Brève : Sevrage tabagique chez le patient porteur d’une BPCO
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Sevrage tabagique
C. Raherison
Mission ERS 2007
Service des Maladies Respiratoires, CentreFrançois Magendie, avenue Magellan, CHUBordeaux, 33604 Pessac, France.
Correspondance :[email protected]
14Rev Mal Respir 2008 ; 25 : 14-17
© 2008 SPLF. Édité par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Brève : Sevrage tabagique chez le patient
porteur d’une BPCO
On estime à environ 40-45 % la proportion de patientsatteints d’une BPCO modérée à sévère, qui continue de fumeractivement [1].
Ainsi, une population de 8 215 patients atteints deBPCO âgés de plus de 35 ans a été suivie [2]. Le score dedépendance moyen était de 3,6 [0-6]. Au total, 47 % desBPCO sévères étaient diagnostiqués par un médecin, 35 %continuaient de fumer et 62 % souhaitaient arrêter leur intoxi-cation.
Dans un essai randomisé contrôlé versus placebo [3],l’efficacité du sevrage tabagique à un an chez les BPCO a étéévaluée et a concerné 370 patients âgés de 62 ans (VEMS =56 % théorique). Le tabagisme actif était en moyenne de20 cigarettes/jour. Deux groupes de patients ont été constitués :substitution nicotinique versus placebo. Le taux de succès dusevrage tabagique était significativement plus important dans legroupe substitution nicotinique que dans le groupe placebo à6 mois : 23 % vs 10 % ; à 12 mois, 17 % vs 10 %.
En conclusion, le tabagisme persistant est fréquent chezles malades atteints de BPCO, avec une proportion importantede malades souhaitant arrêter et une efficacité de la substitu-tion nicotinique, comme des autres moyens d’aide à l’arrêt(tableau I), comparable à celle observée chez les fumeurs « tout-venant ».
Tableau I.
Efficacité de l’aide au sevrage tabagique chez les BPCO : odds ratiodes chances de succès versus placebo.
Traitement OR [IC 95 %]
Substitution nicotinique 1,73 [1,62-1,85]
Bupropion 1,97 [1,67-2,34]
Varénicline 3,22 [2,43-4,3]
Références
1 Tønnesen P : Smoking and COPD. Communication orale. Congrès del’European Respiratory Society, 2007.
2 Shabab L, Jarvis MJ, Britton J, West R : Prevalence, diagnosis and relationto tobacco dependence of chronic obstructive pulmonary disease in anationally representative population sample. Thorax 2006 : 61 : 1043-7.
3 Tønnesen P, Mikkelsen K, Bremann L : Nurse-conducted smoking ces-sation in patients with COPD using nicotine sublingual tablets andbehavioral support. Chest 2006 ; 130 : 334-42.
Brève : Hospitaliser les patients BPCO
pour leur sevrage tabagique ?
Une vaste étude a été menée parmi 43 784 sujets enpopulation générale, au sein desquels 22 % étaient fumeurs.Parmi ces derniers, 4 808 ont été invités à participer à uneétude portant sur les symptômes respiratoires et la spirométrie,et 3 887 patients ont effectivement effectué la spirométrie :17 % étaient porteurs d’une BPCO, soit n = 674 patients. Cespatients ont été randomisés en deux groupes : un groupe ayantune prise en charge du sevrage tabagique habituelle, et ungroupe bénéficiant de l’intervention. Ce programme nécessi-tait une préparation de 15 jours, puis une hospitalisation de11 jours durant laquelle le traitement par substitution étaitdébuté, une réadaptation à l’exercice effectuée, en association àun programme éducatif (anatomie, entraînement, diététique,spirométrie, stratégies de coping, etc.) avec intervention d’uneinfirmière, d’un kinésithérapeute, d’un médecin tabacologue,et d’un psychologue. Les patients étaient rappelés par télé-phone à 3 mois, et étaient réhospitalisés durant 2 à 4 jours.
Le taux d’abstinence (supérieur à 6 mois) à 1 an et 3 ans,dans chaque groupe, figure dans le tableau II.
Synthèse : Stratégie de réduction
du tabagisme : quelle efficacité ?
Aspect épidémiologique en population
générale
Bien que les effets bénéfiques liés à l’arrêt du tabac soientbien connus, et en dépit du conseil minimal délivré par lesmédecins, le succès du sevrage tabagique à long terme restefaible. L’arrêt du tabac se révèle en particulier difficile, voireparfois impossible, chez certains patients atteints d’affectionsrespiratoires [1]. Ces dernières années, le concept de stratégiede réduction du tabagisme a fait son apparition [2]. Cette stra-tégie se définit par une diminution du tabagisme actif journa-lier, sans arrêt complet.
Effet dans le cas général
Une revue de la littérature récente fait le point sur cesujet d’actualité. Environ vingt cinq études ont été identi-fiées : 8 portant sur les effets de cette stratégie dans lespathologies cardio-vasculaires, 11 sur ses effets dans lespathologies respiratoires, les autres sur des effets plus diverscomme la taille des nouveau-nés à la naissance, ou le can-cer bronchique. Dans la plupart de ces travaux, la stratégiede réduction était définie par une diminution d’au moins50 % de la consommation habituelle de tabac, et unemesure objective de l’arrêt du tabagisme par des biomar-queurs était recueillie.
L’interprétation des études est difficile du fait de leur petitnombre et de l’hétérogénéité des schémas méthodologiques :
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Sevrage tabagique
15© 2008 SPLF. Édité par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Groupe contrôle Groupe intervention
n = 231 n = 212
1 an 3 ans 1 an 3 ans
7 % 10 % 52 % 38 %
Tableau II.
Efficacité d’une intervention d’aide au sevrage tabagique comportantune hospitalisation et une réhabilitation initiales. Les pourcentagescorrespondent aux taux d’arrêt du tabac.
Donc, une option intéressante par son efficacité à moyenet long terme, peut être à envisager plus particulièrement chezles malades en situation d’échec d’une première tentative ?
Référence
1 Sundblad BM, Larsson K, Nathell L : Communication orale. Eur Res-pir J 2007 ; 30 : 282s.
À R E T E N I R
• Le sevrage tabagique doit demeurer la pierreangulaire de la prise en charge des patientsporteurs d’affections respiratoires.
• Chez les patients BPCO, le tabagisme encoreactif est noté chez 1/3 au moins des malades,avec chez 2/3 d’entre eux un désir d’arrêt.
• La substitution nicotinique est efficace chez cesmalades avec un taux de succès du sevragesupérieur au groupe placebo.
• Une intervention d’aide à l’arrêt basée sur l’hospitalisation et la réhabilitation est efficaceà moyen et long terme chez les malades atteintsde BPCO.