C'est quoi la Maison de la Solidarité pour vous ?

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N°31 / 2011 / SOMMAIRE p. 1 Nous sommes la Maison… p. 2/3 Témoignages p. 3/4 Bernard, Cher Bernard, Bernard… Hommage à Jeannine Gabet Hommage à René Ne m'offrez pas de muguet le 1 er mai Horaires, remerciements maison dela solidarité 29 rue Edmond dar∫ois 92230 Gennevilliers T 01 47 90 49 03 F 01 47 33 60 93 [email protected] La MSG répond-elle, malgré l’évolution de la fréquentation, aux différentes attentes des personnes accueillies journellement, mais aussi aux attentes qu’ont, de la Maison de la Solidarité, les partenaires associatifs locaux, les structures officielles, comme les voisins ? Pour répondre à ces interrogations la question leur a été posée. En voici les résultats. À la lecture des réponses, la Maison de la Solidarité peut être satis- faite de constater que l’accueil et les services proposés correspondent en très grande partie aux attentes. Mais les besoins sont immenses, nous en sommes conscients, et c’est pour cela que nous ne désarmons pas. L’ Abbé Pierre ne disait-il pas : " On ne peut pas, sous prétexte qu’il est impossible de tout faire en un jour, ne rien faire du tout. " Au moment où elle va boucler sa 16 e année d’exis- tence, il a paru intéressant, voire indispensable, de se poser la question de savoir à quoi sert aujourd’hui la Maison de la Solidarité. Est-elle toujours le petit îlot où se poser et se repo- ser ? Permet-elle à des personnes d’y trouver un peu de chaleur humaine – une écoute, un sourire, une parole – autour d’un café ? AGRÉÉE PAR LA FONDATION ABBÉ PIERRE FALLAIT-IL POSER LA QUESTION ? par Régis Toulemonde, président CHER BERNARD par Benjamin Steinberg Comment croire un seul instant que nous ne te verrons plus ? Est-ce vrai ? Comment se passer de ton sourire, de ton sens de l’hu- mour, des petites histoires que tu racontais, comment se passer aussi de tes gentils coups de gueule, de tes moments de sommeil plus apparents que réels, au cours de certaines réunions ? Comment se passer aussi et surtout de tous les services que constamment tu rendais à notre Maison de la Solidarité, services de toutes natures : matériels, sociaux, humains ? Comment, enfin, se passer de tes avis, des conseils toujours plutôt bons que tu savais judicieusement donner ? Combien de personnes vont écraser quelques larmes en évoquant ton souvenir, celui d’une personne si généreuse ? Fille du Nord, tu avais en toi cette chaleur humaine qui caractérise les gens du Nord, joyeux, ayant toujours un bon mot et des blagues à raconter. Et nous savons combien tu aimais nous parler et chanter en ch’ti. Tu as vécu pendant de nombreuses années au rythme de deux saisons : l’été et l’hiver. L’été, à Valenciennes, à la Boutique Solidarité, et l’hiver à Gennevilliers à la Maison de la Solidarité, comme bénévole et adminis- trateur. Et ce qui te caractérisait, Jeannine, c’est ton implica- tion. Toute ta vie, et où que tu sois, notamment à la CFDT, à la mairie, et dans nos centres, tu t’es insurgée contre les injustices pour les combattre. Et quel cœur ! A la MSG, tu t’intéressais aux accueillis. Tu aimais dialoguer avec eux, en particulier en épluchant les fruits pendant les ateliers confitures que tu animais. Et puis tu t’occupais des bacs à fleurs car tu voulais que la Maison de la Solidarité soit souriante, légère, colorée, parfumée comme tes fleurs. Jeannine, merci pour tout cela. Tu as bien mérité de reposer en paix. Pour vous, la maison c’est quoi ? de la Solidarité ! Bienvenue à Anne Cosquer, la nouvelle directrice de la Maison de la Solidarité ! Il va donc bien falloir qu’on s’y fasse. Montant une côte difficile sur ton vélo, compagnon de toutes tes allées et venues et escapades, la vie t’a abandonné. Adieu Bernard, nous ne t’oublierons pas, merci encore pour tout ce que tu nous a donné. CHÈRE JEANNINE par Régis Toulemonde Toi aussi tu nous quittes, sans prévenir, alors qu’on t’a parlé la veille et que nous t’attendions le lendemain. Tu es partie doucement, silencieusement alors que, même de loin, on avait l’habitude d’en- tendre ta voix, tes cris, tes exclamations et tes rires.

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Sujet principal du numéro 31 du journal de la Maison de la Solidarité : C'est quoi la Maison de la Solidarité pour vous ? C’est au fond d’une rue, qui se termine en impasse, que nous sommes nichés, sur le territoire de Gennevilliers et presque sur celui d’Asnières.Nous existons depuis près de 16 ans pour aider ceux qui frappent à notre porte et qui sont parmi les plus démunis de notre époque.Nous sommes la Maison de la Solidarité.Immergés dans la ville, nous avons des voisins, et c’est nécessité pour nous de nous lier diversement aux associations qui rayonnent dans la cité et au-delà.Nous sommes donc connus, mais quel regard tout un chacun porte-t-il sur nous ?Bien entendu, nous ne sommes pas totalement ignorants mais nous voulons en savoir davantage. Ceci explique notre démarche et le contenu de ce journal qui revêt de ce fait un caractère inédit et exceptionnel.LE COMITÉ DE LA RÉDACTION

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Page 1: C'est quoi la Maison de la Solidarité pour vous ?

N°31 / 2011 / SOMMAIRE

p. 1 Nous sommes la Maison…

p. 2/3 Témoignages

p. 3/4 Bernard, Cher Bernard, Bernard…

Hommage à Jeannine Gabet

Hommage à René

Ne m'offrez pas de muguet le 1er mai

Horaires, remerciements

maisondelasolidarité

29 rue Edmond dar∫ois92230 GennevilliersT 01 47 90 49 03F 01 47 33 60 [email protected]

La MSG répond-elle, malgré l’évolution de la fréquentation, aux différentes attentes des personnes accueillies journellement, mais aussi aux attentes qu’ont, de la Maison de la Solidarité, les partenaires associatifs locaux, les structures officielles, comme les voisins ?

Pour répondre à ces interrogations la question leur a été posée. En voici les résultats. À la lecture des réponses, la Maison de la Solidarité peut être satis-

faite de constater que l’accueil et les services proposés correspondent en très grande partie aux attentes.

Mais les besoins sont immenses, nous en sommes conscients, et c’est pour cela que nous ne désarmons pas.

L’ Abbé Pierre ne disait-il pas :  " On  ne  peut  pas, sous  prétexte  qu’il  est impossible  de  tout  faire en  un  jour,  ne  rien  faire du tout. " 

Au moment où elle va boucler sa 16e année d’exis-tence, il a paru intéressant, voire indispensable, de se poser la question de savoir à quoi sert aujourd’hui la Maison de la Solidarité.

Est-elle toujours le petit îlot où se poser et se repo-ser ? Permet-elle à des personnes d’y trouver un peu de chaleur humaine – une écoute, un sourire, une parole – autour d’un café ?

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FALLAIT-IL POSER LA QUESTION ? par Régis Toulemonde, président

CHER BERNARDpar Benjamin Steinberg

Comment croire un seul instant que nous ne te verrons plus ? Est-ce vrai ?

Comment se passer de ton sourire, de ton sens de l’hu-mour, des petites histoires que tu racontais, comment se passer aussi de tes gentils coups de gueule, de tes moments de sommeil plus apparents que réels, au cours de certaines réunions ?

Comment se passer aussi et surtout de tous les services que constamment tu rendais à notre Maison de la Solidarité, services de toutes natures : matériels, sociaux, humains ?

Comment, enfin, se passer de tes avis, des conseils toujours plutôt bons que tu savais judicieusement donner ?

Combien de personnes vont écraser quelques larmes en évoquant ton souvenir, celui d’une personne si généreuse ?

Fille du Nord, tu avais en toi cette chaleur humaine qui caractérise les gens du Nord, joyeux, ayant toujours un bon mot et des blagues à raconter. Et nous savons combien tu aimais nous parler et chanter en ch’ti.

Tu as vécu pendant de nombreuses années au rythme de deux saisons : l’été et l’hiver. L’été, à Valenciennes, à la Boutique Solidarité, et l’hiver à Gennevilliers à la Maison de la Solidarité, comme bénévole et adminis-trateur. Et ce qui te caractérisait, Jeannine, c’est ton implica-tion. Toute ta vie, et où que tu sois, notamment à la CFDT, à la mairie, et dans nos centres, tu t’es insurgée contre les injustices pour les combattre.Et quel cœur !

A la MSG, tu t’intéressais aux accueillis. Tu aimais dialoguer avec eux, en particulier en épluchant les fruits pendant les ateliers confitures que tu animais.Et puis tu t’occupais des bacs à fleurs car tu voulais que la Maison de la Solidarité soit souriante, légère, colorée, parfumée comme tes fleurs.

Jeannine, merci pour tout cela. Tu as bien mérité de reposer en paix.

Pour vous, la maison

c’est quoi ?de la Solidarité

!Bienvenue

à Anne Cosquer,la nouvelle directrice de la Maison de la

Solidarité

!

Il va donc bien falloir qu’on s’y fasse.Montant une côte difficile sur ton vélo, compagnon de toutes tes allées et venues et escapades, la vie t’a abandonné. Adieu Bernard, nous ne t’oublierons pas, merci encore pour tout ce que tu nous a donné.

CHÈRE JEANNINEpar Régis Toulemonde

Toi aussi tu nous quittes, sans prévenir, alors qu’on t’a parlé la veille et que nous t’attendions le lendemain.

Tu es partie doucement, silencieusement alors que, même de loin, on avait l’habitude d’en-tendre ta voix, tes cris, tes exclamations et tes rires.

Page 2: C'est quoi la Maison de la Solidarité pour vous ?

Pour certains, c’est la maison du bonheur !Pour le reposPour les tickets restoPour aider à trouver un logementUn moyen de se changer les idées : vacances, loisirs, activités…Pour d’autres, c’est la maison de la galère parce que vous êtes trop derrière eux.

KE PASTA

L’idée que je me fais de votre asso ? Lieu de grande écoute pour personne en difficulté. Motivation à re-trouver sa dignité. Apprentissage ou réapprentissage de la vie en société. Recherche de solutions d’hébergement et aide aux démarches administratives.

PATRICIA MILLERETLE RELAIS

Je ne connais pas,mais ça doit être bien. Ca doit aider les gens.

AICHA

Pour aider les gens.Les aider dans leurs emplois, pour chercher un boulot, dans la vie de tous les jours.Je connais pas très très bien, moi, ça me dérange pas.

ATHENA PIZZAUne bonne action par les temps qui courent !

J’ai une bonne image. De la façon dont elle est située,

ça ne me dérange pas du tout.Ma conviction c’est que c’est une très bonne action.

J’arrête pas de le dire à Michèle, s’il y a un paradis,

vous serez certainement les premiers ! (certainement

pas les policiers…)Continuez ! Continuez !Faut pas être dans le besoin aujourd’hui… faut être

courageux, être dans le service.

MVI SERVICE

La Maison de la Solidarité

Est un lieu de refuge pour les exclus de la société.

Elle redonne espoir aux déprimés…

Elle les oriente…Je remercie cette association qui a aidé ma famille

A surmonter ses difficultés,Avec du boulot et un logement !

Mais ça ne m’empêche pas de penser aux autres

Qui galèrent en ce moment de crise.

MALLEK

Nous ne connaissons pas exactement les missions

de la Maison de la Solidarité.Selon nous, c’est un lieu où les personnes peuvent

se rassembler pour partager et discuter.

C’est toujours un plaisir de venir prendre un café

le matin, d’ailleurs, c’est notre habitude.

EBOUEURS

Je pensais la Maison de la Solidarité comme un lieu accueillant, particulièrement vivant.La dynamique relationnelle de ce collectif crée une ambiance propice aux échanges.

EQUIPE MOBILE

La Maison de la Solidarité est un accueil de jour où

toute personne quelque soit sa situation, son

parcours, son origine peut être accueillie chaleureu-

sement par une équipe de bénévoles et de salariés au

grand cœur. Ici, c'est la maison du cœur, tu peux y

prendre un café, un thé... Loin de la solitude. Tu peux

y prendre une douche, te raser, retrouver une estime

de soi. Tu y trouves aussi des projets culturels inno-

vants. En un mot, la Maison de la Solidarité redonne

de l'ESPOIR à ceux qui l'avaient peut être perdu.

CCAS ASNIÈRES

J'ai été orienté à la Maison de la Solidarité par une fa-mille de Gennevilliers. Pour moi, c'est juste un passage pour pouvoir retrouver mes repéres. Il existe vrai-ment de l'écoute et un véritable accompagnement car grace à cette association, j'ai réussi à faire mes dé-marches, retrouver un hébergement et poser des CV partout pour trouver du travail. L'accueil est intéres-sant et éfficace et se place parmi les meilleurs des accueils de jour. La Maison m'a apporté une certaine stabilité ainsi que des moments d'échanges au travers de différentes sorties.

SAMIR

La Maison de la Solidarité c’est un endroit pour se poser, pour retrouver un peu son calme.

Une personne en difficulté va à la Maison de la Solidarité pour demander de l’aide, pour manger, pour se laver, pour chercher un hébergement, c’est un endroit d’échange et de tranquillité.

Plusieurs personnes vont à la Mairie pour demander l’adresse de la Maison de la Solidarité, pas bien située.

MAIRIE DE GENNEVILLIERS (personnes travaillant à l’accueil, par téléphone)

Pour vousc’est

quoi ?C’est au fond d’une rue, qui se termine en impasse, que nous sommes nichés, sur le territoire de Gennevilliers et presque sur celui d’Asnières.

Nous existons depuis près de 16 ans pour aider ceux qui frappent à notre porte et qui sont parmi les plus démunis de notre époque.

Nous sommes la Maison de la Solidarité.

Immergés dans la ville, nous avons des voisins, et c’est nécessité pour nous de nous lier diversement aux associations qui rayonnent dans la cité et au-delà.Nous sommes donc connus, mais quel regard tout un chacun porte-t-il sur nous ?

Bien entendu, nous ne sommes pas totalement ignorants mais nous voulons en savoir davantage. Ceci explique notre démarche et le contenu de ce journal qui revêt de ce fait un caractère inédit et exceptionnel.

LE COMITÉ DE LA RÉDACTION

la maison de la Solidarité

Page 3: C'est quoi la Maison de la Solidarité pour vous ?

Un endroit où il fait bon vivre, convivial, familial.Un endroit où il fait bon venir, passer du temps et rire un peu.

               CIM

L’idée que je me fais de votre asso ? Lieu de grande écoute pour personne en difficulté. Motivation à re-trouver sa dignité. Apprentissage ou réapprentissage de la vie en société. Recherche de solutions d’hébergement et aide aux démarches administratives.

PATRICIA MILLERETLE RELAIS

Étant assistante sociale au commissariat, je rencontre

régulièrement des personnes en grande difficulté :

mise à la porte, hébergement d’urgence, logement

insalubre…

Pour ces personnes, il est souvent difficile de garder

une certaine dignité et hygiène de vie quand on est

logé ou hébergé dans des conditions parfois très

difficiles.

Pour les personnes que je reçois et qui sont dans cette

situation, pouvoir les orienter vers la Maison de la

Solidarité est une vraie chance. Je sais que, grâce à

cela, ils peuvent accéder à des douches, un vestiaire,

une laverie et une cuisine, ainsi qu’à un accueil dans

le plus grand respect.

Pour tout ça, la présence de la Maison de la Solidarité

sur la ville de Gennevilliers est indispensable.

AURORE LECHATAssistante sociale ADAVIP 92,

permanence au commissariat de Gennevilliers.

Orienté par les restos du coeur, Hadel perçoit la maison comme un endroit pour se poser, prendre un café chaud, prendre sa douche. C'est un accueil de jour dans lequel on offre une écoute à toute personne en difficulté. Grâce à la Maison de la Solidarité, il a pu trouver un héberge-ment dans un hôtel pour une durée de deux mois et une stabilité importante pour avancer dans ses démarches. Il apprécie l'écoute de tous les salariés pour l'aider à trouver la solution à sa situation précaire. Il trouve aussi que la Maison est vraiment utile pour toute personne qui habite Gennevilliers. Elle est bien située pour répondre à la précarité. Grâce à elle, il a eu un suivi à la CVS (Circonscription de la vie sociale) d'Asnières et au CMP (Centre médico-psychologique).

HADEL

La Maison est bien située car elle répond à plusieurs demandes de personnes en précarité. Tant mieux qu’elle se trouve à Gennevilliers, car Gennevilliers a un niveau de précarité bien élevé.

La Maison de la Solidarité est un endroit qui répond aux besoins des personnes en difficultés.

PHARMACIE

Pour les gens qui sont en difficulté, se ressourcer, manger, se retrouver. J’ai vu que c’était un point de chute, c’est bien car les gens n’ont pas de point de chute.

Il faut une maison comme ça dans le quartier. Vous savez, les gens en difficulté y’en a peu qui se mettent à leur place…

J’en vois à la Mosquée, on discute, ils m’ont un peu raconté leur vie, c’est pas facile pour eux !

BOULANGERIE À COTÉ

Inconnue ? Méconnue ? Connue ?

J'habite le quartier, côté Asnières, depuis 1997. Les six premières années, la Maison m'était inconnue. Pas de panneau dans la rue qui l'indique, rien qui renvoi à son existence si on n'habite pas en face.

En 2003, nous avons commencé à amener notre fille à la maternelle à Asnières. Nous avons remarqué que quelques gens ne se dirigeaient pas en direction du métro (comme la plupart pour se rendre à leur travail) mais passaient en « contre-sens ». Un jour, Ghislaine Valadou, qui connaissait nos réalisations graphiques par le service culturel de Fontenay-sous-Bois, nous a invités à la Maison pour nous demander de refaire le journal « les gens de l'oubli ».

Une aventure commençait : un journal pas comme les autres, qui raconte la vie de la Maison. Étant dans le comité de la rédaction, ce travail ne consiste pas uniquement « à mettre en page » simplement les textes ou répondre à une commande d'un client lambda, non, c'est une rencontre avec les « gens » que la société préférait oublier. Il y a quelques années, j'ai animé un atelier d'affiche à la Maison, là, c'était encore autre chose : entendre les différentes histoires humaines qu'une société « évoluée » n'a pas le droit d'oublier.

Aujourd'hui, je sais, pourquoi le matin, certaines gens marchent en contre-sens, souvent avec un regard perdu, mais avec une destination, j'espère, d'espoir.

OLAF MÜHLMANNvoisin de la rue Basly

J'ai été orienté à la Maison de la Solidarité par une fa-mille de Gennevilliers. Pour moi, c'est juste un passage pour pouvoir retrouver mes repéres. Il existe vrai-ment de l'écoute et un véritable accompagnement car grace à cette association, j'ai réussi à faire mes dé-marches, retrouver un hébergement et poser des CV partout pour trouver du travail. L'accueil est intéres-sant et éfficace et se place parmi les meilleurs des accueils de jour. La Maison m'a apporté une certaine stabilité ainsi que des moments d'échanges au travers de différentes sorties.

SAMIR

La Maison de la Solidarité c’est un endroit pour se poser, pour retrouver un peu son calme.

Une personne en difficulté va à la Maison de la Solidarité pour demander de l’aide, pour manger, pour se laver, pour chercher un hébergement, c’est un endroit d’échange et de tranquillité.

Plusieurs personnes vont à la Mairie pour demander l’adresse de la Maison de la Solidarité, pas bien située.

MAIRIE DE GENNEVILLIERS (personnes travaillant à l’accueil, par téléphone)

c’est quoi ?

Et pour vous, la Maison de la Solidarité, qu’est-ce que c’est (vue de l’intérieur) ?

Une grille aux couleurs pimpantes (rouge et violet), une petite cour, une grande salle d’accueil. Et puis, plein de gars, le gobelet de café dans une main, la cigarette dans l’autre ; deux ou trois femmes un peu noyées dans ce flot d’hommes… Un téléphone portable qui diffuse de la musique, des petits groupes en pleine discussion à un volume sonore qui permet à tout le monde d’en profiter et empêcherait presque d’entendre ce que notre correspondant, au téléphone, nous dit… Un accueilli demande à sortir, il va en rejoindre un autre qui l’attend de l’autre côté de la grille. Et ils restent là, tous les deux, en face de la maison, sous les fenêtres du 1er étage de l’immeuble d’en face.

La Maison de la Solidarité, c’est du bruit, de la couleur, des conversations hautes en verbe : en français, en arabe, en anglais, voire en italien, de la rigolade, des coups de « gueule » aussi parfois... Et pour nos voisins proches, bien que plein de sollicitude et de compréhension, peut-être un endroit accueillant… mais bruyant ! Parfois, aussi, nos accueillis sortent de la maison un gobelet de café à la main. Nous leur recommandons de jeter les gobelets vides dans une des poubelles mises à disposition dans les rues. Mais nous savons que nous risquons d’en retrouver un ou deux dans le caniveau…

Sans parler de nuisance, nous appréhendons parfois l’impact de tout ce qui fait la vie de la maison et sa spontanéité : le respect des accueillis entre eux et à l’égard des accueillants, de la convivialité, de l’entraide, mais aussi des moments de tension, des bousculades lorsque l’un des accueillis ne va pas très bien et cherche à évacuer un trop-plein de souffrance. Autant de moments qu’il faut gérer en souplesse et en douceur afin que nos voisins ne retiennent de la maison que son verbe haut et ses couleurs !

ANNE COSQUERDirectrice de la Maison de la Solidarité

la maison de la Solidarité

Page 4: C'est quoi la Maison de la Solidarité pour vous ?

LES GENS DE L’OUBLI - n°31Directeur de publication et président de l’AssociationRégis Toulemonde

Comité de rédaction du n° 31 : Stéphane Barbanchon, Jeanine Boisard, Bernard Legrand †, Olaf Mühlmann, Benjamin Steinberg.

Notre joyeuse frappeuse de textes : Michèle Maffre

Notre fidèle correctrice : Jeanine Boisard

Pour toute remarque, contactez-nous au 01 47 90 49 03.

Directrice de la Maison : Anne Cosquer

Crédits photos : D.R. Maison de la Solidarité, Olaf Mühlmann

Conception graphique : © rübimann design http://www.rubimann.com

Impression : LNI

Imprimé sur papier 100% recyclé, Cyclus print 115g/m2

JUSQU'AUHORAIRES D’ACCUEIL D'ÉTE

À partir du 1er avril 2011 :lundi - vendredi : 8 h - 12 h

après-midi : rendez-vous et ateliers culturels.

Nous tenons à remercier tous nos partenaires pour leur aide précieuse et leur dévouement envers la Maison de la Solidarité.

REMERCIEMENTS

L'HOMME AU VÉLOpar Stéphanie

Bernard, nous garderons comme première image celle de l’homme au vélo, ce vélo compagnon fidèle qui t’a trahi un jour de février : il faisait froid, la route était un peu abrupte quelque part dans la montée sur Suresnes… Ton départ est brutal et nous avons du mal à réaliser que nous te croiserons plus dans les rues de Gennevilliers ou d’ailleurs.

Tu as mené l’un de tes combats dans cette Maison de la Solidarité, celle des sans toit, des sans voix, des sans papiers, disons des exclus de cette Société ; jeudi lorsque pour débuter la réunion hebdomadaire, Anne t’a rendu hommage, les visages se sont faits graves, des larmes ont coulé… ils ne voulaient pas y croire…

Tu ne seras plus là lors de nos réunions d’accueillants quand d’un semblant d’en-dormissement surgissait une remarque toujours pertinente.

Tu ne seras plus là pour donner de l’humanité d’un geste, d’une parole, d’un sourire à ces femmes, ces hommes, cas-sés par la vie.

Tu ne seras plus là pour accompagner les projets tel que celui de Voiles Ecarlates où, grâce à ton pied marin, vous avez formé un duo de choc avec Stéphane. Tu ne seras plus là lorsqu’au moindre souci technique, on faisait appel à Bernard.

Tu ne seras plus là pour le Comité de rédaction des Gens de l’Oubli lorsqu’il fallait concevoir un nouveau numéro.

Mais il restera les actions, les idées que tu as su semer autour de toi, elles continueront à germer dans nos esprits et lorsqu’on les défendra on dira « Bernard  aurait  fait  ou Bernard aurait pensé ainsi » et à ce moment là tu seras encore là.

Gide écrivait « Quand  je  cesserai  de m’indigner, j’aurai commencé ma vieillesse », tu n’auras jamais commencé à vieillir car tu n’auras jamais cessé de t’indigner, au revoir Bernard.

TON AUTRE CHEMINpar Stéphane Barbanchon

Une petite église dans un village perdu au milieu des champs... Le soleil est radieux et invite aux plus douces des confidences, celles que l'on glisse au détour d'une conversation pour se mettre à nu et refleurir dans le regard de l'autre. La petite église de ce petit village résonne d'une multitude de confidences et les yeux des uns et des autres sont autant de réceptacles. Les fleurs jalonnent les allées et les pensées. Le silence est pesant et forme un manteau autour de celui qui n'est déjà plus...

Déjà plus et pourtant si présent au milieu de ces hommes d'église, de ces anonymes d'ici et d'ailleurs, de cette famille d'une dignité à couper le souffle. Ils sont tous là, pour ce dernier hommage, à se nourrir de chaque mot, chaque larme, chaque émotion... Toutes les confessions, les nationalités se mélangent dans une même prière. Si Dieu existe, il s'est arrêté dans ce bout de monde pour communier et mettre en lumière l'amour d'un homme pour son prochain. Le soleil met en scène les reliefs de l'église et apporte une présence fascinante aux graphismes des vitraux. Les esprits baignent dans cette clairvoyance que seule la mort peut mettre en exergue...

"Partir pour revenir n'est pas vraiment partir", dit la chanson. Lui ne reviendra pas et c'est dans un petit champ aménagé, à quelques centaines de mètres de l'église que Bernard va dorénavant reposer. Lui, l'homme pressé, va pourtant poursuivre son chemin dans l'esprit de ceux à qui il a tant donné, comme une allégorie de la simplicité, entre tradition et modernité, mais aussi comme ce coquelicot qui refleurit pour témoigner en toute fragilité de la beauté d'une vie lorsqu'elle se tourne sciemment vers l'horizon.

HOMMAGE À RENÉ par Lorant

René a rejoint le paradis ce matin du 15 août 2010. Il avait eu 68 ans au mois d’avril. Il a quitté ce monde où il aimait râler sur toutes choses. Il avait un cœur grand comme son appart’, qu’il a su, avec sa gentillesse, partager avec moi.J’ai perdu un ami, que dis-je, un frère.

Repose en paix, mon ami.

BERNARD - CHER BERNARDpar Christiane Acas

Mais qu'est ce que tu faisais sur cette côte du Mont Valérien ? Tu sais bien pourtant qu'elle est pentue. Ça, c'est sûr, on aurait pu te le dire cent fois ! Tu es têtu. Tu n'en fais toujours qu'à ta tête.

C'est toi que j'ai rencontré, il n'y a pas si longtemps, à la caisse de Leroy Merlin, avec une grosse planche, et plus encore.Je t'ai proposé d'emporter tout cela dans ma voiture, de m'attendre en bas, mais non tu es parti sur ton vélo. Je t'ai cherché te jugeant fou. Peine perdue - pas retrouvé.

Bernard je te connais depuis tant d'années : du temps des salles pour les jeunes au 115 - de la Soudure pour la prévention - de l'Etrier pour l'insertion – de la Maison de la Solidarité… Tu étais le pont entre ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n'y croyaient pas. Dis, tu es où maintenant ? C'est comment ton paradis ? Tu étais le plus humain des humains. Toujours à aider. Mais en même temps tu savais crier, gueuler, pointer du doigt ce qui n'allait pas. Tu les a soutenus les jeunes et les autres, tous les autres.

Est ce que tu dormais seulement d'un oeil à nos réunions pour dire un mot quand on n'attendait pas?Tu voulais changer le monde comme nous mais pas avec n'importe qui, n'importe comment...

Tu pensais aux autres mais tu étais un franc-tireur. Tu as aimé les choses de la vie. À quoi tu pensais sur ton vélo à cette minute là ?

Bernard, je n'arrive pas à y croire ; je répète " mais quel con " à l'infini. On ne te verra plus à n'importe qu'elle heure traverser Gennevilliers à vélo. On ne te saluera plus de loin, on ne taillera plus une bavette au coin de la rue.

Bernard, tu nous manques déjà. Toi tu croyais qu'on n'était pas irremplaçable ; c'est sûr la vie va se poursuivre, mais tu vas manquer dans le paysage. Je veux croire qu'un feu follet traversera les Grésillons de temps en temps. Tu ne vas pas nous quitter comme çà.

S'IL VOUS PLAÎT, FAITES-MOI PLAISIR :

NE M'OFFREZ PAS DE MUGUET LE 1ER MAI par Jeannine Gabet dans « Au fil des jours », 2001

Si vous en avez dans votre jardin, ou si vous en avez apporté du Bois de Chaville, un petit bouquet me fera plaisir mais pas forcement le 1er mai. Cette coutume royaliste et libertine aurait dû être abolie en 1789 !

Le 1er mai, pour moi, n'est pas la Fête du travail : c'est la fête des travailleurs. C'est la commémoration des luttes ouvrières qui à Paris, à Chicago, à Fourmies ont coûté la vie à des ouvriers qui revendiquaient leurs droits. Ils ont eu le tort d'être trop nombreux, trop solidaires:la troupe a tiré. Paris les tués : un enfant ! Il était allé voir… Il y a 110 ans*. Le temps passe, on oublie… moi, je ne peux pas oublier ceux qui sont tombés parce qu'ils disaient qu'ils n'étaient pas d'accord, parce qu'ils voulaient vivre mieux. Hier, comme aujourd'hui, c'est avec des actes que l'on change le cours de la vie… pas avec du muguet !

* le texte date de 2001. Donc, ça fait maintenant 120 ans…

cœur tendre avec lequel il faisait bon vivre. Et c’est ce grand cœur qui la rendait combative pour lutter contre les injustices. Je pense qu’à cette heure-ci elle doit être enfin rassasiée !En ce moment certains de nos quartiers de Gennevilliers et d’Asnières sont embrasés par des scènes de violence. La haine se lit sur des visages et des jeunes le paient de leur vie. Aurons-nous le courage de dénoncer ces violences et, en même temps, de travailler à en supprimer les causes : échecs scolaires entre autres ?

…. Il y a encore des hommes et des femmes qui ont su faire avancer la paix non par les armes mais par l’amour et le combat pour la justice. « Une écorce rude et un cœur tendre ». Merci Jeannine.

UNE ECORCE RUDE

AVEC UN CŒUR TENDRESelon les souhaits de Jeannine un hommage lui a été rendu en l’église Marie-Madeleine le 17 mars 2011. Extraits de l’intervention de Pierre Andrieux

« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés ! » S’il y a quelqu’un qui avait faim et soif de la justice, c’est bien Jeannine ! Sa fibre militante la faisait réagir au quart de tour chaque fois qu’elle se heurtait à une injustice. Elle ne pouvait pas supporter que des gens ne soient pas respectés dans leur dignité. Et, du coup, elle réagissait avec vigueur, mais c’était son cœur qui parlait…Quelqu’un me disait : « Pour moi Jeannine c’était une écorce rude avec un cœur tendre. ». J’ai bien aimé cette comparaison qui décrivait ce qu’elle a été. Une écorce rude à laquelle il fallait parfois se frotter et s’habituer. Mais un