Cap Sur l'Onchocercose
-
Upload
ines-de-paul-feudjeu -
Category
Documents
-
view
163 -
download
0
Transcript of Cap Sur l'Onchocercose
INTRODUCTION
L’Onchocercose est une maladie à transmission vectorielle, dont le
vecteur est la simulie. Celle-ci est d’une grande importance médicale dans les
vallées de montagnes et les bassins des fleuves à courant rapide.
Selon Patrice Bourée (1987), « l’Onchocercose est une filariose
provoquant un prurit intense et surtout des complications dont la plus redoutable
est la cécité définitive ».
L’OMS (2007), estime que 37 millions de personnes sont infectées de
l’Onchocercose dont 99% en Afrique, quelques 300 000 personnes sont
aveugles et au moins 500 000 ont une sévère baisse d’acuité visuelle.
Ce problème est si préoccupant qu’il y a lieu de se demander si les
populations soumises aux risques de l’Onchocercose dont l’une des
complications les plus redoutées est la cécité, en sont conscientes. Etant donné
que la ville de Ntui soit entourée des cours d’eau à courant rapide dont les plus
importants sont la Sanaga, le Mbam, le Kim et la Dim, elle reste une zone
d’exposition. Sur ce, nous nous sommes proposé d’évaluer à Ntui les
connaissances, attitudes et pratiques des populations relatives à l’Onchocercose.
Pour réaliser ce travail, nous l’avons reparti en 5 chapitres :
Chapitre I : Problématique
Chapitre II : Méthodologie
Chapitre III : Présentation des résultats
Chapitre IV : Analyse et discussion ;
Chapitre V : conclusion et suggestions.
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
I.1- CONTEXTE
Découverte en 1893 par le médecin anglais Leuckart, l’Onchocercose ou
maladie de Robles est une parasitose causée par une filaire appelée Onchocerca
volvulus, transmise d’un être humain infecté à l’autre par la piqûre des
moucherons noirs appelés simulies ou « mout-mout ». C’est une maladie liée à
l’eau dont la transmission est plus fréquente à proximité des rivières et ruisseaux
à courant rapide, donc très oxygénés (Lanoix et Roy, 1976). Elle se manifeste
par les onchocercomes , les lésions cutanées prurigineuses aiguës ou chroniques,
l’épilepsie, les troubles de croissance et même la cécité en cas de complication.
Outre, cette endémie peut avoir des répercussions socio-économiques graves sur
la population telles que : la baisse de la productivité, la perte de la main d’œuvre
, l’abandon des terres fertiles à cause de la nuisance par les piqures de simulie,
l’avenir social compromis pour les enfants des parents aveugles, la
marginalisation des malades, la déstabilisation des familles et des communautés
et la diminution de l’espérance de vie des aveugles et des épileptiques dans les
zones endémiques. Il existe trois types de régions d’endémicité de la maladie :
les régions hyper-endémiques où le taux de prévalence de la maladie est
supérieur ou égal à 60%, les régions méso-endémiques où ce taux se situe entre
35 et 59% et les régions hypo-endémiques où ce taux est inférieur à 35%
(Boussinesq, 2012).
En 2002, l’Onchocercose encore appelée « cécité des rivières », était
classé comme septième cause de déficiences visuelles évitables dans le monde
avec (0,8%) ; après la cataracte (47,9%), le glaucome (12,3%), les opacités
cornéennes (5,1%), la rétinopathie diabétique (4,8%), la cécité des enfants
(3,9%), le trachome (3,6%) et faisait partie des principales maladies endémiques
cécitantes (OMS, 2013).
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 2
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
Dans le monde, on estime que 120 millions de personnes sont à risque de
contracter l’Onchocercose, 37 millions de personnes sont infectées dont 99% en
Afrique, quelques 300 000 personnes sont aveugles et au moins 500 000 ont une
sévère baisse d’acuité visuelle (OMS, 2007).
En Amérique Latine, 13 foyers dispersés dans six pays (le Brésil, la
Colombie, l’Equateur, le Guatemala, le Mexique et le Venezuela) et le Yémen
dans la péninsule arabique, souffrent de cette endémie. Près de 500 000
personnes y courent le risque de contracter la maladie. Dans cette partie du
monde, les populations diverses se trouvent affectées par la cécité des rivières.
Au Guatemala et au Mexique, les populations créoles et indigènes qui habitent
les plantations de caféiers sont à risque majeur alors qu’en Equateur et en
Colombie la maladie affecte les personnes habitant les bords des rivières
(APOC, 2001).
En Afrique, l'Onchocercose est un problème majeur de santé publique,
responsable d'un grand nombre de cécité - enfants guidant des adultes atteints de
la cécité des rivières-. Elle est endémique dans 19 pays, et on estime que plus de
100 millions de personnes sont exposées à la maladie dont 70% se concentrent
dans 5 pays: Nigeria, RDC, Cameroun, Ethiopie, Soudan (OMS/APOC, 2012).
Au Burkina Faso, les foyers de concentration se situent autour des cours
d'eau, sur une population de 4 millions d’habitants, on comptait, avant le début
des programmes de lutte (1988), 400.000 cas d’Onchocercose, parmi lesquels
40.000 aveugles (APOC/OMS, 2001).
Au Nigeria, pays le plus peuplé de l'Afrique subsaharienne, qui occupe le
premier rang de nombre de personnes infectées compris entre 3 millions
(estimation nigériane par sondage) et 7 millions (estimation OMS), l'infection
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 3
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
est répandue localement dans tous les États sauf ceux de Lagos et de Rivers et
elle s'observe aussi bien en savane qu'en forêt.
En RDC, dix provinces sur onze sont touchées, 237 sur 515 zones de santé
que compte le pays sont endémiques (OMS, 2009). En 2012, d’après les
données de l’OMS, 13 millions de congolais sont infectés de l’Onchocercose ;
environ 26 millions sont exposés à la maladie et plus de 70 000 sont aveugles
suite à l’endémie.
En Guinée, la maladie est prévalente dans plus de 85% du territoire. Les
sept régions du pays sont endémiques avec 24 districts de santé sur 33. Au total
8229 villages onchocerquiens ont été recensés totalisant plus de 3milions de
sujets à risque (Karam et al, 2010)
Au Cameroun lors d’une étude, une relation entre l’Onchocercose et
l’épilepsie a été notée dans la vallée du Mbam où la prévalence de l’épilepsie
atteint dans certains villages 8% de la population (Boussinesq, 1997, données
non publiées). Toutefois, l’Onchocercose sévit dans toutes les dix régions, les
régions du Centre, du Nord-ouest et de l’Ouest constituent les principaux foyers
à risques (Kamgnou, 2010). Les statistiques du Programme National de Lutte
contre l’Onchocercose estiment que : près de 12 millions de personnes, soit
60% de la population, vivent sous la menace de cette maladie ; plus de
6 millions de personnes à risque sont infectées ; plus de 32 000 de personnes
infectées sont atteintes de cécité ; plus de 1 500 000 de personnes infectées
présentent des lésions graves de la peau. Pour combattre ce fléau, plus de 8000
villages (communautés) hyper endémiques et méso endémiques sont sous
traitement de masse par Mectizan ; plus de 16 millions de traitements sont
administrés depuis le début (1999) de la mise en œuvre du Traitement à
l’Ivermectine sous Directive Communautaire ; plus de 8000 personnels de santé
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 4
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
sont formés ; plus de 60.000 distributeurs communautaires de Mectizan sont
formés.
Reconnue comme problème de santé publique au Cameroun,
l’Onchocercose est placée au centre des préoccupations de la santé dans notre
pays. La lutte contre cette endémie a été classée parmi les programmes
prioritaires aussi bien dans le Document de Stratégie de Réduction de la
pauvreté que dans la Stratégie Sectorielle de la Santé, l’objectif ultime étant
d’éliminer l’Onchocercose en tant que problème de santé publique au Cameroun
d’ici l’an 2015 (OMS, 2006). A cet effet, le gouvernement a mis en place en
1995, le Programme National de lutte contre l’Onchocercose (PNLO) dont les
stratégies de lutte sont entre autres, la distribution de masse du Mectizan sur le
triangle national et depuis 1999, s’est ajoutée la prise en charge des populations
par le traitement à l’ivermectine sous directive communautaire (TIDC).
Cependant, malgré ces actions, l’Onchocercose continue sa progression, sa
gravité tient surtout à la grande fréquence des cécités qu’elle provoque chez les
populations vivant au bord des rivières. Dans le souci de contribuer à la
réduction de nouveaux cas d’Onchocercose dans notre pays et particulièrement
dans la région du Centre où on retrouve les régions hyper et méso endémiques,
nous nous sommes posé la question de recherche suivante : quelles sont les
connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à
l’Onchocercose ?
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 5
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
I.2- LES OBJECTIFS DE RECHERCHE
I.2.1- OBJECTIF GENERAL
Etudier les connaissances, les attitudes et les pratiques des populations de
Ntui relatives à l’Onchocercose.
I.2.2- OBJECTIFS SPECIFIQUES
Pour atteindre notre objectif général, nous nous sommes fixés les
objectifs spécifiques suivants :
Evaluer les connaissances des populations relatives à
l’Onchocercose ;
Déterminer les attitudes des populations face à la maladie ;
Identifier leurs pratiques vis-à-vis de l’endémie ;
Proposer des solutions.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 6
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
I.3- DEROULEMENT DES CONCEPTS
I.3.1- Généralités sur l ’ Onchocercose
L'Onchocercose ou « cécité des rivières » est une filariose provoquée par
le développement dans le corps humain d'un ver filarien Onchocerca volvulus
(Duke, 1990). En Afrique, l'onchocercose est transmise par différentes espèces
de Simulium damnosum (Boussinesq, 2012) telles indiquées dans le tableau
suivant :
Tableau I : Répartition des espèces S. damnosium en Afrique
Complexe Sous-
complexe
Espèces Répartition
Similium
damnosum s.l.
Similium.
damnosum
S. damnosum s.s
Savane d’Afrique de
l’Ouest et le Soudan
S. sirbanum
Similium
sanctipauli
S. sanctipauli Zones humides
d’Afrique de l’ouestS. soubrense
Similium
squamosum
S. Squamosum s.s. Forêt et hautes terres
d’Afrique de l’ouest S. yahense
S. mengense Cameroun
S. kilibanum Montagnes d’Afrique de
l’est
Cette maladie ne sévit que dans les régions tropicales où les conditions
environnementales permettent le développement de son vecteur (OMS, 1999).
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 7
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
C'est une maladie liée à l'eau et par conséquent aux saisons climatiques et à
l'environnement.
Les facteurs climatiques qui influencent en grande partie le
développement et le comportement des simulies sont la température,
l'hygrométrie et la pluviométrie. La température agit sur le développement
larvaire, l'hygrométrie influence l'activité des simulies et la pluviométrie agit sur
le régime des cours d'eau qui est un élément important pour la reproduction. La
forêt dense constitue un frein au déplacement des populations de simulies.
Lorsque l'homme ouvre des couloirs dans cet environnement pour l'agriculture,
l'exploitation forestière ou le désenclavement de certains sites, les simulies
trouvent des espaces pour se déplacer et infester de nouvelles zones
(Boussinesq, 2000).
Les larves de simulies sont rhéophiles (aiment les courants d’eau) et
trouvent des conditions favorables dans les eaux rapides et les imagos qui y
émergent peuvent facilement attaquer les hommes qui vivent à proximité de ces
eaux. Généralement en zone tropicale, la température moyenne du mois le plus
froid descend rarement en dessous de 18°C. Étant donné que la transmission de
l'Onchocercose n'est possible que pour des températures supérieures à 18°C
(OMS, 1999), les conditions sont favorables à la propagation de la maladie. Les
régions dans lesquelles cette maladie est endémique sont non seulement situées
dans la zone tropicale, mais elles sont caractérisées par un réseau
hydrographique dense ; c'est le cas du Cameroun. Les gîtes larvaires des
mouches noires sont ainsi situés au niveau des chutes et des rapides. Les pics de
transmissions sont liés au niveau d'oxygénation de l'eau qui varie en fonction
des saisons. Une étude épidémiologique de certains foyers a permis de
distinguer une Onchocercose de type savane et une Onchocercose de type forêt.
Si la majorité des caractères épidémiologiques et climatiques de ces deux types
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 8
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
d'Onchocercose sont identiques, les taux de lésions oculaires onchocerquiennes
graves et des cécités sont beaucoup plus élevés dans les foyers de savane que
dans les foyers de forêt (PICQ et al, 1992 et Duke, 1981). Actuellement,
l'hypothèse retenue pour expliquer cette différence est l'existence de souches
d'Onchocerca volvulus différentes en savane et en forêt.
Les changements de pluviométrie entraînent un changement du débit des
cours d'eau à courants rapides où les simulies se reproduisent. C'est ainsi que le
pic de transmission de l'Onchocercose et de nuisances dans les régions
traversées par ces cours d'eau est observé en saison de pluie. Pendant cette
période le débit des cours d'eau et l'oxygénation de l'eau augmentent, créant
ainsi des conditions propices au développement des larves de simulie. En saison
sèche, dans certaines régions où le lit du cours d'eau a une topographie de fond
rocheux, on peut aussi avoir un pic de transmission, car on a la création de
rapides due aux chocs entre l'eau et les roches du lit.
Dans les régions où sont implantés des barrages, les conditions de
prolifération des mouches noires sont permanentes car le débit rapide est
maintenu en aval. Le maintien d'un débit rapide fait que dans ces régions,
l'onchocercose n'est plus saisonnière. Les barrages créent ainsi d'un côté des
rapides propices pour le développement des larves de simulies et de l'autre côté
des eaux stagnantes propices au développement les larves de moustiques (Nana,
2008).
I.3.2- les manifestations de la maladie
Les symptômes de l'onchocercose ne sont pas causés directement par le
ver mais par une réaction inflammatoire à la mort des microfilaires dans la peau
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 9
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
et les yeux. Ils sont essentiellement cutanés, lymphatiques, oculaires ou
systémiques.
Les larves, injectées sous la peau par la piqûre de l'insecte, se développent
en produisant des nodules sous-cutanés (photo1) appelés onchocercomes (amas
de tissu fibreux contenant les vers adultes). Les malades atteints de
l'Onchocercose souffrent des démangeaisons graves et régulières dues à la
présence de nodules sous cutanés, ce qui aboutit à une hyperpigmentation
(photo2). Par conséquent, la peau se dépigmente et devient tachetée
normalement dans la région pré tibiale « peau du léopard » (photo3). Chez
certaines victimes de la maladie, on observe la peau présentant un aspect très sec
et ridé « peau de lézard » (photo4). Cette infection est rarement mortelle, mais
elle est à l'origine de lourdes souffrances et de graves incapacités.
La complication majeure de l'infection par Onchocerca volvulus est
l'atteinte de l'œil. Commençant souvent par une conjonctivite, les atteintes de la
cornée, de l'uvée (membrane vasculaire du globe oculaire, constituant la couche
moyenne de la paroi de l'œil) et de la rétine sont fréquentes. Les diverses lésions
oculaires aboutissent généralement à une cécité totale au bout d'une dizaine
d'années de développement.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 10
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
Tableau II : Les manifestations de l’Onchocercose
Au niveau de la peau Au niveau des yeux Au niveau
systémique
les démangeaisons
intenses,
des éruptions de la peau,
des nodules,
l’hyperpigmentation,
La dépigmentation (peau
de léopard),
peau très sèche ou ridée
(peau de lézard),
la gale « cruw cruw »
les yeux irritants et/ou
larmoyants,
la gène à la lumière,
la rougeur des yeux,
la diminution du
champ visuel,
la cécité.
L’épilepsie,
les troubles de
croissance
Source : Helen Keller International
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 11
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
Figure 1 : manifestations de l’Onchocercose
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 12
Photo1 : onchocercome Photo2 : hyperpigmentation
Photo5 : syndrome de l’aine pendante Photo6 : Kératite
Photo3 : « peau de léopard » Photo4 : « peau de lézard »
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
I.3.3- Mode de transmission
La transmission de l’Onchocercose est biologique c’est-à-dire que l’agent
pathogène (Onchocerca volvulus) absorbé par l’insecte (simulie) accomplit son
cycle de développement (cycle extrinsèque du parasite) chez celui-ci. Ce n’est
que lorsque ce cycle est achevé que le parasite peut être inoculé à un nouvel hôte
ou déposé sur lui. L’insecte est alors dit infectant. C’est aussi le cas de la
transmission des autres grandes endémies (paludisme, trypanosomiase,
leishmanioses, typhus, arboviroses) par les moustiques, les mouches tsé-tsé, les
phlébotomes, les tiques respectivement.
I.3.4- Traitement
Le traitement de l'Onchocercose est l’ivermectine (Mectizan®,
microfilaricide antihelminthique). Les personnes infectées peuvent être traitées
en une prise tous les douze mois pendant 15 à 20ans. Il est nécessaire d'associer
des corticoïdes au traitement pour limiter les réactions inflammatoires induites
par la mort des microfilaires.
L’absorption de l'ivermectine provoque une diminution rapide du nombre
de microfilaires qui constituent la forme larvaire et pathogène du parasite. En
effet, le médicament provoque une paralysie des microfilaires qui sont alors
détruits dans les ganglions lymphatiques. Il empêche aussi la reproduction du
parasite adulte donc indirectement la ponte des microfilaires réduisant ainsi la
morbidité et la transmission de la maladie.
Cependant, il est à noter que certaines catégories de personnes sont
exclues à la prise de Mectizan® telles que :
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 13
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
- les gens très malades ;
- les femmes enceintes ;
- les femmes allaitant des bébés de moins de 8jours ;
- les enfants de moins de 5ans ;
- les enfants de moins de 90 cm.
I.4- Vecteur de la maladie : la simulie
I.4.1- Systématique et Morphologie
I.4.1.1. Systématique
Les mouches noires (simulies) vecteurs de l’Onchocercose ont les
caractéristiques suivantes :
Règne Animal
Embranchement Arthropode
Sous-embranchement Hexapode
Classe Insecte
Sous-classe Ptérygote
Super-ordre Endoptérygote
Ordre Diptère
Sous-ordre Culicomorphe
Famille Simulidea
Genre Simulium
Sous-genre Inselielium
Espèce Damnosium s.l
Tableau III : caractéristiques des simulies
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 14
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
I.4.1.2. Morphologie
La simulie a plusieurs stades de développement, de morphologies et de
milieux de vie différents :
- les œufs sont aquatiques et ont une taille comprise entre 0,1 et 0,5 mm. Ils sont
de forme plus ou moins triangulaire. Quand ils sont pondus sur un support
(feuilles, brindille, rochers, etc.), ils ont l'aspect d'un amas gélatineux de couleur
blanchâtre ;
- les larves sont aquatiques et ont une forme allongée et renflée en massue dans
la partie postérieure (figure 3). Une couronne de petits crochets situés dans cette
partie permet la fixation des larves ;
- les nymphes sont également aquatiques, issues des larves ne s’alimentent pas
et vivent immobiles, fixées dans un cocon de soie tissé par la larve (figure 3). La
durée de développement aquatique varie considérablement en fonction des
espèces et de la température (certaines espèces hivernent à l’état d’œufs, de
larves et surtout de nymphes dans les pays froids ou tempérés). Elles respirent à
l'aide d'une paire de branchies ;
- les adultes ressemblent à des moucherons de 1 à 6 mm et sont aériens. Ils ont
un aspect trapu et bossu (figure 2). Les yeux présentent un dimorphisme sexuel :
chez la femelle, ils sont séparés par un front tandis que chez le mâle, ils sont
contigus c'est-à-dire qu'il n'y a pas de front. Ils ont des ailes larges avec une
nervation très caractéristique. La représentation d'une simulie adulte est donnée
par la figure ci-après :
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 15
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
Figure 2 : Schéma d'une simulie adulte Source: OMS, 1999, Page22.
I.4.2. Cycle de développement et comportement
I.4.2.1. Cycle de développement
Le développement des simulies est en grande partie influencé par
l'environnement. Leur cycle de développement comporte deux phases
distinctes : une phase pré - imaginale (simulie non adulte) en milieu aquatique
qui regroupe l'œuf, les sept stades larvaires et la nymphe ; une phase aérienne
qui concerne l'adulte ou imago. La figure 3 présente le cycle de développement
de la simulie.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 16
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
Figure 3: Cycle de développement de la simulie Source : www.yaoundefoundation.org
Les simulies (femelles) sont des hématophages de type piqueur-suceur :
pièces buccales courtes adaptées à la dilacération des tissus et à l’absorption du
sang. La femelle pond ses œufs dans les cours d’eau rapides, sur la végétation,
les pierres ou sur les autres supports peu profonds. Chez similium damnosum, le
vecteur ouest-africain de l’Onchocercose, l’éclosion des œufs survient au bout
de 24 à 48 heures après la ponte, la vie larvaire dure une à deux semaines et
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 17
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
s'effectue en 7 stades successifs. La durée du stade larvaire est d'autant plus
courte que la température de l'eau est élevée. La larve du 7e stade évolue en
nymphe après tissage d'un cocon, la durée de la vie nymphale est de 3 à 5 jours.
Tout le cycle de développement qui précède l’éclosion de l’adulte se déroule
obligatoirement dans les eaux courantes. Les larves issues des œufs vivent fixées
sur des supports immergés (végétation, pierre, etc.) et filtrent pour se nourrir les
particules alimentaires et les micro-organismes charriés par le courant ; les
nymphes issues des larves ne s’alimentent pas et vivent immobiles, fixées dans
un cocon de soie tissé par la larve. (Demanou, 2004).
I.4.2.2- Comportement des simulies
Le comportement des simulies est lié à l'environnement dans lequel elles
évoluent. Les déplacements des simulies sont uniquement diurnes, favorisés par
les vents, une humidité relativement élevée et de basses pressions
atmosphériques. Les simulies adultes sont d’excellents voiliers et les femelles
peuvent parcourir en vol plusieurs kilomètres (quelques centaines avec l’aide du
vent). Leur périmètre de vol est en moyenne de 10 km, mais les migrations
assistées par le vent du début des saisons des pluies peuvent atteindre 400 km
pour certaines espèces. Ces déplacements sont assez réduits chez les mâles.
Peu après l'émergence, les femelles sont inséminées par les mâles.
L'intervalle de temps séparant 2 pontes (ce qui équivaut à deux repas sanguins)
est de 4 jours environ. La durée de vie des adultes est de 20 à 28 jours pour les
femelles et de 15 à 20 jours pour les mâles. Les femelles sont capables
d'effectuer entre 3 et 4 pontes d'environ 120 œufs chacune pendant leur vie. La
durée qui sépare une ponte du repas de sang suivant est inférieure à 24 heures.
Sous les tropiques les simulies mettent 2 à 3 jours pour digérer leur repas
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 18
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
sanguin dans les trous d'arbres et autres sites naturelles qui leur servent de lieux
de repos (OMS, 1999).
Les mâles se nourrissent uniquement du nectar des fleurs. Les femelles
s'en nourrissent aussi. Ce nectar leur fournit l'énergie nécessaire pour le vol. Les
femelles sont également hématophages. Elles pratiquent le pool-feeding c'est-à-
dire qu'elles prélèvent leur repas après avoir lacéré le tissu sous-cutané grâce au
mouvement des pièces buccales. Ce sang apporte à la femelle les protéines
indispensables à la maturation de ses œufs. Au cours d'un repas sanguin qui dure
en moyenne 3 à 4 minutes, elles peuvent absorber 3 millimètres cube de sang.
Les simulies ne pénètrent pas dans la maison. Elles piquent à l'extérieur et
pendant la journée (au lever et au coucher du soleil), le long des berges des
cours d'eau en particulier. Certaines espèces piquent des parties du corps bien
déterminées. En Afrique de l'Ouest par exemple, l'espèce Simulium damnosum
pique principalement les pieds. La plupart des espèces se nourrissent
principalement sur des mammifères et des oiseaux, certaines sont
anthropophiles (OMS, 1999).
I.4.3.-Méthodes de lutte contre les simulies
I.4.3.1- Protection individuelle
Il est possible de se protéger contre les piqûres de simulies par le port de
vêtements appropriés : pantalons longs en Afrique Tropicale, où S.Damnosum
pique aux jambes.
Les répulsifs (diméthyl-phtalate, dimétyl-carbate, diéthyl-toluamide,
éthylhexanediol) sont efficaces et peuvent être préconisés pour des séjours brefs
en région infestée de simulies, mais leur coût est élevé, leur durée d’action
limitée et leur usage contraignant en milieu rural tropical.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 19
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
I.4.3.2- Emploi des insecticides
La lutte contre les adultes est très coûteuse et peu efficace, car les lieux
de repos sont mal connus et il faut épandre par voie aérienne de grandes
quantités d’insecticide sur de vastes surfaces.
La seule méthode appliquée actuellement est la lutte contre les larves.
L’insecticide est épandu dans le courant en amont de chaque gîte larvaire ; les
traitements sont répétés chaque semaine. L’insecticide est appliqué à partir du
sol (petit cours d’eau) au moyen d’un réservoir calibré et percé, ou par bateau,
ou encore par voie aérienne (avion ou hélicoptère). Le dosage et la durée de
traitement sont déterminés par le débit des cours d’eau à traiter : actuellement,
les dosages sont fixés à 0,1g/m3 pendant 10 minutes pour les faibles débits et à
0,05g/m3 pendant 10 minutes pour les débits plus élevés. Le meilleur larvicide
utilisable présentement est l’Abate, en solution émulsionnable renfermant 20%
de produit actif. Les résultats des traitements sont appréciés par contrôle des
gîtes larvaires avant et après traitement, et surtout par capture et piégeage des
adultes.
Pendant longtemps, on a utilisé le DDT en concentré émulsionnable à
30%, à des doses comprises entre 0,1 et 1,0g/m3 pendant 10 minutes. Il s’est
montré très actif, mais actuellement on considère qu’il présente des risques pour
l’environnement étant donné sa stabilité dans les chaînes alimentaires. D’autre
part, des résistances au DDT se sont déjà manifestées, notamment au Japon.
I.5- Agent causal : onchocerca volvulus
Le parasite responsable de l'Onchocercose est un ver nématode de la
famille des onchocercidae connu sous le nom scientifique d'Onchocerca
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 20
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
volvulus (Duke, 1990). Les femelles sont vivipares, elles ont une longévité de 10
à 15 ans et peuvent produire 500 000 à 1 million de microfilaires par an.
I.5.1-Morphologie
Les vers adultes (macrofilaires) femelles ont une taille de 50 cm pour une
largeur de 0,04 mm. Elles sont dix fois plus grandes que les vers adultes mâles
qui mesurent entre 3 et 5 cm. Ces vers ont une section ronde (nématodes). Les
microfilaires (larves microscopiques) ont une taille qui équivaut à une fraction
de millimètre et varie entre 270 et 300 µm de long pour 5 à 8 µm de diamètre.
Ils ont une longévité de 6 à 24 mois et peuvent atteindre trois ans.
I.5.2- Cycle de développement du parasite
On considère que l’homme est pratiquement le seul hôte définitif naturel
d’Onchocerca volvulus, même si un ver adulte de cette espèce a été trouvé chez
un gorille (Van Den Berghe, Chardome M. et Peele 1964). Au cours de son
cycle, la filaire passe par plusieurs stades de développement. Son cycle nécessite
2 hôtes : un hôte définitif (l'homme) et un hôte intermédiaire (la simulie) comme
le présente la figure 4.
Chez l'homme : lors du repas de sang, les larves infectantes présentes à la
base des pièces buccales de la simulie femelle, sont déposées sur la peau d'un
homme sain. Certaines pénètrent à travers la plaie causée par la piqûre, et
vont se loger au niveau des tissus sous-cutanés où elles se développent pour
donner des filaires adultes ou macrofilaires qui vivent dans les nodules sous-
cutanés. Ces filaires se reproduisent pour donner des microfilaires qui sont
des larves infectantes. La période de latence qui sépare la piqûre infectante
de la détection des microfilaires (stade pathogène du parasite) dans le derme
est en moyenne de 12 à 15 mois. Les microfilaires migrent du vagin des
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 21
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
femelles vers les vaisseaux lymphatiques du derme superficiel, ou dans l'oeil
via les capillaires lymphatiques. Ces larves ne peuvent poursuivre leur
développement que chez la simulie (Grove, 1993).
Chez la simulie femelle : le cycle se poursuit après ingestion des
microfilaires par la simulie lors du repas de sang sur un homme
infecté. Ces microfilaires subissent des métamorphoses et des mues
successives dans les muscles du vol et dans le thorax pour donner des
larves infectantes très mobiles, qui vont se loger dans les glandes
salivaires de la simulie.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 22
Etape infectieuseLa simulie prend un repas sanguin et les larves L3 pénètrent dans la plaie de la piqure
Tissus sous cutané humain
La simulie prend un repas de sang et ingère des microfilaires
Les microfilaires traversent l’intestin de la simulie et migrent vers les muscles du thorax.
Adultes dans les nodules sous cutanées
Etape diagnostiqueLes adultes donnent naissance à des microfilaires qu’on retrouve dans la peau, le système lymphatique et occasionnellement dans le sang, l’urine et les crachats
Après 2 mues migrent vers la tête et les mandibules
Larve L2
Larve L1
L3 subissent 2 mues et deviennent L4 puis des adultes en 3 mois
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
Figure 4: Cycle de développement de l'Onchocerca volvulus
Source : OMS/CDC
I.5.3. Cycle d’évolution larvaire
Lorsqu'une simulie se nourrit sur un homme infecté, elle ingère des microfilaires
(embryons d'onchocerques). Après passage dans l’hémocèle, les microfilaires
migrent dans les muscles indirects du vol, où elles se raccourcissent et
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 23
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
s’épaississent pour aboutir à une forme appelée forme saucisse ou premier stade
larvaire (L1). Deux mues successives produisent un deuxième stade (L2) puis
un troisième stade larvaire (L3). Ce dernier s’allonge pour prendre l’aspect
définitif de larve infectante, très mobile et longue en moyenne de 650 pm, la
durée totale du cycle parasitaire chez le vecteur, qui dépend de la température
extérieure, est de 6 à 8 jours. Cette durée étant supérieure à l’intervalle entre
deux repas sanguins (4 à 6 jours), la simulie ne peut habituellement transmettre
des larves infectantes à un nouvel hôte qu’au cours de son troisième repas de
sang. Lors d’un nouveau repas sanguin, les larves infectantes présentes à la base
des pièces buccales de la simulie s’échappent par effraction, en rompant la
membrane labio-hypopharyngienne. Elles sont alors déposées sur la peau de
l’hôte et certaines d’entre elles pénètrent activement dans le derme par la plaie
de piqûre (Boussinesq, 2000).
Dans les 3 à 7 jours suivants, les L3 subissent une nouvelle mue, près de
leur point d‘entrée dans l’organisme (Duke, 1991). I1 en résulte une larve de
quatrième stade (L4) dont on sait peu de choses mais qui est probablement très
mobile. On estime que la dernière mue, qui transforme les (L4) en adultes, a
lieu un à trois mois après la piqûre infectante. Les vers adultes immatures, sont
de très petite taille : les femelles mesurent souvent moins d’1 cm. Le processus
aboutissant au développement des jeunes filaires jusqu’au stade mature est très
mal connu. La période de latence, intervalle entre la piqûre infectante et la
détection de microfilaires dans le derme, est en moyenne de 7 à 12 mois mais
peut atteindre trois ans (OMS, 1980).
L'intensité de la transmission dépend des interrelations entre le parasite, le
vecteur, et l'homme et des facteurs liés à chacun de ces éléments du cycle de
transmission. L'abondance des simulies ou l'exposition de la population peut
ainsi influencer la transmission (Demanou, 2004).
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 24
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
I.6- Programmes de lutte contre la maladie
Il y a plusieurs programmes de contrôle qui visent à mettre fin à
l’existence de l'Onchocercose en tant que problème de santé publique.
Le premier était le Programme de Contrôle de l'Onchocercose (OCP), qui
a été lancé en 1974 et en partenariat avec l'ONU, l’Organisation Mondiale de la
Santé (OMS), la Banque mondiale, le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) et l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation
et l'agriculture (FAO), a couvert 30 millions de personnes dans onze pays.
Avant son apogée en 2002, le bilan de l’OCP a été très positif : 1 500 000 sujets
infectés guéris, 200 000 cas de cécité évités, 25 000 000 hectares de terres «
récupérées » pouvant nourrir 17 millions de personnes. Le coût est de 556
millions de $ US, soit 0,57 $ US par personne et par an.
En 1988, le Programme de Donation de Mectizan® a vu le jour et depuis,
la distribution du médicament a été en progression constante et ceci grâce à un
partenariat entre les organismes publics et privés notamment dans le cadre de
l'OCP. Ces partenariats ont permis de contribuer activement au développement
du monde rural dans les pays frappés par l'Onchocercose. Il a aussi permis de
stimuler le développement des soins de santé dans les zones difficilement
accessibles (Faure, 1999).En 1992, le Programme pour l'Elimination de
l'Onchocercose en Amérique (OEPA) a été lancé. L'OEPA est basé également
sur l’utilisation de l'ivermectine.
En 1995 le Programme Africain de lutte contre l’Onchocercose (APOC)
qui intéresse l’Afrique de l’ouest, l’Afrique centrale, l’Afrique de l’Est et le
Yémen a débuté et doit se terminer en 2015. Son but est d'établir un
approvisionnement communautaire en ivermectine pour ceux qui sont infectés et
également de mettre en place jusqu’en 2015, un dispositif durable permettant
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 25
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
d'éliminer l'Onchocercose dans les pays endémiques. Il a pour objectif de traiter
plus de 90 millions de personnes d'ici 2015 pour les protéger contre
l'onchocercose. En 2009, 82,8 millions de traitements à l'ivermectine ont été
fournis à 73,7% de la population exposée.
En 1995, le gouvernement camerounais a mis en place un Organisme (Le Programme National de lutte contre l’onchocercose) dont les stratégies de lutte sont entre autres, la distribution de masse du mectizan sur le triangle national et depuis 1998, s’est ajoutée la prise en charge des populations par le traitement à l’ivermectine sous directive communautaire (TIDC). Cette stratégie est la principale, elle consiste en la distribution de masse du Mectizan par les communautés dans toutes les zones hyper et méso endémiques en une prise annuelle pendant au moins 15 ans. Ceci dans le cadre d’un partenariat entre le gouvernement, les communautés, les ONGs, les bailleurs de fonds, les donnateurs et les instituts de recherche dont les principaux sont :
- African Program for Onchocercasis (APOC),- Le Programme de Donation du Mectizan (MDP),- Lion Club International Foundation (LCIF),- Hellen Keller International (HKI), - Sight Savers International (SSI),- International Eye Foundation (IEF),- PersPective (PP),- Carter Center / Global 2000 River Blindness Program (CCGB2000),- le Centre Pasteur, - l’IRD, les universités, l’IMPM et l’OCEAC.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 26
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
II.1- JUSTIFICATION DU LIEU D’ETUDE
Notre étude s’est faite dans la ville de Ntui, Arrondissement de Ntui dans le
Département du Mbam et Kim. Le choix de cette ville est motivé par les raisons
suivantes :
La proximité de la ville du fleuve Sanaga;
L’abondance des simulies ;
L’existence d’un programme de TIDC
La forte pluviométrie et la galerie forestière ;
II.2- DESCRIPTION DU LIEU D’ETUDE
II.2.1- Historique et Situation géographique
Crée le 07 juin 1955, par l’administration coloniale, l’arrondissement de
Ntui est situé dans la région du Centre, Département du Mbam et Kim. Il est
limité au nord par l’Arrondissement de Yoko, au Sud par le fleuve Sanaga qui
sert de limite naturelle avec les Départements de la Lékié et de la Haute Sanaga,
à l’Ouest par les Arrondissements de Mbangassina et de Ngoro et à l’Est par le
Département de la Haute-Sanaga.
II.2.2- Climat, végétation et relief
Le climat de Ntui est subéquatorial de transition avec quatre saisons (02
saisons de pluies et 02 saisons sèches) : une grande saison sèche de mi-
Novembre à mi-Mars ; une petite saison des pluies de mi- Mars à mi-Juin ; une
petite saison sèche de mi-Juin à mi-Août ; une grande saison des pluies de mi-
Août à mi-Novembre.
La végétation de la commune de Ntui est variée. On y trouve des forêts
denses riches en essence exploitables et des savanes boisées dominées par des
graminées.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 27
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
Le relief de la commune de Ntui quant à lui, est très accidenté et se
caractérise par des plateaux ayant une altitude moyenne de 650m. On rencontre
par ailleurs les plaines dans les vallées du fleuve Sanaga. (Source : MINEPAT
délégation départementale du Mbam et Kim)
II.3- PERIODE D’ETUDE ET DUREE DE L’ENQUETE
Notre étude s’est effectuée du 22 Octobre 2012 au 30 Avril 2013.
L’enquête quant à elle, a eu lieu du 02 au 13 Janvier 2013, répartie de la
manière suivante :
Du 02 au 04 Janvier, exploration de la ville de Ntui et exécution du
prétexte ;
Du 11 au 13 Janvier, enquête proprement dite et fin.
II.4- METHODE D’ECHANTILLONNAGE
II.4.1- Technique d’échantillonnage
Nous avons utilisé un échantillonnage non probabiliste et accidentel.
II.4.2- Population cible
Elle est constituée des individus sans distinction de sexe résidant de
manière permanente les quartiers suivants : Biangoena, Ntui-ville, Biatsota,
Bindalima I, Quartier Abattoire.
II.4.3- Taille de l’échantillon
Notre échantillon est constitué de 101individus qui ont bien voulu
répondre à nos questions.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 28
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
II.4.4- Critères d’exclusion
Etaient exclues :
Des personnes de moins de 15 ans et de plus de 65 ans, dont les
choix pourraient être conditionnés ;
Des personnes ne pouvant pas communiquer verbalement ;
Des personnes ayant fait moins de 12 mois dans la ville.
II.5- INSTRUMENT DE COLLECTE
Nous avions comme instrument de collecte de données : un questionnaire
élaboré autour des objectifs spécifiques, précédé d’une note à l’attention des
répondants, des stylos, un appareil photo numérique.
II.5.1- Pré-test des outils de collecte
L’instrument de collecte a été validé par notre tuteur après le pré-test effectué
au quartier Odon sur dix personnes le 03 Janvier 2013. A la suite de ce pré-test,
les questions 3(situation matrimoniale), 4 (quartier de résidence), 8 (qu’est-ce
que l’Onchocercose ?), 12 (quel est l’agent vecteur ?) ont été supprimées et la
question 14 (suivez-vous un traitement contre l’Onchocercose ?) a été modifiée
à cause du niveau de compréhension en (prenez-vous le Mectizan ?)
II.5.2- Technique de collecte de données
Après validation du questionnaire, nous sommes descendus sur le terrain.
Une fois dans les quartiers, nous rencontrons les chefs respectifs, nous nous
présentons et leur donnons les raisons de notre enquête. Ainsi avec leurs accords
respectifs, nous continuons l’enquête en remettant une copie du questionnaire à
chaque personne ayant acceptée de se conformer à cet exercice, ceci en leur
rassurant de la confidentialité des informations qui nous seront données.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 29
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
II.5.3- Traitement de données
Les données dépouillées sont traitées par ordinateur. Les outils Word, Excel,
nous ont permis de ressortir les résultats sous forme de tableaux et figures,
exprimés en pourcentage. Cela nous a permis d’évaluer les connaissances,
attitudes et pratiques des populations de Ntui sur l‘Onchocercose.
II.6- RESPECTS DE L’ETHIQUES
Sur le plan législatif, pour mener à bien notre recherche, les documents
suivants nous ont été d’une grande utilité :
La note N° 000/NE/MSP/SG/DRH/SDF/EITMS-GS/2012 signée par le
Directeur de l’EITMS-GS pour la demande d’une autorisation de
recherche ;
L’autorisation de recherche N° 001/MP/J11-01/SP délivrée le 04/01/13
par le Sous-préfet l’arrondissement de Ntui.
Outre ces documents indispensables, les chefs des quartiers ont facilité notre
enquête. Dans le souci du respect de l’éthique, les répondants ont été assurés sur
le caractère anonyme de leurs réponses. De plus, l’enquête s’est déroulée en
tenant compte du libre consentement des répondants et de respect de l’opinion
de tout un chacun.
II.7- LIMITES DE L’ETUDE
Nous aurions du avoir des résultats fiables si nous n’étions pas confrontés
aux situations suivantes :
- Le déroulement de l’enquête pendant la saison sèche ;
- L’indisponibilité de certains répondants ;
- Le refus de répondre.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 30
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
III- PRESENTATION DES RESULTATS
III.1. Identification de l’enquêté
Chaque enquêté a été identifié selon le sexe, l’âge, la profession et le
niveau d’étude.
III.1.1 Sexe
49.50% 50.50% Masculin
Féminin
Figure 5 : Répartition des répondants selon le sexe. D’après ce diagramme circulaire, sur 101 répondants, 51 soit 50,50% sont de sexe masculin.
III.1.2 Age
[15-19] [20-24] [25-29] [30-34] [35-39] [40-44] [45 et plus]0
5
10
15
20
25
14,85%15,84%
14,85%
10,9%
16,83%
23,08%
3,65%
Figure 6 : Répartition des répondants par tranche d’âge. De cet histogramme, il ressort que 23 enquêtés donc 23,08% ont un âge compris entre 40 et 44 ans.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 31
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
III.1.3 Profession
Cultivateur Ménagère Enseignant Elève/étudiant( e) Autres0
5
10
15
20
25
30
17,82%
12,88%14,85%
24,75%
29,7%
Figure 7: Répartition des répondants selon la profession. D’après cet histogramme en pyramide, 30 répondants soit 29,7% pratiquent une profession autre (soins infirmiers, menuiserie, commerce, couture).
III.1.4 Niveau d’étude
9.9%14.85%
58.42%
16.83%
Non scolariséPrimaireSecondaireUniversitaire
Figure 8 : Répartition des répondants selon le niveau d’étude. De ce diagramme circulaire, il découle que 59 enquêtés, soit 58,42% ont le niveau secondaire.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 32
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
III.2- Connaissances des populations sur l’Onchocercose
Afin de mieux étudier les connaissances des répondants sur l’Onchocercose, plusieurs paramètres ont été mis en évidence et ont été représenté soit par des diagrammes (circulaires ou en bâton), soit par des tableaux.
III.2.1 Information sur l’Onchocercose
87.12%
12.88%
Oui Non
Figure 9 : Répartition des enquêtés ayant déjà entendus parler de l’Onchocercose. D’après ce diagramme circulaire, sur 101 enquêtés, 88 soit 87,12% ont déjà entendus parler de l’Onchocercose.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 33
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
III.2.2 Source d’information
Média
Hôpital
Ecole
Média et Hôpital
Autres
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
48,86%
17,04%
7,95%
4,55%
21,6%
Figure 10 : Répartition des répondants selon leurs sources d’information. De ce graphique, sur 88 répondants qui ont entendus parler de l’Onchocercose, 43 soit 48,86% ont pour source d’information les médias.
III.2.3 Mode de transmission de l’Onchocercose
l'eau sale mout-mout rapport sexuel
autres eau sale et mout-mout
aucun0
10
20
30
40
50
60
70
80
12,5%
72,33%
2,3% 5,69% 3,4% 3,4%
Figure 11 : Répartition des enquêtés selon leur connaissance sur le mode de transmission de l’Onchocercose. Cet histogramme montre que, des 88 enquêtés qui ont entendus parler de l’Onchocercose, 64 donc 72,33% pensent qu’elle se contracte par piqûre de ¨mout-mout ¨
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 34
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
III.2.4 Manifestation de l’Onchocercose
Figure : 12 : Répartition des enquêtés selon leur connaissance sur les signes de l’Onchocercose. Il ressort de ce graphique que 29 répondants soit 33% disent que l’Onchocercose se manifeste par les démangeaisons.
III.2.5 Exposition à l’Onchocercose
Agriculteur (a)
Homme (b)
Femme ( c)
Pêcheur (d)
a+d
Autre
0 5 10 15 20 25 30 35
11,39%
0%
3,39%
30,68%
28,41%
26,13%
Figure 13 : Répartition des répondants en fonction de leur connaissance sur la catégorie de personnes les plus exposées à l’Onchocercose. D’après ce graphique, 27 répondants soit 30,68% disent que les pêcheurs sont plus exposés à la maladie.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 35
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
III.2.6 Présence de malade d’Onchocercose dans le foyer
Oui31,82%
Non68,18%
Figure 14 : Répartition des enquêtés selon qu’ils ont un malade d’Onchocercose dans leur maison. De ce circulaire, il ressort que 28 enquêtés soit 31,82% ont un malade de l’Onchocercose dans leur maison.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 36
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
Tableau IV : Répartition des répondants selon les signes de l’Onchocercose présentés par le malade présent dans la maison.
Il ressort de ce tableau que, des 28 répondants qui ont un malade dans la maison, 21 soit 75% disent que leur malade présente des démangeaisons comme signe de la maladie.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 37
Signes présentés Nombre de répondant
Fréquence (%)
Démangeaison 21 75
Gonflement des jambes
03 10,72
Lésion cutanée et cécité
02 7,14
Démangeaison+gon-flement des jambes
02 7,14
Total 28 100%
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
III.2.7 Existence de programme de lutte contre l’Onchocercose
65,9%
34,1%
OUI Non
Figure 15 : Répartition des répondants en fonction de leur connaissance sur l’existence d’un programme de lutte contre l’Onchocercose dans la ville. Ce diagramme circulaire montre que 30 répondants soit 34,1%ne connaissent pas qu’il existe un programme de lutte contre la maladie dans la ville.
III.2.8 Rapport entre l’Onchocercose et l’Epilepsie
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 38
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
29,55%
40,9%
29,55%
OUI
Non
Aucune idée
Figure 16 : Répartition des répondants en fonction de leur connaissance sur le rapport entre l’Onchocercose et l’Epilepsie. Il en ressort que 36 donc 40,9%n’ont aucune idée sur le rapport entre l’Onchocercose et l’Epilepsie.
III.3- Attitudes des populations face à l’Onchocercose
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 39
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
Cette partie comprend trois rubriques (l’enseignement sur l’Onchocercose, le lieu de suivi de l’enseignement sur l’Onchocercose, la perception de la maladie) représentées respectivement par des graphiques et tableau.
III.3.1 Enseignement sur l’Onchocercose
OUI
Non
29,55%
70,45%
Figure 17 : Répartition des répondants ayant déjà assisté à une séance d’éducation sur l’Onchocercose. De ce graphique, 62 répondants soit 70,45% n’ont pas encore participé à une séance éducative sur l’Onchocercose.
III.3.2 Lieu de suivi de l’enseignement sur l’Onchocercose
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 40
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
Tableau V : Répartition de lieu de participation de l’éducation sur l’Onchocercose.
Lieux de participatio
n
Nombre de répondants
Fréquence (%)
Ecole 05 19,23
Hôpital 18 69,23
Réunion 03 11,54
Total 26 100%
D’après ce tableau, 05 répondants soit 19,23% ont suivi l’enseignement à l’école.
III.3.3 La perception de l’Onchocercose dans la localité
Maladie naturelle Un sors jeté par les sorciers
Autre Aucun
84,09%
9,09%1,14% 5,68%
Figure 18 : Répartition des répondants selon la perception de la maladie dans le milieu. Il ressort que 74 répondants soit 84,09% considèrent l’Onchocercose comme une maladie naturelle.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 41
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
III.4- Pratiques des populations relatives à l’Onchocercose
Il est question ici de ressortir les mesures de prévention pratiquées par les répondants.
III.4.1 Premier recours en cas de maladie
Hôpital
Guerrisseur
Automédication
Autre
78,41%
4,55%
15,9%
1,14%
Figure 19 : Répartition des enquêtés selon la disposition prise en cas d’apparition d’un signe de la maladie. Il découle de ce graphique que 69 répondants soit 78,41% vont à l’hôpital en cas d’apparition d’un signe de la maladie.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 42
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
III.4.2 Prise de Mectizan
80,2%
19,8%
OUINon
Figure 20 : Répartition des enquêtés qui suivent un traitement au Mectizan. D’après ce diagramme, sur 101 répondants, 81 soit 80,2% prennent le Mectizan.
III.4.3 Intervalle de temps de la prise de Mectizan
Tableau VI: Répartition des répondants en fonction du temps pendant lequel ils ont pris le Mectizan.
Intervalle de prise de Mectizan
Nombre de répondants
Fréquence (%)
[1-4ans] 36 44,44
[5-9 ans] 15 18,52
plus de 10 ans 30 37,04
Total 81 100%
De ce tableau, il découle que 36 répondants soit 44,44% prennent le Mectizan depuis au moins 1 an.
III.4.4 Raisons de la non prise de Mectizan
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 43
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
Certaines personnes refusent de prendre le Mectizan, soit par peur d’avoir des effets secondaires ou simplement parce qu’elles ne font pas la maladie disent-elles.
Tableau VII : Répartition des répondants donnant les raisons de la non prise de Mectizan
Raisons de non prise de Mectizan
Nombre de répondants
Fréquence (%)
Peur d’effet secondaire 04 20
Ne fait pas la maladie 16 80
Total 20 100%
D’après ce tableau, 16 répondants soit 80%affirment ne pas prendre le Mectizan parce qu’ils ne font pas la maladie.
III.4.5- Comment lutter contre les simulies
Défrichage des alentours de maison(a)
Port des vêtements
lonues manches(b)
Utilisation des répulsifs(c)
Autres a+b b+c Aucun0
5
10
15
20
25
30
35
20,8%
31,68%
13,86%
4,95%
15,84%
2,97%
9,9%
Figure 21 : Répartition des répondants selon la méthode de lutte contre les simulies. De ce graphique, il ressort que 32 répondants soit 31,68% portent les vêtements longues manches pour éviter les piqûres des « mou-mout »
IV- ANALYSE ET DISCUSSION
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 44
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
Dans ce chapitre il est question de confronter les résultats obtenus à partir de la revue littéraire et ceux obtenus sur le terrain au cours de notre enquête. Ainsi, à la suite de la présentation des résultats des connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onhocercose, nous relevons les faits ci-dessous en rapport avec :
- L’identification de l’enquêté ;- Les connaissances des populations sur l’Onchocercose ;- Les attitudes des populations face à l’Onchocercose ;- Les pratiques des populations relatives à l’Onchocercose.
IV.1- L’identification de l’enquêté
La composition de notre échantillon dont est presque équivalente en terme de sexe. En effet, le sexe masculin soit 50,50% ne semble pas significativement différent à comparer au sexe féminin soit 49,50%. On note une dominance des répondants (23,08%) dont l’âge est compris entre 40 et 44 ans ce qui expliquerait le déplacement des jeunes pour les week-ends. 29,7% exercent les professions telles que la couture, les soins infirmiers, la menuiserie etc. il est aussi à noter que les élèves/ étudiant(e) représentent 24,75% des répondants ce qui justifierait l’existence d’une école de formation et des lycées dans la ville. De plus, le niveau d’étude prédominant est le secondaire (58,42%), le primaire (24,75%), l’universitaire (16,83%) et les non scolarisés (9,9%). Toutefois le ce dernier niveau pourrait influencer la compréhension.
La résidence en zone d’endémie est une raison pour parler de la connaissance de la maladie.
IV 2- Connaissances des populations sur l’Onchocercose
Des résultats présentés précédemment, nous relevons que 87,12% des répondants ont déjà entendu parler de l’Onchocercose ceci s’expliquerait par le fait qu’ils résident en zone d’endémie où on observe une abondance de simulie, agent vecteur. De plus, il ressort que parmi les 87,12% d’enquêtés qui ont déjà entendu parler de l’Onchocercose 48,86% ont pour source d’information les médias alors que d’autres ont des sources variées (hôpital et autres), cela nous fait constater que l’Onchocercose est l’une des préoccupations des populations de Ntui. Cependant, il est à noter que seulement 7,95% de ces répondants ont
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 45
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
reçu l’information à l’école. Ce qui nous amène à penser que l’Onchocercose n’est pas d’actualité dans les établissements scolaires, ce qui devrait l’être, surtout dans les zones d’endémie comme notre lieu d’étude.
Le mode de transmission de la maladie n’est pas mal connu, 64 répondants soit (72,73%) disent que l’Onchocercose est transmise par piqûre de « mout-mout ». Bien que bon nombre connaisse le mode de transmission, 33% des enquêtés désignent les démangeaisons comme manifestations de la maladie ; ce qui est remarquable ici est que très peu de répondants (2,3%) évoquent la cécité comme signe ce qui mettrait en cause une insuffisance d’information, il en est de même pour les nodules (2,3%). Certains répondants (4,45%) n’ont aucune idée sur les signes de l’Onchocercose De ce qui précède, on dirait que les intervenants ne sont presque pas informés sur l’Onchocercose.
S’agissant de l’exposition à la maladie, 41% disent que les pêcheurs sont plus exposés à l’Onchocercose. Cela voudrait dire qu’il soit possible, que ces derniers soient par conséquents victimes des piqûres des simulies. Pour ce qui est de la présence d’un malade de l’Onchocercose dans les foyers, 68,18% des intervenants disent ne pas avoir dans leur maison un malade de l’Onchocercose. Peut-être parce qu’il n’y a aucun signe apparent ou alors parce que la majorité des répondants passent la majeure partie de leur temps entre quatre murs par conséquent sont moins en contact avec le vecteur. C’est dans le même sens que J.Anderson et al (1991) disent que : « la précocité des infections cutanées dues à l’Onchocercose en zone d’endémie est liée au large et continu contact homme-insecte ».D’après les enquêtés qui ont un malade chez eux (31,82%), 75% présentent les démangeaisons.
Parlant de l’existence d’un programme de lutte contre l’Onchocercose dans la localité, 58 enquêtés soit 65,9% ont répondu positivement parmi lesquels 26 donc 44,82% connaissent le Mectizan comme programme de lutte. Ici la majorité ignore que c’est le programme national de lutte contre l’Onchocercose qui organise la distribution du Mectizan, ce qui nous amène à dire que, notre population bien que la majorité ait un niveau d’étude secondaire, même par curiosité ne lisent pas ce que les distributeurs communautaires écrivent sur leurs portes ou fenêtres pendant la campagne de distribution. En plus, jusqu’à 20,7% des intervenants n’ont aucune idée du programme existant, ce qui nous amènerait à comprendre que beaucoup prennent le Mectizan juste parce qu’il est gratuit peu importe sa provenance.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 46
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
Quant à la relation entre l’Onchocercose et l’Epilepsie, 40,9% des répondants pensent qu’il n’existe pas de rapport entre ces deux maladies. Ce qui justifierait ce qu’ils disent souvent dans les villages à propos de l’Epilepsie « on m’a lancé » donc, il est du ressort des sorciers et non de l’Onchocerca volulus.
IV.3- Attitudes des populations face à l’Onchocercose
Très peu des enquêtés (29,55%) disent avoir déjà participé à une séance d’éducation sur l’Onchocercose. Ce qui semble confirmer que les médias (48,86%) restent la principale source d’information. Ainsi ce serait une raison pour comprendre l’ignorance de ceux-ci pour ce qui est de l’existence d’un programme de lutte. 84,09% des répondants pensent que l’Onchocercose est une maladie naturelle, 9,09% accusent les sorciers. Cela voudrait dire que malgré les distributeurs communautaires ne font pas des séances d’IEC avant la distribution de Mectizan ?
IV.4- Pratiques des populations face à l’Onchocercose
Pour les dispositions à prendre en cas d’un signe de la maladie, 78,41% des réponses est l’hôpital. Ceci rejoint la façon de considérer la maladie dans la localité c’est-à-dire comme maladie naturelle. Alors que 15,9% pratiquent encore l’automédication ignorant sans doute que les complications n’apparaissent pas tout de suite. C’est dans la même idée que Bakang-Tonje (1983) disait : « au début de la maladie, le sujet a un prurit, ensuite apparaissent des petites boules dures sous la peau, enfin quand le soir vient, le malade distingue mal son chemin, bientôt il voit de plus en plus mal le jour et malheureusement au bout de quelques années il devient aveugle, il obligé de se faire accompagner, il ne peut plus travailler ». 4,55% des répondants font recours chez le guérisseur.
Une bonne majorité (80,2%) prend le Mectizan, même ceux qui n’ont jamais entendu parler de l’Onchocercose, et ceci depuis au moins 5 ans. Toutefois notre attention est retenue sur le grand nombre (16/20), donc 80% qui ne prennent pas le Mectizan prétextant qu’ils ne fassent pas la maladie, à côté d’autres ont peur de faire face aux effets secondaires. Plus on se fait piquer par l’agent vecteur, plus on accumule les microfilaires. C’est dans ce sens que M.Boussinesq (1997) affirme que : « L’infestation répétée de la charge microfilarienne chez les sujets vivant en zone d’endémie entraine l’apparition des complications ». Il ajoute en disant que l’Onchocercose est une maladie
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 47
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
d’accumulation. Pour des mesures pratiques vis-à-vis du vecteur, 31,68% des enquêtés portent des vêtements à longues manches ; 20,8% défrichent les alentours de leurs maisons. Cette affirmation nous amène à croire que les répondants n’ont aucune notion sur l’écologie des simulies. 13,86% utilisent des répulsifs pour empêcher les piqures des « mout-mout »
CONCLUSION
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 48
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
Des résultats obtenus sur notre étude, il s’avère que les populations de Ntui qui ont été interrogé aient quelque peu des connaissances élémentaires sur l’Onchocercose, notamment sur les signes (33%), le mode de transmission (72,73%) et la catégorie de personnes les plus exposées à la maladie (30,68%). Ce prérequis est essentiellement lié aux informations diffusées par les médias (48.86%) et la l’abondance des « mout-mout ». par contre, la faiblesse des programmes d’éducation sanitaire initiés par le MINSANTE et les partenaires impliqués dans la lutte ne favorisent pas une bonne pratique des méthodes préventives adaptées au milieu. La recherche des solutions dans ce contexte se doit par conséquent déterminante pour réduire les risques de transmission de la maladie.
SUGGESTIONSPour amener les populations de Ntui à réduire les risques de transmission
de l’Onchocercose dans la localité, il serait souhaitable :
A court terme
Que les populations de Ntui évitent les piqûres des simulies par le port des vêtements longs manches ;
Que les services sanitaires de la région et les ONGs impliquées dans la lutte contre l’Onchocercose, ceci avec la participation des chefs de villages/ quartiers organisent des programmes permanents d’information d’éducation et de communication dans les communautés locales, en particulier dans les établissements scolaires, dans les associations, les unités religieuses ;
Que les personnels de santé formés pour la distribution de Mectizan prennent la peine d’éduquer ceux qui désistent au traitement sur l’importance de la prévention.
A moyen terme
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 49
49
Connaissances, attitudes et pratiques des populations de Ntui relatives à l’Onchocercose.
Que les responsables de services de santé descendent régulièrement sur le terrain afin de s’assurer de l’effectivité de la prise de Mectizan qui reste jusqu’à présent le meilleur traitement préventif de l’Onchocercose
Que le MINEDUB, le MINESEC insèrent un programme sur les maladies tropicales qui menacent notre continent ou tout au plus nos communautés vivant à proximité des cours d’eau à débit important.
A long terme
Que le MINSANTE et ses différents partenaires vont des dépistages dans les zones d’endémie afin d’avoir de bonnes statistiques sur la morbidité.
Rédigé et présenté par NOULACHEU Nina Rachel Stève Page 50