Construire en Bois en Guyane

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BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2002, N° 274 (4) 57 CONSTRUIRE EN BOIS / LE POINT SUR… Construire en bois en Guyane : l’exemple d’une habitation contemporaine L’article présente une maison individuelle à ossature bois, innovante sur le plan architectural et répondant efficacement aux contraintes climatiques et énergétiques locales. L’intérêt de cette construction réside dans le choix et le détail de mise en œuvre des matériaux. Photo 1. L’utilisation extensive du bois et la qualité des détails contribuent à un cadre de vie agréable. The estensive use of wood and the high quality detailing help to create a pleasant living environment. Photo B. Dutrève. Bruno Dutrève Direction départementale agriculture et forêt de l’Essonne Boulevard de France 91010 Évry Cedex France Alexander Phung Architecte DPLG 86, rue de Clery 75002 Paris France

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B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 2 , N ° 2 7 4 ( 4 ) 57CONSTRUIRE EN BOIS / LE POINT SUR…

Construire en bois en Guyane : l’exemple

d’une habitationcontemporaine

L’article présente une maison individuelle à ossature bois,innovante sur le plan architectural et répondant efficacement aux contraintes climatiqueset énergétiques locales. L’intérêt de cette construction réside dans le choix et le détail demise en œuvre des matériaux.

Photo 1. L’utilisation extensive du bois et la qualitédes détails contribuent à un cadre de vieagréable. The estensive use of wood and the highquality detailing help to create a pleasantliving environment. Photo B. Dutrève.

Bruno DutrèveDirection départementale agricultureet forêt de l’EssonneBoulevard de France 91010 Évry CedexFrance

Alexander PhungArchitecte DPLG86, rue de Clery75002 ParisFrance

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FOCUS / BUILDING WITH WOOD

RÉSUMÉ

CONSTRUIRE EN BOIS EN GUYANE : L’EXEMPLE D’UNEHABITATION CONTEMPORAINE

Dans l’agglomération de Cayenne, laplupart des constructions récentess’avèrent peu performantes sur leplan thermique et énergétique, et nevalorisent généralement pas lesmatériaux locaux comme le bois ou labrique. Une habitation individuellecontemporaine constitue une excep-tion notable du fait de son modèlearchitectural et de l’utilisation pous-sée des bois locaux. Après une brèveprésentation du contexte climatiqueet énergétique, l'article présente unedescription architecturale de cettemaison à ossature bois à travers sonorganisation fonctionnelle et les solu-tions constructives retenues. L'en-semble des matériaux utilisés (bois,agglomérés et contreplaqués, verreet tôle) est abordé et le choix de leurutilisation par le concepteur, qui n'apas retenu la solution du « toutbois », est argumenté. Enfin, les élé-ments de bioclimatique contribuant àrendre cette construction perfor-mante sur le plan thermique et éner-gétique sont développés.

MMoottss--ccllééss :: construction contempo-raine, bois locaux, climat équatorial,Guyane.

ABSTRACT

BUILDING WITH WOOD IN FRENCHGUYANA: EXAMPLE OF A MODERNRESIDENTIAL BUILDING

Most of Cayenne’s recent buildingsare not energy-efficient and do notgenerally help to promote local mate-rials such as timber or brick. One con-temporary residential building standsout as a notable exception in terms ofits architectural references and itsextensive use of local timbers. Afterbriefly describing the climate and theenergy situation, this article gives anarchitectural description of a timber-framed house, including layout andtechnical solutions. The full range ofmaterials is presented (wood, chip-board and plywood, glass and corru-gated metal) and the designer’schoices are discussed. Finally, thearticle points out the different ele-ments that contribute to an energyefficient design.

Keywords: contemporary construc-tion, local timbers, equatorial cli-mate, French Guyana.

RESUMEN

CONSTRUIR EN MADERA ENGUAYANA FRANCESA: EL EJEMPLODE UNA VIVIENDA CONTEMPORÁNEA

En la aglomeración de Cayena, lamayoría de las construcciones recien-tes son poco eficaces a nivel térmicoy energético y, generalmente, no valo-rizan los materiales locales como lamadera o el ladrillo. Una viviendaindividual contemporánea constituyeuna notable excepción por su modeloarquitectónico y la amplia utilizaciónde maderas locales. Tras una brevepresentación del contexto climático yenergético, el artículo presenta unadescripción arquitectónica de estacasa de armazón de madera a travésde su organización funcional y lassoluciones constructivas elegidas. Secomentan todos los materiales utili-zados (madera, aglomerados y con-trachapados, vidrio y chapa) y serazona la elección de su utilizaciónpor el diseñador, que no adoptó lafórmula de “todo en madera”. Porúltimo, se exponen los elementos debioclimática que hacen que estaconstrucción sea eficaz a nivel tér-mico y energético.

Palabras clave: construcción con-temporánea, maderas locales, climaecuatorial, Guayana Francesa.

Bruno Dutrève, Alexander Phung

Photo 2. La construction offre un espaced’habitation largement ouvert surl’extérieur.The design of the buildingprovides a living area that is wideopen to the outside. Photo B. Dutrève.

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Une constructionen bois

remarquable

La ville de Cayenne est composéede vieux bâtiments coloniaux à struc-ture bois, souvent mal entretenus, peuà peu remplacés par des constructionsmodernes de plusieurs niveaux enbéton armé. Dans ce contexte urbain,la forme du bâti manque partoutd’unité architecturale. Les modèlesconstructifs, pour la plupart importésde métropole, ne prennent pas encompte les problématiques d’écono-mie d’énergie ni de valorisation desmatériaux locaux, comme le bois ou labrique. Au milieu d’une zone résiden-tielle au sud-est de Cayenne,, une habi-tation contemporaine conçue et occu-pée par Yves Chevallier, architecteDplg, représente une exceptionnotable par son modèle constructif etpar l’utilisation poussée des bois guya-nais (photos 1 et 2). Elle constitue, dece fait, un cas concret répondant effica-cement aux problématiques évoquéeset enrichissant les maisons-types théo-riques en « tout bois » présentées pardifférents auteurs (Sallenave, 1950 b ;Vernay et al., 1997). La description quisuit veut montrer l’exemple d'uneautre utilisation des matériaux ; elleillustre le fait qu’une application finede principes constructifs a prioricontraignants peut aboutir à un objetarchitectural en bois remarquable etdurable.

ContexteSpécificités climatiques

Localisée sur la côte est del’Amérique du Sud, à 4° 56’ de latitudenord et 52° 20’ de longitude, Cayenneest soumise à un climat de type équa-torial caractérisé par des précipita-tions importantes, une humidité éle-vée et de faibles amplitudes detempérature (Boye et al., 1979). Lahauteur moyenne des précipitationsannuelles est de 1 800 à 3 400 mm, eten mai ou juin il peut tomber 250 mmd’eau en 24 heures. En dépit de cetteforte pluviosité, la durée d’ensoleille-ment reste importante : l’insolationmoyenne annuelle est de l’ordre de2 380 heures. Les températuresmoyennes annuelles sont de 26-27 °C,avec des variations mensuelles etannuelles peu importantes sous abri.L’humidité relative moyenne est de80 à 90 % selon la saison. Les vents,limités à quelques brises marines prin-cipalement de direction est-nord-estet en moyenne de 3,7 m/s, tempèrentlégèrement le climat.

Contexte énergétique

Selon une étude récente del’Agence de l’environnement et de lamaîtrise de l’énergie (Ademe) etd’Électricité de France (Ademe, Edf,1998) portant sur les usages élec-triques dans le secteur résidentiel enGuyane, la climatisation représente leprincipal poste de consommation avec40 % des dépenses énergétiques,devant le froid (27 %) et l’électromé-nager (14 %). D'après cette étude,tous types d’appareils électriquesconfondus, les climatiseurs consom-meraient annuellement environ2 300 kWh dans une habitation-type..

Par ailleurs, le coût réel du kilo-watt-heure en Guyane est supérieurau prix facturé au client. Ainsi, laconception d’habitations et de locauxinadaptés aux conditions climatiqueslocales constitue un réel problèmesur le plan énergétique. C’est pour-quoi des organismes comme Edf etl’Ademe poussent à la réalisation debâtiments pensés différemment, enprenant part à la conception ou enpromouvant des labels (Ecodom,EcoClim) accompagnés de subven-tions. L’objectif est l’amélioration duconfort thermique et énergétique deslogements dans les départementsd’outre-mer et la réduction desdépenses énergétiques qu’ils entraî-nent (Eco Dom, 1999).

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Photo 3. Une pergola prolonge la structurede l’habitation vers l'avant. Elleconstitue un espace tampon, dontun « bois cathédrale » marque lepivot, entre la rue et l’espaceprivé de la maison. A pergola extends the structure ofthe house towards the front andprovides a buffer area, with a“bois cathédrale” in the centre,between the street and the familyareas of the house. Photo B. Dutrève.

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Approchearchitecturale

Les occupants de l'habitationprésentée, un couple n'ayant plusd'enfant à charge, bénéficient d’unsystème de valeurs qui leur permetd’appréhender l’élément constructifbois de manière innovante. Leur phi-losophie de vie a d’évidence induitdes choix organisationnels spéci-fiques et même un « art de vivre »que n’auraient pas nécessairementadoptés d’autres personnes. Plusglobalement, cette construction est leproduit d’une architecture réfléchie..

Référencesarchitecturales

L’utilisation extensive du bois,l’attention particulière aux détailsconstructifs ainsi que la présence depanneaux coulissants et d’un poteausacré sont clairement empruntés auxtraditions constructives japonaise,kanak et mélanésienne. Mais, par lechoix d’une organisation en planlibre, le concepteur fait référence auxidéaux modernistes (Le Corbusier,Frank Lloyd Wright) : les espaces devie communiquent entre eux sansséparation marquée.

Cette fluidité de l’habitat sepoursuit vers l’extérieur pour essayerde renouer un lien perdu avec lemilieu naturel, assimilant faussementla maison à un carbet – la maisoncontient tout le confort mobilier etélectroménager nécessaire à une viesédentaire.

Organisationfonctionnelle

Conformément à la traditionjaponaise, le passage entre ledomaine public (la rue) et l’espacedomestique est marqué par un chemi-nement progressif : depuis l’espacetampon délimité par un retour de clô-ture, on accède à une pergola, puis àl’entrée et enfin à la zone d’habitationproprement dite, d’une surface habi-table de 85 m2 (photos 3 et 4).

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Photo 4. Conformément aux références modernistes, les activités communes sontorganisées en un même espace ouvert (cuisine, séjour, coin repas), directementaccessible depuis l’entrée. In keeping with modernist references, activities shared by the family areorganised within a single open-plan space (kitchen, living and dining areas)opening out directly from the entrance. Photo B. Dutrève.

Figure 1. Plan de la construction.Layout.

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La pergola, partiellement cou-verte de tôle, prolonge la structure dela maison et agrandit l’espace d’en-trée au niveau du sol. Elle abrite undébarras ainsi qu’une place de sta-tionnement pour un véhicule.

Le corps de bâtiment principalforme un rectangle long orienté nord-sud, souligné par une toiture à faiblepente. Il s’organise selon une sépara-tion jour/nuit. Le salon, la cuisine etle coin repas sont directementvisibles et accessibles depuis l’en-trée. La chambre et un espace de toi-lette, dissimulés par un bloc centralde rangements, sont relégués à l’ar-rière (figure 1).

Le plan en « L » permet de déli-miter un jardin du côté est en mêmetemps qu’il rejette à l’ouest une circu-lation de service gravillonnée. Calédans l’angle de la construction, undeck crée un espace de vie ouvertdans le prolongement de l’habitation.Il entoure un jacuzzi et un bassin àpoissons sur deux niveaux et agré-mente le jardin.

Une coursive extérieure d’unmètre de large mène à l’aile secon-daire aménageable en chambred’amis ou bureau et munie d’un cabi-net de toilette indépendant. Cettepièce poursuit la construction en« L » en fond de parcelle (photo 5).

À l’arrière de l’habitation, face àun pripri (marigot), un ponton consti-tue un lieu de travail ou de repos pourun occupant souhaitant s’isoler (pho-tos 1 et 6).

La majorité des rangements(penderies, meubles de cuisine etbibliothèque) s’organise le long desfaçades orientées à l’ouest et au nord.

Solutions constructives

Système constructifIl s'organise sur une trame carrée

de 2,60 m de côté, offrant une extensi-bilité évidente. L’aile secondaire ajoutequatre travées orthogonalement àl’aile principale (qui occupe deux tra-vées par six travées), elle-même éten-due en avant par la pergola.

La structure porteuse est poséesur des plots en béton et de gros

galets surélevant le plancher de0,70 m par rapport au terrain naturel.Cette structure, de type poteaux-poutres, a été choisie pour sa simpli-cité de mise en œuvre (photo 7). Lesmembres sont assemblés par boulon-nage, à l’exception des pannes qui,pour des raisons de facilité, ont étéfixées avec des pointes de 100 mm.En toute théorie, la majorité des élé-ments de la maison peut donc êtredémontée et réutilisée.

Les poteaux sont composés desept éléments. Cette modularité faci-lite l’adaptation aux différents cas defigure constructifs, notamment le rac-cordement des poutres dans deuxdirections, et elle permet l’intégrationdu câblage électrique.

Le contreventement est assurépar des croix de Saint-André à l’inté-rieur du doublage de certaines parois.

La structure ponctuelle rendpossible un remplissage multipleentre éléments porteurs. Un jeu depanneaux en bois compose lesfaçades de manière non uniforme :barreaudages, croisillons, panneauxparquetés ou de contreplaqué.

Les rangements périphériquessont projetés en porte-à-faux pouréviter de perdre de la surface habi-table. Ils participent à la compositionde la façade, tout comme le ponton(photos 8 et 9).

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Photo 5. Le deck agrandit l'espace de vie sur l'extérieur. Il entoure un jacuzzi et un bassinà poissons. L’aile secondaire, aménagée en chambre d’amis, poursuit laconstruction en « L » en fond de parcelle. The decking surrounding a jacuzzi and fish pool enlarges the living area towardsthe exterior. The smaller wing, with spare rooms for visiting friends, continues theL-shaped plan towards the rear of the plot. Photo B. Dutrève.

Photo 6. Le ponton anime la façade nord et constitue un lieude travail ou de repos, à l’écart du reste del’habitation. The pontoon adds interest to the rear of thebuilding and provides a space for working orrelaxing away from the main house. Photo B. Dutrève.

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Détails constructifsDes panneaux pleins parquetés,

coulissants ou pivotants sur axedéporté, ouvrent l’espace de vie surle jardin (photo 10).

Les panneaux coulissants situésentre la chambre et l’espace de toiletterendent aisée la régulation du flux d’airtraversant en fonction des saisons.

Le bac de douche en bois estdéfini par un emmarchement dans leplancher composé d’un platelage. Latuyauterie s’insère dans le barreau-dage et un siphon de sol récupère leseaux usées ; le panneau plein pivo-tant de la salle de bain donne sur un jardin-écran qui dissimule cet accès(photos 5 et 11).

Pour la chambre d’amis, deuxpanneaux pleins pivotants jouent,une fois ouverts, un rôle d’écranvisuel par rapport à l’espace de vieprincipal. Ils préservent ainsi l’inti-mité des occupants.

La ventilation permanente soustoiture et la luminosité de la tôled’aluminium suffisent pour éloignerles animaux volants (chauves-souris,oiseaux, etc.). Elles évitent en outrela pose de grillages de protection.

Protection contre les effractionsLes principes organisationnels

(continuité spatiale, proximité de lanature) et constructifs (poteaux-poutres, ventilation traversante) ontapporté une grande perméabilité desfaçades. Néanmoins, le problème dela protection a été résolu sans affecterces principes fondamentaux. En effet,la maison, très ouverte en présencede ses occupants, peut être facile-ment fermée et reste efficacementclose en leur absence. Les largesbaies sont obturées par les panneauxpleins mobiles munis de fermetures àclé ; les différents barreaudages etcroisillons fixes, de section suffisantepour être solides, ne permettent pasle passage physique d’un intrus, touten maintenant la ventilation.

Contrairement aux habituels etdisgracieux grillages métalliques rap-portés, l’intégration subtile des dis-positifs de sécurité dans le systèmeconstructif est une réussite notable(photos 8, 11 et 12).

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Photo 7. La structure porteuse de type poteaux-poutres repose sur des plots en béton ; ellea été retenue pour sa facilité de mise enœuvre. Elle est visible ici sur l’ailesecondaire en construction. The supporting frame of uprights andbeams rests on concrete blocks, and waschosen for its simplicity. It is shown hereduring construction of the smaller wing. Photo A. Phung.

Photos 8 � et 9 �. Les coffres en contreplaqué projetés enporte-à-faux évitent de perdre de la surfacehabitable et participent au jeu de façade. Projecting cantilevered chests in plywoodsave on living space and add interest to thefacade. Photos B. Dutrève.

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Matér iaux uti l isés

Bois locauxHuit essences locales ont été

employées, pour un volume de boisbrut de 24,7 m3 correspondant à unvolume de bois total fini d'environ20 m3 (tableau I).

L’ensemble des bois, achetéchez un artisan scieur local, a étéséché naturellement à l’air libre.Comme le rappelle le Cirad-Forêt(1986), contrairement aux idéesreçues, le bois sèche très bien en

Guyane à l'air libre. En effet, tempéra-ture et humidité y sont élevées etconstantes toute l'année. Cette opé-ration nécessite un stockage correctet soigneux lors de l'empilage.

Le choix des bois a été réalisé enfonction de leurs propriétés méca-niques et physiques et de leur durabi-lité (tableau II). Les bois guyanais pré-sentent des caractéristiques supé-rieures aux résineux utilisés pour laconstruction dans de nombreux paysdu monde. Par ailleurs, les essencessélectionnées couvrent au minimum la

classe de risque 3, c’est-à-dire qu’ellesrésistent à des alternances répétéesd’humidité et de sécheresse (Vernay,Fouquet, 1997). Enfin, l’aspect et lacouleur des bois ont également étédes critères importants de choix : leconcepteur souhaitait, par exemple, unplancher foncé, c’est pourquoi il a optépour le wacapou (Vouacapoua ameri-cana, Caesalpiniaceae), un bois natu-rellement sombre. Cette essence a, parailleurs, été largement employée dufait de sa disponibilité locale.

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Essence

Wacapou

Ébène verte

Angélique

Parcouri

Gaïac de Cayenne

Balata franc

Grignon franc

Amarante

Espèce

Vouacapoua americana

Tabebuia serratifolia

Dicorynia guianensis

Platonia insignis

Dipteryx odorata et D. punctata

Manilkara bidentata

Sextonia rubra(syn : Ocotea rubra)

Peltogyne venosa

Utilisations

Structure primairePlancher et bac de doucheCoursives et deckGouttièresPoteau octogonal

Structure primairePanneaux verticaux parquetéscoulissants et fixes Claustras et grilles de protection

CharpenteCouverture

SolivesLisses du plafond

Structure du deck

Structure de clôture

Paroi tressée de la chambre d'amis Éléments de remplissage de la clôture

Finitions(portes solives, encadrements)

Caractéristiques du bois ayant déterminé son utilisation

Très bonne durabilité naturelleRésistant à l’usure et aux termitesBois dur de couleur brun foncé

Très bonne durabilité naturelleRésistant aux termitesBois dur de couleur brun verdâtre

Bonne résistance mécanique et bonne longévitéBois peu attaquable par lesinsectes et retenant bien les clous

Bois clair de couleur jaune brunâtre

Très bonne durabilité naturelleBois dur

Bois dur et résistant à la pourriture

Bonne résistance à la pourriture et aux termitesBois souple

Coloration naturelle violette dubois, très esthétique

Volumes brutsnon mis enœuvre (m3)

13,32

4,4

3

1,78

0,68

0,62

0,57

0,32

Total de bois brut = 24,7 m3

Tableau I. Utilisation des essences et volumes de bois brutsnécessaires à la construction.

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D’autres éléments ont été inté-grés pour leur valeur décorative.Ainsi, la plupart des marches d’esca-lier sont constituées par des rondins.Deux troncs fenestrés ou « bois cathé-drale » (Minquartia guianensis,Olacaceae), de 30 cm de diamètre,ponctuent les accès de cette habita-tion : le premier fait office de pivot

sous la pergola d’entrée et le secondest placé au milieu du ponton. Enfin,au centre de la pièce de vie trône unpoteau octogonal en wacapou(Vouacapoua americana, Caesalpinia-ceae), de 20 x 20 cm de section, ins-piré du poteau sacré des habitationstraditionnelles mentionnées précé-demment.

L’utilisation du bois n’est paslimitée aux éléments constructifs : unelarge part du mobilier intérieur est éga-lement en bois. La table de la salle àmanger est constituée de deuxessences locales : ses pieds sont enamarante (Peltogyne venosa, Cae-salpiniaceae) et son plateau en boisserpent (Zygia racemosa, Mimosa-ceae). Les fauteuils sont fabriqués ennate d’Afrique ou niové (Staudtia stipi-tata, Myristicaceae) et en palissandrede Madagascar (Dalbergia spp.,Fabaceae). Les « poufs » ont été taillésdans un stipe de cocotier (Cocos nuci-fera, Arecaceae) et dans un bois cathé-drale.. Quant aux aménagements exté-rieurs, le deck est construit en gaïac deCayenne (Dipteryx spp., Fabaceae) eten wacapou (Vouacapoua americana,Caesalpiniaceae) ; la clôture brise-vueest réalisée en grignon franc tressé(Sextonia rubra, Lauraceae), sur uneossature de balata franc (Manilkarabidentata, Sapotaceae).

Contreplaqué et aggloméréAfin de diversifier les matériaux

constructifs, qui restent néanmoinslimités, le concepteur a choisi d’asso-cier des éléments en bois de naturedifférente.

En façade, des panneaux decontreplaqué bakélisé de 16 mm ontservi à la réalisation des coffres derangement projetés en porte-à-faux.L’encollage est de type Ctbx (ou WP),normalement employé pour lesbanches (coffrages de béton armé).Les panneaux de remplissage inté-rieurs sont en contreplaqué domes-tique de qualité Ctbx ; leur couleurblanche contribue à la luminositéintérieure et permet de trancher aveccelle du plancher (photo 13).

Des panneaux de triply de15 mm (aggloméré de bois), traitésantitermites et antihumidité, formentun plancher haut qui constitue un élé-ment d’une double toiture.

Mesures de protection du boisLes mesures de protection se

traduisent tout d’abord par le choixdes essences. Les bois pris horsaubier ont été sélectionnés pour leur

Photo 10. Des panneaux coulissants aveugles ferment la pièce de vie lorsqu’elle estinoccupée et contribuent, une fois ouverts, à une ventilation naturelle traversante. Blank sliding panels close off the living area when not in use. When open, theycreate cross-draughts to improve natural ventilation. Photo B. Dutrève.

Tableau II. Caractéristiques technologiques des bois utilisés.

Essence Espèce Durabilité Densité Module Contrainte (classe à 12 % d'élasticité en de rupture en

de risque) flexion (mPa) flexion (mPa)

Wacapou Vouacapoua americana 4 1 16 100 164

Ebène verte Tabebuia serratifolia 4 1,18 18 200 185

Angélique Dicorynia guianensis 3 0,81 14 950 135

Parcouri Platonia insignis 3 0,85 18 375 164

Gaïac de Dipteryx odorataCayenne et D. punctata 4 1,07 22 023 200

Balata franc Manilkara bidentata 4 1,06 20 250 195

Grignon Sextonia rubrafranc (syn : Ocotea rubra) 3 0,65 10 800 84

Amarante Peltogyne venosa 3 0,88 17 150 155

Source pour les caractéristiques des bois : Vernay, Fouquet, 1997.

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bonne durabilité naturelle, puis cor-rectement séchés. Ensuite, des traite-ments chimiques assurent une pro-tection supplémentaire : des lasures(incolores, mates ou semi-mates, delongue durée) ont été appliquées etnécessitent d'être renouvelées pério-diquement, principalement pour pré-server la couleur naturelle du bois etprévenir les attaques fongiques. Leplancher a reçu un fond dur (bouche-pores) puis a été ciré ; les contrepla-qués répondent à des normes d’utili-sation en milieu extérieur.

D’autre part, des mesures archi-tecturales participent à la protectiondu bois de construction. La procédurehabituelle de traitement antitermitesdu sol a évidemment été appliquéeavant construction autour des plotsen béton et peut être renouvelée encas de nécessité. La surélévation dela structure porteuse par ces plotscrée un vide sanitaire qui résout lesproblèmes de pourriture du bois aucontact du sol. Les larges débords detoiture et la bonne ventilation natu-relle réduisent la réhumidificationdes parois extérieures.

VerreLe verre est très peu utilisé :

d’une part, il est inutile de se proté-ger du climat extérieur comme enzone tempérée, d’autre part sonemploi généralisé aurait empêchél’effet de ventilation naturelle.

Sur la façade est, en dépit deslarges débords de toiture, un vitrageteinté double le claustra de la salle àmanger afin d’assurer l’étanchéité dela paroi par temps de pluie et degrand vent (photo 14).

TôleL’utilisation de tôle ondulée en

aluminium naturel pour la couvertureest tout d’abord un choix esthétique.Celle-ci fait référence à l’architecturespontanée des régions tropicales,contrairement aux bacs acier qui ren-voient une image industrielle.L’aluminium est plus cher mais nette-ment plus durable que l’acier galva-nisé dont la durée de vie est d’environdix ans, ou que les tôles prélaquées

ou avec films plastiques, dont ladurée n’excède pas quelques années.L’emploi de tire-fonds en inox évite lesproblèmes de dégradation rapide deséléments de fixation habituels.

La tôle est également un choixarchitectural. La toiture à deux pans,d’une pente de 25 %, reste légère etsemble flotter au-dessus du volumehabitable. Une couverture en bar-deaux de wapa (Eperua spp., Caesal-piniaceae) aurait modifié de manièresignificative l’allure de la construc-tion : elle aurait requis une pente de100 % (45°), une charpente plusimposante, et aurait engendré unpoids supplémentaire de plusieurstonnes sur les fondations.

Bioclimatique

Environnement de la constructionL’implantation particulière de la

construction dans son environnementest liée à une approche bioclima-tique. La façade principale présenteune orientation favorable à la péné-tration des vents dominants. Les bas-sins contribuent à rafraîchir l’airentrant dans la maison. La végétalisa-tion participe à l’intégration de l’habi-tation dans le site (photo 15) : faceau deck, une dizaine d'espèces depalmiers, dont la moitié est locale,constituera rapidement une petitepalmeraie ombragée.

Protection solairePlusieurs types de protection

sont combinés pour protéger laconstruction de l’ensoleillement. Lesystème de toiture réalisé constitueune isolation thermique efficace : lacouverture détachée du plafond inté-rieur joue le rôle de double toitureventilée et évite la pose d’un maté-riau isolant sur le plafond. Les largesdébords de toiture permettent unebonne protection des parois contre lerayonnement solaire direct pendantla plus grande partie de la journée.Des stores en bambou placés le longdes façades est et ouest réduisentl’apport de chaleur sur les élémentspleins en bois des parois, le boisétant lui-même un bon isolant com-

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Photo 11. Le bac de douche en bois est défini par unemmarchement dans le plancher en wacapou de lamaison. Des barreaudages favorisent la ventilationtraversante. A step in the wacapou floor laid throughout thehouse leads down into the sunken wooden showertub. Gridded screens help to create cross-draughts. Photo A. Phung.

Photo 12. Les dispositifs de sécurité sont directement intégrésdans le système constructif : les barreaudages etcroisillons maintiennent des ouvertures d’air enempêchant, toutefois, le passage d’un intrus. Protective fixtures are integrated into the structuralframework: gridded screens and crossbars allow airinto the house while barring access to intruders. Photo B. Dutrève.

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paré à d’autres matériaux. D’autrepart, ces stores limitent le rayonne-ment direct ou réfléchi au niveau desouvertures (panneaux coulissants etbaies). Enfin, la végétalisation du ter-rain assure une baisse de l’albédoautour de la construction.

Ventilation naturelleDu fait de son implantation à

proximité du littoral et dans un milieuouvert, la zone d’implantation bénéfi-cie d’une bonne ventilation.

La dissociation de la toiture et lasurélévation du plancher participentà la ventilation autour de l’espaced’habitation.

Quatre éléments contribuent àl’efficacité de la ventilation traver-sante :

▪ la position du corps principalde bâtiment perpendiculaire auxvents dominants ;

▪ la présence d’ouvertures nonobstructibles maintenant une entréed’air permanente et amenant la poro-sité générale des façades à plus de60 % (barreaudages, panneauxmobiles, ouverture filante sous pla-fond) ;

▪ le cloisonnement intérieurminimal ;

▪ l’effet Venturi (augmentationde la vitesse du vent provoquée par lecontournement d’un ou plusieursobstacles).

Les deux panneaux pleins pivo-tants de la chambre d'amis, qui n’estpas orientée face aux vents domi-nants, jouent un rôle de « piège àvent » une fois placés en positionouverte (photo 16) et en associationavec le volet mobile et les barreau-dages de la paroi opposée.

BilanEn dépit de températures locales

élevées, l’ambiance thermique à l’in-térieur des pièces de vie est mainte-nue à un niveau confortable sansaucun recours à une climatisationartificielle. La protection contre l’en-soleillement et les légers mouve-ments d’air permanents suffisentpour procurer une sensation de bien-être « naturel ». En effet, l’efficacité dela ventilation naturelle rend inutile laclimatisation de l'air et n'impose pasle respect des préconisations du labelEcodom : grande hauteur sous pla-fond et pose de brasseurs d’air.

Avantages etinconvénients

Pour rappel, l’intérêt de laconstruction présentée réside dansl’utilisation particulière des boislocaux et des autres matériaux. Pourautant, il ne s’agit nullement d’enfaire une maison-type qui servirait demodèle à appliquer, cette notion étantpar ailleurs réductrice d’un point devue architectural ou urbanistique.

L’utilisation d’une trame struc-turelle carrée facilite un agrandisse-ment de la maison : le corps de bâti-ment secondaire est ainsi issu del’extension latérale de la trame« orthogonale », à partir de laquelleest défini le corps principal. Il estdonc aisé d’imaginer une organisa-tion plus étendue en « U », en « H »,ou même un quadrillage de piècess’organisant autour de patios.

Du point de vue de la sécurité,l’intégration des systèmes de ferme-ture à la structure s’avère tout aussiefficace que le barreaudage métal-lique rapporté.

La protection contre les insectesne semble pas être un problème endépit de la présence du pripri derrièrel’habitation, dans la mesure où lespoissons du marigot consommentleurs larves. La nuit, l'utilisation demoustiquaires réduit les risques detransmission du paludisme.

La limite principale de laconstruction est l’acoustique, latransmission aérienne des sons étant

Photo 13. Dans la pièce de vie, la couleur blanche des panneaux de contreplaqué trancheavec la couleur sombre du plancher. Au centre, un poteau octogonal en wacapou.L’ouverture horizontale filante, sous le plafond, est définie par la section despoutres. In the living room, the white of the plywood panels contrasts with the darkwooden floor. An octagonal post in wacapou woods stands in the centre.Intersecting beams create a long horizontal opening below the ceiling. Photo A. Phung.

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rendue inévitable par les ouverturesnécessaires à la ventilation naturelle.Cependant, cette question se poseégalement dans le cas d'une habita-tion en maçonnerie. Dans l’exempleprésenté, le problème ne se fait passentir : la construction est localiséedans une zone résidentielle calme etla séparation des deux chambres par-ticipe à la réduction des transmis-sions phoniques. La double toiture

contribue à diminuer le bruit des pré-cipitations sur la tôle. Dans le casd’une construction à plusieursniveaux ou dans le cadre de loge-ments collectifs, la nuisance sonorepar transmission solidienne (bruitsde choc) deviendrait également unecontrainte. Toutefois, les spécificitésconstructives de l’habitat collectif ouen hauteur ne seront pas dévelop-pées ici.

Conclusion

Du point de vue architectural,cette maison à ossature bois (Mob)représente un exemple abouti etséduisant de construction contempo-raine en bois locaux. Elle apporte uneréponse thermiquement et énergéti-quement performante aux contraintesclimatiques locales et aux risques bio-logiques associés : le modèleconstructif se révèle adapté et desprincipes simples relatifs à la conser-vation du bois sont respectés (protec-tion contre les champignons et lesinsectes). La mixité réussie du boisavec d’autres matériaux participe del’esthétique de la construction. Parailleurs, selon son concepteur, le coûtfinancier d’une telle réalisation estéquivalent à d’autres types deconstruction ; elle nécessite un entre-tien régulier, pas nécessairement pluscontraignant que celui du béton ou dumétal, et sa mise en œuvre en chantiersec se révèle beaucoup plus simple.

Malgré leurs multiples avan-tages, les professionnels locaux dubâtiment s’accordent sur le fait queles Mob ne représentent qu’une pro-portion minime des logements indivi-duels actuellement réalisés dans l’ag-glomération de Cayenne.. En effet,pour le grand public, la constructionbois bénéficie d’une image négativequi perdure : attaque des termites,peur du feu, entretien permanent(Sallenave, 1950 a ; Gauzin-Muller, 1990). Comme l’évoquentces auteurs, contrairement à de nom-breux pays tropicaux, notammentceux d'Extrême-Orient, et à plusieurspays tempérés d’Amérique du Nord(États-Unis, Canada) ou de Scan-dinavie (Danemark, Norvège,Finlande), il n'y a pas en France detradition de construction en bois nid'habitude d’entretien. Pour la majo-rité des Français, métropolitains oudes départements d’outre-mer, lamaison en bois n’est qu’une habita-tion provisoire et les mentalités n’ontguère évolué, malgré les actions depromotion du bois menées depuisplusieurs années par des organismesspécialisés. Particulièrement en

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Photo 14. Seuls les panneaux croisillonnés de la salle à manger, façade est, sont doublésde vitrage, nécessaire contre la pluie en cas de vents forts. Only the cross-braced panels in the east-facing dining room have panes of glass,to protect the room from rain and high winds. Photo A. Phung.

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Guyane, ce matériau n’est pas signede modernité, à l’inverse de laconstruction « en dur ». Il est mêmeconsidéré comme rétrograde parcequ’il renvoie à la construction tradi-tionnelle amérindienne ou Noir-Marron, qui par ailleurs tend à dispa-raître.

Pourtant, dans ce départementforestier, la ressource ligneuse estparticulièrement abondante et lescompétences techniques ne fontdéfaut ni chez les architectes, ni chezles fournisseurs.

En définitive, l’absence de tra-dition constructive, les difficultésd’approvisionnement possibles, ladéfaillance des bureaux de contrôleet surtout l’inexistence d’une volontépolitique pour l'utilisation et la pro-motion du bois et pour le développe-ment de la filière restent les princi-paux facteurs limitant l’essor de laconstruction bois en Guyane.

RemerciementsLes auteurs remercient Y. Chevallier,pour les avoir autorisés à réaliser cetarticle et pour les nombreuses infor-mations qu’il a bien voulu fournir. Ilsremercient également J. Beauchêneet M. Vernay pour leurs critiquesconstructives.

Référencesbibliographiques

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BOYE M., CABAUSSEL G., PERROT Y.,1979. Climatologie I, planche 7. InAtlas des départements d’outre-mer.Tome IV : La Guyane. Bordeaux,France, Cnrs-Orstom.

CIRAD-CTFT, 1986. La commercialisa-tion des bois guyanais. Dimensions,choix, qualités, contrôles qualitatifs.Nogent-sur-Marne, France, Cirad-Ctft,24 p.

ECO DOM, 1999. Opération expéri-mentale, extension au départementde la Guyane. Prescriptions tech-niques. Lambesc, France, 32 p. (docu-ment de référence).

GAUZIN-MULLER D., 1990. Le boisdans la construction. Paris, France,Éditions du Moniteur, 382 p.

SALLENAVE P., 1950 a. Maisons tropi-cales en bois. Bois et Forêts desTropiques, 13 : 51-63.

SALLENAVE P., 1950 b. Une solutionau problème de l’habitation en boispour les pays tropicaux. Bois et Forêtsdes Tropiques, 15 : 267-286.

VERNAY M., FOUQUET D., 1997. Guided’utilisation des bois de Guyane dansla construction. Montpellier, France,Cirad-forêt, 208 p.

VERNAY M., SALA L., DUCHANOIS G.,TRIBOULOT P., 1997. Les bois deGuyane dans la construction :exemple d’habitat individuel. Bois etForêts des Tropiques, 254 : 69-79.

Synopsis

BUILDING WITH WOOD IN FRENCH GUYANA:EXAMPLE OF A MODERNRESIDENTIAL BUILDING

Bruno DUTRÈVE, Alexander PHUNG

In Cayenne, most buildings arenot designed to meet energy savingrequirements or to use local materialslike wood or brick. One modern resi-dential building stands out as anotable exception in terms of itsarchitectural references and exten-sive use of local timbers. This is aconcrete example that clearly illus-trates the issues in question andenriches the catalogue of theoretical“wooden houses” described by dif-ferent authors. This article gives adescription of a timber-framed houseto show how alternative uses of mate-rials have succeeded in creating aninnovative and durable architecturaldesign in wood.

ContextBecause of Cayenne’s equatorial cli-mate, air conditioning is the largestenergy consumer in a typical home inthe residential sector. This is why therelevant bodies are making efforts topromote alternative types of housingthat are better adapted to local cli-matic conditions.

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Photo 15. L’environnement végétal (pelouse, arbustes, palmiers)intègre l’habitation dans le site et contribue à réduirel’ensoleillement indirect. The surrounding vegetation (lawns, shrubs and palms)helps to integrate the house in its natural environmentand reduces glare from indirect sunlight. Photo B. Dutrève.

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Architectural approachThis building is a contemporary archi-tectural creation and has little in com-mon with traditional wooden con-structions. The occupants’ lifestyleimplies that their organisationaloptions may not always be adoptedby other families. The architect hasdrawn inspiration from traditionalJapanese, Kanak and Melanesianbuilding techniques, to which mod-ernist ideals have been applied.

The transition from the public to theprivate area occurs gradually, as onemoves from an outside lobby into thefamily’s living space. The main bodyof the building, a long rectangle builtin a north-south direction, is organ-ised into distinct day and night-timeareas. The L-shaped floor plan pro-vides space for a garden on the east-ern side, with decking in the corner asa garden feature. The pergolaenlarges the entrance area towardsthe exterior. An outside walkwayleads to the smaller wing and, to therear, a pontoon provides a secludedworking space.

The system is organised around a2.60 metre-square framework, whichcan easily be extended. The structuralframework, in uprights and beams,was chosen for the simplicity of itsassembly. A set of varied panels,some of which conceal wind bracingelements, helps to give a non uniformaspect to the outside walls.Protection requirements have beenmet without affecting the permeabil-ity of the walls, by subtly integratingsafety fixtures within the structuralframework. The house is wide open tothe outside while the occupants arethere, but can be effectively closedwhen they are away with solid panelsthat can be locked and with a systemof fixed bars or grids.

Eight local timber species wereselected for the project, for theirmechanical and physical properties,their natural durability and their aes-thetic qualities. Other wooden fea-tures were added for decorative pur-poses, including fenestrated treetrunks at the entrances and an octag-onal post at the centre of the livingroom. Much of the interior and out-door furniture is also in wood, associ-ated with other items such as domes-tic or bakelissed plywood and chip-board panels. Timber protectionrequirements are met by the choice ofappropriate species, chemical treat-ments and specific architectural fea-tures.

Glass is used only behind the windowscreen in the windward wall, forweatherproofing. The roofing mate-rial in natural corrugated aluminium,which is more expensive than gal-vanised steel but also more durable,was chosen primarily for aestheticreasons. The lightweight material andshallow slope of the roof avoid theneed for a heavier rof of structure andextra weight on the foundations.

The particular way in which the build-ing melds into its surroundings has todo with the bioclimatic approach.Applying various simple principleshelps to optimise solar protection(double roof with overhangs, plantcover on the site) and natural ventila-tion (raised floor, pierced outsidewalls, as minimal partitioning, doubleroof ).

The use of a structural frameworkmakes it easier to add extensions.Integrating safety fixtures into theframework itself seems just as effec-tive as a system of metal bars. Usingmosquito nets at night limits risks ofmalarial infection. The main disad-vantage of the structure is the lack ofsoundproofing, because of the open-ings provided to optimise naturalventilation.

ConclusionThe building is not only durable, pro-vided it receives regular mainte-nance, but also innovative, aestheticand well adapted to local climaticconditions. The cost is no higher thanfor an individual blockwork house,but examples such as this buildingare very uncommon in Cayennedespite the ready availability of therequired technical skills and timberresources. Ultimately, the absence oftraditional skills in wooden construc-tions, incompetence of control officesand especially the lack of political willto encourage the use of wood andpromote the development in this sec-tor are the main reasons preventingthe growth of a local wood-built hous-ing industry.

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Photo 16. En position ouverte, les deux panneaux pleinspivotants de la chambre d’amis jouent un rôle de« piège à vent », tout en occultant la vue parrapport au corps principal de l’habitation. When open, the two solid pivoting panels in thespare room help to “trap” any wind while ensuringprivacy from the main building. Photo B. Dutrève.