CAHIERS DE BIotHRApIE - N243 - oCtoBRE 201434

Lhomopathie dans la rhumatologie lourde

Dr Bernard Chemouny, Aulnay-sous-Bois (93)

Lhomopathie dans la rhumatologie lourde

1- http://apps.who.int/classifications/icd10/browse/2008/fr#!/XIII

Comme dans toutes les pathologies lourdes ayant un pro-nostic vital, pjoratif ou invalidant, la thrapeutique ho-mopathique intervient le plus souvent en complment dun traitement allopathique dans le but damliorer la prise en charge du patient, son confort et si possible doptimiser les po-sologies des mdications classiques afin dobtenir le maximum defficacit et le minimum deffets secondaires. Notre objectif dans ces pathologies est damener un compl-ment thrapeutique qui aura aussi pour but despacer les crises et de les rendre plus supportables. Dans celles-ci nous inter-viendrons galement sur des facteurs communs ces maladies graves, lasthnie intense et souvent les troubles de lhumeur qui les accompagnent notamment un tat dpressif conscutif au regard que le patient porte sur sa maladie en constatant la lente et inexorable dgradation de son tat physique.Cest aussi le cas dans les pathologies lourdes rhumatismales.Lactivit de la thrapeutique homopathique napparat pas tou-jours clairement dans ces pathologies et parfois quand les pa-tients choisissent de larrter, par lassitude ou sensation dinef-ficacit, ils peroivent son arrt le bnfice quils en retiraient.La prise en charge par le mdecin homopathe des pathologies rhumatismales est pluri-factorielle et fait appel nous seulement lhomopathie mais aussi la phytothrapie, loligothrapie, lacupuncture, la mdecine physique, la rducation fonction-nelle et parfois la mdecine manuelle. Nous y ajouterons gale-ment certains conseils concernant la nutrition.Si nous reprenons la classification CIM-10 version 20081, les pathologies osto-articulaires sorganisent : Les arthropathies : les arthropathies infectieuses, les poly-

arthropathies inflammatoires, les arthroses, les autres affec-tions articulaires.

Les affections dissmines du tissu conjonctif : les dorsopa-thies, les dorsopathies avec dformation, les spondylopathies, les autres dorsopathies.

les affections des tissus mous : les myopathies, les atteintes des synoviales et des tendons, les autres affections des tissus mous.

Les ostopathies et chondropathies : les anomalies de la den-sit et de la structure osseuse, les autres ostopathies, les chondropathies.

Les autres maladies du systme osto-articulaire, des muscles et du tissu conjonctif.

Nous comprenons ainsi pourquoi les pathologies lourdes rhu-matismales peuvent recouvrir lensemble de la rhumatologie et demble ou secondairement peuvent prsenter des caractres de gravit : demble quand il sagit des pathologies auto-immunes ou

inflammatoires ; secondairement quand nous sommes en prsence de patho-

logies arthrosiques et/ou dgnratives, ostoporose par exemple.

Sous le terme de pathologies lourdes rhumatismales nous pou-vons donc classer lensemble de la rhumatologie ds lors que ces maladies prsentent des facteurs de gravit confirms, cest--dire sont invalidantes, ncessitent un traitement et des soins prolongs, et ont un pronostic vital qui peut tre engag.Au caractre invalidant est li le manque dautonomie et laide dune tierce personne pour certains actes de la vie quotidienne avec une aggravation progressive lorigine dun rel handicap, dun alitement avec son lot de complications, pouvant engager le pronostic vital.Aborder ce sujet en homopathie ncessiterait donc davantage un livre quun article aussi long soit-il.Jai pour habitude quand je traite des patients aux pathologies graves et invalidantes ayant des traitements lourds de pratiquer une homopathie la plus simple possible. Je mattache dabord essayer de savoir ce qui les gne le plus et essaie sur ces points de les traiter.Parfois ces patients veulent cesser leur traitement classique, une ngociation est alors ncessaire pour leur expliquer quon ne pourra jamais le faire ou quon ne peut, selon les pathologies rencontres, le faire de prime abord ; cest parfois alors la seule et unique consultation, les patients ne revenant pas la seconde consultation. Quand les patients sont plus comprhensifs, nous pouvons alors tenter de les traiter et de les soulager.Nous leur donnons bien videmment un traitement de fond que je souhaite tre le plus cibl et le moins contraignant possible pour esprer quil soit bien suivi car, ne loublions pas, ces pa-tients prennent paralllement souvent de nombreuses autres mdications. Jessaie galement de revoir les patients au bout dun mois pour juger des effets.

La maladie grave Lhomopathie en soins de support

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Dans les maladies rhumatismales inflammatoires, en dehors des mdicaments de terrain spcifiques propres chacun, je choisis des mdicaments ayant aussi une activit gnrale sur limmunit, linflammation, le tissu conjonctif et les muscles, titre dexemple : manganum metalliCum 9 ou 15 Ch : avec son tropisme sur les

petites articulations, les nodosits, les indurations pri-articu-laires, les atteintes musculaires, les dficits moteurs ou sensi-tifs. Indiqu notamment dans la sclrose en plaque, les paraly-sies des membres suprieurs, les maladies avec amyotrophie progressive. Lasthnie et le syndrome dpressif peuvent do-miner aussi dans ce mdicament.

manganum aCetiCum 9 ou 15 Ch : en cas, en sus, de manifes-tations osto-articulaires.

aurum metalliCum ou prfrentiellement aurum muriatiCum : avec ses douleurs osseuses et osto-articulaires inflam-matoires essentiellement nocturnes, son indication dans la goutte, son tropisme pour les grosses articulations et son tat dpressif chronique ou ractionnel.

luesinum 9 Ch ou 15 Ch : galement avec ses douleurs de type inflammatoire, nocturnes, dformes, volumineuses.

Kalium iodatum 9 ou 15 Ch : l encore, les douleurs sont inflammatoires, aggraves la nuit, amliores par le mouve-ment et le grand air ; les articulations sont aussi dformes et touchent plutt les membres infrieurs.

phosphorus 9 Ch quand la notion de brlures articulaires pr-domine, que leur survenue est erratique, brutale, le plus sou-vent nocturne, et saccompagnent de troubles de lhumeur ou alternent des phases dpressives et deuphorie. Laggravation pendant les phases orageuses est un des signes de repre de ce mdicament.

sulfur 9 Ch par sa prsence mme en soufre est un mdi-cament tropisme articulaire des plus indiqus. Le Docteur

Guermonprez en fait un mdicament usage homopathique dans cette indication mme quand il nest pas le plus appro-pri du fait de lactivit du soufre sur le cartilage.

Un peu part, ladn et arn qui agissent sur ltat gnral et la fatigue en mlange de dilution en 7/9/15 Ch, 5 granules de chaque en alternance un jour sur deux.

Jajoute aussi des mdicaments de lever de barrage , des-tins permettre aux mdicaments homopathiques dagir ; je choisis des mdicaments tels medorrhinum, thuya, ou nux vomiCa quand les patients ont pris ou prennent des traitements modifiant limmunit tels les corticothrapies au long cours, les interfrons, les antibiothrapies rptes, etc. Ces mdicaments seront choisis en fonction du terrain et prescrits 3 jours de suite des doses de 9, 15 et 30Ch ; une dose par semaine du mdi-cament choisi sera poursuivie pendant 1 2 mois. sulfur peut tre galement prescrit dans ce cadre quand la symptomatolo-gie est frustre ou masque par les traitements classiques et que le choix du ou des mdicaments ne saffiche pas clairement. Cortisone en 9Ch ou 15Ch peut tre prescrit galement chez les sujets ayant une corticothrapie au long cours.Selon les pathologies, notre intervention sera diffrente mais le facteur commun toutes les pathologies rhumatismales est la douleur. La mdecine actuelle possde heureusement de nom-breux antalgiques et anti-inflammatoires qui soulagent le patient mais qui au long cours prsentent soit des effets secondaires, soit des phnomnes dchappement, dinefficacit obligeant augmenter les doses. Parfois, la prsence de pathologies inter-currentes interdit leur usage.Lhomopathie et les diverses mdecines complmentaires ont toute leur place. Les mdicaments classiques et courants ont une bonne efficacit aussi bien, en aigu ou en chronique, et ponctuellement, avant ou aprs les sances de kinsithrapie. Ils ont soit un effet anti-inflammatoire, soit un effet antalgique.

Sur linflammation les mdicaments les plus indiqus seront :

ferrum phosphoriCum : dans les arthralgies inflammatoires avec un tropisme pour la hanche aggraves par le mouvement et amliores par le froid local.

phytolaCCa complment idal de luesinum dans les douleurs nocturnes, erratiques, fulgurantes, dbut et fin brusques, aussi aggraves par temps humide.

apis mellifiCa quand larticulation est dmatie, quand la douleur est amliore par le froid et aggrave par la chaleur (applications).

belladonna dans les pousses inflammatoires est souvent peu utilis alors que son efficacit est remarquable car il pr-

sente toutes les caractristiques de linflammation : chaleur, douleur, rougeur.

fluoriCum aCidum quand les douleurs sont aggraves par la chaleur et amliores par le froid et le mouvement prolong, notamment dans la polyarthrite rhumatode.

ruta graveolens agit quant lui davantage quand latteinte inflammatoire concerne aussi les tendons et que les douleurs sont aggraves par le repos et amliores par le mouvement et la chaleur. Il est galement bien indiqu dans les lombo-sciatalgies.

Leffet antalgique sera retrouv davantage sur les mdicaments suivants :

bryona alba quand larticulation est sche, que lamlioration est produite par le repos et la pression et aggrave au moindre mouvement.

rhus toxiCodendron a peu defficacit dans les pousses inflammatoires mais a davantage dactivit dans les phases froides douloureuses chroniques avec prsence dun temps de drouillage matinal plus ou moins long et donc une amlio-

ration progressive par le mouvement continu, le changement de position et la chaleur et une aggravation par le froid et lhu-midit. Il sera donc davantage un mdicament darthropathie chronique que de maladie inflammatoire.

rhododendron, avec les mmes remarques que pour rhus toxiCodendron, complment de phosphorus, dont les dou-leurs sont aggraves par temps orageux.

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arniCa montana peut tre ajout titre systmatique avec un certain succs.

La smiologie homopathique nous aidera galement choisir les mdicaments les plus adapts :

Lhygromtrie nous orientera, quand les douleurs sont :

aggraves par temps humide : CalCarea CarboniCa, CalCa-rea fluoriCa, CalCarea phosphoriCa, dulCamara, phytolaCCa, ruta graveolens, natrum sulfuriCum, rhus toxiCodendron, siliCea, sulfur, tK.

Amliores par temps sec : natrum sulfuriCum, rhus toxi-Codendron, siliCea, sulfur.

amliores par temps humide : CaustiCum, medorrhinum. prsentes par temps orageux : CalCarea phosphoriCa, me-

dorrhinum, natrum CarboniCum, natrum phosphoriCum, rho-dodendron, phosphorus.

aggraves par la chaleur : apis mellifiCa, fluoriCum aCidum, Kalium iodatum, natrum CarboniCum (lt), sulfur.

amliores par la chaleur : ColChiCum, ruta graveolens, siliCea. aggraves par temps froid :

- en gnral : arseniCum album, aurum muriatiCum, phospho-rus, siliCea, tuberCulinum.

- froid sec : aConitum, bryonia, CaustiCum, Kalium Carboni-Cum, medorrhinum.

- froid humide : CalCarea CarboniCa, dulCamara. amliores par temps froid : apis mellifiCa. amliores par les applications froides : guaiaCum, ledum pa-

lustre, pulsatilla, radium bromatum, siliCea, tuberCulinum. quand il neige : CalCarea phosphoriCa. par temps chaud et froid : ColChiCum (froid humide), fluo-

riCum aCidum, graphites, medorrhinum, natrum CarboniCum (courant dair).

amliores au bord de mer : medorrhinum, natrum muriatiCum. aggraves au bord de mer : natrum sulf.

La localisation :

aux petites articulations : Caulophyllum, aCtaea spiCata, polygo-num aviCulare, harpagophytum, guaiaCum, natrum phosphoriCum.

aux grosses articulations : aurum muriatiCum, allium sativum, bryonia alba, CaustiCum, Kalium CarboniCum, natrum phos-phoriCum, sulfur.

au rachis : aCtaea raCemosa, CalCarea fluoriCa, phytolaCCa, rhus toxiCodendron, ruta graveolens.

pelvienne (sacro-iliaque) : ammonium muriatiCum, CalCarea phosphoriCa, ruta graveolens.

Le mouvement :

quand les douleurs sont continues : - en pathologie aigu : arniCa, Kalium iodatum, pulsatilla,

rhus toxiCodendron, thuya oCCidentalis.- en pathologie chronique : medorrhinum, natrum CarboniCum,

natrum sulfuriCum, radium bromatum, sulfur, thuya oCCi-dentalis, tuberCulinum residuum.

quand les articulations sont raides :- gnral : CaustiCum, ginseng, rhus toxiCodendron, sulfur, thuya oCCidentalis, tuberCulinum residuum. - localise surtout aux genoux : angustura vera.

Lhoraire, quand les douleurs sont aggraves :

la nuit (douleurs type inflammatoire) : aurum muriatiCum, Kalium iodatum, luesinum, manganum, merCurius solubilis, phyto-laCCa.

Concernant ltat gnral des mdicaments peuvent tre ajouts :

Pour lutter contre lasthnie, en dehors des mdicaments sp-cifiques de terrain, ceux ayant plus particulirement un intrt sont :

Kalium CarboniCum avec une atteinte des grosses articulations et une impotence fonctionnelle.

manganum, adn et arn dj tudis. siliCea et tK. Une pense galement pour ribes nigrum Bg Mg 1D, 100

gouttes par jour, qui a une activit cortisone-like intressante sur la douleur et la fatigue.

Pour lutter contre ltat dpressif, en dehors des mdicaments spcifiques de terrain, 2 mdicaments homopathiques dj vus ont un intrt : aurum muriatiCum et sulfur.

La survenue galement de mtastases osseuses peut gale-ment entrer par leur caractre invalidant et leur gravit dans les pathologies lourdes rhumatismales. Les mdicaments les plus indiqus sont : dans les douleurs osseuses :

- mezereum 7Ch en cas de douleurs osseuses nocturnes dans cette indication, 5 granules 3 fois par jour.

- luesinum et aurum muriatiCum dj vus. dans les douleurs articulaires :

- radium bromatum en cas dchec de rhus toxiCodendron, dautant plus que le patient aura bnfici de radiothrapie.

- sanguinaria dans les douleurs des paules aprs radiothra-pie dans les cancers du sein.

- rhus toxiCodendron, bryonia alba, CaustiCum dj vus.

Voici donc, un bref tour dhorizon des possibilits de lhomo-pathie dans les pathologies rhumatismales graves. Nous nou-blions pas quil sagit dun traitement pluriel et que pourront ga-lement tre associs avec succs, en dehors des traitements allopathiques, dune part, des thrapeutiques complmentaires aux vertus anti-inflammatoires, antalgiques et immunitaires telles les plantes adaptognes et les oligolments, et dautre part, paralllement la nutrithrapie et les cures thermales.

Dr B. CHEMOUNY