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Schedae Prépublications de l’Université de Caen Basse-Normandie Archives ouvertes, archives institutionnelles, revues en ligne : vers le libre accès aux résultats de la recherche ? Fascicule n° 2 2008 Presses universitaires de Caen

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Schedae

Prépublications de l’Université de Caen Basse-Normandie

Archives ouvertes, archives institutionnelles, revues en ligne: vers le libre accèsaux résultats de la recherche?

Fascicule n° 2 2008

Presses

univers i ta ires

de Caen

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2008

Comité d’organisation

URFIST de Toulouse

– Élisabeth L

ACOMBE

– Conservateur, [email protected] ;

– Muriel L

EFEBVRE

– Maître de conférences en sciences de l’information et de la commu-

nication, [email protected] ;

– François M

AGNAN

– Formateur Urfist, [email protected].

Service commun de la documentation de l’université Toulouse 1, sciences sociales

– Claire B

EAUDÉAN

(Ingénieur d’études en édition scientifique, responsable des publica-

tions électroniques, [email protected]) ;

– Magali P

ERBOST

(Conservateur, responsable des ressources numériques, Magali.Per-

[email protected]).

Secrétariat

– Françoise F

EREC

[email protected] ;

– Nadine R

EGAGNON

[email protected].

Coordination éditoriale technique

– Claire B

EAUDÉAN

.

Remerciements

Pour l’aide précieuse qu’ils lui ont apportée, le comité d’organisation tient à exprimer

sa reconnaissance à :

Manuel D

URAND

-B

ARTHEZ

;

Olivier E

RTZSCHEID

;

Françoise L

ORAND

;

Bertrand M

ONTHUBERT

.

Ainsi qu’à tous les services de l’université Toulouse 1, Sciences sociales.

Fascicule n° 2

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URFIST de Toulouse

Statut : Université de Toulouse

Directeurs: Elisabeth Lacombe et Muriel Lefebvre

SCD de l’Université Toulouse I, Sciences sociales

Statut : Service commun de l'Université Toulouse I

Directeur : Bruno Van Dooren

GREYC – Groupe de Recherche en Informatique,Image, Automatique et Instrumentation de Caen

Statut : Unité mixte de recherche université, CNRS et ENSICAEN – UMR 6072

Directeur : Régis C

ARIN

Directeur-adjoint : Étienne G

RANDJEAN

Axes de recherches: algorithmique, sécurité, information, langage, interface homme-machine,

image, automatique, instrumentation, capteurs, électronique

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2008

Sommaire

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VII

Muriel L

EFEBVRE

:Vers une remise en question des modalités traditionnellesd’évaluation des savoirs scientifiques ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

Annaïg M

AHÉ

:Libre n’est pas gratuit : qui paye le libre accès ?Le marché de l’édition scientifique et les nouveaux modèles économiques . . 11

Fascicule n° 2

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Introduction

Le mouvement dit « de l'

Open Access

» est né au début des années 90 du souhait des

chercheurs d’une circulation immédiate et gratuite de leurs publications au sein de com-

munautés restreintes. Auto-archivage et revues en libre accès deviennent désormais des

vecteurs incontournables de la communication scientifique. Mais quelles sont les notions

qui les fondent et quelles voies leur développement a-t-il empruntées ?

Dans un premier temps, cette journée a cherché à préciser le contexte de

l’Open

Access

:

– dans sa dimension historique: quelles ont été les motivations des initiateurs de ce

mouvement ? Comment définit-il ses périmètres, entre revues en libre accès et auto-

archivage ? Quels acteurs, individus ou institutions peut-on identifier ? Quels freins se

sont manifestés, où en est-on aujourd’hui ?

– dans sa dimension « territoriale » : comment le mouvement de l’auto-archivage s’est-il

développé à l’échelle de la planète, avec quelles différences de conception et de réa-

lisation selon les pays ou les disciplines ?

– dans ses incidences sur le modèle de validation des publications scientifiques : le sys-

tème traditionnel est-il – ou doit-il être – remis en cause ?

– dans sa dimension économique: le modèle économique des revues est-il « bousculé »

par l‘

Open Access

, comment s’adapte-t-il, quels sont les modèles alternatifs ?

Dans un deuxième temps, quatre réalisations françaises majeures en la matière ont été

présentées, afin d’examiner les différentes options retenues, que ce soit en matière de

modèle économique, de types de publications (thèses, pré-publications, post-publica-

tions, revues…), de structuration et d’archivage du document, de modalités de valida-

tion…

Un troisième temps, enfin, a été consacré à un débat à partir des questions relatives

aux problèmes fondamentaux de la recherche. Entre rapidité et fiabilité de la diffusion de

l’information scientifique et des savoirs, comment les critères de qualité sont-ils modulés

selon les pratiques disciplinaires ? À quelles conditions économiques le projet de gratuité

d’accès à l’information est-il réalisable ? Les modes de validation de l’information dans ces

nouveaux « réservoirs » sont-ils actuellement satisfaisants ? Quel pourrait/devrait être le

rôle des institutions nationales et internationales en matière de libre accès aux publications

scientifiques ?

Fascicule n° 2

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Vers une remise en questiondes modalités traditionnelles d’évaluationdes savoirs scientifiques ?

Muriel Lefebvre

MCF Sciences de l’information et de la communication, Université Toulouse I – Urfist/Lerass

[email protected]

Résumé :

La rédaction de publications constitue l’une des activités essentielles de tout chercheur. Ces

publications ont souvent plusieurs rôles : au-delà d’une fonction initiale de diffusion de l’infor-

mation scientifique au sein d’une communauté scientifique donnée, une publication peut être

utilisée par son auteur pour s’assurer la paternité d’un résultat, comme support de valorisation

d’une recherche ou encore comme instrument de validation des résultats proposés. C’est cette

dernière dimension qui va nous intéresser plus spécifiquement. Plusieurs systèmes d’évaluation

coexistent depuis une quarantaine d’années, renvoyant selon les cas à une expertise par les

pairs (peer-reviewing) avant publication ou à une mesure de l’impact d’un article, par la mesure

des citations par exemple, après publication dans une revue.

Ces deux systèmes font actuellement l’objet de nombreuses critiques par les chercheurs de tou-

tes disciplines et plusieurs initiatives ont été développées, utilisant les ressources électroniques

(que ce soit les revues électroniques en libre accès ou les archives ouvertes, véritables

« réservoirs » de pré-publications), pour rendre toutes les étapes de la procédure d’évaluation

transparentes et plus interactives. Après une brève présentation des systèmes traditionnels

d’évaluation, nous exposerons les différentes alternatives récemment développées et leurs usa-

ges par des chercheurs de disciplines variées (en sciences expérimentales mais également en

sciences humaines et sociales). Nous verrons ainsi émerger les valeurs qui sont aujourd’hui don-

nées en référence par les scientifiques ainsi que les effets cognitifs et sociaux de ces nouvelles

procédures d’évaluation sur les modalités de production des savoirs.

Tout travail de recherche est organisé autour d’activités d’écriture. Que ce soit avec la

rédaction de brouillons, de croquis et d’inscriptions diverses pendant les séminaires, d’arti-

cles ou d’ouvrages, les chercheurs sont constamment amenés à produire de nouveaux

documents. Une publication a souvent plusieurs rôles : au-delà d’une fonction initiale de

diffusion de l’information scientifique au sein d’une communauté scientifique donnée, elle

peut être utilisée par son auteur pour s’assurer la paternité d’un résultat, comme support

de valorisation d’une recherche ou encore comme instrument de validation des résultats

proposés. C’est cette dernière dimension qui va nous intéresser plus spécifiquement. C’est

Prépublication n° 11 Fascicule n° 2

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en effet à partir des publications d’articles que sont essentiellement évaluées depuis des

années la recherche scientifique et les activités d’un chercheur

1

.

Après une brève présentation des systèmes traditionnels d’évaluation des publications et

des critiques dont ils font l’objet, nous exposerons les différentes alternatives récemment déve-

loppées, utilisant les supports électroniques comme les revues électroniques en libre accès ou

les archives ouvertes. Mais comment ces alternatives sont-elles aujourd’hui mobilisées par les

chercheurs? Sont-elles incontournables? Les pratiques d’évaluation des chercheurs sont-elles

d’une certaine manière déterminées par un développement technologique récent ? Pour ten-

ter de répondre à ces questions, nous présenterons les résultats d’une enquête réalisée auprès

de chercheurs toulousains de disciplines variées (sciences expérimentales mais également

sciences humaines et sociales), afin d’étudier comment les procédures d’évaluation sont per-

çues par les chercheurs à l’heure du développement du libre accès aux publications scientifi-

ques et d’examiner si de nouvelles pratiques d’évaluation sont en train de se développer

2

.

I. Les pratiques d’évaluation

Deux systèmes d’évaluation sont principalement utilisés pour une majorité de disciplines :

un système d’évaluation de contenu, en amont de la publication (système des rapporteurs)

et un système d’évaluation de l’impact d’un article, réalisé en aval de la publication (sys-

tème bibliométrique).

Il convient de noter cependant que les utilisations de ces deux systèmes diffèrent d’une

discipline à l’autre, en fonction de la culture éditoriale de la communauté considérée, de

son objet de recherche, de ses méthodes et de son fonctionnement organisationnel et

communicationnel

3

. L’article constitue la publication de référence dans la plupart des dis-

ciplines dites Sciences, Technique et Médecine (STM), mais ce n’est pas toujours le cas en

Sciences Humaines et Sociales (SHS) où la monographie joue un rôle fondamental. Toutes

les publications n’ont donc pas le même statut et ne sont pas évaluées selon les mêmes

critères dans toutes les disciplines

4

. Par ailleurs dans certaines disciplines des SHS comme

la psychologie ou l’économie, on rencontre des pratiques éditoriales (et en particulier des

pratiques d’évaluation) proches de celles des STM ; tandis qu’à l’inverse, une discipline

comme les mathématiques comporte de nombreux points communs avec les SHS.

1. L’évaluation par les rapporteurs

Cette pratique a été systématisée avec l’apparition des comités de lecture, dans le

contexte de l’essor considérable du nombre de publications après 1945

5

.

L’article est examiné par le comité éditorial de la revue sollicitée par l’auteur. Ce comité

demande à des chercheurs (généralement deux) connus dans le champ disciplinaire con-

cerné d’évaluer la qualité scientifique du document proposé, sur la base d’une grille de

lecture (intérêt de la recherche, caractère innovant, solidité de la méthodologie, adéquation

avec la ligne éditoriale de la revue) et d’une évaluation de la forme (lisibilité, qualité de

l’expression). Les rapporteurs recommandent ensuite la publication en l’état ou des modi-

1. R.K. Merton,

The Sociology of Science. Theoretical and Empirical Investigations

, Chicago, The Universityof Chicago Press, 1973 ; M. Callon, J.-P. Courtial & H. Penan,

La scientométrie

, Paris, PUF (Coll. QSJ), 1993.2. Cette recherche comporte une dimension exploratoire, du fait notamment de l’absence d’études réali-

sées sur les procédures d’évaluation dans un contexte numérique.3. R. Kling & G. McKim, « Not Just a Matter of Time : Field Differences and the Shapping of Electronic Media

in Supporting Scientific Communication »,

Journal of the American Society for Information Science

, 2000.4. R.K. Merton,

The Sociology of Science…

5. J.C. Burnham, « The evolution of editorial peer review »,

The Journal of the American Medical Association

,vol. 263, n˚ 10, 1990, p. 1323-1329.

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fications (légères ou importantes) ou encore le refus de publier l’article. La procédure peut

se dérouler dans l’anonymat, à plusieurs niveaux (auteur et/ou rapporteurs).

Il existe de fortes disparités dans l’utilisation de ce système, d’une discipline à l’autre

et selon les revues considérées. Les statuts de l’article et de la monographie ne sont pas

les mêmes en STM et en SHS et les taux moyens d’acceptation d’un article sont très diffé-

rents en STM (autour de 80 %) ou en SHS (autour de 20 %).

Depuis une vingtaine d’années, ce mode d’évaluation par les pairs est souvent critiqué

par les chercheurs, l’expertise d’un article étant un processus particulièrement long qui,

selon les disciplines, peut prendre de 6 mois à deux ans, voire plus (comme en mathéma-

tiques ou en économie). C’est finalement un processus très coûteux, un article refusé dans

une revue finissant souvent par être publié ailleurs après une seconde évaluation. L’anony-

mat est par ailleurs rarement respecté, il favoriserait le désengagement des rapporteurs,

qui, n’étant pas forcément aussi spécialistes que l’auteur de l’article, ne pourraient vérifier

l’intégralité des résultats présentés (erreur, fraude, plagiat ne sont pas exceptionnels

6

).

2. L’évaluation par les bases de données de citations

Parmi les outils bibliométriques utilisés pour mesurer l’impact supposé d’une publication,

on peut citer le

Science Citation Index

7

, créé en 1963 par Eugène Garfield, qui répertorie par

discipline les citations qui sont faites d’un article donné dans la littérature spécialisée (environ

6000 revues considérées comme centrales sont analysées, dans le seul domaine Sciences,

Techniques et Médecine). Cet outil est aujourd’hui utilisé par les chercheurs pour trier, dans le

flot d’articles produits chaque jour, ceux qui ont été les plus cités en partant du présupposé

que s’ils sont cités, c’est qu’ils sont pertinents et intéressants. Par ailleurs, les scientifiques

s’appuient également sur cet outil pour voir si leurs propres travaux font l’objet de citations.

De nombreuses limites sont fréquemment évoquées par ceux qui critiquent ce sys-

tème d’évaluation. Cet outil correspond aux modalités de publication des STM et prend

essentiellement en compte des articles de revues anglo-saxonnes mais n’est pas approprié

pour étudier les SHS, grandes productrices de monographies. Par ailleurs, les pratiques de

citations sont extrêmement variables d’une discipline à l’autre, d’un chercheur à l’autre. De

plus, l’auto-citation et le « renvoi d’ascenseur » engendrent un indice de citation artificiel.

Enfin, un article fréquemment cité n’est pas forcément un bon article : il peut s’agir d’un

mauvais article très souvent critiqué.

Or cet outil d’évaluation de l’impact

a posteriori

d’un article est fréquemment utilisé

par les institutions pour mesurer quantitativement le productivité de la recherche et accor-

der ou non des subventions, des statuts (procédures de qualification du CNU en France,

attribution de postes…). Il a une influence décisive, dans certaines disciplines (en biologie

notamment) sur la carrière des chercheurs et le devenir des équipes de recherche.

3. Les alternatives développées avec le libre accès

Dans un contexte général de crise des revues scientifiques

8

, plusieurs nouveaux modèles

de publication dits en « accès libre » ont été développés pour contourner la mainmise des

6. On peut citer l’affaire Sokal (1996) ou celle concernant un biologiste coréen, le professeur Hwang qui aannoncé en 2005 avoir cloné un chien.

7. Des outils similaires ont été développés en sciences humaines et sociales dans les années 70 : le SSCI(Social Science Citation Index) et le AHCI (Art and Humanities Citation Index).

8. G. Charton, « Acteurs du « marché » de l’article scientifique, impacts du numérique »,

Schedae

, fasciculen° 1, prépublication n° 2, 2008, p. 13-22 ; N. Pignard-Cheynel,

La communication des sciences sur Inter-net. Stratégies et pratiques

,

Thèse de doctorat en Sciences de l’Information et de la Communication, Uni-versité Stendhal Grenoble 3, 2004.

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éditeurs commerciaux

9

. Parallèlement, des modèles alternatifs d’évaluation s’appuyant sur

l’auto-archivage et les revues électroniques ont été mis en place par des chercheurs militant

pour un accès libre aux résultats de la recherche. Ces « nouveaux » modèles d’évaluation

proposent des procédures d’évaluation à la fois pré et post-publication, plus ouvertes que

les procédures traditionnelles voire même publiques.

Pour présenter ces systèmes alternatifs, il est nécessaire de distinguer les deux princi-

paux supports numériques de diffusion des publications scientifiques, à savoir les revues

électroniques et l’auto-archivage, et les phases pré et post-publication.

Les revues électroniques : des rapporteurs aux commentaires publics des pairs

Les revues électroniques, qu’elles soient ou non en libre accès, adoptent généralement

les mêmes procédures d’évaluation que les revues dites « papier ». Elles conservent donc

le modèle traditionnel d’évaluation par rapporteurs, parfois associé, après publication, au

système de la mesure bibliométrique de l’impact d’un article (nombre de fois où un article

a été téléchargé, nombre de fois où il a été cité, etc.). Mais des solutions complémentaires

peuvent également être proposées, comme celles développées par S. Harnad : aux côtés

de l’évaluation traditionnelle, il a mis en place, pour les revues qu’il dirige, une évaluation

par les pairs sous la forme de commentaires ouverts et publics

10

. Tout chercheur peut com-

menter publiquement les articles en cours d’évaluation par les rapporteurs, et les auteurs

lui répondre, comme sur un forum de discussion.

Peu de revues fonctionnant selon ces principes existent cependant aujourd’hui (beau-

coup s’y sont essayées mais comme peu ont perduré, il est difficile de savoir si ce système

d’évaluation par les pairs fonctionne effectivement). On peut citer néanmoins le

Journal of

Interactive Media in Education

11

, qui fonctionne ainsi depuis 1996.

Dans le même ordre d’idée, la plate-forme BiomedCentral de revues en libre accès de

biologie et médecine a lancé en 2002 l’initiative « Faculty of 1000 » qui se propose d’identi-

fier les articles les plus intéressants (en libre accès ou parus dans les revues traditionnelles) sur

la base de recommandations et de commentaires publics de 1000 chercheurs internationaux.

Cette liste de suggestions de lecture est accessible à partir d’un abonnement institutionnel.

L’auto-archivage : autocensure et authentification de l’auteur

Le système d’auto-archivage pose lui davantage de questions pour l’évaluation, car il con-

cerne essentiellement la «

science en train de se faire

» des pré-publications, et non la «

science

évaluée

» des publications, même si la plupart des réservoirs d’archives comportent les deux

types de documents. Le niveau scientifique attendu est généralement celui des revues à

comité de lecture

12

mais aucune évaluation scientifique des documents déposés n’est à pro-

prement parler réalisée par les pairs. Les initiateurs des serveurs d’auto-archivage sont partis

du principe que tous les documents déposés étant publiés (au sens de « rendus publics »),

leurs auteurs procèdent par autocensure pour éviter de se décrédibiliser publiquement.

Certains réservoirs, comme

ArXiv

(serveur de pré- et post-publications en mathémati-

ques et en physique), ont eux mis en place un système de présélection large. Jusqu’en 2004,

ce serveur procédait à une vérification de l’adresse électronique de l’auteur pour s’assurer

de son rattachement institutionnel. Depuis 2004 néanmoins, une évaluation rapide et auto-

9. L’objet de cet article n’est pas de brosser un tableau général du contexte de l’édition scientifique et dudéveloppement de l’OAI. Pour davantage de précisions, le lecteur pourra se référer à d’autres contribu-tions de ce volume.

10. Depuis 1978, pour

Behavioral & Brain Sciences

(http://www.bbsonline.org/) et plus récemment pour

Psy-choloquy

(http://psycprints.ecs.soton.ac.uk, de 1991 à 2002).11. http://www-jime.open.ac.uk.12. Voir les indications de dépôt sur le serveur du CNRS HAL.

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matique du contenu est également réalisée par un logiciel ainsi qu’une vérification du sta-

tut de l’auteur (celui-ci doit être parrainé par un auteur connu de

ArXiv

). L’authentification

de l’auteur remplace ici une véritable évaluation de contenu. Le lecteur reste finalement le

seul évaluateur des documents consultés, ce qui ne l’empêche pas d’engager avec l’auteur

un dialogue privé pour demander des précisions ou pointer d’éventuelles erreurs

13

.

II. Comment l’évaluation est-elle perçue par les chercheursà l’heure du développement du libre accèsaux publications scientifiques ?

Les chercheurs ont-ils intégré ces alternatives dans leurs pratiques d’évaluation ? Dans

le contexte déjà cité de changement des modalités de publication, alors que chaque dis-

cipline essaie de se positionner dans ces nouvelles pratiques éditoriales, il nous a semblé

pressant d’étudier les représentations que les chercheurs pouvaient avoir des deux princi-

paux systèmes d’évaluation et de leurs alternatives.

Pour ce faire, nous avons réalisé trente entretiens avec des chercheurs des trois princi-

pales universités toulousaines

14

. Les disciplines représentées sont les mathématiques, la phy-

sique, l’astronomie, la biologie, la chimie physique, l’histoire, les lettres, le droit, la gestion

et l’économie. Ce travail, essentiellement exploratoire du fait du faible nombre d’entretiens

réalisés par discipline, fournit d’ores et déjà quelques pistes de réflexion sur les représen-

tations que les chercheurs se font de l’évaluation à l’heure du développement du libre accès

aux publications scientifiques, avec néanmoins d’importantes variations disciplinaires et indi-

viduelles dans les pratiques de publications et dans l’appropriation du média Internet

15

.

1. L’évaluation par les rapporteurs : un système plébiscité

Dans un contexte où les chercheurs se déclarent victime d’un « déluge informationnel »

à cause des effets pervers du «

publish or perish

», l’évaluation des documents disponibles

en ligne est perçue par les chercheurs rencontrés comme une nécessité croissante, afin de

trier puis sélectionner quelques publications pertinentes dans la masse hétérogène des

documents proposés, et de gagner ainsi du temps, qui pourra être consacré à la recherche

proprement dite.

Pour assurer cette sélection et ce filtrage, le système d’évaluation par les pairs avec

des rapporteurs anonymes, même s’il est reconnu imparfait, reste celui plébiscité par une

grande majorité des chercheurs rencontrés, quelle que soit leur discipline. Ce système met

en effet en place plusieurs filtres : celui du rédacteur en chef ou de l’éditeur qui sélectionne

un article pour son intérêt thématique, puis celui des rapporteurs qui vérifient la qualité

scientifique de la publication. La renommée d’une revue se construit ensuite implicitement

sur la rigueur de son système d’évaluation

16

.

Comme l’ont souligné de nombreux chercheurs, ce système des rapporteurs participe

également directement à la production des connaissances

17

que ce soit par sa dimension

13. N. Pignard, « La publication scientifique sur Internet »,

in

C. Le Bœuf & N. Pelissier (dir.),

Communiquerl’information scientifique : éthique du journalisme et stratégie des organisations

, Paris, L’Harmattan, 2003,p. 367-387.

14. Université des Sciences Sociales Toulouse I, Université Toulouse Le Mirail, Université Paul Sabatier.15. L’âge des chercheurs, par contre, est une donnée qui ne semble pas pertinente à prendre en compte,

comme l’ont également constaté A. Mahé, C. Andrys & G. Chartron, « How French Research Scientists areMaking Use of Electronic Journals »,

Journal of Information Science

, 26 (5), 2000, p. 291-302.16. R. Boure & M.G. Suraud, « Revues scientifiques, lectorat et notoriété »,

Recherche en Communication

, 4,1995, p. 37-59.

17. A.

Piolat, &

J. Vauclair, « Le processus d’expertise éditoriale avant et avec Internet »,

Pratiques Psycholo-giques, 10, 2004, p. 255-272.

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heuristique 18 ou encore par le rôle social et communautaire qu’il joue au sein des commu-

nautés de chercheurs19.

2. Les systèmes alternatifs : des modèles peu convaincantsLes systèmes alternatifs proposés (outils bibliométriques, commentaires en ligne, sug-

gestions de lecture) ne constitueraient au mieux que des compléments au système des

rapporteurs.

Les outils de calcul des citations : une approche quantitative non adaptée aux SHS

Le système de calcul des citations a été globalement très critiqué, car il éviterait aux

chercheurs de se pencher sur le contenu d’une publication. Il serait peu utilisé pour évaluer

la qualité d’une publication, et servirait surtout, comme en biologie, de critère d’évaluation

de la carrière d’un chercheur ou en physique pour calculer le « degré de confiance de la

communauté » pour le travail cité. En mathématiques ou en SHS, d’après les chercheurs

rencontrés, cet outil n’aurait aucune pertinence, les articles majeurs n’étant généralement

cités que plusieurs années après leur parution.

Les commentaires en lignes : un complément éventuel à l’évaluation traditionnelle

Très peu de chercheurs ont une réelle pratique de ce système dont nous avons exposé

précédemment le principe et qui pour l’heure, reste essentiellement expérimental dans sa

version numérique. Présenté comme « nouveau » par ses partisans, il a été mis en relation

avec des systèmes plus classiques (séminaire, droits de réponses dans les revues, Review,

forums de discussion, etc.).

L’espace des revues électroniques consacré aux commentaires publics a été présenté

par les chercheurs comme un lieu de débat de l’actualité, intéressant et utile car permet-

tant un certain dynamisme et une interactivité. Il ferait « vivre la science », en déplaçant le

débat d’un niveau informel plus ou moins privé vers un niveau informel public (et publié).

Mais les chercheurs rencontrés se sont montrés globalement méfiants vis-à-vis de ce

système20, dénonçant une « illusion démocratique»: risques de débordement, de règlements

de compte, de défoulement collectif, etc. On peut supposer que d’autres enjeux (sociolo-

giques ou politiques) que ceux ayant trait au contenu de l’article peuvent apparaître dans

ces formes de forums de discussion 21.

Surtout, la question du contenu scientifique des commentaires et de leur qualité a été

systématiquement abordée : qui va prendre le temps de lire des articles non évalués, de rédi-

ger des commentaires, c’est-à-dire finalement de s’investir dans cet espace de dialogue,

dans un univers où ce qui prime est le travail personnel de publication ? Ce système a sou-

vent été comparé à celui de l’encyclopédie Wikipedia (et plus rarement des logiciels libres),

qui suscite des réactions enflammées. Les chercheurs se sont également demandé si tous

les articles doivent faire l’objet de commentaires22 et quelles seront à terme les pratiques

de lectures de ces commentaires ?

18. Les remarques des rapporteurs sont souvent décrites comme constructives, ce qui permettrait d’amélio-rer l’article initial. Par ailleurs, le processus d’évaluation amènerait les rapporteurs à lire en détails les arti-cles rapportés, ce que beaucoup apprécient.

19. B. Milard, « La soumission d’un manuscrit à une revue : quelle place dans l’activité scientifique deschercheurs ? », Schedae, fascicule n° 1, prépublication n° 1, 2008, p. 1-12.

20. Ce qui explique peut-être la disparition rapide des quelques revues électroniques ayant mis en place cesystème d’évaluation.

21. C. Rosental, « La production de connaissances certifiées en logique : un objet d’investigationsociologique », Cahiers internationaux de sociologie, vol. CIX, 2000, p. 343-374.

22. Ce qui amène à poser d’autres questions : quels documents peut-on/doit-on diffuser en ligne ? Toutes lesthèses méritent-elles d’être publiées en ligne, par exemple ?

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Quelques très rares chercheurs (en mathématiques et en astrophysique, où la pratique

des forums de discussion est développée depuis plusieurs années) voient dans ce système un

mode possible de tri et de sélection : les chercheurs proposant des commentaires s’expo-

sent en effet directement à un grand nombre de lectures publiques, ce qui pourrait assez

rapidement engendrer une forme de filtrage volontaire (autocensure) des commentateurs.

Dans l’ensemble, ce système a été décrit comme un complément possible du système

des rapporteurs, amenant une dimension interactive et publique et permettant de multiplier

les lecteurs et les lectures critiques. En aucun cas cependant il n’a été présenté comme pou-

vant se substituer au système traditionnel d’évaluation.

Les listes de suggestions de lecture

Là encore, les chercheurs n’ont pas l’impression d’une quelconque innovation. Ils uti-

lisent depuis longtemps les références bibliographiques indiquées dans un article, les sug-

gestions informelles faites par des collègues, etc. Une formalisation de ce système par liste de

chercheurs éminents comme le « Faculty of 1000 » proposé par BiomedCentral comporterait

selon eux de nombreux risques comme le mandarinat, les effets de mode, la citation de

collègues, d’étudiants de collègues… par des chercheurs pouvant abuser de leur autorité.

3. La question de l’évaluation a-t-elle une influencesur l’utilisation des publications scientifiques en libre accès ?

Notre analyse des représentations de ces chercheurs quant aux procédures d’évaluation

actuellement utilisées nous a conduit à étudier la perception que ces scientifiques ont du libre

accès et de ses enjeux, en termes d’évaluation et de validation des connaissances, en prenant

en compte d’importantes variations disciplinaires23. En effet, les outils numériques ne font pas

l’objet d’une appropriation uniforme de la part de tous les chercheurs. Alors que dans certai-

nes disciplines comme la physique ou l’astronomie, l’utilisation d’Internet fait l’objet d’une tra-

dition de presque 40 ans, les chercheurs en SHS sont bien souvent de plus jeunes utilisateurs.

Les revues électroniques : une crédibilité à conquérir

Les revues électroniques (en libre accès ou non) sont aujourd’hui considérées avec

méfiance par une partie des chercheurs ne les utilisant pas régulièrement (et préférant le

support papier). Les avantages indéniables (délais de publication plus courts (l’article est

mis en ligne dès qu’il est accepté et non un an après), accès plus rapide par téléchargement,

possibilité liée au support numérique d’insérer d’autres supports comme des films en astro-

physique, accès plus large notamment dans les pays en voie de développement, etc.) sont

mis en avant. Mais une méfiance perdure : Quelle sera la pérennité de ces revues ? Y aura-

t-on toujours accès dans cinquante ans ? Surtout, les articles publiés dans ces revues sont-

ils bien évalués selon le système traditionnel des rapporteurs ?

Pour la plupart des chercheurs que nous avons rencontrés, quelle que soit leur disci-

pline, si les revues électroniques constituent l’avenir des publications scientifiques en terme

d’accès à l’information, elles doivent avant tout « vieillir » pour acquérir une certaine crédi-

bilité et une notoriété, surtout lorsqu’elles n’existent que sous forme électronique et ne

bénéficient pas de la légitimité d’une version papier déjà reconnue.

Les serveurs de post-publications : un accès rapide à des publications évaluées

Les serveurs de post-publications, qu’ils soient ou non institutionnels, sont eux plébis-

cités (tout comme les pages personnelles des chercheurs) par tous les chercheurs rencontrés,

23. R. Kling & G. McKim, « Not Just a Matter of Time : Field Differences and the Shapping of Electronic Mediain Supporting Scientific Communication », Journal of the American Society for Information Science, 2000.

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quelle que soit leur discipline, pour leur recherche d’informations : ils permettent un accès

rapide aux publications déjà évaluées, sans passer par le support revue et en contournant

les éditeurs commerciaux.

En tant qu’auteurs, en particulier en SHS, les chercheurs rencontrés ont plus de diffi-

cultés à déposer spontanément leurs publications sur ces serveurs. Par peur de poursuites

des éditeurs, beaucoup les suppriment même ou ne laissent qu’une version périmée, une

fois leur article publié dans une revue à comité de lecture.

Les serveurs de pré-publications : une évaluation quantitative souhaitée

Les serveurs de pré-publications sont globalement perçus avec ambiguïté : s’ils permet-

tent un accès rapide à l’information et notamment à des articles qui ne seront publiés que

dans plusieurs mois, s’ils contribuent à élargir le nombre de lecteurs potentiels, à diffuser

des idées innovantes parfois repoussées par des rapporteurs conservateurs, ils ne feraient

que rajouter du « bruit ». Les pré-publications permettent en effet un accès direct, sans

médiation, mais également sans tri ni sélection préalable, aux documents mis à disposition

par d’autres chercheurs 24. Elles ne permettraient pas la prise de recul inhérente à toute

publication papier (imposée par les délais de publication) et posent finalement avec acuité

la question de l’évaluation de l’information sur Internet.

On perçoit cependant d’importantes variations disciplinaires autour du statut des pré-

publications, de leur place et de leur rôle dans les pratiques communicationnelles des

chercheurs :

– globalement, dans les disciplines ayant une forte tradition d’échanges de pré-publications

papiers entre laboratoires25, comme en mathématiques et en physique voire en éco-

nomie, leur mise à disposition est perçue comme un atout par la communauté (accès

plus rapide aux idées, possibilité de garantir sa paternité) et il ne semble pas y avoir de

crainte de confusion de statut entre une pré-publication non validée, qui relève de la

diffusion de connaissances, et un article publié, dont la validation sert essentiellement

a posteriori pour le développement de la carrière de l’auteur. Mais dans ces disciplines,

la plupart des pré-publications seront publiées par la suite, avec le même contenu et le

même degré de formalisation, et ont souvent déjà été soumises à une revue au moment

de leur dépôt sur une archive ouverte ;

– en SHS où la tradition des pré-publications papier est quasiment inexistante, peu de

publications sont rédigées en collaboration, et les pratiques de recherche et de publi-

cation sur Internet sont souvent moins anciennes qu’en STM. On note dans ces disci-

plines la crainte de voir associés des documents validés et d’autres non évalués par le

système des rapporteurs. Les chercheurs en SHS soulignent le fait que le développe-

ment de l’auto-archivage des pré-publications ne ferait qu’engendrer davantage de

«bruit » au dépend du contenu et pourrait prêter à confusion pour les jeunes chercheurs.

Par ailleurs, en SHS, les pré-publications sont considérées avec méfiance par peur du

pillage d’idées.

Dans leur fonctionnement actuel, à l’exception de disciplines comme la physique

nucléaire utilisant les pré-publications depuis longtemps, une grande majorité de chercheurs

estime que les serveurs de pré-publications peuvent être utiles mais ne feraient pour l’heure

24. La nature et le statut de ces documents sont variables (article, rapport, thèse, compte rendu…).25. Tradition souvent dûe aux spécificités organisationnelles de ces disciplines, dont les communautés, souvent

éclatées géographiquement, sont amenées à collaborer pour financer d’énormes projets. Elles utilisentalors les prépublications pour assurer la coordination de leur communauté (A. Cambrosio & D. Jacobi,«L’écriture dite électronique est-elle susceptible de modifier la production des écrits scientifiques primaires?»,1997, http://www.enssib.fr/eco-doc/com.jacobi.html ; N. Pignard, « La publication scientifique… »).

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que rajouter davantage de documents dans une masse déjà considérable d’informations.

Ils pensent que l’idéal serait de transformer les réservoirs comme ArXiv en « revue », en y

ajoutant une évaluation par rapporteurs, pour éviter le statut ambigu de publication non

validée 26. Cela correspond aux propositions émises par Ginsparg, physicien à l’origine de

cet immense réservoir en 1991, qui propose d’aller au-delà du système de filtrage actuel 27

en ajoutant à la sélection « quantitative », d’impact ou des qualités reconnues du chercheur,

une évaluation « qualitative » réalisée par des rapporteurs, selon le système traditionnel.

Cela permettrait du même coup, pour tous les chercheurs militants de l’OAI, de contourner

les revues commerciales en proposant un accès libre et gratuit à de l’information scientifi-

que validée.

ConclusionIl est encore trop tôt en 2006 pour évaluer sérieusement les répercussions de l’OAI sur

les pratiques sociales de production et de diffusion des savoirs scientifiques, ces pratiques

étant pour l’heure essentiellement expérimentales dans la plupart des disciplines. On peut

cependant supposer, en première analyse, que la question de l’évaluation de la recherche

constitue un des enjeux majeurs du développement des outils du libre accès, le problème

rencontré par les chercheurs aujourd’hui n’étant pas tant celui de l’accès à l’information ou

de sa publication que celui de son tri, de sa sélection, et de sa visibilité. Les chercheurs ont

l’impression que le développement des supports du libre accès (que ce soit les serveurs

d’auto-archivage ou les revues en libres accès qui tendent à se multiplier, elles aussi, expo-

nentiellement) ne fera qu’accroître le phénomène de « déluge informationnel ». Mais il est

difficile d’analyser cette représentation du développement d’Internet et des supports du

libre accès alors que ce phénomène reste pour l’heure peu étudié.

Le système d’évaluation par les pairs, par le biais de rapporteurs anonymes, reste celui

de référence pour tous les chercheurs rencontrés, malgré ses différentes limites. Il est donc

loin d’être remis en question. Les alternatives proposées ne sont perçues que comme de

potentiels compléments. L’apport du numérique se résumerait à des outils techniques per-

mettant des gains de temps dans les procédures d’évaluation (diffusion des articles aux

rapporteurs, réception, retravail, envoi des rapports, etc.).

Plusieurs questions restent cependant en suspens. Qu’est-ce qui fait la qualité d’une

évaluation ? Sur quels critères l’évaluation est-elle elle-même évaluée ? Les chercheurs

dénoncent globalement le risque, aujourd’hui d’évaluer la qualité d’un chercheur à partir

du nombre de ses publications et non de la qualité de celles-ci. L’invention d’outils comme

le SCI, le facteur d’impact, les classements des revues, le facteur H, etc. 28 montre cepen-

dant que l’on a du mal à trouver un système satisfaisant pour évaluer les recherches scien-

tifiques et leurs publications. Ces indicateurs sont utilisés massivement car ils sont rapides

à mettre en place. Mais ils restent globalement peu pertinents et participent d’un cercle

vicieux en incitant les chercheurs à publier, selon la célèbre injonction « publish or perish »,

de nombreux articles, pas forcément très bons, car les commissions de recrutement utilisant

essentiellement ce critère pour sélectionner les candidats.

Il est donc nécessaire de rouvrir aujourd’hui le débat déjà ancien de l’évaluation des

chercheurs et de la recherche afin d’identifier de nouvelles bases d’évaluation, développées

26. N. Pignard, « La publication scientifique… ».27. P. Ginsparg, « Can Peer Review be better Focused ? », Science and Technology Libraries, 22, (3/4), 2004.28. M. Durand-Barthez, « Historique et critique du facteur d’impact », Schedae, fascicule n° 1, prépublication

n° 7, 2008, p. 67-76.

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sur d’autres critères que ceux bibliométriques et quantitatifs (mesure des citations d’un arti-

cle, facteur d’impact des revues, etc.). Seule une modification des procédures d’évaluation

de la recherche pourrait stopper, d’après les chercheurs rencontrés, l’inflation galopante du

nombre de publications actuellement diffusées. On assisterait alors à une remise en ques-

tion d’un des fondements des communautés scientifiques d’aujourd’hui.

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Annaïg Mahé« Libre n’est pas gratuit : qui paye le libre accès ? Le marché de l’édition scientifique et les nouveaux modèles économiques »

Schedae, 2008, prépublication n°12, (fascicule n°2, p. 11-20).

Schedae, 2008

Libre n’est pas gratuit :qui paye le libre accès ? Le marché de l’édition scientifiqueet les nouveaux modèles économiques

Annaïg MahéURFIST de Paris, 17 rue des Bernardins, 75005 Paris,

Laboratoire URSIDOC-DOCSI, Université Claude Bernard,

Lyon 1, 43 Bd du 11 Novembre 1918, 69 622 Villeurbanne cedex

[email protected]

Résumé :

Libre ne veut pas dire gratuit. Développé à la fois dans un contexte de nouvelles possibilités

technologiques et de crise économique de la littérature scientifique, le libre accès propose de

nouveaux modèles économiques. Dans cette période de transition et d’expérimentation, com-

ment fonctionne le « paiement par l’auteur » pour les revues en libre accès ? Qu’en est-il pour

les pays en voie de développement ? Qui paye quoi et quelle est la viabilité de ces modèles ?

IntroductionDéveloppé à la fois dans un contexte de nouvelles possibilités technologiques et de

crise économique de la littérature scientifique, la publication des articles scientifiques en

libre accès propose de nouveaux modèles économiques. Dans cette période de transition

et d’expérimentation, comment fonctionne le « paiement par l’auteur » pour les revues en

libre accès ? Qui paye quoi et quelle est la viabilité de ces modèles ?

«When we speak of free software, we are referring to freedom, not price»1 : cette phrase

est extraite du texte de la version 2 (1991) de la licence publique générale de GNU (GNU

general public license) 2 utilisé pour la circulation des logiciels libres, et, comme cela est

explicitement dit sur le site du système d’exploitation GNU promouvant ce type de licence,

il est bien question ici de liberté, dans le sens de « liberté d’expression » et non de prix.

Prépublication n° 12 Fascicule n° 2

1. «Quand nous parlons de logiciel libre, nous faisons référence à la liberté pas au prix», traduction personnelle.2. GNU general public license, version 2, 1991, http://www.gnu.org/licenses/gpl.htm.

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Schedae, 2008, prépublication n°12, (fascicule n°2, p. 1-20).http://www.unicaen.fr/services/puc/ecrire/preprints/preprint0092008.pdf

Si ce parallèle est présenté en préambule, c’est pour insister sur le fait que, dans le

contexte du libre accès à l’information scientifique, nous sommes dans le même cadre de

référence que celui des logiciels libres, même si la logique est différente : celui de la liberté

d’expression et de la libre circulation des résultats de la recherche, et cela n’induit en rien

que cette circulation se fasse gratuitement. Les articles accessibles dans le cadre des archives

ouvertes le sont librement pour tout un chacun désireux de les lire, cependant leur dispo-

nibilité en ligne implique des coûts et l’ignorer n’amènerait pas à une vision très réaliste de

ces nouvelles possibilités. A fortiori, les articles en libre-accès dans les revues scientifiques

(que celles-ci soient en totalité ou partiellement en libre-accès) ne sont pas publiés gratui-

tement, et il est intéressant d’étudier de près le fonctionnement de ces nouveaux modèles

économiques.

Pour mieux comprendre ce qui est en jeu sera d’abord présenté le contexte général de

la publication des résultats de la recherche, de l’édition scientifique et des évolutions récentes

dans ce domaine. Cela permettra ensuite de faire le point sur les modèles économiques

existants de la publication scientifique en comparant le modèle dit « traditionnel » de l’abon-

nement et celui en développement dans le cadre du libre-accès couramment nommé (et

de manière quelque peu inexacte, nous le verrons) le « paiement auteur ». Pour finir, nous

verrons ce qui pourrait constituer un modèle de transition permettant un financement réaliste

de la publication en libre-accès d’articles scientifiques validés.

Nous n’aborderons la problématique de l’économie du libre-accès que sous l’angle de la

publication dans le cadre de revues scientifiques (et donc à comité de validation). Les archi-

ves ouvertes, qui constituent actuellement un outil complémentaire de facilitation d’accès

aux publications scientifiques, se développent au sein même des communautés et institu-

tions de recherche et en parallèle des revues scientifiques, ne remettant (pour l’instant du

moins) pas en cause le fonctionnement traditionnel basé sur les revues et donc, plus large-

ment, sur la chaîne des acteurs impliqués dans le marché de l’édition scientifique.

Le contexte

Les métiers de l’édition scientifiqueAvant toute chose, il paraît important de préciser qu’au-delà des problématiques du

libre accès à l’information scientifique, l’édition scientifique est un métier qui apporte une

valeur ajoutée à la publication des résultats de la recherche, et cela implique automatique-

ment des coûts. Pour être plus précis, l’édition scientifique comporte une série de différents

métiers :

– la sélection et la validation scientifique des textes sont traditionnellement effectuées

par les chercheurs à travers les activités d’éditeur « intellectuel » de la revue (« editor » :

directeur/responsable éditorial d’une publication) et de rapporteur (« referee »). C’est

la revue qui gère le processus d’évaluation des articles ;

– la production de la revue (préparation, correction, structuration des fichiers, impres-

sion/mise en ligne) est réalisée par l’éditeur « commercial » (« publisher » ; le terme

« commercial » fait ici référence au fait que l’éditeur met la revue sur le marché et cor-

respond donc aussi bien à un grand groupe d’édition international qu’à une société

savante) ;

– la diffusion, la gestion des abonnements et des collections, l’accessibilité, le référen-

cement et la fourniture de documents sont d’autres métiers « annexes » mais tout aussi

importants dans la circulation des revues et articles scientifiques. Ils peuvent être

effectués selon les cas par l’éditeur commercial, les bibliothèques, les agences

d’abonnements, les agrégateurs de contenus.

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Tous ces métiers apportent une valeur ajoutée à la diffusion des résultats de la recherche,

et si le libre-accès offre de nouvelles alternatives, il ne faudrait pas en déduire trop vite que

l’on peut se passer de ces différents intermédiaires. L’intérêt majeur du libre accès actuelle-

ment est avant tout de poser la question de l’efficacité des modalités traditionnelles d’édition

et de publication et de permettre la réflexion et l’expérimentation de nouvelles modalités.

Caractéristiques du marché de l’édition scientifiqueLa récente étude de la Commission européenne sur les marchés européens de l’édition

scientifique propose une synthèse riche et détaillée des caractéristiques du marché de l’édi-

tion scientifique3. Elle rappelle notamment que ce marché est basé sur des intermédiaires

(les bibliothèques), ce qui a pour conséquence une faible sensitivité des lecteurs au prix et à

leur évolution. Il s’agit, par ailleurs, d’un marché aux dimensions limitées : le lectorat scienti-

fique est un lectorat spécialisé et relativement circonscrit. Cela est notamment vrai pour la

publication francophone en sciences humaines et sociales (bassin linguistique limité, bud-

gets des bibliothèques restreints), et plus particulièrement encore quand il s’agit de publica-

tion électronique4. C’est aussi un marché caractérisé par des coûts fixes élevés (le coût de

production de la première copie étant estimé à environ 70 % du coût total de la publication

d’un article) et par des barrières fortes à l’entrée. Du fait de la faible sensitivité aux prix des

lecteurs, la demande est très inélastique et l’introduction de nouveaux titres s’avère difficile :

une des fonctions des bibliothèques étant d’assurer la continuité et le suivi des collections,

et les contraintes budgétaires ne permettant pas d’augmenter à l’infini le nombre de titres,

on abandonne difficilement un titre pour un nouveau, et il faut, par ailleurs, plusieurs années

avant de pouvoir évaluer la rentabilité d’un nouveau titre. Enfin, il s’agit d’un marché dont le

modèle économique actuellement dominant est celui de « l’abonné (lecteur)-payeur », ou

plus précisément du paiement en aval via l’abonnement par les bibliothèques.

Évolutions du marché de l’édition scientifiqueDepuis une quinzaine d’années, les revues scientifiques ont vu leur prix augmenter

très fortement, largement au-dessus de l’augmentation du coût de la vie, et, contrairement

à une vision parfois trop partielle, le domaine des sciences et techniques n’est pas toujours

celui où les plus fortes augmentations ont eu lieu, même si ce sont ces domaines qui pré-

sentent les prix les plus élevés. Une comparaison de la variation des prix des revues de

l’éditeur Blackwell 5 sur dix ans montre que chez cet éditeur ce sont d’abord les prix des

revues en sciences humaines et sociales qui ont le plus fortement augmenté (+186%),

avant celles de médecine (+184%) et celles des sciences et techniques (+178%), pour une

augmentation du coût de la vie de 33 %6.

Basé sur d’autres données, en l’occurrence l’indice des prix d’abonnement d’un corpus

de titres publiés aux États-Unis, le graphique suivant (graphique n˚ 1) montre l’augmentation

du prix moyen des revues dans différents domaines entre 1984 et 2002. On y voit clairement

la très forte augmentation du prix des titres, tout particulièrement pour les titres scientifiques.

3. Study on the economic and technical evolution of the scientific publication markets in Europe, Finalreport, 2006.

4. G. Chartron, M. Minon, « Quelle offre éditoriale numérique pour l’usager « virtuel » des universitésfrançaises ? », Pré-Conférence Satellite IFLA 2004, L’usager virtuel : un nouveau paradigme pouraméliorer le service à la clientèle dans les bibliothèques et services d’information, Managementand Marketing Section, 18-20 Août 2004, São Paulo.

5. Blackwell est un éditeur britannique : http://www.blackwellpublishing.com/.6. T. Chanier, Archives ouvertes et publication scientifique. Comment mettre en place l’accès libre aux résul-

tats de la recherche?, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 33, http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00001486.html,données tirées d’une étude du Wellcome Trust.

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Schedae, 2008, prépublication n°12, (fascicule n°2, p. 1-20).http://www.unicaen.fr/services/puc/ecrire/preprints/preprint0092008.pdf

Graphique n˚ 1 : augmentation du prix moyen d’un corpus de revues publiées aux États-Unis dans différentsdomaines entre 1984 et 2002 (Source : Susman T.M., D.J. Carter, Publisher mergers : a consumer-basedapproach to antitrust analysis, Information Access Alliance, Washington (D.C.), juin 2003, p. 14).

Graphique n˚ 2 : dépenses en monographies et périodiques des bibliothèques de l’ARL, 1986-2004(Source : http://www.arl.org/stats/arlstat/graphs/2004/monser04.pdf).

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Schedae, 2008, prépublication n°12, (fascicule n°2, p. 11-20).http://www.unicaen.fr/services/puc/ecrire/preprints/preprint0122008.pdf

Un autre graphique (graphique n˚ 2), particulièrement bien connu, illustre encore d’une

autre manière cette augmentation drastique des coûts, mais cette fois sur la base de l’aug-

mentation du budget des bibliothèques américaines membres de l’Association of Research

Libraries (ARL). Ce dernier graphique couvre la période de 1986 à 2004. Par rapport à d’autres

graphiques moins récents issus de la même source, celui-ci montre une baisse du coût moyen

de la revue, et, parallèlement, une augmentation à partir de l’année 2001 environ du pour-

centage de périodiques achetés, ainsi que du pourcentage de monographies (sur un autre

graphique plus ancien, en 2000 le pourcentage de périodiques achetés était de -7 % et de

-17 % pour les monographies). Malgré la hausse continue des prix des revues scientifiques,

on constate donc une relative baisse de la pression économique dans les années récentes.

Cela peut s’expliquer par la mise en place des consortiums et de bouquets négociés auprès

des grands éditeurs commerciaux, permettant, pour un budget d’achat contrôlé sur une

certain nombre d’années, d’acquérir un plus grand nombre de titres, la plupart de ces édi-

teurs offrant en effet un accès à la quasi-totalité de leur collection pour un budget défini.

Ces données, basées sur des sources américaines, ne reflètent pas directement la réalité

des bibliothèques françaises, mais elles permettent néanmoins un aperçu des grandes tendan-

ces dans ce que l’on a appelé « la crise des périodiques scientifiques ». Une autre explication

à cette pression continue sur les budgets des bibliothèques provient aussi de l’augmenta-

tion permanente du volume de la recherche publiée : le nombre de chercheurs n’a fait qu’aug-

menter depuis la deuxième moitié du 20e siècle et du même coup le nombre d’articles publiés

ainsi que le nombre de titres de périodiques. L’augmentation du prix des revues s’explique

ainsi en partie (en partie seulement) par cet accroissement du nombre de pages publiées.

Les modèles économiques existants de la publication scientifique

Le modèle économique « traditionnel »Le modèle économique actuellement dominant dans l’édition scientifique est celui de

l’abonnement. Il s’agit d’un mode de financement en aval par lequel le lecteur, c’est-à-dire en

l’occurrence la bibliothèque, est le payeur. Dans le cas de l’abonnement à une revue impri-

mée, l’abonné obtient la propriété du support, à la différence de l’abonnement électronique

où l’abonné n’obtient qu’un droit d’accès au contenu de la revue via son site web. Dans ce

dernier cas, l’abonné accède aux numéros courants ainsi qu’à tout ou partie des archives, et

les modalités de la continuité de l’accès aux archives en dehors de la période d’abonnement

sont variables selon les éditeurs (archives conservées sur un support numérique ; frais d’accès

supplémentaires, etc.). L’abonnement n’est généralement pas le seul mode de financement :

la plupart des revues demandent, en effet, aux auteurs de payer des charges supplémen-

taires (charges par page, charges pour l’insertion de photos, de couleurs, etc.). Un certain

nombre de revues reçoivent aussi des subventions publiques. Il s’agit, de fait, de modalités

de financement mixtes, une revue étant rarement financée par les seuls abonnements (on

peut aussi y rajouter le financement par les publicités insérées dans les numéros de revues).

Actuellement, ce modèle de l’abonnement, en ce qui concerne la publication scientifi-

que, fonctionne très largement sur le mode des « bouquets » (les « Big Deals »), c’est-à-dire

les collections déjà constituées par les grands éditeurs commerciaux. Le prix d’un abonne-

ment pour la plupart des titres de revues scientifiques est tel que l’abonnement individuel

n’a pratiquement plus cours, hormis pour certains magazines généraux, ou encore dans le

domaine des sciences humaines et sociales où les prix restent encore abordables pour le

chercheur individuel. Les « payeurs » ne sont donc plus directement les lecteurs, mais les

bibliothèques et avec la mise en place des « Big Deals », ces dernières se voient de plus en

plus délestées de leur fonction de sélection et de construction de collections particulières.

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Schedae, 2008, prépublication n°12, (fascicule n°2, p. 1-20).http://www.unicaen.fr/services/puc/ecrire/preprints/preprint0092008.pdf

Les revues en « libre accès »La plupart des revues en libre accès existant actuellement sont des revues fonction-

nant en tout ou partie grâce à des subventions. C’est le cas notamment pour la plus grande

part des revues recensées dans le Directory of Open Access Journal (DOAJ) 7. Ces subven-

tions peuvent provenir de dons privés, d’institutions publiques ou de fondations privées. À

ces revenus peuvent s’ajouter les revenus de la publicité, mais aussi, pour un grand nom-

bre d’entre elles une grande part de travail bénévole de la part de scientifiques impliqués

dans leur publication. Ici aussi, le modèle de financement unique est rare et la plupart des

revues cumulent des modes de financement variés. Une partie de ces revues en libre accès

«offrent » leur contenu librement aux lecteurs car il est déjà financé en amont par les auteurs :

c’est le modèle communément appelé de « l’auteur payeur ».

Le modèle de « l’auteur payeur »Cette appellation est en partie trompeuse puisque les auteurs financent très rarement

leurs publications sur leurs propres deniers : généralement, ce sont les institutions scientifi-

ques (laboratoires, départements, universités) qui y consacrent une partie de leur budget

(paiement des «charges auteurs», des traductions et autres frais de publication), mais d’autres

institutions peuvent aussi participer à ce financement (voir plus loin). À l’opposé du modèle

« lecteur payeur », les coûts de publication de l’article sont couverts en amont, ce qui permet

au lecteur d’accéder au contenu sans frais. Ce modèle est actuellement en expérimentation

chez plusieurs éditeurs et sous différentes formes :

– revues dont le contenu est totalement en libre accès : c’est le cas pour un des précurseurs

de ce genre de financement, la Public Library of Science (PLoS) 8, mais aussi pour BioMed

Central (BMC)9 ou Hindawi10, tous éditeurs de revues scientifiques en accès libre ;

– revues dont le contenu est partiellement en libre-accès : plusieurs éditeurs commerciaux

ou de grandes sociétés savantes proposent à leurs auteurs une option de libre accès à

leurs articles : si l’auteur le souhaite, il paye en amont les frais de publication de l’article

qui est alors libre d’accès sur le site de la revue. Il s’agit de modèles économiques en

cours d’expérimentation chez des éditeurs tels que the National Academy of Sciences 11,

Springer 12, Blackwell 13, Oxford University Press14, the American Institute of Physics 15

et depuis peu Elsevier 16. Les éditeurs proposant cette option s’engagent, à terme, si ce

modèle hybride s’avérait fonctionner, à moduler le prix de l’abonnement aux revues en

fonction du nombre d’articles financés en amont.

Les coûts de la publication varient selon les éditeurs sur une échelle moyenne de $500 à

$2500. Si les institutions de recherche le souhaitent, elles ont parfois la possibilité de prendre

un abonnement qui leur permet des réductions sur ces coûts. Il existe aussi des possibilités

de réductions voire d’exonérations pour les pays en voie de développement (lorsque les

éditeurs participent à des programmes du type HINARI 17 ou AGORA 18).

7. Directory of Open Access Journals : http://www.doaj.org/.8. Public Library of Science : http://www.plos.org/index.php.9. BioMed Central : http://www.biomedcentral.com/home/.10. Hindawi : http://www.hindawi.com/.11. National Academy of Science : http://www.pnas.org/.12. Springer : http://www.springer.com/.13. Blackwell Publishing : http://www.blackwellpublishing.com/.14. Oxford University Press : http://www.oup.co.uk/.15. American Institute of Physics : http://www.aip.org/.16. Elsevier : http://www.elsevier.com/.17. Programme HINARI : http://www.who.int/hinari/en/.18. Programme AGORA : http://www.aginternetwork.org/fr/.

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Ce type de financement étant encore très récent, il est difficile de mesurer réellement

sa faisabilité. La Public Library of Science vient récemment d’augmenter ses tarifs afin de

mieux refléter les charges réelles de publication, et les éditeurs commerciaux ne se sont

pas engagés de manière définitive dans cette voie. Par ailleurs, une des difficultés de ce

modèle, dans cette période de transition, réside dans le fait que le « paiement auteur » est

effectué sur des budgets de recherche alors que, dans le modèle classique de l’abonne-

ment, ce sont les budgets des bibliothèques qui sont mis à contribution. Cela pose à la fois

le problème de transfert de budgets (il s’agit alors, au sein d’une même institution, d’une

décision politique), mais aussi celui d’un éventuel « double paiement » tant que le coût de

l’abonnement ne prend pas en compte la part de la revue déjà financée en amont.

Les organismes financeursDifférents types d’institutions peuvent être amenées à subventionner ce type de modèle

économique 19, et les universités ou les institutions de recherche auxquelles sont affiliés les

auteurs ne sont pas les seuls financeurs éventuels. Il peut aussi s’agir de fondations ou d’orga-

nismes privés finançant des programmes de recherche. De plus en plus d’organismes met-

tent en place des programmes d’aides permettant aux auteurs de bénéficier de cette mise

en accès libre de leurs publications. C’est notamment le cas du Wellcome Trust20, l’organisme

privé le plus important pour la recherche biomédicale en Grande-Bretagne et le premier

au monde à avoir imposé une politique d’auto-archivage pour les résultats des recherches

qu’il finance en tout ou partie, cette politique étant effective pour les recherches financées

à partir du 1er octobre 2005, et pour toutes les autres recherches financées, quelle que soit la

date de départ du financement, à partir du 1er octobre 2006 ; ceci permettant aux chercheurs

de ne pas compromettre des publications déjà programmées chez des éditeurs n’autorisant

pas, ou limitant, l’auto-archivage. Quelques autres institutions ont aussi mis en place cette

obligation 21, mais elle n’est pas toujours assortie d’une aide au financement des frais de

publication comme c’est le cas pour le Wellcome Trust. Les chercheurs dont les institutions

sont membres de BioMed Central 22 n’ont pas à payer de charges pour la publication de

leurs articles dans les journaux de BMC car ces frais sont couverts par l’abonnement payé

par les institutions. Une autre stratégie de la part de ces financeurs peut aussi être celle de

l’Open Society Institute 23 qui subventionne directement des éditeurs de revues en accès

libre comme BMC ou le DOAJ. Le programme « Leading Edge » de la Scholarly Publishing

and Academic Resources Coalition (SPARC)24 vise aussi à financer des initiatives permettant

d’améliorer la communication scientifique et BMC, notamment, fait partie des projets sub-

ventionnés.

19. “Which funding agencies explicitly allow direct use of their grants to cover article-processing charges ?” :http://www.human-resources-health.com/info/faq/apcfaq.asp?txt_faq=grants. Liste des agences definancement permettant explicitement l’utilisation directe de leurs financements pour le paiement desfrais de publication.

20. Wellcome Trust : http://www.wellcome.ac.uk/21. Voir la liste des politiques institutionnelles en matière d’auto-archivage maintenue sur le site ROARMAP

(Registry of Open Access Repository Material Archiving Policies) :http://www.eprints.org/openaccess/policysignup/. C’est notamment le cas du CERN, mais aussi de la Queensland University of Technology enAustralie, du National Institute of Technology en Inde, de l’Universidade do Minho au Portugal, de l’Uni-versité de Zurich en Suisse ou encore des Research Councils en Grande-Bretagne. Aux Etats-Unis, lesNational Institutes of Health (NIH) recommandent fortement l’auto-archivage aux chercheurs dont ilsfinancent les recherches, ce dépôt devant avoir lieu au plus tard six mois après la publication de l’articledans une revue scientifique.

22. Liste des institutions membres de BioMed Central : http://www.biomedcentral.com/inst/.23. Open Society Institute : http://www.soros.org/initiatives/information.24. Scholarly Publishing and Academic Resources Coalition : http://www.arl.org/sparc/partner/le.html.

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Grâce à ces différentes sources de financement, la publication d’articles dans des

revues fonctionnant en tout ou partie sur le modèle du « paiement auteur » peut être assez

facilement envisageable pour les chercheurs. Cependant, ces initiatives pouvant profiter

plus aux grands organismes ayant décidé d’y participer ou aux institutions des pays en voie

de développement bénéficiant de programmes spécifiques, les chercheurs affiliés à des

organismes plus modestes ou plus isolés pourraient aussi avoir plus de difficultés à profiter

de ce type de publication, et par voie de conséquence, à souffrir d’une visibilité moindre.

Vers un modèle de transition ?Selon le Wellcome Trust, le modèle du libre accès est économiquement viable (Well-

come Trust, 2004), et même si les économies globales peuvent s’avérer faibles, elles parais-

sent envisageables grâce au modèle du « paiement auteur ». Par ailleurs, les avantages ne

se situent pas uniquement dans une seule comptabilité financière : en effet, de plus en plus

d’études font état des bénéfices scientifiques direct du libre-accès, même si, là aussi, un peu

de recul serait nécessaire pour les mesurer objectivement. Il serait cependant possible d’envi-

sager un meilleur système de financement permettant la transition.

En effet, selon une estimation du Wellcome Trust (Wellcome Trust, 2004, voir tableau n˚ 1),

si l’on compare les coûts moyens de publication d’un article, on constate que les coûts totaux

de production par article sont moins élevés dans le modèle de financement en amont

(modèle du « paiement-auteur ») que dans celui de l’abonnement. Ces coûts comprennent

des coûts fixes et des coûts variables. Les coûts fixes25, constitués pour la majeure partie

des coûts de production de la première copie de l’article qui sont les mêmes dans les deux

modèles (de 1500 US$, pour une revue de bonne/grande qualité, à 750 US$, pour une revue

de moyenne qualité), sont équivalents. Les coûts variables, par contre, sont susceptibles

d’être moins élevés dans le modèle du financement en amont car la revue n’a plus à suppor-

ter des coûts de gestion des abonnements (la gestion du paiement par les auteurs étant

nettement moins lourde) ni de gestion et de promotion commerciale du titre. La majeure par-

tie des coûts dans le modèle du financement en amont est donc constituée par des coûts fixes.

Dans ce modèle, puisque le financement a lieu en amont, il est possible de séparer les

coûts de soumission (c’est-à-dire les coûts de sélection des articles par les pairs 26) et les

coûts de publication. Et l’on pourrait ainsi envisager un système de tarification double avec

un tarif pour la soumission de l’article et un autre tarif pour la publication des articles sélec-

tionnés. Avec un tel système de prix, tous les auteurs paient pour l’évaluation de leur article 27

et ainsi le coût du processus de sélection des articles est réparti sur la totalité des articles

proposés à la revue. Cela permet ensuite d’envisager un tarif moins élevé pour la publica-

tion proprement dite, une fois l’article accepté. Selon l’estimation du Wellcome Trust, en

25. Ces coûts fixes sont équivalents, que ces revues soient au format papier et électronique. On considèregénéralement que le format électronique permet au mieux 30 % d’économie sur les coûts liés à la pro-duction et à la distribution du format papier, mais les coûts supplémentaires de maintenance et de ges-tion informatique absorbent cette marge.

26. Si le travail d’évaluation de l’article par les rapporteurs n’est traditionnellement pas rémunéré, il engendrenéanmoins des coûts de gestion pour la revue. Ces coûts seraient bien plus élevés si les rapporteursdevaient être rémunérés. Cependant, ce fonctionnement n’est pas vraiment envisageable car, même s’ilparaît juste de rémunérer un travail qui, pour être mené à bien, demande du temps, cela poserait des pro-blèmes d’éthique préjudiciable au bon fonctionnement de la recherche. Le travail de rapporteur n’est cer-tes pas rémunéré directement (comme la publication d’articles, rémunérée indirectement sur le temps detravail du chercheur), mais il est aussi une reconnaissance de l’expertise scientifique de celui qui l’exerce.

27. Cette proposition est tout à fait réaliste : en effet, la plupart des auteurs bénéficient des commentaires etdes conseils des rapporteurs, même si leur article n’est finalement pas accepté. Souvent, l’article estrepris sur la base de ces recommandations et proposé à une autre revue. Le paiement d’une somme encontrepartie de cette évaluation ne paraît absolument pas inique.

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se basant sur un tarif de soumission de 175 US$ par article, et en considérant un taux de

sélection de huit articles évalués pour un article accepté pour une revue de bonne à moyenne

qualité, un tarif de 550 US$ suffirait pour couvrir les frais de publication. Pour une revue de

moyenne qualité ayant un taux de rejet moindre, le taux de sélection étant estimé à deux

articles évalués pour un article accepté, le coût de la publication s’élèverait à 675 US$.

ConclusionComme nous l’avons déjà précisé, nous sommes actuellement dans une période d’expé-

rimentation du modèle de financement en amont de la publication scientifique et sa faisa-

bilité économique n’est pas encore assurée. Certains chercheurs se posent aussi la question

de l’honnêteté d’un tel système de paiement, même si chez les éditeurs utilisant ce modèle

le processus de soumission et d’évaluation des articles est bien distinct de celui de leur finan-

cement. On peut aussi se demander si la possibilité de payer pour publier ne risquerait pas

d’entraîner une baisse de la qualité des publications, mais cela ne constituerait pas une

bonne stratégie commerciale et éditoriale à long terme ; ou une hausse des prix, mais cela

pourrait, au contraire, développer une saine compétition des tarifs entre les différents édi-

teurs. Par ailleurs, le financement en amont augmente la sensibilité aux prix des auteurs, mais

cela pourrait aussi s’avérer bénéfique pour permettre une diminution du nombre d’articles

soumis et, parallèlement d’une augmentation de la qualité des articles : dans un modèle

de publication électronique en libre-accès, il devient, en effet, plus difficile et moins néces-

saire de publier plusieurs fois une version similaire d’un même article. Ainsi, ce qui semble

encore actuellement constituer des faiblesses pourrait bien finir par devenir des avantages

pour la publication scientifique.

Quant au modèle de transition présenté, s’il paraît judicieux, il faut considérer qu’il ne

s’agit que d’une estimation et d’une hypothèse, et aussi garder en tête que le marché de

l’édition scientifique est bien trop complexe et diversifié pour qu’une solution standardisée

Type de coûts Modèle de l’abonnement (US$) Modèle du financement en

amont, « paiement auteur »

(US$)

Revue de

bonne/grande

qualité

Revue de

qualité

moyenne

Revue de

bonne/grande

qualité

Revue de

qualité

moyenne

Coûts de production

de la première copie par article

1500 750 1500 750

Coûts fixes par article

(coûts de première copie inclus)

1650 825 1850 925

Coûts variables par article 1100 600 100 100

Total des coûts par article 2750 1425 1950 1025

Tarifs de soumission envisageables

par article

175 175

Total des tarifs de soumission 1400

(8 articles évalués

pour un article

accepté)

350

(2 articles

évalués pour

un article

accepté)

Tarifs de publication envisageables 550 675

Tableau n˚ 1 : comparaison (basée sur les données collectées par le Wellcome Trust) des estimations en dol-lars (US) des coûts moyens par article entre le modèle de l’abonnement (lecteur-payeur) et le modèle du« paiement-auteur » (Source : Wellcome Trust, 2004, p 3).

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puisse s’appliquer de manière générale à toutes les situations, et à toutes les disciplines.

Mais puisque le financement en amont est actuellement expérimenté, il serait intéressant

d’y inclure ce type de double tarification.

D’aucuns peuvent peut-être rêver d’un système qui serait totalement pris en charge au

sein de la communauté scientifique, éliminant tout acteur extérieur et donc toutes charges

« superflues », sur le mode de fonctionnement des archives ouvertes, par exemple. Il paraît,

cependant, actuellement difficile d’envisager un système sans revues, ou à proprement

parler, sans le double système de sélection éditoriale et d’évaluation des articles actuelle-

ment supporté par les revues. Si ce système de validation du contenu scientifique reste

nécessaire au fonctionnement de la recherche, rien n’empêche d’autres structures que la

revue de le prendre en charge. Actuellement, ce n’est pas le cas ni l’objectif des archives

ouvertes, et la revue reste encore le mode le plus approprié pour cela.

RéférencesBeaudry G., Boismenu G., Le Nouveau Monde numérique. Le cas des revues universitaires, Paris,

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