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    Un an aprs le sommet de Londres

    Paradis fiscaux :Bilan du G20 en 12 questions

    Rapport du CCFD-Terre Solidaire

    Avr i l 2010

    4, rue Jean Lant ier - 7500 1 PARI S - ccfd-terresol idaire .org

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    Ce rapport du CCFD-Terre Solidaire a t crit par Renaud Fossard et Jean Merckaertet a bnfici de laide de Ccile Nelh.

    Il a bnfici des conseils aviss, titre personnel, de Vincent Drezet (Secrtairenational du Syndicat Unifi des Impts) et dOlivier Longchamp (responsable duprogramme fiscalit et finances internationales la Dclaration de Berne).

    Directrice de la publicationCatherine Gaudard

    Conception graphiqueNicolas EtienneCoordination fabricationRoselyne Blondel

    Dpt lgalavril 2010

    Rfrence8020211

    Contact :CCFD-Terre Solidaire

    4, rue Jean Lantier 75001 Paris

    Site : www.ccfd-terresolidaire.org

    Personne contact : Jean Merckaert

    Tel : (33) 1 44 82 81 23

    Email :[email protected]

    Le CCFD-Terre Solidaire (Comit catholique contre la faim et pour le dveloppement), est la premire ONG franaise de

    solidarit internationale. Avec prs de 40 millions deuros de budget et plus de 500 initiatives soutenues chaque anne

    dans 70 pays du sud et de lest, le CCFD-Terre Solidaire a acquis depuis 48 ans un savoir-faire et de nombreuses

    rfrences dans le dialogue avec les socits civiles de ces pays. Cette expertise est utilise aujourdhui dans de

    nombreuses activits de communication, de plaidoyer et dducation au dveloppement en direction du public franais

    et europen, grce notamment lexistence dun rseau de 15 000 bnvoles.

    http://www.ccfd-terresolidaire.org/mailto:j.merckaert%40ccfd.asso.fr?subject=mailto:j.merckaert%40ccfd.asso.fr?subject=http://www.ccfd-terresolidaire.org/
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    Sommaire

    Pourquoi ce bilan ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5

    1. Les paradis fiscaux ont-ils disparu ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

    2. quoi ont servi les listes noire et grise de lOCDE ? . . . . . . . . . . . . . . . 8

    3. Le fisc pourra-t-il traquer les fraudeursplus facilement ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

    4. Le G20 peut-il publier une liste exhaustive

    des paradis fiscaux ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

    5. Quelles sont les plus belles victoires du fiscdepuis un an ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

    6. Les paradis fiscaux prennent-ils peur ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

    7. Quest ce qui a chang pour les banques ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

    8. Quest ce qui a chang pour les multinationales ?. . . . . . . . . . . . . . . . . 21

    9. Quest ce qui a chang pour le crime organiset la corruption ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

    10. Quest ce qui a chang pour les paysen dveloppement ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

    11. quoi a servi la mobilisation de la socit civile ?. . . . . . . . . . . . . . . 27

    12. Faut-il encore attendre quelque chose du G20 ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

    Les 10 propositions de la campagneStop Paradis Fiscaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

    Lengagement du CCFD-Terre Solidaire sur les paradis fiscauxen 12 dates. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

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    Paradis fiscaux : bilan du G20 en 12 questions - Rapport du CCFD-Terre Solidaire - Avril 2010 | 5

    1. Chiffres du think-tank amricain

    Global Financial Integrity, animpar Raymond Baker, dcembre

    2008.

    Pourquoi ce bilan ?

    Communiqu final du G20 de Londres, 2 avril 2009 : Lre du secret bancaire est rvolue

    Gordon Brown, 2 avril 2009 : Nous sommes daccord pour mettre fin aux paradis fiscaux qui ne dlivrent pasles informations que nous leurs demandons. Il ny aura plus de garantie pour les fonds placs dans les paradis fiscaux.

    Nicolas Sarkozy, 2 avril 2009 : Tout le monde autour de la table veut en finir avec les paradis fiscaux. Il ny a euaucune divergence de ce point de vue. Tout le monde a conscience de la ncessitde les sanctionner.

    Barack Obama, 2 avril 2009 : Nous allons identifier les territoires qui refusent de cooprer, y compris les paradisfiscaux, et nous prendrons des mesures pour dfendre notre systme financier .

    Lpoque souffre des promesses non tenues. Faire le bilan des engagements, cestdonner du poids la parole publique.

    Lexercice participe de la rhabilitation du politique, laquelle veut contribuer le CCFD-Terre

    Solidaire. Le sommet du G20 Londres, le 2 avril 2009, devait traduire en actes les intentions

    affiches New York le 15 novembre 2008, lors de la premire runion des 20 plus grandes

    conomies du monde au niveau des chefs dtats. Il a fait de la fin des paradis fiscaux son cheval

    de bataille n 1. Linstance, dj en mal de lgitimit car btie sur lexclusion dune majorit de

    pays, y joue sa crdibilit.

    Pour le CCFD-Terre Solidaire, lenjeu est de taille car les pays en dveloppement sont lesprincipales victimes des paradis fiscaux.

    Les pays du Sud, durement touchs par une crise financire dont ils ne sont en rien responsables,

    auraient grandement besoin des fonds qui les fuient vers les paradis fiscaux. Chaque anne,

    ce sont en effet entre 600 et 800 milliards deuros qui chappent de faon illicite aux pays en

    dveloppement soit prs de dix fois laide au dveloppement octroye par lensemble des pays

    riches. En cause : une conomie criminelle qui mine la dmocratie et le dveloppement conomique

    (la corruption pour 3 5 % des montants, le crime organis pour 30 33 %), mais aussi la fraude

    et lvasion fiscale des entreprises multinationales pour 60 65 %1

    .Autant dargent que les tats ne peuvent pas taxer. In fine, plus de 125 milliards deuros manquent

    dans les caisses des tats du Sud du fait de la seule vasion fiscale des multinationales, soit

    cinq fois la somme ncessaire pour radiquer la faim dans le monde, selon la FAO. Rsultat :

    les tats tentent de compenser en reportant la charge de limpt sur les consommateurs et les

    entrepreneurs locaux et, pour les pays les plus pauvres, en recourant laide internationale et

    lendettement une dpendance trop souvent synonyme dasservissement envers les financeurs

    extrieurs.

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    Territoires dont la part dactivit

    des services financiers offshoredans le total mondial est suprieur

    0,1 %

    1. Les paradis fiscauxont-ils disparu ?

    Selon lOCDE, il reste 17 territoires non-coopratifs.

    Selon le GAFI, il existe 28 pays qui restent propices au blanchiment dargent.

    Selon Bercy, il y a 18 territoires qui ne cooprent pas avec le fisc franais.

    Selon le rseau Tax Justice Network(TJN, rseau dONG et de chercheurs auquel participe leCCFD-Terre Solidaire), il existe au moins 60 territoires qui cultivent lopacit.

    Selon 60 % des Franais, la liste des paradis fiscaux publie par le G20 nest pas fiable nicomplte (sondage BVA-CCFD effectu le 3 octobre 2009).

    Selon Nicolas Sarkozy, les paradis fiscaux, le secret bancaire, cest termin (dclaration le24 septembre 2009, la veille du sommet du G20 Pittsburgh).

    PAYS Liste de lOCDE(25 mars 2010)

    Listefranaise(22 fvrier 2010)

    Liste du GAFI(fvrier 2010)

    Liste de TaxJustice Network(novembre 2009)

    Liste du Parlementeuropen (rapportHamon, mars 2009)

    Afrique du Sud Andorre Angola Anguilla

    Antigua et Barbuda Antilles nerlandaises Aruba Autriche Azerbadjan Bahamas Bahren Barbade Belgique Belize Bermudes Bolivie Brunei Chypre Core du Nord Costa Rica Djibouti Dominique Duba mirats arabes unis quateur tats-Unis (Delaware) thiopie Gibraltar Grce Grenade Guam Guatemala Guernesey Hong Kong Hongrie

    les Fidji

    le de Man les Camans

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    PAYS Liste de lOCDE(25 mars 2010)

    Listefranaise(22 fvrier 2010)

    Liste du GAFI(fvrier 2010)

    Liste de TaxJustice Network(novembre 2009)

    Liste du Parlementeuropen (rapportHamon, mars 2009)

    les Cook les Mariannesdu Nord

    les Marshall les Salomon les Turks et Caques

    les Vierges amricaines les Vierges britanniques Indonsie Iran Irlande Isral Jersey Kenya Kiribati Labuan Lettonie Liban Liberia Liechtenstein Luxembourg

    Macao

    Madre Maldives Malte Maroc Maurice Micronsie Monaco Montserrat Myanmar Nauru Npal Niue Nigria Pakistan Palaos

    Panama Paraguay Pays-Bas Philippines Polynsie franaise Porto Rico Quatar Royaume-Uni (City deLondres)

    Sainte Lucie Saint-Kitts-Et-Nevis Saint Marin Saint Vincent & Grenadines Samoa So Tom et Prncipe Seychelles

    Singapour Soudan Sri Lanka Suisse Syrie Thalande Tonga Trinidad et Tobago Turkmnistan Turquie Tuvalu Ukraine Uruguay

    Vanuatu Ymen

    Total 17 18 28 60 61

    Territoires dont la part dactivit des services financiers offshore dans le total mondial est suprieur 0,1 %

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    2. quoi ont serviles listes noire et grisede lOCDE ?

    Fruits de compromis diplomatiques, les listes publies lors duG20 ont pouss certains paradis fiscaux voluer beaucoup tropsuperficiellement pour leur accorder un blanc-seing.

    la demande du G20 de Londres, lOCDE publie le 2 avril 2009 une liste noire des pays qui ne

    se sont jamais dits prts cooprer avec le fisc tranger, une liste grise des pays qui ne sy sont

    engags que par oral (on parle de territoires non-coopratifs ), et une liste blanche pour ceux

    qui ont sign des traits (TIEA) avec au moins douze pays qui ils promettent de communiquer les

    renseignements quon leur demanderait en matire fiscale.

    Le 2 avril 2009, la liste noire compte 4 tats, la liste grise 38. Il na pas fallu huit jours pour

    que la liste noire se vide (un engagement oral des quatre tats a suffi). Quant la liste grise,

    elle ne compte plus, ce jour, que 17 territoires non-coopratifs (voir http://www.oecd.org/

    dataoecd/50/0/43606256.pdf). noter que la Chine figure sur la liste blanche, mais avec une

    note de bas de page indiquant entre les lignes que Hong-Kong et Macao ne sont pas encore jugs

    coopratifs .

    Au total, ces listes ont-elles permis dentrer dans une nouvelle re comme le proclame lOCDE,

    ou servi uniquement blanchir bon compte les paradis fiscaux comme le dnoncent ses

    dtracteurs ? La vrit se situe entre les deux.

    Une forte incitation au changement

    Il faut mettre au crdit de lOCDE lvolution quont opre, sous la pression, de nombreux paradis

    fiscaux. Dbut 2009, lide mme de communiquer un jour des informations une administration

    fiscale trangre tait absolument exclue de la part de nombreux pays. Singapour, par exemple,refusait mme de discuter avec lOCDE. prsent, plus aucun territoire ne peut se permettre de

    refuser douvrir le dialogue ce sujet. Il ny en a plus, ce jour, que 5 (Guatemala, Liberia, Nauru,

    Niue, Philippines) nayant sign aucun trait dchange dinformations fiscales, contre 26 le 2 avril

    2009. Plus de 230 traits dchange de renseignements fiscaux ont t signs depuis avril 2009,

    contre une soixantaine auparavant 2. En dautres termes, la leon est limpide : montrer du doigt des

    territoires est une stratgie efficace pour les obliger au changement.

    Une liste blanche trop accueillante

    Le critre retenu pour intgrer la liste blanche est extrmement laxiste, permettant ainsi auxprincipaux paradis fiscaux de se refaire une image cooprative peu de frais :

    2 noter que ces chiffres ne

    prennent pas en compte les

    traits de non-double imposition

    signs depuis avril 2009,dont un bon nombre contient

    galement une clause dchange

    dinformations conforme

    larticle 26 du modle OCDE

    (environ 130). Au total, ce sont

    plus de 360 conventions

    qui comportent lchange de

    renseignements la demande

    depuis le G20 de Londres,

    selon Franois dAubert, qui

    prside le Forum mondial sur

    la transparence et lchange

    de renseignements des finsfiscales anim par lOCDE (Forum

    fiscal mondial).

    http://www.oecd.org/dataoecd/50/0/43606256.pdfhttp://www.oecd.org/dataoecd/50/0/43606256.pdfhttp://www.oecd.org/dataoecd/50/0/43606256.pdfhttp://www.oecd.org/dataoecd/50/0/43606256.pdf
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    Les listes OCDE ne sattaquent quau volet fiscal des paradis fiscaux, comme si ces

    derniers ne constituaient pas aussi des trous noirs pour la justice trangre et les

    autorits de rgulation financire.

    Les conventions signes nengagent pas forcment grand-chose (voir question 3).

    Le chiffre de 12 traits est faible, alors quil existe plus de 246 territoires en capacit de

    signer des conventions fiscales 3. Est-ce une concidence si Jersey, Guernesey et lle deMan, satellites de la City de Londres (hte du G20) ont justement sign leur douzime

    trait dchange de renseignements fiscaux quelques jours avant le 2 avril 2009 ?

    La faiblesse du critre pour sortir de la liste grise a permis ds le dpart dpargner

    plusieurs paradis fiscaux notoires (Barbade, le Maurice, Jersey). En un an, le G20 a

    aussi permis de blanchir 25 territoires, transformant par exemple le Luxembourg,

    la Suisse, le Liechtenstein, les les Camans, Monaco, les Bahamas, les Bermudes ou

    encore Singapour en territoires coopratifs.

    Il a suffi pour de nombreux paradis fiscaux de signer entre eux pour atteindre les

    12. Le CCFD-Terre Solidaire a calcul, partir des donnes disponibles sur le site delOCDE 4, que parmi les 25 territoires blanchis , seuls huit navaient pas eu besoin

    des autres paradis fiscaux pour atteindre les 12 traits et intgrer la liste blanche (et

    encore, cinq dentre eux ont eu besoin des les Fro et du Groenland).

    Un mauvais signal politique

    Le manque de consistance de cette liste soulve plusieurs problmes :

    LOCDE tant la seule institution internationale lister les paradis fiscaux, sa liste sert

    de rfrentiel de nombreux acteurs, publics et privs. Cest pratique : selon les calculsdu CCFD-Terre Solidaire, les 17 qui figurent encore sur la liste grise, au 25 mars 2010,

    ne psent que 0,25 % du march mondial de la finance offshore (des servicesfinanciers aux non-rsidents) 5. Ainsi, les banques se prvalent de leur absence des

    quelques confettis lists par lOCDE pour plaider leur vertu 6. Les tats eux-mmes ont

    recours ce rfrentiel biais fourni par lOCDE pour laborer leurs politiques desanctions. Par exemple, la France sest fonde sur la liste de lOCDE pour laborer sa

    propre liste de paradis fiscaux et surtaxer les bnfices qui en proviennent.

    Une fois quun paradis fiscal est blanchi , il ne subit plus aucune pressioninternationale. Les progrs raliser vers la transparence restent pourtant colossaux.

    Ainsi, pour aboutir un vritable reflet de lopacit financire de chaque pays, le rseauTax Justice Network ne fait du nombre de traits dchange de renseignements fiscaux

    que lun de ses douze critres dopacit voir : http://www.argentsale.org/les-12-

    indicateurs-de-lindice-dopacite-financiere.php).

    La fonte rapide des listes de lOCDE donne un argument rv ceux qui ne souhaitentpas quon aille plus loin dans la lutte contre les paradis fiscaux.

    3 http://www.iso.org/iso/english_

    country_names_and_code_

    elements

    4 Seuls les traits dchange de

    renseignements sont rfrencs

    (232) sur le site de lOCDE, et

    non les traits de non-double

    imposition amends dans le

    mme sens (environ 130)

    donnes qui seront disponibles en

    ligne partir de septembre 2010.

    Cest pourquoi, les donnes

    disponibles ne font pas apparatre,

    pour une dizaine de territoires

    passs sur la liste blanche, le nom

    des douze territoires ou plus avec

    lesquels ils ont ncessairementsign (http://www.oecd.org/

    dataoecd/43/59/43775845.pdf).

    5 Calcul partir des donnes du

    FMI et du Tax Justice Network.

    6 La direction relation clientle

    de la Socit Gnrale rpond

    ainsi, le 9 mars 2010,

    linterpellation dun client dans

    le cadre de la campagne Stop

    paradis fiscaux : Comme

    vous le savez, lOCDE a dress,

    sous limpulsion du G20, deslistes de pays ou territoires

    dont la coopration en matire

    dchange de renseignement

    dans le domaine fiscal est

    considre comme insuffisante.

    () depuis le printemps

    dernier, de nombreux pays ont

    sign lesdites conventions et

    ne figurent plus, de ce fait,

    sur les listes OCDE. Cest le

    cas notamment des pays dans

    lesquels le groupe Socit

    Gnrale est prsent (Monaco,Suisse, Belgique, Luxembourg,

    Singapour).

    http://www.argentsale.org/les-12-indicateurs-de-lindice-dopacite-financiere.phphttp://www.argentsale.org/les-12-indicateurs-de-lindice-dopacite-financiere.phphttp://www.iso.org/iso/english_country_names_and_code_elementshttp://www.iso.org/iso/english_country_names_and_code_elementshttp://www.iso.org/iso/english_country_names_and_code_elementshttp://www.oecd.org/dataoecd/43/59/43775845.pdfhttp://www.oecd.org/dataoecd/43/59/43775845.pdfhttp://www.oecd.org/dataoecd/43/59/43775845.pdfhttp://www.oecd.org/dataoecd/43/59/43775845.pdfhttp://www.iso.org/iso/english_country_names_and_code_elementshttp://www.iso.org/iso/english_country_names_and_code_elementshttp://www.iso.org/iso/english_country_names_and_code_elementshttp://www.argentsale.org/les-12-indicateurs-de-lindice-dopacite-financiere.phphttp://www.argentsale.org/les-12-indicateurs-de-lindice-dopacite-financiere.php
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    3. Le fisc pourra-t-iltraquer les fraudeursplus facilement ?

    En thorie, oui. En pratique, lhistoire est un peu diffrente

    Si vous tes le fisc franais et que vous avez de srieuses raisons de penser que M. Martin ne

    vous dclare pas tous ses revenus, et quil les localise sur son compte au Liechtenstein, vous

    tes en droit dattendre des autorits fiscales du Liechtenstein, en vertu du trait dchange de

    renseignements fiscaux sign entre Paris et Vaduz, quelles vous renseignent sur le compte de M.

    Martin. ceci prs que concrtement :

    Il vous faut savoir que M. Martin a un compte au Liechtenstein.

    Il vous faut avoir connaissance du numro de compte et de la banque de M. Martin

    (lments rarement en possession du fisc).

    Il vous faut remplir une longue dclaration expliquant pourquoi vous souponnez

    M. Martin de fraude fiscale (souvent, cest prcisment cette preuve que vous

    recherchez en demandant des renseignements au Liechtenstein).

    Le Liechtenstein doit juger votre demande raisonnablement pertinente (foreseeably

    relevant), ce qui ouvre une marge dinterprtation.

    Il faut que le Liechtenstein dispose de linformation demande : si ce nest pas

    M. Martin, mais un prte-nom qui apparat comme le dtenteur du compte en banque,

    le Liechtenstein ne pourra pas vous rpondre. Il ne tient pas de registre permettant

    aux autorits de connatre le vritable dtenteur de fond derrire la socit cran ou la

    structure juridique opaque (qui sappelle Anstalt au Liechtenstein, trust Jersey, etc.).

    La fraude, notamment quand elle nest pas le fait du particulier M. Martin mais de la multinationale

    Martin & Martin Inc., est souvent beaucoup plus difficile reprer.

    Lexprience nest pas concluante :

    Il est trop tt pour juger de lefficacit des traits signs rcemment, dont la mise en uvre fera

    lobjet dun suivi prcis par le Forum mondial sur la transparence et lchange de renseignements

    des fins fiscales, ou Forum fiscal mondial (voir question 4).

    Lle anglo-normande de Jersey est lie aux tats-Unis, depuis novembre 2002, par un trait

    dchange de renseignements fiscaux selon la norme de lOCDE. Or, en 2008 par exemple, Jersey

    na t sollicite que dans 4 cas. Insignifiant. Entre Berne et Washington, lis par un trait de non-

    double imposition qui prvoit la coopration fiscale (mais pas encore aux normes de lOCDE), les

    tats-Unis nont demand que 13 fois des renseignements fiscaux la Suisse depuis lan 2000,

    tellement lobtention de telles informations est encadre 7. Un chiffre comparer aux 14 700 clients

    amricains dUBS dtenteurs de comptes en Suisse qui se sont dnoncs au fisc amricain, suiteau scandale UBS en 2009 8.

    7 http://www.parlament.ch/D/

    Suche/Seiten/geschaefte.

    aspx?gesch_id=20071026

    8 http://www.reuters.com/article/

    idUSTRE62L52N20100322

    http://www.parlament.ch/D/Suche/Seiten/geschaefte.aspx?gesch_id=20071026http://www.parlament.ch/D/Suche/Seiten/geschaefte.aspx?gesch_id=20071026http://www.parlament.ch/D/Suche/Seiten/geschaefte.aspx?gesch_id=20071026http://www.reuters.com/article/idUSTRE62L52N20100322http://www.reuters.com/article/idUSTRE62L52N20100322http://www.reuters.com/article/idUSTRE62L52N20100322http://www.reuters.com/article/idUSTRE62L52N20100322http://www.parlament.ch/D/Suche/Seiten/geschaefte.aspx?gesch_id=20071026http://www.parlament.ch/D/Suche/Seiten/geschaefte.aspx?gesch_id=20071026http://www.parlament.ch/D/Suche/Seiten/geschaefte.aspx?gesch_id=20071026
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    Paradis fiscaux : bilan du G20 en 12 questions - Rapport du CCFD-Terre Solidaire - Avril 2010 | 11

    Pouvait-on faire autrement ?

    Oui :

    - Dune part, on ntait pas oblig de multiplier les accords bilatraux pour que le fisc du pays

    A accepte de cooprer avec le fisc du pays B . Cest trs lourd ngocier, pour les pays

    pauvres notamment (voir question 10). Le G20 aurait pu lancer une convention multilatraledchange de renseignements fiscaux et obliger les paradis fiscaux y adhrer, ce qui auraitfait bnficier demble tous les pays signataires de la coopration fiscale. Cette proposition,

    porte par le gouvernement britannique, pourrait dailleurs finir par aboutir sous une autre forme.

    Dbut avril 2010, lOCDE et le Conseil de lEurope ont amend la Convention sur la coopration

    administrative dont ils sont dpositaires, avec laccord des 14 tats signataires, de faon

    permettre lchange de renseignements fiscaux la demande entre tous les tats signataires.

    partir du 28 mai 2010, les pays en dveloppement pourront y adhrer et ainsi en bnficier.

    Restera contraindre les paradis fiscaux y participer

    - Dautre part, on pourrait adopter un modle dchange dinformations fiscales beaucoup plus

    performant : lchangeautomatique. Ce modle est dj en vigueur et en passe dtre tendu ausein de lUnion europenne pour les produits de lpargne. Il sapplique galement entre les pays

    nordiques, de mme quentre lAustralie et la Nouvelle-Zlande, ou encore entre les tats-Unis, le

    Canada et le Mexique pour certaines assiettes fiscales.

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    12 | Paradis fiscaux : bilan du G20 en 12 questions - Rapport du CCFD-Terre Solidaire - Avril 2010

    4. Le G20 peut-il publierune liste exhaustivedes paradis fiscaux ?

    La rponse est simple : non. Difficile dimaginer les paradis fiscauxqui sigent au G20 se tirer une balle dans le pied.

    Le 2 avril 2009 Londres, le G20 a accouch au forceps de la liste des 42 territoires non

    coopratifs.Un exercice de contorsion diplomatique

    . Comment expliquer au Luxembourg

    pourquoi les les anglo-normandes ou les les Vierges Amricaines ont subitement disparu de la

    liste grise la veille du sommet de Londres ? Comment justifier encore le traitement de faveur

    rserv Hong-Kong et Macao si ce nest par les intrts diplomatiques du G20 lgard de la

    Chine ? Comment, simplement, imaginer que soient un jour lists par le G20 ltat du Delaware ou

    la City de Londres, qui figurent pourtant parmi les centres financiers les plus nocifs de la plante

    lists par le Tax Justice Network? On le sait aujourdhui : les dirigeants du G20 ont soigneusement

    vit, Londres, dvoquer le problme des trusts, qui est le pendant britannique du secret

    bancaire suisse, pour ne pas heurter lhte du G20. On le voit bien : les contradictions internes

    au G20 rendent illusoire toute ambition de liste objective, donc exhaustive, des paradis fiscaux.

    Le problme nest pas nouveau : en 2000, le surintendant des institutions financires du Canada,John Palmer, exclut doffice Londres et le Delaware de la liste quil est charg dtablir pour le

    Forum de stabilit financire 9.

    Une liste exhaustive exigerait une approche globale des paradis fiscaux, judiciaires etprudentiels. lapproche du G20 de Londres, Barack Obama et Nicolas Sarkozy en appelaient une telle approche, au lieu du saucissonnage qui prvaut depuis 10 ans entre la lutte contre le

    blanchiment (GAFI), la lutte contre lvasion fiscale (OCDE) et la rgulation financire (FSF). Ils ne

    lont pas emport. Dabord soucieux de colmater les fuites dans leurs budgets en proie la crise

    financire, les pays du G20 ont privilgi lapproche strictement fiscale du problme, porte parlOCDE. La liste du GAFI est finalement sortie en fvrier 2010 (voir question 9) et celle du Conseil

    de stabilit financire pourrait tre publie dici la fin 2010. En avril 2009, seule lOCDE tait prte

    dgainer ses listes, nous a-t-on expliqu.

    Une approche objective et globale du problme voudrait que lon mesure le degr dopacit des

    paradis fiscaux. Car ce sont les mmes vecteurs dopacit qui protgent spculateurs effrns,

    fraudeurs du fisc et rseaux du crime. Cest ce qua entrepris le Tax Justice Network (TJN),

    rseau international pour la justice fiscale auquel appartient le CCFD-Terre Solidaire, avec son

    classement des territoires opaques 10. Concernant 60 territoires 11, nous avons mesurle degr dopacit partir de douze critres (secret bancaire, disponibilit de linformation

    9 Thierry Godefroy et Pierre

    Lascoumes, Les Sentinelles de

    largent sale, 2009, p. 199.

    10 Cf. http://www.argentsale.org/

    data/File/fsi---rankings---2009.

    pdf

    11 Slectionns parce quils avaient

    t rpertoris au moins deux

    fois comme tant des paradis

    fiscaux parmi la quinzaine de

    listes publies par diffrentesinstitutions depuis les annes

    1970.

    http://www.argentsale.org/data/File/fsi---rankings---2009.pdfhttp://www.argentsale.org/data/File/fsi---rankings---2009.pdfhttp://www.argentsale.org/data/File/fsi---rankings---2009.pdfhttp://www.argentsale.org/data/File/fsi---rankings---2009.pdfhttp://www.argentsale.org/data/File/fsi---rankings---2009.pdfhttp://www.argentsale.org/data/File/fsi---rankings---2009.pdf
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    Paradis fiscaux : bilan du G20 en 12 questions - Rapport du CCFD-Terre Solidaire - Avril 2010 | 13

    quant aux bnficiaires des trusts, quant aux dtenteurs des socits, qualit de la coopration

    fiscale, etc.) 12. Parmi les plus opaques (indice 100), on retrouve la Suisse, la Barbade et les

    Bahamas toutes trois blanchies par lOCDE. Le Royaume-Uni (42 % dopacit) est surtout

    pingl sur la question des trusts, de linformation bancaire disponible et de laccessibilit

    linformation quant aux dtenteurs des socits. En combinant le degr dopacit au poids

    des centres financiers offshore, on obtient une ide de la nocivit des places offshore. noter,

    dans le peloton de tte : les tats-Unis (1er), cause de ltat du Delaware, la City de Londres

    (5e), lIrlande (6e), la Belgique (9e), les Pays-Bas (15e) Autant de pays pargns par les toutes

    dernires listes de lOCDE et du GAFI. Peut-on vraiment imaginer la communaut internationale

    pratiquer un jour le name and shame (stigmatisation) envers pareilles puissances ?

    Mcanisme de revue par les pairs du Forum fiscal mondial :difficile daller plus loin ?

    Lexercice international le plus prometteur de listes objectives de paradis fiscaux est la revue parles pairs enclenche par lOCDE. Fortement critique, lOCDE a admis quintgrer la liste blanche

    ne doit pas quivaloir un blanc-seing pour les paradis fiscaux. Do la dcision, par le Forum

    fiscal mondial qui regroupe 91 pays, dauto-valuer la mise en uvre de la coopration fiscale.

    Ce mcanisme, dit de revue par les pairs , a t officiellement lanc en mars 2010 suite la

    confrence du Forum fiscal mondial Delhi, fin fvrier. Dici 2014, il devrait permettre dvaluer les

    91 pays du Forum Fiscal Mondial, en deux phases :

    un contrle crit en phase 1 : les quipes dvaluateurs (2 membres du Forum assists

    du secrtariat de lOCDE) vrifieront si les textes lgaux et rglementaires garantissent

    la disponibilit des informations (quant aux dtenteurs des socits et autres structuresjuridiques, comme les trusts), leur accessibilit par les autorits de contrle (notamment

    le fisc) et la coopration prvue avec les autorits trangres ;

    un contrle in situ en phase 2, pour juger de leffectivit de la mise en uvre de

    lchange dinformation (tude de terrain).

    Lvaluation devrait aboutir une notation portant sur 10 critres. Dici la fin de lanne 2010,

    une quarantaine de territoires devraient tre passs en revue en phase 1, dont certains aussi en

    phase 2. Ce nouveau mcanisme, qui aborde le sujet pineux des trusts et des socits crans,promet une certaine publicit aux rapports dvaluation et laisse entrevoir la possibilit dun

    nouveau classement des paradis fiscaux lhorizon 2014, doit tre accueilli positivement. Cest

    probablement le maximum qui puisse tre attendu dun processus international soumis

    autant de pressions diplomatiques. Mais cest aussi une nouvelle illustration de limpossibilit dun

    exercice compltement exhaustif et transparent :

    Le groupe dvaluation des juridictions non coopratives de lOCDE est aujourdhui

    prsid par la France, en la personne de Franois dAubert 13, mais il est bien encadr

    puisque la vice-prsidence est partage par des pays comme Singapour ou Jersey.

    Lhorizon 2014, si rien ne sort dici l, laisse amplement le temps aux paradis fiscauxde se blanchir peu de frais.

    12 Cf. http://www.argentsale.org/

    les-12-indicateurs-de-lindice-

    dopacite-financiere.php

    13 Dlgu gnral la lutte contre

    les territoires et juridictions noncoopratifs nomm en avril 2009

    lissue du sommet de Londres.

    http://www.argentsale.org/les-12-indicateurs-de-lindice-dopacite-financiere.phphttp://www.argentsale.org/les-12-indicateurs-de-lindice-dopacite-financiere.phphttp://www.argentsale.org/les-12-indicateurs-de-lindice-dopacite-financiere.phphttp://www.argentsale.org/les-12-indicateurs-de-lindice-dopacite-financiere.phphttp://www.argentsale.org/les-12-indicateurs-de-lindice-dopacite-financiere.phphttp://www.argentsale.org/les-12-indicateurs-de-lindice-dopacite-financiere.php
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    Lavantage que tireront, ou non, les pays en dveloppement des progrs en matire

    de coopration fiscale ne fera lobjet daucune valuation spcifique, alors quun tel

    critre, simple mettre en uvre, eut tmoign de lintrt du Forum mondial leur

    gard. Les pays les plus pauvres sont aussi les plus vulnrables la fuite illicite des

    capitaux.

    Le processus dvaluation ne sera pas ouvert la socit civile, et chaque rapportdvaluation devra tre valid, avant publication, par le Forum fiscal mondial selon la

    rgle du consensus ( lexception du pays valu). De quoi gommer les asprits que

    pourraient comporter ces rapports.

    Lexamen des informations disponibles quant aux trusts marque un progrs car cette

    structure juridique 14, pourtant au cur de lopacit du systme financier international,

    ntait jusqualors lobjet daucune attention particulire de la part de lOCDE. Mais

    Londres a obtenu que la revue par les pairs nexamine quun pan du sujet 15.

    Il y a trois faons dattaquer le problme des paradis fiscaux : demander aux territoires demettre fin lopacit ; exiger la transparence aux utilisateurs ; lexiger des intermdiaires juridiques

    et financiers. En misant tout sur la premire option, au moyen de listes irrmdiablement biaises

    et de processus de contrle longs et fastidieux, la stratgie du G20 laisse dubitatif. Nombre de

    territoires nont aucun moyen daccs linformation quils se sont engags communiquer.

    14 Le trust (fiducie en franais) est

    une spcialit du droit anglo-

    saxon, qui voit un constituant

    cder sa proprit sur un bien

    une personne de confiance (un

    trustee ) qui le gre pour le

    bnfice dun tiers.

    15 Il faut, sur ce sujet, citer Jacques

    Terray, vice-prsident de TI-

    France et membre actif de la

    plate-forme paradis fiscaux et

    judiciaires : LOCDE traite de

    manire satisfaisante le cas o(1) le trust a t constitu selon

    le droit de ltat requis ou (2) le

    trust est administr dans ltat

    requis, ou (3) le trustee y rside.

    Mais prenons lexemple dun

    trust constitu en droit anglais,

    administr (cest--dire que

    le portefeuille est gr) depuis

    lAngleterre, et que le trustee est

    la Barclays Bank Londres, mais

    que le portefeuille qui fait lobjet

    de linvestigation fiscale est

    dpos dans les les Camans.Les autorits des Camans diront

    quelles nont pas le moyen de

    rpondre aux questions de ltat

    requrant, et quil doit sadresser

    lAngleterre. LAngleterre

    son tour rpondra quelle

    nest pas le lieu de situation

    des biens dont on cherche

    dterminer lorigine. Jai pris

    le cas de lAngleterre, mais si

    vous remplacez lAngleterre par

    la Barbade, ou nimporte quelle

    le peu cooprative, on ne saurajamais qui est le bnficiaire du

    trust.

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    Paradis fiscaux : bilan du G20 en 12 questions - Rapport du CCFD-Terre Solidaire - Avril 2010 | 15

    5. Quelles sont les plusbelles victoires du fisc

    depuis un an ?En nombre de fraudeurs identifis au cours des 12 derniers mois, cenest srement pas la dmarche de lOCDE qui emporte la palme.

    Ce nest pas non plus la mthode italienne damnistie gnralise envers les fraudeurs 16. Non : les

    plus grands fournisseurs de noms de fraudeurs ne sont pas les paradis fiscaux, mais bel

    et bien les banques quoique leur insu. Retour sur quelques affaires instructives :

    Laffaire LGT.

    En fvrier 2008, lAllemagne achte un ancien salari de la banque liechtensteinoise LGT, pour un

    montant de 5 millions deuros, une liste de fraudeurs potentiels : plus de 1 400 noms dindividus et

    entreprises 17 ressortissants dune dizaine de pays, dont la France, les tats-Unis, la Canada, lItalie,

    lEspagne, la Sude et lAustralie. partir de ces informations, Bercy a obtenu de 64 familles le

    versement de 5,2 millions deuros dimpts impays, et renvoy trois dossiers concernant des

    entreprises devant le parquet de Paris.

    Laffaire du Crdit suisse.

    Les rsultats probants du scandale LGT ont convaincu lAllemagne dadopter la mthode offensive

    contre la fraude et lvasion fiscale. Pour preuve, lAllemagne vient dacheter en fvrier, pour

    2,5 millions deuros un CD contenant plus de 1 500 noms de clients allemands du Crdit suisse

    dtenteurs de compte en Suisse ; depuis, ce sont environ 11 200 fraudeurs du fisc allemand

    qui se sont dnoncs. Ladministration fiscale allemande escompte de plus dun milliard deuros

    darrirs dimpts.

    Laffaire UBS.

    La passivit des autorits helvtiques aura eu raison de la patience des autorits fiscales

    amricaines. Aprs une vaine demande dchange dinformations fiscales avec la Suisse, formule

    en juin 2008 en vertu dun accord de non double imposition, le fisc amricain (IRS - Internal

    Revenue Service ) choisit une mthode plus directe. Le gouvernement amricain menace de

    retirer UBS la licence lui permettant dexercer aux tats-Unis si elle ne rvle pas les donnes

    bancaires de 250 clients amricains. La premire banque de fortune du monde, qui ralise un

    tiers de son chiffre daffaires aux tats-Unis, est oblige dobtemprer et verse 900 millions de

    dollars damende. Le mois suivant, la Suisse adoptera les standards de lOCDE pour lassistanceadministrative en matire fiscale. Trop tard : les tats-Unis ont dj engag de nouvelles poursuites

    16 La mesure a certes ramen

    100 milliards deuros au bercail

    (imposs 5 %), ce qui lui

    vaut les louanges de certains.

    Mais lefficacit du dispositif

    est sujette caution : elle est

    mesurer laune des montants

    placs offshore. Or, selon le

    Snui, le principal syndicat des

    impts en France, notre ratio de

    rgularisation est meilleur , car

    il y aurait autour de 400 milliards

    de fonds italiens et 40 milliards

    davoirs franais cachs en

    Suisse. De plus, le recours

    frquent de lItalie ce type

    damnistie pour les fraudeurs

    incite la rcidive. Surtout, Rome

    sest montre si peu regardante

    quant la provenance des

    fonds rapatris que le GAFI,

    lorganisme international charg

    de la lutte contre le blanchiment,

    a ouvert une enqute.

    17 Les chos, 25 fvrier 2008.

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    judiciaires contre la banque pour obtenir les informations relatives 52 000 comptes dUBS. Suite

    une passe darme diplomatique entre Washington et Berne, un accord conclu en aot 2009

    prvoit la transmission dinformations concernant 4 450 comptes suisses de clients amricains.

    Devant la menace, ce sont plus de 14 700 contribuables qui se sont dnoncs spontanmentau fisc amricain (chiffre communiqu par lIRS le 17 novembre 2009). La justice suisse a beau,

    depuis janvier 2010, se montrer complaisante avec les tentatives dobstruction la transmission

    des 4 450 noms, lIRS est dj rentre dans ses frais !

    Laffaire HSBC.

    La France a galement prouv lefficacit des listes bancaires dans laffaire Falciani, du nom de

    lancien employ de la filiale helvtique HSBC Private Bank qui a drob et fourni au fisc et la

    justice franaise des informations concernant 130 000 clients de la banque, de toutes nationalits.Bercy, qui assure avoir pu constituer une liste de 3 000 contribuables franais ayant dissimuldes capitaux en Suisse, a probablement fait peur certains fraudeurs, dopant ainsi lactivit de

    sa cellule de rgularisation des capitaux dissimuls (le retour volontaire entrane lannulation

    des poursuites pnales). Cette dernire a ainsi abouti 3 500 dossiers traits, soit 6 milliards

    de fonds rgulariss, dont 700 millions pour le Trsor public franais. Si, comme lindiquait ric

    Woerth, alors ministre du Budget, le fisc se sert de sa liste des 3 000 noms, les montants rapatris

    pourraient augmenter davantage encore.

    Dune efficacit toute preuve

    Au total, en moins de deux ans, ce sont plus de 30 000 noms de contribuables que lAllemagne,la France et les tats-Unis ont obtenus linsu des banques mais grce elles. Et ce, sans

    compter les dizaines de milliers de clients trangers de la liste HSBC, dont on ne sait lusage quenfera la justice franaise. Lchange de renseignements fiscaux pourra-t-il un jour faire montre

    dune telle efficacit ? Est-il pertinent de miser autant sur lhypothtique transmissiondinformations au fisc par les paradis fiscaux, au lieu de sadresser directement auxintermdiaires financiers ? Bien sr, il serait prfrable de ne pas devoir sen remettre au vol ouau recel de fichiers informatiques pour traquer la fraude. Mais cela ne tient quaux gouvernements

    (voir question 7).

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    6. Les paradis fiscauxprennent-ils peur ?

    Certains paradis fiscaux sinquitent. Pas la City de Londresvidemment, ni les tats amricains du Delaware, du Wyoming ou duNevada exclus doffice des listes officielles de paradis fiscaux.Les autres se dcouvrent vulnrables.

    LHelvtie est-elle en train doprer sa rvolution ?

    Dbut mars 2010, la direction du parti libral-radical suisse, class droite, faisait sensation enremettant ouvertement en cause le secret bancaire pour les cas de soustraction au fisc tranger

    (ce qui correspond en France au dlit de fraude fiscale, mais pas en Suisse pour lheure). Elle

    voquait mme lide dobliger les banques suisses ne dtenir que des fonds dclars au fisc

    dans leur pays dorigine ! Une prise de position qui fait cho au manifeste pour une rorientation

    de la politique fiscale lanc en novembre 2009 par une trentaine de parlementaires et une

    coalition dONG, syndicats, chercheurs, artistes et glises. Selon un rcent sondage, 73 % des

    Suisses sopposent la suppression du secret bancaire, mais plus de 60 % jugent son volution

    inluctable dans les cinq ans 18. Lvolution nest pas anodine. Dautant quentre lAllemagne, la

    France, les tats-Unis et lItalie, le coffre-fort suisse a t lobjet de toutes les convoitises au cours

    des derniers mois (voir question 5). Reste que les autorits helvtiques ngocient mordicus chaqueconcession elles cherchent obtenir des conditions de rgularisation aussi indulgentes que

    possible (amnistie) pour les personnes ayant dpos leurs fonds en Suisse avant lentre en vigueur

    des nouveaux accords de coopration fiscale signs mais non encore ratifis lan pass. Et

    que la Suisse est un cas part, car son leadership en matire de gestion de fortune prive est

    tellement tabli, et sa tradition dmocratique tellement ancre quelle peut, davantage quailleurs,

    se permettre le dbat public ce sujet.

    Crispation autoritaire

    Dans dautres dens fiscaux, la crainte des autorits se traduit par la rpression. Sur lle de Jersey,

    dont nous avons, avec dautres ONG, visit les banques quelques jours du G20 de Londres 19,

    les habitants contestataires se disent isols, voire privs daccs aux emplois publics. Au dpart

    du dernier Tour de France Monaco, en juillet 2009, les militants dAttac ont t conduits avec

    leurs banderoles, tandis que ceux du CCFD-Terre Solidaire ont pass laprs-midi au poste. Leur

    crime ? Avoir voulu diffuser des tracts pour sensibiliser les passants sur les paradis fiscaux et leur

    impact dans les pays du Sud 20 La corde est tellement sensible que la Principaut a confi,

    depuis juillet 2009, la mission plusieurs experts en communication de redorer son blason un

    investissement qui devrait se chiffrer en millions deuros. Pas question, pour le Prince Albert, de

    laisser affubler Monaco du qualificatif de paradis fiscal 21. Le premier ministre luxembourgeoisJean-Claude Juncker ne sen laisse pas davantage compter, lui qui proteste vigoureusement

    18 Sondage men en janvier 2010

    par lInstitut MIS Trend pour

    lAssociation suisse de banques.

    19 Voir le film ralis cette

    occasion par Zoe Young surhttp://www.youtube.com/

    watch?v=XmAON2sJwrQ

    20 loccasion du Tour de France

    des paradis fiscaux linitiative

    de la plate-forme paradis fiscaux

    et judiciaires, tandis que pour

    la premire fois de son histoire,

    la Grande Boucle traversait tour

    tour Monaco, Andorre et la

    Suisse.

    21 Nice Matin, Monaco nest

    pas un paradis fiscal parle prince Albert , 24 novembre

    2008.

    http://www.youtube.com/watch?v=XmAON2sJwrQhttp://www.youtube.com/watch?v=XmAON2sJwrQhttp://www.youtube.com/watch?v=XmAON2sJwrQhttp://www.youtube.com/watch?v=XmAON2sJwrQ
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    et obtient des excuses de la directrice de la rdaction de France 2, en octobre 2008, aprs la

    diffusion dun reportage ayant os insinuer que le Grand-duch tait le thtre doprationsde blanchiment. En aot 2009, ce sont les ONG luxembourgeoises qui sont rduites au silence

    par laction conjointe du lobby bancaire (ABBL) et du gouvernement Juncker 22. Menaces de

    reprsailles financires, elles sont contraintes dsavouer le rapport explosif quelles viennent de

    publier sur le rle dltre de la place financire luxembourgeoise pour les pays du Sud 23.

    Les petits paradis ont raison davoir peur.

    Car ils sont vulnrables. Ainsi de Vaduz do le scandale, arriv par la banque mme du princeHans-Adam II du Liechtenstein, a fait fuir les capitaux. Ds les six premiers mois de 2008, laLGT-Bank a vu les entres dargent seffondrer de 95 % par rapport lanne prcdente. La

    Banque prive de grance (VP Bank) a mme accus des sorties nettes de capitaux de 99 millions

    de francs suisses aprs avoir attir 1,8 milliard en 2007. Pour avoir bti le budget public sur une

    contribution du secteur financier au prorata de ses effectifs, les les Camans, leader mondialdes hedge fundset cinquime place financire internationale, se sont retrouves au bord de la

    faillite sous limpact de la crise. Au point de devoir rtablir un impt direct disparu depuis 1794Panama, soucieux de voir BNP-Paribas fermer boutique, a envoy fin janvier 2010 son ministre delconomie et des Finances la rencontre de Christine Lagarde pour tenter dchapper la liste

    des paradis fiscaux dresse par Bercy 24. Peine perdue, heureusement.

    Paradis vulnrables, utilisateurs intouchables ?

    La vulnrabilit est inhrente aux paradis fiscaux. Lieux de la dlocalisation virtuelle delconomie, leur territoire et leurs habitants importent peu. Le seul intrt quils prsentent

    aux yeux de leurs visiteurs informatiques (puisquun clic suffit pour sy implanter), cest lamallabilit de leur souverainet. Multinationales et riches particuliers ne font souvent que transiter

    offshore. Changer daire de transit ne saurait les bouleverser, pourvu quil y ait lopacit. Cestl que se situe la vulnrabilit des paradis fiscaux. Prts brader leur souverainet auxlogisticiens de la finance et de la comptabilit offshore que sont les grandes banques et les

    big four de laudit et du conseil 25, ces petits territoires sont la merci dun scandale ou dun

    changement de contexte international. Lexprience de Nauru, le du Pacifique tombe dans la

    misre aprs sa mise au ban des Nations au tournant du millnaire, en tmoigne.

    Excepts les petits hritiers de comptes en Suisse qui, rongs par le remords, ont fait la queuedevant la cellule de dgrisement mise en place Bercy, la peur na pas de prise sur lesprincipaux utilisateurs des paradis fiscaux. Grce leurs conseillers financiers et juridiques,les ultra-riches 26 et les multinationales ont une formidable capacit dadaptation aux alas de

    la gographie offshore. Le Liechtenstein ternue ? Direction Singapour. Intouchables, vous dtes ?

    22 Jrme Tuckey revient surcet pisode dans son blog :

    http://www.cfo-news.com/

    Vers-une-supranationalisation-

    des-chambres-de-compensation-

    internationales_a11706.html

    23 Cette tude de Rainer Falk

    affirme qu elle seule, la

    gestion des fortunes prives au

    Luxembourg entrane des pertes

    de 2,5 milliards de dollars pour

    les pays en dveloppement, soit

    six fois la somme consacre

    par le Luxembourg laide au

    dveloppement (409 millions de

    dollars).

    24 Cf. Anne Cheyvialle, Le

    Panama, prt sortir de la liste

    des paradis fiscaux , Le Figaro,

    27 janvier 2010.

    25 Autrefois les big five avec

    Arthur Andersen, on dsigne par

    l les quatre leaders du secteur :

    Ernst & Young ; PriceWaterHouse

    Coopers ; Deloitte ; KPMG.

    26 Pour High Net Worth

    Individuals .

    http://www.cfo-news.com/Vers-une-supranationalisation-des-chambres-de-compensation-internationales_a11706.htmlhttp://www.cfo-news.com/Vers-une-supranationalisation-des-chambres-de-compensation-internationales_a11706.htmlhttp://www.cfo-news.com/Vers-une-supranationalisation-des-chambres-de-compensation-internationales_a11706.htmlhttp://www.cfo-news.com/Vers-une-supranationalisation-des-chambres-de-compensation-internationales_a11706.htmlhttp://www.cfo-news.com/Vers-une-supranationalisation-des-chambres-de-compensation-internationales_a11706.htmlhttp://www.cfo-news.com/Vers-une-supranationalisation-des-chambres-de-compensation-internationales_a11706.htmlhttp://www.cfo-news.com/Vers-une-supranationalisation-des-chambres-de-compensation-internationales_a11706.htmlhttp://www.cfo-news.com/Vers-une-supranationalisation-des-chambres-de-compensation-internationales_a11706.html
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    Paradis fiscaux : bilan du G20 en 12 questions - Rapport du CCFD-Terre Solidaire - Avril 2010 | 19

    7. Quest-ce qui a changpour les banques ?

    Pas compltement pargnes par laffichage du G20 contre les paradisfiscaux, les banques nen subissent pour lheure que de timidesrpercussions.

    Des rgles prudentielles qui tardent voluer

    Au cur de la dbcle financire et soumises la vindicte des opinions publiques, les banques

    ont vu leur environnement voluer considrablement au cours des 18 derniers mois. Maisparadoxalement, alors que les paradis fiscaux se sont retrouvs sous les feux de la rampe au cur

    de la crise financire, cest sur le front des rgles prudentielles relatives aux activits offshore que

    les choses ont le moins volu :

    Le G20 a demand au Conseil de Stabilit financire (CSF) de produire de nouvelles

    listes de centres financiers offshores prsentant un risque pour la stabilit financire

    internationale, comme son prdcesseur le Forum de Stabilit financire (FSF) le fit

    en 2000. Or ces listes et les recommandations dont elles pourraient tre assorties,

    si lexercice aboutit, ne sont pas attendues avant la fin 2010. Cest le directeur du

    Trsor public franais, Ramon Fernandez, qui anime les travaux du CSF en ce sens. En

    attendant, il apparat difficile dimposer aux banques une prudence financireaccrue dans ces paradis prudentiels, faute de les avoir lists. Ctait pourtantbien lintention de la France, en prparation du G20 de Londres, daccrotre lesexigences de transparence et de reporting dune part, et les ratios de fonds propres de

    lautre, pour les banques qui oprent dans des centres financiers mal rguls.

    Mme le projet de directive europenne visant rguler les hedge funds (fondsspculatifs) a capot, le 16 mars 2010, sous la pression britannique. Le projet de

    Londres ? Un passeport europen qui permettrait aux hedge funds obissant aux

    rgulations douteuses des les Camans ou aux Bermudes de commercialiser librement

    leurs produits en Europe.

    Difficile, aussi, de pouvoir affirmer avec certitude que les banques ont mis fin aux

    pratiques de dconsolidation comptable, qui ont permis certaines de mentir surleurs ratios de fonds propres. Quelle ne fut pas, par exemple, la surprise du parlement

    britannique quand il sest aperu que lessentiel des crances de la banque Northern

    Rock, quil venait de nationaliser pour lui viter la faillite, tait abrit dans une socit

    cran de Jersey, appele Granite, sans aucun lien juridique avec Northern Rock. Les

    banques assurent avoir pur leurs actifs, et le G20 les y a fortement incites, mais

    quelle garantie offrent-elles aujourdhui de ne pas tenir de comptabilit hors bilan ?

    Le G20 ne semble pas non plus avoir cherch renforcer la coopration entre autoritsboursires en matire de dlits dinitis mme si certaines banques ont pris les

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    devants, linstar du Crdit suisse qui a averti par courrier, en juin 2009, ses clients quil

    comptait dornavant rpondre aux demandes dinformation des autorits boursires

    trangres.

    Quelques progrs vers la transparence

    Cest en matire de transparence que certaines volutions sont constater :

    - Suite aux rsultats probants du fisc amricain dans laffaire UBS, ladministration Obama semble

    avoir compris tout lintrt quil y avait exiger davantage dinformations des banques elles-

    mmes, plutt que de compter sur la bonne volont des paradis fiscaux cooprer. En effet, le

    Snat amricain a approuv, le 24 mars 2010, une nouvelle loi qui obligera, partir de 2013,les tablissements financiers trangers dvoiler lIRS leurs relations bancaires avecdes contribuables amricains. LIrlande disposait dj dune lgislation similaire ainsi que, dansune moindre mesure, le Royaume-Uni.

    - La France, elle aussi, a renforc lobligation faite aux banques de transmettre la l iste des transferts

    dun certain montant effectus par leurs clients, mais uniquement vers les 18 territoires quellea retenus sur sa liste de paradis fiscaux des places financires aussi stratgiques que Niue,

    Saint Vincent et Grenadines ou Montserrat (au total, 0,2 % du march mondial de la finance

    offshore) ! Cette limite frappe plus largement la loi de fusion Caisse dpargne Banque Populaire

    de juin 2009, qui oblige les banques franaises indiquer, en annexe de leur rapport annuel, leurs

    implantations et la nature des activits menes dans les territoires non coopratifs 27. De toute

    faon, la disposition est pour lheure inoprante puisquau lieu de rendre compte de leur activit,

    les banques franaises, embotant le pas mdiatique de la BNP Paribas, ont prfr annoncer, en

    octobre 2009, leur intention de se retirer avant le 31 mars 2010 des territoires non coopratifs.

    Seule une poigne de fil iales sont concernes.

    Un enjeu dimage

    Ce qui a vraiment chang pour les banques, cest leur perception dans lopinion :

    Leur rle dans et aprs la crise a suscit lincomprhension, souvent la colre, notamment aux

    tats-Unis. Vu sous un angle diffrent, le Congrs amricain vient dailleurs de publier un pais

    rapport sans concession sur le rle des banques amricaines dans le blanchiment des fonds

    dtourns par des dirigeants africains 28.

    En France, les banques ont compris quelles jouaient sur la question des paradis fiscaux une partie

    de leur image. Interroges par leurs clients sur leur prsence dans tous les paradis fiscaux,

    linitiative de la campagne Stop paradis fiscaux 29, les banques ont dcid de communiquersur le sujet. Au point que les analystes boursiers scrutent limpact sur le cours de laction suite la sortie de la branche gestion prive de BNP-Paribas des Bahamas, des les Camans et de

    Panama 30 !

    27 Larrt ministriel doctobre2009 prcise le cadre de la loi :

    les banques devront publier la

    liste de leurs implantations

    directes ou indirectes sont

    vises les succursales ,

    filiales et participations

    dans dautres entits que les

    banques contrlent totalement

    ou en partie dans les

    territoires nayant pas conclu

    avec la France de convention

    dassistance contre lvasion

    fiscale. Les tablissementsdevront galement rendre

    publiques une descriptionde la nature des activits pour

    chacune de ces implantations ,

    ainsi que la dnomination

    sociale, le pourcentage de

    capital, les droits de vote dtenus

    et la forme juridique de ces

    entits.

    28 Sous-comit permanent aux

    investigations du Snat amricain

    (prsid par Carl Levin), Keeping

    Foreign Corruption out of theUnited Stated : Four Case

    Histories, fvrier 2010.

    29 Cf. http://www.

    stopparadisfiscaux.fr/content/

    stop-paradis-fiscaux-appelle-les-

    citoyens-%C3%A0-demander-

    des-comptes-%C3%A0-leur-

    banque

    30 Cf. http://www.

    latribune.fr/bourse/

    20100402trib000494958/

    le-marche-apprecie-que-bnp-paribas-fasse-une-croix-sur-les-

    paradis-fiscaux.html

    http://www.stopparadisfiscaux.fr/content/stop-paradis-fiscaux-appelle-les-citoyens-%C3%A0-demander-des-comptes-%C3%A0-leur-banquehttp://www.stopparadisfiscaux.fr/content/stop-paradis-fiscaux-appelle-les-citoyens-%C3%A0-demander-des-comptes-%C3%A0-leur-banquehttp://www.stopparadisfiscaux.fr/content/stop-paradis-fiscaux-appelle-les-citoyens-%C3%A0-demander-des-comptes-%C3%A0-leur-banquehttp://www.stopparadisfiscaux.fr/content/stop-paradis-fiscaux-appelle-les-citoyens-%C3%A0-demander-des-comptes-%C3%A0-leur-banquehttp://www.stopparadisfiscaux.fr/content/stop-paradis-fiscaux-appelle-les-citoyens-%C3%A0-demander-des-comptes-%C3%A0-leur-banquehttp://www.stopparadisfiscaux.fr/content/stop-paradis-fiscaux-appelle-les-citoyens-%C3%A0-demander-des-comptes-%C3%A0-leur-banquehttp://www.latribune.fr/bourse/%3C00AD%3E20100402trib000494958/le-marche-apprecie-que-bnp-paribas-fasse-une-croix-sur-les-paradis-fiscaux.htmlhttp://www.latribune.fr/bourse/%3C00AD%3E20100402trib000494958/le-marche-apprecie-que-bnp-paribas-fasse-une-croix-sur-les-paradis-fiscaux.htmlhttp://www.latribune.fr/bourse/%3C00AD%3E20100402trib000494958/le-marche-apprecie-que-bnp-paribas-fasse-une-croix-sur-les-paradis-fiscaux.htmlhttp://www.latribune.fr/bourse/%3C00AD%3E20100402trib000494958/le-marche-apprecie-que-bnp-paribas-fasse-une-croix-sur-les-paradis-fiscaux.htmlhttp://www.latribune.fr/bourse/%3C00AD%3E20100402trib000494958/le-marche-apprecie-que-bnp-paribas-fasse-une-croix-sur-les-paradis-fiscaux.htmlhttp://www.latribune.fr/bourse/%3C00AD%3E20100402trib000494958/le-marche-apprecie-que-bnp-paribas-fasse-une-croix-sur-les-paradis-fiscaux.htmlhttp://www.latribune.fr/bourse/%3C00AD%3E20100402trib000494958/le-marche-apprecie-que-bnp-paribas-fasse-une-croix-sur-les-paradis-fiscaux.htmlhttp://www.latribune.fr/bourse/%3C00AD%3E20100402trib000494958/le-marche-apprecie-que-bnp-paribas-fasse-une-croix-sur-les-paradis-fiscaux.htmlhttp://www.latribune.fr/bourse/%3C00AD%3E20100402trib000494958/le-marche-apprecie-que-bnp-paribas-fasse-une-croix-sur-les-paradis-fiscaux.htmlhttp://www.latribune.fr/bourse/%3C00AD%3E20100402trib000494958/le-marche-apprecie-que-bnp-paribas-fasse-une-croix-sur-les-paradis-fiscaux.htmlhttp://www.latribune.fr/bourse/%3C00AD%3E20100402trib000494958/le-marche-apprecie-que-bnp-paribas-fasse-une-croix-sur-les-paradis-fiscaux.htmlhttp://www.latribune.fr/bourse/%3C00AD%3E20100402trib000494958/le-marche-apprecie-que-bnp-paribas-fasse-une-croix-sur-les-paradis-fiscaux.htmlhttp://www.stopparadisfiscaux.fr/content/stop-paradis-fiscaux-appelle-les-citoyens-%C3%A0-demander-des-comptes-%C3%A0-leur-banquehttp://www.stopparadisfiscaux.fr/content/stop-paradis-fiscaux-appelle-les-citoyens-%C3%A0-demander-des-comptes-%C3%A0-leur-banquehttp://www.stopparadisfiscaux.fr/content/stop-paradis-fiscaux-appelle-les-citoyens-%C3%A0-demander-des-comptes-%C3%A0-leur-banquehttp://www.stopparadisfiscaux.fr/content/stop-paradis-fiscaux-appelle-les-citoyens-%C3%A0-demander-des-comptes-%C3%A0-leur-banquehttp://www.stopparadisfiscaux.fr/content/stop-paradis-fiscaux-appelle-les-citoyens-%C3%A0-demander-des-comptes-%C3%A0-leur-banquehttp://www.stopparadisfiscaux.fr/content/stop-paradis-fiscaux-appelle-les-citoyens-%C3%A0-demander-des-comptes-%C3%A0-leur-banque
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    8. Quest-ce qui achang pour lesmultinationales ?

    Si peu. Autant les particuliers ont t montrs du doigt par lesgouvernements du G20, faisant mme lobjet en France dune cellulead hoc de dgrisement , autant les entreprises sont restespratiquement en dehors du radar des tats du G20.

    Pour le moins curieux, quand on sait que les multinationales sont le client n 1 des paradis fiscaux,

    vers lesquels elles aiguillent leurs bnfices par le jeu du commerce, des assurances et des dettes

    au sein du groupe. Pour le moins regrettable aussi, quand on constate que les moins arms pour

    contrer les sophistications de lvasion fiscale des multinationales sont les pays les plus pauvres.

    Nouvelles lois en France

    Certes, il faut faire justice au gouvernement et au parlement franais. Avec la loi de finance

    rectificative adopte la fin de lanne 2009, Paris sest dot dun arsenal lgislatif pourcombattre la fraude et lvasion fiscale de ses entreprises dans les paradis fiscaux : cration de la

    notion de territoires non coopratifs, taxation 50 % (contre jusqu 33 % auparavant) des sommes

    verses dans ces tats et des intrts et dividendes provenant des sommes qui y sont dposes,

    perte du bnfice du rgime mre-fille pour les filiales implantes dans ces territoires (le rsultat

    des filiales ne pourra plus tre revers au groupe en franchise dimpt : il sera surtax hauteur de

    50 %), ou encore renforcement de la comptabilit pour les transactions avec ces territoires En

    bref, les transactions avec les tats ou territoires non coopratifs sont apprhendes et imposes

    de faon particulire depuis le 1er mars 2010.

    Lala des listes

    Le hic, comme pour les banques, cest que toute lefficacit du dispositif dpend de ce que lon

    considre tre, ou non, un paradis fiscal - ou plutt un territoire non coopratif. Or, la listefranaise se rvle plus laxiste encore que celle de lOCDE, en pargnant les territoires de la liste grise ayant sign un trait dchange de renseignements avec la France. In fine, lire de

    Paris se concentre sur 18 territoires anecdotiques. Le CCFD-Terre Solidaire a calcul que sur les

    1 500 filiales que possdent les entreprises du CAC 40 dans les paradis fiscaux 31, seules six sont

    concernes : Banques populaires (2), BNP-Paribas et LOral au Panama, Schneider au Costa-Rica

    et Air Liquide Brunei.

    Reste que la porte de la mesure ne pourra tre value rellement que sur la dure. Car la

    France se garde le droit de faire voluer, chaque anne, sa liste de territoires non-coopratifs enfonction de leffectivit de la coopration fiscale avec chaque pays tiers.

    31 Calcul sur la base des

    informations publies en

    mars 2009 par Alternatives

    conomiquesquant la prsence

    des entreprises du CAC 40dans les paradis fiscaux. Il faut

    toutefois relever quAlternatives

    conomiquesnincluait pas

    parmi les paradis fiscaux les

    Philippines ni le Guatemala, qui

    figurent sur la liste franaise. Par

    ailleurs, ltude du mensuel se

    fonde sur les rapports annuels

    des entreprises. Or, elles nont

    aucune obligation de fournir une

    liste exhaustive de leurs filiales :

    ainsi, Alternatives conomiques

    na trouv aucune indicationpour quatre entreprises du

    CAC40. Dautres fournissent une

    liste incomplte, linstar de

    BNP-Paribas, qui a communiqu

    sur sa sortie de Panama

    (nous lavons comptabilise

    ici) alors que cette filiale nest

    pas rpertorie dans ltude

    prcite. Enfin, il faut noter que

    BNP-Paribas a dcid de fermer

    galement ses filiales de gestion

    de fortune prive aux Bahamas

    et aux les Camans, pourtantabsents de la liste tablie par

    Bercy.

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    Documenter les prix de transfert ?

    Autre mesure mettre au crdit de Bercy : lobligation faite aux grandes entreprises (chiffre

    daffaires de plus de 400 millions deuros) de tenir la disposition de ladministration fiscale

    la documentation relative aux prix de transferts. Autrement dit, une multinationale doit pouvoir

    sexpliquer, pices lappui, sur les prix quelle pratique entre ses diffrentes filiales. Lenjeu est de

    taille : la grande majorit des multinationales joue sur les transactions commerciales, les transfertsde dette, etc. entre leurs diffrentes filiales pour localiser les bnfices dans les filiales moins

    imposes. Lobjectif de la mesure, pour le fisc, est donc pertinent : veiller au respect du principe

    dit de pleine concurrence qui veut quune transaction entre filiales dune firme seffectue au

    prix du march. Mais la mthode est peu contraignante : le parlement avait propos initialement

    que la documentation soit obligatoirement jointe la dclaration dimpts, ce qui permettait

    aux autorits fiscales de veiller sur lutilisation des prix de transfert, et non simplement la

    disposition lors dun hypothtique contrle fiscal impliquant des investigations pralables aussi

    laborieuses quincertaines. De plus, lorsque la documentation nest pas disponible, lamende nest

    gure dissuasive compte tenu des montants en jeu : 10 000 euros seulement. Autre difficult enfin,

    au cur de la manipulation des prix de transfert : ces transactions portent, de manire croissante,sur de limmatriel dont la valeur de march est inconnue ou incertaine (royalties sur la marque ou

    le brevet, frais de sige, service juridique, rassurance) et il est trs difficile pour linspecteur du

    fisc de dmontrer labus.

    Remde nglig

    Le meilleur remde pour visualiser o les entreprises multinationales localisent leurs profits, et

    vrifier si cette allocation reflte leur activit relle, cest de les contraindre en rendre compte,

    pays par pays, voire filiale par filiale. Lorsque Bercy menaait, en dcembre 2009, dinscrire le

    Chili sur sa liste noire, cest dailleurs le Medef qui est mont au crneau en expliquant que

    ses membres, linstar de Veolia, y menaient des activits de bonne foi et quil ne convenait

    donc pas de les sanctionner 32. Rconcilier la comptabilit des entreprises avec la ralit de leur

    activit industrielle et commerciale, cest prcisment ce que le CCFD-Terre Solidaire, avec le Tax

    Justice Network et de nombreuses ONG, demande de longue date en inscrivant dans les normes

    comptables internationales une obligation de reporting pays par pays. Lide fait son chemin (voir

    question 11). Le G20 saura-t-il sen saisir ?

    32 Paradis fiscaux : le patronat

    dfend les entreprises de bonnefoi , Les chos, 8 dcembre

    2009.

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    9. Quest-ce qui a changpour le crime organiset la corruption ?

    Rien, ou presque. Le G20 sattaque aux paradis fiscaux pour dautresraisons. La lutte contre le blanchiment pourrait mme perdre duterrain.

    Le G20 sest empar du problme des paradis fiscaux pour deux raisons cls : apporter une

    rponse lopinion publique face la crise financire ; renflouer les caisses des tats en priode

    de vaches maigres (le scandale du Liechtenstein, en fvrier 2008, a marqu le vrai point de dpart

    de lengagement franco-allemand contre les paradis fiscaux). En 2009, la lutte contre la corruption

    et le blanchiment dargent sale apparaissent comme des sujets annexes le G20 se contente donc

    de ritrer les appels formuls par le pass par le G8 renforcer les efforts en la matire.

    La liste inattendue

    Et ce nest pas la liste du GAFI 33, publie en fvrier 2010, qui y changera grand chose. Fruit dun

    exercice dvaluation incomprhensible, le listing du GAFI npingle aucun centre financier. Au

    ban des accuss : uniquement des pays en dveloppement, lexception de la Grce. Est-ce un

    exercice dabsolution gnrale des paradis judiciaires ? Que sont donc devenus les longs rapports

    dvaluation produits au cours des dernires annes par le GAFI et qui font apparatre le laxisme

    de nombreuses places financires envers largent sale (voir tableau). quoi sert davoir mis en

    vidence la non-conformit gnralise des centres financiers avec les 40 recommandations anti-

    blanchiment (+ 9 recommandations contre le financement du terrorisme) ?

    Le Luxembourg sen tire bien.

    Lexemple est loquent.Le rapport dvaluation du Luxembourg, paru en fvrier, le juge conforme

    seulement 20 % avec les recommandations du GAFI. Ce qui signifie que sur les 49 recommandations

    qui font lobjet dune valuation, il ny en a que dix pour lesquelles le Grand-duch est jug

    conforme ou grandement conforme . Le Luxembourg est jug partiellement en conformit

    avec 30 recommandations, et carrment non conforme concernant neuf recommandations.

    Vritable passoire pour largent du crime, de la corruption, voire du terrorisme, le Grand-duch

    avait le profil idal pour figurer sur la liste du GAFI et faire lobjet de mesures drastiques dertorsion. Las ! Le GAFI a prfr viser lquateur et le Kenya

    33 Le Groupe dAction financire

    (GAFI) est un organisme

    intergouvernemental cre par le

    G7 en 1989 pour lutter contre

    le blanchiment de capitaux et

    le financement du terrorisme, partir de la publication de

    normes.

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    valuations du GAFI

    Pays ou territoire Degr de conformit avec les 49

    recommandations du GAFI 34Nombre dvaluations juges

    non-conformes

    (sur 49 recommandations)

    1 Singapour 87,76 2

    2 USA (Delaware) 87,76 4

    3 Belgique 85,42 1

    4 Chypre 79,59 0

    5 Panama 79,59 1

    6 Hongrie 79,17 1

    7 les Camans 77,55 1

    8 Malte 75,51 4

    9 Portugal (Madre) 75,00 2

    10 Royaume-Uni 73,47 3

    11 Malaisie (Labuan) 67,35 1

    12 Suisse 66,67 3

    13 Gibraltar 65,31 1

    14 Hong Kong 61,22 4

    15 Allemagne 59.18 5

    16 Irlande 57,14 5

    17 Lettonie 55,32 5

    18 Macao 53,06 1

    19 Nouvelle Zlande 48.98 19

    20 Bahren 47,92 3

    21 Bahamas 44,90 3

    22 Liechtenstein 42,86 2

    23 Monaco 40,82 4

    24 Emirats Arabes Unis (Duba) 40,82 11

    25 Bermudes 38,78 14

    26 Brunei 38,78 14

    27 Andorre 36,17 11

    28 Uruguay 34,69 19

    29 Costa Rica 22,92 19

    30 Vanuatu 22,45 13

    31 Luxembourg 20,41 9

    32 Aruba 18,38 25

    33 Samoa 10,20 14

    Source : CCFD-Terre Solidaire, partir de GAFI et Tax Justice Network, avril 2010.

    34 Part des valuations juges

    conformes et grandementconformes sur lensemble des

    valuations (en %)

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    Paradis judiciaires

    Lincomprhensible liste du GAFI prsage-t-elle un recul de la communaut internationale dans

    la lutte contre la corruption et la criminalit transnationale ? La proximit de certains tats du

    G20 avec les milieux interlopes nencourage gure loptimisme. Pas plus que lincapacit, en

    novembre 2009, des tats signataires de la Convention des Nations unies contre la corruption (dite

    de Mrida ) mettre en place un mcanisme de suivi digne de ce nom !35 Alors que la restitutiondes avoirs dtourns par les dictateurs avait marqu des points au cours des dernires annes, les

    douze derniers mois ont surtout vu la Suisse rendre largent de Duvalier et Mobutu leurs propres

    familles, et la justice franaise refuser louverture dune instruction dans laffaire des biens mal

    acquis de plusieurs dirigeants africains 36. Limpunit quoffrent les paradis fiscaux la grande

    dlinquance conomique et financire serait-elle en train de gagner du terrain ?

    35 Cf. www.uncaccoalition.org

    36 Sur ce sujet, voir www.ccfd.asso.

    fr/BMA

    http://www.uncaccoalition.org/http://www.ccfd.asso.fr/BMAhttp://www.ccfd.asso.fr/BMAhttp://www.ccfd.asso.fr/BMAhttp://www.ccfd.asso.fr/BMAhttp://www.uncaccoalition.org/
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    10. Quest-ce qui achang pour les paysen dveloppement ?

    Hlas, rien 37. Pour linstant 38.

    37 Hormis les grands mergents,

    les pays en dveloppement

    sont exclus du G20. Rsultat :

    le combat du G20 contre les

    paradis fiscaux na bnfici

    pratiquement quaux pays riches.

    Sur 232 traits dchange

    dinformations fiscales signes

    depuis avril 2009, seulement

    dix (soit 4 %) lont t au profit

    de pays mergents victimes de

    lvasion (Argentine, Mexique,

    Chine). Et encore, la Chine nestpas que victime car Hong-

    Kong et Macao ne sont pas jugs

    coopratifs. Aucun na t sign

    avec un pays pauvre.

    38 La conscience de lenjeu des

    paradis fiscaux pour les pays du

    Sud progresse, tant au sein des

    administrations quau parlement

    europen ou dans les enceintes

    internationales (voir questions

    11 et 12). Seule traduction

    concrte pour lheure : lOCDE

    et le Conseil de lEurope ontannonc le 6 avril 2010 avoir

    amend la convention relative

    la coopration administrative

    dont ils sont dpositaires, de

    faon permettre lchange

    de renseignements fiscaux la

    demande entre tous les tats

    signataires. Ds la fin mai, les

    pays en dveloppement pourront,

    en adhrant cette convention,

    bnficier de lchange de

    renseignements fiscaux avec

    tous les signataires. Reste convaincre les paradis fiscaux de

    signer.

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    11. quoi a servi lamobilisation de lasocit civile ?

    Le choix, par le G20, de faire de la lutte contre les paradis fiscaux unlment phare de sa raction la crise est certes dict par la centralitde lenjeu, mais aussi par la volont de rpondre aux fortes attentesde lopinion publique cet gard.

    Car la mobilisation sociale contre les paradis fiscaux, quoique relativement rcente, prend du galon.

    Sans doute faut-il la situer au mme moment historique que le combat cologiste la fin des

    annes 1970 : expertise tablie, influence croissante, largissement de la base militante.

    Monte en puissance.

    Cette mobilisation a ses pionniers, comme le Tax Justice Network (TJN) au niveau international,

    n en 2002, ou Attac et Survie en France depuis la fin des annes 1990. Elle se structure en

    France depuis 2005 autour de la plate-forme paradis fiscaux et judiciaires, quanime leCCFD-Terre Solidaire et qui compte prsent une quinzaine dONG et syndicats (dont Transparence

    International, Attac, le SNUI, le Secours catholique, le Syndicat de la magistrature ou encore Oxfam

    France), et sest largie aux grands syndicats de salaris (CFDT, CGT, Solidaires) en 2009 avecle lancement de la campagne Stop paradis fiscaux. La question fiscale mobilise aujourdhuilargement en Europe : rseaux thmatiques (Eurodad), confessionnels (CIDSE), ONG internationales

    (Christian Aid, Action Aid, Oxfam) ou encore syndicaux. Le rseau pour la justice fiscale est n en

    Afrique en 2007, puis en Amrique latine en 2009 autour du rseau Latindadd.

    Expertise reconnue.

    Cet engagement sur la dure, la convergence de rseaux diffrents, a permis la socit civile

    dlaborer une expertise pointue et dtre rgulirement consulte par les cabinets ministriels et

    les hauts fonctionnaires, les parlementaires nationaux et europens, la Commission europenne,lOCDE ou les Nations unies. Par exemple :

    Les chiffres produits par le think-tank amricain Global Financial Integrity, anim par Raymond

    Baker, font rfrence sur la fuite illicite des capitaux que subissent les pays en dveloppement.

    Lors de la confrence de lONU sur le financement du dveloppement Doha fin 2008, les ONG

    convainquent la France, lUE puis les Nations unies de mettre la lutte contre lvasion fiscale et la

    fuite illicite des capitaux au cur de la dclaration finale.

    la demande du CCFD-Terre Solidaire et dOxfam France, ladministration franaise a cr

    en septembre 2009 un groupe de travail interministriel sur les ressources fiscales pour le

    dveloppementauquel participent activement les ONG. Il vise dgager les recommandations quela France pourrait porter dans les enceintes internationales.

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    Les ONG ont galement conduit lOCDE crer une taskforce internationale fiscalit et

    dveloppement qui associe gouvernements, organisations internationales, ONG (dont le CCFD-

    Terre Solidaire) 39 et entreprises et qui entame ses travaux en mai 2010.

    Influence croissante.

    En combinant un lobbying pointu de multiples actions dinterpellation, les ONG ont contribu mdiatiser le sujet et russi mettre plusieurs propositions sur la table des ngociations. Exemples :

    La tnacit de la France, lors du G20 de Londres, pour obtenir une liste des paradis fiscaux

    rpond une revendication de longue date de la plate-forme paradis fiscaux et judiciaires.Ennovembre2008, les ONG catholiques lancent avec le magazine Plerinune ptition demandant la France de balayer devant sa porte. 30 000 signataires plus tard, N. Sarkozy demande pour la

    premire fois Andorre et Monaco de se mettre au pas.

    Printemps 2009 : les militants dOxfam France et du CCFD-Terre Solidaire se mobilisent pour

    obtenir de lUE un registre des trusts et une obligation de transparence pays par pays pour les

    multinationales 40. Juin 2009 : la moiti des eurodputs franais lus sengagent par crit dfendre ces propositions et le 23 juin Berlin, lide du registre est reprise par Christine Lagarde.

    2 avril 2010 : interview de Franois dAubert, nomm par N. Sarkozy un an plus tt dlgu la

    lutte contre les paradis fiscaux. Il met deux propositions : Je suis favorable la cration deregistres de trusts (). Il faut que les multinationales prsentent leurs rsultats payspar pays41 .

    Au Royaume-Uni, laction combine dAction Aid, Christian Aid et Tax Justice Network convainc

    Gordon Brown de plaider pour une convention multilatrale dchange dinformations fiscales.Avec la bndiction de Paris, pouss par les ONG franaises. Ladite convention sera ouverte la

    signature des pays en dveloppement fin mai 2010. Lentente cordiale est aussi au rendez-vous, le

    6 juillet 2009, entre Nicolas Sarkozy et Gordon Brown pour demander lOCDE de se pencher sur

    la proposition phare du CCFD-Terre Solidaire et des ONG britanniques : la transparence comptable

    et fiscale des multinationales par pays.

    Les efforts combins de la campagne Publiez ce que vous payez et de TJN ont convaincu des

    investisseurs de demander avec eux une rvision de la norme comptable internationale sappliquant

    au secteur extractif (norme IFRS6). Depuis le 7 avril 2010, une nouvelle mouture de la norme estpropose par lIASB 42 (lorgane qui labore ces normes) et ouverte commentaires pour 4 mois.

    La bataille sur le degr de dtail des informations que devront fournir les entreprises minires et

    ptrolires est ouverte.

    La socit civile nen restera pas l.

    Elle a appris dexprience que pour tre significatifs, les changements sobtenaient dans la dure.

    La mobilisation dans le monde contre les paradis fiscaux va donc durer, et samplifier. En France

    plus particulirement, la campagne Stop paradis fiscaux dans laquelle sinvestit fortement leCCFD-Terre Solidaire ne cesse dinnover (action syndicale au sein des instances reprsentatives

    du personnel, actions de rue, signature de lappel, lettres aux banques) et de rassembler de

    nouveaux acteurs : investisseurs responsables , dirigeants dentreprises, experts comptables,

    lus locaux (comme la rgion Ile-de-France qui veut cesser ses relations avec les tablissements

    financiers oprant offshore). En ligne de mire : le sommet du G20 Cannes en 2011.

    39 Sigent galement le Tax Justice

    Network et le TJN Afrique,

    Eurodad, Christian Aid et

    Latindadd.

    40 Campagne Hold up

    international. Pour que lEurope

    rgule ses multinationales - cf.

    http://ccfd-terresolidaire.org/

    hold-up

    41 Voir par exemple le rcent article

    de La Tribune.fr du 02-04-2010,

    relatant lentretien avec le

    dlgu franais la lutte contre

    les paradis fiscaux.

    42 International Accounting

    Standards Board.

    http://ccfd-terresolidaire.org/hold-uphttp://ccfd-terresolidaire.org/hold-uphttp://ccfd-terresolidaire.org/hold-uphttp://ccfd-terresolidaire.org/hold-up
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    12. Faut-il encoreattendre quelquechose du G20 ?

    De sa capacit juguler lvasion fiscale des multinationales et denfaire bnficier les pays en dveloppement dpend la crdibilit delaction du G20 contre les paradis fiscaux.

    Depuis novembre 2008, que le G20 se runit au niveau des chefs dtat et de gouvernement, ilsest construit face la crise financire et affirm, en particulier, sur le sujet des paradis fiscaux.

    Impossible pour lui, dans ces conditions, de ne pas en assurer le suivi, mme a minima. Mme

    si la lgitimit du G20 est contestable, car il sorganise selon un principe dexclusion de 172

    tats dans la prise de dcisions, il est bien de la responsabilit des principales conomies du

    monde de mettre fin aux trous noirs de la finance. Sa crdibilit comme instance naissante de

    gouvernance conomique mondiale est donc en jeu. Sauf faire ltalage de son impuissance

    peine cr, le G20 devra sengager en priorit et avec dtermination sur deux fronts

    pour lheure inexplors du combat contre les paradis fiscaux :

    Mettre un terme au siphonage des ressources des pays en dveloppement vers lesparadis fiscaux et judiciaires.

    Faire payer limpt aux entreprises multinationales l o elles crent de la valeur.

    Le G20 en est-il capable ?

    On a des raisons den douter :

    Le G7-G8 stait jusqualors empar du sujet de faon cyclique. Tous les dix ans,

    la pression semble monter, avant que le soufflet ne retombe : cration du GAFI en

    1989 ; cration du FSF et mandat octroy lOCDE contre les pratiques fiscalesdommageables en 1999 ; nouvelles listes en 2009. Certains observateurs voient dans

    les paradis fiscaux un sujet brandi pour faire diversion. Quen sera-t-il cette fois-ci ?

    Le fait que le G20 ait ferm les yeux en avril 2009 devant ces enjeux majeurs de

    rgulation conomique et de financement du dveloppement ne doit rien au hasard.

    Les entreprises multinationales, les grandes banques et les riches particuliers savent

    faire entendre leurs intrts auprs de la plupart des leaders du G20 - dans les pays

    occidentaux comme dans les pays mergents.

    Les propos de Nicolas Sarkozy annonant la fin des paradis fiscaux, ds septembre 2009,

    ne sont gure encourageants. manant du pays qui stait voulu le hraut du combatcontre les paradis fiscaux, ils peuvent tre interprts comme un renoncement.

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    Certains tats, linstar du Royaume-Uni qui doit une part de sa prosprit lenvergure

    de la place financire londonienne, avancent reculons sur le sujet.

    Pourtant, il y a aussi desraisons de penser que le G20 nen restera pas l :

    Lexaspration des opinions publiques face aux consquences de la crise financire

    et aux ingalits est loin de stre estompe, et laspiration est forte revenir une

    certaine vrit de lconomie, non seulement dans la finance mais aussi dans lesrmunrations et les comptes des entreprises.

    En priode budgtaire dlicate, les pays riches ont besoin de renflouer les caisses

    de ltat et certains prouvent des difficults tenir leurs engagements daide au

    dveloppement. Combattre lvasion fiscale des multinationales, y compris dans les

    pays en dveloppement, pourrait tre peru comme une rponse ces deux dfis.

    LUnion europenne monte en puissance sur ces sujets : le parlement europen multiplie

    les rapports dinitiative par lesquels il dnonce limpact des paradis fiscaux sur les

    pays en dveloppement et appelle lUE exiger davantage de transparence comptable

    aux multinationales ; pour la premire fois fin avril 2010, la Commission publie unecommunication sur les enjeux de la question fiscale pour les pays en dveloppement.

    La prsidence espagnole, puis belge, du Conseil europen en 2010 est propice un

    engagement fort de lUE. Parmi les membres europens du G20, lAllemagne et lItalie

    sont traditionnellement aux cts de la France pour condamner lvasion et la fraude.

    La posture de Londres est plus ambigu et lissue des prochaines lections pourrait

    savrer dterminante.

    Libr de lenjeu autour de la rforme de la sant, Barack Obama pourrait se souvenir,

    sur la scne internationale, quil fut avant dtre prsident le coauteur dun projet de loi

    au titre vocateur Stop Tax Haven Abuse Act 43.

    Le G20 nest pas le G8, et certains pays mergents peuvent se montrent plus soucieux

    du sort de leurs voisins en dveloppement.

    Parmi les mergents, le Brsil, lInde et lAfrique du Sud notamment ont clairement

    engag leur administration dans le combat contre la fraude et lvasion fiscale afin de

    financer leurs politiques publiques, et exprim leur volont de lutter fermement contre

    les paradis fiscaux et la manipulation des prix de transfert 44.

    Les prochaines prsidences du G20 pourraient tre porteuses du sujet. Le Canada,

    qui prside le sommet du G20 Toronto les 27-28 juin 2010, nest pas, loin sen

    faut, un fer de lance habituel de la lutte contre les paradis fiscaux, mais le ministre duRevenu national a indiqu en janvier vouloir confirmer le rle prdominant quoccupe

    le Canada dans la lutte contre lutilisation abusive des paradis fiscaux . La Core du

    Sud, fonde sur un modle trs tatiste, pourrait y tre sensible lors de sa prsidence,

    en novembre.

    RDV en 2011 Cannes

    La cl se situera sans doute sous la prsidence franaise du G20, qui aura lieu Cannesen juin 2011. Malgr lenthousiasme prmatur du prsident franais quant la rsolution