CONSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ · DR. DAWN BAZELY, Professeure de biologie, Université York,...

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Ann Dale; Leslie King; Valerie Behan-Pelletier; Dawn Bazely; Meg Beckel; Dawn Carr; Holly Clermont; Jaime Clifton-Ross; Michelle Corsi; Susan Eaton; Eleanor Fast; Susan Gosling; Jodi Joy; Brenda Kenny; Elizabeth Kilvert; Patricia Koval; Christine Leduc; Nina-Marie Lister; Anne Murray; Sarah Otto; Laren Stadelman; Susan Tanner; and Sharolyn Mathieu Vettese. La biodiversité est à propos de nous tous – la biodiversité, c’est toute la vie sur Terre – des virus aux éléphants. Elle est généralement définie comme la diversité génétique, la diversité des espèces et la diversité des écosystèmes. CONSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ Appel à l’action les pour les décideurs canadiens SEPTEMBRE 2018

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Ann Dale; Leslie King; Valerie Behan-Pelletier; Dawn Bazely; Meg Beckel; Dawn Carr; Holly Clermont; Jaime Clifton-Ross; Michelle Corsi; Susan Eaton; Eleanor

Fast; Susan Gosling; Jodi Joy; Brenda Kenny; Elizabeth Kilvert; Patricia Koval; Christine Leduc; Nina-Marie Lister; Anne Murray; Sarah Otto; Laren

Stadelman; Susan Tanner; and Sharolyn Mathieu Vettese.

La biodiversité est à propos de nous tous – la biodiversité, c’est toute la vie sur Terre – des virus aux éléphants. Elle est généralement définie comme la diversité génétique, la diversité des espèces et la diversité des écosystèmes.

CONSERVATION DE LA BIODIVERSITÉAppel à l’action les pour les décideurs canadiens

SEPTEMBRE 2018

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1. Contributeurs à la table ronde......................................................................................................................3

2. Introduction.....................................................................................................................................................4

3. Les conversations.....................................,......................................................................................................5

4. Portrait critique................................................................................................................................................6

5. Délibérations / Considérations.....................................................................................................................7

6. Le programme d’action..................................................................................................................................8 6.1 Stratégies et plans....................................................................................................................................8 6.2 Engagement public..................................................................................................................................9 6.3 Recommandations au niveau des politiques........................................................................................9 6.4 Leadership politique...............................................................................................................................10

7. Références......................................................................................................................................................10

TABLE DES MATIÈRES

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DR. ANN DALE, modératrice, Chercheuse principale, Programme CRC, Université Royal Roads DR. LESLIE KING, Professeure et Directrice, Centre canadien d’éducation environnementale, Présidente du comité de premier cycle de l’École de l’environnement et de la durabilité de l’Université Royal RoadsDR. VALÉRIE BEHAN-PELLETIER, Associée de recherche honoraire, Programme sur la biodiversité des invertébrés, Agriculture et Agroalimentaire Canada DR. DAWN BAZELY, Professeure de biologie, Université York, ancienne Directrice de l’Institut de recherche et d’innovation en durabilité de l’Université York (2006-2011, 2012-2014) MEG BECKEL, Présidente et Chef de la direction, Musée canadien de la nature DAWN CARR, Directrice exécutive, Conseil canadien des parcs DR. HOLLY CLERMONT, Biologiste de la Conservation et Scientifique sociale JAIME CLIFTON-ROSS, Conservateur de recherche, programme CRC, Université Royal Roads MICHELLE CORSI, Assistante scientifique vétérinaire et leader du H&S, Centre des mammifères marins, San Francisco CHLOE DRAGON SMITH, Présidente du groupe de travail « Connecter une nouvelle génération avec la nature », Coprésidente du Conseil canadien des parcs SUSAN R. EATON, Membre du conseil d’administration, Nature Canada, Présidente, SR Eco Consultants Inc., Fondatrice et leader, Sedna Epic Expedition, Membre de la Société géographique royale du Canada ELEANOR FAST, ancienne Directrice générale, Nature Canada SUSAN GOSLING, Physiologiste des plantes ; fondatrice de l’Institut de recherche Gosling pour la préservation des plantes JODI JOY, Directrice du développement, Nature Canada DR. BRENDA KENNY, Co-Présidente, Femmes pour la nature. Présidente sortante, Association canadienne des pipelines d’énergie, Présidente, Alberta Innovates ELIZABETH KILVERT, propriétaire, The Unrefined Olive ; Éducatrice spécialisée dans les musées d’histoire naturelle, les aquariums, les projets de développement à l’étranger et l’entrepreneuriat PATRICIA KOVAL, Directrice corporative et avocate ; ancienne Associée principale chez Torys LLP ; ancienne Professeure auxiliaire à l’Université de Toronto, elle siège au Comité consultatif sur les finances environnementales de l’Université de Toronto. Présidente du conseil d’administration, World Wildlife Fund Canada CHRISTINE LEDUC, Directrice des affaires publiques, EACOM Timber Corporation, maîtrise en foresterie, Université de Toronto NINA-MARIE LISTER, Directrice du programme d’études supérieures et Professeure associée à l’École d’urbanisme et d’aménagement du territoire de l’Université Ryerson ; Planificatrice professionnelle enregistrée ; Fondatrice et Directrice du Laboratoire de conception écologique ANNE MURRAY, Auteure, naturaliste, défenseure de la conservation de la nature et spécialiste des oiseaux DR. SARAH OTTO, Biologiste théorique, auteure, directrice, Récipiendaire de la Bourse postdoctorale Liber Ero, Professeure, Université de la Colombie-Britannique LAREN STADELMAN, Consultante en management et passionnée de nature SUSAN TANNER, ancienne Directrice générale du Réseau canadien de l’environnement ; Membre du conseil d’administration, Learning for a Sustainable Future ; Présidente fondatrice du Fonds d’action et d’éducation juridiques pour les femmes (LEAF) SHAROLYN MATHIEU VETTESE, Présidente, Solutions énergétiques SMV, ancienne Présidente, Wind Simplicity Inc., inventrice, environnementaliste

1. CONTRIBUTEURS À LA TABLE RONDE

Ce programme d’action représente la majorité des points de vue partagés lors de la série de conversations en quatre parties ; les co-auteures figurent sur la première page. Cette table ronde d’expertes et leurs affiliations apparaissent ci-bas.

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Il ne fait aucun doute que la perte de biodiversité s’accélère à un rythme alarmant, tant au niveau national (rapport WWF Living Planet Canada, 2017) qu’au niveau international (WWF, ZSL, 2014), le nombre total d’animaux sauvages ayant diminué de 50 % au cours des 40 dernières années. L’abondance des insectes volants a diminué de trois quarts au cours des 25 dernières années. Plus d’une espèce de vertébré sur cinq (Hoffman et al., 2010), les invertébrés (Collen et al. 2012) et les plantes (Kew Royal Botanic Gardens, 2010) sont en danger d’extinction. Un « anéantissement biologique » de la faune au cours des dernières décennies indique que la sixième extinction massive de l’histoire de la Terre est en cours et est plus grave que ce que l’on craignait auparavant (Proceedings of the National Academy of Sciences, 2017). Cette extinction massive de la faune mondiale provoque déjà des effets en cascade sur les réseaux alimentaires, mettant en péril les services écosystémiques et menaçant l’approvisionnement alimentaire mondial (Biodiversity International, 2017).

L’impératif de la biodiversité est différent des autres défis sociaux et nous pensons qu’il est encore plus critique que le changement climatique, bien que certainement lié. Pourquoi? Il n’y a pas de rétablissement après l’extinction, c’est permanent et contrairement au changement climatique, dont les impacts se feront sentir à l’avenir dans de nombreuses populations du monde, la perte de biodiversité est maintenant là et il n’y a pas de retour en arrière possible.

Nous croyons qu’il est crucial que le Canada agisse dès maintenant sur la base de ces preuves. Nous présentons ce programme d’action à tous les Canadiens et aux décideurs en particulier, en demandant à tous de mettre en œuvre les recommandations avec audace. Nous proposons une combinaison de mesures, y compris des solutions simples et des changements systémiques essentiels qui selon nous, à plus long terme, permettront de renverser la tendance et d’inverser la perte de biodiversité et les menaces environnementales locales et mondiales qui y sont associées.

Le Canada se targue d’être une nation accueillante et un modèle de multiculturalisme. Nous nous félicitons de notre capacité à inclure des personnes du monde entier dans une société qui semble valoriser la différence. Pourtant, le respect de la diversité culturelle évolue encore dans la société moderne, alors que les valeurs de la diversité biologique sont loin derrière. Bien que nous appréciions nos emblèmes nationales – l’ours polaire et le huard – ces espèces et leur habitat sont maintenant menacés. Les espaces naturels du Canada sont une composante vitale de notre culture, de notre patrimoine, de notre économie et de notre avenir, et revêtent une importance mondiale. Les forêts, les terres humides, les prairies, la toundra et les océans du Canada fournissent des services écosystémiques essentiels. Environ 30 % de la forêt boréale mondiale, 20 % des ressources en eau douce mondiales, la plus longue côte et l’un des plus grands territoires marins du monde sont nôtres à apprécier, à protéger et à partager1.

2. INTRODUCTION

1 Toutes les références dans ce texte proviennent des experts de la table ronde et toutes les sources se trouvent dans la bibliothèque de ressources sur la biodiversité. 4

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Pour ces raisons, nous avons organisé une série de conversations virtuelles en temps réel qui ont rassemblées des expertes de tous les secteurs : entreprises, universités, gouvernements et société civile pour discuter et délibérer sur le défi de la perte de biodiversité et de solutions viables. La série de conversations était dirigée par l’Université Royal Roads, en partenariat avec Women for Nature, Nature Canada. La série de conversations « Quelle est l’importance du huard commun et de l’ours blanc pour les Canadiens » est archivée à le Changement de conversation.

Conçue pour accroître la sensibilisation civique, l’engagement et l’alphabétisation sur l’importance de la biodiversité au Canada, la série a été conçue autour des questions suivantes:

• Pourquoi la biodiversité est-elle importante pour les Canadiens? • Quels sont les moteurs et les obstacles à la conservation?• Quelle importance ont les icônes tels que le huard commun et les ours polaires dans la

société canadienne?• Surtout, que pouvons-nous faire individuellement et collectivement pour protéger la

biodiversité?

3. LES CONVERSATIONS

En réunissant plus de 20 membres de Women for Nature, mobilisées par les preuves ci-dessus, nous avons collectivement identifié et discuté des stratégies visant à informer les décideurs et le public canadiens. Un résultat imprévu a été la richesse des informations et des références présentées par les expertes, qui ont été rassemblées dans une bibliothèque de ressources sur la conservation de la biodiversité, maintenant redue disponible au grand public.

La série a été largement diffusée par les deux partenaires en utilisant divers médias sociaux. Plus de 157 membres du public ont participé en temps réel et le site web a enregistré plus de 12 567 pages visitées au cours des 8 mois qu’ont duré la série. Les pages web faisant la promotion de la série sur le Changement de conversation ont été visitées par 5 273 utilisateurs. Au total, 7 821 infolettres ont été ouvertes, 30 502 utilisateurs ont été contactés sur Facebook et les tweets ont reçu un total de 105 289 impressions.

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Les trois facteurs critiques qui augmentent la perte de biodiversité sont notre relation déconnectée avec la Terre, la surconsommation et la perte d’habitat. Bien que de nombreux progrès aient été réalisés au cours des dernières années, seulement 10,5 % des zones terrestres et 7,7 % des zones marines sont officiellement protégées au Canada, laissant la plus grande partie de notre nature vulnérable à une dégradation rapide. Nous n’avons pas encore atteint l’objectif précédent de l’UICN de 12 % de terres conservées et protégées ; pire encore, nous sommes maintenant la dernière des parties signataires du Sommet de la Terre de 1992 à Rio de Janeiro et de la Convention sur la biodiversité à commencer à approcher les 17 % (loin du mouvement métaphorique Nature Needs Half).

Nos systèmes de gouvernance sont linéaires et fragmentés, institutionnellement et juridiquement2; ils reflètent toujours une croyance dominante et profonde selon laquelle la nature et la culture sont hiérarchiquement divisées. Cette approche binaire se manifeste plus clairement dans la façon dont nous apprécions, évaluons, protégeons et exploitons en fin de compte la biodiversité – les clivages entre régions rurales urbaines et périphériques sont tout aussi importants que les approches de la conservation.

Sans solutions évidentes et réalisables, toute politique est vouée à l’échec. Même si la rapidité d’action est impérative pour assurer la conservation de la biodiversité, nous sommes « bloqués » par les politiciens, menés par un système capable de penser uniquement en termes de période électorale. Donc, la question est la suivante : comment faire en sorte que cet appel à l’action soit au centre des programmes politiques de nos gouvernements locaux, provinciaux et nationaux?

4. PORTRAIT CRITIQUE

2 Par exemple, disposer de permis industriels distincts de la loi sur la protection des espèces; considérer l’ensoleillement des projets plutôt que leurs effets cumulatifs; aborder séparément le changement climatique et la biodiversité. 6

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Les thèmes clés suivants ont été identifiés par les expertes : la réconciliation, la connexion et la collaboration ; revendiquer notre relation avec la terre ; (re)cadrer la biodiversité ; (re)concevoir ; intégrer ; les partenariats stratégiques et la mise en œuvre intersectorielle.

L’importance de la conception (des lieux et des politiques) pour la connectivité des paysages, clé de la conservation durable à long terme, a été l’un des thèmes principaux abordés lors de nos discussions. Une conception écologique intelligente fondée sur des preuves est à la fois économique et efficace ; une infrastructure verte conçue par l’Homme relie, protège et révèle l’importance de la biodiversité. Par exemple, les connexions de paysages essentielles à l’intérieur, à travers et autour des régions urbaines facilitent les déplacements, la reproduction, l’alimentation et l’accès à l’habitat des espèces sauvages. Ces connexions peuvent être catégorisées efficacement comme des investissements infrastructurels. Les paysages connectés reposent sur des infrastructures vertes sous la forme de passages pour la faune, de couloirs, de passages surélevés et souterrains ; ils sont donc sans aucun doute aussi importants que l’infrastructure d’ingénierie civile qui définit nos villes. Considérer les connexions aux infrastructures vertes comme essentielles pour la conservation de la biodiversité, l’atténuation des changements climatiques et l’adaptation, ainsi que le bien-être humain est un moyen important de recadrer nos investissements en capital (PNUE 2017).

L’un des principaux obstacles est la volonté d’agir – à toutes les échelles, de nos maisons et jardins individuels, à nos lieux de travail et à nos écoles, à tous les niveaux de gouvernement. Malheureusement, nous avons un système politique où « l’urgence est toujours un obstacle à l’important ». Les deux principaux obstacles à la conservation de la biodiversité sont la surconsommation et la surpopulation. Des recherches très récentes ont

montré de manière alarmante que les questions de biodiversité étaient largement mises de côté par les préoccupations climatiques ; la biodiversité a été dépeinte comme étant affectée par le changement climatique plutôt que comme étant elle-même essentielle au bien-être humain et essentielle à l’adaptation au climat (Clermont, 2018).

La diversité et la résilience des communautés sont liées – la survie des autres espèces fait partie intégrante de la nôtre. La biodiversité fournit bon nombre de nos médicaments : par exemple, la pervenche rose de Madagascar est une plante dont nous tirons la vincristine, l’un des principaux médicaments actuellement utilisés contre le cancer. 20 à 25% des médicaments utilisés dans la médecine moderne proviennent de produits chimiques végétaux et plus de 12 000 composés actifs de plantes médicinales sont connus de la science. Les trois quarts de la nourriture mondiale proviennent de 12 cultures et de cinq espèces d’animaux, ce qui est très peu durable. Nos forêts, nos sols, nos zones humides et nos prairies riches en biodiversité nettoient l’air et l’eau, transforment le carbone, fournissent un habitat aux pollinisateurs et contrôlent les insectes nuisibles et les maladies (Land Stewardship Centre). Ainsi, un monde riche en biodiversité fournit une résilience critique protégeant contre les déficiences de quelque système qui soit.

Les communications et l’éducation ont également été largement discutées. Des leçons peuvent être tirées d’autres cas, tels que le trou dans la couche d’ozone ou, plus récemment, le plastique, où le public a été incité à agir. Avec l’ozone, par exemple, le trou a été vulgarisé par des vidéos et des métaphores. Un problème atmosphérique abstrait a été réduit à la taille de l’imagination humaine. Il avait été rendu juste assez petit, et juste assez grand, pour percer (magazine New York Times, édition spéciale, The Lost Planet, 2018).

5. DÉLIBÉRATIONS / CONSIDÉRATIONS

Les thèmes clés suivants ont été identifiés par les expertes: la réconciliation, la connexion et la collaboration ; revendiquer notre relation avec la terre ; (re)cadrer la biodiversité ; (re)concevoir ; intégrer ; les partenariats stratégiques et la mise en œuvre intersectorielle.

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6. LE PROGRAMME D’ACTION

La réconciliation avec les gouvernements, les nations et les peuples des Premières nations, des Inuits et des Métis est intimement liée à la conciliation des impératifs personnels, écologiques, sociaux et économiques essentiels afin que le Canada réponde avec succès à notre perte et à notre déficit actuels de biodiversité. L’accélération actuelle de l’utilisation et surtout de la mauvaise utilisation des terres et de l’eau au détriment de la nature, de la diversité culturelle et de la biodiversité se poursuivra à moins que de nouvelles formes d’engagement communautaire et de planification intégrée ne soient mises en œuvre. De nouveaux modèles de leadership collaboratif, plutôt que des procédés électoraux et compétitifs, doivent être mis en place de toute urgence pour mettre en œuvre ce programme d’action et pour combler les lacunes en matière de mise en pratique des connaissances acquises

1. Assurer une grande connectivité du paysage. La clé de la conservation et de la régénération de la biodiversité est la connexion – entre la faune, les personnes, les agences, les lieux et les réseaux – pour assurer une grande connectivité du paysage, si essentielle à l’accès de la biodiversité à un habitat non pas seulement adéquat, mais abondant.

2. De nombreux peuples autochtones du Canada partagent la vision selon laquelle le monde naturel n’est pas séparé des humains, mais est un lieu où tous les êtres vivants et tous les esprits sont connectés. Le principe des lois naturelles (ICE Report, 2018) offre un moyen important de (re)connecter tous les Canadiens à la terre et la nécessité de protéger les habitats, la diversité culturelle et biologique. Cela souligne l’importance de la collaboration et du partenariat avec les systèmes autochtones à tous les niveaux.

3. Les gouvernements canadiens à tous les niveaux doivent identifier des objectifs et des priorités de conservation concrets aux échelles locale, régionale et nationale grâce à un processus de participation communautaire ascendante et à l’identification des priorités au niveau national, pour assurer la conservation locale et l’intégration globale.

4. Travaillant en partenariat avec des associations industrielles et des leaders d’opinion dans les domaines ESG (performance environnementale, sociale et de gouvernance des sociétés publiques), informer le secteur financier qu’au sein de leurs analyses ESG, il y a des avantages importants pour l’intégration des évaluations du capital naturel dans les décisions d’investissement.

5. Fonder les stratégies en matière de diversité biologique sur le mouvement des villes biophiles, des villes « naturellement riches », et leur faire revêtir une dimension urbaine qui s’adresse aux nouveaux Canadiens, à la génération Y et au nombre croissant de citadins.

6. Illustrer les avantages de la planification intégrée et de l’inclusion des plans de biodiversité dans les plans communautaires officiels, les plans intégrés de durabilité des collectivités et la planification de la gestion des catastrophes.

6 . 1 S T R A T É G I E S E T P L A N S

NOUS DEVONS COMMENCER PAR DIVERSIFIER LES VOIX À CHAQUE TABLE EN ALLANT BIEN AU-DELÀ DES « SUSPECTS HABITUELS ». #AGISSONS RAPIDEMENT

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1. Organiser des collections de musées et de galeries d’art en dehors des murs de musées (Photo Ark), y compris des projets autochtones (jardins de palourdes en Colombie-Britannique), qui encouragent et éduquent à la biodiversité. Partager les défis auxquels la conservation de la biodiversité est confrontée et les possibilités de la protéger à travers des événements d’art public et d’engagement communau-taire.

2. Nationaliser les modèles de bioblitz mis au point par le Musée royal de l’Ontario, Nature Canada et BioBlitz Canada 150, idéalement dirigés par Nature Canada, en partenariat avec d’autres organisations travaillant localement au Canada3.

3. Lancer une campagne de communication proactive à l’échelle nationale pour accroître les connaissanc-es et l’action civiques en matière de conservation de la biodiversité. Élaborer de brèves notes d’action sur des questions clés en utilisant un langage facile à comprendre (niveau de lecture de 5e année) avec des exemples précis d’impacts sur la perte de biodiversité chez les humains, ainsi que des actions sug-gérées utilisant divers canaux de médias sociaux.

4. (Re)positionner la conservation comme une initiative urbaine et un défi. Développer la communication, les collaborations et les partenariats linguistiques et stratégiques ainsi que les politiques axées sur la population urbaine pour le soutien, l’engagement, l’éducation et, en fin de compte, la valorisation et la protection de la biodiversité.

5. Mettre en place et connecter des projets couronnés de succès tels que le projet National Geographic Ark, le Serengeti of the Arctic, le projet Students on Ice, Earth Rangers et le projet Espèces en péril de la Fédération canadienne de la faune.

1. Prendre des engagements soutenus en matière de financement et d’application de la loi pour la mise en œuvre de la législation fédérale et provinciale sur les espèces en péril.

2. Investir dans des stratégies de conservation fondées sur des données probantes incluant les connaissances écologiques traditionnelles pour les espèces migratrices ; des initiatives de planification à grande échelle, basées sur les écosystèmes et la connectivité dans les environnements marins, aquatiques et terrestres.

3. Établir un réseau plus vaste de parcs interconnectés et d’aires marines protégées comprenant des corridors fauniques

4. Appliquer la Loi sur les oiseaux migrateurs et poursuivre et infliger des amendes aux entreprises, organisations et individus dont les activités ont un impact négatif sur les oiseaux migrateurs.

5. Mettre en œuvre et appliquer la législation canadienne sur les espèces menacées (LEP)

6. Exiger que la cartographie de la connectivité et l’identification des points chauds soient intégrées dans les plans communautaires officiels et les plans de gestion des terres et des ressources.

7. Mettre en place un système de crédit de conservation pour encourager les propriétaires à protéger les points chauds et les connexions écologiques de la biodiversité, ainsi que les compensations de la biodiversité.

8. Recadrer la question des « Hommes vivant séparément de la Nature » vers les « Hommes et la conservation de la biodiversité » en tant que solution climatique clé.

6 . 2 E N G A G E M E N T P U B L I C

6 . 3 R E C O M M A N D A T I O N S A U N I V E A U D E S P O L I T I Q U E S

3 Nous aimerions remercier Heather Hamilton, ancienne Directrice générale de l’Institut canadien de la biodiversité, d’avoir été la première à appliquer ce concept au Canada. 9

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1. S’appuyer sur la vision du monde et les relations avec la terre des autochtones pour offrir de nouvelles possibilités de collaboration pour des stratégies, des plans, des communications et des dialogues de conservation efficaces et affirmés.

2. Mener l’accélération du dialogue international sur la diversité biologique, en élargissant le International Panel on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES) et en tirant parti de l’expertise du Canada en matière de tables rondes. Cela aidera à inclure des voix critiques au-delà de la communauté scientifique habituelle –scientifiques de musée, conservateurs de recherche, communicateurs, artistes visuels et interprètes, les sciences humaines, les sciences écologiques traditionnelles, ainsi que les sciences sociales et les sciences naturelles.

3. Cartographier les habitats critiques des espèces en voie de disparition et disparues du pays au Canada, et rendre cette information accessible au public. Il est extrêmement important d’identifier les zones nécessitant des mesures correctives. Inclure ces domaines prioritaires dans les plans locaux, régionaux et nationaux.

4. Diriger la mise en œuvre nationale des 20 objectifs de l’AICHI à partir de la Convention sur la diversité biologique, avec des échéances claires, en créant un groupe de travail multiparties de haut niveau relevant du Premier ministre, allant au-delà des suspects habituels.

5. Veiller à ce que les buts et objectifs canadiens pour la biodiversité d’ici 2020 soient atteints ou, mieux, dépassés, en particulier la cible 1. D’ici 2020, au moins 17 % des zones terrestres et des eaux intérieures et 10 % des zones côtières et marines devraient être préservées à travers des réseaux d’aires protégées et d’autres mesures de conservation efficaces par zone.

7. RÉFÉRENCES

Collen, B., M. Bohm, M. Kemp, and R. Baillie. 2012. Spineless: status and trends of the world’s invertebrates. Report. London: Zoological Society of London

Hoffmann, M., C. Hilton-Taylor, A. Angulo, M. Bohm and T. Books et al. 2010. The impact of conservation on the status of the world’s vertebrates. Science, doi: 10.1126/science.1194442

The Indigenous Circle of Experts’ Reports and Recommendations. 2018. We Rise Together. Achieving Pathway to Canada Target 1 through the creation of Indigenous Protected and Conserved Areas in the spirit and practice of reconciliation

Kew Royal Botanic Gardens. 2010. Annual Report and Accounts for the year ended 31 March. London: The Stationery Office

Masood, E. 2018. Battle over Biodiversity. An ideological clash could undermine a crucial assessment of the world’s disappearing plant and Animal Life. Nature, 560: 423-425

6 . 4 L E A D E R S H I P P O L I T I Q U E

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Programme d’action conçu par Jaime Clifton-Ross et Chantelle MussellTraduit en français par Florence Morin-Laurin