Chroniques d'Archives numéro 16

16
16 La diversité des fonds d’archives est une nouvelle fois mise en relief dans ce nouveau numéro : au fil des pages, il vous convie à un périple dans le temps et dans l’espace. Qu’il s’agisse d’une commémoration, comme celle de la loi de 1913 sur les monuments historiques, ou bien les quarante ans du parc national des Écrins, que ce soit une actualité comme l’acquisition de documents sur les guerres de Religion en Dauphiné ou la mise en ligne des registres matricules militaires, les prétextes sont nombreux pour vous faire découvrir les richesses inépuisables des Archives de l’Isère. Outre une approche purement historique et patrimoniale, on peut aussi lire chacun de ces articles à travers le prisme de notre actualité, nationale ou internationale : la terrible spirale des conflits religieux tournant à la guerre civile est hélas toujours active ; les pages des registres matricules à présent offertes aux internautes font revivre le souvenir des 19000 militaires isérois tombés durant la Première guerre mondiale, dont le centenaire sera marqué l’an prochain par de nombreuses manifestations en Isère, en particulier l’exposition préparée par le Musée dauphinois et les Archives. La consultation des états de service de ces milliers d’hommes révèle des mines d’informations à tous ceux qui s’intéressent à leur histoire familiale. Plus près de notre vie quotidienne, on découvrira parmi les entrées les plus récentes, les archives produites par une structure culturelle emblématique de Grenoble, le Centre dramatique national des Alpes. Je vous signale que dorénavant la version en ligne de Chroniques d’Archives est accompagnée d’une nouvelle rubrique intitulée « Pour aller plus loin » dans laquelle vous trouverez les reproductions de documents jugés intéressants qui n’ont pu être insérées faute de place. Je vous invite à aller les consulter sur www.archives-isere.fr. Très bonne lecture. Hélène Viallet, directrice NUMÉRO LETTRE D’INFORMATION DES ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE L’ISÈRE SEPTEMBRE 2013 Chroniques d’Archives Dossier / Monuments historiques : une loi centenaire Le Point sur... Là-haut sur la montagne : le parc national des Écrins / Une belle acquisition. La lettre du baron des Adrets à Bertrand de Simiane, baron de Gordes, lieutenant du gouverneur du Dauphiné / Derniers instruments de recherche... Mise en ligne des registres matricules / Versement du Centre dramatique national des Alpes (CDNA) Le Billet de Luce Avatar

description

Lettre d'information des Archives départementales de l'Isère. Au programme de ce numéro : le centenaire de la loi sur les Monuments historiques, les 40 ans du Parc des Ecrins, le baron des Adrets et le Dauphiné, les archives du centre dramatique national des Alpes, le billet de Luce intitulé "Avatar".

Transcript of Chroniques d'Archives numéro 16

Page 1: Chroniques d'Archives numéro 16

16 La diversité des fonds d’archives est une nouvelle fois mise en relief dans ce nouveau numéro : au

fil des pages, il vous convie à un périple dans le temps et dans l’espace. Qu’il s’agisse d’une

commémoration, comme celle de la loi de 1913 sur les monuments historiques, ou bien les quarante

ans du parc national des Écrins, que ce soit une actualité comme l’acquisition de documents sur les

guerres de Religion en Dauphiné ou la mise en ligne des registres matricules militaires, les prétextes

sont nombreux pour vous faire découvrir les richesses inépuisables des Archives de l’Isère.

Outre une approche purement historique et patrimoniale, on peut aussi lire chacun de ces articles

à travers le prisme de notre actualité, nationale ou internationale : la terrible spirale des conflits

religieux tournant à la guerre civile est hélas toujours active ; les pages des registres matricules à

présent offertes aux internautes font revivre le souvenir des 19000 militaires isérois tombés durant

la Première guerre mondiale, dont le centenaire sera marqué l’an prochain par de nombreuses

manifestations en Isère, en particulier l’exposition préparée par le Musée dauphinois et les Archives.

La consultation des états de service de ces milliers d’hommes révèle des mines d’informations à

tous ceux qui s’intéressent à leur histoire familiale.

Plus près de notre vie quotidienne, on découvrira parmi les entrées les plus récentes, les archives

produites par une structure culturelle emblématique de Grenoble, le Centre dramatique national

des Alpes. Je vous signale que dorénavant la version en ligne de Chroniques d’Archives est

accompagnée d’une nouvelle rubrique intitulée « Pour aller plus loin » dans laquelle vous trouverez

les reproductions de documents jugés intéressants qui n’ont pu être insérées faute de place. Je vous

invite à aller les consulter sur www.archives-isere.fr.

Très bonne lecture.

Hélène Viallet, directrice

NUMÉRO

LETTRE D’INFORMATION DES ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE L’ISÈRE SEPTEMBRE 2013Chroniquesd’Archives

Dossier /

Monuments historiques :une loi centenaire

Le Point sur...

Là-haut sur la montagne : le parc national des Écrins / Une belle acquisition. La lettre du barondes Adrets à Bertrand de Simiane, baron de Gordes, lieutenant du gouverneur du Dauphiné /

Derniers instruments de recherche...Mise en ligne des registres matricules /Versement du Centre dramatique national des Alpes (CDNA)

Le Billet de Luce

Avatar

Page 2: Chroniques d'Archives numéro 16

Dossier

La notion de monument historique, si familière aujourd’hui, n’a pas toujours été évidente, et si nous célébrons « 100 ans de protection » avec l’anniversaire de la loi de 1913 sur les monuments historiques lors de ces trentièmes Journées européennes du Patrimoine, ce texte mit plus d’un siècle à voir le jour.

PrémicesParadoxalement, c’est à la Révolution Française quenous devons et la notion et le terme de Monumentshistoriques, utilisé pour la première fois en 1790 àl’Assemblée constituante. Auparavant, chaque gé-nération construisait selon le goût de l’époque, sanshésiter à modifier ou « embellir », voire à démolir etreconstruire les monuments hérités des générationsprécédentes. À la Révolution, les bouleversementsont été tels, les ruptures avec le passé si évidentesaux contemporains que la question de l’héritage mo-numental et artistique s’est très vite imposée : enmême temps que l’idée de Nation s’affirme celle de lapropriété collective des monuments et œuvres d’artdu passé. Parmi les biens nationaux constitués à lasuite de la nationalisation des biens du clergé (octo-bre 1790), des émigrés (novembre 1791) et de la Cou-ronne (septembre 1792), se trouvaient de nombreuxédifices qui ont alors changé de propriétaire, voirede fonction. Très rapidement se mettent en place destentatives d’inventaire des monuments à sauvegar-der, tentatives avortées car trop ambitieuses.

Monuments historiques : À l’avènement de la Monarchie de Juillet, les monu-ments, pour certains abandonnés, non ou mal entre-tenus depuis la Révolution ou même utilisés commeréserve de matériaux, sont voués à la ruine. C’estalors que, parallèlement aux débuts du romantismequi met le Moyen Âge à la mode, il devient évident quela conservation monumentale doit être assurée parl’État. Déjà, en 1819, une ligne affectée aux Monumentshistoriques est prévue au budget du ministère del’Intérieur. C’est en 1830 qu’est créé le service desMonuments historiques. Débuts modestes puisque luiest affecté un unique fonctionnaire : un inspecteurgénéral attaché au ministère de l’Intérieur et chargéd’inventorier les monuments et d’en assurer la sau-vegarde, tâche écrasante pour un seul homme.

Et voici Mérimée…Les deux premiers inspecteurs, Ludovic Vitet puis,dès 1834 et jusqu’en 1852, Prosper Mérimée, réus-sissent une œuvre considérable malgré des moyensprécaires. Mérimée se rendra à plusieurs reprisesen Isère, en particulier à Vienne à au moins six re-prises, et ses lettres et rapports, dont l’essentiel aété publié en 1979 dans l’ouvrage de Jean Mallion,Prosper Mérimée et les Monuments du Dauphiné,offrent une description saisissante de l’état des mo-numents en Isère. Le mouvement est lancé et, en unsiècle, le service des Monuments historique devientune administration à part entière, dotée d’un budgetet d’un personnel compétent. Mais que d’énergie dé-ployée pour y arriver !

12 T1/58

Il y a deux choses dans un édifice : son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde.

VICTOR HUGO

« Sur la destruction des monuments en France » 1825.

Page 3: Chroniques d'Archives numéro 16

Décrire et classerÀ partir de 1837, la commission des Monuments his-toriques instituée auprès du ministère de l’Intérieuret présidée par Vitet, vient épauler Mérimée : elle estchargée de statuer sur le classement des édifices.C’est en effet à cette date qu’apparaît le terme declassement, désignant à l’origine uniquement un or-dre de priorité parmi les monuments afin de répartirles subventions affectées pour les préserver de laruine.

En 1840, la commission publie sa première liste. Pourl’Isère, n’y figurent que des édifices situés à Vienne(deux églises : Saint-Maurice et Saint-André-le-Bas ;trois antiquités : le temple d’Auguste et Livie, les es-caliers et le théâtre) et à Saint-Chef (église Saint-Theudère). La cathédrale Notre-Dame de Grenobleet le château de Lesdiguières à Vizille n’entrent dansla liste qu’en 1848, le palais du Parlement en 1889.

Outre le rôle majeur officiellement confié aux sociétéssavantes locales, des correspondants du ministèrede l’Intérieur pour la conservation des monumentshistoriques sont peu à peu désignés dans chaquedépartement. En Isère, Thomas Mermet, dit MermetAiné, est officiellement nommé le 25 octobre 1839,puis une commission départementale « dite des Mo-numents historiques » est instituée en 1872 [12T1/3]pour « 1° classer les monuments historiques par or-dre de mérite artistique, archéologique ou historique ;2° indiquer ceux de ces monuments auxquels le dé-partement doit attacher assez d’importance pour enassurer la conservation ; 3°déterminer les mesures

une loi centenaire

8° 2930

à prendre pour assurer la conservation de ces mo-numents avec ou sans le secours du département ».Ce dernier point traduit bien la principale difficultéalors rencontrée : qui finance les réparations, l’en-tretien ? Le département, les communes, l’État ? Etdans quelle proportion? Mérimée, dans une lettre aupréfet de l’Isère du 20 janvier 1841, « regrette bienque le département de l’Isère se borne à des vœux,au lieu de voter des fond pour l’entretien de ses mo-numents » [21T1/33].

RestaurerAprès la première étape, décrire et classer selonl’urgence, il faut alors consolider et empêcher laruine. Pour ce faire, il est essentiel de disposer d’ar-chitectes aptes à intervenir sur des bâtiments essen -tiellement médiévaux. Depuis plusieurs décennies,les travaux exécutés sur les bâtiments départemen-taux sont dirigés par les architectes des Bâtimentscivils : à Grenoble, les travaux consécutifs à la miseen place des nouvelles instances judiciaires au palaisdu Parlement en 1806 sont conduits par Lallié, l’in-génieur en chef du département. L’administration descultes supervise l’entretien des églises. La commissionnationale envoie dans les départements des archi-tectes qui ont sa confiance (tel le jeune Viollet-le-Duc)diriger les travaux des édifices les plus embléma-tiques, notamment les grandes églises gothiques. C’estainsi qu’en 1842 Charles-Auguste Questel, futur ar-chitecte de l’hôtel de préfecture de Grenoble, est in-vité à diriger les travaux de Saint-Maurice-de-Vienne.

12 T1/33

7 Fi 343/b

12 T1/52

Page 4: Chroniques d'Archives numéro 16

Mais les heurts sont fréquents avec les architectesdu cru, soutenus par les autorités locales, préfet etmunicipalités : on peut lire, dans les procès-verbauxde réunion de la commission des Monuments histo-riques, en date du 1er septembre 1848, que « le pré-fet de l’Isère non seulement croit devoir déplacer lesarchitectes nommés par le ministre pour leur donnerdes successeurs de son choix, mais même il changeles projets de restauration adoptés par la commis-sion », notamment à Saint-Chef et Saint-Antoine.

Il faudra attendre 1887 pour que soit mis en placeun enseignement d’architecture médiévale et 1893pour que soit organisé le premier concours de re-crutement d’architectes en chef des Monuments his-toriques.

Mais inspecteurs et architectes, même avec un bud-get, ne peuvent rien sans une doctrine donnant uncadre à leurs interventions. Là encore, après de mul-tiples tâtonnements, retours en arrière et interven-tions ratées, se dessinent peu à peu les grandeslignes de ce qui deviendra la doctrine officielle del’administration des Monuments historiques. Toutd’abord, quel édifice doit-on classer? L’intérêt artis-tique a d’abord primé, puis l’intérêt historique. Lesprincipes qui guident la restauration ont eux aussiévolué : doit-on privilégier la consolidation en l’étatou rendre à l’édifice son aspect initial, souvent diffi-cile à connaître ? À côté de réussites incontestables,les excès de la seconde solution, préconisée parViollet-le-Duc, ont conduit peu à peu à se limiter à lastricte conservation.

Dossier

LégiférerLa protection conférée aux monuments par le clas-sement demeura longtemps illusoire, faute de moyensfinanciers et coercitifs. Ce n’est qu’en 1887 qu’uneloi vient donner à l’administration les moyens indis-pensables d’appliquer ces principes : furent alorsréunies en un unique texte législatif toutes les déci-sions ministérielles souvent restées lettre morte.

La loi du 30 mars 1887 fixe pour la première fois lescritères et la procédure de classement. Encore pru-dente, elle contient en germe toutes les dispositionsqui fondent notre droit actuel en matière patrimo-niale. Elle stipule que le classement ne pourra s’ap-pliquer qu’aux monuments d’intérêt national et ap-partenant à une personne publique  ; pour classerune propriété privée, l’adhésion du propriétaire seranécessaire ; seul l’État aura pouvoir d’autoriser destravaux touchant des monuments classés.

La prise de conscience des insuffisances de ce texteet le bouleversement que constitue la loi du 9 dé-cembre 1905 portant séparation des églises et del’État rendent rapidement nécessaire l’élaborationd’un texte plus ambitieux : c’est la loi du 31 décembre1913 sur les monuments historiques, dont nous cé-lébrons le centenaire. Le caractère d’intérêt histo-rique n’est plus exigé pour le classement, l’intérêtpublic, notion beaucoup plus large, suffit désormais ;le classement d’office, jusqu’alors exceptionnel, de-vient une mesure normale; l’État a la possibilité declasser une propriété privée malgré l’opposition dupropriétaire ; des sanctions pénales assurent une

Monuments historiques :

13 Fi 627

Page 5: Chroniques d'Archives numéro 16

protection efficace ; l’instance de classement interditau propriétaire de modifier un édifice dès lors qu’ilest proposé pour figurer sur la liste des monumentshistoriques ; enfin l’inscription à l’inventaire sup-plémentaire permet à l’État de surveiller toute pro-priété présentant quelque intérêt. Complétée au fildu temps, cette loi fonde encore actuellement le droitapplicable en matière de protection. Mais elle estgénératrice de dépenses. Pour doter le service deressources nouvelles, la Caisse nationale des Monu-ments historiques est créée le 10 juillet 1914. Laguerre repousse l’application des nouvelles mesureset le décret d’application ne sera adopté que le 18mars 1924.

Tout au long du XXe siècle, le classement s’ouvre aupatrimoine privé ainsi qu’aux œuvres d’époques plusrécentes, voire contemporaines. Ainsi à Grenoble,l’Hôtel de préfecture de l’Isère, construit en 1861 etla Tour Perret, construite en 1924 par l’architecte etentrepreneur Auguste Perret à l’occasion de l’expo-sition internationale de la houille blanche et du tou-risme de 1925, classés tous deux en 1998 [8179 W7].

ArchiverDepuis l’origine du service des Monuments histo-riques, la procédure en vue du classement d’un édi-fice rend nécessaire la constitution d’un dossier àdouble fonction: indiquer à la commission l’intérêt del’édifice et lui fournir les premiers éléments pour enenvisager la sauvegarde tels que devis, dessins, plans,rapports d’architecte et, très tôt, photographies.

une loi centenaire Ces dossiers constituent le cœur des archives desMonuments historiques avec les passionnants comptesrendus, publiés, des séances de la commission et lesrapports, également publiés, des premiers inspec-teurs généraux, Vitet et Mérimée.

Tous ces documents sont conservés à la médiathèquede l’Architecture et du Patrimoine à Paris. Lors derecherches sur un immeuble classé, il est donc par-ticulièrement recommandé de consulter les basesMérimée (notice sur chaque édifice classé au titredes monuments historiques) et Médiathek (archives,plans et tirages photographiques).

Les documents, réunis en vue d’obtenir un classe-ment, ont été élaborés par les correspondants etarchitectes des Monuments historiques au niveaudépartemental, sous le couvert du préfet. C’est, en

4 N 10 1

7 Fi 338

Page 6: Chroniques d'Archives numéro 16

Dossier

Monuments historiques...Isère, l’origine de la sous-série 12T dite des monu-ments historiques, composée des dossiers issus duservice du même nom à la préfecture. S’y trouventles dossiers d’entretien des bâtiments publics, re-montant au tout début du XIXe siècle, alors mêmeque le service n’existait pas encore. Ces documentsrenseignent par ailleurs également sur des édificesjamais ou non encore classés, soit parce qu’ils sonten main privée, soit parce que des municipalités sesont opposées à un classement susceptible d’entra-ver des projets d’urbanisme. Tel est le cas, dans lapremière catégorie, du château Bayard à Pontcharra,classé seulement en 1915 et resté propriété privée,malgré la demande, en 1850, du conseil général àl’État de s’en porter acquéreur pour sauver ce qu’ilen reste [12T1/32]. Dans la seconde catégorie, laville de Grenoble refuse en 1916 le classement de lachapelle de Sainte-Marie-d’En-Haut au motif que« ce classement pourrait gêner la ville dans les tra-vaux de transformation à exécuter pour l’utilisationde l’immeuble comme orphelinat laïque » [12T1/29].

Classés par commune et par édifice, ces dossierssont également source d’informations sur la façondont sont alors appliquées les directives du ministère :relations parfois houleuses entre architectes locauxet architectes envoyés de Paris, liens entre les diffé-rents partenaires, propriétaire public ou privé, ar-chitecte, artisans, autres services publics tels quel’Armée ou l’administration des cultes. Il convientdonc de compléter ces informations par celles issues

des dossiers de cette dernière (série V, notammentles sous-séries 4V et 6V), une très grande majoritédes monuments historiques, au moins dans les débutsde la procédure de classement, se trouvant être desédifices religieux. Le recours aux dossiers des Ar-chives communales ou à ceux de la sous-série 2 O(service des affaires communales de la préfecturede l’Isère) aux Archives départementales est la plu-part du temps indispensable. N’oublions pas de si-gnaler en Isère l’importante ressource concernantle patrimoine, classé ou non, que constitue la docu-mentation réunie par le service du Patrimoine cultu-rel. Ce service mène tout à la fois des activités derecherche, d’étude ( inventaire du patrimoine, archéo-logie, objets) et de protection (aides et conseils, la-bel), afin de fonder et de mettre en œuvre la politiquedépartementale en matière de patrimoine (http: //www.isere-patrimoine.fr/708-le-service-du-patri-moine-culturel.htm).

Mais l’histoire d’un bâtiment va bien au-delà de sonentretien et son architecture. Et tous les monuments,bien sûr, ne sont pas classés ni même inscrits. Quiest à l’origine de sa construction ? Qui sont ceux quil’ont successivement occupé ? Quels événements s’ysont déroulés ? Parfois, le nombre de tours d’un châ-teau nous est inconnu mais pas celui des soldats dela garnison ni la date de curage des fossés… Tellessont les questions et les défis que pose l’histoire d’unbâtiment, quel qu’il soit, et cette quête, qui fera l’objetd’un prochain dossier, se révèle passionnante.

12 T1/30/1

12 T1/30/1

Page 7: Chroniques d'Archives numéro 16

Le Point sur...

Là-haut sur la montagneCe quadragénaire, né le 27 mars 1973 (décret 73-378)a pour prédécesseur direct le premier parc nationalfrançais, créé voilà un siècle et dénommé successi-vement parc national de la Bérarde, de l’Oisans, parcdomanial du Pelvoux.

Tout commence en 1906, avec la loi sur le classementdes monuments naturels et des sites : pour la pre-mière fois depuis la Révolution, il est prévu que ledroit de propriété puisse être limité dans le but depréserver des espaces remarquables au point devue artistique, historique, scientifique, légendaire oupittoresque, en les soustrayant partiellement ou to-talement à la pression anthropique. La notion de pa-trimoine naturel, que chaque génération a le devoirde conserver pour les suivantes, est reprise et ré-organisée, après le premier congrès international deprotection de la nature (Paris, 1923), par la loi du 2avril 1930.

À la suite de la convention internationale de Londresen 1933, puis de la loi du 22 juillet 1960, les parcsnationaux se voient confier une mission élargie : pro-téger la nature, bien sûr, mais aussi mettre cettemême nature à la disposition de tous et permettre undéveloppement raisonné de l’économie locale. Unparc national (établissement public à caractère ad-ministratif) se définit ainsi essentiellement, à l’inté-rieur de certaines limites, par une réglementation,une mise en œuvre via une structure administrative,un programme d’aménagement dont les conséquenceséconomiques sont importantes : création d’emploisnouveaux, allocations financières, développement tou-ristique.

Comprise entre 800 et 4102* mètres d’altitude, l’airedu parc des Écrins, répartie en six secteurs – Oisans,Valbonnais, Valgaudemar, Haut-Champsaur, Moyenne-Durance et Briançonnais – se situe entièrement enDauphiné, soit pour deux tiers dans les Hautes-Alpes,donc en région PACA, pour un tiers en Isère, doncen région Rhône-Alpes, essentiellement à l’étage alpin,domaine d’activités rurales traditionnelles, telles quele pâturage bovin, la transhumance ovine, l’exploita-tion forestière, d’activités sportives et touristiques,notamment l’alpinisme et le ski, mais aussi d’activitésscientifiques : étude approfondie des milieux natu-rels, géologie, glaciologie, nivologie, météorologie,physique de l’atmosphère et astronomie.

Les concertations prévues au cours de la procédurepréalable à la création, en 1971, ont défini les basesd’une coexistence harmonieuse du montagnard et ducitadin, que ce soit pour la zone centrale ou la zonepériphérique, rebaptisée aire optimale d’adhésiondans le décret 2009-448 qui abroge et remplace ledécret originel.

Les fonds versés par la préfecture de l’Isère, parl’ex direction départementale de la Jeunesse et desSports, sont source d’abondantes informations surla genèse du parc, son organisation, les programmesd’équipement ou d’animations, les octrois de subven-tion. On y trouve la conclusion idéale à ce rapide sur-vol : «Le projet […] ne se présente pas comme unesomme d’interdictions, mais comme un instrument demise en valeur autour de splendeurs naturelles dontles dépositaires actuels sont comptables devant lesgénérations à venir ( juillet 1971).»

À l’occasion des quarante ans du Parc national desÉcrins, le Musée dauphinois prépare une expositionréalisée en partenariat avec le Parc et le Centre del’oralité alpine (Conseil général des Hautes-Alpes).Elle présentera les enquêtes sonores et visuellesréalisées dans les Écrins sur les manières d’habiterle massif et de le vivre.

Caractères d’altitude. Portraits d’habitants des Écrins. Exposition à partir du 18 octobre 2013

* Antérieurement au rattachement de la Savoie à laFrance, c’est là que se situaient les plus hauts som-mets français.

Page 8: Chroniques d'Archives numéro 16

Le Point sur...

Une belle acquisition Le patrimoine écrit du département s’est récemmentenrichi d’une très belle acquisition : un dossier delettres reçues par le baron Bertrand de Simiane deGordes, lieutenant général du roi en Dauphiné pen-dant une phase cruciale des guerres de Religion,entre les années 1564 et 1574. Ces archives, prove-nant à l’origine du château de Laval en Grésivaudan,dont le baron de Gordes était le seigneur, avaient étéachetées il y a plusieurs décennies par un collection-neur. Mises en vente aux enchères à Paris, elles ontpu être acquises en préemption par le Conseil géné-ral pour les Archives départementales, une fois clas-sées, elles rejoindront la série J.

Parmi ces documents, qui n’ont pas encore été ex-ploités par les chercheurs et qui témoignent d’unepériode parmi les plus sombres de l’histoire deFrance, se trouvait une lettre en partie autographe,écrite par le célèbre baron des Adrets, dont chacunconnaît la sinistre réputation dans l’histoire dauphi-noise : les terribles souvenirs encore présents dansla mémoire collective sont l’écho des pillages, des-tructions et massacres commis par ses troupes dansle seul espace de neuf mois, entre avril et décembrede l’année 1562, non seulement en Dauphiné, maisaussi à Lyon, en Forez et en Provence. Les cathé-drales, églises et couvents de Lyon, Vienne et Gre-noble furent saccagés ; l’abbaye de Saint-Antoine futdépouillée de toutes ses richesses et ne s’en relevapas. La rapidité de déplacement des soudards dubaron des Adrets frappait de terreur les contempo-rains. Quant aux archivistes et aux chercheurs, ilsdéplorent la perte de fonds d’archives magnifiques

qui partirent en fumée lors des pillages : il ne resteplus que des épaves des archives de l’archevêché deVienne, de l’évêché de Grenoble et de l’abbaye deSaint-Antoine, chef d’un ordre religieux qui avait es-saimé dans toute l’Europe.

Mais qui était vraiment ce personnage plein de bruitet de fureur ?

Né vers 1512 dans une famille noble d’ancien lignage,François de Beaumont, baron des Adrets avait déjàderrière lui une longue carrière militaire en Italie,lorsqu’au printemps 1562 il se mit à la tête des gen-tilshommes huguenots qui l’avaient appelé à Valencepour combattre le lieutenant général du roi, la Motte-Gondrin. Après le meurtre de celui-ci, le 27 avril 1562,l’ambition et le caractère impétueux du baron desAdrets se déchaînèrent. Une tornade de violences etde ravages déferla sur le pays, et les excès commispar la soldatesque, semant la mort et la désolationsur son passage, furent tels que les chefs du partiprotestant et Calvin lui-même désavouèrent le barondes Adrets, jugé incontrôlable. Frustré de ne pasavoir obtenu le gouvernement de Lyon, il forma alorsle dessein de changer de camp et entra en négocia-tions avec le duc de Nemours  à la fin de l’année1562. Cette manœuvre signera la fin de la période degloire du baron : aucun des deux camps ennemis nelui fera plus confiance. Considéré comme traître, lebaron des Adrets fut arrêté en janvier 1563 à Ro-mans par les chefs protestants et demeura prison-nier pendant quelques mois, avant qu’un édit depacification générale ne lui rende la liberté. Dèslors, des Adrets renia le camp protestant et tenta

8° 1611

Page 9: Chroniques d'Archives numéro 16

de rentrer dans les bonnes grâces du pouvoir royal,comme l’attestent plusieurs documents conservésaux Archives départementales. Il mit tout en œuvrepour se concilier le nouveau lieutenant général duroi, Bertrand de Simiane de Gordes qui succède àLaurent de Maugiron en juillet 1564.

Lorsque les guerres civiles reprirent en 1567, le barondes Adrets était parvenu à persuader le baron deGordes de lui confier des troupes au service du roi ;il avait repris son ancienne charge de colonel desLégions du Dauphiné et s’illustra dans les combatsde cette deuxième guerre de religion (1567-1568). Ilen sera récompensé par l’octroi du grand cordon del’ordre royal de Saint-Michel. Mais sa position de-meurait fragile ; son caractère violent et intransi-geant, les échecs militaires de la campagne de 1569,des accusations de complot vont à nouveau le dis-créditer, et le baron de Gordes le fit arrêter en juin1570 à Lumbin. Détenu quelques mois au château dePierre-Scize à Lyon, il sera une nouvelle fois libérégrâce aux dispositions de l’édit de paix de Saint-Ger-main, qui mit un terme à la troisième guerre de reli-gion. Des Adrets choisit alors de s’adresser directe-ment au roi Charles IX pour se justifier, et se présentadevant lui le 17 mars 1571. Le résultat de cette au-dience fut enregistré par la Chambre des Comptesde Dauphiné, à la demande du baron qui avait obtenusa réhabilitation.

Au début de l’année 1572, le vieux chef de guerre,de retour en Dauphiné, était prêt à reprendre duservice. Un témoin qui le vit à Grenoble nous en alaissé une description précise : « il étoit alors fort

vieux, mais d’une vieillesse encore forte et vigou-reuse, d’un regard farouche, le nez aquilin, le visagemaigre, décharné et marqué de taches de couleur desang noir, tel que l’on nous dépeint Sylla ; du reste ilavait l’air d’un véritable homme de guerre ».

Il fut alors chargé par le roi de rassembler destroupes pour les conduire en Piémont, à Saluces quiappartenait alors à la France. La lettre achetée parles Archives a été écrite le 11 juillet 1572 par lebaron des Adrets : il informait le baron de Gordes del’état d’avancement de ce rassemblement de soldats.Deux semaines plus tard, il se trouvait en Italie etc’est là qu’il apprit la nouvelle de la Saint-Barthé-lémy (24 août). Grâce à la modération du baron deGordes qui refusa d’appliquer les ordres du roi, lesterribles massacres qui ensanglantèrent la capitaleet de nombreuses villes du royaume n’eurent pas derépliques en Dauphiné.

Après son retour en France en octobre, le baron desAdrets se prit de querelle avec le baron de Gordeset se retira peu à peu de la vie militaire. Quelquesannées plus tard, il faisait cette réponse au jeuneAgrippa d’Aubigné qui lui demandait les raisons desa conduite en 1562 : « nul ne fait cruautés en lesrendant ; les premières s‘appellent cruautés, les se-condes justices », ou encore « le seul moyen de fairecesser les barbaries des ennemis, c’est de leur ren-dre revanche » phrases qui hélas demeurent tou-jours d’actualité et caractérisent la spirale maléfiquede toutes les guerres civiles.

Retiré dans son château de la Frette, il employa sonhumeur belliqueuse, qui l’avait conduit à tant d’excès,

4° 91/4

4° 91/4

Page 10: Chroniques d'Archives numéro 16

Le Point sur...

à des procès contre des membres de sa famille : lesdocuments conservés dans différents fonds des Ar-chives départementales nous le montrent ferraillantcontre sa belle-mère et sa belle-sœur pour l’héritagede son beau-père, et ayant le verbe toujours aussiviolent contre les créanciers de son fils prodigue, quiosent venir lui réclamer le remboursement de dettescontractées par le jeune homme auprès d’un tailleurde Saumur.

Le baron des Adrets mourut en 1587 ; on ignore sonlieu de sépulture (chapelle du château de la Fretteou église du Touvet ). Aucun de ses deux ou trois filsne lui avait survécu ; il laissa deux filles dont uneseule eut des descendants.

La terrible réputation qu’il avait de son vivant futencore amplifiée par certains historiens d’Ancienrégime : c’est ainsi que naquit la légende noire dubaron des Adrets, qui aurait baptisé ses enfantsdans le sang de ses ennemis. Comme l’écrivait un au-teur ancien « il n’est pas une ruine de château quine soit devenue le sujet de quelque légende sur lebaron des Adrets. »

Une véritable biographie du baron des Adrets resteà écrire…

Page 11: Chroniques d'Archives numéro 16

Monsieur, j’estoys a la Boysse, lhors que j’ey receu les deux

lettres que je vous envoye. Je n’ey poing voulu fere de

depeches aux cappiteynes sans sçavoir vodtre vollenté et recepvoir

vous commendementz, lesquelz receus, demain je les advertyrey

tous de marcher la ou vous ordonnerez. Il me semble, saufz

vostre bon advis [qu’il], que les compagnyes ne se peuvent treuver

a Voreppe et aux advirons avant mardy ou soyr, pource que

la plus part des soldars se sont allés refrescher a leurs

maysons, attendans [qu’ilz f] qu’ilz fusse(n)t mandés, et il leur

faut deux jours pour estre prestz et retourner.

Touttefoys, monsieur, en sella et en toutes autres chouses,

je suyvrey vous commandementz de la mesme affection comme

Monsieur, je prye Dieu, appres m’estre recommandé

bien humblement a vostre bonne grace vous donner en parfaycte

santé, bonne et longue vye. Du Plein de Voreppe, ce vendredy.

[les lignes ci-dessous sont de la main du baron des Adrets]

Je vous suplierey, monsieur, me fere tenir sete nuit par la poste

voutre volanté et comandemans, afin que ge puise avertir

les troys companies qui sont de par sa, a tans. S’ilz vous

plet housi, vous comanderés a seus qui son a Mens de se qui

l’ont a fere.

Vostre bien humble allié et afessionné

serviteur

Des Adres.

[Au dos:]

De M. des Adres, receue a Grenoble, le XIème de juillet 1572

Monsieur, j’étais à la Boisse lorsque j’ai reçu lesdeux lettres que je vous envoie. Je n’ai point voulufaire de dépêches aux capitaines sans savoir votrevolonté et recevoir vos commandements, lesquelsreçus, demain je les avertirai tous de marcher làoù vous ordonnerez.

Il me semble, sauf votre bon avis, que les compa-gnies ne se peuvent trouver à Voreppe et aux en-virons avant mardi au soir, parce que la plupartdes soldats sont allés se reposer dans leurs mai-sons, en attendant d’être appelés, et il leur fautdeux jours pour être prêts et revenir.

Toutefois, monsieur, en cela et en toutes autreschoses, je suivrai vos commandements de la mêmeaffection avec laquelle, monsieur, je prie Dieu,après m’être recommandé bien humblement devotre bonne grâce, de vous donner parfaite santé,bonne et longue vie.

De la Plaine de Voreppe, ce vendredi.

Je vous supplierai, monsieur, de me faire parvenircette nuit par la poste votre volonté et comman-dement, afin que je puisse avertir à temps les troiscompagnies qui sont par là. S’il vous plaît aussi,vous commanderez à ceux qui sont à Mens de cequ’ils ont à faire.

Votre bien humble allié et affectionné serviteur

des Adrets

Lettre du baron des Adrets à Bertrand de Simiane, baron de Gordes, lieutenant du gouverneur du Dauphiné

Page 12: Chroniques d'Archives numéro 16

Le parcours militaire de 163000 Isérois sur InternetLes registres matricules militaires des classes 1859 à1912 sont désormais consultables sur le site internetdes archives départementales de l’Isère. La numé-risation et la mise en ligne, financées par le Conseilgénéral, sont l’aboutissement d’un gros chantier :229000 images, des heures de travail de prépara-tion des documents et de vérification des fichiers,des bugs (presque) tous résolus, un budget… enproportion ! Vous pourrez suivre le parcours militairedans l’armée de terre d’environ 163000 hommes nésentre 1839 et 1892 et habitant en Isère à l’âge de 20ans. Il s’agit des militaires de rang (soldats, caporal,brigadier, caporal-chef) et des sous-officiers (ser-gent, sergent-chef, adjudant, adjudant-chef, major).Les registres matricules des officiers sont quant àeux conservés au service historique de la Défense.

Jusqu’à ceux nés en 1979, tous les jeunes-gensétaient assujettis au service militaire, selon des mo-dalités qui ont varié. Les matricules militaires oufiches matricules synthétisent les états signalétiqueset le parcours militaire de chacun. Formant la sous-série 1R, ils sont rassemblés dans des volumes re-liés, les « registres matricules », répertoriés parclasse d’âge puis par bureau de recrutement puispar registre comprenant environ cinq cent fichesclassées par ordre de numéro de matricule.*

La recherche se fait par classe (année des 20 ans /du vingtième anniversaire), ensuite par bureau derecrutement en fonction du lieu de naissance (bu-reau de Bourgoin pour les communes des arrondis-sements de Saint-Marcellin et La Tour-du-Pin, Gre-noble pour celles l’arrondissement de Grenoble et

Vienne pour celles de l’arrondissement de Vienne),puis par table (détermination du numéro matricule),enfin par registre.**

Une page par hommeSur la fiche matricule de chaque conscrit vous trou-verez de nombreux renseignements : nom et pré-nom(s), numéro matricule du recrutement, classe demobilisation, état civil, lieu de résidence, profession,domicile des parents, signalement, état de santé,degré d'instruction, numéro de tirage dans le can-ton, décision du conseil de révision et motifs, indica-tion des corps d'affectation, numéros successifs auxrépertoires des corps, détails des services et muta-tions diverses (campagnes, blessures, actions d'éclat,décorations, citations, condamnations...), localitéssuccessivement habitées, époques de passage dansla disponibilité, la réserve, la territoriale, date de li-bération définitive des obligations militaires, date,lieu et circonstances d’un éventuel décès.

Les registres matricules sont une source incontour-nable pour la recherche généalogique, mais permet-tent aussi l’étude de toute une génération, des degrésd’instruction à la mobilité géographique ou sociale.

Nous vous proposons l’exemple de Paul Mistral, dé-puté de l’Isère et maire de Grenoble. Né en 1872 àLa Morte, il fait partie de la classe 1892 du bureaude recrutement de Grenoble. Pour accéder à sesétats de service militaire, il faut d’abord consulter latable alphabétique où l’on apprend que Paul Mistralavait le matricule 1654.

nouvellement en service

1 R 1240

Page 13: Chroniques d'Archives numéro 16

Les cheveux châtain, les yeux gris, le menton rond,Paul Mistral (1,72 m à la toise) effectue son servicemilitaire dans le 140e Régiment d’infanterie où il finitcaporal. Rappelé à l’activité avec la mobilisation gé-nérale d’août 1914, il est affecté au 105e régiment-territorial d’infanterie stationné à Grenoble. Sesadresses successives figurent également, puisqu’ilest mobilisable jusqu’à l’âge de 40 ans.

* Pour faciliter la recherche internet, les matricules sont séparés par centaines.

** Les Archives de l’Isère conservent les registres matricules de cantons transférés au département du Rhône en 1967 et 1971.Il s’agit des cantons d’Heyrieux, Saint-Laurent-de-Mure, Saint-Symphorien-d’Ozon qui faisaient auparavant partie de l’arrondissement de Vienne.

1 R1244

3 Fi 211

Page 14: Chroniques d'Archives numéro 16

nouvellement en service

Versement du Centre dramatique national des Alpes (CDNA) (8605 W )Le Centre dramatique national des Alpes (CDNA)société anonyme située dans les locaux de la MC2 àGrenoble, a effectué un versement de 9 ml en avril2013.Le CDNA a une longue histoire qui remonte au débutde l’action culturelle et de la décentralisation dra-matique. Dès les années 1960, le centre s’inscritdans la mouvance de l’époque visant à développer laproduction et la diffusion théâtrale dans les régions.De ce fait, René Lesage et Bernard Floriet fondentla Comédie des Alpes en 1960 qui devient le CDNA en1972. En 2011 le directeur du centre dramatique, dans unsouci de conservation, fait appel aux Archives dépar-tementales de l’Isère. En collaboration avec l’ancienneet la nouvelle direction du CDNA, cette interventiona permis de valoriser la richesse du fonds constituéde documents administratifs, financiers, dossiers depersonnels mais également de documents sur la con-ception des spectacles (1960-2012). Le versementpropose une diversité artistique qui ravira les ama-teurs de théâtre : affiches, flyers, photographies,dossiers de presse et de mises en scène…

De grands directeurs artistiques se sont succédésparmi lesquels Georges Lavaudant (1976-1986),Laurent Pelly (1997-2007) et Jacques Osinski, l’ac-tuel directeur. Ils ont contribué à la notoriété et à lalongévité du centre dramatique en mettant en scène

des créations et des œuvres classiques : Palazziomentale (1977), Richard III (1984), Et vlan ! V’la lazique ! (1988), Le roi nu (2004), Le conte d’hiver(2008), Ivanov (2012) …

Ne conservant jusqu’alors que des sources complé-mentaires ou des pièces isolées mais aucun fondscomplet d’associations théâtrales, les Archives dé-partementales ne pouvaient répondre que de façonsporadique aux demandes des lecteurs. Ce verse-ment du Centre dramatique national des Alpes ouvrede nouvelles perspectives de recherches au public.

Lever de rideau sur le fonds du centre dramatique !Venez découvrir ses marivaudages, Comme il vousplaira (Ariel Garcia-Valdès, 1988) !

Instruments de recherche

8605 W 26

8605 W 192

8605 W 36

Page 15: Chroniques d'Archives numéro 16

Hors les mursMais dans les murs quand même !

Depuis plus de 25 ans, les archivistes des communes iséroisesont l’habitude de se réunir régulièrement, au moins deux foispar an, autour des questions et desproblématiques qu’ils rencontrentdans l’exercice de leur métier.Ce 24 juin 2013, nous avons accueilli les archivistes isérois représentant 10 services d’archives communales, 3 servicesd’archives de communauté de communes et d’agglomération, 3 services d’archivistes itinérantset le service d’archives du SDIS.(service départemental d’incendieet de secours). Les thèmes onttourné essentiellement autour del’archivage électronique et de la dématérialisation des piècescomptables en collectivité : comment conseiller les servicesadministratifs dans la gestion deleurs dossiers créés sur ordinateur ? Quelle solution, au moins provisoire, apporter pourque les données informatiques ne disparaissent pas ? Telles sontleurs préoccupations du moment,très en prise avec l’actualité administrative.Et pour que toutes les réflexionsissues de cette journée ne soientpas perdues, un compte-rendu aété rédigé.

Compteurs d’archives

Archives notarialesNous vous signalons lesclassements suivants :minutes de Maîtres Diet[3E34360, 1893], Ranchin[3E34361-34397, 1893-1911]et Delay [3E3497, 1911], notaires à Bourgoin-Jallieu ;minutes de Maître Audry[3E34359, 1757-1763], notaire à Bourgoin-Jallieu ;minutes de Maîtres Duc-Dodon[3E34398-3E34418, 1902-1912],Forgeret [3E34419, répertoire1778-1816], Allibert [3E34420,répertoire 1869-1902] et Mottet[3E34421, répertoire sans date],notaires à La Côte-St-André.

La sous-série 3 Q Voici les dernières archivesclassées des bureaux del’Enregistrement : Bureau de Clelles [3Q44/1-61,1943-1963] ; Bureau de Corps[3Q5/247-250, 1903-1925] ;Bureau de Mens [3Q13/389-399,1906-1942] ; Bureau de La Mure[3Q17/687-830, 1905-1969] ;Bureau de Grenoble Grésivaudan[déclarations de successionsoctobre 1977-1979, 3Q11/5349-5357].

Du côté desarchives communales

EN MAIRIE

De mai à juillet 2013, 3 communes– Châtelus, Doissin et Oulles –ont, à leur demande, bénéficié de l’aide au classement pour leurs archives contemporaines. Tous ces classements ontdébouché sur la rédaction d’unrépertoire ou sur sa mise à jour(également consultable auxArchives de l’Isère).

AUX ARCHIVES DÉPARTEMENTALES

Les fonds de deux communes ont été classés et répertoriés. Ilssont désormais communicables.* Saint-Gervais [4 E 711]0,3 ml, à signaler 3 parcellairesdu XVIIe siècle. * La Motte-Saint-Martin-et-d’Aveillans [4 E 707] 2,45 ml –signalons des papiers fort ancienset rares datant de la fin du XVIe siècle ! Par exemple une délibération et des piècesjustificatives de comptes. L’autre point fort de ce fonds estl’atlas cadastral du XVIIIe siècle,ancêtre du plan cadastralnapoléonien et qui permet desituer les maisons ainsi que lesbiens possédés par les habitants.En revanche, hélas, on peut noterl’absence de documents pour lapériode 1690-1740.

Hospice de Voreppe 1668-1963[H+VOR] 2,30 ml. L’hospice deVoreppe a été fondé par CatherineBarde en 1684 et dura jusqu’en1990. À noter les registres dedélibérations tenus épisodique-ment entre 1755 et 1792 et demanière continue de l’an V à 1953.

Pratique

La journée des étudiantsOrganisée par les Archives départementales de l’Isère enpartenariat avec des professeursdu LARHRA (Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes), elle aura lieu cette annéele 27 septembre. Cette journéepropose aux étudiants en master1 et 2 et aux doctorants en histoire de l’Université PierreMendès-France de Grenoble uneprésentation des fondamentauxdes archives et du travail des archivistes ainsi que des ateliersen petit groupe leur permettantde se familiariser avec les instruments de recherche et lesdocuments originaux.

Fermeture de NoëlCette année la fermeture annuelleau public de notre salle de lecturea été répartie sur deux périodes :la semaine du 15 août et celle de Noël. Les archives seront doncfermées cet hiver du 23 au 27 décembre, réouverture le 29 aumatin.

Pour aller plus loin…Si un article de ce numéro deChroniques d’Archives vous aparticulièrement intéressé, voustrouverez, sur la version en ligne,les reproductions de documentsintéressants et qui n’ont pu êtreinsérés faute de place. www.archives-isere.fr.

POUR NOUS JOINDRE

Par courrier : Hôtel du département, 7 rue Fantin-Latour, BP 1096 38022 Grenoble cedex 1Par couriel : [email protected]

Direction / Hélène VialletResponsable de la publication / Natalie BonnetPhotographies /Jean-Paul Guillet

04 76 54 37 81www.archives-isere.fr

Page 16: Chroniques d'Archives numéro 16

DE

SIG

N G

RA

PH

IQU

E

Avatar— Vous souvient-il de l’armuroiselle et du zigotomate ?— Voyons, voyons, mmmm… N’étaient-ils point l’alphaet le zêta d’un fatras de bagages dans le pénultièmeChroniques ?— C’est cela. Vous plairait-il que je vous narre leurhistoire ?— J’allais précisément vous en prier.Or donc l’armuroiselle, lasse de se languir dans l’es-pérance du zygotomate sur son lilial destrier, résolutde partir à sa recherche. Subodorant qu’une citéserait plus propice à sa quête que le plat pays, elledirigea ses pas vers Cularo. Aux abords du village de Laffrey, elle distingua unefoule en liesse faisant escorte à un cavalier au regardimpérial et au maintien martial. Las !, le bipède étaitdéjà barbon et le quadrupède d’un vert toxique.Cette désillusion ne la détournant pas de son dessein,elle persévéra dans son cheminement vers la ville.Parvenue aux berges de la rivière Isère, elle optapour le pont d’Oxford, dont les solides haubans luiparurent de nature à soutenir sa quête. Elle y avisaAlexandrine de Tencin : la belle dame, en congé desalon, promenait en laisse son dragon favori. Après avoir salué une si prestigieuse rencontre, l’ar-muroiselle apostropha l’animal : — dragon, ô monstre mirifique, voulez-vous biensans barguigner vous muer pour moi en prince char-mant ?Le dragon, goguenard, la toisa :— demoiselle, ce serait certes un grand honneur.Mais l’état de prince charmant ne me sied point :trop monotone, trop contraignant, trop précaire. Madragonitude est tout-à-fait confortable et comporte

Le Billet de Luce

bien des avantages, que je ne vous détaillerai pas,rassurez-vous. Au demeurant, les saints Georges dulieu m’ignorent avec une telle ostentation et depuissi longtemps que nul besoin n’ai-je de me muer enéphèbe, minet et autre lovelace. De plus, dois-je vousle rappeler, ce sont essentiellement les crapauds,accessoirement les rossignols, qui acceptent volon-tiers le rôle. Je vous suggère donc d’aller quérir unquelconque batracien du côté des marais berjalliens.Quant aux crooners ailés, il est de notoriété publiquequ’ils sont légion du côté de la tour Perret.À la prossima volta, Fräulein !

Fort marrie de la muflerie de ce laideron rejetant unavatar inespéré et du sourire narquois d’Alexan-drine, elle porta ses pas vers le domaine universi-taire, où résidait son amie, la douce Irma, dont ellesavait la discrétion itérative* et propice aux confi-dences et à la consolation.Parvenue au seuil du jardin de son amie, son regardfut attiré par le spectacle d’un cheval blanc mani-festement préposé à la tonte de la pelouse. Éblouie,elle ne vit pas le zygotomate arborant jaquette etbombe de concours. S’ensuivirent un choc frontal etune double fulgurance, nonobstant la sérénité del’azur. Acta est fabula !

Épilogue : le zygotomate, de la parentèle d’Irma, avaitpour nom, peut-être, Hippolyte Ouayetors. Quant àcelui de l’armuroiselle, c’est évident : Albane Bianco,par exemple, ou Blanche Dalban, ou…

*npcf avec l’itération discrète, usuelle notamment au sein de l’IRMA – Institut de Recherche en MathématiquesAvancées, voir [7765 W].

B 2628