Article ODS

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L’Arbre en ville Horticulture & PAYSAGE 46 Août-Septembre 2012 L’Observatoire des saisons L’Observatoire des Saisons est un programme scientifique et pédago- gique qui invite les citoyens à mesurer l’impact du changement clima- tique sur la faune et la flore. Il leur permet de s’initier à la pratique de la démarche scientifique, tout en les sensibilisant aux conséquences du changement climatique. Les données fournies par le réseau d’observa- teurs amateurs sont indispensables, elles serviront à des recherches qui mesurent les impacts du changement climatique sur le long terme. L’ Observatoire des Saisons (ODS) a été lancé en 2006 par un groupement de re- cherche du CNRS travaillant sur la phénologie (rythmes saisonniers du monde vivant) et sur l’impact du réchauffement climatique sur la faune et la flore, avec l’aide d’associations travaillant dans le domaine de l’éducation à l’en- vironnement, la botanique. Ce programme s’adresse au grand public. En effet, les chercheurs font appel aux citoyens pour obtenir le plus grand nombre d’informations possible. Cette expérience consiste à fournir des observations phénologiques pré- cises d’espèces particulières par le biais d’Internet, en suivant un protocole élaboré par la commu- nauté scientifique. “Il s’agit de choisir une ou plusieurs espèce, de les observer tout au long de l’année, puis de saisir en ligne les informations relevées. Le proto- cole est simple. N’importe qui peut le comprendre et l’intégrer”, assure Isabelle Chuine, chercheur responsable du projet. De plus, tout est expliqué sur le site de l’ODS ( www.obs-saions.fr ). Ce programme invite donc les débu- tants, amateurs ou passionnés à profiter du printemps pour obser- ver et noter les dates de floraison et de feuillaison des arbres, mais aussi l’apparition des premières hirondelles ou encore le premier chant du coucou…dans les jar- dins, au bord des routes, dans les parcs de la ville ou dans le jardin potager. “Ces observations repré- sentent des indicateurs précieux sur l’impact du réchauffement climatique sur la faune et la flore. On note par exemple que la flo- raison est de plus en plus précoce et que la chute des feuilles est de plus en plus tardive. Le pro- blème, c’est que cela a des consé- quences très importantes sur la survie des espèces et le fonction- nement des écosysthèmes.” Le taux d’erreurs sur les informations fournies par les observateurs est inférieur à 5 % et le plus souvent celles-ci sont dues à des fautes de frappes ! Trois associations relais Le programme est actuellement porté par trois associations en col- laboration avec le Groupement de Recherche. Elles assurent l’anima- tion des réseaux de bénévoles et l’accompagnement des structures et professionnels désireux de re- layer le programme. L’association Tela Botanica coordonne le pro- gramme ODS et apporte ses com- pétences en animation de réseau et développement informatique. Elle assure aussi l’accompagnement de projet localement. L’associa- tion Planète Sciences et ses délé- gations régionales proposent aux jeunes des activités scientifiques dans le cadre des loisirs et du temps scolaire. Elle est responsable de l’animation junior et des apports pédagogiques sur le programme ODS. Enfin, le CREA (Centre de Re- cherche sur les Ecosystèmes d’Alti- tude), coordonne depuis 2004 le programme Phénoclim dans les Alpes. Sur le même principe que l’ODS, Phénoclim concerne plus particulièrement les habitants des Alpes et des milieux montagneux. Eduquer le public Les chercheurs s’impliquent en participant à la formation des animateurs dans les milieux as- sociatifs. Ils font également des interventions dans les classes et de plus en plus auprès de col- lectivités qui demandent à être formées. Cette expérience scien- tifique peut ainsi fournir aux col- lectivités territoriales et aux asso- ciations gestionnaires d’espaces naturels et urbains, un outil de suivi de l’impact du réchauffe- ment climatique sur le territoire. Ces acteurs y trouvent également un moyen original d’éduquer le public, y compris les plus jeunes, aux thématiques du développe- ment durable. “Les collectivités sont intéressées par ce genre de programme qui s’insère bien dans les Plans Climat-Energie territo- riaux”, souligne Isabelle Chuine. L’ODS compte aujourd’hui plus de 2 000 observateurs (amateurs et passionnés de nature, jardiniers, écoles et lycées…) répartis sur toute la France. Plantes et animaux à observer Plus d’une quinzaine d’essences d’arbres, sont proposées à l’observation : amandier, cerisier, bouleau, chêne blanc, épicéa forsythia, frênes communs, lilas , marronnier, mélèze, micocou- lier, noisetier, platane, poirier, prunier, robinier faux-accacia, sorbier des oiseleurs, viorne tin. Près d’une dizaine d’espèces d’oiseaux sont aussi intégrés au programme : coucou, échasse blanche, guépier, hirondelle des fenêtres, hirondelle rustique, martinet, milan noir, rossignol philomène. Des insectes sont aussi à observer : coccinelles et papillons citron. Prochainement, il y aura également des amphibiens et reptiles. Des fiches d’identification pour chaque espèce, réalisées par le groupement de recherche et Tela Botanica, sont consultables sur le site Internet de l’Observatoire des Saisons. Les plus observées actuellement sont le marronnier, le forsythia et le lilas. Ce sont les espèces pour lesquelles on trouve le plus de données sur toute la France. Isabelle Chuine, chercheur au CEFE CNRS, directrice du Groupement de Recherche SIP-GECC, est la créatrice et la responsable de l’Observa- toire des Saisons. © B. Martin, CEFE CNRS © F. Richart, PRNN Isabelle Chuine lors de la formation ODS pour l’équipe du Parc Régional Naturel de la Narbonnaise et pour les membres de l’association “les amis du parc” le 3 mai 2012.

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Paru en Août dans Horticulture et Paysages

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L’Arbre en ville

Horticulture & PAYSAGE46 Août-Septembre 2012

L’Observatoire des saisonsL’Observatoire des Saisons est un programme scientifique et pédago-gique qui invite les citoyens à mesurer l’impact du changement clima-tique sur la faune et la flore. Il leur permet de s’initier à la pratique de la démarche scientifique, tout en les sensibilisant aux conséquences du changement climatique. Les données fournies par le réseau d’observa-teurs amateurs sont indispensables, elles serviront à des recherches qui mesurent les impacts du changement climatique sur le long terme.

L’ Observatoire des Saisons (ODS) a été lancé en 2006 par un groupement de re-

cherche du CNRS travaillant sur la phénologie (rythmes saisonniers du monde vivant) et sur l’impact du réchauffement climatique sur la faune et la flore, avec l’aide d’associations travaillant dans le domaine de l’éducation à l’en-vironnement, la botanique. Ce programme s’adresse au grand public. En effet, les chercheurs font appel aux citoyens pour obtenir le plus grand nombre d’informations possible. Cette expérience consiste à fournir des observations phénologiques pré-cises d’espèces particulières par le biais d’Internet, en suivant un protocole élaboré par la commu-nauté scientifique. “Il s’agit de choisir une ou plusieurs espèce, de les observer tout au long de l’année, puis de saisir en ligne les informations relevées. Le proto-cole est simple. N’importe qui peut le comprendre et l’intégrer”, assure Isabelle Chuine, chercheur

responsable du projet. De plus, tout est expliqué sur le site de l’ODS (www.obs-saions.fr). Ce programme invite donc les débu-tants, amateurs ou passionnés à profiter du printemps pour obser-ver et noter les dates de floraison et de feuillaison des arbres, mais aussi l’apparition des premières hirondelles ou encore le premier chant du coucou…dans les jar-dins, au bord des routes, dans les parcs de la ville ou dans le jardin potager. “Ces observations repré-sentent des indicateurs précieux sur l’impact du réchauffement climatique sur la faune et la flore. On note par exemple que la flo-raison est de plus en plus précoce et que la chute des feuilles est de plus en plus tardive. Le pro-blème, c’est que cela a des consé-quences très importantes sur la survie des espèces et le fonction-nement des écosysthèmes.” Le taux d’erreurs sur les informations fournies par les observateurs est inférieur à 5 % et le plus souvent celles-ci sont dues à des fautes de frappes !

Trois associations relais

Le programme est actuellement porté par trois associations en col-laboration avec le Groupement de Recherche. Elles assurent l’anima-tion des réseaux de bénévoles et l’accompagnement des structures et professionnels désireux de re-layer le programme. L’association

Tela Botanica coordonne le pro-gramme ODS et apporte ses com-pétences en animation de réseau et développement informatique. Elle assure aussi l’accompagnement de projet localement. L’associa-tion Planète Sciences et ses délé-gations régionales proposent aux jeunes des activités scientifiques dans le cadre des loisirs et du temps scolaire. Elle est responsable de l’animation junior et des apports pédagogiques sur le programme ODS. Enfin, le CREA (Centre de Re-cherche sur les Ecosystèmes d’Alti-tude), coordonne depuis 2004 le programme Phénoclim dans les Alpes. Sur le même principe que l’ODS, Phénoclim concerne plus particulièrement les habitants des Alpes et des milieux montagneux.

Eduquer le public

Les chercheurs s’impliquent en participant à la formation des

animateurs dans les milieux as-sociatifs. Ils font également des interventions dans les classes et de plus en plus auprès de col-lectivités qui demandent à être formées. Cette expérience scien-tifique peut ainsi fournir aux col-lectivités territoriales et aux asso-ciations gestionnaires d’espaces naturels et urbains, un outil de suivi de l’impact du réchauffe-ment climatique sur le territoire. Ces acteurs y trouvent également un moyen original d’éduquer le public, y compris les plus jeunes, aux thématiques du développe-ment durable. “Les collectivités sont intéressées par ce genre de programme qui s’insère bien dans les Plans Climat-Energie territo-riaux”, souligne Isabelle Chuine. L’ODS compte aujourd’hui plus de 2 000 observateurs (amateurs et passionnés de nature, jardiniers, écoles et lycées…) répartis sur toute la France.

Plantes et animaux à observer Plus d’une quinzaine d’essences d’arbres, sont proposées à l’observation : amandier, cerisier, bouleau, chêne blanc, épicéa forsythia, frênes communs, lilas , marronnier, mélèze, micocou-lier, noisetier, platane, poirier, prunier, robinier faux-accacia, sorbier des oiseleurs, viorne tin. Près d’une dizaine d’espèces d’oiseaux sont aussi intégrés au programme : coucou, échasse blanche, guépier, hirondelle des fenêtres, hirondelle rustique, martinet, milan noir, rossignol philomène. Des insectes sont aussi à observer : coccinelles et papillons citron. Prochainement, il y aura également des amphibiens et reptiles.Des fiches d’identification pour chaque espèce, réalisées par le groupement de recherche et Tela Botanica, sont consultables sur le site Internet de l’Observatoire des Saisons. Les plus observées actuellement sont le marronnier, le forsythia et le lilas. Ce sont les espèces pour lesquelles on trouve le plus de données sur toute la France.

Isabelle Chuine, chercheur au CEFE CNRS, directrice du Groupement de Recherche SIP-GECC, est la créatrice et

la responsable de l’Observa-toire des Saisons.

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Isabelle Chuine lors de la formation ODS pour l’équipe du Parc Régional Naturel de la Narbonnaise et pour les membres de l’association “les amis du parc” le 3 mai 2012.

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L’Arbre en ville

Horticulture & PAYSAGE 47Août-Septembre 2012

Une espèce emblématique : fleur d’amandier.

Le robinier, une des espèces suivies par l’Observatoire des Saisons.

Fleur mâle d’un noise-tier, Corylus avellana.

Parmi les espèces les plus observées actuellement, figurent le lilas et le forsythia.

Données accessibles

Les données produites sont libre-ment accessibles dans différents types de formats sur le site du programme et font l’objet d’un compte-rendu détaillé dans des lettres bisanuelles, envoyées aux participants. Par ailleurs, les don-nées recueillies par les observa-teurs amateurs sont basculées une fois par an dans une autre base de données utilisée ensuite par

La phénologie La phénologie est l’étude de l’occurrence d’événements périodiques de la vie animale et végétale en relation avec le climat, par exemple la floraison des plantes, la coloration des feuilles à l’automne, l’arrivée des oiseaux migrateurs, etc. Les rythmes saisonniers des plantes et des animaux sont étroitement dépendants des changements de température. L’étude de ces manifestations saisonnières est donc d’un grand intérêt scientifique pour mesurer l’impact du changement climatique sur la biodiversité. La moindre augmentation de température peut avancer de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines, le réveil printanier de la végétation ou le retour des hirondelles.

les chercheurs. Cette dernière est ouverte gratuitement à la commu-nauté scientifique. L’utilisation des données de ce programme pour des questions de recherches ne fait que commencer. L’effort d’ob-servation obtenu jusqu’à présent double celui que les scientifiques peuvent fournir.

Informations sur www.obs.sai-sons.fr et www.gdr2968.cnrs.fr.

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