Cendrillon en vaudevilles Opera baroque€¦ · SAISON 2011-2012 Cendrillon en vaudevilles –...
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Opéra de Reims
13 rue Chanzy 51100 Reims
Location tél : 03 26 50 03 92
SAISON 2011-2012
Cendrillon en vaudevilles – Opera baroque Instant magique que cette réapparition d’une
Cendrillon oubliée, un opéracomique créé en
1759 et jamais rejoué depuis… Les bonnes fées
de l’Ensemble Les Monts du Reuil l’ont sortie
des limbes en rassemblant textes et partitions
éparpillées dans les rayons d’illustres
bibliothèques.
Première version musicale du conte de Charles
Perrault, cette Cendrillon d’Anseaume et
Laruette reflète un moment particulier de la
musique française, à la charnière de la fin du
baroque flamboyant et du classicisme naissant.
La musique de Jean-Louis Laruette mêle des
airs célèbres d'opéras parodiés à des chants
populaires ou « vaudevilles » qui, avant de
prendre leur sens actuel de théâtre léger,
servaient de support à des couplets de
comédie.
Comme libérée de la lampe d’Aladin, cette
Cendrillon mise en scène par Judith Le Blanc
pose ses chaussons aux portes d’un Orient
fantasmatique et onirique, un monde chanté et
enchanté, peuplé d’images inspirées de
Jacques Demy ou de Bollywood.
Restitution musicale : Hélène Clerc-Murgier et
Pauline Warnier - Mise en scène : Judith
Leblanc - Conseiller artistique : Juan Kruz dias
de Garaio Esnaola - Harmonisation vaudevilles :
Emmanuel Clerc - Scénographie : Garance
Coquart - Décors : Alain Lemée - Création
lumières : Pierre Daubigny
Cendrillon : Eve Coquart - La Fée/Marraine :
Armelle Khourdoïan - La soeur aînée : Anne-
Marie Beaudette - La soeur cadette : Eléonore
Lemaire - Azor : Benjamin Alunni - Pierrot : Cécil
Gallois
Ensemble Les Monts du Reuil
Coproduction : Ensemble Les Monts du Reuil,
Opéra Comique, Opéra de Reims, Festival Jean
de La Fontaine
www.lesmontsdureuil.fr
Sommaire
Litterarum formas human 2
itatis per seacula quart 2
a decima et quinta deci 3
ma. Per seacula quarta 4
Mirum: Vivamus est ipsum, vehicula nec, feugiat
rhoncus, accumsan id, nisl. Lorem ipsum dolor sit
amet, consectetuer
Vendredi 25 novembre
20h30
Durée : 1h15 sans entracte
Scolaire :
Vendredi 25 novembre
14h30
Durée : 1h05
A partir de 12 ans
Jeu
ne p Service
Jeune Public
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Jean-Louis Laruette (Paris 7 mars 1731 - paris 10 janvier 1792)
Compositeur et ténor français. Fils d’un
commerçant qui tenait une boutique de
parfumerie, ganterie... rue des Cordelliers, il
reçut une bonne éducation. Laruette jouait du
clavecin, chantait avec art et disait des vers en
comédienné, était de plus un fn lettré, et un
homme de la plus parfaite éducation*. En
1752, il fait ses débuts à l’opéra comique pour
doubler Deschamps défaillant, où il joue des
rôles d’amoureux. Il fait ses débuts avec le
boulevard le 24 août 1758. Plus tard, il joue
des rôles de vieillard, malgré sa voix de ténor
léger. Il acquiert une réputation telle, que les
rôles de pères, banquiers, etc. seront écrites
pour voix aigues et sont encore connus sous de
nom de laruettes. En raison de sa culture et de
son intelligence, il devint le « directeur de la
musique » de ce théâtre dirigé par Jean Monnet.
De sociétaire à la Comédie-Italienne (1763),
Laruette deviendra membre du comité (1766)
Comme compositeur, Laruette participe
activement au développement de l’ opéra
comique et devient, avec Duni, le créateur de l’
Opéra-Comique tel qu’il est caractérisé -c’est-à-
dire un mélange de musique et de texte parlé et
devenant le précurseur de Monsigny et F.-A.
Philidor. Il compose jusqu’en 1772, mais sa
santé fragile l’oblige à quitter le théâtre en
1779. Il continue à donner des récitals jusqu’en
1785, et était membre de la Société
Académique des Enfants d’Apollon.
Louis Anseaume (Paris 1721 - Paris 7 Juillet 1784)
Auteur dramatique - Soufeur au Téâtre italien,
puis sous-directeur de l’Opéra comique ; il fut
l’un des créateurs de l’opéra comique. Il
composa seul, ou en société avec d’autres
auteurs, un très grand nombre de pièces qui
sont aujourd’hui à peu près oubliées. Il fut très
long-temps soufeur du théâtre italien, auquel il
se rendit trè utile en faisant de compliments de
clôture pendant pluieurs années. Anseaume
avait commencé par être ou-directeur, et enuite
soufeur de l’Opéra-Comique de la Foire; il
travailla pour ce théâtre, et y ft représenter, en
1757, le Peintre amoureux, qui eut un grand
nombre de repréentations. Le pièces
d’Anseaume ont été recueillies en troi volues in-
8° ; elle ne forment cependant pa tout son
théâtre ; car ce recueil est daté de 1766, et
pluieurs pièces de cet uteur ont paru depuis. On
voit encore avec plaisir le Tableau parlant,
excelente farce qui fut représentée en 1769;
mais il faut avouer que la musique de Grétry a
beaucoup contribué au succès de la pièce.
D’un petit volume
déniché un peu par
hasard à la bibliothèque
de l’Arsenal a germé,
après un jeu de piste
passionnant, un
opéracomique :
Cendrillon.
C’est une oeuvre à tiroirs, refl et d’une
époque très particulière de la musique
française, se glissant entre la fin du
baroque fl amboyant et le classicisme
naissant. Le compositeur mêle des airs
célèbres d’opéras parodiés à des chants
populaires (les vaudevilles qui, par
référence au texte original, permettaient
le jeu de mot, le double sens) et
compose ses propres pièces qui collent
au plus près au texte du librettiste Louis
Anseaume. Rejouer aujourd’hui cette
Cendrillon de 1759 n’a donc pas été
sans poser beaucoup de questions.
Nous tenions à respecter l’esprit d’une
interprétation « baroque » attentive, tout
en acceptant l’espace de liberté et de
création suggéré par le genre. Nos choix
s’appuient sur les conseils de
musicologues, et nous assumons une
part d’incertitude concernant la
réalisation des vaudevilles : en eff et, la
seule indication qui nous est donnée
dans le livret est le titre des mélodies,
dont il faut ensuite retrouver la trace
dans des recueils d’airs, puis imaginer
l’harmonisation… Soulignons que c’est
devant la grande qualité du livret et des
airs de Jean-Louis Laruette que nous
avons entrepris cette reconstitution :
Cendrillon nous dévoile un compositeur
sensible qui s’exprime en demi-teintes
et nous touche par ses mélodies tendres
et délicates.
Hélène Clerc-Murgier et Pauline Warnier
Cette histoire est l’histoire de feu Thévenard,
célèbre acteur de l’Opéra, qu’une pantoufl e,
étalée sur la boutique d’un cordonnier, rendit, à
l’âge de soixante ans, éperdument amoureux
d’une demoiselle qu’il n’avait jamais vue, qu’il
découvrit, et de laquelle il fi t sa femme. La
Porte et Clément, Anecdotes dramatiques,
Paris, Veuve Duchesne, 1775, tome I, p. 187.
Le passage à la scène implique un
resserrement de l’intrigue qui se déroule
désormais sur une seule journée. Anseaume
se concentre sur le dénouement et supprime
les métamorphoses sur lesquelles repose le
merveilleux féerique du conte. Il joue à
tromper les attentes du spectateur et
escamote l’épreuve de l’essayage de la
pantoufl e, le frustrant ainsi du moment
érotique par excellence. Cendrillon est une
oeuvre de transition qui joue sur une
esthétique hybride et fait alterner une
musique recyclée, celle des vaudevilles,
connus du public de l’époque, avec les
ariettes de La Ruette ou celles empruntées à
Duni. Les premiers favorisent la connivence
avec les spectateurs, tandis que le charme
des ariettes repose sur une plus grande
sophistication musicale qui suscite l’émotion.
Ce spectacle, nous le rêvons comme un petit
opéra de poche. Une miniature orientale et
sensuelle. Un bijou fi nement ciselé. Une
gourmandise, c’est-àdire une grivoiserie.
Notre ambition est de donner à entendre
l’intelligence du mariage entre le texte et la
musique dans ce genre peu connu du public
actuel. Faire découler le jeu du dire. Que le
spectateur sorte du théâtre en fredonnant. Il
était une fois...
Cendrillon en chansons. L’humour et la
démystifi cation s’invitent sur scène, pour en
fi nir avec la naïveté d’une Cendrillon qui est
aussi la lointaine cousine d’Agnès. Et parce
que les soeurs de Cendrillon sont aussi les
soeurs de Platée. Imaginez Cendrillon
délocalisée dans un Orient fantasmatique. Un
voyage improbable comme la rencontre de
Jacques Demy et Shahrukh Khan à la Foire
Saint-Germain, ou celle de Charles Perrault
et Jean-Philippe Rameau dans un film de
Bollywood, une rencontre où tout fi nirait en
chansons parce que de toutes façons, là-bas
comme à l’Opéra, il est naturel que tout le
monde chante.
Biographies
Note d’intention sur la mise en scène
Judith Le Blanc
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Qu’est-ce que la
musique
baroque? Le baroque couvre une grande période dans
l’histoire de la musique et de l’opéra. Il s’étend
du début du xviie siècle environ au milieu du
xviiie siècle, de façon plus ou moins uniforme
selon les pays considérés. De façon
nécessairement schématique, l’esthétique et
l’inspiration baroques succèdent à celles de la
Renaissance (apogée du contrepoint et de la
polymélodie) et précèdent celles du
classicisme (naissance d’éléments discursifs,
comme la phrase musicale ponctuée) : comme
dans l’architecture, les « fgures » musicales
baroques sont soutenues par une « basse
continue » très stable (on est à la jonction entre
contrepoint et harmonie).
Qu’est-ce qu’un
opéra comique? Genre lyrique du xviiie siècle, l’opéra-comique
dérive de la comédie-ballet, avec de nombreux
emprunts au répertoire des airs sérieux et à
boire. Il naît sur les tréteaux des Foires Saint-
Laurent et Saint-Germain où, après avoir été
interdit, le chant est à nouveau autorisé (1714).
Il fera les beaux jours du théâtre de l’Opéra-
Comique.
Opéra-comique ne signife pas que l’oeuvre sera
comique et que le dénouement sera heureux
mais il correspond à des oeuvres où les scènes
chantées alternent avec des dialogues parlés
(avec des apartés au public). L’opéracomique
aborde des sujets de la vie quotidienne et
n’hésite pas à faire référence à des sujets
d’actualité.
Qu'est-ce qu'un
vaudeville? A l'origine, au XVe siècle, le vaudeville, ou
vaudevire, du nom du lieu où il a pris naissance,
est une chanson gaie et maligne. Jusqu'à la fn du
XVIIIe siècle, moment où il se fond avec le courant
de la chanson française, le vaudeville se présente
sous deux aspects : un aspect satirique inspiré
des a [… Marin Mersenne, en 1636, défnit le
vaudeville comme « le plus simple de tous les
airs, et s'applique à toute sorte de poésie que l'on
chante note contre note sans mesure réglée :
cette grande facilité fait appeler les chansons
vaudevilles parce
que les moindres artisans sont capables de les
chanter» L'étymologie de vaudeville est
probablement Voix de Ville, qui était une locution
commune au XVIe s., expliquée pour aller « à vau-
de-ville », comme « à vau-l'eau ». On connaît des
livres de Voix de Ville et de Vaux de Ville de 1561,
1576, 1579. Au XVIIIe s., le vaudeville gagna le
théâtre, où ses timbres servirent aux couplets de
comédie, qui prirent de plus en plus d'importance.
On avait eu d'abord la comédie mêlée de
vaudevilles, on eut ensuite l'opéra-comique en
vaudeville, et enfn, avec Pris et Barré, la comédie-
vaudeville, qui devint une forme classée et eut
son théâtre,
le théâtre du vaudeville. Les vaudevilles du XVIIIe
s. étaient souvent des contredanses, des airs de
danse, et servaient indéfniment à des couplets
nouveaux, que les rimeurs accoutumés à ce
genre de poésie établissaient
sur des « patrons » rythmiques fxes. La Clef
du Caveau (fondé vers 1730) en est le
magasin général.
Choisir un des airs étudiés et en changer le
texte, en respectant les règles élémentaires
de la prosodie, revient à faire le travail d’un
vaudevilliste. L’élaboration, par oral, de
nouvelles paroles, se passe en deux temps.
Primo, élaborer le texte poétique, qui doit
observer la «coupe» : le nombre de vers, de
syllabes (à compter et recompter) et les
rimes.
Secundo, soumettre le texte à l’épreuve du
chant ; c’est la phrase musicale qui décide si
la proposition est recevable ou non.
La presse en parle
Côté interprétation, on félicitera d’abord l’ensemble Les Monts du Reuil, à la fois pour son travail de reconstitution et son exécution attentive et
inspirée. DARIA MOUDROLIOUBOVA. OPERA MAGAZINE, AVRIL 2008.
C’est comme une jolie miniature, une lanterne magique. Sur scène, cinq musiciennes de l’ensemble partagent leur plaisir de jouer avec le public. Un
quatuor à cordes, avec violons, alto et violoncelle, qui se lovent au creux du clavecin. Cinq jeunes musiciennes (...) recréent avec bonheur cette
délicate partition baroque. LE TELEGRAMME, LE 16 FEVRIER 2008.
Quant à l’ensemble instrumental Les Monts du Reuil, il est excellent. En effet cet ensemble (...) a été une véritable révélation. Jouant sur instruments
d’époque, ce qui allait de soi, le quatuor à cordes tout comme la claveciniste nous ont fascinés. Des violons et un alto jouant de virtuosités dans les
ornements, une excellente interprétation de la Folia dans la version de Vivaldi, dans un style plus vrai que nature (...) nous ont donné la chair de
poule, tout comme Hélène Clerc-Murgier tirant de son clavecin de multiples et subtiles couleurs. OPERA DATA BASE, LE 6 FEVRIER 2008.
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Vous allez assister à un opéra-
comique, Cendrillon, première
version scénique et musicale du
conte de Perrault. Cette version
sera suivie d’une cinquantaine
d’autres versions : théâtre-
opéras-cinéma-dessin animés... Cet opéra a été composé en 1759, et
rejoué en 1762, il y a donc presque
250 ans! Louis XV règne depuis 1726,
et jusqu’à 1774.
- Le spectacle présenté par Les Monts
du Reuil est particulièrement riche
d’exploitations pédagogiques : outre le
conte de Perrault, les airs qui jalonnent
les 15 scènes de l’opéra-comique
appartiennent en grande partie au
répertoire du chant populaire des
XVIIème et XVIIIème siècle.
Malbrough s’en va t’en guerre ou
Cadet Roussel, encore chantés de nos
jours, sont issus de ce même
répertoire
Vaudevilles
Questions sur les vaudevilles
du Cendrillon de Jean-Louis
Laruette et Louis Anseaume
Opéra comique en un acte Représenté sur le
théâtre de la foire St-Germain le 20 février
1759 et remis à la Comédie Italienne le 14
juillet 1762 Partition augmentée pour la reprise
en 1762. Cendrillon de Jean-Louis Laruette est
écrit sur 12 airs et 80 vaudevilles; on n'a
malheureusement pas retrouvé la musique du
choeur final, écrit par Laruette. Le premier air
est une parodie de Rameau pour violon et
hautbois sur l'air La sagesse est de bien aimer
(Texte original : La sagesse est de bien aimer, Et
d'aimer toujours sans partage, On est heureux
si l'on peut s'enflammer; Si l'on est constant, on
est sage) Suit un Récitatif de Mr la Ruette, puis
une ariette de Mr Duny Le moyen de faire
autrement. L'air n°4 est de Laruette, ainsi que
le 5 : Les yeux baissés par modestie. Suit une
ariette de Mr Duny. Viennent ensuite un
monologue de Mr de la Ruette, une ariette de
Mr la Ruette (Fort et marqué) pièce centrale
dans le ressort comique: c'est le moment où les
deux soeurs se disputent les services de
Cendrillon. Dans la deuxième partie, tous les
airs sont de Laruette : O toi qui me punit de
mon indifférence, air gay, récitatif par Mr de la
Ruette Avant de vous connaître, j'adorais vos
appas, et enfin le duo final (gravement) L'éclat
de la grandeur suprême. Tous ces airs sont
entrecoupés de vaudevilles. Ce qui surprend,
c'est le peu d'airs écrits par Laruette lui-même ;
ils sont cependant d'une grande qualité
musicale, d'une poésie qui les rend assez
facilement identifiables. Cendrillon, comédie
sentimentale, presque féérie, est le prétexte
d'airs tendres et délicats qui nous montrent un
Laruette sensible, délaissant les clameurs et les grands airs imités de l'opéra, un Laruette
qui s'exprime en demi-teintes et cherche à
émouvoir et à intéresser par le seul moyen
d'une musique dépouillée qui touche
directement les "coeurs sensibles" Paulette
Letailleur
Les vaudevilles : Marin Mersenne, en 1636,
définit le vaudeville comme « le plus simple de
tous les airs, et s'applique à toute sorte de
poésie que l'on chante note contre note sans
mesure réglée : cette grande facilité fait appeler
les chansons vaudevilles parce que les
moindres artisans sont capables de les chanter»
L'étymologie de vaudeville est probablement
Voix de Ville, qui était une locution commune au
XVIe s., expliquée pour aller « à vau-de-ville »,
comme « à vau-l'eau ». On connaît des livres de
Voix de Ville et de Vaux de Ville de 1561, 1576,
1579. Au XVIIIe s., le vaudeville gagna le
théâtre, où ses timbres servirent aux couplets
de comédie, qui prirent de plus en plus
d'importance. On avait eu d'abord la comédie
mêlée de vaudevilles, on eut ensuite l'opéra-
comique en vaudeville, et enfin, avec Pris et
Barré, la comédie-vaudeville, qui devint une
forme classée et eut son théâtre, le théâtre du
vaudeville. Les vaudevilles du XVIIIe s. étaient
souvent des contredanses, des airs de danse,
et servaient indéfiniment à des couplets
nouveaux, que les rimeurs accoutumés à ce
genre de poésie établissaient sur des « patrons
» rythmiques fixes. La Clef du Caveau (fondé
vers 1730) en est le magasin général.
Les vaudevilles dans le Cendrillon de Laruette
et Anseaume Les vaudevilles dans Cendrillon
sont au nombre de 80; nous en avons retrouvé
une cinquantaine. Certains nous étaient
évidemment connus : Le pont d'Avignon, Les
folies d'Espagne, La Furstemberg. D'autres
furent rapidement trouvés : Les petits riens,
Que je vous aime, Je suis un bon soldat,
Préparons-nous pour la fête nouvelle. Sur les
conseils de Michel Noiray, nous trouvions chez
Glück (dans le diable à quatre) 9 vaudevilles :
Ah! madame Anroux, De Joconde, Des
proverbes, Du précepteur d'amour, Ne v'la-t-il
pas que j'aime, Non je ne ferai pas, Quand je
tiens de ce jus d'octobre, Que ne suis-je la
jonquille (ou l'amant frivole) et enfin Tout roule
aujourd'hui dans le monde. Raphaëlle Legrand
nous en envoya 11, trouvés dans Lesage et
d'Orneval (Le Théâtre de la foire ou l'Opéra-
Comique 1722-1734) : A l'envers, Belle brune,
Bouchez naïdes, Comme un coucou, Dans un
couvent bienheureux, De l'horoscope accompli,
Dondaine, Lasson lassi, Mariez-moi, Morgué,
On n'aime point dans nos forêts, Plus
inconstant que l'onde et le nuage, Paris est en
grand deuil, Pour voir un peu comment çà f'ra,
Tourelourirette. Retrouver le reste des
vaudevilles, opérations fastidieuses et parfois
décourageantes, nous apporta cependant un
éclairage intéressant sur les airs à la mode de
l'époque : une pépite est par exemple Que je
Benjamin Alunni, le prince Azor - Eve Coquart, Cendrillon.
vous aime, tiré de l'opéra Aeglé de Lagarde,
écrit en 1748 et reprit en 1750 et mis au Théâtre de l'Académie Royale de Musique le
18 Février 1751, est utilisé de manière
parfaite par Anseaume, dont le texte (la
déclaration d'amour d'Azor à Cendrillon) colle
parfaitement aux envolées lyriques de la
musique de Lagarde. Enfin, on retrouve
beaucoup de vaudevilles communs dans les
autres pièces de Laruette et d'Anseaume :
On n'aime point dans nos forêts, Tout roule
aujourd'hui dans le monde, De Joconde,
Paris est en grand deuil, Comme un coucou
que l'amour presse, De tous temps le
jardinage, Bouchez nayades, Quand je tiens
de ce jus d'octobre, Ne v'la-t-il pas que j'aime,
Ces filles sont si sottes, Pour voir un peu
comment çà f'ra, Je suis un bon soldat, De
tous les capucins du monde, Non je ne ferai
pas, Mon petit doigt me l'a dit, Entre l'amour
et la raison...
Remerciements à Raphaëlle Legrand, Michel
Noiray, Jean-Luc Impe, Judith Le Blanc,
Françoise Rubellin et Loïc Chahine pour leur
contribution et leurs conseils dans la
recherche des vaudevilles.
Hélène Clerc-Murgier
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Pistes
d’exploitation
Zoom sur le clavecin et son rôle
La basse continue est un accompagnement effectué par un clavecin + un violoncelle (ou un orgue +
un violoncelle pour la musique religieuse). Elle réalise des accords qui soutiennent l’ensemble du
discours musical. Cet accompagnement est, en partie, improvisé. La basse continue est présente à
l’époque baroque 1600-1750.
L’opéra de Cendrillon vu par ses
contemporains Mercure de France : 21 février 1759 (p.199)
« Le 21, on a donné pour la première fois celui de Cendrillon ; c'est
exactement le sujet du conte de Perrault, mis en scène : l'action s'anime
et devient très agréable. Cet ouvrage est écrit avec facilité, et le poète a
suivi le goût naïf et léger du Conteur, dans le style et dans le dialogue. »
Anecdotes dramatiques 1785 Tome I, page 187
« Cette pièce est l'histoire de feu Thévenard, célèbre Acteur de l'Opéra,
qu'une pantoufle, étalée sur la boutique d'un Cordonnier, rendit, à l'âge
de soixante ans, éperdument amoureux d'une Demoiselle qu'il n'avait
jamais vue, qu'il découvrit, & de laquelle il fit sa femme. »
Preface de l'edition des oeuvres
d'Anseaume « Le conte de fée, intitulé Cendrillon, a fourni à notre auteur le
sujet d'une pièce qui porte le même titre, Cendrillon, ainsi
nommée par deux soeurs qui la jalousent & qui la maltraitent, n'a
pour tous ornements que sa beauté ; mais une fée, sa marraine,
la protège : c'est elle qui la fait paraître au bal du prince Azor, sous
un extérieur magnifique. Elle a mis ce prince dans ses fers, mais
obligée de se retirer du bal avant minuit, sous peine de déplaire à
la Fée ; elle a disparu avec tant de promptitude, qu'une de ses
mules est restée au pouvoir d'Azor. Il veut absolument retrouver
l'inconnue à qui cette mule appartient : pour y parvenir, il fait
publier au son du tambour, qu'il veut choisir une femme parmi les
plus belles personnes de la capitale. Toutes y accourent,
Cendrillon y vient comme les autres & malgré ses haillons, elle
obtient la préférence. L'auteur a tiré de ce sujet tout le parti
possible, & a su le rendre fort théâtral ; on y trouve divers endroits
d'un naturel piquant, d'autres où le sentiment parle son vrai
langage. »
LES PISTES D’EXPLOITATIONS PEDAGOGIQUES Le conte de Cendrillon, un récit d'origine orale populaire, source d'inspiration pour toutes
les disciplines artistiques, s'est propagé à travers les siècles et les continents. On
dénombre aujourd'hui plus de cinq-cents versions différentes même si le texte de
Charles Perrault fait toujours référence : de la légende de Rhodope, en passant par sa
mise par écrit en Chine au IXe siècle, le conte vietnamien de Bo Than où l'héroïne prie
Bouddha, La Chatte cendreuse de l'Italien Giambattista Basile en 1634, l'opéra comique
Cendrillon de Jules Massenet en 1899, ou plus récemment un ballet de Rudolf Noureev
ou encore la comédie musicale Cindy de Luc Plamondon, la Cendrillon des temps
modernes en 2002. Il devient alors toujours enrichissant de mettre en regard le conte
célèbre de Perrault avec une autre œuvre s’inspirant du même sujet.
LETTRES
SEQUENCE AUTOUR DU CONTE AU PROGRAMME DE 6EME. ETUDE
APPROFONDIE DU CONTE DE CENDRILLON.
Analyse des fonctions des personnages.
Etude des moralités du conte et de sa fonction
éducative puisque, comme nous l’affirme l’auteur dans
sa préface : « … ces bagatelles n’étaient pas de pures
bagatelles, qu’elles renfermaient une morale utile, et
que le récit enjoué dont elles étaient enveloppées
n’avait été choisi que pour les faire entrer plus
agréablement dans l’esprit et d’une manière qui
instruisît et divertît tout l’ensemble ».
Charles Perrault et le genre du conte merveilleux.
Interprétation, à partir du livret de l’opéra, d’une
saynète tirée de Cendrillon
A vos plumes ! transposez l’histoire de Cendrillon à
l’époque moderne.
A DEBATTRE...
UNE PANTOUFLE DE VERRE OU DE VAIR ?
La très célèbre pantoufle de verre est à l'origine d'un débat au
XIXème siècle. Emile Littré, célèbre pour son Dictionnaire de la
langue française, conteste que cette pantoufle soit en verre et
soutient qu'il s'agit d'une erreur de l'éditeur de l'époque qui a
confondu vair avec verre. Pour lui, comme pour Balzac, la
pantoufle ne peut être qu'en vair, c'est-à-dire en fourrure
d'écureuil de Russie, appelé petit-gris. Et voici le débat ouvert :
pour les, uns, le vair s'impose car le verre se casse (surtout si on
marche dessus). Pour les autres, c'est le verre, car dans un conte
de Fées tout est possible.
Voici l'occasion d'effectuer un travail sur les
homonymes....
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L’INTERPRETATION DE BRUNO BETTELHEIM SUR LA PANTOUFLE DE VERRE
« Pour que l’épreuve soit convaincante (essayer le soulier), il doit s’agir d’un soulier qui ne s’étire pas, sinon il pourrait convenir à d’autres jeunes
filles, les demi-sœurs, par exemple. Ce n’est sans doute pas par hasard que Perrault a choisi des pantoufles de verre… Un petit réceptacle où une
partie du corps peut se glisser et être tenue serrée peut être considéré comme le symbole du vagin. Et s’il est fait d’une matière fragile qui peut se
briser si on la force, on pense aussitôt à l’hymen ; et un objet qui se perd facilement à la fin d’un bal (…) peut passer pour une image assez juste de
la virginité.
Bruno Bettelheim, Psychanalyse des contes de fées, Robert Laffont, Paris, 1976 (1976) rééd 1999.
LECTURES COMPARATIVES...
GRIMM : Cendrillon, GALLIMARD, 1995
Les contes de Grimm et ceux de Perrault sont souvent assimilés. A tort, car les frères Grimm ont vécu au XIXème siècle.
Leurs contes, repris des versions allemandes sont plus proches de la tradition populaire. Il sont aussi nettement plus
cruels...
" L'aînées alla dans sa chambre avec la pantoufle pour l'essayer, et sa soeur était là. Mais elle ne put y faire rentrer son
gros orteil, le soulier était trop petit pour elle, alors sa mère lui tendit un couteau et lui dit : "coupe-toi le doigt ; quand tu
seras reine, tu n'auras plus besoin d'aller à pied." La jeune fille se coupa l'orteil, força son pied à entrer dans la
chaussure et alla retrouver le prince. Alors il la pris sur son cheval comme sa fiancée et partit avec elle. (...)
Alors le prince regarda le pied et vit que le sang en coulait. Il tourna la bride, ramena la fausse fiancée chez elle, dit que
ce n'était pas la bonne et qu'il fallait que l'autre soeur essayât le soulier."
GALLIMARD, traduction Marthe Robert
GRIMM : Les trois petits hommes de la forêt
La situation de départ de ce conte est semblable à celle de Cendrillon.
GRIMM : La vraie fiancée
La trame de ce conte est pratiquement identique à celle de Cendrillon.
ROALD DAHL : Un conte peut en cacher un autre, folio cadet
Dans ce recueil, le célèbre écrivain anglais a choisi de réécrire certains contes célèbres tel Cendrillon. La version qu’il
livre de cette histoire est parodique et presque caricaturale : la visée comique du texte est soulignée par le recours
ponctuel au registre familier et par les modifications brutales apportées au caractère et à la destinée des personnages.
GUILLAUME APOLLINAIRE : La suite de Cendrillon, ou le rat et les six lézards, passage piétons, 2005.
MARCEL GOTLIB : Rubrique-à-brac, Dargaud.
Dans sa bande dessinée Rubrique-à-braque, le dessinateur Marcel Gotlib exploite la veine parodique des contes de
fées en s'inspirant de l'un des épisodes les plus célèbres de Cendrillon.
HISTOIRE
LES CONTES DE PERRAULT : REFLET DE LEUR TEMPS
L’utilisation du merveilleux est assurément d’un grand pourvoir de séduction sur le lecteur. Il ne doit cependant pas faire oublier que l’univers de
Perrault, si enchanteur qu’il soit, reflète certains aspects de la vie au temps de Louis XIV.
LES PISTES DE TRAVAIL :
Présentation de la société au temps de Louis XIV.
A travers la lecture du conte de Cendrillon : relever les différents éléments qui reflètent les mœurs et la vie quotidienne au temps de
Louis XIV.
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HISTOIRE DES ARTS
THEMATIQUE : RAPPORTS ENTRE TEXTE ET IMAGE
Proposition d'étude : mettre en regard le texte de Perrault et ses différentes
illustrations à travers les siècles.
Un exemple :
Les illustrations des contes de Ma mère l’Oye par Gustave Dore en 1867.
Gustave Doré est né le 6 janvier 1932. Il commence sa carrière
d'illustrateur dès l'âge de cinq ans, en dessinant sur ses cahiers d'écolier !
A sept ans il se passionne pour la musique ; et à quinze ans, il publie ses
premiers dessins. A partir de 1852, il met son talent au service des plus
grands écrivains, Cervantes, Balzac, Dante, La Fontaine, Perrault...
Cendrillon ou la petite pantoufle de verre
EDUCATION MUSICALE
1. Problématique : MUSIQUE ET CITATION ou comment « dans la
vieille forge faire la nouvelle forge » ?
(Guillaume de Machaut)
A partir de l’opéra de Laruette : étudier les différentes citations,
notamment celle de La folia de Corelli.
2. Les contes musicaux : mise en regard avec l’œuvre de Laruette.
Cendrillon, ou le Triomphe de la Bonté, mélodrame gai de Rossini, 1817
Cendrillon, opéra-comique de Jules Massenet, 1899.
Cendrillon, opéra-ballet, musique de Prokofiev, 1944, représenté dans de
nombreuses versions, dont celle de Maguy Marin à Lyon en 1986.
Cendrillon, chanson de Téléphone, sortie en 1982 dans l’album Dure limite.
3. Pratique chorale en collège : différents airs populaires et extraits
pour chœur sont abordables pour les élèves notamment :
air n°3: Choeur à 3 voix égales
air n°6: Duo Cendrillon, Azor, de Laruette
POUR SE PROCURER LES EXTRAITS DE PARTITION SE REFERER A LA
RUBRIQUE « POUR EN SAVOIR PLUS ».
UN EXEMPLE DE CITATION EN PEINTURE Le célèbre tableau de Velasquez « les ménimes »de 1657 est
revisité par Picasso exactement trois cents ans après (1957) :
VELASQUEZ
PICASSO
CINEMA Cendrillon, Walt Disney Productions, 1950
Les métamorphoses de Cendrillon, Tex Avery, 1949
À tout jamais (La véritable histoire de Cendrillon) (Ever After) un film de 1998 de Andy Tennant avec Drew Barrymore.
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POUR EN SAVOIR PLUS…
BIBLIOGAPHIE
BETTELHEIM, Bruno, Psychanalyse des contes de fée, Pocket, 1999.
CAMPARDON, Emile, Les Spectacles de la Foire de 1595 à 1791, Genève, Slatkine, 1970.
FONT, Auguste, Favart, L’opéra-comique et la comédie-vaudeville aux XVIIe et XVIIIe siècles, Genève, Slatkine, 1970, réédition de
Fischbacher, 1894.
HEULHARD, Arthur, La Foire Saint-Laurent, son histoire et ses spectacles, Paris, Alphonse Lemerre, 1878, in-8°, réed. Genève, Slatkine,
1971.
IMPE, Jean-Luc, Opéra baroque et marionnette, dix lustres de répertoire musical au siècle des Lumières, Charleville Mezières, Institut
International de la Marionnette, 1994.
PERRAULT, Charles, Contes, Hachette, « bibliocollège », 1999.
VENDRIX, Philippe [dir.], L’Opéra-comique en France au XVIIIe siècle, Liège, Mardaga, 1992.
WEBOGRAPHIE
Le livret de l’opéra de Cendrillon produit à l’opéra de Reims par les monts du Reuil est téléchargeable le site :
http://lesmontsdureuil.fr/cendrillon_pedagogique.php
Lecture en ligne du conte de Charles Perrault ainsi qu’une biographie très complète de l’auteur :
http://lescontesdefees.free.fr/auteurs/charles_perrault.htm
Différentes fiches pédagogiques sont proposées sur le site de l’académie de Clermont :
www3.ac-clermont.fr/cddp15/lr/affouvrs_gene.php?titre=Cendrillon
A VOIR…
A L’OPERA DE REIMS : CENDRILLON DE PROKOFIEV PAR LE BALLET DE GENEVE.
Samedi 3 décembre à 21 heures et dimanche 4 décembre à 14h30
LA PARTITION DE LARUETTE…
POUR CE PROCURER DES EXTRAITS DE LA PARTITION ET POUVOIR AINSI FAIRE CHANTER VOS ELEVES
CONTACTEZ :
CAROLINE MORA,
Responsable du service jeune public de l’Opéra de Reims
LAURE BERGOUGNAN,
Professeure missionnée par le Rectorat de Reims