Blasons Alchimiques

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BLASONS ALCHIMIQUES Mythical coat of arms [British Library, Add. 11388, ca. 1564] - cliquez sur les régions de l'image pour un commentaire revu le 13 avril 2005 Plan : Introduction : origine des armoiries - partition - forme - couleur [or , argent , gueules , azur , sinople , sable , hermine , vair , pourpre , orangé ] - figures [chef - pal - fasce - bande - barre - étrier - chevron - bordure - pairle - pointe - pile - losange - fusée - macles - besant - tourteau - ] - croix [pleine - pattée - au pied fiché - gringolée - pommelée - frettée - entée ] - 1)- Le chevalier hermétique - 2. La panthère - 3. Le swastika pôlaire - 4. Trois fragments sacrés - 5. L' animation du Mercure - 6. Le Ciel chymique - 7. La Rosée de mai - 8. L'agriculture céleste - 9. Fixation du Mercure - 10. La fève alchimique - 11. Le Mercure naturel - 12. Le phénix - conclusion : une cérémonie - Abréviations : Myst. : Mystère des Cathédrales - DM I ou II : Demeures Philosophales [Eugène Canseliet et Fulcanelli]

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Alchimie

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  • BLASONSALCHIMIQUES

    Mythical coat of arms [British Library, Add. 11388, ca. 1564] - cliquez sur les rgions de l'imagepour un commentaire

    revu le 13 avril 2005

    Plan : Introduction : origine des armoiries - partition - forme - couleur [or, argent, gueules,azur, sinople, sable, hermine, vair, pourpre, orang] - figures [chef - pal - fasce - bande -barre - trier - chevron - bordure - pairle - pointe - pile - losange - fuse - macles - besant- tourteau - ] - croix [pleine - patte - au pied fich - gringole - pommele - frette -ente] - 1)- Le chevalier hermtique - 2. La panthre - 3. Le swastika plaire - 4. Troisfragments sacrs - 5. L'animation du Mercure - 6. Le Ciel chymique - 7. La Rose de mai- 8. L'agriculture cleste - 9. Fixation du Mercure - 10. La fve alchimique - 11. LeMercure naturel - 12. Le phnix - conclusion : une crmonie -

    Abrviations : Myst. : Mystre des Cathdrales - DM I ou II : Demeures Philosophales[Eugne Canseliet et Fulcanelli]

  • site utile : http://armorial.free.fr/

    Introduction

    De trs nombreux symboles hraldiques se retrouvent en alchimie. Ilspeuvent aider l'tudiant en art hermtique mieux comprendre lesallgories dcrites dans les textes et de nombreux dtails d'iconographie.Nous avons choisi de commenter un ouvrage remarquable, Les Originessymboliques du blason, de Robert Viel (Berg, 1972). Nous allons donc faire unnouveau tour de l'inventaire de l'arsenal hermtique, mais simplifi parrapport aux sections dj existantes et en renvoyant par des liensappropris chaque section importante. Dans une premire partie, nousabordons uniquement le symbolisme hermtique gnral en le rapportant l'hraldique, sans aborder les blasons alchimiques proprement parler.Ils font l'objet d'un commentaire dans l'introduction mme. Nous allonsd'abord donner un extrait de la Science du blason [Trait complet de la sciencedu blason : l'usage des bibliophiles, archologues, amateurs d'objets d'art et decuriosits, numismates, archivistes par Jouffroy d'Eschavannes, Paris : E. Rouveyre,1885] qui permettra de mieux situer le cadre de notre sujet dans sesrapports immdiats et plus recherchs avec l'alchimie.

    ORIGINE DES ARMOIRIES

    DANS tous les temps, les guerriers ont adopt certaines marques symboliquesdont ils ornaient leurs casques ou leurs boucliers, mais sans leur attribuer ni leurreconnatre aucun caractre d'hrdit, aucun symbole de noblesse. Homre,Virgile et Pline parlent des figures reprsentes sur les boucliers des hros quiassistaient au sige de Troie. Philostrate dit qu'une aigle d'or sur un bouclier taitle blason royal des Mdes, assertion confirme par Xnophon au livre Ier de sonhistoire; et tous les auteurs grecs sont remplis des devises d'Arsace, de Cyrus, deCambyse, de Darius et de Xerxs. Les boucliers et les casques des Grecs taient cette poque orns d'une multitude de signes de ce genre. Diodore de Sicile croitque les Egyptiens avaient invent ces images symboliques, et quelques auteurs sesont appuys sur cette opinion pour attribuer aux Pharaons l'origine des armoiries.Le Pre Monnet pense qu'une espce de blason existait dj sous Auguste, ets'exprime ainsi :

    Le vrai usage des boucliers armoris et des blasons de couleurs et de mtauxd'armes a pris origine sous Octave-Auguste, empereur, lequel usage a continu ets'est augment sous les empereurs ses successeurs, et, depuis, s'est perfectionntant s Gaules qu'es autres royaumes de l'Europe aprs l'empire romain failli et leslgions romaines teintes.

    Cette opinion est parfaitement acceptable quant aux emblmes adopts par lesanciens, mais elle est errone quant la prtention de voir chez les Romains lesrglements d'une science hraldique. Autant vaudrait alors se ranger de l'avisd'Andr Favin avanant que le blason est d aux fils de Seth, qui, afin de sedistinguer des enfants de Can, prirent pour armoiries les figures de diverseschoses naturelles, fruits, plantes et animaux, tandis que la postrit du rprouv sedistingua au moyen des instruments des arts mcaniques. Sgoin soutient que lesenfants de No inventrent les armoiries aprs le dluge, et cite Zouare, historiengrec, dans le quatrime livre de ses Annales ; malheureusement, cet auteurn'ayant crit que trois livres, l'assertion de Sgoin doit trouver peu de partisans.Enfin; selon d'autres, les armoiries taient en usage lorsque les hbreux sortirentd'Egypte, parce qu'il est dit au livre des Nombres que ce peuple campait par tribus,ou familles distingues au moyen de leurs enseignes et drapeaux. Sur cefondement, ils ont imagin que les douze tribus reprsentaient les douze signes duzodiaque, et se sont empresss de donner chacune l'image d'une constellation;ou bien, interprtant les prdictions de Jacob ses enfants sur ce qui leur arriveraaprs sa mort, ils y ont encore trouv un sujet d'armoiries. Ainsi la tribu de Judaavait un lion, parce que Jacob dit : Catulus leonis Juda, etc. ; la tribu de Zabulon,une ancre ; d'Issachar, un ne; de Dan, un serpent; de Gad, un homme arm; deSimon, une pe; d'Asser, des tourteaux; de Nephtali, un cerf; et de Benjamin, unloup. La Gense, le Deutronome, et tous les livres sacrs sont tour tour

  • invoqus pour trouver une origine mystrieuse aux armoiries. Mais tous cesauteurs, malgr les peines qu'ils se sont donnes, n'ont prouv qu'une choseincontestable d'ailleurs et inconteste : c'est que les hommes, ds l'origine dessocits, ont voulu se distinguer de leurs semblables par quelques symboles ouhiroglyphes, et que les socits elles-mmes ont bientt senti la ncessit d'avoirdes signes au moyen desquels leurs diffrentes fractions pussent se runir enordre. Ces signes, quelquefois enfants par la vanit, n'taient-ils pas aussi lespremiers lments de l'organisation, les premires bases de la hirarchie sociale ?Singulire destine de cette science, dont les prmices furent un hommage renduaux lois sociales, et qu'on a vue de nos jours considre comme un brandon dedsunion entre les hommes! Ce qu'on peut donc affirmer avec raison, c'est que detout temps il y a eu des marques symboliques portes par des individus sur leurscasques ou leurs boucliers, et par des runions d'hommes sur les drapeaux ettendards; mais elles ne furent point d'abord des marques hrditaires denoblesse. Il est vrai que quelques-unes ont pass aux enfants : ainsi, d'aprsItalicus, un des Corvins avait le corbeau de Valerius Corvinus pour cimier; et Ovidedit qu'Ege, reconnut son fils Thse en voyant les marques de sa race sur lepommeau de son pe. Mais ce n'tait l que des ornements dpendants ducaprice, et non des armoiries soumises un code. Les Romains n'eurentcertainement jamais d'armoiries semblables aux ntres, puisque sur les nombreuxarcs de triomphe, tombeaux, temples et autres monuments qu'ils nous ont laisss,on n'en trouve aucun vestige. Auguste et ses successeurs firent graver des imagessur les boucliers des soldats, mais toute une cohorte, toute une lgion portait lamme figure, qui devenait un signe de ralliement. On ne trouve pas autre chosedans la notice de l'empire. Chez les Gaulois, quelques emblmes mystrieuxadopts par les druides, tels que la branche de gui, que le peuple avait en grandevnration, et des initiales ou des images d'idoles graves sur des bagues, voiltout ce que les recherches ont procur jusqu' prsent. C'est toujours, commechez les autres peuples, une disposition se parer d'emblmes, en revtir leschoses sacres, donner par ce moyen, pour ainsi dire, une figure palpable aumysticisme religieux ; mais des rgles dtermines, de formes constantes ouhrditaires, il n'y en a aucune trace. Si l'on traverse l'poque d'invasion pourarriver celle o les Francs sont tablis en matres et en vainqueurs, on retrouveles mmes faits ; et plus tard encore les preux de Charlemagne ne connaissentd'autres armoiries que les bannires militaires, insignes de commandement etd'autorit, mais non encore de noblesse hrditaire. Les armoiries, telles quellessont aujourd'hui, ne datent que du onzime sicle, ou de la fin du dixime, car onn'en retrouve aucune trace sur les monuments antrieurs cette poque. Les plusanciens tombeaux n'ont que des croix et des inscriptions avec la reprsentation autrait de ceux qui y sont inhums; et l'on doit attribuer a. une restauration les figureshraldiques qui peuvent se rencontrer .sur plusieurs. C'est au onzime sicleseulement que les sceaux commencent porter des armoiries, et le petit nombredes monuments de ce genre laisserait penser que l'usage n'en tait pas encoretrs rpandu. On possde le contrat de mariage de Sanche, infant de Castille,avec Guillemine, fille de Centule Gaston II, vicomte de Barn, de l'an 1000, au basduquel il y avait sept sceaux apposs, dont deux se sont conservs entiers. Lepremier reprsente un cu charg d'un lvrier ; le second est un cu tranch pardes barres transversales. M. de Villaret, qui s'est livr l'examen de ces sceaux,prtend qu'on peut certainement reconnatre sur le second les figures du blasonmoderne. Il en et pu dire autant du premier, qui pouvait bien tre le sceau deGarcie-Arnaud, comte d'Aure et de Magnoac, lequel vivait dans le mme temps, etdont les descendants ont toujours port un lvrier dans leurs armes. Deux sceauxd'Adelbert, duc et marquis de Lorraine, apposs deux chartes des annes 1030et 1037 de l're vulgaire, reprsentent un cu charg d'une aigle au vol abaiss.Un acte de l'an 1072 [L'authenticit de cet acte a t conteste par M. D. Mabillonet quelques autres.] porte un sceau de Robert le Frison, comte de Flandres, surlequel est un lion ; et un diplme de Raymond de Saint-Gilles, de l'an 1088, estscell d'une croix vide, clche et pommete, telle que l'ont toujours portedepuis les comtes de Toulouse. L'historien du Languedoc avait pens que cettedernire pice tait le plus ancien monument hraldique, mais les chartes citesplus haut dtruisent cette opinion. Le sceau de Thierri II, comte de Bar-le-Duc etde Montbliard, mis au bas d'un acte de l'an 1093, reprsente deux bars adosss.Il est bon d'ajouter l'appui de ce sentiment que le moine de Marmoutiers, qui acrit l'histoire de Geoffroi, comte d'Anjou, l'an 1100, parle du blason comme d'unusage tabli depuis longtemps dans les familles illustres. Ces marques distinctivescommencent donc tout au plus au onzime sicle devenir hrditaires dansquelques familles, mais seulement par l'effet d'un caprice, et nullement d'aprs leslois d'un code hraldique. Si ce code et exist, quelle et pu tre son utilit ? lestournois n'taient pas encore de mode, et il serait absurde de penser que desprescriptions eussent t tablies dans la prvision d'vnements qui ne s'taientpas encore prsents et dont on ne pouvait avoir l'ide. Enfin les armoiries

  • existaient, se transmettaient mme.

    Armorial questre de la Toison d'or, Flandre, ca. 1433-1435 - le Roi de France

    Elles taient les lments d'une science, mais pas encore la science. Le premier tournoi fut donn enFrance, l'an 1066, par Geoffroi, seigneur de Preuilly, ainsi que l'apprend la chronique de Tours. Sur letmoignage d'un historien tranger qui les appelle conflictus Gallici, quelques modernes ont cru devoiren attribuer le berceau la France, et proclamer Geoffroi de Preuilly le lgislateur des tournois; mais ilest certain que ces joutes che- valeresques taient dj pratiques dans le Nord depuis prs d'unsicle ; et si quelques auteurs les ont appeles les combats franais, c'est que nos chevaliers ybrillaient par un courage, une magnificence, une adresse, une courtoisie qui passaient alors enproverbe chez les autres nations de l'Europe. On sait d'ailleurs que les tournois avaient lieu enAllemagne ds le dixime sicle, et c'est Henri l'Oiseleur qu'on doit toute la lgislation des montresd'armes. Plus une chose est ancienne, plus nous croyons devoir lui porter de respect ; aussi ne faut-ilpas s'tonner si quelques enthousiastes (en les supposant de bonne foi), ont cru dcouvrir la sciencel o il y en avait peine les lments. Les plus anciens ouvrages qu'on possde sur le blason sontdes manuscrits dont aucun ne remonte plus haut que le rgne de Philippe-Auguste. Encore cesouvrages sont-ils d'une faible importance. Un des plus anciens est celui de Jacques Bretex, la datede 1285. L'auteur dcrit en rimes les joutes faites Chaunency, et s'amuse blasonner les armoiriesdes chevaliers qui s'y trouvaient. On possde un autre manuscrit de 1253, sous ce titre : Lesordonnances appartenons l'officier d'armes et les couleurs appartenans aux blasons. C'est l'extraitd'un autre manuscrit plus ancien. Il existe aussi un armorial de l'an 1312, intitul : Noms et armuresdes chevaliers qui furent Rome au couronnement de l'empereur Henri VII. Mais tous ces ouvragesne contiennent gure que des renseignements et des ordonnances pour les joutes et les tournois. Lespremires monnaies de France portant des armoiries furent les deniers d'or de Philippe de Valois, oce roi tait reprsent assis sur un trne, tenant de la main gauche un cu sem de fleurs de lis, etson pe de la droite. Ces pices d'or, frappes en 1336, prirent le nom d'cu : c'est ainsi que l'curoyal donna son nom aux monnaies sur lesquelles il tait reprsent. Beaucoup de preuves confirmentl'opinion que le blason, jusqu'alors simple effet du caprice, devint une science l'occasion destournois. Le nom de blason que nous donnons cet art. la forme des anciens cussons, les maux,les figures principales, les partitions, les cimiers, les timbres, les lambrequins, les supports, lesdevises, les fables sur l'origine de certaines armoiries, et enfin le temps auquel se rapportent lesmonuments sur lesquels on les retrouve, ne laissent aucun doute cet gard. Blasen, d'o l'on a faitblason, est un mot allemand qui signifie sonner du cor ; et si l'on a donn ce nom la description desarmoiries c'est qu'anciennement ceux qui se prsentaient aux lices pour les tournois sonnaient du cor

  • afin d'attirer l'attention. Les hrauts venaient reconnatre la qualit du gentilhomme, puis blasonnaientses armoiries, c'est--dire qu'au moyen d'une trompe ou porte-voix, ils dcrivaient aux spectateurs lesarmoiries du chevalier. Les rimes du tournoi de Chaunency, en 1285, nous en fournissent desexemples.

    Cil trompoours si trompeoientEt les bachelers amenoientD'armes si empapillonez

    Depuis l'eure que ie fu nezNe vi a mon gr tel meruoilles.

    Un cheualier d'armes uermoillesA cinq annets d'or en ECUVi deuan tous qui sans ecu

    Vient a voir la premire jouteComment qu'il soit ne coi qu'il cote,

    Si quier as autres con li doigne.Lors oi crier Chardoigne

    Et puis Vianne ces herauxGarons glatir, huier ribaux,

    Chevaux hannir, tambour sonner, etc.Dans les descriptions de joutes qu'a faites Olivier de la Marche, et dans celles des vieux romans, il esttoujours dit que les trompettes cornrent, et fusrent facts les cris accoustums. Aux joutes de l'Arbred'or, il dit :

    Sitost que mondict seigneur le duc fust sur les rangs, fust apport le blason de monsieur deChasteauguion, frre de monsieur le prince d'Orange et neveu de monsieur le comted'Armignac. Et aprs fust all querre par le gant et par le nain ; fust par le gant prsentaux dames, et le nain sonna sa trompe.

    Aprs les joutes, les chevaliers allaient souvent appendre leurs cus dans les glises. Quand on avaitparu deux fois aux tournois, il n'tait plus ncessaire de faire preuve de noblesse, puisqu'elle avait tsuffisamment reconnue et blasonne, c'est--dire annonce son de trompe. Alors les chevaliersportaient en cimier deux trompes que quelques auteurs ont prises mal propos pour des proboscidesou trompes d'lphant, et qui sont l'origine de toutes celles qu'on voit orner les timbres allemands. Ontrouve sur les anciens manuscrits les cussons suspendus avec des courroies et penchs sur le ct,parce qu'on les attachait ainsi aux tribunes et aux balcons des maisons voisines, ce qui s'appelait fairefentre. On les ornait souvent en posant dessus le casque avec ses lambrequins. Chacun alorspouvait voir les armoiries des prtendants aux joutes, et l'on devisait des chevaliers, celui-ci pour lalouange, celui-l pour le blme. Les dames racontaient les anecdotes qu'elles connaissaient surchacun, et l'expression de blasonner s'tendit ainsi jusqu'aux caquetages dont les chevaliers taientl'objet. C'est alors que les rgles du blason commencrent s'tablir ; plusieurs nobles de mmefamille, portant les mmes armes et assistant au mme tournoi, prirent des signes ou des devisesdiffrents, et le plus communment les cadets ajoutrent quelque nouvelle charge comme brisure-surle champ de l'cu. Les Allemands brisent par les cimiers, les Flamands par les couleurs, les Anglaispar l'addition de quelque pice, et les Franais par des lambels, cotices, btons, bordures, etc. Il n'taitjamais permis de prendre la devise d'un autre, car elle tait presque toujours l'expression d'unsentiment particulier celui qui la portait. La coutume de ne point mettre en blason couleur surcouleur, ou mtal sur mtal, vint des ornements brods en or ou en argent sur les vtements, et ausside l'habitude de revtir l'armure par-dessus un vtement d'toffe. Les tournois commencrent enAllemagne en 938, et nous devons attribuer ce pays les premiers lments du code hraldique. LesFranais, il est vrai, le perfectionnrent bientt et le portrent en Angleterre et en Espagne. Il est remarquer d'ailleurs que les nations qui n'ont pas pris part aux tournois et aux croisades n'ont pas eud'armoiries rgles. Ainsi la Russie est encore dans l'enfance de cet art, et les blasons des familles

  • russes ne datent pas de plus de deux cents ans. Outre les tournois, il est certain que les croisades etles voyages d'outre-mer ont contribu augmenter la source des blasons. Le grand nombre des croixen est une preuve. Les merlettes ou oiseaux voyageurs, qu'on reprsente sans bec ni pattes, tanttpour indiquer l'humilit du chevalier, tantt pour signifier qu'il est revenu mutil des guerres saintes ; lecroissant, les toiles qu'on trouvait sur les tendards ennemis ; enfin tous les monstres chimriquesque dpeignait la posie orientale, devinrent des symboles hraldiques, et ont servi plus d'une fois des familles nobles d'indices prcieux pour retrouver les traces de leur origine. Les meilleurs auteursqui aient crit sur la science hraldique en font dater les commencements du rgne de Louis-le-Jeune,qui rgla les fonctions et offices des hrauts pour le sacre de Philippe-Auguste, et fit semer de rieursde lis tous les ornements dont on se servit cette crmonie. Ce prince est le premier qui chargea soncontre-scel de fleurs de lis. L'lan une fois donn, beaucoup d'auteurs firent des traits de blason, etchacun apporta quelque nouvelle rgle l'art nouveau. Le roi Jean, qui prenait beaucoup de plaisir cette science, fut causequ'on s'y appliqua dans un temps o les belles-lettres taient peine connues. On continua sous lestrois rgnes suivants, et cet engouement du blason s'empara si facilement de tous les crivains dutemps, qu'il passa aux historiens. Froissart, Monstrelet et Olivier de la Marche en grossirent leurschroniques. Il n'y a gure de vieux romans qui ne soient remplis d'armoiries faites plaisir et attribues des hros fabuleux. Enfin, on tomba dans le ridicule, et on alla jusqu' donner les armoiries d'Adam,des patriarches, des prophtes, des rois de Jrusalem, d'Esther, de Judith, etc., que Bara, le Fron,Fursten et autres ont recueillies, disent-ils, comme pices rares et curieuses. Devenues signes denoblesse hrditaire, les armoiries devaient ncessairement tenter la cupidit vaniteuse de beaucoupde gens; aussi les rois de France furent-ils obligs, plusieurs reprises, de lancer des dits contre lesusurpateurs. Avant l'anne 1555, les grandes familles taient dans l'usage de changer de nom etd'armes sans l'autorisation du souverain. Cette coutume se pratiquait lors des alliances. Quand ilarrivait qu'une fille tait seule hritire du nom, son mari le relevait, et l'on trouvait ainsi le moyen deperptuer une famille prs de s'teindre. Mais ces substitutions de nom et d'armes donnaient lieu degraves abus que l'ordonnance du 26 mars 1555 tenta de rprimer. Cette ordonnance, rendue Amboise par le roi Henri II, porte qu'il ne sera plus permis de porter le nom ni les armes d'une familleautre que la sienne propre sans avoir obtenu des lettres patentes, et condamne une amende de1,000 livres ceux qui usurperont la qualit de noble. Cette mesure fut renouvele diffrentespoques. Ainsi on peut citer : L'ordonnance de Charles IX, rendue aux tats de Blois en 1560; L'dit deHenri III, du mois de mars 1579 ; L'dit de Henri IV, du mois de mars 1600 ; La supplique des tatsgnraux de 1614 au roi Louis XIII, et les dits de ce prince, du 5 janvier 1629 et du mme mois 1634;Les dclarations de Louis XIV, du 8 fvrier 1661, 26 fvrier 1665 et 8 dcembre 1699 ; La granderecherche de 1696, qui taxa 20 livres l'enregistrement de chaque cusson ; Enfin les dits dedrogeance de 1713, 1723, 1725, 1730, 1771, tous destins dtruire les usurpations de noblesse enfrappant de drogeance les anoblis qui s'taient soustraits aux droits de sceaux ou de confirmation.L'empereur Napolon, en crant des nobles, se rserva aussi le droit de leur donner des armoiries.Les rgles de l'ancien code. hraldique furent suivies, sauf quelques exceptions que l'usage et mmeune ordonnance du roi Louis XVIII ont fait disparatre.

    extrait de : Jouffroy d'Eschavannes, Trait complet de la science du blason. Paris, E. Rouveyre,1885

    Voyons prsent quelques traits permettant de comprendre en quoi lesfigures lmentaires de l'art hraldique se rapportent comme d'videnceaux arcanes de l'Art sacr. Nous commencerons par la partition, c'est--dire la manire dont un cu [notre prima materia] est dcoupe.

    Remarquons en premier lieu que l'cu peut n'tre pas dcoup ; c'est dureste sa forme la plus ancienne qui correspond au Mercurius senex. SelonFulcanelli, toute barre verticale correspond au sulphur et toute barre

    horizontale au mercurius . Partant de l, il est ais, dans le tableau ci-

  • dessus de faire la relation avec toutes les variations intermdiaires qui sesuccdent dans l'oeuvre. L'cu est d'habitude partionn en trois [ l'instar dugrand oeuvre : nigredo - albedo - rubigo] ; une mention spciale doit tre rserv la partition en pairle [Pall] car sa forme correspond celle del'hermaphrodite ou homme double ign de Basile Valentin Y. On yreconnat en effet les Gmeaux de l'oeuvre, cf. infra. Le chevronreprsente le signe ign , le signe suivant correspondant l'aquapermanens . L'cartel tenant du parti et u coup [o se conjuguent soufreet mercure dans la fusion igne] est l'hiroglyphe du feu secret et l'cartelen sautoir ou x est le symbole du mercure philosophique [voir lecommentaire de Fulcanelli sur le gteau des rois, in Myst.]. Comprenons donc quele tierc en pal est le signe du Soufre, c'est--dire du fixe tandis que letierc en fasce est celui du Mercure ou volatil. Reste le cas du gironn,tenant de la croix et de l'cartel en sautoir : nous lui trouvons les traits dusymbole double Lucifer - Hesperus

    cu gironn

    La forme de l'cu est assez rcurrente : il affecte grosso modo celle d'untriangle dont les cts latraux sont incurvs, ralisant ainsi les prmicesde la quadratura circuli.

    Reprenons ici l'ouvrage de Jouffroy d'Eschavannes :

    L'CU, en latin scutum, tait primitivement fait de bois trs lger, et servait garantir le guerrier des coups de l'ennemi, quelquefois mme des intempries.Onle recouvrait de. cuir, ce qui avait sans doute fait emprunter le mot scutum a.l'expression grecque skutoV, bouclier. Toutes les nations se sont servies dubouclier comme arme dfensive, et elles l'ont modifi selon le genre d'attaque qu'ildevait repousser, selon l'arme offensive dont il devait parer les COUDS. Vritableami du soldat, celui-ci ne le quittait jamais, et, se plaisant l'orner des emblmesde ses caprices ou de ses affections, lui vouait une espce de culte. Les anciles deRome, dont l'origine est fabuleuse, donnent une ide du respect qui s'attachait auxarmes de ce genre. L'an 48 de la fondation de Rome, 706 ans avant Jsus-Christ,la peste se rpandit dans toute l'Italie, et ne cessa que lorsqu'on vit tomber du cielun bouclier de cuivre. Numa Pompilius consulta la nymphe Egrie, et rapporta pourrponse que ce bouclier serait l'gide de Rome, non-seulement contre la fureur deses ennemis, mais encore contre la peste et tous les vnements malheureux quipourraient survenir; et qu' sa conservation tait attach le sort de l'empire. Leprince fit fabriquer onze boucliers semblables, afin qu'il ne pt tre reconnu siquelqu'un tentait de le drober, et ces douze anciles furent confis un collge dedouze prtres de Mars pris dans l'ordre des patriciens. Les plus grands capitainesromains tinrent honneur d'en faire partie, on les nomma Saliens Palatins, du nomde leur temple, situ sur le mont Palatin. Tous les ans, au mois de mars, cesprtres, revtus de robes brodes d'or, couronns de lauriers, parcouraient la villeen grande pompe, et montraient les anciles, que chacun d'eux portait au bras droit.Le jour de cette fte, il n'tait pas permis une arme romaine, en quelque endroitqu'elle se trouvt, de faire aucun mouvement. On ne pouvait point se marier, lesventes taient interdites, et toute entreprise commence dans ce jour devait portermalheur. Tacite attribue le mauvais succs de l'empereur Othon contre Vitellius son dpart' de Rome pendant que l'on portait les boucliers sacrs. Les Gauloisavaient coutume, pour prouver si leurs enfants taient lgitimes, de placer lenouveau-n sur un bouclier, et de l'exposer au courant des rivires. Si l'eauengloutissait le frle esquif, l'enfant tait dclar btard, et personne ne songeait le sauver, tandis que la lgitimit tait proclame si les ondes respectaient la

  • victime. Aussi Tacite, parlant des moeurs des Germains, nomme le Rhin, neuveprouvant les mariages. Le bouclier tait au nombre des prsents de noce quel'poux faisait sa fiance, sans doute pour lui rappeler l'preuve terrible laquelleil devait servir. On l'employait encore pour les adoptions, pour l'admission d'unjeune homme au rang de citoyen. Csar dit que l'habitant des bords du Rhin nepeut sortir et prendre pan aux affaires, publiques sans tre arm de sa lance et deson bouclier ; et lorsque, dans le conseil, un orateur avait mrit l'approbationpublique, chaque assistant la lui tmoignait en frappant sur son bouclier. Enfinc'tait sur un pavois que l'on plaait le chef lu pour le faire reconnatre de toutel'arme. mesure que les peuples avancrent en civilisation, l'cu subit l'influencede l'art, se modifia et se couvrit d'ornements. Destin d'abord prserver l'hommede guerre des coups de l'ennemi, il lui servit encore repousser les attaques dumpris, en faisant connatre les belles actions dont son matre pouvait s'honorer.On y reprsenta les hauts faits au moyen de la peinture et de la sculpture ; et lesboucliers devinrent des pages d'histoire, on pourrait dire des brevets d'honneurque le titulaire portait toujours avec lui. Puis, lorsque la dimension du bouclier nesuffit plus pour contenir tous les hauts faits d'un brave, il fallut employer un langagedont chaque terme ft une narration, une criture dont chaque caractre ft un fait.L'cu se prta encore cet art nouveau, et, malgr les diverses formes adoptespar les nations, prsenta toujours les mmes caractres emblmatiques dans sesornements. Quelquefois aussi ce n'tait pas un fait d'armes que portait l'cu, maisseulement l'expression d'un vu, une devise amoureuse, une menace devengeance. L'cu d'armoiries est le champ qui reprsente le bouclier, la cotted'armes ou la bannire sur laquelle taient brodes ou mailles les figuresallgoriques. Celui dont nous nous servons est nomm cu franais. Il est carrlong, arrondi aux deux angles infrieurs, et termin en pointe au milieu de sa base.Quoique cette forme soit la plus usite, on peut la modifier sans qu'il en rsulte unefaute contre les rgles du blason ; mais il vaut mieux la conserver telle, puisquel'usage l'a sanctionne pour la France ; d'autant plus que les autres nations ontaussi adopt des formes particulires. [...]

    cu franais cu des femmes cu espagnol cu allemand cu italien

    L'cu franais se rapproche le plus du signe de la Terre , envisagecomme lment principi [cf. commentaire au Livre secret d'Artephius pour lesexpressions lments principis, etc.]. Mais, autrefois il tait triangulaire, et on leposait sur le ct ; la forme carre se nomme cu en bannire [Lesbannerets de Guienne et de Poitou, et assez gnralement tous les seigneurs qui avaientdroit de bannire l'arme] ; les femmes le portent en losange, ce qui voquevidemment la disposition de la Tabula smaragdina.

    Les Espagnols portent le mme cu, mais tout fait arrondi par le bas. Avils, unde leurs meilleurs hraldistes, dit que cette forme prte beaucoup moins auxlicences que se donnent les graveurs d'ajouter des ornements inutiles, licence quiconstitue toujours une faute contre cette rgle du blason,

    que no debe haber en el escudo de armas interior, ni exteriormente punto, linea,ni ornamento, que no tenga su significado, y representacion.

    L'cu espagnol est mi-chemin entre le et le . L'cu allemand portela marque de la rincrudation, puisqu'on y devine la trace d'une lance[sulphur ]. Quant aux Italiens, ils ont lu la forme de l'oeuf qui convient celle que les alchimistes ont donn au vase de nature [ancille = bouclierovale]. On trouve un superbe cu allemand de combat dans une gravurealchimique reprsentant la lutte du fixe et du volatil.

  • Stephan Michelspacher - Cabala, Spiegel der Kunst und Natur in Alchymia, 1615, pl. 1[dtail, partie suprieure]

    Le Spigel der Kunst und Natur de Michelspacher a pour objet de reprsentercompltement l'alchimie. Le tiers suprieur [reprsent sur la figure] en expose lesprincipes de base l'alchimie repose sur deux piliers, la nature et l'art, part d'unesubstance de base (prima materia gauche) et aboutit un produit final (ultima materia droite, synonyme de pierre des sages) Les signes marqus sur les vases indiquent lesdeux processus chimiques essentiels, distillation (la flche darde vers le haut) etcoagulation. L'aigle et le lion symbolisent les matriaux de base, vif argent et soufreLe blason n'a probablement pas de signification alchimique, indique l'auteur du livre,Stphane Micheispacher... Voire. Car cet cu, cartel, porte un besant et deuxbesants qui le disitnguent comme hermtique : nigredo, albedo et rubigo [cantonsnestre du chef et flanc dextre]. Par ailleurs, les deux principes, le fixe et le volatil sereconnaissent leur agencement ent[canton dextre du chef et flanc snestre]. Le toutforme un ouvrage que Kandinski aurait pu imaginer.Voyons prsent les couleurs. Elles portent en hraldique le nom d'maux et sontdistingues en mtaux [or, argent], en fourrures [hermine, vair, contre-hermine, contre-vair] eten couleurs [gueules = rouge ; azur = bleu ; sable = noir ; sinople = vert ; pourpre = violet ; orang =orange]. On relve enfin des transmutations qui vont de l'orang [orange] au tann[marron]. Les analogies sont videntes avec les couleurs principales rapportes parles alchimistes dans leurs traits : elles renvoient aux rgimes plantaires.Reprenons Jouffroy d'Eschavannes :

    MAUX

    ON donne ce nom toutes les couleurs employes en armoiries, parce qu'on lespeignait en mail sur les armes, les vases d'or et d'argent, et tous les meublesprcieux. Les plaques que portaient les hrauts taient aussi mailles descouleurs de leurs princes et ont fini par prendre le nom gnral d'mail. Lacoutume existait aussi de les peindre sur les vitraux ou de les broder sur lesvtements, les tapis et mme sur les housses des chevaux. Sous ce nom d'mauxon reconnat deux mtaux, quatre couleurs et deux fourrures ou pannes quiconstituent toutes les couleurs du blason. Chacune d'elles a une signification et estl'emblme d'une ide ou d'une chose. On les nomme : or, argent, gueules, azur,sinople, sable, hermine, vair. Il a fallu des signes particuliers pour reprsenter cesmaux lorsque l'on tait priv du secours de la peinture. Aussi les sculpteurs et lesgraveurs ont adopt des traits ou des points dont les dispositions supplent auxcouleurs. On en attribue l'invention au Pre Petra Santa, qui les employa lepremier dans un livre intitul : Tessera gentilitiae.

    Or.

  • Ce mtal est l'emblme, des hautes vertus, telles que la justice, la clmence etl'lvation de l'me. On s'en sert encore pour dnoter la richesse, la gnrosit etl'amour. Les vieux auteurs disent navement que ceux qui en portent dans leursarmes doivent plus que tous autres cultiver les vertus de la vraie chevalerie. On lereprsente en gravure par un pointill.

    Argent.

    C'est le second mtal employ dans les armoiries. On ne le reprsente pas engravure, c'est- -dire qu'on ne fait aucune hachure sur la pice o il doit se trouver.Il est l'emblme de l'innocence, de la beaut et de la franchise.

    Gueules.

    Les croiss rapportrent des pays d'outre-mer, non-seulement des rcitsmerveilleux, mais aussi des images d'objets fantastiques qu'ils cherchaient dpeindre avec le peu de mots arabes que leur fournissait leur mmoire. Unelangue si diffrente, dont quelques mots taient jets dans les narrations, rendaitcelles-ci plus extraordinaires pour les auditeurs. Les chevaliers, en se rencontrantdans cette patrie dont ils avaient t loigns, aimaient se parler en arabe ;c'tait un souvenir des dangers courus ensemble; c'tait comme le signe dereconnaissance d'une franc-maonnerie hroque. Il n'est donc pas tonnant quele langage des armoiries ait adopt des expressions orientales, d'autant plus qu'ilavait peindre des faits accomplis en Orient. Telle est l'origine du mot gueulespour exprimer la couleur rouge. Ghiul, en langue turque, signifie la rose. C'estaussi le nom gnrique de tout ce qui est rouge. Il faut se garder d'une opinionassez rpandue et qui cependant ne repose sur aucun fondement ; c'est quel'expression de gueules employe en armoiries a t prise de la gueule desanimaux dont la couleur est rouge [Gille Mnage, en ses Origines, s'exprime ainsi :Gueules, couleur rouge en armoiries, prend son nom de certaines peaux rougesdont les vtements taient orns; ce qui est confirm par saint Bernard : rubicataspelliculas, quas gulas vocant. Les vtements de cette couleur taient en grandusage chez les Gaulois, et ceux que l'on ornait de peaux rouges au cou et auxmanches se nommaient gules ou goules.]. Cet mail indique le courage, lavaillance et le carnage des combats, ainsi que le sang vers pour le service del'Etat. On reprsente le gueules en gravure au moyen de hachures verticales dehaut en bas.

    Azur.

    L'azur, nomm par quelques auteurs couleur saphirique et turquine, est le bleucleste. Comme nous l'avons dit au sujet du gueules, c'est encore en Orient qu'ilfaut chercher l'origine du mot azur emprunt l'expression arabe azul, qui signifiebleu cleste, et dont les Grecs modernes ont fait lazgrion [le terme en grecancien est kuanon]. Elle est le symbole de la douceur, de l'amnit et de lavigilance. Employe pour couvrir le champ, elle reprsente le ciel. l'oppos dugueules, on l'indique par des lignes horizontales.

    Sinople.

    Le vert a t ainsi nomm de la ville de Sinope en Paphlagonie. Le PreMnestrier dit avoir en sa possession la copie d'un manuscrit de l'anne 1400, o se trouvent ces mots :

    Synoplum utrumque venu de urbe Synopli, et est bonum ; aliud viride, aliudrubicundum. Viride Synoplum seu synopum dicitur Paphlagonicus tonos, etrubicundum vocatur Hamatites Paphlagonica.

    Cette couleur est la moins employe dans les armoiries, justement parce que,nous tant venue d'Orient, elle ne pouvait se trouver sur les cussons des familles dont l'illustrationtait antrieure aux croisades. On sait que le vert est encore en Orient la couleursacre, et que les ulmas seuls ont le droit de s'en parer. Les hraldistes leregardent comme l'emblme de l'esprance, de la courtoisie et de la joie. Lagravure le dsigne au moyen de lignes diagonales de droite gauche.

    Sable.

  • On ne s'accorde pas sur l'tymologie de cette expression de sable, attribue lacouleur noire ; cependant il est probable que l'opinion qui la dsigne commeprovenant de sable, terre, n'est pas la meilleure. Il serait plus rationnel de croireque nous l'avons prise au mot allemand zobel, martre noire, ce qui paratraitconfirm par notre mot zibeline, donn cet animal. Cette couleur tait souventadopte par les chevaliers qui voulaient garder l'incognito, et elle dsigne aussi ledeuil et la tristesse, la prudence, l'humilit, le dgot du monde. Les graveursl'indiquent par des hachures transversales et verticales.

    Hermine.

    L'hermine est la peau d'un animal dont la fourrure est entirement blanche et quel'on a coutume de parsemer de petits lambeaux de peau d'agneau de Lombardie,dont le noir tranche sur l'hermine et en fait ressortir la blancheur. On reprsentecette panne par un champ d'argent sem de petites croix de sable desquellespendent trois branches qui vont en s'largissant. Ces mouchetures, places enquinconce, doivent tre comptes en blasonnant si leur nombre est infrieur troisou quatre sur chaque rang. Le contre-hermine s'obtient en substituant les couleurs,c'est--dire en faisant le champ de sable et les mouchetures d'argent. On peut direaussi poudr d'argent. Cette fourrure est toujours l'indice d'une haute autorit. Lesducs, les chevaliers, les pairs en doublent leurs manteaux.

    Vair.

    Le vair est compos d'argent et d'azur au moyen de petites cloches opposes lesunes aux autres, c'est--dire mtal couleur, et alternativement renverses etdebout, en commenant par l'argent. Les pices de vair sont disposes sur quatrerangs ou tires dont le premier et le troisime comprennent quatre cloches d'azur ettrois d'argent, et sont termins aux extrmits par deux demi-pices aussid'argent. Lorsque les pices dpassent ce nombre, on dit : de menu vair. Dans lecas contraire, la panne prend le nom de beffroi. Le contre-vair se forme enopposant par les bases et par les pointes les pices de mme mail. Il peut arriveraussi que les couleurs soient autres que l'argent et l'azur; on se sert alors du motvair, et on l'exprime en blasonnant. Le contre-vaire se forme comme le contre-vair.

    Il existe une autre couleur employe rarement en armoiries et qu'on nommepourpre. Prise indiffremment pour la couleur purpurine et le violet, elle n'a jamaist bien dtermine, et quelques hraldistes ont mme pens qu'elle constituaitune faute contre les rgles du blason. Il est cependant ncessaire de l'admettreparce qu'elle se rencontre sur plusieurs cussons de l'empire franais et chez lesnations trangres. On la reconnat en gravure des traits dirigs de gauche droite.

    Les Anglais ont adopt aussi une couleur qu'ils nomment orang. On lareprsente par un crois de lignes verticales et de lignes diagonales.

    L'homme, avec sa couleur naturelle, est dit de carnation.

    Les animaux, fruits, etc., dans le mme cas, sont dits au naturel.

    Rgles observer pour les couleurs

    L'cu rempli d'un seul mail est dit plein : d'or plein, de gueules plein. On ne doitjamais poser mtal sur mtal ou couleur sur couleur, sous peine d'infraction auxrgles du blason. Les cas exceptionnels sont trs rares et se disent cas enquerre. Les fourrures, couleurs de carnation ou naturelle, se placentindiffremment sur tous les maux. Il en est de mme du pourpre.

    Il est ais de trouver une relation entre les couleurs fondamentales et les Elments :- or = ; argent = ; gueules = feu = ; azur = air = ; sable = terre = . Lesinople ou vert dsigne le Lion vert ou aqua permanens ; il correspond donc l'eauigne ou feu aqueux = . L'hermine est lie aux processus dynamiques oalternativement apparat la fleur ou l'toile [processus de carnation] : on peut donc luiaccoler l'hiroglyphe de l'Aureum Seculum Redivivum = . Elle contracte encore desrapports avec la lune corne [champ d'argent sem de petites croix de sable]. Le motif de

  • l'hermine contracte des rapports avec la stibine et non moins avec Saturne .

    hermine vair

    Le vair peut tre rapporte Vnus-Aphrodite : [argent et azur rapports au moyen de

    petites cloches opposes les unes aux autres, c'est--dire mtal couleur, et alternativementrenverses et debout]; la cloche associe au vair donne l'ide d'annoncer [relation l'toiledu matin ?]. Le vair donne l'illusion de la lutte des opposs... Il est assez remarquabled'observer que les rgles pour les couleurs obligent ne pas poser mtal sur mtal :n'est-ce pas le but de l'oeuvre que d'arriver, prcisment, conjoindre et quiforment les deux extrmits du vaisseau de nature [le vaisseau est l'cu]? Le pourpreen revanche peut tre pos partout : n'est-ce pas la couleur annonant la surrectiondu lapis et la naissance des enfants de Latone ?Venons-en aux figures de l'cu. Certaines ont un intrt tout particulier dans leursrapports avec l'alchimie.

    DES FIGURES, PICES OU MEUBLES QUI COUVRENT L'ECU

    On appelle figures ou meubles tous les objets qui se placent sur le champ de l'cu.Leur nombre est infini, car chacun d'eux reprsentant un fait honorable, un vu,un souvenir ou mme un caprice, on conoit quelle quantit d'objets peut treemploye en armoiries. La guerre, la justice, les sciences, souvent mme lespisodes de la vie prive, sont venus payer leur tribut au blason, eu apportant tousles signes par lesquels on pouvait en caractriser les diffrents traits. On alongtemps rpt que les armes les plus simples indiquaient la plus pure noblesse.Ce fait, qui peut tre vrai, admet cependant un grand nombre d'exceptions. Desfamilles possdant des armes trs simples en ont vu successivement multiplier lesmeubles mesure que des membres se distinguaient et obtenaient du souverainle droit d'ajouter leur cusson quelque pice commmorative d'une belle action.Ainsi notre premire maison de France, celle de Montmorency, portaitoriginairement d'or une croix de gueules. Bouchard de Montmorency ajoutaquatre alrions comme marque des quatre enseignes impriales conquises par luisur l'arme de l'empereur Othon en 978. Mathieu de Montmorency porta cenombre seize, cause des douze enseignes qu'il prit la bataille de Bouvines,en 1214.

    Les figures sont de quatre sortes : 1 hraldiques; 2. naturelles ; 3 artificielles; 4chimriques.

    Figures hraldiques

    On nomme ainsi des figures formes de divers signes de convention, et qui sontdu plus grand usage en armoiries. On les divise en pices de premier ordre ouhonorables, pices du second ordre, et pices du troisime ordre

    Pices hraldiques de premier ordre ou honorables.

    Elles sont au nombre de douze, savoir : le chef, le pal, la fasce, la bande, la barre,la croix, le sautoir, le chevron, la bordure, le franc-quartier, l'cusson en cur et laChampagne. Elles sont trs frquemment employes ; leur dimension est toujoursdu tiers de l'cu, sauf pour le franc-quartier, qui n'est que du quart a peu prs. Lesanciens auteurs n'en reconnaissaient pas autant ; mais, sous l'empereurNapolon, le blason ayant t en quelque sorte reconstitu, on a admis douzepices honorables, parmi lesquelles la Champagne, qui n'y figurait jamaisauparavant.

  • le chef le pal la fasce

    Le chef.

    On le place la partie suprieure de l'cu, dont il occupe ordinairement le tiers. Ilreprsente le casque du chevalier, le bourrelet, ou mme la couronne qui couvretoujours sa tte. [le casque reprsente la viscosit dans le symbolisme ;remarquons que les pices hraldiques occupent le tiers de l'cu, ce quireprsente la proportion naturelle des composants de la prima materia]

    Le pal.

    Il est le hiroglyphe de la lance du chevalier, et du poteau surmont d'armoiriesque chaque baron faisait dresser devant sa tente ou devant le pont-levis de sonmanoir : c'tait une marque de juridiction. On le place dans le sens vertical. [lalance du chevalier se rapporte la projection du sulphur . Le sens vertical

    indique toujours le signe du Soufre]

    La fasce.

    C'est la ceinture du chevalier, dont elle reproduisait la couleur et les ornements. Sadimension est du tiers de l'cu, et elle en occupe, le milieu dans le sens horizontal. [laceinture ou baudrier nous fait penser Offerus ou saint Christophe, cf. tarotalchimique]

    [...]

    Nous aurons point besoin d'autres figures hraldiques pour nos tudes. Le chef nousdonne accs la nigredo et l'albedo ; le pal au et la fasce au . La

    combinaison du pal et de la fasce permet d'obtenir la ou moyen de conjoindre l'oret l'argent alchimiques [qu'il ne faut point confondre avec les matires vulgaires]. La xs'obtient par combinaison de deux autres figures, la bande [baudrier de l'pe] et la barreou charpe du chevalier. Rappelons que le x reprsente pour Fulcanelli la grandeinconnue du problme et que l'Adepte va jusqu' trouver la surface du dissolvantl'aspect d'un gteau des Rois la frangipane. Quoi qu'il en soit, cet x est nomm enhraldique le sautoir et il reprsente l'trier [croix de saint Andr ou croix de Bourgogne]. Ilfaut encore parler du chevron :

    le chevron la bordure

    Le chevron a la forme d'un compas ouvert dont le point de runion des deuxbranches serait vers le chef de l'cu. Il est l'emblme de l'peron, et on l'a pris encore pour le signehiroglyphique des toitures de chteaux, des machines de guerre, et des tours de bois en usagedans les siges.

  • dans lequel nous trouvons bien sr le signe du . Une autre pice, fortintressante, est la bordure dans laquelle nous retrouvons la figure de l'athanorou du creuset :

    Cette pice enveloppe l'u sans le couvrir entirement, et est un symbole de faveur etde protection. Les souverains l'accordent comme rcompense d'un service signal,indiquant de cette manire qu'ils dfendent celui qui en est dcor contre les embches de sesennemis.

    Il est difficile de ne pas voir dans cette pice les parois de l'athanor dontl'paisseur et la matire garantissent la masse mercurielle de toute intrusion.On a rang parmi les figures hraldiques de second ordre des piceshautement estimables dans le domaine de l'Art sacr. Ainsi en est-il du pairle :

    le pairle

    Il se compose de trois rayons partant du centre de l'cu et s'tendant vers les deuxangles du chef et le milieu de la pointe, ce qui lui donne la forme d'un Y grec. Sa signification estincertaine, et n'a jamais t dtermine d'une manire positive par tous ceux qui se sontoccups de la science hraldique. Quelques- uns croient y voir la reprsentation de lasainte Trinit ; d'autres, celle des trois vertus thologales. Je possde un manuscrit duseizime sicle, o l'auteur soutient que le pairle est l'emblme de ces trois grandesdvotions du chevalier. : son Dieu, son roi, sa dame. Cette dernire explication paratraitassez plausible, s'il n'tait plus simple de n'y voir que la runion du pal, de la bande et dela barre, chacun pour la moiti de sa longueur.

    Nous pensons que la pairle forme l'hiroglyphe du Rbis ; aussi bien est-on endroit d'y trouver des reliefs voquant la sainte Trinit : posons que Dieu est lespiritus ou , le roi est le sulphur et la dame est le Sel ou : l'Yreprsente alors le signe des Gmeaux de l'oeuvre, exacte rplique ducaduce d'Herms que l'on observe dans l'une des figures du Livre d'AbrahamJuif.

    figure 2 du Livre d'Abraham Juif in l'Alchimie de Flamel de Denis Molinier

    Les trois parties de la pairle, selon ce systme, seraient donc : la part sulfureuse du

  • pal [barre verticale], la part mercurielle de la barre [barre oblique dextre] et la part saline dela bande [barre oblique snestre], ceci pos en toute conjecture, qu'on le note bien.Voyez encore que les deux parts, mercurielle et saline, dessinent le signe de l'eau

    . Il y a l un haut secret de cabale. Nul Adepte n'ignore, en effet, que derrire leSEL se cache la salamandre, animal vivant dans le feu, examin dans la sectionFontenay. La salamandre parvient ainsi vivre dans l'eau igne [feu aqueux], tantpour ainsi consubstantielle du Mercure. Deux autres pices du puzzle hraldiquemontrent cet tat dual de l'aqua permanens : la pointe et la pile.

    La pointe - Pice triangulaire occupant les deux tiers de la base, et montant en angleaigu jusqu'au chef. Quelquefois elle se meut d'un des flancs de l'cu, et il faut l'exprimeren blasonnant, c'est--dire remarquer qu'elle est pose en fasce, en bande, en barre,etc. Elle doit ncessairement diminuer de largeur sa base, lorsqu'elle se trouvemultiplie dans l'cu.

    la pointe la pile

    La pile. - C'est la pointe renverse. Elle peut aussi tre multiplie dans l'cu ; dans cecas elle diminue de largeur.

    Observons que le feu est unique alors que l'eau est multiple. Cela semblealler contre l'avis des bons auteurs qui nous disent qu'il existe quatretypes de feu dans l'oeuvre... mais qui restent muets sur la nature ou laforme de l'aqua permanens. Comme on peut le voir, cette eau estrayonne, scintillante : aussi la compare-t-on l'eau toile et mtalliquepuisque les alchimistes y voient leur terre cleste [ou ciel terrestre]. Lalangue hraldique ne se limite pas ces figures de premier et dedeuxime ordre. Elle propose des figures de troisime ordre qui sont trsutiles l'Amoureux de science :

    les fuses les macles le besant le tourteau

    On comprend sous ce nom une quantit de figure carres ou rondes que l'onemploie en armoiries, et la plupart desquelles on a donn des noms particuliers.Les figures carres sont le hiroglyphe de l'homme de bien qui se montre toujoursle mme sous toutes ses faces; les figures rondes rappellent le souvenir desconvois enlevs l'ennemi, du ravitaillement des armes, souvent aussi de laranon exige des prisonniers, ou de celle que l'on avait paye soi-mme pour seracheter des infidles. Ces pices ont t considres comme pices hraldiques,parce qu'au moyen de certaines combinaisons on peut les employer pour couvrirentirement l'cu, et,leur faire reprsenter ainsi une sorte d'mail, comme on leverra quand il sera question des scantes partitions.

    Les carreaux ou les losanges peuvent exprimer l'ide de lasublimation, de mme que les fuses qui procurent davantagel'illusion du sulphur. Nous verrons plus loin que les macles, sous cerapport, se distinguent nettement. Le besant occupe une place dechoix, puisqu'il est de mtal { , } ; il est couramment utilis dansl'iconographie proprement alchimique et Fulcanelli y fait appel dansMyst. On peut y voir, en hraldique, le prototype du mandala [l'cumme en formant un mais dont l'alchimie ne s'occupe pas exactement ; l'cu y

  • figure le Mercure, substance protiforme et volatile]. Le tourteau apportequelque couleur au besan et permet d'introduire les plantes dans laconstellation hraldique. Les quatre prsents ici sont dispossdans un cu gironn : l'aspect rayonn [et circulaire] exprime le sensde la digamma de Salomon o l'eau se confond avec le feu ensorte d'assurer la ronde des quatre lments. Cette dispositionpermet un courant de convection qui donne sa couleur au besant.Tout comme dans les cercles chromatiques de Chevreul, noussommes amens alors distinguer deux tats de la matiredissoute, selon qu'elle emprunte un masque sulfureux ou

    mercuriel :

    besant-tourteau tourteau-besant

    Dans le premier cas, les besants sont composs la fois de mtal et decouleur. On les reconnat en ce qu'ils se trouvent toujours sur un champde couleur. Dans le second cas, ils sont placs sur un champ de mtal.On peut infrer que dans le premier cas, l'cu est de la couleur desplantes, c'est--dire oint de rouille [ioV] et bti la croix : c'est l'tatmercuriel, dissous. Dans le second, l'cu esr couleur de ou de ,annonant l'Aurora consurgens.

    Les croix : nous ne pouvons, dans cette section, dtailler tous les typesde croix [on les trouvera dans l'ouvrage dont nous avons tir les extraits, pp. 71-81].Toutefois, ce symbole est d'une telle importance en alchimie que nousciterons quelques modles. Nous avons dj vu que l'utilisation combinedu pal et de la fasce conduisait ce que l'on nomme la croix simple oupleine.

    croix pleine croix patte croix au pied fich croix gringole croix pommele croix frette croix ente

    On devine l'intersection du sulphur et du mercurius : de ce

    croisement nat le point central, oeuvre du feu et naissance du lapis. Lecaractre mercuriel est davantage accus dans la croix patte o seremarque un talement qui est le signe de la viscosit. La croix au piedfich manifeste au contraire le caractre du soufre et de la fixation,prludant la rincrudation. C'est en quelque sorte une croix sagittaire. Al'oppos, nous trouvons la croix gringole qui se termine aux extrmits parhuit ttes de serpents : c'est la reprsentation hraldique du serpentPython [ou de Typhon, ce qui est superposable : il s'agit donc de la colre d'Hra -Junon, cf. commentaire de l'Atalanta fugiens]. Quant la croix pommele, elleaffirme la prsence des pommes d'or des Hesprides [mhlon] et, dumme coup, des principes principis [cf. commentaire Artephius]. Voyonsencore la croix frette [couverte d'une frette ou treillis] rappelant le glaive miellde l'alchimiste et anticipant sur le filet que l'on trouvera infra. Peut-tre

  • d'ailleurs pourrait-on, par cabale, parler de croix fritte [la fritte - mlangede sable siliceux et de soude - prsente des rapports troits avec le Mercure ou feusecret dont le treillis est l'un des motifs, cf. l'X de Fulcanelli et la parabole du gteau desRois]. Ajoutons que cette croix frette est une sorte de compendiumanalogue la bulle germinative de l'arbre alchimique [cf. Mercurius Redivivusin Aurora consurgens, I] : le treillis central dessine un losange o l'on devineles signes entrelacs de l'EAU et du FEU. Les quatre petits losangeshorizontaux et verticaux sont l'image des quatre lments... Nousterminerons par le motif de la croix ente, qui fait indirectement rfrence l'or ent, c'est--dire l'or greff dont parle Fulcanelli dans sa trilogie :cette crnelure rappelle les dents du dragon que Cadmus, notre Artiste,doit porter dans la terra alba foliata l'or mussif ou or immr afin qu'il deviennel'or alchimique.

    suivre

    1)- Le chevalier hermtique

    sceau de Jean sans Terre, c. 1189

    Dj, ce premier sceau montre les attributs hermtiques de l'artistencessaires au travail : l'pe, le bouclier, les brides du cheval [la cabale] etle casque. Examinons-les :

    L'pe : c'est l'outil qui est employ au dbut de l'oeuvre et qui symbolisele feu secret ou . L'pe permet de raliser la sparation du caputmtallique [bouton de retour d'E. Canseliet] d'avec le sujet minral au sein dudissolvant. Il y a deux sujets minraux dont l'un permet d'obtenir le Sel outoison d'or ; il peut se prsenter sous diffrents aspects : argiles, shistesalunifres, efflorescence des pyrites martiales [marcassite] et cuivreuses[malachite]. Ce premier sujet est le sel des Sages ce qui ne signifie paspour autant qu'il soit le sujet des sages. Il fournit le mtal sous forme de chaux mtallique . C'est un terme dsuet mais qui est employ parFulcanelli et d'autres adeptes. Le second sujet minral a des attributs quile rendent brillant, clatant : c'est du marbre statuaire et c'est sans doute

  • lui qui reprsente le sujet des sages. Son attaque par le feu vulgaire [engrand] ou par l'esprit de sel [au laboratoire] procure l'un des composs du feusecret : c'est la chaux. Comme on le voit, les deux produits obtenus enpremier sont des chaux [ioV]. C'est la raison pour laquelle E. Canselietassure, avec B. Valentin, que l'toile des Mages est double et pourtantunique [allusion l'anqos monoV que les Adeptes traduisent en latin mdival par antimonium, cf. Livre secretd'Artephius]. La sparation que nous avons voque peut concerner les deuxproduits de l'art. La chaux minrale obtenue avec le premier sujet est del'alumine, la chaux proprement dite est de l'oxyde de calcium. L'pe estdonc l'outil qui permet par calcination ou par oxydation de retirer desoxydes des minraux, c'est--dire de raliser l'ouverture des mtaux [leurmise mort]. Notez que le marbre doit tre employ trs peu de temps aprsson extraction des gtes miniers car l'hydratation joue un rle importantdans la qualit d'obtention de la chaux.

    Le bouclier : il tire son origine de l'Air des sages, c'est--dire de Zeusou : en effet, Zeus possdait un bouclier - l'gide - qui avait tconfectionn par Hphastos [l'artisan de l'pe]. Il tait constitu de la peau de lachvre Amalthe [dont nous avons eu dj l'occasion de parler dans le commentairequi accompagne les Figures Hiroglyphiques], garnie de franges [kraV = tte, i.e.Caput : krasiV = alliage] borde de ttes de serpent et portait en sonmilieu une tte de Gorgone, sans doute Mduse [cf. la section des Gardes ducorps]. Ce bouclier a aussi la valeur d'une tempte, d'une nue orageuse.L'gide possde une valeur hermtique qui la rattache au Mercurephilosophique. Mais cet cu renvoie aussi scutum qui est un bouclierovale et convexe puis long et creux, comme une tuile fatire. Parextension, la tuile indique testa [coquille, tuile, vase en terre cuite, caille, carapacede tortue]. Le bouclier est donc constitu des lments mercuriels [annoncspar les serpents, la tte de Mduse] dont l'ensemble forme le dissolvant auquelsest greff - ou ent - le Sel des sages, symbolis par la coquille oumrelle.

    Les brides du cheval cachent un haut point de science : il s'agit du loup[les acceptions possibles de lupus sont : poisson, araigne, mors arm de pointes,grappin], artifice ou moyen permettant de maintenir le Mercure sous uneforme liquide alors qu'il aurait d, en principe, se volatiliser depuislongtemps. C'est le lien du Mercure que l'on retrouve sur l'une des Vertusdu tombeau des Carmes que nous avons examines dans la section desGardes du corps de Franois II. Nous sommes donc loin du loup gris dsign comme l'antimoine qui servait purifier l'or. Encore n'est-ce pasl tout fait inexact puisque le Mercure, grce son lien, permet d'ouvrirradicalement les mtaux et d'obtenir cet humide radical mtallique dontparle Fulcanelli.

    Le casque : il est la marque cabalistique du caractre dgoutant dusujet des sages. L encore, un haut secret hermtique se cache sous cesymbole : cassis [casque] voque bien sr cassiteros [tain] mais il s'agitd'une fausse piste. Le sujet dgoutant est une substance capable de seliqufier une haute temprature sans se volatiliser. C'est l'eau qui nemouille point les mains des vieux auteurs, tout la fois eau igne et feuaqueux, Soufre ou Mercure selon l'poque du travail et sa forme physique; l'ensemble forme la digamma de Salomon . L'tain reprsented'ailleurs un double pige : c'est le plumbum album des Romains ; le plombest le plumbum nigrum ; or, l'antimoine peut se dire albaster par contractiond'album astrum. C'est l o l'on rsoud la difficult si l'on tient compte dela remarque d'Artphius : L'antimoine est des parties de Saturne ce qui est,

  • d'une certaine manire, vrai par le mot album [toile blanche]. Par ailleurs,albaster est phontiquement proche d'alabaster, qui est l'albtre. Dans lesDM, Fulcanelli assure que le stibium de Tollius, c'est--dire l'antimoinesaturnin d'Artphius n'est autre chose que l'albtre des Sages . Ds lors,le rapprochement entre le signe brillant [stibw pour brillant et stibi pourstimmi, la stibine] et le signe clatant [marmaroV] deviendra vident etfera comprendre pourquoi les Anciens assurent que leur toile est double.

    Les sabots du cheval nous rappellent ceux de Pgase ; symbole de lapremire matire obtenue par la dcapitation de Mduse, Pgase permetde capter l'onde vive qui sort de la source dont parle Bernard de Trvisedans son Allgorie de la fontaine. Mais le sabot, Fulcanelli nous l'apprend,s'apparente aussi la fve et la toupie ; c'est une indication sur lagrenade [roia, forme volue de ioV ou rouille] qui a le mme sens que le mot toupieen grec [romboV] et qui dsigne ce corps minuscule dont parlel'alchimiste dans les DM, blanc sur une face, noir sur l'autre et violet danssa cassure.

    Enfin, nous avons vu supra que les triers reprsentaient le X ou croixde saint Andr.

    2)- La panthre

  • Geoffroy Plantagent : la panthre et l'escarboucle (muse Tess, Le Mans, initialementcathdrale saint Julien, ca. 1150)

    Sur cette image, nous voyons deux des symboles majeurs de l'art, d'abordle lion. A premire vue, Il s'agit en fait de lionceaux, de mtal sur le champd'mail, disposs rampants. Mais en fait, il s'agit de panthres ; ledeuxime symbole est un rais d'escarboucle quatre branches que l'ondistingue assez mal. Chacun des motifs traits semble correspondre uncentre qui a pour quivalent hermtique le sel central, fixe, dont parlePhilalthe [ propos de la calcination de l'Aimant des Sages]. R. Viel est ainsiamen dcrire les panthres au centre cleste et le rais d'escarboucle quatre branches au centre terrestre. Ces deux centres sont identiques etce rais ne peut tre que ce rayon ign dont parle Fulcanelli qu'il convientd'infuser un corps appropri. Sur le bouclier de Geoffroy, le centreterrestre est bien visible et est constitu d'une pierre sacre, l'escarboucleou pierre du dragon [semblable au sang dragon ou, par cabale, au Zandarith de la Turba, i.e.sandaraqh]. C'est donc le sujet des Sages qui est directement voqu enmme temps que la Pierre constitue. Les deux centres communiquent etpar ce canal, le microcosme semble entrer en contact avec lemacroscosme : c'est le Ciel terrestre de Lavinius. De ce point centralpartent les quatre rais, chiffre reprsentatif de la terre [le Corps], quel'Esprit symbolis par les composs du dissolvant [les panthres] vadisposer en une forme telle que l'me [le Soufre] y pourra tre infuse. Eneffet, d'aprs R. Viel, c'est une signification analogue qu'il convientd'appliquer aux quatre fleuves du Paradis, compris dans le sens du centre spirituel par excellence , le coeur du microcosme alchimique tel qu'il est

  • figur sur l'cusson que nous avons vu dans la section sur les Principes. Atravers le mot Paradis, nous rejoignons les panthres puisque le centrespirituel se disait en sanscrit Paradsha, qui a donn le Paradis desocccidentaux et le Pardes des Chaldens. Or, la panthre se dit en latinpardus [en grec, pardoV] et possde le mme sens que Pan-thr [bte-tout] qui nous rappelle une citation d'E. Canseliet au sujet du Tout-en-un[En To Pan] [Alchimie, in Etudes de symbolisme alchimique d'aprs la formule bien connue dela Chrysope de Cloptre, cf. Alchimistes Grecs, Berthelot.] La panthre semble donc reprsenter l'quivalent du dragon hermtique,c'est--dire du sujet dont la dcapitation livre le caput, c'est--dire le selfixe, central, assimil la chaux ou . Mais, R. Viel n'a pas vu que lapanthre, en grec, peut aussi se traduire par panqhr et qu'elle a alors,par assonance, la valeur de filet [on trouve les assonances suivantes :panqhlhV : tout--fait verdoyant ; panqhra : large filet et enfin panqhwroV: qui voit tout, les alchimistes ne nous disent-ils pas qu'il existe un miroir o l'on voittout le monde en parlant de leur Pierre ?] C'est du reste ce que sembleconfirmer le nom de la constellation du mme nom, le Dragon, qui occupele milieu-du-ciel en Astrologie et dont la premire toile fut polaire l'poque de la construction des pyramides. Nous retombons donc sur cefilet et sur les expriences que fit Isaac Newton son sujet dans sarecherche du Lion vert [cf. B.J. Dobbs, les Fondements de l'alchimie de Newton, trad. Trdaniel, 1981].Ces panthres angevines, pour R. Viel, valent aussi pour le mot ANJOUdont il nous assure qu'il doit tre compris, par assonance, dans le sens deJOIE et AGNI. Cela nous rappelle les Mont-joie de Fulcanelli et bien sr leBlier dont les rapports avec l'antimoine sont des plus troits [rappelons que leBlier voile les symboles d'Ars et d'Aris ; Ars est le vitriol vert et Aris le Sel, cf. zodiaque alchimique]. Comme cessymboles figurent sur le bouclier, nous sommes ainsi assurs de leurnature mercurielle et nous comprenons que les panthres [pardus :centre cleste] et le rais d'escarboucle quatre rayons [centre terrestre] sontl'exact quivalent hermtique du cercle crucifre qui toujours, chez lesbons auteurs, a symbolis la stibine, premire toile hermtique [stibew].Ce cercle crucifre est l'hiroglyphe par excellence de la chaux ou , qu'ilfaut rapporter et aussi , formes duales du mme signe aux

    crpuscules de l'oeuvre [cf. Aurora consurgens, II pour de plus amples dveloppements]. Cettequadratura circuli est en effet l'objet du Sujet des Sages et forme le motif dumandala qui nous rappelle les dessins du Yi-King dont Jung s'occupa la findes annes vingt, avant d'aborder rellement l'tude de l'alchimie, aprsqu'il et intgr l'apport des Gnostiques sa phnomnologie. Elle devaitdboucher sur une tude approfondie, dans le Mysterium conjunctionis [tome I, p. 38, laQuaternit ; propos de la double quaternit ou ogdoade dans laquelle Jung ddouble le cercle crucifre].

    symbole de l'ogdoade mystique

    On ne saurait deviner la porte de ce double cercle au plan hermtique.Ne pouvant dvelopper ce point dans cette section, nous nous promettonsd'y revenir ultrieurement.Quant aux traits de Geoffroy Plantagent, sa longue chevelure, sa barbeet jusqu' son chapeau qui n'est pas sans rappeler un peu le bonnetphrygien ou ptase [Cyble], nous y voyons des caractres joviens qui nesont pas sans rappeler sa parent avec Thmis, la Justice. A ces symboles

  • auxquels nous pourrions ajouter ceux touchant le manteau, la tunique etla dalmatique, nous donnerons l'interprtation exotrique suivante : - Il y a en hraldique deux sortes de lion : le lion passant et le lionrampant. Chacun trouve sa correspondance alchimique. Le lion passantcorrespond au lion vert d'Isaac Newton. Il s'agit du Mercure philosophique,c'est--dire de la mer hermtique. Le lion rampant procde d'unsymbolisme plus subtil et fait intervenir le Soufre rouge ou sulphur ,

    inject au dbut du 3me oeuvre. Il s'agit alors du lion rouge dont parleFulcanelli dans Myst. Nous voyons que ces lions - ou ces panthres - sontincrusts sur le bouclier qui atteste, ainsi que nous l'avons dit, de leurnature mercurielle. Ce bouclier ressemble un triangle base suprieure

    signature de l'eau igne qui dfinit exactement la fonction dudissolvant : procurer l'humide radical mtallique . Le bouclier possdeaussi la valeur d'amalgame philosophique ; c'est le laiton prpar etblanchi. Le lion vert est le vase de nature qui renferme les composants dudissolvant [il s'agit du cercle intrieur de l'ogdoade]. Il s'agit d'un mlange de borith et denatron ou bien encore de foie de soufre. Nous avons amplement parl deces substances et nous ne rappellerons ici que certains pointsimportants :

    - On obtient du carbonate de potasse parfaitement pur en incinrant l'air du tartrate acide de potasse [tartre] pur avec la prcaution d'viterl'emploi des vaisseaux silicifres et de ne se servir que de vaisseaux en fer.Un deuxime procd consiste mler intimement deux parties de tartre puravec une partie de salptre galement pur en mettant le feu au mlangedans une capsule de fer ; il reste du carbonate de potasse ml avec ducharbon. On fait dissoudre le carbonate de potasse, on filtre la dissolution etl'on vapore jusqu' siccit. Expos l'air, il se rsoud en un liquide deconsistance olagineuse [oleum tartari per deliquium] que l'on appelait jadisalcali dulcifi ; il s'agit de l'huile de tartre par dfaillance. - On obtient du salptre en exposant au contact de l'air atmosphriqueun mlange de matires azotes avec du carbonate de chaux. On prpareune terre en mlant ensemble d'une manire extrmement intime de la terremeuble ordinaire et du fumier. On dispose ensuite ce mlange sur unplancher d'argile bien battue, qu'on pourvoit d'un toit afin que la pluien'puise pas la terre nitrifiable et que le salptre ne puisse pas s'infiltrer dansle sol. De temps autre on arrose le tas, d'urine de cheval ou d'eau defumier ; si le terrain ne contient point de carbonate de chaux, on y ajoute ducarbonate calcaire pur, ou de la marne ou de la cendre de bois lixivie. Il fautalors lessiver la dissolution de la terre nitreuse [cf. la section sur le salptre]. - On obtient de la potasse l'tat solide ou en dissolution dans l'eau,dans le plus grand tat de puret, au moyen du carbonate de potasse. Onfait dissoudre une partie de carbonate de potasse pur dans 10 parties d'eau ;si la dissolution n'est pas claire, on la laisse dposer. On dcante la liqueurclaire, on en lve la temprature jusqu' bullition dans une chaudire defer dcape et l'on ajoute, par petites portions, de l'hydrate de chaux ladissolution bouillante. Aprs avoir ajout peu peu et sans interromprel'bullition de la masse, 10 parties de carbonate de potasse un peu plus de4 parties de chaux pure [provenant du marbre calcin et ne faisant paseffervescence avec les acides], sur laquelle on a vers assez d'eau pour latransformer en hydrate de chaux, on prend une petite quantit de liqueur quine tarde pas se clarifier par le repos, et l'on y ajoute un acide. S'il se faitune effervescence, on continue faire bouillir la lessive et la mler avec dela chaux jusqu' ce que les acides ne produisent plus cet effet. On acoutume de prendre 6 8 parties de chaux afin d'acclrer le travail. C'est lque le poids de nature intervient : si l'on prend une moindre quantit d'eau,par exemple trois quatre contre une de carbonate de potasse, ladcomposition s'effectue encore mais de faon incomplte. Si l'on prend tropde chaux, il reste trop de potasse avec la chaux en excs. On trouve dans laprparation de la potasse par les ajouts de chaux l'explication possible desAigles volantes de Philalthe dans le travail qui correspond au 2me oeuvre. On conserve la potasse de deux faons :

  • a)- soit en dissolution dans l'eau : on verse d'abord une petitequantit de la liqueur chaude dans le flacon consacr cetusage et on le rince afin qu'il s'chauffe et ne se fende pasquand on y introduit toute la masse. On se sert d'un entonnoirpour cette opration afin que la dissolution n'entre nulle part encontact avec le goulot du flacon qu'on ferme au moyen d'unbouchon de verre. On place le verre sur une planche car si on lemettait sur une pierre, la vitesse de du refroidissement pourraitle faire clater. On ferme le flacon avec le bouchon et onl'abandonne au repos pour que la dissolution dpose lecarbonate calcaire et l'excs de chaux. Le lendemain, elle seraparfaitement claire. Elle renferme un peu de chaux, c'est--direautant que l'eau peut en dissoudre. Cette terre se combineimmdiatement avec l'acide carbonique de l'air au moment ol'on ouvre le flacon ou lorsque celui-ci n'est pas fermhermtiquement. Pour se servir de cette dissolution de potasseavec son sdiment, on la retire au moyen d'une pipette ; b)- soit l'tat solide : quand la rduction s'est faite [absenced'effervescence avec les acides], on verse la masse dans unvaisseau spacieux avec les prcautions employes pour leflacon, et on le couvre d'un couvercle qui s'y adaptehermtiquement. Ds que la liqueur s'est claircie, on y introduitdoucement un siphon qu'on fait plonger jusqu' une petitedistance de la surface du sdiment [cf. tour de main pour lapotasse]. On pousse l'vaporation jusqu' siccit et latemprature jusqu'au rouge naissant. La potasse fond alorscomme de l'huile. S'il s'est form du carbonate de potasse dansle cours de l'opration, ce sel nage la surface de la potasse etcomme il ne se fluidifie pas encore au point de fusion de lapotasse, on peut l'en sparer au moyen d'une cumoire enargent. La potasse se prend, par le refroidissement, en unemasse cristalline qu'on concasse pour la conserver dans desvaisseaux bien bouchs.

    - On obtient du sulfate de potasse de plusieurs manires. Dans une dissolution de potasse, on verse de l'acide sulfurique, ni trop nitrop peu ; le point d'quilibre est atteint quand la liqueur ne bleuit pas lepapier de tournesol rouge et ne rougit pas le papier de tournesol bleu. Onvapore alors ou si le temps le permet, on laisse lentement cristalliser ladissolution. On obtient ainsi une poudre blanche si l'vaporation a t rapideou de beaux cristaux transparents si l'vaporation a t lente : c'est le sulfatede potasse. Dans la prparation de l'acide nitrique au moyen du salptre et dans celle del'acide sulfurique, on obtient comme produit secondaire une combinaison depotasse avec un excs d'acide. Une forte chaleur rouge ou la saturation avecla potasse le transforme en un sel neutre. On le retire d'une dissolution encristaux exempts d'eau, fusibles une temprature leve et d'une grandeduret. Enfin, une combinaison d'argile, de salptre et de vitriol romain [cf. leVitriol de Tripied] peut aussi convenir.

    C'est l'examen de fragments de la tapisserie de Bayeux que nous allons prsent nous livrer. Les personnages que l'on verra ci-dessous fontpartie de l'escorte qui accompagne le comte Guy de Ponthieu. Harold,voulant rendre visite son parent Guillaume de Normandie, s'estembarqu dans un petit port du Sussex. Il vogue vers le continent maisune tempte l'carte de sa route. Il est jet plus au nord, sur des terres oil n'tait pas attendu. Selon l'usage du temps, le seigneur du lieu le met entat d'arrestation [nous voquons cette histoire galement dans la section de l'humideradical mtallique]. D'abord, remarquons que cette histoire a un semblant desimilitude avec le naufrage qui est voqu au dbut de l'histoire duCosmopolite [Alexandre Sthon, le 1er Cosmopolite].

    3)- Le swastika polaire

  • dtail de la tapisserie de Bayeux : pourparlers entre Guillaume et Harold

    voquons prsent le principe fixe : nous le voyons sur le bouclier blancque nous montre cette figure: c'est le point central. Il correspond au selfixe, central, dont parlent Philalthe et le Cosmopolite. C'est un bouclier swastika qui est port, bien en vidence, par l'cuyer du comte saxon.Rappelons que le svastika [swastika] est l'un des symboles les plusrpandus et les plus anciens qui soient. Il exprime un mouvement derotation autour d'un centre immobile qui a valeur de ple. Il est souventassoci l'image des sauveurs de l'humanit et donc, de la figurechristique. En alchimie, qui nous occupe ici, il s'apparente donc ladouble roue dont parle Fulcanelli ; comme sa symbolique est associe auchiffre 4, on sera tent d'y voir le symbole d'une double Terre. D'abord, lesymbole mme de Vnus nous y incite puisque, par le renversement

    des ples qui nous est prsent familier, nous savons que l'associationAphrodite - Vnus voile le symbole chthonien essentiel ... Reste

    dfinir ces deux terres. A partir de nos tudes prcdentes, le lecteurn'aura aucune difficult identifier une terre magnsienne qui n'est autreque du marbre statuaire et une terre schisteuse ou argileuse qui retient enson sein le sel le plus blanc qui soit. Ces pourparlers, ces discussions quiconstituent le sujet des pourparlers entre Guillaume et Harold, signalent l'tudiant qui a dj quelque teinture de science que c'est du Mercure

    qu'il est question ici quand bien mme pas un mot de ce que nouscrivons n'est - la lettre - exact ! C'est par le Sensible donc et non par laRaison que le lecteur pourra comprendre ce que nous essayons deformaliser [toute l'alchimie est base sur ce processus spcifique d'imagination active comme Jung l'a parfaitementdcel]. Un certain nombre de symboles se dgagent des lments de latapisserie et surtout deux : le dragon ail, queue en spirale et une sortede swastika, ou croix branches incurves, o les auteurs s'accordentgnralement reconnatre un emblme solaire. Il se trouve que cefragment de tapisserie [qui sige au bord droit] comporte avec ces troiscus les trois tats fondamentaux de la matire [on reconnait la nigredo dans l'cu de

  • couleur terre ; puis l'albedo dans l'cu qui prsente le point fixe ; enfin le rubigo dans le troisime cu o se trouve la ].C'est qu'en effet, le lion vert reprsente une partie cet alcali [borith desAnciens] qui n'a pas encore t fix par l'hydrate de chaux. La chaux,voile sous le visage de Thmis, est ce sel fixe central [oxyde de calcium] quirsiste la calcination du marbre statuaire et qui assure la transformationdu lion vert en lion rouge [pour autant qu'une chaux y ait t dpose]. C'est la raisonpour laquelle Fulcanelli nous assure qu'il existe deux Soufres dansl'oeuvre ; l'un correspond ce sel fixe qui intervient dans la prparation duMercure philosophique ; l'autre intervient dans le Rebis et correspond auSoufre rouge ou sulphur proprement dit. Les trois croix que l'on

    aperoit sur le volet du bas et les sept personnages donnent le nom de cesel fixe, central [cf. les Gardes du corps]. Le symbolisme se trouve compltpar la lance que tient le personnage de gauche symbolisant le et par leRoi qui tient l'pe, symbolisant l'agent initial ou FORCE [agent mercuriel ].

    Nous allons donc nouveau nous attarder sur ce sel pour en prciser laprparation et son aspect.

    - On obtient la chaux en exposant du carbonate calcaire la chaleurrouge qui en dgage l'acide carbonique [cf. section sur la Pierre, chaux].La pierre chaux ordinaire contenant de l'argile, la chaux brle ordinairen'est pas de la chaux pure ; elle renferme en effet de l'acide silicique, del'alumine, un peu d'oxyde de fer, de la magnsie, etc. La chaux pure,destine aux oprations chimiques, s'obtient en calcinant du carbonate dechaux pure, par exemple du marbre qu'on recueille titre de dchet dans lesateliers de sculpteur. La chaux a une couleur blanche et elle est infusiblemme au chalumeau oxygne qui ne fait que l'agglutiner. C'est pourquoi,les Anciens la dsignaient comme le sel fixe et central [il est bien vident queles Anciens n'avaient en leur pouvoir que le feu du four pour constater soninfusibilit]. Arrose d'eau, elle s'y combine avec dgagement de chaleur etelle produit une poudre lgre qui est l'hydrate de chaux ou la chaux teinte.Ce phnomne porte le nom d'extinction de la chaux. La liqueur laiteusequ'on obtient en dlayant de l'hydrate de chaux dans une grande quantit dechaux s'appelle lait de chaux. Expose l'air, l'eau de chaux attirepromptement l'acide carbonique et se couvre d'une pellicule de carbonate dechaux. Quelquefois, la chaux calcine ne s'teint pas : on la nomme chauxbrle ou morte. Ce phnomne provient de ce que la pierre chaux taitmle d'une trop grande quantit d'argile ; l'acide silicique et l'alumine del'argile se combinent chimiquement avec la chaux et l'on y trouve quelquefoisde beaux cristaux d'idoclase qui est un sel double form de silicate d'alumineet de silicate de chaux.

    Signalons ici que l'idoclase est constitue de l'une des parties constituantla Pierre et de deux parties entrant dans la constitution du dissolvant ; ony trouve galement le lien du Mercure. - Quel est le minral d'o l'on doit extraire la chaux ? cette question,les alchimistes ont rpondu de faon vasive. D'abord, bien sr, la chauxn'est presque jamais nomme ou si elle l'est, c'est pour dire que le feusecret serait de la nature de la chaux , c'est--dire peut-tre un oxyde[Fulcanelli, DM]. Ensuite, on trouve toujours chez Fulcanelli une allusion uncertain minral dont il convient d'observer certaines couleurs. Il peut s'agirde deux minraux : soit un schiste pyriteux et alors le minral se rapporte la prparation du Soufre blanc [terre de Samos ou terre de Chio], soit ducarbonate de chaux et alors il s'agit de l'un des composants du feu secret.

    Le carbonate de chaux se rencontre en masses considrables dans lesterrains de sdiment, blanc, en cristaux fortement agglomrs o ilconstitue les marbres blancs et notamment une varit remarquable, laplus homogne en cristaux fortement agrgs, dsigns sous le nom demarbre statuaire, dont les carrires les plus abondantes se trouvent enItalie, dans les montagnes de Carrare et de Serravezza. L'interposition en

  • couches varies de substances minrales diversement colores par desoxydes mtalliques, quelquefois des matires bitumineuses, forme lesnombreux marbres veins ou noirs que chacun connat. Une cristallisation grains plus fins, moins rsistants, de couleur blanche, jauntre ou fauve,forme l'albtre calcaire, employ surtout pour confectionner les vases, ftsde pendules et diverses sculptures d'ornement. Enfin, dans d'immensesdpts de calcaire plus ou moins compactes ou grossiers des terrains detransition, secondaires et tertiaires, s'exploitent de nombreuses carriresqui fournissent les pierres employes par les artistes lithographes, lespierres de taille propres aux grandes constructions, les moellons destinsaux constructions ordinaires, la craie employe dans les fabriques deproduits chimiques [fabriques de soude, d'acide carbonique, d'eaux gazeuses, debicarbonates alcalins, de glucose, de chaux, etc. et jusqu'au sucre de betterave], lecarbonate de chaux constitue principalement la matire minrale descoquilles [mrelle], des mollusques [seiche], des corralines [corail], lesdiffrentes marnes. Sous toutes ces formes, le carbonate de chaux peutservir la fabrication de la chaux des diverses espces. Ce sont doncessentiellement les dbris de marbre, d'albtre qui donnent la chauxgrasse et nous venons de voir que des oxydes mtalliques entraient dansla constitution de certains marbres veins : ce sont eux qui doiventconstituer la matire premire proprement dite.

    corrlat alchimique : quoi sert la chaux ? La chaux sertessentiellement enlever l'acide carbonique aux carbonates desoude, de potasse et d'ammoniaque. On obtient ainsi la soudeet la potasse caustique qui entrent dans la prparation duMercure philosophique. Les alchimistes en parlentindirectement quand ils voquent le blanchissage de la filasse,du chanvre et surtout du lin. La chaux sert galement prparer l'eau de chaux dont on a vu dans le commentaire desFigures Hiroglyphiques qu'elle avait des rapports, au plansymbolique, avec Thmis.

    4)- trois fragments sacrs

    Les messagers de Guillaume

  • Cet autre fragment de la tapisserie nous montre trois volets o figurentdes symboles importants. - Sur le volet du bas, nous voyons le chevalier affronter le dragoncailleux [prima materia]. La scne de droite o le personnage sonne du coret donne le signal de la chasse [les deux animaux sont sans doute des chiens ets'apparentent au chien du Corascne et la chienne d'Armnie d'Artephius]. Quant aucor, nous l'avons voqu dans le rbus de saint Grgoire-du-Vivre. - Le volet central est le plus important. Il permet de montrer desboucliers dragons. Ces boucliers sont ports par des envoys deGuillaume, chargs d'intercder en faveur d'Harold pour obtenir salibration. Ils possdent ainsi une valeur hermtique qui les distingue entant que hrauts mercuriels. Le dragon est voqu plusieurs fois par lesauteurs modernes. Ainsi, Fulcanelli crit-il dans Myst., p. 146 :

    "Aprs l'lvation des principes purs et colors du compos philosophique, le rsidu estprt, ds lors, fournir le sel mercuriel, volatil et fusible, auquel les vieux auteurs ontsouvent donn l'pithte de Dragon babylonien."

    Ce sel mercuriel, minemment fusible, n'est autre que le natron etBabylone fait rfrence l'Egypte directement [outre que Babylone se rapporteau signe zodiacal du Blier] ; si ce n'tait le natron, ce serait le borith et sinon,en dernier lieu, nous pencherions pour l'atinckar. Nous rapprocherionsenfin cette indication du frontispice des Myst. o figure le sphinx d'Egypte,parfaitement blanc. Le dragon est aussi voqu par Philalthe [Introtus, VI]auquel nous laissons le lecteur se reporter. E. Canseliet nous en parledans ses Etudes alchimiques [l'Arbre alchimique] en commentant lefrontispice du Gloria mundi :

    "...celui-l, sous la forme d'un roi -le chef couronn et aurol de flammes- qui maintientson sceptre sur l'paule et son bouclier devant lui, est assis sur un lion, au-dessus d'unantre souterrain, d'o surgit le dragon vomissant son feu mortel..."

    reproduisant ainsi, presque l'identique, la 9me figure de Lambsprinckqui runit tout l'attirail

  • Neuvime figure du De Lapide Philosophorum de Lambsprinck

    hermtique. Nous noterons le globe crucifre, symbole de l'antimoine [dela chaux], le dauphin [la coagulation de l'eau mercurielle], le dragon terrass[prima materia], le bourdon [le bton de hraut - le lien du Mercure], un bouclierque l'on aperoit sous le dauphin avec une toile brillante en son milieu.On signalera aussi les 7 marches de l'escalier hermtique. Le roi, assis,qui repose sur le dragon signant ainsi l'importance du rsidu quisurnage...Nous avons comment ailleurs ce compendium de l'oeuvrealchimique. Ce dragon se rapproche de celui qui garde les deux vasessacrs dcrits par Cyliani dans son Herms dvoil :

    "Je vis alors deux superbes vases en cristal reposant chacun sur un pidestal du plusbeau marbre de Carrara. L'un de ces vases tait en forme d'urne, surmont d'unecouronne en or quatre fleurons; on avait crit en lettres graves dessus: Matirecontenant les deux natures mtalliques. L'autre vase en cristal tait un grand bocalbouch l'meri, d'une forte paisseur, on avait grav pareillement dessus ce qui suit:Esprit astral ou esprit ardent, qui est une djection de l'toile polaire."

    Le marbre de Carrara, nous venons de l'voquer : rptons donc qu'ils'agit l de la matire contenant le sel fixe, central. La couronne quatrefleurons voque la nature terrestre de la matire comme, l encore, cela at prcis plus haut. Quant l'autre vase, son contenu reste voil ;certes, l'meri pourrait faire rfrence de l'argile, du kaolin mais alorsque vient faire cette toile plaire ? Serait-ce une rfrence la grandeOurse laquelle E. Canseliet consacre un chapitre dans ses Deux Logisalchimiques ? L'toile polaire voque un rayonnement, une attraction, unevaleur d'aimant et pourrait donc avoir quelque rapport avec le fer ? Serait-ce l le principe Soufre ? Mais l'explication se drobe, les mots nousmanquent et nous devrons pour cette fois, passer outre ce point descience et continuer...[ ces lignes, nous ajouterons prsent ceci : que parlerd'esprit astral ou d'esprit ardent, c'est voquer mots peine couverts la rose de mai, etdonc le Mercure]

  • Prparation du Sel des sages : l'alumine s'obtient en dissolvant de l'alunpur dans l'eau et en le prcipitant avec du carbonate de soude, qu'on doitajouter bouillant et en excs pour dcomposer la combinaison basique del'acide sulfurique avec l'alumine, qui se prcipite d'abord. L'alumine sparepar la filtration et lave contient toujours encore un peu de sel potassique ;c'est pourquoi on la dissout dans l'esprit de sel, on la prcipite parl'ammoniaque en exc, on la alve, on la fait scher lentement et on la calcineau rouge. On l'obtient alors sous la forme d'une poudre blanche, lgre. Onpeut aussi prparer de l'alun en dcomposant de l'argile avec de l'huile devitriol. Cette dcomposition s'opre de la manire la plus complte en faisantchauffer de l'argile pure, la rduisant en poudre sous des meules et lamlant avec 45% d'acide sulfurique. On chauffe le mlange dans unfourneau rverbre jusqu' ce que la masse devienne trs paisse. On lalaisse reposer pendant un mois et on la traite par l'eau de la faon qui a tdite plus haut. De faon gnrale, toute rfrence un corps astringent, une ide de gne , ou le fait de gmir, se lamenter se rapportent l'alun [stupteroV].

    - Le volet suprieur nous montre trois croix qui nous rappellent l'initialedu sujet des Sages et deux gallinaces, coq et poule, assimilables auxcolombes de Diane dont l'quivalent hermtique est la noix de galle duchne. Il est galement opportun de signaler ici que le tanin, existant dansle kerms aussi bien que dans le chne, a la proprit de rvler toutetrace de fer en noircissant. Or, ce fer, nous en retrouvons le symbole parle blier, droite du volet. Ce blier voile la figure d'Ars. Ars a aussi unrapport avec le dragon que Cadmos tua et dont il sema les dents d'omergrent les spartoi [les Thbains]. Newton considrait que les dentsdu dragon constituaient la premire matire. Ce dragon gardait unesource, Thbes, nomme arhdia. Le rapport entre Thbes et le grandOeuvre est direct : c'est Cadmos qui fonda la ville ; plus tard, Zthos [quipour nous est Azoth] et Amphion rgnrent sur la ville, le premier transportantdes pierres pour tablir les remparts de la ville, le second jouant de la lyreet charmant, mme, les matriaux de construction.

    5)- L'animation du Mercure

    Initiale enlumine d'une charte concde, en 1159, par Malcolm IV l'abbaye de Kelso

    Contrairement ce que l'on pourrait croire, il ne s'agit pas des poux

  • royaux auxquels doit tre consacr le mariage chymique du 3me oeuvremais de David d'Ecosse et de son petit-fils Malcolm. Cette imagesymbolise ici le double Mercure : nous apercevons les deux serpents[dragons] entrelacs ; gauche, le roi David symbolise le Mercure prpardont on sait qu' une poque tardive, dans le 3me oeuvre, il doit laisserplace plus jeune que lui . C'est exactement ce qu'exprime cette enluminuredans le personnage de droite. Il tient un sceptre de la main droite [c'est enquelque sorte le bras droit du Mercure] qui s'apparente au bton de hraut[skhptoV]. Les armes ont t dposes : gauche en effet, le roi tientson glaive lev, ce qui tmoigne d'une action : l'effet du Mercure est deprovoquer l'ouverture des mtaux en dvoilant l'humide radical mtallique .A droite, le glaive est abaiss, la Grande Coction dj largement entameet il ne faut plus qu'assurer la tension du lien du Mercure, symbolis icipar le sceptre ou bourdon de plerin. Le sceptre est bien sr l'emblmede la royaut, et au vrai, c'est bien d'un basileia dont il est question ici[Leibniz pensait justement que Basile Valentin tait un pseudonyme voil parbasileuV : le dauphin] et qui figure le dbut de la coagulation de l'eau.Afin de comprendre ce qui se droule exactement pendant la GrandeCoction, nous ne saurions trop recommander au lecteur d'examiner lesnotes d'expriences prises par Pierre Berthier et Jacques-Joseph Ebelmen.Ils y trouveront des indices