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ARRET SUR IMAGES
Région du Kanem, Tchad Mission au cœur d’une crise nutritionnelle
Cela fait maintenant une journée que je suis dans le Kanem.
Je suis en mission dans cette partie Nord du pays pour quelques jours car une urgence nutritionnelle est en cours.
La région du Kanem est située à quelques 250 km au nord de la capitale du Tchad, N’Djaména. Pour la rejoindre, nous avons fait près de 6 heures de voiture.
Le Kanem se trouve dans la ceinture sahélienne du Tchad et connaît régulièrement, tout comme 3 autres régions du pays, des épisodes d’insécurité alimentaire.
Cette année encore, les populations de tradition agro‐pastorales du Kanem ont vu leur situation alimentaire se dégrader.
Pendant ma mission à Mao, capitale du Kanem, qui durera deux jours, je dois rencontrer les différents partenaires locaux et internationaux (Autorités locales, Organisations onusiennes et ONG internationales) de l’Unicef afin de comprendre comment, lors d’une crise de telle ampleur, les actions sont mises en place et coordonner pour préserver la vie de milliers d’enfants.
ARRET SUR IMAGES Au Tchad, la situation nutritionnelle est aiguë
En 2009 particulièrement, la sécurité alimentaire des populations de la bande sahélienne du Tchad s’est détériorée du fait d’un fort déficit pluviométrique qui a eu pour conséquence de très faibles récoltes ainsi qu’une augmentation de la mortalité du bétail par manque de pâturage.
En outre, des épisodes récents d’épidémies de rougeole, la hausse des prix des produits alimentaires, ainsi que le
faible accès aux soins de santé et à l’eau et l’assainissement ont exacerbé la situation alimentaire des
ménages, déjà très précaire.
Cette situation a plongé près de 2 millions de personnes dans une condition d’insécurité alimentaire aigue.
Les 4 régions situées dans cette bande sahélienne présentent des taux de malnutrition aigue globale
largement au‐dessus des seuils d’urgence de 15% de l’OMS (voir carte)
Aujourd’hui, l’Unicef estime que 102 037 enfants dans le pays, dont près de 50 000 enfants de 6 à 59 mois dans les
4 régions de la ceinture sahélienne vont souffrir de malnutrition aiguë en 2010.
Dans le désert, la vulnérabilité alimentaire des ménages est exacerbée…
Elles attendent patiemment, avec leurs enfants, que les portes du centre s’ouvrent.
A travers la Délégation Sanitaire du Kanem, l’Unicef appuie le dépistage de la malnutrition à base communautaire. Ce mécanisme permet d’atteindre les populations les plus enclavées, comme celles de Maguianga.
Avant que la séance ne commence, je fais la connaissance de l’Agent de Santé et de son équipe. Ils ont organisés le dépistage du jour et coordonnent cette activité de la plus haute importance pour la survie des enfants.
Le personnel de santé est accompagné par trois femmes qui ont été choisies par les chefs traditionnelsde la communauté pour mener cette activité. Leur travail va consister à passer le bracelet brachial, ou MUAC, à chacun des enfants qui se présenteront pour mesurer leur état nutritionnel.
ARRET SUR IMAGES Dépistage Communautaire dans le village de Maguianga
Je commence cette mission par une séance de Dépistage Communautaire de la malnutrition qui se tient au village de Maguianga.
Ce village est situé en plein désert à quelques 30 km de Mao.
Lorsque j’arrive àMaguianga, accompagnée de mes collègues de la Section Nutrition Unicef basée à Mao, des centaines de femmes sont assises tout autour de ce qui fait office de centre de santé.
Le MUAC est un bracelet que l’on passe sur le bras gauche des enfants (souvent le moins musclé).
Il est composé de trois couleurs et permet de mesurer l’état nutritionnel des enfants âgés de 6 à 59 mois.
le vert signifie que l’état nutritionnel de l’enfant est bon ;
le jaune indique un état de malnutrition aiguëmodérée, nécessitant que l’enfant bénéficie d’une alimentation de supplément ;
le rouge, quant à lui, correspond à un état critique de la malnutrition, la malnutrition aiguë sévère. Les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère son en danger et doivent immédiatement être pris en charge et recevoir des soins spécifiques.
ARRET SUR IMAGES Le MUAC, outil de dépistage rapide
Les trois dames sont prêtes, la séance peut donc commencer… Les portes du centre de santé s’ouvrent enfin, c’est la cohue, de nombreuses femmes se précipitent avec leurs enfants.
Dans la pénombre et la poussière, le dépistage commence et le centre est rapidement bondé.
ARRET SUR IMAGES Le dépistage permet le référencement vers les centres de soins
Les trois femmes, agents de dépistage, passent le fameux MUAC à chacun des enfants, puis annoncent les résultats àtrès haute et intelligible voix, tandis qu’un agent de l’Unicef répertorie le nombre de cas par couleur (Vert, Jaune ou Rouge).
Pour les enfants présentant un bon état nutritionnel,aucune prise en charge médicale n’est nécessaire. Aussi, les mères seront simplement sensibilisées aux bonnes pratiques d’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants.
Nous resterons près de 2h à Maguianga, 350 enfants seront dépistés, sur lesquels : 162 enfants sont en état de malnutrition aiguë modérée (46%);44 enfants sont en état de malnutrition aiguë sévère (13%).
Pour les enfants présentant un état de malnutrition aiguë modérée (Jaune sur le MUAC)
Un ticket jaune est donné à la mère. Ce ticket lui permettra de recevoir au Centre de Nutrition Supplémentaire (CNS) ‐ géré avec l’appui du PAM ‐ des rations alimentaires visant à enrichir l’alimentation de l’enfant et à éviter que son état nutritionnel ne se dégrade.
Pour les enfants présentant un état de malnutrition aiguë sévère (Rouge sur le MUAC)
Un ticket rouge est donné à la mère. Elle devra se rendre en Centre de Nutrition Ambulatoire (CNA) ou en Centre de Nutrition Thérapeutique (CNT) ‐ gérés avec l’appui de l’Unicef, où l’enfant sera pris en charge et recevra des soins adaptés.
Dans les centres de nutrition ambulatoire, les mères se pressent!
ARRET SUR IMAGES Du dépistage à la prise en charge…
Après cette séance de dépistage au village de Maguianga, où les résultats ont montré une situation nutritionnelle catastrophique chez les enfants, j’ai rendez‐vous au Centre de Nutrition Ambulatoire (CNA).
Le CNA se situe à Mao, c’est ici que tous les enfants en état de malnutrition aiguë sévère sont référés.
Actuellement, ce centre assure la prise en charge de 120 enfants âgés, dans la majorité, de 1 à 3 ans.
Le CNA de Mao emploie 6 personnes et est appuyé par l’Unicef qui lui fournit des consommables, du Plumpy’Nut, ainsi que du matériel médical et anthropométrique pour la prise en charge médicale et le suivi des enfants.
Dans la seule région du Kanem, l’Unicef appuie
45 CNA…
Face à la situation de crise alimentaire et nutritionnelle, l’objectif de l’Unicef est d’en ouvrir 5 nouveaux d’ici la fin
de l’année 2010.
1). Pesée et mesures anthropométriques de chacun des enfants ;
2). Bilan de santé afin de vérifier que l’enfant ne présente pas une infection quelconque en plus de leur état de malnutrition ;
3). Test de l’appétit. Il s’agit de vérifier que l’enfant arrive encore àmanger, le test consiste à donner un sachet de Plumpy’Nut (soit 92g, 500Kcal) à l’enfant qu’il doit manger en mois d’1 heure.
ARRET SUR IMAGES Le cycle de prise en charge en CNA
Si le test est réussi, alors l’enfant pourra repartir chez lui. Sa mère recevra ~ 20 sachets de Plumpy’Nut, dose àadministrer pour une semaine. Afin d’assurer le suivi de l’enfant, il devra revenir chaque semaine pour repasser des examens de santé et recevoir des sachets de Plumpy’Nut pour la semaine suivante, ce jusqu’à son rétablissement complet (entre 5 et 7 semaines).
Dans le cas contraire, l’enfant sera référé au Centre de Nutrition Thérapeutique (CNT), situé juste derrière le CNA, où sont pris en charge les enfants présentant un état de malnutrition aiguë sévère avec complication(perte d’appétit, infections respiratoires, diarrhées, paludisme..).
Au CNT, les agents de santé nous disent combien la situation est aiguë.
ARRET SUR IMAGES Les plus affaiblis sont pris en charge en CNT
Dans la région du Kanem, deux Centres de Nutrition Thérapeutique sont actuellement opérationnels et reçoivent un appui de l’Unicef et de ses partenaires.
Dans le CNT de Mao, les enfants présentant un état de malnutrition aiguë sévère avec des complicationsbénéficient d’une prise en charge médicale et d’un suivi quotidien.
En effet, la malnutrition atteint gravement le système immunitaire des enfants qui sont alors plus vulnérables àtoutes infections. Dans ces cas précis, les enfants nécessitent à la fois d’une prise en charge thérapeutique de la malnutritionmais également d’un suivi médical quotidien.
Ainsi, les 10 enfants présents au CNT le jour de mon passage sont accueillis, avec leur mère, le temps qu’ils soient totalement rétablis.
Le CNT est équipé de toutes les infrastructures nécessaires à la vie quotidienne (douches, latrines, point cuisine, point lessive…) permettant ainsi aux mamans de rester avec leur enfant. En outre, les mères reçoivent pour leur alimentation quotidienne des rations alimentaires distribuées par le PAM et Action Contre la Faim.
ARRET SUR IMAGES Des cas nécessitant une prise en charge médicale quotidienne
Le CNT de Mao a ouvert ses portes en 1994. Depuis, des milliers d’enfants sont passés dans ses murs et ont pu être sauvés.
Aujourd’hui, 10 personnes travaillent dans le CNT.Elles ont été formées et continuent à l’être régulièrement car les protocoles médicaux évoluent et il s’agit de fournir les meilleurs soins aux enfants malnutris avec complications.
Ces enfants doivent suivre un traitement thérapeutique spécifique en trois phases :
Phase 1 Lait Thérapeutique F75
Phase Transition Lait Thérapeutique F100
Phase 2 Lait thérapeutique F100 et Plumpy’Nut
Grâce à cette prise en charge, la majorité des enfants survivent… après un séjour de 15/16 jours au CNT.
Chaque matin, l’état de santé des enfants est vérifiépar les agents de santé : leur température est prise, puis ils sont pesés et mesurés, ensuite les produits thérapeutiques leurs sont administrés sous surveillance du personnel.
ARRET SUR IMAGES La malnutrition, un état mal connu des populations…
Certains enfants arrivent dans des états critiques.. Par manque de connaissance, les parents dans une volonté de soulager leur enfant et pensant bien faire exécutent des scarifications sur les œdèmes crées par l’état de malnutrition. Ces pratiques traditionnelles ne font qu’aggraver l’état de l’enfant, le soumettant à des risques graves d’infections notamment.
Afin de réduire l’incidence de ce type de pratiques mais également dans un souci d’éducation des familles à la santé de l’enfant, les agents de santé du CNT organisent chaque jour avec les mères accueillies en centre des séances de discussions sur différents sujets, telles que les pratiques traditionnelles, mais diffusent également des messages sur les bonnes pratiques liées à l’eau, l’hygiène et l’assainissement, ainsi que sur l’alimentation du jeune enfant.
ARRET SUR IMAGES Plan d’Action de l’Unicef au Tchad
En Mai 2010, l’Unicef TCHAD a lancé un APPEL d’un montant de 7,8 millions eurospour faire face à la crise nutritionnelle grave qui affecte les enfants.
Pour répondre à la crise nutritionnelle, qui est un problème multidimensionnel, l’UNICEF a mis en place un paquet d’interventions touchant plusieurs secteurs dont la nutrition, la santé, le VIH/SIDA, l’eau, l’hygiène et l’assainissement.
Pour la nutrition, L’UNICEF vient en appui aux délégations sanitaires régionales dans le traitement de la malnutrition aigue sévère pour près de 103 000 enfants au Tchad, dont 50 000 vivent dans la bande sahélienne, mais aussi dans la prévention de la malnutrition en général pour 43 000 enfants âgés de 6 à 23 mois.
Les actions de traitement de la malnutrition visent essentiellement la mise à l’échelle d’un système communautaire de dépistage et de référencement des enfants malnutris vers les centres nutritionnels. L’UNICEF appuie également tous les centres nutritionnels en intrants thérapeutiques, en équipements anthropométriques et en médicaments essentiels génériques.
Les actions de prévention visent principalement la promotion des pratiques familiales essentiellestelles que l’allaitement maternel exclusif entre 0 et 6 mois, l’alimentation de complément de qualitéentre 6 et 24 mois, le traitement de la diarrhée avec le zinc et SRO, l’utilisation de moustiquaires imprégnées, le lavage des mains à l’eau et au savon, etc... Cette promotion se fait à travers les campagnes de communication pour le développement ou par le biais de radios locales.
En tant que chef de file pour la nutrition, l’UNICEF assure la coordination des interventions nutritionnelles tant au niveau national que régional…
7,8 millions euros sont urgemment nécessaires pour sauver la vie de milliers d’enfants au Tchad !
ARRET SUR IMAGES Zoom sur le processus de prise en charge des enfants malnutris
Dépistage Communautaire avec utilisation du MUAC
Rouge Malnutrition aiguë sévèreJaune Malnutrition aiguë modérée
CNS / Centre de Nutrition Supplémentaire
Appuyé par le PAM
Soins
Bilan médical et anthropométrique de l’enfant
Distribution de rations alimentaires mensuelles composées d’huile, de sucre et de farines enrichies
Sensibilisation aux bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant
CNA / Centre de Nutrition Ambulatoire
Appuyé par l’Unicef
Soins
Bilan médical et anthropométrique de l’enfant
Test de l’Appétit
Distribution de sachets de Plumpy’Nut pour 1 semaine et administration du Plumpy’Nut à la maison par la mère
Visite hebdomadaire de l’enfant au CNA pour suivi
CNT / Centre de Nutrition Thérapeutique
Appuyé par l’Unicef
Soins
Bilan médical et anthropométrique de l’enfant
Administration de Lait Thérapeutique F75 (en phase 1, ~ 4 jours),
Lait Thérapeutique F 100 (en phase de transition, ~ 4 jours),
Administration de F100 et de Plumpy’Nut (phase 2).