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1 CURRICULUM VITAE PIERRE PAGNEY Dijon, Le Castellet,

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CURRICULUM VITAE

PIERRE PAGNEY

Dijon, 2012

Le Castellet, 2013

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Né le 6 août 1919 à Besançon, Doubs (93 ans le 21 décembre 2012).

Professeur émérite à Paris-Sorbonne.

Lieutenant-colonel honoraire, diplômé d’État-major (ORSEM).

Officier dans l’Ordre national du Mérite (ONM) : décret du 14 mai 1997 (E.N.) (Chevalier : Défense).

Commandeur des Palmes académiques : décret du 14 juillet 1976 (Éducation nationale).

Chevalier du Mérite militaire : décret du 3 octobre 1962 (Défense).

Titre de Reconnaissance de la Nation (guerre 1939-1945) : décret du 1er juillet 1998 (Défense).

J’ai travaillé sous plusieurs ministères : Éducation nationale, Coopération, Affaires étrangères, Défense. La prédominance a été à l’Éducation nationale et à la Défense. D’où ma double vocation qui se traduit par les deux composantes de mon CV : la carrière civile, celle d’un universitaire enseignant et chercheur (CNRS) d’une part, la carrière militaire de l’autre.

LA CARRIÈRE UNIVERSITAIRE

Les étapes fondamentales

École normale de Besançon : 1937-1940.

Licence de Géographie : 1946.

Diplôme d’Études supérieures de Géographie physique : 1949 (il s’agit d’une étude de géomorphologie intéressant les déformations post-hercyniennes des Vosges du Sud, ainsi que les empreintes que les glaciers quaternaires ont laissées dans la région).

Professeur certifié : 1951-1953.

Professeur bi-admissible à l’agrégation de géographie : 1953-1954.

Professeur agrégé au lycée de Fort-de-France (actuel lycée Schoelcher) : 1954-1956.

Assistant, Maître-assistant, Maître de Conférences, Professeur (après soutenance en Sorbonne, d’un doctorat d’État en 1967), Université de Dijon : 1956-1980.

Professeur à Paris-Sorbonne (chaire de climatologie) : 1980-1986.

Passe à la classe exceptionnelle (deuxième classe : le plus haut échelon de la hiérarchie des professeurs d’université).

Mis à la retraite en 1986 avec le titre de Professeur émérite à la Sorbonne.

Les responsabilités fondamentales

Dans les années 1970, je crée, à l’Université de Dijon, le premier laboratoire français de climatologie tropicale (le Centre de Recherches de Climatologie Tropicale : le CRCT), ayant été le premier géographe-climatologue à obtenir une thèse de climatologie tropicale (Le climat des Antilles). Ce laboratoire s’ouvrira rapidement à toutes les zones géographiques de la

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planète. Il restera cependant dominé par la recherche tropicale. Il s’agit d’un organisme de recherche créé initialement dans le cadre de l’Enseignement supérieur. Il va obtenir les labels successifs du CNRS : RCP, ERA, UA, URA, UMR. L’importance de cette création va de pair avec le développement d’une recherche qui m’amènera à diriger, durant de longues années, la quasi-totalité des thèses de climatologie tropicale soutenues en France, avant d’y ajouter la recherche climatique portant sur les espaces extratropicaux. Le Centre de Recherches de Climatologie Tropicale de l’université de Dijon (aujourd’hui, université de Bourgogne) va constituer le support d’une École dont le rayonnement deviendra international. En France et hors de France, les étudiants sortis de cette unité de recherche, feront référence, dont, en Afrique, les futures têtes de file en climatologie, des universités de Tunis, Cotonou, Brazzaville et Tananarive. L’un des plus connus parmi les climatologues grecs aura également été formé à Dijon avant de prendre un grand poste à Thessalonique. Quarante ans après sa création, le laboratoire de climatologie de l’université de Bourgogne confirme son excellence et son rayonnement. En septembre 2004, il a été le cadre d’un colloque international qui a réuni cent cinquante scientifiques. Ceux-ci se sont penchés sur la dynamique de la mousson africaine, dans l’optique d’une meilleure compréhension de phénomènes susceptibles (en phase de sécheresse) d’ébranler les populations fragiles de la zone sahélienne.

1970-1973 : quatre années de présence au jury de l’Agrégation de géographie.

1974-1978 : cinq années de présence au concours d’entrée à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr (président de l’option Lettres).

1976-1980 : membre élu du Comité national de Géographie du CNRS. À ce titre, je suis désigné pour faire partie du conseil scientifique de plusieurs grands laboratoires nationaux, dont le CEGET de Bordeaux et le LA 141 de Paris alors dirigé par le professeur Pierre Birot.

1978-1981 : membre élu du Comité consultatif des Universitaires (gestion des carrières des universitaires).

1981-1985 : membre élu du Comité national de Géographie (rattaché à l’Union Géographique Internationale). C’est ce comité qui aura la charge d’organiser le Congrès international de géographie qui se tiendra à Paris en 1984.

1981-1986 : Président de la Commission française de Climatologie (rattachée à l’Union Géographique Internationale).

Présent à soixante-dix-huit soutenances de doctorat, essentiellement d’État (direction / présidence / membre du jury). Le nombre considérable de soutenances auxquelles j’ai participé résulte de la position scientifique dans laquelle je me trouvais en tant que climatologue, en France et hors de France.

Les missions d’Enseignement supérieur et de Recherche

Nombreuses missions d’Enseignement et de Recherche en Tunisie, au Congo-Brazzaville, au Bénin, à Madagascar, au Sénégal. Ces missions sont réalisées dans le cadre des ministères de la Coopération et des Affaires étrangères. Il s’agit alors pour moi de professer devant les étudiants de ces pays et de mettre en place les laboratoires de recherche liés, par conventions, au CRCT de Dijon. Par la suite, ce sont certains de mes élèves français qui prendront le relais pour assurer ces missions.

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Les missions de recherche soutenues par le CNRS

Il s’agit de grands voyages d’étude permettant, lors de l’élaboration de ma thèse de doctorat d’État, puis ultérieurement, de découvrir les phénomènes étudiés sur le terrain et de rassembler une documentation qui sera traitée ensuite en laboratoire. La climatologie dynamique qui est à la base de la méthode appliquée nécessitant d’embrasser de vastes systèmes météorologiques, il s’ensuit la nécessité de parcourir des itinéraires très étendus.

1962 : mission de cinq mois : France, New York, Washington, Porto Rico, Guadeloupe, Martinique, Guyane, France.

1968 : mission d’un mois : France, Venezuela, Colombie, Pérou, Brésil (Rio de Janeiro), Sénégal, France.

1971 : mission d’un mois : France, Guyanes française et brésilienne (Amazonie-Manaus), Caracas, Martinique, New York, France.

Les missions particulières et les voyages personnels impliquant une approche géographique de haut niveau

1978 : (financement personnel) : montée et descente de l’Oyapok, avec séjour à Camopi, dans les tribus Oyampis et Emerinos.

1981 : invitation en Irak, au sein d’une délégation de vingt universitaires français.

1989 : mission en Guadeloupe soutenue par la Région Guadeloupe. Expertise sur les dégâts occasionnés par le cyclone Hugo. Cette mission a été suivie d’un rapport ; il s’en est suivi un deuxième déplacement permettant de présenter les conclusions de ce rapport. Une émission de télévision sur RFO à laquelle j’ai participé a permis de sensibiliser la population aux problèmes cycloniques insulaires.

Toujours dans un souci d’investigation scientifique élargie aux grands phénomènes physiques planétaires et en association avec le tourisme, j’ai choisi d’aller au Mexique, en Indonésie, en Thaïlande, au Cambodge, au Vietnam, en Afrique du Sud, en Islande et au Spitzberg.

Les congrès internationaux dans le cadre de l’Union Géographique Internationale

1972 : congrès international de Montréal (avec intervention personnelle sur les méthodes de la climatologie française, au sein d’un groupe de climatologues francophones ; le contact est organisé par les Québécois). Excursion post-congrès dans les Montagnes Rocheuses et sur la côte Pacifique canadienne.

1976 : congrès international de Moscou (avec intervention personnelle sur le climat de l’Amazonie). Excursion post-congrès en Sibérie (Irkoutsk – lac Baïkal), Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan).

1980 : congrès international de Tokyo. Excursion pré-congrès en Chine : Hong-Kong, Canton, Chengdu, Sian, bassin du fleuve Jaune, Pékin. Au cours du déplacement, visite de plusieurs laboratoires (impressionnants par l’aptitude des Chinois à analyser des événements naturels d’une ampleur inusitée en Europe). Retour par Anchorage (Alaska). Tour du monde effectué d’ouest en est.

1981 : congrès interrégional de Sri Lanka (intervention). Je représente à ce congrès la recherche occidentale de la climatologie tropicale où je retrouve, entre autres, le Professeur Yoshino, de l’Université japonaise de Tsukuba.

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1984 : congrès international de Paris. Je fais partie du groupe organisateur.

Les congrès nationaux (Comité National de Géographie)

Trois congrès du Comité national français de Géographie à retenir (destinations : les territoires français d’Outre-mer):

Océan Indien : La Réunion et l’île Maurice.

La Guadeloupe, la Martinique et la Guyane française.

Territoires français du Pacifique : Tahiti, Nouvelle-Calédonie, îles Loyauté ; départ par l’Atlantique / Los Angeles, retour par Sydney et Singapour. Tour du monde effectué d’est en ouest.

Les Conférences

Ne sont indiquées ici que les trois conférences majeures que j’ai faites dans le cadre universitaire.

1999 : L’impact des cyclones tropicaux, Université libre de Saint-Germain-en Laye (contrat avec Paris-Sorbonne).

2001 : Les grandes turbulences planétaires, cyclones et tempêtes, Société de Géographie, Paris.

2004 : Le réchauffement climatique et les stratégies économiques dans un développement durable, Université libre de Saint-Germain-en-Laye. Il s’agit de la dernière conférence d’un cycle de six, regroupées sous le thème Le changement climatique global : quelle responsabilité humaine ? J’ai assumé la responsabilité scientifique de l’ensemble.

Les ouvrages universitaires

1966 : Le Climat des Antilles, doctorat d’État. A été publié avant soutenance (c’était l’usage à ce moment-là) dans Les Travaux et Mémoires de l’Institut des Hautes Études de l’Amérique Latine, Paris (deux tomes), texte 377 p., atlas 304 fig. + 56 tabl.

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1973 : La Climatologie, PUF, Que Sais-je ?, Paris, 123 p. Cet ouvrage connaîtra sept éditions.

Et une traduction en espagnol.

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1976 : Les Climats de la Terre, Masson, Paris, 151 p. Une deuxième édition paraît chez Armand Colin en 1994.

1978 : Les Climats polaires, CDU, Paris, 221 p. Climatologie et Hydrologie fluviale reprend, en fait, en le développant, le texte contenu dans le CDU initial Les Climats polaires.

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1983 (en collaboration) : La Dynamique des climats et de l’écoulement fluvial, Masson, Paris, 239 p.

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1986 : Études de climatologie tropicale, Masson, Paris, 206 p. Il s’agit d’un ensemble de contributions de mes élèves, dont j’ai assuré la coordination et contrôlé la tenue scientifique ainsi que la présentation et la conclusion.

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1988 : Climats et cours d’eau de France », Masson, Paris, 249 p.

1994 : Les Catastrophes climatiques, PUF, Que Sais-je ?, Paris, 123 p.

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1999 (en collaboration avec mon élève Denis Lamarre) : Climats et Sociétés, Armand Colin, Paris, 272 p.

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Une traduction en italien.

La Grande Encyclopédie Larousse : publication de dix-huit articles de climatologie.

Les articles

Environ deux cents ont été publiés. Ne seront signalés ici que les plus significatifs.

1968 : La région comprise entre forêt de Chaux et forêt de la Serre : étude rurale. Il s’agit de ma thèse annexe. Dans les années 1960, le doctorat d’État comportait la soutenance de deux thèses ; c’est mon étude relative au Climat des Antilles, qui m’a demandé dix ans de recherches et a constitué ma thèse de notoriété. Ma thèse annexe a été publiée dans la Revue Géographique de l’Est (RGE), Nancy, 1969, 123 p.

1981 : La Mosaïque climatique du Globe et son approche géographique, dans Eaux et Climats, publication de l’université de Grenoble, en hommage au Professeur Charles-Pierre Péguy. Il est à noter qu’il s’agit du fils posthume du grand poète chrétien, mort durant la guerre 1914-1918.

1982 (en collaboration avec Jean Mounier) : Climats et Satellites, Annales de Géographie, Paris.

1982 (en collaboration avec mon élève Jean-Pierre Besancenot) : Bioclimatologie humaine dans les zones tropicales. Article traduit en anglais et publié à Tokyo (université de Tsukuba).

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1984 : Climatic problems of agricultural land use in monsoon Asia, tropical Africa and Latin America: a comparative analysis. Cet article a été rédigé par mes soins sous forme de conclusion synthétique d’un ouvrage Climate and agricultural land use in monsoon Asia, publié à Tokyo par le Professeur Yoshino (Presses universitaires, Tsukuba).

1985 : Contribution à l’étude des climats tropicaux dans leurs relations avec la dynamique générale de l’atmosphère. Publié dans Paralelo 37°, Revista de estudios geograficas, Almeria, Espagne.

1990 : À propos du cyclone Hugo : les cyclones tropicaux, un risque majeur, dans le Bulletin de la Société languedocienne de géographie, Montpellier.

1991 : Les pluies, les vents et les hommes dans les archipels tropicaux, paru dans le livre d’hommage offert au Professeur Jean Delvert, intitulé Aspect du monde tropical et asiatique. Publié aux Presses Universitaires de Paris-Sorbonne.

1992 : Rapport d’expertise sur le cyclone Hugo. Trois tomes, plus émission de télévision de RFO/Guadeloupe, le 8 juillet 1992.

1994 : La vision climatique dans l’œuvre de Marcel Pardé. Article paru dans l’ouvrage d’hommage au grand hydrologue, Potamologie d’hier et d’aujourd’hui, aménagement et cours d’eau. Publication de l’université de Grenoble.

1995 : Le temps et l’espace en climatologie, paru dans l’ouvrage Climat et Santé en hommage au Professeur Gisèle Escourrou (faculté de Médecine de Dijon).

1996 : l’article La Climatologie paru dans l’ouvrage Composantes et concepts de la géographie physique, sous la direction du professeur Max Derruau (Armand Colin, Paris, éditeur).

1996 : rédaction de la conclusion du colloque Problèmes de l’environnement planétaire, École Normale Supérieure/Ulm. Publication des Actes dans le Bulletin de l’Association de Géographes français.

2004 (en collaboration avec le comte Charles Roche-Bruyn) : Le vignoble bourguignon et le Petit Âge glaciaire au XVIIIe siècle. Paru dans La Géographie - Acta Geographica.

2005 : Les ouragans Katrina et Wilma (août-octobre 2005). Paru dans La Géographie - Acta Geographica.

2010 : Quatrième Dialogue européen d’Évian : Le changement climatique, Europe, Asie septentrionale, Amérique du Nord. J’ai été membre du comité scientifique de ce colloque essentiellement franco-russe et j’en ai assuré la conclusion. Celle-ci est publiée dans les Actes sous le titre Éléments pour un bilan du changement climatique dans les Nords. Les Actes comportent également, en introduction, un article que j’avais publié dans la revue Défense, sous le titre Le réchauffement climatique, l’évolution des milieux physiques et leurs conséquences humaines (les références de cet article sont reprises plus loin). Les Actes ont été publiés en français et en russe.

2012 : La climatologie, la modélisation des climats et le réchauffement climatique : la climatologie en question. Les idées de ce texte sont actuellement en voie de diffusion en Afrique francophone (à partir de l’université du Bénin). Le thème est repris dans un article paru dans ÉchoGéo/Paris (2013) reproduit intégralement plus loin.

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En conclusion : les temps forts de la carrière universitaire

La création du Centre de Recherches de Climatologie Tropicale (le CRCT Dijon) devenu un grand laboratoire, à travers une histoire vieille de plus de trente ans.

En 1988, un volume d’hommage offert par mes élèves et mes amis, à l’issue de ma carrière active. Cet ouvrage de haute valeur scientifique comporte quarante signatures françaises et étrangères. Il a été édité à l’université de Bourgogne, en souvenir de la création du laboratoire de Climatologie de cette université.

Le laboratoire de Climatologie de l’Université d’Abomey Calavi (Cotonou, Bénin) porte mon nom.

J’ai reçu le Prix de Climatologie pour l’ensemble de ma carrière, décerné par la Société de Géographie, Paris.

J’ai été présent, au niveau national, dans toutes les grandes instances scientifiques et gestionnaires de la géographie.

Enfin, je crois pouvoir dire que j’ai atteint le statut international par mes élèves. Des textes que j’ai signés ont été diffusés en anglais, en espagnol, en italien, en russe. J’ai été un acteur dans l’enseignement et la recherche, en Afrique francophone (maghrébine et sub-saharienne).

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LA CARRIÈRE MILITAIRE

Parallèlement à mon activité universitaire, j’ai mené une activité militaire qui ne s’est jamais départie depuis ma mobilisation en 1940… (1940-2012… plus de 70 ans).

Cette activité s’articule en quatre périodes :

sous les drapeaux (la guerre), la transition entre la phase officier de troupe et officier d’État-major, la phase officier d’État-major (ORSEM), la phase IHEDN.

Sous les drapeaux : la Guerre 1939-1945

Mobilisé du 16 avril 1940 au 28 novembre 1942 ; rappelé le 1er mars 1945, renvoyé dans mes foyers le 7 septembre de la même année. Un total de trois années sous l’uniforme.

Appelé en avril 1940, je rejoins le dépôt de Montélimar. Reçu dans une école d’élève-officier, je pars à Fontenay-le-Comte (extension de Saint-Maixent). C’est là que la poussée allemande nous amène à nous organiser en centre de résistance qui doit s’intégrer dans la ligne de défense comprenant aussi les écoles militaires de la France médiane (couvrant donc le sud) dont l’École de Saumur. Saumur recevra le choc de l’envahisseur et écrira l’une des belles pages de ceux de 1940. À Fontenay-le-Comte, nous ne subirons pas ce choc et décrocherons en direction de Bordeaux-Libourne où nous serons intégrés à la tête de pont couvrant le départ du Massilia. À ce moment-là, nous aurons été transformés en régiment de marche.

Après un passage par Tonneins, sur la Garonne, notre école devenue régiment, remonte sur Clermont-Ferrand (caserne du 92e RI). C’est là que les examens de sortie ont lieu et que sont désignés ceux qui deviennent Aspirants de réserve. Je suis alors affecté, avec ce grade, le 28 août 1940, au 10e Bataillon de Chasseurs à Pied à Neuville-sur-Ain, entrant ainsi dans l’Armée de l’Armistice. Je serai commandé, durant ma présence au 10e BCP, entre autres, par le Commandant Ély, le futur collaborateur du général de Gaulle. J’aurai, durant un hiver, à commander la Section d’Éclaireurs-skieurs du bataillon.

Je ferai partie, en novembre 1942, du contingent désigné pour occuper le secteur fortifié de Toulon. Je prendrai position avec ma section, dans la partie orientale du dispositif, le Pradet, avant d’être démobilisé et renvoyé à Pont d’Ain/Neuville-sur-Ain. Durant mon court séjour au Pradet, j’aurai à préciser que je me considère comme étant du côté des Alliés, au cas où ils débarqueraient. Cette attitude personnelle rejoint l’information, devenue historique, selon laquelle les troupes à terre du secteur de Toulon n’entendaient pas entrer dans une stratégie pro-allemande. Avant mon départ du secteur fortifié de Toulon, j’aurai l’occasion de monter sur le Vaisseau-amiral de la flotte de Haute Mer commandée par l’amiral Laborde, le croiseur Strasbourg. C’est à propos de cette visite que j’aurai l’occasion d’assister à l’affrontement des amiraux Laborde et Marquis (ce dernier, Préfet maritime de Toulon). Le Strasbourg sera sabordé quelques jours après.

À ma démobilisation fin novembre 1942, je rentre à Besançon. Entre début 1943 et mars 1945, je reprends mes études, occupe un poste d’instituteur, évitant ainsi le STO, puis, très vite, un poste de professeur intérimaire. Je prends, comme il se devait, des contacts avec les milieux de la Résistance. Mal conseillé par un ami de collège retrouvé par hasard, dans un contexte où il était difficile de retrouver mes marques puisque j’avais quitté la région pendant deux ans environ, mais aussi rompu à la discipline et à la logique du combat d’infanterie, je ne peux accepter la mission qui m’est confiée, dont je ne comprends pas le processus (rejoindre

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in extremis, donc au moment de l’avance alliée sur Besançon, un groupe de résistants dont je ne découvrirai qu’à ce moment-là, le nombre et le degré d’instruction militaire). Cette mission qui illustre parfaitement la différence qu’il y a entre la guérilla des résistants dominée par l’action spontanée, et la formation d’unités encadrées dont je procède, émane, au demeurant, d’une personne que je ne connais pas et que je n’aurai d’ailleurs jamais vue. On n’en entendra plus parler à la Libération de Besançon. Je veux être parfaitement clair. J’attends mon rappel sous les drapeaux sous une forme qui me semble devoir être introduite par un contact avec l’Armée secrète, du fait de mon ancienne appartenance à l’Armée de l’Armistice. Ce contact, qui m’avait été annoncé, ne viendra pas.

Je crois bon de préciser ces points qui sont des points d’Histoire et sur lesquels je reviens dans la seconde partie du livre que je fais paraître chez Economica en cette année 2013 : Les guerres des partisans et les nouveaux conflits, où j’analyse les deux formes de résistance que sont celles des partisans d’une part, des militaires encadrés dans l’esprit des combats conventionnels d’autre part.

Ce rappel intervient donc en mars 1945. Je serai affecté sur place (Besançon) à la garde des prisonniers de l’Axe. Je ne monterai donc pas au front. J’aurai cependant, dans l’accomplissement de ma mission, à subir une blessure qui, par sa nature, m’amènera aux limites de la mort. Étant, de nuit, seul responsable de l’immense forteresse de la Citadelle de la ville (l’une des célèbres œuvres de Vauban) et de ses prisonniers, je sais combien mes hommes sont alors inquiets. Pour ma part, je dormais toujours, face à la porte de ma chambre, avec mon mas 36 armé, caché sous mes draps. J’ai donc le souci de leur moral, en même temps que de leur capacité à répondre aux impératifs. C’est sur le point d’aller sur le chemin de ronde en visite nocturne, en vue de réconforter les sentinelles, que l’une d’entre elles, paniquée et ne me reconnaissant pas, me tire dessus à bout portant avec son Mas 36. La balle passe sous le cuir chevelu. J’avais heureusement ce jour-là, très proche de l’armistice, des souliers bas. Si j’avais été en tenue de combat avec brodequins, j’aurais été abattu. J’ai été transporté d’urgence à l’hôpital Saint-Jacques de Besançon, dans la salle des grands blessés de la Première Armée où je restai dans le coma pendant plus de 24 heures.

Je tiens à ajouter ceci. Le commandement convient de répartir les soldats en fonction de la nature des missions qui leur sont confiées. D’où la notion de soldats de second rang tels que ceux que j’avais à commander. On devait estimer, en effet, que ce niveau de recrutement suffisait pour la mission demandée. Mon expérience m’a donné la conviction qu’il ne peut pas y avoir de soldat de second rang (mettons hors de cette réflexion le soldat d’élite des unités spéciales), dès lors que ce soldat est armé et plus précisément, en possession d’une arme de guerre (le Mas 36 était un fusil redoutable)

Dans l’État de mes services, signé le 19 avril 1978 par la colonel Mary, chef du bureau instruction des réserves de Dijon, ma blessure est signalée blessure de guerre (elle a été, paraît-il, par la suite reclassée en service commandé, mais je ne dispose que du papier signé par le colonel Mary). L’intitulé est le suivant : « En 1945, à la 373e Compagnie de garde des PSA à Besançon, blessure à la tête par balle, avec séton dans le cuir chevelu et incapacité partielle et temporaire de la main gauche » (il faut dire qu’après la blessure tout mon côté gauche fut paralysé).

Activité militaire entre 1945 et 1954 (la transition entre officier de troupe et officier d’État-major)

1948 : période de 28 jours au 5e RTM (manœuvres en Champagne).

1950 : convocation verticale au 35e RI.

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1951 : période au 4e RI.

1952 : stage de formation ORSEM à Paris.

1954 : période de quinze jours à l’EM de la 7e Région.

1954 : admis comme titulaire dans le corps des ORSEM.

Activités ORSEM

1960 : participation à l’exercice interallié Flash-back. Je participe à cet exercice comme chef du 2e Bureau de la 15e DIV (division d’infanterie) à Constance. La gestion de quatre observateurs allemands (dont trois officiers) m’est confiée.

1963 : participation aux manœuvres nationales (exercice Jura).

1965 : période à l’École militaire, ENORSEM (Paris).

1970 : participation à l’exercice Bourgogne à l’EM de la 64e DM.

Prise de grades successifs jusqu’au grade de Lieutenant-colonel (1977).

1978 : rayé des cadres. Admis à l’honorariat de mon grade.

Parallèlement à mes activités universitaires, ma phase ORSEM est un grand moment. Mes activités ORSEM se placent, en effet, dans le contexte de la Guerre froide et de la montée en puissance de l’arme nucléaire. À l’issue de ma titularisation comme ORSEM, ayant choisi d’être affecté dans le corps de bataille plutôt que dans la défense du territoire, j’ai pu être engagé, à mon niveau, dans la réflexion relative à cette montée en puissance. J’ai même eu l’occasion de donner mon avis, sur sollicitation du général commandant l’exercice, lors de la période que j’ai effectuée en 1965 à l’École militaire. J’étais alors commandant et j’assumais le commandement du 3e Bureau, dans le cadre d’une manœuvre d’EM en ambiance nucléaire. À la question que me posait ce général à l’issue de l’exercice, j’ai répondu avec la totale franchise qu’il sollicitait : « Mon Général, si nous avions été dans la réalité, vous n’auriez pas eu à m’interroger et je n’aurais pas eu à vous répondre car nous aurions, préalablement, cessé de vivre et avec nous, tous ceux qui nous entourent. »

Je pense que cette expérience, et plus largement celle que j’ai acquise dans le cadre d’une longue réflexion d’État-major, au moment où se déployait l’affrontement Est-Ouest dans un contexte de menace nucléaire récente, m’a permis de comprendre pourquoi l’arme nucléaire, initialement conçue comme une arme du champ de bataille est devenue une arme du champ politique et géostratégique. Il faut dire que je dois cette expérience exceptionnelle au fait que je suis très certainement l’un des plus vieux ORSEM de France encore vivants.

Activités IHEDN

C’est en 2001, à l’âge de quatre-vingt-deux ans, que j’ai accepté de m’engager dans le cadre de l’IHEDN, en tant qu’associé. Mes activités antérieures m’avaient mis dans l’impossibilité de solliciter l’accession à un stage d’auditeur. Je m’intéressai immédiatement aux réflexions imposées par l’élaboration des rapports annuels résultant des thèmes proposés par les responsables nationaux. C’est ainsi que j’ai, sans interruption, travaillé sur les thèmes à partir de l’année 2001-2002. Nous travaillons sur le thème 2012-2013. C’est dire que j’ai pu me pencher sur les thèmes IH, durant une douzaine d’années, jusqu’ici.

Il faut dire que j’avais été préparé à affronter ce mode de réflexion, d’une part par ma formation et ma pratique universitaires, de l’autre par ma présence au sein de la Commission

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Française d’Histoire Militaire qui se réunissait régulièrement aux Invalides et se réunit maintenant à l’École militaire. J’avais été introduit à la CFHM par le général Delmas et le professeur André Corvisier (qui a préfacé un ouvrage militaire dont je ferai état plus loin).

Dans ce contexte, j’ai été appelé en 2006, par le Directeur des Études IH d’alors, le professeur Stéphane Kotovtchikhine, au Comité de lecture (le jury), chargé de juger de la pertinence des travaux des différentes AR et de mettre en place la restitution nationale. Les quatre années passées au sein de cet organisme ont été, pour moi, une expérience rejoignant, par le niveau, les expériences que j’avais vécues dans les grands jurys universitaires.

J’ai été amené à faire un exposé le 23 juin 2007, à l’École militaire, en tandem avec le physicien de l’atmosphère Hervé Le Treut, sur ma position de géographe-climatologue, concernant le réchauffement climatique.

Dans son numéro 141, septembre-octobre 2009, la revue Défense a publié, sous ma signature, dans le Grand dossier : climat, défense et sécurité, un article intitulé Le réchauffement climatique, l’évolution des milieux physiques et les conséquences humaines.

Dans le même numéro, j’ai signé l’article Espace extra-atmosphérique, enjeu du XXIe

siècle. Il s’agissait de la synthèse des travaux des diverses AR sur ce thème.

J’ai signé (en collaboration avec le colonel André Reydellet), toujours sur le thème spatial, l’article Les satellites et la Terre : de l’aventure scientifique aux enjeux géopolitiques, mis en ligne sur le site du Centre d’études stratégiques aérospatiales, le CESA (le site a été mis à jour le 12/04/2012).

J’ai présenté, en décembre 2010, une conférence à l’IHEDN/Bourgogne sur Milieux géographiques et stratégies militaires.

ACTIVITÉS DE SYNTHÈSE (ANNÉES 2008-2013 : UNIVERSITÉ, ORSEM, IHEDN, CFHM)

Ma spécialité de climatologue universitaire, et plus largement de géographe, ma formation d’ORSEM, ma présence à la Commission Française d’Histoire Militaire et à l’IHEDN, m’ont amené à m’exprimer sur les problèmes de défense, sous la forme d’ouvrages, articles ou conférences.

En 2000, je publie un article dans la revue Acta geographica : Climat et stratégie : la bataille et la guerre. Cet article a été le point de départ de développements qui se sont traduits par la publication, en 2008, de l’ouvrage paru à l’Harmattan : Le Climat, la Bataille et la Guerre. La radio suisse-romande et France-Culture m’ont demandé d’en faire la présentation sur leurs antennes.

2008 : Le Climat, la Bataille et la Guerre : des conflits limités aux conflits planétaires.

La quatrième de couverture :

La bataille et la guerre entrent dans un système où leur sort est lié à la masse des combattants, à son aptitude à combattre, à la valeur des chefs, à la puissance des idéaux, mais aussi au caractère des conditions naturelles. Le fait est que le milieu physique joue un rôle fondamental dans sa relation avec les combattants, les matériels et la chaîne de

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commandement. Et pourtant, ce constat n’est pas totalement intégré à l’Art militaire et dans l’Histoire militaire, du moins pour ce qui est des affrontements terrestres (sauf intérêt pris aux reliefs, à la végétation et à l’hydrographie) car il s’impose, à l’évidence, aux marins et aux aviateurs. Le parti a donc été de montrer systématiquement la pertinence de la relation milieu physique, bataille et guerre, le milieu physique étant représenté ici par le climat qui en est le facteur dynamique par excellence, et aussi le plus ignoré dans l’Histoire militaire.

L’argumentation s’appuie sur le continuum historique, ce qui implique la prise en compte des facteurs spatiotemporels, de l’Antiquité jusqu’à nos jours. Si, dans l’Antiquité et durant le Moyen Âge, les conflits étaient structurés par les espaces restreints et le temps court (un champ de bataille et le temps météorologique d’une journée : le type de temps), ils sont devenus progressivement le fait d’espaces beaucoup plus considérables (les théâtres d’opérations) et du temps long (le long terme), plus précisément en phase avec le climat.

Ainsi aboutissons-nous à l’une des plus grandes interrogations du XXIe siècle : la modification des milieux physiques du fait du réchauffement climatique et la nécessité pour les hommes, y compris les militaires, d’y faire face.

.

2011 : publication, dans la revue de géopolitique Hérodote (thème du numéro 140 : Renseignement et Intelligence géographique), d’un article intitulé Stratégies militaires et Climats. Le journal Le Monde a signalé cet article dans le compte rendu qu’il a fait du numéro d’Hérodote.

2011 : j’ai présenté devant les membres de l’ONM/Côte d’or, une conférence intitulée Les grandes puissances face aux nouveaux conflits.

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2012 : j’ai présenté, dans le cadre de la Fondation de Lattre de Tassigny, une conférence sur Les guerres en Afghanistan.

2013 : Les guerres de partisans et les nouveaux conflits : essai géo-historique sur les combats irréguliers, éditions Economica (paru dans la collection Guerres et Guerriers, dirigée par le général Éric Bonnemaison).

Analyse de l’ouvrage :

La guerre des partisans traverse l’Histoire militaire. Les partisans ne sont cependant définis comme des combattants irréguliers, qu’à partir du XVIIe siècle. Durant toute la période qui précède la Seconde Guerre mondiale (guerres de Louis XIV, napoléoniennes et franco-prussienne de 1870-1871, en particulier), ils sont des civils ou des combattants issus des armées. Ces partisans agissent toujours à la marge des armées régulières qui mènent un combat conventionnel, discipliné, et sont dotées de puissants moyens. La Résistance française marque, entre 1939 et 1945, un tournant stratégique dans les rapports entre partisans et armées régulières. Les grands maquis (Glières, Vercors, Auvergne) sont alors pensés comme des fronts intérieurs devant aider la progression des forces régulières après débarquement. Cependant, faute d’un appui aérien venu de la France libre et des Alliés, ces maquis disparaissent dramatiquement. Les regroupements de résistants que postulaient ces maquis ont amplifié leur élimination. Le maintien dans la dispersion propre aux combats irréguliers leur aurait sans doute permis de durer. Les nouveaux conflits, qui interviennent dans la deuxième moitié du XXe siècle et au début du XXIe : conflits de décolonisation (Indochine/Viêtnam/Algérie), montée en puissance de l’islamisme anti-occidental (Afghanistan/AQMI), donnent aux partisans (guerilleros) un caractère de nouveauté spectaculaire. En effet, en Indochine, en Algérie, en Afghanistan, au Sahara, ce sont

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désormais eux (Viêt-minh, Viêt-kong, Fellaghas, Moudjahidines, Talibans, djidahistes d’AQMI) qui s’opposent directement aux puissances majeures. On assiste alors à des affrontements hautement asymétriques, où le fort, malgré son armement, ne réussit pas à l’emporter sur le faible. Les Français et les Américains quitteront l’Indochine/Viêt-Nam, les Soviétiques, les Américains et leurs alliés, l’Afghanistan, sans victoire décisive… mais aussi sans défaite sur le terrain. Cet état de fait résulte de ce que leurs nouveaux adversaires pratiquent la dispersion, le coup de main et l’esquive, en profitant d’une géographie physique (montagnes, forêts) et humaine (immersion dans les populations) qui les rendent le plus souvent insaisissables. Les grandes puissances doivent donc s’adapter et calquer leur stratégie sur celle de leurs adversaires. D’où l’émergence de la contre-guérilla et la mise en place des forces spéciales. On en arrive alors à un prodigieux décrochement d’échelle, au moment où les puissances majeures commencent à se défier jusque dans l’espace extra-atmosphérique.

MON TESTAMENT DE CLIMATOLOGUE

Le réchauffement climatique et l’approche géographique : à paraître dans le livre d’hommage au professeur Jaime Capel Molina. Publié par l’université de Murcie, Espagne.

2013 : revue ÉchoGéo (Paris) : La climatologie géographique, la modélisation des climats et le réchauffement climatique ; la climatologie en question.

Le texte intégral de cet article figure ci-dessous.

La climatologie française, la modélisation des climats et le réchauffement climatique : la climatologie en questionAu moment où les débats se poursuivent sur le point de savoir si la question du climat est un problème majeur (la récente Fondation de Claude Allègre, sous l’égide de l’Institut de France, Pour une écologie d’avenir, en élimine l’idée) si, au contraire, on va vers un changement climatique et si, dans l’affirmative, l’homme intervient, il est bon de se demander pourquoi les géographes-climatologues sont maintenus à la marge. Il est clair, en effet, que, mises à part quelques tentatives récentes venues de géographes (colloque de climatologie des hautes latitudes, Évian 2010, actes publiés en 2011 : Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête, publication 2010), les seuls qui ont vraiment la parole aujourd’hui dans les médias sont les physiciens de l’atmosphère. Ils se sont autoproclamés climatologues dans les années 1970 et ils réaffirment leur seule existence en publiant (2011) : Climat : une planète et des hommes, sous la responsabilité de Érik Orsenna et Michel Petit. L’ouvrage comporte tous les grands noms de la physique de l’atmosphère et des sciences physiques. On n’y trouve aucun géographe. On ajoutera le livre paru au CNRS en 2011 : Le Climat à découvert, où l’on apprend que les climatologues français ont rédigé un ouvrage collectif en réaction au climato-scepticisme qui s’est tout particulièrement manifesté au moment du sommet de Copenhague (2009). Les climatologues français ?… Où y sont consultés les géographes-climatologues qui interviennent avec pertinence sur les questions climatiques au sein de leurs institutions (Commission française de climatologie rattachée au Comité National de Géographie,

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Association Internationale de Climatologie francophone) ? Dans cet ouvrage, nulle part, les présidents de ces institutions, à ne prendre qu’eux, n’ont été conviés à donner leur avis.

L’auteur de ces lignes, engagé dans l’étude des climats du globe dans les années 1950, puis entré en responsabilités au sein de la géographie climatique avant de n’être plus qu’un spectateur attentif, souhaite par son témoignage pouvoir faire part de sa longue expérience et peut-être donner aux débats contemporains un éclairage que l’évolution qu’il a vécue et dont il a été un modeste acteur autorise.

Les précurseurs et la maturité de la climatologie géographiqueLes caractéristiques de la climatologie à ses débuts sont dominées par la description des climats à partir du traitement des mesures de terrain. Il s’agit d’une climatologie analytique (qui n’est pas que française) dont le but est d’opérer la classification des climats du Globe. Les moyens révèlent cependant une certaine diversité. Emmanuel de Martonne, dans le tome 1 de son Traité de géographie physique (dernière édition 1940) puis, plus tard, Georges Viers dans ses Éléments de climatologie, regroupent les climats en procédant par analogie. Pour Emmanuel De Martonne, le climat tropical est défini par des traits particulièrement caractéristiques au Sénégal. Georges Viers reprend cette conception, tout en modifiant à l’occasion la terminologie. Wladimir Köppen et Henri Gaussen classent, pour leur part, les climats à partir d’indices qui en combinent les éléments. Carl Troll établit sa classification en se fondant sur les rythmes thermométriques diurnes et saisonniers. Charles Warren Thornthwaite fonde la sienne sur l’évapotranspiration. Cette position pionnière permettra des travaux de climatologie régionale fort utiles. Deux doivent être cités : Ernest Bénévent, Le climat des Alpes françaises (1926), et Pierre Estienne Recherches sur le climat du Massif central français (1956).

C’est Pierre Pédelaborde qui va orienter l’étude des climats vers une méthode nouvelle : la climatologie dynamique, basée moins sur les mesures que sur l’analyse des cartes météorologiques, les cartes de types de temps. Les géographes-climatologues emprunteront alors à la météorologie les cartes traduisant la circulation atmosphérique. La climatologie dynamique (appelée également climatologie synoptique) dépassera la simple description, en introduisant l’explication des phénomènes. L’ère Pédelaborde s’ouvre dans les années 1950 par sa thèse sur Le climat du Bassin parisien (1957), et par son Introduction à l’étude scientifique du climat, dont la deuxième édition date déjà de 1970. Elle ne se refermera plus. Toutefois, mise à part son étude climatique des moussons, Pierre Pédelaborde s’intéressera avant tout à la climatologie des latitudes moyennes. C’est dans les années 1960 que Pierre Pagney appliquera la méthode de Pierre Pédelaborde aux régions tropicales (Le climat des Antilles,1968).

La climatologie analytique ne s’éloignera pas pour autant. Charles-Pierre Péguy va lui donner ses lettres de noblesse en l’incluant dans le mouvement de géographie quantitative, en même temps qu’en l’intégrant dans la vision dynamique de l’atmosphère (Précis de climatologie, (1961 ; deuxième édition, 1970).

On peut considérer que Pierre Pédelaborde, Charles-Pierre Péguy et Pierre Pagney constituent dans les années 1970, ensemble puis à travers leurs élèves, les inspirateurs d’une climatologie qui s’inscrit alors en France comme la référence en termes d’approche géographique. Les climatologues de la météorologie nationale française sont, pour leur part, à côté des prévisionnistes, attentifs à la collecte et à la mise en forme des données dont ils tirent des documents fondamentaux. Pierre Pédelaborde s’effaçant après avoir ouvert la voie, il restera aux autres le soin de poursuivre. C’est ainsi que pour un temps, Charles-Pierre Péguy et Pierre

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Pagney prennent à charge de promouvoir la climatologie géographique, selon deux voies certes différentes, mais néanmoins complémentaires. Des contacts fréquents en exprimeront la réalité.

La climatologie géographique française ne sera pas pour autant indépendante des autres aspects de la géographie, dans laquelle elle s’insérera, qu’il s’agisse de regarder vers l’hydrologie, la morphologie, la biogéographie, l’océanographie, ou vers la relation des climats et de l’homme. Ainsi, avec les élèves des pionniers de la phase de maturité, va-t-on voir se développer une climatologie géographique de plus en plus orientée vers l’application et l’aménagement du territoire. Celle-ci se manifestera par la multiplication des thèses débordant d’ailleurs de l’espace français sur l’espace francophone. Elle se manifestera aussi par l’activité de la Commission Française de Climatologie et par l’Association Internationale de Climatologie (AIC) recouvrant la production des climatologues francophones. Ce mouvement qui marque la pertinence de la climatologie géographique des années 1970 se poursuivra puisque les thèses de climatologie géographique n’ont jamais cessé d’être soutenues, que la Commission Française de Climatologie et l’Association des Climatologues francophones n’ont jamais cessé de se manifester. Des ouvrages seront édités qui montreront le souci d’application, entre autres Charles-Pierre Péguy (Jeux et enjeux du climat), Gisèle Escourrou (Le Climat et la ville), Isabelle Roussel s’intéressant à la pollution atmosphérique, Denis Lamarre et Pierre Pagney s’interrogeant sur les relations entre les climats et les sociétés, Jean-Pierre Besancenot fondant toute sa recherche sur les relations du climat et de la santé…, etc.

Or, à partir des années 1970, surgissent les physiciens de l’atmosphère et les scientifiques de la nature, face aux géographes-climatologues, dont la tâche a été jusqu’alors, de mener avec bonheur, d’authentiques travaux de climatologie grâce à l’appui indispensable des météorologues. Le fait est que ces physiciens, ainsi que d’autres scientifiques des sciences exactes, vont prendre le pas sur les géographes et très vite les marginaliser. Et ceci, bien que les géographes-climatologues puisent leurs racines dans une forte antériorité. L’entrée des physiciens de l’atmosphère dans la climatologie constitue une nouvelle révolution. Celle-ci s’explique par l’intérêt porté au réchauffement climatique dont on commence par se préoccuper et à la nécessité pour en comprendre la nature et les conséquences, de faire appel à la modélisation. Ceci au point que les physiciens de l’atmosphère vont se considérer comme les vrais et seuls climatologues. C’est ainsi qu’Aude Ganier écrit, dans Les défis du CEA (février 2010) : « La modélisation est la clé de la climatologie, jeune discipline apparue dans les années 70… La modélisation qui étudie sur le long terme la variabilité du climat en est un moyen d’investigation majeur. ». Ainsi, les physiciens de l’atmosphère apparaissent-ils comme les climatologues ouvrant la voie à une recherche qui n’a pas d’antériorité. La climatologie des géographes, née bien avant les années 1970, est donc totalement ignorée. On en donnera encore un exemple puisé dans Climat : une planète et des hommes (2011). Dans l’article Pourquoi le climat est-il devenu aussi rapidement une préoccupation scientifique majeure, Jacques Merle écrit : « Jusqu’aux années 1950-1960… le climat était supposé immuable aux échelles temporelles perceptibles par les générations humaines », et d’ajouter, « les périodes froides antérieures étaient considérées comme les manifestations d’un environnement planétaire lointain qui n’avait rien de commun avec celui que l’on connaissait depuis quelques milliers d’années. C’est ainsi que dans les années 1950-1960 le climat global de la planète était considéré comme une donnée environnementale fixe ; et les expressions très courantes aujourd’hui comme la variabilité, la dynamique, le changement de climat étaient inusitées ». Il est clair que ce texte fait référence aux géographes. Les témoignages du CEA et de Jacques Merle dressent le décor. Ce sont dans les années 1960-1970 des scientifiques autres que les géographes-climatologues qui prennent en main la notion de

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variabilité du climat à différentes échelles temporelles et qui, par cette position (dont le problème du réchauffement climatique va être l’axe central), occupent désormais tout l’espace de la climatologie. C’est ignorer, outre les ouvrages de Pierre Pédelaborde, de François Durand-Dastès (Géographie des airs, 1969), ce qu’expriment à la même période, Pierre Pagney et Charles-Pierre Péguy dans leurs communications et ouvrages respectifs. Citons Charles-Pierre Péguy dans son Précis de climatologie (1970) : « Au cours des temps géologiques, puis historiques, les éléments du climat ont présenté des valeurs variables, leurs combinaisons traduisant la prédominance de telle ou telle forme de la circulation atmosphérique. Les théories actuelles cherchent en effet à expliquer par la dynamique de l’atmosphère cette « histoire » des climats. La paléoclimatologie nous paraît être l’introduction obligatoire à l’étude des climats actuels. ». De leur côté, les géomorphologues avaient déjà mis en exergue les glaciations et donc les changements climatiques . Comment ne pas voir là réponse aux affirmations selon lesquelles les géographes en seraient restés à l’image fixiste des climatologues de la première moitié du XXe siècle (qui, d’ailleurs, ont construit une climatologie sans laquelle il ne pouvait y avoir, par la suite… de climatologie !). Autrement dit, c’est, dans les années 1960-1970, à un approfondissement, avec de nouvelles méthodes, des vues identifiées par les géographes-climatologues et non à la découverte d’une nouvelle discipline, que les physiciens de l’atmosphère et les autres scientifiques de la planète se trouvent confrontés. La pertinence de leur approche, à partir du moment où se pose de plus en plus la question du réchauffement climatique ne saurait être discutée. Mais ce qui est hautement discutable est que cette pertinence soit assortie de la marginalisation des géographes.

La climatologie des géographes marginaliséeAu début des années 1980, se met en place un dispositif qui voit la montée en puissance des modélisateurs dont les moyens sont les équations de l’atmosphère, et les buts l’analyse et la prévision du réchauffement, voire du changement climatique de la planète. Il s’agit d’une climatologie globale, différente de la climatologie des géographes où toutes les échelles de l’investigation sont abordées. Ainsi, les nouveaux climatologues vont-ils modéliser le climat général et sa trame zonale dont ils confirmeront la pertinence par l’observation, les géographes-climatologues partant au contraire de l’observation. Ces derniers vont donc se voir imposer une logique qui n’est pas la leur, comme le montre l’expérience du PNEDC (Programme National d’Étude de la Dynamique du Climat). C’est entre 1981 et 1985 que l’effacement des géographes-climatologues devant le primat des physiciens de l’atmosphère peut être fixé. Dans le cadre du PNEDC, les géographes sont interrogés par des spécialistes, tels Ichtiaque Rasool, appartenant à la NASA et alors en poste à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm. Le but des physiciens est de savoir dans quelle mesure les géographes pouvaient leur être utiles, entre autres par la possibilité de donner des indications sur les phénomènes de rayonnement et sur l’importance de l’albédo des grands compartiments géographiques de la planète. Il y a là un rapprochement, mais de subordination qui se confirme à partir du moment où en 1981 les géographes-climatologues entrent dans le PNED sous la responsabilité d’un ingénieur de la météorologie tropicale, l’ingénieur Robert Garnier. Cet ingénieur a des liens étroits avec les géographes-climatologues dans la mesure où, tout comme eux, sa recherche porte sur la climatologie dynamique. Robert Garnier aura la tâche de coordonner le thème climatologie du PNEDC, secondé par le président de la commission (géographique) de climatologie. Une forte priorité doit être donnée à l’étude des longues séries et au développement des reconstitutions synoptiques de l’évolution récente du climat sur l’espace euro-africain. Dans le courant de l’année 1982, la structure géographique intégrée au PNEDC prend corps (sous-programme Géoconnex articulé en six équipes : Paris, direction

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Gisèle Escourrou ; Grenoble, Annick Douguedroit ; Nice, André Dauphiné ; Rennes, Jean Mounier ; Lille, Gérard Petit-Renaud ; Dijon, Pierre Pagney, qui a la responsabilité de l’ensemble de Géoconnex).

Le fonctionnement de Géoconnex fait vite apparaître plusieurs difficultés. La première est la dispersion des travaux menés par les équipes. Il apparaît aussi que les physiciens attendent autre chose que ce qui leur est proposé. C’est à Meudon, en septembre 1985, que se déroule le colloque d’évaluation du PNEDC. L’auteur de ces lignes aura à présenter des travaux intéressants dans l’optique des géographes (bien qu’insuffisamment coordonnés, délais trop courts). En particulier, l’apport de l’équipe de Jean Mounier (Rennes) sera hautement significatif. Mais surtout, il apparaîtra que les géographes manient un langage que ne connaissent pas les scientifiques présents. C’est un échec dont le responsable de Géoconnex prend sa très grande part de responsabilités. Avec lui, c’est aussi l’ingénieur Robert Garnier qui est mis en échec. Le directeur des Sciences de l’Homme au CNRS, Armand Frémont, un géographe fort éloigné de la climatologie géographique, remplacera alors Pierre Pagney par François Durant-Dastès. Ce dernier est censé donner aux modélisateurs une image de la géographie plus conforme à ce qu’ils attendent. Malgré son très grand savoir et son immense talent, François Durand-Dastès n’obtiendra pas le renversement de la situation. La vaste collecte de données postulée par le PNEDC dont les équipes de Géoconnex ont assuré très vite le regroupement, n’aura servi à rien.

Les médias aidant, les modélisateurs sont devenus les prophètes d’une climatologie qui prévoit à échéance relativement brève (les cent ans à venir) dans le cadre d’un réchauffement largement anthropisé, des changements climatiques radicaux, voire cataclysmiques. Des météorologues vont se trouver pris entre les modélisateurs et les géographes, avec lesquels certains gardent le contact, l’ingénieur Robert Garnier entre autres, grand spécialiste de météorologie, ancien responsable de l’ASECNA (Dakar) — organisme de météorologie et de climatologie tropicales. Le fait est que cet ingénieur était très proche des géographes et qu’il comptait, dans Géoconnex, s’inspirer, selon ses propres termes, d’une « modélisation empirique » (observation), en écho à la « modélisation mathématique ». En tant que tropicaliste, un point le préoccupait tout particulièrement : la réalité de la cellule de Hadley. On sait que cette cellule postule des transferts de masse ascendants en zone équatoriale et subsidents en zone subtropicale, reliés en surface par des transferts allant vers les régions équatoriales, à l’inverse en altitude. L’idée était de faire des observations sur la branche supérieure et sur la branche inférieure afin de voir si les mouvements postulés par le système Hadley étaient bien là et si une relation existait (dans le cadre d’une cellule tantôt active, tantôt plus faible) entre ces mouvements inverses. La problématique était en soi imparable. Restait à savoir si elle pouvait être mise en forme. Ce que l’on en retiendra, c’est que la méthode observationnelle rejoignait très exactement ce que les géographes-climatologues entendaient faire dans le cadre de Géoconnex. Désormais, les géographes-climatologues vont poursuivre leurs travaux selon leurs conceptions, mais ils ne seront pas, sur le plan de la réflexion du moment — le réchauffement climatique — engagés comme le seront les modélisateurs et les scientifiques gravitant autour d’eux.

Le primat des modélisateursLa modélisationElle est effective au début des années 1980, au moment où les ordinateurs deviennent suffisamment performants. Le principe de la modélisation de l’atmosphère est connu. À partir d’un cloisonnement de l’atmosphère, on utilise les équations impliquant la dynamique des

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fluides, la thermodynamique, les phénomènes de rayonnement, le cycle de l’eau, les échanges d’eau, d’énergie et de mouvement cinétique avec la surface des océans et des continents. On inclut aussi les mouvements marins, dont ceux qui résultent de différences de densités (Robert Sadourny, Le climat de la Terre, 1994). La question est alors celle de la pertinence d’une telle approche. La réponse est donnée, entre autres, par Hervé Le Treut, tout d’abord dans Pourquoi les modèles n’ont pas tort (La Recherche, 1997). Dès ce moment-là, l’auteur est amené à réfuter les critiques qui se manifestent sur la crédibilité des modèles. Pour lui, les difficultés rencontrées dans la modélisation sont liées avant tout à la complexité du milieu naturel et au degré de performance des outils informatiques. De sorte que l’amélioration des modèles dépend à la fois de la connaissance accrue de la nature et du pouvoir des ordinateurs. Ainsi, au fur et à mesure des avancées sur ces deux points, doit-on voir s’améliorer la qualité des résultats de la modélisation. D’où la confiance affichée par les modélisateurs et par ceux qui utilisent les modèles, dans la capacité de prévision. Ce qui ne les empêche pas de dire que « Nous sommes (encore) loin de pouvoir modéliser les formidables bouleversements possibles » (Jean-Claude Duplessis).

Il convient de reconnaître en définitive que le réalisme des modèles est assez remarquable à l’échelle globale et à l’échelle zonale. La question se pose cependant, et les modélisateurs ne l’ignorent pas, de leur limite actuelle sur le plan de durée et d’espace. Car les modèles impliquent une part d’incertitude. Ce qu’illustre ce qui suit.

Le couple océan-atmosphèreL’intérêt porté au couple océan-atmosphère est une acquisition récente en climatologie. On savait depuis longtemps l’importance de l’atmosphère via les vents sur certains courants marins ; on connaissait le rôle des mers et des océans sur les climats continentaux dits océaniques ; on savait l’importance des courants marins chauds ou froids sur les climats ; mais on n’a que depuis peu une vision d’ensemble de l’influence des océans sur les climats planétaires. Cette vision n’a été possible qu’avec l’émergence des satellites capables, par les thermographies, de donner des informations sur la température des eaux océaniques de surface (les TSO). Mais il faut également faire état des mesures permettant de connaître la topographie océanique. Le lancement et l’exploitation de Topex-Poséïdon en est l’illustration. C’est en août 1992 que le CNES et la NASA mettent en place le satellite Topex-Poséïdon. Ce satellite va mesurer jour et nuit et en toutes saisons, les marées, les courants marins et les variations du niveau océanique avec une précision exceptionnelle. Topeix-Poséïdon apportera ainsi des informations majeures sur le comportement du milieu maritime dans le cadre de l’évolution climatique du Globe (niveau marin affecté par les fontes glaciaires et la dilatation thermique des surfaces océaniques). En outre, on pénètre de plus en plus les océans en volume, ce qui permet de mieux cerner les mouvements océaniques lents qui peuvent être la clé de modifications climatiques sur le long terme.

La paléoclimatologie du quaternaire : la mémoire des glacesCe sont les travaux de Jean Jouzel et de Claude Lorius (Évolution du climat : du passé récent vers le futur)1 qui seront évoqués ici. Pourquoi les couches de glace sont-elles des archives ? Là est la question dont la réponse est capitale. Les glaces conservent les traces des explosions volcaniques, des explosions nucléaires, des émissions marines et atmosphériques et même des poussières cosmiques. Mais surtout, elles conservent des bulles d’air dans lesquelles se trouvent des gaz significatifs pour les climats : le CO2 et le CH4 (méthane). Ces gaz peuvent rester piégés pendant des centaines de milliers d’années ; les dater, c’est dater les états 1 La Rouge et la Jaune, L’effet de serre, 2000, http://www.lajauneetlarouge.com/article/evolution-du-climat-du-passe-recent-vers-le-futur

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chimiques des atmosphères successives, et donc les climats, à travers les températures. Un tel protocole de recherche implique de sonder les glaces des inlandsis polaires (missions françaises en Terre Adélie à partir des années 1960, travaux à la base de Vostock à l’époque soviétique ; cette base fonctionne toujours). Ainsi, l’analyse des carottes de glaces va-t-elle permettre de fixer les phases climatiques chaudes (forte teneur en CO2) et froides (teneurs faibles). Sur deux cent vingt mille ans avant le présent, l’indissociabilité entre températures et CO2 sera exploitée, permettant de fixer la chronologie de phases de climats alternativement froides et chaudes. Les carottages à Vostok seraient remontés jusqu’à six cent mille BP. On conviendra de l’identité de cette relation avec l’époque actuelle, dans une relation de cause (le CO2) à conséquence (les conditions climatiques). Or, si la nature seule intervient au cours des âges géologiques pour mettre en place le CO2 dans l’atmosphère, l’homme, aujourd’hui, apparaît comme un facteur nouveau d’intervention.

Les enseignements de la modélisationC’est ce que traduisent les courbes de l’évolution des températures et de la charge atmosphérique en CO2 (et autres gaz à effet de serre, dont le méthane), courbes elles-mêmes confrontées à l’explosion démographique récente, génératrice de l’exploitation des énergies fossiles modifiant la chimie atmosphérique par augmentation des gaz à effet de serre. D’où la fameuse courbe en crosse de hockey dite courbe de Mann qui se redresse au milieu du XXe

siècle faisant apparaître l’importance inédite du facteur anthropique. Cette augmentation implique le réchauffement de la planète et le rôle de l’homme qui intervient depuis un peu plus d’un siècle dans le fonctionnement, jusqu’alors naturel, des vicissitudes climatiques. Tel est du moins le constat à partir duquel les modèles prédisent à échéance du siècle à venir, les difficultés, voire les drames majeurs liés à un changement climatique, si l’homme ne modifie pas son comportement. D’où les politiques à mener à l’échelle planétaire. On n’insistera pas sur le lien, fort connu, entre les modélisateurs du climat et les préoccupations géopolitiques que suscitent leurs positions. On s’arrêtera par contre sur le diagnostic en terme de prévision climatique, à l’échéance du siècle, car il s’agit de l’un des éléments centraux de la modélisation.

C’est le GIEC qui reflète le mieux ce diagnostic. Mis en place en 1988, composé de scientifiques et de représentants des États, il est au cœur des résultats des modélisateurs. Ses travaux, d’échelle planétaire, se traduisent par des rapports. Le dernier en date (2007) affirme qu’il y a réchauffement climatique et que ce réchauffement est prévu, à l’échéance de la fin du XXIe siècle, dans une fourchette de 1,8°C à 4°C, selon six scénarios conçus en fonction de diverses hypothèses d’évolutions socioéconomiques (certaines étant plus polluantes que d’autres). Ce qui est important, c’est que le GIEC donne à l’homme (par émission des GES, dont le CO2), une responsabilité majeure dans le réchauffement récent… et dans la poursuite de ce réchauffement. Mais il y a plus. Dans ses projections vers le futur, le GIEC apparaît peu rassurant : hausse très importante du niveau marin à attendre d’une fonte partielle ou totale des glaces du Groenland, ainsi que de l’Antarctique occidental, d’où lourd impact sur les côtes, en particulier deltaïques, dont on sait qu’elles sont parmi les concentrations humaines le plus fortes de la planète. Ces précisions sont cependant assorties d’estimations dans le temps de projection. On convient, en effet, que c’est sur une période de temps allant des siècles aux millénaires, qu’une déglaciation partielle du Groenland, et éventuellement de l’Antarctique occidental, produirait des effets majeurs (augmentation du niveau marin de quatre à sept mètres). Une fonte complète des glaces du Groenland et de l’Antarctique provoquerait des modifications encore plus radicales… mais sur une échelle de temps quasi géologique. À ce compte-là, il est certain que les projections perdent beaucoup de leur pertinence car elles oublient les phénomènes de compensation dont la nature garde le secret. Il n’empêche que

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cette analyse du GIEC interpelle, ne serait-ce que parce que dans les esprits, il y a amalgame entre les pas de temps (le temps long et le temps court).

Certes, l’augmentation globale des températures actuelles va de pair avec une diminution des enneigements et des englacements de hautes latitudes et d’altitude (la tendance de la banquise arctique est au recul, il en est de même pour le permafrost boréal) ; le niveau marin tend à monter, bien qu’inégalement ; des altérations climatiques (sécheresses, inondations, turbulences) peuvent, avec une certaine logique, sinon avec certitude, représenter des indices de changements, etc. Il n’y a cependant rien qui constitue, pour l’instant, un bouleversement impliquant d’ores et déjà un changement climatique radical, du moins à l’échelle d’une ou deux générations, car à l’échelle géologique, le réchauffement actuel revêt une indiscutable brutalité. Cela dit, certains, se dressant contre les conclusions du GIEC et ses prévisions inquiétantes, privilégient l’évolution naturelle du climat et rejettent donc toute explication à caractère anthropique. On entre ainsi dans un débat majeur où les scientifiques s’affrontent.

Les critiques faites aux modélisateurs et les objections à ces critiques L’atmosphère, un milieu chaotiqueDans Le Chaos (2006), après avoir évoqué les expériences météorologiques de Edward Lorenz, Evar Ekeland, un mathématicien, écrit : « Il est maintenant reconnu que la météorologie est un système chaotique et que c’est la raison principale qui rend impossible les prévisions à long terme ». Bien que reconnaissant la pertinence des résultats des modèles, Robert Sadourny, un physicien de l’atmosphère, s’interroge lui aussi (Le climat de la Terre, 1994) sur les conséquences de la structure chaotique de l’atmosphère dans les prévisions et, en particulier, sur la capacité de la modélisation à traiter quantitativement du changement climatique. Si l’aspect chaotique de l’atmosphère est une objection de poids à la capacité, pour les modèles, de prévoir l’avenir à cent ans, à plus forte raison en est-il ainsi à plus longue échéance. Viennent s’ajouter d’autres arguments sur lesquels il convient de s’arrêter.

L’analyse critique des donnéesTrois équipes, situées en Grande-Bretagne et aux États Unis, étudient l’état et l’évolution thermique de la planète. Toutes trois diagnostiquent son réchauffement. Parmi elles, on citera l’Institut Goddard d’Études spatiales de la NASA (USA), dont le climatologue James Hansen est le directeur. Le Goddard Institut utilise plusieurs sources : les stations météorologiques terrestres, des observations nocturnes par satellites, les mesures océaniques, également par satellites. Des données de l’Antarctique sont incorporées à l’ensemble. C’est à partir de ces observations diverses qu’est sortie la température globale de la planète, à l’interface océans-continents-atmosphère.

La principale critique faite à cette approche est la dénonciation d’un réseau d’informations hautement hétérogène, entre autres avec le déséquilibre hémisphère boréal (le plus observé) et hémisphère sud (essentiellement un désert océanique), et aussi l’inégale répartition des océans et des continents. À cela s’ajoutant des collectes hétérogènes du fait de la totale absence d’unité des modes d’observation. La température moyenne de la planète tirée d’un tel processus ne saurait donc, pour les sceptiques, représenter la situation thermique de la Terre, et, à plus forte raison, l’évolution de celle-ci. De plus, critique majeure, cette température moyenne est une abstraction dans la mesure où elle recouvre des espaces dont les réactions thermiques sont, dans les faits, fort différentes.

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On ne saurait nier la force de telles critiques. Cependant, par nécessité, toute la climatologie implique que l’on dépasse cet écueil et que l’on accepte un traitement global et moyenné à partir de données non homogènes. Combien d’atlas climatiques de certaines régions du globe (dont un remarquable atlas climatique russe de l’Asie), seraient impossibles à réaliser si l’on n’acceptait pas cette règle. Aux échelles globales et macro-régionales, il faut donc en passer par là. Cependant, plus on descend dans les échelles spatiales et temporelles, plus le soin doit être pris de maÎtriser la précision des données. Et c’est là où l’on retrouve la limite de la modélisation et la pertinence de l’approche géographique.

La courbe de MannLa courbe des températures moyennes de la planète restituée, de l’An mil à l’année 2000, avec extrapolation ascendante pour les années suivantes, est restée célèbre tant elle exprime l’avènement d’un réchauffement planétaire inédit, qui coïncide avec le déploiement de l’ère industrielle, dont l’effet est spectaculaire à partir du milieu du XXe siècle. C’est cette courbe dite courbe de Mann (la courbe en crosse de hockey dont il a été question plus haut) qui a été adoptée par le GIEC dans son rapport de 2001. Cette courbe qui restait pratiquement plate jusqu’au XXe siècle faisait apparaître de manière saisissante un événement entièrement nouveau auquel l’homme ne pouvait être étranger (utilisation massive des énergies fossiles génératrices de gaz à effet de serre). Ainsi le GIEC devenait-il l’organisme militant en faveur d’un réchauffement d’origine anthropique (ce qu’il confirme, comme on l’a vu, dans son rapport de 2007).

Or, la courbe de Mann a fait l’objet de critiques cinglantes car elle ignorait toutes les vicissitudes thermiques antérieures au XXe siècle, surestimait par conséquent le réchauffement du XXe, et surtout oubliait que des réchauffements aient pu se produire avant ce siècle, qui ne pouvaient avoir que des causes naturelles. Claude Allègre a ironisé sur cette courbe « La courbe de Mann est devenue la mascotte des modélisateurs. ». On a été jusqu’à dire qu’elle était détruite par les mathématiques du fait que celles-ci pouvaient reproduire des courbes en crosses de hockey. Mais, ce qui était particulièrement redoutable pour l’interprétation de cette courbe (donc pour les résultats qu’en tirait le GIEC), c’est que l’on a largement fait état d’un palier thermique de l’hémisphère nord après 2000… au moment où les GES continuaient de progresser. Conclusion, le réchauffement postulé par la courbe de Mann n’était que passager… et ne devait rien aux GES.

En fait, la courbe de Mann a été reprise en 2009. S’il y apparaît une variabilité de la température planétaire là où la courbe antérieure était plate, il apparaît aussi que le réchauffement du XXe siècle reste bel et bien inédit. Au demeurant, avec des hauts et des bas, il se poursuit — comme le record de chaleur de 2011, en France, le prouve — (progression écrasante depuis 1900). On conviendra donc que le fameux plateau thermique (voire le refroidissement) évoqué par Claude Allègre n’est pas au rendez-vous et que la température moyenne de la planète est en tendance ascendante.

Le rôle du CO2 en débatPour certains, le réchauffement climatique est une variation qui s’ajoute à la longue série des variations climatiques naturelles. Le climat a toujours varié, il varie aujourd’hui comme par le passé, l’homme n’y est pour rien. Cette position est illustrée par le physicien Vincent Courtillot pour qui le réchauffement actuel n’est pas dû à l’homme mais aux variations solaires. Toute autre est la position de ceux qui expliquent le réchauffement par l’influence des gaz à effet de serre. Pour eux, c’est la progression dans l’atmosphère de ces gaz (dont le CO2) depuis le début de l’ère industrielle et la forte progression démographique qui l’accompagne, qui expliquent le réchauffement accru. Cette explication fait donc intervenir

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l’homme. Ce que confirme la modélisation des physiciens. Or, cette vision est critiquée parce qu’elle donne une insuffisante prise en compte de la vapeur d’eau et qu’elle néglige le fait que le CO2 ayant une part infime dans la composition de l’atmosphère naturelle, on peut hésiter (même en charge accrue) à lui donner une importance dans le réchauffement (pour le géographe-climatologue Marcel Leroux, avancer l’argument du CO2 était une imposture).

On acceptera cependant, et résolument, la relation admise par les modélisateurs. On remarquera tout d’abord qu’il n’est pas possible de nier que le CO2 (et d’autres GES), en accroissement récent, soit lié à la libération des gaz enfouis dans les énergies fossiles mises brutalement à contribution depuis plus d’un siècle par l’industrialisation. Or, l’industrialisation est bel et bien liée à l’homme. On ne peut donc nier que l’homme injecte dans l’atmosphère des gaz à effet de serre modifiant la chimie atmosphérique. On ne peut donc pas exclure cette modification, des facteurs du réchauffement récent (liens de cause à conséquence). On ne voit donc aucune objection sérieuse à l’idée selon laquelle la charge accrue en GES, du fait de l’intervention nouvelle de l’homme, joue un rôle dans le réchauffement climatique. On rejettera donc l’argument selon lequel le CO2 serait la conséquence du réchauffement et non sa cause, et par conséquent, n’aurait rien à voir dans le réchauffement anthropique que postule le GIEC.

Pour pertinentes que puissent être les questions que l’on se pose : le degré de validité des mesures globales, la portée réelle des résultats des glaciologues, la signification des décrues glaciaires et nivales, les débats sur les courbes thermiques, la relation des GES avec l’homme et le réchauffement climatique, le poids de la vapeur d’eau, aucune n’est susceptible d’entrer dans une doctrine puisque toutes sont des restrictions. Sauf à privilégier les seuls processus naturels, ce qui viderait le débat de toute substance, il n’y a de cohérence que dans l’approche que proposent l’observation des faits et la modélisation. Or, cette cohérence, qui n’exclut pas l’homme (ce que l’auteur de ces lignes privilégie), est inscrite dans le GIEC. Constat capital si l’on constate que cet organisme fait l’objet de graves critiques.

Les critiques adressées au GIECLe climatologue Jean-Pierre Chabin (communication personnelle) résume bien les critiques faites globalement par les négationnistes (climato-sceptiques) au GIEC. Le GIEC est une institution engagée qui s’instaure comme un lieu de pouvoir politique en suggérant des mesures contre le réchauffement climatique. Par ailleurs, des laboratoires profitent de la théorie du réchauffement, par les subsides qu’ils reçoivent pour mener leurs recherches dans le bon sens. Enfin, le réchauffement climatique n’est pas si grave que cela dans la mesure où il va favoriser certaines régions du globe. On ajoutera que la variabilité naturelle du climat minimise, voire condamne dans l’esprit des négationnistes, le poids de l’intervention humaine dont le GIEC fait état. Pour Richard S. Lindzen (professeur de météorologie au MIT, Massachusetts Institute of Technology), le GIEC a été créé pour forger un consensus sur le réchauffement climatique alors qu’il n’y a pas, par l’observation et la modélisation, de base absolument crédible sur les ressorts de ce réchauffement. En particulier, on ne tient pas compte du fait que la vapeur d’eau est le plus puissant des GES et qu’elle se répartit dans l’atmosphère à divers niveaux. Pour Vincent Courtillot, c’est l’énergie solaire et ses variations qui constituent la clé de voûte des vicissitudes climatiques actuelles.

C’est cependant Claude Allègre, par un grand nombre d’interventions dont certaines largement médiatisées et par son livre, L’Imposture climatique, qui apparaît comme le climato-sceptique le plus actif. Pour lui, le climat est imprévisible, il faut l’observer (certes, quel géographe ne serait pas d’accord !) et tenter de s’adapter à sa variabilité. Si l’on se réfère au caractère chaotique de la dynamique atmosphérique, on ne peut rejeter un tel constat. Il s’ensuit, et on peut également suivre le contradicteur sur ce point, que toute prévision

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climatique à échéance centennale est discutable. Cependant, Claude Allègre ne peut être suivi dès lors qu’il ne voit pas dans le réchauffement actuel un lien, au moins probable, avec l’augmentation de l’atmosphère en CO2 (« L’influence majeure du CO2 sur le climat n’est pas démontrée »). D’où la mise en doute du rôle de l’homme. C’est en tout cas l’interprétation, telle que l’auteur de ces lignes la perçoit. Remarque importante dans la mesure où l’on ne sait pas toujours quelle est la conviction du savant… qui, malgré ses hésitations sur le rôle du CO2, n’hésite pas à en recommander le piégeage. C’est à partir de là que l’on entre dans un climato-scepticisme évident : la portée des modèles est réfutée. Même la prévision météorologique modélisée à court terme est contestée (échanges contradictoires entre Claude Allègre et Guy Blanchet), et ceci bien que cette prévision soit globalement très bonne. Le GIEC qui s’appuie sur ces modèles accepte le lien entre réchauffement climatique et CO2 et donc introduit le rôle probable de l’homme, est également rejeté (« Je crois que tous les modèles du GIEC sont conceptuellement assez pauvres, très rustiques et peut-être totalement faux ! »). Claude Allègre, reprenant par ailleurs l’argument populaire si souvent entendu, se demande comment on peut parler d’un éventuel réchauffement climatique dans la mesure où les dix dernières années ont révélé des hivers froids dans l’hémisphère boréal, dont 2008-2009 et 2009-2010 (« On a délibéré à Copenhague [décembre 2009] sur un réchauffement de la planète de 2°C alors qu’une tempête de neige s’abattait sur l’Europe et les États Unis et qu’en bien des régions il faisait soudain un froid polaire »). C’est faire là une confusion dans les échelles spatiales, dans la mesure où les hivers froids sur une partie de la planète… n’affectent pas toute la planète, et plus encore dans les échelles temporelles, avec l’assimilation du temps court des types de temps ou des temps d’une saison avec le temps long des tendances climatiques. Attitude que l’on retrouve lorsque Claude Allègre se demande comment on peut faire des prévisions sur le long terme quand on n’est pas capable d’en faire de bonnes à quelques jours (ce qui est sévère pour les prévisionnistes, comme on vient de le voir). En tout état de cause, ces remarques oublient que le défilé des types de temps, et même le caractère pris par certaines saisons, est d’un tout autre ordre que la prévision des futurs climats.

On voit que la question du réchauffement climatique et de son évolution possible vers un changement de climats n’est pas simple et qu’elle provoque un débat scientifique redoutable. On entre ainsi dans des affrontements que les médias ont attisés et qui ont fini par ébranler la communauté et les institutions scientifiques les plus respectables ; pétition contre les climato-sceptiques, et surtout contre Claude Allègre, présentée au ministère de l’Enseignement supérieur avec arguments à l’appui ; manifestation au sein de l’Académie des Sciences : libres propos d’académiciens où les académiciens de tous bords se sont expliqués et, pour terminer, position de l’Académie rappelant la pertinence de ceux qui professent que la terre se réchauffe et que l’homme n’y est sans doute pas pour rien (rapport diffusé le 28 octobre 2010).

Ce qui a déboussolé le grand public, incapable de savoir si la terre se réchauffe… quand il a froid et, si réchauffement il y a, quelle en est la cause et le degré de risque. Mais, ce qui est beaucoup plus grave, c’est qu’il y a eu, parallèlement, disparition de tout un pan de la climatologie géographique. La répartition des climats du globe (la mosaïque climatique du globe) a disparu, de même que la relation des échelles, du global au local. Dans ces conditions, où en sont les géographes-climatologues ? Ont-ils encore une problématique crédible et porteuse d’avenir ?

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Le retour des géographes-climatologuesLa poursuite des travaux et la position dominanteL’intérêt se confirme pour la climatologie appliquée, au sein des laboratoires, de la Commission Française de Climatologie et de l’AIC. Toutefois, une réflexion théorique est maintenue. Les géographes-climatologues s’interrogent eux aussi sur le réchauffement climatique, mais largement en interne. On doit pouvoir affirmer que la majorité d’entre eux acceptent l’intervention possible de l’homme. Ils insistent cependant sur la part d’incertitude qui domine la question et ses conséquences. On situera dans cette tendance des chercheurs comme Pierre Carrega, Gérard Beltrando, Denis Lamarre (Chroniques de climatologie, dans Historiens et Géographes, et avec Pierre Pagney, dans Climats et Sociétés), Guy Blanchet, Jean-Pierre Chabin, etc. On doit mettre à part l’école de climatologie de Lyon III dont l’inspirateur, aujourd’hui disparu, est Marcel Leroux. Marcel Leroux et ses disciples professent un négationnisme militant assorti d’une vision de la dynamique de l’atmosphère largement basée sur les anticyclones mobiles polaires (les AMP), ce qui privilégie nécessairement les processus de refroidissement. Les climatologues-géographes sont restés, quoi qu’il en soit, hors du grand débat relatif au réchauffement climatique jusqu’à une date très récente. Seules les positions de Marcel Leroux ont été véritablement médiatisées. Ce qui a eu comme conséquence de faire en sorte que tous les géographes ont été catalogués comme étant plus ou moins négationnistes. Ceci d’autant plus que quelques géographes-climatologues se sont rapprochés de l’école de Lyon III (Jean-Pierre Vigneau).

Le négationnisme de quelques géographes-climatologues (et de géographes non climatologues séduits par la contestation) a maintenu l’ensemble de la géographie à la marge. Pourtant, dans les années très récentes, au plus fort du débat entre modélisateurs et climato-sceptiques, les climatologues-géographes semblent être en mesure de se réinvestir et de reprendre, dans le débat général, la place qu’ils n’auraient jamais dû quitter.

Une réaction médiatisée de tonalité climato-sceptique, inspirée par la Société de GéographieL’année 2010 est celle où la Société de Géographie publie dans sa revue La Géographie un numéro où l’on pose la question : « Faut-il s’inquiéter pour la Terre ? », et sous la direction de Sylvie Brunel et de Jean-Robert Pitte, un livre Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête, regroupant le témoignage de quinze géographes. L’ouvrage s’intéresse, à partir du réchauffement climatique, aux questions environnementales. Si de nombreuses et importantes positions prises par les auteurs du livre emportent l’adhésion, il n’en demeure pas moins que l’intention est, pour les inspirateurs, d’aller à l’encontre des modélisateurs (prédisant des difficultés à échéance) et à l’encontre du GIEC (et, par la même occasion, contre les écologistes appelant à sauver la terre, ce qui n’est qu’une outrance d’une interprétation du GIEC, car, comme l’indique judicieusement Alain Miossec dans Faut-il s’inquiéter pour la Terre : « Sans doute manipule-t-on un peu le GIEC en lui faisant dire ce qu’il ne dit qu’avec de nombreuses précautions de langage. »). L’attitude de Giuseppe Rossi, et dans l’ouvrage et dans l’article qu’il signe dans le numéro de la revue La Géographie, sous le titre Brève histoire d’une réussite : le réchauffement climatique (où il parle d’une manipulation d’opinion à l’échelle planétaire !), est claire sur la philosophie de la Société de Géographie. Ce que confirme l’attribution, également en 2010, du Grand Prix de ladite Société à Claude Allègre pour son ouvrage (en collaboration avec Dominique de Montvalon) L’imposture climatique ou la fausse écologie. Par-là, la Société de Géographie bascule bel et bien dans le climato-scepticisme et s’inscrit en opposition avec la majorité des géographes-climatologues, dont on sait qu’ils n’épousent pas les positions négationnistes. On comprend alors les réactions

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virulentes des responsables de la climatologie géographique adressées à Jean-Robert Pitte, président de la Société : Pierre Carrega, président de la commission française Climat et société, et Michel Erpicum, président de l’Association Internationale de Climatologie francophone (AIC), à quoi on ajoutera les protestations de beaucoup d’autres, dont Guy Blanchet. Comme il a été noté par Sylvestre Huet dans Libération en novembre 2010, « Claude Allègre divise les géographes… », on pourrait ajouter, après avoir divisé les membres de l’Académie des Sciences ! L’affaire est trop sérieuse pour que l’on ne s’arrête pas sur ce qui a pu amener certains géographes à s’engager de cette manière dans le débat du réchauffement planétaire.

Disons-le tout net. Nous sommes d’accord pour réagir contre le retour des peurs millénaristes, pour dénoncer l’idée de bouleversements générateurs de catastrophes annoncées. L’auteur de ces lignes, qui se situe entre négationnisme et catastrophisme ne peut, en effet, accepter la perspective, véhiculée dans des journaux à grande diffusion (Paris-Match), d’une montée des eaux marines qui aboutirait à faire de l’extrémité occidentale de l’Armorique… une île, et de mettre la tour Eiffel les pieds dans l’eau (on a vu que les grands inlandsis polaires n’étaient pas à la veille de la fonte). On ne saurait, de même, accepter comme solution à l’arrivée des périls, une politique environnementaliste de récession, alors que, jusqu’à un certain seuil il est vrai, l’homme peut s’adapter aux modifications de son environnement.

Il ne faudrait toutefois pas oublier que la géographie n’est pas faite pour défendre un point de vue, mais pour décrire la réalité et tenter de la comprendre. Le géographe n’a pas à affirmer que tout va plutôt bien ou que tout va mal ; il observe et il constate que la Terre n’est ni en péril extrême ni en parfaite santé. Les réserves que nous affichons à l’égard de l’ouvrage édité par la Société de Géographie et son choix de l’ouvrage de Claude Allègre concernent donc moins le volet environnemental que le volet climatique qui lui est associé.

Force est alors de se tourner vers l’article de climatologie du panel de géographes choisi pour le livre : l’article de Martine Tabeaud intitulé Le réchauffement climatique « c’est grave docteur ? ». Il faut avouer, qu’ajouté à Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête, et à L’imposture climatique, la couleur est annoncée. On ne peut pas trouver beaucoup d’articles dont le libellé soit plus ironiquement sceptique. Le fait est que c’est le scepticisme qui domine le texte de l’une des personnalités les plus médiatisées de la climatologie géographique actuelle. L’explication anthropique du réchauffement semble bien être contestée à partir du constat que « Le réchauffement d’ensemble depuis un siècle et demi s’inscrit dans une fourchette (qui) n’excède pas pour le moment la variabilité naturelle de l’Holocène soit, depuis environ dix mille ans ». En conséquence, le GIEC n’est pas épargné.

On aura compris que l’auteur de ces lignes ne peut adhérer à une telle position, quelle que soit l’estime scientifique qu’il porte à celle qui l’adopte, comme il va le montrer à propos d’autres circonstances.

Un événement prometteur : le colloque des hautes latitudes d’Évian (2010)Ce colloque2, mené avec des spécialistes russes des très hautes latitudes sibériennes, a apporté de précieux enseignements dans le cadre du réchauffement climatique. C’est cependant le débat instauré entre Martine Tabeaud et le vice-président du GIEC, Jean Jouzel, qui retiendra notre attention. Pour Jean Jouzel, l’intervention de l’homme dans le réchauffement global de la planète est, depuis le milieu du XXe siècle, l’hypothèse privilégiée ; l’homme aura à affronter la confirmation de cette situation d’ici la fin du siècle. C’est cette vision globale que Martine Tabeaud entend discuter, du moins en ce qui concerne les échelles d’approche d’un

2 Actes édités en 2011 par Eurcasia, sous la responsabilité de Martine Tabeaud et Alexandre Kislov.

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réchauffement qu’elle admet. Pour elle, les échelles de temps et d’espace ont une importance majeure dans l’affaire. Les projections climatiques (contrairement aux prévisions météorologiques) appartiennent au temps long. Or, ce temps long n’est pas aussi maîtrisable que les modèles climatiques ne le font penser. Il est illusoire, en particulier, de croire pouvoir maîtriser la temporalité des sociétés humaines en direction du futur. La part d’incertitude qui recouvre les échelles temporelles se retrouve avec les échelles spatiales. La globalisation spatiale, qui est le niveau d’approche majeur des modèles, révèle une incomplétude que seule peut combler la descente vers les échelles d’espaces plus fines (les territoires géographiques vont des grands compartiments aux régions puis aux espaces locaux, voire aux espaces micro-climatiques, là où les modèles n’accèdent pas).

Il y a là une position à laquelle l’auteur de ces lignes adhère totalement parce qu’il la considère comme fondamentale dans le débat concernant le réchauffement climatique.

On retrouve ainsi un thème évoqué plus haut et qu’Alain Miossec a parfaitement défini dans son article publié dans La géographie (Faut-il s’inquiéter pour la Terre ?), lorsqu’il souligne que c’est l’emboîtement des échelles qui manque le plus souvent dans les travaux et que ce sont les géographes qui ont leur mot à dire pour remédier à cette carence. Le fait est que la question du réchauffement climatique illustre bien la nécessité de l’investissement des géographes. Une preuve de cette affirmation est donnée par la contribution majeure à la climatologie fine que le couple de géographes Pierre et Gisèle Escourrou livra jadis, à des niveaux d’échelle où les modèles n’avaient pas et risquent de n’avoir jamais accès. D’autres géographes de terrain ont d’ailleurs délivré le même message.

Le colloque de l’AGF 2011Le 22 octobre 2011, l’Association de Géographes français invite à réfléchir sur l’importance de la géographie appliquée aux changements climatiques. Le pluriel est ici significatif du désir de sortir du monolithisme du concept imposé par la modélisation, au bénéfice d’une situation plus nuancée en fonction des échelles. Il vaut de souligner la position défendue par Denis Lamarre dans ce colloque. Le système climatique n’est pas au centre des préoccupations des géographes. C’est avant tout l’affaire des modélisateurs. La géographie intervient à partir du moment où sont abordés les niveaux d’échelle qui articulent le système global, donc là où se dessine la territorialisation climatique, dans laquelle s’insèrent la présence et l’activité humaine. C’est à partir de là que l’on débouche sur les différents climats de la Terre et sur leurs potentialités. On aboutit alors au diptyque fondamentalement géographique que constitue le lien entre climats et sociétés. L’auteur de ces lignes adhère à cette position, qui permet, aux niveaux d’échelle inférieurs à l’échelle globale de la modélisation, de réinvestir la climatologie dynamique (ou synoptique).

Climatologie et géographieArrivés à ce point de l’analyse, nous devons pouvoir cerner la position de la climatologie des géographes. Elle s’insère avec son originalité dans la science des climats ; elle n’est pas en marge de cette science. L’auteur de ces lignes, au moment où s’impose la nécessité de sortir du tumulte scientifique et médiatique dans lequel sont plongés les scientifiques en général et les géographes en particulier, et après cinquante-cinq ans de pratique de cette spécialité, doit prendre ici ses responsabilités.

La géographie est une discipline qui se situe entre le milieu naturel et l’homme, ce qui revient au dialogue entre géographes physiciens et géographes humains. C’est ce qui a été tenté par l’auteur, en collaboration avec Denis Lamarre, dans Climats et Sociétés. Toute attitude tendant à éloigner ces deux pôles l’un de l’autre, est une erreur. C’est dans le diptyque géographie physique/géographie humaine que se situe la climatologie des géographes, celle

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qui appelle au cloisonnement de la Terre en faciès imposés par les facteurs géographiques ; sphéricité de la Terre en relation avec la radiation solaire, répartition des continents et des océans, reliefs, végétations, étant donné que l’emprise de plus en plus grande de l’homme sur les milieux fait qu’il est lui-même un facteur du climat, en même temps qu’il y est de plus en plus contraint. Ainsi, la climatologie géographique balaie-t-elle toutes les échelles de l’espace. À travers le jeu des échelles, la climatologie est bel et bien d’essence géographique, son expression la plus courante étant la mosaïque climatique du globe.

Ce que les modélisateurs affrontent essentiellement, c’est la climatologie globale (le réchauffement de la planète) et la climatologie des grands compartiments zonaux. Les échelles régionales et locales sont largement en dehors de leurs analyses, sauf par touches et non dans la cohérence de la mosaïque climatique. Pour Jean Jouzel, c’est une approche sur laquelle la modélisation devra se pencher. Or, la question qui se pose est celle de savoir si les modèles sont susceptibles d’entrer dans toute la complexité que postulent les échelles fines, du fait de la multiplicité de facteurs singuliers, souvent propres à une région, dont les géographes de terrain sont le mieux faits pour les connaître et les exploiter. La tâche menée par le géographe-climatologue Gérard Staron dans le but d’obtenir une prévision météorologique pertinente dans une région fortement contrastée, aide à préciser ce point de vue (communication personnelle). Pour lui, certes, il est impossible de se passer des modèles. Ils fournissent le cadre général de la circulation atmosphérique et des indications relatives aux perturbations, aux températures et aux vents. Cependant, une prévision fine appliquée à une région montagneuse et morcelée (les départements de la Loire, de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme) implique des connaissances géographiques précises et la familiarité avec les particularités de chaque type de temps, trajectoires de perturbations, comportement des orages, etc. Le fait est que Gérard Staron sait « comment réagit chaque petit ensemble régional » et d’ajouter « Il y a là un dosage en fonction de la géographie très important, qui ne s’acquiert qu’au bout de nombreuses années, ce que les modèles ne fournissent pas ou mal ». À cela on ajoutera encore une remarque : « C’est en plaine qu’il est bien plus facile de faire des prévisions, car les indications du modèle sont peu déformées ». Autrement dit, plus le relief est complexe, plus le savoir-faire du géographe est amené à remplacer celui du modélisateur.

On est bien là au cœur de notre problématique, même si l’on a conscience que l’exemple choisi relève de la modélisation météorologique et non de la modélisation climatique qui est l’objet des réflexions : le rôle incontournable du géographe-climatologue aux échelles le plus habituelles de l’état et de l’activité humaines. Ce qui n’empêche pas le géographe-climatologue d’avoir une authentique qualification à maîtriser la dynamique climatique à l’échelle de la planète. Si les modélisateurs étaient plus conscients des raisons pour lesquelles l’Himalaya est puissamment enneigé et englacé, ils seraient plus prudents sur le temps et le niveau de recul de ces neiges et de ces glaces, dans le cadre du réchauffement climatique. Ils sauraient, en effet, qu’il convient de tenir le plus grand compte de la puissance de la mousson pluvieuse (l’eau est avec la température, une composante obligée de la neige) dont la conjonction avec l’importance des reliefs constitue une constante favorable à un enneigement et à un englacement qui ne sont pas prêts de disparaître. Ou c’est tout le dispositif de l’Asie des moussons qui est en cause. Quels sont alors les positions que doivent prendre les géographes-climatologues devant une situation aussi compliquée ? La réponse est double : ils ne doivent pas s’enfermer dans quelque système d’analyse que ce soit ; en conséquence (et là est la seconde réponse), ils ne doivent ignorer aucun fait et n’éluder aucun de ceux qui peuvent les plonger dans des situations contradictoires. Ils doivent affronter les certitudes, les probabilités, les incertitudes… et les ignorances.

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Les certitudesLe réchauffement climatique global et sa corrélation avec une charge accrue en GES ; la régression des glaces polaires continentales et maritimes (notamment la banquise estivale de l’océan arctique) ; la régression des glaces d’altitude (montagnes des latitudes moyennes, montagnes tropicales) ; la montée des eaux marines (eaux de fusion glaciaire, eaux de dilatation thermique) ; la modification des écosystèmes (le témoignage des chercheurs russes au colloque d’Évian : fusion du permafrost, modification de l’hydrologie des fleuves arctiques, en est une excellente illustration).

Les probabilitésLe rôle de l’homme dans le réchauffement récent, la question restant en suspens sur la part qu’il prend dans ce réchauffement, dans la mesure où les processus naturels continuent de jouer. On doit cependant prendre au sérieux la position du GIEC, réaffirmée à Évian par Jean Jouzel, dans la mesure où l’accroissement de l’atmosphère en GES coïncide globalement avec un fort gradient de réchauffement statistique. Les contestations sur les courbes ne sauraient effacer l’implacabilité de ce constat.

Les remarques qui précèdent expriment un certain accord avec les conclusions des modélisateurs, dont il a été pourtant souligné qu’ils ont marginalisé les géographes-climatologues. C’est que l’on en est arrivé au point où ceux-ci n’ont pas d’objection majeure à formuler quant à la cohérence concernant le réchauffement climatique vu par les modélisateurs, sauf à refuser les conclusions catastrophistes par projections discutables en direction d’un futur largement incertain et à refuser un schéma monolithique que les facteurs géographiques diversifient, au point de créer des évolutions différentielles dans le cadre du réchauffement, voire contradictoires. C’est dire que cet accord avec les modélisateurs n’est que partiel, dans la mesure où ils ne balaient pas toutes les échelles de la climatologie et plus précisément les échelles régionales et locales ; constat essentiel, car il ouvre sur une large palette d’incertitudes, dont toutes n’ont pas été soulevées par les modélisateurs.

Les incertitudesOn n’insistera pas ici sur des points fort connus. Les modèles donnent une projection d’augmentation thermique, à l’échelle du siècle (1,8 à 4°C : ces bornes varient selon les estimations mais restent dans un écart de un à quatre), qui fait que certains maintiennent la prédiction dans le maniable, alors que d’autres prédisent des bouleversements. Cette limite de capacité des modèles généraux s’explique par la difficulté d’intégrer certains facteurs : nuages, phénomènes volcaniques avec intrusion d’aérosols dans l’atmosphère, phénomènes sociétaux, mais aussi de maîtriser les niveaux d’échelles spatiaux. Ce n’est pas tout. En effet, et on n’insiste en général pas suffisamment sur ce point, les mécanismes et les caractères des climats du globe, observés avant toute influence possible de l’homme, demeurent aujourd’hui la règle.

En l’état actuel des choses, on ne signale aucun bouleversement général (la mosaïque climatique du globe n’est pas d’ores et déjà remise en cause), mais bien plutôt des retouches dont certaines sont, certes majeures (la décrue de la banquise arctique, la fonte accélérée du permafrost), mais dont d’autres demeurent modestes, voire insignifiantes. On signalera à ce propos les travaux de Françoise Pagney-Bénito-Espinal. Si le réchauffement climatique est reconnu sur les Antilles, rien d’essentiel ne change pour l’instant, dans les caractères d’un climat bien typé, par rapport à ce qu’ont décrit des observateurs des siècles précédents, qu’il s’agisse du rythme des pluies saisonnières, de leurs excès, de leurs indigences ou du comportement des cyclones. Au point que les modifications environnementales observées par rapport au passé apparaissent comme étant beaucoup plus le fait de l’homme, avec empreinte

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due à la colonisation (espèces végétales importées, érosion des sols accrue du fait de modes de cultures agressifs, etc.), que du fait d’une évolution du climat. Ce qui n’empêche pas de constater certains écarts par rapport au schéma de circulation.

Ces remarques sont essentielles car elles doivent permettre de mieux comprendre des paradoxes, dont le fait que des hivers classiques peuvent être significatifs aux latitudes moyennes boréales, alors que l’hémisphère nord se réchauffe... et que sa banquise se rétracte. Le maintien d’hivers aux latitudes dites tempérées, la manifestation de coups de froid sévères jusque dans des régions tropicales (Antilles) constituent un dispositif qui interpelle. Certes, au moment où l’on observe un refroidissement particulièrement profond en un lieu de la planète, d’autres lieux sont affectés par le phénomène inverse. Ceci, dans le cadre d’un réchauffement global incontournable. Il ne faut cependant pas en rester à l’idée selon laquelle ces hivers sévères ne méritent pas attention. En fait, ils entrent dans cette complexité qui est la marque du réchauffement actuel.

Les hivers boréaux récents, dont l’hiver 2010-2011, spécialement froid aux latitudes moyennes (Europe, USA, Canada) en janvier-février 2011, pendant que les températures sont positives en Islande, interpellent. N’assiste-t-on pas à des descentes froides d’origine continentale sur l’Europe de l’Ouest et des remontées chaudes sur l’Atlantique en direction des régions polaires (puissante circulation méridienne) qui donnent le 22 janvier 2011, jusqu’à +7°C à Reykjavik et -15°C à Montréal, le même différentiel pouvant être noté le 29 janvier 2011 où on enregistre +3°C à Reykjavik, quand Montréal est à -10°. C’est cependant l’hiver 2011-2012 qui doit nous retenir tout particulièrement. Après une entrée d’une grande douceur, cet hiver vient de se manifester par une vague de froid que l’on peut considérer comme l’une des plus sévères des dernières décennies. On est ainsi passé de manière abrupte (que les scientifiques n’expliquent pas) au froid intense, le renversement de tendance se situant à la fin du mois de janvier, de sorte que la vague de froid s’est déployée sur la première quinzaine de février 2012. Elle correspondait à une puissante invasion d’air polaire issu du continent eurasiatique, corrélatif d’un puissant anticyclone, d’où un renforcement radiatif du froid au fil des jours et une injection advective en direction de l’Europe occidentale, y compris méditerranéenne. Moscou et Kiev restent le plus souvent largement en dessous de -15°C. La France est prise dans le gel (étendues d’eau et cours d’eau, dont la Loire, la Saône, etc.). Paris connait des minima de l’ordre de -7, -8°C… que l’on retrouve aussi à l’occasion à Madrid. C’est que l’Europe méditerranéenne est elle-même durement affectée (neige et froid en Provence, en Italie où Rome connaît la neige, etc.). La référence à 1956 devient irrésistible. Mais, et c’est là où l’on retrouve la situation d’hivers précédents, l’Islande est alors dans la douceur, certes toute relative, avec des températures qui, à Reykjavik, oscillent le plus souvent entre +3 et +6°C. Il arrive que toutes les stations islandaises aient simultanément des températures positives. C’est que l’on est en présence d’une circulation atmosphérique bloquée méridienne, telle que si l’Europe est sous le vent de masses d’airs continentales de nord-nord-est, l’Islande est sous le vent de l’air venu de l’Atlantique. Ce qui ne peut manquer d’interpeler dans le contexte de régression globale des glaces arctiques.

Deux types d’événements sont donc à prendre en compte. Tout d’abord, le maintien d’hivers rudes de forte extension (dans le cas qui vient d’être évoqué, le Japon est fortement concerné par le froid et la neige). Certains scientifiques justifient ces hivers profonds en les liant à la fonte de la banquise arctique d’été. Elle les favoriserait à partir d’un jeu de transfert de flux d’énergie qui modifie la circulation atmosphérique aboutissant à une oscillation arctique négative, c’est-à-dire à cette circulation méridienne que l’on observe effectivement. Or, si l’on s’en tient à l’analyse synoptique pratiquée par les géographes-climatologues, on peut comprendre la juxtaposition de la froidure du continent eurasiatique et de la douceur islandaise (ce qui est le deuxième type d’événement à prendre en compte) par une circulation

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méridienne de nord sur le continent eurasiatique et de sud sur l’océan, comme on l’a souligné ci-dessus. L’Islande est alors sous l’influence de l’Atlantique.

On assiste finalement au maintien de laboratoires de froid (le laboratoire eurasiatique), même si les sources n’en sont pas nécessairement polaires, et à une banquise minorée soumise aux remontées chaudes ! Autrement dit, le réchauffement climatique s’inscrit dans une dynamique conservatoire qui maintient présents les processus radiatifs et les mouvements atmosphériques classiques. Évidence… mais les évidences sont trop souvent ignorées.

C’est donc, pour l’instant encore, au primat des facteurs climatiques normaux que l’on a affaire, affectés depuis peu par l’inclusion du facteur humain. Aussi ne peut-on insister sur ce dernier sans tenir compte du fait que le jeu des climats reste dominé, avant tout, par les facteurs cosmiques, planétaires et géographiques connus, les facteurs planétaires étant les seuls où le rôle de l’homme puisse se manifester avec la modification de la chimie atmosphérique. Il ne peut donc être question pour nous de donner crédit sans partage à l’extrapolation à cent ans (et à plus forte raison à l’échelle de plusieurs siècles), des courbes qu’expriment les simulations. Il y a trop de faits dont la nature et le poids sont inconnus et qui peuvent peser sur les événements futurs pour que l’on adopte une attitude par trop affirmative. Des effets de compensation sont là, parmi lesquels la prise de conscience des hommes (application du principe de précaution), mais surtout les phénomènes naturels comme le maintien des laboratoires de froids saisonniers ou de froid permanent (la résistance des inlandsis). Car les incertitudes sont inscrites à la fois dans les facteurs naturels et humains. Il convient donc, sachant cela, de diminuer le poids des incertitudes en les affrontant de toutes parts ; ce qui ne peut se concevoir que si l’on n’élude aucun des moyens propres à y parvenir.

Collaboration entre diverses approches de la climatologieLe spectacle de climatologues qui se déchirent ou s’opposent n’est pas soutenable. La solution est dans l’acceptation conjointe des approches : climatologie analytique, climatologie synoptique, climatologie diagnostique, modélisation. Il est extrêmement regrettable que l’on assiste actuellement à un démantèlement des postes d’observation météorologique en France, comme le déplore Guy Blanchet : plus d’observations humaines à Lyon-Bron. À partir de 2012, rien que dans le Massif Central disparaîtront les stations de Vichy, Guéret, Saint-Yan, Saint-Étienne, Le Puy, Aubenas, Millau, Mende. Il n’y aura plus d’observation humaine au mont Aigoual. La tendance est claire : réduire l’observation à l’automatisme et surtout se fier aux modèles pour construire les faits. Il y a là une négation de la climatologie observationnelle dans ce qu’elle a d’essentiel, ce qui correspond à une mutilation d’un aspect de la climatologie de base, dont les géographes ne sont pas les seuls défenseurs. En heureuse contradiction avec cette attitude est celle de l’exploitation d’archives météorologiques exhumées et dont le traitement va permettre de caler les résultats des modèles. On est, ici, dans cette collaboration entre les méthodes qui nous paraît être la base même des avancées futures. Au demeurant, cette approche rejoint celle qui a été appliquée par l’auteur de ces lignes et le comte Charles Roche-Bruyn dans l’exploitation des observations météorologiques faites quotidiennement en Bourgogne, pendant vingt années du Petit Âge glaciaire sous Louis XV, par un ancêtre de ce dernier. La méthode, qui a porté ses fruits, était de transposer les descriptions quotidiennes du temps vécu par un notable du vignoble, en temps météorologiques. Il n’était, en effet, pas difficile, étant donnée la pertinence des faits observés au jour le jour, de restituer les conditions cycloniques, anticycloniques, les tendances thermométriques, les temps calmes ou tumultueux, etc. Le Petit Âge glaciaire, en cette province française, est alors apparu avec des nuances auxquelles des travaux généraux ne pouvaient permettre d’accéder. La solution est aussi dans la définition des objectifs. La

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climatologie est, en ce sens, inséparable de ses connections avec les bilans de l’eau, l’optimisation de l’agriculture et plus largement avec tout ce qui touche aux relations de l’homme avec son milieu. Seule la chaîne établie entre ces différentes approches peut constituer la synthèse doctrinale susceptible d’apaiser les tensions et de fournir un outil puissant de recherche recouvrant tous les espaces et toutes les caractéristiques d’un milieu extraordinairement complexe.

Les géographes-climatologues doivent être désormais réintroduits dans un espace scientifique qui, sans eux, laisserait une part d’incomplétude. Leur place est, entre autres, à part entière dans le GIEC. En effet, leur vocation de naturaliste les dispose tout particulièrement à intervenir dans le groupe 2, le plus géographique des trois groupes qui articulent cette instance internationale dont les travaux sont incontournables.

BibliographieOn ne rappellera dans ces éléments bibliographiques que des parutions 2010 et 2011.

Allègre Cl., Montvalon D. de, 2010. L’imposture climatique ou la fausse écologie. Paris, Plon, 293 p.

Brunel S., Pitte J.-R., 2010. Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête. Paris, Lattès, 353 p.

Garnier E., 2010. Les dérangements du temps, 500 ans de chaud et de froid en Europe. Paris Plon, 244 p.

Jeandel C., Mosseri R. (dir.), 2011. Le climat à découvert, outils et méthodes en recherche climatique. Paris, CNRS éditions, 285 p.

Le Treut H., 2009. Nouveau climat sur la Terre, Paris, Flammarion, 232 p.

Orsenna É., Petit M. (présentateurs d’un ensemble d’interventions), 2011. Climat : une planète et des hommes. Paris, Le Cherche Midi, 336 p.

Pagney P., 2010. Le réchauffement climatique, l’évolution des milieux physiques et leurs conséquences humaines - Le bilan du colloque : éléments pour un bilan du changement climatique dans les Nords. Quatrièmes dialogues européens d’Évian, 27-29 mai 2010.

Société de Géographie, 2010. Faut-il s’inquiéter pour la Terre ? La Géographie, n°1535, Paris, p. 7.

Société de Géographie, 2011. Discours de J.-R. Pitte et Cl. Allègre à propos de la remise à Cl. Allègre du Grand Prix de la Société de Géographie. Bulletin de liaison des membres de la Société de Géographie, n°13, pp. 28-29.

Staune J., 2010. La science en otage. Paris, Presses de la Renaissance, 368 p.

Référence électroniquePierre Pagney, La climatologie française, la modélisation des climats et le réchauffement climatique : la climatologie en question, ÉchoGéo [En ligne], 22 | 2013, mis en ligne le 30 janvier 2013, consulté le 12 mars 2013. URL : http://echogeo.revues.org/13273; DOI: 10.4000/echogeo.13273.

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En définitive, je ne fais aujourd’hui plus de distinction entre ma formation universitaire et ma formation militaire. C’est à une réflexion croisée que j’aboutis et qui me paraît être la phase ultime d’une longue vie dominée par un double engagement.

Fait à Dijon, le 1er mai 2013

Pierre PAGNEY