Centre national de reference des meningocoques et Neisseria apparentees

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Mddecine et Maladies Infectieuses -- 1987 -- 12 -- 753/z 755 COMMUNIQUE CENTRE NATIONALDE REFERENCE DES MENINGOCOQUES ET NEISSERIA APPARENTEES Depuis l'arr6t6 minist6riel du 15 juin 1987 le labo- ratoire des Neisseria de l'Institut Pasteur est devenu Centre National de R6f6rence des M6ningocoques et Neisseria apparent6es (CNRM). Ce communiqu6 r6pond ~ trois questions : i) Pourquoi envoyer les souches de m6ningocoques au Centre de R6f6ren- ce ? ii) Comment envoyer les souches ? iii) Quelles sont ~ l'heure actuelle, les difficult6s rencontr6es concernant le diagnostic bact6riologique et le s6ro- groupage des m6ningocoques ? Pourquoi envoyer les souehes Un des premiers objectifs du Centre de R6f6rence est d'aider le laboratoire d~llaS son identification bact6riologique et immunologique de la souche bact6rienne. Le deuxi6me est de pouvoir constituer des relev6s 6pid6miologiques fiables, utilisables dans la prOvention. Les infections h m6ningoco- ques, surtout les m6ningites et les m6ningococc6- mies, demeurent en France avec 800 gt 900 cas par an, un probl~me de Sant6 Publique important. Ces cas sont malheureusement, malgr6 les progr6s de la r6animation, gr6v6s d'une mortalit6 non n6gligea- ble : 8,7 % en 1978, 8,5 % en 1986. (Cottin J.F. Bull. Epid. Heb. N ° 12-1987). Cette mortalit6 est importante chez le sujet jeune de 0 ~ 4 ans, groupe d'~ge atteint le plus souvent avec un deuxi6me pic de fr6quence de 15 ~ 19 ans. Si le s6rogroupe B reste pr6dominant en France (avec plus de 50 % des cas) on a assist6, au cours des ann6es pass6es, h des variations des pourcenta- ges relatifs des deux autres groupes majeurs A et C. Autour de 1975, 1976 on assista, en France com- me dans le reste de l'Europe, h une augmentation significative du s6rogroupe A puis ~ sa r6gression puisqu'il ne repr6sente que 1 /l 2 % des souches isol6es actuellement. Depuis 1980 on assiste ~ une mont6e constante et r6guli~re du s6rogroupe C. Ces ph6nom~nes sont tr~s importants ~ consid6rer car dans la majorit6 des cas, les sujets s'immunisent lors d'une primo-infection se pr6sentant sous forme d'une rhinopharyngite passant presque toujours inaperque. Le s6rogroupe B 6tant pr6dominant en France, les sujets s'immunisent vis-a-vis de ce grou- pe, mais ne le sont pas pour les groupes Aet C car il n'y apas de protection crois6e. L'6mergence dans la population d'un groupe autre que B constitue donc un 6v6nement qui peut avoir des r6percus- sions consid6rables sur la gravit6 des cas puisque, si nous disposons ~ l'heure actuelle de vaccins anti- meningococciques A et C (Yet W135 6galement), aucun vaccin contre le groupe B n'a pu 6tre mis au point jusqu'/l maintenant. A tout moment, la sur- venue d'un s6rogroupe inhabituel peut se manifes- ter comme ce fut le cas cette ann6e, en Ao~t et Septembre pour le s6rogroupe A chez des sujets directement ou indirectement en contact avec l'6pid6mie r6cente d'Arabie Saoudite (p61erinage de La Mecque). I1 y a lieu alors de vacciner les cas con- tacts ou les sujets d6sirant se rendre dans un pays pr6sentant une 6pid6miel Nous insistons donc sur le fait que la d6termination sitre et rapide du s6rogroupe A, B ou C a des cons6- quences prophylactiques imm6diates. La circulaire minist6rielle N ° 85 du 13 F6vrier 1987, complete celle du 28 Janvier 1980 N ° 8, rappelant qu'il s'agit d'une maladie /l d6claration obligatoire et l'int6r~t de l'antibioprophylaxie. De plus, elle d6crit les indications et les conditions d'emploi de la vaccination prophylactique contre les groupes A et C. Cette vaccination est destin~e aux sujets expos6s ~ des contacts proches et rdp~- t~s. En pratique : i) en ville les sujets vivant au do- micile du malade, ii) dans les eollectivit~s scolaires ; la vaccination sera d'autant plus 6tendue que les sujets seront plus jeunes. Dans les collectivit6s d'adultes la vaccination est indiqu6e seulement lors de la survenue de cas secondaires ou d'une 6pid6- mie. Le troisi~me objectif/t atteindre concerne la mise au point de marqueurs 6pid6miologiques plus 61a- bor6s. Nous voulons plus sp6cialement parler des sdrotypages (sp6cificitOs de prot6ine de membrane externe). La surveillance de la sensibilit6 des m6- ningocoques aux antibiotiques est 6galement d'un int6r~t primordial. La sulfamido-r6sistance du *Centre National de Rdf6rence des M6ningocoques et Neisseria epparentde$. Laboratoire des Neisseria, Unit~ d'Ecologie Bactd- rienne, Institut Pasteur, 25-28 rue du Docteur Roux, F-75724 Paris cddex 15. Responseble Dr. J.Y. Riou. 753

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Mddecine et M a l a d i e s I n f e c t i e u s e s - - 1987 -- 1 2 - - 753/z 755 COMMUNIQUE

CENTRE NATIONAL DE REFERENCE DES MENINGOCOQUES ET NEISSERIA APPARENTEES

Depuis l'arr6t6 minist6riel du 15 juin 1987 le labo- ratoire des Neisseria de l'Institut Pasteur est devenu Centre National de R6f6rence des M6ningocoques et Neisseria apparent6es (CNRM). Ce communiqu6 r6pond ~ trois questions : i) Pourquoi envoyer les souches de m6ningocoques au Centre de R6f6ren- ce ? ii) Comment envoyer les souches ? iii) Quelles sont ~ l'heure actuelle, les difficult6s rencontr6es concernant le diagnostic bact6riologique et le s6ro- groupage des m6ningocoques ?

Pourquoi envoyer les souehes

Un des premiers objectifs du Centre de R6f6rence est d'aider le laboratoire d~llaS son identification bact6riologique et immunologique de la souche bact6rienne. Le deuxi6me est de pouvoir constituer des relev6s 6pid6miologiques fiables, utilisables dans la prOvention. Les infections h m6ningoco- ques, surtout les m6ningites et les m6ningococc6- mies, demeurent en France avec 800 gt 900 cas par an, un probl~me de Sant6 Publique important. Ces cas sont malheureusement, malgr6 les progr6s de la r6animation, gr6v6s d'une mortalit6 non n6gligea- ble : 8,7 % en 1978, 8,5 % en 1986. (Cottin J.F. Bull. Epid. Heb. N ° 12-1987). Cette mortalit6 est importante chez le sujet jeune de 0 ~ 4 ans, groupe d'~ge atteint le plus souvent avec un deuxi6me pic de fr6quence de 15 ~ 19 ans.

Si le s6rogroupe B reste pr6dominant en France (avec plus de 50 % des cas) on a assist6, au cours des ann6es pass6es, h des variations des pourcenta- ges relatifs des deux autres groupes majeurs A et C. Autour de 1975, 1976 on assista, en France com- me dans le reste de l'Europe, h une augmentation significative du s6rogroupe A puis ~ sa r6gression puisqu'il ne repr6sente que 1 /l 2 % des souches isol6es actuellement. Depuis 1980 on assiste ~ une mont6e constante et r6guli~re du s6rogroupe C. Ces ph6nom~nes sont tr~s importants ~ consid6rer car dans la majorit6 des cas, les sujets s'immunisent lors d'une primo-infection se pr6sentant sous forme d'une rhinopharyngite passant presque toujours inaperque. Le s6rogroupe B 6tant pr6dominant en France, les sujets s'immunisent vis-a-vis de ce grou- pe, mais ne le sont pas pour les groupes A e t C car il n 'y apas de protection crois6e. L'6mergence dans

la population d'un groupe autre que B constitue donc un 6v6nement qui peut avoir des r6percus- sions consid6rables sur la gravit6 des cas puisque, si nous disposons ~ l'heure actuelle de vaccins anti- meningococciques A et C (Ye t W135 6galement), aucun vaccin contre le groupe B n'a pu 6tre mis au point jusqu'/l maintenant. A tout moment, la sur- venue d'un s6rogroupe inhabituel peut se manifes- ter comme ce fut le cas cette ann6e, en Ao~t et Septembre pour le s6rogroupe A chez des sujets directement ou indirectement en contact avec l'6pid6mie r6cente d'Arabie Saoudite (p61erinage de La Mecque). I1 y a lieu alors de vacciner les cas con- tacts ou les sujets d6sirant se rendre dans un pays pr6sentant une 6pid6miel

Nous insistons donc sur le fait que la d6termination sitre et rapide du s6rogroupe A, B ou C a des cons6- quences prophylactiques imm6diates.

La circulaire minist6rielle N ° 85 du 13 F6vrier 1987, complete celle du 28 Janvier 1980 N ° 8, rappelant qu'il s'agit d'une maladie /l d6claration obligatoire et l'int6r~t de l'antibioprophylaxie. De plus, elle d6crit les indications et les conditions d'emploi de la vaccination prophylactique contre les groupes A et C. Cette vaccination est destin~e aux sujets expos6s ~ des contacts proches et rdp~- t~s. En pratique : i) en ville les sujets vivant au do- micile du malade, ii) dans les eollectivit~s scolaires ; la vaccination sera d'autant plus 6tendue que les sujets seront plus jeunes. Dans les collectivit6s d'adultes la vaccination est indiqu6e seulement lors de la survenue de cas secondaires ou d'une 6pid6- mie.

Le troisi~me objectif/ t atteindre concerne la mise au point de marqueurs 6pid6miologiques plus 61a- bor6s. Nous voulons plus sp6cialement parler des sdrotypages (sp6cificitOs de prot6ine de membrane externe). La surveillance de la sensibilit6 des m6- ningocoques aux antibiotiques est 6galement d'un int6r~t primordial. La sulfamido-r6sistance du

*Centre National de Rdf6rence des M6ningocoques et Neisseria epparentde$. Laboratoire des Neisseria, Unit~ d'Ecologie Bactd- rienne, Institut Pasteur, 25-28 rue du Docteur Roux, F-75724 Paris cddex 15. Responseble Dr. J.Y. Riou.

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s6rogroupe A est connue depuis longtemps. La r6- sistance aux b6ta-lactamines (h d6terminisme plas- midique) est rest6e jusqu'~t maintenant exception- nelle (un cas d6crit au Canada).

Comment envoyer les souches ?

Au niveau du laboratoire hospitalier dans le cas des malades, comme au niveau des laboratoires d'ana- lyses m6dicales dans les cas de recherche de porta- ge, le diagnostic bact6riologique et le s6rogroupage peuvent 6tre men6s h bien dans la majorit6 des cas.

• Pour adresser la souche de m6ningocoque un cer- tain nombre de dispositifs de transport permettant une survie de la bact6rie pendant 24 ~t 48 heures la temp6rature ambiante sont possibles. Ces techni- ques sont bien codifi6es et d6crites dans la publica- tion Abalain et al. (Transport et conservation des Neisseria, Mdd. Mal. Infect., 1985, 15, 9bis, 495- 498). Les souches doivent 6tre envoy6es avec les pr6cautions d'usage vis4t-vis de la 16gislation (con- vention d'Ottawa 1967 art. 119. Instructions du 18 Juin 1982 au Bulletin officiel des P et T). A titre d'exemple une culture pure et viable peut 6tre envoy6e dans les milieux d6riv6s du milieu d'Amies (TGV-a6r) (Diagnostics Pasteur) ; la survie est bonne durant 48 heures ~ temp6rature ambiante. Un milieu <<g61ose chocolat>> inclin6 en tube de 17 mm de diam~tre, ensemenc6 et incub6 24 heu- res, recouvert ou non de vaseline st6rile, assure aussi une bonne survie. L'id6al consiste h adresser des ampoules de lyophilisat de culture, mais cette technique demeure lourde ~ mettre en oeuvre.

Les souches doivent parvenir au Centre avec une fiche de renseignements. S'il s'agit de pr616vements multiples chez un m6me sujet il y a lieu d'employer plusieurs fiches de renseignements et d'envoyer les diffdrentes souches (marqueurs 6ventuellement dif- f6rents).

Difficult6s rencontr6es

L'isolement de la bactOrie : les conditions d'isole- ment sont variables suivant les sites anatomiques de pr616vement et le fair que les malades ont pu rece- voir des antibiotiques au pr6alable. Dans les cas de pr616vement ~ partir des LCR, la bact6rie peut cul- fiver difficilement ; on utilisera un milieu adapt6 aux Neisseria qui soit non sdlectif (c'est-g-dire sans m61ange antibiotique inhibiteur pour les autres bac- t6ries VCN ou VCF). Lors d'un pr61~vement off le m6ningocoque peut-6tre inclus dans une microflore pr6existante, on utilisera simultan6ment milieux

sdlectifs et non sdlectifs. Rappelons que ce sont es- sentiellement N, meningitidis, N. gonorrhoeae, N. lactamica et N. polysaccharea qui cultivent sur mi- lieux s61ectifs alors que les autres Neisseria ne cul- tivent qu'exceptionnellement. Aussi bien en cas de m6ningite qu'6videmment de m6ningococc6mie, l'hOmoculture doit 6tre syst6matique.

Diagnostic par recherche d'antigdne dans le LCR : un certain nombre de dispositifs permettent de rechercher directement les antig6nes meningococ- ciques dans le LCR, plus difficilement dans le sang ou les urines. On retiendra la valeur d'un test posi- tif mais le fait qu'il soit n6gatif n'exclut pas le diag- nostic. Ces dispositifs sont utiles lorsqu'une dose d'antibiotique a d6j~t 6t6 appliqu6e, insuffisante pour gu6rir le malade, responsable, par contre d'6chec de culture.

Diagnostic bact~riologique : Neisseria meningitidis est beaucoup moins exigeante que des bact6ries proches comme N. gonorrhoeae ou N. lactamica. Elle cultive sur g61ose nutritive simple, type <<Heart Infusion Agar>> ou milieu de MueUer et Hinton. Ce- ci toujours ~ 36-37°C et mieux en atmosph6re enri- chic de 8 ~ 10 % de CO2 mais la non-exigence en CO2 n'est pas un caract6re d'exclusion du diagnos- tic. D6s que la culture est purifi6e (ou pure d'em- bl6e LCR, sang . . .) on recherche l'acidification d'au moins quatre substrats glucidiques en milieu appropri6 : glucose, maltose, 16vulose, saccharose. Dans la tr6s grande majorit6 des cas, N. meningiti- dis acidifie glucose et maltose. Quelques souches d6ficientes (rares) n'acidifient pas le glucose et/ou le maltose. Nous poss6dons alors des r6actions compl6mentaires tr6s utiles comme la recherche de la gamma-glutamyl-transfOrase nettement positi- ve darts le cas du m6ningocoque.

EN RESUME

Un diplocoque g coloration de Gram n6gative, oxy- dase et catalase positives, cultivant sur milieu s61ec- tif Neisseria, n'acidifiant que glucose et maltose, pr6sentant une gamma-glutamyl-transf6rase, ONPG n6gative, ne produisant pas de polysaccharide partir du saccharose, Correspond au diagnostic de Neisseria meningitidis. II faut alors agglutiner avec les immuns~rums spdcifiques.

Technique de sOrogroupage : une agglutination di- rectement g partir des milieux d'isolement peut 6tre tent6e, il faut savoir cependant qu'avec ces mi- lieux enrichis, il y aura souvent des polyagglutina- tions. Lors de la constitution de la galerie diagnos-

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tique, l 'ensemencement simultan6 d 'un milieu de Mueller et Hinton est n6cessaire, c'est h partir de cette culture que l'on aura les meilleures chances d'avoir une agglutination spdcifique (agglutina- t ion sur lame). Si une coagglutination persiste, on pratique alors un deuxi6me repiquage sur Mueller et Hinton pour une nouvelle agglutination (ceci peut 6tre fait trois jours cons6cutifs). Dans ces con- ditions il est rare que l 'on n 'obtienne pas une ag- glutination nette. I1 faut savoir qu'avec les s6rums agglutinants polyclonaux A, B e t C les agglutina- tions A e t C sont nettes et imm6diates : gros areas sur fond clair, l 'agglufination B est aussi imm6dia- te mais plus fine. Ce fair tient h deux facteurs : i) le polysaccharide capsulaire du groupe B e s t peu stable, lorsqu'il se d6polym~fise il est moins im- munog6ne et ii) de plus il pr6sente des commu- naut6s antig6niques avec certains glycoconjugu6s de l'organisme.

Les sdrogroupes (immunosp6cificit6s des polysac-

charides capsulaires) se r6partissent de la faqon suivante :

1. Les plus fr6quents sont A, B e t C 2. Les s6rogroupes Y, W135, X, 29E, Z ne sont

pas rares. 3. Les s6rogroupes H, J, K et L sont exception-

nels.

Nous rappelerons que les sdrogroupes que nous ve- nons de d6crire ne doivent pas ~tre confondus avec les sdrotypes qui sont port6s par des immunosp6ci- ficit6s de prot6ines de membrane externe. Certains de ces derniers sont li6s ~t la virulence.

Le Centre National de R6f6rence des M6ningoco- ques est pr6t ~ recevoir vos souches, accompagn6es d'une fiche de renseignements. Les d6terminations et les confirmations sont effectu6es h titre gratuit lorsque les souches sont adress6es ~t l'6tat pur avec un minimum d'indications.

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