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1 COLLOQUE FRANCOPHONE INTERNATIONAL CULTURES, TERRITOIRES ET DEVELOPPEMENT DURABLE LUNDI 14 ET MARDI 15 AVRIL 2014 ESPE Clermont Auvergne, 36 avenue Jean Jaurès, 63400 Chamalières, Amphis E et A Développement local du village de Spontour, un Espace de vie entre nature, culture et hydro-électricité. Jean-Paul Fourd, Consultant, ressortissant temporaire du village de Spontour, [email protected]

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COLLOQUE FRANCOPHONE INTERNATIONAL

CULTURES, TERRITOIRES ET DEVELOPPEMENT DURABLE

LUNDI 14 ET MARDI 15 AVRIL 2014

ESPE Clermont Auvergne, 36 avenue Jean Jaurès, 63400 Chamalières, Amphis E et A

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Développement local du village de Spontour, un Espace de vie entre nature, culture et hydro-électricité.

Jean-Paul Fourd, Consultant, ressortissant temporaire du village de Spontour,

[email protected]

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Résumé

Cette communication présente un témoignage local d’un ressortissant d’un petit village corrézien, Spontour (France), situé en bordure de la Dordogne. Elle détaille le contexte historique du village, traditionnellement tourné vers le Fleuve, et son mode ancestral de développement. Entre temps, dans cette portion du Fleuve, un ensemble de grands barrages hydro-électriques ont été aménagés afin d’exploiter la Houille blanche, ressource en apparence durable, mais qui a radicalement bouleversé la vie du village dans un contexte plus général de déprise rurale. Ceci permet de poser les enjeux actuels auquel le village reculé de Spontour est confronté. La discussion porte sur la capacité du village à trouver les ressorts d’un nouvel essor en valorisant les possibilités offertes à l’échelle sous régionale. Mots clés : Dordogne, Barrages, Traditions, Développement, Ruralité

Abstract

This paper constitutes a personnel and local record of a Spontour (Corrèze (France) native citizen as witness. It explains the historical context and ancestral mode of development of the village located along Dordogne river and traditionally facing it. Meanwhile, in this portion of the River, a serie of large hydroelectric dams have been built to operate the hydroelectric power, considered as a sustainable resource in appearance, but witch has radically changed the activities of the village in a broader context of rural decline. This allows to put the current issues which the Spontour village faces. The discussion focuses on the ability of the isolated village to find the energy and motivation of a new development by enhancing opportunities at the sub-regional level. Keywords : Dordogne, Dams, Traditions, Development, Rurality

1. Eléments historiques

Les éléments historiques ci-après permettent d’éclairer l’origine du village et de présenter son passé caractéristique des villages ruraux de cette portion de la Dordogne, qui ont aujourd’hui disparus du fait de la construction des ouvrages hydro-électriques. Ces éléments sont utiles pour envisager l’avenir.

1.1 Le Fleuve, Dordogne

La Dordogne commence son parcours au pied du massif du Sancy dans le Puy de Dôme ; elle est formée alors de torrents d’altitude tumultueux et traverse des gorges sauvages inhabitées. Ce n’est qu’en s’approchant de la Corrèze et à proximité de Bort les orgues que la vallée s’élargit et que la rivière naturelle devenait plus tranquille. De nos jours cette partie de la haute vallée est occupée par une série de barrages, qui

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ont profité de sites de rétrécissement naturels pour s’ancrer et verrouiller la vallée constituant d’importants lacs artificiels. Les retenues des grands barrages s’étalent maintenant sur plusieurs dizaines de kilomètres chacune et constituent sur un linéaire de presque 100 km un escalier d’eau en étagement depuis l’altitude 540 m (retenue de Bort les orgues) jusqu’à Argentat à 170m.

C’est dans cette portion de la Dordogne que se trouve le village de Spontour qui sera le support de ce témoignage. Spontour compte maintenant une quarantaine d’habitants permanents et accueille encore de nombreux estivaliers, du fait de sa situation pittoresque.

1.2 Le village de Spontour et la batellerie

Spontour fut autrefois un port fluvial important pour le transport vers l’aval des productions locales ; c’était aussi un village réputé pour les fritures de poissons et un lieu de passage. Le village a eu la particularité d’avoir été le point le plus en amont de construction et de départ des gabares sur la Dordogne, et son port figure déjà sur des cartes du 17ième siècle. Dans l’ambiance austère des gorges de la Dordogne, l’activité marchande a ainsi fait venir un peu de richesse avant l’essor du chemin de fer. C’est aussi à cette époque que des congrégations religieuses s’étaient aussi installées le long de la vallée (Saint Projet, Valette).

Les habitants de la vallée vivaient traditionnellement de la cueillette, de la pêche et de la chasse, du maraichage et de l’exploitation de la forêt. Mais la vie s’organisait aussi largement autour de la rivière. Au début du 19° siècle, les chantiers de construction pouvaient construire et équiper plusieurs centaines de gabares par an. Les métiers de charpentiers, menuisiers, mais aussi les bucherons, exploitants et transporteurs de bois étaient répandus, de même que celui des charbonniers car les gabares, en plus de transporter principalement les merrains et les carrassones (ou échalas), emporter aussi un peu de charbon de bois, utile en aval notamment pour la ville florissante de Bordeaux. On y trouvait aussi quelques fromages d’Auvergne et des châtaignes.

Le merrain était de chêne et devait provenir de belles pièces de bois ; pourtant la conduite de la forêt en taillis ne permettait en fait de produire qu’un nombre relativement faible de belles pièces. Ainsi l’exploitation des chênes sur les versants de la Dordogne faisait apparaitre de nombreux menus bois qui étaient valorisés sous forme de charbon. Les carrassones étaient issues des châtaigniers et permettaient de fabriquer les piquets pour la vigne.

Seule quelques familles fortunées du village étaient capables de faire construire et d’armer les gabares, il s’agissait par exemple des Chamfeuil à Valette ou des Duroux, ancien habitant du « Château ». Des commerçants de l’aval venaient aussi pour faire partir un bateau à Spontour et le charger. Le chargement des gabares était complété à Argentat, qui dispose d’un quai imposant, car à partir de là, la rivière ne comportait plus trop de mauvaises passes, sa pente diminuant et la vallée s’élargissant nettement. Les gabares n’avaient plus besoin d’être autant manœuvrables et

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pouvaient donc naviguer en étant plus chargées. Il fallait faire vite pour expédier les bateaux depuis Spontour car comme on le disait la Dordogne n’était marchande que quelques semaines dans l’année lors de la fonte des neiges et lors des pluies régulières d’automne principalement.

De nos jours, tous ces métiers liés à la construction des gabares ont disparus. Au 20ième siècle et notamment pendant la construction des barrages de nombreux commerces et restaurants avaient encore fleuris dans le village, l’aiguillant. Une école de deux classes a été édifiée dans l’entre-deux guerres, et le village comptait à ce moment-là plus de 400 habitants. Le village ne comportait véritablement que quelques familles d’agriculteurs contrôlant le foncier, les Vezat & les Brousse, par exemple. Les autres familles étaient traditionnellement plus tournées vers la rivière comme les Espinasse, Clary, Aubert, Rouffiange à la fois comme pêcheurs et comme matelots pour descendre les gabares jusqu’à leur point de déchargement, où la plupart était détruites car la Dordogne au moins dans sa partie amont n’était navigable que dans le sens du courant lors des hautes eaux. Les matelots remontaient alors à pied.

C’est donc cette activité ancestrale, qui a permis au village de se développer surement dès le 15° siècle et qui a profité des retombées économiques dues au port florissant de Bordeaux à l’aval, jusqu’à la fin du 19 ° siècle. A ce moment, l’arrivée du chemin de fer tant dans la haute vallée à Mauriac (18km du village), qu’à l’aval (Souillac), déplacera l’intérêt économique et concurrencera irrémédiablement le transport par gabares.

Spontour positionné au creux de la gorge de la Dordogne avait une vie principalement marquée par la Dordogne et l’exploitation des ressources forestières et naturelles des alentours. Du fait de la douceur du climat, des vergers et des potagers y ont depuis toujours été installés et permettaient d’approvisionner les plateaux environnants, en plants, légumes et fruits. Les villageois se tournaient naturellement vers la petite ville (sous préfecture) de Mauriac, qui a aussi été symbole de la modernité avec l’arrivée du chemin de fer direct depuis Paris comme pour les villages situés plus haut dans la vallée comme Bort les orgues ou Port Dieu.

1.3 La construction des grands barrages

C’est à partir des années 1930, que la construction des grands barrages de la Dordogne a débuté et a englouti de nombreux lieux de vie : villages, hameaux, monastères, exploitations agricoles, sont sous les eaux. Spontour se trouvant en amont de la retenue du Chastang a échappé de peu à l’inondation (juste à l’aval du site favorable ayant servi de support à la construction du barrage de l’aigle), mais ce ne sont plus les eaux courantes qui le bordent, mais celles d’un lac de retenue, qui peut s’élever à environ 6m au dessus des plus hautes eaux de la Dordogne sauvage.

La construction des barrages dans cette portion de la Dordogne s’est étalée pendant un quart de siècle depuis 1932 et la construction de Marège, au barrage du Sablier en

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1958. Entre temps l’Aigle a été inauguré en 45, Bort et le Chastang en 1952. La réalisation des barrages a modifié profondément le fonctionnement de la vallée, et ne facilite pas jusqu’à présent le développement d’une offre intégrée en dehors de la production hydro-électrique et des retombées en termes financiers pour la région. Si à l’origine, les barrages embauchaient une main d’œuvre locale pour en assurer la gestion, la surveillance et l’entretien, ce n’est quasiment plus le cas puisque la gestion se fait à distance et l’essentiel des travaux qui y sont réalisés, le sont sous forme de prestations. De plus, les populations riveraines, directement impactées par le fonctionnement des ouvrages, ne sont pour l’instant pas du tout partie prenante dans les choix de gestion des ouvrages et ne font que constater les marnages et les flux d’eau … Seul Bort les orges a pu obtenir une côte touristique sur sa retenue pendant la saison touristique (aménagement de plages dans les parties hautes des anciens prés, notamment autour du château de Val. Par ailleurs, concernant le village de Spontour, la côte actuelle maximum de la retenue du Chastang dépasse d’environ 6 mètres celle des plus hautes eaux de la Dordogne, ce qui a réduit considérablement les possibilités de déplacement et de mouvement vers la retenue car les versants des gorges sont escarpés en dehors du lit majeur et des quelques terrasses alluviales.

La construction des barrages de la Dordogne est considérée comme une prouesse nationale, ainsi en 1942, le film « Lumières d’été » de Jean Grémillon, est tourné en partie au barrage de l’aigle et à Spontour avec Pierre Brasseur, Madeleine Renaud, Madeleine Robinson. Le barrage de l'Aigle, constituait pour Jean Grémillon un décor idéal à cette époque où la France était occupée. Ce barrage fut surnommé le "barrage de la Résistance" car il servait de refuge aux maquisards. A l'époque de sa construction, les ouvriers étaient des réfractaires au S.T.O., des républicains espagnols, des marocains, des polonais.

Les villages engloutis La construction des cinq grands barrages de la Dordogne a entrainé la disparition de plusieurs villages sous les eaux. On cite fréquemment Nauzenac et Saint Projet lors de la construction de l’Aigle, Port Dieu, Mialet et les riches terres de la haute vallée lors de la mise en eau de Bort les orgues, Le Rouffy, Le Chambon, lors de celle du Chastang. Les abbayes ont aussi disparu. C’est ainsi que Spontour apparait comme le dernier village authentique de la Haute vallée de la Dordogne, qui n’a pas été noyé lors de la construction des aménagements hydro-électriques.

2. Problématique régionale actuelle

Au niveau régional, particulièrement à l’échelle du bassin hydrographiques, plusieurs événements interpellent et participent à déplacer un tant soit peu la perception actuelle du village de Spontour. Il s’agit du renouvellement des concessions des barrages, du classement Unesco de la Dordogne, mais aussi de l’intégration de la commune dans une Intercommunalité baptisée des gorges de la haute Dordogne. Ces éléments permettent d’espérer la création de conditions nouvelles au développement du village.

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2.1 Le classement Unesco

Le 11 juillet 2012, l'UNESCO a inscrit le Bassin de la Dordogne au Réseau mondial des réserves de biosphère. Ce réseau international rassemble des sites d'exception qui concilient conservation de la biodiversité, valorisation culturelle et développement économique et social. Le principe fondateur de la Réserve mondiale de biosphère du bassin de la Dordogne est que la préservation de son patrimoine fluvial, des ressources et des bienfaits qu'il dispense, est une condition du développement futur de ce territoire et du bien-être des riverains. Le bassin de la Dordogne est la plus grande Réserve de biosphère de France (24 000km2) et la première au monde construite autour d'un bassin versant et de son réseau hydrographique.

L’économie, largement touristique, agricole et sylvicole profite de la valorisation des ressources naturelles, de la beauté des paysages et de l’image de marque que procurent la rivière et ses affluents (la baignade et le canoës-kayak y sont par exemple très prisés). Elle est également industrielle, avec une importante activité hydroélectrique basée sur une chaine de grands barrages dont il s’agit de minimiser les impacts dans le cadre d’un dialogue de tous les jours avec les gestionnaires. Historiquement le développement des territoires s’est d’ailleurs largement opéré autour de la rivière et aujourd’hui de nombreuses activités humaines sont intimement liées à la ressource en eau et aux milieux inhérents au cours d’eau.

La Réserve de biosphère se donne pour objectif de stimuler l’imagination et l’énergie des communautés du bassin de la Dordogne pour l’inscrire durablement dans une démarche de progrès où la prise en compte de l’environnement est perçue comme un atout et une chance. Il s’agira notamment de mobiliser les acteurs du territoire autour d’opérations de préservation du patrimoine naturel et culturel, et plus largement autour des principes du développement durable, cela en vue de maintenir et consolider la valeur intrinsèque du bassin de la Dordogne dont tout le monde, de façon directe ou indirecte, tire des bénéfices aujourd’hui. Les différentes communautés du bassin versant doivent prendre conscience de l’intérêt réel quels ont, et cela à différentes titres, à maintenir et à renforcer la symbiose entre la nature et l’homme qui caractérise le bassin de la Dordogne. Ils doivent prendre en compte que l’environnement et la préservation du patrimoine écologique ne constitue pas un coût supplémentaire mais bien un investissement.

Pour promouvoir auprès des différentes parties prenantes du bassin un développement du territoire maîtrisé, partagé et durable, l’action de la Réserve s’intéressera aux domaines de l’environnement, de la culture, de l’économie, de la recherche, de l'éducation à l'environnement et de la communication. C’est l’Etablissement Public de Bassin, qui a porté cette action, et maintenant l’anime.

2.2 Le renouvellement des concessions des barrages

Les barrages ayant été concédés aux exploitants pour faciliter leur construction. Une procédure de renouvellement de l’ensemble des ouvrages de la haute vallée de la

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Dordogne est en cours. Elle a débuté le 22 avril 2010, lorsque le gouvernement a annoncé la mise en concurrence de dix concessions hydroélectriques (puissance cumulée de 5300 MW) dont celle de la Haute-Dordogne. Cette mise en concurrence devra se faire en respectant les conditions prévues par la loi du 16 octobre 1919 et ses textes d'application. Il a été décidé aussi le regroupement des concessions par vallée, en anticipant l’échéance de certaines d’entre elles, afin d’optimiser la gestion des ouvrages hydroélectriques, tant sur le plan énergétique qu’environnemental.

La concession hydroélectrique actuelle de la Haute-Dordogne a été accordée en 1921 pour la construction du barrage de Marège (le premier construit) ; cette concession est échue depuis le 31 décembre 2012. Actuellement l’Etat se place dans une logique recherchant le barycentre en pondérant les dates d’échéance au prorata des différents revenus générés par les ouvrages pour définir une échéance moyenne de la vallée, qui serait donc reportée aux environs de 2020 (solutions pour avoir des soultes nulles entre les revenus générés par les prolongations et les pénalités payées pour les anticipations de contrat).

Les critères de sélection qui ont été énoncés par l'État lors du démarrage de la procédure de renouvellement des concessions, ont trait à la meilleure offre au triple plan énergétique, environnemental et économique. Plus précisément, sur le plan énergétique et simultanément de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre : la mise en concurrence incitera les candidats à proposer des investissements portant sur la modernisation des installations existantes et de nouveaux équipements pour augmenter la performance de cette énergie renouvelable. Sur le plan environnemental : les candidats devront proposer une meilleure protection des écosystèmes tout en respectant les usages de l’eau autres qu’énergétique (protection des milieux aquatiques, soutien d’étiage, irrigation, etc). Sur le plan économique : les candidats devront proposer un taux pour la redevance, proportionnel au chiffre d’affaires de la concession dont le bénéfice reviendra à l’Etat et aux collectivités locales.

Actuellement la procédure de renouvellement des concessions des barrages de la Dordogne semble interrompue ; l’étude par une commission parlementaire des possibilités de scénarios alternatifs n’a rendu ses conclusions qu’à l’automne 2013 (rapport de Marie-Noëlle BATTISTEL).

La procédure GEDRE

La note GEDRE (Gestion Equilibrée et Durable de la Ressource en Eau) a pour objet de faire la synthèse de l’écoute des attentes des acteurs de l’eau, concernés par la gestion des ouvrages concédés, à l’égard de la future concession. Elle a débuté durant l’été 2011 pour une durée de six mois et s’appuie sur la réglementation issue de la loi sur l’eau de 2006. A cette occasion, la commune et l’association du village (Vivre A

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Spontour) se sont exprimés. Une synthèse a depuis été rédigée par les services de l’Etat en Juin 2013. 1

Cette synthèse, ainsi que l’ensemble des contributions devront être annexés au règlement de la consultation, afin de permettre aux candidats de prendre connaissance des attentes des usagers de l’eau et, ainsi proposer une offre qui les intègre au mieux. Elle sera aussi une référence pour le ministère lors de l’élaboration du cahier des charges et du règlement d’eau de la future concession.

La synthèse reprend par deux fois les propositions de l’association VAS en page 29 et 30, et précise l’attente d’une baisse du plan d’eau de 6m pour favoriser le développement touristique du village, ainsi qu’une limitation des marnages ; elle souligne la forte implication des habitants de Spontour. Au total, 38 associations ont contribué à l’écoute GEDRE ; elles proposent de nombreuses mesures concernant la pêche et l’environnement. Au niveau du village, le lancement de cette écoute en 2011 a permis de réunir depuis chaque année les villageois sur la thématique du renouvellement des concessions, en cherchant à garder la mobilisation.

Les questions environnementales proprement dites

En parallèle de la procédure GEDRE et à la demande de l’Etat des dossiers de fin de concession ont été établis par les exploitants des ouvrages. Ces dossiers comportent un Etat des lieux de l’environnement consultable par le public. La DREAL du Limousin a par ailleurs publié un Etat des lieux des connaissances sur les impacts écologiques des ouvrages hydroélectriques de la Dordogne en novembre 2012. La connaissance écologique est donc maîtrisée et sur ce plan-là, l’essentiel des actions vise la régularité des éclusées à l’aval de la chaine des barrages afin de garantir la préservation des espèces et des activités liées à la rivière à l’aval. Dans la portion des gorges de la Dordogne et des grands barrages, un certain statu-quo est arrêté : la portion du Fleuve étant artificialisée, la préservation de la nature concerne plutôt la protection des espaces terrestres peu accessibles au niveau de la faune et de la flore sauvage. Sur le plan hydrologique, il s’agirait d’assurer aux éclusées le moins de perturbation possible de l’écosystème naturel de l’aval.

2.3 Les possibilités d’itinérance et de randonnée

La construction des barrages dans cette portion de la Dordogne a fermé les possibilités d’itinérance terrestre car les versants de la vallée sont abrupts et plongent le plus souvent directement dans la retenue. Les règlements initiaux des concessions prévoyaient de rétablir l’itinérance sur le pourtour des retenues, mais ces points n’ont généralement pas été réalisés, les conditions de créations des chemins étant en bien des endroits délicates.

                                                                                                                         1  Le document est disponible sur internet (site de la DREAL Limousin) à l’adresse suivante : http://www.limousin.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/CONCESSIONS_V3_26_06_2013.pdf  

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Le chemin de randonnée de villages en barrages

En 2013, l’association « La Dordogne, de villages en barrages » est né avec pour vocation de valoriser les gorges de la Dordogne dans sa partie la plus méconnue : celle des barrages. Avec le soutien de 16 communes, elle a reconnu un sentier qui sera balisé et équipé de panneaux d’information. Ce sentier, estimé à près de 200 kilomètres allant de la commune de Bort-les-Orgues à celle d’Argentat, traversera chacun des villages porteurs d’un tronçon de la rive de la Dordogne.

L’association a obtenu le soutien d’EDF pour assurer la promotion de cette initiative avec édition de dépliants, création d’un site internet, actions de communication, mise en place d’une signalétique et d’un balisage sur le premier tronçon entre Spontour et Argentat.

3. Problématique locale au niveau du village

Les conditions de vie du dernier village de cette portion de la Haute Dordogne ont donc irrémédiablement changé. Les habitants actuels du village sont principalement des retraités et des touristes estivaux, dont certains croient y déceler encore un potentiel touristique. Les exploitations traditionnelles tant agricoles que forestières n’ont plus vraiment d’opportunité et la Dordogne n’est plus courante.

Spontour reste donc caché dans la gorge sinueuse de la Dordogne, peut-être plus encore, qu’à l’époque florissante, ci-dessus décrite, car les versants se sont depuis bien reboisés en châtaigniers, chênes et autres essences régionales. Les plateformes où étaient construites les gabares sont maintenant sous l’eau, mais ses ruelles perdurent, où l'on trouve les maisons des anciens maîtres gabariers. Cet ensemble de maisons reflète en partie la réalité de l’avant barrages, ce qui autoriserait à valoriser ce potentiel patrimonial à des fins culturelles et touristiques. Le village pourrait ainsi facilement et utilement témoigner de la réalité des villages de cette partie de la vallée à l’époque de l’avant barrages. Ainsi un travail de mémoire a été engagé.

3.1 Réalisation d’un travail de mémoire sur l’avant barrages

La construction des barrages étant achevé depuis plus de 60 ans, un travail sur la mémoire des habitants de la vallée a été effectué in extremis afin de sauvegarder des éléments d’histoire et de culture de l’avant barrage. C’est Armelle Faure, anthropologue, qui est engagée dans cette sauvegarde depuis 2007 (Ecouter les voix de la vallée, au sein de Grands barrages et habitants: les risques sociaux du développement, Nathalie Blanc, Sophie Bonin, Editions Quae, 2008 - 336 pages) et a poursuivi plus récemment en recueillant des témoignages de personnes ayant connu

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l’avant barrage à partir de 2012 et jusqu’à aujourd’hui. Les interviews sont archivées auprès des archives départementales et constituent un fond proche d’une centaine d’interviews, constituant ainsi une véritable archive. Sur la partie amont, où d’importants villages ont été engloutis, un livre a pu être édité : Bort-les-Orgues, les mots sous le lac, Edition Privat, 2012. On peut y lire : « L’annonce d’un barrage, c’était signe de richesse. On n’allait pas rejeter la richesse »2, mais aussi « Aux premiers tirs de mine, là, ils ont commencé à comprendre » et « Jusqu’au dernier jour, mon oncle Ernest est resté couché dans la cuisine avec un voisin. L’eau du barrage les a sortis. »3 60 ans après, l’attachement et la perte sont encore bien vivaces. EDF a assuré une partie du financement de cette action au côté des collectivités territoriales. Le projet a eu l’ambition de faire dialoguer les populations locales et les ingénieurs. Il importera de diffuser plus avant ses témoignages et de les exploiter pour développer le potentiel du village.

3.2 Insertion dans les problématiques régionales

Sur le plan de la préservation de l’environnement

Au niveau local, les associations de protection de la nature proposent la création d’un PNR autour de la Luzège, « la rivière la plus sauvage du haut bassin de la Dordogne », qui débouche à environ deux kilomètres à l’aval du village de Spontour. Le village pourrait constituer un carrefour sur cette thématique, la Luzège étant totalement sauvage dans sa partie avale.

La création d’un PNR localement permettrait d’assurer officiellement la protection de l’écosystème propre aux environs de Spontour. En le basant sur un affluant de la Dordogne, on pourrait retrouver un ensemble cohérent allant de la rivière aux versants.

Sur le plan de l’itinérance à travers l’ancienne route à l’amont de Spontour

Les chemins de randonnée permettent de se structurer le long de la Dordogne et de témoigner facilement des itinérances traditionnelles. Ils permettraient aussi de faire évoluer les visiteurs dans l’ambiance sauvage des gorges et ainsi de promouvoir le côté nature et écologique de l’environnement du village

Le village s’est déjà mobilisé pour proposer d’ouvrir un chemin de randonnée pédestre ou chemin d’interprétation à l’amont du village en direction de la Grafouillère en bordure de Dordogne, et ce jusqu’au barrage de l’Aigle situé à 5                                                                                                                          2  Pierre Persiani  3  Michèle Gatiniol  

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kilomètres à l’amont. Début 2013 février, une réunion regroupant des acteurs locaux a eu lieu au village et l’ensemble des participants ont souligné l’intérêt d’une cote abaissée du plan d’eau favorisant l’itinérance et le développement touristique du village. Ce chemin pourrait s’intégrer très positivement au chemin de randonnée de village en barrage et assurerait une portion tout public en bordure de la rivière.

Le projet Redenat

Ce projet est né dans les années 80 et il s’agit d’une station de pompage valorisant les gorges escarpée de la Dordogne puisqu’un dénivelé d’environ 300 mètres serait exploitable entre le réservoir aval, l’actuelle retenue du Chastang, et un réservoir à créer sur le plateau à Redenat en Xaintrie (Sud Est du département de la Corrèze). Il est déjà bien documenté et a retrouvé de l’intérêt puisqu’il faciliterait la production d’électricité lors des pointes en permettant de stocker de l’énergie lors des périodes de faibles demandes. Sa faiblesse se mesure au coût élevé des ouvrages et équipement à mettre en place de l’ordre du milliard d’euros permettant de générer ponctuellement la puissance d’un réacteur nucléaire.

EDF prévoit d’inclure dans son offre pour le renouvellement des concessions, le projet de Redenat, qu’il porte depuis le début et dont il avait déjà obtenu la concession en son temps. Ce projet aura des effets très importants sur les marnages de la retenue du Chastang et donc sur le village de Spontour.

La position de l’opérateur historique

L’opérateur historique de la vallée est EDF. Il est reconnu par les populations riveraines sur le plan de la sécurité et les populations majoritairement âgées le considèrent comme un démembrement de l’Etat, ce qui lui donne une vraie légitimité. Elles seraient rassurées par un renouvellement en sa faveur. Il faut néanmoins observer que jusqu’à présent l’opérateur a porté peu d’attention aux populations riveraines des retenues, EDF ne reconnaissant principalement que les associations de pêche avec lesquelles il est statutairement engagé par contrat.

Fort de cette connaissance du terrain, EDF s’est intéressée depuis l’été 2013 au village de Spontour car il prévoit d’inclure dans son offre pour le renouvellement le projet de Redenat, qui aura des effets très importants sur le village de Spontour.

Dans ce cadre (uniquement) EDF envisage de faire une étude pour la mise en valeur touristique du village et semble disposer à se placer dans une logique de multi-usages de la retenue. Si une baisse de la côte maximum du plan d’eau pourrait être acceptée, les six mètres que les villageois ont proposés dans l’enquête GEDRE ne semblent en aucun cas tolérable. Il sera intéressant d’observer comment les villageois

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seront associés aux études envisagées. La culture très technique de l’opérateur ne favorise qu’à la marge les échanges avec les populations riveraines, au reste très peu nombreuses.

4. Discussion

Le renouvellement programmé des concessions hydro-électriques de la Dordogne, ainsi que le projet de Station de pompage sur la retenue du Chastang, apparaissent comme des éléments déterminants pour la survie et le développement du village de Spontour. Si cette opportunité n’est pas prise en compte, le village risque bien de rester à tout jamais perdu au fond de la gorge.

Dans cette situation, l’effet d’entrainement de l’investissement hydro-électrique pourrait favoriser une nouvelle vie sur le territoire. La procédure de renouvellement autorise une nouvelle prise en compte des questions sociétale et culturelles autour des retenues. Il reste aux acteurs locaux du village de réussir à se faire entendre au niveau des décideurs régionaux pour favoriser une nouvelle vie du village en coopération avec l’opérateur des concessions, au sein d’un environnement terrestre protégé des gorges de la Dordogne. Il s’agira alors de voir comment la protection qui a eu lieu de fait par l’isolement puisse être valorisée dans un nouveau cadre de coopération. La durée des concessions couvrant plusieurs décennies sera propice à la conduite de projets importants et structurants au-delà de la seule exploitation hydroélectrique.

4.1 Les supports au développement

Les éléments historiques de cette portion de la vallée de la Dordogne permettent de porter des actions culturelles, mais il est nécessaire qu’ils s’intègrent dans un ensemble suffisamment vaste à même d’assurer leur diffusion auprès du public. Sur le plan environnemental, voir écologique, le classement à l’Unesco, ainsi que la préservation spontanée de cette portion du Fleuve, militent favorable à la reconnaissance de cette réalité, mais tendent aussi dans une logique de protection à en limiter l’accès. On se retrouve alors face à des logiques contradictoires ou un public « happy few » devrait émerger. La question de l’environnement naturel semble bien balisé avec des études, de la connaissance et une réelle pertinence, mais quand est-il des questions plus sociales, voir sociétales mêlant vie humaine et nature, afin de disposer de perpétuer le patrimoine sociétal attendu et que reflète le classement Unesco. Sur le plan de la ressource en eau, elle se prête spontanément à une multiplicité des usages permettant d’envisager une diversité d’activités en plus de l’hydro-électricité. Le tourisme et la pêche ressortent immédiatement, même si actuellement les conditions réelles de mise en valeur de ces deux potentiels ne sont pas présentes. Ces activités seraient évidemment sources d’emploi et de richesse.

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4.2 Les parties prenantes intéressées

Le village

Les villageois sont conscients des enjeux puisqu’ils se réunissent massivement depuis 2011 lors de réunions publiques. Mais la mobilisation doit s’élargir et dépasser les uniques ressortissants du village. A quelle autre échelle ? Au niveau de la communauté de communes, du Conseil Général, du bassin hydrographique ?

Les opérateurs hydro-électriques

Les opérateurs alternatifs en particulier du Nord de l’Europe, sont très intéressés par une source d’énergie renouvelable apte à satisfaire la demande de leurs ressortissants. D’emblée, ils semblent très portés à se placer dans une logique de partage de la ressource et de gestion intégrée. Ont-ils une autre capacité d’écoute des populations riveraines ? L’implication de l’opérateur économique chargé de l’exploitation de la future concession est indispensable pour assurer la viabilité économique des projets de développements envisagés.

Pour une co-construction territoriale

Il y a donc urgence à ce qu’un projet de développement du village soit porté à une échelle régionale. Les différentes dimensions environnementale, sociale, culturelle de ce projet sont présentes tant dans l’espace que temporellement. Mais comment trouver le bon maître d’ouvrage de cette action apte à en assurer la gouvernance ?

Les villageois auraient tout intérêt à ne pas s’en remettre uniquement à l’opérateur hydro-électrique seul, trop partie prenante dans cette action, même si d’ores et déjà des échanges ont débuté avec l’opérateur historique, qui recherche aussi une intégration des préoccupations des populations riveraines. Mais les parties prenantes actuellement concernées par ces échanges sont trop réduites et ne peuvent seules aboutir à une envergure de projet suffisante compte tenu des enjeux importants de la production hydro-électrique. Pour assurer l’équilibre d’un projet de développement du village, il s’agira de trouver une échelle spatiale suffisamment étendue pour en garantir la viabilité tant lors de la co-construction en termes de représentativité qu’à plus long terme en termes d’implication et de retombées.

A l’échelle départementale, le territoire est très sensible aux retombées économiques et en termes d’emploi, qui sont proposées par les opérateurs. Il souhaite faire accélérer la procédure de renouvellement des concessions. Les acteurs à cette échelle, sont-ils à même d’envisager d’autres développements autour de la ressource en eau que ceux que l’on a connus depuis une soixantaine d’années. A l’échelle du grand bassin hydrographique, le village de Spontour pourrait utilement refléter le parti pris

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du classement à l’Unesco d’un territoire protégé au niveau environnemental et en symbiose entre nature et développement humain, si un groupe social conséquent apparait.

Il sera important que les acteurs du territoire jouent un rôle actif et définissent précisément les orientations économiques, environnementales, sociales attendues de valorisation de la portion concernée par l’hydro-électricité des gorges de la Dordogne.

Les conditions nouvelles d’exploitation des concessions, y compris avec d’éventuels nouveaux concessionnaires, devraient inciter les acteurs des territoires à imaginer de nouveaux développements autour de la ressource en eau conjuguant tourisme, pêche, agriculture, milieux naturels, culture afin de favoriser la production d’activités, de richesse et d’emploi au-delà de la seule hydro-électricité. Dans ce cadre, le futur opérateur des concessions pourra s’intégrer dans le tissu des acteurs territoriaux et participer sur le long terme à la réussite du projet. A cette fin, il semble utile de favoriser la multiplication des dialogues à même de faire ressortir une gestion intégrée des gorges de la Dordogne entre vie locale et touristique.

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