrons le positionnement de l’énergie photovoltaïque dans le
panorama de la production d’électricité en précisant les différents constituants d’une chaîne de
conversion photovoltaïque.
Depuis 1996, les recherches se sont orientées sur lʹOptimisation, la Gestion et le Traitement de
lʹEnergie, et plus particulièrement sur lʹoptimisation de chaines modulaires de conversion dʹénergie
photovoltaïque, en complémentarité avec la communauté scientifique française, majoritairement
orientée vers la synthèse de matériaux et le développement de nouveaux types de cellules. Lʹobjectif
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
2
est de concevoir, réaliser et caractériser des systèmes en liaison avec un aspect intégration
technologique fort.
Actuellement, différentes architectures de gestion photovoltaïque sont proposées sur le marché et
permettent de valoriser plus ou moins bien la production énergétique d’origine photovoltaïque. Nous
nous consacrerons dans le deuxième chapitre aux architectures de conversion DC‐DC discrétisées,
permettant d’apporter une solution technologique novatrices en termes d’amélioration du rendement
de la chaîne de conversion, avec une volonté forte d’intégration de l’ensemble. Après avoir rappelé le
concept et la validité du concept de discrétisation, nous nous focaliserons sur l’étude d’un micro‐
convertisseur pour une cellule photovoltaïque Tandem. On notera que ces premières recherches nous
ont permis de visualiser dans sa globalité les problèmes liés à la gestion de l’énergie photovoltaïque et
d’en tirer des conclusions en termes d’intégrabilité du système de conversion au plus près de la
production.
Dans une dernière partie, nous proposons diverses perspectives de recherches inhérentes à la
thématique du photovoltaïque que nous comptons mener dans le futur en collaboration avec la
communauté photovoltaïque, afin de continuer à augmenter les performances de ce type de source.
Bien que la fourniture d’énergie décentralisée comporte de nombreux avantages, la transition vers un
« smart grid » représente plusieurs défis. Un des enjeux majeurs des réseaux dʹélectricité de demain
consiste en l’assimilation de la production dʹélectricité intermittente. Le développement des énergies
renouvelables, sources de production dʹélectricité décentralisées, est souvent freiné par une
inadéquation de ces moyens de production avec le fonctionnement du réseau actuel. Ainsi, partant du
constat que la production intermittente dʹénergie est en effet difficile à intégrer au réseau et ne
correspond pas aux périodes de consommation de pointe, nous envisagerons différentes solutions
pour intégrer la production dʹélectricité dʹorigine renouvelable, notamment par l’introduction de
moyens de stockage. Pour valider notre approche qui se veut globale sur la problématique de
l’énergie, nous évoquerons la constitution du démonstrateur ADREAM en cours de construction au
LAAS‐CNRS, conçu dès le départ comme un outil de validation grandeur réelle.
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Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
3
Vers une Optimisation des Chaînes de Conversion de l’Energie ?
Disponible en abondance, non émettrice de gaz à effet de serre, l’énergie solaire constitue à l’évidence
l’une des réponses les plus adaptées aux besoins de demain et d’après‐demain. Le solaire
photovoltaïque, en particulier, affiche quelques atouts décisifs. Son potentiel est équitablement réparti
puisque accessible, à des degrés divers, de quasiment tout point de la planète. Permettant de produire
au plus près du consommateur, il contribue à la sécurisation de l’approvisionnement en électricité et
convient autant aux milieux urbains qu’aux zones rurales et aux sites isolés. Les multiples possibilités
d’implantation nouvelles en font une solution flexible, économe en espace, en même temps qu’un
gisement de création d’activités et d’emplois.
Après avoir rappelé les principes de base de la conversion d’énergie photovoltaïque, nous
effectuerons une synthèse sur les études de son impact actuel sur la production d’énergie au niveau
international, national et régional avant de la considérer sous l’angle « électrique », plus proche des
thématiques développées au LAAS‐CNRS.
1. Panorama de la Production d’énergie électrique.
1.1 Positionnement mondial du problème de l’énergie. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la consommation mondiale d’énergie va augmenter
de 50% entre 2004 et 2030, pour accompagner la croissance démographique et économique [I‐1].
Figure I‐1. Consommation d’énergie en 2005.
Etats‐Unis20%
Union Européenne
16%
Chine15%
Russie6%
Inde5%
Japon5%
Canada2%
Corée du Sud2%
Brésil2%
Mexique1%
Autres26%
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
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Les électriciens sont très concernés car la consommation d’électricité devrait croître deux fois plus vite
que la consommation moyenne globale d’énergie (+ 100%).
Outre la nécessité de remplacer les anciennes centrales dans les pays industrialisés, il va falloir un
effort d’équipement électrique considérable pour arriver à satisfaire l’ensemble de ces nouveaux
besoins. En Europe par exemple, entre 2005 et 2030, selon la Commission européenne, il faudra
construire l’équivalent de 600 à 700GW, correspondant pour moitié à la couverture des besoins
supplémentaires et pour moitié au remplacement d’anciennes installations.
Or, aujourd’hui, les énergies fossiles couvrent 65% de la production d’électricité et plus de 80% de la
consommation mondiale d’énergie. Cette situation n’est pas tenable, car les réserves d’énergies
fossiles ne sont pas infinies et, de plus, elles sont la cause principale des émissions de gaz à effet de
serre (GES) comme le dioxyde de carbone (CO2), qui s’accumulent dans l’atmosphère et entraînent le
réchauffement de la planète. Selon le GIEC (Groupe Intergouvernemental des Experts du Climat créé à
l’initiative du G7 en 1988), la température moyenne terrestre devrait augmenter de 1,8 à 4°C au cours
du siècle, avec comme conséquences annoncées une hausse du niveau des océans et des phénomènes
climatiques extrêmes [I‐2].
Figure I‐2. Consommation énergétique totale : projection jusqu’en 2020 [I‐3].
Ainsi, la croissance de la consommation énergétique entraîne une évolution préoccupante pour la
sécurité des approvisionnements. La production de pétrole devrait décliner à partir de 2030 et celle de
gaz à partir de 2050. Le quintuplement du prix du baril de pétrole (sur lequel est aligné celui du gaz),
passé de 20 à 100$ en cinq ans, traduit les tensions sur l’offre. Le prix du charbon a, lui aussi,
fortement augmenté en 2007.
Priorité du Sommet de la terre de Copenhague, l’accès à l’énergie, notamment à l’électricité, est
indispensable au développement collectif et individuel. Il conditionne l’économie ainsi que la santé,
l’alphabétisation, l’éducation et la vie sociale. Dans les pays en développement, 2 milliards de
personnes ne disposent pas d’une énergie suffisante et 1,6 milliard n’ont pas accès à l’électricité. Dans
0
500
1000
1500
2000
2500
1990 2000 2010 2020
Renouvelable
Nucléaire
Gaz Naturel
Pétrole
Charbon
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
5
les sociétés industrialisées, la partie la plus pauvre de la population n’a pas un accès suffisant à
l’énergie : 15 % de la population européenne selon les critères de l’OCDE.
1.2 Positionnement européen. LʹUnion Européenne fait partie des trois régions du monde grandes consommatrices dʹénergie. En
2005, la consommation dʹénergie – tous types confondus – représentait 1 816 millions TEP. Si les États‐
Unis représentent encore plus de 20% de la consommation mondiale, lʹUE suit de près, avec environ
16%. En comparaison, La Chine, dont la croissance économique fortement « énergivore » avoisine les
10% annuels, a probablement dépassé lʹUE en 2008 et les Etats‐Unis en 2010.
Globalement, la consommation dʹénergie va de pair avec le niveau de développement. La croissance
de la consommation dʹénergie se poursuit actuellement dans lʹUE, quoiquʹà un rythme moindre. Mais
la Commission européenne ne prévoit pas toutefois dʹinversion de tendance prochaine : en 2020,
lʹUnion se rapprocherait des 2 000 millions de TEP consommés [I‐4].
Figure I‐3. Production d’énergie dans l’Union Européenne [I‐5].
La consommation énergétique de lʹUnion présente quelques particularités, dans sa structure actuelle,
comme dans les projections pour 2020 : la part du charbon décline autour de 17%, le pétrole représente
encore largement plus du tiers de la consommation, et le gaz naturel, le quart. Les hydrocarbures
totalisent donc plus de 61% de la consommation en 2007. Cette dépendance ne devrait pas
significativement baisser dʹici à 2020. Lʹénergie nucléaire compte pour plus de 14% du bilan final, ce
qui est beaucoup par rapport à dʹautres régions du monde. Les énergies renouvelables –
hydroélectricité, biomasse, éolien, solaire notamment – approchent seulement les 7%.
Les différences de consommation entre les États européens rendent compte d’abord de la puissance de
leur économie. Des particularités apparaissent cependant en fonction des types d’énergie. L’utilisation
du charbon est nettement plus marquée en Allemagne et en Pologne qu’en Europe de l’Ouest. La
France consomme relativement moins de charbon ou de gaz, notamment parce que sa production
0
50
100
150
200
250
300
350
400
1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004
Nucléaire
Solides
Gaz Naturel
Pétrole
Renouvelables
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
6
nucléaire fournit l’essentiel de l’énergie secondaire2 sous forme d’électricité. Elle arrive en tête de la
consommation sous forme renouvelable en raison de la puissance hydroélectrique installée.
Le bilan de la consommation énergétique de lʹUnion Européenne fait donc apparaître une très forte
consommation dʹénergie, en même temps quʹune dépendance toujours forte aux hydrocarbures.
La production dʹénergie sur le territoire de lʹUnion est loin de satisfaire cette demande considérable.
Pour 2005, lʹUnion à 27 ne produit que moins de 900 millions de TEP : elle dépend donc à 50 % de
lʹextérieur pour son approvisionnement en énergie. Lʹensemble régional quʹest lʹUE est loin dʹêtre
autosuffisant sur le plan énergétique. Pire, cette dépendance ne pourra globalement quʹaugmenter à
terme : la quantité dʹénergie produite par lʹUE était encore de 940 millions de TEP en 1995, mais de 890
dix ans plus tard. On estime que, dʹici à 2030, la dépendance vis‐à‐vis de lʹénergie importée atteindra
70%.
Le bilan par type dʹénergie montre que la production de pétrole a chuté de près dʹun quart et celle de
charbon de presque 40% ! Lʹénergie nucléaire, en revanche, a vu sa production augmenter de 15% et
celles des énergies renouvelables de 40%, bien que partant de beaucoup plus bas.
La dépendance énergétique varie en fonction des types dʹénergie (82% pour le pétrole, 58% pour le gaz)
et d’un pays à l’autre. Ainsi, dans lʹUnion, seul le Danemark tire son épingle du jeu, avec une
indépendance énergétique de 150%. Le Royaume‐Uni, malgré les gisements de Mer du Nord, était
encore indépendant en 2000, mais est devenu dépendant en 2005, avec un taux de dépendance passé
de ‐17% à 14%. Dans ce paysage, seule la Norvège est très fortement excédentaire, mais rappelons
qu’elle nʹappartient pas à lʹUE.
L’Union Européenne travaille à un développement aussi rapide que possible des énergies
renouvelables : énergie éolienne, solaire, hydroélectricité, biomasse, géothermie, bio‐carburants…
Toutes les pistes sont explorées, dans le double objectif de réduire la production de gaz à effet de serre
et la dépendance énergétique. En 2007, le Conseil européen a pris lʹengagement, dʹici à 2020, de porter
la part des énergies renouvelables à 20% de la consommation finale dʹénergie, de réduire de 20% les
émissions de CO2 et dʹaméliorer lʹefficacité énergétique de 20% également (connue comme Règle des 3
20). Toutefois, le développement des énergies complémentaires – y compris charbon propre, solaire et
nucléaire – ne contribuera significativement au « mix » énergétique que sur le long terme.
Des disparités apparaissent entre pays européens, en termes d’avancement dans lʹutilisation des
énergies renouvelables. La production dʹélectricité au moyen dʹénergies renouvelables représente 14%
de la consommation électrique totale de lʹUnion en 2005. Comme souvent, les pays scandinaves sont
très bien placés. La Norvège, non‐membre de lʹUnion, exporte même de lʹélectricité renouvelable.
Pour chacune des énergies renouvelables, quelques traits spécifiques apparaissent, révélateurs de la
situation géographique et économique des États. La carte de la biomasse montre ainsi clairement
lʹimportance de la forêt boréale pour la Finlande. Lʹénergie éolienne est fortement implantée au
Danemark, avec ses champs dʹéoliennes déployées en mer, alors que lʹEurope orientale est très en
retard. En matière dʹhydroélectricité, les pays de montagnes (Suisse, Autriche, Norvège, Roumanie,
Croatie) sont les mieux placés.
Quant au solaire, son apport est réduit ; si les pays de lʹest et du nord de lʹEurope sont peu équipés, et
ceux du sud davantage, cʹest paradoxalement lʹAllemagne qui a jusquʹà présent le plus développé
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
7
cette filière, notamment par l’introduction d’une politique incitative liées aux « 100 000 toits PV »,
proposant des tarifs de rachat de l’électricité intéressants.
Figure I‐4. L’électricité à partir du solaire (Données 2005) [I‐5].
1.3 Politique énergétique de la France.
La France est le 7ème plus gros consommateur dʹénergie au monde avec 275 Mtep en 2004 derrière
lʹAllemagne et le Japon. Avec 4,4 tep consommés par habitant, elle se situe à la 18ème place des pays de
lʹOCDE.
Jusquʹà ces toutes dernières années, la croissance économique de la France, une démographie
dynamique, le développement des transports routiers de voyageurs et de marchandises, celui des
usages domestiques de lʹélectricité et les besoins des industries grosses consommatrices dʹénergie
(sidérurgie, chimie, papeteries, cimenteries, etc…) ont contribué à une progression soutenue de la
consommation dʹénergie. Néanmoins, cette tendance nʹest pas acceptable pour des raisons
économiques et environnementales (facture énergétique, sécurité dʹapprovisionnement, changement
climatique), de sorte que les divers gouvernements se sont employés et sʹemploient à prendre des
mesures correctrices.
1.3.1 L’Offre d’énergie en France.
La France est pauvre en ressources énergétiques contrairement à plusieurs pays européens bénéficiant
de matières premières (charbon en Allemagne et en Espagne, pétrole, gaz et charbon au Royaume‐Uni, gaz au
Pays‐Bas, hydraulique en Suisse, etc…).
Depuis la fin des années 1970 et le choix de l’énergie nucléaire comme source principale de
production, la production nationale de charbon est passée de plus de 40 millions de tonnes par an à
moins de 3 millions de tonnes en 2003, lʹextraction sʹarrêtant même en avril 2004 avec la fermeture du
dernier puits à Creutzwald, en Lorraine.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
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Le gisement de gaz naturel à Lacq a fourni jusquʹà la fin des années 70 entre 6 et 7 millions de tep de
gaz par an, contribuant ainsi jusquʹà 15% de la production nationale dʹénergie primaire, mais ce
pourcentage est descendu actuellement à 2%.
La production pétrolière nʹa guère dépassé 3 millions de Tep par an, en fonction de lʹintérêt que les
opérateurs ressentaient à investir dans lʹexploration‐production sur le territoire national, pour sʹétablir
désormais à moins de 1,5 millions de tonnes par an, soit légèrement plus que 1% de la consommation
primaire.
Figure I‐5. Le mix‐énergétique français en 1973 et 2004.
Afin dʹassurer la sécurité de ses approvisionnements en énergie, la politique énergétique française a
privilégié le développement dʹune offre nationale dʹénergie : lʹénergie nucléaire et les énergies
renouvelables. Ainsi, dans les années 1950, un programme de construction de grands barrages a été
mis en place et un programme nucléaire comprenant aujourdʹhui 58 réacteurs, a été lancé dans les
années 70.
1.3.2 Principes de la politique énergétique [I-6].
Dans un contexte énergétique en profonde mutation tout au long de ces trente dernières années
(progrès techniques importants, fluctuation des prix des énergies, réorganisation des marchés de l’énergie,
émergence des questions environnementales), la France a mis en place une politique énergétique autour de
quatre grandes préoccupations, reprises par la loi de programme du 13 juillet 2005 fixant les
orientations de la politique énergétique :
1. Contribuer à lʹindépendance énergétique nationale et garantir la sécurité
dʹapprovisionnement. La France dispose de réserves énergétiques très limitées. Dans
ce contexte, la satisfaction des besoins énergétiques de la France présente un risque quʹil
convient de maîtriser. Sur le plan macroéconomique, il sʹagit de limiter lʹexposition de
l’économie française aux fluctuations des prix de lʹénergie notamment en développant
les productions nationales. Sur le plan de lʹapprovisionnement physique, il convient de
sʹassurer de lʹexistence de capacités suffisantes pour faire face aux risques de pénurie
tant dans le domaine électrique (niveau et disponibilité du parc de production, qualité du
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transport et niveau des interconnexions), du gaz (gestion des stockages) que du pétrole
(gestion des stocks de sécurité).
2. Assurer un prix compétitif de lʹénergie. Le prix, la qualité et la disponibilité de
lʹénergie sont des facteurs déterminants de lʹattractivité de la France et donc du
développement de lʹemploi, notamment dans des secteurs fortement consommateurs
dʹénergie. La politique énergétique française est ainsi définie pour garantir aux
entreprises un prix de lʹénergie compétitif notamment pour celles qui se trouvent
confrontées à une forte concurrence internationale.
3. Préserver la santé humaine et lʹenvironnement, en particulier en luttant contre
lʹaggravation de lʹeffet de serre. La production et la consommation dʹénergies peuvent
avoir des impacts majeurs sur lʹenvironnement, au premier rang desquels les émissions
de gaz à effet de serre, mais aussi de polluants contribuant à la dégradation de la
qualité de lʹair ou de déchets radioactifs. Il convient donc de mettre la politique de
lʹénergie au service de la lutte contre les risques de changement climatique et de veiller
à ce que les risques du secteur nucléaire soient correctement gérés.
4. Garantir la cohésion sociale et territoriale en assurant lʹaccès de tous à lʹénergie.
Lʹénergie fait partie des biens de première nécessité. Il importe donc que la politique
énergétique permette à chacun et notamment aux plus démunis dʹaccéder à une source
dʹénergie de qualité et à un prix compétitif.
Afin dʹatteindre ces objectifs, quatre principaux axes dʹactions ont été identifiés dans la loi de
programme précitée :
- Maîtriser la demande dʹénergie, grâce à de nombreuses mesures et programmes
mobilisateurs, notamment un dispositif de certificats dʹéconomie dʹénergie, des normes
et réglementations, ainsi quʹune fiscalité incitative,
- Diversifier les sources dʹapprovisionnement énergétique, en accroissant lʹusage des
énergies renouvelables, en maintenant lʹoption nucléaire ouverte et, de façon générale,
en développant un appareil de production dʹénergie performant,
- Développer la recherche dans le domaine de lʹénergie, parce quʹil sʹagit dʹun impératif
pour relever les défis du long terme, par exemple pour les bioénergies, la voiture
propre, les bâtiments à basse consommation, le solaire, la captation et le stockage
souterrain du CO2, le nucléaire de 4ème génération, les réseaux électriques intelligents,
- Assurer des moyens de transport et de stockage de lʹénergie adaptés aux besoins,
notamment pour garantir la qualité de la fourniture dʹélectricité, conforter la sécurité
des réseaux électrique et gazier et, de façon générale, améliorer la sécurité
dʹapprovisionnement de la France.
1.3.3 La promotion des économies d’énergie et des énergies renouvelables.
Le crédit dʹimpôt en faveur des économies dʹénergie et des énergies renouvelables a été créé dès le 1er
janvier 2005 puis renforcé dès 2006 (crédit existant toujours à la rédaction de ce manuscrit). Le taux du
crédit dʹimpôt a été majoré pour passer :
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- de 40 % à 50 % pour les équipements de production dʹénergie utilisant une source
dʹénergie renouvelable et certaines pompes à chaleur ;
- de 25 % à 40 % pour les chaudières à condensation et les matériaux dʹisolation
thermique sous certaines conditions.
Cette procédure a connu un grand succès puisque le marché du solaire pour le chauffage ou la
production dʹeau chaude sanitaire a connu une progression spectaculaire (le seuil de 150 000 m2 de
capteurs solaires posés en 2006 a été franchi) [I‐6].
Un nouveau dispositif de certificats dʹéconomies dʹénergie a été mis en place en 2006. Son principe
repose sur une obligation de réalisation dʹéconomies dʹénergie imposée par les Pouvoirs publics sur
une période donnée aux vendeurs dʹénergie (électricité, gaz, chaleur, froid et fioul domestique). Un objectif
dʹéconomie de 54 TWh a été fixé pour la période allant du 1er juillet 2006 au 30 juin 2009.
Figure I‐6. Nombre d’installations photovoltaïques en Midi‐Pyrénées [I‐7].
Pour les énergies renouvelables, plusieurs programmes complémentaires de soutien ont été mis en
place comme des systèmes dʹobligation dʹachat de lʹélectricité produite par les centrales de moins de
12 MW, par EDF et les autres distributeurs dʹélectricité. Ces mesures ont donné un nouvel essor à des
filières intéressantes, telles que lʹélectricité produite par lʹénergie photovoltaïque.
2. L’énergie solaire photovoltaïque. L’électricité peut être produite à partir d’énergies primaires variées. Les choix de ces sources d’énergie
sont cruciaux dans la lutte contre le changement climatique alors que les deux tiers de la production
mondiale d’électricité sont issus des énergies fossiles, première cause des émissions de gaz à effet de
serre. Pour autant, ces ressources ne sont pas interchangeables, elles ont chacune leur spécificité, leur
impact et leur utilité.
6 510 14 13
20
42
184
0
20
40
60
80
100
120
140
160
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200
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
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2.1 Généralités sur le photovoltaïque. Lʹénergie solaire photovoltaïque provient de la conversion de la lumière du soleil en électricité au sein
de matériaux semi‐conducteurs comme le silicium ou recouverts dʹune mince couche métallique. Ces
matériaux photosensibles ont la propriété de libérer leurs électrons sous lʹinfluence dʹune énergie
extérieure : cʹest lʹeffet photovoltaïque. Lʹénergie est apportée par les photons qui heurtent les
électrons et les libèrent, induisant un courant électrique.
Lʹélectricité produite est disponible sous forme dʹélectricité directe ou stockée en batteries (énergie
électrique décentralisée) ou en électricité injectée dans le réseau. Un générateur solaire photovoltaïque
est composé de modules photovoltaïques eux‐mêmes composés de cellules photovoltaïques
connectées entre elles. Les performances dʹune installation photovoltaïque dépendent de lʹorientation
des panneaux solaires et des zones dʹensoleillement dans lesquelles ils se trouvent, à travers
l’irradiation auxquels ils sont soumis.
Lʹénergie solaire offre de multiples avantages :
- La production de cette électricité renouvelable nʹémet pas de gaz à effet de serre,
- La lumière du soleil étant disponible partout, lʹénergie photovoltaïque est exploitable
aussi bien en montagne dans un village isolé que dans le centre dʹune grande ville, et
aussi bien dans le Sud de la France que dans le Nord,
- Lʹélectricité photovoltaïque peut être produite au plus près de son lieu de
consommation, de manière décentralisée, directement chez lʹutilisateur. De plus un
système photovoltaïque est un moyen de produire de lʹélectricité renouvelable
facilement accessible au particulier.
Les systèmes photovoltaïques sont extrêmement fiables car relativement simples du point de vue
technologique à mettre en œuvre : aucune pièce mécanique nʹest en mouvement, les matériaux
employés (verre, aluminium) résistent aux pires conditions climatiques (notamment à la grêle), les
onduleurs de fortes puissances sont robustes. La durée de vie dʹun capteur photovoltaïque est ainsi de
plusieurs dizaines dʹannées, d’ailleurs souvent garantie en productible au‐delà de 25 ans.
Lʹénergie photovoltaïque est totalement modulable et peut donc répondre à un large éventail de
besoins. La taille des installations peut aussi être augmentée par la suite afin de suivre lʹévolution des
besoins ou des moyens financiers de son propriétaire.
2.2 Applications actuelles. Marquée par une grande variété permise par les caractéristiques intrinsèques de la technologie des
cellules photovoltaïques, la longue liste des applications du photovoltaïque peut être divisée en deux
grandes catégories : Les applications autonomes, c’est‐à‐dire non‐raccordées à un réseau électrique
(apparues les premières) et les les applications raccordées au réseau public de distribution d’électricité.
2.2.1 Applications autonomes : sites isolés. De plus en plus d’applications terrestres (ie. on exclue ainsi les satellites artificiels pour lesquels le
photovoltaïque constitue la seule source d’énergie qui réponde à toutes les contraintes ainsi que les appareils
portables, aujourd’hui calculettes et montres, demain téléphones et micro‐ordinateurs) ne sont pas ou ne
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peuvent pas être reliées au réseau public de distribution car il est techniquement trop complexe
d’étendre le réseau jusqu’à elles (en zone montagneuse par exemple) ou parce que le coût d’une telle
opération n’est pas justifié par rapport à d’autres solutions existantes. Ces sites sont appelés « sites
isolés ». Pour autant, il est souvent indispensable d’avoir accès à l’électricité afin d’assurer
quelques services de base tels que l’éclairage, la production de froid, ou encore l’alimentation d’un
poste de radio. Ces sites peuvent alors êtres alimentés en électricité par l’énergie solaire
photovoltaïque.
a.
b.
Figure I‐7. Exemple d’applications autonomes :
a. Application professionnelle – b. Electrification rurale des sites isolés.
De ce fait, les applications autonomes terrestres sont séparées en deux domaines distincts :
- les applications « professionnelles », relais de télécommunications, balises maritimes ou
aéroportuaires, signalisation routière, bornes de secours autoroutières, horodateurs de
stationnement, etc.)
- l’électrification rurale des sites isolés, habitat dispersé, refuges, dispensaires et écoles dans
les pays en voie de développement, ...
2.2.2 Applications raccordées au réseau.
La plupart des bâtiments en France métropolitaine sont raccordés au réseau public de distribution :
l’électricité est disponible en permanence à un niveau de puissance choisi par le consommateur.
L’installation d’un système photovoltaïque dans ce cas ne répond donc pas à un impératif
d’électrification, mais au projet personnel du propriétaire du site qui désire améliorer son bilan
énergétique. Ce dernier permet d’étudier tous les postes de consommation et de production d’énergie
d’un lieu, bâtiment, famille, organisme... Le bilan sert souvent à optimiser et réduire la consommation
afin de faire des économies d’énergie de son bâtiment en produisant une électricité renouvelable. Le
bâtiment, autrefois enveloppe passive, devient actif et producteur d’énergie. Ainsi, en période
d’ensoleillement, une partie de l’électricité consommée pourra provenir du système photovoltaïque.
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Figure I‐8. Exemple d’application raccordée réseau : l’usine TENESOL de Toulouse.
2.3 Enjeux et perspectives.
2.3.1 Marché.
Le potentiel de la production dʹélectricité photovoltaïque est quasi illimité. Un calcul théorique montre
que la couverture de 0,6 % du territoire national, soit un carré de 56 km de côté constitué de 30
millions de panneaux de 100m², suffirait à assurer la consommation totale dʹélectricité du pays (1000
heures dʹensoleillement en moyenne). En extrapolant, un carré de 200km en plein désert du Ténéré (3800
heures dʹensoleillement par an) suffirait à satisfaire les besoins en énergie électrique de notre terre.
Si ce scénario est purement théorique, le scénario retenu par lʹUnion Européenne est de 1000 TWh
dans le monde en 2030 en photovoltaïque. Si la France contribue au photovoltaïque au prorata de sa
contribution à la production dʹélectricité dans le monde, soit environ 2 à 3% de la production
mondiale, il faudrait donc, à partir des moyennes de performances techniques constatées aujourdʹhui
et attendues dans un futur proche, installer une surface de panneaux solaires de 100 km², pour un coût
de 50 à 100 milliards dʹEuros.
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Figure I‐9. Evolution de la production mondiale de modules photovoltaïques comparée à la
capacité de production théorique [I‐8].
La croissance du marché photovoltaïque mondial a été de plus de 115% en 2006. Ainsi, si en France, le
solaire reste une industrie encore relativement marginale, le marché est en train dʹémerger.
En France, le photovoltaïque sera compétitif par rapport à lʹélectricité vers 2020. En effet le ʺ sweet‐
spot ʺ où son prix rejoint celui de lʹélectricité nucléaire sera atteint vers 2015‐2020. Le marché du
photovoltaïque est une opportunité inespérée pour lʹindustrie française, car :
- il y a une nécessité énergétique,
- le marché du photovoltaïque sera cent fois plus important vers 2030 (300 GWp et un CA
annuel de 450 milliards dʹeuros),
- le marché représente un gros gisement dʹemplois non délocalisables pour la plupart
(installateurs, par exemple),
- les acteurs français sont certes encore peu nombreux mais présents et en ordre de
marche.
Cependant, lʹimpact de cette filière sur lʹéconomie, en termes de compétitivité par rapport à
lʹélectricité, ne sera visible quʹà lʹhorizon de 2020 [I‐9].
2.3.2 Acteurs.
Il existe une cinquantaine dʹentreprises évoluant sur ce marché, dont les plus connues sont : Photowatt
(fournissant 50% des modules photovoltaïques), Tenesol, Apex BP Solar, Apollon Solar, Emix, Axun, Aexis
Energie, Lafarge, Total, etc.
Le Livre Blanc de lʹUnion Européenne a recommandé dʹatteindre 500 000 toits solaires en Europe en
2010, un volume dʹactivité qui représenterait près de 60 000 emplois. La filière photovoltaïque
représente aujourdʹhui en Europe près de 15 000 emplois et un chiffre dʹaffaires de lʹordre du milliard
dʹEuros. Lʹobjectif du Livre blanc de 3 000MWc installés en 2010 est quant à lui dʹores et déjà dépassé :
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
4000
4500
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Production
Capacité de production
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15
les 3 400MWc ont été atteints au mois dʹavril 2008. LʹAllemagne est le premier pays européen en
termes de MW installés avec 1150 MWc comptabilisés à la fin de 2006.
Figure I‐10. Parts de marché en 2007 des constructeurs de cellules photovoltaïques.
Les prévisions les plus prudentes prévoient de lʹordre de 2 500 nouveaux emplois en France dans cette
filière en 2010 contre 1 800 aujourdʹhui. Cependant, il y a de fortes chances pour que ce chiffre soit
multiplié par 4 ou 5 si certains projets industriels voient le jour.
2.4 Le photovoltaïque comparé aux autres énergies.
L’électricité peut être produite à partir d’énergies primaires variées. Les choix de ces sources d’énergie
sont cruciaux dans la lutte contre le changement climatique alors que les deux tiers de la production
mondiale d’électricité sont issus des énergies fossiles, première cause des émissions de gaz à effet de
serre. Pour autant, ces ressources ne sont pas interchangeables, elles ont chacune sa spécificité, son
impact et son utilité. En outre, la palette des choix doit faire une large part à l’efficacité énergétique,
premier vecteur de baisse des émissions de CO2. La figure I‐7 présente une comparaison des énergies
primaires existantes.
3. L’intégration du photovoltaïque au bâtiment.
3.1 Positionnement du problème.
Le système photovoltaïque est l’interface entre l’usager et la ressource. Il “met en forme” l’énergie
captée par les modules photovoltaïques selon les types d’applications. Dans le cas des systèmes
intégrés au bâtiment, en plus d’une association de modules, un onduleur permet de convertir le
courant continu en courant alternatif pour une utilisation sur le réseau électrique. L’usager peut alors
consommer l’énergie qu’il produit, indifféremment, pour des applications spécifiques comme
l’alimentation d’une climatisation, ou la réinjecter dans le réseau électrique si, par exemple, les
conditions de rachat par l’exploitant du réseau lui sont favorables.
Q‐Cells (D)16%
Sharp (JPN)15%
Kyocera (JPN)9%
Sanyo Electric (JPN)7%Deutscge CellSolar
World (D, USA)6%
Scancell (NOR)6%
Mitsubishi Elec. (JPN)5%
First Solar (USA, D)
5%
Isofoton (ESP)4%
Schott Solar (D, USA)
3%
Autres (>50)24%
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16
SOURCE D'ENERGIE
Puissance unitaire des unités de production
Part de la Production mondiale en
2005
Usage dans le système électrique
Atouts Contraintes
ENERGIES FOSSILES : 66,5% de la production mondiale d'électricité
CHARBON 250 à 800MW 40,20% Base
Semi‐Base
‐ Le plus abondant ‐ Bien réparti géographiquement ‐ Stockable ‐ Facile à exploiter ‐ Puissance ‐ Flexible
‐ Pondéreux ‐ Risques liés à l'exploitation minière ‐ Polluant (SO2, Nox, Etc…) ‐ Prix fluctuants
PETROLE (Fioul lourd)
40 à 800MW 6,60% Semi‐Base Pointe
Extrême pointe
‐ Facile à exploiter et à transporter ‐ Démarrage rapide ‐ Puissance ‐ Flexible et réactif
‐ Epuisable dans le demi‐siècle ‐ Polluant ‐ Risque de pollution ‐ Répartition géographique ‐ Versatilité des prix
GAZ 40 à 800MW 19,70%
Base Semi‐Base
Pointe sur base courte
‐ Facile à exploiter ‐ Peu polluant ‐ Puissance ‐ Flexible et réactif
‐ Transport en réseau ‐ Prévention du risque explosif ‐ Répartition géographique ‐ Versatilité des prix
Toute Tep fossile utilisée est définitivement enlevée aux générations futures
ENERGIE NUCLEAIRE : 15,0% de la production mondiale d'électricité
FISSION NUCLEAIRE (Uranium)
900 à 1400MW 15,00% Base
Semi‐Base
‐ Production de masse ‐ Réserves d'uranium importantes ‐ Faible part du coût combustible ‐ Faible occupation des sols
‐ Gestion des déchets ‐ Besoin d'un bon niveau de développement technologique et sociétal du pays ‐ Contrôle du niveau de sureté ‐ Acceptabilité
Principale énergie substituable aux énergies fossiles sous condition d'acceptabilité
ENERGIES RENOUVELABLES : 18,5% de la production mondiale d'électricité (2,44% hors hydraulique)
HYDRAULIQUE 250 à 800MW 16,60% Base
Semi‐Base
‐ Faible taux de CO2 ‐ Démarrage très rapide ‐ Faible coût d'exploitation ‐ Puissance
‐ Contrainte géographique ‐ soumis aux aléas climatiques ‐ impact sur l'écosystème ‐ Acceptabilité
EOLIEN 0,2 à 5MW 0,60% Fonction du vent!‐ Faible taux de CO2 ‐ Puissance
‐ Contrainte géographique ‐ Production intermittente ‐ Acceptabilité
SOLAIRE PHOTOVOLTAIQUE
100MW 0,03% Décentralisé ‐ Faible taux de CO2 ‐ Intégrable à l'habitat
‐ Coût des cellules ‐ Diurne uniquement (ou batteries) ‐ Espace occupé par les centrales au sol ‐ Puissance très faible
BIOMASSE Jusqu'à 500MW 1% Base
Semi‐Base
‐ Renouvelable si replantation ‐ Abondante ‐ Substitution aux ressources fossiles ‐ Solution déchets ‐ Puissance
‐ Emission si l'on ne replante pas pour compenser ‐ Arbitrage agriculture pour énergie/nourriture ‐ Polluant localement
GEOTHERMIE
0,3 Base ‐ Non polluant ‐ Contrainte géographique ‐ Difficultés techniques
Energies non émettrices de GES, substituables sous condition de disponibilité, d'acceptabilité de maturité technique et économique
Figure I‐7. Comparaison des énergies primaires existantes.
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17
Derrière la simplicité apparente du dispositif, l’optimisation du critère performance/intégration est
aujourd’hui privilégiée. Elle garantit en toute sécurité, à la fois à l’utilisateur et à l’exploitant du
réseau, une production d’électricité solaire annuelle, et donc un retour sur investissement, tout en
favorisant les solutions d’intégration qui permettent de substituer les panneaux photovoltaïques à
d’autres éléments du bâtiment (tuiles, parapets, éléments décoratifs de façades…), diminuant ainsi le coût
global du système installé. Des architectures et des intégrations qui préservent les orientations du
générateur photovoltaïque en face sud seront ainsi privilégiées.
3.2 Axes de recherche communément admis.
Les axes de recherche et de développement portant sur les systèmes intégrés au bâtiment visent
principalement la baisse des prix de revient et l’élargissement des services rendus. Cette diminution
des prix s’obtient en jouant sur le couple coûts/performances des composants constituant le système
mais aussi sur des facteurs plus globaux d’architecture de ces systèmes, de gestion des flux d’énergie
et de procédés d’intégration.
Dans l’ordre d’importance des coûts d’investissement initiaux d’un système photovoltaïque intégré à
l’habitat, en toiture par exemple, c’est‐à‐dire à la place des tuiles, le générateur photovoltaïque
représente en moyenne 60%, l’onduleur 10 à 15%, les autres composants électroniques de sécurité et
de suivi 10%, l’intégration représentant en moyenne 20% du coût global et pouvant atteindre 50%
pour les cas les plus difficiles. La substitution des tuiles par des modules photovoltaïques permet de
réduire de 10 à 30% le coût global.
La recherche sur les modules photovoltaïques a des retombées directes sur les coûts des systèmes
connectés au réseau tant en termes d’augmentation des performances et du rendement de conversion
des cellules (plus de puissance pour un prix constant), qu’en termes de diminution des prix de production
en travaillant sur les procédés de fabrication (module photovoltaïque moins cher à puissance équivalente). Il
est raisonnable aujourd’hui d’estimer qu’il existe une marge de gain permettant de réduire de 30% le
coût d’un système complet.
Sur les autres composants, il s’agit de minimiser les pertes de conversion. Les onduleurs dits solaires
sont bien plus performants que les onduleurs standards. Leur rendement dépasse 95% pour une
consommation à vide de quelques pourcents de leur puissance nominale, alors que le rendement des
onduleurs pour alimentation sans interruption dépasse à peine 80% pour une consommation à vide
supérieure d’un ordre de grandeur. Le prix est en conséquence.
3.3 Moyens d’action et réponses techniques envisagées.
Dans le cas des systèmes complets, les principaux leviers technologiques qui guident les actions de
recherche sont essentiellement de trois ordres :
3.3.1. L’intégration des systèmes au réseau électrique.
Le premier levier correspond à l’intégration des systèmes au réseau électrique. À court et moyen
terme, c’est l’un des moyens d’action les plus efficaces. Les recherches consistent à développer des
dispositifs électroniques de conversion assurant une qualité de connexion au réseau irréprochable,
permettant au système de se déconnecter automatiquement en cas de défaillance, afin de ne pas
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
18
maintenir en tension la branche du réseau auquel il est raccordé. Elles visent aussi à utiliser au mieux
les flux d’énergie de tous les composants, en tentant de faire produire les modules photovoltaïques au
plus près de leur puissance maximale, de concevoir des onduleurs ayant des rendements élevés sur
des plages de rayonnement élargies. Vue du côté de l’exploitant du réseau électrique, la généralisation
massive de ce type de générateurs sur le réseau électrique constitue une crainte vis‐à‐vis de la gestion
de la qualité du réseau (délestage, tension et fréquence). Ceci n’est pas spécifique à l’électricité solaire
mais revêt une importance particulière avec l’avènement de sources d’énergie décentralisées de nature
différente (éolien, hydraulique, solaire, microturbines, groupes électrogènes, etc…) et de petite taille (de
quelques kW à quelques MW). Des projets européens, visant à développer de nouveaux concepts de
réseaux de distribution électrique, ont démarré dès l’année 2000. Ces nouveaux concepts seraient un
peu à l’image de ce qu’est l’Internet pour le secteur des télécommunications : tout le monde pourrait
se connecter n’importe où et n’importe quand. Cela passe non seulement par une meilleure
connaissance de la fiabilité du système et la mise en place de dispositifs de communication, de
surveillance et d’aide à l’utilisateur, mais aussi par une certaine standardisation des composants et
une approche d’assurance qualité et de normalisation de plus en plus présente.
3.3.2. L’intégration à l’habitat.
Le deuxième levier concerne l’intégration à l’habitat. À moyen terme, cette solution semble la plus
prometteuse. Il s’agit, par exemple, de réduire les phases d’installation grâce à des dispositifs
permettant à l’industrie du bâtiment de s’approprier le générateur photovoltaïque comme un
composant à part entière d’une habitation, tant pour le neuf que pour la rénovation. Une étude de
l’Agence internationale de l’énergie (AIE) montre que le potentiel d’intégration sur toiture des
systèmes photovoltaïques (où la surface totale des toits serait équipée d’un générateur photovoltaïque
respectant le compromis performance/architecture) est de l’ordre de 30 à 40 % pour les différents pays
européens, préfigurant ce que pourrait être un urbanisme solaire à l’échelle d’une ville ou d’une zone
d’aménagement complète.
3.3.3. L’architecture globale du système dans son environnement.
Le troisième levier s’exerce sur l’architecture globale du système dans son environnement. C’est
certainement le point le plus innovant, qui donnera le jour à des produits dont l’architecture sera
éloignée de celle des premiers systèmes. Les recherches consistent à combiner les différentes solutions
apportées par les systèmes photovoltaïques (toitures mais aussi brise soleil, vérandas ayant des impacts sur
le confort thermique et l’ambiance lumineuse du bâtiment dans son ensemble). La mise en œuvre de
méthodes de gestion globales au bâtiment, tant au niveau de son enveloppe externe que de son
confort interne, et de méthodes “prédictives”, c’est‐à‐dire visant à prévoir l’état futur des ressources
ou du système, constitue aujourd’hui un axe important des études menées dans le monde. Des
produits de plus en plus diversifiés sont en cours de développement pour permettre une intégration
plus simple et modulaire dans les bâtiments : tuiles, ardoises ou couvertures “solaires”, fenêtres de
toit ou de façade semi‐transparentes, et même des composants multifonctionnels assurant
simultanément une ou plusieurs des fonctions telles que rigidité mécanique du bâtiment, isolation,
protection solaire, climatisation, communication, captation de l’énergie thermique et production
d’électricité photovoltaïque.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
19
Aujourd’hui, l’optimum technico‐économique d’un système mixte thermique‐photovoltaïque, c’est‐à‐
dire capable de produire à la fois de la chaleur et de l’électricité, est constitué de la mise en place d’un
dispositif solaire thermique à côté d’un dispositif photovoltaïque. Un tel système occupe donc plus de
place.
3.4 Structuration d’une chaîne classique de conversion.
L’architecture distribuée est une vision utilisée depuis de nombreuses années dans le domaine
informatique ; pour cette application, on assiste depuis longtemps déjà à une opposition entre deux
types dʹarchitectures : celle dite centralisée et celle dite distribuée. Les deux types d’architecture ont
chacune des propriétés propres intéressantes qui les destinent à des applications différentes :
‐ Lʹarchitecture centralisée possède un noyau central fort autour duquel tous les
périphériques sont regroupés (ou centralisés). Ce noyau central exécute la plupart
des actions. Le principal avantage de cette architecture est sa facilité
dʹadministration.
‐ Lʹarchitecture distribuée, elle, possède un noyau central faible associé à une plus
grande autonomie des périphériques. Cette architecture a lʹavantage de permettre
une plus grande souplesse d’utilisation et des modes de fonctionnement parallèles
qui peuvent être complexes.
En simplifiant, nous pouvons opposer lʹarchitecture centralisée avec un maximum de fonctions
assurées par un noyau central à lʹarchitecture distribuée ayant plusieurs noyaux dédiés à des fonctions
spécifiques se répartissant le plus possible dans l’espace et le temps. Le coût de lʹune ou lʹautre
architecture varie suivant le domaine. En règle générale, si les périphériques ne sont pas utilisés à
plein temps (par exemple, une imprimante), lʹarchitecture centralisée est plus économique (on suppose
alors que tous les périphériques ne sont jamais utilisés tous en même temps). Dans d’autres cas (carte vidéo,
réseau de PC), cʹest lʹarchitecture distribuée qui est la plus économique (un gros ordinateur coûte plus cher
que 10 petits ordinateurs 10 fois moins puissants).
Une analogie peut être envisagée entre la gestion de l’architecture distribuée en informatique et celle
appliquée à la gestion de l’énergie photovoltaïque [I‐10, I‐12]. Pour cela, il suffit de constater que la
défaillance d’une seule cellule d’un module photovoltaïque entraîne, dans le cas d’une gestion
centralisée effectuée à l’aide d’un seul convertisseur statique (onduleur), une forte diminution de
production d’énergie correspondant à une grande partie du générateur photovoltaïque (GPV), voire la
totalité dans des cas d’ombrages partiels.
Ce point de faiblesse bien que bien connu dans le passé, n’est toujours pas vraiment résolu
principalement pour des questions de coûts prohibitifs des solutions à mettre en œuvre par rapport au
gain énergétique potentiel attendu. Pourtant, l’idée de rendre indépendants des groupes de cellules
les uns par rapport aux autres se précise d’année en année au fur et à mesure des prises de consciences
faits sur des sources PV existantes et les limites de productions réelles que cela impacte sur toute la
durée de vie de ces générateurs [I‐18]. En parallèle, l’industrie de la micro‐électronique et les
évolutions permanentes des organes de gestion (microprocesseurs, microcontrôleurs, FPGAs, …) permet
de plus en plus la réalisation d’étages d’adaptation fiables, à haut rendement, avec des durées de vie
prolongées et des coûts relativement bas.
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20
Les constructeurs envisagent ainsi de multiplier le nombre de diodes‐bypass afin d’isoler un groupe
de cellules de plus en plus petit. Ainsi, en cas de défaillance, cela permet de limiter les pertes de
production PV en isolant le minimum de cellules et uniquement celles qui sont autour du défaut. Cela
localise le plus possible le problème tout en limitant les pertes énergétiques.
En poussant la réflexion à l’extrême pour un GPV donné et dans l’idéal pour une production PV
optimale, l’utilisation d’une architecture distribuée associée à un gestionnaire d’énergie adéquat,
gérerait non seulement la présence de défaillances réparties avec un impact plus réduit sur l’ensemble
du système, mais également une production maximisée de l’énergie PV avec une gestion au plus près,
indépendante pour chaque groupement et, globalement, un transfert de puissance optimal avec un
minimum de pertes. Ainsi, des étages d’adaptation de faible puissance devraient être répartis au plus
près sur chaque groupe de cellules et permettre d’optimiser la production d’énergie avec un transfert
de puissance le plus transparent possible.
Pour cela, la division du générateur PV en petits groupes indépendants, possédant chacun un étage
d’adaptation avec son propre gestionnaire d’énergie, permet d’optimiser sa puissance délivrée en
fonction de ses caractéristiques propres (différences de caractéristiques, vieillissement des cellules, effets
d’ombrage et des salissures). Même si certaines cellules comportent des défauts qui peuvent changer
leurs caractéristiques électriques au cours du temps, l’étage d’adaptation pourra ainsi exploiter au
maximum l’énergie disponible du groupe de cellules traité. Du point de vue du GPV, c’est le cas idéal.
La mise en œuvre d’une telle stratégie nécessite une architecture complexe ayant un grand nombre de
composants électroniques aptes à transférer plusieurs niveaux de puissance sans trop de pertes.
Cependant, le surcoût d’une telle architecture a jusque‐là arrêté tous les projets de développement
dans ce sens.
Les travaux engagés par le laboratoire ont pour objectif d’évaluer les bénéfices potentiels, en termes de
gain énergétique, à distribuer les étages de gestion. Nous présentons pour cela notre approche
concernant le développement des étages d’adaptation faible puissance pour la mise en œuvre d’une
gestion de l’énergie générale distribuée. Une grande partie de ces études a été conduite
systématiquement à l’optimisation des différents organes de l’étage d’adaptation afin de finalement
développer des prototypes performants nous permettant de réaliser des validations expérimentales.
4. Discrétisation des chaînes de conversion
4.1 Structuration d’une chaîne classique de conversion. 4.1.1 Connexion directe d’un générateur photovoltaïque à une charge.
La connexion directe d’un panneau solaire photovoltaïque à une charge reste actuellement le principe
de fonctionnement le moins cher et finalement le plus répandu, dans la mesure où la charge accepte
bien la connexion directe au générateur de puissance continue qu’est le panneau solaire.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
21
Figure I‐8. Connexion directe d’un générateur photovoltaïque à une charge.
En effet, le générateur photovoltaïque est une source d’énergie continue qui ne peut être connectée à
une charge alternative que via un étage d’adaptation de type onduleur. L’inconvénient majeur de cette
connexion est sa dépendance directe entre la puissance fournie par le générateur et la charge. En effet,
la puissance fournie par le module photovoltaïque résulte de l’intersection entre la caractéristique I(V)
du générateur photovoltaïque et celle de la charge (Figure I‐9) : la puissance transmise directement à
une batterie ou une charge résistive de type lampe ou bien même un moteur n’est pas toujours
effectuée à la puissance maximale PMAX que peut fournir le panneau solaire, autrement appelé Point de
Puissance Maximal (PPM).
Figure I‐9. Caractéristiques électriques d’un générateur photovoltaïque en connexion directe
Générateur Photovoltaïque‐Charge.
La solution la plus utilisée actuellement est de créer généralement un générateur photovoltaïque par
association de cellules pour obtenir une puissance nominale donnée proche de celle nécessaire pour
l’utilisation. Cette solution est valable pour les charges continues de type batterie, recueillant le courant
photovoltaïque sous des tensions proches de la tension optimale Vopt du panneau solaire.
Une autre application directe est le pompage d’eau « au fil du soleil ». Dans ce cas, on garantit
statistiquement la coïncidence du point de puissance maximale PPM du générateur avec les besoins
optimaux de la charge. Toutefois, les pertes de ce genre d’association peuvent aller de 5% à 30% selon
les gisements solaires et l’état des charges.
Générateur Photovoltaïque
(GPV)
Charge DC Diode Anti-Retour
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
22
Pour augmenter la production d’un générateur photovoltaïque, on trouve de plus en plus d’étages
d’adaptation entre le panneau et la charge, dans le but d’optimiser le transfert de puissance. Ces
étages présentent certes l’inconvénient d’un surcoût par rapport à la connexion directe qui ne
nécessite qu’une simple diode. Mais leur utilisation est motivée par de nombreuses études montrant
une réduction du prix du kWh produit par ce type de générateur photovoltaïque. Ceci passe par une
augmentation du rendement, et pourrait s’effectuer par une augmentation de l’énergie transmise du
générateur photovoltaïque à la charge par l’intermédiaire de gestionnaires appropriés.
Aujourd’hui, on peut trouver deux types d’étages d’adaptation électroniques distincts commercialisés.
Le premier type permet de connecter le générateur photovoltaïque à une charge continue telle qu’une
batterie. Il fait appel à des convertisseurs DC‐DC plus communément connus sous l’appellation
d’hacheurs ou de régulateurs. Ce type d’architecture est la plupart du temps utilisé pour un
fonctionnement en site isolé (hors réseau, off‐grid en anglais). Cela permet de couvrir les besoins
énergétiques d’une résidence ne disposant pas d’une connexion au réseau électrique public ou de
satisfaire les critères d’augmentation d’autonomie dans les applications portables, les transports et le
spatial.
On notera que, dans certaines configurations, l’utilisation d’étages de connexion est obligatoire car les
caractéristiques de la charge ne sont pas compatibles avec la forme d’électricité produite par un
générateur photovoltaïque. C’est le cas de toutes les charges ayant besoin de tensions alternatives, où
l’on fait appel à un second type d’architecture permettant d’effectuer une conversion continu‐
alternatif (DC‐AC). Ainsi, cette dernière permet d’injecter tout ou partie de l’énergie photovoltaïque
produite dans un réseau de distribution.
4.1.2 Connexion générateur photovoltaïque-charge via un étage
d’adaptation continu-continu. Les panneaux solaires de première génération sont généralement dimensionnés pour que leurs PPM
correspondent à la tension nominale de batterie de 12 ou 24 Volts. Grâce à cette configuration, une
simple connexion directe via une diode anti‐retour suffit à effectuer le transfert d’énergie du
générateur photovoltaïque à la charge. Cependant, les caractéristiques non‐linéaires du module et sa
sensibilité aux conditions extérieures, comme l’éclairement et la température, induisent des pertes
énergétiques. L’utilisation d’un étage d’adaptation afin d’optimiser la production d’énergie à tout
moment est ainsi de plus en plus préconisée.
Figure I‐10. Chaîne de conversion photovoltaïque avec convertisseur DC/DC contrôlé par une
commande MPPT sur une charge continue [I‐12].
Générateur Photovoltaïque
(GPV)
Charge DC
Commande
MPPT VPV
IPV
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
23
Diverses architectures ont ainsi été mises au point pour améliorer la production d’un GPV, en
particulier au LAAS‐CNRS, à travers plusieurs thèses ; nous rappellerons par la suite divers principes
de fonctionnement des étages d’adaptation ainsi que des éléments électroniques qui les composent.
‐ Principe de fonctionnement d’un étage d’adaptation DC‐DC.
La Figure I‐10 présente le schéma de principe d’un module photovoltaïque doté d’un étage
d’adaptation continu‐continu (DC‐DC) entre le générateur photovoltaïque et la charge de sortie. Cette
structure correspond à un système plus communément appelé système autonome. Il permet le plus
souvent d’alimenter une batterie servant de stock d’énergie ou une charge qui ne supporte pas les
fluctuations de tension (ballast,…). Cet étage d’adaptation dispose d’une commande MPPT (Maximum
Power Point Tracking) qui lui permet de rechercher le PPM que peut fournir un panneau
photovoltaïque. L’algorithme de recherche MPPT peut être plus ou moins complexe en fonction du
type d’implantation choisi et des performances recherchées. Cependant au final, tous les algorithmes
performants doivent jouer sur la variation du rapport cyclique du convertisseur de puissance associé.
De nombreuses recherches sur les commandes MPPT ont été effectuées afin de trouver un système
optimal permettant une recherche de PPM selon l’évolution de la puissance fournie par le générateur
photovoltaïque [I‐13, I‐14]. Les commandes MPPT développées au LAAS, par exemple, sont toutes
basées sur une commande extrémale (de type Perturb & Observe, P&O) et utilisent le rapport cyclique
du convertisseur de puissance (CS) pour appliquer une action de contrôle adéquate sur l’étage et pour
suivre l’évolution au cours du temps du PPM [I‐15, I‐17]. Un grand nombre de ces commandes ont
l’avantage d’être précises et d’avoir une grande rapidité de réaction mais souffrent encore d’un
manque d’optimisation de leur algorithme parfois trop complexe et consommant alors trop d’énergie.
‐ Travaux antérieurs effectués au LAAS‐CNRS.
Les travaux réalisés par Angel Cid‐Pastor, dans le cadre de sa thèse sur la conception et la réalisation
de modules photovoltaïques électroniques à l’échelle de 100Wc ont montré le bénéfice à utiliser un
étage d’adaptation électronique par rapport à une utilisation d’une simple connexion directe par
diode anti‐retour [I‐11]. Un exemple de résultats de ses travaux est consigné en Figure I‐11 et
représente la superposition des rendements MPPT des deux types de connexion.
Figure I‐11. Comparaison du rendement MPPT pour une connexion directe (Diode)
et à l’aide d’un étage d’adaptation de type Boost avec MPPT (MPVE) [I‐11].
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
24
On constate ainsi que le rendement MPPT ηMPPT de l’étage d’adaptation avec fonction MPPT est
toujours supérieur à celui de la diode. De plus, le ηMPPT de l’étage est indépendant du niveau tension
de la batterie, contrairement au cas d’une connexion directe.
Bien que ces étages d’adaptation dimensionnés à l’échelle d’un panneau constitués de 18 à 40 cellules
en série représentent aujourd’hui un progrès important en termes de gain énergétique (de 5% à 10%),
des problèmes d’optimisation persistent à l’échelle de la cellule. Ainsi, un des problèmes présentés par
ce système est qu’en cas d’ombrage total ou partiel d’une partie du GPV, une grande partie des
cellules connectées à l’étage d’adaptation ne peut plus produire de puissance. Ainsi, si l’ombrage
concerne une seule cellule, la diode by‐pass en antiparallèle condamne la production de l’ensemble
des cellules autour du défaut, soit de 12 à 18 cellules. De plus, lorsque le GPV possède plusieurs
diodes‐bypass, et en cas de fonctionnement d’au moins l’une d’entre elles, la commande MPPT de
l’étage d’adaptation est incapable d’identifier le point de puissance maximal optimal de ce système
(problème de présence de plusieurs PPM partiels).
Figure I‐12. Caractéristique PPV(VPV) d’un panneau photovoltaïque et effets d’occultation d’une des
cellules qui composent le module photovoltaïque.
La caractéristique consignée en Figure I‐12 montre l’impact de l’ombrage sur une seule cellule
photovoltaïque, parmi les 36 qui composent le module PV, sur la production de puissance du GPV.
Prenons le cas d’un fonctionnement normal ; on retrouve bien la caractéristique P(V) classique d’un
générateur photovoltaïque (Full PV), avec un PPM au point 1. Mais lorsqu’une cellule du module est
totalement ombragée, la diode by‐pass isole la partie défectueuse du panneau et on ne peut récupérer
au mieux que la moitié de la puissance de fonctionnement normal (PPM en point 4).
Un nouveau problème survient lorsqu’une ou plusieurs cellules sont moins bien éclairées que les
autres. On trouve alors deux PPM distincts sur la caractéristique P(V) du GPV (point 4 et point 2 ou 3
pour des éclairements respectifs de 20 et 35% inférieurs dans une partie du système par exemple). Cette
distorsion de la courbe de puissance perturbe alors l’ensemble des systèmes de recherche du PPM ne
pouvant pas garantir que le GPV fonctionne à son optimum. Au mieux, le système va s’accrocher à un
des PPM sans savoir si c’est le plus productif. Ceci peut aussi entraîner des instabilités sur les
recherches de point de puissance maximal.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
25
Par ailleurs, pour les méthodes de contrôle MPPT basées sur l’estimation du PPM par mesure de la
tension en circuit ouvert VOC ou du courant de court‐circuit ICC, ces algorithmes basés sur les relations
de proportion respectives entre ICC et Iopt, ou bien VOC et VOpt lorsque l’éclairement du GPV est
homogène, deviennent erronés dès lors que les caractéristiques électriques du GPV rentrent dans un
mode dégradé. Pour le cas de la MPPT extrémale du LAAS, qui fonctionne sur le calcul de la dérivée
de la courbe de puissance, une dérivée égale à zéro devrait normalement prouver que nous sommes
bien sur le PPM de fonctionnement. Dans le mode dégradé d’éclairement inhomogène, l’étage
d’adaptation trouvera bien un PPM mais rien ne prouve que ce soit celui qui produit le maximum de
puissance. Ainsi, le système peut croire que le point 4 est le PPM, alors que les cas optimaux sont les 2
ou 3. L’étage d’adaptation ne remplit donc pas tout à fait son rôle de maximisation de transfert de
puissance lorsque le GPV se retrouve en mode dégradé d’ombrage partiel.
En résumé, les perturbations extérieures liées à un éclairement inhomogène et les défauts dans le
matériau des cellules liées au vieillissement peuvent modifier les caractéristiques électriques des
modules photovoltaïques. Ces modifications intempestives et inévitables perturbent donc les
recherches des PPM sur des chaînes de cellules comprenant plusieurs diodes by‐pass. Le contrôle
MPPT peut même engendrer des erreurs sur le PPM le plus productif et donc représenter une perte de
puissance de près de 50% voir plus en cas de défaut d’éclairement inhomogène (point de fonctionnement
4 par rapport au point 2).
Conscient des problèmes de fonctionnement non optimaux en mode dégradé des étages d’adaptation
à l’échelle d’un module commercial ou d’une chaîne de modules, le LAAS a décidé d’effectuer des
recherches sur de nouveaux étages d’adaptation mieux adaptés à la problématique d’ombrage et
d’éclairement inhomogènes. Pour cela, nous avons cherché à savoir si les architectures devaient être
encore plus discrétisées et à quelle échelle de puissance.
4.1.3 Intérêts de la discrétisation.
La gestion globale d’un panneau solaire est importante à considérer afin d’optimiser sa production
énergétique tout au long de sa vie. Une solution envisageable consiste à diviser le panneau en
plusieurs parties et en distribuant ensuite la gestion de son énergie sur plusieurs systèmes
relativement indépendants les uns des autres. Bien sûr, on peut toujours considérer que le risque de
voir survenir des problèmes de gestion est minimisé dès lors que les panneaux solaires sont installés
en fixe sur un toit bien exposé sans obstacles d’ombrage aux alentours.
En réalité, cette démarche limite considérablement les sites de gisement potentiels, surtout en zone
urbaine où les toitures sont rapprochées et la présence d’obstacles comme des cheminées, des poteaux
électriques ou autres est très probable.
Aujourd’hui, la discrétisation de la gestion énergétique des panneaux photovoltaïques s’impose
comme une évidence si on fait appel à des cellules de caractéristiques différentes ou placées sur des
supports à diverses inclinaisons (pentes des toitures + façades). Une division fine de la gestion de
l’ensemble photovoltaïque semble donc une solution viable permettant d’accroître encore la
production d’énergie électrique.
Dans le cas de l’habitat, le toit est soumis à des ombrages divers comme les cheminées, les antennes et
les toitures voisines (en ville par exemple), aux intempéries et aux salissures pour ce qui est des
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
26
conditions météorologiques et souvent faute de choix, d’une orientation du GPV non optimale pour
des GPV ayant été installés après la construction du bâtiment.
Quoi qu’il en soit, l’énergie photovoltaïque reste difficile à appréhender compte tenu de son
comportement aléatoire et non linéaire. L’utilisation d’un étage d’adaptation électronique augmente
évidemment le coût à l’achat de l’ensemble mais permet de transférer à la charge le maximum
d’énergie disponible. Les progrès réalisés en électronique de puissance, surtout dans les rendements
de conversion, permettent de rendre transparent l’étage d’adaptation vis‐à‐vis de la chaine de
conversion photovoltaïque. L’évolution des architectures de conversion et de gestion énergétique
devrait permettre bientôt d’aller vers des structures de gestion plus fines optimisant au mieux la
production d’un panneau solaire tout au long de sa vie.
4.2 Les micro-convertisseurs comme étages d’adaptation. La discrétisation de la gestion de puissance pour les applications photovoltaïques semble une solution
avantageuse dans un but d’optimisation et d’augmentation de la production électrique solaire. Le
LAAS‐CNRS travaille dans cet axe depuis plusieurs années et a déjà prouvé le gain que peut apporter
une architecture distribuée en opposition à une architecture centralisée.
Dans ces études, un étage d’adaptation optimisé comprenant sa propre commande MPPT est associé à
chaque module commercial. Ces divers convertisseurs assurent également les fonctions élémentaires
de sécurité (diodes by‐pass et diodes anti‐retour). Ils constituent un étage fortement distribué de
conversion de puissance entre le générateur PV (GPV) et la charge (batterie, autre DC/DC, moteur DC ou
onduleur).
Ce type d’architecture a été validé en montrant des gains énergétiques de 5 à 30% selon les
applications et a fait l’objet de travaux de valorisation avec EDF dans le cadre des thèses d’Angel Cid‐
Pastor puis de Cédric Cabal, qui ont été confirmés dans l’ANR Microscope. Ces DC/DC sont
aujourd’hui réalisés en tant que prototypes préindustriels et sont en cours de test à grande échelle sur
plusieurs sites européens.
Figure I‐13. Nouvelle architecture distribuée dédiée aux applications photovoltaïques
proposée par le LAAS.
MPP
MPP
MPP
MPP
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
27
Aujourd’hui, on peut légitimement se poser la question « jusqu’à quel point doit‐on discrétiser ce
système de gestion ? » Qu’y gagne‐t‐on en terme énergétique ? Combien cela coûte‐t‐il ? Nous avons
souhaité repousser les limites au plus petit nombre de cellules possible pour savoir si le gain apporté
en terme énergétique restait valable à ces échelles de faibles puissances. Ainsi, nous souhaitons
optimiser l’énergie photovoltaïque au maximum de ses capacités. Mais de nombreux verrous
technologiques sont à résoudre avant d’arriver à une discrétisation aussi fine de la chaine de
conversion électrique, sans compter les surcoûts économiques, qui augmentent d’autant avec le
nombre d’étages de conversion croissant. Maintenant, la question à se poser devient jusqu’à quel point
peut on discrétiser le système de gestion et quel nombre d’étages d’adaptation ?
Nous avons cherché les réponses dans les limites technologiques de développement des micro‐
convertisseurs devant avoir des rendements relativement élevés. De nos jours, si on considère le
critère rendement ηconv des convertisseurs de puissance, des rendements de conversion supérieurs à
95%, avec un record mondial de 99% obtenus par le Franhofer de Fribourg, sont aisément obtenus
sans trop de difficulté lorsque la puissance à transférer est supérieure à 50W. Ceci permet de
considérer cet étage comme transparent et de négliger son influence vis à vis du reste de la chaine de
conversion. Mais, dès que l’on descend sous des puissances de 10 W, on se heurte à deux difficultés :
‐ arriver à conserver des rendements aussi élevés ;
‐ la taille et l’encombrement importants de tous ces étages compte tenu de la
multiplication de ces derniers, sans compter le prix.
Nous avons toutefois pensé à faire appel à des étages de conversion de puissance électrique intégrés
au plus près de la source photovoltaïque, afin de minimiser au maximum les diverses connexions
génératrices de pertes et l’encombrement de l’étage. Ceci fait appel aux techniques les plus avancées
en termes d’intégration de puissance non existantes à ce jour dans le domaine du PV. Le domaine
applicatif qui s’avère le plus proche est celui des systèmes embarqués faisant appel à des CS traitant
des puissances inférieures à 2W qui s’est fortement développé ces dernières années avec l’essor des
téléphones portables et plus généralement, toutes les nouvelles fonctionnalités liées au nouveau mode
de vie nomade. Dans ces applications, les convertisseurs électriques intégrés et semi‐intégrés existent
déjà à des tailles intéressantes (quelques mm²) ainsi que des coûts relativement bas liés à de grandes
quantités de production. Cela nous conforte sur la possibilité d’une intégration de l’étage d’adaptation
avec un faible encombrement et un fort rendement compatible avec notre projet de rapprochement
des étages de conversion aux cellules PV.
Si l’on considère toujours l’électronique portable, son évolution est d’intégrer de plus en plus de
fonctions autant en sécurité qu’en intelligence. Ceci implique des puissances volumiques et massiques
de plus en plus importantes. En parallèle, les progrès effectués ces dernières années dans le domaine
de la conversion de puissance introduisent des fonctions de plus en plus compactes, voire intégrées
permettant aujourd’hui d’envisager des alimentations de faibles puissances en version totalement
intégrée. Ces avancées et cette expérience acquise depuis de nombreuses années dans le domaine de
l’électronique embarqué, nous permettent d’envisager une discrétisation de la gestion de puissance
très fine (de l’ordre de 0.5 à 2Watts). C’est donc sur ces bases que nous avons développé notre système
de gestion photovoltaïque et que se situent nos principaux travaux de recherche développées au sein
du LAAS.
____________________________________________
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
28
Discrétisation des chaînes de conversion
Actuellement, différentes architectures de gestion photovoltaïque sont proposées sur le marché et
permettent de valoriser plus ou moins bien la production énergétique d’origine photovoltaïque. Nous
abordons dans cette partie les architectures de conversion DC‐DC discrétisées, permettant d’apporter
des solutions technologiques novatrices en termes d’amélioration de l’ensemble des rendements de la
chaîne de conversion, avec une volonté forte d’intégration de l’ensemble, afin d’en abaisser les coûts
tout en améliorant le vieillissement de l’ensemble. Après avoir rappelé le concept et la validité du
concept de discrétisation, nous nous focaliserons sur l’étude d’un convertisseur pour une cellule
Tandem, en mettant en valeur un exemple d’architecture discrétisée à grande échelle sur des
nouveaux générateurs PV. Nous donnerons quelques pistes à explorer pour améliorer ces micro‐
convertisseurs dédiés ainsi que les conclusions auxquelles nous arrivons à ce jour en termes
d’intégrabilité, en particulier de l’élément inductif.
1. Discrétisation des chaînes de conversion
1.1 Contexte. Historiquement, la discrétisation des chaînes de conversion a été envisagée dans le but d’apporter des
améliorations par rapport aux structures développées classiquement [II‐1]. En effet, dans les premières
installations de fortes puissances, le convertisseur statique était dimensionné à la taille de la puissance
du générateur photovoltaïque (centralized technology). Outre les problèmes de pertes de production de
l’énergie photovoltaïque, lorsqu’il advenait une défaillance dans la partie de conversion, la totalité de
l’énergie produite était alors perdue. Partant de ces différents constats, et en s’inspirant de la tendance
générale de discrétisation des chaînes de conversion que l’on peut noter au fur et à mesure de
l’évolution des produits industriels, il paraît désormais communément admis de partitionner les
installations de fortes puissances PV en plusieurs sous champs constitués d’ensembles de modules PV,
délivrant leurs puissances à des convertisseurs DC/DC eux‐mêmes connectés à des onduleurs de plus
faible puissance (multi‐string technology). Ainsi, si l’un des sous‐champs présente une défaillance, les
pertes de production n’affectent alors qu’une petite partie de la chaîne.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
29
Cette modification d’architecture a apporté, par la discrétisation de chaque string PV, une
amélioration de la robustesse et de la fiabilité et a surtout permis d’augmenter les rendements des
étages de conversion. On peut également constater une amélioration constante ces dernières années
des performances des commandes MPPT qui, par ailleurs, ne se focalisent que sur une petite partie
de la chaîne de cellules PV. [II‐2].
Dans ce contexte, les architectures PV développées au sein du LAAS‐CNRS, se placent dans un niveau
de discrétisation plus poussé à l’échelle d’un module, voir un demi‐module commercial (Figure 1).
Notre objectif est d’exploiter individuellement des générateurs photovoltaïques de très faible
puissance afin d’extraire en permanence le maximum de puissance qu’ils peuvent délivrer, quelque
soient les conditions météorologiques et les éventuels ombrages. Comparée à la technique « string
technology » qui exploite n modules PV connectés en séries, dont la valeur du courant est fixée par la
cellule fournissant le moins de courant, les architectures distribuées à l’échelle de quelques cellules
extraient au mieux toute l’énergie PV potentielle.
Figure II‐1. Principe de la discrétisation des chaînes de conversion photovoltaïques.
Pour cela, nous avons poursuivi le développement de briques élémentaires de conversion qui sont
constituées de chaînes élémentaires de conversion de très haut rendement, comprenant leur propres
lois de commande et les sécurités électriques (diodes anti‐retour et by‐pass) [I‐11]. Ces briques
fonctionnent de façon autonome et peuvent ainsi soit fonctionner seules comme étages d’adaptation
pour des charges DC de faibles puissances, soit en association à d’autres chaînes élémentaires pour
augmenter l’énergie PV produite et, au besoin, la transférer à des étages de conversion continus ou
alternatifs de plus forte puissance, assurant la mise en forme nécessaire pour chaque application. On
notera que ce type d’architecture peut ainsi répondre à un besoin de puissance spécifique allant de
quelques watts à des kW, selon la taille de l’installation. L’extrapolation à des puissances plus grandes
fait partie des perspectives futures.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
30
1.2 Exemple d’illustration. Pour évaluer les performances énergétiques des architectures PV discrétisées et analyser le
comportement en présence d’ombrages, le LAAS a acquis un savoir‐faire en matière de métrologie de
pointe. Ainsi dès 2000, un banc d’acquisition performant a été élaboré au sein du laboratoire afin de
pouvoir comparer diverses chaînes de conversion en conditions réelles de fonctionnement [I‐19]
Un exemple d’essai significatif mené au sein du LAAS, a eu lieu durant la thèse de Cédric Cabal. Des
comparaisons de chaînes élaborées au sein de l’équipe ont été effectuées à l’échelle d’un panneau avec
un chargeur commercial de batterie [I‐12]. Ce chargeur, référencé Solar Boost 6024H et commercialisé
par la compagnie Blue Sky Energy, a été choisi par rapport à ses caractéristiques électriques
compatibles avec notre installation PV et adaptées à notre banc de mesures actuellement orienté vers
des faibles puissances [II‐3]. Ce chargeur, d’une puissance de 1600W, permet de charger des batteries
de 12 ou 24V à partir d’une tension nominale PV comprise entre 36 et 48V, correspondant à
l’association de plusieurs modules PV en série. Ces gammes de tension permettent d’affirmer que
l’étage de conversion utilisé est de nature abaisseuse.
Pour évaluer avec précision le comportement de ces deux architectures photovoltaïques, nous avons
procédé à plusieurs séries de mesures. La première campagne de tests comparatifs a été réalisée en
présence d’un ensoleillement homogène, dans le but d’analyser les performances des deux
commandes MPPT. Par opposition, la seconde série de mesures s’est focalisée sur la problématique de
la présence d’un rayonnement non‐homogène (ombrage locaux) sur les GPV.
1.2.1 Tests en éclairement homogène.
Les tests comparatifs menés avaient pour objectif d’évaluer précisément le gain en termes d’énergie
produite par un ensemble de générateurs photovoltaïques exploités individuellement (constituant ainsi
une architecture distribuée), par rapport à une architecture basée sur la connexion d’un string PV de
tension élevée. La figure II‐2 présente le protocole de test utilisé pour effectuer ces comparaisons.
Figure II‐2. Principe de la discrétisation des chaînes de conversion photovoltaïques.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
31
On notera que, durant ce test, le chargeur de batterie commercial est connecté à trois modules
associés en série correspondant à une puissance crête de 255W, pour une tension VOC de 66V. Celui‐ci
est confronté à trois modules conçus et réalisés par le LAAS, dans le cadre de contrats CIFRE avec
EDF et appelés MPVE, fonctionnant à une fréquence de découpage de 320kHz. Chaque MPVE est relié
à un module PV de 85W, représentant ainsi lors de ce test une puissance PV équivalente à l’entrée des
deux architectures. Les deux structures sont connectées à une batterie de 24V et une charge
électronique branchée en parallèle, afin de limiter la tension de cette dernière et surtout d’éviter que le
module Solar Boost rentre en mode de gestion de la batterie, limitant alors le transfert de puissance à
la charge et faussant ainsi la comparaison.
Energie
maximale
disponible
(Wh)
Energie
produite
(Wh)
Rendement
MPPT (%)
Energie
transmise
(Wh)
Rendement
convertisseur
(%)
Rendement
chaîne de
conversion
(%)
Architecture
discrétisée
LAAS
1137,4 1124,8 98,9 1001,9 89,1 88,1
Chargeur
commercial 1137,4 940,4 82,6 866,3 92,1 76,1
Tableau II‐1. Bilan Energétique du chargeur commercial et de l’architecture discrétisée du LAAS‐
CNRS sous un ensoleillement homogène.
Le tableau II‐1 montre les évaluations des différents bilans énergétiques présents au sein des deux
architectures. Ce tableau récapitulatif permet d’évaluer les performances des deux modes de
recherche du PPM sur une journée. Nous pouvons ainsi remarquer un surplus d’énergie extraite au
niveau de la source photovoltaïque obtenue par la structure discrétisée de 185Wh par rapport au
chargeur commercial. Ce résultat est dû à l’aptitude de la commande MPPT extrémale développée par
le LAAS à fonctionner sur une large plage de puissance avec un rendement élevé, permettant ainsi
d’obtenir un rendement supérieur de 16 % par rapport au convertisseur du commerce.
Au niveau du transfert de l’énergie PV à la batterie, nous pouvons voir que le chargeur du commerce
est le système qui affiche le meilleur taux de conversion avec un rendement de 92.1%, comparé au
89.1% de la structure discrétisée. Ceci peut s’expliquer par les puissances nominales des deux
architectures qui sont très différentes. En effet, le Solar Boost est dimensionné pour une puissance
nominale de 1600W, tandis que la puissance nominale de chaque module MPVE est de 100W soit,
pour l’architecture discrétisée testée, à un convertisseur d’une puissance nominale de 300W. Durant ce
test, le chargeur de batterie a fonctionné en moyenne à 6% de sa puissance nominale, alors que les
convertisseurs MPVE ont fonctionné à 45% de leur puissance nominale ; ainsi, la comparaison en
termes de rendement de conversion n’est pas significative car les convertisseurs n’opèrent pas à des
pourcentages de puissance nominale identiques. Pour une analyse plus approfondie de ces deux
architectures ainsi que d’autres architectures en cours de développement, un site expérimental plus
important en puissance est nécessaire. Il permettrait de faire fonctionner l’architecture commerciale
dans les conditions préconisées par le constructeur. C’est notamment dans ce but qu’a été envisagée la
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
32
plateforme photovoltaïque dans ADREAM, qui sera développée ultérieurement dans nos
perspectives.
1.2.2 Tests en éclairement inhomogène.
Pour compléter notre analyse au niveau des architectures, nous avons effectué des essais sous
ensoleillement non‐homogène, en étudiant des ombrages partiels localisés effectués avec un objet
opaque placé sur une cellule entière d’un panneau BP 585 comme indiqué sur la figure II‐3. Le but de
cet essai est de mettre en évidence les problèmes de production de puissance photovoltaïque en
présence d’ombrage. Lors de ce test, nous avons ainsi pu constater, à l’apparition d’ombrages sur
divers GPV, la mise en conduction d’une ou plusieurs diodes de protections. Nous avons ainsi
effectué diverses mesures pour montrer les pertes de production électrique que cela entraine durant le
laps de temps que le défaut existe.
Figure II‐3. Schéma de connexion utilisé pour effectuer des études d’ombrage sur le chargeur de
batterie commercial.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
33
La figure II‐4 permet d’analyser le comportement du module commercial lorsqu’il est soumis à ce
phénomène d’ombrage. Au début du test, le chargeur du commerce, de par la présence d’un courant
PV supérieur à 2.5A, fonctionne en mode de recherche du point de puissance maximal (PPM), avec
une tension à ses bornes avoisinant les 42V. L’apparition de l’ombrage sur une cellule implique la
perte d’un sous‐réseau de 18 cellules et se manifeste, d’une part, par une chute de tension d’une
dizaine de volts à l’entrée de l’étage de conversion et, d’autre part, par une perte de production PV.
Nous pouvons remarquer que, durant cette phase, la commande MPPT continue à traquer le PPM.
Nous provoquons volontairement plusieurs ombrages partiels sur le GPV, activant de nouvelles
diodes de protection activés par la baisse sous formes de paliers de la production de la puissance PV.
Le chargeur commercial passe alors en mode de connexion directe lorsque sa tension d’entrée devient
proche de celle de la batterie. La chute de production de puissance est alors amplifiée par la chute du
courant PV produit liée à un fonctionnement éloigné du PPM.
Nous pouvons remarquer un arrêt total de la production PV induite par la perte de deux modules PV
impliquant une tension d’entrée inférieure à la tension de batterie. Dans ce cas‐là, la structure de
conversion (Buck) de ce chargeur ne peut plus fonctionner. On notera quand même que, lorsque les
ombrages disparaissent, les différents modes de fonctionnement du chargeur commercial reprennent,
permettant à nouveau de produire de la puissance PV.
Figure II‐4. Comparaison des puissances PV extraites et renvoyées à la batterie entre le chargeur
commercial et l’architecture discrétisée du LAAS‐CNRS, en présence d’ombrages partiels.
Toujours sur la figure II‐4, nous montrons les résultats obtenus en effectuant des essais similaires sur
l’architecture distribuée. Dans les mêmes conditions, la puissance extraite par chaque module MPVE
ainsi que la puissance totale produite par l’architecture discrétisée ont été mesurées. Pour cette
architecture, lorsqu’un sous‐réseau de cellules est désactivé, en d’autre termes lorsque le module
MPVE ne fonctionne plus qu’avec un demi‐module PV, la commande MPPT va continuer à optimiser
10:45 11:00 11:15 11:30 11:45 12:00 12:15
0
40
80
120
160
PB
AT [W
]
Temps [h]
10:45 11:00 11:15 11:30 11:45 12:00 12:15
0
40
80
120
160
PP
V [W
]
Architecture discrétisée Solar Boost 6024H
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
34
la production du GPV en recherchant le point de puissance maximum. Lorsque deux panneaux
solaires ont respectivement un problème d’ombrage, aucune énergie en provenance de ces modules ne
peut être transférée à la charge. Cependant, il reste un panneau qui fonctionne à sa pleine puissance,
produisant un tiers de la puissance nominale. Par comparaison, pour ce même défaut, le chargeur de
batterie commercial ne fonctionne plus après la perte de deux panneaux PV, inhibant toute
production.
L’architecture discrétisée montre bien qu’elle optimise la production de puissance d’un GPV sur toute
la durée du test, se traduisant alors par un meilleur transfert d’énergie à la batterie, comme nous
pouvons le voir sur la figure II‐4, où la superposition des puissances PV extraites de chaque
architecture en présence du phénomène d’ombrage est effectuée. Le bilan énergétique de ce test est
rapporté sur le tableau II‐2, où nous pouvons voir que l’exploitation individuelle des PV a permis
d’obtenir un gain au niveau du rendement global de la chaîne de conversion photovoltaïque de
l’ordre de 15%.
Energie
maximale
disponible
(Wh)
Energie
produite
(Wh)
Rendement
MPPT (%)
Energie
transmise
(Wh)
Rendement
convertisseur
(%)
Rendement
chaîne de
conversion
(%)
Architecture
discrétisée
LAAS
129.5 128.6 99.3 112.2 87.2 86.6
Chargeur
commercial 129.5 101 78 92.7 91.8 71.6
Tableau II‐2. Bilan Energétique du chargeur commercial et de l’architecture discrétisée du LAAS‐
CNRS sous un ensoleillement non‐homogène.
Par ce simple exemple de comparaison, nous montrons toute la difficulté d’évaluation des
performances des chaînes de conversion PV en condition réelle de fonctionnement. Nous voyons
également que toutes les pertes sont importantes et se traduisent directement en termes de pertes de
productibles autant sur la source PV, son adaptation au PPM que le rendement de conversion des
convertisseurs. Reste alors à savoir quelle chaîne utiliser sous quelle condition et à quel coût.
2. Discrétisation au plus près des cellules : le projet ATOS.
2.1 Le projet de Recherche ATOS. Le projet Association Tandem Optimisé pour le Solaire est un projet qui a été labellisé en 2005 et
financé sur trois ans par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR). Ce projet regroupe différents
laboratoires tels que le LPICM qui est le coordinateur, le LGEP et le LAAS ainsi que plusieurs
partenaires industriels comme TOTAL, SOLEMS et St GOBAIN afin d’associer leurs compétences.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
35
Ce projet a pour but de développer une nouvelle filière de cellules photovoltaïques en couches minces
de silicium, à partir de solutions de type tandem innovantes autant sur les matériaux que les
associations de cellules allant jusqu’à la conception d’électrodes intermédiaires afin de dissocier les
différents types de matériaux. Les constituants de ces cellules tandem novatrices sont des cellules
avant de type PIN en silicium polymorphe hydrogéné (pm‐Si:H) et des cellules arrière en silicium
microcristallin hydrogéné (μc‐Si:H) [II‐4, II‐5, II‐6]. Les recherches sur les couches minces de silicium
menées en France ont permis de mettre en évidence une forme nouvelle de silicium baptisée silicium
polymorphe (pm‐Si:H). Il possède des propriétés électroniques améliorées par rapport au a‐Si:H et est
moins sensible au phénomène de dégradation sous lumière. Ce matériau contient également plus
dʹhydrogène que le a‐Si:H et possède un gap plus grand (1.8 à 1.9eV au lieu de 1.7eV). Ces éléments
font du pm‐Si:H un meilleur candidat pour la cellule avant dʹune structure tandem que le traditionnel
a‐Si:H. Le silicium microcristallin hydrogéné (μc‐Si:H) possède un gap nettement plus petit que celui
du pm‐Si:H, entre 1.1 et 1.5eV selon la fraction cristalline du matériau. Il sʹagit donc dʹun matériau
adapté pour la réalisation de la cellule arrière dans une association de type tandem avec une cellule en
pm‐Si:H car complémentaire par rapport à sa sensibilité aux longueurs d’onde des photons avec la
couche avant. Ainsi cette association couvre théoriquement mieux le spectre solaire que des cellules à
base de silicium mono ou multi‐cristallin.
Figure II‐5. Exemple de structure de cellules PV Tandem avec électrode intermédiaire pour gérer
indépendamment chaque type de cellule.
Deux types de structures ont été étudiés. D’une part une structure, dite à 4 électrodes, pour laquelle
les cellules polymorphe et microcristalline sont séparées électriquement et physiquement, soit par
préparation indépendante suivie d’assemblage au moyen d’une couche d’élastomère de silicone, soit
par dépôts successifs avec mise en place d’une couche de résine silicone d’isolation électrique mais
totalement transparente. Dans le projet ATOS, nous avons développé l’approche de modules
indépendants. Les structures à quatre électrodes peuvent être fabriquées par post assemblage des
cellules ou modules polymorphe et microcristallin fabriqués séparément.
Outre la structure à quatre électrodes à partir de deux modules assemblés, on peut envisager d’autres
solutions pour des modules tandem monolithiques à trois ou quatre fils. Par exemple, une structure,
dite à 3 électrodes peut être formée en déposant successivement les deux cellules et en les couplant
électriquement par une couche intermédiaire de matériau de type TCO, agissant à la fois comme
contact électrique et comme réflecteur pour la cellule polymorphe. Il est aussi possible de réaliser une
pm-Si:H
µc-Si:H EElleeccttrrooddee iinntteerrmmééddiiaaiirree
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
36
structure monolithique à quatre électrodes en intercalant une couche diélectrique à base de résine
entre deux couches de TCO.
Dans tous les cas de figure, comme les caractéristiques intrinsèques des deux types de matériaux
répondent différemment aux longueurs d’onde du spectre solaire, chaque type d’association de
cellules ne présentera pas la même caractéristique I(V) et donc pas le même point de puissance
optimal.
Une partie significative du projet a donc été consacrée aux aspects ʺSystèmeʺ sur l’élaboration des
commandes et de la gestion optimisées. Le LAAS a été en charge de cette tâche compte tenu de
l’expérience acquise sur les étages d’adaptation et les MPPT. Nous avons travaillé sur ce principe de
gestion permettant de rendre indépendant chaque cellule de l’ensemble tandem, le but étant
d’explorer de nouvelles architectures, d’en montrer les verrous et de développer un démonstrateur
permettant de prouver les bénéfices à individualiser cette gestion. Lʹobjectif final est dʹatteindre un
rendement photovoltaïque global supérieur à 12% à partir de cette filière silicium entièrement
ʺcouches mincesʺ et ʺbasse températureʺ.
2.2 Du panneau photovoltaïque vers la cellule. Comme nous l’avons dit dans le chapitre précédent, les travaux de recherche effectués dans le projet
ATOS portent sur deux grandes innovations :
‐ Le développement de nouveaux matériaux photovoltaïques performants pour les applications
tandem,
‐ La mise en place d’un isolant intermédiaire entre les cellules permettant de les rendre
indépendantes afin de permettre une gestion dissociée du productible PV par type de matériau.
C’est dans ce dernier axe de recherche que le laboratoire LAAS a plus particulièrement travaillé, en
particulier dans le cadre de la thèse de Stéphane Petibon [II‐7]. Les travaux du laboratoire se sont
orientés sur l’étude des différentes associations possibles de cellules afin de trouver l’architecture
valorisant au mieux la production électrique de l’ensemble tandem. Dans ce cadre de recherche,
l’entreprise SOLEMS, partenaire du projet ATOS, nous a fourni deux types de panneaux en silicium
amorphe dont les caractéristiques électriques sont définies dans le
Tableau II‐3.
Référence Solems Sous un éclairement de
200W/m²
Sous un éclairement de
1000W/m²
14/150/300TD 39mA – 6.6V 195mA – 7.5V
28/300/100TD 12mA – 13.8V 62mA – 15V
Tableau II‐3. Caractéristiques électriques des modules Solems
Ces deux panneaux nous permettent de simuler les futurs modules susceptibles d’être produits dans
le projet ATOS, quels que soient le choix de connexion inter‐électrode réalisé au final. On peut ainsi
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
37
observer en figure II‐6 les caractéristiques électriques expérimentales des deux modules réalisés sur le
site expérimental du LAAS‐CNRS de Toulouse.
Figure II‐6. Caractéristiques I(V) des générateurs PV Solems (Toulouse, sous 1000W/m², 26°C,
inclinaison de 35°).
Le module référencé 14/150/300TD, qui produit au mieux une puissance crête de 1.6Wc sous
ensoleillement réel, nous permet de simuler le module en face avant et le second module face arrière
peut être représenté par le module 28/300/100TD disposant d’une puissance crête maximale de 1.1Wc.
Des modèles électriques simples des deux différents panneaux fournis par Solems ont donc été
développés grâce au logiciel de simulation électrique PSIM. Nous avons ainsi étudié, par simulation,
l’associabilité de ces deux panneaux photovoltaïques dans différentes configurations possibles, bien
avant que le module optimal de cellules tandem existe en réalité. Ce travail est à souligner car il est un
des premiers montrant l’intérêt de travaux conjoints entre des recherches très amont sur des
matériaux performants, des recherches d’agencements de cellules optimaux et des associations
électriques au plus près de la production électrique.
Figure II‐7. Circuit de mise en série des modules PV avec diode anti‐retour simulant un module PV
à base d’une association de cellules tandem en couche minces sans électrodes intermédiaires.
La Figure II‐7 représente une première association possible des GPVs, à savoir une architecture série
correspondant à une association classique de cellules en couche mince de type tandem sans électrode
intermédiaire. Les deux couches ainsi associées sont interdépendantes à la fois sur leur performances
14/150/300TD
28/300/100TD
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
38
électriques qu’optiques. L’optimisation technologique de fabrication n’est dans ce cas‐là pas
l’optimum de productible par rapport au potentiel de chacune des cellules élémentaires PV. La courbe
de puissance résultant de cette association est illustrée en Figure .
Figure II‐8. Caractéristiques électriques simulées des deux GPV mise en série. Puissance PV
fonction de sa tension.
La tension de circuit ouvert de l’ensemble correspond à l’addition des Vco des 2 GPVs et le courant
fourni est fixé par la cellule la plus faible. Ainsi le PPM se trouve à 1.86 Watts pour une configuration
optimale de cette association.
La deuxième architecture que nous avons étudiée, est représentée en figure II‐9. Elle résulte d’une
simple discrétisation des deux types de cellules couches minces devant être isolées électriquement par
2 électrodes intermédiaires et une couche isolante. Une des associations possibles est alors une
association électrique parallèle alors que les panneaux seraient superposés et donc couplés
lumineusement pour capter au mieux le spectre solaire. Des diodes anti‐retour sont nécessaires afin
d’éviter que le GPV le plus fort ne débite son courant dans le GPV le plus faible.
Figure II‐9. Proposition d’association en parallèle des cellules PV avec diodes anti‐retour en
supposant les problèmes d’isolation par électrodes intermédiaires résolus.
La figure II‐10 représente les courbes de puissance en fonction de la tension aux bornes des panneaux
photovoltaïques.
28/300/100TD14/150/300TD
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
39
Figure II‐10. Caractéristiques électriques P(V) simulées des deux GPV associés en parallèle.
Puissance PV fonction de sa tension.
Les Figure II‐10‐a et Figure II‐10‐b représentent réciproquement les courbes de puissance des
panneaux 14/150/300TD et 28/300/100TD de chez Solems. La Figure II‐10‐c correspond à la courbe de
puissance du générateur photovoltaïque constitué par la mise en parallèle des 2 panneaux solaires. On
remarque un pic de puissance de 2.1 Wc aux alentours de 7 V.
A l’aide d’un étage d’adaptation adéquat inséré entre le générateur et la charge, nous allons créer une
chaîne de conversion photovoltaïque pouvant extraire au maximum 2.1Wc. Toutefois, étant donnée la
forme de la courbe P(V), il ne sera pas aisé d’effectuer une recherche de PPM efficace dans ces
conditions.
La dernière architecture envisagée, afin d’optimiser la puissance à transférer, est d’utiliser un étage
d’adaptation DC/DC avec commande MPPT par type de cellules couche minces. Cette architecture de
gestion est proche d’un type d’architecture discrétisée telle que le LAAS a pris l’habitude de
concevoir pour des puissances plus élevées à l’échelle d’un module de première génération. En fait, si
chaque champ de cellules couche mince donné possède son propre étage d’adaptation, permettant
ainsi d’exploiter la puissance disponible aux bornes du PV, nous pouvons espérer se rapprocher au
plus près du maximum théorique de l’ensemble des deux. La source de production ainsi conçue et
équipée d’un système électronique adéquat peut alors produire le maximum de puissance que le
matériau PV peut offrir. Le schéma de la figure II‐11 présente donc le principe de gestion de puissance
proposé par le LAAS dans l’ANR ATOS pour gérer la production de l’énergie PV provenant des
nouvelles cellules couche mince de type tandem avec électrodes intermédiaires.
1.6 Wc
1.1 Wc
2.1 Wc
1.1Wc2
1
a)
b)
c)
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
40
Figure II‐11. Circuit de connexion des cellules couche mince tandem conçues dans l’ANR ATOS à
l’aide d’étages d’adaptation. Proposition de mise en parallèle sur une charge donnée.
Les simulations électriques présentent en Figure II‐12 nous montrent le bénéfice à discrétiser la gestion
de la puissance à partir de chaque panneau photovoltaïque tel que proposé en Figure . Les courbes des
Figure II‐12‐a et II‐12‐b représentent réciproquement les courbes de puissance en sortie des panneaux
14/150/300TD et 28/300/100TD chacun muni d’un étage d’adaptation. Chaque convertisseur DC‐DC
avec sa propre commande MPPT permet au système d’osciller autour du PPM de chaque GPV
constitué d’un seul type de matériau. La puissance produite par l’ensemble correspond donc à
l’addition des puissances des deux générateurs (Figure II‐12‐c). Au final, on voit qu’on récupère en
moyenne 2.68 Watts contre les 2.1 Watts du système précédent avec gestion globale.
Figure II‐12. Évolution des puissances des deux GPV disposant chacun d’un étage d’adaptation, en
fonction du temps.
a)
b)
c)
28/300/100TD
14/150/300TD
DC
DC
DC
DC
MPPT
MPPT
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
41
Si nous effectuons un bilan des différentes architectures étudiées ici, on s’aperçoit que la gestion
distribuée de la puissance présente le meilleur gain de puissance potentiel. En effet, pour une
association classique de cellule tandem en série, la puissance maximale disponible théorique s’élève à
seulement 1.86Wc. Pour une architecture discrétisée sans étage d’adaptation, on peut espérer produire
2.1Wc. Et, finalement, avec une gestion entièrement distribuée de la puissance associée à des étages
optimaux de gestion, on arrive à une puissance crête disponible de 2.7Wc ce qui correspond à une
puissance moyenne récupérée d’environ 2.68W en prenant en compte le rendement MPPT des étages
d’adaptation.
Figure II‐13. Cellules Tandem avec un étage d’adaptation par niveau de cellule.
Les simulations développées lors de ces travaux préliminaires ont montré que la discrétisation de la
gestion de puissance dans le cas des cellules tandem permet d’exploiter au maximum la puissance
produite par les deux modules, Figure II‐13. Cependant, un point reste encore à éclaircir sur les pertes
engendrées par ces étages d’adaptation eux‐mêmes, étant données les puissances mises en jeux. En
effet, le gain de puissance apporté par cette nouvelle architecture de gestion ne doit pas être perdu
dans les structures de conversion. Une étude de ces paramètres cruciaux reste donc nécessaire avant
de prouver réellement le bénéfice d’une architecture de gestion distribuée par rapport aux autres.
2.3 Travaux réalisés dans ce cadre.
Afin d’évaluer les bénéfices d’utiliser des micro‐convertisseurs dans des applications de faibles
puissances photovoltaïques, nous nous sommes servis de différents prototypes d’étages d’adaptations
réalisés avec des composants discrets du commerce. Cette étude bien que partielle nous a permis de
localiser les différentes sources de pertes et d’estimer la faisabilité du système de gestion en fonction
de différentes architectures. La figure II‐14 illustre un des exemples de microconvertisseurs réalisés
dans cette approche.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
42
Figure II‐14. Étage d’adaptation de type Buck pouvant transférer 2 Wc d’un GPV et piloté par la
commande MPPT Semi‐Numérique version 2.
2.3.1 Réalisation et validations expérimentales d’un micro-convertisseur Buck. La structure sélectionnée pour réaliser le convertisseur abaisseur de tension est un Buck synchrone,
dans le but de réduire les pertes de l’étage d’adaptation de puissance par rapport à une architecture
classique avec diode de roue libre.
Figure II‐15. Étage d’adaptation de type Buck synchrone avec fonction MPPT pour un GPV relié à
une batterie (Vbat < Vopt PV).
Une diode Schottky, D2 sur le schéma de la Figure II‐15, est souvent préconisée en parallèle avec le
MOSFET NMos2 pour conduire le courant inducteur pendant la période de temps mort imposée aux
deux interrupteurs NMos1 et NMos2 pour qu’ils ne conduisent pas en même temps et éviter des court
circuits. Avec cette diode D2, la diode body de NMos2 ne conduira jamais, augmentant encore le
rendement du convertisseur.
Sur le schéma de l’étage d’adaptation, on peut remarquer que la diode D1 a changé de place, elle se
retrouve maintenant en sortie du convertisseur. Ce changement est dû aux problèmes engendrés par
l’utilisation d’une structure de conversion synchrone avec une batterie comme charge de sortie. En
effet, lorsque le convertisseur est inactif, l’interrupteur NMos 2 est à l’état fermé par défaut, créant
ainsi un court‐circuit avec la batterie et impliquant donc une destruction du convertisseur. La diode
D1 disposée en sortie du convertisseur, permet donc d’éviter ce dysfonctionnement, tout en assurant
la fonction anti‐retour du courant de la charge vers le GPV. Cependant, les pertes engendrées par ce
changement seront plus importantes, car le courant en sortie du convertisseur Buck est plus important
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
43
qu’en entrée. Néanmoins, nous avons quand même choisi de continuer dans cette optique
d’architecture synchrone car elle se trouve être la structure la plus performante actuellement du point
de vue développement industriel.
La Figure II‐16 illustre la réponse de l’étage d’adaptation Buck, disposant d’une commande MPPT
semi‐numérique, lors d’une variation brusque d’ensoleillement. Ce régime transitoire doit être étudié
pour les applications PV car il se produit de nombreuses fois dans la journée. Ces perturbations
peuvent intervenir à tout moment lors de passages nuageux, d’effets d’ombrage ou même lors
d’éclipses pour les applications spatiales.
a) Détail des effets d’une éclaircie b) Détail des effets d’un ombrage
Figure II‐16. Réponse d’un GPV à a‐Si avec étage buck avec commande MPPT V3.
Dans le relevé expérimental de la Figure II‐16‐a, le courant d’entrée du convertisseur augmente
brutalement alors que la tension reste inchangée, correspondant à un ombrage qui disparaît. Le
nouveau point de puissance est alors atteint très rapidement par le système de recherche MPPT
conformément aux études théoriques. On peut remarquer que les signaux changent légérement
d’allure étant données les différences de puissances mises en jeu lors des variations. Ainsi, on peut
remarquer qu’à faible puissance, la caractéristique P(VPV) a tendance à « s’aplatir », impliquant une
déformation d’autant du courant PV et donc de la puissance extraite pour une même variation de
rapport cyclique. Un fonctionnement similaire de l’étage d’adaptation est observable lors d’un
ombrage tel que montré en Figure II‐16‐b. Ayant testé l’ensemble avec un module à base de silicium
amorphe, on peut constater la faible variation de VPV pour une forte variation de IPV caractéristique de
ce type de panneau.
2.3.2 Réalisation et validations expérimentales d’un micro-convertisseur Boost. La structure Boost reste beaucoup plus simple à réaliser que l’architecture Buck synchrone, du fait
qu’elle ne requiert qu’un interrupteur de puissance commandé. Les composants actifs ont été choisis
en fonction de leurs faibles pertes en conduction et commutation comme précédemment pour une
puissance nominale de 1W, une tension de sortie de 12V et une tension d’entrée de 6V. Le transistor
Ppv
Ipv
Vpv
Ppv
Ipv
Vpv
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
44
MOSFET TNO200K est utilisé pour l’interrupteur commandé et la diode MBR0520 pour sa faible
tension de seuil (0,38V) en tant que diode de roue libre.
Figure II‐17. Étage d’adaptation de type Boost avec fonction MPPT pour un GPV relié à une batterie
(Vbat < Vopt PV).
La figure II‐18 montre les résultats expérimentaux des rendements du convertisseur Boost. Le
convertisseur affiche des valeurs de rendement de conversion remarquables avec près de 90% pour
seulement 400mW de puissance et plus de 96% pour 1W.
Figure II‐18. Rendement conv du convertisseur Boost en fonction de la puissance d’entrée. Pour Vin=6V et Vout=12V.
Un relevé expérimental est consigné en Figure II‐19. Dans cet essai, le comportement en
régime établi des grandeurs électriques d’entrée du convertisseur Boost avec MPPT est analysé en
fonction du temps. Nous pouvons constater que l’algorithme de la commande MPPT extrémale
impose une variation de rapport cyclique entre deux valeurs proches engendrant des formes d’onde
triangulaires et oscillatoires pour les grandeurs électriques d’entrée du convertisseur DC/DC.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
45
Figure II‐19. Relevé expérimental en régime établi d’un Boost avec fonction MPPT semi‐numérique
connecté à une batterie 12V.
La Figure II‐20 montre le comportement des grandeurs électriques du système vis‐à‐vis de
changements brutaux d’ensoleillement. La fFigure II‐20‐a illustre la réponse du système après
augmentation brutale du courant de la source PV alors que la tension reste inchangée. Le nouveau
PPM est alors atteint instantanément. De même, le système va répondre aussi rapidement vis‐à‐vis
d’une diminution brutale du courant du GPV.
a) Détail des effets d’une éclaircie b) Détail des effets d’un ombrage
Figure II‐20. Réponse d’un système GPV muni d’un étage d’adaptation Boost avec commande
MPPT.
2.3.3 Synthèse des validations expérimentales. Dans cette partie, nous avons développé des prototypes de micro‐convertisseurs de faibles puissances
dédiés aux applications photovoltaïques. Bien sûr notre but n’est pas de concurrencer les
Ppv
Ipv
Vpv
Ppv
Ipv
Vpv
Ppv
Vpv
Ipv
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
46
convertisseurs intégrés du marché mais de concevoir des premiers prototypes assez performants afin
de démontrer les bénéfices à discrétiser la gestion de puissance des systèmes photovoltaïques.
Dans ce but, deux structures de conversion ont donc été développées. La première est une architecture
abaisseuse de tension de type Buck synchrone choisie afin d’améliorer le rendement de conversion de
l’ensemble. En Figure II‐‐a on peut voir un bilan des puissances de l’étage d’adaptation Buck pour une
puissance PV de 1W.
(a) Buck Synchrone (b) Boost
Figure II‐21. Diagrammes de bilan des puissances des étages d’adaptation développés par le LAAS‐
CNRS.
On s’aperçoit que seulement 81% de la puissance d’entrée est transmise à la charge, les pertes dans la
partie puissance s’élevant à 16%. Pour cette architecture complexe de convertisseur Buck, nous
arrivons à un verrou technologique sur le développement de prototype discret performant pour ces
niveaux de puissances.
A contrario, pour l’architecture élévatrice de tension Boost, on obtient des rendements de conversion
tout à fait honorables avec près de 91% pour une puissance d’entrée de 1W, Figure II‐‐b. On peut
finalement remarquer que pour les deux architectures, la puissance consommée par la partie
commande a été considérablement réduite et ne représente plus que 3% des pertes. Les deux
architectures ont été testées en fonctionnement réel, autant en régime établi que transitoire, prouvant
ainsi leur parfaite adaptation aux applications de faibles puissances photovoltaïques.
3. Conclusion.
Dans ce chapitre, nous avons présenté les principales architectures de gestion existantes dédiées à
l’énergie photovoltaïque dans un contexte d’optimisation de puissance et de réduction du prix du
kWh photovoltaïque produit. L’énergie solaire présente aujourd’hui des coûts élevés, mais les progrès
sont rapides et la recherche active. Si les coûts actuels représentent encore plus de trois fois le coût du
kWh fourni au client résidentiel en France, il a déjà diminué d’un facteur supérieur à 2 en 10 ans.
Dans ce contexte, nous avons montré l’utilité d’insérer un étage d’adaptation avec une fonction MPPT
entre le GPV et la charge afin d’optimiser en permanence la puissance produite. Nous avons aussi vu
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
47
que l’effet d’ombrage sur quelques cellules qui composent un panneau solaire implique des pertes
disproportionnées de puissance, supérieures à 50% pouvant même parfois rendre le panneau inactif.
L’impact de l’ombre sur un panneau solaire a donc une influence très importante sur l’énergie
produite par rapport à la superficie de l’ombre. Ces problèmes caractéristiques, liés à l’énergie
photovoltaïque, nous font envisager de nouvelles architectures de gestion autant pour les étages
d’adaptations DC‐DC que pour les DC‐AC. Il s’avère que la discrétisation de la gestion de cette
énergie semble une solution prometteuse dans la course à l’optimisation. Cependant, le rendement de
cette chaîne de conversion photovoltaïque est pour le moment un verrou technologique de même que
le prix de l’ensemble de la chaîne. La multiplication des étages d’adaptation permettra bien entendu
de réaliser une maximisation de la puissance disponible mais il ne faudra pas que cela se fasse au
détriment du rendement de conversion de l’ensemble. Des recherches plus approfondies ainsi que des
développements technologiques semblent nécessaires afin d’optimiser et de montrer les bénéfices à
développer une architecture distribuée complexe de convertisseurs disposant de commande MPPT.
Nous présentons quelques solutions dans ce sens dans le reste du document.
____________________________
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
48
Vers une intégration des étages de conversion
1. Positionnement du problème.
1.1 Introduction. Dans le chapitre précédent, nous avons envisagé de nouvelles architectures de gestion discrétisées,
autant pour les étages d’adaptation continus‐continus que pour les étages continus‐alternatifs. Il
s’avère que la discrétisation de la gestion de cette énergie semble une solution prometteuse dans la
course à l’optimisation. Cependant, le rendement de cette chaîne de conversion photovoltaïque est
pour le moment un verrou technologique de même que le prix de l’ensemble de la chaîne. La
multiplication des étages d’adaptation permettra bien entendu de réaliser une maximisation de la
puissance disponible mais il ne faudrait pas que cela se fasse au détriment du rendement de
conversion de l’ensemble et de la fiabilité.
La question que l’on peut se poser aujourd’hui est jusqu’à quel point doit‐on discrétiser ce système de
gestion ? Nous avons souhaité repousser les limites au plus petit nombre de cellules possible pour
savoir si le gain apporté en terme énergétique restait valable à ces échelles de faibles puissances. Ainsi,
nous souhaitons optimiser l’énergie photovoltaïque au maximum de ses capacités. Mais de nombreux
verrous technologiques sont à lever avant d’arriver à une discrétisation aussi fine de la chaine de
conversion électrique, notamment d’un point de vue de l’intégration des composants passifs
(condensateurs et inductances) [III‐1, III‐2].
De nos jours, si l’on considère le critère du rendement pour qualifier les convertisseurs de puissance,
des rendements de conversion supérieurs à 95% sont aisément obtenus sans trop de difficulté lorsque
la puissance à transférer est supérieure à 50W. Ceci permet de considérer cet étage comme transparent
et de négliger son influence vis à vis du reste de la chaine de conversion. Mais, dès lors que l’on
descend sous des puissances de 10W, on se heurte à deux difficultés : la première est d’arriver à
conserver des rendements aussi élevés et la deuxième, liée à la taille, est l’encombrement important de
tous ces étages compte tenu de la multiplication de ces derniers, sans compter le prix [III‐4].
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
49
Dans l’optique de nos recherches, nous avons pensé faire appel à des étages de conversion intégrés au
plus près de la source photovoltaïque, afin de minimiser au maximum les diverses connexions,
génératrices de pertes et l’encombrement de l’étage. Cette démarche repose sur les techniques les plus
avancées en termes d’intégration de puissance, non existantes à ce jour dans le domaine du
photovoltaïque. Le domaine applicatif qui s’avère le plus proche est celui des systèmes embarqués,
faisant appel à des systèmes de conversion traitant des puissances inférieures à 2W, qui s’est
fortement développé ces dernières années avec l’essor des téléphones portables et, plus généralement,
toutes les nouvelles fonctionnalités liées au mode de vie nomade. Dans ces applications, les
convertisseurs électriques intégrés et semi‐intégrés existent déjà à des tailles intéressantes (quelques
mm2), à des coûts relativement bas, liés à de grandes quantités de production. Ceci nous conforte sur la
possibilité d’une intégration de l’étage d’adaptation avec un faible encombrement et un fort
rendement compatible avec notre projet de rapprochement des étages de conversion aux cellules PV.
1.2 Analyse de l’existant.
L’évolution actuelle de l’électronique portable consiste à intégrer de plus en plus de fonctions autant
en sécurité qu’en intelligence, ce qui implique des puissances volumiques et massiques de plus en
plus importantes. En parallèle, les progrès effectués ces dernières années dans le domaine de la
conversion de puissance introduisent des fonctions de plus en plus compactes, voire intégrées,
permettant aujourd’hui d’envisager des alimentations de faibles puissances en version totalement
intégrée [III‐3, III‐4]. Ces avancées et cette expérience acquise depuis de nombreuses années dans le
domaine de l’électronique embarqué nous permettent d’envisager une discrétisation de la gestion de
puissance très fine (de l’ordre de 0.5 à 2Watts), à l’échelle de la cellule. Le Tableau III‐1 présente un
récapitulatif des convertisseurs continu‐continu actuellement commercialisés pour des applications
embarquées.
Type Composant Puissance Rendement Encombrement
Abaisseur de
tension
NCP1508 600mW 91% 9mm²
TPS62400 700mW 90% 9mm²
LT3021 (LDO) 600mW 50% 14.7mm²
Élévateur de
tension
LTC3459 600mW 89% 7mm²
FAN4875 1W 92% 18mm²
Tableau III‐1. Convertisseurs DC‐DC du commerce.
On notera que les rendements actuels des convertisseurs sont de l’ordre de 90% pour des puissances
allant de 0.5 à 1W, pour un encombrement réduit. Ces rendements et puissances sont donnés hors
éléments passifs (inductifs et capacitifs). Aujourd’hui, la question des différents freins à la
miniaturisation de ces deux composants reste en plus ouverte.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
50
1.3 Place des inductances dans les convertisseurs. Une alimentation à découpage est utilisée pour remplir des fonctions diverses, comme lʹélévation ou
l’abaissement de tension, ou encore une isolation galvanique. Plusieurs structures plus ou moins
complexes existent, selon les exigences du problème. Le point commun de tous ces étages de
puissance réside dans le fait quʹil est composé, dʹune part, de dispositifs à semi‐conducteurs pour les
interrupteurs et, dʹautre part, de composants passifs, à savoir les inductances les transformateurs et les
condensateurs.
Les composants actifs à semi‐conducteurs comme les diodes, les transistors bipolaires ou encore les
MOSFET sont utilisés comme interrupteurs de puissance. Les pertes sont donc faibles et dues aux
temps de conduction et à lʹélévation ou la baisse des tensions et des courants au cours de la
commutation. La fréquence de commutation dépend principalement de l’application; elle est
actuellement de l’ordre de 1 à 5MHz, maximum atteint dans les applications actuelles, sauf dans des
cas très spécifiques, impliquant de plus faibles puissances.
Les composants passifs fournissent de nombreuses fonctions dans les convertisseurs de puissance,
comme le filtrage ou lʹisolation. Leur rôle peut être assimilé à des réservoirs dʹénergie à l’échelle haute
fréquence, afin de minimiser les discontinuités dans le transfert dʹénergie devant être lissé pour être
livré à la charge. Ainsi au cours de chaque période de commutation et lorsque le régime permanent est
atteint, chaque dispositif passif a un comportement précis de stockage et libération de lʹénergie.
D’un point de vue technique, on distingue deux grands modes de réalisation des inductances :
‐ Sans matériau magnétique : méthode considérée comme avantageuse quand une linéarité parfaite
entre lʹexcitation magnétique et la densité de flux magnétique est nécessaire (pas dʹeffet de saturation),
ou lorsque des valeurs dʹinductance relativement faibles suffisent [III‐5, III‐6].
‐ Avec matériau magnétique : leur utilisation permet d’obtenir de grandes valeurs dʹinductances dans
un espace limité, en utilisant par exemple des matériaux à haute perméabilité relative (2000 ou plus)
[III‐7, III‐8].
On notera qu’une solution intermédiaire à la conception de lʹinductance peut être lʹutilisation dʹun
circuit magnétique à base de matériaux à haute perméabilité relative, présentant un petit intervalle
dʹair qui réduit globalement la perméabilité relative et donc augmente lʹexcitation permise avant
saturation du matériau magnétique. Une autre technique consiste enfin à utiliser des matériaux
hybrides qui présentent un entrefer réparti (matériau non homogène).
1.4 Problèmes envisagés.
Nous avons vu que lʹalimentation des systèmes embarqués et autonomes a tendance à être distribuée
sur les circuits, ce qui entraîne de nombreuses étapes de conversion avec une grande efficacité. Le défi
actuel consiste en la réalisation de dispositifs entièrement intégrés de conversion de puissance, fondés
sur des structures de conversion comme les structures Buck ou entrelacées [III‐9]. Ces structures
exigent toutes l’utilisation de composants passifs, en plus de composants actifs et de circuits de
commande.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
51
L’intégration des composants passifs est aujourdʹhui considérée comme un verrou technologique, du
fait des grandes valeurs d’ʹinductance et de capacité généralement employées dans les convertisseurs.
Dans le cas des composants inductifs, la littérature propose plusieurs solutions technologiques. La
topologie la plus prometteuse semble être celle des spirales intégrées, avec ou sans noyau magnétique,
en fonction de la fréquence de commutation de la demande dʹalimentation.
Aujourd’hui, lʹintégration des inductances semble possible grâce notamment aux améliorations
technologiques et à la conception assistée par ordinateur. En particulier, les solveurs
électromagnétiques peuvent être utilisés ; les approches analytiques, cependant, sont utiles pour les
concepteurs : ces dernières sont beaucoup plus rapides que les simulations par éléments finis, ce qui
permet ainsi de donner rapidement un ordre de grandeur des performances du composant ou
dʹaccomplir l’optimisation dès la conception.
Notre contribution à ce sujet a consisté, dans un premier temps, à proposer des outils de modélisation
pour inductances spirales intégrées, ainsi que des améliorations technologiques pour leur réalisation
et leur caractérisation. Par la suite, une méthodologie a été développée afin de simuler les composants
à l’aide de solveurs à éléments finis. Après cette approche de simulation, un modèle complet semi
analytique, basé sur la méthode PEEC pour inductances circulaires a été proposée. Cette formulation a
ainsi permis d’obtenir rapidement et précisément un modèle pour composants inductifs (inductances et
transformateurs).
Dans un deuxième temps, la réalisation technologique avec lʹoptimisation des processus a été
envisagée, suivie de la caractérisation des prototypes obtenus. Cette approche expérimentale a été
effectuée dans le but de valider les modèles développés.
2. Modélisation des éléments inductifs.
2.1 Positionnement du problème. La modélisation physique de composants inductifs nécessite la résolution dʹéquations
électromagnétiques. De nombreuses solutions analytiques ont été développées dans le passé ; mais,
dans la grande majorité, le champ magnétique produit par la spirale complète (rectangulaire, octogonale,
circulaire ...) ne peut être calculé en une seule fois. En outre, le milieu inhomogène entourant les
composants apporte des difficultés dans le calcul de l’inductance [III‐10].
2.1.1 Approche analytique.
Le calcul de l’inductance d’une bobine spirale planaire est généralement effectué dans un ʺespace
libreʺ, cʹest à dire dans un milieu homogène présentant les propriétés du vide ou de lʹair. Chaque
conducteur composant la spirale peut être décomposé en deux types dʹéléments élémentaires :
segments de droite ou boucles circulaires. Ils peuvent également être modélisés en tant que
conducteurs filiformes ou volumiques en fonction du calcul.
FW Grover a été le premier à donner de nombreuses formules approchées pour le calcul des
inductances propres et mutuelles de conducteurs de différentes formes, en combinant méthodes
cartésiennes ou géométriques, dans le plan ou dans le volume.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
52
La question du calcul des paramètres caractéristiques des inductances intégrées a aussi été traitée par
Greenhouse, qui proposa une méthode pour le calcul des inducteurs rectangulaires, basée sur
l’évaluation de la contribution de chaque segment [III‐10]. Plusieurs documents ont proposé des
méthodes similaires, dans le but de simplifier les calculs, en négligeant la contribution de certains
termes (par exemple les segments perpendiculaires ...). Ces formules de calcul rapides sont très utiles dans
les approches dʹaujourdʹhui [III‐6, III‐11].
La décomposition de la structure en segments sʹappuie sur le concept dʹinductance partielle, cʹest à dire
lʹinductance des segments qui, mis bout à bout, forme la spirale. Ce concept a été officiellement exposé
par AE Ruehli, et est basé sur une formalisation du circuit par éléments partiels équivalents (PEEC)
[III‐12].
Cette méthode synthétise le principe d’« éléments de circuits localisés » et le calcul des valeurs
caractéristiques à partir des équations électromagnétiques. Elle a été développée en coordonnées
cartésiennes, de sorte que toute la structure des conducteurs peut être modélisée par un dipôle
constitué d’une résistance équivalente, d’une inductance et d’un condensateur. Le calcul est basé sur
une formulation intégrale des équations électromagnétiques, de sorte que le volume total des
conducteurs est traité dans le même calcul, contrairement aux méthodes par éléments finis. Lʹavantage
de cette méthode est la séparation du calcul électromagnétique de lʹétude classique électrique de leurs
interconnexions.
De nombreux travaux ont été réalisés depuis, conduisant à la prise en compte des structures non
rectangulaires, non homogènes, etc… De plus, la méthode PEEC a été mise en œuvre dans plusieurs
outils logiciels, permettant ainsi la conception assistée par ordinateur d’éléments inductifs :
‐ FastHenry, FastCap et FastModel, sont trois logiciels développés par le Massachusetts Institute of
Technology, pour des applications d’hyperfréquences. Ces derniers calculent des modèles
équivalents pour accéder au modèle de l’inductance. On notera que les effets capacitifs sont pris en
compte ; de plus, un algorithme a récemment été développé, permettant de réduire les temps de
calcul.
‐ Asitic, développé à lʹUniversité de Berkeley, est plus particulièrement dédié à la conception RF
d’inductance. Cet outil propose un environnement pour la conception de composants
technologiques et peut générer des fichiers compatibles avec ceux utilisés dans les machines
fabriquant les masques utilisés en microélectronique (.GDS ou .Caf). Il inclut la modélisation du
substrat et des diverses couches, ainsi que des conducteurs pris dans leur volume, avec une
approximation de l’effet de peau. On notera qu’il nʹest pas capable de modéliser des conducteurs
circulaires.
2.1.2 Approche numérique.
La méthode la plus utilisée pour simuler des composants électromagnétiques est la méthode des
éléments finis (FEM), consistant en une résolution mathématique d’équations aux dérivées partielles
sur une structure maillée. Appliquées à la résolution d’équations de l’électromagnétisme, les
équations dérivées de Maxwell peuvent être utilisées selon le type du problème. Cette méthode offre
une grande précision dans le cadre du calcul de la réponse fréquentielle d’une impédance pour des
dispositifs inductifs.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
53
Il est impossible de classer tous les solveurs électromagnétiques existants en fonction des problèmes
que lʹon voudrait résoudre avec une méthode aux éléments finis. Cependant, trois grandes catégories
dʹapplications peuvent être identifiées pour lesquelles des outils logiciels sont disponibles :
‐ Les simulateurs basses fréquences, comme dans le cas des moteurs électriques, des
transformateurs, et des actionneurs. En effectuant des simulations bi ou tri dimensionnelles aux
éléments finis, on peut arriver à prédire les champs électriques et magnétiques, des couples, des
forces et des impédances.
‐ Les simulateurs de circuits électroniques, programmes utilisés pour prédire lʹintégrité du signal, la
diaphonie ou des interférences électromagnétiques (EMI). Planar 2‐D et les simulateurs de circuit 3‐
D disponibles auprès de vendeurs comme Ansoft (Simplorer).
‐ Les simulateurs de circuits micro‐ondes, les antennes et les systèmes radar. Dans ce cas, les
simulateurs électromagnétiques, travaillant à haute fréquence, servent à prédire les paramètres S, les
sections radar, et les diagrammes de rayonnement. Les progrès récents dans les algorithmes de
calcul ont été mis en œuvre dans plusieurs produits d’Ansoft (HFSS), Agilent (Momemtum), etc…
2.1.3 Contribution au sujet.
Pour faciliter l’intégration des inductances, des progrès doivent être réalisés dans deux domaines
distincts : l’amélioration d’étapes technologiques et le développement de nouveaux outils de
conception assistée par ordinateur, prenant en compte les spécificités des inductances dans le domaine
de l’électronique de puissance. Sur ce domaine, les approches analytiques sont celles utilisées
généralement par les concepteurs, car elles permettent de donner rapidement un ordre de grandeur
des performances de la bobine réalisée et dʹaccomplir ainsi rapidement l’optimisation dès sa
conception.
Après avoir analysé de manière détaillée les pertes dans les inductances ainsi que les modèles de
bobine intégrée déjà développés, notre but a été de concevoir une méthodologie de conception
d’inductance intégrée (Thèse de Philippe Artillan). Dans cette approche «simulation», un modèle
complet semi analytique basé sur la méthode PEEC pour inducteurs en spirale circulaire a été
proposé. Cette formulation permet ainsi d’obtenir de manière rapide et précise un modèle des
composants inductifs (inductances et transformateurs) [III‐14, III‐15]. Nous illustrons cette partie par le
module développé sous MATLAB, permettant aujourd’hui la conception aisée de l’inductance.
2.2 Développement d’un outil d’aide à la simulation. Dans le but d’avoir à terme une vision « système » de l’inductance intégrée dans son environnement,
nous avons choisi d’implémenter lʹétude théorique développée par Philippe Artillan durant sa thèse
dans un environnement Matlab, en considérant de plus sa compatibilité directe avec le solveur
éléments finis Comsol Multiphysics. On notera que le solveur développé peut être utilisé en mode
ligne de commande, en utilisant un langage de script spécifique pour produire le modèle géométrique et
le maillage, pour mettre les équations et variables, pour lancer la résolution du problème et, enfin,
pour effectuer le post‐traitement de la solution. De plus, nous avons utilisé la norme interface
graphique utilisateur (GUI) ainsi que la boîte à outils associée pour créer lʹenvironnement graphique,
de sorte quʹaucune boîte à outil spéciale n’est nécessaire. Seule, la boîte à outils « réalité virtuelle »
peut être utile pour créer des aperçus dʹimages 3D, mais le programme peut fonctionner sans elle.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
54
2.2.1 L’interface graphique. Lʹinterface utilisateur graphique, présentée en figure III‐1, correspond au projet, à savoir la simulation
d’une bobine intégrée.
Figure III‐1. Capture de la fenêtre principale de simulation.
On notera la présence de plusieurs icônes permettant, par exemple, de créer un nouveau projet, de
visualiser en 2D ou en 3D la géométrie de l’inductance ou encore de lancer la simulation. Le bouton
ʺVérifier le projetʺ appelle une procédure de vérification dont le but est de regarder que les conditions
minimales pour que le projet soit viable sont remplies : au moins un terminal, pas de chevauchement
des conducteurs, etc…
Les connexions entre les spires, appelées fils, sont représentées par un nombre identique figurant sur
les sections. Les points dʹexcitation, appelés terminaux, sont représentés avec des couleurs : une
section rouge est un point de fort potentiel et un bleu est un point de faible potentiel ou à la masse.
Enfin, les couches représentant les différents milieux entourant les conducteurs sont présentées, mais
pas à lʹéchelle pour éviter de ne plus pouvoir discerner les conducteurs.
On notera la présence d’une vue 3D (Figure III‐2) afin dʹavoir une vue globale du composant. La
capture dʹécran présente une image réalisée avec la visionneuse Matlab, permettant un déplacement
de la caméra. Ceci est particulièrement pratique pour vérifier visuellement les liens entre les tours.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
55
Figure III‐2. Vue 3D de la bobine à simuler.
On notera que la fenêtre principale, présentée en Figure III‐1, est séparée en deux sous‐fenêtres,
«Parts» et «Spirals ». Cinq paramètres sont disponibles :
‐ Spirales : pour décrire un ensemble de conducteurs avec leurs paramètres (nombre de tours, la largeur
et lʹépaisseur des conducteurs, lʹorientation de la spirale, etc...). Les fils sont générés automatiquement
pour réaliser les connexions.
‐ Bornes : pour décrire les points dʹexcitation électrique.
‐ Fils : à terme, pour ajouter un peu de connexions entre les spirales.
‐ Couches : pour entrer dans les couches les variables du problème (comme un substrat de silicium, une
résine photosensible, le noyau magnétique, etc...) avec leurs constantes physiques (conductivité,
permittivité relative et perméabilité relative). Le milieu est considéré comme linéaire et isotrope.
‐ Configurations : permet de résoudre le problème avec ou sans effets de Foucault et/ ou avec (ou
sans) effets capacitifs. La liste des points de fréquences peut être générée point par point, par un
ensemble de valeurs linéaires ou une échelle logarithmique.
Lors de son lancement, le logiciel ne résout quʹune configuration à la fois. Tous les résultats sont
enregistrés dans des projets. Lorsque la géométrie est modifiée, les résultats sont automatiquement
réinitialisés. Le logiciel résout la matrice des capacités en mode DC, puis l’admittance aussi en mode
DC (arbitrairement à 1Hz), afin d’obtenir les valeurs de la résistance DC et les matrices d’inductance.
Enfin, si les courants de Foucault doivent être pris en compte, une simulation par point de fréquence
est lancée, en utilisant la linéarisation de la matrice admittance.
À la fin de la simulation, les valeurs calculées et stockées permettent d’obtenir les résultats suivants :
‐ Les matrices des capacités et des résistances, obtenues en continu,
‐ La matrice d’admittance Y, de dimension d x d, avec d le nombre de conducteurs,
‐ La matrice d’impédance X, de dimension t x t, avec t le nombre de ports ou de terminaux,
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
56
‐ Le potentiel vecteur contenant le potentiel de chaque nœud
2.2.2 Validité des résultats obtenus.
Pour valider nos résultats, nous avons choisi de simuler une inductance et de comparer les valeurs
obtenues aux résultats disponibles via des simulateurs aux éléments finis. Pour cela, nous avons pris
une conductivité du cuivre σCu de 58.106 S.m‐1 et une conductivité de lʹair nulle. De cette façon, la
convergence des simulations a été plus facile à obtenir, car il nʹy avait pas courant de Foucault induit
dans le substrat. On notera que cette approximation nʹaffecte pas lʹobjectif de ces simulations pour
aider à la validation du modèle. On prendra de plus deux niveaux de conducteurs de 10 tours comme
on peut le voir sur la figure III‐3. Les conducteurs, en colimaçon, possèderont une largeur de 100μm,
une épaisseur de 15μm, espacés de 50μm et 3500μm de rayon externe. Les deux niveaux sont espacés
de 5μm.
Figure III‐3. Vue supérieure de la bobine à simuler.
Le modèle développé sera comparé au même composant simulé dans Maxwell 3D et dans HFSS. On
notera que la fréquence de transition est autour de 10MHz ; Maxwell 3D donne des résultats après
cette fréquence, même si on notera que les effets capacitifs sont très mal modélisés. Sur le même
principe, HFSS est incapable de donner des résultats en dessous de cette fréquence.
Lʹensemble des résultats sous forme dʹimpédance complexe sont présentés sur la Figure III‐4. On
remarquera que la faible augmentation de la phase avant la partie inductive de la courbe montre que
Maxwell 3D prend en compte les effets de peau et de proximité.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
57
(a)
(b)
Figure III‐4. Réponse fréquentielle (module et phase) de l’inductance en utilisant Maxwell 3D et
HFSS.
Les simulations ont été le point de départ pour valider notre modèle analytique. On notera que la
validation finale a été réalisée expérimentalement et sera développée plus tard. Ces résultats sont
intéressants car ils démontrent tout de même le très bon accord entre la simulation et le modèle PEEC
développé, sur une large plage de fréquence.
Figure III‐5. Comparaison des modèles analytiques et numériques pour le calcul de la résistance
série et de l’inductance.
HFSSMaxwell 3D
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
58
3. Réalisation et caractérisation d’éléments inductifs.
Nous avons vu précédemment que la conception des inductances intégrées implique diverses
compétences afin dʹobtenir un bon compromis entre une facilité de réalisation et de bonnes
performances. Dans le cas de la réalisation de bobines intégrées, un processus à un seul niveau ne
serait pas intéressant dans le sens où il nʹest pas possible de concevoir des bobines intégrées sans
underpath ou overpath, dans le but de récupérer le contact central. Ainsi, la conception de bobines à
plus de deux niveaux peut être imaginée, en se basant sur une répétition de certaines étapes.
D’un point de vue technologique, plusieurs travaux de thèse ont été engagés dans le laboratoire sur la
réalisation de composants inductifs intégrés sur silicium, dans le but d’obtenir notamment la
possibilité d’effectuer des électrodépositions de noyaux magnétiques ou des gravures de grandes
tranchées à facteur de forme élevé [III‐16, III‐17, III‐18].
Pour notre part, deux thèses ont été encadrées sur ce sujet (A. Salles et Ph. Artillan) [III‐13, III‐18]. Les
buts poursuivis étaient de réaliser des inductances intégrées sur silicium et de valider ainsi les
modèles analytiques développés. Dans le but de caractériser les objets ainsi obtenus, deux méthodes
de mesures ont été confrontées : une approche basse fréquence avec un analyseur dʹimpédance et une
approche haute fréquence avec un analyseur de réseau vectoriel. Une attention particulière a été portée
sur la précision des résultats obtenus.
3.1 Processus technologique employé. Plusieurs procédés ont été développés et sont potentiellement disponibles pour réaliser des
composants inductifs. La partie suivante décrit en détail chaque étape du processus le plus abouti,
permettant d’obtenir des inductances à deux niveaux de conducteur [III‐13]. On notera en particulier,
concernant :
‐ La résine SU8 : la première étape de ce processus est consacrée à la création dʹune couche isolante
entre le substrat de silicium conducteur et la bobine construite. Cette dernière pourrait être réalisée
par une oxydation classique de la surface de silicium par CVD, mais lʹépaisseur de la couche aurait
été tout à fait insuffisante. En fait, lʹépaisseur maximale réalisable dans un temps acceptable dans les
fours standard est dʹenviron 3000A. Nous avons alors décidé de déposer une épaisseur de 5μm de
résine SU8 par spin coating.
‐ AZ 4562 : cette étape consiste à créer des moules dans lequel pourront croître les conducteurs. À
lʹheure actuelle, nous utilisons une résine photosensible type AZ4562 qui permet le dépôt de métal
jusquʹà 25μm d’épaisseur. A noter que la prochaine génération de composants pourra être réalisée
avec une résine BCB qui permettrait des dépôts plus épais, jusquʹà 80μm d’épaisseur.
‐ Croissance électrolytique de Cuivre : la croissance de ce métal consiste à plonger le wafer dans un
bain contenant des ions cuivre Cu2+, le wafer constituant lʹélectrode négative dʹune alimentation et
lʹélectrode positive étant immergé dans le bain. De cette façon, le cuivre est déposé alors que le
courant circule à travers le bain. Cette méthode est très simple et peu coûteuse, mais il demande
beaucoup de procédures dʹétalonnage, comme la qualité, lʹépaisseur et lʹhomogénéité du dépôt. En
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
59
effet, ce dernier dépend de nombreux paramètres : la concentration de cuivre, le courant, le pH, les
catalyseurs, etc…
Figure III‐6. Processus technologique de réalisation d’inductance à deux niveaux de conducteurs.
‐ Deuxième niveau : la fabrication du deuxième niveau est traitée de la même manière que le premier.
Les efforts déployés pour obtenir une bonne qualité de planarisation ont permis dʹomettre lʹétape
dʹélectrodéposition, évitant plusieurs étapes du processus. Pour avoir accès à la couche inférieure,
des trous de connexion sont ouverts lors de lʹétape de dépôt d’SU8.
(a)
(b)
(c)
(d)
(e)
(f)
(g)
(h)
(i)
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
60
3.2 Prototypes obtenus. Plusieurs exemples de réalisation sont présentés en figure III‐7. On notera que plusieurs formes ont
été réalisées afin d’améliorer le processus de test ou de quantifier l’importance de la forme de
l’inductance (carrée, octogonale, circulaire). On notera que la forme circulaire a été choisie parce quʹelle
minimise la concentration actuelle en sommets, responsable de lʹaugmentation de la résistance DC,
la surchauffe locale et, enfin, la limitation à faible courant. On notera que anneaux de masse ont été
conçus pour permettre la mesure avec des sondes RF, selon les recommandations de Cascade
Microtech [III‐19].
LDC= 315nH, RDC= 1.2Ω
FRes= 126MHz
LDC= 9.4μH, RDC= 34Ω
FRes= 23MHz
LDC= 310nH, RDC= 930mΩ
FRes= 75MHz
LDC= 315nH, RDC= 1.2Ω
FRes= 126MHz
LDC= 9,4μH, RDC= 34Ω
FRes= 23MHz
LDC= 315nH, RDC= 1.2Ω
FRes= 126MHz
Figure III‐7. Exemples de réalisation.
3.3 Caractérisation des composants. La caractérisation de composants passifs consiste à obtenir des informations sur leur comportement
par des mesures électriques. En ce qui concerne les composants discrets, un grand nombre de
méthodes expérimentales de mesures ont été réalisées et rapportées dans la littérature, conduisant à la
mesure des caractéristiques magnétiques ou électriques. Ces méthodes sont généralement destinées à
permettre une extraction de paramètres, permettant d’obtenir ainsi un modèle simplifié du composant
mesuré. Même si les travaux antérieurs portant sur des inductances discrètes sont généralement
transposables aux composants passifs intégrés, leur qualification reste une question spécifique, du fait
de leur structure complexe, basée sur la technologie planaire, et de leurs dimensions plus petites,
souvent responsables de phénomènes parasites spécifiques. En outre, les dispositifs de mesure
existants sont conçus pour des composants discrets et une nouvelle solution doit être trouvée à chaque
fois pour les rendre compatibles.
Dans la partie suivante, nous proposons un bref aperçu des méthodes de mesure existantes et une
comparaison de leurs performances.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
61
3.3.1 Mesures à basse fréquence. La caractérisation des inductances à basses fréquences peut être réalisée avec deux types de dispositifs
de mesure :
‐ Impédancemétrie : ces appareils utilisent la méthode du pont de Wheatstone ou la méthode courant
tension. Ils offrent au comptant (= point par point) des mesures, comme dans les solutions Agilent
4284A/4285A.
‐ Analyseurs dʹimpédance, qui utilisent un équilibrage automatique et une méthode de mesure type
pont ou toute autre méthode capable de donner automatiquement lʹimpédance dʹun oscillateur
commandé. Ils offrent des mesures de fréquence en continu : lʹutilisateur définit une gamme de
fréquence et un certain nombre de points. Ces méthodes sont proposées dans des analyseurs type
Agilent 4294A ou E4991A RF.
Différents types de méthodes de mesure ont été étudiées et comparées [III‐20]. Ce travail a conduit à
lʹinstallation dʹun banc de mesure, basé sur l’utilisation un analyseur d’impédance Agilent type
4294A.
(a) (b)
(c) (d)
Figure III‐8. Mesure des paramètres caractéristiques de l’inductance (en gris : zone d’incertitude)
La figure III‐8 montre les valeurs mesurées de lʹimpédance d’une inductance réalisée au LAAS. Les
paramètres caractéristiques extraits sont le module de l’impédance | Z |, la phase de (Z), la résistance
équivalente série Rs et lʹinductance série équivalente Ls. On notera que le calcul de la précision a
montré que, pour nʹimporte quelle fréquence, lʹamplitude et la phase peuvent varier de moins de 2%.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
62
Cependant, la résistance équivalente et lʹinductance sont très sensibles aux erreurs de mesures dans,
différents domaines de fréquence, comme par exemple les basses fréquences pour lʹinductance. Ces
phénomènes peuvent être expliqués par la distribution de lʹincertitude en fonction de la valeur de
phase : pour les fréquences où le composant est très résistif, lʹinductance est très faible et donc difficile
à estimer précisément et, inversement, un comportement inductif conduit à une détermination
inexacte de la résistance.
3.3.2 Mesures à haute fréquence. Pour les mesures de fréquences plus élevées, (ie. environ 100 MHz), la méthode précise d’auto‐
équilibrage du pont ne peut plus être employée. Même si les méthodes de mesure dʹimpédance réelle
existent, par exemple la méthode RF‐IV mis en œuvre par Agilent Technologies dans le E4991A RF, la
méthode la plus commune utilise des Analyseurs de réseau vectoriel (VNA). Ces instruments
permettent de mettre en œuvre une approche totalement différente, basée sur la définition de
lʹimpédance donnée par la théorie des micro‐ondes. Dans sa forme fondamentale d’analyse de réseau,
cela implique la mesure des ondes incidentes, réfléchies et transmises.
Figure III‐9. Méthode de caractérisation utilisant un analyseur vectoriel.
3.3.3 Comparaison des résultats.
Une comparaison entre chaque méthode de mesure a été effectuée en utilisant une même inductance.
On peut voir sur la Fig. III‐10 que la fréquence de résonance série (SRF) est sous‐estimée par la
mesure basse fréquence, effectuée à l’aide de la station sous‐pointe. Ceci est probablement dû à lʹeffet
parasite des câbles qui introduisent un filtre LC, qui ne peut pas être compensé par les méthodes
décrites ci‐dessus.
Par opposition, si l’on considère l’inductance montée dans un boitier, la fréquence de résonance série
et le comportement à basse fréquence est proche de celui attendu. Ces mesures ont donc été
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
63
considérées comme correctes et utilisées pour valider le développement théorique développé dans la
partie précédente.
(a) (b)
Figure III‐10. Mesure des paramètres caractéristiques de l’inductance à l’aide de trois méthodes
différentes.
La figure III‐11 présente une comparaison des résultats pratiques avec les résultats théoriques,
utilisant le modèle analytique PEEC, tenant compte ou non des effets de Foucault.
(a) (b)
(c) (d)
Figure III‐11. Mesure des paramètres caractéristiques de l’inductance et comparaison avec les deux
méthodes théoriques.
La première méthode (eddy off) consiste à calculer une seule matrice inductance et une seule matrice
capacité. Cette méthode prend en compte tous les effets, sauf l’effet de peau. On utilise ici une
méthode de calcul très rapide pour déterminer les paramètres généraux : inductance, résistance DC et
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
64
fréquence de résonance série SRF. Nous pouvons voir que cette méthode donne de bons résultats en
ce qui concerne ces objectifs.
La deuxième méthode (eddy on) vise à modéliser les effets des courants induits. Cette dernière prend
beaucoup plus de temps que la première, puisque le calcul de la matrice admittance est nécessaire à
chaque point de fréquence. Quoi quʹil en soit, la comparaison de la courbe obtenue grâce à cette
méthode avec la courbe de mesure montre que les paramètres généraux Rsdc, LSDC et CRS donne
une bonne concordance : plus la résistance augmente avec la fréquence, plus l’inductance équivalente
diminue. Ces phénomènes sont essentiellement dus à la distribution non uniforme du courant dans les
conducteurs et lʹapparition de courants induits dans des couches conductrices entourant les
conducteurs.
Toutefois, une partie de la courbe PEEC « modèle complet » est hors du domaine de précision de la
courbe de mesure, en particulier aux points le plus élevé de fréquence (avant la résonance). Ceci
pourrait être imputé à des erreurs de mesure, en raison dʹun manque de précision dans la technique
de préparation des fils de connexion et de package de composant. Dʹautre part, une erreur peut
provenir de la modélisation qui ne tient pas compte de la géométrie exacte.
De plus, on notera que plusieurs ensembles de paramètres ont été testés pour estimer lʹinfluence des
parties spécifiques de la conception sur la réponse en fréquence, mais aucun nʹa permis dʹexpliquer la
forte diminution de lʹinductance équivalente, ce qui peut aussi être considéré comme une
augmentation exagérée de la résistance équivalente, ou de la même manière, comme un «retard» dans
la phase sur des mesures.
4. Conclusion.
Dans ce chapitre, nous avons proposé une contribution pour améliorer la conception et la réalisation
d’éléments inductifs.
D’un point de vue technologique, chaque étape du procédé a été développée et optimisée, grâce au
soutien du service TEAM du LAAS, afin d’améliorer la filière technologique.
Plusieurs méthodes de mesure ont également été confrontées, conduisant à une bonne méthodologie
pour la mesure des très basses fréquences à des fréquences supérieures à100MHz. Au‐delà de cette
limite, les mesures ne semblent pas appropriées pour les inductances de puissance. Les mesures
effectuées, toutefois, fournissent une validation expérimentale encourageante du modèle analytique
proposé pour des inductances planaires circulaires ou en spirales.
Les améliorations dans la technologie des procédés et dans les techniques de mesure permettront la
réalisation et la caractérisation de nombreux autres composants passifs tels que des inductances à
noyau magnétique par voie électrolytique ou des condensateurs intégrés.
____________________________________________
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
65
Programme de Recherche
1. Positionnement du programme de recherche.
1.1 Contexte général. Plusieurs facteurs socio‐économiques font que le photovoltaïque devient une technologie dʹénergie
renouvelable de choix en France : le besoin de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), la
déréglementation et la restructuration des compagnies de production dʹélectricité, etc… En Europe et
notamment en France, les réseaux de transport et de distribution de lʹélectricité ont été conçus de
manière centralisée. De fait, notre système de production et de distribution dʹélectricité actuel est dicté
par un principe : maintenir au mieux un équilibre entre la demande et lʹoffre en effectuant un
prévisionnel de la consommation le plus précis possible.
Lʹintégration des énergies renouvelables aux réseaux dʹélectricité est le déclencheur impliquant
obligatoirement une modernisation de nos installations électriques et le développement de nouveaux
modes de gestion tenant compte à la fois des consommations mais aussi de la production
décentralisée d’un grand nombre de nouvelles sources d’énergie dont la production est très difficile à
contrôler et encore plus à prévoir. Aujourd’hui, cette problématique est regroupée au niveau mondial
dans la terminologie « smart grid » comprenant à la fois le développement de nouvelles sources
d’énergie plus contrôlées mais à faible impact sur l’environnement et les nouveaux modes de
communication à distance nécessaires à la gestion globale d’un réseau. En effet, une plus grande
participation de producteurs d’énergie à la fourniture de l’électricité implique des difficultés sur la
gestion des pointes de consommations journalières pas forcément en adéquation avec les pointes de
productible potentiel de toutes ces nouvelles sources. Cela nous incite à des changements à plusieurs
niveaux de la chaîne de production. Ainsi l’industrie électrique évolue de plus en plus de pair avec
l’industrie des télécommunications vers une production plus décentralisée avec un transit d’énergie
et d’information qui devient de plus en plus bidirectionnel.
La modernisation des réseaux électriques inclut différentes composantes afin de faciliter la gestion des
réseaux électriques modernes, chacune ayant un impact différent sur l’atteinte d’objectifs
environnementaux, sur la fiabilité des réseaux électriques et sur le coût de l’électricité. Ainsi, le
développement de réseaux intelligents devrait permettre un meilleur ajustement de la production et
de la consommation dʹélectricité. En améliorant la connaissance sur la consommation électrique à
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
66
lʹaide de compteurs intelligents, il serait plus facile dʹéviter et/ou prévoir les pics de consommation et
les pannes dues à une surcharge. Ainsi, la gestion de la consommation électrique serait gérée de
manière intelligente au plus près des besoins des utilisateurs afin d’éviter des surproductions inutiles.
Bien que la fourniture d’énergie décentralisée comporte de nombreux avantages, la transition vers un
« smart grid » représente plusieurs défis technologiques non encore résolus à ce jour. Ainsi un des
enjeux majeurs des réseaux dʹélectricité de demain est l’assimilation massive de la production
dʹélectricité intermittente. Le développement des énergies renouvelables, sources de production
dʹélectricité par nature décentralisées, est souvent freiné par une inadéquation de ces moyens de
production avec le fonctionnement du réseau actuel. Lʹélectricité produite est alors perdue, ne
pouvant être stockée à grande échelle ni sur un temps trop long. Ainsi, on peut considérer que le
réseau de distribution électrique lui‐même doit évoluer pour pouvoir gérer la production et la
consommation en temps réel. Demain le réseau devra donc être bidirectionnel pour intégrer la
production dʹélectricité dʹorigine renouvelable.
Figure IV‐1. Exemple de smart grid.
Pour cela, le réseau devra nécessairement être équipé de capteurs, de centres de contrôles afin de
mieux gérer ces flux. Les avantages sont évidents : installer toutes sortes dʹéquipements de
surveillance dans les résidences personnelles, dans les établissements de petites entreprises pour que
les fournisseurs et les consommateurs sachent exactement combien dʹélectricité est utilisée à un
moment donné et pour quelle utilisation.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
67
1.2 Quelle évolution pour le photovoltaïque dans le contexte des smarts-grids ? La percée de l’énergie photovoltaïque comme source d’énergie électrique renouvelable passe par une
amélioration constante des performances des différents éléments constituant la chaîne de conversion.
Dans ce cadre, le LAAS‐CNRS continuera à s’intéresser à l’amélioration des caractéristiques des étages
d’adaptation, insérés entre les panneaux photovoltaïques et la charge, continue (ie. batteries pour site
isolé) ou alternative (ie. le réseau pour connexion réseau).
Concernant le développement d’architectures de conversion les plus compactes et performantes
possibles, l’évolution actuelle consiste à intégrer de plus en plus de fonctions comme nous avons pu le
montrer au chapitre II. Pour qu’elle soit efficace, elle doit s’accompagner d’un développement
d’alimentations en énergie électrique dédiées et performantes, cʹest‐à‐dire parfaitement adaptées en
courant et en tension à la demande des applications, comme, par exemple, un habitat isolé ou un
quartier d’habitation dans une ville. L’adaptation source‐charge étant rarement possible en connexion
directe, un voir plusieurs étages de conversion doivent être obligatoirement insérés entre la source
énergétique et les applications à alimenter. Ainsi se pose le problème de la gestion du compromis
entre le rendement de conversion de l’étage d’adaptation et la fonction réellement occupée par ce
dernier à chaque instant. Ceci implique des puissances volumiques et massiques de plus en plus
importantes pour toutes les fonctions inhérentes au contrôle de la conversion d’énergie.
Figure IV‐2. Prospectives de recherche à l’échelle du panneau ou du groupement de panneau.
En parallèle, les importants progrès effectués ces dernières années dans le domaine de la conversion
d’énergie électrique ont donné naissance à des fonctions élémentaires (conversion, régulation, protection,
filtrage) de plus en plus compactes voir intégrées. Ceci permet aujourd’hui d’envisager la possibilité de
réaliser à court terme (sous quatre ans) des alimentations de faibles puissances en version totalement
intégrées, en particulier pour celles destinées à assurer les fonctions de « point de charge » comme
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
68
dans l’exemple des alimentations distribuées. A ceci, doivent maintenant s’ajouter des fonctions de
gestion de la ou des éléments de stockage probablement de types batteries. Nous pouvons illustrer
nos propos d’abord dans le cas des sites isolés ou les applications nomades mais très rapidement les
smart grids devront aussi s’en préoccuper. Ainsi, le projet de recherche que nous proposons s’articule
sur plusieurs thèmes :
‐ Nouvelles architectures de panneaux photovoltaïques,
‐ Stratégies de gestion avancées adaptées aux nouveaux types de générateur photovoltaïque (de la
cellule au panneau) et incluant le stockage,
‐ Intégration ultime Panneau + Convertisseur statique.
2. Axes de recherches envisagés. 2.1 Nouvelles architectures de panneaux photovoltaïques.
Nous proposons de concevoir et développer des fonctions avancées de gestion de l’énergie pour
générateur (ou module) photovoltaïque, en continuation des projets en cours et en les renforçant sur les
points les plus stratégiques sur le gain potentiel en rendement, baisse des coûts et allongement de la
durée de vie. Ainsi, un de nos objectifs est de rendre communicante la chaîne de conversion
électrique, rendue complexe par les alimentations distribuées. Ainsi, à chaque instant, l’état réel du
système devra être connu à distance par un gestionnaire, tout comme les puissances instantanées
produites ou consommées.
De plus, la sécurisation de l’ensemble de la chaîne de conversion du point de vue électrique devra être
envisagée, en la rendant « intelligente » par l’insertion de fonctions annexes nécessaires au suivi de la
vie de la chaine de conversion. Cette partie, appelée Gestionnaire de la chaine de conversion, est en
cours de développement au laboratoire à travers la thèse d’Aloña Berasatégi, commençée en 2009 en
CIFRE Total. A ces aspects d’associabilité et d’architectures distribuées de convertisseurs déjà
étudiées, nous nous proposons de rajouter :
‐ Des fonctions avancées de protection : la protection du panneau sera envisagée de deux manières.
La première, d’un point de vue électrique, consistera à protéger et diagnostiquer le fonctionnement
du panneau. Le but recherché est ici de pouvoir identifier le panneau du champ de protection
défaillant, en associant des protocoles de test et de diagnostic à distance. De plus, dans l’objectif
d’une discrétisation la plus poussée possible des convertisseurs au plus près d’une cellule ou d’un
groupement de cellules, de nouvelles stratégies de connectivité des groupes de cellules entre eux
sera envisagé, afin de supprimer l’intégration des diodes By‐Pass et des diodes anti‐retours. D’un
point de vue sécuritaire, nous proposerons de rajouter des fonctions dites « propriétaires » au
panneau, en rendant ce dernier identifiable à distance et non fonctionnel en cas de vol.
‐ Le couplage multi‐sources : dans de nombreux cas, l’utilisation du photovoltaïque comme unique
source d’énergie n’est pas suffisante pour répondre aux besoins des utilisateurs, en particulier dans
des périodes hivernales. Dès lors se pose la question du couplage de plusieurs sources, possédant
des comportements électriques différents. Deux approches seront alors possibles ; la première
consistera à identifier une ou plusieurs autres charges, et d’appréhender leur mode de
fonctionnement afin de rendre la conception du convertisseur et de sa commande optimale. La
deuxième consistera à utiliser un convertisseur plus ou moins générique, permettant d’effectuer un
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
69
couplage entre les différentes sources mais de manière moins optimale, puisque les caractéristiques
propres de la deuxième source ne seront pas prises en compte.
‐ Le couplage multi‐charges : en considérant dans un futur proche que les systèmes développés
pourront être couplés soit à un réseau continu (batteries) soit à un réseau alternatif (réseau EDF par
exemple), cette partie étudiera de nouvelles structures de convertisseurs permettant de répondre aux
besoins énoncés précédemment ainsi que leurs modes de commande à distance.
2.2 Stratégies de gestion avancées : vers une intégration ultime panneau –
convertisseur. Une source photovoltaïque, constituée d’un nombre variable de cellules, de technologie variée, délivre
une puissance électrique qui, pour être optimisée tant en production qu’en consommation, doit faire
appel à un étage d’adaptation. Ainsi, traiter l’énergie électrique au plus près des cellules productrices
doit apporter un gain important en rendement de la totalité de la chaîne de conversion, ainsi qu’une
augmentation de la fiabilité. Si l’on pousse ce raisonnement aux limites, la question de la
miniaturisation voire de l’intégration du convertisseur statique se pose. Nous nous proposons
d’étudier dans les années qui viennent :
‐ l’optimum du nombre de cellules photovoltaïques à connecter à un convertisseur de taille variable
en fonction de la technologie utilisée,
‐ le développement d’une nouvelle architecture optimisée de générateur (ou module) photovoltaïque.
Le but est ici de gérer la puissance avec un rendement maximisé, au plus près de la ou d’un
groupement faible de cellules, le tout combiné à une conversion adaptée en taille (ie. le plus intégré
possible) et en puissance.
‐ les problèmes d’associabilité de convertisseurs en série, en parallèle ou encore en cascade,
‐ Des solutions de connexion des différents convertisseurs suivant le mode d’association privilégié.
2.3 Stratégies optimisées de Gestion des batteries et couplage au réseau. De nombreuses études ont été consacrées ces dernières années à la recherche et au développement de
systèmes photovoltaïques raccordés au réseau électrique avec fonction de stockage. En effet, cette
dernière permettrait de résoudre les perturbations électriques engendrées par les réinjections directes
non prévisibles des installations actuelles. Jusqu’à présent, ces perturbations sont encore absorbées par
le réseau électrique lui‐même. Cependant, le parc photovoltaïque installé à ce jour devrait s’étendre
considérablement ; dès lors, de telles perturbations sur le réseau ne seront plus tolérables. La fonction
stockage pourrait donc ouvrir plus largement le marché en se libérant de la capacité de raccordement.
En effet, outre l’amélioration de la qualité du courant, la fonction stockage offre d’autres utilisations ;
elle permettrait notamment, lorsque la production sera suffisante pour fournir la demande, de stocker
le courant excédentaire produit, évitant ainsi de surcharger le réseau. Le réseau profiterait ainsi d’une
source d’énergie prévisible, disponible à tout moment pour atténuer la charge du réseau lors des
pointes de consommation. Ainsi, le stockage permettra d’étaler dans le temps l’énergie photovoltaïque
produite au cours de la journée de telle sorte qu’elle soit décalée dans le temps et disponible à tout
moment en fonction des besoins. Cette fonction permettra donc à la fois de maximiser la
consommation locale ou l’autoconsommation et d’améliorer l’efficience des systèmes photovoltaïques.
Les objectifs scientifiques et techniques que nous proposons maintenant consisteraient en une
approche système globale, de la production PV à son optimisation énergétique, qui permettrait le
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
70
développement d’un système assurant une fonction de service et de soutien au réseau, par opposition
avec les modules PV standard qui génèrent de l’électricité intermittente et non pilotable. Pour ce faire,
nous proposons :
‐ De développer de nouvelles stratégies de gestion du module couplé au réseau pour l’ensemble des
modes d’interaction envisagés (soit un fonctionnement en lissage des pics de consommation journaliers, ou
un fonctionnement en tampon lors des intermittences de production photovoltaïque, ou bien encore un
fonctionnement secouru).
‐ De développer des fonctions d’équilibrage permettant d’atteindre en fin de charge le même niveau
de charge pour chaque élément. En effet, la technologie lithium‐ion, par exemple, n’acceptant pas la
surcharge, la mise en série des éléments constitutifs d’un pack est rendue obligatoire. Un élément
déséquilibré en tension doit donc être rééquilibré en tension. Les modes d’équilibrages actuels
procèdent, au cours du processus de charge, par des décharges successives sur les éléments
présentant les niveaux de charge les plus élevés, afin de ramener leur état de charge au niveau des
éléments les plus faiblement chargés. Ces opérations sont longues et diminuent le rendement de
charge du pack. Nous nous proposons ainsi de développer des solutions innovantes permettant de
diminuer les temps de charge et de maximiser le rendement.
‐ De développer une fonction de sécurité, autant pour la batterie de stockage que pour la sécurité des personnes, lors de la mise en place de l’installation ou de la maintenance par exemple. On
s’intéressera de plus à la sécurisation au niveau de l’onduleur en cas d’événements extérieurs, à
proximité du système tels qu’un incendie, une inondation et susceptibles de nécessiter l’intervention
de personnes non habilités au niveau électrique. Ainsi, le système devra être capable de se
déconnecter et de se mettre en sécurité.
‐ De développer un système de communication à distance permettant de pouvoir contrôler le bon
fonctionnement de l’installation, ce qui permettra de déclencher des opérations de maintenance
précoces.
Pour ces divers travaux d’envergure, deux nouvelles thèses ont démarré en 2010 dans le cadre d’un
contrat LAAS‐Total sur 4 ans. Le soutien de deux nouveaux post‐doctorants depuis un an a été
nécessaire renforçant ainsi l’équipe du LAAS existante que je codirige Corinne Alonso.
3. Le projet ADREAM comme démonstrateur.
3.1 Généralités. Le programme Adream du laboratoire LAAS‐CNRS porte sur l’ensemble des aspects de conception et
de développement des systèmes énergétiques et informatiques disséminés. Dans de tels systèmes,
l’évolution de l’informatique est l’intégration du traitement de l’information dans les objets de notre
quotidien où, après l’émergence de la mobilité, l’intelligence devient ambiante. Le développement de
tels systèmes soulève de nombreux défis scientifiques et technologiques dans le domaine des Sciences
et technologies de l’information et de la communication tout comme dans le domaine de la gestion de
l’énergie.
Adream se propose d’anticiper cette évolution en se concentrant sur les approches systèmes avec la
construction des micro‐technologies ainsi que les approches logicielles nécessaires à la mise en réseau
massive d’objets instrumentés et intelligents, mobiles, coopératifs et communicants par des
technologies sans fil. Dotés d’autonomie sur les plans énergétique, fonctionnel et décisionnel, ces
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
71
composants et systèmes devront anticiper les risques de fautes accidentelles ou de malveillances.
Interopérables, ils pourront fonctionner avec d’autres objets et systèmes informatiques et s’adapteront
à un large spectre d’environnements et de tâches, par exemple pour réduire la consommation
d’énergie et pour l’assistance à la personne.
3.2 Volet « Energie ».
L’avenir de l’industrie du photovoltaïque passe par une baisse des coûts de production de l’électricité,
et une optimisation de la production face au besoin. Ces deux enjeux nécessitent des systèmes
d’intégration intelligents, de l’échelle des panneaux solaires à celle des systèmes locaux, en passant
par l’intégration dans le bâtiment et le stockage de l’électricité.
Le programme Adream propose donc de bâtir un démonstrateur, en temps réel et en conditions
climatiques réelles, à travers un nouveau bâtiment de 1 700 m² optimisé en énergie. Le bâtiment va
intégrer une capacité de production d’énergie essentiellement photovoltaïque, de 100 kWc, grâce à
une façade photovoltaïque classique contribuant aux besoins en électricité du bâtiment. La production
d’énergie sera destinée non seulement à la consommation du laboratoire mais aussi à l’étude de
systèmes énergétiques, avec une combinaison de plusieurs sources d’énergie : géothermie et puits
canadien, grâce à une pompe à chaleur. Enfin, le bâtiment instrumenté servira lui‐même de
plateforme expérimentale puisqu’un tiers de la toiture permettra d’évaluer de nouveaux types de
cellules photovoltaïques et de conversion d’énergie. Le bâtiment sera instrumenté pour la gestion de
l’énergie (capteurs de température, d’ensoleillement, de mesure de la vitesse du vent...). Afin de
recréer des situations identiques à celles des sites isolés (chalet de haute montagne, pylône télécom,
ile) ou connectés au réseau EDF, l’énergie électrique pourra au choix être injectée sur le réseau
électrique du laboratoire, ou bien vers des éléments de stockage tels que des batteries en plomb ou de
nouvelle génération (lithium…).
Figure IV‐3. Aspect énergétique du démonstrateur ADREAM.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
72
3.3 La création d’une plateforme «Energie» dans ADREAM. L’énergie solaire satisfait les ambitions de la France dans la lutte contre le changement climatique et la
réduction de la contrainte extérieure dès qu’elle représente une puissance installée significative. Le
décollage économique de la filière exige plus. La France, dans ce secteur comme dans beaucoup
d’autres, n’a pas à rougir des performances de ses chercheurs ni de l’investissement public dans leurs
activités : les équipes scientifiques recueillent des résultats innovants, prometteurs, remarquables. Les
problèmes actuels, freinant le développement d’une filière photovoltaïque française, résident
essentiellement dans la transformation des données établies en laboratoire vers des applications
intégrées à la chaîne de montage des usines, ainsi que dans la réalisation de démonstrateurs à grande
échelle, validant les solutions proposées par les laboratoires. Le LAAS a ainsi créé une plateforme de
caractérisation des systèmes photovoltaïques, de la cellule à l’application, basée sur les connaissances
scientifiques acquises par le LAAS‐CNRS sur la conversion d’énergie électrique photovoltaïque ainsi
que sur son nouveau projet de bâtiment à énergie optimisée ADREAM.
Figure IV‐4. Caractérisation des chaînes de conversion photovoltaïque.
La figure IV‐4 synthétise les différents composants de la chaîne de conversion photovoltaïque que
nous nous proposons d’évaluer, le tout en conditions réelles de fonctionnement (ie. ensoleillement
« naturel », température extérieure, refroidissement naturel etc…) et en temps réel :
‐ Rendement des cellules/des modules photovoltaïques : La qualité d’un module photovoltaïque
peut être définie par sa capacité à restituer le maximum de la puissance lumineuse absorbée. Le but
est ici de mesurer les rendements effectifs des cellules et de pouvoir les comparer à d’autres types
de technologies. On notera que des critères fondamentaux comme l’irradiance, les températures
des panneaux ou le refroidissement des panneaux pourront être mesurés en temps réel.
‐ Rendement des systèmes de conversion : le rendement d’un convertisseur de puissance peut être
défini comme la capacité de ce dernier à restituer sur son port de sortie, le maximum de la
puissance présente sur son port d’entrée. Si l’on considère l’évolution du rendement d’un étage de
conversion en fonction de la puissance transmise, la zone optimale d’utilisation typique d’un CS
pour une application PV est comprise généralement entre 20% et 100% de sa puissance nominale.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
73
Ce sont des données statistiques qu’il faut affiner au besoin selon la caractéristique typique du
gisement solaire utilisé.
‐ Rendement des commandes de maximisation de la puissance extraite du panneau : La qualité
d’une commande peut être définie comme la position du point de fonctionnement du système par
rapport au Point de Puissance Maximal délivrable par le panneau. Mais d’autres critères, tels que
le temps de réponse et son aptitude à fonctionner sur une large gamme de puissance sont
importants pour évaluer les qualités de ce type de commande.
4. Synthèse.
Aujourd’hui, des travaux d’envergure sont à nouveau nécessaires dans le domaine de la conversion
d’énergie au sens large. L’exemple illustré dans ce document sur l’énergie photovoltaïque le montre.
Les travaux de recherche que j’ai pu développer tout au long de ces dernières années dans cette
application ont des retombées actuelles et futures dépassant largement les énergies renouvelables. En
effet, certains concepts d’architectures distribuées peuvent s’appliquer à d’autres domaines comme la
problématique des systèmes embarqués.
Le cheminement des recherches montre également un fort développement vers la pluridisciplinarité et
le besoin sans cesse constant de développer de nouveaux savoirs en concertation avec de nouveaux
acteurs de domaines différents. L’énergie n’est ainsi plus un domaine réservé aux électrotechniciens
mais un domaine ouvert vers les nouvelles technologies en particulier micro et nano, la synthèse de
nouveaux matériaux. Le développement de l’électronique numérique dédiée à divers organes de
commandes est également en pleine mutation impliquant de nouvelles recherches sur la
consommation, le taux de calculs possible et la compacité.
Les enjeux sur la modélisation fine et les nouveaux modes de commande sont aussi très forts,
impliquant la reprise forte de nouveaux axes en automatique et contrôle de systèmes. L’informatique
avec tous les protocoles de communication et la sureté des informations, le taux de pannes a aussi de
nouvelles applications conjuguées aux techniques de télécommunications les plus récentes.
A travers cette habilitation à diriger les recherches, j’ai voulu montrer que le domaine de l’énergie
devient obligatoirement pour le chercheur un terrain de collaborations obligatoires. A côté du
développement d’une spécialité, il est également nécessaire de se tenir au courant des dernières
avancées dans les autres domaines pour rester à la pointe de l’innovation.
__________________________________________________
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
74
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mémoire d’ingénieur du Conservatoire Nationale des Arts et Métiers soutenu à Toulouse, 2010.
[II‐1] M. Di Santo, A. Vaccaro, D. Villacci, E. Zimeo, «A distributed architecture for online power systems
security analysis», IEEE Transactions Vol. 51, pp. 1238‐1248, 2004.
[II‐2] K. Kobayashi, I. Takano, Y. Sawada, « A study on a two stage maximum power point tracking control of
a photovoltaic system under partially shaded insolation conditions », IEEE Power Engineering Society
General Meeting, Vol. 4, 2003.
[II‐3] Site web : www.blueskyenergyinc.com.
[II‐4] R. Platz, N‐P. Vaucher, D. Fischer, J. Meier, A. Shah, « Improved micromorph tandem cell performance
through enhanced top cell currents », IEEE Photovoltaic Specialists Conference, pp. 691 – 694, 1994.
[II‐5] S. Goya, Y. Nakano, N. Yamashita, S. Morita, Y. Yonekura, « Development of amorphous
silicon/microcrystalline silicon tandem solar cells », Proceedings of 3rd World Conference on Photovoltaic
Energy Conversion, Vol. 2, pp.1570‐1573, 2003.
[II‐6] Y‐M. Soro, A. Abramov, M‐E. Gueunier‐Farret, E‐V. Johnson, C. Longeaud, P. Roca i Cabarrocas, J‐P.
Kleider, « Device grade hydrogenated polymorphous silicon deposited at high rates », Journal of Non‐
Crystalline Solids, Vol. 354, Iss. 19‐25, pp.2092‐2095, 2008.
[II‐7] S. Petibon, « Nouvelles architectures distribuées de gestion et conversion de lʹénergie pour les
applications photovoltaïques », thèse de l’Université Paul Sabatier, 2009.
[III‐1] F. Roozeboom, A.L.A.M. Kemmeren, J.F.C. Verhoeven, F.C. van den Heuvel, J. Klootwijk, H.
Kretschman et al., “Passive and heterogeneous integration towards a Si‐based System in Package
concept”, Journal of Thin Solid Films, vol. 504, pp. 391‐396, 2006.
[III‐2] D. Jovcic, B‐T.Ooi, “High‐Power, Resonant DC/DC Converter for Integration of Renewable Sources”,
IEEE Bucharest Power Tech Conference, 2009.
[III‐3] A. Benazzi, M. Brunet, P. Dubreuil, N. Mauran,L. Bary, J.‐P. Laur, J‐L. Sanchez, K. Isoird, “Performance
of 3D capacitors integrated on silicon for DC‐DC converter applications”, European Conference on Power
Electronics and Applications (EPE’07), pp. 1‐9, 2007.
[III‐4] J‐L. Sanchez, A. Bourennane, M. Breil, P. Austin, M. Brunet, JP. Laur, “Evolution of the classical
functional integration towards a 3D heterogeneous functional integration”, 14th International Conference
Mixed Design of Integrated Circuits and Systems, Ciechocinek (Pologne), 2007.
[III‐5] J.N. Burghartz & B. Rejaei, “On the Design of RF Spiral Inductors on Silicon”, IEEE transactions on electron
devices, vol. 50, no 3, pp. 718‐729, 2003.
[III‐6] M. Liu, W. W.‐M. Dai, “Modeling and Analysis of Integrated Spiral Inductors for RF System‐in‐
Package”, Proceedings of the ASP‐DAC Design Automation Conference, Asia and South Pacific, pp. 211‐216,
2000.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
76
[III‐7] M.H.F. Lim, Z. Liang, J.D. van Wyk , “Low profile integratable inductor fabricated based on LTCC
technology for microprocessor power delivery applications”, IEEE transactions on components and
packaging technologies, vol. 30, issue 1, pp. 170‐177, 2007.
[III‐8] J.‐W. Park, M. G. Allen, “Ultralow‐profile micromachined power inductors with highly laminated Ni/Fe
cores: application to low‐megahertz DC‐DC converters”, ; IEEE Transactions on magnetics, vol. 39, issue 5,
part 2, pp. 3184‐3186, 2003.
[III‐9] R. Giral, L. Martinez‐Salamero, S. Singer, “Interleaved converters operation based on CMC”, IEEE
Transactions on Power Electronics, pp. 643‐652, 1999.
[III‐10] H. Greenhouse, “Design of planar rectangular microelectronic inductors”, IEEE Transactions on Parts,
Hybrids, and Packaging, vol. 10, pp. 101‐109, 1974.
[III‐11] J. Aime, E. Clavel, J. Roudet, Ph. Baudesson, “Magnetic field computation of a common mode filter using
Finite Element, PEEC methods and their coupling”, IEEE International Symposium on Industrial Electronics
(ISIE’08), Cambridge, United Kingdom, pp. 7‐12, 2008.
[III‐12] A. E. Ruehli, “Partial Element Equivalent Circuit (PEEC) method and its application in the frequency and
time domain”, IEEE International Symposium on Electromagnetic Compatibility, pp. 128‐133, 1996.
[III‐13] Ph. Artillan, “Design, modelization and realization of integrated inductive components for low power
supplies and microsystems”, Doctorat de l’Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse, 2008.
[III‐14] Ph. Artillan, B. Estibals, A. Salles, J. Abboud, P. Aloïsi, C. Alonso, “A PEEC approach for circular spiral
inductive components modeling”, IEEE International Symposium on Circuits and Systems (ISCAS’07), pp.
301‐304, 2007.
[III‐15] Ph. Artillan, B. Estibals, C. Alonso, “A new modeling approach for circular spiral inductors”, 12th
European Conference on Power Electronics and Applications (EPE 2007), Aalborg, pp. 1‐8, 2007.
[III‐16] T. El Mastouli, JP. Laur, JL. Sanchez, M. Brunet, D. Bourrier, M. Dilhan, « Micro‐inductors integrated on
silicon for dc‐dc converters”, SPIE International Symposium on Micromachining and Microfabrication Process
Technology, San José (USA), 2008.
[III‐17] T. El Mastouli, JP. Laur, JL. Sanchez, M. Brunet, D. Bourrier, M. Dilhan, JF. Bobo, “CoNiFe applied in
microinductors for integrated dc‐dc converters”, IEEE International Magnetics Conference (INTERMAG
2008), Madrid (Espagne), 2008.
[III‐18] A. Salles, « Conception dʹélements passifs magnétiques pour convertisseurs de faible », Doctorat de
l’Université Paul Sabatier, Toulouse, 2008.
[III‐19] Cascade Microtech, “Layout Rules for GHz‐Probing”, Cascade Microtech application note, url:
http://www.cmicro.com/, 1987.
[III‐20] Ph. Artillan, C. Alonso, B. Estibals, A. Salles, N. Mauran, H.Tranduc, S.Assie‐Souleille, “Conception et
réalisation dʹun banc de caractérisation dʹéléments inductifs pour la conversion de puissance”, Rapport
LAAS‐CNRS 05663, 67p. , 2005.
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Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
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Liste des travaux et publications
Bilan sur la période de 2005 à 2010 Brevets 4
Revues Internationales avec Comité de Lecture 3 (7 Soumises)
Congrès Internationaux avec Comité de Lecture, dont 4 papiers invités 22
Congrès Nationaux avec Comité de Lecture 3
Rapports de Contrats 3
Brevets
‐ B. Estibals, C. Alonso, M. Vermeersch, « Système de Gestion Electronique pour cellules photovoltaïques»,
Brevet déposé en France et étendu à l’international n° 08 07 119, 2008 ‐ B. Estibals, C. Alonso, M. Vermeersch, L. Francke, « Dispositif photovoltaïque et Procédé de Fabrication »,
Brevet déposé en France et étendu à l’international n° 09 02 354, 2009
‐ C. Alonso, B. Estibals, C. Cabal, S. Petibon, A. Berasategi, M. Vermeersch, « Système de gestion électronique de
cellules photovoltaïques avec seuils adaptés », Brevet FR N° 09 58 899, 2009
‐ C. Alonso, B. Estibals, C. Cabal, S. Petibon, A. Berasategi, M. Vermeersch, « Système de gestion électronique de
cellules photovoltaïques selon la météorologie », Brevet FR N°09 58 900, 2009
Revues Internationales avec Comité de Lecture
‐ B. Estibals, C. Alonso, A. Salles, A. Cid‐Pastor, L. Martinez‐Salamero, « Design and Realisation of Integrated
Inductor with Low DC‐resistance value for Integrated Power Applications », HAIT Journal and Engineering B,
Vol. 2, pp. 848‐868, 2005.
‐ L. Martinez‐Salamero, H. Valderrama‐Blavi, C. Alonso, B. Estibals, A. Cid‐Pastor, “Self‐Oscillating DC‐to‐DC
switching converters with transformers characteristics”, IEEE Transactions on Aerospace and Electronic Systems,
Vol. 41, pp. 710‐716, 2005.
‐ A. Cid‐Pastor, L. Martinez‐Salamero, C. Alonso, B. Estibals, J. Alzieu, G. Schweitz, D. Shmilovitz, “Analysis and
Design of Power gyrators in sliding‐mode operation”, IEE Proceedings Electric Power Applications, Vol. 152, pp.
821‐826, 2005.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
78
‐ Ph. Artillan, D. Jugieu, B. Estibals, Corinne Alonso, Ch. Escriba1, A‐M. Gué, “Analytical modeling and analysis
of integrated magnetic actuators applied to microbeads handling in microfluidic systems”, Soumis à IEEE
Transactions on Computer Aided Design of Integrated Circuit and Systems, 2009.
‐ R. Leyva, P. Artillan, C. Cabal, B. Estibals, “Dynamic Performance of MPPT Circuits using Sinusoidal
Extremum Seeking
Control for PV Generation”, soumis à International Journal of Electronics le 18 May 2010.
‐ C.A.Ramos‐Paja, C.E.Carrejo, A.Simon‐Muela, B.Estibals, C. Alonso, ʺModeling of full photovoltaic systems
applied to advanced control strategiesʺ, soumis à Renewable Energy and Power Quality Journal, 2010.
‐ C.E. Carrejo, A. Simʹon‐Muela, C.A. Ramos, B. Estibals, A. Nektsa, C. Alonso, ‘’Modeling rules for High‐
frequency, Digitally‐Controlled Point‐of‐Load Power Converters’’, soumis à International Journal of Electronics,
2010.
‐ C.E. Carrejo, A. Simon‐Muela, C.A. Ramos, E. Monmasson, B. Estibals, C. Alonso, ‘’Design guidelines for high‐
frequency digital FPGA‐based controllers applied to VRM‘’ soumis à IEEE Transactions on Industrial Electronics,
2010.
‐ C.E. Carrejo, C.A. Ramos, R. Giral, B. Estibals, C. Alonso, ‘’Active Filtering and Advanced Signal Processing in
Power Electronics ’’, soumis à IEEE Transactions on Power Electronics, 2010.
‐ C. Olalla, C.E. Carrejo, R. Leyva, B. Estibals, C. Alonso, “Digital QFT robust control of current‐mode converters:
application to power,conditioning regulators”, soumis à International Journal of Electronics, 2010.
Congrès Internationaux avec Comité de Lecture
‐ A. Salles, B. Estibals, D. Bourrier, C. Alonso, « Planar Inductors with Interleaved Conductors for Integrated
Power Applications », IEEE ISCAS 2005, Kobe, Japon, 2005.
‐ B. Estibals, A. Salles, D. Bourrier, P. Destruel, I. Seguy, A. Cid‐Pastor, C. Alonso, « Design and Realisation of
Integrated Inductors on Glass wafer for Low Power Applications », SAAEI’05, Santander, Espagne, 2005.
‐ B. Estibals, JL. Sanchez, C. Alonso, JP. Laur, A. Salles, D. Bourrier, M. Dilhan, “Micro inductors using low
temperature fabrication processes for integrated DC‐DC microconverters”, IEEE IAS’05, Hong Kong, 2005.
‐ A. Cid‐Pastor, L. Martinez‐Salamero, C. Alonso, B. Estibals, L. Seguier, G. Schweitz, “Analysis and Design of
Power R gyrators for voltage regulation”, 32nd IEEE IECONʹ2006, Paris (France), 2006.
‐ B. Estibals, C. Alonso, A. Salles, Ph. Artillan, “An overview of last design strategies of integrated inductors for
switching power regulators”, Invited Paper, IEEE ISCASʹ2006, Ile de Kos (Grèce), 2006
‐ Ph. Artillan, B. Estibals, A. Salles, J. Abboud, C. Alonso, “A PEEC approach for circular spiral inductive
components modelling”, IEEE ISCAS 2007, Nouvelle‐Orléans, 2007.
‐ S. Petibon, C. Alonso, B. Estibals, P. Aloisi, A. Cid‐Pastor, L. Martinez‐Salamero, « Comparative study of the
optimal number of phases for interleaved voltage regulator modules”, EPE 2007, Aalborg, Denmark, 2007.
‐ Ph. Artillan, B. Estibals, A. Salles, A. Cid‐Pastor, L. Martinez‐Salamero, C. Alonso, « A new modeling approach
for circular spiral inductors”, EPE 2007, Aalborg, Denmark, 2007.
‐ A. Simon, S. Petibon, C. Alonso, B. Estibals, L. Seguier, J‐L. Chaptal, “Practical implementation of a high‐
frequency current sensing technique for VRM”, IEEE ISIE 2007, Vigo (Espagne), pp.764‐769, 2007.
‐ C. Cabal, C. Alonso, A. Cid‐Pastor, B. Estibals, L. Seguier, G. Schweitz, J. Alzieu, “Adaptive digital MPPT
control for photovoltaic applications”, IEEE ISIE 2007, Vigo (Espagne), 2007.
‐ A. Simon, Y. El Basri, C. Lahore, L. Seguier, C. Lahore, L. Seguier, C. Alonso, V. Boitier, B. Estibals, J‐L. Chaptal,
“High‐frequency digital point‐of‐load converter using a bits DSC”, IEEE ISIE 2008, Cambridge (UK), 2008.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
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‐ C. Cabal, C. Alonso, A. Cid‐Pastor, L. Seguier, B. Estibals, “Improved of photovoltaic conversion chain with
interleaved method”, 39th Power Electronics Specialists Conference (PESCʹ08), Rhodes (Grèce), 2008.
‐ C. Cabal, A. Cid‐Pastor, L. Seguier, B. Estibals, C. Alonso, “Maximum power point tracking by means of parallel
connection of power semi‐gyrators”, IEEE ISIE 2008, Cambridge (UK), 2008.
‐ S. Petibon, C. Alonso, B. Estibals, L. Seguier, C. Cabal, P. Rocca I Cabarrocas, E. V. Johnson, A. Abramov, “New
distributed architecture for tandem solar cells based on pm‐Si:H/uc‐Si:H structures”, IEEE ISIE 2008, Cambridge
(UK), 2008.
‐ A. Simon, C. Alonso, B. Estibals, J‐L. Chaptal, « Diseño de convertidores digitales embarcados de alta frecuencia
de conmutaciòn ʺPoint‐of‐Loadʺ », SAAEI 2008, Cartagene (Espagne), 2008.
‐ A. Simon, C‐E. Carrejo Gonzalez, E. Vidal‐Idiarte, B. Estibals, C. Alonso, “Analysis and design of digital
predictive current‐mode control techniques for high‐frequency VRMs”, 35th Annual Conference of the IEEE
Industrial Electronics Society (IECON 2009), Porto (Portugal), pp.224‐229, 2009.
‐ J. Martinez Garcia Tenorio, A. Simon, B. Estibals, C. Alonso, “Input current characterization for interleaved
multiphase voltage regulator modules”, 35th Annual Conference of the IEEE Industrial Electronics Society (IECON
2009), Porto (Portugal), pp. 571‐576, 2009.
‐ JF. Reynaud, O. Gantet, P. Aloïsi, B. Estibals, C. Alonso, “New adaptive supervision unit to manage
photovoltaic batteries”, 35th Annual Conference of the IEEE Industrial Electronics Society (IECON 2009), Porto
(Portugal), pp. 661‐666, 2009.
‐ A. Berasategi, C. Cabal, B. Estibals, C. Alonso, “European efficiency improvement in photovoltaic applications
by means of parallel connection of power converters”, 13th European Conference on Power Electronics and
Applications (EPE 2009), Barcelone (Espagne), 2009.
‐ CE. Carrejo Gonzalez, P. Artillan, A. Simon, E. Vidal‐Idiarte, B. Estibals, C. Alonso, “FPGA‐based improvement
of classical current tracking methods for high‐frequency power converters”, International Conference on Industrial
Technology (IEEE‐ICIT 2010), Viña del Mar (Chili), 14‐17 Mars 2010, pp.718‐725, 2010.
‐ CA. Ramos‐Paja, CE. Carrejo Gonzalez, A. Simon, E. Perez, D. Gonzalez Montoya, B. Estibals, C. Alonso,
“Modeling of full photovoltaic systems for control purposes”, International Conference on Renewable Energies and
Power Quality (ICREPQʹ10), Granada (Espagne), 23‐25 Mars 2010, pp.712‐717, 2010.
‐ JF. Reynaud, O. Gantet, P. Aloïsi, B. Estibals, C. Alonso, “A novel distributed photovoltaic power architecture
using advanced Li‐ion batteries”, accepté à EPE PEMC, 5‐8 Septembre 2010, Ohrid, Rép. De Macédoine, 2010.
Congrès nationaux avec Comité de Lecture ‐ A. Salles, C. Alonso, B. Estibals, « Etat d’avancement dans le dimensionnement d’inductances planaires pour
convertisseurs intégrés de faible puissance », JNRDM’05, Paris, 2005.
‐ A. Salles, B. Estibals, Ph. Artillan, D. Bourrier, C. Alonso, « Réalisation d’inductances parallèles pour
applications de puissance intégrées », EPF’06, Grenoble, 2006.
‐ A. Cid‐Pastor, L. Martinez‐Salamero, C. Alonso, R. Leyva‐Grasa, B. Estibals, G. Schweitz, « Réalisation de
fonctions électroniques basées sur des girateurs de puissance », EPFʹ2006, Grenoble, 2006.
Rapports de Contrat
‐ S. Petibon, C. Alonso, B. Estibals, « Mise en place du démonstrateur DC/DC de faible puissance », Rapport
LAAS N°07139, Projet de recherche ATOS, 2007.
‐ P. Aloisi, C. Alonso, M. Bafleur, V. Boitier, F. Caignet, P. Dubreuil, B. Estibals, E. Imbernon, K. Isoird, H‐E.
Dkotb Mhfoz, N. Mauran, F. Morancho, N. Nolhier, J. Roig Guitart, B. Rousset, Ch. Salamero, J‐L. Sanchez, E.
Habilitation à Diriger les Recherches – Bruno Estibals
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Scheid, H. Tranduc, B. Chaudret, M. Khan, J‐M. Reynes, E. Stefanov, B. Vrignon, J. Calvente, « Rapport
intermédiaire du laboratoire commun LISPA », Rapport LAAS N°07273, Laboratoire Commun LISPA, 2007.
‐ P. Aloisi, C. Alonso, M. Bafleur, V. Boitier, F. Caignet, P. Dubreuil, B. Estibals, E. Imbernon, K. Isoird, H‐E.
Dkotb Mhfoz, N. Mauran, F. Morancho, N. Nolhier, J. Roig Guitart, B. Rousset, Ch. Salamero, J‐L. Sanchez, E.
Scheid, H. Tranduc, B. Chaudret, M. Khan, J‐M. Reynes, J. Sheperd, E. Stefanov, B. Vrignon, J. Calvente, L.
Martinez‐Salamero, E. Vidal, Ph. Artillan, B. Bernoux, A. Gendron, N. Lacrampe, L. Saint‐Macary, J‐B.
Sauveplane, A. Simon, « Rapport final du laboratoire commun LISPA », Rapport LAAS N°08526, Laboratoire
commun LISPA, 2008.
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