Compte-rendu Atelier de concertation sur la thémati que « Industrie »Séminaire « Systèmes de production »

SRCAE Dijon - 8 mars 2011

1- Perception des participants sur la prise en compt e des enjeux de l’énergie, de l’air

et du climat par l’industrie bourguignonne

La majorité des participants considère que l’industrie bourguignonne prend déjà plutôt bien en compteles enjeux du climat, de la qualité de l’air et de l’énergie.

En effet :- des progrès sont d’ores et déjà notables en termes de volume en gaz à effet de serre évités- certaines entreprises convaincues font preuve d’une forte volonté, allant même jusqu’à

anticiper la réglementation

- les économies financières réalisées à travers la diminution des factures énergétiquesconstituent de véritables moteurs

- la norme ISO 14 001 impose certaines mesures en lien avec les enjeux air, énergie et climat.Celles-ci font l’objet d’un contrôle

- Il existe déjà au moins une certaine sensibilisation

Cependant :- il reste encore beaucoup à faire, notamment par les PME - les enjeux spécifiques à la qualité de l’air et au climat ne sont pris en compte qu’en application

du strict minimum imposé par la loi- ceci peut s’expliquer par la difficulté pour les entreprises à trouver un avantage concurrentiel à

la prise en compte de ces enjeux- la prise en compte des enjeux énergétiques n’est effective que lorsque le prix de l’énergie

augmente- le choix de l’énergie propre à utiliser à la place des énergies fossiles n’est pas toujours aisé.

2- Recommandations sur les chantiers prioritaires po ur l’industrie bourguignonne

Afin de répondre aux objectifs nationaux en matière de climat/air/énergie, plusieurs recommandationsont été formulées par les participants.

- raisonner en bilan global par projet et par produit à l’échelle du cycle de vie (en énergiegrise, plutôt qu’en énergie facturée). Cependant, ce type de raisonnement peut s’avérer peuréaliste pour les PME, qui n’ont pas autant de marges de manœuvre que les grossesentreprises, même si cela peut constituer un avantage concurrentiel.

- traduire les enjeux climat/air/énergie en intérêt p our l’industriel . Estimer les gains entermes d’économies d’énergie de façon réaliste, sans sur-promesse.

- cibler les efforts, en se basant sur un diagnostic : plutôt que de travailler à l’échelle d’uneentité/unité de production, mieux vaut se focaliser là où c’est le plus porteur (ex : plutôt que dechanger 50 moteurs, il peut suffire de changer les 2 moteurs les plus consommateursd’énergie). Pour cela, la réalisation d’un diagnostic est incontournable.

- la motorisation est le chantier prioritaire , car cela représente un gisement d’énergieimportant (10% des consommations), et transversal à toute les branches. Le remplacementd’un moteur obsolète par un autre plus performant énergétiquement permet des économiestrès importantes.

- faciliter l’investissement qui répond à ces enjeux ; des aides et avantages existent déjà.- encourager l’implication des salariés et les comportements vertueux. - les industriels ont besoin de conseil pour déterminer quelles actions mener : souvent ils ne

savent pas ce qu’il faudrait faire

3- Retours sur la présentation du bilan et du scénario

La présentation du bilan sectoriel et des grandes tendances suscite quelques remarques et questions.Quelques données complémentaires sont apportées. Le scénario tendanciel suscite des interrogationspour la majorité des participants (13 sur 17).

Données complémentaires sur le bilan- 12 industriels émettent 40% des émissions du secteur - dans l’ensemble, l’industrie en Bourgogne est en-dessous du quota de CO2 alloué par le

PNAQ.

- Faire attention au phénomène d’externalisation de certains services emplois (ex : nettoyage).Au niveau des profils énergétiques cela se traduit par une baisse des emplois industriels,alors prises en compte dans le tertiaire : les consommations ne sont pas perdues.

Interrogations soulevées par le scénario tendanciel- Le scénario donne un peu trop l’impression qu’il n’y a « pas grand-chose à faire » pour

atteindre les objectifs : la baisse de l’activité industrielle entraîne automatiquement une baissedes consommations d’énergie et d’émissions de GES

- Cependant les chiffres disponibles ne tiennent pas compte du phénomène d’externalisation decertains services et emplois (ex : le nettoyage industriel) : certaines activités liées à l’industriesont comptabilisées dans le secteur des services lorsqu’externalisées. Les leviers d’actionsont alors différents.

- Il serait intéressant de distinguer dans les bilans l’effort volontaire des industries à réduireleurs consommations et émissions des réductions dues à des fermetures de site (avecdestructions d’emplois industriels).

- Précision : l’évolution des technologies (ex : captation du CO2 en 2020) est prise en comptedans le chiffrage des objectifs.

Recommandations

- Le développement de la prise en compte des enjeux énergie/climat devrait s’adosser à unplan de développement de l’emploi industriel, utili sant des énergies propres .Remarque : la pénurie de main d’œuvre devrait être un des défis pour ce redéploiementindustriel.

- Certaines industries doivent être regroupées par fi lière de façon à agir sur l’ensembledu process .

4- Présentation de la liste des chantiers

A la liste de 3 chantiers, les participants en ajoutent un 4e : la nature des matières premières utilisées.Ce levier, très transversal, n’est cependant pas traité en sous-groupe. Le recyclage et l’innovation sontmentionnés, et reliés à différents chantiers dont le process.

Sur les ordres de grandeur présentés, la CRCI constate que pour les PME, les gisements sontdavantage de l’ordre de 80% au niveau transverse, et de 20% au niveau du process. Ces donnéessont issues de la trentaine de diagnostics réalisés par la CRCI.

5- Chantier 1 : opérations transverses

Les freins à l’efficacité énergétique des opération s transverses

- la limite des capacités d’investissement des entreprises - la méconnaissance du gisement d’économies d’énergie, ce qui rend difficile l’orientation des

efforts des entreprises- des habitudes trop individualistes - le manque de temps- la mauvaise qualité des bâtiments industriels existants et la pénurie de compétences dans le

domaine du bâtiment industriel

Les atouts de la région

- Les PECB. Le Programme énergie climat Bourgogne (PCEB) est l’un des outils de mise enœuvre du plan énergie climat 2007-2013 du conseil régional. Des actions ont déjà été mise enplace avec le PCEB

- Compétences au niveau des universités de la région

Les pistes de travail proposées

- promouvoir des démarches d’amélioration comprenant un diagnostic ciblé etdébouchant sur la mise en œuvre d’actions concrètes (exemple d’initiative par EDF : unclub/réseau d’entreprises sur la performance énergétique ; après diagnostic, chacun se fixedes objectifs de correction)

- des appels à expertise pour accompagner les entreprises aux différentes étapes - favoriser les échanges de bonnes pratiques entre in dustriels : en particulier sur les sujets

communs à différentes industries (ex. fuites dans les circuits d’air comprimé) ; le simple faitd’en parler stimule les initiatives d’amélioration

- stimuler l’innovation en rapprochant les universita ires et les industriels dans le cadred’une structure de type pôle de compétitivité, à plus petite échelle

- favoriser les opérations pilotes et diffuser à grande échelle les bonnes pratiques qui ont faitleurs preuves

- des incitations financières par l’Etat et les collectivités (Région, intercommunalités) afind’encourager les entreprises industrielles à développer l’efficacité énergétique de leursopérations transverses

- la réhabilitation des bâtiments industriels (isolation notamment) est freinée par le coûtimportant, et le fait que souvent l’industriel n’est pas propriétaire. Il convient donc de vérifier larentabilité de l’opération au préalable ; le temps de retour sur investissement ne devrait pasdépasser 15-18 mois

- développer la mutualisation des moyens - promouvoir la mise en place de démarches environnem entales au sein des entreprises

6- Chantier 2 : récupération de chaleur et productio n d’énergie

Les freins à la récupération de chaleur et la produ ction d’énergie dans l’industrie

- produire de l’énergie n’est pas le métier initial de l’industriel : frein culturel- un débouché doit être trouvé pour l’énergie produite : production d’énergie (électrique)

réutilisation de la chaleur en interne (dans le process) ou en externe (réseaux de chaleur,autre industriel voisin, …)

- freins techniques : la récupération de chaleur complexifie le process ; les industriels peuventmanquer de compétences dans ce domaine ;

- c’est toute la structure du bâtiment qui doit être modifiée, et le process ajusté au préalable,cela suppose qu’il soit adaptable

- frein financier : l’investissement nécessaire

Les atouts de la région

- un fort potentiel de production de biomasse. Cependant, la production de bois et la structuredu tissu industriel ne concordent pas forcément. De plus, le bois pourrait faire l’objet d’unconflit d’usage (utilisation en tant que source d’énergie ou en tant que bois d’œuvre). D’autressources de biomasse devraient être utilisées.

- des pôles industriels regroupés (ex : Kodak, « cluster » éolien), ce qui peut faciliter ledéveloppement d’activités collectives.

Les pistes de travail proposées

- la production alternative d’énergies renouvelables par l’industrie : panneaux solairesinstallés sur les toitures industrielles, géothermie ; cogénération (production conjointed’électricité et de chaleur) en milieu industriel. Cependant, pour soutenir la productiond’électricité, l’incitation financière de l’Etat par le rachat de l’électricité produite estindispensable sur le long terme pour rentabiliser l’investissement

- la contractualisation entre producteur et consommat eur d’énergie (ex : un client quirémunère l’investissement de l’industriel en lui rachetant une part de l’énergie produite) : cecipourrait inciter la production d’énergie par les industriels ; des synergies entre producteurs etutilisateurs de chaleur devraient être trouvées.

- La mutualisation entre consommateurs (ex : utilisation de la biomasse : mise en placed’une chaudière commune à plusieurs industries).

- la mise en place d’un réseau de chaleur pour valoriser les productions de chaleurengendrées

- pour y parvenir, la formation et l’information des industriels quand au potentiel de gisementexistant au niveau de la récupération pourrait être organisées et des études techniques sontà conduire par des BET qualifiés.

- les exemples d’autres pays pourraient être valorisés.- la récupération de chaleur fatale (ex dans les UIOM: récupération de chaleur à partir de la

combustion de déchets)- Il faut penser à intégrer les réflexions sur la réc upération de chaleur et de production de

chaleur dès la conception d’un bâtiment industriel ou sa réhabilitation- des aides à l’investissement pourraient être développées

7- Chantier 3 : process

Les freins à l’efficacité énergétique dans le proce ss

- la capacité limitée d’investissement des entreprises, confrontée à une rentabilité nonimmédiate.

- Toucher au process comporte un risque plus élevé pour l’industriel que de toucher auxénergies utiles, car l’on touche directement au process et à l’ensemble du ssytème qualité del’industrie.

- les industriels manquent d’information sur les nouveaux process.- dans certains domaines (ex. agro-alimentaire), le cadre réglementaire évolue trop vite pour

pouvoir faire des projets d’investissement rentables à terme (photovoltaïque par exemple).

- le secret industriel (nécessaire pour préserver un avantage compétitif) ne permet pas toujoursde savoir ce qui est mis en œuvre au sein des entreprises et de favoriser le partaged’expérience en matière de process. Cependant certains surmontent cet obstacle : exemplele cluster des industriels de l’éolien mène en commun un travail de recherche sur le process.Des règles de diffusion précisées au sein de ces groupes permettent de partager les retoursd’expérience en préservant l’avantage concurrentiel.

Les atouts de la région

- des secteurs en pointe au plan technologique, - des pôles de compétitivité (Industrie Agro-alimentaire métallurgie), - grappe (GRoupement d’Associations Porteuses de Projets en Environnement),

rapprochements entre activités de R&D et de formation. Elles ont un fort pouvoir d’ancrageterritorial et associent selon les contextes des grandes entreprises et des acteurs de laformation, de la recherche et de l’innovation qui comportent des centres de R&D et deformation.

Les pistes de travail proposées

- Des systèmes d’ingénierie financière favorisant les process vertueux et l’innovationdevraient être mis en place. Ceci s’ajoutant à (ou intégrant) l’auto-financement deschangements de process par les économies réalisées grâce à ces changements.

- Une veille technologique et réglementaire des proce ss vertueux devrait être assurée etles bonnes pratiques capitalisées de façon à être diffusées.

- Des modules de formation sur l’éco-conception devraient être mis en place.- Des appels à projet sur les process vertueux peuvent être un moyen de mettre en valeur

les aides existantes, et d’identifier des projets innovants

En marge de la réflexion, la question de qui définit un process comme vertueux et selon quels critèresest posée.

8- Conclusion générale : les recommandations du groupe

Pour l’ensemble des 3 chantiers- stimuler l’innovation en favorisant les opérations pilotes et les appels à projet , et par le

biais des pôles de compétitivité bourguignons.- soutenir l’investissement en faveur des économies d’énergie et d’émissions de GES- soutenir les projets collaboratifs en matière d’éco nomies d’énergies (ex : les grappes)- Intégrer l’éco-conception dans les formations supér ieures .

Pour les chantiers Process et Opérations transverses- Mieux informer les industriels sur les actions et les gains possibles - Favoriser la mutualisation des expériences et des b onnes pratiques

Pour le chantier Process- Assurer une veille technologique et réglementaire d es process vertueux .

Pour le chantier Opérations transverses- promouvoir une démarche globale avec un diagnostic débouchant sur la réalisation

d’actions ciblées .

Pour le chantier Récupération de chaleur et production d’énergie- trouver des synergies entre producteurs et consomma teurs d’énergie (exemple : un

client qui rémunère l’investissement de l’industriel).