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    BILAN ET DIAGNOSTIC

    STRATEGIE NATIONALE

    DE GESTION INTEGREE DES ZONESCOTIERES EN ALGERIE 

    BILAN &DIAGNOSTIC

    République Algérienne Démocratique et Populaire

    Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Environnement et de la Ville

    Octobre 2012

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    Note

    Ce document est le rendu N°1 de la stratégie nationale degestion intégrée des zones côtières en Algérie. Ce projet entredans le cadre de la mise en œuvre du Protocole relatif à lagestion intégrée des zones côtières entré en vigueur le 23mars 2011et signé par l’Algérie en 2008. La stratégie nationale

    de gestion intégrée des zones côtières en Algérie est initiédans le cadre d’un partenariat entre le Plan d’Action pour laMéditerranée (PAM) à travers le Centre d’Activités Régionalespour le Programme d’Actions Prioritaires (CAR/PAP1) et leMinistère de l’Aménagement du Territoire, de l’Environnementet de la Ville (MATEV2). Cette stratégie bénéficie égalementdu soutien de l’initiative MedPartenership.

    L’auteur principal de ce document est GRIMES Samir, chefd’équipe SN GIZC. Ce document a été préparé sur la basedes documents thématiques préparés par BOUAZOUNI Omar(socio-économie), CHENIT Karim (assainissement),BENMAHIEDDINE Reda (tourisme littoral), HARIZ MohamedRassim (planification maritime spatiale), LABAOUI Smain

    (urbanisation), OLDACHE L’hadi (agro-foresterie),MAKHOUKH Ouamer (déchets solides), HAOUCHINEAbdelhamid (aquifères côtiers), GRIMES Samir (biodiversitémarine, Aires marines et côtières protégées, pêche,aquaculture marine, réseau infrastructurel et industrie littorale,lutte contre les pollutions marines), BOUTIBA Makhlouf(risques et aléas côtiers), FERHAT Nadjib (patrimoine culturel,historique et archéologique), SNOUCI Mohamed(changements climatiques), REFES Wahid (analyse de ladurabilité).

    L’élaboration de ce document a été supervisée par NATECHESamira (Sous directrice du littoral/MATE), par ŠKARIČIĆ

    Željka (Directrice du CAR/PAP), par POVH Daria et parEVERS Veronique (CAR/PAP).

    Remerciements

    La préparation et l’élaboration de ce document n’auraient pasété possibles sans le soutien et l’appui de divers départementsministériels et institutions techniques, et particulièrement lesmembres du Comité de Pilotage (liste en annexe).

    Cette stratégie a également bénéficié de l’appui de l’Unité deCoordination du PAM d’Athènes, représentée par sacoordinatrice directrice Mme Maria Luisa SILVA MEJIAS

    de ainsi que la directrice du PAP/RAC, ŠKARIČIĆ Željka etde ses collaboratrices POVH Daria et EVERS Veronique.

    1 CAR/PAP: Centre d’Activités Régionales pour le Programme d’Actions Prioritaires -

    Kraj Sv. Ivana 11 - 21000 Split – Croatie – http://www.pap-thecoastcentre.org 2 Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Environnement et de la Ville - Rue des 4 canons -

    Alger – Algérie – www.mate-dz.org 

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    STRATEGIE NATIONALE DE GESTION INTEGREEDES ZONES COTIERES EN ALGERIE 

    SOMMAIRE

    CONTEXTE INTERNATIONAL ET NATIONAL 6

    INTRODUCTION 7LA DEMARCHE 8

    1. LITTORAL ALGERIEN AU SENS DE LA LOI 9

    2. CONTEXTE ADMINISTRATIF DU LITTORAL ALGERIEN  9 

    3.  CONTEXTE NATUREL 113.1. Morphologie littorale 123.2. Les bassins versants littoraux et le réseau hydrographique 133.3. Sols et forets 163.4. Aquifères côtiers 183.5. Biodiversité, paysages et habitats côtiers sensibles 25

    3.5.1.  Biodiversité terrestre 263.5.2.  Les Espaces verts 263.5.3.  La diversité des habitats marins côtiers 283.5.4.  Biodiversité marine, un gisement pour le bassin méditerranéen 353.6.  Patrimoine culturel, historique et archéologique côtier 36

    4.  LE CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE  414.1. Le littoral un lieu d’habitation différentié en population 424.2. Evolution de la population selon les trois grands ensembles physiques 424.3. Les densités de la population atteignant des seuils de saturation dans le Nord du pays 434.4. La composition des ménages sur le littoral 434.5.  Le logement : un littoral à fortes commodités de logement 434.6.  Emploi dans le secteur de la pêche (Evolution des inscrits maritimes) 44

    5.  SYSTEME URBAIN ET MAILLAGE INFRASTRUCTUREL DU LITTORAL 45 5.1. Urbanisation et armature urbaine du littoral 465.1.1. L’armature urbaine des régions Nord marquée par le poids des grandes Métropoles 475.1.2. Un territoire qui a connu une urbanisation récente, concentrée sur le littoral . 485.1.2.1. La région Nord Ouest 505.1.2.2. Le réseau urbain du Nord Est 525.1.3. Le phénomène de conurbation des villes littorales : une urbanisation à maîtriser 525.1.5. L’aire métropolitaine Oranaise et la zone Ouest 575.1.6. L’aire métropolitaine d’Annaba 58

    6. LES ACTIVITES ECONOMIQUES 68 6.2. Agriculture littorale 696.2.1. Surface Agricole Utile (SAU) et Surface Agricole Totale (SAT) 696.2.2. Irrigation 696.2.3. Les Cultures 706.3. Tourisme littoral 766.3.1. Les flux touristiques dans les zones côtières en Algérie 766.3.2. L’offre touristique dans les communes côtières 766.3.3. Fréquentation des plages : des impacts à maîtriser 796.3.4. Les ZEST : des réserves foncières pour amorcer le développement touristique du littoral 806.4. Une ressource halieutique sous pression, la pêcherie algérienne face au défi de la durabilité 84

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    6.4.1. La biomasse et les ressources exploitables disponibles dans les eaux marines algériennes 846.4.2. Rendements des espèces de forte valeur marchande856.4.3. Aperçu général sur les Ports & Abris de pêche 866.4.4. Zones et surfaces de pêche disponible 876.4.5. Evolution de la flottille de pêche 886.4.6. Evolution de la production halieutique 896.4.7. L’aquaculture marine 93

    6.5. Trafic maritime 946.6. Situation économique dans le littoral 95

    7. PRESSIONS, MENACES ET IMPACTS 100 7.1. Les rejets liquides et l’assainissement 1017.1.2. Problématique des rejets des eaux usées industrielles 1027.1.3. Analyse critiques du diagnostic 1037.1.4. Les enjeux stratégiques de l’assainissement des villes côtières 1067.2. Les déchets solides 1097.3. Pressions sur les aquifères côtiers et sollicitation des aquifères 1177.4. Câbles sous-marins et pipelines 1177.5. Energie offshore 118

    7.6. Les impacts 1197.6.1. Les impact du tourisme sur les zones côtières: nécessité d’un tourisme durable 119

    8. LES ALEAS ET LES RISQUES COTIERS 1228.1. Les inondations catastrophiques des villes côtières de l’Algérie : 1927, 1974-1975 et 2000 1238.1.1. Les inondations de Bab-El-Oued – Alger 1238.1.2. Les inondations de l’année 1974-1975 dans l’Ouest et le Centre de l’Algérie 1258.2. L’érosion côtière en Algérie 1288.3. Sismicité et les risques sismiques 142

    8.3.1-Sismicité 1428.3.  Risque industriel 1458.4.  Les incendies de forets 1488.5.  Risque lié à l’utilisation des engrais et des pesticides 149

    8.6.  Risques lies aux changements climatiques 1528.7.  Les espèces invasives et envahissantes, une menace émergente 159

    9.  LES IMPACTS  1609.1. L’artificialisation des sols des communes côtières 1609.2. Perte du foncier touristique 1619.3. Perte des plages (illustration par le cas d’Alger Est) 1629.4. Dégradation et perte des cordons dunaires 1639.5. Intrusion marine et aquifères côtiers 1659.6. Qualité des eaux de baignade 1679.7.  Eaux colorées 1689.8.  Pollution accidentelle par les hydrocarbures 1699.9.  Effets de la pollution sur les peuplements benthiques de substrats meubles 1709.10.  Erosion de la biodiversité marine (cas de la disparition du phoque moine) 1719.11. Diminution des services économiques des habitas marins 1719.12. Les atteintes au patrimoine en zones littorales 172

    10.  LA GOUVERNANCE DU LITTORAL 17410.1. Expériences GIZC en Algérie 17410.2. Planification maritime spatiale, un enjeu pour l’avenir 18010.3  Base juridique et réglementaire 18510.3.1. Protection et aménagement du littoral 185

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    10.3.2. Législation relative à la protection de la mer (le Dispositif Telbahr) 18710.3.3. Gestion de la ressource en eau 18710.3.4. Gestion, contrôle et élimination des déchets 18910.3.5. Qualité du milieu 19010.3.6. Aires protégées et diversité biologique 19010.3.7. Législation relative à l’exercice de l’activité de pêche et l’aquaculture 19110.3.8. Tourisme 192

    10.3.9. Agriculture 19210.3.10. La législation pour la protection du patrimoine culturel 19410.3.11. Règlementation et GIZC 19510.4. Diagnostic organisationnel et institutionnel 19510.4.1. Acteurs clés et modes de gestion en zones côtières 19510.4.1.1. Gestion sectorielle 19610.4.1.2. Gestion intersectorielle 19910.5. Plans et schémas directeurs 20110.5.1. Gestion de la ressource en eau et assainissement 20110.5.2. Déchets solides 21310.5.3. Tourisme 216

    11  CONSERVATION ET PROTECTION DES ECOSYSTEMES SENSIBLES 22111.1. Aires terrestres protégées 22111.1.1. Les Parcs Nationaux littoraux 22111.1.2. Les réserves naturelles 22211.1.3.  Parcs Régionaux 22211.1.4.  Zones humides d’importance internationale (sites Ramsar) 22211.1.5.  Réserves de chasse 22411.1.6.  Les centres cynégétiques 22411.2.  Les aires marines et côtières protégées 22511.2.1. Espaces marins prioritaires 22511.2.2. Les aires spécialement protégées d’intérêt méditerranéen 22711.2.3.  Les ASPIMs au large 22710.2.4. La GIZC et les aires AMPC en Algérie 227

    11.2.5.  Valeur patrimoniale des invertébrés des substrats durs des côtes algériennes 22812. TELBAHR 23012.1. Le dispositif national Telbahr 23012.2. Organisation du dispositif Telbahr 23012.3. Diagnostic de Telbahr 233

    13. ANALYSE INSTITUTIONNELLE ET ORGANISATIONNELLE 23313.1. Bilan 23413.1.1. Bilan réglementaire 23613.1.2. Le Bilan organisationnel 23713.1.3. Le Bilan Fonctionnel 23813.1.4. Bilan démographique 239

    13.1.5. Bilan Urbain 23913.1.6. Bilan environnemental 24013.1.7. Bilan Sociétal 24113.1.8. Bilan agro forestier 24213.1.9. Bilan des aquifères littoraux 24313.1.10. Bilan de l’assainissement 244

    Conclusion 249

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    Acronymes et abréviations

    AGIRE : Agence de Gestion Intégrée des Ressources en Eau AMCP : Aire Marine et Côtière ProtégéeAMP : Aire marine protégéeANAT: Agence National d’Aménagement du TerritoireANBT: Agence Nationale des Barrages et TransfertsANPM:AGENCE NATIONALE DU PATRIMOINE MINIER ANRH: Agence Nationale des Ressources HydriquesAPC : Assemblé Populaire CommunaleAPPL : Agence Pour la Protection et la Promotion du Littoralde la wilaya d’AlgerASP : Aire Spécialement ProtégéeASPIM : Aire Spécialement Protégée d’Intérêt MéditerranéenCAR ASP : Centre d’Activité Régional pour les AiresSpécialement ProtégéesCAR PAP: Centre d’Activité Régional Pour les ActionsPrioritairesCDB : Convention sur la Diversité BiologiqueCET : Centre d’Enfouissement TechniqueCIRSA : Centre Interdépartemental pour la Recherche enSciences de l’EnvironnementCNADES Cadastre National des Déchets SpéciauxCNDRB Centre National de Développement des RessourcesBiologiquesCNERU : Centre National des Etudes et Recherches enUrbanismeCNL : Commissariat National du LittoralCNRDPA : Centre National de Recherche et deDéveloppement de la Pêche et de l’AquacultureCPE : Conseil des Participations de l’EtatDAS : Déchets d’activités de soinsDASRI : Déchets de soins à risque infectieuxDE : Décret ExécutifDEW : Direction de l’Environnement de WilayaDGE : Direction Générale de l’Environnement

    DGF : Direction Générale des ForetsDPM : Domaine Public MaritimeEGPP : Entreprise de Gestion PortuaireENSSMAL : Ecole Nationale Supérieure es Sciences de laMer et de l’Aménagent du LittoralEQH : Equivalent HabitantFEDEP : Fond pour l’environnement et la dépollutionFFEM : Fond Français pour l’Environnement MondialFNAT : Fond national d’Aménagement et du développementdurable du territoireFNDPA : Fond National pour le développement de la pêche etde l’aquacultureFNGIRE : Fonds national de gestion intégrée desressources en eaux

    FNPLIZC : Fond national pour la protection du littoral et deszones côtièresFNRSDT : Fond national de la recherche scientifique et dudéveloppement technologiqueGIZC : Gestion Intégrée des Zones CôtièresINCT : Institut National de Cartographie et de télédétectionISMAL : Institut des Sciences de la Mer et del’Aménagement du LittoralJO : Journal OfficielMADR : Ministère de l’Agriculture et du DéveloppementRural

    MATEV : Ministère de l’Aménagement du Territoire, del’Environnement et de la VilleMDN : Ministère de la Défense nationaleMESRS : Ministère de l’Enseignement Supérieur et de laRecherche ScientifiqueMETAP : Programme d’Assistance Technique pourl’Environnement MéditerranéenMICL : Ministère de l’Intérieur et des Collectivités LocalesMPRH : Ministère de la Pêche et des RessourcesHalieutiquesMRE : Ministère des Ressources en EauxMT : Ministère des TransportsMTA : Ministère du Tourisme et de l’ArtisanatMTP : Ministère des Travaux PublicsOM : Ordures ménagèresONEDD : Observatoire National de l’Environnement et duDéveloppement DurablePAM : Plan d’Action pour la MéditerranéePAPW : Président de l’Assemblée Populaire de WilayaPAS BIO : Plan d’Action Stratégique pour la BiodiversitéPCGDMA : Plan Communal de Gestion des DéchetsMénagers et AssimilésPDARE : Plan Directeur d’Aménagement des Ressources enEauPNAGDES : Programme national de gestion des déchetsspéciauxPNE: Plan National de l'EauPNEK : Parc National d’El KalaPNUD : Programme des Nations Unies pour ledéveloppementPNUE : Programme des Nations Unies pour l’EnvironnementRasMer : Réseau Algérien des Sciences de la MerRGPH / Recensement Général de la PopulationRNE : Rapport National sur l’Environnement

    RSP: Réseau de Surveillance PosidoniesSDAAM : Schéma Directeur d’Aménagement des AiresMétropolitainesSDAL: Schéma Directeur du LittoralSEAAL : Société d’Eau et d’Assainissement d’AlgerSEACO : Société d’Eau et d’Assainissement deConstantineSEAOR : Société d’eau et d’Assainissement d’OranSMAP : Short & Medium Assistance ProgrammeSNAT: Schéma National d’Aménagement du TerritoireSNDPA : Schéma National de Développement de laPêche et de l’AquacultureSNGC : Service des Gardes Côtes ;SRAT : Schéma Régional d’Aménagement du Territoire

    UICN : Union International de Conservation de la NatureUNESCO: United Nations for Education, Scientific andCultural OrganizationUSTHB : Université des Sciences et Technologies HouariBoumedièneZET : Zones d’expansion touristiques

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    CONTEXTE INTERNATIONAL ET NATIONAL

    Le Protocole3 GIZC qui est le septième Protocole établi dans le cadre de la Convention de Barcelone à être entréen vigueur le 23 mars 2011. Il représente une étape cruciale dans l’histoire du Plan d’Action pour la Méditerranéeet vient compléter une série de Protocoles pour la protection de l’environnement marin et de la région côtière enMéditerranée. Ce Protocole constituera pour les pays de la région méditerranéenne un instrument pour mieuxassurer la gestion et la protection de leurs zones côtières ; il leur offre, en outre, la possibilité et le cadre afin de

    faire face aux nouveaux défis auquel l’environnement côtier de cette région fait face aujourd’hui, notamment unemeilleure adaptation aux problèmes liés aux changements climatiques et à leurs effets sur les zones côtières.

    Le maintien de la « naturalité » des zones côtières méditerranéennes constitue un objectif stratégique de ceprotocole qui établit une hiérarchie entre une stratégie méditerranéenne de la GIZC, les stratégies nationales etles plans et les programmes pour des zones côtières. L’accélération des processus de dégradation desécosystèmes méditerranéens au cours des deux dernières décennies, résultats entre autre du développementsocio-économique a été accompagnée de tensions et de demandes sociales persistantes qui ne permettent pastoujours une cohésion territoriale et un équilibre entre la naturalité et le développement. L’habitat, le tourisme etles loisirs, l’exploitation des ressources vivantes, l’agriculture et les transports sont pour l’essentiel les principauxmoteurs de ce développement.

    Il est admis aujourd’hui que le problème environnemental majeur du l ittoral méditerranéen est son artificialisation

    du fait d’un développement touristique effréné, d’une extension urbaine importante et de la mise en placed’infrastructures avec un phénomène d’érosion côtière qui amplifie cette artificialisation des sols de plus en plusperceptible dans de nombreux espaces littoraux de la Méditerranée. La réduction des stocks halieutiques, laperte des activités traditionnelles de la pêche, la pollution marine, la perte et la fragmentation des habitats, sontmalheureusement d’autres points communs à plusieurs secteurs de la Méditerranée.

    Face à ces pressions et à ces menaces il apparaît évident aujourd’hui que l’action concertée et l’engagementeffectif des différents pays méditerranéens demeure la mesure la plus efficace pour réduire les diverses tensionssur les ressources naturelles de la Méditerranée. Malgré ses limites la Convention de Barcelone demeure uncadre approprié pour mener cette action régionale et le Protocole GIZC constitue un instrument pertinent pourmener cette action en t ravaillant sur la gouvernance et les comportements.

    La mer Méditerranée qui représente moins de 0,3 % du volume et moins de 0,8% de la surface de l’océanmondial contribue à hauteur de 7 % à la biodiversité mondiale. Gisement de la biodiversité, la mer Méditerranée,semi fermée est classée parmi les mers régionales les plus menacées et les plus vulnérables aux activitéshumaines et aux changements climatiques. Le Plan d’Action pour la Méditerranée (PAM) qui s’est doté dans lecadre de la Convention de Barcelone du Plan d’Action Stratégique pour protéger la Biodiversité (PAS BIO, 2003)a définit les orientations stratégiques qui doivent se décliner dans les politiques et les stratégies nationales afinde stopper et quand c’est possible inverser la tendance actuelle de dégradation des habitats marins et côtiers,d’érosion de la diversité biologique marine, de surexploitation des ressources halieutiques et de manière plusgénérale de réduire les effets des pollutions marines sur l’écosystème méditerranéen.

    Conscients des enjeux liés à la durabilité du littoral et l’effet de la littoralisation et soucieux d’établir un équilibreentre la nécessité d’améliorer les conditions de vies des populations littorales d’un côté et de maintenir l’équilibred’un écosystème fragile et vulnérable, les pouvoirs publics en Algérie ont mis en place une stratégie nationale,un plan d’action et un arsenal juridique important. A cet effet, la Loi de 2002 relative à la protection et à lavalorisation du littoral, la Loi n° 10-02 du 29 juin 2010 portant approbation du Schéma National d'Aménagementdu Territoire et ses déclinaisons (SRAT, SDAAM, SDAL)4 donnent des les orientations stratégiques aux différentséchelles de territoires.

    3 Le "Protocole relatif à la gestion intégrée des zones côtières de la Méditerranée".Entré en vigueur le 24 mars 2011, il constitue le premier outil de droitinternational entièrement et exclusivement consacré à la GIZC. Ce protocole s'est fixé comme objectif l'établissement d'un cadre commun pour la gestionintégrée des zones côtières (GIZC) de la mer Méditerranée.

    4 Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT)Schéma Directeur d’Aménagement des Aires Métropolitaines (SDAAM)Schéma Directeur d’Aménagement du Littoral (SDAL) 

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    INTRODUCTION

    L’article 18 du Protocole de GIZC stipule que chaque Partie doit renforcer ou élaborer une stratégie nationale degestion intégrée des zones côtières. L’analyse de la situation existante et un état des lieux général (Bilan &Diagnostic) constituent une phase préliminaire incontournable à la définition et à la hiérarchisation des enjeux etdes priorités. Il s’agit également d’identifier les mécanismes opérationnels, les partenariats ainsi que les mesuresà mettre en œuvre pour favoriser une démarche GIZC. Cela suppose, aussi, que la base juridique, lesinstruments institutionnels et les sources de financement durables ont été identifiés.

    Le Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Environnement et de la Ville a lancé avec l’appui du PAPRAC/PAM le 25 janvier 2012 l’élaboration de la stratégie nationale relative à la Gestion Intégrée des ZonesCôtières (GIZC) de l’Algérie. Cette stratégie est rendue nécessaire par la volonté des pouvoirs publics de mettreen place une gouvernance adaptée à la complexité de la zone côtière et aux enjeux actuels et futurs qui seposent dans cette zone.

    L’élaboration de la stratégie nationale GIZC s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Loi n°02-02 du 5février 2002 relative à la protection et à la valorisation du littoral dont les principes fondamentaux sont :

    •  L’action de développement doit se situer dans le cadre de la politique nationale d’aménagement du

    territoire et de protection de l’environnement;•  L’impératif de la coordination entre toutes les parties concernées : Etat, Collectivités territoriales etassociations non gouvernementales.

    Comme options, la loi fait obligation à l’Etat et aux collectivités territoriales, dans le cadre de l’élaboration desinstruments d’aménagement et d’urbanisme de :

    •  veiller à orienter l’extension des centres urbains existants vers les zones éloignées du littoral et de lacôte maritime,

    •  classer dans les documents d’aménagement du littoral comme aires protégées et frappées desservitudes de non-aedificandi  tous les sites présentant un caractère écologique, culturel et touristique ;

    •  d’œuvrer pour le transfert vers des sites appropriés des installations industrielles existantes dontl’activité présente des dommages pour l’environnement.

    Le Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT)5  à l’horizon 2030 vient renforcer la stratégie dugouvernement en matière de protection et de valorisation du littoral mise en place depuis 2002.

    Le schéma s’est fixé comme objectifs de répondre aux déséquilibres de localisation de la population et desactivités dans le territoire et en préservant le capital naturel et culturel. En effet le recensement général de lapopulation et de l'habitat (RGPH, 2008) révèle que 63% de la population algérienne est installée dans le Nord dupays sur une portion littorale qui représente 4% du territoire national.

    Ces déséquilibres sont à la fois coûteux pour la collectivité nationale et source de tensions pour nos ressourcesnaturelles. Il ne s’agit pas en cela d’opposer les territoires les uns aux autres mais d’assurer leur développementde manière harmonieuse en proportion de la charge que les milieux naturels de ces territoires pourront supportersans se dégrader ou se détruire.

    La stratégie nationale GIZC initiée en collaboration avec le Plan d’actions pour la Méditerranée est un appui à lastratégie nationale en matière de protection et de valorisation du littoral basé sur une méthodologie communeaux pays méditerranéen.

    5 Promulgué le 29 juin 2010 

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    LA DEMARCHE

    Les bilans et les diagnostics thématiques sont une phase clé pour la compréhension des forces motrices dans ledomaine littoral national. Cette phase étant essentielle, aussi, pour l’identification de la structuration des activitéssectorielles, de leur fonctionnement dans le contexte national mais également au niveau local quand cela estpossible. La mise en relief des principales menaces, contraintes et dysfonctionnements liés à chaque thématiquesectorielle constitue également un élément majeur de cette première étape.

    Pour cela des lignes directrices ont guidé l’élaboration des bilans et les diagnostics thématiques ou sectoriels,notamment :

    (i)  Le diagnostic, le plus loin possible sur le plan temporel afin de mettre en évidence les tendances àlong terme ainsi que leur forces motrices qui sont susceptibles d’expliquer ces tendances.

    (ii)  Une échelle spatiale représentative et pertinente, cette question étant délicate pour le processusGestion Intégrée des Zones Côtières car elle conditionne les acteurs, les activités, les usages ainsique les conflits potentiels. Pour les besoins de la stratégie nationale GIZC il a été recommandé deconsidérer trois niveaux de territoire.

    Le niveau administratif, soit les wilayas et les communes littorales qui constituent les échelles demise en œuvre des programmes publics de développement, de valorisation et de préservation desressources. Le second niveau est celui du domaine littoral ; celui-ci correspond au niveau de miseen œuvre des dispositions de la loi littoral et le troisième niveau est celui de la pertinence territorialepar rapport à la thématique. Dans ce troisième niveau les échelles sont celles des activitéssectorielles : le bassin versant pour les ressources en eaux et l’assainissement, les zones de pêchepour les ressources halieutiques, les subdivision naturelles pour l’agro-foresterie.

    (iii)  Le partage des données et du diagnostic est également réalisé dans un cadre consultatif entre lesexperts thématiques et les secteurs (administration) ainsi que les autres acteurs du littoral et de lazone marine côtière. En effet, la stratégie est transversale mais sa mise en œuvre dépend d’unemultitude d’acteurs d’horizons sectoriels, de compétences, d’impact et de pouvoirs de décisiondifférents. Cela implique que les grandes lignes et les éléments clés du diagnostic doivent être

    validés par les secteurs, en particulier les composantes relatives aux dysfonctionnementsinstitutionnels et aux contraintes liées à la mise en œuvre du processus GIZC par les secteurs eux-mêmes.

    (iv)  Pour avoir une signification le bilan – diagnostic doit également reposer sur une évaluationquantitative. Cette évaluation est construite sur la base d’indicateurs thématiques et globaux quipermettent de définir un tableau de bords pour la situation passée, présente et surtout afind’envisager les scénarii (analyse prospective). Cette activité menée dans le cadre de l’analyse de ladurabilité.

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    1.  LE LITTORAL ALGERIEN AU SENS DE LA LOI

    Au sens de la loi littorale6  (Art. 7.), le littoral englobe l’ensemble des îles et îlots, le plateau continental ainsiqu’une bande de terre d’une largeur minimale de huit cents mètres (800 m), longeant la mer et incluant :

    (i)  les versants de collines et montagnes, visibles de la mer et n’étant pas séparés du rivage par uneplaine littorale;

    (ii)  les plaines littorales de moins de trois kilomètres (3 km) de profondeur à partir des plus hautes eauxmaritimes ;

    (iii)  l’intégralité des massifs forestiers;

    (iv)  les terres à vocation agricole;

    (v)  l’intégralité des zones humides et leurs rivages dont une partie se situe dans le littoral à partir desplus hautes eaux maritimes tel que défini ci-dessus;

    (vi)  les sites présentant un caractère paysager, culturel ou historique.

    Le littoral fait l’objet de mesures générales de protection et de valorisation énoncées par la loi littorale (Art. 8). Il

    comprend une zone spécifique qui fait l’objet de mesures de protection et de valorisation, dénommée zonecôtière, qui comprend le rivage naturel, les îles et les îlots, les eaux intérieures maritimes et le sol et le sous-solde la mer territoriale.

    2.  CONTEXTE ADMINISTRATIF DU LITTORAL ALGERIEN 

    Au sens administratif et en matière de gouvernance, divers secteurs interviennent dans le domaine littoral avecdes fonctions, des prérogatives, des intérêts et un impact spatial qui se chevauchement dans plusieurs cas.

    Cette analyse s’appuie sur l’organisation administrative de 1984 (figure 1) où le nombre de wilayas est passé à48 wilayas et le nombre de communes est passé à 1541 communes. Du point vue juridique, il existe 15 wilayascôtières dont 14 sont littorales; l’analyse n’incluse pas la wilaya de Mascara car son linéaire côtier estnégligeable. Administrativement et au sens des collectivités locales, 136 communes se partagent le linéaire

    côtier.

    La partie centre du littoral réunit 5 wilayas pour un total de 53 communes soit 40% de la gestion administrative dulittoral. Dans la partie Est qui contient environ 42 communes soit un taux de littoralisation administratif de l’ordre27% alors que la partie ouest englobe 4 wilayas et 41 communes.

    En matière de superficie, les communes littorales représentent environ 23% du total des wilayas de la côte.Cependant, il faut signaler que ce ratio est variable, il est très faible à Tlemcen où la surface des communescôtières ne représente que 6% pour atteindre 44% à Tipaza. Par région ; l’Est avec ses 42 communes logées surla façade maritime qui totalisent une superficie de 31% de la surface de la région vient en première position. Suivipar la région centre avec 23% et finalement, la région Ouest qui arrive en dernier avec 17%.

    Par rapport au chef lieu de wilaya et ses conséquences en matière de densité de la population et d’urbanisation,

    sur les 14 wilayas côtières, 9 chefs lieux sont sur la côte et 6 à l’intérieur. Par région, c’est à l’Est que seretrouvent 50% des chefs-lieux de wilayas côtiers. Il s’agit de Béjaia, de Jijel, de Skikda et d’Annaba, soit 80%des chefs lieux de la région. Au centre, 3 chefs lieux de wilaya sont sur la côte et finalement, à l’Ouest 50% deschefs lieux de wilayas sont localisés sur le littoral. 

    6 Loi n° 02-02 du 5 février 2002 relative à la protection et à la valorisation du littoral 

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    Figure 1: Organisation administrative du littoral algérien.

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    3.  CONTEXTE NATUREL

        S

        T    R    A    T    G    I    E

        N    A    T    I    O

        N    A    L    E

        G    I    Z    C

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    3.6. Morphologie littorale

    La côte algérienne s’étend de Marsat Ben M’Hidi à l’Ouest au Cap Roux à l’Est sur 1280 km. Elle se présentecomme une succession de baies plus au moins ouvertes séparées par des régions très escarpées. Les hautesfalaises qui bordent en générale cette côte sont soumises à des érosions marines et éoliennes. Cette côtecompte 31 oueds, dont les plus importants sont les oueds Tafna, Chelliff, Mazafran, El Harrach, Soummam,Sebaou, Isser, El Kébir, Saf Saf, Seybouse. Selon Boutiba (2004 in Grimes et al ., 2004), le secteur allant de la

    frontière algéro-tunisienne à Bejaia est caractérisé par un ensemble de falaises plus au moins élevées (

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    3.7. Les bassins versants littoraux et le réseau hydrographique

    Avec une superficie de plus de 300 000 Km², l'Algérie du Nord se situe entre -2.23° et +8.67° en latitude et32.74° et 37.12° en longitude. Elle est limitée au Nord par la Mer Méditerranée, à l'Est par la Tunisie, à l'Ouestpar le Maroc et au Sud par l'Atlas saharien algérien (figure 2). Au-delà de l'Atlas saharien, l'Algérie s'enfonce surplus de 2400 km dans le continent africain, au cœur du Sahara.

    Sur le plan hydrographique, cette zone est constituée de dix-sept (17) grands bassins versants hydrologiquesdont quinze présentent un exutoire vers la Mer Méditerranée et déterminent ainsi un linéaire côtier de 1622 Km.

    Figure 2: Carte des bassins versants côtiers de l'Algérie du Nord (extrait du MNT Algérie, Source: ANBT, 2012).

    Les cours d’eau naissent sur les sommets des montagnes du Tell. Tout en étant parallèles, ces cours d’eaudescendent des flancs nord pour se jeter dans la mer en traversant les quelques plaines alluviales.

    Les plaines côtières (sièges des principaux aquifères alluvionnaires ) se succèdent d’Ouest en Est, en unitésisolées les unes des autres, par les massifs maritimes. Ces plaines sont dues, principalement, à desaffaissements et remplies d’importants dépôts alluviaux, arrosées à la fois par les précipitations et par les rivièresqui les traversent. Elles correspondent aux débouchés de ces cours d’eau. Le tableau 1 récapitule lesprincipales caractéristiques des bassins versants côtiers de l'Algérie (figure 3).

    Tableau 1: Bassins versants et principaux cours d'eau de l'Algérie du nord (l'apport moyen annuel de ces ouedsest de 10.6 x109 m3/an (MRE, 2010)

    Bassins versantsSuperficie

    Km²Apport (Hm3/an)

    Période moyennePrincipaux oueds

    Côtiers Oranais Ouest5 831 50

    Oued El MalahCôtiers Oranais Centre la grande Sebkha d'Oran

    Côtiers Oranais EstTafna 7 245 335 OuedTafnaMacta 14 389 - Oued El Hammam et OuedMekerraChéliff 43750 1540 Oued Chlef

    Côtiers Algérois Ouest11972 2850

    Oued El Hachem, OuedNador, OuedMazafran,

    Oued El HarrachCôtiers Algérois Est OuedSebaouIsser 4149 520 OuedIsser

    Soummam 9125 700 OuedSoummamCôtiers Constan inois Ouest 

    11 566  3 250 OuedAgrioun, OuedDjendjen, Oued Nil

    Côtiers Constantinois Centre OuedGuebli, OuedSafsafCôtiers Constantinois Est OuedMafragh, OuedBounamoussa

    KébirRhumel  8 815  910  Oued El KebirSeybouse  6 475  450  OuedSeybouse

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    D'une manière générale, le réseau hydrographique est assez dense, conséquence d'une lithologie à forte fractionargileuse des terrains constituants les bassins versants (ANRH, 1993). Ce qui donne sur le plan des régimeshydrologiques: (i) une extrême irrégularité saisonnière et interannuelle des écoulements qui est accentuée par delongues périodes de sécheresse; (ii) des crues violentes et rapides; (iii) une érosion intense et des transportssolides importants (Kadi, 1997).

    Sur le plan géomorphologique et climatique, trois ensembles fortement contrastés s'y distinguent sur l'ensemble

    de l'Algérie (figure 4). Le Tell au Nord représente 4 % uniquement de la surface totale du territoire. Il jouit d’unclimat méditerranéen avec des précipitations qui peuvent atteindre 1600 mm sur les reliefs mais qui présententune irrégularité interannuelle et une répartition spatiale inégale de l’ouest à l’est. Les hauts plateaux et l’Atlassaharien qui occupent 9 % de la surface totale sont caractérisés par un climat semi- aride à aride. Au sud, leSahara, domaine désertique aride (pluviométrie : 100 et 400 mm), couvre 87 % du territoire.

    Il existe un gradient climatique du littoral algérien d’Est en Ouest (figure 5) : l’ouest reçoit une faible quantité depluies (300 mm) et une température moyenne de 18°C, le situant dans l’étage bioclimatique semi-aride, alors

    que le centre avec la même température moyenne et une pluviométrie de 645 mm se situe dans l’étagebioclimatique sub-humide. Le littoral Est algérien avec une pluviométrie comprise entre 600 et 1000 mm et unetempérature moyenne de 20°C, se trouve dans l’étage bioclimatique humide à per-humide.

    Figure 5: Carte bioclimatique de l’Algérie du Nord (ANAT, 2004).

    Cette variété physiographique et climatique explique, en partie, la fragilité de la ressource hydrique surl’ensemble du territoire. 

    Figure 4: Principaux domaines structuraux del’Algérie du Nord (ANPM, in http://www.anpm.gov.dz)

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    3.8. Sols et forets

    Occupation des terres (figure 6) 

    La superficie forestière littorale est de 1 377 000 ha soit 32 % de la superficie forestière nationale, lesreboisements ont été réalisés sur une superficie de 45 000 ha (soit 17 % des reboisements à l’échelle nationale).Le taux de couverture forestière est de 0,34 pour le littoral alors qu’à l’échelle nationale il n’est que de 0.17.

    •  L’Est du pays a le taux de boisement le plus élevé de 784 000 ha de forêt et 5000 ha de reboisementalors que les terrains nus occupent 9790 ha soit un taux de couverture forestière de 0,55.

    •  Au centre, la superficie forestière est de 286000 ha et les reboisements occupent une superficie de4800 ha soit un taux de couverture forestière de 0,26.

    •  L’ouest présente le taux de boisement le moins élevé avec une surface forestière de 307 000 ha lesreboisements occupent une superficie de 35600 ha soit un taux de couverture forestière de 0,21.

    Malgré un effort, en matière de reboisement assez conséquent (35600 ha), le plus élevé de la région littoral,l’ouest reste peu boisé, plus de surfaces devraient être consacré au reboisement, en particulier les terrains enpente ou dégradés. Au niveau national, il est noté une augmentation de la surface forestière de 446 000 ha entre

    les deux inventaires forestiers nationaux (1984 et 2008). Il faut signaler aussi une réduction de la surface agricolede 283 000 ha

    Tableau 2 : Evolution de l’affectation des terres en 1984 et 2008 (Sources Lokman, DGF, 2009, IFN, 2008)

    Affectation (ha) IFN (1978-1984) IFN (2001-2008) ÉcartTerres agricoles 9.732.000 9.448.990 -283.010Parcours 6.189.000 8.058.201 1.869.201Improductifs 1.908.000 981.731 -926.269Terres Alfatières 2.730.000 1.974.018 -755.982Terres forestières 3.670.000 4.115.908 445.908 

    Foresterie

    La chaîne de montagne de l’Atlas tellien est relativement bien couverte par une végétation naturelle dominée parle Cèdre de l’Atlas en altitude (Altitude supérieure à 900 m), le pin d’Alep et le chêne vert ( Quercus ilex ) et lechêne liège (Quercus suber ) dans la partie est, à l’ouest c’est le pin d’alep (Pinus halepensis) et le Thuya deberbérie (Tetraclinis articulata) qui prédominent. Certaines parties du relief dont la pente est supérieure à 25 %est nu, ce qui aggrave les risques d’érosion et glissement de terrain.

    Même si elle ne représente que 3.54% de la surface totale du territoire national, la majeure partie de la surfaceagricole utile se concentre essentiellement sur le littoral où les conditions climatiques y sont plus favorables et lesol de bonne qualité. L’augmentation démographique généralisée en zone littorale s’accompagne dudéveloppement des activités agricoles intensives, ce qui entraîne à coup sûr une surexploitation des nappescôtières.

    De plus, l’urbanisation anarchique sur les terres à vocation agricole participe fortement à l’imperméabilisation dessols ce qui entraîne une réduction drastique de la réalimentation des nappes par infiltration des précipitations quiconstituent dans la plupart des cas le mode d’alimentation essentiel.

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    Figure 6 : Forêts et maquis du littoral algérien. Forêts Maquis)

    0 0 0 0 0 0 0 0 0  50 50 50 50 50 50 50 50 50  100 100 100 100 100 100 100 100 100 Kilomètres Kilomètres Kilomètres Kilomètres Kilomètres Kilomètres Kilomètres Kilomètres Kilomètres 

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    3.9. Aquifères côtiers

    Le littoral est un milieu très sensible ; il est exposé à diverses pressions anthropiques (croissance urbaine,agriculture intensive, développement industriel et tourisme) et à divers phénomènes naturels (changementclimatique) qui provoquent de fortes dégradations. Les aquifères côtiers avec leur système exoréique constituentdes aquifères très vulnérables au phénomène d'intrusion marine, du fait de leur surexploitation. L'utilisationintensive, supérieure aux capacités de recharge, peut provoquer un abaissement significatif des niveaux desnappes et parfois même une inversion des gradients d'écoulement souterrain. Une fois envahis par l'eau salée,les aquifères sont alors très difficiles à dépolluer, et deviennent impropres pour de nombreuses utilisations.

    3.9.1.  Identification et caractérisation des aquifères côtiers

    L’Agence Nationale des Ressources en Eau (ANRE, ex ANRH) a procédé durant l'année 2009 à l’établissementde la carte des ressources en eau souterraine du Nord de l’Algérie, cette carte constitue le document le plusrécent en matière d’évaluation des ressources en eau. A cet effet, un inventaire systématique de toutes lesnappes aquifères a été effectué. Ainsi, 177 aquifères ont été cartographiés avec des ressources exploitablesglobales de 2724 Hm3/an en année moyenne et de 762 Hm3/an en année sèche. Les valeurs qui correspondentà une probabilité d’occurrence de 50% sont définies comme les valeurs « d’une année moyenne », tandis que lesvaleurs qui correspondent à une probabilité d’occurrence de 90% sont définies comme les valeurs « d’une annéesèche » et celles qui correspondent à une probabilité d’occurrence de 10% comme les valeurs « d’une année

    pluvieuse ». Au sens strictement théorique, les vraies années sèches sont celles pendant lesquelles les valeurs,sont inférieures à celles dont la probabilité d’occurrence est de 90%.

    Concernant les aquifères littoraux, l’exploitation de cette carte nous a permis de recenser 59 aquifères sur lelittoral (figure 7), permettant une ressource exploitable globale de 914.5 Hm3/an en année moyenne. Leurimportance et disposition sont très variables. Cette importance reste conditionnée par la nature lithologique desformations qui les constituent. Ce sont en général des nappes alluviales de type 3 et type 5 selon la classificationadoptée par l’ANRH ; à dominante sableuse, argilo sableuse et argilo graveleuse. Dans la plupart des cas, ellessont en relation avec un cours d’eau qui les traverse ; la fonction alimentation ou drainage est très variable d’unaquifère à l’autre.

    Les nappes de type 3 correspondent aux nappes alluviales étroites situées le long des cours d’eau importants, eten liaison hydraulique avec eux. Les débits des ouvrages sont élevés, et les réserves régulatrices faibles. (Isser,

    Sebaou, Cheliff).

    Les nappes de type 5 sont celles situées dans les remplissages alluviaux des grandes plaines de subsidence(exemple : la plaine de la Mitidja, la plaine d’Annaba, la plaine de l’Oued El Kebir). Ce sont les aquifères les plusimportants, constitués par un remplissage sableux et graveleux, avec des épaisseurs de plus de 200 m. Ils sontlocalisés dans les zones telliennes à forte précipitation, et sont en relation hydraulique avec les oueds. Le pouvoirrégulateur de ces aquifères est très élevé et les réserves importantes.

    L'Ouest algérien, représenté par les bassins versants côtiers oranais (BV n°4), comprend 17 aquifères avec unpotentiel de 102.87 Hm3/an. La partie Centrale de l'Algérie, délimitée par les bassins versants des côtiers algérois(BV n°2) est composée de 26 aquifères et un potentiel exploitable de 398.25 Hm 3/an. Enfin, la partie Est,circonscrite dans les bassins versants côtiers constantinois, est formée de 16 aquifères et présente un potentielexploitable de 413.38 Hm3/an.

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    3.9.2.  Description7 des principaux aquifères côtiers algériens

    3.9.2.1.  La plaine de la Mitidja

    Entièrement circonscrite dans le bassin versant côtiers algérois (BV 2) et orientée suivant une direction SW-NE,la plaine de la Mitidja s’étend sur quatre wilayas (Tipasa, Blida, Alger et Boumerdes), depuis l’Oued Djer àl'Ouest, jusqu’à Réghaïa à l'Est. Elle est bordée au sud par l’Atlas blidéen, et au nord par les collines du Sahel.

    Elle est de loin l'aquifère le plus important de l'Algérie du Nord. Elle correspond à un bassin de subsidence qui aété comblé par des dépôts d’origine marine ou continentale, au cours de l’ère Tertiaire et de l’ère Quaternaire.

    La configuration actuelle de la Mitidja a débuté vers la fin du Pliocène. A cette époque les dépôts marins etlagunaires qui formaient une aire anticlinale, ont subi un affaissement (subsidence), dessinant en gros lescontours de la Mitidja actuelle. Les reliefs du Sahel empêchaient toute transgression de la mer vers l’intérieur desterres. Par la suite les matériaux résultant de l’érosion de l’Atlas, se sont déposés sous forme de dépôts fluvio–lacustres (type marnes jaunes de Maison Carrée). Au Quaternaire moyen, la Mitidja est envahie par une épaissecouche d’alluvions, recouvrant ainsi les chenaux et les haut fonds marneux.

    Hydrogéologie

    La Mitidja est constituée de deux systèmes aquifères qui sont les grès de l'Astien et les alluvions du Quaternaire.(figure 8).

    L’Aquifère de l'Astien

    Cet aquifère est constitué par des grès astiens et qui reposent sur les marnes bleues du Plaisancien. Ilsaffleurent largement dans le Sahel notamment sur les collines. L’aquifère Astien est très peu sollicité, sauf dansles zones où les alluvions du Quaternaire sont absentes, ou représentées uniquement par d’importantes couchesargileuses. La profondeur des forages captant l’Astien est comprise en 200 et 300 m, et les débits sont peuimportants (entre 15 l/s à 20 l/s en moyenne). Son épaisseur moyenne est de l’ordre de 100 m, mais à l’Estnotamment vers Réghaia, elle n’est que de 40 mètres. D’ailleurs, dans ces régions la nappe alluviale estinexistante et l’Astien qui a tendance à se redresser constitue la seule nappe en exploitation.

    Figure 8: Carte géologique simplifiée de la plaine de la Mitidja (PNE, 2010)

    7Inspirée principalement du document établi par le Ministère des Ressources en Eau dans le cadre de l'actualisation du PNE (PlanNational de l'Eau, 2010. Volume 2) 

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     Les paramètres hydrodynamiques

    Les transmissivités obtenues suite aux essais dedébit réalisés à travers la Mitidja sont nombreuseset variables. Nous donnerons dans le tableau ci-contre, quelques valeurs de transmissivités.

    Bilan de la nappe de la Mitidja

    Le bilan de la nappe de la Mitidja établi par lemodèle mathématique réalisé par SOGREAH pourlecompte de l’ANRH se présente comme suit : 

    3.9.2.2.  La plaine d’Annaba

    La plaine d’Annaba est située comme son nom l’indique dans la wilaya d’Annaba, dans l’Est de l’Algérie, non loinde la frontière Tunisienne (figure 9). Elle est limitée au nord par la mer, à l’ouest par le massif de l’Edough, et lelac Fezzara, au sud par les Monts de la Cheffia, et à l’est par le Djebel Koursi. Sa superficie est de 757 km².

    La plaine d’Annaba est constituée par deux fosses de subsidence datant du Mio-Pliocène, et mises en évidencepar la prospection sismique. Ces fosses qui sont séparées par la butte de Daroussa sont la fosse de Ben Ahmedorientée sud-nord et la fosse de Ben M’Hidi SW-NE. La bordure sud de la plaine forme une structure complexetraversée par de nombreuses failles orientées essentiellement NE-SW.

    Figure 9: carte géologique simplifiée des différentes nappes de la région de Annaba (PNE, 2010)

    La plaine d’Annaba renferme plusieurs aquifères (figure 9) constitués par les dépôts du Mio-Pliocèneet duQuaternaire formant le remplissage des fosses de Ben Ahmed et Ben M’hidi. GAUD (1976), considère que

    Forages Débit (l/s) Transmissivité (m²/s) Perméabilité (m/s)14 bis 64 7.5x10-3  5x10-4 15 26 2.4x10-3  2.4x10-4 16 18 1.5x10-3  6.8x10-4 17 53 7.5x10-3  9.7x10-3 

    Eléments du bilan Entrées (Hm3/an) Sorties (Hm3/an)Infiltration par précipitation 129,03 -Les Oueds 74,30 25.92Apports par l'Atlas 79,02 -Apport latéral par Astien (Sahel) 3,28 -Apport Astien par drainance 21,53 -Prélèvements - 279.22Fuites vers la mer - 10.40Total 307,16 315.54

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    l’essentiel de la ressource (107 Hm3/an) est apporté par l’infiltration directe de la pluie sur la nappe phréatique etsur le massif dunaire avec les échanges entre aquifères.

    Le modèle mathématique réalisé par le BRGM (Petit, 1987), donne un bilan en régime permanent de l’ordre de96,3 Hm3/an pour l’ensemble du système aquifère. 

    3.9.2.3.  La plaine alluviale de l’oued Kebir et le massif du Guerbes

    La plaine de l’Oued Kebir, est située à 40 km à l’ouest de la ville d’Annaba, et s’étend entre la confluence desOueds Hammoum et Emchkel, et l’embouchure de l’oued Kébir. Sa superficie est de 757 km². Le massif dunaireest entouré par des dépôts alluviaux très argileux, et par des sables. La vallée de l’oued Kébir renferme deuxaquifères relativement importants, auxquels il faut ajouter les cipolins de Berrahal, et le calcaires Jurassiques duDjebel Safia.

    3.9.2.4.  Le plateau de Mostaganem

    D’une superficie de 700 km², le plateau de Mostaganem occupe toute la partie est et sud de la ville deMostaganem, elle-même située dans l’ouest algérien, à environ 80 km à l’ouest d’Oran (figure 10). Le plateau estlimité au nord par l’Oued Chéliff, à l’ouest par la mer, au sud par la plaine des Bordjias, à l’est par le synclinal deBouguirat.

    Figure 10: Extrait de la carte hydrogéologique de la région de Mostaganem (Source: ANRH, 1978)

    La nappe aquifère principale, d’une épaisseur comprise entre 40 m et 100 m, est constituée par les grès trèsperméables du Calabrien. Les grès et les dunes supérieures, moins perméables, peuvent constituer une nappede moindre importance, en relation avec le Calabrien. Les formations du Miocène et du Pliocène inférieur, à

    dominante marneuse, qui forment le substratum sont imperméables.

    3.9.2.5.  La plaine de l’oued Nador

    Malgré ses dimensions modestes, cet aquifère est exposé ici parce qu'il présente la particularité d'être envahidans sa quasi-totalité par l'eau de mer.La plaine de l’oued Nador fait partie des bassins côtiers algérois. Elle estlimitée au nord par la mer, à l’ouest par le Djebel Chenoua, au sud par la plaine de la Mitidja, et à l’est par la villede Cherchell.

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    L’Oued Nador prend naissance au sud, au niveau de la chaîne crétacé de Soumata, là où plusieurs petitesrivières se réunissent pour former, à l’aval, l’Oued Nador. Ce dernier s’est créé un chemin entre les bombementsplio - quaternaires du Sahel et Djebel Chenoua.

    Géologie

    Sur le plan stratigraphique, lesformations qui affleurent le long desdeux rives de l’Oued sont :

    •  Le Pliocène, représenté par desterrains attribués à l’Astien etprésentant différents faciès,notamment un faciès argileux ouargilo-sableux, un faciès calcaire oucalcaréo–gréseux et un faciès decalcaires à Lithothamniées

    •  Le Quaternaire couvre toute laplaine alluviale, Il est constitué par :

    (i) Des plages formées de sables; (ii)des dunes actuelles; (iii) desalluvions récentes représentéesgénéralement par des galets, desgraviers et des argiles.

    Figure 11: Carte géologique simplifiéede la plaine de Oued Nador

    Hydrogéologie

    La nappe d’Oued Nador est une nappe multicouche couvrant environ 2.5 km². Cette nappe est constituée par

    des alluvions reposant sur des grès-calcaires sastiens ayant une épaisseur maximale de 50 m. Le substratum estconstitué par des marnes du Plaisancien. L’alimentation de la nappe s’effectue principalement par les eauxdrainées par les petits oueds qui se rejoignent pour former à l’aval l’Oued Nador ainsi que l'infiltration desprécipitations et le retour de l'irrigation. A l’image des autres oueds côtiers, l’écoulement se fait d’amont versl’aval, donc vers la mer. Selon la notice de la carte hydrogéologique de la région d’Alger (ANRH), les ressourcesen eau de la nappe de l’Oued Nador étaient comprises entre 1.6 et 3.2 Hm 3/an. Durant les années 1980, lanappe était exploitée par douze forages fournissant des débits compris entre 5 et 15 l/s, et destinés àl’alimentation en eau potable de la ville de Tipaza et des villages avoisinants ainsi qu'une cinquantaine de puitspaysans utilisés pour l'irrigation des petites parcelles agricoles.

    Actuellement, cette nappe n’est exploitée que par un seul forage d'une profondeur de 60 m et un débit de 7 L/s,situé dans la partie amont de la nappe. Tous les autres forages sont contaminés par l’eau de mer et abandonnés.La contamination est due à une avancée du biseau salé vers l’intérieur des terres suite à une surexploitation dela nappe et ce, sur une distance de plus de 2000 m de la côte. De ce fait, la quasi-totalité de l'aquifère est envahipar l'eau de mer.Cette situation a été prévue par le modèle établi pour cet aquifère (Haouchine, 1993). En effet,dans le scénario de référence (gardant constantes les contraintes appliquées à la nappe) les résultats obtenuspour la projection 1996 ont donné une intrusion marine s'étalant sur une distance de 2000 m à la base del'aquifère; au toit de la nappe, le front salé est localisé à 1400 m.

    Enfin, et à titre comparatif, le tableau 3 récapitule l'information sur certains aquifères côtiers. Les chiffres portéssur ce tableau ne donnent qu’un aperçu très exhaustif de l’état des sollicitations des nappes. Nous notonsnéanmoins que ces formations alluviales sont plus importantes à l’Est qu’à l’Ouest. Nous remarquons aussi queles débits extraits dans la zone Est sont nettement supérieurs à ceux de la zone Ouest.Cette situation est encore

    Quaternaire (Plages) Quaternaire (Alluvions anciennes)

    Quaternaire (Dunes) Astien (Calcaire à Lithothaminées)

    Quaternaire (Dunes consolidées) Astien (faciès calcaréo-gréseux)

    Villafranchien (sable argileux) Astien (Faciès argileux)

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    3.5. Biodiversité, paysages ethabitats côtiers sensibles 

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    5.5.1.  Biodiversité terrestre

    Cette analyse est menée par rapport à la biodiversité des habitats côtiers des aires protégées littorales. L’analysefait ressortir qu’en matière de flore, c’est le Parc National d’El Kala, qui est un complexe humide, dont une partieest classé site Ramsar est le plus riche avec 227 espèces rares, très rares ou rarissimes, et 26 espècesprotégées (tableau 5). Le Parc National de Tlemcen, malgré sa situation en étage bioclimatique semi-arideprésente une diversité biologique végétale assez appréciable, 917 espèces végétales recensées dont 31

    espèces endémiques 25 rares ou très rares et 22 protégées. Le Parc National de Gouraya présente une richessefloristique de 826 espèces alors qu’au Parc National de Taza, 571 espèces végétales, dont 26 endémiques ysont recensées.

    Pour ce qui est de la faune, c’est le Parc National du Gouraya qui présente la richesse faunistique la plus élevée(972 espèces), soit plus de 85 % de la faune nationale, suivi de celui d’El Kala (647 espèces), vient ensuite celuide Taza (596 espèces, le parc national du Djurdjura présente une richesse faunistique de 398 espèces et enfincelui de Tlemcen 206 espèces.

    Tableau 5: (Sources : Loukas, 2012, Meribaï et al.,  2012, UICN)

    P.N duDjurdjura

    P.N deTAZA

    P.N deGouraya

    P. N. deKala

    P.N deTlemcen

    Total P.N Algérie(selon UICN)

    Superficie (Ha) 18550 3807 2080 76438 8225 118888000

    Flore totale 1242 561 826 964 917 3164Endémique 35 26 31Rare ou très rare 70 227 65Protégé 33 26 22Faune 173 307 418 339 173 488Mammifères 30 16 35 40 20 92Protégé 10 11 49Oiseaux 121 131 152 195 125 183Rare, très rare ou rarissime 5Protégés 45 69Reptiles 17 6 11 17 20 97Protégés 3Amphibiens 5 4 7 8 11

    Poissons 152 211 78 100

    Il est à signaler que les valeurs de richesse biologique de ces différents Parcs ne sont qu’approximatives, uneffort de recensement et d’inventaire en particulier en ce qui concerne les insectes et autres invertébrés,permettrait certainement d’aboutir à des valeurs plus précises.

    5.5.2.  Les Espaces verts

    Le Jardin d'essai (El-Hamma) à l’est d'Alger, dans le quartier Belouizdad, s'étend sur une superficie de 32hectares alors que le parc zoologique et des loisirs d'Alger s’étend sur une superficie totale de 304 hectares. Lesautres parcs urbains de la Wilaya d’Alger occupent une surface globale ne dépassant pas les 30 ha. Deux autresgrands parc sont en voie de réalisation : le parc des grands vents qui s’étend sur une superficie de 233 ha et leparc qui doit être réalisé sur le site de la décharge de Oued Semar sur une superficie de 30 ha.

    Mais malgré cet effort louable en matière de réalisation d’espace vert, le ratio par  habitant au niveau littoral esttrès bas. (Inférieur à 10 m²/habitant). La surface totale actuelle des espaces vert pour la Wilaya d’Alger est àpeine de 360 ha pour une population qui avoisine les 35 millions, ce qui donne un ratio de 0,1 m² par habitant,alors que les normes internationales sont de 10 m² par habitant.

    Nous constatons qu’en matière d’espaces verts ce sont les grands ensembles périphériques qui sont privilégiésalors qu’il faudrait plutôt réaliser des parcs intra-muros. Le Parc des grands vents ainsi que celui érigé sur le sitede la décharge de oued El Semar devraient faire partie plutôt d’une ceinture verte autour la ville d’Alger. De

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    même, toutes les grands villes du li ttorale dont la population avoisine ou dépasse le million d’habitants, devraientbénéficier de ceintures vertes à même de limiter l’extension anarchique du tissu urbain

    A titre comparatif, En 2008 chez nos voisins les tunisiens Le taux d’espaces verts par habitant qui est passé de4,4 m²/hab en 1994 à 15.37 m²/hab, actuellement il est de 15 mètres carrés par habitant (Ministère del’Environnement Tunisie). Au Maroc, le taux par habitant est similaire il est de1 m²/habitant (Anonyme, 2009). EnEurope ce taux est variable, il est de 17 m² par habitant à Hambourg, en Allemagne et 37 m² par habitant à Nante

    (France) (Berdou et al., 2011). En France, il est prévue 10 m²/habitant en zone centrale et 25 m²/ habitant enzone péri-urbaine (Legenne, 2009). Et en Iran le taux est de 7 à 12 m² selon les régions. (Anonyme 2012). EnAlgérie, le taux est de 1,9 m²/habitant (2003), ce qui est très faible, les objectifs pour l’horizon 2015 est d’arriverà 6 m²/habitant.

    Il faut signaler que la législation8 algérienne accorde une plus grande importance aux espaces verts ; elle stipuleque les vides laissées par l’effondrement des vielles battisses seront occupés par des espaces verts alors quedes peines sévères sont prévues à l’encontre de ceux qui détournent les espaces verts de leur vocation.Néanmoins souvent, l’application de ces dispositions juridiques reste timide.

    8 JO N° 31, du 13 mai 2007 (article 33 pour les vides laissées par l’effondrement des vielles battisses qui doivent être occupés par des espaces

    verts. Articles 35 à 40 pour les peines sévères sont aussi prévues à l’encontre de ceux qui détournent les espaces verts de leur vocation.  

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    5.5.3.  La diversité des habitats marins côtiers, des écosystèmes hautement productifs, sensibleset fragiles face aux activités humaines

    La côte algérienne recèle une diversité d’habitats qui sont généralement le siège d’une diversité biologiqueimportante. Certains de ces habitats ont un rôle biostratégique régional et participent au maintien de processusécologiques à l’échelle du bassin méditerranéen, notamment pour l’avifaune marine ou pour les grandspélagiques migrateurs. Les principaux habitats et écosystèmes remarquables de la côte algérienne sont : (i) les

    herbiers à Posidonia oceanica, (ii) les forêts de Cystoseires, (iii) les forêt à Dictyopteris membranacea, (iv) lescorniches à Corallina elongata, (v) les trottoirs à vermets, (vi) les fonds coralligènes, (vii) les fonds d’éboulis,(viii) les fonds à maërl, (ix) les moulières naturelles, (x) les fonds à Corallium rubrum, (xi) les habitats insulaires.Les habitats littoraux les plus remarquables sont : (i) les dunes littorales et les bandes côtières, (ii) les plansd’eau côtiers et zones humides littorales ainsi que (iii) les côtes rocheuses d’intérêt écologique.

    Photos 1-4 : Illustration de la diversité des fondsbenthiques des substrats durs algériens : Photo 1.

    Fond d’éboulis, photo 2 : Herbiers à Posidoniaoceanica sur fond mixte, Photos 3 : Fonds dur

    avec des cavités au, Photo 4 : Fond de coralligène.

    5.5.3.1.  L’herbier à Posidonia

    oceanica, un écosystème clé pour labiodiversité marine de l’Algérie

    Ecologiquement, l’écosystème àPosidonie est le plus important de la côtealgérienne. La cartographie des herbiersà Posidonia oceanica d’Algérie établie parVaissiere & Fredj (1963) indique que lesherbiers étaient bien développés dans legolfe de Annaba, la baie de Bou Ismaïl etle golfe d’Arzew.

    A Arzew, les herbiers descendent jusqu’à l’isobathe 30 m, alors qu’à Annaba et à Bou Ismaïl, ils ne dépassentpas l’isobathe 28 m. Des travaux ponctuels traitant d’aspects liés à l’écosystème à Posidonia  précisent cetterépartition (Semroud, 1993 ; Boumaza, 1995). A proximité des côtes et en mode calme, la croissance en hauteurde l’herbier conduit à la formation de récif-barrière de la Posidonie, séparé de la côte par un lagon. En Algérie, cetype de paysage est signalé à El Kala (entrée du chenal du lac Mellah) et à l’anse de Kouali, près de Tipaza (LeGall, 1969, Boumaza, 1995) où il est le plus prospère des récifs-barrières des côtes algériennes.

    Plusieurs tentatives de mise en place de réseaux de surveillance de la Posidonie ont été menées, la plus suivieest celle entreprise par l’équipe du Professeur Semroud à l’Ecole Nationale Supérieure des Sciences de la Mer etde l’Aménagement du Littoral (ENSSMAL, Ex. ISMAL). Semroud et al . (1998) ont balisé l’herbier à Posidonie dela baie d’El Djamila (Ouest d’Alger) conformément au protocole adopté par le Réseau de Surveillance Posidonies(RSP). Ce projet a été financé par le Fonds National pour l’Environnement et administré par la Direction Généralede l’Environnement (DGE). Un deuxième balisage a été mis effectué pour l’herbier de l’île Aguelli (Est d’Alger)dans le cadre du projet AMIS SMAP III dans le cadre d’un financement de la Communauté Européenne 9. (AMISSMAP III/APPL-CIRSA/CE/2005-2007). 12 balises ont été posées à la limite inférieure (31 -33 m) et à 18 m

    (limite supérieure) de l’herbier à Posidonie de Cap de Garde (Annaba) CAR ASP10  (2009). Au cours de cetteopération, il a été procédé à la pose d’un sondeur pour contrôler les changements de température.

    A l’extrême Est de la côte algérienne (wilaya d’El Tarf) à la frontière algéro-tunisienne l’embouchure de l’ouedMafragh, entre Ras Cavallo à Ras M’Zina, est caractérisée par un immense herbier à posidonie. Dans la région

    9 Collaboration entre l’Agence pour la Protection et la Promotion du Littoral de la wilaya d’Alger (APPL) et le Centre Inter-départemental de laRecherche en Sciences de l’Environnement de l’Université de Ravenna (Bologne/Italie)10

     Avec le soutien financier de la Fondation Total pour la biodiversité et la mer, un projet de développement d’inventaire, de cartographie et desuivi des herbiers de Posidonies dans 4 pays méditerranéens : Algérie, Libye, Tunisie et Turquie » (projet Med Posidonie). 

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    du PNEK, l’herbier se développe depuis la surface jusqu'à -35 m de profondeur. L'herbier est principalementinstallé sur substrat rocheux. Son extension bathymétrique est limitée par un fort hydrodynamisme. La limitesupérieure se situe vers -3 m et le recouvrement est important entre -10 et -25 m. Au niveau de la limiteinférieure il se présente associé à d'autres macrophytes sous forme de touffes fixées sur le coralligène (Semroudet al ., 2004). Selon Pergent et al . (1993), à moins de 10 m profondeurs, l’herbier à posidonie d’El Kala sedéveloppe toujours sur roche, formant un mince revêtement de matte. Les feuilles courtes et sans apex sont laconséquence vraisemblable du broutage par de nombreux herbivores présents comme Sarpa salpa  ouParacentrotus lividus. La présence de juvéniles de diverses espèces semble fréquente. Dans quelques secteurs(la Vieille Calle) l’apport d’alluvions est important et la matte élonge ses rhizomes en conséquence, atteignantdes croissances moyennes de plus de 13 mm/an, et un maximum de l’ordre de 30 mm/an.

    Les herbiers peu profonds étudiés par cette équipe sont absents de quelques secteurs, notamment entre RasM’Zina et Ras El Alem, les plages entre lac Mellah et la Vieille Calle et au niveau de La Messida. Par contre ilssont présents à La Vieille Calle et près de l’embouchure du Lac Mellah. Pergent et al . (1993) proposent laprotection la plus stricte (limitation de la pêche, exclusion d’aménagements littoraux) pour les herbiers qu’ils ontétudiés. Selon Boudouresque et al. (1990) l’herbier à posidonie de l'entrée du canal menant au Lac Mellah auniveau de la plage Verges est un récif barrière. Ce type de formation est lié à une forte sédimentation avec unensablement entre les rhizomes qui favorise le développement vertical de la matte. Le Plan d’action pour laConservation de la Végétation Marine en mer Méditerranée considère comme prioritaire la protection renforcéedes récifs-barrières de Posidonie, qui serait élevés, comme pour d’autres formations végétales, au rang demonuments naturels.

    5.5.3.2.  Les fonds coralligènes

    Très peu étudié, mal connu, l’écosystème àcoralligène est l'un des écosystèmes les plusremarquables et les plus productif de la côtealgérienne. L’étage circalittoral d’El Kala, de Gouraya,des îles Habibas, de l’île de Rachgoun et de Taza estprincipalement caractérisé par la biocénose ducoralligène en raison de la nature des fonds rocheux,les hauts-fonds ainsi que les platiers qui couvrentl’essentiel des fonds marins.

    La biocénose du coralligène est la conséquence desactivités de bioconcrétionnements très actives denombreuses espèces d’algues calcaires typeCorallinacées (Mesophyllum lichenoides,Pseudolithophyllum expansum, P. cabiocae, etc.) etdes Peyssonneliaceae (Peyssonnelia rosamarina). Lafaune concréssionante est représentée par desBryozoaires, des Spongiaires (squelette calcaire), deSerpulidés (tubes), de Mollusques (tests), deCnidaires, des Porifères et des Ascidies qui cimententet colmatent par recristallisation. Cebioconcrétionnement abouti à la formation de

    structures biogènes spectaculaires constituant despaysages remarquables.

    Les nombreuses cavités qui se forment au cours dela cristallisation sont peuplées par une faune richecomme le mérou, la badèche, le corb et quelquessparidés (sar commun et sar à grosses lèvres).

    Coralligène de Taza (Jijel) (Khaber, 2009)

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    Sur ces fonds deux faciès ont été décrits: Parazoanthus axinellae (particulièrement dans les grottes) et Eunicellasingularis (gorgone blanche) qui se différencie selon le biotope et la profondeur. Alors que sur les tombants àfaibles profondeurs le faciès à Eunicella cavolinii (gorgone jaune).

    Dans certains secteurs, les vases pures se mêlent au coralligène comme au Cap Rosa (El Kala) entre 50 m et80 m de profondeur. Dans cette région l’importance de l’étage circalittoral et la biocénose du Coralligène sontintimement liés au biotope préférentiel du corail rouge Corallium rubrum, espèce à très forte valeur marchande.

    Cette espèce et son biotope sont l’objet de multiples agressions qui découlent du braconnage11 du corail quimenacent les paysages du coralligène. Les grands invertébrés sessiles qui sont des marqueurs typiques dupeuplement coralligène abondent dans le coralligène de paroi que l'on retrouve sur les tombants des falaises etau pied des roches littorales, au-delà de -15 m. Dans d’autres secteurs, avec une moindre importance qu’à ElKala ces peuplements ont été mis en évidence ; le cas à Mostaganem, au large de Ras El Aoua et Ras Ouillisainsi qu’à l’ouest de Jijel-Taza.

    5.5.3.3. Corallium rubrum (corail rouge)

    Le corail rouge Corallium rubrum est une espèce très convoitée. Depuis fort longtemps, le corail rouge fait l’objetd’une intense exploitation en raison de sa très forte valeur marchande. Depuis le 16éme siècle, la région d’ElKala est l’une des plus importantes régions d’exploitation corallifères de la côte algérienne. Les fonds sous-marins, plus particulièrement les différents fonds rocheux, sont les plus importants et plus beaux gisements de

    corail rouge de la côte algérienne. Cependant, il est très difficile, voire impossible, d’avoir des informations fiables(statistiques, zones de pêche, commercialisation) aussi bien auprès du secteur de la pêche que des exploitantsprivés. Cela rend quasiment impossible toute étude scientifique sérieuse sur le corail rouge, et delà l’exploitationrationnelle, la préservation de cette ressource pour l’établissement d’un plan d’action et de gestion, ayant pourobjectif l’intégration de cette ressource dans le développement durable de la région d’El Kala.

    L’importance de la région d’El Kala dans l’exploitation du corail rouge en Algérie est indiscutable. Cette région estla première région corallifère algérienne : elle fournit 50 et 70 % de la production nationale de corail rouge et prèsde la moitié des exploitants nationaux de corail rouge. Malgré l’interdiction de l’exploitation du corail rouge surles côtes algériennes, il est régulièrement signalé dans la presse des activités de braconnage sur cette espèce,en particulier dans la région d’El Kala. Ces activités de braconnage avaient lieu également pendant les annéesoù la pêche du corail rouge était autorisée. La considération de ces prises illégales doit être un élément nonnégligeable de la stratégie de conservation de cette ressource.

    5.5.3.4. Les Fonds d’éboulis

    Les fonds de 0 à 15-20 m de profondeur à proximité des côtes rocheuse ou au pied des massifs et des falaisescôtières, en raison de l’érosion marine de la côte sont des fonds parsemés d’éboulis. Ces éboulis, dont certainsla taille dépassent plusieurs mètres de diamètre, sont séparés les uns des autres par des espaces plus ouimportants où s’accumulent les sédiments meubles. Ces sédiments meubles sont le siège de peuplements trèsdiversifiés, où se rencontre des herbiers de Posidonies. La surface des roches exposée à la lumière estcolonisée aussi bien par des algues (Sargasum vulgare, Codium bursa) que des animaux (Eunicella singularis, E.cavolinii, Sphaerechinus granularis). Les parois verticales beaucoup moins éclairées présentent un peuplementde type sciaphile où les algues (Halimeda tuna, Udotea, petiolata, Peyssonnelia squamaria) et les colonies duCnidaire Paraozanthus axinella dominent. Les faces ou les surfaces les plus obscures présentent un peuplementde milieu semi-obscur à dominance de Spongiaires. La faune ichtyologique est très diversifiée avec notammentles espèces du genre Diplodus, Epinephelus costae et E. marginatus.

    5.5.3.5. Les fonds à maërl 

    Le fond à maërl est situé au large de la côte plus particulièrement au large des îles d’El Aouana, composé del’accumulation d’algues calcaires dont le thalle fortement minéralisé ressemble aux coraux. L’espèce la plusfréquente est Lithothamnion coralloides, tapisse le fond et donne sa couleur mauve à tout ce peuplement, qui estdésigné sous le nom de maërl. Les thalles morts sont généralement jaune ou blancs et sont stockés vers le fondau fur et à mesure que les thalles jeunes apparaissent, ils sont situés entre 20 et 60 mètres de profondeur.

    11 Puisque l’espèce est interdite de pêche ….

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    5.5.3.6.  Les Moulières naturelles

    Les moulières naturelles constituent des gisements importants des Bivalves Mytilus galloprovincialis  et Perna perna ; ce sont généralement des communautés mixtes, présentes le long du littoral algérien (Beni Saf, à l’Ouestd’Oran, l’île plane, Ténés, Chenoua, à l’Est d’Alger, Tigzirt, Taza, Skikda, El Kala). La diminution de la répartitionde ces espèces est liée aux effets conjugués de la prédation humaine et de la pollution. Dans toute la région d’ElKala, ces moulières sont associées au peuplement à Cystoseira stricta de l’infralittoral supérieur.

    5.5.3.7.  Les trottoirs (plateformes) à vermets

    Les premières signalisations en Algérie de trottoirs à vermets sont le fait de Pallary (1900) ; Seurat (1927,1935) ; Pérès et Picard (1952) ; Moliner et Picard (1952) ; Boumaza (1995). Selon Bakalem (2005), cespaysages remarquables sont rencontrés dans la région Cherchell – Ténès, notamment dans le secteur Cherchell

     – Hadjaret Ennous. A Cherchell, la pointe rocheuse située immédiatement à la sortie ouest de la ville, présentede modestes plates-formes. A Sidi Ghiles et à la crique de Sefah, les plates-formes sont très développées alorsqu’à l’Est, la zone d’effondrement a détruit les plates-formes.

    Selon Bakalem (2005), les plates-formes de la plagede Matarès-ruines romaines sont parmi les pluslarges de la côte algérienne contrairement à celle dela zone ruines Romaines - phare de Tipaza. A TipazaVille, les plates-formes sont localisées au niveau duPort. A l’Est, vers la Corne d’Or, les plates-formesétroites à très étroites. Dans la zone du VillageTouristique de Tipaza, à l’Est, de très belles plates-formes larges sont visibles. Le secteur Ain Tagourait-Anse de Kouali, présente des plates-formes avecdéveloppement maximal et exceptionnel alors qu’àl’entrée Est de Ain Tagourait, il existe des plates-formes dans un état de dégradation avancé. A l’Ouestde Bou Haroun, une importante crique délimitée parde hautes falaises avec quelques plates-formes trèsétroites. De Bou Haroun au port de Khemisti,Bakalem (2005) note la présence de modestesplates-formes. Dans la zone du « Vivier », les raresplates-formes sont très érodées ou effondrées. DeFouka Marine au Vivier, les plates-formes sont trèsisolées, fragmentées ou en effondrement avancé.Dans le secteur Fouka Marine - Douaouda Marine,les plates-formes sont de taille modeste et en partiedétruites.

    Trottoirs à vermets de Kouali (Tipasa à l’ouest d’Alger)(Bakalem, 2005)

    A l’Est, les forts effondrements ont conduit à la destruction des plates-formes à Vermets. Entre Fouka Marine etDouaouda Marine, la côte plus basse, délimite une importante crique avec au fond une plage sableuse avec des

    plates-formes importantes. Dans la baie de Zemmouri, Seurat (1935) signale des plates-formes au bas desfalaises de Boudouaou El Bahri qui font l’objet d’une érosion marine très active provoquant leur effondrement.Les premières signalisations de ces plates formes à vermets ont été faites dans la région oranaise entre Arzewet le Cap Carbon par Pallary (1900) au bas des falaises à schistes à Marsat El Hadjadj. De celle-ci àl’embouchure de l’oued La Macta, la côte est formée par des falaises de grés calcaires relativement hautes. A labase de ces falaises se développent d’importantes plates-formes, parfois de plusieurs mètres de largeur. Demême, ces plates formes sont larges de Cap Falcon à la Pointe Coralès. Il n’existe aucune donnée l’Est de lacôte algérienne, Grimes (2011) signale le présence ces trottoirs dans la région d’El Kala12.

    12 Actualisation du zoning de la partie marine du PNEK.

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    5.5.3.8.  Les Plans d’eau côtiers et zones humides

    Les plans d’eaux côtiers ont le siège de processus écologiques particuliers qui permettent l’installation d’unediversité spécifique importante parfois endémique et patrimoniale pour l’ensemble du bassin méditerranéen. Leshabitats de ces zones humides disséminés le long du littoral algérien sont souvent organisés autour de maquisboisé, pré en amont, lacs et marécages, pentes et talus, digue, friches et cultures, plage et cordon dunaire.Divers habitats remarquables y sont mis en évidence. Pour illustrer l’importance de ces habitats, nous citerons à

    l’Est le complexe humide d’El Kala et à l’ouest la zone humide de la Macta.Le complexe humide littoral d’El Kala présente unintérêt pour le repos et l’hivernage sur les grandesvoies migratoires pour près des ¾ des oiseaux d’eaumigrateurs recensés en Algérie et pour la nidificationde nombreux oiseaux d’eau d’intérêt écologique. Pourl’essentiel ces sites ont maintenus les processusécologiques originels. Le Marais de la Mekhada estune zone humide palustre, classé site Ramsar en2003, qui occupe les parties basses de la cuvette deremplissage alluvionnaire de la plaine de la Mafragh.Marais d’eau douce sur sa plus grande partie, sauf la

    zone de contact avec la mer (eau saumâtre).Caractérisé par une végétation émergente sur prèsde 80 % de sa surface, principalement constituée detrois associations végétales. La faune aviairemigratrice y est représentée en hiver par des espècesautochtones telles que le héron pique-bœuf, lesfoulques et les mouettes.

    Parmi les oiseaux d’eau hivernant, il y’a lieu designaler les foulques macroules, l’aigle pomarin,l’érismature à tête blanche et l’oie cendrée, le canardsiffleur, le canard chipeau, la poule d’eau, le râled’eau, blongios nain, grèbe castagneux, rousserole

    efarvate, fuligule nyroca, canard colvert, aigrette,héron cendré, buzard des roseaux, glaréole à collier.

    A l’ouest du littoral algérien, la plaine de la Macta estune dépression triangulaire séparée du golfe d’Arzewpar un cordon dunaire bordé au nord-ouest par lemassif de la Sebkha d’Arzew et au nord-est par laretombée sud du plateau de Mostaganem, la plainedu Sig et de l’Habra qui la prolonge s’élargitfortement dans le sens est-ouest et atteint au sud lescontreforts de l’Atlas Tellien, les Monts de ouled Ali etdes Béni Chougrane à Mohammadia. Ces plainesreçoivent toutes une série d’oueds dont les plus

    importants sont, d’ouest en est, l’O. Sig, l’O. Habra etl’O. Tinn.

    La plaine de Macta comporte à la fois des plans d’eau, des marais et des steppes plus ou moins humides situéesen général en dessous de la côte des 9 m. On peut distinguer au niveau de la plaine plusieurs habitats, ceuxconstitués de marais et de basse plaine, de lacs de petites superficies ou sebkhas, ainsi que des zonessteppiques formées par des groupements végétaux halophiles, des zones boisées et enfin des zones cultivées.La plaine de la Macta comporte à la fois des plans d’eau, des marais et des steppes plus ou moins humidessituées en général au-dessous de 9 m d’altitude.

    Lac de Réghaia, El Kala et embouchure de l’oued

    Oued Mazafran (MATEV et Grimes).

  • 8/18/2019 Bilon et diagnostique

    34/250

      33

    Tableau 6: Typologie des principales zones humides littorales algériennes (d’après les données - DGF, 1998).

    Localisation Surface Nature du site Caractéristiques écologiques

    TarfLac Tonga (El Kala)

    2400 ha Lac, marais, aulnaie(eau douce)

    Roselière très développée : îlots de végétation au centre. Endémismevégétal élevé. Site Ramsar, le plus important de nidification des oiseaux enAfrique du Nord : nidification de la plus importante population d’Algéried’Erismature à tête blanche et de Fuligule nyroca.

    Lac des oiseaux 20 à 70 ha Lac d’eau douce Mince ceinture de végétation sur les berges, espèces végétales rares, site denidification et d’hivernage de l’Erismature à tête blanche : plus de 400individus. Canards et Foulques : plus de 8000 individus.

    Lac Mellah (El Kala) 960 ha Lagune saumâtre,contact avec la mer

    Prairies de salicornes, gisement de la palourde Ruditapes decussatus exploité de façon intensive

    Lac Mekkada (SidiKaci)

    10 000 ha Marais (eau douce) Grande étendue de Scirpes maritimes. Canards et Foulques plus de 22 000individus, Oies cendrées plus de 6000 individus. Site de nidification del’Erismature à tête blanche

    Lac Oubeïra (Aïn AlAssel)

    2400 ha Lac d’eau douce Ceinture de végétation autour des berges. Nombreuses espèces végétalesrares et endémiques. Site d’hivernage le plus important d’El Kala : 40 000 à80 000 Canards et Foulques. Site Ramsar.

    Annaba Lac Fetzara(Berrahal)

    13 000 ha Lac, Marais, plained’inondation

    Scipes maritimes et lacustres, roselière de Canards plus de 20 000 individus,Oies cendrées plus de 6000 individus.

    Skikda Lac SidiMekhlouf

    10 ha Lac ou Garâa d’eaudouce

    Lac Dahria (Marsa) 500 ha Lac saumâtre contactavec la mer)

    500 Canards et Foulques, Balbuzar pêcheur

    Garâat BéniM’Hamed (Ben

    Azouz)

    10 ha Lac ou Garâa d’eaudouce

    Embouchure de l’oued, plus de 11 000 Canards, 210 Oies cendrées en 1996.

    Lac Hadj Tahar (BenAzouz)

    300 ha Lac ou Garâa d’eaudouce

    Roselière, plage importante de Nénuphar blanc. Site de nidification del’Erismature à tête blanche et de la poule sultane. Passage de Sarcellemarbrée et de Nette rousse, nidification possible de Fuligule nyroca.

    JijelLac Beni Belaid

    120ha Lac d’eau douce-oued El Kebir

    Milieu estuarien rare, habitats d’espèces végétales rares et endémiquesd’importance nationale, présence de la Loutre

    Marais d’El Kennar 36 ha Marais d’eau douce Nidification de la poule suttane, observation du futigule nyroca en été estivaleMarais de Ghedir

    Mardj5 ha Marais d’eau douce Les plus importants sites d’hivernage dans la wilaya de Jijel. Plus de 2000

    canards et foulquesLac M’zaïa (Béjaia) 2.5 ha Lac Lac artificiel, petite population du Canard colvert, Fuligule milouins et

    morillonsMarais Tamelahth

    (Béjaia)

    20 ha Marais salé Petit effectif de Foulques macroules, poules d’eau, macreuses noires,

    Mouettes rieuses. Végétation : Tamarix, Jonc, Roseaux.Alger

    Lac de Réghaia(Réghaia)

    150 ha Lac d’eau douce etmarais

    Végétation fournie : Roseaux, Scirpes, Masettes, Iris, Eucalyptus, Saules.Oiseaux migrateurs et nicheurs : Canard colvert, Souchets, Siffleurs…),Héron cendré, Aigrette garzette. Carpes et Anguilles.

    Oran Dayet SidiChami (Oran)

    10 ha Daya saumâtre Tamarix, pin d’Alep, Roselière, Foulque macroule : 57 individus et 215Canards en 1997

    Dayet Oum ElGhellaz (oued Tlélat)

    300 ha Daya saumâtre Tamarix, Salicornes, Atriplex, Canards plus de 4000 individus dont 257Tadornes de Belon, 500 Flamants roses et plus de 4000 Foulques

    Les Salines d’Arzew(Boufritis)

    2900 ha Sebkha salée Tamarix, Atriplex, Joncs, Tadornes de Belon, Grand Gravelot, Oedicnèmecriard (807 individus)

    Dayet Bagra(Tafraoui)

    200 ha Daya salée Tadornes de Belon (870 individus), Flamants roses (1201 individus),Echasse blanche, canards plus de 1594 individus.

    Lac Tellamine(Gdyel)

    1100 ha Lac salé Tamarix, faible effectif de Tadornes de Belon (27) et de Colverts

    La grande Sebkha

    d’Oran (Misserghine)

    43 000 ha Sebkha salée Juncus acutus, Salicornia fruticosa, Imula grithmoides, Oies cendrées (908

    individus), Flamants roses (2360 individus), Tadornes de Belon (1076individus), Canards (Colverts, Souchet, Siffleur) 2500 individusDayet Morsli (Es

    Senia)150 ha Daya Tamarix, Eucalyptus, Atriplex, Echasse blache, Chevalier arlequin, Gravel