Archibat num18

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Archibat magazine

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SommaireR e v u e m a g h r e´ b i n e d � a m e´ n a g e m e n t d e l � e s p a c e e t d e l a c o n s t r u c t i o n

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E´DITORIAL

ARCHIBAT NEWSLumie`re sur Kairouan

ACTUALITE´ NATIONALE Les palais de Tunis a` l�honneur

COUP DE COEURExpos Samir Makhlouf,Feryel Lakhdar, Biat Expo

ACTUALITE´ INTERNATIONALE Le complexe El Andalous a` Tripoli

RE´ALISATIONMuse´e de la monnaie de Tunis

COLLOQUEQuelle architecture pour quel tourisme ?

L�ARCHITECTURE EN DEBAT

Architecture spontane´e � Architecturedurable. Nouveaux enjeux responsables

RENCONTRE AVEC PHILIPPE MADEC

Architecture des muse´es, un concept a` re´inventer

� Entretien avec M. Habib Ben Younes

� Le muse´e arche´ologique et historiqued�Enfidha

� L�architecture muse´ale en Tunisie : entre recyclage et cre´ation

� Le muse´e du Patrimoine Traditionnel deDjerba, un nouveau type de muse´e

� Les muse´es, une architecture spe´cifique ?

� Nouveaux muse´es dans les pays arabessurenche`re architecturale ou valorisation du patrimoine national ?

� Le parcours et l�e´clairage dans le muse´e etdans l�exposition

� Les techniques de pre´sentation dans lesmuse´es : retour sur les notions demuse´ographie, sce´nographie et expographie

� La place de l�espace et ses repre´sentationsdans les muse´es virtuels

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DIPLOˆME� Projet de centre d�interpre´tation

du site arche´ologique d�Oudhna

PATRIMOINE� Les palais de la me´dina de Tunis et de ses environs,

CONCOURS� Cityscape Architectural Awards� L�Union Ge´ne´rale des Travailleurs Tunisiens� La future cite´ sportive olympique de Sfax

E´CONOMIE D�ENERGIE� Incitations a` la maiˆtrise de l�e´nergie dans le baˆtiment quelles aides pour quels projets ?

TECHNIQUE & CONSTRUCTION� La climatisation au gaz ou au solaire

L�INVITE´E� Franc¸oise - He´le`ne JOURDA, architecte

AILLEURS� L�agglome´ration Parisienne mise en chantier

ARTS ET DE´CO

� Esthe´tisme et fonctionnalite´ � Halim Karabibe`ne � Mohamed Ben Soltane

LIVRES ET LIVRAISONS

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E´ditorial

ARCHIBATRevue maghrébine à parutionsemestrielle, publiée par :Architecture Bâtiment et Communication, sa

19, Rue 8300, Imm. Luxor I, Br. M/2Montplaisir 1073 TunisTél. : 216 71 844 467 - 842 185Fax : 216 71 847 044E-mail : [email protected] web : www.archibat.com.tn

DDiirreeccttrriiccee ddee ppuubblliiccaattiioonnAmel SOUISSI TALBIOOnntt ccoollllaabboorre´e´ a`a` ccee nnuumme´e´rroo ::Olfa BELHASSINEAlia BEL HAJ HAMOUDA CHERIFTaoufik BEN HADIDHabib BEN YOUNESInès DIMASSI KHIRITaher GHALIASoumaya GHARSALLAH HIZEMAli KANZARIOuiem KARTASDenis LESAGEAurélie MACHGHOULOns SAKJI SMAOUIAlia SELLAMI BEN AYEDMoez TABIB

MMeemmbbrreess ffoonnddaatteeuurrssLeïla AMMARAli DJERBIAmel SOUISSI TALBIAchraf BAHRI MEDDEB Morched CHABBI Denis LESAGE

PPuubblliicciitte´e´ :: ABC : Architecture Bâtimentet Communication :Zouhaira TALBI REBAIEmna BEN ROMDHANE TOUMI

CCoonncceeppttiioonn eett RRe´e´aalliissaattiioonn Agence MIMTél. : (216) 71 950 344 / 330ImpressionFINZI USINES GRAPHIQUES

Les articles publiés dans cette revue, et lesidées qui peuvent s’y exprimer n’engagentque la responsabilité de leurs auteurs.Tous droits de reproduction, réservéspour tous pays. Les textes et photos reçuset leurs envois impliquent l’accord de l’au-teur pour leur libre publication.

VISA N° 2796Dépôt légal : juin 2009

Musée des arts à Denver (USA) © Studio Daniel Libeskind

Le printemps 2009 s’est révélé particulièrement faste et fertile en manifestations pour Archibat. Notrerevue a en effet organisé au cours de cette saison des évènements avec de multiples partenaires autourde problématiques liées à l’architecture et à l’urbanisme d’aujourdhui.

Car nous restons convaincus que l’art de réfléchir, de concevoir et d’édifier les bâtiments publics etprivés, les quartiers et les villes se doit de trouver sa place dans le paysage culturel et intellectuel de notrepays.Ce public pour qui nous voulons rendre la chose architecturale accessible et proche de ses préoccu-pations quotidiennes ne nous a point déçus. Il est venu nombreux, intéressé et attentionné suivre nostables rondes, conférences-débats et expositions sur les palais.

C’est avec le duo formé par l’architecte Philippe Madec et son éditeur Jean-Michel Place que nous avonsouvert le bal à travers une table ronde sur le thème « Architecture spontanée-architecture durable »,organisée le 11 avril dernier en collaboration avec l’Ecole Nationale d’Architecture et d’Urbanisme(ENAU) et l’Association de sauvegarde de la médina de Tunis, elle a impliqué plusieurs architectes et urba-nistes tunisiens, dont Jellal Abdelkafi, Henda Gafsi, Denis Lesage,Ali Cheikhrouhou ... L’approche humanis-te de Philippe Madec nous a séduits. L’architecte, écologiste convaincu, s’insurge contre les réponsesstandardisées du développement durable. Il estime que les architectes doivent rechercher aujourd’hui« les conditions d’un nouveau savoir-vivre ensemble », « des relations apaisées entre les hommes et laterre ». Pour cela il préconise de retenir la culture comme « quatrième pilier du développement durableaux côtés de l’économie, de l’environnement et des préoccupations sociales ».

Le travail de l’architecte Françoise-Hélène Jourda s’inscrit dans la même sensibilité, à l’écoute de lafragilité des ressources planétaires. Conviée le 25 avril dernier par l’Institut français de coopération,l’ENAU et Archibat à présenter une conférence sur « l’architecture renouvelée et le développementdurable », elle a interpellé le public par son subtil sens de la provocation. Prôner une « architecture de lalaideur » est en fait un procédé pour attirer l’attention sur l’essentiel : le bien- être des hommes et desfemmes, qui se situe à l’antipode de la primauté accordée, ces dernières années, à l’esthétique visuelle,support d’une médiatisation à toute épreuve. Françoise-Hélène Jourda est l’invitée de ce numéro(lire notre entretien avec elle).

Enfin, pour prendre part au Mois du Patrimoine 2009, notre revue et l’Agence de mise en valeur dupatrimoine et de promotion culturelle ont organisé ensemble au palais El Abdelliya à la Marsa,du 7 au 19 mai dernier, une grande exposition de photos et de pièces de décoration sur « les palais de lamédina de Tunis et de ses environs ». L’exposition qui vient prolonger par l’image et l’objet notre dernierdossier sur les palais (Archibat 17) a été accompagnée le 9 mai par une matinée d’études sur le même thè-me. Ce partenariat avec une agence nationale travaillant depuis plus de vingt ans sur le patrimoine tunisiennous a fait un immense honneur.Nous souhaitons que de telles associations public/ privé se renouvellent etse multiplient. Notamment dans les domaines du patrimoine, de l’architecture et de l’urbanisme.

Ainsi en matière de musées par exemple, sujet du dossier de cette édition, les privés ont réussi, malgréparfois quelques faiblesses scientifiques, à combler un vide culturel dans des zones comme Tozeuret Djerba. Ici encore l’appui des institutions publiques spécialisées dans la planification muséale ne peutque faire avancer au mieux ces espaces devenus au gré des années des centres autonomes de culture,d’histoire et de vie.

Aujourd’hui, les nouveaux outils de conception en 3D et les techniques constructives, permettent debâtir des formes complexes. Disséminées de par le monde, des créations architecturales toujours plusnovatrices et visionnaires témoignent du souffle nouveau que donne le XXIe siècle aux musées. Ainsi sedéveloppe dans le sillage du musée Guggenheim à Bilbao, une architecture-sculpture, avec laquelle lescréateurs font rêver les édiles, les émirs et les patrons de grandes entreprises en quête d’images choc.Les musées, lieux privilégiés de l’expression architecturale, se révèlent des acteurs majeurs dudéveloppement urbain par la présence symbolique qu'ils assurent au cœur de la ville et deviennent lecentre d'attraction de nouveaux mondes.

Amel SOUISSI TALBI, architecte

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Archibat NewsArchibat News

Pont de Radès-La Goulette

Plusieurs villes, telles que San Francisco, Millau ouencore Avignon, sont devenues célèbres de part lemonde grâce à leur pont.Tunis n’est pas en reste. Levisage de la capitale a été enluminé par cet ouvraged’art titanesque qui a été inauguré le 21 mars 2009 parle Président Zine El-Abidine Ben Ali.

Construit dans le cadre de la coopération entre leJapon et la Tunisie, les travaux du pont à haubansextradossé, lancés depuis 2004, sont réalisés par desentreprises tunisiennes, japonaises (Taisei et Kajima),égyptiennes (Arab Contractors) et françaises(VSL pour les haubans), et bénéficient du concours deplusieurs bureaux d’études japonais et tunisiens :Nippon Koei, PCI, Scet et Studi.

Le pont Rades-La Goulette, long de 260 m, retenupar deux pylônes d'une hauteur de 45 m, est posé à20 m au-dessus du niveau de la mer. L'échangeur, quiconnecte le pont et la voie express Tunis-La Goulette,comprend quatre ponts et plusieurs bretelles ;il constitue la partie la plus coûteuse du projetpuisqu'il représente 42 % du coût global (estimé à141 millions de dinars) et a nécessité le remblaiementde 25 hectares sur le lac.

Ce pont reliant les banlieues nord et sud de Tunis,permet désormais le franchissement du canal de navi-gation par un nouvel itinéraire contournant Tunis. Cetouvrage d'une grande technicité (fondations de grandeprofondeur en zone sismique, tablier à quatre âmes dehauteur variable, quatre types de précontrainte dontune extradossée) est le premier du genre en Tunisie eten Afrique. Fruit d’une haute technologie, ce pont esttrès largement employé au Japon alors qu’il est encorepeu mis en œuvre en Europe.

Le démarrage de l’opération pilote du PMNS

La phase pilote du programme de mise à niveau desservices a été lancée récemment, ayant pour objectifde promouvoir la compétitivité des entreprisesopérant dans tous les secteurs des services profes-sionnels. L’état a mis en place un programme de miseà niveau des services du secteur tertiaire, dans le butde préparer ce dernier à sa prochaine phase de libéra-lisation. Ce programme interviendra sur deux champscomplémentaires dont le premier agira sur l’améliora-tion de l’environnement de l’entreprise, du cadre légis-latif et réglementaire et le renforcement du systèmed’information sur le secteur. Et le second concerneral’entreprise à travers le diagnostic et l’élaboration deplans de mise à niveau. L’opération pilote du program-me de mise à niveau des services, a déjà démarré.Cette phase se déroulera en sept mois (juin-décembre2009), et interviendra sur une centaine d’entrepriseschoisies (avec un coût de 2 millions de dinars). Cettephase pilote, a pour finalité de permettre une meilleu-re connaissance des attentes et des besoins des entre-prises et de mettre en place une stratégie de générali-sation du programme. Il est à signaler que les candidatspeuvent postuler à travers : www.commerce.gov.tn

Mémoires Andalouses

C’est l’intitulé du symposium international qui s’esttenu en juin 2009 à la Cité des Sciences à Tunis. Placésous le patronage de M. Abderraouf El Basti, Ministrede la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine, cesymposium a été organisé par l’OAT, Hichem Mehdi,vice président du Conseil de l’Ordre des ArchitectesTunisiens et commissaire de ce symposium, en colla-boration avec l’Ecole Nationale d’Architecture etd’Urbanisme, l’Agence de Mise en Valeur duPatrimoine et de la Promotion Culturelle, l’Ambassaded’Espagne et l’Agence Espagnole de CoopérationInternationale pour le développement ainsi quel’Agence de Sauvegarde de la Médina de Zaghouan.

Nombreux intervenants architectes, ingénieurs, urba-nistes, historiens et musicologues…, tunisiens etétrangers, étaient présents pour participer à cettefête qui a célébré le passage de quatre cents ans del’expulsion des Morisques. Ce symposium a été créédans le but d’inciter les chercheurs des deux rives dela Méditerranée à collaborer ensemble afin d’affinerleurs études et approfondir leurs recherches sur lapériode de la migration des Morisques. Les différentesconférences ont dévoilé comment ce peuple expatriéa pu s’épanouir dans cette terre d’accueil et l’enrichirpar sa haute culture et son grand savoir-faire. Lesintervenants ont donné un aperçu sur les apportsandalous qui ont fortement influencé notre culture etqui se manifestent dans la morphologie et la typologiedes maisons, existant encore dans les anciennes villesmorisques de la Tunisie (Slimane, Zaghouan,Testour…), le vocabulaire et l’ornementation architec-turale, le répertoire musical, l’agriculture biologiqueainsi que les costumes.Afin d’enclencher une réflexionsur la sauvegarde de ce riche patrimoine andalou,l’inauguration de l’ancienne presse à huile andalouse,à Zaghouan, reconvertie en « maison-laboratoire »,a marqué cet événement.

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La mise en valeur de la première cité musulmane fondéeau Maghreb est une œuvre de longue haleine, entreprisedepuis des décennies par le Ministère de la Culture et dela Sauvegarde du Patrimoine, la Municipalité etl’Association de Sauvegarde de la Médina de Kairouan.

De beaux résultats ont déjà été obtenus, dont notam-ment l’embellissement des voies de médina par l’enfouis

sement des réseaux électriques et autres accrochés surles façades, et récemment l’opération de réhabilitation dela place Jraba menée en collaboration avec la CommissionEuropéenne .

Cette dernière opération, dont les objectifs, outre la re-mise à niveau esthétique du site, visent le développementdurable, économique et sociale, est arrivée à son terme àla veille de la proclamation, à l’initiative de l’ISESCO

(Organisation Islamique pour l’Éducation, la Science etla Culture) de « Kairouan Capitale de la CultureIslamique pour 2009 ».

À cette occasion, il est à noter que la sauvegarde et lamise en valeur du patrimoine à Kairouan n’est pluscirconscrit à l’aspect physique de ce patrimoine, mais

qu’elle englobe également le symbolique et l’immaté-riel grâce aux technologies médiatiques mise enœuvre pour « l’année de Kairouan ».

Le plus spectaculaire a été bien sûr le spectacle « Kairouan l’éternelle » présenté le 10 mars 2009 àl’ouverture de l’année de Kairouan, associant, en pleinair, de nuit, les tableaux vivants, les commentairessonores, l’accompagnement musical, les jeux delumière et les projections d’images sur les murailleshistoriques.

Ce démarrage en fanfare a été un grand monumentartistique, mais aussi une contribution inestimable à lasauvegarde et la mise en valeur. Il a été suivi par denombreuses manifestations : festivals de chant, dethéâtre,colloques,expositions culturelles et scientifiquesqui ont apporté leur concours.

Le Centre du Patrimoine Traditionnel de Kairouan, dontla construction a été décidée dans le cadre 2002/2010du Projet de Gestion et de Valorisation du PatrimoineCulturel cofinancé par la Banque Mondiale, a étéinauguré par le Chef de l’État le 27 avril 2009.

Ce centre abrite actuellement une exposition deréférence « témoignage de l’histoire de Kairouan ».Il constituera pour de nombreux visiteurs deKairouan, notamment les étrangers non musulmans, laporte d’entrée pour la connaissance des richesses dela culture et de la civilisation kairouannaises, présen-tées sous diverses formes médiatiques audio-visuellesmodernes, dès la mise en place, fin 2009, du dispositifmuséographique prévu. Par ailleurs la promotion dupatrimoine culturel tunisien a commencé sur lesautoroutes tunisiennes, sous forme de grands panneauxiconographiques destinés à rappeler aux automobilistesqu’ils circulent dans une terre de vieilles civilisationsdont les sites marquants sont multiples.

Denis LESAGE, architecte

Lumie`re sur Kairouan Archibat NewsArchibat News

Coupe sur le Centre duPatrimoine Traditionnel

de Kairouan

Le spectacle son et lumière,s’est tenu derrière le minaretde la grande mosquée Okba

Ibn Nafaa. L’immense minaretet les remparts qui le jouxtent

ont servi d’écran auxsix tableaux artistiques

narrant le patrimoine matérielet immatériel de Kairouan,

une fresque conçue parMourad Sakli, d’après un

texte de Ali Louati, sur unemise en scène d’Ilyès Baccar.

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Actualite´ nationaleActualite´ nationale

DDaannss llee ccaaddrree dduu mmooiiss dduu ppaattrriimmooiinnee,, ll��AAggeennccee ddee MMiissee eenn vvaalleeuurr dduu PPaattrriimmooiinnee eettddee PPrroommoottiioonn CCuullttuurreellllee eett nnoottrree rreevvuuee AArrcchhiibbaatt oonntt oorrggaanniisse´e´ aauu ppaallaaiiss EEll AAbbddeelllliiyyaaeenn mmaaii ddeerrnniieerr uunnee eexxppoossiittiioonn ssuurr llee tthhe`e`mmee �� PPaallaaiiss ddee TTuunniiss eett ddee sseess eennvviirroonnss,, rrii--cchheessssee eett ddiivveerrssiitte´e´ ��.. IInnaauugguurre´e´ee ppaarr llee mmiinniissttrree ddee llaa ccuullttuurree eett ddee llaa ssaauuvveeggaarrddee dduuppaattrriimmooiinnee,, MM.. AAbbddeerrrraaoouuff EEll BBaassttii,, cc��eesstt ppoouurr llaa pprreemmiie`e`rree ffooiiss qquu��uunnee tteellllee eexxppoossii--ttiioonn aa lliieeuu eenn TTuunniissiiee eett rreeggrroouuppee uunnee vviinnggttaaiinnee ddeess pplluuss pprreessttiiggiieeuuxx ppaallaaiiss ddee llaaMMe´e´ddiinnaa ddee TTuunniiss mmaaiiss aauussssii lleess rre´e´ssiiddeenncceess eessttiivvaalleess ddeess BBeeyyss a`a` llaa MMaarrssaa,, a`a` ll��AArriiaannaaoouu aauu BBaarrddoo,, pprre´e´sseenntte´e´ss ssoouuss ffoorrmmee ddee ppllaanncchheess iilllluussttrre´e´eess eett ddooccuummeenntte´e´eess..

Les palais présentés ont été sélectionnés selonleurs originalités, leurs typologies spatiales etleurs nouveaux apports en matière d’architec-ture, de décoration et de techniques construc-tives. Les textes descriptifs ont retracé l’histoirede ces hauts lieux du patrimoine tunisien depuisleur édification jusqu’à leur fonction actuelle.

En continuité avec le dernier numéro denotre revue Archibat, consacré au thème desPalais, l’exposition a permis de découvrir ou deredécouvrir sous une nouvelle approche des édifices prestigieux tels que Dar Lasram(Medina de Tunis), le Palais du Baron d’Erlanger(Sidi Bou Saïd), mais aussi d’autres lieux moinsconnus mais tout aussi exceptionnels comme lePalais Ben Ayed (Ariana), le Palais Ksar Essaïd(Bardo), le Palais Kobet Enhass (Manouba) ouencore le Palais Kheireddine (Médina de Tunis).

Ayant pour objectif de montrer la richessearchitecturale, le bon goût et la culture de raffi-nement qu’avaient nos ancêtres dans l’architec-ture et la décoration intérieure de leursdemeures, cette exposition a porté un éclairagesur des palais qui ont connu des opérations de

restauration, réaffectation ou reconversionréussies et présente aussi des exemples de pa-lais en mal de protection et qui sont menacéspar la dégradation, la ruine ou la démolition.

L’objectif final étant de susciter l’intérêt d’unlarge public sur ce précieux patrimoine archi-tectural et historique qui témoigne des diffé-rents apports et savoir-faire des communautésqui ont afflué en Tunisie et aussi d’enclencherune réflexion sur les moyens et mécanismesà mettre en place pour le restaurer, le sauveret continuer à le transmettre aux générations futures.

A cet effet une matinée d’étude au sujetde l’avenir des palais a été organisée en margede cette exposition. Nous en présentons,dans la rubrique Patrimoine de ce numéro, lecompte- rendu.

L’implication de notre revue dans cet événe-ment, qui fut largement médiatisé, s’inscrit dansnotre engagement pour la valorisation de l’ar-chitecture tunisienne et la diffusion d’une cultu-re architecturale à destination d’un large public.

Les palais de Tunis a` l�honneur

Dans le magnifique Palais El Abdelliya, classé monument historique en 1923 et dont la fondation hafside remonte au débutdu XVIe siècle, l’atelier Driba, a agrémenté l’exposition par sa collection de céramique, de ferronnerie et de boiserie.

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M. Abderraouf El Basti,Ministre de la Culture et de

la Sauvegarde duPatrimoine, accompagné

par M. Ahmed El Djellouli

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Grand prix Sika tunisienne Etablie en tunisie depuis 50 ans, la société SikaTunisienne s’est mobilisée à sa manière pour sauver un

pont de type bow-string construiten 1931 à Korba et qui est aujour-d’hui menacé de destruction àcause des difficultés de circulationdues à son étroitesse. Par l’entre-mise d’un concours d’idées, la so-ciété Sika a souhaité attirer l’at-tention quant à l’importance pa-trimoniale de ce pont, emblèmede la ville de Korba.Ce concours aexigé un regroupement de tri-nômes d’étudiants composés d’unétudiant ingénieur pour solution-ner le déplacement du pont, unétudiant technicien supérieurpour résoudre l’aspect technique

de sa réparation, et enfin un étudiant en architecturepour proposer une nouvelle utilisation et une revalori-sation du pont. La remise du premier prix a étéorganisée au cours du salon MEDIBAT à Sfax le

4 mars, en présence de Monsieur le Ministre del’Equipement et de l‘Aménagement du Territoire. Letrinôme vainqueur regroupe Bilel Jaballah, Selman Jedliet Wael Abouda. Le 2ème prix a été attribué au groupe-ment constitué par Amena El Aroui Anis BrahmiOussama Chaabane. Enfin le 3ème prix a été remis àBoulbeba Hmani, Hassib Bkalti et à Zied Ben Bnina.Lesgagnants ont été récompensés par un chèque de4500 dinars. Le deuxième prix a reçu un chèque de3000 dinars et le 3ème prix un chèque de 1500 dinars.En tant que partenaire Presse de cet événement, la so-ciété d’édition ABC a offert aux étudiants participantsdes exemplaires et des abonnements à la revueArchibat. Les idées de valorisation apportées par lesétudiants ont été soumises à la municipalité de Korbadans le but d’encourager la sauvegarde de ce pont his-torique. Ce concours d’idées, lancé par Sika a donnéaux étudiants l’opportunité de travailler en groupementpluridisciplinaire provenant de différents établissementsuniversitaires et a représenté pour eux une occasioninstructive de confrontation à la vie professionnelle.

Des e´tudiants de l�ENAUprime´s au concours KNAUFLa filiale tunisienne du groupe allemand KNAUF, spécia-liste des matériaux de construction sèche, a lancé le19 janvier dernier, un concours qui a rassemblé 25 étu-diants de l’ENAU. Son objectif était de concevoir un espace modulaire de détente pour une maman et sonbébé, ceci en utilisant astucieusement les solutionsKNAUF. Les participants ont été encadrés et conseilléspar le service technique de KNAUF. Inspirés d’un nidd’abeille, d’un ventre de maman, de personnages de jeuvidéo, ou du futurisme des systèmes KNAUF, plusieursétudiants candidats ont fait preuve d’une grande créati-vité. La lauréate de ce concours est l’étudiante FatmaZohra Sakka. Le 2ème et le 3ème prix ont été remis respec-tivement à Houssem Eddine Mnejja et à MariemJabloun. La lauréate s’est vue offrir un voyage et une vi-site de l’un des sites de production de KNAUF enEurope.Des abonnements à la revue Archibat ont égale-ment été offerts aux lauréats. Madame la Secrétaire

d’Etat chargée de l’enfance, qui a remis le 1er prix, a vive-ment encouragé la réalisation du projet primé. KNAUFpourrait dans cette perspective le réaliser sur son standlors du prochain salon du bâtiment Carthage 2010.

Retrouvez tous les résultats des projets lauréats surnotre site : www.archibat.com.tn

Actualite´ nationaleActualite´ nationale

Abonnez-vous à la revue Archibat sur

www.archibat.com.tnPortail internet dédié aux professionnels de la construction

M. Salaheddine Malouche,Ministre de l’Equipement

et de l’Aménagement duTerritoire, remettant le

prix aux étudiants lauréats

ARCHITECTURE BATIMENTET COMMUNICATION

u n s e r v i c e d e

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Boukhatir, le`ve le voilesur la cite´ � Cedar �Le groupe émirati Boukhatir a annoncé récemment,l’ouverture officielle des ventes des unités résiden-tielles « Cedar » de la future ville, Tunis Sport Cityqui va se dresser sur 256 hectares à l’horizon du lacnord de Tunis. Les travaux préliminaires de la premièreentité de ce méga-projet ont été entamés depuis le3 janvier 2009. Le projet « Cedar » représenterale quartier résidentiel de cette cité qui s’étalera sur364. 000 m2 et sera composée d’une panoplie d’unitésrésidentielles donnant toutes sur un terrain de golf18 trous « Jardins de Tunis ». Cette dernière compor-tera 70 villas luxueuses avec des superficies diverses,dotées de piscines et jardins privés et des tours rési-dentielles offrant plusieurs types d’a partements dehaut standing avec différentes configurations spatiales.A concept centré autour du sport,Tunis Sports City,ouvre la porte à une nouvelle génération de projetavant-gardiste où qualité architecturale rime avec unnouveau style de vie.

Actualite´ nationaleActualite´ nationale

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Pose de la premie`re pierre du Port Financier de TunisLe Président de la République a posé, au cours d’une cérémonieorganisée en juin 2009, la première pierre du projet de centre fi-nancier off-shore. Situé dans la baie de Tunis, dans la délégation deKalaat El Andalous (à proximité de Raoued), ce mégaprojet serafinancé par Gulf Finance House (GFH), banque islamique d'inves-tissement basée à Manama (Bahreïn) et leader dans la région duGolfe. Il occupera une superficie de 520 hectares avec montantd’investissement de 3 milliards de dollars.

Situé à un carrefour stratégique entre les marchés européens,nord-africains et du Moyen Orient, ce projet est appelé à ac-cueillir des sociétés internationales dans le domaine de la finance,de conseil et de services. Lors d’une conférence de presse tenueen Juin, M. Issam Youssef El Janahi, président du conseil d’adminis-tration de la Gulf Finance House a annoncé le début d’un proces-sus d’appel d’offres aux entreprises, le démarrage des travauxd’infrastructure et révélé les principales composantes du PortFinancier de Tunis.

Il s’agit, notamment, d’un centre d’investissement bancaire et deconseil, un centre d’affaires, une plaque tournante pour les assu-rances « Takaful », ainsi que la première bourse financière interna-tionale de la région. Parallèlement à ces fonctions, un institut in-ternational d’affaires sera réalisé. En complément aux aspectscommerciaux, une série d’installations résidentielles et de loisirs,y compris une marina et un parcours de golf de 18 trous, fontpartie du schéma directeur.

Le Port financier de Tunis, qualifié de mégaprojet de développe-ment économique par le responsable Bahreïni, sera réalisé enquatre phases. La première phase sera lancée au cours du troisiè-me trimestre 2009. Au cours de la phase initiale du projet quis’étalera sur 4 ans, des travaux d’infrastructure seront engagés auniveau de l’entrée du port, représentant environ 35% de son coûttotal. La finalisation des travaux de cet important projet estprévue pour 2016.

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La Marina de Bizerte en 2011, la Baiede Gammarth en 2012, Lella Hlima àZarzis en 2014, puis le Port Financierde Tunis en 2016, les projets de mari-nas sont en vogue aujourd’hui enTunisie.A Bizerte, par exemple, l’amé-nagement du futur ensemble BizerteCap 3000 comprend l’extension duport de plaisance dont la capacité pas-sera de 120 embarcations actuelle-ment à 900 embarcations. Il comprendégalement une croisette ainsi qu’unerésidence de standing de 50 000 m2.Le plan d’aménagement a été conçupar les architectes Mohamed BenAchour, Mohamed Salah Zlaoui etAhmed Chatti, architecte chef de pro-jet, en collaboration avec NoomenHaouel, ingénieur maritime. Les tra-vaux d’aménagement de la partie ma-ritime ont démarré le 15 mai dernier.Une fois les travaux achevés, sera en-tamée la réalisation de la partie com-merciale, une croisette qui longe l’ave-nue H. Bougatfa et qui s’étend sur une

surface de 6 Ha environ gagnés sur la mer. Outre lesespaces de commerce, le programme de la croisetteprévoit un club de voile, un musée océanographique,des espaces culturels et d’artisanat, etc…Quant à lapartie résidentielle, le début des travaux est prévu enoctobre prochain. Leur durée est estimée à 24 mois.Avec sa nouvelle Marina,Bizerte est en passe de deve-nir une région attractive.

Un me´gaprojete´co-touristique en Tunisie prime´ a`Cityscape Abou DhabiUn projet touristique dans la région Nord-Ouest dela Tunisie, a été primé au salon annuel et international de l’immobilier, Cityscape, qui s’est tenu en avril 2009

à Abou Dhabi. Cette future réalisation éco-touris-tique s’étendra tout le long du littoral qui va de CapSerrat (gouvernorat de Bizerte) jusqu’à la plaged’Ezouaraa (gouvernorat de Béja) et Tabarka (gouver-norat de Jendouba), présentant un potentiel propiceau développement du tourisme tunisien. La côte desAnges sera composée de résidences, hôtels, stationsbalnéaires, centres de loisirs, une marina ainsi qu’uneréserve pour certaines espèces animales. Ce projetsera réalisé par le groupe italien « PreatoniInvestments » pour un montant de 22 milliards d’eu-ros, aux fins de valoriser les sites naturels de cettezone classée et protégée par le Fonds mondial del’environnement.

Nouvelle zonetouristique de LellaHlima a` ZarzisLancé depuis 2001, le projet de Lella Hlima fait figurede ville neuve à proximité de Zarzis, une ville qui asso-ciera le tourisme saharien et balnéaire et qui pourraabriter jusqu’à 17 000 habitants. Piloté par un groupede promoteurs privés réunis au sein de la Sodet Sud,la société d’études et de développement touristiquedu Sud, le projet connaît actuellement un retard dû àdes problèmes de foncier. D’après les promoteurs ledémarrage d’une première phase est prévu en sep-tembre prochain. Les études de conception ont étéréalisées par une équipe réunissant l’urbaniste JallelAbdelkefi et l’architecte Tarek Ben Miled. Les travauxd'aménagement de la zone s'étendront durant lapériode de 2009 à 2012. Le projet sera opérationnel

d'ici 2014. Lella Hlima sera dotée notamment dequatre hôtels de luxe et plusieurs structures d'héber-gement notamment des appart-hôtels et des hôtelsde charme tout au long de la côte, des résidences in-dividuelles, jumelées et collectives. Les lieux de loisirset de détente seront aménagés le long de la côte. Letourisme de congrès aura sa place avec un palais decongrès pour 200 places. Des pontons sont conçussous forme de plateforme flottante pour développerla plaisance. Beaucoup d'investisseurs ont appréciécette composante. Un Ribat sera construit à l'inté-rieur de la mer sous forme d’une presqu'île artificielleet couvrira une superficie de trois hectares.

Une Marinanouvelle ge´ne´rationa` Bizerte

Actualite´ nationaleActualite´ nationale

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Coup de coeur

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Du 24 avril au 20 mai dernier, c’est Samir Makhlouf quiexposait à la Galerie El Medina une quarantained’œuvres. Paysages fantastiques et architectures ex-traordinaires. Le spectateur a toujours l’étrange sensa-tion de s’éveiller d’un songe où rêve et réalité seconfondent. Les éléments perdent de leur consistance,de leur substance même si l’on retrouve moins le bes-tiaire fantastique des œuvres antérieures. Tout n’estqu’apesanteur et les personnages sont des baudruchesque l’artiste suspend à la toile par le fil de son pinceau.Plus rien n’a d’importance car tout est essentiel, laligne courbe, la couleur subtilement maîtrisée, lesperspectives déformées. Et comme chez Salvador Dali,le monde fond. Il ne s’agit plus que de dépeindre la vil-le, l’urbain, le macroscopique, le microscopique, il s’agitd’expérimenter le monde… de se laisser embarquer.

Dans un tout autre registre, Feryel Lakhdar exposaitsous le titre "Décalage" ses dernières œuvres à laGalerie Ammar Farhat du 8 au 31 mai 2009. On y dé-couvrait les si célèbres personnages féminins de l’artis-te trônant dans des intérieurs contemporains de pa-pier glacé. Déesses mères tutélaires ne répondant àaucun critère esthétique, elles imposent leur univers,canalisant par la même toute notre attention. Les inté-rieurs se répètent, perdent leur substance, s’uniformi-sent… Seules les femmes demeurent, créatrices devie. Feryel questionne. Tout l’intérêt récent porté enTunisie à la décoration de nos intérieurs et de façonplus générale, la tendance mondiale à la déco-maison,engendrent un nivellement, une mondialisation, uneuniformatisation de l’habitat planétaire.

Expos Samir Makhlouf,Feryel Lakhdar,Biat Expo

Œuvre de Samir Makhlouf

Œuvre de Feryel Lakhdar

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Enfin, le 22 mai dernier, et ce, pour un mois,la Banque Internationale Arabe de Tunisie -BIAT - inaugurait la deuxième édition deBiat Expo.Après Mahmoud Sehili, l’an der-nier, le hall du siège de la banque accueillaitcette année les œuvres de Rym Karoui,Asma Mnaouar, Halim Karabibène etMohammed Ben Soltane. Peinture, sculptu-re, photographie confiées au commissairede la manifestation, Feryel Lakhdar, présen-tés dans une architecture contemporaineavec laquelle elles dialoguent. Bestiairesoniriques envahissant des compositions àla Jérôme Bosch chez Halim Karabibène,rythme des écritures griffées et leur jeuxde recouvrement de strates colorées chezAsma Mnaouar, femme sculpture trônantsur son banc, étonnée d’être là et ac-cueillant le visiteur dans une joyeuse éclo-sion colorée par Rym Karoui, galerie de vi-sages distordus nés du hasard d’un acci-dent, taches, photographies de traces chezMohamed Ben Soltane. L’intérêt de cettedeuxième édition de BIAT expo, outre lefait de présenter au grand public dans unespace surprenant le travail d’artistes tuni-siens établis, résidait dans le fait qu’elle estune des rares initiatives permettant à l’artd’entrer dans l’entreprise.

Aurélie MACHGHOUL

Œuvre de Rym Kaouri

Œuvre de Mohamed Ben Soltane

de gauche à droite œuvres deHalim Karabibene et Asma Mnaouar

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Actualite´ internationaleActualite´ internationale

La Libye est un vaste chantier à ciel ouvert. Le pays,qui a accusé un retard certain en matière d’infrastruc-tures de base, est en train de rattraper son retard àgrande vitesse. 130 milliards de dollars sont consacréspar le gouvernement pour le développement des infra-structures. Plusieurs architectes tunisiens, profitant dela proximité de la Libye, décrochent des projets important dans ce pays en plein boom immobilier.A l’exemple du complexe El Andalous centre à Tripoliqui a été conçu par les bureaux d’architecture tunisiens : Architectes Conseil International SA etPolystudio International. Le promoteur de ce projetest la société Beroko Libya for Tourism InvestmentJoint Stock.

Le projet occupe une surface de 13 0000 m2

couverts, qui se développe autour d’une marina200 anneaux. Le complexe comprend un hôtel 5*,Sheraton Tripoli, 308 chambres et suites de très hautstanding, un hôtel 4* de 203 chambres sous l’enseigneFour Points By Sheraton, 56 appartements et une zonede restauration, boutiques, administration portuaire,etc...Cet ensemble est complété par des espaces com-merciaux ainsi qu’une tour de bureaux. Les travaux dechantier, confiés à l’entreprise Etraph Internationalont démarré en 2008. La première phase d’achève-ment des travaux est prévue en janvier 2010 et la pha-se finale pour septembre 2011. Le coût d’investisse-ment de ce projet s’élève à 254 millions de dollars.

Le complexe El Andalous a` Tripoli,conc¸u par des architectes tunisiens

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Actualite´ internationaleActualite´ internationale

Global Award 2009 :architecture durable

Chaque année cinq architectes sont no-minés pour le prix international d’archi-tecture durable. Ce prix a été initié parla Cité de l’Architecture et duPatrimoine dans le but de stimuler le dé-bat sur les enjeux de l’architecture duXXIème siècle. Les nominés se distinguentpar leur engagement et leur pratique del’architecture durable, et leurs actionsau service des populations défavorisées.Les nominés pour le Global Award 2009sont d’origines aussi diverses que lorsdes deux premières éditions puisqu’ilsviennent de trois continents, d’Afrique,d’Asie et d’Europe. Ils ont présenté, lorsdu symposium organisé à cette occa-

sion, leurs démarches, leurs motivations et leur enga-gement en termes d’architecture durable. Les cinq no-minés sont :Thomas Herzog (Allemagne), Sami Rintala(Norvège), Diébédo Francis Kéré (Burkina Faso etAllemagne), Bijoy Jain, studio Mumbaî (Inde), PatrickBouchain et Loîc Julienne (France). Le lauréat duGlobal Award for Sustainable Architecture sera dési-gné en octobre. Ce dernier aura le privilège de conce-voir un projet pour la Collection Manifeste d’architec-ture durable du XXIème siècle en Seine Aval. Il s’agitessentiellement de bâtiments publics, avec desprogrammes qui répondent aux besoins précis de larégion. Les deux projets lauréats des deux éditionsprécédentes sont en cours de réalisation : un giteurbain à Chanteloup-les-Vignes conçu par l’architecteautrichien Hermann Kaufmann et un complexecommercial multi services à Follainville-Dennemont,conçu par Carin Smuts, architecte sud africaine,lauréate du prix de 2008. Elle a présenté le projet lorsde ce symposium en expliquant comment elle atransposé sa méthode adoptée en Afrique du Sud.

Peter Zumthor,supreˆme distinctionLe prix Pritzker 2009 a été remisà l'architecte suisse PeterZumthor, 66 ans, pour l'ensemblede son œuvre, dont les thermesde Vals, qualifiés de chef-d’œuvre.«Qu’un corpus de bâtiments aus-si petit que le nôtre soit reconnudans le monde professionnel merend fier. Cela devrait donnerl’espoir aux jeunes, leur prouver qu’en visant la qualité,leur travail peut devenir visible sans publicité particu-lière». C’est par ces mots que Peter Zumthor, réagis-sait, en avril, à la décision du jury du Prix Pritzker de luiattribuer cette année la plus haute distinction en archi-tecture.Récompense prestigieuse, assortie de 100 000dollars. Au qualificatif d’artiste, Peter Zumthor préfé-rerait sans aucun doute celui d’artisan. C’est en effetpar un apprentissage d’ébéniste, à 15 ans, que tout acommencé pour ce Bâlois qui travaille dans lesGrisons. L’amour des matières ne le quitte pas.« L’architecture est quelque chose de tactile, quelquechose qu’il faut toucher. En architecture, les matériauxsont comme les notes pour un compositeur, explique-t-il. Je travaille avec les matériaux, je les apprécie tous.Ce qui est intéressant, c’est de faire sans cesse de nou-velles associations de notes et de parvenir à une sono-rité spécifique ». Parmi ses projets : le Pavillon suisse àl’Expo 2000 d’Hanovre, le Musée Kunsthaus deBregenz, en Autriche, les Bains de Vals, la chapelleSaint-Benoît à Sumvitg, quelques maisons privées, uneécole, son bureau et sa propre demeure. En choisis-sant Peter Zumthor, le jury du Prix Pritzker a salué« son talent à combiner des pensées claires etrigoureuses avec une dimension réellement poétique ».

Solar City, 400 logements àLinz en Autriche, conçus par

Thomas Herzog Le projet Solar City lancé en

1992 est exemplaire de ladémarche bio-climatique pour

la construction d’une villesolaire pour 25 000 habitants,

avec ses équipements et sestransports.

Palmyra House, en Inde,conçue par Studio Mumbai

La « Palmyra House » estréalisée en bois de palmier,

ressource abondante. Elle offreune réconciliation avec la nature

qui est en Inde une propositionculturelle neuve.

Thermes de Vals en Suisse

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Le muse´e Herge´ :un lieu de limaginaireOn inaugure ces dernières décennies, toutes sortes de musées :d’art, bien sûr, mais aussi de l’huile, du café, du vin, celui de BMWetc... Dernier-né des musées, celui consacré à Hergé, le célèbrecréateur de Tintin (héros de bande dessinée) qui a ouvert sesportes en juin 2009 à Bruxelles.Un événement tant attendu par lestintinophiles du monde entier. Tel un prisme allongé, le musée,conçu par Christian de Portzamparc, semble flotter dans le parc aumilieu duquel il est implanté. Pour évoquer l’univers teinté d’irréa-lité d’Hergé, l’architecte a choisi de placer l’imaginaire au centre desa réflexion. De l’extérieur, le concepteur s’est servi de transpa-rences pour donner l’illusion d’un bâtiment en deux dimensions. Lafaçade, faite d’immenses carreaux de verre, semblables à des casesde BD, font le trait d’union avec le monde d’Hergé.

Le bâtiment, qui couvre une superficie de 3600 m2, abrite des sallesd’expos, une salle de projection, une cafétéria, des boutiques, desateliers et l’administration.

L’atmosphère de la BD est également présente à l’intérieur dumusée. Les motifs colorés qui recouvrent les volumes des sallesd’exposition sont des agrandissements de dessins figurant dans lesalbums de Tintin.Ainsi, l’architecture du musée possède une finessesusceptible d’épouser « la ligne claire » chère à l’auteur de BD.

Défi relevé par Christian de Portzamparc qui a réussi à capterl’esprit d’Hergé et à concevoir un musée dans lequel résonne sansostentation la personnalité du célèbre Bruxellois.

© Nicolas Borel. Atelier de Portzamparc 2009

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Re´alisationRe´alisation

Muse´e de la monnaie de TunisCCeesstt ddaannss llaa nnoouuvveellllee eexxtteennssiioonn ddee llaa BBaannqquuee CCeennttrraallee ddee TTuunniissiiee,, ssuurr llaavveennuuee MMoohhaammeedd VV,, qquuee sseeddrreessssee llee nnoouuvveeaauu mmuusse´e´ee ddee llaa mmoonnnnaaiiee,, ddeerrnniieerr--nne´e´ ddeess mmuusse´e´eess ssppe´e´cciiaalliisse´e´ss ttuunniissiieennss.. UUnn nnoouuvveell aaccqquuiissdduunnee ggrraannddee iimmppoorrttaannccee ttaanntt ppoouurr llaa pprre´e´sseerrvvaattiioonn ddee nnoottrree ppaattrriimmooiinnee mmoonne´e´ttaaiirree qquuee ppoouurr llaa mmiisseeeenn vvaalleeuurr eett llee dde´e´vveellooppppeemmeenntt ddeess e´e´ttuuddeess ssuurr llaa mmoonnnnaaiiee..

Conçu sous forme de cône inversé sur base elliptique, lemusée vient se greffer à l’angle du nouveau bâtiment desti-né à accueillir une extension du siège de la banque centra-le. Lotfi Rebai, architecte du projet, a choisi d’attribuer aumusée une forme elliptique qui se distingue par rapport àl’institution mère dont les volumes sobres et rigides sonttraités avec des bandes horizontales transparentes etopaques.

Le musée abrite une collection de 5000 pièces relatant25 siècles de l’histoire de la monnaie en Tunisie, de l’époquepunique à l’époque moderne. L’espace intérieur se déploiesur 600 m2 entre rez-de-chaussée et mezzanine. Il compor-te un espace d’exposition permanente, une boutique et deslocaux techniques et de gestion au rez-de-chaussée, unespace d’exposition temporaire, une unité de recherche etune bibliothèque en mezzanine.

Dès l’entrée, une aire à moitié obscure, aux parois tapis-sées de bleu, plonge le visiteur dans une ambiance feutrée,accentuée par une insonorisation parfaite obtenue par lecalfeutrage en bois des murs. Le plafond étoilé scintille avecdes diodes azures de différentes tailles. Le sol en grès estparé de motifs géométriques et de rosaces mariant le jauneet le bleu d’Argentine, fruit du travail de l’atelier de décora-tion de Nourredine Lajnef, en collaboration avec leMinistère de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine.

L’ensemble des composantes spatiales est organisé enauréoles concentriques autour d’un épicentre. Aurez-de-chaussée, l’épicentre est réservé à des médailles quicommémorent des événements phares de la Tunisiecontemporaine. Le visiteur évolue dans un parcours ellip-tique qui, selon un ordre chronologique, remonte le tempset retrace l’histoire de la monnaie à travers les différentesdynasties.

Les 43 vitrines sont équipées pour assurer la sécurité deces pièces de notre histoire grâce à un système de régula-tion hygrométrique, d’un mécanisme qui permet le ventila-tion et le refroidissement de la vitrine en cas de surchauffe,

Architecte : Lotfi RebaiEntreprise : Youssef Eltaief Décorateur : Noureddine Lajnef,avec le Ministère de la Culture etde la Sauvegarde du Patrimoine

31- Archibat n°18 - 06.0930

© Nicolas Fauqué

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de vitres pare-balles, antireflets et antipoussières. Les vitrines sont égalementmunies d’une loupe mobile pour faciliteraux visiteurs le déchiffrage.

La mezzanine est destinée aux expositionstemporaires et thématiques, organiséesen collaboration avec des musées interna-tionaux.

Les deux plateformes d’exposition sontreliées par un escalier épousant le mouve-ment élitique du plan. Le vide sur le

rez-de-chaussée permet une communica-tion visuelle et des perspectives intérieurespermettant au visiteur de saisir une scéno-graphie favorisant transparence et fluidité.

Le musée de la monnaie est par ailleursdoté d’un centre de documentation et derecherche en numismatique avec une mé-diathèque et une bibliothèque mettant toutun panel d’ouvrages spécialisés, d’histoireet d’archéologie à la disposition des étu-diants et des chercheurs.

Outre ses fonction permanentes le muséepossède des visées didactiques : il a l’ambi-tion de donner une impulsion décisive à laformation de jeunes chercheurs tunisiensen leur offrant un lieu de recherche et dedocumentation mais aussi de développerles échanges en numismatiques dans uncontexte international �

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ColloqueQuelle architecture

pour quel tourisme ?LL��uunniivveerrssiitte´e´ TTuunniiss CCaarrtthhaaggee aa oorrggaanniisse´e´ llee 1155 mmaaii ddeerrnniieerr uunn ccoollllooqquuee--dde´e´bbaatt ssuurr ll��aarrcchhiitteeccttuurree eett llee ttoouurriissmmee.. CCeettttee rreennccoonnttrree,, aanniimme´e´ee ppaarrAAllii DDjjeerrbbii,, cchheeff dduu dde´e´ppaarrtteemmeenntt aarrcchhiitteeccttuurree ddee ll��UUTTCC,, aa ppeerrmmiiss a`a` ddeessaarrcchhiitteecctteess ttuunniissiieennss ddee rreennoomm ppaarrmmii lleessqquueellss WW.. BBeenn MMaahhmmoouudd,,TT.. BBoouussllaammaa,, AA.. MMiimmiittaa,, MM.. GGuueeddddaass,, aaiinnssii qquu��aauuxx rreepprre´e´sseennttaannttss ddeessaaddmmiinniissttrraattiioonnss OONNTTTT,, AAFFTT,, AAPPAALL,, AAMMVVPPTTCC�� dd��eexxpprriimmeerr lleeuurr ppooiinnttddee vvuuee ssuurr llaa qquueessttiioonn :: �� QQuueellllee aarrcchhiitteeccttuurree ppoouurr qquueell ttoouurriissmmee ?? ..CCee ccoollllooqquuee aa e´e´tte´e´ uunnee iinnvviittaattiioonn a`a` aapppprrooffoonnddiirr llaa rre´e´fflleexxiioonn ssuurr uunntthhe`e`mmee bbrruˆuˆllaanntt..

LES ARCHITECTES TUNISIENS EN MANQUED’INSPIRATION ?

Les projets touristiques jaillissent du sol comme deschampignons. Ils marquent de leur architecture le paysageurbain de nos villes. Ils font partie de notre patrimoinecommun. Par conséquent leur implantation et leur archi-tecture nous concernent. Prévoir une réflexion minutieu-se sur le pourquoi et le comment de l’insertion d’un bâti-ment touristique n’est pas un luxe. Malheureusementl’espoir de retombées économiques positives guide unila-téralement les travaux de conception et d’implantationde ces projets. Une réponse impérative pour séduire lesclients fait souvent écran aux valeurs culturelles et à tou-te considération de développement durable. Lesconstructions touristiques sont conçues pour être augoût des touristes. Or, ce qui est censé plaire aux tou-ristes, c’est l’exotisme, le dépaysement. Les architectess’efforcent dans leurs réalisations de créer un univers enharmonie avec l’imaginaire des vacances. Cependant va-cances, exotisme et dépaysement ne sont pas syno-nymes d’architecture stéréotypée et uniformisée. A cetitre, Khaled Trabelsi, représentant de l’ONTT reprocheaux architectes leur manque d’innovation. La diversifica-tion du produit touristique tunisien n’a pasété accompagnée d’une diversité architecturale.Moez Gueddas rappelle que la concurrence internationa-le, toujours plus âpre ces dernières années, a poussé lespromoteurs touristiques étrangers à créer des lieux in-solites, originaux, voire mythiques. Il appelle à plus d’inno-vation de la part des architectes tunisiens pour pouvoirrépondre à une demande de plus en plus exigeantedes touristes, à réinterpréter le patrimoine tout en lepréservant, et à s’inspirer des tendances modernes.

Les intervenants estiment que certains concepts et prin-cipes d’aménagement relatifs à l’architecture touristiquedoivent être révisés. C’est le cas des zones touristiques.Tafida Ben Othmane, représentante de l’AFT (AgenceFoncière du Tourisme) dénonce l’inadaptation de la zonetouristique telle que conçue en 1973 au contexte actuel.Elle met en cause la responsabilité des aménageurs dansla production touristique et stipule que c’est l’échec dumodèle des « zones touristiques » qui est la cause de la

crise globale qui atteint le secteur. Le problème essentielde ces projets tient à une perception réductrice qui lesconsidère comme un périmètre fermé dans lequel peutse créer un monde artificiel conforme aux desideratades investisseurs et uniquement pour leurs besoinsspéculatifs. Ahmed Smaoui, ancien PDG de l’ONTT, pen-se qu’il faudrait mettre fin aux zones touristiques qu’ilqualifie de « ghettos hôteliers » en les intégrant dans lesplans d’aménagement urbain. Leur insertion dans la villepermet d’en faire des pôles de distraction accessibles àtous les habitants.

Quant à l’avenir de l’architecture touristique, les interve-nants s’accordent à dire que le développement durableest une priorité qui doit faire partie intégrante de toutediscussion sur le projet touristique. En préconisant d’ac-corder plus d’importance au développement durable, auchoix de l’emplacement et à la forme des projets touris-tiques, les intervenants pensent que tous les acteurs de laplanification devraient assumer davantage leurs responsa-bilités afin de développer une architecture cohérente etde qualité.

Ecouter plusieurs avis, travailler en équipes, associerd’autres disciplines ne peut qu’améliorer la qualité, en-gendrer la satisfaction des touristes et donc leur fidélité.

De droite à gaucheMs. Ajmi Mimita,

Wassim Ben Mahmoud,Ali Djerbi, Taoufik Bouslama

et Moez Gueddas

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L�architecture en de´bats L�architecture en de´bats

Architecture spontane´e � Architecture durable

Nouveaux enjeux responsablesDDaarr LLaassrraamm aa aabbrriitte´e´ ssaammeeddii 1111 aavvrriill 22000099 uunnee ccoonnffe´e´rreennccee--dde´e´bbaatt ssuurr llee tthhe`e`mmee �� AArrcchhiitteeccttuurreessppoonnttaanne´e´ee--aarrcchhiitteeccttuurree dduurraabbllee ,, oorrggaanniisse´e´ee eenn ccoollllaabboorraattiioonn aavveecc ll��EENNAAUU,, AArrcchhiibbaatt eett ll��AASSMM..JJeellllaall AAbbddeellkkaaffii eett PPhhiilliippppee MMaaddeecc oonntt pprre´e´sseenntte´e´ lleeuurrss aapppprroocchheess eett lleeuurrss ppooiinnttss ddee vvuueerreessppeeccttiiffss dd��uurrbbaanniissttee eett dd��aarrcchhiitteeccttee ssuurr llaa tthhe´e´mmaattiiqquuee gge´e´nne´e´rraallee.. CCeellllee--ccii aa eennssuuiittee e´e´tte´e´ddiissccuutte´e´ee eett ppaarrttaagge´e´ee aavveecc JJeeaann MMiicchheell PPllaaccee,, e´e´ddiitteeuurr,, HHeennddaa GGaaffssii,, uurrbbaanniissttee,, DDeenniiss LLeessaaggee eettAAllii CChheeiikkhhrroouuhhoouu,, aarrcchhiitteecctteess..

L’intervention de Jellal Abdelkafi a porté sur le quartierDubosville-Borj Ali Raïs, que certains invités avaient pudécouvrir lors d’une déambulation organisée le jeudi9 avril. Au Sud de la colline du Jellaz,Dubosville et BorjAli Rais se présentent comme l’imbrication d’unlotissement (maisons à toits en pente en tuiles rouges

datant des années 30) et d’un « gourbiville/ bidonville »(qui s’est développé dans un site de carrière). Lesdeux quartiers se présentent donc comme l’imbrica-tion d’une forme réglementée et d’une formed’urbanisation spontanée qui ne sont pas sansinfluence l’une sur l’autre.

Quelle attitude durable pour les quartiersspontanés ? Telle est la question qui a été soulevéepar Philippe Madec architecte urbaniste et professeuren architecture. Selon Philippe Madec, une attitude du-rable exige une pensée globale qui tienne compte, en-semble, des notions d’environnement, d’économie etla dimension sociale. Pour exister, le développementdurable nécessite une prise en compte de la popula-tion. Car , nous dit-il, l’architecture n’a de sens que parrapport aux personnes auxquelles elle s’adresse.Philippe Madec revendique que la culture doit consti-tuer le quatrième pilier fondateur du développementdurable. « C’est à travers la parole citoyenne que laculture doit faire son office », précise l’architecte.D’après ce dernier, l’idée de la participation citoyenneest une idée fondatrice de la notion d’éco-quartier. Elleconstitue la clé pour instaurer un usage cohérent duquartier.

Ainsi, pour pallier les difficultés que connaissent lesdeux quartiers Dubosville et Borj Ali Raïs, PhilippeMadec préconise le recours à une approche durableen faisant intervenir des sociologues, des économistes,des anthropologues, des photographes… pour aller àla rencontre des habitants, pour essayer d’établir desliens sociaux et des liens économiques, et « c’est la di-mension réglementaire qui va ensuite donner les clésde la résolution de ce secteur », conclut l’architecte.

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Rencontre avec

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Préoccupé par les questions environnementales,Philippe Madec a tout au long de sa carrière mené uneréflexion sur l’urbanisme durable et éco responsable.En 2008 il est sacré chevalier de la Légion d’Honneurau titre de l’écologie. Il a été primé à plusieurs repris-es (Grand Prix de l’Environnement en 2000, Prix del’Art urbain en 2006). Il compte de nombreuses publi-cations sur l’histoire, la théorie et la pratique de l’ar-chitecture, le paysage et la peinture. Parmi ses réalisa-tions en cours, la création d’une ville écologique à BabDrâa au Maroc, et des écoquartiers dans plusieursvilles françaises. Depuis 2000, Philippe Madec enseigneà l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon,où il a créé le département Architecture, Stratégie duDéveloppement Durable et Equitable, associé auxécoles d’ingénieurs ENTPE et INSA de Lyon. Il nous afait le plaisir de nous accorder un entretien à l’occa-sion de sa venue à Tunis.

Archibat : L’urbanisme durable sembleêtre la nouvelle façon d’appréhender la concep-tion urbaine.Quel est selon vous son fondement etquels en sont les principaux enjeux ?

Nous sommes entrés dans une époque que nous nesavons pas encore nommer, où les mots durable, envi-

able, équitable, soutenable, vivable, désirable, partage-able, etc. qualifient nos projets urbains, nos architec-tures. Auparavant, ils étaient futuristes, modernistes,vitalistes, postmodernistes, métabolistes, déconstruc-tivistes, etc. Enfin, le suffixe « -able » remplace le suffixe« -iste ». « -Iste » signifiait « l’esprit de système » ;« -able » signifie « la possibilité d’être ». En cette péri-ode où il est question de réchauffement climatique etde raréfaction de l’énergie, l’instauration d’une rela-tion apaisée entre les hommes et la terre s’impose.Aujourd’hui, pour sauver la planète, les architectesdoivent rechercher les conditions d’un nouveausavoir-vivre ensemble, un autre mode de vie urbain dedemain, puisque la condition urbaine est la conditionhumaine du 21ème siècle. Contre la prépondérance desréponses techniques, la culture doit s’imposer commele quatrième pilier du développement durable auxcôtés de l’économie, de l’environnement et de lapréoccupation sociale. Pour moi le fondement de laville durable est un fondement culturel et non pasuniquement un fondement technique. On pourraitfaire la liste de ce qui est habituellement dit sur le re-spect de la biodiversité, le traitement des déchets, 0%émission de gaz à effet de serre, etc. En fait, tout ce

panel technique qui accompagne laconception est tout à fait néces-saire mais ce n’est pas cela quidonne du sens à la villeécologique. Ce qui lui donne dusens c’est comment une société,en un lieu, crée ce phénomène his-torique qualifié durable, pérenne,et que l’on appelle la culture.

Vous travaillez actuelle-ment sur un projet d’une villeécologique au Maroc. En quoila démarche est-elle différentelorsqu’on conçoit une villeécologique au Maroc, enFrance ou aux Emirats ?

PHILIPPE MADECConcevoir un de´veloppement durable pour les ge´ne´rations futures

De gauche à droite,Philippe Madec etJean-Michel Place

Quartier durable duFort d'Aubervilliers

Rencontre avec

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Le développement durable n’est pas unnouveau concept. C’est une nouvelle défi-nition du développement et une nouvelledéfinition de l’adjectif « durable ». Parceque les définitions dépendant des langueset des cultures, chaque pays, chaque régiondu monde possède sa propre acception.Dans chaque pays il y a une conception dudéveloppement durable liée à la culture dupays.Cet enjeu de culture répond à ce quele développement durable nous demandeaussi de regarder particulièrement. Le slo-gan « Penser global, agir local » mis enavant lors de la Conférence de Rio en1992 exprime la manière d’agir aujour-d’hui dans le monde : s’appuyer sur le lo-cal, s’appuyer sur le contexte, s’appuyersur la culture et surtout s’appuyer sur lescultures. Quand on regarde comment lesvilles écologiques naissent aujourd’huidans les différents pays, que ce soit à AbouDhabi ou en Chine, on voit bien que laréponse est pour l’une très arabe et pourl’autre très chinoise. J’ai conçu pour mapart une ville écologique au Maroc, et ceque nous allons faire au Maroc ne ressem-ble pas du tout à ce qui se fait à Masdar.Cet enjeu est pour moi fondateur et l’em-porte dans la mesure où c’est cet enjeu-làqui donne du sens à l’utilisation de la tech-nique. Recourir aux cultures sert à rendrelocales les approches techniques, plutôtque de laisser libre cours au diktat d’uneapproche technique universalisée.

Il existe plusieurs points com-muns entre l’urbanisme moderne etl’urbanisme durable.Quelles en sont lesprincipales différences ?

Il existe en effet des rémanences de l’ur-banisme moderne dans la conception del’urbanisme durable et éco responsable.Par exemple la séparation des flux entrepiétons et voitures, les retraits entre lesbâtiments pour éviter la projection d’om-bre d’un bâtiment sur l’autre, l’om-niprésence de l’espace vert, l’orientationNord/Sud des bâtiments, ce sont des

héritages des modernes. Et on pourraitcontinuer ainsi. Si on ne fait pas le travailqui consiste à savoir pourquoi finalementcet espace-là a échoué, on n’y arrivera pas.C'est-à-dire qu’on ne réussira pas à faire lepas absolument indispensable pour entrer dans l’ère d’un développement éco re-sponsable et d’un autre type d’urbanisme.On sait par exemple que la suite de l’ur-banisme des modernes, et en partie l’ur-banisme des modernes, a été fait sur letaux de motorisation. Il y avait l’ambitionen France que le taux de motorisation,dans les années 50-60, atteigne le taux demotorisation américain. Or on n’est pasdu tout dans cette logique-là aujourd’hui.On ne regarde plus le territoire en termesd’expansion de la ville mais au contraire entermes de déplacements. Le bon déplace-ment est celui qu’on n’a pas à faire. Penserla ville à partir du territoire qui est autourde notre vie quotidienne n’est pas du toutl’enjeu des modernes pour qui le déplace-ment était une valeur, voire même unevaleur de liberté il n’y a pas si longtemps.Donc on n’est plus modernes,mais on doitfaire le deuil des modernes, très claire-ment, avec un travail de conscience. Onn’est plus non plus post modernes, mêmesi la question du lieuque les postmod-ernes ont ramenésest absolument indis-pensable dans la pen-sée de l’urbanismedurable.

Les villesécologiques sonttoujours consti-tuées de construc-tions neuves. Est-ceinévitable ? Peut-on rendre durableune ville existante ?

Le problème aujour-d’hui n’est pas laconstruction nou-

velle, les bâtiments neufs ne représententque 4% du patrimoine. Il nous faut aujour-d’hui travailler sur les 96 autres%, c’est-à-dire le patrimoine existant pour essayerd’éviter des dégradations de notre milieuqui s’annoncent inévitables si nous contin-uons comme ça. Il nous faut les rendreplus denses de façon à limiter voire stop-per l’extension des villes. Plus densessurtout aux grands nœuds d’infrastruc-ture. Il s’agit de les rendre plus mixtes.Essayer de favoriser la mixité des villes,supprimer les zonings d’activités ou leszonings sociaux tels qu’ils existent aujour-d’hui. Le sujet de la densité doit se traiteren priorité en rentabilisant les espacesdisponibles, c’est-à-dire les dents creuses,surélever des bâtiments, essayer de modi-fier les structures urbaines existantespour utiliser tous les espaces disponiblesaujourd’hui sans être obligés de démolirou d’utiliser des espaces verts ailleursqu’on pourrait consacrer à autre choseque du bâti �

Propos recueillis par

Inès DIMASSI KHIRI, architecte

Pôles touristique à Tifnit (Maroc). Ce projet vise le label "ONE PLANET LIVING"délivré par BioRegional et WW F- Promoteur : Groupe Alliances

Maison de l'environnement du Parc EcologiqueIZADIA à Anglet

Nominé pour le Mies van der Rohe Award 2009

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Projet du museé du Louvre - Abou Dhabi - Ateliers J. Nouvel, architectes

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Ce nouveau dossier d’Archibat consacré à l’architecture muséa-le relève d’une série de constats. Certes la Tunisie compte plusd’une cinquantaine de musées, dont certains sont de renomméeinternationale tels que le Bardo, Sousse ou Carthage.Toutefoisces lieux souffrent d’un faible taux de fréquentation. Il n’est pasinfondé d’y reconnaître, selon Habib Ben Younes, directeur de ladivision muséographique de l’INP, des défaillances d’ordre tech-nique et législatif (lire notre interview), des lacunes au niveau dela programmation, ainsi qu’un manque de promotion et de valo-risation. L’expérience concrète de ce passionné des muséesnous apprend en effet que l’architecture peut réconcilier lesmusées avec leur public. L’apport de l’architecte est primordialpour la mise en œuvre des conditions matérielles et spirituellesde la relation œuvre-spectateur.

Soumaya Gharsallah, architecte et spécialiste en muséologie,nous présente une analyse de la longue expérience d’architectu-re muséale tunisienne, en mettant en exergue la nouvelle géné-ration de musées tunisiens dont l’architecture se soucie demettre en relation objets ou images avec un large public. Sacommunication porte sur plusieurs réalisations significatives enprêtant une attention particulière au mode de parcours, d’éclai-rage et de sollicitation du corps des visiteurs.

Lieu de transmission des codes culturels, le musée joue un rôleéducatif et culturel fondamental. De simples lieux d’accrochagedes œuvres, les musées sont devenus centres de production etd’expression culturelle, espaces publics en relation avec leur en-vironnement, urbain ou naturel. Les notions de muséographie, descénographie, d’expographie ont à faire avec une demande desouplesse ou de complexité conceptuelle, avec l’idée du muséecomme lieu de plaisir et outil de délectation.

Les nouveaux musées dans les pays arabes n’échappent pas àcette évolution. Ces pays, qui n’ont pas de tradition muséale,n’hésitent pas à faire appel à des concepteurs étrangers derenommée internationale comme gage de réussite du projetmuséal.

Dans la ville ou sur le web (lire l’article sur les musées virtuels),l’architecture des musées est architecture publique, ayant àrésoudre cette double fonction de présenter l’objet et d’êtreelle-même œuvre, monument ou espace fictif de culture. De lacréation de l’architecte dépend ce choix �

Architecture des muse´es,

un concept a` re´inventer

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La Tunisie possède-t-elle une stratégie claire en matière de musées ?

Nous détenons certes une stratégie professionnelle, qui a été définie depuis quelques années. Elle se résume dans laréhabilitation des musées existants et la construction le moins possible de nouveaux établissements. Il s’agit d’unesorte de mise à niveau de ces institutions.Nous travaillons actuellement sur la qualité en vue d’atteindre un standinginternational quant à la présentation du patrimoine et ses modes d’exposition et de conservation.

Aujourd�hui, noustravaillons sur la qualite´

Entretien avec M. Habib Ben Younes

Propos recueillis par Olfa BELHASSINE, journaliste

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On ne peut plus créer un musée sansrépondre à des questions préalables. Le be-soin existe-il vraiment pour édifier une in-stitution muséale dans un lieu donné ? Avecquels moyens financiers et humains la con-struire, la gérer et l’animer par la suite?Quelles seront ses ressources ? Dans quelcircuit va-t-elle s’intégrer ?

Et c’est bien là un autre hic : il n’y a pas destratégie commune entre la Culture et leTourisme. Le ministère du Tourisme lui-même ne maîtrise ni les activités des toursopérateurs qui ne transmettent pas d’in-formations à leurs clients par rapport auxsites et musées, ni les manœuvres deshôteliers pour retenir les touristes chezeux au lieu de les encourager à découvrirles possibilités culturelles du pays.

Résultat, certains musées souffrent d’unfaible taux de fréquentation alors qu’ils setrouvent sur des parcours stratégiques.Prenons pour exemple le musée très di-dactique de Lamta, axé essentiellement surles rites funéraires, l’un des meilleurs dupoint de vue documentaire et scientifique.Il a en 2008 enregistré, grâce au festival dela bssissa, qui y organise une dégustation despécialités de la région, 1347 visitespayantes.Ce qui équivaut à peu près à deuxmois de salaires des cadres et ouvriers quiy travaillent ! Autre exemple, à Moknine,

l’architecture du musée a suivi pas à pas leprogramme scientifique.

La climatisation, l’éclairage et même lacomposition chimique de la peinture ontété choisis selon les normes muséales envigueur dans les pays développés. Le muséeest équipé d’une salle de conférence, d’unesalle de projection, d’un petit centrede documentation, d’un espace pourl’animation. Moknine est une ville connuepour sa poterie. Dans le musée, nousprésentons la maquette d’un atelier depoterie plus que centenaire et celle deschambres de cuisson.

Ces documents représentent une référencecapitale. En matière de céramique, nousavons travaillé également sur le lien entrele passé et le présent. La continuité dessavoir-faire dans ce domaine est étonnante.Moknine est très célèbre pour ses bijoux etses richissimes costumes de mariée. Lacollection exposée au musée vaut unefortune. Elle est d’ailleurs surveillée, avec lasérie inédite de bronzes vandales, par unsystème de caméra vidéo. Malgré tousses trésors, l’année passée, le musée deMoknine n’a reçu que 45 personnes ayantpayé leur ticket !

Nous sommes loin, très loin des statis-tiques affichées lors d’évènements comme

la Nuit des musées, organisée une fois l’andans toute l’Europe et qui a vu déferler ladernière session sur ces lieux, en une seulesoirée, trois millions et demi de visiteurs.Certes nous possédons une stratégie pro-fessionnelle. Mais ce qui fait défaut aujour-d’hui, c’est une stratégie globale. Quelleplace est réservée aux musées au sein de laculture et de la société tunisienne ? Telleest la question.

Pouvez-vous nous présenter laDivision muséographique que vousdirigez ? Quelles sont ses priorités et sesmissions ?

Cette Division doit supporter une chargeassez lourde. Parmi ses missions, la réhabil-itation des musées comme je viens de vousl’expliquer. Mais peut-on entreprendre uneaction pareille sans penser aux défaillancespar rapport au personnel ? Par manqued’équipes tournantes, le musée de Nabeulsitué au centre de l’esplanade menant à lamer, très fréquentée l’été, ferme selon l’ho-raire administratif, à 17 H30 ! Il pourraitdrainer des foules s’il était ouvert aux vis-ites nocturnes. Même chose pour le muséede Mahdia jouxtant la Skifa Al Kahla.

Autre mission : l’inventaire général de tousles objets qui se trouvent dans nos musées.Une opération continue et très importante

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Les musées de Sousse, de Carthage et du Bardo sont de renommée internationale, ils font l’objet de projets de rénovation et d’extension ambitieux

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pour identifier les collections publiques,leur état de conservation en vue de dé-cider de restaurer les pièces qui nécessi-tent un traitement urgent comme les cos-tumes. L’inventaire nous permet aussi derepérer les lacunes de nos collectionsethnographiques. Nous travaillonsd’ailleurs aujourd’hui, avec nos enquêteurs,à reconstituer les costumes quotidiens an-ciens des régions. La Division doit admin-istrer une trentaine de musées qui n’ontpas de conservateurs. Et gérer une grandepart des budgets de tous les muséestunisiens y compris le Bardo,qui s’adresse ànous pour certaines de ses dépenses, vul’absence d’une réglementation autorisantl’autonomie financière des musées. Que degrands musées comme le Bardo, Sousse ouCarthage ne disposent pas aujourd’hui deleurs propres budgets paraît impensable.Comment voulez-vous alors qu’ils rayon-nent sur leur environnement, qu’ils organ-isent des expositions ou des animations ?Qu’ils puissent communiquer sur leurs ac-tivités? Ils ont les mains liées...

Justement,il reste cette défail-lance concernantles documents légis-latifs régissant lefonctionnement desmusées...

Nous n’avons mêmepas de texte quidéfinisse le musée.Tout devrait être régle-menté avant la construction d’un musée:ses fonctions, ses objectifs, son statut, sonmode de gestion, son budget...L’étude del’IMEd, un bureau italien, sur le contextelégislatif de la protection du patrimoinecommandée par l’Unité de projet degestion et de valorisation du patrimoineculturel (ministère de la Culture-BanqueMondiale) a relevé que le Code duPatrimoine devrait être révisé. Il ne ditd’ailleurs pas grand chose sur les musées.L’étude propose la création de pôles demusées autonomes dans les régions où l’onrencontre une grande concentration

d’établissements comme à Sousse. Uneseule direction avec son conservateurgénéral, son chargé de communication, sesanimateurs et une équipe technique demaintenance pourrait dans ce cas précisgérer le musée de Sousse, les deux muséesde Monastir, celui de Lamta et de Enfidha.Ce modèle décentralisé évite aux uns etaux autres de faire appel à la Division deTunis à chaque fois qu’un problème d’élec-tricité se pose. Il permettra également depenser les animations selon les spécificitésde chaque musée et des événements quevit chaque ville. Ce texte sur lequel noussommes en train de travailler recommandede créer, comme en France, des labels pourles musées. Et d’apporter une aide tech-nique et scientifique (restauration) à cer-tains musées privés possédant des collec-tions uniques, tels le Dar Chraiet. Nousconsidérons ces pièces comme faisant par-tie d’un bien national à préserver et à pro-mouvoir.

A votre avis comment capterl’attention du public ? Comment leretenir dans nos musées ?

En le recevant bien, en l’informantcorrectement, en maîtrisant les outils de lacommunication, en créant des espacesd’animation et de conférences.Ces espacespeuvent pourquoi pas être loués, comme laPyramide du Louvre, à des particuliers. Jesuis heureux qu’à Mahdia nous ayons puaménager une salle qui puisse accueillir desréceptions.A Moknine, la salle ouverte surl’extérieur peut abriter conférences etautres types de manifestations. A Kessra,un petit espace a été aménagé pour desprojections audiovisuelles sur écran LCD.Munis de casques, les visiteurs peuventvisionner des reportages sur la région et

Musée de Moknine

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ses traditions. Au musé de Djerba, quivient de rouvrir ses portes, le centred’interprétation placé à la zaouia SidiZitouni suggère aux touristes les multiplescircuits culturels de l’île.

Nous voulons d’autre part que les com-munes prennent en charge les musées. Ilfaudrait faire en sorte que les populationslocales adhèrent à ce patrimoine qui leurappartient.

Le projet de gestion et devalorisation du patrimoine culturel faitappel à de nombreux spécialistes desmusées étrangers. Comment cetteexpérience de coopération culturellepeut-elle profiter à notre muséographie ?

L’apport des équipes étrangères pour nousest essentiellement d’ordre technique. Enl’absence en Tunisie d’entreprises spécial-isées dans les équipements de la muséogra-phie, nous apprenons à leur contact toutesles innovations en matière d’éclairage, desocles, de vitrines...

Pour le musée du Bardo, les scénographesétrangers ont travaillé sur un programmescientifique que nous avons conçu au préal-able et qu’il a fallu rediscuter ensemble.Notre démarche a été déterminée par unsouci majeur: comment susciter l’intérêtdu public et rapprocher le patrimoine duvisiteur. D’où la multiplication des sallesd’interprétation, des espaces audiovisuels.Nous cherchons à donner le maximumd’informations mais pas uniquement sur unsupport textuel. Nous avons en mêmetemps cherché à conserver l’esprit duBardo historique. Le rendre plus pratiqueen gardant les repères essentiels afind’éviter de dérouter les gens. Tous lesespaces du palais (il bénéficiera d’une salle

d’interprétation) auparavant fermés,comme les citernes, seront intégrés dans lavisite. Le Bardo désormais n’aura plus desecrets.

En quoi consistent les projetsles plus importants de la Division pourles années à venir ?

Le projet vital pour nous actuellement con-siste dans la création des réserves du patri-moine ethnographique. Un artisan qui veutétudier la peinture sur bois, la peinturesous verre, les costumes (nous en possé-dons 3000), les tapis (700 types sont réper-toriés dans nos réserves) tels qu’ils étaientfabriqués dans le passé, avec leurs motifs etleurs couleurs, y trouvera des références

précises. Notre but final étant de mettreen ligne nos collections pour qu’ellessoient plus accessibles. Nous sommes entrain d’enrichir nos fonds constammentpar des acquisitions puisées chez les collec-tionneurs.Ces pièces après leur traitementminutieux tournent dans des expositionstemporaires. Pour le cent- vingtième an-niversaire du Bardo, nous avons exposé parexemple une partie de nos cartes postalesanciennes. Les musées d’arts et de tradi-tions populaires puisent également dans cefonds pour se renouveler. C’est dans lesréserves du patrimoine ethnographiqueque gît à mon avis la mémoire du pays �

O.B.

Musée de Kessra

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UNE ÉGLISE-MUSÉE DE L’ART CHRÉTIENDE LA RÉGION D’UPPENNA

L’édifice est de style néo-roman, il est en forme de croix latine dont le som-met, le chœur, est logé dans une abside contournée par un déambulatoire,servant de sacristie. Le plan est à nef unique se terminant par un transeptéclairé par deux rosaces en vitrail illustrant à droite l’image du ChristPantocrateur et à gauche celle de la Vierge Marie à l’Enfant. Le monumentmajestueux se singularise par sa couverture en ardoise recouvrant la charp-ente en bois de la salle principale de l’édifice ecclésial.

La conception architecturale de l’édifice a été jugée satisfaisante à l’époquepour la mise en place des mosaïques implantées dans le sol ou exposées surles murs. La répartition des fenêtres dotées de vitraux et placées en hauteuroffrait un éclairage de jour bien réparti sur toute la surface d’exposition desmosaïques.

LE PROJET DE RÉHABILITATION DU MUSÉE

Le musée placé sous la tutelle du ministère de la culture et de la sauvegardedu Patrimoine, fait l’objet d’un important programme de mise à niveau encours de réalisation qui bénéficie d’un partenariat ente l’INP et l’AMVPPC. Ilcomporte un volet architectural (réfection du système d’évacuation des eaux

pluviales, restauration de la charpente et remplacement des plaques d’ardoises de la couverture) et un réaménagementmuséographique (redéploiement des mosaïques d’époque vandalo-byzantine dans la salle à nefs et affectation du dé-ambulatoire aux collections lapidaires et céramologiques d’époque romaine). L’aménagement du jardin du musée aété réalisé avec la mise en place des objets archéologiques (fûts de colonnes, éléments d’architecture, sarcophages) etd’allées pour la circulation.

La démarche muséographique retenue est de rationaliser l’exposition muséographique, en optant pour une théma-tique forte et porteuse, relative à la période tardive de la région d’Enfidha, en intégrant les aspects religieux à ceuxrelatifs à l’économie, essentiellement oléicole, et aux pratiques de vie quotidienne. Ce choix répond à une logiquedouble, identitaire et culturelle, et à un souci de présenter un produit nouveau et caractérisé susceptible de susciterl’intérêt des visiteurs locaux et étrangers. Ce programme sera appuyé par une approche pédagogique à l’aide demaquettes, de textes et de cartes.

Le projet de réhabilitation du musée d’Enfidha s’inscrit dans une logique d’intégration de ce haut lieu culturel dans sonenvironnement urbain qui connaît actuellement une mutation socio-économique avec la programmation de grandsprojets d’équipement (aéroport et port en eaux profondes). L’organisation future d’expositions temporaires, deconférences et l’implantation d’un noyau d’un service éducatif destiné aux enfants de la ville dans le bâtiment culturelsitué dans l’enceinte du musée seront des mesures bénéfiques répondant aux aspirations du public local �

Le muse´e arche´ologiqueet historique d�Enfidhaancienne e´glise de Saint Augustin

LLee mmuusse´e´ee dd��EEnnffiiddhhaa eesstt llee mmoonnuummeenntt pprriinncciippaall ddee llaa vviillllee,, ssiittuue´e´ ssuurr ll��aarrtte`e`rree pprriinncciippaallee qquuii ttrraavveerrsseell��aanncciieennnnee aagggglloomme´e´rraattiioonn ccoolloonniiaallee.. IIll aa e´e´tte´e´ aamme´e´nnaagge´e´ eenn 11996666 ddaannss uunnee aanncciieennnnee e´e´gglliissee dd��e´e´ppooqquueeccoolloonniiaallee.. LLee cchhooiixx aa e´e´tte´e´ dd��eenn ffaaiirree uunn mmuusse´e´ee ddee ll��aarrtt ddee llaa mmoossaai¨i¨qquuee cchhrre´e´ttiieennnnee aannttiiqquuee,, a`a` ttrraavveerrssll��eexxppoossiittiioonn ppeerrmmaanneennttee ddeess ccoolllleeccttiioonnss pprroovveennaanntt ddeess dde´e´ccoouuvveerrtteess aarrcchhe´e´oollooggiiqquueess ddeess aannnne´e´eess11990044--11990055 ooppe´e´rre´e´eess ddaannss lleess ssiitteess dd��UUppppeennnnaa ��HHeenncchhiirr CChhggaarrnniiaa�� eett SSiiddii AAbbiicchhee.. EElllleess ccoonnssttiittuueenntt ddeessddooccuummeennttss rreemmaarrqquuaabblleess ssuurr ll��hhiissttooiirree eett llee sseennttiimmeenntt rreelliiggiieeuuxx dd��uunnee ssoocciie´e´tte´e´ cchhrre´e´ttiieennnnee vviivvaanntt ddaannssllaa rre´e´ggiioonn ddee ll��EEnnffiiddhhaa dduurraanntt lleess e´e´ppooqquueess vvaannddaallee eett bbyyzzaannttiinnee..

Par Taher GHALIA, conservateur en chef du muse´e National du Bardo, membre du conseil exe´cutif de l�ICOM

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Le musée archéologiqueet historique d’Enfidha (1966)

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La première vague de création de musées a eu lieu pendantle protectorat français (1881-1956). Parmi les premiersmusées crées à cette époque figurent le musée de Carthage,le musée d’Enfidha et le musée de Sfax. Ces deux derniersont été ouverts en 1907 ; ils présentent des approchesinstitutionnelles insolites. Le musée d’Enfidha, installé dansune église, est un cas d’étude intéressant dans la mesure oùson rôle ne se limitait pas à exposer des témoins matérielsde l’homme et de son environnement à des fins d’études etde délectation ; il était de surcroît un espace de propagationde la foi chrétienne. L’architecture religieuse du muséed’Enfidha apparaît donc comme le cadre adéquat pourrecevoir la collection paléochrétienne. Quant au musée deSfax, il est installé au rez-de-chaussée de l’hôtel deville pour présenter une collection archéologique. Cetemplacement fait de lui une institution civique au même titreque l’hôtel de ville.

Après l’indépendance, d’autres musées ont vu le jour. Uneclassification typologique de ces musées en fonction desespaces architecturaux qui les accueillent peut dès lors êtreétablie. On distingue : des musées installés dans desbâtiments existants et des musées installés dans desbâtiments neufs.

LES MUSÉES INSTALLÉS DANS DESBÂTIMENTS EXISTANTS OU DANS DESMONUMENTS HISTORIQUES

Il s’agit des musées créés dans des monuments réaffectés etrecyclés, qui ont souvent une valeur historique etarchitecturale. Leurs visites présentent un double intérêt : lavisite de l’exposition et celle du monument.

Ces bâtiments consistent principalement en des palaiset demeures bourgeoises (exemple : le palais de laRose à La Manouba, reconvertit en musée Militaire National(1989), les musées des arts et traditions populaires

L�architecturemuse´ale en Tunisie

entre recyclage et cre´ation

L’histoire muséale tunisienne a commencé avec la création du musée du Bardo qui est,rappelons-le, le premier musée en Tunisie installé depuis son inauguration en 1888 dans un harembeylical désaffecté. À l’heure actuelle, la Tunisie compte plus d’une cinquantaine de musées qu’onpeut classer selon les catégories suivantes: les musées publics (archéologiques et ethnographiquespour la plupart), les musées privés (principalement ethnologiques), les musées régionaux oumunicipaux (dont les collections sont souvent très hétérogènes) et les musées spécialisés.

Par Soumaya GHARSALLAH HIZEM, architecte � docteur et Ph.D. en muse´ologie et patrimoine

Le musée du Bardo est, le premier musée en Tunisie installé depuis son inaugurationen 1888 dans un harem beylical désaffecté

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Musée Militaire National, palais de la Rose à La Manouba (1989)

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Dar Djellouli à Sfax (1962) et Dar BenAbdallah à Tunis (1976)), des Zaouïas(exemple : le musée des arts et traditionspopulaires Sidi Ben Aissa au Kef (1979), etle musée de la céramique Sidi Kacem ElDjelizi (1981)), des médersas (exemple : lemusée des arts et traditions populaires SidiBoulbaba à Gabès (1984)).Comme on peutle constater, ces musées sont pour laplupart consacrés aux arts et traditionspopulaires (A.T.P.), où espace et exposéfonctionnent d’une manière complémentai-re. C’est ainsi que l’enveloppe architectura-le de Dar Ben Abdallah (actuellementfermée pour restauration et réhabilitation)contextualise les objets de l’exposition,représentant des scènes de la vie tunisoise,domestique et publique, remontant audébut du XIXème siècle.

LES MUSÉES INSTALLÉS DANSDES BÂTIMENTS NEUFS ETL’ÉMERGENCE D’UN MODÈLEARCHITECTURAL POUR LESMUSÉES ARCHÉOLOGIQUES

En ce qui concerne les musées installésdans des bâtiments neufs, on remarquel’émergence d’un modèle architectural trèscourant durant les années 1970-1990. Eneffet, dans ces musées les espaces s’organi-sent autour d’une cour centrale, entouréed’un péristyle. Ce modèle apparaît particu-lièrement dans les musées archéologiquesde site, comme par exemple le musée

Musée de la céramique Sidi Kacem El DjeliziMédina de Tunis (1981)

Musée des arts et traditions populairesDar Ben Abdallah - Médina de Tunis (1976)

Les musées des arts et traditions populaires utilisentdes techniques de présentation empruntées à la mu-séographie analogique. Celle-ci désigne, selon le mu-séologue canadien Raymond Monpetit, un procédé demise en exposition offrant au visiteur des objets origi-naux ou reproduits, disposés dans un espace détermi-né et dont l’articulation forme une image en faisantréférence, par ressemblance, à un lieu hors musée quiest à l’origine de ce que voit le visiteur. Les techniquesde présentation de la muséographie analogique en-globent les dioramas, les panoramas, les reconstitu-tions, les period rooms (ou intérieurs d’époque), etc.Les reconstitutions, telles qu’on les voit à Dar BenAbdallah, caractérisent notamment les musées clas-siques d’ethnographie régionale. Apparu pour la pre-mière fois aux Pays Bas et au Danemark, au XIXème

siècle, ce modèle de présentation a été fixé par leMuseon arlaten, ouvert à Arles en 1899. Les reconsti-tutions regroupent des meubles et accessoiresd’époque, ainsi que des mannequins portant des vête-ments anciens. Elles emploient des objets authen-tiques associés à des fac-similés et à des éléments dedécor.

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d’El Djem (1970), le musée de Kerkouane(1986) et le musée de Lamta (1992).

C’est une architecture qui se réfère auxplans des vestiges des édifices découvertssur ces sites. Néanmoins, ces musées de-meurent de simples dépôts ou réserves,dans lesquels on expose les objets décou-verts dans les fouilles sans aucun véritabletravail d’explication ni de vulgarisation.D’où leur réputation de musées destinésaux érudits, intellectuellement inacces-sibles au public ordinaire (et il s’agit icid’une réputation universelle, qui est restéependant longtemps collée aux muséesarchéologiques). Bien que les muséesarchéologiques tunisiens regorgent d’ob-jets et de collections exceptionnels, ils pré-sentent des muséographies très rudimen-taires : les murs du musée servent souventde cimaises pour les mosaïques, les bas-re-liefs et d’autres objets lapidaires ; lesespaces d’exposition ne répondent pas auxbesoins des objets en termes d’éclairage etde présentation.Bref, c’est le degré zéro del’exposition, caractérisé, selon le muséo-logue français Jean Davallon, par uneséparation entre espace et exposé.Corollairement, qu’il s’agisse d’un bâtimentancien recyclé ou d’un bâtiment neuf, lesmusées qu’on vient de citer semblent êtrepeu adaptés aux fonctions de l’expositioncar leurs espaces ne sont pas conçus enfonction des objets qu’ils accueillent.

Musée du site de Kerkouane (1986)

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Musée de Nabeul (1984)

Musée des arts et traditions populaires Sidi Ben Aissa au Kef (1979)

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LES PREMIÈRES CONCEPTIONSMUSÉOGRAPHIQUESQUI TIENNENT COMPTE DE LACOLLECTION

Les premières conceptions muséogra-phiques qui tiennent compte de la présen-tation de l’objet ont eu lieu au cours desannées 1990. Les exemples les plus illustra-tifs de ces expériences sont le musée deChimtou et le musée de Mahdia, tous deuxinaugurés en 1997. Le musée de Chimtou,né dans le cadre de la coopération tuniso-allemande, est édifié à côté d’un sitearchéologique renfermant des vestigesnumides et romains.

Plan musée de ChimtouMusée de Chimtou (1997)

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Dans ces deux exemples, les espacessont supposés être conçus en tenantcompte des propriétés des objets présen-tés dans l’exposition, une contraintejusqu’à présent rarement accomplie dansles musées tunisiens. Même si ces exposi-tions n’incarnent pas les exemples parfaitsde la réussite muséographique, elles témoi-gnent cependant de la volonté d’adapterl’espace aux besoins de l’objet et d’offrirau visiteur une expérience de visite richeet variée.

Musée deMahdia (1997)

Plan musée de Mahdia

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Les expériences muséographiques s’en-chaînent : au musée de Carthage, au palaisEnnejma Ezzahra à Sidi Bou Said, au site ar-chéologique d’El Djem, pour ne citer queces exemples. Le musée du centre de lamusique arabe et méditerranéenne, créeen 1992, est réalisé par les architectes del’Agence Nationale de Mise en Valeur etd’Exploitation du patrimoine archéolo-gique et historique (ANEP). Il est installédans l’enceinte des anciens locaux de servi-ce du palais Ennejma Ezzahra. Conçue dansle style de la boîte noire, l’exposition est enrupture totale avec l’architecture du palais.

C’est une mise en exposition qui rappellela muséographie de Georges Henri Rivière.

L’EXPÉRIENCEMUSÉOGRAPHIQUE INSOLITEDE LA VILLA AFRICA

Le projet de reconstitution de La villaAfrica, à El Djem, a fait couler beaucoupd’encre. C’est une expérience muséogra-phique unique dans son genre, d’autant plusqu’il s’agit du premier parc à thème, dédié àl’architecture domestique et à la vie quoti-dienne de l’époque romaine. La villa Africaa été découverte dans un quartier d’habita-tion anarchique. Cet emplacement inadé-quat est à l’origine du projet de déplace-ment de ces vestiges vers un autre terrain à300 m du musée archéologique d’El Djem.Les mosaïques, principale découverte de lavilla, ainsi que les éléments architecturauxles plus importants ont été récupérés et

transplantées dans une nouvelle maisonentièrement reconstituée suivant les tech-niques de construction romaine. Les mé-thodes de restitution et de reconstitutiontrès controversées toléraient de rectifierles erreurs pour mieux représenter « unmodèle » de villa romaine. La villa Africaest aussi considérée comme un espace mu-séographique, qui explique les techniquesde construction des maisons romaines.L’avantage présumé de ce projet est demontrer au public, peu averti notamment, àquoi ressemblait une villa romaine. La ques-tion qui se pose dans ce type d’interven-tion est celle de savoir comment distinguerles frontières séparant le réel et le facticedans la « représentation » d’un monumenthistorique.

Musée du centre de la musique arabe et méditerranéenne au palais Ennejma Ezzahra à Sidi Bou Saïd (1992)

La muséographie de Georges HenriRivière (1897-1985), fondateur de la mu-séologie française, se distingue par lasobriété et l’esthétique des présentationsdont l’objectif est de mieux mettre en va-leur l’objet. L’enveloppe architecturaleest neutralisée, seule la lumière, obtenuepar un éclairage artificiel, permet deprésenter les objets. Ces derniers sontexposés sous vitrine et sur des socles dis-crets; ils sont suspendus à des fils de ny-lon dans une atmosphère sombre quilaisse le visiteur dans la pénombre. Pourcette muséographie, l’enveloppe archi-tecturale est considérée comme unsimple support fonctionnel pour les ob-jets exposés qui sont les seuls à signifier.

La Villa Africa à El Jem

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LES MUSÉES SPÉCIALISÉS

La Tunisie compte une dizaine de muséesspécialisés, publics pour la plupart. C’estl’exemple du musée océanographique àSalammbô, installé dans un bâtiment colo-nial. Lors de sa création en 1924, sous leprotectorat, il dépendait du célèbre muséeocéanographique de Monaco. Depuis 1992,il est rattaché à l'institut national dessciences et technologies de la mer.

Parmi les autres musées spécialisés, on citele musée des arts islamiques de Raqqada àKairouan, dont le bâtiment est un ancienpalais présidentiel, construit en 1963 parl’architecte Jaques Marmey.

On distingue également le musée de la mé-decine ouvert en 1997 dans un pavillon del’ancienne faculté de médecine de Tunis. Ledernier né des musées spécialisés est lemusée de la Monnaie, conçu par l’architec-te Lotfi Rebaï et installé dans la nouvelleextension de la Banque centrale.

Musée océanographique à Salammbô (1924)

Musée de la Monnaie (2009)

Musée de Raqqada (1986)

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Selon les muséologues belges André Gob et NoémieDrouguet, les expositions-spectacles ont l’avantagede susciter l’émotion et d’emporter facilement l’ad-hésion du visiteur, notamment peu familier des mu-sées. Importé des Etats-Unis, ce modèle muséal,dont l’objectif premier est de vulgariser lessavoirs présentés et d’attirer un maximum devisiteurs, a entraîné la « disneylandisation » dumusée. L’augmentation du nombre de visiteurs sefait au moyen de la spectacularisation de la culture.Notons au passage, que malgré ses difficultés finan-cières, Eurodisney reste le premier site touristiquede France en nombre d’entrées, et se place ainsi de-vant le Louvre et Versailles. Aujourd’hui les limitesentre le musée, symbole d’un lieu de savoir etd’acculturation, et le parc d’attractions, lieux dedistraction, sont de plus en plus fines. Les musées-attraction ont l’avantage de démocratiser l’accèsau contenu de l’exposition. Cependant, ils ont l’in-convénient de ne pas toujours faire preuve derigueur scientifique. Ils prennent souvent la culturecomme alibi pour divertir le visiteur.

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DAR CHERAÏT, PREMIER MUSÉEPRIVÉ EN TUNISIE

Les musées privés font leur apparitionen Tunisie dès les années 1990. Le premiera été inauguré à Tozeur. Il s’agit deDar Cherait qui « témoigne de l’artde vivre oriental luxueux d’une familleTunisienne bourgeoise. » (Site internet deDar Cherait). Le musée présente égale-ment de nombreux métiers artisanaux. Ilrappelle par ses dispositifs d’exposition lesmusées des Arts et Tradions Populaires. Ilest implanté à côté d’un autre projet conçutel un parc d’attraction : la médina des 1001nuits. Celle-ci offre un spectacle de son etlumière reproduisant les contes des 1001

nuits. Les espaces de Dar Cherait s’articu-lent autour de trois patios et comprennent: le musée proprement dit, une galerie d’art,un souk avec des reconstitutions de ruescommerçantes, un café maure et une sallepolyvalente.Quoique le musée prétende seréférer à l’architecture traditionnelle tuni-sienne (toutes régions confondues) et soitconstruit avec des matériaux locaux (labrique pleine de Tozeur, le bois de troncsde palmiers, la pierre, etc.), il présente enrevanche des éléments architecturaux exo-gènes comme par exemple les toitures enbulbe, un petit clin d’œil à l’architecture despalais des 1001 nuits.Quelques années plustard, un nouveau projet muséal est venucompléter le complexe de Dar Cherait ;c’est Dar zman, œuvre du même promo-teur, qui, à travers un spectacle de son et delumière, reconstitue « les principales scènesde l’histoire d’une Tunisie millénaire » (siteinternet de Dar Cherait). L’ensemble de cesprojets est considéré comme un « centreculturel et touristique ».

Dar Cherait et Dar zman s’inscrivent dansla catégorie de Musées-attraction. Ils pré-sentent une forme de musée peu scienti-fique, très proche de l’interprétation. Le vi-siteur plonge et déambule dans des décorsimaginaires immersifs. Ces expositions-spectacles, rappellent les foires et les parcsd’attractions. Elles déclenchent l’enthou-siasme et rencontrent un grand succès au-près du public. D’ailleurs, Dar Cherait etDar zman sont très fréquentés par les tuni-siens. Mais le paradoxe qu’engendre cetype de musées c’est qu’à l’origine, ils sontcréés pour mettre en valeur le patrimoinenational et régional, mais pour cela, ils mo-bilisent des stratégies d’exposition propres

à la culture de consommation et véhiculéespar la mondialisation. Néanmoins, malgréleur limite scientifique, en Tunisie, les mu-sées-attraction ont le mérite de combler levide culturel qui régnait à l’intérieur du payset de promouvoir le tourisme régional.

Promoteur : Dar Cherait - Architecte : Ajmi Mimita

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Promoteur : Groupe MzabiArchitectes : Imhotep (esquisse); Les ateliers du Belvédères (exécution)Conservateur : Sami MenifSurface d’exposition : 2000 m2

L’EXPÉRIENCEMUSÉOGRAPHIQUE DE DJERBAHERITAGE ET L’APPARITION DUPREMIER MUSÉE DE PLEIN AIR

Depuis Dar Cherait, le nombre de muséesprivés en Tunisie ne cesse d’augmenter. Sicertains de ces musées sont d’un kitsch ab-solu, d’autres valent bien le détour commele parc Djerba explore. Celui-ci comprendun musée des arts islamiques Lella Hadria,un musée de plein air Djerba heritage, pré-sentant le patrimoine architectural de l’île,une ferme de crocodiles (Crocod’îles), ainsiqu’un hôtel et un petit complexe commer-cial. Le musée Lella Hadria se distingue parson architecture sobre et épurée, à l’imagede l’architecture traditionnelle de l’île, etpar la richesse et la variété de ses collec-tions. En dépit de la présentation taxino-mique des objets, la muséographie proposeune signalétique claire et un parcours enboucle, permettant de visiter confortable-ment tous les thèmes de l’exposition.

Le musée Djerba heritage est le premiermusée de plein air en Tunisie. C’est un espa-ce muséal non couvert, formé d’un en-semble de petits bâtiments indépendants,présentant des reconstitutions en vraiegrandeur d’espaces traditionnels djerbiens :

une maison traditionnelle (houch), un ate-lier de tissage, une huilerie souterraine, unatelier de poterie, etc. Les bâtiments repré-sentent des modèles de l’architecture ver-naculaire de l’île ; les intérieurs meubléssont visitables aussi. Là encore, il s’agitd’une stratégie d’exposition empruntée à lamuséographie analogique. Ce type de pré-sentation, appelé les décors reconstitués,remonte aux expositions universelles deParis, qui cherchaient à reproduire desensembles architecturaux parfois pas trèsfidèles à l’architecture représentée (la faus-se copie du palais du Bardo à l’expositionuniverselle de 1867 au parc Montsouris enest l’exemple). Ce mode de présentationest entré dans les musées et les exposi-tions dans le dernier quart du XXème siècle.C’est une muséographie d’immersion quiintègre le visiteur dans le dispositif deprésentation. On déduit qu’au musée deDar Cherait, comme au musée de DjerbaHeritage ou à la villa Africa, l’architectureest conçue comme un objet d’exposition.

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QUEL AVENIR POURLES MUSÉES EN TUNISIE ?

Le grand événement muséal qui a marquéle début du XXIème siècle en Tunisie est sansdoute le « Projet de Gestion et deValorisation du Patrimoine Culturel »,financé grâce à un prêt attribué par labanque mondiale. Six sites culturels fontl’objet de projets de mise en valeur dont lepalais-musée du Bardo, le musée archéolo-gique de Sousse, le musée des arts et tradi-tions populaires de Djerba, récemment

inauguré, et la médina de Kairouan qui sedotera d’un centre d’interprétation pourprésenter l’histoire de ses principaux mo-numents.

La particularité de ces projets est qu’ils ontété confiés à des grandes agences interna-tionales, spécialisées dans l’aménagementmuséographique. Outre ces musées,d’autres projets muséaux récents ont étéconçus grâce à des compétences tuni-siennes, tels que le musée ethnographiquede Moknine (inauguré en 2006), le muséeethnographique de Kessra (inauguré en2009) et le musée du Sahara de Douzrénové au cours de l’année 2006. Ces pro-jets sont réalisés par les concepteurs del’Institut National du Patrimoine.

Dans des pays comme la Tunisie, les projetsde musées ont pour finalité de servir les in-térêts économiques du pays à travers ledéveloppement du tourisme culturel.Aujourd’hui, le musée est devenu une insti-tution universelle ouverte à un public hété-rogène d’origines géographiques et cultu-relles diverses. Mais à l’heure où le musées’universalise, une question de taille se

pose : comment construire une institutionà vocation universelle tout en préservantun cachet architectural local ? Les archi-tectes du monde entier rêvent d’avoir dansleurs carnets de commande un projet demusée, mais le plus souvent c’est pourmontrer à quel point ils sont eux même ar-tistes.Très peu d’entre eux se soucient ducontexte géographique et culturel du pro-jet muséal ce qui donne à la fin des bâti-ments dénués d’identité régionale et dontl’architecture est universelle. D’où l’intérêtde prendre conscience de l’importance descontraintes locales. Inutile d’imiter les starsde l’architecture muséale car les modèlesqui ont fait leurs réputations ont très vitemontré leur limite. Contrairement àd’autres pays, la Tunisie a la chance de déte-nir des collections exceptionnelles et va-riées, on a donc le devoir de présenter cescollections dans une architecture excep-tionnelle propre aux spécificités du pays.

Par ailleurs, l’expérience muséale tunisien-ne est aujourd’hui vieille de plus de 120ans. Cependant, le public tunisien boudeencore les musées. Ces derniers sont

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Image 3d de la muséographie du projet de rénovation du Centre du Patrimoine Traditionnel de Kairouan (inauguré en avril 2009)Architecte : TASMIM - Taoufik Ben Hadid (Tunisie) - Muséographie : Agence Le Conte Noirot (France) Image 3d

Centre du Patrimoine Traditionnel de Kairouan,vue 3d extérieure

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Image 3d du projet de rénovation du musée archéologique de SousseArchitecte : TASMIM - Taoufik Ben Hadid (Tunisie)Muséographie : Agence Le Conte Noirot (France)

restés pendant longtemps considérés com-me des endroits poussiéreux et sans at-trait, destinés avant tout aux touristes. Il estdonc temps d’amener les tunisiens au mu-sée et de faire de celui-ci un lieu de diver-tissement et d’apprentissage parascolaire.Actuellement, cette question figure aucentre des nouveaux projets muséaux enTunisie. Pour cela, la communication reste

l’outil indispensable pour captiver l’atten-tion du public local. Mais le problème desmusées tunisiens ne se limite pas aux ques-tions de fréquentation et de présentation,la plus grande faille réside en l’absence delégislation et de lois relatives à la gestion età l’organisation des musées, mais il s’agit làd’un autre sujet... �

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CENTRE D’INTERPRÉTATION,ÉCOMUSÉEET MUSÉE DE SITE :PRÉCISIONS TERMINOLOGIQUES

Ces trois types de musée prêtent à confu-sion. Les définitions qu’on leur donne icisont empruntées au muséologue françaisAndré Desvallées.

Un centre d’interprétation se proposed’expliquer un lieu de mémoire, une unitéécologique, un site naturel (paysage), ouculturel (monument, village, site archéolo-gique, site ou cité historique). Dans cetype d’exposition, le sens du discours revêtplus d’importance que la valorisation desartefacts et des objets authentiques. Lecentre d’interprétation peut accueillir desateliers d’expérimentation et des atelierspédagogiques.

L’écomusée est une institution muséaleassociant au développement durabled’une communauté, la conservation, laprésentation et l’explication d’un patri-moine naturel et culturel détenu par cettemême communauté. Le terme a étéproposé en 1970 par Hugues de Varinepour désigner les musées communautairefrançais, dont la gestion est assuréepar les collectivités territoriales ou parles associations. Selon Georges HenriRivière, l’un des principaux inventeurs del’écomusée, il s’agit à la fois d’un labora-toire,d’un conservatoire et d’une école.Les lieux d’exposition d’un écomusée sontmultiples : ils peuvent s’étaler sur tout leterritoire concerné, tout en restant reliéspar un parcours déterminé.

Enfin, le musée de site se définit commeun espace muséal le plus souvent couvert.Il est implanté à côté d’un site archéolo-gique. Il accueille des objets issus defouilles qui demandent d’être protégés et ilpeut intégrer un centre d’interprétation.

Image 3d du projet de rénovation du musée archéologique de SousseArchitecte : TASMIM - Taoufik Ben Hadid (Tunisie)Muséographie : Agence Le Conte Noirot (France)

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Le muse´e du Patrimoine Traditionnel de Djerba,

un nouveautype de muse´e

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Par Taoufik BEN HADID, architecte

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Le site, qui totalise une superficie de5435 m2, comprend des constructionsd’époques différentes : le mausolée, édifiéau XIIIème siècle et transformé au XIXème,"Koubbet el Khayal" dont la constructionsemble plus ancienne, ainsi que des con-structions plus récentes en relation avecl’activité muséale (billetterie, administra-tion, espaces d'exposition).

L’opération a consisté en trois actions com-plémentaires : la restauration de la zaouïa, laréaffectation de Koubbet el Khayal » encentre d’interprétation et la constructiond’un nouveau musée pour accueillirl'ensemble des fonctions muséales : accueil,

administration, conservation et expositiondes collections. Il faut toutefois soulignerque les « termes de références » initiant leprojet prévoyaient une interventionbeaucoup plus réduite : extension del’espace d’exposition et restauration de lazaouia notamment pour régler lesproblèmes d’humidité incompatibles avecl’activité d’exposition qu’elle devaitcontinuer à accueillir. L’analyse de la situa-tion nous a conduits à modifier le statut decette Zaouia : d’espace muséal, elle estdevenue objet du musée.

Le choix d’implanter le nouveau muséedans la partie arrière du site et le traite-

ment très sobre des nouveaux volumesavec une prédominance de façades aveu-gles participent d’une mise en scène visantà exposer les bâtiments préservés et, enpremier lieu, la zaouia. Ils ont impliqué des« sacrifices » (suppression de certains bâti-ments de construction récente situés dansla zone arrière, à savoir, le bloc adminis-tratif, les réserves et les ateliers de tissage)mais ont permis de préserver la plasticitédes lieux - notamment en manipulant avecprécautions des éléments de l’architecturetraditionnelle Djerbienne (murs épais,voûtes, plans inclinés,…) - tout en en affir-mant un caractère résolument moderne.

Maître d’ouvrage : Ministère de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine Maîtrise d’ouvrage délégué : Unité de Projet (UPGVPC), le Directeur duDéveloppement Muséographique de l’InstitutNational du Patrimoine et le Conservateur duMusée de DjerbaArchitectes : TASMIM Taoufik Ben Hadid (Tunisie)Etudes techniques : IDC (Tunisie)Programmation : Lord Cultural ResourcesPlaning & Management (Canada)Muséographie : Agence Le Conte Noirot (France)Entreprise : Bouzguenda FrèresAménagement muséographiques :société « ADN » (France)Abdennadher Design (Tunisie) / Atelier DribaCoût du musée : 4,1 MDT (dont la moitié pourles aménagements muséographiques)

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Le musée s'articule autour de trois grandesentités ( la zaouia, kobbet el khayal ou cen-tre d’interprétation et le nouvel espacemuséal ) regroupées autour d’une cour en-tièrement chaulée - un lieu de halte où de-vait prendre place une immense ombrelle –et articulées par un volume transparentsitué au cœur du site : l’entrée du muséequi fonctionne comme un foyer d'orienta-tion. Son traitement en transparence a été

pensé comme signalétique de sa fonction(orientation) ; il contribue, à l’instar desoptions évoquées plus haut à établir unedistance entre le musée et la zaouia pouraccentuer son aspect « exposé ».

Le nouvel espace muséal regroupe d’unepart les espaces d'exposition ainsi que lesespaces de service qui leur sont attenantset, d’autre part l’unique volume en R+1 du

projet. L’espace d'exposition regroupe unesalle d'exposition itinérante et quatre sallesd'exposition permanente. Ces espaces, quise distinguent par des couvertures envoûtes surbaissées, sont desservies par unegalerie d'orientation qui se singularise del'ensemble par une forme en courbe, fa-vorisant la fluidité et la souplesse de circu-lation des visiteurs.

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Le volume en R+1 comprend, en bas, laboutique, les sanitaires et le dépôt des col-lections attenant aux espaces d'exposition.L'étage est réservé à l'administration et à lasalle polyvalente qui bénéficie d'une acces-sibilité aisée à partir de l'espace d'accueil auRDC. Etant excentrée par rapport à laZaouïa, cette troisième entité est la seulevisible à partir de la rue principale. Elle con-stitue de ce fait la façade du musée où a étéplacée l'enseigne de l'établissement.

Se déployant sur 2000 m2 les espacesd’exposition des traditions insulaires sontréparties en entités thématiques : agricul-ture, pêche, poterie, cuisine, tissage etcostumes, rites et cérémonies, bijoux. Cesthématiques sont mises en scène grâceà des aménagements muséographiques etun recours simultané à différentes tech-niques utilisées pour éviter l’effet toujoursréifiant des expositions muséales : fondsphotographiques à l’échelle réelle, objetsréels disposés dans leur cadre d’utilisation,maquettes en volume, courts films docu-mentaires, légendes encyclopédiques etbornes interactives. Une lumière artificielleciblée contribue à l’animation et la valorisa-tion de l’ensemble �

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UNE INSTITUTION LIÉE À L’ÉVOLUTION DE LA SOCIÉTÉ

L’ouverture publique des collections privées, royales, princièresou bourgeoises, pendant la seconde moitié du XVIIIème siècle,inaugure l’âge des musées modernes. Dans la perspective utilita-riste qui était celle des Lumières, le musée avait pour missionpremière d’être « un instrument de diffusion de la connaissance,destiné à dissiper l’ignorance, à édifier l’esprit public, à perfec-tionner les arts». En effet ces nouveaux édifices devaient ré-pondre à un double programme, scientifique et pédagogiqued’une part, esthétique de l’autre. C’est ainsi que le travail de clas-sement, de catalogage et de comparaison mené dans ces institu-tions contribua grandement à l’avènement des sciences histo-riques, notamment des disciplines comme l’histoire de l’art, l’ar-chéologie, l’ethnologie, etc. Le musée transforma aussi radicale-ment la perception de l’art et le sens même de la création artis-tique. Une des conséquences majeures de cette mutation futd’envisager désormais la création artistique comme dépourvuede toute finalité, le musée devenant le destinataire direct et ex-clusif des œuvres.

Lieu de construction et de présentation du savoir, espace d’ap-prentissage et de confrontation avec les œuvres et les objets, lesmusées obéissaient à des motivations sans grand rapport avec lesintentions progressistes officiellement formulées. Derrière desidéaux « civilisationnels » et patrimoniaux se cachaient des consi-dérations politiques, idéologiques, économiques. Les modes deconstitution et d'acquisition des collections, usant de pratiquesparfois peu avouables trahissaient autant l’évolution du goût queles rapports de force au sein de la société ou entre états. Le mu-sée, parfait vecteur de symboles et d’idéologies, était aussi un ins-trument au service du pouvoir. Le musée ne fut donc pas unsimple dépôt, accueillant et neutre, détaché de toute contingenceet concentré sur ses missions premières, mais au contraire une

Les muse´es,une architecture spe´cifique ?

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Par Ine`s DIMASSI KHIRI, architecte chercheuse a` l�ENAU

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institution réactive, intimement liée à lasociété et à ses préoccupations les plusimmédiates.

UNE ARCHITECTURE ÀLA RECHERCHE DE MODÈLES

Face à la complexité profonde de l’institu-tion, la création architecturale a longtempstémoigné d’une effervescence inquiète. Enpremier lieu le musée était pensé commeun « monument public » inscrit au cœur dela cité. Bâtiments aux proportions gran-dioses et intimidantes, aux volumes massifset aveugles, ces musées continuèrent à êtredes tabernacles, des sanctuaires patrimo-niaux introvertis, où régnait une atmosphè-re sacrée. Le parcours ascensionnel quedevait emprunter tout visiteur depuis larue devenait en lui-même une forme deparcours dévotionnel. Jusqu’aux annéesquarante, l’architecture du musée secontente d’être l’expression monumentaleet convenue d’un contenu et d’une fonc-tion. Le conservatisme culturel que véhicu-lait alors l’institution s’est d’ailleurs parfai-tement reconnu dans l’historicisme am-biant. Le traditionalisme des bâtiments futainsi mis au service d’un idéal fondé sur l’af-firmation claire d’une continuité culturelleentre passé et présent.

Les années cinquante et soixante furent lethéâtre de la première rupture radicale avec

le monde des musées « façon XIXème siècle ».Le musée temple ou palais céda à la« machine à exposer », aux « boîtes » et« usines » de toutes sortes. En concerta-tion avec les conservateurs, les architectesont mené une révolution « fonctionnaliste »fondée sur l’efficience architecturale et so-ciale du bâtiment, avec pour intention der-nière de renouveler le rapport des visi-teurs aux œuvres et à la « Culture » en gé-néral. La croyance moderniste en la possi-bilité de transformation de la vie par l’ar-chitecture et l’urbanisme s’est ainsi trans-mise aux musées, ces derniers voyant, pourla première fois depuis leur création, leurallure proprement transfigurée. Dans lesannées 70, la hiérarchie des missions dumusée fut redéfinie : devenu un lieu deconsommation culturelle, l’offre du musées’est étoffée pour proposer à ses visiteurssalles de conférences et de projection,maisaussi librairies, cafés, restaurants et bou-tiques de souvenirs ou lieux de réception.Cette démocratisation de l’institution a eupour corollaire une diversification tous azi-muts des collections. Le domaine du « mu-séalisable » a d’ailleurs atteint ces dernierstemps un développement maximal, englo-bant potentiellement tous les aspects duréel. « Un site archéologique ou un écri-vain, la chaise ou la dentelle, la Mercedes-Benz ou l’immigration, tout semble devoirfinir entre les murs d’un musée », confir-

mant en cela la place prise par la culture etl’emprise grandissante du sentiment patri-monial au cœur de nos sociétés.

UNE ARCHITECTUREMÉDIATIQUE

Depuis les années 1970-1980, l’architectu-re s’est vue confier un rôle inédit, intime-ment lié à la nouvelle dimension média-tique des musées. Bien qu’attentives auxmutations internes de l’institution (prise encompte des nouveaux critères de conser-vation et de muséographie, attention por-tée aux publics, etc.), les constructions ré-centes confirment le primat de l’expres-sion architecturale dans le projet muséal.Ainsi voit-on fleurir des projets somp-tuaires dans des endroits improbables. Unetelle inflation est d’ailleurs favorisée parl’existence de produits « clef-en-main », ex-portés par les grands musées, transforméseux-mêmes en multinationales de la cultu-re (la politique de la fondation Guggenheimou encore celle du Louvre, qui a ouvertune succursale à Atlanta et bientôt à AbouDhabi).C’est ainsi que l’on a assisté à la nais-sance récente des musées « franchisés »,produits marketing qui ne possèdent par-fois aucune collection propre.Au risque devoir leurs frontières traditionnelles remisesen cause, les musées sont entrés deplain-pied dans l’ère de l’industrie culturel-le globalisée.

Musée Guggenheim à Bilbao (Espagne), conçu par Franck Gehry (1997)

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Extension du musée des arts à Denver (USA), conçu par Daniel Libeskind (2006) - © Studio Daniel Libeskind

A travers le retour du monumental, c’est lacapacité de l’architecture à faire « image »et à « communiquer » que l’on sollicite. Defait, l’architecture des musées est devenuele lieu par excellence de l’innovation archi-tecturale contemporaine.

Le renouvellement des typologies trahitces changements permanents de para-digmes. Les musées sont en effet passés enquelques décennies du statut de sanc-tuaires patrimoniaux introvertis et réser-vés à une élite, à celui d’institution omni-présente, ouverte sur le monde et assu-mant pleinement sa fonction sociale. Latransition progressive du musée « temple »ou « palais » vers le musée « machine »,

« hangar », « magasin », « entrepôt » ou« usine », puis vers le musée « forum »,« centre commercial » ou « parc d’attrac-tion » atteste de cette évolution constantedes finalités que l’on prête aux musées.L’architecture de ces derniers est donc enperpétuelle redéfinition, afin d’adapter le« contenant » au programme et auxcontours toujours mouvants du musée.

De fait, les projets ont fréquemmentdérapé vers une forme d’emphase, où lanotion d’« archisculpture » et la tendance« déconstructiviste » se sont expriméespleinement. Nombre de projets ont étél’occasion d’une « gesticulation architectu-rale », favorisée en grande partie par les

nouveaux outils informatiques de concep-tion ainsi que par des techniques et desmatériaux de construction de plus en plusperformants. Cette « exultation » formellen’a pas uniquement porté sur les volumesextérieurs et les façades, mais a contaminéaussi les halls d’entrée, les circulations etles espaces d’exposition, qui affichentvolontiers une monumentalité vertigineuse.

Cette tendance est apparue tôt. Dernieravatar du musée moderniste, le centrePompidou fut sans doute le premier de ces« musées spectacle ». Mais l’exemple leplus fameux reste le musée Guggenheim,construit à Bilbao par Franck O.Gehry(1991-1997). Sa sculpturale et somptueuse

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parure en titane, en partie inutile puisqu’el-le abrite une série de volumes vides, fait delui un pur signal médiatique au serviced’une opération de régénération urbainetrès réussie et considérée, d’ailleurs, com-me un modèle. Cette propension généraleau formalisme, il faut l’avouer, convientparfaitement à la vocation publicitaire desnouveaux musées, qui s’affirment de faitcomme des œuvres d’art à part entière.Ces musées sont devenus le lieu d’uneinversion du regard où le spectateurcontemple le contenant et non le contenu.Il y a là, pour certains, un dévoiement,

Musée du Quai Branly (Paris),conçu par Jean Nouvel (2006)

© Ateliers Jean Nouvel

Centre Paul Klee à Berne (Suisse), conçu par Renzo Piano (2005) - © Renzo Piano Building Workshop

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très préjudiciable, de la fonction dubâtiment. C’est pourtant cette dimension« artistique » que plébiscitent ouvertementles commanditaires, qui achètent plus ungeste architectural qu’un projet muséal.La course des villes ou des états pour s’ac-caparer les signatures les plus prestigieusesdu moment et, symétriquement, le jeu dechaises musicales auquel se livrent les« stars » internationales de l’architecture(Ando, Nouvel, Hadid, Libeskind, Fuksas,Herzog et de Meuron, Piano, etc.) pour lamaîtrise d’œuvre des musées, sont lessymptômes les plus marquants de cetteprééminence du fait architectural dans lemonde des musées contemporains.

DES MISSIONS REDÉFINIES

Les légers décalages chronologiques obser-vés entre l’évolution générale de l’architec-ture et les pratiques spécifiques aux mu-sées témoignent d’une coïncidence impar-faite avec l’air du temps. Non seulementleurs transformations architecturales sui-vent une temporalité qui leur est propre,en relation avec l’évolution historique del’institution, mais on constate aussi, aucours du siècle, une nette modificationdans les rapports entre le musée et son ar-chitecture. Comme certains l’affirment, lemusée est aujourd’hui entré dans « l’ère dusoupçon ». La diversification de ses théma-tiques, de ses finalités et de ses activités a

profondément brouillé son identité. Sa su-jétion plus ou moins volontaire aux impé-ratifs de l’industrie culturelle et de la mon-dialisation l’a engagé dans une quête perpé-tuelle de financements, l’obligeant souvent,pour servir ses ambitions, à attenter à sesprincipes fondateurs. Ainsi les administra-tions privilégient-elles une programmationreposant sur « l’événementiel » et les« coups médiatiques » plutôt que sur desexpositions scientifiques jugées « rébarba-tives » et peu « attractives ». Les pouvoirspublics veulent aussi remettre en cause l’in-aliénabilité des collections et pratiquent deplus en plus, de manière décomplexée, lalocation d’œuvres. Quelques esprits mer-cantiles envisagent même de valoriser ce« patrimoine immatériel » que représen-tent les musées, qui sont dès lors considé-rés comme de simples « marques » com-merciales dont « l’image » serait un capitalà faire fructifier dans le cadre d’une straté-gie de communication. Enfin, l’invention si-multanée et antinomique de musées sanscollections et de musées virtuels (internet)confirme l’effacement des frontières insti-tutionnelles jusque-là admises. Face à cettedissolution et à la multiplication de ces ava-tars inattendus, la question semble aujour-d’hui posée de savoir si l’architecture sauraproposer aux futurs musées autre chosequ’une simple parure monumentale �

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Musée Kunsthaus à Graz (Autriche), conçu par Peter Cook et Colin Fournier (2003)© Spacelab Cook – Fournier GmbH

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Musée du monde hellénique à Athènes (Grèce), conçu par l’agence Anamorphosis (2009-2011) - © Anamorphosis Architects

Musée des Confluences à Lyon (France), conçu par Coop Himmelblau et Armin Hess (2001-2013) - © Coop Himmelb(l)au & Armin Hess

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Nouveaux muse´es dans les pays arabes

surenche`re architecturale ou valorisation du patrimoine national ?

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Par Soumaya GHARSALLAH, Ine`s DIMASSI et Ons SAKJI, architectes

Le nouveau musée d’art moderne d’Alger

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LE NOUVEAU MUSÉE D’ARTMODERNE D’ALGER

Le MAMA ou Musée d'Art Moderned'Alger occupe l'ancienne galerie commer-ciale située en plein cœur d’Alger. Edifié en1909, ce bâtiment néo-mauresque a connuune rénovation et une reconversion pourl’adapter à ses nouvelles fonctions mu-séales. Menée par l’architecte Halim Faïdi,la première phase des travaux a permisl’aménagement de 4500 m2 comprenantune grande salle d’exposition et d’autresespaces répartis sur cinq étages. Le MAMAa été inauguré en novembre 2007, pourabriter les événements organisés à l’occa-sion de la désignation d’Alger comme capi-tale de la culture arabe.

Puis, il a été refermé pour finaliser les tra-vaux de rénovation qui totaliseraient les13 000 m2, pour un budget de 10 millionsde dollars. La réouverture est prévue pourfin 2009.

LE PROJET DU GRAND MUSÉEEGYPTIEN DU CAIRE

D’abord destiné à soulager l’actuel muséeégyptien, qui suffoque sous le poids de sescollections, le Grand Musée a été pensécomme un véritable centre d’activités, avecdes espaces de recherches et de confé-rences, des restaurants, etc. Le concoursinternational lancé par le gouvernementEgyptien a été remporté par le cabinetd’architecture Heneghan-Peng, basé àDublin, en juin 2003. Le musée sera installésur un site de 50 ha, dans une zonearchéologique prestigieuse, inscrite sur laliste du patrimoine mondial de l’UNESCO,à savoir le site archéologique de Gizah.Uneimmense passerelle relira les pyramideset le musée. Les parois du bâtiment dumusée seront en albâtre ; elles serontornées de motifs triangulaires évoquant lespyramides.

Le musée devra offrir aux trois millions devisiteurs annuels attendus dès son ouvertu-re une vaste gamme de services et d’infor-mations portant sur la totalité de la pério-de pharaonique. L’édifice disposera d’unauditorium de 1000 places, d’un cinémaéquipé en IMAX 3D, d’une médiathèque /bibliothèque, d’un centre de recherche etd’un institut scientifique. La date d’ouvertu-re prévue pour ce Grand Musée est fixée àjuillet 2011. Le coût du projet est estimé à600 millions de dollars.

Le projet du Grand musée Egyptien du Caire.La façade "lumineuse" de 800 mètres de long et de 40

mètres de haut est tout en albâtre, une roche légèrementtranslucide et typique de l'artisanat du Sud égyptien.

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LE MUSÉE D’ART ISLAMIQUE DEDOHA AU QATAR

Lauréat du prix Pritzker en 1983, Ieoh-Ming Pei (architecte de la pyramide duLouvre), âgé de 91 ans, a été choisi pourconcevoir le musée d’arts islamiques auQatar. Ce bâtiment, inauguré en 2008,s’étale sur 35.500 m2 et aurait coûté 350millions de dollars.Construit sur une île ar-tificielle, éloignée de 60 m de la corniche deDoha, le bâtiment est composé de deuxentités comprenant cinq étages reliées parun patio. La volumétrie de ce musée est unensemble de formes cubiques, inspirés dela fontaine de la moquée Ibn Touloun auCaire. Le bâtiment est coiffé d’une coupole,inspirée de la même mosquée.PEI, étrangerà la religion, a tenté de saisir l’essence desvaleurs et du langage islamique. En effet, laforme carrée représente dans le langagegraphique et géométrique musulman uneforme limitée, pure et finie, c’est la repré-sentation conceptuelle du monde terrestreet la forme circulaire est une représenta-

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tion du monde céleste, d’où les coupolesqui couvrent les mosquées. C’estJean-Michel Wilmotte qui a signé la scéno-graphie de qualité de ce bâtiment, jouantsur l’opposition ombre-lumière. Le musée,à vocation internationale, abrite des chefs-d’œuvre de l’art islamique couvrant unepériode de treize siècles. Il se veut égale-ment un centre national et internationalpour la recherche, l'apprentissage et lacréativité dont l’objectif est de valoriserl’art islamique.

Le musée d’art islamique de Doha au Qatar

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LE PROJET DE MUSÉE DU LOUVRED’ABOU DHABI

Le 6 mars 2007, La France et les Emiratsavaient signé un accord pour la création du"Louvre Abou Dhabi" sur l'île de Saadiyat(en arabe, "l'île du Bonheur"). C’est l’archi-tecte français Jean Nouvel qui a été sélec-tionné pour concevoir ce musée. JeanNouvel (lauréat du prix Pritzker en 2007)s’est laissé guider par la particularité dusite de Saadiyat : une île lagunaire. Les bâti-ments du musée seront couverts d’unecoupole monumentale. Comme une om-brelle, la coupole blanche de 180 m de dia-mètre coiffe les deux tiers de la ville-mu-sée. Souvenir de celle de la mosquée, dumausolée, du caravansérail, de la medersa,sa forme s’affranchit : posée sur quatrepoints d’appui et ouverte sur l’eau, la

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coupole trouve une expression virtuoseet toute contemporaine. Sensiblementsurbaissée, son élévation revêt des propor-tions planes qui laissent la ville s’y glisser, lanature s’y installer, grâce à la pénétrationde la lumière. En effet, cette coupole seraanimée par une trame aléatoire de perfora-tions géométriques, savamment calculéeset traversées par la lumière. Elle tempèreles salles et les modules du muséesous-jacent, en même temps qu’elle om-brage la déambulation intérieure, favorisantla climatisation et l’éclairage naturels.L’inauguration de cette cité-musée estprévue pour 2012/21013.

LE PROJET D’EXTENSION ET DERÉNOVATION DU MUSÉENATIONAL DU BARDO À TUNIS

Le musée national du Bardo est reconnucomme étant le plus grand musée de mo-saïque antique au monde.

Toutefois, la présentation actuelle de sescollections n’est plus adaptée aux normesmuséographiques modernes.D’où le besoinde réorganiser les espaces d’expositions.

Le nouveau projet d’extension et de réno-vation a été confié à l’équipe d’architectesAmira Nouira (Tunis) et SCPAC Codou-Hindley- Disderot (Paris). Un comité scien-tifique a été constitué pour mettre en placeun programme muséographique qui s’ac-corde avec le cadre architectural de l’actuelmusée composé de deux palais contigus (lepalais tunisien et El Qasr El Badii). Le pro-jet prévoit également la construction d’unenouvelle aile, qui sera édifiée à l’arrière dumusée. L’objectif est de doubler la surfaced’exposition et de créer des aires de ser-vices qui répondent aux besoins des visi-teurs (boutiques, cafétérias, restaurants,auditorium, ateliers, équipements pourpersonnes handicapées...) ainsi que onzeespaces d’interprétations et de multimé-dia. Dans la nouvelle aile, six départementsnouveaux verront le jour ; ils seront dédiésà la Préhistoire, à la civilisation phénico-pu-nique, au monde numide, à la collectionsous-marine de Mahdia, à l’Antiquitétardive et à l’Islam. Financé par un prêt dela Banque mondiale, le coût de ce projet estestimé à 18 millions de Dinars �

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PARCOURS

Le parcours doit permettre au visiteur de se repérerdans l’espace et de construire progressivement sa vi-site de façon à reconstituer le scénario de l’exposi-tion. Afin d’éviter la lassitude et le découragementdu visiteur, le parcours doit être ponctué de sur-prises, d’alternances et de coupures rythmiques. Ildoit lui offrir un confort en respectant les unités depassage et en ayant une signalétique claire et bien ré-partie dans l’espace de l’exposition. Un parcours faci-lement identifiable et bien articulé implique un gainprécieux de temps et d’énergie ; il garantit le confortintellectuel du visiteur, ainsi qu’une lecture aisée desséquences de l’exposition. Le parcours doit-il êtrelibre ou contrôlé ?

LLee ppaarrccoouurrss eett ll��e´e´ccllaaiirraaggee ddaannss lleess mmuusse´e´eess eett lleess eexxppoossiittiioonnss oonntt uunnee iimmppoorrttaannccee ccaappiittaallee ddaannssll��aarrcchhiitteeccttuurree mmuusse´e´aallee.. IIllss oonntt ffaaiitt ll��oobbjjeett ddee lloonnggss dde´e´bbaattss aacchhaarrnne´e´ss :: llee ppaarrccoouurrss ddooiitt--iill eˆeˆttrree lliibbrree oouugguuiidde´e´ ?? LL��eexxppoossiittiioonn ddooiitt--eellllee aavvooiirr uunn e´e´ccllaaiirraaggee nnaattuurreell oouu aarrttiiffiicciieell ?? FFaauutt--iill pprriivviille´e´ggiieerr lleess eessppaacceessoouuvveerrttss oouu lleess eessppaacceess ffeerrmme´e´ss ?? SSii cceerrttaaiinnss ddee cceess dde´e´bbaattss sseemmbblleenntt eˆeˆttrree a`a` ppeeuu pprre`e`ss rre´e´gglle´e´ss,, dd��aauuttrreessssoonntt eennccoorree dd��aaccttuuaalliitte´e´..

Par Soumaya GHARSALLAH HIZEM, architecte docteur et Ph.D. en muse´ologie et patrimoine

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Le parcours etl�e´clairage dans le muse´e

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Eclairage naturel zénithal au musée de Chimtou

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Il est toujours difficile de parler du par-cours sans évoquer le débat à propos de laflexibilité ou non des espaces d’exposition.Le plus souvent, les parcours libres résul-tent d’aménagements ouverts, qui donne-raient une liberté absolue à l’utilisateur.Contrairement au musée classique à enfi-lade, où l’on est obligé de suivre un par-cours imposé, le musée décloisonné al’avantage de permettre au visiteur deconstruire son propre parcours dans l’es-pace ouvert de l’exposition. Il permetd’opérer une rotation régulière desœuvres comme au musée Tinguely à Bâleconçu par Mario Botta : les grands espacesneutres et flexibles autorisent une plusgrande souplesse d’utilisation en privilé-

giant l’emploi des cloisons amovibles, desclaustras, des cimaises temporaires, etc.L’inconvénient de ce type d’aménagementest que le parcours risque d’être labyrin-thique ; il n’impose aucune contrainte decirculation au visiteur, qui va se sentir trèsvite abandonné et perdu dans l’exposition.

Les musées ouverts ou flexibles sont le ré-sultat du mouvement moderne. Mais aprèsavoir été à la mode pendant quelques dé-cennies, les aménagements ouverts ont ététrès vite remplacés par des dispositionsplus classiques en salles cloisonnées. Dans

le musée cloisonné, le parcours suit l’en-chaînement des salles, il est obligé.Quoique le cloisonnement puisse limiter lacréativité muséographique, selon certainsconcepteurs, il a l’avantage de prendre encharge le visiteur et de le rassurer pourqu’il ne ressente pas la frustration d’avoirmanqué une partie de l’exposition. Les ex-positions qui font défiler les gens le longd’un couloir réussissent apparemmentmieux que celles dont les parcours ne sontpas contrôlés et où la visite se fait au ha-sard entre les objets exposés.

La disposition classique semble aujour-d’hui avoir remporté le débat.L’expérience au Musée National d’ArtModerne au centre Georges Pompidou(MNAM) a montré comment un aménage-ment ouvert, sans cloisons, tel que l’a ima-giné le directeur du musée à l’époque,Pontus Hulten, n’était pas efficace pour lacompréhension du contenu de l’exposi-tion. Dans ce musée, l’éclatement des es-paces empêchait la construction d’un par-cours clair. L’ancien aménagement mainte-nait la fluidité de l’espace recherchée parles architectes du projet Richard Rogers et

Parcours linéaire

entrée sortie

entrée entréesortie

sortie

Parcours circulaire Parcours Labyrinthique

Le type « linéaire » suit unschéma de circulation obligée,les salles sont organisées enenfilades à sens unique.Recommandé pour lesprésentations chronologiques.

Le type « circulaire », dontl’espace central dessert lesespaces d’expositionpériphériques, permet uncircuit de visite en boucle.

Le type « labyrinthique »où les espaces sontgénéralement décloisonnés,le visiteur organise soncheminement dans l’exposition.

E x e m p l e s d e p a r c o u r s

Projet de musée à croissance illimitée, Le Corbusier (1930)Dans le concept du musée à croissance illimitée deLe Corbusier, le parcours légitime l’architecture du musée.

Guggenheim museum, New York, Frank Lloyd Wright (1959)De forme sculpturale, ce musée concrétise les recherches deLe Corbusier. Il oppose le parcours en spirale au fil d’unelongue rampe. La lisibilité du parcours permet de contemplerles œuvres sans perdre de vue le circuit de visite.

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Renzo Piano, mais il ne convenait pas à laprésentation de la collection du MNAM.Le nouvel aménagement de Gae Aulenti,inauguré en 1980, consistait à abandonnerl’ouverture au profit d’un cloisonnementconventionnel. Les séquences sont visuel-lement séparées et clairement articulées.Le recloisonnement relèverait donc d’uneesthétique classique : « À une architectureforte, il faut une opposition forte » dit GaeAulenti.

ECLAIRAGE

L’éclairage est resté pendant longtempsconsidéré dans sa stricte dimension fonc-tionnelle. Il est devenu, par la suite, un in-

contournable outil de conception muséo-graphique, qui contribue à la mise en va-leur de l’objet. L’éclairage doit être choisien fonction de la nature de l’objet d’expo-sition et lorsqu’il n’est pas maîtrisé, il peutnuire à celui-ci et le dégrader.On peut dis-tinguer plusieurs types d’éclairages mu-séographiques. La classification qu’on sepropose de présenter ici est établie enfonction de la nature de la lumière : natu-relle ou artificielle.

La lumière naturelle contient des radia-tions ultraviolettes et infrarouges nocivespour les pigments et les couleurs et quirisquent d’altérer l’œuvre en provoquant

des réactions photochimiques ou thermo-chimiques, parfois irréversibles. C’estpourquoi il est important de la filtrer parle biais de dispositifs et matériaux qui ab-sorbent ces rayons tels que les velums, lesdéflecteurs, les stores d’occultations et lesverres spéciaux. Ces dispositifs permet-tent de limiter l’apport calorifique et lumi-neux du soleil et évitent l’altération del’objet exposé.

La lumière naturelle peut offrir une am-biance lumineuse uniforme ou non unifor-me. L’éclairage uniforme permet de pré-senter l’œuvre tout en la conservant. C’estun éclairage homogène, propice à l’exposi-

Grands sheds inclinés dans la salle d’expositiontemporaire du musée départemental d’Art contem-porain du Val-de-Marne à Vitry-sur-Seine en France

Musée de Chimtou

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tion d’objets sensibles à la lumière du jour.Il convient aux galeries de peinture et auxobjets sans volumes ou à volumes simples.Il se caractérise par l’absence d’ombreportée et de contraste. L’éclairage unifor-me peut provenir de dispositifs d’éclairagepermettant des prises de jour en toituretels que les verrières, les sheds et leslanterneaux, à condition qu’ils soient biendimensionnés et bien orientés �

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Collection Menil, Houston, Texas, USA, 1986 - Renzo Piano Building Workshop architecte

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Les techniques depre´sentation dans les muse´es

retour sur les notions de muse´ographie, sce´nographie et expographie

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Par Soumaya GHARSALLAH HIZEM, architecte � docteur et Ph.D. en muse´ologie et patrimoine

Exposition temporaire : « les trésors de Chine »Inaugurée en mai dernier au musée national de Carthage, cetteexposition présente plus de 70 objets emblématiques sélectionnésdans de prestigieux musées chinois. C’est une occasiond’apprécier pour la première fois en Tunisie, quelques chefsd’œuvre du patrimoine chinois, dont les plus anciens remontent au1er millénaire avant JC. Cette exposition a fait l’objet d’uneremarquable scénographie, fruit d’un échange et de collaborationentre l’Institut National du Patrimoine et le bureau d’Etat duPatrimoine Culturel de Chine. À voir jusqu’au 8 août.

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Avec le développementdu cyberespace sur laplate-forme internet, lesinstitutions muséales etculturelles se sont em-parées du web pourprésenter leurs collec-tions et toucher un pub-lic plus large, notammentà travers ce qu’on ap-pelle les musées virtuels.Cette nouvelle pratiquemuséale s’inscrit dansune perspective dedémocratisation cul-turelle. Elle a donné lieuà une nouvelle discipline,qui a vu le jour dans lesannées 1990 : la cybermuséologie. Grâce à cette technologie, les plusgrands musées du monde, comme le Louvre, le British Museum, le MuséeGetty, pour ne citer que ceux-ci, existent d’une façon virtuelle. Leurs col-lections sont devenues accessibles via le net. Les retombées du muséevirtuel sont remarquables tant pour le tourisme que pour l’enseignementet l’éducation. Néanmoins, l’apparition de ce concept pose de nombreusesinterrogations, telles que comment s’organise un musée virtuel, lorsque ladimension tangible de l’espace est évacuée. Ou encore comment, dans uncontexte muséal, le cyber espace remplace l’espace réelle de l’exposition,en l’occurrence son cadre architectural, et quel en est l’impact sur l’expéri-ence de visite.

Pour répondre à ces questions, il faut d’abord distinguer deux types demusées virtuels. Le premier est construit à partir de simples images bidi-mensionnelles de type documentaire, présentées sans aucun contexte ar-chitectural. C’est l’exemple du musée virtuel de Discover islamic art1. Ilpropose des images répertoriées dans des bases de données et rassem-blées en fonction de thèmes qui font l’objet de plusieurs expositions vir-tuelles. Ces dernières se déroulent sans aucun contexte spatial architectu-ral et sans aucune représentation tridimensionnelle de celui-ci. Ce qui estappelé donc musée virtuel n’est en fin de compte qu’une base de donnéessur des objets provenant de musées divers et réunis pour illustrer un thè-me ou un sujet quelconque.

Le second type de musée virtuel présente des objets et des images dansdes environnements virtuels tridimensionnels qui représentent un espaced’exposition. C’est l’exemple du musée virtuel des arts et traditions duGabon2. Dans ce cas, les objets sont spatialement contextualisés et le visi-teur évolue dans un espace architectural fictif, qui présente un véritabletravail expographique. L’organisation de l’espace virtuel est réfléchie com-me dans un espace muséal ou expositionnel réel. La différence entre cetype d’exposition et les expositions matérielles est que pour effectuer unevisite, on n’a pas besoin de se déplacer physiquement dans l’espace, lecorps reste figé, comme dans les jeux vidéo classiques. D’où la question :jusqu’à quel point une telle expérience de visite peut-elle être fiable ?

L’apparition des musées virtuels annonce une nouvelle ère pour l’institu-tion muséale : est-ce le début de la fin des musées traditionnels ? Difficile derépondre à cette question, mais une chose est sûre, cette évolution duconcept du musée demande de réviser la définition qui lui est donnée parl’ICOM pour l’actualiser et la mettre à jour.

1 - www.discoverislamicart.org2 - www.gabonart.com

La place de l�espace et ses repre´sentations dans

les muse´es virtuelsLa muséographie, selon le muséologue français AndréDesvallées comprend les techniques requises pour remplir lesfonctions muséales et particulièrement ce qui concerne l’amé-nagement du musée, la conservation, la restauration, la sécuritéet l’exposition. En français, l’usage de ce mot a malheureuse-ment tendance à ne désigner que l’art - ou les techniques -d’exposition. Rappelons au passage que la muséographie et lamuséologie constituent deux disciplines différentes. Dans sonsens le plus général, la muséologie est l’étude du musée et nonsa pratique, laquelle relève de la muséographie. Aujourd’hui lamuséologie se développe comme une analyse communication-nelle et informationnelle de tout ce qui touche au musée.

La scénographie, regroupe les aspects formels et matérielsde l’exposition (couleur, éclairage, cimaises, etc.). Le GrandLarousse Universel la définit comme étant l’ensemble des élé-ments picturaux, plastiques, techniques et théoriques qui per-mettent la création d’une image, d’une construction bi ou tridi-mensionnelle, ou la mise en place d’une action, notammentthéâtrale. Dans d’autres dictionnaires, la scénographie est défi-nie comme l’art de l’organisation de la scène et de l’espacethéâtral. Force est de constater que la référence au théâtredans les définitions de la scénographie est on ne peut plus pré-sente. Pourtant le traitement de la scène théâtrale est complè-tement différent de celui de l’exposition, raison pour laquelleon lui préfère le terme suivant.

L’expographie désigne ce quiqualifie l’art (ou les techniques)de l’exposition, qu’elles se si-tuent dans un musée ou dansun espace non muséal. Elle ex-clut la conservation, la restau-ration et la sécurité, propres àla muséographie et elle neprend en compte que les tech-niques de présentation et decommunication. C’est un ter-me qui a été proposé en 1993par André Desvallées, en com-plément du terme « muséogra-phie ». Pour Desvallées, l’expo-

graphie vise à la recherche d’un langage et d’une expressionfidèles pour traduire le programme scientifique d’uneexposition. En cela elle se distingue à la fois de la décoration, quifonctionne sur de simples critères esthétiques, et de lascénographie.

À la suite de ces définitions, on déduit que les limites entre lamuséographie, l’expographie et la scénographie ne sont pastoujours nettes, ce qui explique pourquoi elles sont sujettes àconfusion �

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L'interprétation du patrimoine se définit comme une "méthode de sensibilisation" qui consiste à traduire, pour unpublic en situation, le sens profond d'une réalité, en ayant recours à des moyens qui font d'abord appel à l'appréhen-sion, c'est-à-dire qui mènent à une forme vécue et descriptive de la connaissance plutôt qu'à une forme rigoureuse-ment rationnelle. On peut citer parmi les moyens, qui sont des outils de médiation : les dioramas (reconstitutiond’une scène dans son environnement naturel), les pancartes et panneaux classiques, les bornes et les panneauxinteractifs, les projections virtuelles et salles immersives, les maquettes, les maquettes virtuelles, les effets sonoreset visuels, les objets archéologiques, les artefacts, les copies d’artefacts, les vestiges.

Comme support pour la création du centred’interprétation, nous avons choisi le pro-jet de mise en valeur et d’aménagement dusite archéologique d’Oudhna. Ce projet aété lancé par le Ministère de la Culture etde la Sauvegarde du Patrimoine en 2004.

Il est à signaler que le projet d’interpréta-tion s’applique à l’ensemble du site archéo-logique, mais, s’agissant du site d’Oudhna,où les fouilles sont encore en pleine gesta-tion et où l’état du site ne permet nulle-ment de s’aventurer sur des bases incer-taines, nous avons choisi de focaliser notrerecherche sur la conception d’un centred’interprétation dont le dessein premierest de fournir les clefs d’une lecture attrac-tive et approfondie du site. Loin d’être unlieu de conservation ou encore une vitrine,ce dernier mettra à la disposition des visi-teurs les outils nécessaires pour saisir lesens profond du site. Il s’agit aussi de réflé-chir à la relation que peut établir cet équi-pement avec le monument voisin qui estl’amphithéâtre dont l’étude et la restaura-tion sont presque achevées.

PARTI ARCHITECTURAL

L’idée maîtresse du projet est de créer unparcours interprétatif, qui, partant ducentre d’interprétation, guiderait les visi-teurs à travers le site, en passant par l’am-phithéâtre, pour aboutir de nouveau aucentre d’interprétation. Ce dernier marqueà la fois le début et la fin du parcours. Il estconstitué de deux entités. L’accueil des visi-teurs se fait par la première entité. Point de

CCee ttrraavvaaiill tteennttee ddee dde´e´mmoonnttrreerr qquuee ddee nnoouuvveelllleess aapppprroocchheess aapppplliiqquue´e´eess aauu pprroojjeett aarrcchhiitteeccttuurraall ppeerrmmeetttteenntt ddeeffaaiirree rreevviivvrree llee ppaattrriimmooiinnee,, lluuii ccoonnffe´e´rraanntt uunn nnoouuvveeaauu ccoonntteennuu aaffiinn ddee rre´e´ppoonnddrree aauuxx bbeessooiinnss aaccttuueellss.. PPaarrmmii cceessnnoouuvveelllleess aapppprroocchheess ffiigguurree ll��iinntteerrpprre´e´ttaattiioonn,, aaccttee ddee ccoommmmuunniiccaattiioonn ppaarr eexxcceelllleennccee..

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Projet de centre d�interpre´tationdu site arche´ologique d�Oudhna

Me´moire de fin d�e´tudes de Ouiem Kartas, soutenance a` l�ENAUen mars 2008 sous la direction de Khaled Karoui

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départ du parcours, cet espace s’organiseen plusieurs cellules regroupées autourd’un espace central, distributeur à l’imagedu jardin dans la maison romaine.L’intérieur des cellules est aménagé aumoyen des outils de médiation et y serontproposées quelques reconstitutions.

La deuxième entité, séparée de la premièrepar une passerelle transparente, marque lafin du parcours, et offre aux visiteurs desespaces de détente et de repos.

Le vocabulaire architectural employé, à lafois contemporain et utilisant des maté-riaux tels que le vitrage et l’acier, dévoile ledésir de se démarquer par rapport au bâtiancien. Cette démarche a pour but depermettre aux visiteurs la lecture desdifférentes strates historiques.

Enfin, l’architecture du centre d’interpréta-tion, qui allie le plein et le vide, le transpa-rent et l’opaque a comme objectif de souli-gner l’idée de dialogue, d’échange etd’interaction avec le site archéologiqued’Oudhna �

Plan partiel RDC

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EVOLUTION DE L’ARCHITECTURE,LA DÉCORATION ET LES JARDINS DE PALAIS

Saloua Darghouth historienne et membre de l’I.N.P, a présentéun survol de l’évolution historique des différents spécimens ettypologies de palais et de grandes demeures aristocratiques de laTunisie, symbolisant la puissance de leurs commanditaires fortu-nés, dont certains ont été évoqués par Jacques Revault. Ces édi-fices ont surtout connu leur période faste à l’époque husseinite,et c’est à partir du XIXème siècle, que les palais avec patios sontsupplantés par le modèle de palais italianisants avec de grandespièces spacieuses et des motifs décoratifs européens.

Une virée à l’intérieur des somptueuses chambres anciennes,faite par l’artiste plasticienne Mahsouna Sellami enseignante àl’ENAU, a montré le type de mobilier intégré dans l’architecturedes grandes demeures de la Tunisie. Ces objets du patrimoinetunisien considérés comme le fruit d’un travail artisanal et d’unemain d’œuvre locale, ont permis de définir un cadre de vie touten perpétuant un genre de vie. Cette intervention nous a révéléque la configuration des façades des lits, intégrées dans leschambres traditionnelles, ainsi que leurs appellations et leurscouleurs sont différentes selon les régions. Les couleurs dumobilier nous renseignent sur le mode de vie et notamment laclasse sociale de ses propriétaires (une polychromie de couleurspas très contrastée dans la ville de Sfax, à Mahdia une polychro-mie assez contrastée avec dorure et à Tunis la dorure estplus accentuée).

On ne peut pas parler de la riche beauté intérieure des palaissans évoquer la beauté extérieure qui se manifeste principale-ment par les vastes jardins. Sondess Zaïer doctorante en paysagede l’institut du paysage de Chott Meriem, a donné un aperçu surla naissance et l’évolution des jardins dans les grandes demeurestunisiennes.C’est durant le règne de la dynastie Husseinite que lejardin est passé d’un espace clos à un espace ouvert, construit au-tour des palais de villégiature, tout en assimilant progressivementles héritages et les cultures des différentes dynasties.On a pu dis-tinguer trois types de jardins : les vergers ou swanis qui étaientcomposés par des parcelles de formes carrées contenants desoliviers, des palmiers et des citronniers, les jardins avec perspec-tives, ayant un bassin central, qui mettaient en évidence l’entréedes palais. Et le troisième type c’est les jardins clos qui s’ou-vraient directement sur la campagne, par l’intermédiaire de la sa-nia. Les jardins jouaient le rôle de transition et de liens visuels.Cette intervention a suscité un questionnement à propos du de-venir des jardins husseinites en tant que composante de notrepatrimoine, dont la plupart a complètement disparu aujourd’hui.

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eLes palais de la me´dinade Tunis et de ses environs, un pre´cieux he´ritage a` pre´server

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LES TECHNIQUESCONSTRUCTIVES ET LARECONVERSION DE PALAIS

L’architecte Denis Lesage a mis en éviden-ce la technologie performante de produc-tion et de construction des palais, permet-tant de mettre en œuvre les désirs et lessouhaits de ses riches propriétaires. Il a citéquelques exemples de palais qui ont étédes lieux d’innovation et de prouesse ar-chitecturale. Ainsi grâce au choix tech-nique de charpentes en bois du palaisdu Bardo, on a pu atteindre au milieu du

XIXème siècle, respectivement dans les sallesde Carthage et de Sousse des portées de17 m et de 14 m. Les procédés constructifset les équipements techniques des palaisKhaznadar dans la médina de Tunis datantdu XIXème siècle et le palais d’Erlanger,situé à Sidi Bou Saïd, qui date du début duXXème siècle ont été présentés commeétant des techniques de pointe par rapportà leur époque de construction.

Dans son intervention sur la reconver-sion des monuments historiques, LotfiBouzouita, architecte à l’AMVPPC considè-

re cette forme d’intervention comme unoutil de conservation qui garantit la surviede l’ancien en lui attribuant une nouvellefonction, tout en prenant en compte les en-jeux de la vie moderne.Appuyant ses pro-pos par une projection d’images, un survoldes différentes interventions qui ont eulieu en Tunisie dans certains palais a permisde se rendre compte de l’évolution desconcepts méthodologiques de la reconver-sion. En effet la première génération deprojets de cette typologie d’interventionss’apparentait à une nouvelle affectation

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Situé à proximité du Bardo, le palais Ksar Essaid a été édifié dans la seconde moitié du XIXémesiècle. Actuellement le palais est en cours de restaurationpar l’INP et de reconversion en musée de l’Histoire moderne et contemporaine. Le palais abrite une collection unique de trônes de l’époque beylicale.

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sans transformations majeures, citons com-me exemple : la réaffectation du palais duBardo en musée. Cette première série secaractérisait par une simple expositiond’objets sans se soucier du lieu et de l’ima-ge de l’ensemble. La deuxième générationde projets de reconversion a vu le jouravec la prise en compte d’une démarcheque l’architecte doit suivre dans sa concep-tion : la compréhension de l’existant, le res-pect de sa logique et de ses détailsconstructifs, la préservation de l’âme deslieux et l’adéquation d’une fonction etd’une forme. « Afin d’aboutir à une lectureclaire de la nouvelle fonction, le concepteurdoit sauvegarder l’authenticité des lieux quidevrait primer sur la liberté d’aménage-ment par rapport à l’ensemble », a ajoutéL. Bouzouita. La reconversion, aujourd’hui,est passée d’une simple sauvegarde etoccupation statique du bâtiment à uneexploitation et réutilisation pratique quirépond aux besoins modernes et socio-économiques de la société.

PARCOURS ET TÉMOIGNAGES

Le premier était celui de l’homme d’affairesMohamed Nejib Bourguiba, gérant du palaisKobbet Ennhas à Manouba, qui nous a faitpart de son long acharnement durant huitans à rendre au palais son aspect et étatd’origine. Cette demeure princièreconstruite en 1756 par un prince musicienet s’étalant sur 4 hectares, a été occupéedurant une période par les sœurs qui ontpu l’entretenir. Le deuxième témoignageétait celui de Laurand Revault le petit-filsde Jacques Revault. Il a retracé le long par-cours de son grand père et restitué lecontexte historique et épistémologique,qui a donné naissance à son projet de re-cherche sur les palais. Jacques Revault estvenu en Tunisie en 1932 pour effectuer l’es-sentiel de sa carrière. En 1956, il entameson projet de recherche sur les palais etdemeures de Tunisie, grâce auquel il a crééun nouveau récit architectural, qui a per-mis de révéler à travers une approche quiallie une lecture ethnographique, histo-rique, sociologique et urbanistique les data-tions précises des constructions, les in-fluences diverses et les particularités duvocabulaire architectural tunisien. Cet eth-nographe spécialiste de l’architecture do-mestique nous a légué à travers ces publi-cations, un héritage culturel et une référen-ce pour le patrimoine tunisien �

Ons Sakji Smaoui, architecte

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De haut en bas

Dar Cherif, situé dans les environs de la mosquée SidiMehrez . L’INP s’est donné pour mission de restaurercette demeure qui se distingue par un subtil mélangeentre une typologie de type traditionnelle et un décord’inspiration italienne.

Palais El Menem, construit avant 1904, à proximité dupalais du Bardo, ce palais restauré par l’INP a été recon-vertit en siège du conseil constitutionnel en 2004.

Beït El Hikma . Ce palais a été construit au milieu duXIXe siècle sur un site archéologique, situé au pied de lacolline de Carthage, en s’ouvrant sur la mer. Il fut édifiéà l’époque husseinite, par le général Ahmed Zarrouk. En 1992, ce palais fut reconvertit en AcadémieTunisienne des Sciences, des lettres et des Arts

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Ce projet est conçu par Drawlinkgroup, bureau d'architecture et d'archi-tecture d’intérieur fondé à Dubaï et tenu principalement pas un grouped'architectes tunisiens aux cotés de son fondateur et directeurDaousser Chennoufi, architecte tunisien. Drawlinkgroup possède aussiun bureau à Tunis.

"BAB'BHAR Resort" est un ensemble touristique situé près de Fujairah,sur la côte Est des Emirats arabes unis, face à l'Océan Indien. Cette ré-gion se distingue par son paysage côtier particulier.

Le projet est bâti sur un terrain formant une avancée dans la mer, profi-tant ainsi d’une proximité de l’eau et d’axes de vue intéressants. Il estconstitué de 80 chambres, 30 suites, un spa et plusieurs espaces publics(restaurants, bars, cafés…)

Le projet "BAB'BHAR Resort" propose une réinterprétation contempo-raine de certaines cités de pêcheurs de la région du golf d’Oman, tout ense référant à l’usager ; son échelle et sa perception de l’espace à traverstous ses sens notamment la vue. En effet, une présence visuelle perma-nente de l’océan est assurée à travers de multiples percées.

Ce projet se présente en forme d’une large masse étalée qui a subi dessoustractions de matière donnant jour à des vides structurés et hiérar-chisés (placettes, patios, ruelles..), ce qui assure une certaine urbanité etune adaptation au climat chaud de la région.

Le parti pris d’une sobriété de la forme spatiale et des matériaux privilé-gie un haut niveau de confort et de luxe �

Moez TABIB, architecte

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Concours Cityscape Architectural Awards

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- Archibat n°18 - 06.0986 87

Projet : BAB'BHAR Resort, Fujairah, EmiratsArabes UnisMaître d’œuvre : Drawlinkgroup ArchitectureDubaïChef de projet : Anes Talmoudi, architecteMaître d’ouvrage : BSG – DubaïSurface du terrain : 17700 m2

Surface couverte bâtie : 13500 m2

Plus d’infoswww.drawlinkgroup.comwww.cityscape.ae/awards.html

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LE PREMIER PRIXMourad Zoghlami et

Md Ali Ben Soltane, architectesL’idée maîtresse du projet a été, selon les architectes,de marquer, de dessiner et de montrer commentArchitecture et Histoire, Architecture et Philosophies’entrecroisent, de plusieurs manières, afin de donnerun sens à “Dar El Ittihad”.

Le bâtiment proposé se distingue par une calotte gé-néreuse à partir de laquelle émerge un volume sobredélimitant une place: “la Place de l’Ittihad”. Une placequi joue un rôle important, à la fois lieu de rencontreet de rassemblement pouvant accueillir et réunir aumême endroit les différentes catégories de tra-vailleurs. Cette place donnerait, d’après les archi-tectes, tout son sens au siège de l’UGTT.

L’objectif que les concepteurs se sont proposé d’at-teindre a été d’offrir des séquences qui créent uneâme propre au projet, de concevoir un lieu de vie, dedonner aux utilisateurs un sentiment de rassemble-ment et de permettre l’échange. La mise en valeur descirculations et de l’éclairage a été, selon les archi-tectes, déterminante pour créer en ce lieu sérénité etconvivialité.

Enfin, l’architecture de « Dar el Ittihad » se veut un mi-roir reflétant son caractère spécifique. Une image for-te et référentielle, un projet simple, pur et sobre quireflète la sagesse. Un bâtiment moderne qui marqueson temps et qui laisse toutefois transparaître des ré-férences à notre patrimoine architectural, telles queles brise-soleil protégeant les parties vitrées et for-mant des motifs inspirés du patrimoine tunisien.

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L�Union Ge´ne´rale des Travailleurs Tunisiens

s�offre un nouveau sie`ge

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LE TROISIEME PRIXMoncef Debabi, architecte

« Notre souci premier lors de la conception de l’édifi-ce était de soigner l’image externe, celle que l’on abor-de en premier lieu, celle qui reste gravée dans la mé-moire » explique Moncef Debabi dans sa note de pré-sentation du projet. La recherche morphologique, bienque marquée par la force du geste, a été, selon l’archi-tecte, guidée par les contraintes du programme. Leprojet proposé se compose de deux corps de bâti-ments juxtaposés. Le premier, en forme de carré tron-qué, abrite la direction générale avec l’ensemble desbureaux. En son centre est créée une placette plantéepermettant d’accéder à l’entrée principale. Le deuxiè-me bâtiment, qui dispose d’un accès indépendant, abri-te le centre de congrès et le restaurant. Le choix dutraitement des façades a porté essentiellement sur lecontraste créé par l’emploi à la fois du vitrage et du bé-ton. Le vitrage (le verre structural) offrant le maximumde transparence et d’éclairage naturel, et le béton, quiporte une connotation contemporaine et moderne(double paroi). Sur la façade principale, située sur leprolongement de la rue Alain Savary, l’architecte a dis-posé un élément signalétique en forme d’Arche. Cedernier sera édifié en charpente métallique qui seracouverte de végétation telle un mur végétal.

LE QUATRIEME PRIXJallel Sakli et

Sami Ateb, architectesDans leur parti architectural les architectes se sont ba-sés sur des principes d’économie d’énergie. Ils ont pro-posé un plan masse en forme de « H » créant un videassimilé à un patio, clin d’œil à l’appellation historiquede l’institution : « Dar El Ittihad ». A la tombée de lanuit celui-ci se remplit du bas vers le haut d’air frais quipeut rester en place toute la matinée ; d’où une écono-mie sur la climatisation le matin. Il est également re-haussé d’une verrière métallique jouant le rôle d’uneenveloppe protectrice qui permet de filtrer le soleil etoffre un abri le jour des rassemblements syndicaux.Cette verrière métallique permet entre autres de pro-téger la façade vitrée du hall principal sur laquelle figu-re en sérigraphie le dessin de la façade de l’actuel siègede l’UGTT, autre rappel de l’histoire de l’institution.Par ailleurs les architectes ont proposé de planter laplupart des toitures terrasses. Outre son aspect esthé-tique et écologique, la végétalisation des toitures per-met une rétention des eaux de pluies, l’amélioration dela qualité de l’air en l’humidifiant et en réduisant latempérature ainsi que la filtration des poussières etdes polluants. Enfin, des capteurs solaires à cellulesphotovoltaïques seront installés sur le toit afin de par-ticiper à la production d’électricité pour l’éclairage deslocaux.

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Le premier prix de ce concours a été attribué aux deux archi-tectes Ghazi EL Mhiri et Riadh El Bahri qui se sont associéspour la réalisation du plan d’aménagement. La future cité spor-tive sera composée de trois stades un premier olympique(40.000 places), un deuxième destiné au rugby (500 specta-teurs) et un troisième réservé à l’athlétisme (500 places) avecun bâtiment destiné à abriter un hôtel pour les athlètes. La citécomprendra aussi une piscine couverte (500 places), une salleomnisports avec une capacité de 6000 spectateurs et un com-partiment administratif

Un parcours de santé a été envisagé avec des terrains de sportdestinés aux sports de masse toutes disciplines confondues,tout en tenant compte des commodités fonctionnelles ainsique l’aménagement des aires de stationnement appropriées àce genre d’infrastructures.

Le principe général de ce plan d’aménagement a été élaborésuivant deux scénarios :

� Le premier scénario consistait à construire un stade avectrois terrains d’entraînement et un parking subdivisé en plu-sieurs compartiments : un premier pour VIP, un deuxième pourle public local, un troisième pour les journalistes, et enfin undernier pour le public des visiteurs.

Les circuits ont été scindés de manière à clarifier et assurer lasécurité des personnes et surtout à la sortie du grand public.

Une circulation véhiculaire assez dégagée et fluide a été priseen considération, tout en prévoyant la création d’une garepour une future station de métro de la ville, et d’un pont qui varelier la route de Gabes à la cité olympique.

� Le deuxième scénario dépendra du montage financier et ins-titutionnel, qui représente la deuxième tranche du projet. Leprojet est en phase d’étude en attendant les prochaineséchéances d’élaboration.

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La future cite´ sportiveolympique de Sfax

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DE NOUVELLES DISPOSITIONSLÉGISLATIVES EN MATIÈRE DEMAÎTRISE DE L’ÉNERGIE

Dans le cadre du Fonds National de Maîtrisede l’Energie, une nouvelle loi ainsi qu’un décret relatif à la maîtrise de l’énergie ontété promulgués par le Chef de l’Etat le9 février 2009.

La loi n°2009-7 oblige les entreprises indus-trielles grandes consommatrices d’énergie àse soumettre à la consultation préalable del’ANME avant d’entamer la réalisation deleurs projets. Avec cette nouvelle loi, toutétablissement ou groupe d’établissements in-dustriels tertiaire ou agricole qui produit del’électricité à partir d’énergies renouvelablesou qui s’équipe d’une installation decogénération économe en énergie pour saconsommation propre, peut désormais ven-

dre ses excédents à la Steg. L’établissementbénéficie en outre du droit de transport del’électricité ainsi produite par le réseau élec-trique national jusqu’à ses points de consom-mation.

En complément à cette loi, le nouveau décret(n°2009-362) permet aux entreprises dontles actions ont pour objectifs l’utilisation ra-tionnelle de l’énergie, le développement desénergies renouvelables et la substitution del’énergie d’être subventionnées partiellementpar l’ANME. Le décret fixe les taux et lesmontants de ces primes ainsi que les condi-tions et les modalités de leur octroi.

On peut citer notamment la consultationpréalable et l’audit énergétique (réaliséauprès d’un bureau d'études agréé parl'ANME), pris en charge à hauteur de 70 %(plafonné à 30000 dinars). L'ANME peutégalement aider l'entreprise à supporter lessurcoûts d'efficacité énergétique dans la limitede 20% des frais d’investissements matérielset 70 % des investissements immatériels (cestaux étant plafonnés selon différentes condi-tions). Les investissements de cogénérationpeuvent quant à eux bénéficier d’une primede 20% du coût de l’investissement engagé(plafond : 500 000 dinars)

CONTRIBUTION DE LA STEG AUDÉVELOPPEMENT DEL’AUTOPRODUCTIOND’ÉLECTRICITÉ ET DES ÉNERGIESRENOUVELABLES

La Steg entreprend chaque année desmesures et des actions bien étudiées pourminimiser la consommation spécifique duparc national de production d’électricité etréduire les pertes du réseau électrique. Parmices actions on note le projet Toits Solairesqui vise l’installation, au cours de la période2009-2010, 3000 kWc de toits solaires

photovoltaïques sur 100 bâtiments Steg(500 kWc), 100 bâtiments publics (500 kWc)et 1000 logements résidentiels (2000 kWc).Pour la période 2011 - 2014, 10000 kWc detoits solaires photovoltaïques seront installéssur 5000 logements résidentiels. Quant àl’éolien, il verra sa part augmentée à 4.5%dans la production nationale d’électricité.

L’ALME : PROGRAMME D’APPUIÀ LA LIGNE DE MAÎTRISEDE L’ENERGIE

L’objectif de ce programme est de soutenirl’émergence et la concrétisation des projetsde maîtrise d’énergie identifiés par des en-treprises en complémentarité avec les outils,les mécanismes et les projets existants au seinde l’ANME.

Dans ce contexte, l’Agence Française deDéveloppement (AFD) a mis en place uneligne de crédit environnement pour unmontant de 40 millions d’Euros. Cette ligne,ouverte auprès de 3 banques : la BIAT, la BTet l’UBCI, est destinée au financement deprojets de dépollution et de maîtrise del’énergie. Les projets éligibles à cette ligne decrédit sont : les Contrats Programmes d’effi-cacité énergétique des Entreprises GrossesConsommatrices d’Energie (EGCE), les pro-jets de cogénération, les installations solairescollectives pour le chauffage de l’eau, les pro-jets éoliens, les systèmes photovoltaïques rac-cordés au réseau réalisés par les entreprises.

La Banque Mondiale est en cours de finalisa-tion d’une autre ligne de crédit d’un montantde 50000 dollars qui devrait concerner lacogénération et l’efficacité énergétique dansl’industrie. Elle devrait être prochainementouverte auprès de l’Amen Banque, la BH,la BT et la BFPME (Banque de Financementdes PME �

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La climatisation par absorption est unetechnique très ancienne, découverte parSaadi Carnot au 18ème siècle. Cette dernièreutilise une machine à absorption qui utilisedeux sources d’énergie : le gaz naturel oul’énergie solaire. Le fonctionnement d'ungroupe à absorption est très silencieux, cequi permet de l'installer dans des locauxsensibles (centres culturels, hôpitaux, hô-tels, commerces) où les nuisances sonoressont à proscrire. L'absence de vibrations deces machines, due au très faible nombre depièces mécaniques en mouvement, renforceleur fiabilité et leur longévité. En plus ungroupe à absorption ne dégage aucun rejetpolluant dont les effets sont néfastes surl'environnement.

La climatisation au gaz naturel a été intro-duite timidement sur le marché tunisienvers la fin des années 90. D’après M. Ali

Kanzari, directeur général de la sociétéS.E.S (Solar Energy Systems), malgré le basprix et la large disponibilité du gaz naturelen Tunisie, le nombre d’installations de cetype reste très faible jusqu’à aujourd’hui, vuque son coût d’acquisition est supérieur de50% comparé aux technologies électriques.

Cependant son avantage réside dans son coûtd’exploitation, qui est inférieur de 40%. La cli-matisation par absorption au Gaz Naturelconstitue une alternative adéquate pour sou-lager la courbe de charge de la STEG, parl’écrêtement de la pointe durant l’été.

Un intérêt macro-économique pour laSTEG réside dans la réduction de cettepuissance, avec un rééchelonnement duprogramme d’équipement des centralesélectriques et/ou TAG du parc de produc-tion de la STEG. De plus le Kwh gaz coûte22 millimes contre 150 millimes pour leKwh électrique, ce qui revient micro-éco-nomiquement moins cher à l’utilisateur.L’ANME projette d’instaurer des mesuresincitatives pour le développement de la cli-matisation à absorption en Tunisie.

Cette technique est utilisée sur près de90% du territoire au Japon, qui représentele premier marché mondial de la climatisa-tion au gaz. Les U.S.A sont le deuxième paysavec 85% de climatisation au gaz qui utilisela technologie par absorption.

Exemples d’installation de cette techniqueen Tunisie : quatre machines à absorptionont été installées au centre de recherche etde développement du CITET (en 2005),

vingt six aux districts STEG Ezzahra,Menzah VI, Mannouba, Sousse-Nord,Hammamet et La Marsa, six au dispatchingSTEG El Omrane (en 2006).

La climatisation solaire constitue unedeuxième alternative pour abaisser laconsommation d'électricité, tout en assu-rant la climatisation et le chauffage tantdans la période estivale qu'hivernale. Elleconsiste à associer des capteurs solaires(capteurs plans haut rendement, tubes sousvides, cylindro-parabolique) à des machinesà absorption pour produire le froid. Pourcette technique de climatisation, le rôle del’architecte consiste à trouver la meilleuremanière permettant d’intégrer les capteurssolaires sur une toiture de bâtiment tout enprenant en considération l’aspect généralet l’esthétique de la construction.

Les besoins de climatisation étant plus fortsquand il y a de l'ensoleillement, ce conceptde climatisation solaire donne d'excellentsrésultats économiques et écologiques.Deux premières tentatives d’installation dela climatisation solaire en Tunisie par la so-ciété S.E.S dans un centre d’énergie à BorjCedria et une cave à vin à Grombalia.

Si le faible volume de production de laclimatisation solaire entraîne un coût enco-re élevé de cette technologie, aujourd’hui lademande de climatisation écologique estréelle et son avenir est très prometteur �

Ons SAKJI avec la collaboration deM.Ali KANZARI (SES)

La climatisationau gaz ou au solaire

une technique fiable et d�avenirLLaa cclliimmaattiissaattiioonn nn��eesstt pplluuss uunn ccoonnffoorrtt,, eellllee eesstt ddeevveennuuee uunn bbeessooiinn eett uunnee nne´e´cceessssiitte´e´ ddoonntt llaa ddeemmaannddee nnee cceesssseedd��aaccccrrooiittrree.. LLaa cclliimmaattiissaattiioonn ppaarr ddeess uunniitte´e´ss iinnddiivviidduueelllleess ��sspplliitt ssyysstte`e`mmeess�� eesstt pprre´e´sseennttee cchheezz llaa mmaajjoorriitte´e´ ddeessmme´e´nnaaggeess aavveecc uunn ccoouˆuˆtt dd��aaccqquuiissiittiioonn eenn bbaaiissssee cchhaaqquuee aannnne´e´ee.. AAvveecc uunnee e´e´vvoolluuttiioonn dduu ppaarrcc ddeess cclliimmaattiisseeuurrss ddee3300%% ppaarr aann,, llaa ccoonnssoommmmaattiioonn eenn e´e´lleeccttrriicciitte´e´ nnee cceessssee dd��aauuggmmeenntteerr.. AAuujjoouurrdd��hhuuii,, llaa cclliimmaattiissaattiioonn ffoonnccttiioonnnnaannttaauu GGaazz NNaattuurreell oouu aauu ssoollaaiirree rreepprre´e´sseennttee uunnee ssoolluuttiioonn aalltteerrnnaattiivvee aauuxx aaccttuueellss sspplliittss.. EEccoonnoommee a`a` ll��uussaaggee,, eelllleeppeerrmmeett uunnee rre´e´eellllee mmaaiˆiˆttrriissee ddee ll��e´e´nneerrggiiee eett pprre´e´sseennttee uunn iimmppaacctt ppoossiittiiff ssuurr ll��eennvviirroonnnneemmeenntt.. EEttaatt ddeess lliieeuuxx..

Village Olympique Pékin 2008

Schéma de principe d’unemachine à absorption solaire

Photo d’une machine à absorption fonctionnant depuis 1930

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Dès l’obtention de sondiplôme, en 1979 à l’É-cole d'architecture deLyon, Françoise HélèneJourda milite pour unearchitecture respon-sable et attentive auxnouvelles aspirations so-ciales. D’emblée, avecson associé GillesPerraudin à Lyon, ilsremportent un premierconcours "Pour un habi-tat économe en énergie"

qui leur permet de mettre en pratiqueleurs convictions.

À Lyon ils réalisent l’École d'architectureen 1987 et la Cité scolaire internationaleen 1989. Ces bâtiments sont construitsselon le principe de la double peau. Lesdivers éléments du programme sontprotégés sous une serre en verre de13 000 m2 (72 m x 168 m) dont l’effettampon réduit considérablement lesdéperditions énergétiques. Un microcli-mat tempéré de type méditerranéen estainsi créé sous ce parallélépipède, etcontrôlé toute l’année au moyen de dis-positifs élémentaires comme la ventila-tion naturelle, les bassins avec brumisa-teurs, les voiles d’ombrage ;10 000 m2 decellules photovoltaïques protègent la ser-re du rayonnement solaire direct et dimi-nuent l’éblouissement. La simplicité dumode de construction adopté permet, deplus, une grande flexibilité de l’ensemble.

Fervente activiste du développement du-rable Françoise Hélène Jourda se bat surplusieurs fronts. Dans la pratique archi-tecturale et urbaine elle exerce au sein

de JAP (Jourda architectes Paris) et dirigeune société de conseil en architecture eturbanisme (EO.CITE). Cette société apour vocation d’accompagner les acteurs(maîtres d’ouvrage, élus, citoyens) dans laconduite d’un projet durable. Elle a ensei-gné à Lyon, à Oslo, à l’université duMinnesota, à l’École polytechnique deLondres, à l’université technique deKassel, et occupe depuis 1999 la chaired’architecture durable à la TechnischeUniversität de Vienne

Après huit années de recherches etd'études elle achève en 1999 le Centrede formation de Herne Sodingen(Westphalie). Ce bâtiment, aujourd’huiune référence en matière de développe-ment durable, a contribué à sa notoriétéen Allemagne et dans le monde. Elleconstruit actuellement à Saint-Denis lepremier immeuble à énergie positive enFrance. Son travail a fait l’objet de plu-sieurs expositions en France, à Londres,Chicago, Rotterdam, Berlin et en 2005 àNew York au MOMA

En octobre 2007, en préambule du« Grenelle de l’environnement » et à lademande du Ministre de l’écologie, dudéveloppement et de l’aménagement du-rables, M. Jean-Louis Borloo, elle a pro-duit, un rapport sur la prise en comptedu développement durable dans laconstruction en France. Elle a été hono-rée de nombreux titres en France, enAutriche et en Allemagne.

Vous prônez une architecture« invisible » et pourtant vous accom-pagnez votre discours par une projec-tion de bâtiments dont on ne voit quel’aspect extérieur.

Le thème que je développe aujourd’hui estcelui de la double enveloppe, j’ai doncmontré des projets qui en comportent.Mais je n’ai pas présenté mes projets. Il au-rait fallu consacrer une séance par projet sije devais parler des parcours, de l’aspectsensible et du reste.

Comment surmontez-vous ladifficulté de rendre compte de toutesles dimensions de cette architecture

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Franc¸oise - He´le`ne JOURDA, architecte

97- Archibat n°18 - 07.0996

aMusée du jardin botanique de Bordeaux

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non plus seulement visuelle mais sen-sible? Dans le cadre de l’enseignement,par exemple, quels moyens, graphiquesou autres, proposez-vous à vos étu-diants ?

Je leur demande d’écrire un texte racon-tant le parcours vécu dans l’espace à proje-ter. La manipulation de maquettes est unmoyen que je privilégie. La coupe aussi per-met de visualiser l’intérieur. La mise en for-me du projet est toujours mise en parallèleavec le texte initial. Par ailleurs en Autricheon dispose de beaucoup de moyens. Dansun laboratoire doté de cloisons et de plan-chers amovibles on peut tester à échelleréelle les espaces.

Pour des raisons d’économiedes ressources vous préconisez l’utilisa-tion d’un minimum de matériaux. Quefaîtes-vous de l’épaisseur qui contribueà déterminer les ambiances internes ?

L’épaisseur de l’enveloppe ne correspondpas nécessairement à celle du matériaudont elle est constituée. On peut avoir be-soin de l’inertie d’un matériau épais, propi-ce au confort thermique. Ou tout simple-ment on peut avoir recours à l’épaisseurpour des raisons de structure. Les murs enmaçonnerie de pierres ou de briques sontnécessairement épais. Dans d’autres cas ilsuffit de créer de l’épaisseur vide, avec desdoubles peaux, pour son effet tampon �

Propos recueillis parAlia SELLAMI BEN AYED, architecte

Réhabilitation dela Halle Pajol et créationd'un jardin public, avecéo.cité et In Situ paysagistes

Académie Mont Cenis, Herne Sodingen, Allemagne

Hôpital privé Jean Mermoz (Lyon)

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La consultation internationale de recherche et dede´veloppement sur � Le grand pari de l�agglome´rationparisienne � a fait le choix de solliciter les compe´tencesde dix e´quipes pluridisciplinaires pour que la situationspe´cifique de l�agglome´ration parisienne puisse eˆtre e´tu-die´e dans le contexte d�e´volution des grandes me´tro-poles mondiales. C�est ainsi que la proble´matique ge´ne´-rale de cette consultation a identifie´ deux chantiers derecherche devant aboutir a` une pense´e territoriale de lame´tropole du post Kyoto et a` l�avenir de l�agglome´rationparisienne en particulier.

Six e´quipes franc¸aises ont e´te´ retenues l�AUC mene´ parDjamel Klouche, le groupe Descartes mene´ par YvesLion, l�atelier Portzamparc, l�agence Castro DenissofCasi, l�atelier Grumbach et associe´s et les ateliers JeanNouvel�, aux coˆte´s de quatre e´trange`res : les Italiens deStudio 08, l�e´quipe hollandaise de MVRDV, lesAllemands avec Finn Geipel et les Britanniquesde Rogers and Partners. La future ville du XXIe`me sie`clesera donc marque´e par des influences europe´ennes,uniquement.

Ce projet est conside´re´ comme le plus ambitieux depuisque le baron Haussmann a re´volutionne´ la ville au milieudu 19e`me sie`cle, en la dotant de larges boulevards et de lace´le`bre avenue des Champs-Elyse´es. Tous les projets,plus ou moins techniques, aboutis ou poe´tiques, traitentde domaines sensibles : le remodelage de la � banlieue �,re´duire les e´missions de polluants, et par conse´quent li-miter la voiture en ville ; ils doivent aussi repenser toutle syste`me de transport en commun et l�emplacementdes ae´roports. Les enjeux e´conomiques sont grands etcertains architectes vont loin dans leurs conclusions.L�e´quipe Rogers, tout particulie`rement implique´e dans lare´duction des de´penses e´nerge´tiques, s�oriente presquevers une disparition de la voiture. La re´novation urbaineimplique aussi la prise en compte des proble`mes sociaux

et ne´cessite de lourdes de´penses pour solutionner lesproble`mes.

Si pour Djamel Klouche, du groupe AUC, cette transfor-mation est � une question de survie �, les qualificatifsne manquent pas pour de´finir ce que doit eˆtre le GrandParis du XXIe`me sie`cle. Chaque e´quipe y est alle´e de savision du Paris ide´al : � ville rhizome � de Portzamparc,� ville fuseau � de Lion, � armatures me´tropolitaines � deRogers, � ville territoire � de Grumbach.

Les images me´taphoriques ne sont pas en reste non plus.Selon les e´quipes, Paris doit eˆtre construit selon le mode`-le de l�e´ponge, du rhizome, d�un foulard Herme`s. Chaquee´quipe avait une totale liberte´ d�invention, aux re´alite´sde la capitale pre`s. Les architectes se sont donc rencon-tre´s sur de nombreux points. La conciliation desdiffe´rentes e´chelles d�intervention apparaiˆt comme l�unedes proble´matiques re´currentes. La logique de l�intensifi-cation rompt avec celle de la densification. L�approcheexclusivement foncie`re du logement se voit fortementconcurrence´e par un nouvel art d�habiter, tirant parti del�existant, domestiquant la nature ou re´habilitant lesformes urbaines les plus de´crie´es, comme le tissupavillonnaire.

Les pre´occupations e´cologiques ont e´te´ primordiales etont mene´ a` des projets souvent tre`s ambitieux. Certains,comme l�e´quipe AUC, tablent sur le de´veloppement destechnologies permettant de garder un confort individuelavec la ge´ne´ralisation des voitures e´lectriques ; la` ou`Stephen Barret de l�agence Rogers pre´fe`re en finir avecles modes de transport individuel qui consomment tropd�espaces physiques dans la ville meˆme hors fonctionne-ment. Les e´quipes ont pense´ l�agglome´ration dans satotalite´ jusqu�a` l�e´chelle du de´tail, prenant en comptedes proble´matiques concre`tes qu�ils ont expe´rimente´esempiriquement sur le terrain. De leurs sensibilite´s

L�agglome´ration

Parisienne mise en chantier

LLee GGrraanndd PPaarriiss eesstt llee nnoouuvveeaauu cchhaannttiieerr nnaattiioonnaall mmiiss eenn ppllaaccee ppaarr vvoolloonntte´e´ pprre´e´ssiiddeennttiieellllee.. PPlluuss qquu��uunnccoonnccoouurrss dd��iidde´e´eess,, llaa ccoonnssuullttaattiioonn iinntteerrnnaattiioonnaallee ssuurr LLee GGrraanndd PPaarriiss eesstt iiddeennttiiffiie´e´ee ccoommmmee llee ddiissppoossiittiiff dd��uunneerreecchheerrcchhee ccoolllleeccttiivvee ddyynnaammiiqquuee ppeerrmmeettttaanntt ddee ppeennsseerr llee pprroocceessssuuss ddee ccrrooiissssaannccee mme´e´ttrrooppoolliittaaiinnee ddee ll��aagggglloo--mme´e´rraattiioonn ppaarriissiieennnnee.. PPaarrmmii lleess aammbbiittiioonnss ddee cceettttee aaccttiioonn iill yy aa llaa vvoolloonntte´e´ ddee rre´e´nnoovveerr PPaarriiss eett ddee llee rraattttaacchheerra`a` ll��aagggglloomme´e´rraattiioonn.. IIll e´e´ttaaiitt tteemmppss qquuee llaa ccaappiittaallee pprreennnnee ccoonnsscciieennccee ddee ssaa bbaannlliieeuuee eett ssee ddoonnnnee lleess mmooyyeennssddee vvaalloorriisseerr llee tteerrrriittooiirree ddee ssoonn aagggglloomme´e´rraattiioonn..

LLee GGrraanndd PPaarriiss rreepprre´e´sseennttee 1111 mmiilllliioonnss dd��hhaabbiittaannttss mmaaiiss lleess tteerrrriittooiirreess �� aauu--ddeella`a` dduu ppe´e´rriipphhe´e´rriiqquuee �� oonntt e´e´tte´e´lloonnggtteemmppss eexxcclluuss dd��uunnee rre´e´fflleexxiioonn ccoommmmuunnee aavveecc llaa ccaappiittaallee.. PPlluuss qquuee ttoouutt,, PPaarriiss ddooiitt cchhaannggeerr ddee rreeggaarrdd ssuurrssaa ppe´e´rriipphhe´e´rriiee,, iinntte´e´ggrreerr ddeess pprroobblle´e´mmaattiiqquueess nnoouuvveelllleess eett vviivvrree uunnee e´e´cchheellllee ddiiffffe´e´rreennttee qquuii lluuii ppeerrmmeettttee ddeeccrre´e´eerr uunnee ccoohhe´e´ssiioonn ddeess tteerrrriittooiirreess eett ddeess hhaabbiittaannttss.. LLaa ccoonnssuullttaattiioonn iinntteerrnnaattiioonnaallee ssuurr llee GGrraanndd PPaarriiss ffuuttll��ooccccaassiioonn ddee rreeppeennsseerr eennffiinn lleess lliimmiitteess ddee ll��aagggglloomme´e´rraattiioonn eett ddee pprrooffiitteerr ddee llaa ppuuiissssaannccee eett dduu ppootteennttiieelldd��uunn tteerrrriittooiirree a`a` gge´e´ooggrraapphhiiee mmiixxttee..

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Par Ine`s DIMASSI KHIRI, architecte

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particulie`res sont ne´es tout un panel desolutions aux proble`mes du Grand Paris.

Pour aucun architecte, il n�est questionde faire tabula rasa mais le diagnostic ae´te´ suivi d�une re´elle volonte´ de chan-gement. On peut finalement s�e´tonnerdu re´alisme des e´quipes meˆme si leursprojets sont aure´ole´s d�un certain ide´a-

lisme. Les utopies du sie`cle dernier quifantasmaient une nouvelle manie`re devivre le futur ont laisse´ place a` un plusgrand pragmatisme. Les dix e´quipesdoivent faire face a` de nouvelles pro-ble´matiques comme l�e´cologie et lamobilite´ qui demandent des re´ponsesconcre`tes. La tentation de repartir a`

ze´ro n�a e´te´ que peu suivie, meˆmedurant la premie`re phase de consulta-tion de la me´tropole de l�apre`s-Kyotoqui laissait libre cours a` l�imagination.Beaucoup ont ancre´ leur ville mode`ledans un territoire de´ja` baˆti et ont de´ve-loppe´ des pistes de re´flexions qui pren-nent place dans un tissu urbain dense.

Antoine GrumbachLe projet d�Antoine Grumbach pour le Grand Paris entende´tendre le territoire de l�agglome´ration parisienne jusqu�auHavre en passant par Rouen. Les trois villes ainsi re´unies de-viendraient la nouvelle force e´conomique de l�Europe don-nant a` la capitale un acce`s direct a` la mer. De nouvelles pla-teformes logistiques existeraient au nord de Paris faisant re-vivre les ports, le fleuve devenant la nouvelle identite´ duGrand Paris.

Atelier DescartesYves Lion a appuye´ sa re´flexion sur quatre axes tre`s concrets :la gouvernance, l�habitat, les transports et le re´chauffementclimatique. Sont ainsi propose´s : la cre´ation de vingt villescomposant l�ensemble de l�agglome´ration parisienne;l�agrandissement des surfaces des logements sociaux de20mC¸. Les transports sont aussi une des pre´occupations ma-jeure de l�e´quipe qui de´sire cre´er des connections intermo-dales entre les re´seaux ferre´s et routiers, et favoriser la cre´a-tion d�un boulevard urbain a` vitesse mode´re´e qui permet-trait de relier des banlieues et de construire des logementsalentour, favorisant ainsi la re´duction du temps de transport

Studio 09Le Groupe 09, des italiens Bernardo Secchi et Paola Viganodessine une ville poreuse organise´e selon l�image de l�e´pongelaissant filtrer les flux sans congestion. Ils re´organisent l�es-pace en analysant les modes d�occupation du sol et restentpragmatiques en de´finissant comme priorite´ la re´novationet l�ame´lioration du baˆti existant. Tre`s attentive a` la

ge´ographie, notamment au re´seau hydraulique et a` ses mo-difications, l�e´quipe anticipe les risques d�inondation, consi-de´re´s comme une entrave a` l�accessibilite´, et propose desstrate´gies afin de les e´viter. Cette me´thode douce engendreparfois des solutions dures comme le passage des lignes TGVsous Paris : le re´seau se trouve ainsi fluidifie´ au maximum.

Christian de PortzamparcChristian de Portzamparc veut lui aussi en finir avec le mode`leradioconcentrique de Paris. Il s�attache a` de´velopper lesre´seaux capillaires de dessertes au-dessus ou au-dessous desvoies express, de manie`re a` les revivifier et a` promouvoir demeilleures articulations entre les deux syste`mes. Refusanttout polycentrisme, ses propositions tendent a` e´laborer untissu plus actif et plus fluide, selon le mode`le du rhizomethe´orise´ par Gilles Deleuze et Fe´lix Guattari. Ses structuresrhizomatiques se rassemblent en archipel et se refusentre´solument a` toute forme de centralite´ afin de dessiner uneville sans limites.

LES DIX PROPOSITIONS

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Jean NouvelJean Nouvel a de´cide´ de mener ses re´flexions en fonctiondu baˆti pre´existant et d�en tirer les points positifs pour s�ap-puyer ensuite sur les identite´s fortes qui composent leGrand Paris. Nouvel invoque un urbanisme d�espaces pu-blics et de contre-jour, de terrasses urbaines plante´es et detours transparentes et colore´es. De nouvelles normes per-mettraient d�instituer les de´placements comme la matie`repremie`re de la ville, de supprimer le zoning et de donner lapossibilite´ aux occupants de de´terminer eux-meˆmes l�usagedes lieux, de cre´er une e´co-ville verticale.

MVRDVSelon Winy Maas, le Grand Paris ide´al devrait eˆtre � le pluspetit possible �, le but e´tant de limiter l�extension pour seconcentrer sur une densification saine de la ville. Le futurGrand Paris a e´te´ appre´hende´ comme la ville du � plus �, ilambitionne une agglome´ration plus e´cologique, plus socia-le, plus connecte´e et surtout plus optimiste. L�agence veutresponsabiliser les citoyens et a imagine´ un outil de mode´li-sation de la ville, le � city plus maker � qui permettrait decomprendre et d�optimiser le territoire selon certains cri-te`res � ide´aux �.

Djamel KloucheL�e´quipe la plus jeune est l�AUC, conduite par DjamelKlouche. Conside´rant que � 90% des actions seront mene´esdans la me´tropole he´rite´e, ils de´cident de prendre la me´tro-pole pour ce qu�elle est, avec ses pavillons et ses grands en-sembles, mais s�inspirent de Tokyo pour imaginer de mul-tiples re´seaux et laisser la ville vivre ses pulsions invisibles.Un des buts de l�agence est le de´senclavement des ban-lieues, ils cherchent a` faire repenser l�agglome´ration pari-sienne a` partir de sa pe´riphe´rie vers le centre, jouant sur unremaillage des villes qui s�appuierait sur une re´organisationdes transports.

Finn GeipelL�agence allemande de Finn Geipel part de l�ide´e que ce quiest conside´re´ comme laid peut devenir beau ou de´sirable…Les espaces en friche et les espaces de´laisse´s sont regarde´savec bienveillance. La solution envisage´e par l�agence seraitla cre´ation de � la me´tropole douce �, c�est-a`-dire une villequi a pris conscience de ses limites, qui endigue le phe´no-me`ne d�expansion incontroˆle´e et ne puise plus dans ses res-sources. Les oppositions entre le centre et la pe´riphe´rie doi-vent eˆtre de´passe´es au profit de notions d�intensite´ etd�identite´ et valoriserait la relation entre les densite´s ur-baines et paysage`res.

Prototype de transformation. Exemple de l’autoroute du Soleil.Les infrastructures existantes seront complétées par des lignes de bus BRT.Un système de micromobilité individuelle et semi-collective relie la villelégère à des couloirs de mobilité à grande échelle.

Avant / Après : transformations d’un immeuble de logements sociaux selon lesprincipes de l’architecture durable : création de loggias, balcons urbains…

Survol de Paris avec toutes les interventions possibles. La somme desinterventions correspond à 350% du programme requis. Dans le cercle bleuse retrouve la zone d’intensification nécessaire aux besoins du nouveauprogramme jusqu’en 2030, le tout résultant en une ville plus compacte :« Pari(s) Plus petit ».

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Rogers Stirck Harbour & partnersL�e´quipe de Rogers est sans doute la plus pre´occupe´e par lesproble`mes environnementaux. Paris posse`de un tel poten-tiel e´nerge´tique qu�ils veulent valoriser et cherchent a` re-donner du sens aux territoires laisse´s vacants ou mal utili-se´s dans le but de rendre l�espace urbain aux pie´tons etd�endiguer l�expansion horizontale incontroˆle´e de la ville.Forts de leur expe´rience londonienne, l�agence veut utiliserl�urbanisme comme un outil vecteur de l�inclusion sociale etcre´er une agglome´ration durable dense, et dont les diffe´-rents centres seraient interconnecte´s a` la manie`re desconstellations.

Roland CastroRoland Castro s�est implique´ depuis longtemps dans leremodelage urbain et spe´cialement celui de Paris et de sesbanlieues. L�architecte s�appuie sur son travail ante´rieurpour de´montrer qu�il peut re´duire les zones de non-droit ende´coupant et en modelant les pleins recouverts de loggiaset de jardins d�hiver�, en resserrant et en plantant les videsafin qu�ils retrouvent une certaine pre´ciosite´. L�ide´e d�espa-ce public qui permet a` tout occupant d�acce´der dans les faitsau statut de citoyen, se retrouve a` toutes les e´chelles decette proposition. Re´partir les centres, les mettre en re´seau,cre´er des parcours poe´tiques s�appuyant sur les fleuves,re´introduire du symbolisme dans la ville pour redonner dusens aux monuments et a` la ville contribuera a` cre´er lanouvelle e´chelle du Grand Paris selon Castro.

Une interrogation demeure encore : comment lere´sultat de la consultation va-t-il eˆtre concre´tise´ et qui vachoisir de re´aliser un tel projet ? Les e´quipes ont pense´ Parisa` une autre e´chelle et de manie`re globale pour redonner dela cohe´rence a` un territoire morcele´ et fortement hie´rarchi-se´. Il y a donc un grand risque a` voir des projets de´nature´spar une attitude qui consisterait a` picorer des projetsemble´matiques de diffe´rents architectes pour les mixeravec d�autres. L�ide´e d�isotropie, par exemple, n�est passoluble dans celle du rhizome, qui s�oppose elle-meˆmetotalement au polycentrisme : toutes induisent des strate´-gies diffe´rentes �

I.D.K.

Transformer les zones parc en lieux habités : le parc Coureneuve en Central Park.

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Par Alia BEL HAJ HAMOUDA CHERIF, architecte

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Une fois à l’intérieur, le minimalisme dans lechoix des matériaux et des couleurs, la pure-té des lignes et la sobriété du mobilierconfortent les impressions suscitées depuisle début.

Conçue dans une géométrie rationnelle, avecdes formes simples, cette maison traduit ledésir de l’architecte d’exprimer une moder-nité sereine.

L’intérieur a également été conçu par l’archi-tecte, depuis le volume cubique de la chemi-née, jusqu’aux dessins des lignes des salles debains et le choix des revêtements; exprimantle même esprit minimaliste et harmonieuxque l’on retrouve dans le plan.

L’ensemble des pièces de jour de la maison,le salon/salle à manger et le séjour/biblio-thèque, s’articulent autour d’un jardin inté-rieur rectangulaire laissant pénétrer une lu-mière filtrée par les feuillages des palmiers etpermettant de créer un microclimat à l’inté-rieur des espaces de séjour.

Le jardin intérieur, ouvert sur ses quatre cô-tés, offre une fluidité et une lisibilité spatialessuggérant un plan ouvert. Cependant, cetteouverture peut, au besoin, être ponctuée parle jeu des parois coulissantes. Offrant lechoix aux propriétaires de retrouver une in-timité désirée.

Le grand salon/salle à manger, conçu endouble hauteur, s’ouvre complètement sur le

jardin arrière aménagé grâce à de largesbaies vitrées. L’architecte a tenu spéciale-ment à ne pas poser de fer forgé afin d’ac-centuer l’effet de transparence et de prolon-gement avec l’extérieur.

Le plan de cette maison s’adapte ainsi à ladouble exigence de ses usagers qui privilé-gient une conception plutôt introvertie enhiver, orientée vers le jardin intérieur.

Plan Rez de jardin

Plan RDC

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Par contre, dès l’apparition des saisons plusdouces, durant lesquelles les propriétairesvivent pratiquement dehors, les ouverturesdes espaces de séjour et de la cuisine per-mettent la continuité entre l’intérieur et laterrasse-jardin-piscine, facilitant le serviceet la circulation entre ces espaces, quideviennent en fin de compte un lieu de viecommun.

C’est ainsi que s’exprime une double duali-té ouvert /fermé - introverti/extravertirendant le plan modulable, adaptable etrythmé aux besoins changeants des pro-priétaires.

Cette maison est, par conséquent, unesynthèse harmonieuse entre esthétismeet fonctionnalité ; conciliant, d’une part, despréoccupations d’ordre esthétique, etd’autre part, des contraintes de fonction-nalité qui restent intimement liées auconfort et à la qualité de vie des heureuxoccupants : les parents de l’architecte �

A.B.H.H

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1982-1993. De ses années parisiennes d’études, de travail et de dé-ambulations dans les musées, Halim Karabibène se souvient avecbonheur.Tout le monde ne le sait peut être pas : Halim est architec-te de formation (Ecole Paris-La Villette).

« L’architecture est une formation polyvalente. Elle m’a ouvert desperspectives sur la photo, le dessin, la scénographie, la philosophie.

Mais dans la pratique, le métier s’est révélé bourré de contraintesen tous genres. C’est surtout un boulot chronophage, impossible defaire autre chose à côté », se souvient-il.

Sa voie, probablement il commence à l’entrevoir dans la ville des lu-mières. Déjà étudiant, il fréquentait assidûment les ateliers de dessinde l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux- Arts de Paris.A aucunmoment, il ne se départait de son petit carnet de croquis. Rentré àTunis, « C’est là où se trouvent mes énergies et mes vibrations »,affirme l’artiste, il renoue avec une autre passion, le cinéma. Etréalise un court-métrage, « Image I », qui ressuscite l’histoire de saville natale Bizerte et son projet colonial à travers le regard d’unenfant. Il rafle en 1995 le Faucon d’Or et le premier Prix National dufestival International du Cinéma Amateur de Kélibia.

« A 35 ans, et après avoir testé plusieurs voies, je me suis dit, l’heurea maintenant sonné pour organiser ma première exposition de

peinture. Il faut dire que c’est une habitude chez moi, je prends toutmon temps... ».

Halim Karabibène révèle enfin au public le foisonnement de sonmonde onirique lors d’une exposition à la galerie Air Libre, en 1997.Une expo comme un pavé dans la mare. La reconnaissance est quasiimmédiate. De nouveau, séjour à Paris, à la Cité Internationaledes Arts.

Il y renoue avec son copain de toujours, le cinéaste Jalel EddineEssaadi, qui lui commande le story-board de son long métrage,Khorma. Un travail qui conjugue dans un équilibre parfait cinéma etdessin.

Mais finalement tout ce qu’il aime, tout ce qu’il porte commeexpériences artistiques se reflète dans son œuvre. Il retient del’architecture la discipline et le sens de l’espace, du cinéma, le goûtdu cadre et la technique du champ et du contrechamp, de la photol’art de la lumière.A bien regarder les catalogues de ses expositions,une constante revient dans beaucoup de ses tableaux, cesdeux bandes foncées, géométriques, diagonales qui cachent unarrière-plan. Serait-ce le rideau d’un théâtre ?

L’artiste confirme d’un brin de sourire : « J’ai grandi dans lescoulisses, parmi les acteurs. Mon père, poète à ses heures, dirigeaitla Troupe de la Renaissance théâtrale de Bizerte ».

DÉTOURNEMENT DE RÉFÉRENCES

Sans complexe aucun il cite ses sources d’inspiration plastique, trèsdiverses. Elles vont de Marc Chagall, à Jérôme Bosch et de GouiderTriki à Néjib Belkhodja, son grand ami disparu. Elles puisent aussidans l’iconographie populaire de la peinture sous-verre et dans cellepresque surréaliste des mosaïques romaines qu’il n’arrête pasd’admirer des journées entières au musée du Bardo.

« Et dire que ces fauves, lions et ours en liberté, ces fêtes enl’honneur de Bacchus, cette flore luxuriante... c’était aussi ça laTunisie », souligne-t-il.

Toutes ces images s’imbriqueront les unes dans les autres pourdonner des compositions fascinantes aux détails surprenants parfoisénigmatiques. Ses tableaux foisonnent de personnages volants, detêtes masquées à la chéchia rouge pourpre et de créatures fantas-magoriques mi -hommes- mi- poissons, de bouraks (chevaux ailés)aux formes féminines, de femmes démembrées, de felouques phéni-ciennes à la tête de chats...Le peintre s’amuse à détourner nos réfé-rences les plus sûres, nos mythologies les plus ancrées. De ses pay-sages chaotiques, apocalyptiques nous retiendrons des constantes,le lit, le fauteuil, toujours le même, (il appartenait à sa mère), la bou-teille de vin, la table ronde, (l’univers de son atelier) le tout baignant

Par Olfa BELHASSINE, journaliste

EEnnttoouurre´e´ ddaa ssaa ttrriibbuu ddee cchhaattss,, llee ppllaassttiicciieenn HHaalliimm KKaarraabbiibbe`e`nnee nnoouuss aa rreec¸c¸uuss ddaannss llee bbrriicc-- a`a`-- bbrraacc ddee ssoonn aatteelliieerr a`a` llaaMMaarrssaa.. DDeevvaanntt llee mmoonnddee ffaannttaassttiiqquuee eett iinnttrriigguuaanntt ddee cceett aarrttiissttee pprroolliiffiiqquuee oonn nnee ssaaiitt qquueellllee aattttiittuuddee pprreennddrree ::ss��iinnqquuiie´e´tteerr oouu ssoouurriirree..

Halim Karabibe`ne�Lorsque le re´el surgit du surre´el�

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dans une lumière traitée à la manière despeintres classiques, dans des ambiancesnuageuses et dans des horizons marins. Halimest né à proximité du vieux port. Il partageson temps entre Bizerte et la Marsa, où il tra-vaille dans des ateliers bercés par les échosdes vagues et les images des pêcheurs, desbarques et des mouettes de la Méditerranée.Le moi et le nous s’entremêlent, le conscientet l’inconscient aussi d’ailleurs, ajoutant unedimension psychique à la réalité, donnant auxplans successifs des tableaux encore plus deprofondeur.Une polyphonie sensuelle et écla-tante de couleurs vives surgit alors pour ap-porter une touche de légèreté à des propossérieux, le péril de jeunes clandestins, le 11septembre, Bagdad sous les bombes...

Toujours armé du même réalisme fantastique,Halim Karabibène a participé respectivementil y a deux ans et l’année passée aux hom-mages rendus à feu Faouzi Chtioui et à feuAbdelaziz Gorgi. En militant convaincu de lanécessité de créer aujourd’hui un MuséeNational d’Art Moderne et Contemporain,un projet qui semble abandonné par les déci-deurs, l’artiste a structuré toute une séried’actions autour de ce thème militant : créa-tion d’une carte postale accompagnée d’unelettre à Chtioui, conception d’affiches et d’in-vitations sur une chimérique rétrospectiveGorgi qui se déroulerait au MNAMC en2069, lancement d’un groupe sur Facebook. Ilcontinue à maintenir la pression et à rappelerdans la dérision et à chaque rassemblementde plasticiens cette priorité.

Sur un ton affligé, Halim persiste et signe :« Chez nous l’artiste meurt deux fois. Il dispa-raît physiquement.Du coup, à défaut d’un mu-sée, ses œuvres s’oublient aussi.Triste sort ».

Et sa prochaine exposition à lui ? Retour à labonne humeur, aux jeux de mots et à l’esprit,marques de fabrique de cet artiste qui tra-vaille comme il respire. Il ne révèle rien :« Tous les médias y seront présents. Unepromesse, ça va être complètement fou ! » �

O.B.

RReeppe`e`rreess1962 : Naissance a` Bizerte1997 : Premie`re exposition : � Ville, Atelier, Nuit �, Galerie Air Libre, El Te´atro1999 : Exposition � Nuit �, Galerie El Marsa2000 : Prix National de la Cre´ation du Ministe`re de la Culture.2001 : Exposition Galerie l�oeil du Huit, Paris. Et les Cahiers de la Peinture, Paris2002 : Exposition � Re´trospective �, Galerie Regard Sud, Lyon2005 : Exposition � Oniriades �, Galerie El Marsa2008 : Exposition d�une installation multime´dia a` la biennale de Pontevedra,

en Espagne, sur le the`me de � Sans Frontie`res �2009 : Plusieurs de ses oeuvres sont achete´es par des collectionneurs lors de

la Foire d�Art Contemporain de Dubai¨

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LLeess aarrttss ppllaassttiiqquueess lluuii oonntt aapppprriiss a`a` vvooiirr.. LLee rreeggaarrdd ddee MMoohhaammeedd BBeenn SSoollttaannee ssuurr lleess mmuurrss ddee llaa vviillllee eett lleess cclliicchhe´e´ssqquu��iill nn��aarrrreˆeˆttee ppaass ddee pprreennddrree ddeeppuuiiss qquuaattrree aannss ffoonntt rre´e´vve´e´lleerr aauuxx ssppeeccttaatteeuurrss ddeess iimmaaggeess ssuurrpprreennaanntteess eettiinne´e´ddiitteess.. SS��eenn dde´e´ggaaggeenntt ddeess ttrre´e´ssoorrss dd��hhuummoouurr eett ddee ffrraaiˆiˆcchheeuurr..

Mohamed Ben Soltane�Le photographe qui peint

Changer de cap n’effraie nullement ce jeune homme au regardtimide, à l’allure sérieuse et au calme olympien.Après des études degestion, il vire à tous vents et s’inscrit à l’Institut Supérieur desBeaux- Arts de Tunis dont il sortira diplômé en 2004, (il est actuelle-ment doctorant dans la même institution). Débute alors uneaventure artistique intéressante et qui a le mérite de ne point laisserle public tunisien indifférent.Cela ressemble à une gageure, lorsqu’onchoisit comme Mohamed Ben Soltane une démarche d’artistecontemporain.

Une des lignes directrices de son travail consiste à se positionner entant que médiateur vis-à-vis du spectateur en essayant de lui révélerune foultitude d’images, de formes, de signes et d’objets inondantson champ visuel quotidien mais qu’il n’arrive pas à voir faute d’unregard plastique sur les choses. Sur la vie...

Déjà depuis son projet de fin d’études Mohamed commence, commeil le dit lui-même,« à faire de l’art avec ce qu’[il] récupère dans la rue ». Ilramasse la porte d’une voiture aplatie par un trax, un frigidairerouillé, le bout d’une vieille machine abandonnée...qu’il cadre toutsimplement après y avoir introduit des interventions légères. Le ha-sard des choses, la patine du temps, l’effet du soleil et de la pluie lecomblent. Le fascinent.

LA RUE COMME CHAMP VISUEL ET ARTISTIQUE

Nourri de cette tranche d’histoire de l’art qui va de l’art brut à l’artabstrait, au mouvement moderne des années 60 et 70, il s’embarquedans le projet de photographier les murs de Tunis, qui se poursuit

depuis quatre années. Dans « Les murs de Tunis parlent », « Tunissex’prime », « Intramuros »,Mohamed Ben Soltane se mue, au gré deses randonnées quotidiennes, en quasi sociologue de nos désirs lesplus refoulés. Ses clichés donnent la mesure de l’humour, de la ten-dresse, de la violence et de l’érotisme se cachant derrière tous cesgraffitis, ces peintures, ces gribouillis et ces inscriptions murales quienvahissent nos bancs publics, nos stations de métro, nos rues et nosquartiers.Un art éphémère qui s’effacera dès l’arrivée des premièrespluies. Dans Intramuros, exposition organisée au mois de septembredernier à la galerie Ikoo, à Carthage, l’artiste a capté une série deportraits tracés par des passants du sans souci, des esquisses qui va-lent les œuvres des plus talentueux des bédéistes et des dessina-teurs.Tunis foisonne d’artistes underground, anonymes qui ont trou-vé sur les murs de la ville des cimaises à l’écoute de leur créativité...

« Joseph Beuys affirmait déjà que : « Tout le monde est artiste », seplait-il à répéter. D’ailleurs lui même n’hésite pas à exposer dans deslieux inattendus, à deux reprises au restaurant Le Golfe, à la Marsaoù, dit-il, le public qui s’est le plus passionné pour ses photos est ce-lui- là formé par le personnel de l’établissement, dans une faculté,dans une librairie...

Mohamed Ben Soltane prend des photos comme s’il peignait. La tech-nique semble en tout cas toujours la même :du tirage numérique laminésur bois.

L’empreinte de Tapiès est très forte à travers ses œuvres. Mais aussicelle de Brassai. Notamment lorsque de deux trous dans le mur, dequelques taches de peinture et des traces d’affiches mal décollées,l’artiste fait émerger, par la force de sa sensibilité mais aussi de sonpoint de vue, un visage, une silhouette, un protagoniste.

« Sur ce travail là, que j’ai conçu par séries, les voitures, les inscrip-tions murales, les portraits, j’interviens uniquement sur la lumière,pour régler ses contrastes notamment ».

Mohamed expérimente actuellement les techniques de la vidéo et del’installation pour sa prochaine exposition personnelle à la galerie Kanvas,à la Soukra en novembre 2009. Il veut animer ces images et ces person-nages à l’origine figés sur des surfaces plates afin d’imaginer une suite àdes histoires et de donner vie et expression à des ombres.Un projet lu-dique, imbibé d’une belle fantaisie.

C’est surtout un fabuleux besoin de partage qui stimule et agiteMohamed Ben Soltane : « L’art conceptuel ne m’intéresse pas. J’aimequ’un travail ait un sens, qu’il interpelle et bouscule. Grande a été masatisfaction lorsque parmi les visiteurs de l’exposition « Tunis sex’pri-me » à El Teatro, certains sont venus me signaler des graffitis qu’ilsont remarqués au détour d’une rue » �

L’artiste a touché juste...

Par Olfa BELHASSINE, journaliste

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PPrriixx eett eexxppoossiittiioonnss

Mohamed Ben Soltane, 32 ans, a e´te´ prime´ pourle projet : Mains � au concours de photogra-phie ATB Challenge, en 2006. Il a gagne´ pour laTunisie au concours Sguardi Incrociati � �17photographes me´diterrane´ens, un gagnant parpays�. Le laure´at, dans ce cas, se voit offrir uneexposition itine´rante en Me´diterrane´e et un se´-jour a` Rome �novembre 2006�. En octobre del�anne´e 2007, il a e´te´ se´lectionne´ a` l�exposition Mediterranea�s� � au Centre d�ArtContemporain de Lleida, Espagne. Sa premie`reexposition individuelle s�est de´roule´e a` la galerieAire-Libre d�El Teatro en novembre 2007 et avaitpour titre : Tunis Sex�prime �. Il a aussi partici-pe´ a` l�exposition Autres Approches � a` laKanvas Art Gallery en Avril 2008 et a` celle sur leportrait tenue a` la galerie Ammar Farhat, a` SidiBou Sai¨d, en de´cembre 2008.

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Livres & Livraisons

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KAIROUAN, PHAREÉTERNEL DE L’ISLAM

Texte : Mohamed Kerrou

Photographe : Mohamed Sakli

Edition :Apollonia 2009

C’est à une visite guidée dans l’espace de la médina deKairouan que nous convie ce superbe livre d’art publiétout récemment par les Editions Apollonia. Le liminairetrace en quelques pages un tableau synthétique de l’his-toire séculaire de Kairouan,l’ancienne capitale aghlabide.Le texte qui suit, intitulé « Le génie des lieux »,nous faitdécouvrir les coins et recoins de la médina de Kairouan,en les situant dans l’espace et dans le temps.Le lecteurse transforme en voyageur et déambule dans les soukscouverts et ouverts, se rend au « Rbâ » où se vendentles tapis, visite le célèbre puits sacré dit « Barrouta »,

goûte au pain et au « makroudh » et part à la découverte des maisons et des monu-ments qui se distinguent par un style particulier d’architecture et d’urbanisme musul-mans.Tout y est décrit : la monumentalité de la Grande mosquée en relation avec lesmythes de fondation de la ville,les portes et les remparts qui se sont déplacés à traversl’histoire mouvementée de ce camp-garnison (« qayrawân » en persan),les quartiers etles faubourgs, les bédouins Zlass qui sont des acteurs sociaux intégrés dans le tissu ur-bain, l’art moderne inventé par Sidi Amor Abada,la zaouïa-mosquée du saint-patron dela ville qu’est Sidi Sahbi, le compagnon du Prophète.Enfin,la présence des femmes y estévoquée,non sans poésie,par les images et par le texte,dans le passé et dans le présent.En somme,Kairouan,phare éternel de l’islam est à la fois un « beau livre » et un guideéclairé de la ville sainte de l’islam maghrébin fondée en 670 et sacrée capitale de la cul-ture islamique de l’année 2009.

CARTAS DE LA GOLETA(LETTRES DE LA GOULETTE)Actes du colloque international “Les Morisques et la Tunisie”

Edition :Ambassade d’Espagne à Tunis - 2009

Les actes du colloque « Les Morisques et la Tunisie : expul-sion, arrivée, impact et héritage », tenu à l’automne dernier à Beit El Hikma, viennent d’êtrepubliés par la revue Lettres de La Goulette, revue culturelle éditée par l’ambassaded’Espagne avec la collaboration de l’office technique de coopération et l’institut Cervantèsà Tunis. Les auteurs de cet ouvrage, ayant participé au colloque, sont d’éminents cher-cheurs venus d’Angleterre,de France,d’Espagne,d’Algérie et de la Tunisie et spécialistes dela question morisque. Dans leurs textes les auteurs retracent les moments forts du destinde plusieurs dizaines de milliers de personnes venues d’Espagne fuyant l’Inquisition pours’installer en Tunisie. Ils dévoilent comment ce peuple a réussi à s’intégrer dans la sociététunisienne et à s’y épanouir. Enfin, ils évoquent les traces et les influences de la présence dela culture et de l’architecture morisque en Tunisie.

L’ART DE BÂTIR AU JÉRIDEtude d’une architecture vernaculaire du Sud tunisien

Texte : Abdellatif Mrabet Réédition : Contraste Editions - 2009

Historien archéologue,Abdellatif Mrabet fait le point dansson ouvrage sur l’architecture vernaculaire du Sud tuni-sien. Son étude se focalise sur les quatre oasis importantesformant le Jérid, au sud-ouest de la Tunisie. Le Jérid antiqueconnut l’emprise des puissances de l’époque et fut, tour àtour, romain, vandale et byzantin. Cet ouvrage retrace sonhistoire riche et épaisse et présente son architecture. Unearchitecture originale qui emploie des formes et des maté-riaux adaptés au milieu physique, naturel et spirituel. La dé-marche constante de concilier ces trois dimensions carac-térise l’architecture jéridie : « La maison de l’homme duJérid reflète sa vision du monde, ses croyances, ses goûtset ses penchants, et c’est en ce sens qu’elle est encore in-téressante » déclare l’auteur.

L'HABITATION TUNISIENNETexte : Victor Valensi

Réimpression conforme àl’édition publiée en 1928 par Ch.MASSIN & Cie,

Editeur :Alif les Editions de la Méditerranée - 2008

Plus qu’une série de planches photographiques repré-sentant des morceaux choisis de l’architecture de l’ha-bitation tunisienne, cet ouvrage est celui d’un architec-te,Victor Valensi, qui situe son œuvre dans le prolonge-ment d’une autre architecture, qui propose, à sa façon,une réponse à la question du lien entre tradition etmodernité. L’habitation tunisienne semble être aucœur d’une actualité architecturale d’où la poésie tendà disparaître, la modernité importée, la pensée tron-quée et la pratique mécanisée.

LA PENSÉE EN ARCHITECTUREAU « RISQUE » DE L’ÉVÉN MENTIALITÉ

Texte : Dorra Ismail - Edition : L’Harmattan - 2009

Cet ouvrage s'inscrit dans le prolongement d'uneréflexion menée par Dorra Ismail, architecte ensei-gnante à l’ENAU dans le cadre d'une thèse deDoctorat en architecture menée sous la directionde feu le Professeur Alain Rénier. Le concept del'événementialité y est développé en tant que no-tion critique pour penser l'architecture. La ré-flexion a une double portée : révéler les modesconstitutifs de l'événementialité et mettre enexergue la capacité de ce concept à rendre intelli-gible l'incompressible de la pensée, dans le champde l'architecture à travers ses multiples figures etsavoirs. Elle révèle, par ailleurs, que l'architecture nese limite pas au clivage ou au dualisme théorie/ pra-tique. Les figures architecturales convoquées sonttantôt des prétextes, des moyens ou des occasionspour installer un débat sur et de l'architecture.Ainsi, le discours sur l'architecture se structure demanière autonome. Il est une méditation. Il se libèreet libère la pensée de toute appartenance.

ARCHITECTURE = DURABLE30 architectes, 30 projets en Ile-de-France - Pavillon de l'Arsenal (2008) Exposition

Texte : Jacques Ferrier - Anne Hidalgo Édition : Picard, Paris - 2008

Réflexions sur les tendances de l'architecture du XXIe siècle face aux exigences de développement durable, sur les nouveaux maté-riaux, techniques et solutions esthétiques issus de la prise en compte du facteur environnemental, et sur les nouveaux liens entre ar-chitecture et société. L’ouvrage rassemble un panorama européen de 80 bâtiments illustrant une démarche environnementale et lescontributions d’Alexander Tzonis (professeur de théorie de l'architecture et directeur du Design Knowledge System à l'Université deDelft), d’Alain Maugard (président du CSTB) et des architectes et ingénieurs Pascal Gontier,Raphaël Ménard et Franck Boutté, spécia-listes des questions HQE.

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