Compacter les déchets de chantier pour diminuer les nuisances

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PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE CORMON La collecte des déchets des chantiers de construction des neuf gares du CEVA 1 sera assurée par la société Transvoi- rie, filiale du groupe Helvetia environnement. Elle a rem- porté l’appel d’offre en propo- sant une solution permettant de diminuer sensiblement le nombre de trajets effectués par les camions-bennes. Pascal Laperrousaz, son directeur gé- néral, nous explique comment. De quoi ces déchets seront-ils constitués? Des déchets habituels des chantiers de construction: bois, plâtre, morceaux de carrelage, peinture, encombrants, cartons, etc. Il est difficile d’en estimer le volume à ce stade, mais il devrait se chiffrer en milliers de mètres cubes. Quelle a été la teneur de votre offre? Le cahier des charges était très précis. Nous nous sommes dits: si nous entrons dans cette logique, la concurrence jouera surtout sur les prix. Or, nous préférons toujours présenter des offres innovantes, qui nous démarquent. Comme l’appel d’offres autorisait les variantes, nous nous sommes demandés comment réduire le nombre de rotations de camions, car ils circuleront en grande partie en ville, ce qui engendre des nui- sances et fait perdre beaucoup de temps dans le trafic. Nous avons donc décidé d’investir dans un camion équipé d’une presse, le roll packer, qui per- met de compacter les déchets sur les chantiers. Il s’agit d’une technologie développée en Allemagne et répandue en France, mais pas encore en Suisse. Ce camion se déplacera sur les différents chantiers et compactera les déchets sur place, dans les bennes, ce qui permettra de diviser leur vo- lume jusqu’à trois fois, selon le type de déchets. Cela nous permet de faire moins de tra- jets pour les collecter, de faire bénéficier notre client d’éco- nomies et de ménager l’envi- ronnement. Dans quelle mesure? L’équipement de compactage a un coût, son passage également. Nous facturerons le passage du camion compacteur à la moitié du prix de la levée d’une benne. Ce système nous permettra de relever les bennes environ trois fois moins souvent, avec des camions très performants sur le plan environnemental. C’est-à-dire? Nous n’utiliserons que des vé- hicules répondant à la norme Euro V et VI (Euro VI est la norme européenne la plus sévère en matière de rejets pol- luants - ndlr). Et tous nos véhi- cules roulent avec du biodie- sel, qui contient en moyenne 10% d’additif fabriqué à par- tir d’huile de friture récupé- rée dans les restaurants par Transvoirie et transformée par Leman Bio Energie, une autre société du groupe Helvetia En- vironnement. Ce carburant est donc moins polluant qu’un die- sel standard et il est issu à 10% de matières renouvelables. Vous allez également faire circu- ler une brigade de tri. De quoi s’agit-il? Comme nous travaillons sur les chantiers depuis longtemps, nous avons remarqué que tous les corps de métiers n’ont pas naturellement la notion du tri, ne savent pas nécessairement quel déchet va dans quelle benne et ne se rendent pas compte que des déchets mal triés ne peuvent pas être valori- sés. Nos chauffeurs indiquaient auparavant à la direction des travaux quand ils remarquaient des problèmes, mais nous nous sommes dit qu’il fallait aller plus loin. Depuis deux ans, nous disposons d’une brigade de tri. Elle contrôle que la zone de dé- chets est bien organisée et bien signalisée, que les déchets sont correctement triés. En cas de problème, elle peut intervenir et, si elle constate que les règles sont mal suivies, elle peut pro- poser des formations, en plu- sieurs langues. C’est un service que nous facturons en fonction du nombre de passages souhai- té par le client, mais celui-ci y trouve son compte: lorsque des déchets sont déclassés parce que mal triés, ils ne peuvent pas être valorisés et il doit payer leur élimination. Que deviendront les déchets que vous enlèverez? Les déchets valorisables seront apportés aux deux centres que Sogetri, une autre société du groupe Helvetia Environne- ment, possède dans le canton. Elle groupe et conditionne les déchets afin de les envoyer vers des filières de valorisation, en Suisse ou en Europe. Le bois peut par exemple être réutilisé pour faire des panneaux d’ag- gloméré pour l’ameublement – il part alors en train en Italie. Il peut également devenir du combustible de chauffage, sous forme de copeaux. Les pein- tures seront pour leur part éli- minées au Centre de traitement des déchets spéciaux, dont nous sommes actionnaires, à côté de l’usine d’incinération des Cheneviers. n 1 Liaison ferroviaire Cornavin - Eaux-Vives - Annemasse un patron m’a dit... Compacter les déchets de chantier pour diminuer les nuisances TRANSVOIRIE dispose d’un camion équipé d’une presse, qui permet de compacter les déchets sur les chantiers. Entreprise romande no 3202 du 1.07.16

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développement durable 10ENTREPRISE ROMANDE1er juillet 2016

propos recueillis par

pierre cormon

La collecte des déchets des chantiers de construction des neuf gares du CEVA1 sera assurée par la société Transvoi-rie, filiale du groupe Helvetia environnement. Elle a rem-porté l’appel d’offre en propo-sant une solution permettant de diminuer sensiblement le nombre de trajets effectués par les camions-bennes. Pascal Laperrousaz, son directeur gé-néral, nous explique comment.

De quoi ces déchets seront-ils constitués?Des déchets habituels des chantiers de construction: bois, plâtre, morceaux de carrelage, peinture, encombrants, cartons, etc. Il est difficile d’en estimer le volume à ce stade, mais il devrait se chiffrer en milliers de mètres cubes.

Quelle a été la teneur de votre offre?Le cahier des charges était très précis. Nous nous sommes dits: si nous entrons dans cette logique, la concurrence jouera surtout sur les prix. Or, nous préférons toujours présenter des offres innovantes, qui nous démarquent. Comme l’appel d’offres autorisait les variantes, nous nous sommes demandés comment réduire le nombre

de rotations de camions, car ils circuleront en grande partie en ville, ce qui engendre des nui-sances et fait perdre beaucoup de temps dans le trafic. Nous avons donc décidé d’investir dans un camion équipé d’une presse, le roll packer, qui per-met de compacter les déchets sur les chantiers. Il s’agit d’une technologie développée en Allemagne et répandue en France, mais pas encore en Suisse. Ce camion se déplacera sur les différents chantiers et compactera les déchets sur place, dans les bennes, ce qui permettra de diviser leur vo-lume jusqu’à trois fois, selon le type de déchets. Cela nous permet de faire moins de tra-jets pour les collecter, de faire bénéficier notre client d’éco-nomies et de ménager l’envi-ronnement.

Dans quelle mesure?L’équipement de compactage a un coût, son passage également. Nous facturerons le passage du camion compacteur à la moitié du prix de la levée d’une benne. Ce système nous permettra de relever les bennes environ trois fois moins souvent, avec des camions très performants sur le plan environnemental.

C’est-à-dire?Nous n’utiliserons que des vé-hicules répondant à la norme

Euro V et VI (Euro VI est la norme européenne la plus sévère en matière de rejets pol-luants - ndlr). Et tous nos véhi-cules roulent avec du biodie-sel, qui contient en moyenne 10% d’additif fabriqué à par-tir d’huile de friture récupé-rée dans les restaurants par Transvoirie et transformée par Leman Bio Energie, une autre société du groupe Helvetia En-vironnement. Ce carburant est donc moins polluant qu’un die-sel standard et il est issu à 10% de matières renouvelables.

Vous allez également faire circu-ler une brigade de tri. De quoi s’agit-il?Comme nous travaillons sur les chantiers depuis longtemps, nous avons remarqué que tous les corps de métiers n’ont pas naturellement la notion du tri, ne savent pas nécessairement quel déchet va dans quelle benne et ne se rendent pas compte que des déchets mal triés ne peuvent pas être valori-sés. Nos chauffeurs indiquaient auparavant à la direction des travaux quand ils remarquaient des problèmes, mais nous nous sommes dit qu’il fallait aller plus loin. Depuis deux ans, nous disposons d’une brigade de tri. Elle contrôle que la zone de dé-chets est bien organisée et bien signalisée, que les déchets sont correctement triés. En cas de

problème, elle peut intervenir et, si elle constate que les règles sont mal suivies, elle peut pro-poser des formations, en plu-sieurs langues. C’est un service que nous facturons en fonction du nombre de passages souhai-té par le client, mais celui-ci y trouve son compte: lorsque des déchets sont déclassés parce que mal triés, ils ne peuvent pas être valorisés et il doit payer leur élimination.

Que deviendront les déchets que vous enlèverez?Les déchets valorisables seront apportés aux deux centres que Sogetri, une autre société du groupe Helvetia Environne-ment, possède dans le canton. Elle groupe et conditionne les déchets afin de les envoyer vers des filières de valorisation, en Suisse ou en Europe. Le bois peut par exemple être réutilisé pour faire des panneaux d’ag-gloméré pour l’ameublement – il part alors en train en Italie. Il peut également devenir du combustible de chauffage, sous forme de copeaux. Les pein-tures seront pour leur part éli-minées au Centre de traitement des déchets spéciaux, dont nous sommes actionnaires, à côté de l’usine d’incinération des Cheneviers. n

1 Liaison ferroviaire Cornavin - Eaux-Vives - Annemasse

un patron m’a dit...

Compacter les déchets de chantier pour diminuer les nuisances

TRANSVOIRIE dispose d’un camion équipé d’une presse, qui permet de compacter les déchets sur les chantiers.

Industrie automobile: pour éviter les reproches

maurice satineau

Dès 2017, la référence en ma-tière de mesures de pollution s’appellera l’usage réel. Cepen-dant, un véhicule roulant sous le climat suédois ou italien n’affiche évidemment pas les mêmes performances. La tem-pérature moyenne de 14oC pourrait être retenue pour les normes européennes. «Nous devons veiller à la meilleure représentativité possible de la mesure des polluants. C’est tout le sens de la prochaine étape réglementaire», indique-t-on chez Renault. Dans la pratique, l’utilisation quotidienne de la voiture varie d’un pays à l’autre, de même que la fiscalité qui lui est rattachée. «Quel que soit le cycle nor-malisé choisi pour évaluer la consommation ou l’émission de polluants, il donnera des résultats de mesure de consom-mation différents des résultats réellement obtenus sur le ter-rain», explique Pascal Manuelli,responsable de la réglementa-tion chez Total. D’autres experts relèvent que les gaz d’échap-pement ne sont qu’une partie de la pollution automobile surveillée: des phénomènes

d’abrasion et de libération d’autres particules seront aussi à prendre en considération.

GARDER L’AVANTAGEA Bruxelles, la direction géné-rale du marché intérieur s’inté-resse déjà à l’horizon 2030. La priorité est de garder un avan-tage concurrentiel global dans un secteur industriel essentiel pour l’économie européenne. En effet, l’UE sera la seule, l’an prochain, à mettre en place le test des autos dans des condi-tions strictes, proches de la réa-lité. «Les normes américaines, en ce qui concerne les oxydes d’azote, sont plus restrictives, mais celles pour le dioxyde de carbone le sont moins.» Au-delà des suspicions ou des cas de tricheries avérées, une formidable bataille commer-ciale se prépare, tout au long de la chaîne de valeur. L’équi-pementier Delphi annonce une gamme renouvelée de pièces automobiles adéquates; «il de-meure cependant de la respon-sabilité des constructeurs, en fonction de leurs contraintes, de déterminer le meilleur mé-lange énergétique et environ-nemental qui saura convaincre les consommateurs».

De plus en plus mise en cause par les instances européennes et par les gouvernements, les constructeurs automobiles se préparent aux nouvelles normes de mesure de la pollution. Elles demeureront imparfaites.

Au niveau international et natio-nal, les enjeux vont porter non seulement sur de nouvellesréférences pour les engins neufs,mais également sur leur suivitout au long de leur vie. Si la pro-chaine procédure d’homologa-tion permettra de mieux affinerles catégories de voitures, elle se veut d’abord le résultat de trac-tations politiques. En Europe, lecomité technique des véhiculesà moteur rassemble vingt-huit

Etats membres, qui abritent de nombreux constructeurs auto-mobiles concurrents. Au niveau planétaire, le World forum forharmonization of vehicle regu-lations travaille au sein des Na-tions unies. Les deux instancess’intéressent à la vitesse derenouvellement du parc, sanspour autant se référer explicite-ment aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé en matière d’air propre. n

LES CONSTRUCTEURS AUTOMOBILES se préparent aux nouvelles normeseuropéennes de mesure de la pollution.

Le concours du développement durable, organisé par le service cantonal du développement durable du canton de Genève, récompense des projets prometteurs et exemplaires, à Genève et dans la région transfrontalière. Il s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l’Agenda 21 cantonal. La bourse (30 000 francs au total) et le prix (10 000 francs au total) permettent aux gagnants de concrétiser leurs projets ou de consolider leurs réalisations. La distinction, sans dotation financière, honore les initiatives émanant d’organismes publics ou parapublics. Le concours 2016 a été marqué par un fort taux de participation (51 candidatures). La bourse a été attribuée ex aequo à Entomeal S.A. (production de protéines par bioconversion de déchets végétaux à l’aide d’insectes) et à Pépinières Genevoises S.A. (culture et vente d’arbres et d’arbustes indigènes issus du milieu naturel genevois). Une mention a été attribuée à l'association Sustainable Finance Geneva (bourse dédiée aux entreprises sociales). Le prix a été attribué à un lauréat, Laurent Burgisser (création de la Ferme à Roulettes, une ferme pédagogique villageoise). Trois mentions ont été décernées à Serbeco S.A. (nouvelle unité améliorant l’efficacité du tri des déchets et le bien-être des travailleurs), à l’association Alternatiba Léman (organisation d’un festival transfrontalier pour le climat et le bien-vivre ensemble) et à la Croix-Rouge genevoise (programme d’insertion de jeunes en rupture sociale par l’agriculture).La distinction a été décernée à trois lauréats: la commune de Vernier (nettoyage des préaux par des jeunes en quête d’insertion), la commune d'Onex (organisation d’une Semaine du goût 2015 à dimension sociale) et laclasse IFA-P3A de l'Ecole d’informatique du Petit-Lancy (création d’une application web mobile répertoriant les fontaines d’eau potable).

brèveLes lauréats du concours 2016 du développement durable sont...

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