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Gildas Bernier Inscription du sarcophage de la Chapelle Saint-André (village de Lomarec, commune de Crach) In: Annales de Bretagne. Tome 77, numéro 4, 1970. pp. 633-636. Citer ce document / Cite this document : Bernier Gildas. Inscription du sarcophage de la Chapelle Saint-André (village de Lomarec, commune de Crach). In: Annales de Bretagne. Tome 77, numéro 4, 1970. pp. 633-636. doi : 10.3406/abpo.1970.2555 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1970_num_77_4_2555

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Gildas Bernier

Inscription du sarcophage de la Chapelle Saint-André (village deLomarec, commune de Crach)In: Annales de Bretagne. Tome 77, numéro 4, 1970. pp. 633-636.

Citer ce document / Cite this document :

Bernier Gildas. Inscription du sarcophage de la Chapelle Saint-André (village de Lomarec, commune de Crach). In: Annales deBretagne. Tome 77, numéro 4, 1970. pp. 633-636.

doi : 10.3406/abpo.1970.2555

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INSCRIPTION DU SARCOPHAGE

DE LA CHAPELLE SAINT-ANDRÉ

Village de Lomarec, Commune de Crach

L'inscription, en capitales romaines de 20 à 23 cm de hauteur, se développe sur la paroi du sarcophage, voisine du mur de la chapelle et occupe 1,60 m de longueur.

Fac-similé

IRHAEMA *INRI

Dans le Bulletin Archéologique de l'Association bretonne de 1857, vol. VI, page 114 on peut lire un titre « Inscription en langue galloise d'un cercueil découvert à Lomarech » et une communication suit page 123, indiquant la vénération populaire dont est l'objet ce cercueil. Après avoir donne un fac-similé, le rapporteur poursuit ainsi : « Cette inscrip

tion qui a été découverte par M. Ch. de Keranflech, est en capitales rustiques romaines ; les lettres sont identiquement les mômes que celles des monnaies armoricaines publiées par Ch. Lenormant dans la Revue numismatique : elles paraissent aux meilleurs juges du v' siècle ou du commencement du vie. La forme du chrisme > | <\ est aussi une des plus anciennes qu'on connaisse »... M. de la Villemar- qué fait remarquer d'abord que la formule INRI, signifiant Jésus Nazareus, Rex Judaeorum, n'a été employée qu'après le xne siècle. L'inscription étant du ve ou du vie siècle ,les lettres I.N.R.I. ne sauraient, selon lui, avoir cette signification... Il pense que l'auteur a voulu graver dans le tombeau une formule à l'usage du mort et n'a pu mieux faire qu'en y déposant un acte de foi et de sujétion à Jésus- Christ. Il traduit donc ainsi l'inscription : Quelqu'un dont Jésus-Christ est le roi — mot à mot, ir, de, ha. qui, ema, est»

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034 SARCOPHAGE DE LA CHAPELLE SAINT-ANDKÉ

J. C, in, en (pour), ri, roi ; illius cujus est J. C. in regem, tournure de phrase assez bizarre, mais qui est un idiotisme breton encore en usage parmi les Gallois... L'inscription de Lomarech serait donc la traduction de la formule latine et chrétienne si commune et dont M. E Le Blant a donné tant d'exemples, servus Christi, famulus Christi... A l'appui de ses conclusions, M. de la Villemarqué invoque, comme un bien précieux pour lui, le jugement favorable des savants gallois de l'Université d'Oxford, à l'un desquels il doit de savoir que si l'on avait aujourd'hui à rendre en langue galloise la formule, servus Jesus-Christi, on traduirait : « Yr hwn ymae J. Ch. yn rhi ». Celui dont J. Ch. est roi ».

Joseph Loth, dans sa Chrestomathie bretonne, après avoir fait référence à cette interprétation de la Villemarqué (p. 85) ajoute « interprétation de tout point insoutenable. M. de la Villemarqué la (l'inscription) prétend du ve, vie siècle. Ce qui est certain, c'est qu'elle paraît incomplète et que son origine bretonne paraît fort douteuse ».

Dans « Les églises de France - Morbihan », p. 32. G. Duhem - Paris, 1932, indique que la chapelle « a été reconstruite en 1606 au village de Lomarec. C'est un édifice très fruste... dans lequel est conservé un curieux sarcophage mérovingien ».

Ce qui est remarquable c'est que les lettres sont de hauteur et de largeur variable et que le A d' EMA n'a pas de •barre transversale, ce qui est une forme dérivant de la cur- sive romaine datée dans « The early Christian Monuments of Wales « de V.E. Nash-Williams (cardiff 1950) du ve au VIIe siècle A.D.

Quant au chrisme nous n'en connaissons d'équivalent ni

sur aucun monument celtique de Grande-Bretagne où il présente les trois formes \^ JÇL >£ (V.E. Nash-Williams o.c, p. 15).

Etant donnée la date précoce de cette inscription (entre le Ve et le vne siècle de note ère) ; il y a lieu de faire remarquer que c'est la seule, à notre connaissance, qui ne serait pas rédigée en latin, car, à la même époque, tant en

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SARCOPHAGE DE LA CHAPELLE SAINT-ANDRÉ 635

Cornouaille qu'au Pays de Galles, c'est la règle, seuls les noms propres (il ne sembe pas qu'il y en ait à Lomarec) sont celtiques avec des désinences latines.

Les inscriptions anciennes, généralement sur des stèles, sont pour la plupart rédigées à l'aide d'onciales ou demi- onciales. Celle de Louannec près de Lannion (Côtes-du- Nord) présente deux lettres , g et , n qui sont typiques des manuscrits insulaires du vu" au ixe siècle et semble donc postérieure à celle de St-André de Lomarec. Son libellé est d'ailleurs très traditionnel : « (Stèle ou Croix, ou Corps) de Desiderius fils de Bodognous.

L'inscription du sarcophage de Lomarec est donc un témoignage précieux de la persistance de l'influence des graphies locales traditionnelles dérivant de l'épigraphie latine, à une époque où les Bretons avaient déjà dû coloniser la partie du Morbihan où elle est située.

G. BERNIER.

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636 LE SARCOPHAGE DE LOMAREC

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