Cahiers du Cinema 51

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J | * REVUE MENSUELLE DU CINÉMA e OCTOBRE 1955 * J |

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Une saisissante expression de Joan Crawforcl qui, clans le film U m veusa l, L à MAI

SON SUR LÀ PLAGE (Fémule on tJie fèeneh),  donne, aux côtés de Jeff Ghandler,

toute la mesure de son talent. Mise en scène de Joseph Pevney.

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L E C E L L U L O Ï D E T L E M A R B R E

p a r E r i c R o h m e r

n i

D e l a Métaphore  

Les premiers théoriciens du cinéma n'avaient su s'intéresser qu'à l'expressionplastique. Depuis dix ou quinze ans c'est à la notion de langage qu'on préfère seréférer. Le film ne donnerait pas seulement à voir, mais saurait, langue nouvelle,nommer, désigner. Ainsi participerait-il de deux formes" d'art dont les pôles sontpour l'une, la peinture, pour l'autre, la poésie.

L'ordre que nous suivons, s'il ne s'inspire d'aucun système particulier des Beaux-Arts, n'est pas pour autant arbitraire. La poésie prend naturellement place après lapeinture comme son antithétique exact. L'une s'adressait aux sens, s'essayait à reproduire la forme matérielle. L'autre n'use que de signes, ces signes que sont les mots, etqui plus est, les détourne de leur sens journalier. Elle se propose de masquer leurarbitraire par l'introduction d'un autre arbitraire. Elle nomme, mais jamais sansquelque méprise. Elle use d'approximations voulues. Sa démarche constante est lamétaphore.

Si le peintre, et je n'excepte pas les modernes, s'est toujours voulu témoin

fidèle, le peste, dès les origines, s'est complu à déguiser le vrai. Les anciens nous

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ont tracé la voie, nous n'avons fait que suivre : et, à vrai dire, y a-t-il degré dansle mensonge ? Trois mille ans ou presque séparent le vasfe dos de la  mer ou le cielde fer de la terre bleue  .comme une orange.  Les surréalistes n'ont rien découvert,

mais simplement poussé jusqu'à sa limite extrême l'arbitraire poétique.*

* *

D'où vient le mal dont meurt, aujourd'hui, la poésie ? Ayons-nous abusé dumensonge ? Ou, au contraire, éprouvons-nous à tromper plus de pudeur que nosancêtres ? Ces deux causes jouent, l'une comme- l'autre. La totale liberté est ici d'unexercice plus difficile encore. La poésie a tait feu de paille dès qu'on a cru l'allégerde sa charpente de conventions. Et le réel ne peut lui servir de filet protecteur puisqu'elle est fuite hors du réel. Tout pouvant être comparé à tout, la comparaisonmême perd sa raison d'être.

Mais c'est sur la seconde explication que je voudrais, aujourd'hui m'attarder.Notre époque a son bon. Si elle répugne aux artifices du langage n'est-ce pas aussipar scrupule de sincérité? Voyons les choses bien en face : n'y a-t-il pas quelqueridicule, quelque indécence pour un homme en veston à désigner les objets quil'entourent autrement que par leur appellation quotidienne et prosaïque. La lunen'est plus pour nous la reine des nuits  ni le soleil le clair flambeau du monde.Renonçons à les affubler d'autres oripeaux.

Depuis quelques années, maints bons esprits se dressent contre la décadenceactuelle de la langue. Ils dénoncent chez nos écrivains un goût du vulgaire, ouqui pis est, de l'abstrait. Et je ne saurais que les suivre. Le jargon pseudo-scientifiquea contaminé jusqu'aux livres pour enfants. Mais la cause de ce mal, encore convien

drait-il de la chercher plus loin que dans notre laisser-aller moderne et notre pédantisme. Si le verbe perd son efficacité, cède de jour en jour du terrain au substantif, c'est que le contact avec les objets tout faits que le monde moderne met à notredisposition rend de moins en moins utile la notion de devenir   au profit de celle derésultat.  Les termes anciens, comme la main de l'ouvrier, gardaient, moulés en creux,la forme des choses, nos néologismes offrent du réel une image aussi dissemblableque le tableau de bord d'une luxueuse automobile du mécanisme complexe dissimulésous le capot. En limitant leur effort à taper sur un clavier, nos doigts évitent biendes écorchures, mais laissent dangereusement s'émousser la sensibilité de leurpapilles. Rançon de la science que tous les sursauts du cœur ne peuvent nous interdire de payer.

Nous vivons dans un monde sans mystère et plutôt que de fabriquer de fauxmystères, renonçons tout franc à la poésie. Rien ne m'irrite plus que cette précio

sité de la prose ou des vers modernes contre laquelle d'ailleurs se révolte “le senscommun. Je ne veux pas dire que l'emploi de toute figure soit désormais interdit :la langue du savant elle-même est farcie d'images mais celles-ci — celles de courant   de tension,  de résistance  par exemple — ne sont que procédés commodes etne concernent l'art en aucune façon. Ce que l'écrivain perd, un peu, chaque jour,c'est non pas la liberté de malaxer les mots à sa guise, droit qu'il s'est de son proprechef arrogé, mais celle de faire de cet arrangement autre chose qu'une façade derrière laquelle on chercherait en vain une croyance, une philosophie profonde.

** #

Balzac n'est pas un maître de style et pourtant pour une seule de ses trouvailles je donnerais bien des pages de tel prosateur plus rigoureux, tel vers le plus célèbre

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d’un grand poète. Ainsi suis-je longtemps resté en admiration devant uncourt passage du Père Goriot , sanspouvoir exactement déceler les rai*sons du charme où il me tenait.Libre à d'autres d'y dénoncer uneemphase Louis-Philipparde, cela nenuit en rien à mon propos, Rasti-gnac, donc, en visite chez Mme deRestaud, surprend la comtesse ennégligé du matin : « Elle avait   sansdoute pris un bain et sa beauté,pour ainsi dire assouplie, semblaifplus voluptueuse ; ses yeux étaienthumides. L'œil des jeunes gens sait  tout   voir : leurs esprits s'unissentaux rayonnements de la  femmecomme une plante aspire dans J'airdes substances qui lui son/ propres.Eugène sentit   donc la fraîcheur épanouie des   mains "de cette femme sans avoir besoin d'y toucher.  » Jepasse sur beauté assouplie, alliancede mots à rendre jaloux bien de nosmodernes : c'est le caractère didactique et naïf des deux dernièresphrases qui m'enchante et, plus encore, ce donc  qui en souligne lesérieux. Il est injuste d'opposerscience et poésie, puisque tout au

contraire, depuis Homère, Virgile ou Lucrèce c'est dans la science de leur tempsque les poètes sont allés chercher l'armature de leur symbolique. Ou bienune comparaison n'est qu'un jeu de l'esprit ou elle repose sur une croyanceque son auteur partage. La première hérésie fut commise par ces auteursdu XVIe et du XVIIe siècle qui, gâtés par une louable admiration desanciens prétendirent remettre en honneur leur arsenal de figures alorsqu'ils condamnaient leur conception du monde. Et c'est pourquoi, pour illustrerma thèse, j'ai préféré Balzac à Racine. Ce que j'admire en lui, c'est qu'il ait retrouvécette science naïve du monde antique, en échange de laquelle nos plus grands poètes,de Ronsard à Baudelaire ou Rimbaud, n'ont à nous proposer que des naïvetéssavantes. Le symbolisme de la poésie occidentale puise à trois courants, qui •d 'a illeurs s'entrepénètrent : le courant antique, le courant chrétien et, enfin, cette idée

d'un magnétisme universel que l'auteur de Louis  Lambert   et de Séraphifa empruntaà Swedenborg. Il ne m'appartient pas ici de mettre en question la valeur scientifique ou philosophique d'un tel système. Je remarquerai seulement sa fécondité littéraire, puisque des romantiques allemands à Edgar Poe tout la première moitié duXIX- siècle y est allée chercher son inspiration. La science officielle a pu observerà son égard une juste méfiance, bien qu'il reposât tout comme elle sur la théorie del'attraction universelle, ainsi qu'en fait foi l'Euréka de Poe, mais il fait appel à desnotions si familières à notre esprit, si profondément ancrées en nous dès la plushaute antiquité, que notre sentiment nous incite à l'adopter, aussi fort que la raisony répugne. Ce n'est donc pas la science dans son acception la plus large, le savoirthéorique qui est incompatible avec la poésie, mais la conception déterminée qui, ences temps romantiques, achevait de se substituer à l'idée antique de finalité. Lepassage s'est fait si doucement que nos poètes n'ont pu s'apercevoir qu'ils prêchaient

Honoré de Balzac vu par Nadar .

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non seulement contre leur temps, mais contre eux-mêmes, incapables de substituerà l'ancien finalisme un spiritualisme rénové.

Dans un monde où tout n'est que relation de cause à effet, il n'y a pas de placepour la poésie, ni même pour le beau style. Ces phrases du Père Goriot ne sontplus « possibles »  de nos jours. Cette assimilation de la vie végétale à la vie del'âme n'est pas de celles que suggère la science moderne. Bien sûr il ne s'agitpour Balzac même que d'une comparaison, mais, vous le reconnaissez tous, il y adans celle-ci un sérieux  dont nos contemporains ne seraient plus capables, sérieuxqui précisément, parce qu'il la montre nécessaire, utile, en fait toute la beauté :sans lui, trouverais-je volontiers l'image précieuse, lourde, ridicule. Voulez-vous unautre exemple ? En voici un tiré du même ouvrage quelques pages plus loin : « En atteignant au seuil de sa pension, Rastignac s'était épris de Mme de Nuncingen,  elle Jui avait paru svelte,  fine comme une hirondelle. L'enivrante douceur de  ses

 yeux, le tissu délicat de sa peau sous laquelle il avait cru voit   couler le sang, le sonenchanteur de sa voix, ses  bJonds cheveux, il se rappelait tout  ; et, peut-être, la marche, en mettant son sang en mouvement, aidait-elle à cette fascination.   » — « Etbien là, dira-t-on, rien que de fort matérialiste et compatible avec notre médecine.Sans doute Sang en mouvement   date-t-il un peu, mais l'action de la marche sur lapensée est un fait sur la vérité duquel on ne saurait que s'accorder ! » Mais c'estprécisément ce sang en mouvement   qui me paraît essentiel et l'action directe  (ainsipensait Balzac) que ce mouvement même peut avoir sur ceux de l'esprit sans passerpar l'intermédiaire de je ne sais quel processus physiologique complexe. Supermatérialisme alors ? Non, plutôt là encore la même théorie de l'analogie et qui reposesur la croyance et la finalité de l'univers. le gage même qu'en dehors d'elle les .beautés du début de la phrase  fine comme  une hirondelle  ou la peau sous laquelle il avait cru voir couler le sang   ne nous toucheraient pas aussi fort. Lorsque Balzac,et l'on pourrait en dire autant des anciens, avance une comparaison, celle parexemple d'un être humain avec un animal ou un objet de la nature, on sent derrièreelle toute l'épaisseur de cette théorie des espèces,  fille, en somme de la précédente et qu'il nous propose lui-mêmecomme la clef de son œuvre. Mystèrede l'Art : toutes notions qui, lorsqu'il lesdéveloppe in abstracto  nous paraissentpour le moins fort confuses et sont loind'emporter notre adhésion, constituentau long des épisodes romanesques unesubstructure continue et cohérente danslaquelle chaque effet particulier de stylepuise son efficacité. Tout aussi bienaurais-je pu prendre comme exempleVirgile ou Goethe mais c'est à desseinque j'ai choisi un prosateur pour bienmontrer que la décadence actuelle dela poésie n’est pas imputable à la seuleforme versifiée mais à une tare mêmedu langage.

** *

On a déjà deviné où je voulais envenir. Le cinéma, nous dispensant denommer, rend toute métaphore littéraireinutile. La beauté d'une vague captéeen couleurs par l'écran large rend, plusque jamais, superfétatoire tout artifice

de style. La plus grande ambition de la Alfred Hitchcock.

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poésie a été de rendre ce mouvement que la peinture se trouvait être par essenceinapte à exprimer. Devant la mer telle qu'elle est livrée à la volonté en bobine jusqu'au fond des campagnes ou des villes poussiéreuses, les bouches n'ont plusqu'à se clore. Mais je voudrais aller plus loin, montrer que ce pouvoir métaphorique

dont la poésie a perdu le secret, c'est le film qui maintenant en possède d'unecertaine façon la jouissance, et que, pour cela  surtout, le dernier-né des arts estle seul et légitime refuge de la poésie.

Le mépris dont on accable d'ordinaire le cinéma, vient de ce qu'on n'admeten lui de poésie que surajoutée,  et non intrinsèque. Le temps certes n'est plus oùl'on s'extasiait devant tel symbole lourdement explicité, mais on n'en continue pasmoins à chercher dans l'insolite du sujet la preuve d'une intention poétique. Qu'onme permette d'affirmer tout le contraire, de me satisfaire du geste le plus banalpourvu qu'il suggère autre chose que son utilité, sa destination immédiate, porteen lui comme une sorte de signification seconde. Le style des plus grands cinéastes,d'un Murnau, d'un Vigo, d'un Renoir, d’un Hitchcock, d'un Rossellini, est foisonnantde métaphores : plutôt que d'en nier la présence apprenez à les découvrir.

Toute expression poétique originale Tepose sur une trame abstraite, d'uneriqueur quasi mathématique, une mise en valeur du pouvoir mystérieux, sacré dunombre. Chez certains de mes confrères, le terme de mathématicien est reproche àJ'adresse d'Hitchcock, mais serait tourné à louange à l'égard de Virgile ou d'EdgarPoe. Qu'il y ait chez ces deux derniers une superstition du nombre deux   ou de lacouleur blanche, voilà qui est bien. Que l'auteur de flear Window ait cédé à lamême fascination, ce n'est plus qu'exercice formel ! De même qu'on ne peut conce-

' voir de poète insensible au rythme, on décèlerait constamment en toute grandeoeuvre cinématographique la présence d'une certaine rigueur géométrique non passurajoutée, bien sûr, comme un vain ornement, mais absolument consubstantielle àcelle-ci. Il semble que chaque geste, chaque regard quelle que soit sa fonctionmomentanée doive, en même temps, s'insérer dans un système de lignes de forcesà l'avance soigneusement construit. C'est ainsi qu'au cinéma je conçois la figure, fl

ne s'agit point par artifice de montage ou tout autre procédé extérieur de rapprocherarbitrairement une forme d'une autre. Est au contraire pleinement métaphorique cequi, dans le particulier suggère, ou même, plus exactement, découvre la présencedes grandes lois de l'Univers. Et par la, j'entends non pas celle, tout abstraite, quenous propose la science mais cette harmonie préétablie, ce parallélisme constant queles anciens se plaisaient à célébrer, entre les phénomènes des divers ordres naturels,végétal ou minéral, ou humain, solide, liquide ou céleste, spirituel ou matériel.Et voici, tout à coup, que la théorie de l'analogie que nous avions tout à l'heuremise au rebut se trouve être dotée d'un fondement nouveau : c'est qu'elle portaiten elle quelque part de vrai, qu'elle n'était pas si méprisable. Aussi, loin de nousengager dans la voie déterministe, comme on pourrait légitimement le croire, cetart, le plus positif de tous, insensible à ce qui n'est pas fait brut, pure apparence,nous présente au contraire l'idée d'un univers hiérarchisé, ordonné en vue d'une fin

dernière. Derrière ce que le film nous donne à voir, ce n'est point l'existence desatomes que nous sommes conduits à rechercher mais plutôt celle d'un au-delà desphénomènes, d'une âme ou de tout autre principe spirituel. Avez-vous remarquécomment, sur l'écran, l'intervalle se creuse entre la conduite humaine et celle del'anim'crl, combien la vue d*unë machine nous apporte de gêne, celle de nos semblables de réconfort ? La poésie, c'est dans cette révélation, avant tout, d'une présencespirituelle que je vous propose, ici, de la chercher.

** *

Dans ma dernière rubrique, j'avais essayé de mettre en lumière l'aspect classique  du cinéma. C'est sur son côté moderne que je voudrais aujourd'hui insister.Et l'un ne va pas sans l'autre : être moderne ne signifie pas rejeter systématiquement

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Ingr id Bergman (hms Sia tno Donne   (épisode de Roberto Rossellini) .

toute tradition, brûler ce qu'avant vous on avait adoré — bien vaine et mesquineentreprise. Le cinéma est moderne parce qu'il donne un fondement nouveau, unetraduction originale à des croyances que nous n'avons aucune raison de rejeter,vers lesquelles, toujours, nous porte le même sentiment intime. Etre moderne n'estpas nécessairement glorifier la confusion sous prétexte que les anciens ont prônél'ordre, l'harmonie, ce n'est pas se complaire dans la grisaille parce qu'ils ont chantéla lumière, bafouer l'homme parce qu'ils l'ont exalté. Le cinéaste se trouve être simerveilleusement apte d'emblée à faire sa matière du monde présent, qu'il n'aaucune raison de se départir de l'optimisme classique. Il est heureux dans sontemps, et, en lui seul, son temps a trouvé un chantre à sa mesure. Loin de nous lebric-à-brac d'antiquaire cher à Breton : nos poètes prétendus modernes manifestentun goût bien suspect pour le matériel le plus écoulé : ils se sont toujours révélés

impuissants à accuellir dans leur œuvre ces objets fabriqués dont le monde modernea fait nos compagnons de chaque instant. Et, si jamais ils les nomment, ceux-ci prennent-ils la posture désuète d'une lanterne magique ou d'un gramophone à l'ombrede quelque grenier. Les avions, les automobiles, les téléphones, les armes à feu, lecinéma, loin d'en faire des monstres, les prend pour ce qu'ils sont dans l'usage quotidien : comme l'arc, le char, la nef des anciens ils semblent ne faire plus qu'unavec le décor qui les entoure, le geste qui les dirige ou les manie. La pensée quipréside à leur création semble les animer   encore, leurs  mouvements sont les prolongements de ceux de l'homme dont, en décuplant le pouvoir, ils exaltent la noblesseoriginelle.

II ne nous viendrait jamais à l'idée, pour juger d'un poème, de le mettre préalablement en prose. Combien pourtant de nos critiques de films se livrent à cetteétrange opération ! Nos catégories esthétiques forgées à l'usage d 'une littérature

décadente deviennent infécondes ou dangereuses dès qu'il s'agit de juger les mérites7

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 Die s Iræ  cle Car i Theodor Dreyer ,

d'un cinéaste. Sachons plutôt, comme les anciens, n'avoir d’œil que pour l'invention,■ Yetticaciié   ou autres qualités trop méprisées de nos jours. A vrai dire la plupart despseudo-connaisseurs n'attendent rien d'autre qu'un clin d'œil au public, la preuveque l'auteur du film n'est pas dupe du jeu qu'il joue, qu'il faut remonter tout droità lui et passer le plus vite sur l'œuvre. Depuis cent ans nous nous sommes trophabitués à  considérer une production de l'art sous le seul angle d’une « libérationpersonnelle » de son créateur. Qu'un poème ait toujours été, plus ou moins, l'exutoired'une exaltation ou d'une inquiétude tout individuelles, je l'admets volontiers, maisrefuse de croire qu'il puisse être uniquement cela. Si, comme le disait JacquesRivette « la plus haute pensée de notre temps choisit de s'exprimer dans le cinéma »c'est que la modestie foncière du metteur en scène le rend apte à traduire l'universelqu les autres ne peuvent plus désormais se flatter d'atteindre.

** *

J'ai parlé du cinéma en général, et ne prétendrais pas que tous les films seplient, avec une égale aisance à ma définition. Aussi conclurai-je par quelquesexemples. Rares sont ceux des cinéastes qui ne confondent pas la vraie poésie avecune recherche crispée de l'insolite, pour qui toute belle trouvaille n'est pas de cellesqui puissent être notées dans leurs moindres détails sur le script. Rien ne m'irriteplus, par exemple, que, dans le  Blé en  Herbe, certaine chute de bicyclettes corsantun bien fade baiser. Quelle étrange idée eût dit Boileau ! En tout cas bien laborieuse. Sur l'écran l'intention se trahit si vite qu'on ne saurait assez mettre en gardeles auteurs contre toute recherche trop volontaire. Sévère je serais aussi pour ceplan d'Umberto  D.  où la petite bonne étend sa jambe pour repousser la porte.Notation gracieuse et point ennuyeuse à voir, mais si le cinéma n'était que « cela »,

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à bon droit le considérerions-nouscomme un art mineur. La Strada,que d'ailleurs j'aime bien, fourmilled'idées voisines, auxquelles, je lecrains, ce film n'ait dû son succès.Un beau plan en revanche et leplus riche qui soit de poésie ? Cettescène de Tabou  où le vieux prêtretranche la corde à laquelle s'agrippait son poursuivant : c'est que, parle truchement de la vague qui rapproche un instant la barque avantde l'emporter irrémédiablement, lanature semble sanctionner le gestede l'homme et lait éclater enfin laprésence de ce Destin dont nousavions senti, tout le long de l'histoire, le poids mystérieux (voir lesimages ci-contre). Dans un filmrécent Une Etoile est née  de GeorgeCukor nous voyons, de mêmeune vague mouiller puis emporterle peignoir laissé sur la plage parJames Mason : l'idée serait contestable si l'auteur n'avait voulu parlà qu'indiquer le suicide de sonhéros : mais il y a dans le mouvement même du flot tant de noblesseet de splendide indifférence que jene saurais blâmer son auteur d'uneffet dont l'heureuse réalisation faittout le prix.

Point n'est besoin, d'ailleurs, quel'auteur donne son coup de poucepour nous rendre sensible cette interférence entre le monde matérielet celui de l'esprit. C'est le privilège des plus grands d'y parvenirmême sans le moindre recours apparent au symbole, à l’éllipse, l'allusion. Quand le. couple du Voyageen  Italie  revient de sa promenade àtravers les ruines, le décor n'est queprésent mais cette présence est pluséloquente que les plus belles sentences antiques sur la fragilité del'homme et l'éternité de la nature.Et ainsi, forts du souvenir de cesgrands moments, pourrons-nous,quittant le royaume des mots, fairede la musique l'objet d'une nouvelleet, je l'espère, fructueuse méditation,

Eric ROHMER.

Tabou  de Murnau.

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L E F E S T I V A L 

DE VENISE 1955Par André Bazin, Lotte H. Eisner,

Georges Sadoul, François Truffaut

et Etienne Loinod

PALM ARES DE LA X V 1° EXPOSITION D’ART CINEM ATOG RAPHIQU E - VEN ISE 1955

Le jury, composé d e ’ : Anto nin M. Brousîl (Tchécoslovaquie), Jacques Doniol-Valcroze(France), Arthur Knight (Etats-Unis), Roger Manvel (Grande-Bretagne), Piero Gadda Conti(Italie), Mario Gromo (Italie), Emilio Lonero (Italie), Domenico Meccoli (Italie) et Carlo Ludo-vico Ragghianti (Italie), a décerné les prix suivants :

Grand prix, Lion d'Or de Saint-Marc ; à l’œuvre et à la vie d'artiste de Cari TheodorDreyer et à Ordet   (Dannemark).

Premier Lion d’Argent de Saint-Marc :  La Ciga le   de Sergeï Samsonov (U.R.S.S.).Deuxième Lion d’Argent de Saint-Marc : The B ig  Km /e de Robert Aldrich (U.S.A .).Troisième Lion d’Argent de Saint-Marc :  Le Am ic he   de Michelangelo Antonioni (Italie).Quatrième Lion d’Argent de Saint-Marc : de Rat   de Wolfgang Staudte (Hollande).Coup e Volpi pour la meilleure interprétation masculine : ex aequo Kenn eth Moore pour

The Deep Bfae S&a  de Anatol Litvack (Grande-Bretagne) et Curt Jurgens pour Les  Hér os sont fatigués  d'Yves Ciampi (France) et  D es T eu fe ïs Gen eral   d 'Helmut Kautner (Al lemagnede l’Ouest).

Coupe Volpi pour la meilleure interprétation féminine : non attribuée.Enfin le jury constatant la participation à la Mostra de nombreux nouveaux réalisateurs

désire signaler les meilleurs en attribuant les médailles suivantes à :Alexandre Astruc pour  Les Mau vai se s  Rencontres (France).O. Krska pour Smetana   (Tchécoslovaquie),William Fairchüd pour  Jo hn an d Ju lie  (Grande-Bretagne).Francesco Maselli pour Gft Sbandati  (Italie).Andrzçj Munk pour Los  H om m es de la Ctf&ix BIs uc   (Pologne).

Ce  po lm ar ss   mérite cfitseîqaes commentaires.  77 n appartenait pas   à  Doni ol-Valc ro ze   (membredu jury) de les faire et Bazin   refente  par\   Congrès de Varèse n était pas en mesure de noua transmettre  à temps   som opinion; c'est cependant à Juî que nous donnons la parole   en reproduisant une partie de l 'article qu’il a consacré à ce sujet dans FRANCE OBSERVATEUR du15 sejbfemfcre 1955.

ANDRE BAZIN

qu ’on p eut espérer c'est que la cote soit lamoins mal taillée possible entre les exigences de l’art cinéma tographiq ue et celle de3ambassades. La composition internationale du ju ry vé ni ti en le re nd à pr io ri plu s se ns ib leque celui de Cannes à l 'équilibre des forcescinématographiques. J’admire d ’autant plusque le palmarès sacrifie en définitive si peuà des considérations extra-esthétiques.

Je ne vois même à mon goût qu'une injustice notable, encore n ’est-elle juste me nt passans doute attribuable à la diplomatie. Le

Commentaires sur le palmarès

H est de tradition non conformiste des’exclamer sur la sottise des décisions des ju ge s au ssi bi en de Cannes qu e d e Venis e.Quitte à passer pour un conventionnel, j’oserai me déclarer à peu près satisfait de celles-ci. Dès l’instant qu’on admet les festivals et,avec les festivals, le principe d’un palmarèscomportant une dizaine de films, il est absurde de s’indigner ensuite de ses inévitablesimperfections. Absurde aussi de jouer les puritains à l’égard des influences diplomatiquesqui ne peuvent manquer de jouer. Tou t ce

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Lion d’argent à Staudte pour Cisfae de  Rotaurait peut-être pu être remplacé par la mêmerécompense à Helmut Kautner pour leGénéral du Diable,  Mais c'est là affaire d’opinion et discutable. Ce n’est qu'au niveau des

médailles que les concessions diplomatiquessont évidentes : de meilleurs films que Sme-iana  (Tchécoslovaquie) et  Les H om m es en  

 Bleu   (Pologne) ne figurent pas au palmarès,encore s’agit-il tout ae même de deux productions honorables.

Mais, pour l’essentiel, je me déclare d’accord avec les jurés. Je ne vois pas ce quipouvait disputer à Ordet   le Lion d’or.L’objection que j’ai entendu faire au film deDreyer selon laquelle il relèverait d ’une esthétique périmée me semble absurde. A ce degré de maîtrise et de perfection, le style estau delà des modes et même des évolutions :il s’impose comme une référence absolue del’histoire du cinéma. C’est le cinéma qui se

situe par rapport à Dreyer ou à Chaplin etnon l’inverse.

Le premier Lion d’argent attribué par ordrede préférence à  La Ciga le   est également légitime encore qu’il me semble que son origine soviétique a contribué à surévaluer légèrement cet excellent travail d’adaptation, fidèle et respectueux de Ja nouvelle de Tche-kov. C’est l’exemple le plus significatif dudégel psychologique '• l 'adu'itère devient enRussie et dans les démocraties populaires unsujet parmi d’autres.

La courtoisie interdisait à l’Italie d ’avo'rplus d’une récompense importante en dépitde l’excellence de sa sélection. Je pense quele choix des  A m ie s   d’Antonioni de préfé

rence à  A m ic i per la belle   et  II Bid ons  étaitle bon. Gli Sbandati  du tout jeun e MaselHsatisfait tout le monde.

Le Lion d’argent à The Big Kni fe   est alléaussi au meilleur film, américain. A sup poser qu’il fût possible d’hésiter entre The B i s  Knifê   et To Catch a Thiej   l’intérêt de soutenir en R. Aldrich un espoir de la mise en

scène et de la production devait l 'emporter.Rien à dire des Anglais sinon que la mé

daille à  Jo hn an d Ju lie  est encore une faveurdiscutable.

Venons-en enfin à ce qui est du point de

vue français l 'aspect capital de ce palmarèsLa déroute de notre cinéma est-elle légit.meou devons-nous nous en indigner ? La question appelle plusieurs considérations préalables. D abo rd, il faut savoir si les festivalsde Cannes et de Venise doivent être un échange de rhubarbe et de séné entre les cinémasfrançais et italien sous l'égide des accords decoproduc tion. Si oui, qu ’on îe dise claire-ment, si non qu ’on accepte de perdre qu elquefois après avoir gagné si souvent. Aussibien, les Italiens auraient-üs de bonnes raisons de penser qu’ils ont été les premierstraités à Cannes avec une sévérité sans concessions. N’oublions pas que ni Umberto D, ni l 'Or de  Naple s  n’ont figuré au palmarès ;deuxième remarque; il est injustifié d’accorder aux résultats d un festival un e signification générale qu’ils ne sauraient avoir.

Les deux films français les plus importantsde l’année French Cancan  et les Grandes Ma- nodnüres n’ont concouru ni à Cannes, ni à Venise. Le calendrier des productions a fait quenotre représentation au Lido a été honorablemais un peu au-dessous de l’étiage de qualité nécessaire pour une récompense importante. C ’est là une coïncidence regrettablemais qui justifie parfaitement un jury indépenda nt d en avoir tiré des conséquencesqu ’on aurait tort de vouloir transform er encatastrophe nationale. Il est exact que la production 1954-55 n’aura pas été une très bonneann ée. Ve nise en est le reflet. Il est nonmoins certain que tous les espoirs sont permis po ur 1955-56 et c’est ce qui com ptevraime nt. Qu e ce soit précisé ment le filmd ’Alex andre Astruc considéré par le ministrecomme indésirable qui emporte une médaille,voilà qui est à la fois hau tem ent moral etparfaitement justifié par de strictes considérations esthétiques..

Ceci dit,  nous n’cuons  paa Vint en tion d e pa sser en revue tous les fi lm s prése ntés à ce tte 169  Mostra. Nos co llaborateurs   présents à V-enise, Lo tte H . Eisner, Georges Sado ul, François Tru jjau t et Etienne Lo inod, n évoqu eront ici que les film s dont ils avaient eno ie d-e parler.  Leur ch oix d ‘ai lleurs  ne laisse  guère dan s l’om bre de> film s imp ortants.

ETIENNE 'LOINODOrdet 

L’interview de Dreyer par Lotte H. Eisnercjue nous avons pub lié récemm ent, disait1 essentiel sur cette oeuvre capitale. On saîtq u ’il s’agit d ’une pièce de Kar l Mun k, écrivain danois fusillé par les nazis, déjà portéeà l’écran en Suède par Mollander. Interrogésur sa fidélité à l’œuvre originale, Dreyer arépondu qu’il pensait que Munk vivant enaurait été satisfait. Le fait que cette œuvreadmirable, plus achevée que  Die s Irae  etégale à  Je anne d ’Ar c,  ait suscité des réservesà Venise et ce jusqu’au sein du jury, est surprenant. On comprend que le sujet mettant

en cause différentes formes de foi et leursdéviations ait pu ne pas plaire à l’excès àcertains catholiques romains, on com prendaussi que beaucoup ne soient pas très intéressés par certains aspects théologiques dece conflit, mais la question n’est pas là. Ily a d'abord un  fi lm ,  un récit d’une profondeur, d’une vérité humaine rarement égalée.Jamais sans doute le problème de la inoit etde sa terrible présence n’avaient étéévoqués avec une telle force sur un écran.De plus, le film est un « chef-d’œuvre v ausens littéral du mot. II n’y a pas u:ie seconde

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du dialogue, un millimètre de l 'image quin'aient été exactement contrôlés par l’auteur,tout est à sa juste place sans une hésitation,sans aucune autre place possible. Paivenu àce degré de possession et d’autorité sur son

œuvre, un artiste ne peut plus être le su je tde réserves de détail ou de goût personnel.

To Catch a Thief Je serai b ref sur le film d’Hitchco k sa

chant d’avance qu’il sera longuement commenté dans cette revue luis de sa sortieà Paris. Notons qu’une Fois de plus Hitchcockn’a^pas de chance dans les festivals qui, depuis 1946, auront laissé pn£ser sans les distinguer :  Notor ious , I Co nfess   et  Rea r Win - dow.   II y a là injustice et si To Catch a Thief  ne vaut peut-être pa& les films plus hau tnommés, il aurait tout de même pu être l’occasion d’un coup de chapeau à l’un des meil

leurs me tteurs en scène contem porains, ils’agit cette fois-ci d’une comédie pure et ilfaudra que Chabrol soit bien maün pourlui trouver des arrières pUns métaphysiques ;mais c’est une excellente comédie Lctrée sriirle thème du poursuivi poursuivant et dont itimé can ique est admirat>lsmt>nt monté e. Lesgags y étincellent, irrésistibles, comme ceuxà répétition de la seconde poursuite sur j«

On ne peut accepter ou rejeter sa substancequ ’en bloc. L ’interp rétatio n est m agij traie.Sous la direction d’un tel maître les acteuisse surpassent et à ce titre il faut c:ter l'émou

vante et savoureuse scène entre le vieux pèreet sa bru.

Corniche, caustiques et impitoyables commecelui de la cigarette éteints dans un jauned’œuf sur le plat. J'ai dit : de métaphysiquepoint... mais il y a tout de même des échosextra-com iques à cet itinéraire endia blé etnon sans diablerie : le cas du héros assumant dans l’innocence un passé malhonnêteet cette éternelle tendanc e des héroïnesd'Hitchcock à porter ]e m-asciue de la légèreté jusqu’au moment où un homme les dévoile. Cela est visible dans la grande mé

lancolie avec laquelle Gary Grant joue toutson rôle et visible aussi dans plusieurs scènes dont notamment celle, nocturne, de flirtentre Gary Grant et Grâce Kelly à la lufturdes feux d ’artifice. L'h istoire toute entièrese déroule en France sur la Côte d’Azur etHitchcock a assez bu'n évité les tcueîls habituels inhérents à cette localisation des filmsaméricains sur le territoire français ; ce sont,

O r d e t    d e Car i Theodor Dre ver .

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 Le Amiche  de Michelangelo Antonioni.

bien entendu, les allusions à la « French résistance » qui sont les moins bien venues, maiscomme elles vont dans le sens de la sympa--thie il sera pardonné. Inutile sans doute d’ajou-

 Le AmicheE n f i n Antonioni reçoit u ne consé'. raiîon

officielle. On s’en réjouit non pas tant pourla timbale en elle-même qui n’est après toutqu ’une timbale... mais importante daus lamesure où elle lui permettra de poursuivreson œuvre avec plus de facilité.  Le Am ic he  est l’adaptation, assez libre, d’une des partiesa  Entre femmes seules », du trè-s be^.u romande César Pavese : Le Bel Eté.   C’est unechronique turinoise qui met en s c è ^ p lusieurs k femmes seules » f.ice à leurs problème s et où se dével oppe nt les tn<jmeschers à Pavese, moraux et sociaux, ain?ï quecette obsession du suicide qui devait con-duire Pavese à ce que l’on sait. Le filmd’Antonioni est admirable, son écriture a  romanesque » est d’une fluidité et d’une sou-

Ciske de Rat 

Wolf gang Stau dte a été réaliser ce filmen Hollande et le Lion d’Argent qu’il a décroché jette soudain une lueur flatteuse surune production qui n’était pas habituée at2nt d’honneur. Staudte est, avec Kautner,

ter que le film admirab lement bien fait.Pour la couleur et la Vistavision, on ne peutJuger car la projection de ce soir-ià au Lidofut exécrable.

plcsse dont bien peu suut capables. Rienn’est plus représentatif du cinéma de demainque cette œuvre débarrassée de toute convention cinématographique et qui rend unson tellement insolite. Les dialogues qui peuvent paraître' gratuits au spectateur pait*s.3euxpar ce q u ’ils son t réels et s em ble nt au p< limier degré hétérogènes à i’act'en, sont enfin de compte — comme chez Proust —, parleur profonde vérité psycnoiojjique, ie fil

même le long duquel court la ptogressiondramatique. Les actrices . Eleonora RossiDràgo, Valentina C-ortese, Yvonne furnaux,Anna Maria Pancani et l’exquise MadeleineFishe r, se so nt me rveilleu sem ent intégr£{> àcet univers délicat des déséquilibres ?t despassions incertaines.

un des meilleurs réalisateurs allemands del’après-guerre, mais il semble bien cette foisqu’il ait raté son coup. C’est pourtant lui-même qui a écrit le scénario d’après un roman de Piet Bahker. Tout se passe comme

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s’il avait été victime du climat hollandaisbien pensant qui se traduit dans le filmpar un certain côté * boy-scout » assez déplaisant. L’histoire de ce jeune gardon, fortetête surnom mé s face de rat », n était passans intérêt mais le bizarre c’est qu’à partirdu moment où le héros a tué sa mère, ceux-là même qui le brimaient pour des peccadillesn’ont plus qu’un souci : lui faire oublier cemauvais souvenir en lui prouvant que cen’était pas si grave que ça (sic). Le procédé

est vraiment trop gros et fait soudain basculer le récit dans l 'invraisemblable. On peuts’étonner aussi que Staudte, vu sa formation, et ayant à exposer un cas de dé lin

quance juvénile, n’ait pratiquement pas explicité le cas par ses arrières plans sociaux. Ilreste attaché à  l’individu .et à sa psychologieparticulière. D’où la minceur du film et soncôté artificiel en dépit de l’excellente interprétation du jeune Kees Brusse.

 Le Japon

Vive ! Oh vive le cinéma japonais ! Etvive le cinéma italien ! Mais nous serions-nous jamais enthousiasmés pour la nouvelleécole italienne, si l’on nous avait condamnésà fréquenter seulement Néron et LucrèceBorgia, Messaline et Fabïola , Spartac us etThéodora, Six Quint et Romulus...

Dans sa sélection officielle à Venise, Tokionous a comblés de Samouraïs, de duels ausabre, d’empereurs prisonniers et de Pom-padours extrême-orientales. Rien n ’existehors du palais et de leurs intrigues Mérovingiennes. Dans un style très précieux onnous a conté les aventures de quelque grandCyrus...

Le  Mas qu e et lo  Desfmée, de Naboru Na-kamu ra, _ frappe par son petit côté Maeterlinck. Rien d’étonnant, la pièce japonaise iciadaptée fut écrite en 1905. Costumes auxcouleurs (trop vives), grâces , sou r i r es , l a rmes ,et beaucoup de languissant ennui. Il reste en

tête, après quelques jours passés, une seuleimage, fort belle : un cortège funèbre cheminant sous la pluie...

GEORGES SADOUL

La déception fut bien plus grande pour L ’Impér at ri ce Y ang Ktoei-Fe i ;  le film avaitété réalisé par Kenji Mïzogushi, auteur desbouleversants O  Har u  et Confes de la Lune  Vaga<z.  Le film est une co-production entreTokio et Hong-Kong, son sujet est chinoismais l’encombran t vieillard gémissant quicomm ente l’action vient droit du ciné ma ja ponai s (et non de sa mei lleu re part). D écors et costumes savamment reconstitués parquelqu e Viollet Le Duc japonais avec detemps à autre, des grands ef f e t s à la Pa-ramount. Clairs obscurs en couleurs de stylespéléologique. Une étrange musique, et unadmirable moment, quand l’ impératrice abandonne les vanités de son rang pour monterà l’échafaud . 11 se peut que le film surpass e Les Po rtes de VE nfer .  Mais l’effet de surprise est passé. Nous sommes gavé s demoyen â^e. Et le Japon manqua Venise pouravoir officiellement présenté ses poussiéreu

ses armures, et non pa3 l’admirable ensemble des trois films post-samouraïs dont LotteEisner parle d’autre part.

ipiiggtillllllllill

: ;  ___ - - . , :

:i gmm   v-fBfe .

 L’Impératrice Yang Kwei-Fei de Kenji Mïzogushi.

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 La Cig al e   de Serge ï Samsonov .

 Amérique latine

Chers cinémas d ’Am ériqu e Latine. Leursrévélations présentes (ou futures) nous le savons mainten ant ne se limitent pas auMexique. Le Brésil, l 'Arg entin e et demainpeut-être le Pérou, le Venezuela...

Mais à Venise, où diable s’est égaré EmilioFernandez ? Il était cette année en Argentine, il sera demain au Brésil. Pourquoi pas ?Le réalisateur est capable de nous donnerpour ces pays de nouvelles  Maria Candellaria  ou Enamorada,  Mais en Argentine, dirigeantune Terre de Feu qui s’éteint,  Fernandez paraît avoir voulu refaire  La R e d w Donc, dansun ranch solitaire, un cow boy tragique, e nrichi par son bétail et ses mines d*or clandestines, reçoit avec une bouteille d’anisetteune belle blonde, couverture en couleursd ’un illustré italie n. 11 lui f aut de l'a mo ur.Le cow-boy prend son fusil, et descend aubordel proche (deuxième tournant de la

route, à gauche). La pensionnaire ne veut

 La Cigale

 La Ciga le   c ’est d ’abord Tchékho v. Le film,qui dure près de deux heures, épouse, sansaucun étirage ou longueur, les nuances etles méand res d ’une nouvelle qui tient enquelques pages.

Une Bovary pétersbourgeoise, vers 1890,s’entoure de célébrités et méprise )e niveauintellectuel de son mari. Elle le trompe avecun peintre. Le mari meurt, et la veuve apprend qu'i l était un grand homme.

Tchékhov va cheminant par phrases simples, quotidiennes. Mais chacune d’elles pos-

rien savoir. On la gifle. II la rachète pour30.000 pesos. Un grand amour naît qui, sansle destin...

Moins bien photographié (Figueroa n’étaitpas disponible)  Aprè s la Tourm ente   (de Ga-

valdon) se déroule dans une île mexicaineque peuplen t deux dames et leurs époux,gardiens de phare jumeaux. Après la tempête, un des jumeaux se fait passer pour sonfaux-défunt de frère, histoire de coucher avecsa belle-soeur, et de se déba rrasser d’uneépouse abusive. Mais le noyé revient à lanage... Cela ne peut finir que par un assassinat, une entrée en religion, et un commissaire de police au grand cœur comprenant

ue le calvaire de l’épouse abusive lui donnaitroit au coup de revolver...T-erre de jeu   et Tourmenta.   — Mais est-on

bien certain que d ’autres cinémas, en Europeou en Amérique, ne nous donnent pas d’aussiconventionnels mélos, dont la sauce est plus

à la mode.

sède une infinité de facettes. Et ses personnages ne sont pas taillés à l’emporte-pièce .Dans leur description savent toujours s allierla véhémence contenue, un humour très particulier, la cruauté, la tendresse et la chaleur.

Le grand mérite du jeune réalisateur Samsonov {La Cigale  est son premier grand film)est d’avoir su rendre, dans îeur ton dépouillé,ces nuances infinies. Sur la Volga, le peintreet la Cigale se déclarent leur amour, et toutse mêle ici : le lyrisme du pa ysage , une

quasi-parodie des amours fin de siècle, l’élan

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d’une passion qui se croit grande, le ridiculeet une sincère émotion. Art trop subtil pourcertains habitués du Festival, mais que legrand public comprendra.

La couleur 6st ici adm irab le « De vraistableaux impressionnistes » disait-on en parlant de collines sous le soleil, ou de bou-leaux dang la plaine... Il y a peut-être biendu  M onet ou   du Pissaro là-dedans pour nosyeux occidentau x, Mais les visiteurs de lagalerie Tretiakov y reconnaissent d’abord lapeinture rysse telle qu’elle était du temps deTchék hov, Lévitan en premier lieu, dont

Gli Sbandati

Nous avons beaucoup taquiné Astruc, notreplus jeune réalisateur. Il a terminé son premier grand film à 32 ans, Maselli a entrepris

Gli Shandati  à 22 ans ... S ’il n ’avait tenu qu ’àlui, Astruc aurait certes dirigé son premiergrand film en 1945. Nous ne le mettons doncpas en cause, mais un cinéma où les « jeunes » metteurs en scène ont généralementpassé quarante ans. Jadis Gance, ou Clair,débutèrent à l’âge de Maselli, Delluc ou Vigoterm inère nt (hélas !) leur carrière à l';âge oùAstruc a pu seulement débuter comme réalisateur de grands films.

Maselli n’aurait pas conçu à 32 ans un filmidentiq ue à celui q u ’il nous a do nné à 22.L’ceuvre fougueuse et passionnée est souventimparfaite ou maladroite (surtout dans sonexposition). Pour ses défauts, certains critiques ont pu détester GU Shandati. Pour moice film m’a transporté comme certains ro-

l opé rateur (un jeun e lui aussi) s’est de touteévidence inspiré.

Le rôle de la Cigale était, par sa complexité, écrasant. Ludmila Zelikowskaia sutle porter avec légèreté. Dans le rôle du ma

ri, Bondartchiouk est dépouillé sans ostentation, puissant sans emphase. Il faudrait REVOIR  L a Cigale ;  on ne comprend bienTchékhov qu’en le RELISANT plusieurs fois.Samsouov ne s’est pourtant pas plus effacéderrière l’écrivain que le jeune Renoir, derrièreZola, pour  Na na ,  Un grand tempérament denouveau réalisateur s’est révélé avec  L a Cigale.

mans dont le sujet est l’adolesce nce, sesdrames et ses conflits.

L’action se déroule en 1943 et ren d parfois

un son au to-biographiqùe, qui su rprend.Puisque le réalisateur est, en 1955, si jeune,comment a-t-il pu il y a douze ans éprouver— ou même partager — ces amours et cesconflits politiques (le suje t du film est lechoix entre le fascisme et la résistance), flpouvait alors s’imposer aux adolescen ts,mais non aux enfants.

Réponse de Maselli, interrogé : a J’avaisdéjà  treize ans en 1943, et j’étais très précoce ». Nous le croyons sur parole. Radiguetavait treize ans quan d comm ença pour luil’aventure du  Diable; ave  corps. Gli Sbandati ferait parfois penser à ce •ro ma n, s{ /'Italiede 1943, au moment de l 'armistice Badoglioet la prise du pouvo ir par les Hitlériens,ne différait pas profondément de la France

■ . •.

Le jury de la XVI ' Mostra . De gauche à droi te , au premier rang :C.-L. Rag ghîa nti , E. Lon ero, M. Gromo , A. Knight, R. Ma nvel ; ausecond rang : Ot tavio Croze (Directeur de la Mostra) , A.-M. Brous i l ,

P . Gadda Cont i , D. Meccol i e t X Doniol-Valcroze.

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 L e s C anard s Sauvages,   de Sh i ro Toyada .

de 1917-1918, qui allait vers un armisticevictorieux.

N’établissons pas une écrasante comparaison, cherchons une image. Le déroulementdramatique de Gïi Sbandati  rappelle unescène célèbre du Second Faust   .* on prépareune fête au Palais... Surviennent non pasles divertissements attend us, mais l’exécution d'Hélène pendue par ses servantes àla poutre maîtresse. Dans le film tout commence aussi par les distractions futiles etles plaisirs des vacances ; plages, jazz hot,excursions, tennis... Le drame est au bout,où Roméo doit choisir entre Juliette et leparti des Montaigu, comtes, gros industriels

et collaborateurs résolus.On a admiré sans réserve Lucia Bosé, touchante ouvrière dont au dénouement, unSS retourne du pied le cadavre. Mais ona été très sévère pour le jeune Mocky. Sonpersonnage, parce que déchiré, était com-

LOTTE H.

 Les films j a panais hors festival

Ce sont surtout les trois films japonais ennoir et blanc, présentés dans des matinéeshors du cadre du festival, qui furent remarquables.

Histoire moderne, celle de  Njû sh i No His-

plexe et contracté. La mollesse de Y  acteurl’a servi. Et son hurlement final approcheles fameuses bouches ouvertes de Guemica. L’acteur, en tout cas, m a fait croire aupersonnage.

Le style de Maselli, syncopé, contrasté,violent, emporte par sa fougue et sa conviction. Voilà un nouveau tempé ramen t,peut-on dire de lui, comme de Piero Nelli(autre jeune dont  La Patrouille PerdtUe  aété trop méconnue à Paris). Une troisième

énération néo-réaliste se révèle. En dépit'indiscutables difficultés (crise économique,

censure, etc...) le cinéma italien vit et serenouvelle. Venise en a témoigné... Ceux

de la première heure (Visconti, de Sica,Rossellini) continu ent , comm e ceux d e laseconde (Antonioni, De Santis, Fellini,Lizzani). Et voici déjà ceux de la troisième heure, en. joignant à Nelli et Maselli, De Seta, documentariste de 18 ans...

EISNER

tomï    (24  ye u x ),  tourné par Keisuke Ko-noshita, est le récit de la vie d’une jeunemaîtresse d ’école et de ses douz e élèves,do nt cinq garç ons. EUle les voit gran dir,aller vers leurs destins divers, les garçons

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vers la mort inutile des champs de batailleou vers l’infirmité, les jeunes filles vefs lamisère, la tuberculose ou verg le petit bonheur de la maternité et le travail acharné.Révoquée à cause de ses idées progressistesau temps de l 'alliance hit.éiienne, elle retourn e à sa petite école de v.llage aprèsla débâcle, désabusée, mais espérant en unavenir meilleur, prête à instruire une nouvelle génération.

C’est le tableau, riche de détails, del'évolution d’un peuple qui doit recommencer à zéro, et où le choix d’une section restreinte de la vie quotidienne d ’un petitendroit passant à travers la tourmente, confère un attrait int'miste. S’il y a pour notre

?:oût européen, dans la seconde partie duilm, un peu trop de malheurs accumulés,

un peu trop de larmes (mais ne ressentons-nous pas toujours aussi un peu la honte desblancs qui ont jeté la bombe sur Hiroshi

ma ?) cela est racheté par la grande fraîcheur et la grande pureté du dessin descaractères. Et surtout la présence des enfantsfait surgir une sorte de néo-réalisme transposé où n’a guère de place un exotisme quiaurait pu nous séduire avec trop de facilité.

De nouveau nous trouvons ici et là, dansla douce grisaille d’une photographie depaysages, délabrement tamisée, des imagescomm e seul le cinéma japonais sait encréer : la prise en plongée, pa r exemp le,de branches étaiant leur filigrane comme undessin ornemental, et. soüs ces branchages,des enfants qui jouent.

Hideko Takam îne, la maîtresse d ’école,

actrice au visage émouvant, est égalementla protagoniste du deuxième film Gan (LesCanards  Saunages), tourné par Shîro Toyada, drame d’une jeune femme que son pèreforce à devenir la maîtresse d’un usurier. Ellecomprend, lors de sa rencontre avec un

 je un e ét ud iant , q u ’elle a gâ ch é sa v:e po urtoujours.

Le style et la techmcjue de cette' oeuvresont plus parfaits que dans le film précédent. Les gros plans de visages ont la puissance qu’avaient jadis ceux des films muetsen Europe et où toutes les émotions humaines se reflètent. Proche de l’héro ïne,nous v ovons une fois u n lam p'on ilTu»'T'iTiéaux images animées tournoyant comme dansun zpotrope, é cho ' du trouble d e son â me.D'autres plans où l’émotion entre deux personnages se crée par un silence éloquent.

FRANÇOIS

 Le  Générai du  Diable

Helmut Kautner est probablement le .seulmetteur en scène al 'eman d qui comoteactuellement. De la très bei'e pièce de CariZuckinaver, îl a tiré l’un des meilleurs filmsque nous a yont vus à ce festival. Le « re-étui » est deve nu su cfisant pour abo rde r

enfin au cinéma certains sujets décrétés

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par des pauses hésitantes, bâtissant unesorte de Kammerspicl ;  exemple; ta rencontre de l’héroïne et de l 'étudiant.

Gam mes d e’ nuances des gris, noirs et

blancs, lumières et ombres sans aucun abusformaliste. Et les personnages ne sont nullement stylisés ou stéréotypés — l’usuriern’est au fond qu'un pauvre type sans tropde malice. Même des figures de deuxièmeplan — telle une servante grossière, sale etrapace —- sont décrites avec tous leurs ticsd’une manière succulente.

Les images de la fin, imbues de poésie,rappellent de nouveau ces gravures sur boÎ3ou les peintures sur soie, tracées en quelques coups de pinceau. La jeuTe fem menous est montrée debout près d Un étang(la question de savoir si elle va se suiciderest laissée discrètement dans le vague). Lesens inné de la nature se joint à la con

naissance profonde d ’un état d ’âme, le sons’amalgame avec perfection à l 'image : sousun ciel imm ense et limpide, des canard ssauvages s'élèvent de l 'étang, s’envolantavec un bruissement d’ailes puissant.

Ce don de lier l’expression psychique àune am biance où le détail est vo ontaire-me nt estompé afin que la seule vis on delVytia.ie reste intégralement pure, se retrouve également dans le t oisième film ausujet similaire : Tctl^ervrabe  (/Ido'escence).Cette fois-ci c’est une petite fille, femme-enfant, que sa famille force à deven'r g e?shadans le Joshivara, tout proche  de l’endroitoù elle s'est adonnée à ses jeux d’enfants.Avant d’entrer dans la maison des filles de

{'oie, elle jette dans la rivière — action s^tn->oüque nullement forcée — la f'eur qu’est

venu déposer sur son seuil, comm e seulaveu de son amour tacite, le jeune hommequ'eile a aimé sans espair et oui, àu moment où elle va vers son destin, est consacré moine dans un temple boudhiste.

La peinture des mœurs d’il y a cent ans,les iue3 et bazars d’un Quartier populeux,bruyant, animé par des fêtes aux masqueset aux ]am»;ons pittoresques rend ent cefilm particulièrement attirant. Souci subtildu visuel : dans des intérieurs o"ci'lent surles parois transparentes des reflets de lu-rrv^i-e d<* v:e du deh ors ou m êm e l'o nd ulation lumineuse des vagues de la rivière.Et de nouveau ces recherches ne sont

 ja mai s des ar ti fice s formalis tes, e’ies cr ée ntune ambiance qui demeure inoubliable.

TRÜFFAUT

<c brûl ants » il n’v a guère. Dan s le sensou non de l’histoire il convient d’oeuvrerdésormais. Je ne sais rien de plus excitantpour l’esprit que la confrontation sur l’écran,a événements  fi ct' fs et   de personnages réelsou inversement. Nous voulons voir se a re

faire » l'histoire sous nos yeux avec nos

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 L e G énéral du D ia ble   d e He lmu t Kau tne r .

acteurs préférés dans les rôles principaux. L e Gén éra l du Di ab le   est un film bourré

 II Bidone

Selon le mot d’Alexandre Astruc,  II   Bidon e   ou. « la rédemption des Pieds-Nicke-lés ».

Par les Italiens du festival le film élaitd ’avance boycotté ; aua nt aux . Français,avec plus ou moins, j e bon ne foi, ils décrètent a  raté » un film cfant ils n’ont pas compris le dialogue. Tous fes films de Fellinim’agacent : Le Sheik. Blanc   par sa mesquinerie,  A gence M at rimon ia le   par sa sensiblerie,  Les Vitel lo ni   par le bâclage,  La Strada  

ar sa laborie use et ' lit /e ni re chinoiserie.Bidone cumule les qualités de ces Qua

tre films à tel point que les défauts de Fellini —- toujours les mêmes : putanât, fice-

The Naked Dawn (Aub e nue  —  Le

Un sou neuf, s'il choît sur de faux billetsne produit aucun son : The Na^ed Dawn  estpassé inaperçu. Un vieux crétin solennel meconfie le lendemain : « Naked Dawn ?  }e n y  sais pas allé , l^o tis s<u>ez,  j ’ai l'ha bi tude des

 fe st iv al s, je me renseigne avant 1 »

D'Edgar G. Ulmer j 'avais aimé naguèreune bande mauriacienne ;  Le Dém on de la Chair. Aube   Mue (que nous pourrons voiren France sous un titre lattuadesque :  Le  

 Bandit)   est d’une autre inspiration et semble devoir beaucoup aux scénaristes : Nina

d ’idées, puissant, grave et intelligent. C urtJurgens méritait bien le prix qu’il a obtenu.

lage épais, symbolisme grossier, maladressestechn iques — passent à l’arrière -plan, tièsloin en profondeur de champ, masqués etpeut-être même dilués et par le sublimev.sage . la , stature, gra ndios e de Broder ickCraw ford; le = JpJus bel acteur du mon deau ' sens où Renoir dit quelq ue part : «...un homme aussi beau que   /ean> G<r-bin... a 11 Bidone   comrrience drôle et finitgrave : ce -mélange détonnan t peu t he urter "dans qn festival tous ceux qui entrentdans la salle impatients d’en sortir ; pourmoi qui aï tout mon temps, je resteraisv'ï 'ont'p's des heures à regarder mourir Bio-derick Crawford.

 Bandit )   •/ 

et Herman Schneider. L’action se déroule àla frontière du Mexique, mais ce n’est pasun. Western. Pour situer rapidement et "pré^cisément The Naked Dawn  je ferai appelaux comparaisons, au risque de « semer »pudiques lecteurs en cours de route.  Nalçed  

 Dau)n  est un  Bronco A pache   moins rusé, un Ranc ho No torious  sans la dureté et l 'amertume de Lang. un  Joh nÿ Gu itare  moins virilet moins fagiaue. II est facile de déduirece qu’est The Naked Dawn :  poésie et violence. U possède une chose que n’ont pasles trois- films qui m’ont servi de coordon-

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G a r y G r a n t d a n s To Ca tch a Th ic j  d’Alfred Hitchcock,

nées et qui eût appelé d ’autres comparaisons, La Marsef/îafse, Cas que d'Or :  une

The Big Knife

Nous savons à pré sent que 1955 seraT te année Aldrich »  ,T h e B ig K nif e   est unepièce de Cliffort Od dets filmée avec unrespect qui n'a d'égal que le mépris pourMickey Spillane déchiffrable en clair derrière chaque image d 'En Quatrième  Küesse.On sait qu'il s'agit d’une pièce contre Hollywood, satire virulente, com me on dit, critique acerbe de la pègre dorée de BeverlyHills. La distribution est extraordinaire quiréunit Ida Lupino, Jack Palance, Wendell

 Les Mauvaises RencontresDix expériences me l'ont confirmé : c’est

d ’un e querelle de génération s q u ’ii s’agit.Les  Mauva ises   Rencontres comble les jeuneset heurte les aînés  po ur   /es mêmes raisons.

Ce dialogue que beaucoup jugent littéraire et irréel, je le trouve, moi, criant devérité, ce jeu que l’on dit faux m’apparaîtd'une justesse incroyable pour un premierfilm.

 Les Mauva ises Renc ontr es  ressemble auxmeilleurs des films q ue no us ayons "vus cetteannée, deux qui ne se ressemblent entre euxque pour ce qu’ils ne ressemblent pas auxautres : Voyage   en  Italie, L a Com te ss e   au x

I d a L u p i n o e t J a c k P a l a n c e d a n s T h e  B ig  Kni fe   de Robert Aldric l i .

extraordinaire tendtease des auteurs pourleurs personnages.

Corey, Jean Hagen, Ro d Sfeiger, ShelleyWinters. Il serait excessif de parler d’académisme à propos de ce Film mais les scrupules d’Aldrich, sa fidélité au texte font qu’àThe Big   Km/e je préfère Bronco  A pa che  ou En Quatrième Vitesse.   L’esprit de T he   Big Knif e   est assez proche de celui de  La  Comtesse aux Pieds Nus   ; une haine forcenée de la vulgarité prim ant l’objectivitépsychologique.

Pieds Nus,  La V ie Cri min elle d ’Ar chib ald  de la Crttz, En 4° Vitesse.  Ce sont des filmsauxqu els il faut aller car ils ne vie nne nt ‘pasà nous et se passent de notre opinion.

 Les Ma utxiises Ren contr as  n’est ni l’histoire d’un fait divers ni un film policier ;sî l’on en pouvait soustraire les scènes quinous ramènent au Quai des Orfèvres, onobtiendrait un petit chef-d’œuvre dont lenouveau titre s’imposerait : a  Scènes de lavie parisienne » ou a Une jeune fille de province à Paris ».

Avant que ne parût « -Un Am our deSwan », Proust était un brillant raté. Astrucest parti à la recherche du temps perdu,

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Anoul t Aimée et Jean-ClaudePasc al da ns .  L es M auvais es 

 R en c o n tre s   d’Alexandre Astruc.

Broder ick Crawford dans  II   B id o n c   de Federico Fellinni.

De l ’équipe de h e A m i c h e : Fr an co F a b r i z z L, MadeleineFisher , Valent ina Cor teze et

Michelangelo Antonioni .

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Saint-Germain-des-Prés, France-Dimanche,soirées interminables et lamentables devantun dry et nous ramène Les Mauüoises Ren-contres.   Ciampi déclare : «  Aüec   Les hérossont fatigués, j’ai voulu donner à ma gé

nération   son  fi lm   ». Astruc, lui, ne déclarerien, mats en tapinois, à la faveur d’unesacrée salade autour d’un livre vendu pour3e ciném a, il don ne à sa génération sonfilm et comme   la satire et Ja charge ne sontpoint de son tempérament, d'un seul coupvoilà justifiés à nos yeux désormais indulgents la faune du Flore et les belles du Montana.

L’arrivée à Paris, la première scène degare, la rencontre dans la librairie, la soirée dans la « jungle », le baiser dans la

4 CV. la seconde scène de gare, autant de,morceaux qui, passé l’éblouissement techni- ‘que de la première vision, nous émeuv ent '' ju sq u’au x la rm es et faci li tent la di sc rimina- 1tion : rien de commun en effet entre la véritable avant-garde et la fausse, il importede ne pas mêler dans un même amour  Le3  Mau va ises Rencon tres  et les sous-produitspara-cinématographiques du genre Mina de  Vanghel,  La confusion n ’est pas le privilègede notre époque, avant guerre déjà on accolaitsans broncher le nom de Duvivier à celui deRenoir.

Comme tout qe qui va jusqu’au bout, L es Mau vai se s Renc ont res  est un film réaliste.

Comme nous l’avions annoncé an début, nous n'avons pas été complets. De nombreux films  ont pa;*sé à Iraüers les^ ma i,les de notre file t. Pou r la  France if aurait  fa llu parler a u s s i de   Les

Héros sont fatigués, cTYues Ciampi, et de  C hien s -perdus sans collier, de Jean Delannoy, qui  complétaient une   sélection tout   à  fa it   honorable et   qui méritaient mieux que ('accueil qui leur a été fait   par le  j^ry. sinon  par le pu bl ic . A leur sort.e proc haine,   nous aurons /'occasion de reparler de ces deux films. La sélection  russe comportaii aussi  Boris Godounov, mise à l'écran sans grande originalité du cé.èbre opéra de Moussorgsfyyf mais impeccable de couleur et musicalement excellente, ainsi que   Vers de nouveaux rivaeres. ouoraB'e très intéressant de Lou\oü,

Moment(BuJ-

ndrze}r'oisjçi irofognej, rtmici per la pelle, de  f fa n c o Ko ssi {Ita lie), ag réab le f i lm sur deux adolescents,  Smetana, de Voclav Krs\a [Tchécoslovaquie) , consciencieuse biographie du célèbre compositeur et   The Deep Blue Sea d’Anaio} Litvacf^ {Angleterre), ceuüre inégale mais attachante et fort bien jouée par Vivien Leigh   et Ken nef h Moore. Enfin annonçons que, dans notre prochain numéro, Lotte   H. Eisner et   Georges Sadoul parleront des très intéressantes  séances de la  <t  Rét ro sp ec tive am éricaine ».

lement excellente, ainsi que Vers   de nouveaux rivages, ouorage très intéressant de d’après le roman d’un célèbre écrivain Letton, tVillis Lacis, Il foui signaler également 

Jean Serva i s dans  L es H éro s so n t fa ti gués   de Yves Ciampi ,

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L E D O C U M E N T A I R E 

A V E N I S E

p a r P i e r r e M i c h a u t

Fidèle à sa tradition — comme à son titre

— d ’Exposition d ’art cinématog raphique, leFestival de Venise accorde une grande place auy différentes variétés du film documentaire et d ’information, aux reportagesde voyage, aux films d ’art, au cinéma pédagogique, au film scientifique même. Cetteannée 22 pays envoyèrent au a  pré-Festi-val » du Documentaire, un ensemble de110 films , au xq ue ls s’ajou tère nt 20, filmsmédico-chirurgicaux. C'est la plus glandeconfrontation existant au monde dans le domaine du ciném a d ’éducation et d ’actionsociale.

Le palmarès établi par un jury spécial aretenu 25 d ’entre eux, répartis dans les diverses catégories habituelles : inform ation,techn iques et travail, géogra phie, sciences,enseignement, art, etc...

Tout de suite est apparue la grande supériorité, cette année, des films de voyage etdes films de techniques industrielles sur lesfilms d’art qui. précédemment, avaient connu une si grande vogue. Le Grand prix a étéattribué au film danois Quand les Montagnes 

 fl ott ent   {Biarne Jen nin gs Hanse n) : grand re-ortage chez les Esquimaux, dont les con-itions de vie pénibles et mê me précaires

sont présentées avec un esprit de sympathieet de compr éhension — et non avec cette<t objectivité » pass able me nt hauta ine et revêche qui s’app lique généralem ent à cev«tqui s'entêten t à négliger les bienfaits de lacivilisation... Nous voyons vivre sous l'igloo

trois générations d ’esquimaux et les scènesrapportées font bien ressortir par leur diversité le caractère simple et primitif maisréellement libre de cette vie. Ces séquencess’accomp agnent d ’épisodes d e chasse enkayaks et de promenades parmi les icebergsau moment du dégel, lorsque les blocs gigantesques minés par l 'eau attiédie basculentà la recherche d ’un nouvel équilibre. Au xprem iers craquem ents le navigateur solitairen’a d’autres ressources que de s’enfuir à forcede pagaie, abandonnant la poursuite du phoque que déjà il visait... Un des enfants devient malade et le médecin appelé du continent l’emmène pour le soustraire à des conditions hyg iéniqu es é videm me nt déj5norab]es...Bientôt une partie de la famille décide d ’émi

 La P êche à l’Es ft adoti   de Vi t tor io de Seta .

grer sur la terre ferme et de profiter des

conditions de relogement et d ’attributions deterres et d’aides diverses offertes par le gou--vernement danois. Mais le vieux grand-pèreintraitable reste sur place et tandis que sesenfants et petits-enfants s’emb arqu ent sansespoir de retour on le voit remettre à flot sonkayak. Le film est sobre, direct, simple, sansrecherche d’effets, très attachant et parfaitement convaincant.

Ce film eut longtemps pour concurrentdans l’appréciation des amateurs Le Monderîüal  (Bert Haanstra ; Grande-Bretagne) consacré à la mena ce des insectes. C ’est surtoutun film de montage ; mais M. Haanstra asu choisir des documents de haute qualitéet d ’une valeur d ’expression. D ’abord il nousrappelle que vivent encore parmi nous nombre d’espèces d ’insectes dem eurées intactes depuis les temps géologiques, et tels qu’on lesretrouve à l’état de fossiles dans la houilleou l’ambre... L’immensité du nombre des espèces et cette pérennité des formes donnerait déjà froid dans le dos à quiconque n’estpas absolument d énué d ’imagination sur l’unedes fins possibles de l’hum ani té... Mais lefilm y ajoute la vie directe des diverses stratégies de l’insecte contre l’homme. Il l’attaque à la fois dans sa santé et dans sa subsistance. Les hécatombes hum aines causéespar la malad ie du sommeil, l’éléphantiasis(aux Indes) et la fièvre jaun e — le film seborne à ces trois cas — sont déjà inquiétantes ; vient alors le spectacle des nuages de

sauterelles, ces myriades à travers lesquellesl’avion exterminateur semble avoir p eine èpénétrer, la vue aussi des ma ndibu les autravail sur les feuilles. Un mo ntag e trèsadroit, un commentaire sobre et direct donnent au film une valeur d ’alarme saisissante.Classé dans la catégorie Technique et Travail, ce film a reçu un Premier prix.

Non moins remarquable et mêm e exceptionnel fut le film Séparation dm sœurs s'a- moises frisonnes  réalisé par les Docteurs deVogel et Varossieau au cours de la mémorable opération pratiquée en juin 1954 par lesDocteurs Straat, Pasma, Brangers et Hagemanà l 'hôpital de Leeuwarden.

L’équipe ciném atographiqu e disposait dedeux caméras qui enregistrèrent dans sa to

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talité le travail des chirurgiens ; un préambule en dessins et schémas animés complètel’exposé par des indications sur la délivrancede la mère et les nombreux examens et études préalables des enFants, ceux notam men tde la circulation sanguine). Une fois l’opération terminée on revoit les enFants désormaisséparées six semaines plus tard, en bonnesanté. Rarement le cinéma n’a mieux montréquel rôle il pourrait jouer comme instrumentde connaissance ; on appren ait, en effet,

Su’il y a quelques semaines des chirurgiense Berlin, avant de procéder à une semblable

intervention avaient .dema ndé commu nicationdu Hlm des Sœurs siamoises  frisonnes  I   Cefilm exceptionnel, uniqu e mê me, tant lesréussites de ces séparations sont rares actuellement, a reçu le premier prix de la catégorie médico-chirurgicale.

Sans songer à entreprendre, ici, l’analysede tous les films primés, et de quelques

autres qui eussent mérité de l’être, nous mentionnerons seulement Quelques ouvrages importants.  La   Mouche bleue  du Dr Thevenard(France) applique à la recherche scientifiquedes procédés cinématographiques spéciauxtrès rema rquables : prises de vues enRayons X.

Important également le 'Bactériophage   (E.Trovatellî ; Italie) : étud e scientifique complète d ’élémen ts invisibles à l'oeil hum ainmais que des prises d'images empruntés aumicroscope électronique et au microscope àcontraste de phase révèlent et permetten td’étudier.

Le * pittoresque industriel » offre au cinéaste ses formes et ses contrastes, confinant aumerveilleux, et qui peuvent être une voie versla pùésie : Sorti du /eu et des f lammes   (PietBuis et jan Moonen ; Pays-Bas) est Un trèsbeau reportage dans les usines sidérurgiquesd’Ymuiden ; le morceau de choc du filmest l’entrée en fusion du fer à 1.800 degréset le ruissellement des premières gouttes demétal liquide... On compte les réussites dansces difficiles prises de vues. Poussières   deGeorges Franju (France) a été écarté du palmarès ; oubli injuste, car cette étude desdan gers ■ des poussières ind ustrielles et desméthodes de prévention — sujet passablementingrat... ! — a été traité par F ranju avec leBens ciné graph ique exception nel q u’on luiconnaît et cette intensité dramatique qui ap

partient bien au sujet mais qu’on rencontrerarement dans ces sortes d’ouvrages... Franjua mis sa griffe sur ce petit film ; mais oncomprend aussi qu’en ce qu’il a d’austèreet de poignant >1 ne pouvait guère plaire àla sensibilité italienne.

Les deux films britanniques Une Vallée   / t i t  découverte  (H. Swingler) et  Les -N ou ve au x explorateurs  (James Carr) tous deux réaliséspar la British petroleum et consacrés auxpionniers de la recherche pétrolière sous toutes les latitudes, est une extraordinaire leçond ’énergie et d ’entreprise, et un bea u témoignage sur l 'homme moderne. Uranium  235aurait dû attirer l’attention du jury, même sile nombre des récompenses dont il disposait

était fort rédu it ; c’est un ex posé clair et

simple des possibles applications industriellesde la force atomique, sans péd antism e nisensiblerie. Plus heureux,  A la R echerc he des  T e m p s   (Max Gérard ; France) a reçu u neme ntion (films didactiques) : l’exposé est consacré aux problèmes de la détermination del'heure et aux installations d’horloges-étalonde Paris : le film, a à la frança ise », allègele sujet en évitant l 'emphase et la cuistrerieet s’ouvre par moments vers la fantaisie etle rêve. On rencontre un peu de ces mêmesattraits dans  Mirac le à Ferrare   (AlessandroBlasetti ; Italie) : visite hâtive si l’on veut,et Fort superficielle, d’usines chimiques de laMontecatini, produisant des matières plastiques à partir de pétrole apporté par les chalands remontant les canaux de la Vénétie etde l’air pompé par un énorme tube ouvertsur le ciel ; le sens du mouvement et de lalumière affirme un grand style cinématographique.

Plus proche, si l 'on veut, de la formuleclassique du Docum entaire, mais anim é,exaité par le sens de la beauté et un espritde poésie authentique, ia Pêche à l’Espadon  (Vittorio de Seta ; Italie) ajoute au pittoresque de l’image celui de l’enregistrement deschants et cris rythmés du guetteur, au hautdu mât, signalant l’espadon, guid ant ethâtant l’effort des rameurs. La co mpositiondu film est plus savante encore, et De Seta(auteur déjà de l’exceptionnel  Ile de Fe u  primé à Cannes) ajoute en contrepoint aux scènes de la pêche celles parallèles de la vieau village :  telles les laveuses au bo rd duruisseau ou la danse des enfants à la rentrée des pêcheurs au crépuscule tandis qu’on

allume déjà les lampes des bateaux qui vontpartir pour la pêche nocturne aux lumières.Brillante réussite égale ment îa Pêche au Tho n (Vittorio Sala ; Italie) est cep en da ntplus apprêté, marq ué d ’une nuance d ’emphase. On connaît le déroulement de cette

Quand les montagnes f lot tent    de B ja rne

Jenn ings Hansen .

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battue au filet, les poissons resserrés progressivement dans la « chambre de mort », sedébattant violemment et agitant l’eau quisemble entrer en ébullition. Les pêcheursavec des crocs de fer les hissent dans lesbarques, sputenant ieur effort par une chanson et des cris que scande le chef qui conduit toute l'opération. Le film est pris alternativement en surface, à bord des embarcations et   en prises de vues sous-marines. A lafin l’eau rouge de sang s’apaise lentem ent,tandis que les pêcheurs, tournés vers un crucifix dressé sut une des barques, psalmodieune action de grâce. Le film a de la grande ur ; et par ses cha nts et ses rites il serattache aux antiques traditions des grandesexpéditions collectives de chasse et de pêchede l’homme primitif dans son angoisse de lafaim. Nous n’oublions pas cepen dant unfilm analogue rappor té par le com man dantCousteau des côtes de Tunisie, pour lequel

l’opérateur s’était fait prendre lui-même parmi les poissons ; le spectacle de cette tueriegigantesque était plus dramatique et l’oncomprenait mieux comment le savant VictorBérard, dans ses fameux ouvrages sur l’Odyssée avait su identifier ces scènes de la vie traditionnelle au tragique épisode homé riquedu massacre des Lestrygons. Seul a _été r etenu au Palmarès le film de Vittorio Sala.Plus détendu, la Chasse an Tigre   (B, Gulin ;U.R.S.S.) accompagne un groupe de chasseurs qui dans les neiges sibériennes se livre  à l’exercice difficile de la capture des tigresvivants. C’est une chasse sans fusils et sanscoups de feu... : le fauve, forcé par leschiens, est imm obilisé par des perches^ enforme de fourches puis lié et immobilisé par

des cordes. On voit l’un d’eux, emmitoufflédans une couverture, porté à bras par leschasseurs et bercé mollement au gré de lamarche... Mais la dernière image montre letigre captif étroitement enfermé dans unecage attendant sur le quai d’une gare, parmiles. bagages, le passage du prochain Transi-bérien...

Il n'v a pas lieu de trop s’étendre sur Orrnr-ru  (Albert Quendler ; Autriche) tourné enAfrique noire, chez les indigènes des montagnes de Sulgo : c’est un peu l’histoired’un mariage et les rencontres et les contrastes de deux peuples voisins mais de raceset de religions différentes. Les scènes reconstituées et « suscitées » abondent semble-t-il,

et le sentiment de l 'authenticité manque. Parcontre cette authenticité ne saurait ?e discuter dans le cas de Fils de l'Eau   de JeanRouch (France) : vaste panorama des mœurset usages des ueuples d“ la Boucle du Nigerdont M. Jean Rouch, ethnographe et cinéaste,a fait son domaine.

Comment ne pas mentionner l’étonnant etravissant Samba d’Hélicoptères  (Gaetano Pe-trosemolo ; Italie), véritable ballet volantmonté sur des musiques de Boccherini et desvalses de Strauss, auxquelles se prêtent l'agilité et la souplesse d ’évolut:ons de ces a pp areils, vifs comme des libellules.

Il y aurait aussi beaucoup à dire, si l’onvoulait, sur une certaine  Hi stoire du C in ém a,  

présentée par la Marine américaine. Repre-

 Le M onde riv al  d e Ber t I l aans t ra .

nant toute l’affaire depuis Léonard de Vinciet le P. Kirscher, et les Plateau et les Rey-naud, nous trouvons soudain Louis Lumièremêlé à cette foule de pionniers et chercheurs,

plus ou moins favorisés par la chance, tandisque enfin apparaissent MM'. Edison et Eastman qui viennent mettre un peu d 'ordre dansces confusions et a inventer le cinéma ». Cetexposé s’accompagne de fragments de filmsanciens américains, tous militaires, r elatifs' àla guerre des Etats-Unis contre l’Espagne àla fin de l'autre siècle : départ des Marines,débarq uem ent aux Philippine s et retour triomphal des vainqueurs.

Pour ce qui concerne le film d ’art, parlerd’effondrement n’est pas excessif : on peutmettre au même rebut les films de peintureconsacrés à  Joh n Pip er   (John Read ; Grande-Bretagne),  M oby Dicl i  (Jerry Wînters; U.S.A.)d’après les illustrations du dessinateur Her-man Melville molles, manquant d’accent et

très conventionnelles ; Goya   (I.A. Block etB. Borg ; U.S.A.) qui feuillette simplement,sans progression ni montage, les albums dereproduction des peintures, dessins, eaux-fortes, cartons des tapisseries dans un désordre qui permet toutes les confusions ettoutes les équivoques ; le  Musee d’Art russe de L,ênigrad   (A. Bratukha ; U.R.S.S.), filmdu type visite de musée, passant en revuedes tableaux accrochés de salle en salle, depuis les remarq uables icônes de naguère

 ju squ’aux pe in tres de s ann ée s 1880 à no s jours, et qu i, du moins , a le mér it e de nousrenseigner encore une fois sur les goûts etpréférences des autorités en matière de peinture. et à leur prédilection absolue pour ladescription et l’anecdote. Et également F A u

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Séparat ion des sœurs s iamoises Fr issonnes   de Vogel et Vnrossieau.

berge Jolifou  (Th. C. Daly ; Canada} d’aprèsles tableaux d un nommé Cornélius Krieghofftrop faibles pour apporter un témoignagesignificatif, à q uelque degré, sur le dévelop

pement des aspects et des caractères de lasociété au Canada ; et Sfanisfat)  Dos pec sk y Pif. Arnaoudov ; Bulgarie) dont les toiles ded’époqu e I960 occup ent les . murailles duMusée de Sofia ; et Rou)/andson (John Haw-kesworth ; Grande-Bretagne) dont le man-

ue d’ampleur et de fond ne réussit pas àonner un portrait expressif de l 'Angleterre

de l’époque napoléonnienne...Emergeant de cette déroute, voici VArchi

tecture de la péninsule sorrentine   (RobertoPa ne ; Italie), fortemen t eng agé dans legenre du film touristique certes, mais empruntant à la beauté des paysages, à l 'originalité des  architectures fortement marquéesde traits mauresques, aux délicates harmonies polychrom es des tuiles des coupoles

d’églises, un attrait fin et élégant. Voici également Fra   j4ngeïico (Paul Haesaert et Arca-dy) sauvé de justesse, en vérité, par l’ultimeséquence où 1on voit la fresque de l'Ascension de la Vierge s’animer, en quelque sorte,et l’image s’élever progressivement dans lebleu du tableau ou du ctel...  L'E trur ie vivante  (Luigi Rog non i ; Italie) était une remarquable revue des rares témoignages subsistant de l’antique civilisation des Etrusques« écrasée sous le talon des légions romaines » : le film n’a pas été retenu par le ju ry sa ns que la raison de cet ostrac isme aitpu être indi. .uée. et peut-être est-elle d ’ordreextra-cinématographique... Une  Mélod ie,  Quatre  pe in tr es   (Herbert Seggelke : Allem a

gne), seul cité dans la catégorie des Films

d ’Art, est beauc oup plus ambitieux : à lafois film de peintures et films d'esthétique,il est surtout un appel adressé aux peintrespour leur suggérer l’idée d’utinser cette tech

nique de l'imag e anim ée pour résoudre leprob lèm e, don t plusieurs se sont souciésdéjà, de la peinture en mouvement. Jean Cocteau, E. W, Nay, Hans Erni et Severini ontparticipé à cette expérience a d ’écriture directe sur la pellicule » ; on a su dep uis cjuele film a vivement intéressé Picasso qui ademandé à Seggelke de venir le lui présenter à Saint-Tropez...

A part ces trois ou quatre ouvrages dignesd ’être reten us le film d ’art a fait paraîtrel’épuisement où l’ont conduit la proliférationrécente des films de peinture et la paressedes réalisateurs qui se sont enfermés dansun procédé.

Pierre Kast, à qui nous demandions récemment s’il reviendrait à ce genre de films,

nous avait ann onc é cette déca denc e : « àpropos d ’œu vres d ’art, nou s disaît-il, il fautaussi exprimer une idée î à partir d’œuvresd’art Incas ou Aztèques par exemple, montrer le path étiq ue d ’un e civilisation assassinée ; ou comme l’a fait Alain Resnaig avecGuemica   laisser entendre ce qu’on pense de]a guerre ; ou comme j'ai tenté de le fairedans  Ja cque s Callo t co rrespo nd an t de guerre  faire apparaître que Callot, par son objectivité absolue devant le  fa it   de la guerre, est lepremier correspondant au sens modern e dumot I Ce sont là des films où ce qu'on a àdire passe avant ce qu’on a a montrer. Cesont des films d’idées en même temps quedes films d’images. »

Pierre MICHAUT.

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F E S T I V A L 

A P U L A

p a r R o b i n j o n J o a c h i mLes Arènes de Pu la

(Photo R. J. Joachim.)

 Noi re am i R..J . Joac him ay an t eu l’occasion d ’assistai' à six des journ ée s d u   premier  fest iv al  cinématographique yougoslave, nous publions ici quelques extraits de.  son journal de voyage. 

 Nous esp ér on s que nos lecteu rs seront   senstfcîes à V hum our très anglo-saxon qui sa déga ge  de cette brève relation,

12 Juillet

J’arrive à Pula avec trois jours de retardet m ’installe au « Riviera Hôtel », le plusmo derne des hôtels de ce petit port surl’Adriatique. Le festival a lieu dans les Arènes de Pu la qui font penser à celles d ’Arleset qui furent construites il y a deux mille anspour des combats de gladiateurs par unempereur romain ; cet empereur aurait étébien étonné si on était venu lui dire que cesarènes accueilleraient un jour douze millepersonnes venues voir des films.

Vicko Raspor, critique local renommé, medit que j’ai raté un film slovene intéressant,Trois Histoires,  réalisé pa r trois jeun es citoyens de Ljubljana, dont Igor Pretn ar quitravailla à Moscou avec Eisenstein. A 8 h. 30

ma première aûirée qui débute par un documentaire yougoslave assez provocant. (Tousles soirs le programme débute ainsi par desdocumentaires venant des six républiques de]a Youg oslavie : Slovénie, Croatie, BosnieHerzégovine, Macedoîne et Monténégro^. Puisvient le long métrage  Dan s les Jours d Anify a de Vla dim ir Pogacîc, sans sous-titres, quim ’a paru confus et qui a été fraîchementaccueilli. A 11 heures, projection, toujourssana sous-titres, des  Dia bo liqu es   de Clouzotavec un commentaire oral qui rendait la vision du film assez pénible.

Je glane quelqu es renseignemen ts sur lecinéma yougoslave. Pour une population de16 mil lio ns d ’ha bi ta nts , il y a. 1.2CÛ salles

dont 600 ne peuvent être qualifiées de com

merciales et ne projettent qu ’une ou deuxfois par semaine. Une seule agence achèteles films pour tous les pays. Le cinéma américain a un représentant à Zagreb, le cinémafrançais pas encore.

13 Juillet

Il n’y a projection qu'en soirée. A la plagede Stojar je discute avec le metteur en scènesoviétique Pronine. J’apprends aussi que lefestival est financé par la cité de Pula et lemagazine hebdomadaire de Zagreb « Vjes-niku srijedu a (Les nouvelles du mercredi), etqu’il coûte environ 45.000 dollars... en réalité vue la faible valeur du dinar il fautcompter à peu près la moitié de cette somme.

Le soir, projection de Moment de décisionde Frantisek Cap, réfugié de Tchécoslovaquie,film qui devait remporter le gran d prix dufestival et qui devait également être présentéau récent festival de Venise . Le film estparlé en slovene que seulement deux millecinq cent personnes environ dans la salie,comprennent, aussi est-il sous-titré en serbo-croate. Plus tard. Cap me parleva des difficultés q u ’il eut à essayer de créer que lquechose de nouveau dans 'e cinéma tchèque. IIétait très ami avec Jiri Trnka qu'il proclamele plus grand cinéaste tchèque vivant.

Deuxième long métrage :  D eux grains de  raisins,  coprod uction gréco-yougoslave avecdes sous-titres serbo-croates. Le réalisateur

Purisa Djurdjevic comprenait-il le grec... et

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donc ses interprètes ? 'Il ne le semble pas.Le film aurait pu être une combinaison intéressante des talents de deux nations voisines.II n’en est rien et le film parut rapidementincompréhensible au public ae î’Arena,

14 Juillet

Lajos Hars, de Budapest, exportateur pourla Hongrie, me parle du succès en Hongriedu Petit Fugiüf   et du Sel de la  Terre,

En soirée  L e ju bi lé de M. IkJ,  de VatroslavMiznica, farce croate quj raconte le cauchemar de M. Ikl, lequel se croit mort et estpersuadé que sa femme est infidèle à sa mémoire. La Marilyn Monrôe yougoslave, LilaAndres, joue avec tempérament le rôle decette veuve légère imaginaire. Ensuite pro ject io n de Touchez pas au Grisbi.

15 Juillet

En soirée,  La Jeu ne Fil le et le Chê ne   dontl’opérateur Frano Vodopivec sera prime ;de fait son sens de la composition dans cesprises de vues des grands espaces dalmatiens,méritait d'êtr e signalé, mais l’histoire esttout à fait infantile. Kreso Golik, le réalisateur qui a voulu montrer des passions paysannes s’est révélé incapable de raconter enimages une histoire toute simple.

Le film suivant Les troupiers du Dr.  M.sur les combats de la dernière guerre, réalisépar Zivorad Mitrovic, ressemble surtout à un

vieux « western » américain. Les « vilains »et les nazis ont de grosses moustaches commeon en voyait jadis dans les productions deRepublic et de Monogram. C’est paraît-il icile type du film commercial et il est déjà ven

du dans certains pays de l’Est.

16 Juillet

Conférence de presse au sujet de  La   RoufeSanglante, coproduction yougoslavo-norvé-gienne dont on se souvient qu’il avait étéretiré du dernier festival de Cannes à la suited ’une protestation allemande. Sont prése ntsle scénariste, Sigurd Evensmo (d’Oslo), le codirecteur yougoslave Rados Novakovié et troisacteurs du film. Scénariste et réalisateurs déplorent en termes assez vifs l’incident de Cannes. Le film qui va être présenté le soir mêmeest exploité avec succès en Suède et dans les

pays qui ont connu l’occupatibn nazie oufasciste. L'exploitation en Autriche, Allemagne de l'Ouest, Italie et Espagne es t   interdite.

17 Juillet

Au jou rd’hui est supposé être le der nier jour du fes tival. Néa nm oi ns  Bad Day at B ïa c \   Rock_  de la Métro est annoncé pour demain.

A la séance de clôture, un tapis rouge estlittéralement déroulé sous les pieds du P résident Tito qui vient occuper sa p la ^ aucentre de l’amphithéâtre de Pula. Dans uneatmosphère tendue est présenté le premier

 L a R o u te sangla nte   de Rados Novnkovic.

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dessin animé yougoslave  Le pet it cha pe ro n rouge, puis une hagiographie filmée :  L a  vie de a Drug   » (camarade) Tito.  Après cesdeux films tous les yeux se portent vers Titoet Mose Pijode, impassibles à leurs places.

Alors vint la première du ÇinémaScope enYougoslavie avec  La Fon ta in e de s A m ou rs  de la 20th Century Fox et de Jean Negulesco.

Après la projection eut lieu la seule réception du festival à la Maison de la Marinede guerre yougoslave, où fut lu le palmarèsen présence des principales personnalités dugouvernement. Je fus très étonné par le nom

bre d’hommes portant des chemises ouvertessans cravates.ROBIN JON JOACHIM.

 D e ux gra in s de ra is in s   (Grèce) de Pur isa

 D jo rd je vîc .

PRIX D’ARENA DECERNE PAR LE |URY DE FESTIVAL ET OFFERTS PAR LA REDACTION  

DE L’HEBDOMADAIRE « VJESNIK U SRIJEDU »

1.  Le Grand Prix d’Aren a avec la médaille d'or et   300.000  Dinars est décernée à Fran tisek Cap pour la réalisation du film   Trenuci odluke (Le Moment de. Décision).

2.  Le Prix d ’Arena, avec la 'médaille d’or e t   100.000  Dinars es t décerné à Slavko Janevsky   pour le scénario du fi lm   Vucja noc (La Nuit des Loups).3.  Le Pr ix d ’Arena, avec la médaille d’or est   100.000  Dinars es t décerné à Frano Voüopivec  pour son travail d’opé rateur da ns le film   Djevojka i hrast (La Jeune Fille et le Chêne).

4.  Le Prix d’Arena, avec la médaille d’or e t   100.000  Dinars es t décerné à Sta ne S&ver pour  le rôle de professeur dans le film   Le Moment dé Décision.

5.  Le Prix d'Arena, avec la médai lle d ’or et   100.000  Dinars es t décerné à Ante Baàaja pour  la réalisation du film de court métrage  Un jour à RijeKa.

6.  Le Prix d’Arena de la ville de Pula. avec la médaille, d ’or et   100.000  Dinars es t décerné  à Tamara Markovic p our le rôle de S mil j a dan s le fi lm   La Jeune Fille et le Chêne.

7. Une médaille d’or est décernée à Bojan. Adamic pour la musique dans le film   Les DeuxPaysans.

8. Une médaille d'or est décernée à Rados Nowtkovic pour la réalisation du film en coproduction norvège-yougoslave  La Boute Sanglante.

9.  Le Diplôme d’Arena est décerné à Oto Denes et Nenad Jovicic pour le reportage fi lm é  en Birmanie  A Cœur Ouvert.

10.  Le Diplôme d ’Arena es t décerné à Ston e Potokar pour le rôle de Tomsic da ns le fi lm   Le

Moment de Décision.

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D E B E R L I N A L O C A R N O

p a r P i e r r e M i c h a u t

Les Festivals de Berlm et de Locarno ontaussi leur intérêt : s’ils ne recherchent pasles « films m onume nts », de l’année, dumoins y trouve-t-on toujours quelques ouvrages curieux et originaux qui, sans ces deuxmanifestations, auraient plus de chancesde rester inconnus. A ses débuts encore, leFestival de. Berlin est le prochain rival des ,« grands » Festivals traditionnels, dès que

l’industrie cinéma tographique allem ande auraretrouvé les voies de sa puissance et éclairci les horizons enco'e limités d u marchéouvert à sa production, Pour le moment,le» conditions spéciales de Berlin, à la fois,et de l’Allemagne occidentale, restreignentasse z étToitement le cercle des invités :l’U.R.S.S. et les Satellites sont exclus et,au prem ier chef, l 'Allem agne 'orientale,ainsi que nomb re de nations d ’Asie etcertaines autres du Nouveau Monde.

Le Festival de Locarno, au contraire, estle plus ouvert, le plus libre, le plus éclectique. D’une part aucune restriction n’estopposée en Suisse à l’entrée d’un film —censurés exceptées — et l’on compte chaque

année quelque 500 ou 600 films venu3 tenter leur chance sur les écrans helvétiques ;d’autre part, en raison de la tradition deneutralité de la Suisse, ce Festival est dégagé de tout souci d’équilibre et de dosage diplomatique : il n’est pas obligé desolliciter ni d’accueillir ces premiers essaisde nations débutantes à qui peuvent manquer à la • fois IVx pére nce et la modestie.Mais on y a vu. depu:s dix ans, un nombreimportant de films qui ont marqué des étn-

es : quelques-uns des metTeurs F^ms deené Clair, de John Ford, de Rossellini, de

Kautn er, de Star dte, du Suédois Sucksdorffet du canadien Me Laren.

Avant tout, les deux Festivals de Berlin

èfc de Locarno-1955 ont offert un tour d’horizon d’une certaine étendue sur la production récente de l’Allema gne — des deu*Allemagnes.

La situation en Al'em agne fédérale s’estincontestablement affermie ; la productionest régulière, les recettes sont considérables et le déficit chiffré à quelque 5 ou 6milliards de francs est finalement assez peupréoccu pant. La concentration horizontaledes entreprises actuellem ent en cours surle modèle de l’ancienne Ufa, suffira sansdoute à l’effarer en balayant certains désordres ; et l’éventuelle réunion des deuxAllemag nes le résoudrait entièrement. Enfait, la Production reste étroitement liée à

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■W Disfribution ; c«r au ciném a c’est laDistribution* ap rès tout, qui détien t •l'argent. Cette- prépondérance du Commerce estgén érale m ent désas treuse ; elle l’a été aucours des années xé«ntes, et les films dela série « Vertes brùyè^es et Tu- tu pan-pan », noce villageoise et ebeeur d’écolièrea,

'e n même temps qu ’i ls rapportaient de sensationnelles recettes, Faisaient morilet I© tou-

ge au front de auiconque en ce pays «oitau cinéma. Mais la production devient meîl-.leure î en face de Munich et de son provincialisme mineur, les centres de Hambou rget de Rhénanie ont pris de l’importance. Plusieurs films intéressants d’une bonne tenuetechnique et artistique, et traitant deg su

 je ts d ’un e port ée « in te rnationale » ont commen cé à modifier la situation ; mêm e l’exportation, jusqu’ici très hésitante, voire franchement réticente, a repris et va se  développer.

C H U T E D E H I T L E R

^La production de l’Allemagne-O uest offred’abord une série de films relatant différents

événements historiques récents, orientés versune conception intellectuelle et politique libérale, tendant à dissiper certaines nostalgiesqui peuvent persister... On a vu à Paris 00'15qui fait ressortir certains aspects d’un militarisme abusif, stigmatisé autrefois par maintsromans de l 'époqUe de Guillaume H, et dontla satire avait disparu sous le nazisme. Canaris (Alfred We îdem ann), grand prix d ’Etat duCinéma allem and -1955, dévoile l 'action duchef du eontre-espionnaee allemand pendantla seconde guerre mond;ale : comprenant lafolie de la continuation de la guerre, il tentede l’abréger en Freinant et détournant l’activité dé ses services. Le sens « second s dece film est sans doute : « Non : ça ne pouvait pas réussir... ! n  Dans le même esprit

' on s’apprê te à tour ner un Film sur S.rese- '■ marin,  un sur  Rat he na ti ,  hommes d’Eta t dela République de Weimar.

Ce qui est arrivé le   20  ju il le t   (Falk Har-nack) retrace les circonstances du complot desgénér aux' contre Hitler en 1944. Le cloute etl’angoisse montent, on voit la rencontre desprotagon istes et l’acte lui-m ême, avec sonmélange d’audace et d’indécision, qui aboutît à l’échec... Certes les assassins de l’archiduc héritier d’Autriche en 1914, en opéran t « à la ma in », mani festaie nt plug d ’assurance et moins de précautions... Su r lemême sujet Pabst , en même temps, a tourné

 L e 20 Ju ill et   q ui- ram asse toute l’action surla journée mem e de l’at tentat et dans le

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he Dern ier Ac te   de AV.-G. Pabst. .

même esprit « objectif ». On en peut rapprocher aussi le Dernier acte,  de Pabst également, réalisé à Vienne, et qui relate les dernières heures vécues dans le bunker tle Bei-

. lin p ar Hitler, e ntouré du petit groupe d eses gén éraux et de ses familiers enferm ésavec lui. L’anxiété et la confusion montent ;tout secours est impossible ; l’armée russeapproche ; Hi‘ler épouse Eva Braun et setue avec eHe... Pabst a fait de l’épisode épouvantable de l’inondation du métro de Berlin,que H it’er ordonna de faire sauter, le symbole de ce délire d’anéantissement.

Cep enda nt au récent Festival de Berlin,c’est le film de Robert Siodm ak les Rats  d’après le roman de Gérard Hauptmann quil’a emporté au referendum des spectateurs.Ce dra me social, assez sombre, transportedan s l’époq ue actuel1e des personnages, lafille-mère, son enfant... Très bien traité parun cinéaste éprouvé, le film est comm andépar l’interprétatio n, peut-être u n peu survol -tée, de Msr:a Schell, b;en encadrée par CartJurgens et G, Kruth. Citons encore le Mùître 

de la oie et de  Tar morf (Victo r Vicas) qu ipose le pathétique problème de la mère d’unenfant infirme mental. Peut-on le tuer ? Lapsvchoin<rie très s'^'e et érr'ouvan^e en estadmirablement révélée par l’excellente actrice Maria Schell, à la fo:s sobre et ple:ne-ment expressive, le sais pourquoi je üîs   fPaulVerhoeve n) fait également la nart très larçeà l’interp Tétatipn de la vedette fêminine_ LuiseUllrich r^ans un rôle de mère nourricière àqui le tribunal repïend. anrès dix ans, deuxorphelins qu’elle a recueillis et élevés...

UInstituteur de campaene Karsten  (HansDeppe). ou’on peut rattacher à la tendancen  V er tes h-uvères et Tu- tu pan-oan m ,on*el’îdylle difficile d’un instituteur de village bel

homme, distingué, violoniste, délicat, etc... etd'une jeune fille de la haute bourgeoisie patricienne de Hambourg à l’époque 1900;aprèsune déception amoureuse éprouvée « dansson monde » — le voile de mariée déjà ppsésûr ses cheveux et qu’il lui fallut retirer —elle se retire à la campagne,.. Le côté « Geor-ges Oh net » de ce mélo est p éseuté  z.vec  un sérieux imperturbable : et sûrement Margot pleurera.

PRODUCTION DEFA

A l'Est, la production de la Défa. en cemoment mêm e, c hange d ’orientation et s 'efforce de devenir p!us attrayante. Finies leshistoires d ’équipe s d'u sine , et de norme à rat-trapper... Po.'e le   montreur de marionnettes{Arthur Pohl) est le récit assez fade de iavie de la fille d’un montreur ambulant enAllemagne du Nord vers 1850 : le film restegourd à toute tentation de la poésie et dufantastique qu’on pouvait attendre et apporteseulement un tableau du pittoresque de 1époque. La curiosité avec laquelle je me preDa-rais à voir  Madem oi se lle de.  Scuderi (ÎLueênJork) avec Anne Vernon et Robert Alexandred ’aorès un conte d ’Hoffman n. a été deçue...L’aventure du bijoutier Cardillac, qui a déjàinspiré un opéra à Hindemith. est transposéesur le plan poHcîer, Ce bijoutier n’aimaitpas se séparer des joyaux magnifiques qu’ilfabriquait : aussi assassinait-il les clients àqui il lui arrivait de les vendre... Toute lapolice de Paris : M. de la Revn’e. Louvois.1 ouïs XIV lui-même, encore à l’étroit dansles salons du Louvre, se nréoccup ent decette affaire : Mlle de S^uderî. qu ’on nesavait pas introduite sî avant d=>ns 'a familiarité du roi, intervient, intercède, détourne

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Cessez de fuir    de Herber t Vesely

l’enquête de la police qui déjà inculpait uninnocent et démasque le vrai coupable... Lareconstitution d’époque est assez sûre (encoreque les suspensions à ressorts d ’acier desvoitures datent seulement du règne suivant)mais une tristesse effroyable pèse sur le film,

sur la composition et l 'interprétation desacteurs imprègne l’air qu’ils respirent. L’am-leur manque et aussi, pour le contraste, lerillant et la grâce des scènes à la Cour,Au x premiè res scènes les décors : Pate-

lier, la rue. les souterrains occultes, les passages dérobés, les portes à secrets, les pansde murs à pivots, semblaient annoncer unecomposition décorative à la Calîgari ; cettepromesse s’évanouît v i t e et l’anecdote, compliqu ée non sans effort, reste _tout à faitimprobable et sans féerie. D'ailleurs, pournous autres, entendre Louis XIV parler enallemand nous paraît impossible !

Il faut citer égale men t Pius  fo rt   que la Nuit  (S. Dudow) d’une technique plus sûre, plusdégagé e, d ’un ton plus fort, sinon réellemen tpersuasif. C’est le tableau de la lutte clandestine d’un groupe de militants communistes allemands dans les usines et arsenau xde Ha mbo urg pen dan t la guerre : colloquesfurtifs, mots d’ordre et tracts. Cette « résistance » manque de caractère spectaculairecar sur chaaue tête pèse la surveillance dela Gestapo. Bien entendu pendant ce tempsla partie se jouait ailleurs et c’est sur unautre plan que la guerre fut conduite à sondénou emen t. D’ailleurs les anim ateurs dugroupe sont arrêtés et exécutés, et c*est letemps aussi où les deux armées géantes desEtats-Unis et de Russie resserrent leur étausur l’Allemagne aux abois. L’esprit de propa

gande dans ce film réside moins dan s lesfaits eux-mêmes dé l’action que dans l’omission de cet élément, tout de même considérable... Rome ville ouüerle  et Paîsa,  par lesque ls l’Italie dès 1945 tenta de « tire r sonépingle du jeu », étaient autrement subtils

et nua ncé s.,. ! La narration, toutefois estsolide, et si l’interprétation du prota gon istemasculin Koch Hooge est un peu insistante,d’une seule pièce et comme a  tout en bois »,par contre celle de la vedette féminine —son épouse dans le film — est plus Hne, plussensible et plausible.

KAUTNER, STEMMLE, JUGERT, IVENS

C’est cependant sur les principaux réalisateurs de l’Allemagne que se concentre l 'attention : Helmut Kautner avait connu après La   Pomme est mûrs   —  De r apfe l ist ab   — degran des difficultés : le film ayan t réussi àinquiéter les censures catholiques et protestantes, les partis conservateurs et avancés,et il avait subi une sorte d’index de près dedeux ans^ ; pour sortir de cet interdit il avaitaccepté l’aventure du  De rn ier pon t,  réalisé enYougoslavie fondé sur une combinaison réunissant Vienne et Belgrade et peut-être aussiZurich,., Le succès du film, d’ailleurs remarquable, soutenu à la fois par la puissancede la mise en scène et par l’interprétationexcellente de Maria Schell. l’a réh abilité ducoup -,  et ce retournement a été-marqué parl’attribution, lors du précédent Festival deBerlin, du grand prix d’Etat du Cinéma alle-mand-1954 ! Kau tner, depuis, -a réussi ladifficile gageure du film  Louis II de Ba oière,  adroit, prudent, subtil, avec l’admirable in-

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 Lett re à plu mes .

teiprétation de O.W. Fischer. Il réalise à présent F Ang elot de Lauvain   d’après une nouvelle de Cari Zuckmayer, Staudte est, aveclui, mais de l’autre côté de la Ligne de démarcation. le meilleur metteur en scène alleman d ; sur les studio s de Berlin-Est il commence ces jours-ci Mère Courage  de Bei't

Brecht pour lequel ont été engagés les acteursfrançais Bernard Blier et Simone Signoret-Suivant de près cette équip e de tête, voiciStemmïe qui tourne  Les Fils du Fo restier  d’après le roman de Peter Rosegger. et Ju-gect, dont K.auVner il y a peu d’années patronnait les débuts, qui va tourner les Rosesde VAutomne   d’après le roman romanesque« Effie Brîest ». Ajoutons que Joris Ivens.le célèbre documentanste, va commencer Tiïl Eulenspiegel  avec — et pour — Gérard Phi-lipe. Ce film, comme  Mèr e Courage  Va êtredans une certaine mesure, sinon une co-pro-duction France-Allemagne-orientale, du moinsun e k pro du ctio n associée a : et l’on a notépend ant le récent Festival de Berlin. îevoyage-éclair d ’une importan te personnalité

du monde des producteurs français , venuerégler le problème des apports et participations, Cette solution habile et sage permettrad ’éviter les su rprises, pseudo-surprises etéquivoques de l’affaire Beï  A m i.  1

CESSEZ DE FUIR; FILM

DE HERBERT VESELY

I] faut encore parle r de Cessez de fuir  (Herber Vesely), film expérimental, futuriste,surréaliste, réalisé nous dit-on, avec une sub-vention gouvernem entale (de Bonn) égale àla moitié du devis, lequel ne peut être infé

rieur à 40 ou 50 millions. Ce film curieux,tour à tour insupportable et attachant, émouvant et déchir ant, pa r les lointains, du désespoir contemporain qu’il fait entrevoir, exclutsans doute toute carrière commerciale rémunératrice ; cette subvention d’Etat est un actegratuit, un a jeu » de mécénat analogue seu

lement à la participation, naguère, du vicomtede Noailles à /  A ge d 'o r   de Bunuel et Dali.

Moins qu’une intrigue Cessez de fuir   est un.symbole. Dans la fuite des apatrides, des personnes déplacées, passant d'u n pays à unautre en quête d’un refuge où vivre enfinleur vie, leur pauvre vie fragile et brèvequ ’abrège cha que jour qui passe, il arriveun lieu, un moment limite :  le confin dudésert, du gouffre, du néant au-delà duquelon ne peut plus avancer... Tel le camion quiemporte les voyageurs s'essouffle soudain ets’arrête de lui-même.,. La route se -perd dansle sable : le village démantelé s’appelle Zéro-continuer à fuir serait quand même rester àZéro. Camus, Sartre se retrouvent à Zéro

avec leur philosophie du désespoir : la morale, le meurtre, l’amour y perdent leur sens,leur signification même.

Il y a peu à retenir des envois de la Franc e,de l’Italie, de l'Angleterre, des Etats-Unis àBerlin et à Locarno : la participation de laFrance y a été excessivement modeste (c'est-à-dire modeste avec excès) : Continent perdu et llalia K   2, grands documentaires, ont sauvé l'honneur de l'Italie à Berlin, et à Locarno ce soin incomba à la Strada,  encore inéditen Suisse.

P i e r r e   M i c h a u t .

(Voir la suite page   60)

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!i« W

P E T I T J O U R N A L  

I N T I M E 

D U C I N É M A

par André Bazin, André Martin,

Fereydoun Hoveyda et Robert

Lachenay

Un coin du plateau des  M auvais es R en c o ntres  v il pa r Hélène J eanbrau .

SNOBISME DEFENDU ; Marty  *  BOUTEFEUX : Article.   10 du Gode d’instruction criminelle, défendant de dire le contraire • INDULGENCES  PLENIERES : trente jours fin de mois.  A to us ceux Qui att endront de 

voir   il Bicîone avant de croire les inepties hostiles des critiques de Venise. A tous ceux et celles qui tricoteront des passe-montagnes et burnous pour nos soldats m MOT DE PASSE   ;  Non, no n et non • A FAIRE : Les Mauvaises Rencontres •  A NE PAS FAIRE   ;  Na nana ga na tamtam  • AFFAIRE BONNE : Nana  <20.250  pigeons)  • TALISMAN : GitanOs et  

 papillon d ’Henri Gruel  • FETE A SOUHAITER  ; St François-d’Assise  (scénariste> : 4 octobre  • FILM DE L’ANNEE ;  (pour le mois de septem-  

' bre) ; En Quatrième Vitesse.

M1ELA1GRE. — Le numéro 19 des Caîuers etu Collège  de Pafaphysique   contient des merveilles. Parmi celles-ci une Orason Funàhre  àC/jiar/of d'André Martel, dont la langue fourche ne manque pas de non sens.

O C/iicrrîof ;

Pisque témort danlèze Urbilux, ifoq teudise  

la mienne nécropite sulla Uthoîomhe  de ta  chipouiUe,   En grossalarmes  qiui dégouleni, de mes globoculcs  è ruizeUent de   m a na-   zîàre

euteupleure, jeieupleure, jeieupleure ; 

Téfèfotit ê ièplurien ?

Tétè Cherlat é tè Chtarlot.

Ceqvseu tapâlîr ceq ueu tutê üétustè, ceqae u  tutê décharntt ;

Ton sorire miêlaigre, ilafondu.

Ton zîeuzociel jleurblusé, ilè hrisu.

Ta bravache corageuse, élè jotiirue.

Ta dandyne de pêdaplat, élè réglu/ 2.

Ta guinille éblouise d\iî zavant Je déluge, elè  mortue.

Ohs qaeiétèho danta dépenaillé 

E Tépabo jord’hui q.aeutoça cédu morti

Suto n cadassuaire onad ic cétètoi : cépavrai  cédu pluCoi.

. . . .{afait poneuüe oeettn ütsslinsélec é des  chattssuràrupins

 po rq ue u le Thé ot )a ch e itea rêce pl e en co ns idère

é ienloge dans sa paradiserie.

 Da ssûr queu iyoa s êq iy é, V.ec les Herl us, oec les Bénheureux de l’Enhaut.

... .J e u m enjouis de üoirioi Vec les Macros-saints, vec les Arcangeles, ioprès du Bomb- dieu.

O Sanchiarlot des AmsrJiches ;  ...........

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Belle objectivité pata physiq ue ! A cela prèsque le goût de Chariot pour les a poneuve »et les « tfiéovacheg » n'est pas aussi neufet étonnant que paraît le croire notre poète.De ses premiers films de la Keystone auxRéceptions à la Préfecture de Police, Chaplin,malgré toutes les rouspitences et les viraigresne pense qu’à ses Elections. De tous les au-manismes, le sien est un des plus truqués etdes plus verreux. Ce qui n’enlève rien à sonimmense génie virtuose. — A.M.

C'est dans ce wagon que nos collaborateurs  Chabrol et Bitch ont pris le chemin de la- gloire. Vu l’angle de prise de vue, seuls les lecteurs an regard perçant pourront distinguer nos chers rappelles accroupis -près de 

la porte.

CINEMA E T DELINQUANCE. — DansFrance-Dimanche,   une enquête d’André La-rue sur les rapports de la délinquance juvénile et du cinéma ouvre de nouveaux horizons sur cette question pourtant bien rebattue.

Le Cinéma tient une grande place dans l'ac- iioîté de ces bandes .  Il n ’est pas qu es tion de1 influence qu e certains films peu ven t exercer  sur les adolescents. Il s’agit d’un autre aspect  de la question. Le cinéma de quartier sert, le sotr, de lieu de réunion aux   membres d’une  bande. Les parents de ces garçons les ont  laissés sortir ; ils savent qu’ils rentreront   asseztard et ne s’en inquiètent pas. Les deux conditions favorables au mauvais  coup soni rem

 pl ies  : réunion de la bande et permission de  minuit...

 A .   M.

25 Septembre* CURIEUSES RENCONTRES. — A pro

pos des Memuatses  Ren co ntres,   Guida Aris-tarco écrit dans les LETTRES FRANÇAISES : a...nous sommes bien  loin ici de fœuore e t des  recherches réalistes qu’un tel thème imposerait, de ce qu’a su faire par exemple Le Cha -nois dans  a Sans laisser d’adresse »-

Sachant qu’Aristarco passe pour être leBazin du cinéma italien, on préfère ne pasdem and er qui en est le Chauve t I R.L.

27 Septembre

* a PAUVRE BELGIQUE ». — Extrait dela « Lib re Belgiq ue » : «  Il fa;ut être av eu gl e  ou   fermé au   cinéma pour ne pas voir que  Le Pain Vivant offre une extraordinaire rigueur de style et que Jean Mouselle est la

 personnalité la plu s in téress an te qu e no us  ait révélé le cinéma français depuis Bresson   ».En guise de commentaire, répétons seulementaprè s Baudelaire : Pau vre Belgique ! — R. L.

29 SeptembreLe numéro spécial des Cahiers, consacré à

Hitchcock porte déjà ses fruits. De récentesrecherches sur le roman policier m'ont eneffet permis de découvrir un texte que jem'empresse de verser au dossier.

Un critique du Times littéraire  (25 février1955) dans un article consacré aux « romansde poursuite et de suspense   » rend un hommage inattendu à Hitchcock et nous le donnepour le précurseur de tout un mouvement littéraire qui a produit les meilleurs romans policiers et de suspense contemporains.

Parlant de John Buchan (auteur des 39 Marches} et du chapitr e dans leque l Hann ay,déguisé en simple soldat, est empêch é decapturer Ivery pendant un raid aérien surLondres, par des policiers militaires qui l'arrêtent comme déserteur, le critique du Times littéraire   écrit :

a Ce dernier épisode aurait pu être imaginé par M. Alfred Hitchcock, dont les premiers films parlants onl fait singulièrement  progresser la  fo rm ule de Buch an   (ce n’est pas 

 pa r co ïncidence  q>Ue la plus effectif de   ces fi lm s éta it basé, quoi que d ’une man ière pe u  reconnaissable,   sur les   T ren te-n euf Marches) ;à travers leur influence sur Mr. Graham Gree- ne, les films de Hitchcock ont été en quelque  sorte îes précurseurs visuels de tout un nouveau mouv emen t littéraire. M r .  Hitchc ock  avait lui-même   sans conteste beaucoup appris 

des film s muets produits en France et en   A ll em agne du ra nt les   années qui suivirent la guerre de  1914-1918 ; tout   comme  M. Gra ha m  Greene et Sir Carol Reed,   à leur tour, eurent 

  Jif-

Quelques films publicitaires et les Fables de La Fontaine de Jean, Images mis à part,  la réalisation de film d'animation en France  s'est révélée comme IMPOSSIBLE. Henry GRUEL semble cependant avoir résolu le 

 problème avec des découpages an imés réalisés  à  part ir de dessins d'enfants . A  Martinet Gaston succède  Gitanos et Papillon qui, acheté par Walt Disney est projeté avec La Grande Prairie.  Deux autres fi lm s vo nt  être bientôt terminés :  Le Voyage de Baüa-bou et   La Rose et le Radis.

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En Tchécoslovaquie Eduard HOFMAN, le réalisateur du   Petit Tramway, du   Manteau de l'Ange, de   Lenora et des  Contes de Capek va bientôt  terminer   La Création du Monde où s’animent les personnages du dessinateur français Jean Effel.

beaucoup à apprendre de lui. A insi le Fan- iomas des sériais de Feuillade, av.ec sa sinistre cagoule et son maillot collant, échappant  comme une anguille dans les sombres labyrinthes des égouts de Paris s'est trouvé re

 flé té ,  irais décades plus tard, dans la lourde  silhouette vêtue d'an manteau no ir de Harry 

 L im e co uran t à travers les ég ou ts de Vie nn e.  Commjs aussi le personnage de Sir Marcus,  'le pervers roi des armements de   A Gui forsale, rappelle vaguement   « /’espion » de Fritz 

 Lar tg da ns son rôle d e fina nc ier vé re ux ,  Ma-buse, le joueur ef sa sutfe Le testament duDr. Mabuse,  po ur   ne nen dire des  Espions

 pr és en ta ient une étr ange   qitiaîifé allégorique à la façon des cauchemars kafkaïens et, par  Une  juxtapos iti on   ironique du décor et des situations préfiguraient la tradition Hitchcock- Gree ne : un informateur poignardé à mort  dans un taxi pendant un embouteillage alors que les klaxons continentaux couvraient ses cris ; la blanchisserie  à Vapeur au plancher  vibrant, servant de repaire aux faitx-mon-  nayeurs ; l’espion, dans son personnage de  clown, tué durant tin duel avec la police en  

 pr és en ce d ’un pu bl ic d ’en fant s  ».

F. H.

DONJON. — Les rappelés s'en vont unpar un, seuls dans leurs trains. Les meneursde la gare de Lyon sont enfin oubliés dansun donjon. Cela ne concerne plus persônne.Reparlons Cinéma.

12, 13, 14, 15, 16 septembre

VARESE. — En quit tant Venise je me suisrendu à Varèse où j’étais invité à participer ausecond festival tenu dans cette charmante ville

nichée au milieu des lacs. Plus que d’un véritable festival il s’agissait d’ailleurs de « rencontres internationales » ou si l’on veut encored’un Congrès ayant pour thème les rapportsde l’art et de l’industrie dans le cinémaet la collaboration internationale. O n sesouvie nt peut-être qu il s’agissait alors dedébattre du néo-réalisme et que venantaprès le Congrès de Parm e à tendancepara-marxiste celui de Varèse visait à faireentendre le son de cloche de don Camillo.Il faut savoir qu’en Italie Tourisme et Cinéma vont de paire sous  l ’égide d’un mêmeSous-Secrétariat à la Présidence du Conseil.Le festival Varèsain est une manifestation deI'Off ice touristique local, c’est-à-dire de ceque serait en Fran ce le Syndicat d ’initiative

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mais qui représente ici une activité beaucoupplus notable. Comme l'an dernier, il n’étaitguère douteux que le Congrès de Varèse serait plus ou moins officieusement d’inspiration gouvernementale, c’est-à-dire démocrate-

chrétienne. D'autre part le thème art-industrie dans la collaboration internationale ouvraitsur des perspectives nettement « européennes » dan s le sens strasbourgeois. En faitpour les organisateurs l’accent devait être surtout porté sur le problème de l’extension desaccords de coproduction aux principaux paysproducteurs d’Europe occidentale.

Cela dit pour éclairer le back ground politique des rencontres de Varè se ii convientmaintenant d’indiquer les facteurs qui jouaiente n faveur d’un élargissement de leur horizon. D’abord depuis la nomination du nouveau sous-secrétaire d ’Etat, M. Brusasca, eiiremplacement de M. Scalfaro, le climat ciné

matographique italien s’est très sensiblementdétendu. Dans le domaine de la censure enparticulier, chacun, jusqu’à l’extrême-gauchey compris, s’accorde à faire au nouveau responsable du cinéma une confiance au moinsprovisoire. 11 est notable aussi qu ’à Venisepour la première fois depuis plusieurs annéesaucune pression gouvernementale même indirecte ne semble avoir interféré dans les délibérations au jury. Symétriquement, si j’osedire, a  l’esprit de Genève » a joué en faveurde Varèse. Plusieurs des participants au moinsà titre d ’observate urs étaient des collaborateurs de notre confrère Cinéma Nuooo   qui patronnait l’an dernier le Congrès de Parme.

Maintenant je serais bien en peine de vousrésumer ce qui s’est dit pendant ces cinq jour s. D ’abord pa rce qu e le su jet n ’est pasdans le circuit de mes réflexions naturelleset que j’ai écouté la plupart des conférenciers avec une déférence appliquée mais incompétente, ensuite (et d’autant plus) parceque le truchement des traductions par casque réduisait les communications à une sortede charpie intellectuelle qui laissait à l’oreillel’illusion de comprendre mais ne parvenaitpas à pén étrer l'esp rit ; enfin, et surtoutpeut-ê tre, parce que le style critique italienest décidém ent bien différent du nôtre. Detels congrès seraient impensables en France,On en tient chez nous sur des questionsscientifiques très spécialisées, il existe aussides congrès politiques, mais l’idée de réunirquelques dizaines de producteurs, metteurs enscènes, journalistes, professeurs et députéspour disserter en plusieurs langues cinq joursdurant des rapports de l’art et de l 'industriedans le cinéma est certainement hors de question.

Quelque chose me frappe de plus en plusdans la vie intellectuelle italienne du moinsdans tout ce qui touche, en un sens trèslarge, à la critique. C’est ce que j'appelleraison côté allemand. Qu’on me laisse préciserimmédiatement que je ne mets dans l’épi-thète aucun sens péjoratif à priori. Je veuxdire par là d ’abord une croyance à la critique

comme telle, une confiance absolue dans la

réflexion méthodique et surtout dans son appareil extérieur. Ce n ’est qu ’en Allemagne:que j'ai vu faire un pareil crédit aux conférences successives considérées comme forme:valable de discussion. J’ajoute que le contenu et le style de ces communications ont.aussi volontiers la structure théorique et abstraite de la critique philosophique allemande.D’ailleurs en Italie également la moindre compétenc e particuliè re vous vaut le titre de« Doctor ». J’ai ma inte nan t de nombreuses,relations et de bonne amitié parmi la critiqueitalienne et notam men t la jeune critique.Q u’elle ne m ’en veuille pa s si j’essaie de d éfinir ce qui me semble distinguer cette critique de la française. En un sens c’est lesérieux (en faveur de l’Italie), en un autrec’est un didactisme qui fait songer au styleuniversitaire. C'est un peu comme si toute lacritique italienne était professeur de quelque,chose. L’humour est quelquefois dans le fond,

il n'est jamais dans la forme. En France envérité la critique n'est pas un genre, chacunla pratique à sa manière. En Italie commeen Allemagne elle constitue vraiment une catégorie de l’activité culturelle.

Mais cette comparaison avancée il reste àla corriger immédiatement par un aspect heureusement opposé au tempérament italien. Sitout ce qui touche à la réflexion adopte une

 James Stew ar t est , avec Ju ne Allyson, la vedette de  Stratégie Air Command,  }i lm en Technicolor et Vistavision, mis en scène par   Anth ony Mann. Ce Hlm porte à l'écran une  histoire romancée de Vannée aérienne la :plus p uissa nte e t la plus secrète des Etats-  Unis.  Stratégie Air Command a été présenté  au Théâtre Para7nount, le 6 octobre, au  cours

d’un gala d’avant.première.

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Cette image prise il y a quelques jours dans   uni camp militaire, dont nos lecteurs comprendront que nous taisions le nom, prouve s’il en était besoin, que les jeunes critiques cinématographiques savent porter l’uniforme  « sans affectation   n i raideur   ».  Les in itié s re connaî

tront au premier rang  (comme au cinéma) le sergent Chabrol et le brigadier Bitsch.

démarche méthodologique de style allemandcelle-ci s’insère dans un contexte pratique destyle absolument italien, je veux dire sceptique, courtois et bôn enfant, Qui se bornerait à lire la sténographie des communicationsfaites à Varèse aurait certainement l’idée la

plus fausse du véritable climat de cette manifestation où régnait en fait la plus totalefantaisie. Une hospitalité généreuse et discrètelaissait à chacun une grande liberté d ’emploidu temps en dépit d'horaires très théoriques.J ’en parle d ’autant pltis objectivement que j’ai été parm i les pl us fidè les au x « amphis »du matin. Mais personne ne m’en auraitvoulu de préférer le sommeil ou les promenades au bord du lac. Le contraste entre cettecompréhension fort détendue des charmes del’existence et le style adopté dès qu’il s’agissait de parler en public demeure pour moil’un des problèmes de la civilisation italienne,

Tou t de mêm e, et pour en revenir au fonddes rencontres de Varèze qui mériteraient

assurément bien davantage que ces quelquesréflexions marginales il est évident qu’ellesont marqué l’importance accordée à Texten-tion des accords de coproduction et celad’autant plus que les Américains avaient misà Venise leur veto à la proclamation de l’accord Franco-Italo-Allemand, base triangulairede futurs accords européens plus vastes. Cetteintervention avait jeté quelque émoi et Varèse arrivait à propos pour permettre auxreprésentants des producteurs allemands, français et italiens de réaffirmer leur détermination d’arriver à un accord.

Des nombreuses communications entendues je re ti en dra i en tous cas une   formule que jetrouve admirab le de simplicité et qui meparaît définir parfaitement les rappo rts de

l’art et de l’industrie dans le cinéma. Ce bonheur d’expression est dû à M. Lombardo, jeune producteur italien pour qui Fellini a justement tourné i l Bidone.  « Pour nous producteurs, a-t-il dit, l’art dans le film n’est pasla fin, c’est un moyen. » Un moyen naturel

leme nt parm i d ’autres et nullement . néce ssaire, Je m’étonne encore en l’écrivant dela légitime et inépuisable exactitude de cetteformule après laquelle tout me paraît dit.

Je suis allé voir dans un petit cinéma deVarèse  Les Sept Sa mo uraïs  que je n ’avaispu voir à Venise l’an dernier, [j est étonnant que lë film ne soit pas encore sorti enFrance car c'est sans doute l’un des plus,-£Om-merciaux de la série Samouraï. Certainementle plus public après  Ra sh om on   dont il n’estpas sans avoir du reste à la fois les qualités

et les défauts. Maïs mo n propos n’est pasd’en faire la critique anticipée, je veux seulement signaler à son propos le problème dudoublage en Italie. J 'ai vu ce film japonaisdoublé en italien — relativement bien aoublédu reste — ce qui peut paraître un comblesi l’on considère la musique des langues respectives. Mais il n’existe pas en Italie de pro jections co mm erciales de fi lm en ve rs ion originale. D 'où vient q u’à Ve nise trois filmssur quatre sont sous-titres en França is 1 E,neffet un sous-tïrage en italien revient à gâcher une copie, celle-ci serait rigoureusementinutilisable sur l’ensemb le du territoire. Cesont des choses qu’il est bon de savoir pourmesurer notre privilège de Parisiens qui pouvons juger d’à peu près tous les films étran

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gers dans leur version originale. Le cinémaaméricain, et l’italien lui-même, auraient-ilsle même visage dans notre esprit si nousne le connaissions qu'au travers des versionsdoublées.

*sÿ

Je parle avec un confrère des  A n ^e s du  Péché   q u ’il n’avait pas encor e vu. J irai levoir me dit-il pour le Vendredi Saint. L'intention m ’étonne. 11 m ’explique alors qu ’enItalie le Vendredi Saint est le jour faste descinéphiles, en effet les salles de spectaclessont fermées sauf à donner des programmessacrés ou à tout le moins jugés édifiants.Dans le domaine cinématographique l’absen

ce de femme dans la distribution peut êtreun alibi suffisant. D’où la possibilité de revoir tel film de guerre italien datant du fas-cisme. Jusqu’à l 'année dernière le fonds principal de la distribution était constitué par

Gcîgotha  de Duvivier que chacun connaît icipar cœur. Néanmoins comme le choix mêmelargement interprété demeure limité, le Vendredi Saint est l’occasion de ressortir pourun jour maints fonds de tiroir des distributeurs jugés impropres à l’usage commercialnormal mais qui font le bonheur des connaisseurs. Aussi le Vendredi Saint est-il consacré pour ceux qui aiment le cinéma à uneconsommation massive de films qu'on ne saurait voir en d’autres circonstances.

ANDRE BAZIN.

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L I S F I L M S

Lucia Bosé et Alberto Closas dans  La Mort d’un cycliste,  de J.-A. Bardem

NAISSANCE DE JUAN

MUERTE DE UN CICLISTA (LA MORT D’UN CYCLISTE), film espagnol deJuan Antonio Bardem. Scénario et dialogues :  J.A. Bardem, d’après une histoirede Luis F. de Igoa.  Images  Alfredo Fraile.  Musique :  Isidro Maiztegui.  Décors : Enrique Alarcon.  In te rp ré ta tion :  Lucia Bosé, Alberto Closas, Otello Toso, CarlosCasaravilla, Bruna Corra, Julia Delgado Caro. Production :  Guion P.C., SueviaFilms-Cesaro Gonzalez (Madrid), Trionfalcine (Rome), 1955.

J. A. Bardem a trente-trois ans. Onentendit parler de lui pour la premièrefois, hors d’Espagne, à l’occasion de

 Bienv enue M .  Marshall   dont il avait

signé le scénario avec Berlangua.  La

mort d’un cycliste  est son quatrièmefilm, après Esa pareja feliz (Ce couple heureux)  (1952), Comicos  (1953), quenous allons voir bientôt au Cinéma

d’Essai et Felices Pascuas  (1954). On

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pourrait s’étonner qu’un talent aussiparticulier et aussi peu conformisteait pu s’exprimer ainsi avec une relative abondance et une relative liberté,

alors qu’en Fran ce un Astruc, pa rexemple, a dû, malgré le succès du Rideau cramoisi,  attendre des annéesavant de pouvoir réaliser  Les Mauvaises Rencontres.  Mais telles sont lescontradictions et les hasards de l’Espagne d’aujourd’hui, que la productioncinématographique y est, en fin decompte, assez facile.

 La mort d’un cycliste   est une œuvregrave, convaincue, attachante. Elle ades défauts qui sont moins ceux de la

 jeunesse que ceux d’un tempéra menten contact (jusqu’ici) trop spasmodi-que avec l’extérieur cinématographiqueet qui y a puisé des influences de façontrop hétéroclite sans avoir pu suivrede près l'évolution des écoles et discerner exactement ce qui est déjàdépassé de ce qui est encore valable.Mais Bardem est bien de cette nouvellegénération de cinéastes qui procèdentdu cinéma et de rien d’autre ; et c’estcela d’abord qui compte.

* *

Une jeune femme de la sociétémadrilène, Maria José, trompe sonmari Miguel, riche industriel, avecJuan, son ancien fiancé qu’elle avaitoublié pendant la guerre civile. Ilscachent leurs amours dans une auberge isolée. Au retour d’une de cesescapades, leur voiture renverse uncycliste. Juan veut lui porter secours,mais Maria-José, par crainte du scandale, l’en empêche. Le lendemain ilsapprennent par les journaux que lecycliste est mort. La peur d’être découverts, doublée chez Juan du remordde sa lâcheté, naît en eux : peur dela police tout court, peur du scandale

social si leur liaison était découverte.Un critique d’art quelque peu maîtrechanteur, Raffà, a l’air justement d’ensavoir long sur eux. La tension monteentre Maria-José, Juan, Miguel etRaffa, mais ee dernier ne soupçonneque la liaison et Maria-José est ainsirassurée qui sait que son mari lui feraconfiance sur la fidélité. Pour ellel’histoire est terminée, tout peut continuer. Pour Juan le drame commence :divers incidents (dont l’injustice qu’ilcommet à l’égard d’une étudiante àl’Université où il est chargé de cours),lui font gravir les différentes stations

d’une « passion » au bout de laquelleil n ’y a pour lui qu’une issue sa lvatrice :aller se dénoncer à la police. QuandMaria-José est persuadée que rien ne

pourra l’empêcher d’accomplir cet acte,elle préfère le tuer elle-même, én le renversant avec sa voiture. Quelques kilomètres plus loin, elle trouvera elle-même la mort en voulant éviter uncycliste.

Ce résumé rend mal compte des qualités et des défauts de ce scénario. Défauts ? Des complications inutiles quibrisent la ligne d’une œuvre que l'onaurait voulue plus pure, marchant plusdroit, inexorablement vers son but final. Qualités ? Celle de peindre avecsévérité une certaine bourgeoisie richedont Tégoïsme est un des multiplesscandales de l’Espagne d’aujourd’hui,celle d’avoir inséré la psychologie d’undrame particulier dans un contextesocial, psychologie qui re joint ' et seconfond de plus en plus avec Jecontexte au fur et à mesure que sedéveloppe la prise de conscience duhéros.

La mise en scène de Bardem, richede recherches et d’habiletés techniques,révèle des influences : Visconti (deObsession!),  Antonioni .(de Chronique d’un amour ) et aussi des Américains :Welles, Hitchcock, etc. Excellentes in

fluences, si leur juxtaposition ne s’opéraient Pas parfois un peu laborieusement. Le film eut gagné en rigueur eten émotion s'il avait été romanesque-ment plus flou, moins mécaniquementconcerté, plus maladroit aussi. L’abondance des « effets » donne une certaine froideur à un récit que l’on aurait aimé à la fois plus sobre et pluschaleureux. Le montage est à cetteimage, qui fractionne sans cesse lescrescendos dramatiques par des actionsparallèles.

La première fois où j’ai vu ce filmil n’avait pas de sous-titres. L’incom

préhension de la langue, et donc desdétails du récit, plongeait pour moil'action dans une sorte de brouillardinsolite qui se dissipe trop quand latraduction (même fragmentaire) desdialogues permet soudain de s’orienteravec plus de précision.

Mais il serait injuste de se plaindre.A lui seul Bardem est tout le cinémaespagnol. Je ne ferais pas ces réservessi son œuvre n’avait cette importanceet si ce film n’avait autant de résonance et de singularité. Libre à moisans doute de préférer peut-être Co-

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trois flashes sur Mike ouvrant brutalement une porte, trois plans encore surl’écrasement de Nick par une voiture(1) ; je pourrais multiplier les exem

ples. Le temps de projection en arriveà dépasser la réelle durée du fait montré, qui se grave indélébile dans notremémoire.

U faudrait reparler d’Orson Wellesdont l’influence sur Aldrich a étégrande. Moins flagrante que dans

 Bronco Apache,  elle se retrouve encoreici : même conception du cadrage,l’image n'é ta n t plus délimitée maisorganisée par rapport à son centre,même utilisation du plan-séquencesuivi d’une avalanche de plans trèscourts. La meilleure référence dont

nous disposions est  La Darne de Shanghai :  il faut admettre alors que Wellesest égalé sur le plan formel (2).

Aldrich, phénomène de la caméra dontl’imagination visuelle n'a d’égale quel’assurance, n’arrête de nous étonneret de nous plonger dans la plus totale

perplexité (3). Pour lui, plus de lois,plus de tabous : les plans peuvent êtreaussi vertigineux que diamétralementopposés, impossible n'est pas américain. Il nous fait assister à la lutte implacable du blanc sur le noir : massesd’ombre qui s’entrecroisent ou se heurtent, zébrées d’éclairs blancs. Désintégration du montage, explosion del’image : voilà le premier cinéaste del’ère atomique. D’ailleurs, écoutez bien:

 je vais pronon ce r quelques mots, inoffensifs mais très importants ; essayezd’en saisir la signification : «  M anhattan Project. Los Alamos, Trinity  ». Voilàla clef de Kiss me Deadly.

Ch a r l e s   B i t s c h .

(1) Le chiffre trois semble avoir une importance aussi grande pour Aldrich que pourRenoir. On ne pourrait compter les plans, les gestes, les phrases qui se répètent trois fois.

(2)  Peut-être prendra-t-il sa revanche avec  Monsieur Arkad in   dont les échos de pressesont fort alléchants.

(3) On en arrive à tenir des raisonnements de ce genre. Dans une scène de rue, troisplans se suivent à bref intervalle avec, dans le cadrage, une horloge lumineuse marquantsuccessivement 2 heures 10, 2 heures 15 et 2 heures 20. Si la script avait fait son travail, lagrande aiguille devrait avancer d’une minute au maximum. Déduction logique : l’horlogea été oubliée et ces trois plans, assez savants, ont été faits en dix minutes, ce qui tient dutour de force. Mais cette pendule est vraiment trop mise en valeur : ne serait-elle pas plutôt coupable de faux témoignage, Aldrich ayant lui-même ordonné le décalage de l’heurepour  fa ir e croire   qu'il avait tourné les trois plans en dix minutes ?

Max ime Cooper . Gaby Rodgers .les deux « int roducing » de Kiss Me Dea dly ;  pour l ’une comme pour l ’ au t r e Rober t

Aldr ich a été sans pi t ié .

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L’ÉNIGME DU SPHINX

H I S T O I R E D U C I N É M A É G Y P T I E N  

II

p a r M a u r i c e - R o b e r t B a t a i l l e

MELODRAMES (Suite)

Le scénario de  Darb el Kadar {Coup du Destin),   écrit, réalisé et joué en 1947par le prolixe Youssef Whaby, avec comme partenaire l’actrice Leïla Mourad (6),ne mérite guère plus d'intérêt. On y voit une fille-mère devenir amoureuse dufrère de son ancien amant, liais ce beau-frère, riche fonctionnaire, est marié.La situation se complique encore car le père de l’enfant, un peintre misérable,revient de Paris où il était allé poursuivre ses études. Après de bien violentespéripéties, la femme légitime du fonctionnaire décédera, de même que le père ingrat.La jeune femme et son second amant pourront alors s’épouser.

Prenons un autre exemple de 1946 :  Bannai el R if (Fille de la campagne)   oùnous voyons un bey violer la fille de son gardien au cours d’une partouse. Le lendemain le misérable accuse l’enfant de lui avoir volé une bague qu’il lui a donnée

la veille et il fait condamner 1innocente.Le temps passe. Plusieurs années après, le bey, devenu président de tribunal,doit juger un homme qui n ’est autre que le produit de son ancien forfait. Dévoré par‘les remords, le bey s'accuse et, pour réparer ses fautes, il va rechercher la mère deson rejeton, devenue prostituée !

On pourrait citer à l’infini ces mélodrames de Youssef Whaby dont le succèsne se dément pas auprès des générations aînées. Bon an, mal an, Whaby en offreun ou deux à son fidèle public. Il s’agit généralement de la conservation sur pellicule des ceuvres théâtrales écrites par cet homme courtois et courageux qui, avecune grande volonté et beaucoup de sincérité, travaille à une tâche ingrate ; la formation artistique d’un public encore fruste parce qu’il n’est jamais passé par l’écoleou si peu qu’il faut lui parler de sentiments simples avec des mots clairs.

MUSIQUE, MUSIQUE, MUSIQUE

La comédie musicale  Leilet el Eid (Soir de fête)  produite et imaginée par AmvarWagdi, mise en scène par Helmi Rafla et jouée par l’entraînant trio composé de labelle Cbadia, de Choukoukou et du comique Ismaïl Yassine, surnommé le « Fernan-del égyptien b, fut présentée à Paris, au studio de l’Etoile, en 1950.

(6) L ’actrice d ’origine juive Leila Mourad fut dénoncée en 1952 pa r des Syriens, qui l ’accusaient d’avoir entrepris un voyage en Israël et versé 50 millions au gouvernement deTel-Aviv. Le ministère Neguib réfuta toutes ces accusations. Dans l’intervalle, les filmsoù paraît Leila Mourad furent boycottés. Près d’Alger, un distributeur se vit dans l’obligationd’en retirer un de l’affiche, les spectateurs ne venant plus.

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El Sabr Ganril  (1951) de Nia zi Moustapha.

Pour la première fois, une ceuvre égyptienne figurait à l’affiche d'un cinémaapprécié des cinéphiles. Son succès, malgré un renfort de publicité, fut assez médiocre et un critique de « L ’Ecran Français » écrivit, sous le titre : « Un monstrecinématographique » :

« Ce rossignol d’Orient a le bec de Fernandel, la voix de Deanna Durbin, lesplumes à la française et les pattes des Marx Brothers...a Toutes les vulgarités du cinéma mondial ont été soigneusement compilées

au cours de cette histoire d’une jolie chanteuse qui finit par épouser un fils depacha. »

Le film ne méritait guère mieux que cet accueil. (7).Voyons un autre divertissement musical,  Ahlam el Shabab {Rêves de jeunesse). 

Son action, située principalement dans une boîte de nuit où s'élabore une très banaleintrigue amoureuse, est souvent et sans raison interrompue de manière à nous faireapprécier les charmes apparents de la belle danseuse libanaise Tahia Carioca, la voixdu chanteur de charme Farid el Attrache qui module ses propres œuvres, et celle desa sœur Asmahane disparue depuis dans un tragique accident.

C'est  Ahlam el Schahab  qui, en Ï942, consacra Farid el Attrache comme lesuccesseur d ’Abdel Wahab. Celui-ci fut, pendant plus de vingt ans, et demeureencore, l’idole n’est pas trop dire, du septième art égyptien. Ses films racontent àpeu près toujours la même histoire d’un amour contrarié ou impossible par suitede la' différence de classe et de richesses entre les deux amoureux, mais Abdel Wahab

(7) Voici, à titre gracieux, un exemple de la publicité faite en Algérie à un film égyptienoù se produit le comique Ismaïl Yassine.

« L’Egypte a réussi parfaitement El Batal,  digne d’être comparé aux inoubliables comédies américaines, teles que  M. Smith au Sé na t , et même aux chefs-d’œuvre de CharlieChaplin. Ismaïl Yassine a toujours été consacré le « Fernandel égyptien ». Là il atteint leparoxysme du talent de Chariot. »

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Sain ia Gamal dans El Wahche (Le Monstre)   de Salah Abou Seif .

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 H a ya w a M ou t   (Vie ou mort) .

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DEPUIS LA REVOLUTION DE 1952

Le mouvement révolutionnaire s'est intéressé très tôt à l’avenir du cinéma égyptien. Si le recul n ’est pas suffisant pour que les effets de certains conseils ou réfor

mes soient devenus réels, il semble possible d’examiner les résultats partiels acquis àce jour.Au mois d'août 1952, un délégué du Mouvement Militaire se rendit auprès

du Syndicat des cinéastes et tint ce langage aux techniciens : a Nous voulons desscénarios intelligents qui donnent aux spectateurs l ’occasion d ’apprendre quelquechose d’utile. Tout nouveau film doit avoir une portée culturelle, sociale et documentaire. Evitez le plus possible de faire des films dont chants et danses sont labase. Nous n’interdisons pas les films comportant quelques chansons et une ou deuxadnses, mais il faut qu’elles viennent à propos. Enfin, nous jugeons indispensablel ’utilisation du cinéma pour éduquer les masses. »

Ceci entendu, les représentants des différentes branches cinématographiques demandèrent notamment que le cinéma soit rattaché à un ministère de la Propagande et non plus à celui des Affaires sociales, la création d’un Institut des HautesEtudes pour l’Art du Cinéma, l'assouplissement de la censure afin qu’un film ne soitpas retiré de l’affiche après avoir été précédemment approuvé par les censeurs etpour que les cinéastes «  puissent photographier les endroits publics, les bâtimentsofficiels ou militaires sans aucune opposition ». D ’autres demandes concernèrentl’améloration des scénarios en proposant une participation des intellectuels à leurélaboration, l’épuration d’une profession « assiégée par un nombre d’intrus qui n’ontaucun sens de l’art », et le doublage des bons films étrangers jusqu’alors uniquementet obligatoirement sous-titrés en arabe et en français.

Octobre vit la création d’un ministère de l’Orientation nationale dirigé parM. Fathi Radouan et auquel ne fut rattachée que la censure cinématographique.

VERS LE MONDE REEL

Depuis cette date quelques réalisateurs égyptiens se sont efforcés d’abandonnerles chemins trop fréquentés qui mènent à un monde conventionnel et sans résonance,pour se rapprocher de l’univers réel.

 Min Araq Guebtni (A la sueur de mon front),  présenté en novembre 1952, aintroduit en Egypte la tendance réaliste ou tout au moins vériste. Précédemment, sousle régime Farouk, Youssef Chahine, en transportant avec îbn el Nil (Le Fils du Nil) le roman de Grant Marshall intitulé œ Native Boy », s’était déjà intéressé à la vied ’un paysan qui par t pour la ville, se fa it enrôler malgré lui dans un groupe de trafiquants de haschich et revient sur ses terres. Mais son film, s’il .nous montrait sousun jour assez authentique l’existence misérable du fellah, en laissait de côté l’aspectsocial et étouffait les moindres revendications paysannes.

Imaginé et réalisé par l’italien Gianni Vernuccio (qui commença par produiredeux films bédouins),  A la sueur de mon front   rappelle Voleur de bicyclette. Toutd’abord par son sujet : un homme qui tire sa subsistance de l’utilisation de soncamion s’en voit dessaisir par un créancier ; ensuite par sa forme : l’action du filmest située dans un véritable village d’ouvriers et les acteurs, professionnels et anonymes, ne sont pas maquillés.

Dans  Aïe ha,  Gamal Madkour retrace la pénible existence des innombrables vendeuses de billets de loterie venues des quartiers populaires et des taudis. Les personnages sont toujours ceux du mélodrame : la jeune fille pure est encore vendue parson misérable père à un homme riche mais, nouveauté, celui-ci la protège au lieude la posséder, lui permettant de s’instruire et d’épouser, plus tard, un jeune médecin. Les décors effrayants des quartiers surpeuplés où croupissent de pauvres familles insufflent à l’histoire une nouvelle vigueur par leur cachet d’authenticité.

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Avec  Raya et Sekina,   Salah Abou Seif qui, dans Osta Hassan,  s’était intéresséà la vie d’un ouvrier devenu le protégé provisoire d’une riche personne attirée parson caractère -viril, illustre un authentique fait divers assez proche de  Monsietir Ver- doux  et de  Arsenic et vieilles dentelles  : l'assassinat, à Alexandrie, aux environs de

1925, de quelques dizaines de jeunes femmes par deux monstres féminins véritableschefs de gang. Le souci du réalisme est poussé jusqu’à l’utilisation de ce dialecte quipermet à Ta pègre d’Alexandrie de se reconnaître.

Si les Européens connaissent ’VE fenner du Nil,  film italien de Gentilhomo jouépar Silvana Pampani et Vittorio Gassmann, peu d’entre eux savent qu’une versionégyptienne de ce film fut réalisée parallèlement par Salah Abou Seif sous le titreEl Sakr {VEfervier).

Pour lutter à sa façon contre la corruption, une jeune femme (Samia Gainai)s’efforce d’améliorer le sort des nomades en leur conseillant de s’intéresser à l’agriculture. Aussi, afin de favoriser des travaux hydrauliques signe-t-elle un contratavec un groupe d ’hommes qui se révèlent être des aigrefins décidés à chasser unetribu de ses terres. Hais l’Epervier (Emad Hamdi), sorte de néo-Zoro, chassera les

usurpateurs et assistera la jeune femme dans ses efforts.Nous n’étions avec El Sakr   qu’au xix" siècle. Il s’agissait donc d’Histoire. Avec

E l Wahche {Le Monstre),  ce sont les années 1930 qu’aborde Salah Abou Seif. Lepoint de départ du film est une histoire réelle située dans la campagne de la Haute-Egypte. Une ferme a été incendiée et un gardien tué. Qui est l’assassin ? Un monstre rongé par l’opium> que la population terrorisée n’ose pas dénoncer à la police.Mais un officier de la Sûreté nationale, qui vient d’être affecté dans la région,s’acharne à tendre un piège au criminel. Celui-ci, qui dispose de l’appui complaisantd’un pacha vénal et aussi de quelques tueurs à gages, décide d’enlever le fils du policier afin d’échanger la vie de l ’enfant contre un arrêt des opérations répressives. Lemonstre s’empare ensuite du policier et le jette dans une fumerie où se produit unebelle danseuse protégée par El Wahche.

Finalement, avec l’aide de celle-ci, le lieutenant de police parvient à s’évaderet il capture le monstre à l’issue d’une longue et très brutale chasse à l’homme.

El Waltche  marque un net progrès si on le compare aux bandes qui nous sontvenues antérieurement des huit studios égyptiens. L'action est menée avec plus devigueur et les scènes s’enchaînent les unes aux autres sans incohérence. La photographie de Abou Nasr possède, elle aussi, une meilleure qualité, elle fouille davantageles visages et les paysages et certains moments chantés, tels ceux qui ont pour cadrela fumerie, approchent de la classe internationale.

Côté interprétation, si Anwar Wagdi paraît un peu pataud dans le rôle de l'officier de police, Mahmoud el Méligui (El Wahche) et Abbas Farès (le pacha) fontd’excellentes compositions. Enfin, la belle Samia Gamal agrémente de ses  charmesapparents et de son talent de danseuse cette bonne production.

Mais c’est surtout Sera fil Wadi (Ciel d’’enfer)  qui mérite l’attention. En effet,ce film est assurément, sans exagération ni complaisance, le meilleur ouvrage produità ce jour en Egypte. Le thème central ne se limite pas, comme à l’accoutumée, àl’opposition de la bédouine et de l’homme venu des villes ou le contraire, ni à l’aventure sentimentale d’un chanteur de charme; mais il aborde, il est vrai avec beaucoupde timidité, la question de la redistribution des terres. Le premier titre original, traduit en français, signifiait « La Révolution du Nil ».

Un jeune agronome, fraîchement diplômé de la Faculté d’Agriculture du Caire,et partisan de la réforme agraire commencée par le nouveau régime, regagne laHaute-Egypte. Il entre en guerre contre un pacha tyrannique exploitant les ouvrierset n’hésitant pas à se servir des méthodes les plus viles, comme la destruction .d’unbarrage, l’assassinat, pour ruiner les paysans qui cultivent avec l’agronome deschamps de canne à sucre, en utilisant les méthodes modernes permettant un meil

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leur rendement. Finalement, le jeûne homme triomphera, emportant, p ar surcroît,le cœur de la fille libérale du pacha.

Ce qui nous surprend heureusement dans Serà fil Wadi,  c’est surtout le rythmede l'action qui se rapproche, par sa vigueur, d’une narration de cinéaste américain.Le film n ’en perd pas pour cela son caractère égyptien qui lui est donné par lespersonnages, leurs attitudes, leurs gestes. Mais on devine sous chaque image la tentation de l'Occident éprouvée par le jeune réalisateur Youssef Chahine, qui a d’ailleurs fait un stage à Hollywood.- Le dernier épisode du film, cette longue et angoissante poursuite entre les colonnes des temples antiqus, utilise d’ailleurs le procédédramatique du « suspense » dont 1JAnglais Alfred Hitchcock s'est fait l’instaura-teur et le champion aux Etats-Unis. Mais cette influence n'est pas mauvaise puisqu'elle a permis un décrassage du cinéma égyptien encore accentué par le choixdes interprètes. Chahine a découvert un inconnu, Omar el Chérif, pour jouer le rôledu jeune agronome et son choix s’est avéré juste. Peut-être Omar el Chéxif manque-t-il encore d’assurance, mais sa beauté de visage et de corps nous permet enfin de voirun véritable jeune premier égyptien viril, sain, athlétique.

Aux côtés d’Omar El Chérif, Faten Hamama paraît un peu effacée, tandisque Zaki Rostom et Farid Chawky, fidèles à leurs conceptions dramatiques, soulignent toujours avec insistance les attitudes et pensées de leurs personnages.

** %

DE LA RELIGION...

Quelques cinéastes égyptiens s’attachent également, depuis peu, à retracer parl’image la vie du Prophète ou celle de certains saints de l’Islam.

C’est à Taha Hussein, dont André Gide traduisit  Le Livre des fours,   que l’on

doit le scénario de  Zouhour E l Islam (L'Aube de VIslam)  écrit d’après son œuvre« En marge de la vie du Prophète ».Ce film à grand succès évoque la lutte de Mahomet contre les Koreïchites qui,

dans la Kaaba, adoraient des idoles, ses efforts pour enseigner publiquement lareligion, lés persécutions dont furent victimes les premiers disciples du Prophète, lafuite vers Médine des Musulmans traqués et leur retour victorieux à la Mecque.

 Zouhour & Islam   respecte les textes divins beaucoup mieux que ne le font, parexemple, les aventures prétendues bibliques nées à Hollywood et dans lesquelles lesacré n’intervient d’ailleurs pas, ces productions s’adressant aussi bien aux croyantsqu’aux athées.

Cette fidélité égyptienne tient au fait que ni la censure, ni les spectateurs nelaisseraient gauchir les événements retracés par le Coran et dont ils connaissent par

faitement l’imbrication. A ce propos la représentation de toute image du Prophèteétant proscrite par le livre sacré,  Zouhour el Islam   ne nous montre Mahomet quede dos ou parfois en ombre.

C’est Ahmed el Toukhi qui signa  Inüssar el Islam   (Victoire de VIslam)  devenuen Afrique du Nord Fùâjr el Islam (Les débuts de VIslam).

Il s’agit, si l'on Veut, d’une suite dans le temps de  Zouhour el Islam.  Un Musulman, après avoir séjourné à la Mecque, rentre dans sa tribu afin d’en convertir lesmembres à la religion de Mahomet. Mais il se heurte à l’opposition d’un hommesoupirant pour la même belle que lui. Après avoir subi des tortures, le disciple duProphète éliminera son adversaire, épousera sa douce amie et convertira toute latribu à l’Islam.

Ce film, confus quant à son scénario et photographié sans aucun soin, fut suivi

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par Sayeâ el Badaoui (Sayed le Bédotûtù\   évocation de ce saint, né à Fez au Maroc,qui mourut en Egypte non sans avoir combattu en Irak une princesse impie à laquelleil fit ensuite épouser l’Islam.

Citons encore une vie du premier prédicateur du Prophète :  Bila l, muezzin el 

 Rassoul {Bilal le muezzin),  également de Ahmed el Toukhi, et mentionnons que TahaHussein écrit actuellement pour le cinéma une vie de Fatma Zohra.

...A LA POLITIQUE

La rigoureuse censure de l’ex-roi avait interdit, pour des motifs restés secrets,Yascot el Isii’ mar (A bas Vimpérialisme)  produit, écrit, dirigé et interprété parHussein Sedky. Les nouveaux dirigeants du Caire libérèrent ce film, que des cinéastes égyptiens m’ont dit médiocre et qui retrace la vie contemporaine d’un Egyptienluttant, par ses écrits puis par le combat direct, contre les troupes britanniques stationnées dans la zone du canal de Suez.

 A bas Uimpérialisme,  œuvre patriotique, constitue en fait la suite de  Mousiafha  

Kamel.  Cette bande conçue par Maître Fathi Radouan et que Ahmed Badrakhancommença à réaliser dans les derniers mois du régime Farouk, évoque l’existencedu fondateur du « parti national » dont le mot d'ordre était avant 1909 : « L’Egypteaux Egyptiens a.

Un autre sujet récent : l’affaire des armes défectueuses livrées par des escrocsdu Royaume à l’armée égyptienne qui combattait les Israëliens en Palestine, apermis à Gamal Farès d’écrire, de produire et d’interpréter  Ard El-A btal (Terre de 

 Braves)  que dirigea Niazi Moustapha. Il ne semble pas toutefois que ces bandes, quinous sont inconnues, soient appelées à se multipliér en raison des problèmes de politique internationale que doit résoudre le régime Nasser et que leur discussion surl’écran pourrait envenimer.

LA TENTATION DE L’OCCIDENT

-Actuellement plusieurs jeunes cinéastes égyptiens conscients de l’importance de leurs responsabilités s’efforcent d'acquérir une connaissance approfondiede leur métier avant d'entreprendre toute production- Au Caire même, depuis 1954,l'opérateur Abdel Aziz et les metteurs en scène Saîah Abou Seif et Ahmed Badrakhan donnent des cours de cinéma au conservatoire du Théâtre, mais c'est surtout enOccident que les jeunes vont chercher et recueillir des leçons. On les rencontre àParis dans les locaux de l’LD.H.E.C., dans les studios de Hollywood ou dans ceuxd'Italie. De leurs séjours ces boursiers rapportent au Caire l’indispensable connaissance de l’outil et la manière de s’en servir avec profit ; toutefois, les connaissancesthéoriques, agrémentées parfois de travaux pratiques, risquent, lorsqu’elles serontappliqués par ces néophytes attentifs, de rapprocher la forme du cinéma égyptiende celle du septième art occidental. Au-delà il est même possible qu’ayant subi uneinfluence technique très profitable et n'entamant pas leur intégrité spirituelle les

 jeunes Egyptiens ne soient enclins à prendre surtout aux Américains, mais également aux Italiens et aux Français, certains de leurs sujets ou tendances.

Déjà, dans le film policier  Al Manzél Rahrn  13 (La Maison n°  13), Kamalel Cheikh et son scénariste Ali el Zorkany ne sont pas éloignés de certaines productions américaines de 1946-47 quand ils nous proposent les aventures d'un hommemalade que son médecin hypnotise et pousse au crime. L ’inévitable poursuite termine cette production policière, genre très rare en Egypte.

La psychanalyse intervient également dans une réalisation de Mahmoud Zul-ficar, El Chah el Katel, pour guérir un homme marié d'un complexe de persécution.

Récemment Farid el Attrache a refait Chanson Eternelle (Lahn el Kouloud) et Niazi Moustapha, dans  Min Aya Zaka Haza (D*oà te vient ceci)  n’a pas oublié

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le facétieux M. Topper lorsqu'il nous B a r r e avec humour l’histoire d’un homme devenant invisible pour mieux lutter contre un escioc  et coureur de dot de grande classe.

Enfin, nous avons vu que Gianni Vernuccio a importé d ’Ital ie avec  Min Arag Quebini (A la sueur de mon front)   une volonté de réalisme que l’on a retrouvée dans

 Baya wa Mout (Vie ou mort)  de Kamal el Cheikh, histoire tournée en-grande partiedans les rues du Caire et qui nous montre, comme dans Sous le ciel de Paris  deDuvivier et, surtout,  Danger de mort   de Gilles Grangier, une enfant recherchantle médicament qui sauvera un malade. Signalons encore que, pour la première fois>un film à sketches va être entrepris prochainement en Egypte.

Ces rapprochements de thèmes nous conduisent à examiner la collaboration artistique et financière entre l’Orient et I*Occident. Celle-ci devient chaque mois plusprécise et plus importante.

En effet, les relations cinématographiques du Caire avec d’autres capitales del’Ouest se sont considérablement développées depuis 1952.

Jusqu’en 1949 les cinéastes étrangers s’étaient limités à recueillir en Egypte desimages plus ou moins suggestives d ’intrigues situées dans un Orient assez vagueet où les Egyptiens apportaient la couleur locale si appréciée qui se résumait à

l’enregistrement de ceci : caravanes de chameaux en contre-jour ; danses du ventreet, bien sûr, pyramides et sphinx. Citons  fêrtcko,  avec Paul Robeson où parut pourla première fois Kouka ; César et Cléopâtre  de Gabriel Pascal ;  La Route du Caire, de David Mac Donald qui eut comme assistant Hamada Abdel Wahab, et que l’ondoubla en arabe.

ROME

La première co-production Le Caire-Rome, entreprise sous la forme d’uneversion égyptienne et d’une version italienne fut El Sakr   que nous avons commentéplus haut. Par la suite, Gianni Vernuccio tourna deux autres films bédouins,  Demaa al Salir aa (Du sang sur le sable)  puis Emra’a min naar (Vengeance d 3amoureux), qui, doublés en italien, furent présentés dans la péninsule, tandis que Hussein Sedky

réalisait en deux versions  Maaraket el Hayat   (Bataille de la vie}.  Enfin Alessandrinidirigea ,lui aussi, en deux langues, sous le titre  Amina, m e remouture de son Furiayfameux rossignol sur la chaleur du désir féminin.

Toutes ces bandes n ’eurent qu’un succès financier médiocre et ceci ajouté àdes qualités dramatiques limitées arrêta net la suite de ces expériences malheureusesde" bi-linguisme.

LONDRES

Avec la Grande-Bretagne toute collaboration cinématographique a cessé depuisles événements du canal de Suez. Le film qui devait être dédié à la gloire du colonelLawrence a été abandonné et les Britanniques furent contraints de venir terminer enAlgérie leur bande  Au Sué d'Alger,   qui devait primitivement dérouler, son action— la recherche d’un trésor — dans la Vallée des Rois et s’intituler  Le Masque du 

 Moloch.

HOLLYWOOD.

Si les rapports du Caire avec Londres sont suspendus, ceux établis avec lescinéastes des Etats-Unis ne font que s'amplifier. D ’accord, Orson Welles  n’est pasevnu pour je ne sais quel projet de biographie de Farouk et nous le regrettons ; de même Gene Markey a écarté, comme Lord Kichener, le  Mohamed Ali   qu’il devaitproduire en technicolor avec l’appui de Farouk, et nous attendons le  Joseph en Egypte   annoncé avec Errol Flynn et Yvonne de Carlo.

En revanche, en 1954, les Egyptiens ont travaillé pendant plusieurs mois sousles ordres de Robert Pirosch et du cameraman de Quo Vadis  Robert Surtees à  La Vallée des Rois  où danse Samia Gamal ; avec HJoward Hawks à ce  Land of Pharos

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imaginé par Faulkner, et avec Gregory Ratoff pour  Abdullah ihe Great,  qui futentièrement tourné en Egypte. Pour' ce dernier film l'argent est d'ailleurs venu duCaire et de Rome, mais c'est de Hollywood que Lee Garmes a apporté §on talentde ehef opérateur.

Enfin, Çecil Blount de Mille s’est déplacé pour enregistrer plusieurs scènes àgrande figuration de sa 7 i fi ceuyre, son testament cinématographique coûtant deuxmilliards et demi et réalisé en Vistavlsion et en Eastmancolor. Il s?agit d ’unç réédition des  D ix Commandements.

CeciJ Blount de Mille a obtenu du gouvernement Abdel Nasser dç disposer d’uncorp8 de cavalerie égyptien. Celui-ci l'a'qlnsi aidé à mieux raconter la vie de Moïsesur les lieux qui le virent à l'œuvre. Et devant cette situation une personnalité localefit remarquer avec nostalgie ; « Les Américains ne sont pas très dçlieats de venirnous faire battre sur le sol d’Egypte par lçs Hébreux ! » Précisons qu’avant letournage certain^ journalise? demandèrent à la eensure locale de relire le scénario,tandis que d*autres, plus futéa, soulignaient 1?intérêt pour l’Egypte des investissements cinématographiques américains. ~Cette dernière opinion a prévalu et ne feraque se généraliser dans les mois à venir.

s o m . ,

Avec l’appui du gouvernement fédéral allemand les Egyptiens devaient entreprendre une co-production retraçant les exploits de « Haroun el Rachld », mais ons'aperçut vite au Caire que les producteurs locaux figuraient sur Les listes des personnes épurées par le régime. Les projets s’évanouirent donc rapidement.

En revanche l’on parle de nouveau?: contacts qui pqrmettraiçnt à Rolf Hansende filme? en Egypte  L Ennemie Mm aimçç.  Déjà, plusieurs courts métr^gea de propagande çn faveur dt? l’Egypte ont été   entrepris pjir des çin&*stes venus de Eono-

ATHENES

Avçç la Grèçe, les Egyptiens entretiennent deux sortes de rapports, Pes films,grecs, vaudevilles ou méchants mélodrames, siont tournés en coproduction dans lesgtudiqs du Caire par des cinéastes hellènes gu italiens a,yeç dqs interprètes venusd’Atlrènça. Signalons que la jolie pochade  Réveil du ÏHww chç,   qui fit applaudir àCannes le noiri du metteur en scène Michel Cocoyannis, a été montée au Caire, dansles studios Mahas, par Albert Naguib, citoyen égyptien tout comme l’assistant-réa-lisateur Anis Nohra et le cameraman.

D'autre part, dix ou douze films venus des studios athéniens sont présentés chaque année sur le territoire égyptien où la minorité grecque est importante,

ET PARIS..,

Avec la France il y eut aussi, ces dernières années, de grands projets. Tout

d'abord un Carrefour Impérial,  fresque à la gloire de Ferdinand de Lesseps d'aprèsun scénario de Bernard Zimmer que devait mettre en scène Raymond Bernard. Cetteœuvre que Pierre Fresnay eût interprétée, aurait contrebalancé, en insistant sur lerôle de la France, le Suez  très anglophilç tourné aux Etats-Unis.

Ensuite, Gérard Phllipe devait jopçr dans El Hafcim, de John ÏCnittel, romanconnu aussi sous le sous-titre  Docteur IbraHin.   De son côté Edmond Audran répétait souvent son intention de réaliser une grande oeuvre sur la danse depuis l’époque des Pharaons. Enfin, Àbel Gance projeta, pendant plusieurs annéeSj de menerà bien sur le sol égyptien Za  Divins Tragédie  de ses rêves.

Finalement, ç'est. le bon vétéran Marco de Gastyne qui, sans publicité, tournaà Louqsor, en couleurs et gelon le procédé français pour écran large « Çînépanora-mic *  L-Or des Pharaons  dont nou§ vîmes à Cannes de magnifiques images prises à1 intérieur des tombes royales, En bref, cette production dans laquelle joue Youssef 

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Wahby retrace les inexplicables §t gubitg décès deg archéologues qui, en 1922, découvrirent les vestiges du tombeau de Toutantkamon.

Depuis, Bernard Borderie a enregistré en Haute-Egypte les images en Eastman-color et en Cinémascope de Fortune carrée,  et Louis Cuny se prépare à y commencer  La Fi lle des Sables,  co-production franco-égyptienne où nous verrons GeorgesMarchai, Omar et Chérif et Maryam Fakhreddine.

L’ENIGME DU SPHINX

Que résultera-t-il de tout cela ? Il est mal aisé d’assurer que l’Orient subiral’influence de l’Occident sur un plan autre que celui de la technique. Pourtant, l’évolution sociale de l’Egypte vers un modernisme né à l’Ouest et synonyme de progrès, Se répercutera pur 1©çinéma de la vallée du Nil. ÏI s'en suivra là aussi, unecoupure intérieure que l'on décèle déjà.

En effet, actuellement, les cinéaste g égyptiens se trouvent devant ce dilemme :pour leur marché intérieur et celui des pays islamiques, indépendants ou dépendants,ils doivent satisfaire un vaste public, peu cultivé mais en évolution, par des filme

d’action, de chants et de danses tournés généralement en un mois, dont les scénariosdevront être rafraîchis, les vedettes plus diversifias et la présentation technique améliorée. sous peine d’une rapide désaffection du public populaire (S). L'utilisation deplusieurs procédés d'impressions en couleurs nra pas, jusqu’à présent, agrémenté kgproductions du Caire qu ?il s’agisse de  Max ou f E l Eskafi ,  dont seule la dernièrebobine était en couleurs, indéfinissables d ’ailleurs, de la comédie  Baba  4 fif s (PGfi#  veut 99  marier)  et d'une aventure légendaire fondée sur un quiproquo par travesti :Sett  M  H q w  \ ü m  fée m dé mt )<   Ces deux dernières bandes., tournées en *950 selonle brevet îvoujccoior par Armançl et Wüly, l’opérateur habituel de MarcelPagnol, n’ont pap plu§ d’intérêt que la oom^die m u ra le  M fiob d Kaita l ( f ’w e u r  qui tnt)  et  NaM yej çl K m a h {La fin du roman)  impressionnées en Oevacolor,procédé pourtant apprécié.

T©ut<^ tçntfitiygs pour colorier 4e grands spectacles ne peuvent prétendre

approphpr les résultats du Technicolor américain,  m m §   le moins bien employé, quinourrit si bien le spectateur* Pour çg$ raisons nous attendons la prochaine réalisationen Eastmaneolor, annoncée par le producteur de Cirt d’Enfer,

p ’aytrg part, afin de pouvoir affronter sans ridicule les grandes nations dansks compétitions cinématographiques internationales, comme ils l’ont fait pour la pre=nüère foîg 3-veç bonheur lors du V IP Festival de Cannes, les Égyptiens," qui doiventorganiser un Festival mondial du film à la fin de 1955, au Caire, devront retenirdes scénarios puisés dans leur patrimoine social, historique çy littéraire, en  perfectionner la construction dramatique, élaguer les dialogues souvent improvisé sur 1?plateau, soigner la photographié et les a.  raccords » de plans, et cela sans oublierqu’il? appartiennent à un pays ayant sa couleur particulière. C’est en pensant ainsique lçs japonais réalisèrent  Raihoman, La Légende du Grand Bûuddah  eu  Le%Enfants ^ ’Hiros/dîna  l’Inde,  Deux hectares de terre;  le Brésil, O Cangaceiro  etd'autres nations d’Amérique latine leurs remarquables documentaires. X.?Egyptes’engagera-t-elle dans une semblable direction ? Nous l’espérons pour l’avenir ducinéma, de Part et de ^intelligence féconde.

M a u r ic e - R o b e r t B a t a i l l e .  Alger,  1055.

(8) Signalons que le réalisateur égyptien Kamel Moursi a tourné en 1949, dan? !§? modçgr,tes çtudios de Bagdad, la première et médioçre poproduçtieu avec î’ïrak ; leila jiï Iraq,  Jouéepar le Renais Mohamed Sginm ta première bande iranienne avait lté réalisée -un an plustôt par le? Français André Cheiin et Jacques Lemare.- Les acteurs s’appelaient P&iz  Tewfikçt Ibrahîm Galgl, et le filin s’intitulait Alfa  Wa / 4ssam (Alia et Assem).

A Beyrouth, le producteur Ubano-amérleala Affine Tourabian a finaneé  Arouss Lebnan (La Belle du Liban),  comédie dramatique avec ohansons, tournée par ^Egyptien HusseinFaw/y avae, comme vedettes, Mohamed Sglman et Harndafle.

Ces tentatives malheureuses n’ont pss eu de lendemain,

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zéros millionnaires des billards électriques. Alors une élocution non alphabétique nous renseigne et nous émeut. Pour nous en tenir aux formesfamilières du cinéma, certains moments visuels, imprimés dans le souvenir,

 jouent le rôle de ces tenaces et lumineux lambeaux de phrases, le plussouvent célèbres, qui habitent notre esprit. Je citerai, entre tant, dansun film anglais tout bref sur un meurtre parfait, ou qui se voulait tel,l'instant où l’assassin, après avoir opéré sous un déguisement carnavalesque, dont il s'est ensuite débarrassé, reprend le train, les yeuxenchantés par la plénitude secrète de son triomphe, mais il ne s’aperçoitpas que, par une fissure de son bagage, s’échappent des confettis, qui leferont prendre. Néron dit : « J’ai le fer ». Le ver dit : « J’ai le temps »,

Nous en sommes au temps où le langage meurt dans un pullulementoptique qui le remultiplie. Un titre tel que 08/15  en chiffres, précise àmerveille ce que nous imaginons d’un monde où les figures de style ne secomposeraient plus de lettres et de paroles. Mais, bien plus qu'en raison decette formule millimétrique et balistique, ce film est à retenir pour la sen

sationnelle vertu visuelle de ses effets militaires. Vertu plus frappante,plus déconcertante que toute description rédigée.Rue Bonaparte, une salle venait juste d’afficher le panneau publici

taire de ce train de huit heures quarante-sept feldgrau. Cependant, àquelques mètres, sur un banc, une vieille femme de ménage confiait à untype âgé, en bleu de serrurier : « Hier, les enfants sont venus. On a fêtéla Libération. On a mangé, quoi ! C’est une fête ! La Libération ! »

Dans les événements fâcheusement historiques que nous avons vécus, je ne discerne, où que je tourne mes regards, qu’une morose atrocité. Cettefourmi en ruines célèbre l’anniversaire d’une, journée aussi dramatique etridicule que toutes celles d’une période à ne pas prendre avec des pincettes. Que peut-elle m’inspirer, sinon une rapide attention entomologiste?Cependant, dans 08/15, le caporal Asch fait de son mieux pour moraliser

et fortifier le morceau d’infanterie allemande dans lequel il est incorporé,sous le règne d’Adolf Hitler. Il s’en tire si bien que l’autorité supérieure,représentée par un commandant, la finesse et l’intelligence en personne, lenomme sergent, en plein ciel de bonhomie, à mille lieues de la cruautézoologique de Tant qu’il y aura des hommes  et même du ricanement d’unCourteline sans désespoir et sans espoir. Cette histoire régimentaire m’adéplu. Parce que la croix gammée est brodée sur les vareuses ? Parce queles militaires, quand ils sont tête nue, saluent leurs chefs en tendant lebras ? Non pas ! Ces instantanés ne sont pas en eux-mêmes plus répugnants que les cancers atomiques japonais de marque américaine.

Ce qu’il y a, c’est que cette juxtaposition visible, par la grâce ducinéma, ici ces bonnes gens de la rue Bonaparte qui s’imaginent qu’onles délivra de certains uniformes maudits, là ces mêmes uniformes mis envaleur, avec une affectueuse allégresse, dans la sympathie de l’être vivantpour son propre fumet caleçonnant, une telle juxtaposition engendre etprécise la fatigue du gaspillage mythologique et du néant laborieux oùs’entrecroisent les diverses justes causes et bonnes raisons du bafouillagepolitique humain. Ni  Le Dernier Pont , ni l’admirable  Autant en emporte le vent,  où la guerre est une fatalité dont s’accommodent tant bien quemal nos destinées haletantes èt tronçonnées, n’atteignent à la gentillehorreur de ce 08jl5  et de ce caporal intelligent qui travaille si bien à lagloire d’une armée dont nous avons eu plein le dos.

Pour le coup, par la grâce de la suggestion plastique, le roman filméchoque et frappe de plus près que le roman écrit.

Jacques AUDIBERTI.

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L E T T R E D E N E W Y O R K

p a r H é r m a n n G . W e i n b e r g

New YQÇk, Octobre 1955-

A prè s t ous c es m o i s de s i l ènes , que j p son t leg dern i e r^ événep ri e rj js çSarj s l e c i ném a a m ér ic a i n ? D rp i | o r 4 , ç e q u i r e t i n t l ' a t t e n ti o n , c ' e s t l' é t e r n e l p r o b l è m e d & l a c p r çs u re , s u r to u t e n v q i sl g s fi lms é t rqngp i S- ï e SqJg i r e de la  P e u r , p a r e x e m p l e , v q s u b i r d e c o n s i d é r a b l e s m o d i f i c a t i o n sp ç u r g o n e x p lo i ta t io n g é n é r a l e { d a n s u n e v e rs i o n d o u b l é e e n a n g l a i s ) e t l a f in s e r a p r o b a b l em e n t c o u p é e — ç ' e st -a - d ir e q u e l 'o n p e n s e t e r m i n e r le f il m s u r M a r i o ( Y v e s M o n l a nd ) d a n s a n ts u r l a r o u te a v e c s o n c am i o n v id e a u s o n d e s jo y e u x a c c o rd s . d e l a v a l s e d u D a n u b eB l e u . D o n c : h a p p y e n d . C e p r o j e t , s a n s d o u t e , e s t d e s t i n é à p l a i r e m o i n s a u x c e n s e u r s q u ' a ub o x o ff ic e , l a f in o r i g i n a l e a y a n t é t é j u g é e t r o p p e ^ i n n ^ t e , C e c i OU P S p e u t p a s s e p ro rd u i ï e , t p u j q u r s e g t r i l q y e p o u r l ' i n s t a n j c b p r o j e t e s t Q l ' é t u d e , c e q u i n e l a i t q u ' é p l a i r e r u n efo i s ( i e p l u? une des mu l t i p l e? f ace t t es de p§ * gay Ar r j e r i equ t e r j i pq rqmep t » don t voug avezd û R e n d r e p a r l e r , Q u a n t a u x c e n s e u rs , i ls r é c la m e r o n t q u e Iq p e ti te s e r v a n t e ( i n te r p r é t é e p a rY e r g C l Q U S P t ) n ' e x p o s e p a s t a n t s a p o i t r i n e q u a n d e l l e r a m p e s u r l e p l a n c h e r v e r s M a r i o ,é g a l e m e n t q u e l o r s q u e s o n ' p a t r o n , d a n s u n e b r u s q u e b q u f f é e d e d é s i r , l u i o r d o n n e d e m o n t e rd a n s s a c h a m b r e , ç è so it e n lu i d e m a n d a n t d e b a l a y e r cette chambre.  Q u a n t à l a r a i s o n p o u rl a q u e l l e l e p a t r o n l a s u i t p e u a p r è s , l e p u b l ic c o m p r e n d r a p e u t- ê t re q u e c ' e s t p o u ç l' a i d e r àb a l a y e r l a p i è c e . S ic s e m p e r , l e s c e n s e u r s ! L e C o d e d e P r o d u c ti o n d e s o n c o t é a r e f u s éd ' a c c o r d e r l e s c e a u t a n t c o n v o i t é d e s p n a p p r o b a t i o n a n f i l q i q n g l q i g 1 pm  q C g i j i e r a , q m o i n sq u e t o u t p g q i l u s i p n g à u n a v o r t e m e n t e t à q e r t a i i )0  jr appqr tg §q :> ue ls g p ie n t s u p p r jm é e g . L esd i s t ï i b \ i t $ u ï s r e f u s e n t , d ' a u t r e ? f i l m s ç o p t e q a i t f d § t e l l e s q H Ü ? [ o u s q y q f i t d é j à r e ç u a n t é r i e u r e m e n tl ' a p p r o b a t i o n d u C o d e d e P r o d u ç t i o î i . L e u T a p p e l a u x d i r e c t e u r ^ d e l a M o t i o n P i ç t u r e A s s o c i at i o n , r e s p o n s a b l e d e c e c o d e d ' « a u t o - c e n s u r e m o r a l e » a y a n t é t é r e j e t é , l e s d i s t r i b u t e u r s( g r o u p é s e p u n e n o u v e l l e p r g a n î s q t i o n i n d é p e n d a n t e , l q D i s | r i b u t p r p C o r p o f a t i p n ç f A m e r i c a ,e n l u t t e o u v e r t e a v e c l e s s \ x g r a n d e ? c o m p a g n i e s dq  p roduc t i on qu i c^ î l e? pe p l i en t au code)p n t j i j e n a ç é d ' i n t e n t e r u n p T Q Ç è p p o u r e n t r a v e a u ç o m r n e j - ç e , C e t t e a c t i o n s a n g p r é c é d e n t m a r

q u e r a u n e { l at e i m p o r t a n t e p i e l l e e s t c o u r o n n é e d e g u ç c è s : i l f a u d r a s o i t a b o l i r ç e ç o d epér i m é , SQÎt Je r ey i se r e t l e r em an i e r sérieusement.

L e s f i l m s é t r a n g e ^ g o n t r a r e m e n t a p p r p u Y é s p a r 1 § Ç o d e d e P r o d u c t i o n ; l e u r e x p l o i t a t i o nçx d o ^ ç p e u d e c h a n c e s d e s ' é t e n d r e a u x g r a n d s c i rc u it s, m q ï s r e s t e l ir p it é e q u x p e t i t s < th e a t r e sd ' a r t ». J a c q u e s P l a u d , D i r ec t eu r G é n é r a l d u C e n t re N a t i o n a l d e l a Ç t n é m a t o g r a p h i e , a é t u d iéc e p r o b l è m e a v e c l e s d i s t r ib u t e u rs d e f il m s é t r a n g e r s l o rs d e s o n p a s s a g e à N e w Y o rk , m a i sr e s t é à v o i r d a n s q u e l le m a s u r e l a s it u a ti o n p e u t ê tr e a m é l i or é e . A f in d ' a s s u r e r l a p r o p a g a n d ep o u r l e H l m f ra n ç a i s e n A m é r i q u e , u n p l a n e s t à V é t ud g p o uy l a c r é q t i p n ( d' un Ç e n t r e çîu> Ç i n é m aF ï a n s a i a à N q w   Yo rk ( sem b l ab l e à l ' It aHqn F il m, Expor t Qf f ipe de t f e w York , sau f qu e 1® C ef l t rçd u C i n é m a F r a n ç a i s n e s e l a n c e r a p a s l u i ^ n ê m p d f f i i s l g d i s t r i b u t i o n d ® f i l m p ) -

E n a t t e n d a n t , L e 3 / é e n  fi&rbe  f q it y q jl lp i rj m e p t q q q u 'U p e u t p o u r a i d e r q l ' q b o l i ü p n d e l ac e n s u r e d ' é t a t a u x E t a t s - U n i s . E n p l u s i e u r s p ç ç q p i o p s , j j a d é j à g e j v i d e a ' e y s §x machina  p o u rp r o u v e r d e v a n t l e s t r i b u n a u x l ' a r b i t r a i r e d e l a c e n s u r e d a n s p l u s i e u r s v i l l e s a m é r i c a i n e s . C ef i l m é U q i î g s r , o u y13. a u t r e ( c a r il e s t f o rt d o u t e u x q u ' u n g r a n d p r o d u c t e u r a m é r i c a i n o s e r a i t

« t e s t e r » a i n s i u n d e s e s f i l m s d e v a n t l e s t r i b u n a u x ) r i s q u e d e m e t t r e e n c a u s e l a l é g a l i t é

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mê me {c'est-à-dire la cons titutio nnal ité) lg p?é-c§pgijre têUe GU’sll© e^iptp RQur l’iust aeJdevan t le plus hau t tribuna l américain, la Cour Suprême. Lcr flonde, de Max Ophu ls et le Miracle   de Rossellini, tous deux soutenus par la Cour Suprême, n'entraînèrent pas un verdie!définiti f. J1 çfî{ à gp u^ qi tef ,qwe Z,ç 814 m Hçfbe   au un awtrg film ^fqrce }g G<?ur Suprême ç.  se

prgngnçsî une fpig pour toutes sur Iq çon§ututîonnelité de la pré«cçnsure> Pour obtenir cettevictoire, il ne faut que du courage et de l 'argent.

E n a t t e n d a n t , l e s f i l m s é t r a n g e r s , ç e q u i r e v i e n t à d i r e l e s f i l m s f r a n ç a i s e t i t a l i e n s , e nf e s t e n t O u g f ai u g u o , s a u f q u e l a s a i s o n à v e n i r p r o m e t d ' ê t r e l a p l u s a c t i v e d e p u i s l a g u e r r e ;p l u s d ' i m p Q i t g i j w s , p l u s d ' o p t i m i s m e p e u r l e u r e x p l o i t s t i p n - P a r m i l e s f i l m s é t r a n g e r s r é c e n t ,p e m = é t r e q u e J e p j y g g r a n d s u c c è s f i n q ^ p i e r « é t é r é ç ü s é p a r  Les Portes  tf e

Q u a n t a u x n o u v e a u x f i lm s a m é r i c ai n s, q u e p u i s s e v o u s e n d i r e ? Q u e l e n o u v e a u s p e c t a c l ede lg JH.G.M.,  fhç PiodigaL  n ' e s f q u ' u n t r a v e s t i s u r l ' h is tg i r e b ib l i q u e d e l ' e n f a n t p r o d i g u e ?Mgjg VQU3 l ' a v t è s d é j à d e y i n é j Q u e '  Mqipl>o ( p l u s a m é r i c a i n q u ' i t a l i e n ) e s t u n s o p o r i f i q u e d eta roçUleure sp r tg ? Si  vous î ' gyeg vu , v<?u§ Jp s avez . Que  Not a$  g S f r g n g e r , à c a u s e d e t p i i tg e n p r ç ç h i - p r ê c h g g u r l e s i n y g t è r e g d e l p p r o f q s s îo p m é d i ç p l e, n ’ e§ t r i p u ^ ' w t r g q u e ç e q u e r \PUSa p p e l o n s i c i d e 1' « e p é f a ^ a v e p t,  s o r t e d ' e u v i a g e s e n t i m e n t a l d o n t l e g f e m m e s s e r é g n e n t àl à T é l é v i si o n (o ij t e n l a v a n t l e l in g e f a m i l i a l ? Q u e  Marly  e s t l e f il m l e p l u s s u r e s t i m é d eT a n n é e , m ê m e s i f i n a l e m e n t i l v a u t d ' ê t rB v u p o u r s a s i m p l i c it é r a f r a î c h i s s a n t e ? ( B i e n s u p é r i e u r

é l p it d a n s u n g e p r e s i m i l ai r e L q F o u i e d e V i d o r o u I f m b e r fa D d e d e S i c a l) Q u e l e n o u v e a uf i in j de Disney , '  Lady and the Tiaqip,  e s t d ' u n e b ê t i s e i n s i p i d e , b i e n q u ' u n m e r v e i l l e u x d u o d ec h a t g s i a m o i s v ç ùl lg l e d é r a n g e m e n t ? Q u e M r . f î o b e r ts , lo i n d ' é g a l e r l a v e r v e d e l a p i è c e , e s tS P U Y e n t q m u g a n t , c p m é d i e t u r b u l e n t e s a p g t r a c e d ' e s p r i t ( m a i s n o n p a s d e s e n t i m e n t a l i t é — •M r . fî o b e rf s e n a l a b ç r j n e r a t i g n q u e l ' o n t r o u v e h a b i t u e l l e m e n t d çf np l e s f i Jm s a m é r i c a i n s ) ?Q u e S o n o f S i n i a d r a m è n e l a t im i d e su g g e s ti o n h o l ly w o o d i e n n e a u r a n g d ' u n b a r a g o u i n a g es t u p i d e ? P o is - j e v g u s d i r e ç j u e d a u s T h e S e v e n Y e a r  Itch  M a i i l y n M o n t o ë n ' i n t é r e s s e i a q u e l e sfçH?§ de Mqf i îyT i M o^ro e ? J ç m e de mq Rdç s j l e s E uro pée ns com prend ron t ce f i lm. Ce t t e com édieh y p p e r i t e e s t U ï l é ç h e ç p q u r l e r é a l i s a t e u r ( B i l l y W i l d e ? ) d u s a r d o n i q u q S u n s e t B o u l e v a r d -

l o ip e e é c o n o m i q u e a m a t é u n l io i f u r i e u x d e p l u s d a p s l ' h i s tp i r e d u - c i n é m a , l e m e t t e u re n s c è n e d e D o u b l e  Indemnity  e t de $ e e in f i te Hqlç — f i jmp gqns cpp ip romiS t §qn9h y p o c r i s i e . J e n ' a i s û r e m e n t p a s b e s o i n d e v o u s d i r e a u / U l y s s e , v e r s i o n a c c e p t a b l e d e l a f a b l ep o u r e n f a n t s , e s t b e a u c o u p m o i n g a c c e p t a b l e p ou jf d e s a d u l t e s q u i r e s p e c t e n t l e s o u f f l e é pk l U §e t l a p o é s i e d 'H o m è r e . S y l v a n a M a n g a n o s e m b l e a v o i r r é d u i t s a p a l e t t e d ' a c tr i c e à u n e s e u l ee x p r e s s io n — m a u s s a d e , c o m m e s i s a c e i p t u re é t a i t tr o p s e r r é e . K i rk D o u g l a s j o u e U l y s s e c o m m e

s ' il é tQ Îl u n p e r s p n n g g ç d e w e s t e r n , R e s t e P9ur ce i te fois le UQuveçm fj lm de Bet te Davis . The Vhgin  Q u p e p , g u i p ç u t o u p e p e u t p a s d o n n e r u n e i d é e c o r re c t e d e c e q q u o i l a f a m e u s e r e i n ed ' A n g l e t e r r e E l i s a b e t h r e s s e m b l a i t ( s ) e l l e e § ( c o r r e c t e , l ' i n t e r p r é t a t i o n d e B e t t e D a v i s e s t v r a im e n t t r è s b o n n e ) , m q i g l e r ^ s f e d u f i l m e s t u n t r a v e s t i s u r l ' h i s t o i r e p n g l p i s e d e c e t t e é p o q u e ,E t  Night Qt'thë   f f u n f e r * l e m e i l l e u r d e s n o u v e a u x f i l m s a m é r i c a i n s : j e l e r e ç Q i m n q n d e à v g t r ^a t te n t i o n , p a p s q u e u n© r é s e r v e . § n g c è u e p q r C h a r l e s L a u g h t o o (s o n p r e m i e r f il re ), q ' eq tUR§ S QI îîb re pe in fu rg d« « gg th ÎQHe am ér ica in », un e eau- fa r t e d 'un < s a uv eu r d ' a m es  f   p r a f e s iç iQ n n el ; g a so i f d ' a r g e n t p o u r c o n s t r u i r e u n t a b e r n a c l e < à l a g l o i r e d e D i e u » l e m è n e r a à e ap e r t e . P o u r l a p r e m i è r e f o i s , R o b e r t M i t c h u m s e r é v è l e a c t s u r d e t a l e n t d ç m s l e r ô l e d u { a n a -t i q u e d e D i e u . C h a r l e s ^ a u g h t o i i , p a r t a n t d ' u n s c é n a r i o d q r e g r e t t é J a m e s A g é e , u n d e n o sm e i l le u r s p o è t e s s— il t r a v a i l l a n o t a m m e n t a v e c H u s t ç n s u r  Affican Queen, ç.  i n su f f l é qu f i lmUR îy r lpme la tpn t qu i dé tonne d<?ns lg p roduc t ion hab i tue l l e d ' ï fa J lywçpd , P pur appréc ie r p le j>nêfflent ce fjlm, il éj5( n é c e s s a i r e d ? b i e n s p i s j r l e l a n g a g e p o p u l a i r e a m é r i c a i n , r nç qs e n g i jq u nc ç i s Ü n e f a u t l e m a n q u e r , Q u p g y t c h i p a u e r L a u g h t o n s u r s e s e m p r u n t e à D . - W . G r i f f i t h e t a q xé g îa jr o tg e s d u c i n é m a e l l g m c o ^ m a i s m ï em : v a u t e m p r u n t e r à d e b p n n e s s o u r c e s q u ' q v o j j

r e c o u r s à u n e * o r i g i n a l i t é » m é d i o c r e . C o m m e l e f a i t A l f r e d H i t c h c o c k d o n t l e d e r n i e r f i l m /To Cath  a Theef,  e s t a u s s i v i d e q u ' u n b a l l o n a u x j o l i e s c o u l e u r s , S a n s c l o u t e , l e s p e c t ç ç l e d el a R i v i e r q s u r l e g r a n d é c r a n d e J a V j ^ t a V i s i o n e p t m a g n i f i q u e , m a i s q ' e s t t o u t . O n a l ' i m p r e g ^s i o n d e r e g a r d e r é v o l u e r d e p s o m n a m b u l e s . C ' e s t s a n s c o n t e s t e l e p l u s m a u v a i s f i l m d ' H i t c h c o c kà ç e j o u r e t l ' u n d e s p l y p ç r § u ^ d e c e s d e n i e r s t e m p s . E n e x a l t e r l e h é r o s e n p a r l a n t d e s o r it r a v a i l ) p î i é s i sj ç n c e ï r q n ç p î s e p e n d a n t l a g u e r r e e s t l e « t r u c » l e p l u s g r a t u i t a u q u e lo ft p u i s s e p e n s e r . J ,e ç g u g d ç l a R é s i s t a n c e m é r i t e m i e u x q u e d e J o l ie s t q p e s s u r l e d e r r i è r e !

Pour fipir, je dojs meiitionner la récente exposition du Mwpeum d'&rt Moderne, %ÇinqupîiîeAns de Cinéma Italien », de Cabjrja à Deux Sous  d '^spp ir / 2e BQUvesu |ilm expérim ental e»couleurs de Hçms JÜchtQr, § X 8, long métrage « métaphysique i sur les échecs : et une nau>velle rpvue ki-mensugHp, n im CuJture,. éditée p ar Jonqs Mikos, publiée à New-Yqrk, 215 West99(h Street, que je recommpod® chaudement 9 tous ceux qui désespéraient de vojr tin jpur unpériodique américain déveué sux plug grdndp idéaux du cinéma.

HERMAN G. WplNBERG.

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DE BERLIN A LOCARNO (Suite) 

Et ce fut la Finlande, l’avant-dernier joui,

cjui apporta la surprise du Festival de Berlin, avec  L e M ar chand de poupé es   (J.Wi-tïkka) : cha rm ant film de fantaisie, d ’ironieet de féerie, raillant les régimes de dictature ; seul un. vieil anarchiste illuminé, unefillette et la band e des enfants comprennentqu’il puisse exister des marchands de pou-

[)éea..,_ Ensemble ils l’aideront à échapper àa police, à la prison.

La particularité du Festival de Berlin consiste à confier au public le soin d'établir unpalmarès par référendum : le résultat a étéremarquable en ce qu’il a classé aux premiersrangs trois grands documentaires ; la Grande Prairie  de ,Wa lt Disney {suite au  Désert  vivant). Continent perdu   (Italie) et  A Vom br e 

du K.ara\oram   (mission Karl Heckler, Allemagne) ; c’est ensuite seulement que venaient îes  Rats , MarceJlino  et Carmen fones.

CINEMA PROGRESSISTE

A L ocarno, outre les films allemands, del’Ouest et de l’Est, c'est sur les envois despays du Rideau de fer que se porte l’attention, depuis que le Festival de Marianské-Lazn é est réservé aux seuls hiéropha ntes.

 L ’Epre uve de la fi déli té   (J. Piriew : U.R.S.S.)dans l’esprit et dans la ligne de îa Grande Famille (Cf. : Cannes) est une « tranchede vie »' un pe u frêle dans une familleouvrière « posée », d’abord dans son appar

tement de Moscou, avec buffet genre Henri H,suspension en cuivre, doubles rideaux et petitsnappero ns partout, radio et T V , et ensuitedans un poste avancé du Grand-Nord... ; lescomplications sentimentales dont il s'agit restent assez anodines ; on pense & du Curel,à du Brieux. Il faut retenir Printemps de  

 Budapes i  (Félix Marlassy ; Hongrie) qui reconstitue les derniers jours du siège de Budapest par l*Armée rouge. C’est le momentoù les éléments révolutionnaires clandestinssortent de l’ombre et s’emparent du pouvoir.Réalisé avec de l’ampleur et de la force, ceFilm est solide, entraînant, bien fait.

Mais îa Chine , ^plus encore, a intéressé etséduit. Les familiers de Locarno n ’ont pas

oublié certain film, assez étonnant, projeté ila deux ans, le   / e u doit continuer   (prod. :amkuo ; réal . : Chusbeck La ne ), joué dans

un cirque, et tourné dans l’enceinte « libre ade Hong-Kong, Dans cette enclave demeurée colonie britannique, persiste notammentl’ancien costume — comme on l’a vu encorerécemment dans la scène des noces de Confinent  perdu   — L e  Jeu do it co nt inue r,   paisible et serein, exprimait un spiritualisme,peut-être chrétien, il était consacré à la vied ’une famille, au rôle de chacun de ses membres auprès des autres et du groupe lui-mêmeauprès de chacun dans les épreuves de lavolonté et de l’espérance. La Chine, cettefois, présenta l’opéra des Amours de Liang et de Chott,  projeté quelques jours à Paria :

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par sa discrétion et son raffinement un tel

rilra est encore loin de l’optique et des curiosités du public cinématographique et c’estdans l’ambiance seulement d'un Festival qu'ilpeut trouver une certaine adhésion.  Lettre à  plumes  (Che Houel) est plus accessible etconjugue plusieurs éléments d’intérêt : le pittoresque de ses vastes extérieurs, les mouvements et les surprises de là guerre, l’interprétation d’un enfant. Pe nda nt la guerrecontre ies japonais, vers 1930, les détachements en campagne échangeaient leurs messages par des estafettes de rencontre : paysans,colporteurs ou enfants, pour signaler l'importance du message on collait sur l’enveloppe une, deux ou trois plumes selon lecas,.. Tel est la lettre que le petit berger

Haiwa, 12 ans, est cha rgé de reme ttre à un eautre unité des armées nationales : le rôledu petit Haiwa est interprêté par un enfantcharmant de malice, d’intelligence et de finesse, et le film ainsi estompe une partiede sa rudesse guerrière.

Comme à Berlin, il y eut à Locarno une« surprise », venue celle-là de l'Union sud-africaine : le Jardin magique   (Donald Swan-son), réalisé il y a trois ou quatre ansf * eumarge » d’un grand film pat un cinéasteanglais point maladroit, avec quelques éléments de figuration noire. C’est, en forme defable, le mythe de l’argen t : on pense au Million   de René Clair. Une somme d’argentvolée passe de main en main, et chaque fois* libère » un malheureux écrasé par quelquedette ; quand le cercle est bouclé l'argent estrevenu à aon premier possesseur et ses détenteurs provisoires sont délivrés...

Le Festival de Loca rno doit, pour se gagner la bienveillance du Gouvernement fédéral de Berne, faire un e place à une ma nifestation d'in térê t universel : ce furent cetteannée le3 Journées du film ethnographique,organisées par le Musée de l'homme et leComité du film ethnographique dont l'animateur est M. Jean Rouch, connu déjà pourses films d’Afrique noire. Retenons de cesJournées :  Bo roro   par Henry Brandt (Suisse)

âui accompagne pe nda nt toute une saisonans leur migration permanente un groupe

de pasteura nomades du Niger : Fête chez [es  Ham ba,   de Luc Zangrie (Belgique), consacréà certains rites chez des peuplad es de lasavane du Niger ; les Mattres-Fous  enfin, deJean Rouch, présentant d’extraordinaires etinquiétantes manifestations de <t  convulsionnâmes » chez des Noirs venu s au contactdes Blancs, comme si le choc des deux civilisations disloquait leu r équilibre mental.Ainsi avec beaucoup d’adresse et un senstrès juste de ses obligations, le Festival deLocarno s’attache à apporter sur son écran,magnifiquement étendu cette année aux dimensions d'un dinémascope géant de 2.1mètres de base, tous les aspects et toutel’ampleur du Cinéma.

P ie r r e   M i c h a u t .

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FILMS SORTIS A PARIS DU 3 AOUT AU 13 SEPTEMBRE 1955

(40 f i lms)

9   FILMS FRANÇAIS

 M adem ois ell e de Paris,  film en Cînépanoramic et en Eastmancolor de "Walter Kapps, avecGisèle Pascal, Jean-Pierre Aumont, Capucine, Jacqueline François, Jean Marchai, René Blan-card, Nadine Basile, Simone Sylvestre, Jacqueline Huet, — L'histoire d’un grand couturier;ruiné, il « repartira » grâce à la confiance^ de celle qui devien dra sa fe mm e. Scénario, miseen scène, a tmosp hère, tout est très mauvais. O n ( songe avec mélan colie au x films que l 'onpourrait faire à la mémoire d’un Robert Piguet, d 'un Jacques Fath, d 'u n Marcel Rochas, d 'unPaul Poiret,

Sophie et le crime,   fi lm de Pierre Gaspard-Huit , avec Marina Vlady, Peter Van Eyck,Jean Gaven, René Havard, Pierre Dux, Dora Doll . — Une jeune péronnelle journaliste se mêlede faire innocenter un coupable et serait prise à son propre piège si à la dernière minute, etc.L’ensemble est très faible et Marina Vlaay — est-ce parce qu’elle est mal dirigée? — pratiquement nulle.

 L ’Im possib le M , Pip ele t,   film d'A nd ré H unebelle, avec Michel Simon, Gaby Morlay,Etchika Choureau, Louis de Funès, Jean Brochard, Noël Roquevert. — Habile opération pourse concilier le public des concierges et des facteurs. En tant que film : inexistant.

 M ’sieUr L a Ca ille,   film en Cînépanoramic d ’And ré Pergam ent, avec Phil ippe Lem aire,Jeanne Moreau, Marthe Mercadier, Roger Pierre, Robert DaTban, Lucien Frégis, Yva Bella,Fernand Sardou. — Une « série noire » qui ne ressemble pas exactement aux autres. Le petitcôté dém odé et pas désagréab le du film vient sans doute de Carco... mais la réalisationhésitante n’évite ni les facilités ni les lieux communs. Jeanne Moreau est excellente.

Cherjchez la fem m e,   fi lm de Raoul André, avec Georges Marchai , Geneviève Page, PierreMondy, Pascale R oberts. — Com édie bu rlesque chez les gangsters^ : deu x journalistes délivrentune fille de famille séquestrée. Très faible. Geneviève Page mérite beaucoup mieux.

 L e Crân&ur,  film de Dimitri K irsanoff, avec Raym ond Pellegrin, Marin a Vlady , PaulFrankeur. ■— Même si on n’aimait pas  B ru mes d ’au to mne   on ne peut être que consterné devoir un réalisateur sincère et épris de bo n cinéma s'être laissé entraîner sur cette pentedangereuse.

 Nagana,  film en Eatsmancolor de Hervé Bromberger, avec Barbara Laage, Renato Baldini,Ray mo nd Souplex, Gil Delamare, G abrielle Dorziat. — Des aventuriers au Cameroun, en1920, sous le prétexte de médecine et d’humanîté, ne cherchent que l’or des indigènes naïfs.Tourné en Afrique, le film ne paraît pourtant pas « réaliste », de plus la couleur est mauvaise. Seule Barbara Laage tire son épingle de la brousse.

 Nana,  film en Eastmancolor de Christian-Jaque, avec Martine Carol, Charles Boyer, WalterChiarî, Jacques Castelot, Noël Roquevert, Paul Frankeur, Jean Debucourt, Marguerite Pierrv,Elisa Ce gani, D ora Doll. — Si vous avez lu Zo la e t si vous avez aimé l ’adm irable  Nana   aeJean Renoir, alors vous ne serez pas contents. Pas contents du tout.

Gueule d’Ange,   film de Marcel Blistène, avec Viviane Romance, Maurice Ronet, Geneviève Kerv ine, Dora Doll, Simone Paris, France Roch e. — L ’éternel sujet du joli garçonlâche accroché au jupon de ces dames. Réalisation floue, dialogue pénible.

5 FILMS ANGLAIS

The Beachcomher _ (Le ; Vagabond   des  Iles],  film en Technicolor de Muriel Box, avecRob ert Newton, Glynis Johns, Donald Sinden. — Petit film d ’aventur e de série. Ro bertNewton fera rire les enfanta.

T h e E n d    o f th e A ff a ir {V iüre u n gra nd am ou r) ,  fi lm de Edward Dmytryk, avec DeborahKerr, V an Johnson, Peter Cushing, John Mills. — Comme le roman de Gra n am Greene dontil est inspiré, le film débute bien et tourne à la catastrophe quand la religion entre lourdement en acène. Van Johnson étai t aussi peu indiqué que possible pour jouer un écrivain maisDeborah Kerr est remarquable.

The Marj uîho loves Redheaàa (L'Homme cfui aimait les  rousses), film en Technicolor deHarold French, avec Moïra Shearer, John Justin, Roland Culver, Gladys Cooper. — Comédieanglaise de série assez languissante. Seule Moïra Shearer, quoique faible actrice, est un spectacle agréable pour les yeux.

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T h e   Sec fera (Moana, fille des tropiques),  film en Eaatmnncolor de Ken Annakin» avecJack Haw kins, Glynis Johns, Noël Pu rcell, Lay a Raki, Inia Te "Wîatai — De bong inletprètes,un réalisateur honnête, un sujet intéressant : la vie difficile des premiers colons britanniquesétablis en Nouvelle-Zélande. Le résultat est malgré tout décevant.

Th e Weafc and the Wick.ed (Filles sans joie),  film de J. Lee Thom pson , avec John

Gregson, Diana Dors, Jane Hylton, Simone Silva. — Encore un sujet rebattu et rien n’a étéfait pour renouveler le genre. Principale attraction : Diana Dors, la Marilyn Monroe anglaise.

19 FILMS AMERICAINS

Sia:  Br idge s to CrOss (L a  Poft'ce était au rvndez-üotia), film de Joseph Pèvnèy, avec TonyCurtis, Julie Ad am s, G eorge Na der. —“ « Policier » de série, violent et décou su.

Saadia,  film en Technicolor de Albert Lewin, avec Rita Gam, Cornel Wilde, Mel Ferrer,Michel Simon.. ~ Le premier film de Lewin qui soit vraiment décevant. O n n e d em ande pasà croire à cette rocambolesqüe histoire.,, mais au moins à être séduit'. La beauté tapageuse deRita Gam et la finesse de Mel Ferrer n’arrivent pas à ce résultat.

 A BulU tt fo r Joe y   (l/n.  pr<uneau po ur Joe),   film de Lewis Allen, avec Edward G. Robinson,George Raft, Audrey Totter, George Dolent, Peter Vau Eyck. — Encore des gangsters, tou jours^ de9 gan gs te rs . La pré se nce de Rob in so n et de Raft fait pre sq ue pre ndre cet te hi stoir eau sérieux,., mais la mise en scène est vraiment trop bâclée.

 R ogae Cop   {Sur la trace  cflir crime), film de Roy Rowland, avec Robert Taylor, JanetLeigh, George Raft, Steve Forrest, A nn e Francis. — Un policier- marro n gra vît les rud esétapes de son repentir. C ertaines scènes sont b onnes et Robert Taylor est conva incant.L’ensemble demeure faible.

Golden Mistress {La Déesse  df’Or), film en Technicolor de Joël Judge, avec John Agar,Rosemarie Bowe, Abner Biberman, André Narcisse. — La déesse dort... et tellement bien quel’on a peur que les spectateurs n’en fassent autant. Ne soyons pas injuste ; John Agav plaîtaux dames et Rosemarie Bowe aux messieurs.

Tanganyka,   f ilm en Technicolor de And ré de Totb, avec Van Hefliri , Ruth Rom an,Howard Durf, Jeff Morrow, — De Totb a fait souvent mieux. Son histoire ne tient pas deboutmais il a bien dirigé Van Heflin et   la belle Ruth Roman.

Beatr  Bru m m et (L e Be au Briumm el),  film, en Eaatmancolor Je Curtis Bernhardt, avecStewart Granger, Elizabeth Taylor, Peter Ustinov, Robert Morley. — Du danger de s'attaqueraux légendes. Malgré les efforta conjugués du réalisateur et des interprètes, celle-ci n’arrivepas à prendre corps sut l’écran, Il la fallait pluâ irréelle ou plua sordide.

The Shrik.e (Ange ou démon),  film de José Ferrer, avec José Ferrer, June Allyson, JoyPage, Kendall Clark, — José Ferrer est, parait-il, très satisfait de son interprète... José Ferrer.Du danger pour un comédien ^même intelligent) de se prendre pour un réalisateur. JuneAllyson nous aide à passer le temps. Malgré tout, l’entreprise est originale et courageuse.

Kiss  m e  Dea dly   (En quatrième tiifesse),  film de Robert Aldrich, avec Ralph Meéker,Albert Dekker, Paul Stewart, Juano Hemandez. — Voir la critique de Ce Film page 42.

Green Fire (L1Em erau de tragique),  f i lm en CïnémaScope et en Technicolor de AndrewMarton, avec Stewart Granger, Grâce Kelly, Paul Douglas, John Ericson. — Qu‘est-ce que labelle, la parfaite Grâce Kelly est allée faire dans cette galère?

Es cape to   Burma (Les Rubis du Princ e Birman], film en Technicolor d’Ail an Dwaïi, avecBarbara Stamvyck, Robert Ryan, David Farrar, Murvyn Vye, — Toujours sur la brèche levieil et glorieux Allaîi Dwan, Et toujours — en dé pit d 'un scénario sans grâce ni vigu eur •— ungrand metteur en ecène.

 Beca use  yda’re mine (Tu es â moi), film en Technicolor de Alexander Hall, avec MarioLanza, Doretta Morrow, James Whitmore, Paula Corday. — Bonne occasion pour Mario Lanza

de nous faire admirer ses cordes vocales. La sauce est malheureusement plutôt fade.W o m e n s   Prison (Femmes en prison), film de Lewis Seiler, avec Ida Lupino, Jan Sterling,

Cleo Mcore, Howard Duff. — Dans une prison de femmes les exactions d’une surveillanteconduiront à la révolte. Cette dure histoire est contée sans trop de concessions à la sentimentalité du grand public et Ida Lupino, en vraie comédienne, a accepté un rôle odieux ou elledemeure ce qu'elle a toujours été : talentueuse et intelligente,

Wicfysd IVoman (La Scandaleuse), film de Russe] Rouse, avec Beverly Michaelâ, RichardEgan, Percy Helton. — Un petit fi lm de rien du tout qui ne mène nulle pa rt . . , mais i l y aBeverly Michaels, Scandaleuse créature, lascive et séduisante, elle vaut le déplacement pourqui s’intéresse à certaines variétés de femelles horripilantes.

Drum Beat (L'Aigle solitaire), film en CinémaScope et en Wâïftercolor de Delmer Daves,avec Alan Ladd, Marisa Pavan, Audrey Dalton, Robert Keith, — Alan Ladd n'est plus le«t tueu r angéliq ue » de se s déb uts, 11 eBt ma inte nan t au service de la patrie et to m bâ t lefeméchants Indiens qui se laissent entraîner par 1«3 vilains renégats. Grand western à grandemise en scène. Delmêr Daves, lui aussi, était meilleur â ses débuts.

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 Désirée,  film en CinémaScope et en Technicolor de Henry Koster, avec Marlon Brando,Jean Simmotis, M etle Obeï on, Micbael Rerniie, C am eron MttckelL —~ Les am ouïs d e Napo léonet de Désirée Clary, une conception évidemment très spéciale de l 'Histoire, mais pourquoi pas?Marlon Brando n’est pas du tout ridicule comme on l’a dit et Jean Simmons est exquise.

Vanishing Prairie  (La Grande Prairie),  film en Technicolor de Walt^ Disney, com mentaire

français dit par Robert Dalban. — Second long métrage de la série « C’est la vie j>. La luttepour la vie de mille et un animaux. Toujours la même chanson.

Th e Magne tic Monsier   (Le  Man sl re mag né tique ),   film de Curt S iodmak, avec RichardCarlson, K ing Donova n. — Science-fiction et terreur. L e monstre e n question double sanscesse de volume. Curt Siodmak aurait mieux fait de rester ce qu’il était : auteur de romanspoliciers,

The Bridges at Toko-Ri  (Les Ponts de   To/jo-Ri), film en Tech nicolor de M ark Rob son, 'avecWilliam Holden, Grâce Kelly, Fredric March, Mickey Rooney, Robert Strauss, Charles McGra\v.— Un film de guerre contre la guerre d’après un « best-seller ». La guerre de Corée, un aviateur qui fait son devoir sans l’aimer. Robson s’est laissé engluer dans son histoire aans ladominer, mais William Holden et Grâce Kelly forment un couple émouvant.

6 FILMS ITALIENS

Tam-Tam,  film, en Technicolor de G.-G. N&politano, avec Charles Vanel, Pedro Armen-dariz, Kerima, Jacques Betthier, Marcello Mastroianni. — Beaucoup de bruit pour rien. Cetteaventure de pacotille se passe au Congo en 1925 et se voudrait humaine. Malgré des prises devues en Afrique et la présence d ’honnêtes comédiens, elle laisse indifférent.

Una Donna   Libéra (Femmes  Libr es ),   film de Vittorù) Cottafavi avec Françoise Christophe,Pierre Cressoy, Gino Cervi, Christin e Carère, Eli Sa Cegani, An toine B alpêtré. — Le m élodra meitalien type. L'inverse du néo-réalisme. Pénible.

 La Pat tugl ia St ierd uta {La Patro ui lle  perd ue), film de Piero Nelli, avec Sandro Isola,Giüse ppe Rau me r, À nnib ale Biglione. -—■ Rien â voir avec celle de Joh n Ford, mais c ’est aussil’histoire d ’un groupe d ’hom mes isolés pe nd an t une retraite, Réalisation grave et très soignée.Très belles images. Piero Netti est un très j’eune cinéaste qui a peut-être beaucoup d’avenir.

Picasso,  film en Eastmancolor de Luciano Emmer, texte adapté par Claude Roy, dit parJean Davy. -— On pour ra touj’ours discuter de l’ordonnanc e et des interprétation s d ’un film surPicasso, mais celui-ci est sans doute le plus complet et le plus satisfaisant qu’on ait vu surl’ensemble de l’œuvre du grand peintre. On demeure ébloui, fasciné par l’ampleur, la variété,

l’intelligence, le génie.Casanova,  film en Eatsmancolor de Sténo, avec Gabriel Ferzetti, Marina Vlady, CorinneCalvet, Nadia Gray, Irene Galter. ■— Quelques aventures de Casanova. Le tout n’est pas 6ûnsesprit mais quelle curieuse idée d’avoir choisi Gabriel Ferzetti pour le rôle.

 In des fabu leuse s,   film en Technicolor de Gïulîo Macchi. — Grand documentaire sur lesInde3, ses richesses, ses misères, ses contrastes. Admirablement photographié par ClaudeRenoir.

1 FILM ESPAGNOL

 Mue rt e de   ttn cicliata  (La iWort d’un cÿcliste),  film de J.-A. Bardent, avec Lucia Bose,Alberto Cloaas, Carlos Casaravilla. — Voir critique dans ce numéro page 40 .

AU SOMMAIRE DE NOS PROCHAINS NUMEROS

André Bazin et Jacques Doniol-Valcroze :• Entretien avec Orson Welles. — Jacques Bcc-ker : Vacances en novembre (Scénario inédit). — Robert Bresson et Jean Cocteau : LesDames du Bois de Boulogne. — J. Donlol-Yalcroze et Jacques Rivette : Entretien avec JeanCocteau — Lotte H. Eisner ; Notes sur Stroheinu — Paul Guth : Après « Les Dames ». —Iercydoun Hovieda : Grandeur et décadence du «  Sérial ». — France Roche et Pierre Kast :Iuitrctien avec Preston Sturges. ■— Jean-Jacques Kim : ûrpliée et îe Livre des Morts Tlifbé-talns. —■ Robert Laehenay : Port rai t d'Humphrey Bogart. — Fritz Lan# : Mon expérienceaméricaine. — André Martin : Alexieff, ou le cinéma non-tudidien. Un  cinéma de la personne(Frederlco Fellini) *— Pierre Miclmut : Méthode et il lust ration du film de eeïiéma animé. —Jaegues  R lt ett ù et   François Truffant » Entret ien avec Max Opliuls. En tretien avec Eric vonSfrohelm. Entretien avec Hoivard HawKs. — Emmanuel Rôt ies î eu travaillant avec LuisBunuel. — Eric Rolimer : Le celluloïd e t le marbre (IV, V). — Mary Seaton : Elsenstein.

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