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Compte-rendu de la mission infirmière au centre de santé de Baïla Du 14 au 28 février 2009

Cette année la liste des voyageurs s’est allongée, la famille Kassoumaï s’agrandie. Le campement Le Lambita n’est plus assez grand pour recevoir tout ce petit monde en même temps : Les collégiens, la mission informatique, les voyageurs et la mission santé. Donc cette année l’équipe, bien étoffée, de la mission santé sera hébergée dans la villa du Docteur DJIMATI COLY : Docteur Michel BAZIN "Man" grand respect et son épouse Maryke, notre précieuse psychologue, toujours prévenante et attentionnée. Dr Sylvain DIONNET, le "papa" de l’équipe, responsable de la mission et son épouse Nathalie, très attendue à la maternité pour sa précieuse expérience. Katia, sage femme aussi, a vécu une expérience émouvante à la maternité de Baïla. Dr Catherine CHEMIN, toute en finesse, fidèle au poste. Dr Fatiha SADJI, rhumatologue "spécialiste du genou droit" et bout en train plein d’humour dont c’est la première mission à Baïla. Dr Marie Noëlle ADAM, biologiste, c’est aussi une première en Casamance, attendue par l’infirmier Amadou BOCOUM ainsi que la centrifugeuse. Sofia BENADY que l’on ne présente plus à Baïla, toujours fidèle au poste à la maternité. Elodie THELLIER, collègue de Sofia nous a fait partager sa joie de vivre et son dynamisme. Avec toutes ces dames les nouveaux nés ont été choyés ! Mireille MOREAU, aide soignante spécialiste polyvalente tantôt assistante des docteurs, tantôt masseuse auprès des personnes endolories, tantôt assistante à la maternité. C’est notre "maman gentille" toujours de bonne humeur, son rire résonne encore dans ma tête. Christiane GUIGNON, infirmière, cadre de santé vient pour la première fois. Elle va s’impliquer dans le jumelage de Condé sur Vesgre avec Balandine Sadia LEPORE notre spécialiste en massages de confort et de détente tant appréciés par la population. Sylvie RAGON, l’infirmière de la classe EDSICA nous a aussi fait partager son expérience toute en douceur et finesse. Et moi, infirmière détachée au poste de soin auprès de Pape COLY l’agent de santé toujours à l’écoute d’un conseil pour améliorer les soins et dont la gentillesse n’a pas d’égale. L’équipe sera étoffée d’un groupe de jeunes : Marine Valentin et Yan. Lundi 16 février 2009 La journée commence avec l’éternel rituel du rangement de la pharmacie. Cette année nous avons aussi beaucoup de cartons à trier pour les différentes cases de santé que nous avons prévu d’approvisionner un peu : BALANDINE, SUELLE, CAPARAN, DIATANG, KATOUDIE, NIANKITE, DIABOUDIOR, KATINONG. Le Président du comité de santé de Baïla, Lansana DIEME, s’appropriera l’organisation de la répartition des cartons. Ensuite le travail va pouvoir commencer pour chacun. Je rejoins Pape Coly en salle de soin pour l’habituel état des lieux : ces deux derniers mois Pape était seul au poste de santé, il s’est fait aidé par un ami handicapé pour les pansements.

� Le carburant venant d’être livré pour alimenter la pompe à eau, l’eau courante fonctionnera plusieurs jours après notre arrivée. Merci PURRIGEL !

� Pas de torchon essuie-mains, Amadou BOCOUM ira en acheter un dans les jours suivants.

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� Le rideau de la fenêtre, mériterait d’être échangé pour un voilage qui permettrait plus de lumière.

� Il ne restait qu’une grande bassine et deux petites sur nombre acheté il y a 2 ans. La table de séchage et la table d’examen ont du être enlevées pour installer les consultations médicales sur 4 postes.

� Le respect des portes fermées lors des pansements est encore un peu difficile à certains moments, les serrures enlevées ont été remises, reste à trouver des clés pour pouvoir les fermer.

� Le chariot à pansement est organisé, le protocole de décontamination et désinfection des instruments est respecté. Un problème subsiste ; il n’y a plus de ciseaux dans les boites, ils ont tous rouillé à cause de la javel. Les pinces sont en bon état.

� Pape COLY utilise en cas de besoin les ciseaux des sets de pansement, il n’y en a pas énormément et nous allons en utiliser pendant la mission. L’utilisation d’un plan de travail propre et le maniement des instruments dans les soins seraient à revoir pour maintenir un degré d’asepsie acceptable.

� Le poupinel est en panne, le fil électrique est endommagé. Les instruments ne sont donc plus stérilisés.

� Certaines armoires à matériel sont mieux rangées. � La lampe d’appoint n’a pas d’ampoule et n’en aura pas pendant notre séjour, nous

utiliserons une lampe électrique pour éclairer les plaies, faire les soins et les sutures. Un néon supplémentaire serait aidant.

� Il y a peu de produits de désinfection des plaies ; pas de Bétadine. � Le pèse bébé de la maternité ne fonctionnant plus, celui du poste de soin a été prêté. � Il n’y avait pas de thermomètre nous en avons laissé au moins quatre sur le poste de

Baïla. Nous avons aussi laissé un tensiomètre. � Un appareil de surveillance glycémique a disparu, il faut enfermer sous clé, le seul

restant fonctionnel. Kêmo SONKO et Mamadou DIEDHIOU agents de santé de CAPARAN seront présents tous les jours, en apprentissage auprès de Pape COLY. La première semaine seront aussi présents : Dembo DIEDHIOU aide soignant de KATOUDIE, Syaka COLY aide soignant de KATINONG. La salle de pansement prend des airs de salle de travaux pratiques! Les soins : Ce qui interpelle cette année c’est le nombre de personnes qui arrivent avec des plaies surinfectées, aggravées par l’absence de traitement antibiotique non pris. Il n’y a pas d’argent pour les acheter. La nouveauté pour moi cette année : la chirurgie ambulatoire. Nous avons soigné des plaies ouvertes au niveau des mains, des pieds qui ont nécessité des points de sutures dont un poignet entaillé par un coupe – coupe. Une personne âgée est venue pour se faire enlever une écharde, infectée d’environ 4 cm de longueur et 5 mm de largeur sur le dessus du pied. Il a fallu inciser la peau sous anesthésie locale puis suturer. Une femme est venue se faire enlever un kyste sur le dessus du crâne : là aussi après le rasage des cheveux, anesthésie locale, incision, ablation d’un kyste graisseux récidivant après plusieurs années, et fils de suture qui seront enlevés le dernier jour de la mission. La cicatrice était propre. Un adolescent avait un pied surinfecté, nous avons évacué une importante quantité de pus, avant de mécher à la Bétadine. Le tulle bétadiné est un bon produit pour toutes ces plaies, il serait intéressant de pouvoir en fournir d’avantage. Un jeune homme avait une main surinfectée ayant triplé de volume, nous avons aussi évacué beaucoup de pus. Pour tous ces jeunes se pose la question de la prise des traitements antibiotiques et anti douleur. Nous avons utilisé l’aide sociale autant que possible et nos propres médicaments non répertoriés à la pharmacie.

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Nous avons soigné un enfant de 3 ans pour une brûlure avec de l’eau au niveau de la clavicule gauche. Il y a toujours des pansements pour des ulcères de jambes. Un bébé de moins d’un an avait besoin de kiné respiratoire pour expectorer des sécrétions épaisses. Aussi bien les femmes que les hommes ont des douleurs d’usure diffuses, les massages détente sont très appréciés. Une femme enceinte fiévreuse depuis plusieurs jours, a eu un test TDR négatif.

Pape COLY pratique au mieux des soins de qualité avec maitrise et dextérité en présence de tous ses collègues, observateurs critiques. Les troubles visuels sont vraiment une préoccupation. La participation d’ophtalmologistes fait réellement défaut. Il est à noter que dans la réserve à côté de la pharmacie de Baïla, s’entassent des cartons de lunettes qui ne sont pas distribuées faute d’être préalablement triées. Peut-être pourrons-nous former des personnes pour faire ce tri afin que le maximum de lunettes puisse servir.

Nouvelles expériences : Faire de visites conjointes médecin - infirmière mais aussi psychologue – infirmière. Ce fut un partenariat très enrichissant, complémentaire de par nos fonctions et très aidant pour se soutenir mutuellement dans les situations délicates et difficiles. Visites à domicile Expérience enrichissante, qui nous fait entrer dans l’intimité des Baïlois et permet de rencontrer ces personnes confinées au domicile. Visite à la maman d’AÏDA du Lambita à COLOBANE avec Docteur Fatiha Sadji. Cette vieille dame souffre d’arthrose à un genou, elle arrive encore à se déplacer avec un bâton. Malheureusement le Docteur Sadji n’aura plus de produits miracles utilisés en consultation à la "clinique du genou". Accompagnement en fin de vie à domicile Visite à la grand-mère de la femme de BABOUCAR dans le quartier de DODHIE avec Fatiha et Catherine. Nous avons été témoins de toute l’attention que les proches apportent aux anciens. Cette vieille femme au long visage fin, au regard profond, au corps amaigri, était installée au mieux grâce aux bons soins de la fille ainée qui avait dû quitter son foyer, ses enfants restés à Dakar. Cette vieille dame était un peu déshydratée. Nous nous rendrons matin et soir à son chevet pour l’hydrater avec une perfusion sous cutanée. Méthode que ne connaissait pas Pape COLY. Cette dame continue à s’alimenter, et est encore assise au bord du lit malgré des contractures articulaires au niveau des jambes qu’elle garde pliées, en position antalgique. Elle a la peau lisse, sa fille la masse avec des huiles essentielles. Binôme psychologue - infirmière

� C’est ainsi qu’avec Maryke nous nous sommes occupées d’une jeune fille de 18 ans qui nous a beaucoup touché. Khadi est malade depuis environ un an. Au décours d’une infection dont on ne connaît pas la cause, elle a progressivement perdu l’usage de ses jambes qui sont très douloureuses. Elle ne peut s’occuper d’elle-même. Elle explique que depuis plusieurs semaines son état s’est aggravé : elle est très amaigrie, et manque de soins.

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Elle est déshydratée, cachectique, spastique. Les docteurs vont prescrire une perfusion pour la réhydrater et donner un traitement contre les contractures musculaires. Avec Maryke nous allons la voir matin et soir et en apprendre un peu plus sur son histoire complexe et douloureuse. Nous lui avons apporté des gros oreillers pour mieux l’installer et des couvertures. Durant ces 2 semaines, nous l’avons un tant soit peu choyée, massée, écoutée, apprivoisée, qu’elle a pu sourire et quel sourire ! Nous avons pu lire dans son regard une volonté de se battre, de l’espoir. Avec son amie Néné qui nous a confié sa propre histoire difficile, elles se soutiennent mutuellement. Notre projet de faire consulter Khadi à l’hôpital de Ziguinchor n’a pu aboutir avant notre départ. L’infirmier et l’agent de santé de Baïla vont prendre soin d’elle et assurer un suivi médical pour le traitement mis en place. Nous espérons la retrouver l’an prochain.

Khady et son amie Néné avant notre départ

� Maryke m’invite à participer à un entretien pour une petite fille de 5 ans qui souffre d’incontinence diurne et nocturne. L’entretien a lieu en présence d’Estella, de son père et de l’institutrice. Le cheminement de chacun a permis de comprendre la situation et de s’exprimer sur le fait que réprimander, punir, taper n’aidaient pas Estella. Les parents ont observé qu’en la réveillant à des heures régulières pour uriner, la situation s’était améliorée. Il reste à faire discrètement la même chose à l’école et laisser un peu de temps au temps pour redonner confiance à l’enfant. Visite de la case de santé de Katinong Cette visite nous a laissé très interrogatifs sur les soins pouvant être prodigués dans cette case ainsi qu’à la maternité. Il semblerait que les femmes accouchent plutôt à terre sur une natte ou à domicile.

La table d’accouchement La maternité Le poste de soin

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Visite du poste de santé de Suelle Nous avons été impressionnés par les locaux du poste de santé de Suelle. Ils sont vastes, propres. L’infirmière en poste, Youmi, a besoin d’être acceptée par la population en tant que professionnelle compétente à ce poste de santé. Notre visite avait été annoncée la veille lors d’une manifestation de coopération dans un autre village. Nous avons eu la sensation que tous les habitants attendaient d’être reçus par les docteurs toubab. Il manque des médicaments, du matériel et du personnel formé : ce sont les matrones qui font de leur mieux, les soins infirmiers, mais les règles d’asepsie, d’hygiène, de connaissances techniques font défaut. Les villageois demandent que l’équipe médicale revienne plus longuement et permettent l’évolution de ce poste de santé, comme à Baïla. Nous avons apporté un peu de médicaments et de matériel dont un thermomètre et un tensiomètre.

Visite guidée, des locaux Le bureau du médecin Une salle d’attente

Une belle grande salle de pansement, bien pauvre en matériel Les restes de cacahuètes dans le plateau de soin ! Campagne de préventions et d’éducation de la santé La réflexion de l’an dernier sur l’utilisation des préservatifs féminins s’est concrétisée par l’organisation de rencontres d’informations, de démonstrations sur l’utilisation de ces préservatifs auprès des femmes de Baïla au Lambita, puis des élèves du lycée technique (filles et garçons). Une rencontre organisée avec les femmes de KATINONG s’est avérée en complet décalage avec leur réalité. Nous garderons cependant un merveilleux souvenir de ce moment délicieux ; Maryke nous racontant l’histoire de Tramane le chauffeur et de son épouse Somona et la chanson qu’ils ont inventés pour toujours se protéger : " Rien qu’une fois, rien qu’une fois sans la capote, ça suffit BOU YABOR NYAKON, BOU YABOR NYAKON, BACANO A OUT CAPOTE, YÉYÊDJE… Les échanges avec les femmes de Baïla nous ont permis de répondre à certaines de leurs questions :

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Y a-t-il des remèdes ou pas contre la maladie du SIDA ? A quel âge on a le SIDA ? Comment faire un enfant si tu es déjà contaminé ? Comment enlever le préservatif, comment faire pour uriner, gêne t-il le rapport de l’homme ? Et s’il n’est pas bien mis ? Peut-on utiliser le préservatif pendant l’allaitement ? Les ongles peuvent-ils percer le préservatif ? Faut-il enlever le pantalon pour le mettre ?

Cette année un certain nombre de voyageurs et missionnés ont eu besoin de soins pour diverses blessures. N’est ce pas Patricia, Jean Pierre, Laurent et les autres !

Projets 2010

Revoir l’aménagement du poste de soin et l’entretien du matériel.

Comprendre comment maintenir des conditions de travail plus

adaptées.

Quel recours pour bénéficier des traitements essentiels ?

Développer la formation sur l’hygiène et l’asepsie

Développer les interventions au poste de santé de Suelle, Caparan,

Balandine dans un premier temps.

Les Baïlois semblent sensibilisés au danger du SIDA, à la planification familiale. Les jeunes générations ne souhaitent pas avoir beaucoup d’enfants. Il faut avoir les moyens de bien les élever.