allumes du jazz

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S P E C I A L D I S Q U E S V I V A N T S LES ALLUMÉS DU JAZZ SONNENT 123 FOIS Dessin de Jean-Claude Claeys

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SPECIAL

DISQUES

VIVANTS

LES ALLUMÉS DU JAZZ SONNENT 123 FOIS

Dessin de Jean-Claude Claeys

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L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008 2 Le jour des 123 disques

LE JOUR DES 123 DISQUES

« We badly need some new ideas » Gil Scott Heron

En 115 avant JC, le sénat Romain, sous lapression des anciens patriotes, obtenaitl’interdiction de tous les instruments de

musique. Seule la flûte italique un peu virtuellerestait tolérée. (1) La brutalité de l’EmpireRomain et sa pauvreté culturelle restent unexemple dominant pour les « démocraties »modernes où l’expression artistique est souventrapidement transformée en marchandise diver-tissante afin d’être mieux contenue dans lecadre. Dans ces sociétés qui condamnent l’art(appelons ça comme ça) à la faillite inévitableen l’intégrant systématiquement, en le minimi-sant, en l’utilisant pour contenir les colères,pour distraire, des effets pervers dus à la puis-sance de l’expression même, à son caractèreterriblement attaché à la vie, parviennent inextremis à la placer ailleurs constituant ainsiune réserve non négligeable de stimulation,d’interrogation, de contestation et parfois mêmede combustible révolutionnaire. En cettepériode de Noël, parfaite synthèse mystico-consumériste (piliers de nos économies men-tales et de nos mentalités économiques), on sesecoue volontiers aussi les boules. On en profi-tera ici pour revenir sur cet objet d’abord étran-ger, ensuite étrange et porteur de moult contra-dictions dont certaines ont réellement permis àla musique d’avancer et de dépasser ses pro-pres cadres. Le disque, ustensile porteur demusique comme le livre est porteur de littéra-ture et donc d’idées, a engendré ses propresrévolutions tout en accompagnant celles desautres. Il a constitué autant de sujets, dedébats, d’ébats et de viles banalités aussi. Il aporté, beaucoup porté et souvent loin. Qu’a-t-il permis ? Ecouter ?

Un disque est une aventure collective dont lesmusiciens sont certes la lumière principale, maisqui ne devrait pas occulter les intenses efforts detous les participants : producteurs bien sûr (maisceux-là ont la reconnaissance), mais aussi ingé-nieurs, assistantes, assistants, graphistes, photo-graphes, illustratrices, illustrateurs, agents,accordeurs, écrivains, restauratrices, cuisiniers,presseurs, éditorialistes, imprimeurs, infir-mières,masseuses, coursiers et toutes celles etceux qui influencent à des degrés divers, souventjuste par amour, une réalisation qui n’est jamaissolitaire et dont le moindre des avantages n’estpas de transformer l’essai le plus louable decohérence et de désir en propos forcément col-lectif.

Aux Allumés du Jazz par exemple que seraientnos disques sans les précieux apports de l’ombre(mais l’ombre c’est la lumière véritable) d’assis-tants comme Martine Patrice, de preneurs de soncomme Bernard Astier, Sylvain Thévenard, BorisDarley ou Thierry Balasse, d’ingénieurs de maste-ring comme Isabelle Davy, Marwan Manley, degraphistes comme Jérôme Lopez, Toffe, EtienneAuger, Sandrine Plichon ou Vital Maladrech, depeintres, photographes et illustrateurs commeXavier Thomen, Michel Vasset, Yvan Vandel.... Ondevrait tous les nommer et ces 48 pages n’y suffiraient pas. Les génériques sont capitaux.Tout ce qui détruit l’égoïsme est capital.

Les Allumés du Jazz, soumis comme tous auxinterrogations actuelles sur le support, le virtuel,le spectacle, le si, le la, le dos, l’armature, lesquelette, le poumon, le où aller, le que faire, leprésent, le peut-être, le futur, ont choisi deconsacrer l’intégralité de ce journal à leurs pro-ductions, leurs diversités, leurs heures diverses,documentaires ou fictionnelles. Ils ont sélec-tionné 123 disques (123 petits objets plein de

sens et de cœur, volontaires pour cette premièresomme, pas un best of pof pof, pas les di squesqui ont reçu des médailles – qu’ils ne méritentheureusement jamais).123 albums que les digni-taires romains, pour qui le lancer de disque n’estqu’affaire de muscle, n’auraient pas aimé, 123lieux d’expression, de concentration, de bonds,d’espoirs, de mise en commun, de mises encauses, de mises en plis, de débats naissants oufinissants, d’ultimes en tous genres. Ils ont offertces 123 disques à des rédactrices, rédacteurs,dessinatrices, dessinateurs, photographes qui enretour ont généreusement confié leurs impres-sions et sentiments, souvent bien loin de l’instal-lée « critique de disque ». Un petit mouvements’est mis en route avec établissement de pontsde fortunes au-dessus des rivières que nousn’avions pas toujours senties, des rivières telle-ment fraîches. En prime, les Allumés du Jazz ontajouté 48 disques (un par maison - et Ventsd’Est vient de nous rejoindre qui fera 49) pourcartes de bonnes visites. L’affaire de la musique,(du jazz) n’est pas une affaire d’élites (et l’onautodétruira volontiers sans pitié nos velléités éli-tistes) ni de professionnels suffocants de la pro-fession (et l’on pilonnera nos autosatisfactions –can’t get no), mais un interstice logique pourfaire confiance à tous les réflexes d’amateurs,toutes les réactions non automatiques de ceuxqui aiment. Nous venons juste de commencer. 1,2, 3 partons.

A Valérie, Cécile, Bomessé, Catherine, Agnès, Nicolas,Nicolas, Joëlle, Marie, travailleurs aux qualités fertiles(voire chevaleresques) sans qui les Allumés du Jazzauraient bien été incapables de porter ces disques jusqu’àvous.

(1) Lire Rudolf Rocker : Nationalisme et Culture (Les Editions Libertaires

– Editions CNT-RP)

Vous pourrez trouver les disques de ce numérochez votre disquaire ou lui commander

(c’est important les disquaires). Dans le cas ou celui-ci ne serait pas existant, vous pourrez alors passer votre commande

aux Allumés du jazz (voir page 26).

Texte de Jean Rochard 1/49

Image de Zou

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3Le jour des 123 disquesL E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

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Ce n’est pas moi qui ai choisi ces disques, c’est une sélection que l’on m’a proposée et qu’on a, jesuppose, faite “sur mesure”. Soit une collection de pavillons en forme de corolles au bout de tigeshérissées de clés et de touches. Comme un bouquet de fleurs des chants, pas toutes dépourvues

d’épines, où les chardons ne seraient pas les moins fascinantes. Elles ont poussé évidemment en liberté,à l’écart des sentiers battus, entre herbes folles et bouturages imprévus dictéspar les vents et aléas jazzosphériques. Et s’il arrive qu’elles semblent dessinerune allusion de jardin, à la française ou à l’anglaise, c’est au seul bonheur duhasard qu’elles doivent une telle chance. Déchirures ou plutôt arrachages etdéracinements (cueillette), migrations, transplantations : déplacements etrencontres seraient les sources originelles de ces floraisons sauvages. Et d’ail-leurs, qu’est-ce qui nous empêche de considérer que tout commence ici avecla “Petite Fleur” ensauvagée-révélée à la manière d’un chant lourdementguerrier par le soprano de Lol Coxhill et les scansions de Pat Thomas – « Unsoir à Chantenay-Villedieu, autour d’un pot-au-feu, Lol Coxhill s’est levé pour jouer “Petite” Fleur, lespétales de cette fleur-là n’ont jamais dû quitter les mémoires des quelques attablés. » Autant dire qu’à lasouple façon de chorégraphiesaquatiques hollywoodiennes, onpeut voir se déployer un bouquetdans le bouquet, cette fleurouvrant un Vol pour Sidney (aller)au gré de quoi se succèdent qua-torze citations, hommages, relec-tures et anamorphoses – de TajMahal à Elvin Jones en passantpar Charlie Watts, Lee Konitz,Han Bennink… – de l’universsuperbement transatlantique deBechet, qui en 1954 avait choiside s’installer en France. Un anplus tôt, dans un studio parisien,un autre saxophoniste étatsu-nien, Anthony Ortega, alors âgéde 23 ans et échappé du bigband de Lionel Hampton (avecGigi Gryce, Clifford Brown, ArtFarmer, Quincy Jones…), avaitenregistré pour la première foissous son nom. Presque un demi-siècle plus tard, lui qu’on sur-nommait “Batman” et qui depuiss’est imposé comme un des souf-fleurs les plus singuliers – et leplus singulièrement méconnu –est revenu en Europe, commepour dire Bonjour en inventantd’autres chemins de traverselyrique et des couleurs à peinevraisemblables et pourtant irré-sistibles avec la complicité de bra-conniers locaux aussi virtuosesque Rémi Charmasson et ClaudeTchamitchian, le batteur RandyKaye apportant au quartette uneexpérience affûtée aussi bienaux côtés de Jimmy Giuffre quede Jimi Hendrix (juste avantWoodstock). Giuffre, parlons-en !Ou plutôt non : laissons-le parlerpuisqu’il s’est tu définitivement ily a quelques mois, laissons-le seraconter et s’expliquer, par leVerbe et ce souffle à quoi cer-tains auraient voulu réduire son“style”, et profitons-en pour ren-dre grâce à son ami AndréJaume, tout aussi saxophoniste etclarinettiste que le maître texan,mais surtout producteur du dou-ble cd Jimmy Giuffre Talks &Plays où, en un contrepoint limi-naire, il lui donne la réplique telun astucieux et compétent “spar-ring partner”. Et n’allez pascroire que cet album comptepour moi parce que j’ai tendu lemicro à l’auteur de The TrainAnd The River, demandez seule-ment à Michel Portal, SylvainKassap, Theo Jörgensmann, Michael Moore, entre autres prestidigitateurs du blackstick, leur sentimentsur Giuffre… Si l’on a pu écrire naguère (au risque de défriser nombre d’employés du cadastre) que «Jimmy joue free », et regretter que l’association de Giuffre et Steve Lacy n’ait pas duré plus que le tempsd’un malentendu, le coffret de 3 cd Scratching The Seventies / Dreams, concocté par le saxophonisteEtienne Brunet et produit par Pierre Barouh, illustre à merveille le flux – free, postfree, polyfree comme

il le qualifiait selon les moments – inventé-débâclé par Lacy, l’intense sculpteur de presque-riens quifurent sa matière première, illuminés, nourris, persillés qu’ils étaient de références, influences et hom-mages à Duchamp, Webern, Picabia, Lao Tseu, Billie Holiday, Harry Partch, Dali, Apollinaire, Satie,Ayler, à la pluie, au vent, à Hendrix, Freud, Chopin, Kid Ory. Extraite d’une discographie torrentielle,

cette réédition des albums Lapis, Scraps, Dreams, Roba et The Owl s’impose commeune masse incontournable pour qui voudrait entrer de plain-pied dans la “crypto-sphère” lacyenne, irrésistiblement vertigineuse. Et que l’axe permanent en soit lesaxophone soprano, « the straight horn » (pour reprendre le titre du troisièmedisque en leader de Steve Lacy), n’est sans doute pas le moindre paradoxe…Grattage-glanage des années soixante-dix également avec Le jardin aux sentiers quibifurquent où Barney Wilen bal(l)ade ses saxophones, ténor et soprano, entouré duJazz Hip Trio, historique combo méridional formé par deux hommes en tous sens

de l’art, le contrebassiste-cardiologue Roger Luccioni et le pianiste-prof de médecine Jean-BernardEisinger, élégamment animé-structuré par le drumming de Daniel Humair. Suaves divagations et talen-tueux retour aux premières amours mélodiquement envoûtantes, après les aventures et explorations

afro (Moshi) rock (Dear ProfLeary) automobiles (Le Destin tra-gique de Lorenzo Bandini) et autresdéclinaisons free (Le NouveauJazz avec François Tusques), cetteliberté reconquise, ou plutôt par-faitement phagocytée, n’étantpas la moins jubilatoire du par-cours d’un saxophoniste (1937-1996) à jamais juvénile…Explorateur, sourcier, Wilen nel’aura pas été qu’au profit de sesseules inventions sonores : en1969, sur ses routes africaines, ilaura fait escale à Alger et ouvertses oreilles aux vibrations pana-fricaines, et pas seulement sesoreilles puisque c’est à son enre-gistrement sur Nagra qu’on doitla publication en disque duconcert d’Archie Shepp avec desmusiciens algériens et touareg,édité alors par un “pré-allumé dujazz”, le label Byg. Depuis, lesaxophoniste de FortLauderdale, après d’innombra-bles épisodes phonographiques,a enfin réalisé ce rêve presquebanal mais rarement accessible :être le maître de sa production –comme pour répondre concrète-ment à Ornette Coleman quiavait déclaré : « Production etpublicité sont liées au point de seconfondre. Ce que je veux dire,c'est que dans le jazz, le produitc’est le Noir. Leur façon de fairede la publicité sur moi, d'expli-quer combien je suis "en marge"et "hors normes", prouve que jesuis moi-même un produit. Et sic'est moi que l'on vend, si je suisle produit, il m'est impossible derecueillir quelque bénéfice,n'est-ce pas ? » Avec le doublealbum Gemini, sa troisième auto-production (après First Talk enduo avec Siegfried Kessler et,associé à des musiciens gnaouas,Kindred Spirits), Shepp continued’illustrer sa non-définition du“jazz” – « Si vous persistez à appe-ler notre musique “jazz”, c’estcomme si vous nous appeliezencore niggers… » avait-il lancéjadis à Dan Morgenstern (ancienrédacteur en chef du magazineDown Beat, aujourd’hui direc-teur de l’Institute of Jazz Studiesà la Rutgers University) lorsd’une discussion en public –jusqu’à l’actualiser en rencon-trant, sur scène et en studio, le

rapper Chuck D de Public Enemy : « Si je suis attentif au rap, aux jeunes créateurs du rap, c'est parcequ'il me semble que les choses se passent là. Ce sont des musiciens de la rue qui ne peuvent pas se payerun instrument. Ils retournent à la voix, à la syllabe, au battement du corps, ils se frappent la poitrine, lesmâchoires. Ils sont les descendants de John Coltrane… La violence s'est fixée dans le rap. Il y a une grandecharge de contestation dans le rap, une grande puissance d'attaque. Avec toutes les contradictions possi-

4 L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008 Autres morales saxuelles

Texte de Philippe Carles

Image de PercelayAUTRES MORALES SAXUELLES

Ces musiques sontdécidément hors

saison

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bles. Des chanteurs à succès se font tuer pour l'argent, la notoriété.On dirait que la violence capitaliste s'illustre d'elle-même, dans leurscorps, dans leurs gestes… » (propos recueillis par Francis Marmande,in Lignes). D’où le vif contrepoint des deux voix, à la fois hommagequasi filial et reconnaissance de paternité, ou, pour paraphraser larengaine, « D’où vient le rap ? Il vient de là… », comme toutes lesphases de la musique que je continue de vivre, semble préciser unShepp aujourd’hui septuagénaire en déployant, manière d’apo-théose, une vive autobiographie sonore à dimension encyclopédique,travelling panoramique d’un homme du peuple du blues… D’unesomme à l’autre, d’un sax (ténor et soprano encore) à l’autre, c’estsur un mode plus centrifuge que se lisent les huit chapitres prémédi-tés par le pianiste britannique Tony Hymas (aussi joueur d’appeauxpour préciser le bucolisme du “Mercredi 5 avril”) pour Eight DayJournal, suite concertante offerte aux séduisantes contradictions del’improvisateur Sam Rivers que commente, en guise de “liner notes”,un jeu de saynètes inventé par le dessinateur Moebius qui aiguise déli-cieusement l’incertitude. Soit une collision rêveuse dans un lacis d’ail-leurs orchestraux (à quoi participent, entre autres aventuriers, SylvainKassap, François Corneloup, le trompettiste Henry Lowther, le bas-siste Chris Lawrence, Noël Akchoté) échappant à tout étiquetage ouen superposant plusieurs jusqu’à un effet de palimpseste, à la fois

COLLECTIFVOL POUR SIDNEY

nato 777706 Han Bennink (batterie), SteveBeresford (piano, voix), BritishSummer Time Ends, Hugh Burns(guitare), Lol Coxhill (saxophone),Michel Doneda (saxophone,Urszula Dudziak (voix), Tony

Hymas (piano), Elvin Jones (batte-rie), Lee Konitz (saxophone), TheLonely Bears , Francine Luce

(voix), Taj Mahal (chant, guitare),Charlie Morgan (batterie), TonyMuschamp (guitare), Evan Parker(saxophone), Chris Parren (piano),Pat Thomas (piano), Charlie Watts(batterie), Kenny Werner (piano),

Pepsi (voix),

JIMMY GIUFFRETALKS & PLAYS

Celp 41/42 Jimmy Giuffre (clarinette, sax

soprano et alto), André Jaume (clarinette basse)

ANTHONY ORTEGA QUARTETBONJOURAjmi AJM01

Anthony Ortega (saxophone),Rémi Charmasson (guitare),Guillaume Séguron (contre-basse), Randy Kaye (batterie)

STEVE LACYSCRATCHING THE

SEVENTIES - DREAMSSaravah SHL2082

Steve Lacy ( saxophone ), StevePotts (saxophone),

Derek Bailey (guitare)Irène Aebi (voix), Kent Carter(basse), Jean-Jacques Avenel(basse), Kenneth Tyler (batte-rie), Jack Treese (guitare) ,

Boulou Ferre (guitare), MichaelSmith (piano), Enrico Rava(trompette) ,Claudio Volonte(clarinette), Italo Toni (trom-

bone, Carlo Colnaghi (batterie) ,Oliver Johnson (batterie),Takashi Kako (piano),

Lawrence Butch Morris (cornet)

EVAN PARKER - KEITH ROWEDARK RAGSPotlatch P200

Evan Parker (saxophone), Keith Rowe (guitare)

SAM RIVERS - TONY HYMASEIGHT DAY JOURNAL

nato 777 726 Sam Rivers (saxophone), Tony Hymas(piano), Carol Robinson (clarinette),Sylvain Kassap (cor de basset, clari-nette basse), François Corneloup(saxophone ), Henry Lowther (trom-pette, bugle), Rita Manning (violon), Sonia Slany (violon), Philip Dukes(alto), Sophie Harris (violoncelle),

Noël Akchoté (guitare électrique, appeaux ),

Chris Laurence (contrebasse), Paul Clarvis (percussions)

ARCHIE SHEPPGEMINI

Archieball ARCH0701 Archie Shepp (saxophone), Tom McClung (piano) ,

Wayne Dockery (contrebasse) ,Steve McCraven (batterie),Stéphane Guéry (guitare),

Chuck D (voix), Amina Claudine Myers (piano,

voix), Cameron Brown (contrebasse),Ronnie Burrage (batterie)

BARNEY WILENLE JARDIN AUX SENTIERS

QUI BIFURQUENTCelp C52

Jean-Bernard Eisinger (piano),Daniel Humair (batterie), Didier

Lockwood (violon), Roger Luccioni (contrebasse),

Barney Wilen (saxophone)

L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008 5Arfi, maison fondée en 1977

Texte de Jean-Paul Ricard

Photo de Jean-Marc Birraux

Souvenirs, souvenirs. S’il est une galette à même dedéclencher réminiscences et sensations heureuses,c’est bien celle qu’a concoctée l’ARFI à l’occasion de

son 30ème anniversaire. Certes, ce constat est celui dequelqu’un qui, bon mal an et de plus ou moins loin, acôtoyé l’aventure exemplaire du collectif lyonnais. Et ce,depuis nos débuts respectifs datés de 1977 pour lesmusiciens rhône alpins, de 1978 pour ce qui concernel’AJMI, lieu de diffusion en Avignon, au bord du Rhône.Rencontre inévitable donc et qui n’est pas sans avoir laisséde belles et profondes traces, dont le point culminant restele passage à Avignon, en 1980, du Workshop de Lyon et, lamême année, pour un concert inoubliable, celui duMarvelous Band donné devant 18 personnes enthousiastes.Soit la plus faible jauge de notre histoire, due ce soir-là à unévénement sportif mobilisant les forces vives de la Cité desPapes. Mais le MarvelousBand aura sa revanche,au mois de novembre1985, au théâtre duChêne Noir, avec unconcert d’anthologie pourun public nombreux etconquis par la folle éner-gie et la généreuse libertéaffichées par Alain Gibert,Maurice Merle, LouisSclavis, Guy Villerd, BrunoChevillon et ChristianVille.De cette belle maisonfondée en 1977, d’autrespropositions musicalessont venues, viennent etviendront encore réjouiret secouer les oreillesavignonnaises.Toutes sont là, fortes dansnotre mémoire, réactivant nos émotions au travers des multi-ples extraits sonores (CD audio + CDrom MP3) d’une sagaqui n’a guère d’équivalent et qui nous sont ici, judicieusesélection, redonnés à entendre. Dans un foisonnement extra-ordinaire d’inventivité et d’humour (c’est important l’hu-mour), sans nostalgie aucune, d’une brûlanteactualité.L’objet, bel objet, est, cela va sans dire, indispen-sable à toute discothèque sérieuse consacrée à la musiquevivante du XXème siècle. Je me souviens aussi (nousaimions en plaisanter avec l’ami Maurice Merle) de ma pre-mière rencontre avec la musique de l’ARFI. C’était un peuavant tout cela, un soir d’été à Chateauvallon. Dans le cadred’un concours d’orchestres amateurs (on ne disait pasencore « tremplin jazz ») sponsorisé par une grande marquede biscuits et au milieu d’un nombre conséquent de clones« New Orleans ». Est apparu sur scène le « Free JazzWorkshop de Lyon » (Maurice Merle, Jean Méreu, PatrickVollat, Jean Bolcato, Christian Rollet). Etonnant, non ? L’ARFIou l’art de ne rien s’interdire et, pour moi, un choc mémorableet déterminant. Merci l’ARFI !

ARFI, MAISON FONDÉE EN 1977

La Marmite Infernale (archives Arfi)

libre et délicat, fragile et violent, aux frontières, inévitablement, de cequ’on est convenu d’appeler “jazz” ou “musique classique”. Et puis,last but not least, une sorte de retour, par voies très détournées quasilabyrinthiques, à ce qu’on serait tenté de considérer comme des fon-damentaux de la musique improvisée et que le poète Paul Hainesrésume comme une « abondance of beautiful moments », tandis queGérard Rouy, moins feignant, décrit « une mosaïque de microsons etde scories, une jungle de souffles et de plaintes grouillant et se répon-dant dans une vertigineuse surimpression de nappes longues et bario-lées superbement en prise avec le présent » : les Dark Rags du saxo-phoniste Evan Parker et du guitariste Keith Rowe, ou le dialogueréduit à son expression la plus hypertrophiée et vertigineuse,jusqu’en des tréfonds évoquant quelque spéléologie du côté d’uninconscient instrumental. Fascinant, inquiétant et méthodiquementloin de toute musique d’ameublement. Inutile d’attendre Noël ouThanksgiving : ces musiques sont décidément hors saison.

COLLECTIFCOMPILATION ANNIVERSAIREARFI, MAISON FONDÉE

EN 1977Arfi AM040

l’album rassemble plus de 80titres, soit 7 heures de musiqueaux formats audio et mp3.

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6 Changer la vie L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

Texte de Emmanuelle K.

Image de Stéphane Courvoisier

S ’approprier l’Histoire, la nôtre, passe par changer la vie.

Se révolter.Vaincre jour après jour la multiplicité des peurs.S’associer, jouer, imaginer, penser, créer, inventer,découvrir, retrouver, reconnaître.Revendiquer le droit à l’existencepar la création de situations enfin à vivre.Et puis, au cœur de ça, aimer surtout.

Aimer est inhérent au mouvement lui-même.

Nous n’abandonnerons pas le terrain de la vie.Nous n’avons, à ce jour, rien trouvé de plus vrai.Il est inéluctable que nous soyons de plus en plusnombreux

- car tout finit par se savoir -à trouver si violemment plaisirà l’aventure d’être vivants et si grand déplaisir

à l’état de ce mondeque l’ordre qui y règne

n’y puisse résister

Qu’on ne s’y trompe pas, cet ordre a,depuis longtemps, signé son arrêt de mortpar l’usure incroyable d’énergie

qu’il nous impose,condamnés que nous sommes

à l’implosion en permanence,sacrifiés que nous sommes aux vampires.

Extrait de Quand l’obéissance est devenue impossible(Le Krill Éditeur - Éditions de la Différence)

COLLECTIFBUENAVENTURA DURRUTI

nato 777733Elsa Birgé, Abel Paz, Tony Hymas, Tony Coe, Nathalie Richard, Noël Akchoté, UnDrame Musical Instantané, Bernard Vitet, François Corneloup, Hervé Legeay, MichelGodard, Xavier Desandre Navarre, Jean-Jacques Birgé, Joe Carioca, Henry Lowther,Ladybones Trombone Quartet, Tracy Holloway, Abigail Newman, Lorraine Temple,Sarah Williams, Paul Clarvis, Carmen Alvarez, El Roto, Paco Narvaez, Violeta Ferrer,Carol Robinson, Benoît Delbecq, Hélène Labarrière, Lucie Recio, La Marmite

Infernale, Jean-Paul Autin, Jean Bolcato, Michel Boiton, Jean-Luc Cappozzo, PatrickCharbonnier, Xavier Garcia, Alain Gibert, Jean Méreu, Maurice Merle, Dimitri Naiditch,Alain Rellay, Christian Rollet, Jacques Veillé, Guy Villerd, Steve Argüelles, Marc Ducret,Marie Thollot, Angel Carmona, Evan Parker, Agusti Fernandez, Manuel Aguilella,Alfonsina Ortega, Anna Luif, Nadja Zela, Anna Vilas, Dave Green, Beñat Achiary,Michel Etchecopar, Mohamed Bouari, Alla, Phil Minton, Mark Sanders, Dominique

Pifarély, François Couturier, Kader l’Aktivist, Guillaume Orti, Frédéric Briet, Joe Carver,Eric Chalan, Claude Tchamitchian, Norbert Lucarain, Jean-François Pauvros, JésusGuillén, Miguel Celma, Sylvain Kassap, Didier Petit, Philippe Carles, Raymond Boni

RONNIE LYNN PATTERSONDIDIER LASSERRE

THE GUERNIKA SUITEAmor fati FATUM008

Ronnie Lynn Patterson (piano), DidierLasserre (batterie)

CHANGER LA VIE

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7L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008 Il fait froid dans le monde

BRIGITTE FONTAINEARESKI

ART ENSEMBLE OF CHICAGOCOMME À LA RADIO

Saravah SHL 1018Brigitte Fontaine (voix),Lester Bowie (trompette),

Joseph Jarman (saxophones,percussions), Roscoe Mitchell(saxophones), Malachi Favors

(contrebasse), Léo Smith (trompette),

Jean-François Jenny Clark(contrebasse),

Jean-Charles Capon (violoncelle),Albert Guez, Jacques Higelin

(voix), Kakino de Paz, Areski (voix)

FRANÇOIS TUSQUES1965, FREE JAZZ

in situ IS 039Bernard Vitet (trompette),

François Jeanneau(saxophone et flûte),

Michel Portal (clarinette basse),Charles Saudrais (batterie), Beb Guerin (contrebasse), François Tusques (piano)

Texte de Christian Tarting

Photo de Guy Le Querrec

Alors, je venais de retrouver Paul Louis et alors Nantessans délai est venue dans la conversation – Nantes :pas celle du passage Pommeraye mais elle d’autres

échos, peut-être d’autres fantômes, du côté du Pont Mauditet de l’île Mabon, elle de vivants paradoxaux, des forcestoujours là, de leur insinuation. (Tu n’oublies pas les compa-gnons d’autrefois, tu reconnais la sonorité juste de l’eau surle pavé, la frappe des pas, l’affaire déambulée.) Paul, monPaul Rossi d’une ancienne liturgie, d’une nuit marquée detous nos vieux espaces repris-inventés, tous nos coups defolie, rêves et l’écriture de ces rêves, Paul m’a redit les ami-tiés, m’a reparlé de Beb et moi aussi j’ai parlé de Beb.Bernard, c’était Bernard encore Beb : je revois la vieillephoto où vous étiez ensemble, une séance d’enregistrement,tu étais là Paul, tu étais là pour la revue à laquelle tousdeux longtemps nous avons collaboré. Bernard tu l’asécouté, le 26 octobre 1965 à la Comédie des Champs-Ély-sées, tout un après-midi. Paris. Le froid la pluie : pas gravepour un Nantais. Avenue Montaigne, 14 heures, je n’étaispas avec toi : trop jeune encore. Un jour quand même, unenuit de juillet tu m’as raconté mais j’en avais déjà le récitde ta plume je connaissais bien l’histoire. Bernard ton amisur un disque de François ton ami qui allait reprendre, cetaprès-midi, le titre du disque de Coleman pas très vieuxtoujours aujourd’hui neuf. Une nouvelle chose neuve ce jourd’octobre, musique déclarative, et du souvenir toutefois unpeu (oiseau, oiseau, oiseau), et du dégoût de la guerreinfâme encore fraîche à l’esprit (Charonne, pas si loin),dans les volumes difficiles de la salle de théâtre vide tu ledis page 21, et le son de Beb, imposant-ogresque, on le

reconnaissait sans discussion, et sa verve rythmique inlassa-ble, tu te souviens du concert de Châteauvallon aussi, oui1972, de ce concert qui pour quelques-uns d’entre nous atout déclenché. On était là Paul et moi et puis, et puis ladate est revenue : ce 14 novembre de 1980. Tout de suitealors nous avons su la mort de Beb, tout de suite nousavons pu dire il fait froid dans le monde, loin si proches toimoi, Paul. L’un de mes premiers morts tu vois – maintenantla liste est longue. Il a fait froid, novembre est un moisdégueulasse, le froid n’a pas bougé. Il a fait froid Brigitte...et Lester et Malachi le délicat sont partis et tu chantesencore le froid la pince du monde ne s’est pas desserrée.Au bout de la corde terrible elle avait marqué des pointselle ne s’est pas desserrée. Tout juste un peu de bruit pourcombler le silence, tout juste le bruit du dégoût. Tout à fait :le monde est tout à fait comme il était, ça continue de sevoir, dégoûtant, à cette minute il est dans le même état pasmême pire souviens-toi Brigitte, pas même, tu n’as pasoublié le napalm et le reste. Un peu plus démasqué mais. Àcette minute l’état policier de nos adolescences est tou-jours là. Pas même pire : un peu plus démasqué mais. Unpeu plus démasqué mais : mais tu sais notre force et peut-être. À cette minute, où il fait froid encore, à cette minutedes incendies s’allument, parce qu’il fait trop froid, parceque nous sommes vivants, toujours vivants, toujours vivantset le dirons de plus en plus. Fort.

(À tous ceux de Tarnac.)

Free Jazz, sorti à l’origine chez Mouloudji

IL FAIT FROID DANS LE MONDE

Brigitte Fontaine, Philippe Douste-Blazy (Ministre de la Culture de 1995 à 1997), remise du Grand Prix de la Chanson, décembre 1996

«L’état policier denos adolescencesest toujours là»

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8 What’s up Doc ? L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

Texte et image de Rocco WHAT’S UP DOC ?

KRISTOFF K ROLLLE PETIT BRUIT D’À CÔTÉ

DU CŒURVand’œuvre VDO0222

Carole Rieussec (musiquesconcrètes, acousmatiques),Jean-Christophe Camps(musiques concrètes,acousmatiques),

Daunik Lazro (saxophone),Noëmi Schindler (violon), Sona Khochafian (violon),Christophe Roy (violoncelle)

PASCALE LABBÉLES LÈVRES NUES

Nuba 1202 Pascale Labbé (voix et direc-tion), Hughes Germain (dispositif électronique), Gilles Dalbis (percussions),Olivier Benoît (guitare), Paul Rogers (basse),

Christophe Rocher (clarinette),Christian Zagaria (violon),Christine Wodrascka (piano),Christine Bertocchi (chant) et une vingtaine de personnesayant ou ayant eu recours

à des soins

SENS - ORTIREVERSE

Quoi de neuf docteur DOC074Olivier Sens (ordinateur),Guillaume Orti (saxophone)

L'invention estdans les limitesrepoussées dugeste musical,de la forme etde l'écoute *

Que chacunpuisse témoigner deson propreunivers sonore**

Ni austère, nifacile, cettemusique apparaîtcomme unesynthèse possible d'univers souvent opposés. ***

* Kristoff K Roll** Pascale Labbé*** Guillaume Orti - Olivier Sens

Page 9: allumes du jazz

L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008 9

précipitation, obstinément grave, commel’indique la formation ingénieuse tôt aban-donnée avec sérieux pour vaguer ailleurs,partout où son étoile l’appelle à gronder.Puis il descend pour se tenir suspendu tantque le son des instruments continue etremonte ensuite à sa place surplombante,jusqu’au prochain festin.Si pour Hubert, Perec (if étété, éborgnas-tul'astre sédatif ?) occulte Mingus, commechez Emile, nous demeurons dans le regis-tre connu du jazz à quatre, partie carrée révérencieuse, troquant la redite outre atlantique pour l’if conditionnel ou son érable des origines, bien qu’en poussant unpeu. L’Orient peut alors devenir presque possible. (3)Réponds « absent » toi-même, sinon turisque de ne pas être compris. (1)Quand, par l’introduction d’amplificateurs,câbleries, pédaliers et consorts, l’artifice dugrossissement compense la miniature commune, c’est encore l’excès qui s’essayeà combler l’absence. Le capteur placé auplus près du branle reporte les capricesinfimes, grattages, tirages, frottis de crinsqui tous s’achèvent en feulements crescen-dos jusqu’à l’emballement de tous les composants en boucles sans fin, se nourrissant de leurs propres transes, croquant leur tendre chair comme une fission de noyaux s’acheva, jadis, en champignons funestes. La réaction enchaîne ne s’interrompt que par le court circuit du off. Aurélien évite le coma parune juste balance entre la douceur du haut-bois de forêt, la minoration du percussifpressé et l’étouffement du brame électro-nique. Il est le centre qui tire les fils. Leréveil, moins rude, permet la contemplationd’une colonne de fourmis de Panurge quiles unes après les autres se précipitent dansl’embrasement d’une fournaise de libreimprovisation ravie des bruits du jazz ouune atmosphère de catastrophe post métal-lique. Parmi les corps en chute des cerfs,des cétacés et des chevaux se voient sou-dain affublés de courtes ailes et disparais-sent dans la nuée acide comme des enlumi-nures baroques. (4)

Le sentiment comme tu sais, est enfant dela matière. (1)C’est une grosse queue d’ogre, couverte derides, qui s’éloigne en se balançant, dans sadéambulation tranquille, comme unemarionnette empoussiérée jusqu’à sa réduc-tion en un cercle parfait qui bouge encore,là-bas, vers l’horizon.C’est la vie sauvage d’une tribu, les élansd’un collectif qui se plaisent à toutes leséchappées belles dans une quête chan-geante de folklores inventés, à l’instar d’an-cêtres rhodaniens dont, désormais se perpé-tue la lignée, en se jouant des codes, sous

les regards complices d’une aimable sorcière, de mages rieurs.Matinées de joyeusetés, fanfare urbaine, séances de cinéma expression-niste, ils aiment tout du cirque, des enfants et de la dolce vita. La profu-sion de leurs talents en fait l’escouade de choc qui n’a pas peur desloups, ni des coups, ni des choux. Voilà pourquoi ils sont préservés, ici

au dessert, pour la fine bouche. (5)

Le jardinier invalide souritAu souvenir de ses outils perdusAu bois mort qui se multiplie (1)Rarement dupes du chevrotementde la démagogie, libres et penseurs,mordant dans le sommeil del’unique, crachant le rebus, ce sontquatre actes de générosité quiréconcilient avec les livres comptables de poésie et les merveilleux bestiaires

(1) René Char - Fureur et Mystère,Les Matinaux, Le Nu perdu -(2) Emile Parisien Quartet - Au revoirporc-épic – Laborie(3) Hubert Dupont – Spider’s dance– Ultrabolic(4) Figurines – Les fourmis meurentaussi – Rude Awakening présente(5) L’Ogre – Ograminations – La TribuHérisson

modifier les soies en piquants. (2)Méfiez-vous de moi comme je me méfie de moi, car je ne suis pas sansrecul. (1)Ici l’arachnide obstiné tresse son fil en une arche où brille, au centre, la perle de rosée qui capte toutes les humeurs. Le tissu est fait sans

Arrête ton char, écoute !

Echapper à la honteuse contrainte du choix entrel’obéissance et la démence, esquiver l’abat de lahache sans cesse revenante, du despote contre

laquelle nous sommes sans moyens de protection,quoique étant aux prises sans trêve, voilà notre rôle,notre destination, et notre dandinement justifiés. Ilnous faut franchir la clôture du pire, faire la coursepérilleuse, encore chasser au-delà, tailler en piècesl’unique, enfin disparaître sans trop de pacotilles sursoi. (1)

Sur les rives putrides de l’égout global survivent lesderniers des hommes à contempler les restes d’uneopulence décomposée, charriés par des eaux hui-leuses. Ici, isolés aux regards fous ils jouent avec desossements, méditent sur des excréments, au-delà desmontagnes, en banlieues, rassemblés en groupes pri-mitifs ils poussent de faibles cris ponctués de chantsfunèbres. Un même malheur s’est abattu sur lesmasses résignées, dont les faux cons maltés du buil-ding chaos ne font qu’une bouchée provisoire. Lessuffisants se réclament de la vérité, assènent le faitdivers avec prétention, imposent l’insignifiant à laune, produisent de la monnaie sans nulle richesse,embobinent en théocrates de la très vaine divinitéuniverselle. Matérialistes illettrés, admirables ennemis quiaspirent à la stabilité de leurs positions, nous leursommes reconnaissants d’avoir rappelé l’état deguerre permanente déclarée à nous autres, pauvres,étrangers, intellectuels, malades, poètes, transpa-rents, flammes des allumés.Rassurez-vous frères, ce ne sont que de fragilesennemis qui s’appuient sur leur logique de réseauxvirtuels, de marché, de communautés d’investisseursavides, de bandes ou de hordes excluant toute possi-bilité de croiser d’improbables étincelles. N’ayez pas peur amis, ce ne sont que couards auxallures de matamores ! Leurs victoires seront brèves.Creusez l’esprit critique, approfondissez le scepticisme, lisez de vrais livres.Le livre est le miroir pour déchiffrer son propre refletdans un paysage de cygnes, en poussant toujours plus loin dans la succession des plis, despages, jusqu’à découvrir ce qui y est serré, le mystèreque le fin bout de la dernière ligne ne résoudra pas.Que d’efforts fertiles à pousser ainsi l’attention.Malgré leur immédiateté, encore plus d’efforts sontnécessaires pour se trouver dans le bazar desmusiques qui abreuvent jusqu’à saturation. Seule estsouhaitable celle de vifs, amis vivants, souvent survi-vants, lumières dans la nuit. Infailliblement est écarté tout l’immatériel des fichiers virtuels, de lafantomatique radiophonie, des sons compressés distribués à grandes distances, à très grandesvitesses, pour un partage entre inconnus provisoirement appariés. Que reste-t-il ? La terre, le labour, les sillons (jadismicros, aujourd’hui cédés) comme ces pliures évoquées plus haut, le cortex matériel où le mystèrepeut encore se cacher, la graine germer.Au désavantage de l’immédiate téléphonie voiciquelques émissaires concrets. Le recours à l’archive matérielle offre la joie de la profanationd’une première peau, cellophane protectrice, puis ledépliage du coffret avec l’attente d’une découvertependant que l’oreille palpite, encore distante. Ensuitepour que vienne l’allégresse, l’harmonie escomptée de la liqueur et du fla-con, il faudra patienter, déplier, lire, relire, faire résonner le rayonnage,puis recommencer.Aujourd’hui envoyée au front c’est une colonne de hasard conduite parPrez, le porc épic, puis vient l’arai-gnée danseuse de l’abîme, suivied’une théorie de petites fourmis appliquées, pour se clore par lepachyderme chaloupé qui chante. On doit sans cesse en revenir à l’érosion. (1)Une façade minérale pour exhausserla hâblerie du brillant gascon affublé, par les autorités enthousiastes, des qualificatifs duprestige : sémillant, omniprésent,ambitieux de musique. Le voici projeté dans une création néo-classique mêlée d’hommages enun brouillamini goûteux qui s’étirespacieusement en contemplant sapropre image qu’une audienceenthousiaste encourage de hourras.Ils sont si jeunes ! Leur fraîcheur serit de tout avec l’assuranceconsciente du talent jusqu’à l’emballement qui enfile des perlesbavardes et probantes. Quelquestouches poivrées de rage rauque,these foolish things, viendront, plustard, avec profit, parfaire les promet-teuses prémices qui se lèvent ici pour

Texte de Sylvain TorikianImage de Sylvie Fontaine

L’OGREOGRAMINATIONSLa Tribu Hérisson LTH103Samuel Chagnard, Véronique

Ferrachat, Vincent Guglielmi, JoëlJorda, Stéphane Lambert, MaximeLegrand, Raphaël Poly, FrédéricRoudet, Xavier Saïki, Serge Sana,Patrick Sapin, Laurent Vichard

EMILE PARISIEN QUARTETAU REVOIR PORC EPIC

Laborie LJ 03 Emile Parisien (saxes), JulienTouery (piano), Ivan Gélugne(contrebasse), SylvainDarrifourcq (batterie)

FIGURINESLES FOURMIS MEURENT

AUSSIRude awakening présente1DCD0016 RA2005

Aurélien Besnard (clarinette),Benoist Bouvot (guitare), Julien

Mauri (batterie)

HUBERT DUPONTSPIDER’S DANCEUltrabolic UBR0502

Hubert Dupont (contrebasse),Rudresh Mahanthappa (saxo-phone), Yvan Robillard (piano),Chander Sardjoe (batterie)

ARRÊTE TON CHAR, ÉCOUTE !

Page 10: allumes du jazz

…un nato vintage avec du monde élégant ; un Collignon & co ; tiens le Franck Vigroux prévu qui n'est paslà, Michel Blanc à la place, va pour Michel Blanc – avec Franck Vigroux, d'ailleurs ; un DMI de derrière lesTeppaz avec track bonus pour faire survibrer les tympans, et c'est bien fait pour ça ; et de la trompetteatmosphérique version Berrocal, version Hassell...

Alors :sur iTunes classer tout le monde,six disques,cinq heures,cinquante-quatre morceaux,

par ordre de durée croissante. Gracenote trouve tout, les pochettes aussi : .

Chronique d’un remix spécial remix, travelogue un peu à l’est10 L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

Texte de Michel Souris

Photos de Guy Le Querrec

Voir qu'il y a d'abord

First track donc, früh, tôt, départ de la gare de Berlin-est, pouet Berrocal. Malgré

sans titre dans les toilettes pour échapper au contrôleur, bravo Jac. Premier arrêt,

Früh in Berlin, 44 secondes. Tôt. Constater par avance qu'on ira jusqu'à

Trop d'adrénaline nuit, 24 minutes 29 secondes. Se coucher tard nuit. De la nuit à la nuit.

backant Julee Cruise. C'est l'automne, l'automne perdu, les feuilles tombent une à une en écho à

elles-mêmes. Ça se gâte : complicité, avec qui, quoi ? Filer, vite, reprendre le train. Michel Blanc…

au parc, quel parc ? On s'assoit - quiétude, lourdeur orageuse 80s derrière genre Phil CollinsLa liste annoncée…

croit son MySpace, et celle-là, on lui a déjà fait souvent, il en a assez. Boxeur idiot avec ses p'tits

poings en wood-blocks, vite à terre et voilà que point le matin, heure du double express au café

Slavia, Prague. Toujours plus à l’est, Palmyre, maintenant, il fait quasi jour, pas de Zénobie pour

Célimène, rien à voir...Nous ne pouvons espérer autre chose... neige, sang, blood, simple,

fusillés pour l'exemple... De quoi s'accorder un moment de réflexion matinale, avec chambre d'écho

associée. Aller retour, TGV Est, terminus Strasbourg, stade de la Meinau, entraînement matinal, et cogne,

Collignon. Du foot, de la boxe contre son ombre, dimanche 29 novembre ? c'est donc bien l'automne,

merci de la précision, Tonie. Eh ? Tiens ? Twin Peaks ? Ah non, Chen Pe'i Pe'i trois ans avant Twin Peaks.L'hirondelle d'or, les Shaw Brothers, ça y est, on vire Orient-express. Sous peu, il y aura de la fumée qui

Georges Jouvin en abus de petit gris ? Jean-Claude Borelly au Tranxène ? Aranjuez par Richard Anthony?

Luci, légères comme du Honey Pie. Les "Ensées", prétend Gracenote pour iTunes, qu'est-ce qu'une ensée ?

On se documente, on trouve les gesses à feuilles ensées. Qu'est-ce qu'une gesse ? On se documente, on

là il ne dit pas grand chose non plus, c'est ça son boulot. En plus il n'est pas là... Attention, title track de

vers l’est vite ! les haricots y sont dangereux mais aimables aussi, un surtout, celui qui joue de la

Laval, à part les reliques de Saint Tugal que l'on entend pleurer à l'envers, selon la légende. Retourner

Jon, ça va mieux et non, non, pas vers l'ouest, pas Laval, pas le week-end à Laval, il n'y a rien à voir à

pas encore. Tout de même, vaut mieux mettre le bouton du chauffage sur "chaud", warm shift, merci

marche pas mon gaillard, vous n'allez pas faire croire qu'il y a du givre aux pylônes. C'est l'automne, l'hiver

doux comme un mouton électro sheep sheep sheep, petit oiseau sur la branche, gentil colibri. Ça ne

Passage éclair : passage éclair, au buffet de la gare, billet pas valable, poursuite dans les couloirs, vite,

trouve une plante annuelle grimpante à feuilles papilionacées. De toutes façons, ce n'est pas ensées, c'est pensées, alors laissons les gesses et papilionacées. Côté Camisetas, c'est l'heure de la digestion apparemment

very 'umble, very 'eavy. Repos en wagon-lit double vue Chambre ouest / Chambre est - et

marche en avant, vers où ? Vers chez Mime Marcel, celui qui dit "non !" dans Silent Movie de Mel Brooks, et

difficile d'un solide baeckeoffe au King Crimson, au Deep Purple, au Chapi Chapo, au Uriah Heep

dedans, instant chicorée, fin de l'arrêt à la gare de Nonidentifiedsk, sonnette, portes qui se referment,

la machine, lente à redémarrer, elle, mais plic merci la hotline, soudain c'est reparti avec les pensées de

redémarrage, et l'ours savant s'agite - contrepèterie ? Welcome to the Machine , qui rêve,

Parce que hein, Tallulah de quoi, maintenant avec ta tête de banque ? Mais stop, réveil, debout là-

sortira, rondelles grises, c'est bien du gris. Et tout s'allonge, le temps s'étire, tel un effondrement,

Michel Blanc, quand même, ce n'est pas celui-là, non, pas Jean-Claude ? Non il a des cheveux lui, si on en

CHRONIQUE D’UN REMIX SPÉCIAL REMIX TRAVELOGUE UN PEU À L’EST

Madame Tornade, il fait beau et clair mais encore nuit. Passage rapide, don't mess with Ms. T , et repouet

Page 11: allumes du jazz

Puis repartir, sur iTunes reclasser tout le monde,six disques,cinq heures,cinquante-quatre morceaux,dans l'ordre alphabétique cette fois,

Bon, nouvel arrêt pour réapprovisionnement,nettoyage neuronal,cappuccino,pipi,breaket petit tour ailleurs sur l'iTunes

11L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008 Chronique d’un remix spécial remix, travelogue un peu à l’est

Texte de Michel Souris

Photos de Guy Le Querrec

harpe, ça ne fait pas que faire péter, les haricots. Et ce n'est pas aussi dangereux que les nains qui dorment dans leur maison, et qui n'aiment pas qu'on vienne manger dans leur bol, Bashful, Doc, Dopey,

Grumpy, Happy, Sleepy and Sneezy. Ah non le bol c'est les trois ours, rituel organique, roi Cobra, Maria Montez, Jim la jungle, Johnny Weissmuller, Hollywood, Hollywood Babylon, Diana dort, Tonie le dit,

sur le C à Lidice. Ça n'existe plus la Ceskoslovensko avec chapeau à l'envers sur le C ou pas. Et Lidice

non plus, rasée. Number 9, number 9 si fait, et pas de radio, no aqui radio Andorra, aqui

radio Andorra, là où les camisetas ne sont pas chers. Andorra paradis fiscal, là où il se cache, Luciano ? où ? à l'église ? dans la caisse claire ? Luciano qui ? Luciano Lucky ? Luciano quoi ? Luciano Serra,

pilota ? Luciano file, malgré un pneu lisse, tchouckapouk pruut. Et voilà : à pied, comme tout le

monde ça use ça use les souliers, comme ceux de Sue, nappée dessus dessous. Halt, arrêt, stop,

élongation, ça va trop vite, stop, on a dit ! … Ralentissement général : on passe les sept minutes, maintenant,

sept minutes de rue de la sagesse, sept minutes de SOS divin, In a silent way, quand

même un peu. Et ding ! inertie, puisqu'on vous le dit, état comateux, cotonneux, à force derespirer des vapeurs. Ding ! Eau, ruisseau, dodo. Shhh! Peaceful, puisqu'on vous le dit. Justement : retour

à Maarifa new gods faisant révérence aux old ones, en loop, en reverse, en feedback, Hassel Scissor

brother. Un peu loin de l'est depuis quelques temps, mais d'un coup on y revient : Warszawa, attention à mettre les z et les w au bon endroit, Eno et Bowie bien cachés. Toujours peaceful, bien que plus râpeux.

Fin d'après-midi, petites routes polonaises (ou anglaises ?) dans Schockproof, avec des virages, des arrêts,

des feux rouges, des animaux qui traversent, des marches arrière et Gary Windo ou non, pas Gary Windo,

non. Et là, drame ! musique ! instantanéisme ! La vie est à nous ! Prenons-le comme ça vient, c'est le

cas de le dire, parce que ça vient comme ça, et c'est comme ça, n'y revenez pas. La nuit est au courant et sacrément nerveuse, on la prend comme ça vient aussi, quand tu reviens, fugace.

histoire de se lisser le cérumen avant les six dernières tracks, les plus longues, trois Hassell + trois DMI. Visions of Johanna, Bear Melt, Honky Tonk (tiens ? New Gods ?), Virtually, It Noh Funny, Voulez-vous

droite (d'ac ?) et retour vers l'Europe en wagon-lit direction Italia secret de Polichinelle. Milano !

Genova ! Roma ! Allez je stoppe et je facture un baiser du kilomètre. Oui mais en train, ça marche pas.

Continuer jusquà Paris, , le secret, la nuit, le son des bogies, le rêve, agité , au pied

et direct sorti d'Abba : Darbari Bridge, le mix de l'année. Pas de doute, c'est de nouveau la nuit, maintenant, la preuve Darbari raga de la nuit, plus Mati Klarwein, qui fait le grand Émile rôder de nouveau,et pas que dans la reverb de la trompette. On s'enfonce dans la nuit, c'est mieux qu'un clou dans la fesse

minutes. Pause cappuccino, ça vaut bien ça. … Back again to the East, to Ceskoslovensko avec chapeau à l'envers Jayne Mansfield se couche sous son drap, à en perdre la tête. …C'était le premier morceau à plus de cinq

de la lettre tacatoum, contraste frappant avec la deuxième partie dont elle renforcera le caractère de démonstration scientifique, oui agité, un Drone Marsupial Inopiné, ça n'aide pas trop à rendre les voyages

tranquilles. Mais bon, bonus track DMI : Sancta Papaverina, avec le pape, Viva il Papa ! et le title

track de Trop d'adrénaline nuit : Trop d'adrénaline nuit… Bon, on y est. 24 minutes 29 secondes c'est plus qu'il n'en faut pour revenir en arrière, corriger les ponctuations, repérer les répétitions, vérifier qu'on n'a pas dépassé les 9000 signes, zut c'est juste au-dessus, 9001. Tout changer.Et maintenant, il faut aller téléphoner à Estella… et que la présentation soit brillante ! Estella, je l'avais oubliée, celle-là. Minuit ! de Berlin früh vers ailleurs (Gare de l'est ?) tard : fini.

Alors… tiens. L'agitation de l'ours savant, donc.

( )

BLACK - COLLIGNON -DELPIERRE - ROULINCAMISETAS

Chief Inspector CHPR200702Médéric Collignon (voix, cornet,bugle, claviers), Maxime Delpierre(guitare), Arnaud Roulin (claviers),Jim Black (batterie, guitare,

électroniques)

MICHEL BLANCLE PASSAGE ECLAIRD’autres cordes Dac 071

Michel Blanc (batterie), FranckVigroux (guitare, basse, électro-nique), Stéphane Payen (saxo-phone), Guillaume Séguron

(contrebasse)

JON HASSELLMAARIFA STREETLabel Bleu LBLC6674Jon Hassell (trompette), Peter Freeman (basse),

Rick Cox (guitare), John Beasley(clavier), Dhafer Youssef (voix etoud), Paolo Fresu (trompette),Abdou Mboup (batterie)

UN DRAME MUSICALINSTANTANÉ

TROP D'ADRÉNALINE NUIT(RÉÉDITION)GRRR 2024

Jean-Jacques Birgé (synthétiseur, voix,flûtes, percussion), Bernard Vitet (trom-pettes, anches, violon, percussion), Francis

Gorgé (guitare, basse, percussion)

BERESFORD - ZORN -MARSHALL - TOOPDEADLY WEAPONS

nato HS10051Steve Beresford (claviers, trompette, per-

cussions), David Toop (guitare, flûte, per-

cussions), John Zorn (clarinette, saxo-

phone),Tonie Marshall (voix)

JAC BERROCALLA NUIT EST AU COURANT

in situ IS040Jac Berrocal (trompette),

Hubertus Biermann (contrebasse),Francis Marmande (contrebasse),

Jacques Thollot (batterie)

Rails, 2005

Page 12: allumes du jazz

12 À bas la sèche proximilité vive l’humide épistrophe ! L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

QUOI DE NEUF DOCTEUR BIGBAND

EN ATTENDANT LA PLUIEQDND DOC003

Nicolas Genest, Claus Stötter, Georges

Beckerich, Claude Egea (trompettes), Philippe

Botta, Gilles Miton, Charles Schneider, Philippe

Sellam (saxophones), Daniel Casimir, Denis

Leloup, Damien Verherve (trombones), François

Thuillier (tuba) Hubert Dupont, (contrebasse),

Benoît Delbecq (piano), Gilles Renne (guitare),

Benjamin Henocq (batterie), Annick Tangora

(voix), Serge Adam (direction, composition)

DUO BJURSTRÖM -ROCHER

ON A MARCHÉ SOUS LAPLUIE...

Marmouzic MAR 01Christofer Bjurström

(piano, flûte harmonique), ChristopheRocher (clarinette, clarinette basse)

Proximilité », c’était le mot nouveau dont s’enorgueillissaient les ringards académiciens en cet étouffant lundi soir. Ils avaientpassé tout l’été à chercher un terme qui, sous des allures copines, précisait la réserve désormais imposée. On vivait dansl’attente sous un soleil de plomb pour ce bien maigre résultat dont la conséquence était surtout que la sécheresse avait gagné

vallées et montagnes sans qu’aucun mot généreux ne permît à la pluie de nourrir les rivières et les êtres. La foule haïssait les aca-démiciens, mais se taisait. La chaleur commençait à faire fondre les femmes en cire et à tuer les hommes en sueur. Les cœurs fati-guaient, essoufflés au moindre geste. Le docteur « Quoi de neuf » (ainsi surnommé car rare homme de fraîche nouveauté dans lacité asséchée), auteur de L’égalité des bruits - qui sous le manteau se vendit d’ailleurs fort bien – eut l’idée pour attendre la pluie,l’aider, et rendre les pensées disponibles, de sortir un bien beau vocable que les académiciens n’auraient pu esquisser : « Epistrophe » ;répétition d'un mot, effet rhétorique, à la fin des membres stimulés d'une sentence : « du peuple, par le peuple, pour le peuple ».Et pour la danse, par la danse et de la danse de la pluie, car on en était là, il convoquait de fil en aiguille, avec la même logique,ses amis monkiens de la bande à Serge Adam. Un livre ancien précisait la classification des musiciens : les musiciens de la pluieet ceux de la sécheresse, Monk comme Debussy et Satie ou encore Michio Miyagis avant lui, appartenaient à la première catégo-rie, tendance nocturne. Le grand orchestre se mettait en place, le dos cherchant les racines fraîches, elles aussi parfois nomméesépistrophes par les anciens (ils méprisaient les académiciens). En un éclat de rire et un chant facétieux, la proximilité vola en éclatset le soleil comprit qu’il fallait moins de dureté pour les vivants. Un trombone appela la mer sur fond de cascades régénérantes etle temps plein de grâce incertaine vit apparaître l’esquif de deux beaux marins qui avaient pris le large, un moment déjà. C’étaitgagné, la pluie était là. On remerciait les musiciens du grand orchestre, on vivait. Christofer Bjurström et Christophe Rocher, des-cendus de leur embarcation, traversaient la ville en marchant sous la pluie sous les yeux intrigués des libérés du strict dictionnaireet de la sécheresse. Leurs instruments prenaient le relais du mythe si véritable des cœurs emportés et des roseaux légers. Tous s’in-vitaient, hommes aux visages heureusement ruisselants, belles en cirés, enfants au savoir brillant gris en plus d’une couleur. Lacommunication heureuse, tous fêtaient les flaques bienveillantes et fragiles du duo découvreur. Les questions, un temps si fonda-trices, de cette cité-là, ou prétendument à l’usage des jeunes générations comme « Savez-vous quelle fumée ?» ne comptaientplus pour grand chose. On n’avait plus soif, on était bien, libres et ensemble.

«

Texte de Nicole Lat

Image de Sangram MajumdarÀ BAS LA SÈCHE PROXIMILITÉ VIVE L’HUMIDE ÉPISTROPHE !

«

Page 13: allumes du jazz

13Croc-nique de jazzL E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

DEREK BAILEY JOELLE LÉANDRENO WAITINGPotlatch P198

Derek Bailey (guitare), JoëlleLéandre (contrebasse)

JEF LEE JOHNSON THISNESS

nato Hope Street HS10048Jef Lee Johnson (guitares, voix), Chico Huff (basse),Ted Thomas jr (batterie), Nathalie Richard

(chant),Ishmael Wilburn (batterie), Rob Reddy (saxophone soprano), Ben Schachter

(saxophone ténor), Mauro Refosco (percussions),Tony Hymas (arrangements cordes),

Régis Huby (violon),Irène Lecoq (violon), Guillaume Roy (alto), Sarah Veilhan (violoncelle),

Hélène Breschand (harpe), Jean-Jacques Birgé (un ange passe)

LIONEL LOUEKEIN A TRANCE

Space Time records BG2524Lionel Loueke (guitare, saz,

voix)

CROC-NIQUE DE JAZZ

Textes et I

mag

es de Ouin

Page 14: allumes du jazz

Texte de Patrick Williams

Photos de Guy Le Querrec

14 «Es-tu mon frère ?» L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

SAMSON SCHMITT TIMBOMEHRSTEIN GYPSY JAZZ

BANDALICIA

Les Etonnants Messieurs Durand EMD 0701

Samson Schmitt (gtr) et Timbo Mehrstein (vln),

Mayo Hubert (gtr), Gautier Laurent (contrebasse)

DORADO SCHMITT QUINTET

DORADO SINGSLes Etonnants messieurs durand

EMD0501 Dorado Schmitt (guitare), Ludovic Beier(accordina, accordéon), Pierre-AlainGoualch (piano), Gautier Laurent

(contrebasse), Franck Agulhon (batterie)

BOULOU & ELIOS FERREPARISIAN PASSION

Bee jazz BEE015 Boulou & Elios Ferre (guitare),

Stephane Belmondo (trompette), AlainJean-Marie (piano),Pierre Boussaguet

(contrebasse)

BONI - LAZRO - MCPHEE -TCHAMITCHIANNEXT TO YOU

Emouvance EMV1023 Raymond Boni (guitare électrique),Daunik Lazro (saxophones alto et bary-ton), Joe McPhee (saxophones alto,soprano, trompette de poche), Claude

Tchamitchian (contrebasse)

fossés (ou bien manquantà tout moment de se faire écraser par uneautomobile, s’égarantdans les halls des gares et des aérogares…), ils marchent bras tendusdevant eux, parfois ils se

croisent sans se voir, sebutent l’un contre l’autre :« Es-tu mon frère ? Es-tu mon frère ?... »

le propos des autresl’écho lointain d’un souvenir familier mais ilspréféraient l’ignorer,déclarant que « ça neleur parle pas », qu’ils « n’y comprennent rien »,que « c’est pas mon truc ».Ils tombèrent d’accordpour décréter la fin de larencontre (ou de laconférence, du congrès,du banquet, du sommet,du match, du concert…)et ils quittèrent la table.Furieux, les oiseaux quis’attendaient à être invi-tés à partager les miettesdu festin s’abattirent sureux et leur crevèrent lesyeux.

Depuis lesprinces, dispersés, solitaires, errent par lemonde, trébuchant surles cailloux des chemins,s’engluant dans la bouedes marais, chutant lourdement dans les

famille (ou équipe ou…)afficha un désintérêt totalpour l’histoire que lesautres racontaient. Maisà l’intérieur des quatregroupes ils se passion-naient, contant les aventures les plus extraordinaires, passantde la tendresse à lafureur, du rire à la mélancolie… Ils avaientété accueillis dans unparc planté d’arbres centenaires au milieuduquel une table rempliede victuailles avait étédressée pour eux. Leursrécits possédaient un telpouvoir d’enchantementqu’ils attirèrent des nuéesd’oiseaux qui bientôt lesaccompagnèrent de leurschants. La musique desoiseaux, mêlée aux motsdes princes, couvrait lemonde.

Il semblait bien àchacun reconnaître dans

Acette époque-là (ilse pourrait qu’ils’agisse de notre

propre époque), l’univers(ou seulement une pro-vince de l’univers) étaitdivisé en quatreroyaumes. Dans chacund’eux régnait une famille(ou bien une équipe, unorchestre, un parti, unecorporation, une maison,un club, une coterie…).

Un jour, le GrandOrdonnateur del’Univers décide de réunir tous ces princesafin qu’ils établissententre eux une entente etqu’ils finissent par s’unir(à moins que l’initiativene soit venue des princeseux-mêmes, ils étaientbien assez grands pour sepasser d’un GrandOrdonnateur).

Tous vinrent etracontèrent leur histoire.Evidemment chaque

«ES-TU MON FRÈRE ?»

Raymond Boni, Europa Jazz Festival, mai 2003 Dorado Schmitt, Jazz in Marciac, août 2007, Gipsy swing project

La musiquedes oiseaux,mêlée auxmots desprinces, couvrait lemonde.

Page 15: allumes du jazz

All gods have children All gods have children est une création de la formation Das Kapital. Oui, vous avez bien lu : DasKapital, comme le titre allemand de l’oeuvre majeure de Karl Marx ! En ces temps de crise pro-fonde et durable (systémique disent les plus lucides), cette référence qui ne doit rien au hasardfait figure d’invitation à se réapproprier sa théorie du capitalisme. Ce nom vient comme nousrappeler que cette œuvre reste d’une étonnante jeunesse. À tel point que des businessmen new-yorkais la redécouvrent avec intérêt pour comprendre ce qui leur est arrivé récemment… Venons-en au contenu. Le premier morceau, très réussi, nous plonge dans l’inquiétant. Il pourrait par-faire les atmosphères oppressantes et poisseuses de certains films de David Lynch (genreEraserhead). Les deux autres plages, de belle facture, flatteront les oreilles de tous ceux quiaiment les progressions free. Si les trois musiciens affirment chacun leur présence de façondynamique et résolue, jamais l’équilibre n’est rompu entre eux. Qu’il s’agisse du second mor-ceau où les percussions, le saxophone et la guitare fusionnent progressivement dans une alchi-mie efficace ; ou du troisième dans lequel les apports de chaque instrument sont plus nette-ment circonscrits. Ces plages m’ont conduit à réécouter plusieurs albums ECM de la fin desannées 70, en particulier Gateway 2 par Abercrombie, Holland, Dejohnette. Alors, merci.

15Quand le contenant ajoute du sensL E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

Texte de Mocliher

Images de Pic

Les 30 glorieuses

Avertissement : musik pour (très) initiés. La jaquette des 30 glorieuses, CD réalisé parcinq passionnés de sons industriels, annonce la couleur d’emblée : « Vers la matière brute ;strates en mouvement, infinitude des résonances… » Les plages sonores créées nousplongent dans un univers en partie révolu, celui de l’industrie taylorienne arrivée précisé-ment à son apogée durant ces fameuses trente glorieuses (1945-1975). En s’évanouis-sant, le plus souvent douloureusement, ces usines dont l’une illustre ténébreusement ennoir et blanc la couverture du CD ont entraîné dans l’oubli un climat fait aussi de cessons puissants et déchirants de la matière qu’on transforme, qu’on découpe, qu’on broie,des machines qui scient, pressent, modèlent. De ces sons qui ont marqué et meurtri desgénérations de travailleurs. C’est donc à une sorte de travail de mémoire que participe cetopus qui n’est pas sans rappeler les bandes son de fictions consacrées à la conditionouvrière. Je pense notamment à ce film italien des années 70, La classe ouvrière monteau paradis d’Elio Petri, un film saturé par les bruits de l’usine, ceux qui épuisent, ceuxqui transpercent…

DAS KAPITALALL GODS HAVE CHILDREN

Quark CD01/1Hasse Poulsen (guitare), DanielErdmann (saxophones), EdwardPerraud (batterie et électroniques)

BENOÎT - BOESPFLUG -GUELL - LEBORGNE -

MADIOTLES 30 GLORIEUSESEmile 13 LE 0004

Olivier Benoît (guitare), PierreBoespflug (piano), FrançoisGuell (saxophone), RenéLeborgne (batterie), Thierry

Madiot (trombone)

QUAND LE CONTENANT AJOUTE DU SENS

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16 Dans un pays où l’on enferme des poètes L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

DANS UN PAYS OÙ L’ON ENFERME DES POÈTES

Chère Anna,

Le directeur a enfin donné suite à ma lettre et pour la première foisdepuis dix semaines, les disques que tu m’envoies ne te reviendrontpas. Je te remercie de ta persévérance car grâce à toi, d’autres sonsque ceux des clés, des portes et des verrous, que ceux des cris devisages inconnus et ceux du martèlement lancinant de ma voix inté-rieure vont pouvoir entrer dans ma cellule et dans mon être. Dessons que je ne connais plus. J’en éprouve une joie folle en même

temps qu’une douloureuse angoisse. Reste-t-il encore en moi uneparcelle préservée que l’isolement n’aura pas dévastée ?

J’ai peur, Anna, d’une nouvelle souffrance, que me soit révélée laperte d’un nouveau sens et que cette autorisation soit une ultimeperverse trouvaille de la prison pour me faire sentir ses nouvellesvictoires. J’ai peur de me perdre davantage, Anna, j’ai peur.Le gardien vient de m’apporter ton paquet et je tourne et retournedepuis plus d’une heure les disques sans oser encore les ouvrir.Sept disques que j’interroge du regard en cherchant l’intention quetu as mise dans chacun de tes choix. L’un deux me fait sourire

immédiatement par sa proximité avec ton nom, Anna LiviaPlurabelle. La littérature côtoie la musique, la musique les origines,l’espace semble infini, comment ne pas s’y perdre quand on neconnaît plus que des murs ?

J’ai décidé de commencer par Les diseurs de musique, c’est unnom qui me met en confiance, peut-être seront-ils mes guides verscette nouvelle appréhension du son. J’ai passé le casque sur mesoreilles – je n’ai pas le droit d’en faire profiter les autres - , j’aifermé les yeux pour ne plus voir ceux de mon gardien qui me guet-tent (il y a eu trois tentatives de suicide cette semaine et la pré-

Texte de Christelle Raffaëlli

Image de Nathalie Ferlut

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17Dans un pays où l’on enferme des poètesL E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

MIRTHA POZZILA SERPIENTE IMMORTALTranses européennes TE027Xavier Legasa (chant), PhilippeBotta( saxophone), Jacques

Bolognesi (accordéon), Jean-LucPonthieux (contrebasse), Pablo

Cueco & Mirtha Pozzi (percussions)

MICHEL HOUELLEBECQJEAN-JACQUES BIRGÉÉTABLISSEMENT D'UNCIEL D'ALTERNANCE

GRRR2026Michel Houellebecq (slam),Jean-Jacques Birgé (clavier,

processeur vocal)

ENSEMBLE TEXT’UPFRANCOIS COTINAUD FAITSON RAYMOND QUENEAU

Musivi MJB010CDPascale Labbé (voix), François

Cotinaud (saxophones, clarinette,composition, voix), FrançoisChoiselat (trombone, effets),

Jérôme Lefebvre (guitare, effets),Sylvain Lemêtre (percussions), +

Serge Adam (trompette)

STEVE LACYTHE HOLY LA

Free Lance FRLNS0201Steve Lacy (saxophone soprano),Jean-Jacques Avenel (contrebasse,sanza), John Betsch (batterie), Irene

Aebi (chant)

HODEIR-CARATINIANNA LIVIA PLURABELLE

Label bleu LBLC 6563P. Caratini, (direct), V. Philippin (soprano), É.

Lagneau (contralto), P. Leloup (clari), D. Barbier,

E. Gieco (flûtes), G. Porte (sax sopranino, soprano,

clarinette), S. Beuf(sax alto),J-P. Baraglioli, J-P.

Solvès (sax alto, ténor, clarinette),A. Bélec, P.

Duchêne, M. Goldberg (sax ténor, clarinette), M.

Trousselet (sax baryton, clarinette), B. Auger (sax

basse, clarin), B. Krattli, PSlominski (trompettes),

J.Gobinet (tromp, bugle solo), J. Bolognesi, D.

Leloup, É. Louis (tromb ),J-P. Arnaud (batterie), C.

Lagniel, P. Macé (vibraph), M. Ducret (guit), P. A-

Blachette (violon), J. Bardy, (basse)

ELIANE DAVY - NICOLASTALBOT - YANN LETORT

LOUISE LABÉ OU L'AMOUR FOU

Petit Label PLblanc001Nicolas Talbot (contrebasse),Yann Letort (saxophones),Eliane Davy (comédiennne)

PEY - LAZRO - DONEDA -LE QUAN

LES DISEURS DE MUSIQUEVand’œuvre VDO 9814

Serge Pey (voix, grelots, textes),Michel Doneda (saxophones

soprano et sopranino, clochette),Daunik Lazro (saxophones alto etbaryton, clochette), Ninh Lê Quan

(percussion)

sence de tout objet nouveau dans une cellule appelle une surveil-lance accrue). Derrière mes paupières, le vide, le noir, le même quecelui qui m’habite depuis mon arrivée ici. Et soudain, ça grincecomme un son de poulie, ou plutôt non comme un mât ou commela barre en bois d’un bateau. J’ai l’impression d’embarquer, de sen-tir vivre une coque, d’être cette coque, d’entendre et d’être le mou-vement, le départ. Je me laisse glisser, changer d’état, de matière,finalement quand on n’est rien on peut devenir tout. Ca tangue, çarésonne, ça cogne même et ça fait mal. Les sons qui me transfor-ment s’affolent, les sons qui me transforment m’affolent. Je ne vaispas y arriver, mes yeux s’ouvrent et se ferment, ma tête tourne, serefuse, cède, se refuse. Ma tête, ma prison, « toi qui défais le cer-cle qui me fait ne me défais pas », où suis-je ? « C’est l’orchestrequi joue la danse de la terre », « toi qui défais le cercle qui me faitne me défais pas » *… Je sombre dans une sorte d’inconscience etme laisse porter par la vague divine qui décidera ou des sons ou dela prison.

Je me dépose épuisé sur le sable d’une nouvelle rive, Louise Labéou l’amour fou, il semblerait que les sons se soient fait en moi uneplace. Une femme debout, devant un feu ardent, déclame despoèmes d’amour. Sa voix me parvient portée par le souffle marin, jesais pourquoi ce disque, Anna. J’entends ton cœur qui bat. Je pense à toi dehors, faussement libre et prisonnière de moi-même, de mes barreaux qui sont aussi les tiens. J’entends lacontrebasse qui rythme la douleur. J’entends des messagesd’amour.

« Ainsi, Ami, ton absence lointaine Depuis deux mois me tient encette peine,Ne vivant pas, mais mourant d’unAmour,Lequel m’occit dix mille fois lejour. »**

J’entends le saxophone qui criemes excuses, qui hurle monimpuissance.

« Ô cruautés, ô duretés inhumainesregards compatissants des célesteslumières,ô passions primitives du coeurtransis,Voulez-vous encore augmenter mes peines ? » ***

Ce disque est magnifique mais presque impossible à entendre. J’aiun besoin immense de toi, que ces poèmes prennent chair. Tesformes, ta chaleur, tout ton être me manque. Ce disque remplitmon vide de toi d’un trop plein de chagrin.

Ma main glisse vers le disque d’Hodeir, inévitablement, je t’appelle,Anna Livia Plurabelle. Soudainement, sous la baguette de PatriceCaratini, l’apparition féminine du bord de plage se trouve entouréed’un millier de lucioles affolées, telles des fées clochettes qui chu-chotent : « Anna Livia, Anna Livia, Anna Livia ». Leur langageendiablé est mystérieux mais il file dans les airs à grande vitesse etm’entraîne dans une course folle, vers un hôtel sans barreau quiressemble fort à celui de Sylvia Beach. Mon imagination s’emballe,j’y entre et cours après ces petites voix flûtées de pièce en pièce, àla recherche du maître James Joyce. Assis dans un fauteuil, lesilence se fait autour de lui, la main posée sur Finnegans Wake, ilsemble détenir le secret de sa lecture. Je m’approche de lui, j’aime-rais lui parler, je me souviens de cette soirée, Anna, où tu avais lu àhaute voix le premier paragraphe de ce livre et où nous nous étionsregardés, éberlués, nous demandant bien quel mystère pouvait recé-ler ces phrases absconses. Je me rappelle aussi mon étonnementaprès avoir lu que le traducteur français avait mis plus de vingt ansà venir à bout de cette œuvre. Au moment où je m’apprête à luiparler, il pose son doigt sur ma bouche, fait un signe aux petitsgénies qui l’entourent et voilà qu’à nouveau reprend la course dansl’hôtel. Le secret serait-il ailleurs ? Qu’a voulu signifier Joyce ?

Un son discordant me fait enlever mon casque subitement, les sonsne fonctionnent plus ensemble, les images se brouillent, mes yeuxs’ouvrent. Un gardien est planté devant moi, la matraque battantles montants métalliques de mon lit. On m’a appelé pour venirchercher mon repas mais je n’ai rien entendu. Que va-t-il encore sepasser ? Je pense avec angoisse aux disques que je n’ai pas écou-tés, je n’ose regarder dans leur direction de peur de donner demauvaises idées au gardien. Mais celui-ci, bien aguerri, n’a pasbesoin que je lui suggère de punition, il voit les disques posés prèsde l’appareil, se dépêche de les confisquer, part en claquant laporte et bien sûr conserve mon plateau-repas. J’ai le ventre vide, lesouffle coupé de cet arrachement. En plus de la musique, c’est unepartie de toi, Anna, que l’on m’enlève encore. Heureusement, lesdisques pris sont ceux que j’ai pu écouter et, près de mon lit, dis-crets, se recroquevillent les quatre autres que je n’ai pas encoreentendus. Difficile de reprendre l’écoute après ce brusque rappel àla réalité. Toute faveur ici se paie très cher.

J’ai quitté James Joyce, on m’a volé son secret mais les sons conti-nuent de chanter dans ma tête et l’hôtel se reforme petit à petit,fenêtres sur la mer, silhouette évanescente sur la plage et toi Anna,dans toutes les notes. Comme dans un film où les images ralentiess’accélèrent, je retrouve le rythme de ma course, je remets lecasque sur mes oreilles et m’arrête à la porte d’un salon où je voisSteve Lacy et son trio donner un concert aux hôtes de l’hôtel. Leson de son saxophone immédiatement me pénètre, reconquiert enmoi des espaces de friches émotionnelles. L’instrument voyage dansdes zones qui me sont inconnues, prête son chant à de nouveauxpoètes, Thomas Gainsborough, Robert Creeley, caresse la voixd’Irène Aebi, peint d’incroyables paysages, une montagne noire, ungrand miroir. Le silence. Il est tard, les appareils électriques sontcoupés, je ne pourrai prolonger cette nuit, chère Anna, ce beauvoyage que tu m’offres. Comme diraient Les diseurs de musique« dans un pays on l’on jette des pierres sur l’amour, seules lespierres sont libres ». *

J’ai beau chercher le sommeil, rien n’y fait, l’espace libéré de masensibilité craint de s’endormir et de rester pris au piège d’une viesans lumière.

7 heures du matin. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit ou plutôt, jene l’ai pas ouvert afin de ne pas quitter les lieux offerts par tamusique. Je reprends mon casque, me dilue quelques grains decafé soluble dans l’eau tiède qui coule du robinet et place un nou-veau disque dans le lecteur. L’électricité est remise en route.

A cette heure, l’hôtel est silencieux. Dans la salle de concert,comme uniques témoins d’unefolle soirée, une contrebasseposée au sol et un foulardesseulé sur le dossier d’unechaise, trace de toi peut-être…Je profite de cette suspensionpour regagner la plage, le bateauqui m’a conduit en ces lieux esttoujours là comme prêt pour unnouveau voyage. Sur le pont, undrôle de personnage attire monattention. « Heureusement qu’ily a les ratures ! » s’exclame-t-ilen ma direction. Il me dévisage.Je ne comprends pas très bien

sa phrase ou crains de la comprendre. Autour de lui se forme unpetit groupe, François Cotinaud fait son Raymond Queneau. Alorsque je me vois comme ce poisson du poète aux nageoires coupantesqui fait des ravages dans le cœur des méduses et que je te voiscomme cette méduse au cœur ravagé s’échouant dans les portssous forme de pétroliers ou de charbonniers****, oui Anna, alorsque tout cela et même pire, j’espère que la rature de mes erreurs,la dérision existentielle dans laquelle nous nous trouvons, s’offrirontune belle réécriture.

J’y songe en même temps que cet autre disque que tu me livres,Etablissement d’un ciel d’alternance, l’appelle de son titre. Tu aschoisi les mots de Michel Houellebecq pour me faire entendre tesongles qui s’agrippent au rebord de ma vie, tu as choisi les sons deJean-Jacques Birgé pour te donner la force de ne pas lâcher prise.Accroche-toi mon amour, je t’en supplie, ne tombe pas. Je sais quetu as froid, je sais que je suis froid, mais s’il en reste unaujourd’hui, tes ailes par-dessus le vide sont notre seul espoir.

« Comme un oiseau blessé tournoie dans l’atmosphèreAvant de s’écraser sur le sol du cheminTu titubais, disant des mots élémentaires,Avant de t’effondrer sur le sol de poussière ; Je te prenais la main ».*****

Je regarde mes barreaux, plus qu’un seul disque désormais pourfaire le chemin du retour : La serpiente immortal de l’uruguayenneMirtha Pozzi. Un monde de légendes, un éternel recommencement,des origines aux origines, un monde où jamais un Hernan Cortès neserait pris pour un Serpent à plumes, un monde où plus personnene serait pris. J’aime ton choix Anna et au-delà du voyage, le che-min qu’il me trace, j’aime ce retour que tu m’as choisi sansimpasse.

Je sais que cette faveur musicale ne se reproduira pas, autorisationrimant ici avec exception. Pourtant, ce serpent de poésie, insaisis-sable immortel, aux visages multiples, à la danse sonore, auxparoles percussives, ne me ramènera pas complètement en prison.Tu as descellé mes barreaux, agrandi ma fenêtre. Je t’en remercieAnna, je t’aime.

* Serge Pey, in Les diseurs de Musique** extrait du poème «Elégie II» de Louise Labé*** extrait du «Sonnet III» de Louise Labé**** citations du poème de Raymond Queneau « Marine »***** Michel Houellebecq in Etablissement d'un ciel d'alternance, I.

« « Dans un pays où l’onenferme des poètesdans les prisons, seules les prisons sont libres »*

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18 Hugh, la légende de la tribu poulet (musical diary) L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

du Moyen-Orient, cet été, ill’avait retrouvée engoncée danssa dépression, ne buvant, ne mangeant plus, aux prises avecde bien terribles hantises àforme de bestioles qu’elle voyaitdésormais partout, à commencerdans son propre corps. (« Maisc’est une mouche », « Tu as déjàvu une mouche sans ailes niqueue ni tête, toi ?! »).

Parvenu dans le potager, sa jungle, il cueille une courgette, quelques feuilles deblette, de chou, un peu de per-

délire, de l’impossible en touscas. Il tint bon : soit elle accep-tait ce qui avait été mis en placechez elle, soit elle retournaitdans la maison de retraite d’où,à sa demande, il l’avait fait sortir.Il raccrocha le combiné télépho-nique, éteint son lecteur de CD.Ecouter de la musique aussidevenait difficile à partir d’uncertain âge.

L’enveloppe ne conte-nait pas quatre CD comme ill’avait cru tout d’abord mais éga-lement un DVD (Brainville 3 –TRI-08514). Le soir, il se dit qu’ilallait peut-être le visionner maisil se limita à regarder les photos.Il s’agissait d’un Live au Tritonen 2007. Les musiciens devaientavoir plus de 200 ans à eux trois.Leurs cheveux, dégarnis, leurmoustache ou leur barbe, étaientplus blancs que poivre et sel,comme la sienne désormais.Il renonça à le visionner pource soir et mit la saison 5 de 24Heures, s’endormit au cours dusecond épisode.

Lundi

Longtemps il s’étaitéveillé au rire sardonique de LolCoxhill dans « Silly SurfingSausage » (Shopping for Melodies –chabada 53016.2) ou encore auxaccents des Melody Four (SiSeñor ! – nato DK 018 53036.2),désormais il préférait le silence.

Quand il essaya deréécouter de la musique, aprèsd’innombrables coups de télé-phone correspondant à la massede petites choses qu’il avait tou-jours à régler, vérifier ou organi-ser à chacun de ses retours, c’est-à-dire quelque part dans l’après-midi, il décida d’essayer un autreCD, peut-être se trouvait-ilquelque chose dont les filamentssauraient s’enrouler dans soncorps avec suffisamment de lan-gueur pour qu’il puisse s’y lover,voire, un temps, s’y reposer. Iltenta Milan Athletic Club de FredPoulet (LBLC 4008), interrom-pit « Ma gomme » dès les pre-mières mesures. Une chanson.Très « gainsbarre ». Il arrêta aus-sitôt. Pour cela aussi il n’était pasprêt. Il lui fallait de plus en plusde temps pour se laver de sondernier séjour aux pays desvivants morts. Il remit Tribu. Lamusique commençait à lui deve-nir familière. Autrefois, il l’auraitécoutée en boucle une journéeentière, pendant une semaine,plus, il l’aurait laissée l’accompa-gner, il faisait ça parfois avec cer-tains CD, là, même en écouterplus de quatre morceaux d’affi-lée devenait difficile.Aujourd’hui encore il ne dépassapas le quatrième.

Mardi

Nouvelles et infruc-tueuses tentatives pour écouterTribu en entier. Un résultat posi-tif cependant : il se niche désor-mais confortablement au sein de« Fool Moon ». Lentement soncerveau se l’approprie. Les notes

Samedi

Il est revenu une foisencore du Midi. Jeannette est sortie de sa maison de retraitemédicalisée et il se retrouve à latête d’une PME d’infirmières,aides, ménagères, soignantes,kiné, psychiatres, etc. Avant qu’ilne reparte, elle l’a regardé d’unair buté et lui a dit : « Méchant ».Un résumé succinct de sesefforts pour lui permettre de re-habiter chez elle (sa volonté). Apartir d’un certain âge, il ne fautpas plus espérer de compréhen-sion ou d’approbation de la partd’un être humain que d’unenfant de trois ou quatre ans. Ilfaut juste faire les choses quel’on pense justes et aller del’avant, sans se retourner, surtoutsans se retourner.

Dans sa boîte aux let-tres, il a trouvé l’habituellemasse de courriers dont unegrosse enveloppe contenant lesquatre CD. Il en a regardé lespochettes de ce regard creuxqu’il a toujours un peu quand ilrentre du Midi. Sans plus atten-dre il en a inséré un dans le lec-teur (Tribu – MJB 009) et en acommencé l’écoute. Au bout dequelques notes, il a dû s’inter-rompre. On frappait à la porte.Au-dehors il avait recommencé àpleuvoir. Dans le Midi aussi ilavait beaucoup plu. Même si, lesamedi précédent, il avait pu sebaigner sur une petite plage deBandol. Sa première baignadedepuis qu’il était revenu vivresur le continent, voilà cinq ansde ça maintenant.

Il lui fallut plusieursheures avant de pouvoir se ras-seoir à son bureau et reprendrel’écoute du CD. Pendant tout cetemps, celui-ci était resté patiem-ment bloqué sur suspendre.Trop longtemps sans doute pourson lecteur qui refusa de repren-dre la lecture, entraînant un buginformatique généralisé etl’abandon définitif de toute ten-tative d’écouter la moindre notede musique pour la journée.

Dimanche

Quelque part dansl’après-midi, le soleil étaitrevenu, pâle, frêle incertain.Puis, le week-end s’était terminéet son fils repartit avec sa mère.Il s’était remis derrière sonbureau. Les premières notes de «Fool Moon » se mirent à sautillerdes enceintes. Un temps, il lesaurait laissé surgir dès le matin. Il était parvenu au bout de laplage 4 (« Round ») quand letéléphone sonna. A peine deretour chez elle, Jeannette avaitune nouvelle obsession : habiterchez sa sœur (93 ans, en fauteuilroulant et qui entendait « L’Internationale » résonnerdans sa tête du matin au soir –elle aimait, c’était une bellemarche militaire). A partir d’uncertain âge, vouloir répondre audésir d’un vieillard tient du

Texte et images de Jean Annestay

en vont rejoindre dans samémoire auditive, il le sent,d’autres morceaux évanescents,éphémères, toujours immiscésdans les replis de son expé-rience sensitive cependant. Ilatteignit les rivages d’« Afrique »,cinquième morceau du CD.

Et puis, ce fut le soir, iltombait de plus en plus tôt encette automnale saison. Il se hâtavers son potager, délaissé depuisces longs mois passés à essayer(en vain) de faire se réalimenterJeannette quand, à son retour

sil, de ciboulette, bref, un peude tout ce qui a continué, enverset contre tout, à pousser et queles limaces, bien grassesgluantes, avaient bien voulu luilaisser. Le vent s’était mis à souf-fler et il s’était empressé de ren-trer chez lui se préparer unebonne salade et une soupe bienchaude.

MercrediIl n’écoute rien, écrit beau-

coup.

HUGH, LA LÉGENDE DE LA TRIBU POULET (MUSICAL DIARY)

Le soir, il avance dansla saison 5 de 24 Heures. Elleroule plutôt mieux que la 4 etc'est même surprenant, il en estau cinquième épisode et JackBauer n'a toujours torturé per-sonne. Ou alors c'est qu’il s’y esttellement habitué qu’il ne leremarque même plus. Dire que,lui qui s’est toujours refusé àavoir la télé, s’était mis à regar-der des séries après sa décou-verte des Sopranos, une exceptionsans doute malheureusementdestinée à confirmer la règle del’affadissement mental et esthé-tique auquel l’humanité estaudiovisuellement soumisedepuis des décennies, plus. Ilregarde à nouveau les pépés deBrainville 3, Hugh Hopper,Daevid Allen, Chris Cutler, ilsdégagent plus d’énergie etd’émotion que tous les KieferSutherland de la planète télé réu-nis.

Jeudi

Chaque année à lamême saison, il fait le mêmeconstat. Chaque année ses plantsde tomates semblent vouloir produire tout l’hiver sans jamaisdécliner et, chaque année, defaçon assez soudaine, enquelques jours, après les pre-miers coups de froid, les plantsse ratatinent et meurent. Il yrepense souvent quand il songeà ses parents eux-mêmes soit disparus soit bien ratatinés.Quand il avait su qu’il allaitdevenir père voilà une douzaine d’années, le sentiment de samortalité s’était intensifié.C’était comme si une horloges’était mise à retentir en lui, letemps à se contracter, l’espace imperceptiblement à manquer,la musique et les images de lui às’éloigner, en dépit de ses effortspour conserver un lien avecelles. Le monde lentement s’ef-façait et il n’y pouvait rien.

Vendredi

Bientôt la semaine s’achèvera, à son insu grignotée. Sur son bureau les CD sont toujours empilés, sa curiosité ensuspens comme leur lecture. Il sait désormais qu’une fois cejournal expédié, en toute séré-nité, il pourra à nouveau surleur plage, sans enjeu, au fil desjours se balader. Il se dit qu’ilcommencera par l’EtienneBrunet Zig Rag Orchestra, Lalégende du Franc Rock’N’Roll (SHP1), tiens, oui, ce serait une bellefaçon de commencer la semaineou de finir celle-ci même. Si au moins cela pouvait être possible.

Page 19: allumes du jazz

Cette sélection, réunion improbable de CD et d'artistes, met enperspective les relations entre le jazz et la musique classique ou"contemporaine". Elle traverse des esthétiques différentes, mais cescinq opus ont en commun une forte référence à la narration, ou à lacréation d’un univers imaginaire par la musique. Le cheminement de l’un à l’autre est assez joyeux, toujours surprenant, mais jamais vraiment déroutant. Que du bonheur !

Au-delà du jeu de mot, Rava l’opéra va (c’est le titre), quiprésagerait une musique futile, c’est en fait un disque assezdélicieux et inattendu, sans vulgarité, toujours dans la

délicatesse. Il faut dire que ce son de trompette l’impose. Les airsd’opéra, majoritairement de Puccini (Tosca), sont traités comme desstandards de jazz. Les jazzmen américains l’ont souvent fait avecdes chansons, mais là c’est de l’Opéra, pas moins ! Justement, onsent que les airs de Puccini sont pris comme des musiquespopulaires. Seuls les Italiens peuvent avoir ce rapport simple etimmédiat à l’opéra. Dans la préface, le vénérable Philippe Carles(directeur de Jazz Magazine à la grande époque) a d’ailleurs du malà juguler son enthousiasme. Ce CD est l’œuvre d’un humaniste decharme.

On reste dans l’opéra avec Archipel de François Méchali. Là, c’est « vraiment » un opéra, avec une histoire, des chanteurs, deschœurs et une ouverture. Les rencontres aussi directes entre jazz etopéra ne sont pas si fréquentes. On n’avait pas vu de projets decette envergure depuis La baraque rouge de Gérard Marais. Lapièce jongle entre trois modes d’écritures différentes : les passagesdu chœur, les chanteurs solistes et les passages instrumentaux. Le livret est signé G.J. Arnaud, auteur atypique, prolixe et parfoisfulgurant de science-fiction française. Ce CD est l’œuvre d’unhumaniste de cœur.

Avec L’argent d’Yves Robert, la forme est opératique, mais lecontenu et le style sont ailleurs. Yves Robert y joue, bien entendu,magnifiquement du trombone, mais le propos musical est plusproche de la musique électro, qu’elle soit acousmatique ou quasitechno. On y retrouve Elise Caron, la Diva des musiques créatives,dans le registre "chanté-joué" qui lui va si bien. Le propos est souvent philosophique, économique ou politique. Il est parfois profond, mais le traitement musical et l’humour distancié (on penseà Michel Musseau) font que le résultat échappe toujours à la lourdeur. C’est l’oeuvre d’un humaniste obstiné.

Sol, suelo, sombra y cielo de Pablo Cueco ne nous entraîne pas versun flamenco jazzifié comme le titre pourrait le laisser penser, maisplutôt vers une sorte de « poème symphonique » ou vers un universcinématographique (on pourrait penser à certains films d’Antonionipar exemple). La narration, ici non plus, n’est jamais bien loin,mais elle ne s’exprime pas de façon directe : chacun pourra s’yconstruire son « histoire ». La musique est « imagée » (on reconnaîtici le fils du peintre qui d’ailleurs signe le visuel). La musique esttrès « composée », très « fouillée ». On y entend des instrumentsassez inhabituels dans le jazz : bien sûr le zarb (tambour iranien) ettoutes sortes de percussions traditionnelles, mais aussi le hautbois,la harpe et des flûtes étranges. C’est l’œuvre d’un humanistedécalé.

Bassma suite de Claude Tchamitchian est aussi conçu comme unesuite cohérente. Les compositions sont transcendées, voire joyeuse-ment submergées par le jeu généreux des solistes. On entend beaucoup d’écritures et de réflexion, mais c’est sans doute plus un« orchestre », réunion de personnalités fortes et de sons personnels,qu’une « composition » au sens habituel du terme. Ce n’est pasune critique, c’est la description d’un talent. De plusieurs talents….C’est l’œuvre d’un humaniste démesuré.

19Espace OpéraL E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

FRED POULETMILAN ATHLETIC CLUB

Label bleu LBLC 4008Fred Poulet (voix), Sarah Murcia (contrebasse),

Gilles Coronado (guitare), Franck Vaillant

(batterie), Seb Martel (guitare), Mami Chan

(piano), David Hussec (guitare), Rodolphe

Burger (guitare), Olivier Py (saxophone) ,

Arnaud Dieterlen (batterie)...

BRUNET ETIENNE ZIG RAGORCHESTRA

LA LÉGENDE DU FRANCROCK'N'ROLLSaravah SHP1

Etienne Brunet (saxophone), ErickBorelva (batterie), Christophe Minck(basse électrique), Paul Rogers

(contrebasse), Benjamin Ritter (voix,guitare), Laurent Saïet (guitares)

HOPPER - ALLEN - CUTLERBRAINVILLE 3Le Triton TRI08514

Daevid Allen (guitare, voix), Hugh Hopper(guitare basse), Chris Cutler (batterie),invité : Didier Malherbe (tarobago).

TRIBUMusivi MJB009CD

Geoffroy De Masure (trombone,compositions),

Jean-Luc Lehr (guitare basse),Chander Sardjoe (batterie),

Bo Van Der Werf (saxophone baryton),Pierre Van Dormael (guitare)

Texte de Paul Merval

Photo de Guy Le Querrec

ENRICO RAVARAVA L’OPÉRA VALabel bleu 6559

Enrico Rava (trompette), Battista Lena (guitare),

Palle Danielsson (contrebasse), Jon Christensen (batterie), Richard Galliano (accordéon), Bruno Tommaso (contrebasse)Insieme Strumentale di Roma

YVES ROBERTL’ARGENT

Chief inspector CHHE200505Yves Robert (conception, réalisation, arran-

gements, trombone, voix), Jean-Philippe Morel (basse, contrebasse,voix), Sylvain Thevenard (son, montage, réa-lisation, arrangements), Elise Caron (voix) ,Yamina Tadjeddine (économiste), Bernard

Ferry (psychanalyste),Arnaud Chesnay (trader), Jean-Paul

Curnier (philosophe)

PABLO CUECOSOL, SUELO, SOMBRA Y CIELOTranses européennes TE023Richard Axon (violon), Hélène

Breschand (harpe), Denis Colin (clari-nette basse), Pablo Cueco (zarb, per-cussions), Christophe Griveau (cornet),Antoine Lazennec (hautbois), MichelMaurer (piano), Didier Petit (violon-celle), Mirtha Pozzi (percussions),

Pierre Rigopoulos (percussions), HenriTournier (flûtes),

Patricio Villaroel (direction)

GRAND LOUSADZAKBASMA SUITE

Emouvance EMV 1007Jean-François Canape (trompette), Jean-LucCapozzo (trompette), Xavier Charles (clari-nette), Daunik Lazro (saxophone), LaurentCharles (saxophone, clarinette), FrançoisCorneloup (saxophone), Thierry Madiot

(trombone), Philippe Deschepper ( guitare),Raymond Boni (guitare), Stéphan Oliva (piano), Michaël Nick (violon), Laurent

Hoevenaers (violoncelle), Eric Echampard(batterie),Claude Tchamitchian (contre-

basse)

ESPACE OPÉRA

"operatum humanistum"

Claude Tchamitchian, Acoustic Lousadzak, Banlieues Bleues 2001, Aubervilliers

FRANÇOIS MÉCHALIL’ARCHIPELCharlotte CR171

Jean-Marc Larché (saxophones soprano etalto), Michel Pilz (clarinette basse), PatrickFabert (trompette, bugle), Jean-Jacques

Justafré (cor), François Couturier (piano, cla-viers), François Méchali (contrebasse), PeterGritz (batterie), Antoine Banville (batterie),Monica Passos, Stéphanie Quenet, CaroleEscoffier, Bénédicte Ragu Val Horry

(soprano), Allen Hoist , Jérôme Kayser AlainDésir Emmanuel Massarotti VincentMagnier (ténor ), Frédérique Carminati

(contralto) ,

Page 20: allumes du jazz

Embrassez qui vous voudrez20 L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

JACQUES HIGELINLES ANNÉES SARAVAH

Saravah SHL1905Jacques Higelin (voix, guitares, clochettes de Mulhouse, accordéons,

pianos, banjo, traversière indienne en do, vaches champenoises,

appeaux, flûte bédouine, piano japonais, balafon Côte d’Ivoire & voix)

Jean Querlier (flûte), Simon Boissezon (basse et guitare acoustique),

Jean-Louis Lefevbre (violon), Areski (choeurs, percussions, maracas,

crécelle, boules d’escalier du 20 arr., guimbarde, grelots de facteur,

guitare, tablas basse pakistanais, tambourin, darboukas, tom bass

camerounais, grosse caisse et cymbale d’harmonie),

Brigitte Fontaine (choeurs)

JACQUES MAHIEUXMAHIEUX

Evidence EVDC 314Jacques Mahieux (guitare, batterie, harmonica),

Philippe Deschepper (guitares),Fabrice Devienne (piano, claviers),

Sylvain Kassap (clarinettes saxophones),David Pouradier Duteil (batterie, percussions),

Yves Rousseau (contrebasse),Jean-Yves Hillion - Alain Mary - Jean-PierreMeneghin - Michel Polet (caisses claires

écossaises -Bagad Kemperlé)

PIERRE BAROUH SAUDADE

Saravah SHL 2115 Pierre Barouh (voix), Luigi Trussardi(contrebasse), Maurice Vander (piano),Hervé Legeay (guitare), Félix Beleau

(accordéon), Jacques Dompierre (batte-rie), Hervé Pouniquen (contrebasse)

JEAN-ROGER CAUSSIMON L’INTÉGRALESaravah SHL9001

Jean-Roger Caussimon (voix),Georges Arvanitas (piano), Joe Rossi(accordéon), Maurice Vander (orgue),Eric Robrecht (piano), Le groupeMahjun, Jim Cuomo (saxophone),

MICHÈLE BUIRETTELE PANAPÉ DE CAMÉLA

GRRR RA2025Michèle Buirette (voix, accordéon), JackyMolard (guitares, violons, contrebasse,

mixage), Lors Jouin (voix)

L’ autre jour, il m’est arrivé un trucvachement bizarre : Joe Rancharm’a fait un compliment. Ca ne lui

était pas arrivé depuis des années. Encorea-t-il pris soin de m’exprimer la chose à safaçon, c’est-à-dire en faisant suivre sur maboîte électronique un échange de mélsentre lui et la rédaction des Allumés (où ilapparaissait que ma dernière contributionen date, sous la forme de dessins formantune séquence amusante, avait beaucoupplu), de sorte qu’on ne pouvait détermi-ner qui avait émis ce jugement si positif(j’y étais décrit comme étant en pleineforme). Mais au minimum il adhérait à cetavis, et, pourquoi le dissimuler ? cela mefit chaud au cœur.Cela me fit plus chaud encore lorsque, aucomble de l’enthousiasme sans doute, ilme demanda si faire des sortes de chroniquessur des disques pour le numéro des ADJ quevous tenez entre les mains était susceptiblede m’intéresser. Il eut à peine le temps de me signaler que je bénéficiais d’unecarte blanche : je lui avais déjà retournéun tu parles Charles ! des plus sincèrementenjoués.Car vous devez savoir que faire des chro-niques de disques est pour moi un fan-tasme aussi puissant que celui d’accéder àla direction en chef d’un canard culturelpour d’autres, mes désirs reposant davan-tage sur le désir de partager mes émotionsque sur l’édiction de lois esthétiques défi-nissant le bon goût, aussi peu coercitives soient-elles.Bref, un colis me parvint quelques joursplus tard, recélant quelques trésors, j’étaisprêt à le parier. J’avais eu une paired’heures pour cogiter sur leur nombre(que j’espérais conséquent), ainsi que leur

nature (du jazz, forcément…). J’avais trèsenvie d’écrire sur Camel Zekri, en rési-dence non loin de Redon, c’est-à-dire parchez nous, et que je comptais aller voirsous peu, ou Pablo Cueco, ou mêmeArchie Shepp que j’ai eu le bonheurd’écouter dans un improbable bled nonloin de Pontivy l’année dernière.Rétrospectivement, je me dis que j’euségalement aimé recevoir quelque chosed’Anthony Ortega , François Corneloup,Hélène Labarrière, Jef Sicard… Au lieude cela, j’eus droit à de la chanson fran-çaise. Croyez-moi ou non, j’ai sauté de joie !Car il y avait un coffret de quatre CDsreprésentant l’intégrale de Jean-RogerCaussimon chez Saravah, un autre de trois(dont un inédit) portant sur les premiersenregistrements de Jacques Higelin,Saravah également, un double de PierreBarouh, toujours chez des Saravah décidé-ment mis à rude contribution, JacquesMahieux et Michèle Buirette fermant leban avec un simple chacun, respective-ment sur Evidence et Grrr. Ce qui nousfait dix disques si je sais bien compter etprouve, même si la nécessité d’une telleprécision n’est pas évidente, que lesAllumés ont oublié d’être radins, lapreuve ultime résidant dans la sommeastronomique qu’ils vont devoir me réglerpour la publication de cette chronique(mais la décence, en ces temps de crise,commande que celle-ci reste confiden-tielle).Aussi me décidai-je à écouter ces pépitesderechef (à moins que ce ne fut in petto, jene me souviens plus très bien), non sansavoir procédé au préalable à un petitrituel de mise en condition, de pré-écoute

pourrait-on dire, qui consista à fumer unecigarette agrémentée de quelques fleursd’une herbe locale tout à fait bio et excel-lente (dont j’ai moi-même supervisé dansmon coin du Morbihan la croissance, lacoupe et le dépiautage), tout en dégustantun Syrrah naturel, non filtré et sans sulfiteajouté, dont je me servis une généreuserasade, ce qui eut pour effet de déverrouil-ler mes écoutilles sensorielles. (Je sais qu’iln’est pas de bon ton de présenter le can-nabis indica sous un jour positif mais je nerésiste pas à l’opportunité qui m’estofferte d’en faire une délicate apologie).J’attaquai directement par MichèleBuirette, dont je n’avais même jamaisentendu parler et dont le projet de chan-ter et jouer Queneau, Prévert et Desnosme paraissait fumeux ou, à tout le moins,dangereusement proche d’un disque deFrançois Cotinaud que j’ai la chance deposséder. La mention de Desnos aurait dûcependant prévenir ces craintes infondées,et m’alerter positivement sur la sensibilitéde l’amie Buirette, de même que la pré-sence et l’énorme implication de JackyMolard à l’instrumentation comme à la réalisation. Jacky Molard qui est à lamusique en Bretagne ce que la moustache est au baiser, l’on the rocks aumartini, le boudin aux châtaignes à Pablo :indispensable, et définitivement cher à noscœurs. Michèle Buirette, ce n’est pas com-pliqué, au troisième morceau, on a enviede l’appeler Maman ! Comme quoi l’émo-tion à l’écoute de musique peut révélerbien des choses sur soi-même, telle larecherche souterraine d’une mère desubstitution, gracieuse, rigolote… et surtoutqui donne la tétée. Michèle, je t’embrasse !Après, évidemment, le choix se resserre, le

verre se remplit comme par magie, le seuldisque du coffret de Caussimon que je neconnaissais pas (vol. 4, en public àl’Olympia, 1974) s’insère naturellementdans mon lecteur… Et là, Super ! Toutesles chansons qu’on aime, interprétées enduo avec Eric Robrecht au piano. Figurez-vous que, par la grâce d’un effet justeappuyé comme il faut au dernier coupletde « Mon Sébasto », j’ai découvert uneastuce dans le texte de ce titre que j’aipourtant écouté un grand nombre de fois,vous savez quand ça fait « y’a tous tes piafsqui chantent là-haut, et tes mômes qui vontà l’école… ». Je suis fan de Caussimon, etmême s’il a fait des machins ringards,j’adore son genre « chanson réaliste », ou« chanson à texte » comme l’a dit un amià qui j’évoquais ma récente promotion aurang de critique de disque, cette percep-tion d’un Paris disparu, prolétaire etbohême, sans parler de ses collaborationsavec Léo Ferré. Ah ! Jean-Roger, si tu nousécoutes, sache que je t’embrasse !Bon, et ensuite ? Ensuite, je suis allé mecoucher, parce que hein… Par contre, lelendemain je ne me suis pas posé de ques-tions : Jacques « crabouif » Higelin, directsur la platine. Et là, là… le choc ! Je peuxvous avouer un truc ? Je ne connaissais pasJacques Higelin ! (mais ne le répétez àpersonne) Enfin si, bien sûr, comme toutle monde : j’ai eu un temps son « BBH 75 »en vinyl, je l’ai vu sur scène à l’occasiond’un concert de soutien aux sans-papiersde la rue du Dragon (Guy Debord venaitde mettre fin à ses jours) où j’avais bu, jele trouvais sympathique et, pour ce que çavaut, j’estimais qu’il était du bon côté.Cependant rien n’aurait pu me préparer àce que j’allais écouter. Je ne sais pas sivous êtes comme moi, mais Higelin me fai-sait un peu peur : son côté déjanté etcrade, ses admirateurs composant uneespèce de cénacle aux contours et affinitésflous, un peu à la Hubert-Félix Thiéfainesi vous voyez ce que je veux dire… Et puisje suis tombé sur sa chanson « Je suismort, qui dit mieux », dans laquelle il dit,et ici je réclame votre plus stricte attention :A faire l’amour avec la terreJ’ai enfanté des p’tits vers blancsQui me nettoient, qui me digèrent,Qui font leur nid au creux de mes dentsCe qui, me semble-t-il, est d’une poésierarement égalée. Pour vous, je ne sais pas,mais moi je suis particulièrement sensible àtout ce qui a trait à l’eschatologie ; elle tra-verse l’œuvre gravée chez Saravah cesannées-là par le grand Jacques. La paresseaussi, (entre autres sujets éminemmentpassionnants), dans une chanson comme« Seul dans notre chambre » par exemple,où le narrateur attend allongé dans un litsa gonzesse qui ne vient pas, et danslaquelle la complétude dans l’oisiveté sertde paravent au désespoir et à la solitude.Stylé comme du Bob Dylan ou du NeilYoung, c’est grand. Jacques, je t’embrasse !Maintenant, il ne me restait plus que deuxdisques à découvrir, mais je

préférais surseoir à ce moment en écoutant en boucle mes titres préférés desartistes susmentionnés et planer, tant il estvrai que j’aime affecter parfois la candide indécence d’un indolent dandy décadent. (à répéter troisfois à toute vitesse)Enfin, le temps faisant pression, les délaisà respecter, tous ces trucs liés à la publica-tion d’un journal me poussant à sortir dema béatitude, je jetai une oreille sur l’œu-vre de Pierre Barouh. Je ne suis pas quali-fié pour déterminer si chanter faux surtoutes ses chansons constitue un talentparticulier, mais dans son cas je serais prêtà dire que oui, car force est de reconnaî-tre qu’il le fait très bien, dans ce registre si singulier de la chanson brésilienne à laAstrud Gilberto que d’aucuns aiment tant,même si pour ma part je préfère de beau-coup Elis Regina ou Maria Bethania. C’estun chanteur très spécial à appréhender,sans doute en raison de ses textesemprunts d’une mélancolie étrange à mesyeux. Pour le coup, je crains de n’avoirpas eu le temps de me plonger dans cetteambiance particulière, mais la tonalité bra-sil proposée à mes sens émoussés présentenombre d’attraits. De toute façon, ce queje devine du bonhomme (qui a aidé beau-coup de monde, semble-t-il) et ce que cer-taines personnes m’on dit de lui, me per-mettent de l’embrasser affectueusement.Restait Jacques Mahieux, que d’aucunsdans son entourage ne doivent pas man-quer de surnommer Jaco. J’observai quepas moins de cinq titres étaient desreprises de Nick Drake, LoudonWainwright, Randy Newman, Kevin Coyneet Bobby Lapointe ce qui témoigne d’ungoût très sûr et très étonnant, que nedépare pas la participation décisive demon camarade Sylvain Kassap (que j’em-brasse !). Hélas ! vous n’allez pas me croire,je n’ai pu écouter que les deux versions deDrake et Newman, qui m’ont semblé carré-ment convaincantes, certes, mais le tempsme faisait soudain cruellement défaut. Car voilà, c’était la deadline comme ilsdisent au Mans, il fallait que je rende mesdevoirs (mais je pouvais garder lesdisques). Et si vous croyez que c’est facile,ou marrant, vous vous gourez. Vous n’avezqu’à essayer de vous faire pistonner pourrecevoir des disques afin d’en parler dansun journal, vous allez voir ! La somme decontradictions à résoudre (entre le plaisirde la découverte, la concentration del’écoute, la rationalité de l’analyse, la nécessité de rendre compte de ses émo-tions, et le faire avec style, s’il vousplaît…), non, vraiment tout cela demandeune énergie tellement dévorante que je neconseille à personne de s’aventurer dansune telle expérience.C’est pourquoi je consens à me sacrifierdésormais pour remplir ce rôle dans lescolonnes de notre beau journal.Je vous embrasse !

EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ Texte et image de Cattaneo

Page 21: allumes du jazz

D’emblée, je me suis tourné vers les Peul Bororos enécho aux photos du livret et ça permet au serpent dese mordre la queue, ce n’est pas un proverbe africain,

mais une expression française, pour dire que cetterencontre des Borroros, au Niger a eu lieu lors du

deuxième voyage, Carnet de routes. Et, avec un grandretour dans le passé, Barney Wilen et Caroline deBendern, avant le départ pour le grand voyage afri-

cain. C’était à Paris(6ème), le 16 mars

1969, passage Dauphine.

C’est enessayantencore et

encore quele singe

apprend à bondir

21Contes africainsL E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

WORKSHOP DE LYON &HEAVY SPIRITSLIGHTING UPArfi AM036

Jean-Paul Autin (saxophone alto, clarinette basse),

Jean Bolcato (contrebasse), Christian Rollet (batterie).

Heavy Spirits : Gershwin Nkosi (trompette), Paul Vranas (saxophone ténor),

Vincent Molomo (basse électrique),Garland Selolo (batterie)

TEXIER - ROMANO SCLAVIS - LE QUERRECCARNET DE ROUTESLabel Bleu LBLC 6569

Henrie Texier (contrebasse),Louis Sclavis (clarinette), Aldo

Romano (batterie),Guy Le Querrec (leica)

ROKIA TRAORÉBOWMBOÏ

Label Bleu LBLC 2594Rokia Traoré (voix, guitare),

Ousmane Sako (voix), Charlotte Dipanda(voix), Christophe Minck (guitare , guitarebasse), Mamah Diabaté (n'goni), AndraKouyaté (n'goni), Baba Sissoko (n'goni),Adama Diarra (balafon), Djibril Camara(bolon), Kronos Quarte (cordes),

Sidiki Camara (percussions), Alou Coulibaly(percussions), Steve Shelan (percussions)

BARNEY WILENMOSHI

Saravah SHL35Barney Wilen (saxophone),

Michel Graillier (piano électrique),Pierre Cullaz (guitare électrique),Simon Boissezon (basse), ChristianTrish (basse), Didier Léon (luth),Micheline Pelzer (batterie),

Caroline de Bendern, Babeth Lamy,Laurence Apithi et Marva Broome (voix)

CAMEL ZEKRILE FESTIVAL DE L’EAUVand’œuvre VDO9917Danté Alhassane (voix), Ali Tigani (douma),

Rachid Belgacem (darbouka), HalidouBoumbourou (kountigi), XavierCharles (clarinette), Dominique

Chevaucher (voix), Badié Djibo (molo,voix), Michel Doneda (saxophone), Aly Keïta (balafon), Yacouba

Moumouni (flûte ), Naïno (douma), Harouna Oumarou (godjé), OumarouSoumana (kalangou), Bachir Temtaoui(cornemuse), Ute Volker (accordéon),

Adam Zekri (darbouka), Camel Zekri (guitare, oud)

Textes et Photos de Guy Le Querrec

Un musicien photographiant : Camel Zekri.Retour en arrière de près de vingt ans pour un choix de pirogues.

Celui qui rame dans le sens du courantfait rire les crocodiles Proverbe africain

Carnet de routes, premier album du tryptique.Il s’agit d’une aventure de voyageurs pressés.J’ai néanmoins fait réalisé par un peintre deboutique, une peinture du trio. Je l’ai trans-porté, alors que la peinture n’était pas encoresèche. Courte séance de pose avec Romano,Sclavis, Texier et deux danseuses annabonaises.

L’étranger ne voit quece qu’il sait

Proverbe africain

Nous nous sommescroisés plusieurs fois ;nous parlions del’Afrique, du Maliplus particulière-ment. Je ne l’ai photographiée quedeux fois, à Bourgeset à Amiens, mais jen’ai pas dit mon dernier mot.

Si un animalvous dit qu’ilpeut parler, il ment probablement

Proverbe africain

Tous les Blancs ontune montre, mais ilsn’ont jamais le temps

Proverbe africain

Dans l’histoire avec le Workshop, je retiendrai la rencontre à Marciac, du photographe JurgenSchadeberg, où il exposait. J’avais essayé de le joindrelors de voyages en Afrique du Sud, en 1992 et 1997,sans y parvenir. Je retiens une photo de 1992.

Pour savoir où tu vas sached’où tu viens

Une pirogue n’estjamais trop grandepour chavirer

Proverbe africain

Proverbe africain

Proverbe africain

Pirogues, 1970Camel Zekri, 2004

Carltonville, Afrique du sud, 1992, N.U.M. cultural day(National Union of MineworkersMali, Tombouctou, septembre 1988

Le trio, Romano, Sclavis, Texieravec Guy Le Querrec et des danseuses annobonaises, 1990,Guinée Equatoriale

Jurgen Schadeberg, 2005

Rokia Traoré, festival d’Amiens 2002

Sur la peinture, Sclavis, Romano, Texier, 1990

Barney Wilen, Caroline de Bendern

Peuls bororos, danse Yaake, Niamey, Niger, 1993

CONTES AFRICAINS

Page 22: allumes du jazz

profonde qui se tourbait tou-jours davantage à mesure quele ciel blanc laiteux semblaitl’envelopper comme unessoufflement à moins quece ne fût le sien dans cetteavancée droite et ferme àl’intérieur de quoi elle per-cevait les craquements de ses

vertèbres et les volutes du vents’engouffrant dans les fêlures de

son bassin, tout son corps mau-gréant comme un vaisseau grinçant

sous la houle des creux à ses mauvaisgréements, vacillant toujours droit, au cap

où demi-tour vaut la totalité du tour, et la voilàde nouveau qui repart dans l’autre sens, elle

marche depuis des heures, droit, sans faillir, l’épée auxreins désormais comme une corde tendue au ventre, funicu-laire funambule de l’histoire en fuite elle avance, son avenir estderrière elle, sans cesse, comme autant d’ombres qui la guet-tent, et demi-tour sur demi-tour, elle finira par rester là, surplace, les deux pieds dans la tourbe et des chants plein la tête.Bernard Santacruz solo, Lenox avenue,Rude awakening présente 2006

LE CHEVAL

Le temps qu’Alice ouvrît un oeil, elle était sur une case blanche,le temps qu’Alice fermât un oeil, elle était sous une case noire,en un clin d’oeil, dessus dessous, tout blanc tout noir, une nuitnoire, un éclat d’aile, une nuit blanche, sens dessus dessous,d’un pied sur l’autre à la marelle de la vie, toute cassée, deuxcoups bien droits, un de travers, et la craie sur l’ardoise délavantsous la pluie les frontières, et le fusain sur chaux diluant sous leslarmes la barrière des cils, celle des crins, du cheval qui se dres-sait devant Alice, cheval noir, cheval blanc, mauvaise étoile oubonne auberge, mais qui toujours était dans l’autre case, enpagne et en boubou, en perruque et habit, en débardeur taché,en sari de perlouzes, en smoking huit reflets, dans l’autre her-bage en biais d’Alice, à qui manquait toujours une case pourqu’elle s’en fasse une raison, une saison, une chanson, maisnulle mélodie ne tenait plus d’un temps, noyée de résonancedans un hennissement qui n’en finissait pas de se fragmenterjusqu’à vous retomber sur l’âme à n’en pas croire, ouvrant unoeil, fermant un oeil, que de quelque trajet, il s’inversât sanscesse et fût pourtant le seul. Paul Rogers solo, Being, live au musée d’Aquitaine, Amor fati 2007

LE FOU

Alice ressassait la litanie de ses échecs. Le ciel s’était ouvert, laterre s’était fendue, et ce qu’elle croyait être l’échiquier de savie, ces vastes plaines en surface qu’elle parcourait depuis silongtemps désormais ne lui paraissaient plus qu’une profondefosse au bord de laquelle elle était assise, les jambes se balançantau-dessus du vide, où la tourbe à la chaux se mêlait. Au fond dutrou, rêveusement, le fossoyeur compte ses sous, il les repliedans son mouchoir et les enfonce dans sa poche. Il renifle, etdemande à Alice : « Qu’est-ce que tu fais là, mon petit ? » Alicele regarde par-dessous sa frange et lui répond : « Je fais lecontraire, tout le contraire ». Le fossoyeur hausse les épaules, eten se roulant une cigarette grise : « Alors, ça revient au même. »Et il se mit soudain à creuser si vite qu’il eut bientôt disparuavant d’avoir pu répondre à la question qu’Alice lui posait encriant, « au même que quoi ? », de plus en plus fort, et l’écho desa voix roulait parmi les caillasses et les pelletés avec une puretésurprenante, « au même que quoi ? », mais en levant la tête, elles’aperçut que la voix lui venait à l’envers puisque le fossoyeur,d’avoir si fort creusé le dedans de la terre se retrouvait au-dessusd’elle, tête en bas, cochon pendu à la branche de l’arbre à l’om-bre duquel Alice se tenait assise au bord de la fosse, visageretourné vers le soleil, heureuse. Didier Petit solo, Déviation, La nuit transfigurée, s.d.

Quand Alice eut franchi le pont,les échecs vinrent à sa rencontre.Le paysage avait subtilementvarié, lui semblait-il, s’étirant enlosanges à moins que ce ne fûtelle, dans son demi-sommeil, ousa chatte Kitty ses pattes deféline, guettant d’étranges souriss’égayer parmi les dalles alternéess’étendant jusqu’à ce chimériquehorizon où elles se confondaient enune douce et attirante brume grise.Elle appelait sa chatte Kitty. Sans réponse,le plus souvent.Ce quintet est dédié à son initiateur, décembre 2008

LA REINE

Sa chatte faisait rouler entre ses griffes un étrange animal auxterribles irisations de métal qui se tordait et lâchait à chaquecoup de patte un éclair frémissant qui cinglait les nuages dontles reflets faisaient luire ses courbes. « Quelle horreur, cette souris !» « Une souris, moi ! Moi, une horreur ?» La créatures’était dressée d’un bond, elle dominait à présent Alice et la toi-sait d’un air furieux. « Pair et impair, passe et repasse, que jevous cingle ou vous caresse ! » Ses flancs de bois luisaient de sèveet de toutes ses cordes elle frémissait, comme les herbes duresen bordure des cases, comme les moustaches de la pauvre Kittyreculant hérissée, comme les cils d’Alice au bord des larmesdont elle sentait rouler le goût du sel et les grains lui craquersous la dent. « Que votre majesté me pardonne, je voulais dire,qu’elle sourie ! Cette aurore ! ». Alors se levèrent les deux sourires, letriomphal et le pudique, qui zébrèrent d’un coup les royalesquenottes, de gauche à droite, de haut en bas, comme autant detornades minuscules tourbillonnantes s’éloignant à la vitesse dela lumière en fracassant toutes les clôtures et l’on entendit long-temps encore l’écho des claquements de barbelés dans l’airtiède et le souffle du vent et celui de la reine se penchant dou-cement sur le visage d’Alice pour lui murmurer les mots del’hypnose, dors, je le veux, je te veux, je t’adore, je t’endors, etpuis encore un peu plus tard dans l’air du soir, je te lèche, je telaisse... c’est la vie.Hélène Bréchand solo, Le goût du sel, D’autres Cordes records, 2006

LE ROI

Plongée dans un mauvais sommeil, Alice creusait sa nuit de grincements qui lui grisaient les dents comme autant de petitscoups de griffes que sa chatte Kitty lui donnait sur l’émail de sessonges, rebondissant et tournoyant, tout le corps en torsion defourrures et d’ongles, Kitty bondissait après tous ces oiseauxd’augure dont les nuées se dispersaient d’un coup en piaillanteimplosion avant de se recomposer aussitôt, c’était un mauvaisrêve se dit-elle s’éveillant net mais les nuées bel et bien l’assié-geaient lui picorant les yeux c’était le Corps du Roi qui du boutde ses ongles de ses griffes de ses becs lui picorait les yeux le nezla tête ! À peine essayait-elle à grands coups d’éventail de lesécarter d’elle que la nuée s’entrouvrait sur un vaste silencecomme une plaine un instant alanguie mais aussitôt la nuée sereformait comme une pluie d’orage au beau milieu des junglesoù se confondent au loin les crépitements des gouttes sur lespalmes et le baume des armes dont les éclairs se perdent dans lanuit des temps et des lieux, là-bas, si loin, vers les frontières queles rois savent franchir à petits coups de pattes, raclant les barbe-lés, sautant de-ci de-là, hop, sur une mine, aussi, parfois, tout lecorps explosant d’une salve virile, et se recomposant, le Corpsdu Roi, comme une caresse acérée, une nuée de douceur, sachatte, chassant les oiseaux d’augure à l’ombre des archets duroi. Barre Philips solo, Journal violone 9, Emouvance 2001

LA TOUR

Alice marchait depuis des heures maintenant, elle avançait toutdroit, sans faillir, comme poussée dans le dos par une force l’obligeant à faire face, toujours face et les points d’horizon s’étoilaient au lointain comme des vibrations tordant l’axe dumonde, l’obligeant à poursuivre sa voie, les pieds dans une terre

22 C’est Noël, que de cordes pour se pendre ! L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

PAUL ROGERSBEING

Amor fati FATUM 015Paul Rogers (contrebasse)

HÉLÈNE BRESCHANDLE GOÛT DU SELD’autres cordes dac 081

Hélène Breschand (harpe, voix)

BARRE PHILLIPSJOURNAL VIOLONE 9Emouvance EMV1015Barre Phillips (contrebasse)

DIDIER PETITDÉVIATION

La nuit transfigurée LNT 340103Didier Petit (violoncelle)

BERNARD SANTACRUZLENOX AVENUE

Rude awakening présente RA2013Bernard Santacruz (contrebasse)

C’EST NOËL, QUE DE CORDES POUR SE PENDRE !

Texte d’Hervé Péjaudier

Image de Marianne Trintzius

... pour se pendre au sapin de Noël, bien sûr.Cinq disques, cinq solos majeurs de cinq

figures heraldiques des cordes d'aujourd'hui.

Page 23: allumes du jazz

ou ZOG3 / 1CD / E

>Beresford Steve nato - chabadaL’Extraordinaire Jardin de Charles

Trenet / HS10055 / 1CD / E

>Bernard Pierre TransesEuropéennes

Racines / TE016 / 1CD / E

>Berrocal Jacques in situLa nuit est au courant / IS040 /

1CD / E

>Berrocal Jacques natoHotel Hotel / 777715 ou 112038

/ 1CD / E

>Berthet / Le Junter Vand’ŒuvreVDO9407 / 1CD / E

>Bête a bon dos (La) ARFIDoucement les basses /

AM021/1CD / E

>Bête a bon dos (La) ARFITango Félin / AM032 / 1CD / E

>Binot Quintet Charlotte RecordsTerritoires / CP203 / 1CD / E

>Binot Loris Septet LorrainCharlotte Records

Objet de jazz / CP186 / 1CD / E

>Birgé / Gorgé / Shiroc GRRRDéfense de / MIO 026-027 / 1CD

+1DVD / G

>Birgé / Vitet GRRRCarton / GRRR2021 / 1CDExtra /

E

>Bjurström / Rocher MarmouzicOn a marché sous la la pluie /

MAR01 / 1CD / E

>Bjurström / Rocher MarmouzicDuo Bjurström & Rocher / MAR02

/ 1CD / E

>Bjurström ChristoferMarmouzic

Piano / MAR03 / 1CD / E

>Black / Collignon / Delpierre /Roulin Chief InspectorCamisetas / CHPR200702 / 1CD

/ E

>Blackman Cindy / DebrianoSanti / Fiuczynski Dave FreeLance

Trio + Two / FRLNS0304 / 1CD /

E

>Blanc Michel D’Autres CordesLe passage éclair / D’AC071 /

1CD / E

>Blondy Frederic, lê Quan NinhPotlach

Exaltatio utriusque mundi / P203

/1CD / E

>Blue Tribes Label BleuCompilation / LBLC 6650 / 1CD /

E

>Boisseau / Humair BeeJazzGabriel Zufferey / BEE006 / 1CD

/ E

>Boisseau / Piromalli /Larmignat AA, Le petit FaucheuxTriade / 312622 / 1CD / E

>Bojan Z Label BleuXenophonia / LBLC6684 / 1CD /

E

>Bojan Z Label BleuKoreni / LBLC 6614 / 1CD / E

>Bojan Z Label BleuSolobsession / LBLC 6624 / 1CD

/ E

>Bojan z quartet Label BleuYopla / LBLC 6590 / 1CD / E

>Bojan Z Trio Label BleuTranspacifik / LBLC 6654 / 1CD /

E

>Bojan Zulfikarpasic Label BleuBojan Z / LBLC 6565 / 1CD / E

>Bollani Label BleuLes fleurs Bleues / LBLC 6635

/1CD / E

>Bollani Label BleuI Visionary / LBLC6695/96 / 2CD

/ F

>Bollani Stephano Label BleuConcertone / LBLC 6666 / 1CD /

E

>Bon / Méchali / MicenmacherCharlotte Records

La ballade du serran écriture /

CP193 / 1CD / E

>Bondonneau Benjamin AmorFati

La dentelle des dents /

FATUM003 / 1CD / E

>Bondonneau Benjamin/Charles Fabrice Amor FatiDordogne / FATUM011 / 2CD / F

>Boni / Lazro / McPhee /Tchamitchian EmouvanceNext to you / EMV1023 / 1CD / E

>Boni / McPhee EmouvanceVoices & dreams / EMV1016 /

1CD / E

Musiques

Nature Boy / JIMA2 / 1CD / E

>Au Ni Kita PotlachMisères et cordes / P101 / 1CD /

E

>Auger Bertrand Jim A.Musiques

Métamorphosis / JIMA1 / 1CD / E

>Baghdassarians /Baltschun/Boseti / Doneda PotlachStrom / P204 / 1CD / E

>Bailey Derek & LéandreJoëlle PotlachNo Waiting / P198 / 1CD / E

>Bailey Derek / Lacy StevePotlach

Outcome / P299 / 1CD / E

>Bardaine / Delpierre / AkninChief Inspector

Limousine / CHIN200610 / 1CD /

E

>Bardainne / Gleize Chief

Inspector

Bardainne & Gleize Duo

/CHIN200301 / 1CD / E

>Bardet / Georgel / Kpade AA,Le petit Faucheux

A la suite / 312624 / 1CD / E

>Baron / Denzler / Guionnet /Rives PotlachPropagations / P107 / 1CD / E

>Baron Samedi PercussionsARFI

Marabout Cadillac / AM023 / 1CD

/ E

>Barouh / Castro / VallejoSaravah

Au kabaret de la dernière chance

/ SHL1063 / 1CD / E

>Barouh Pierre SaravahSierras / SHL30 / 1CD / E

>Barouh Pierre SaravahNoël / SHL1056 / 1CD / E

>Barouh Pierre SaravahLe Pollen / SHL1066 / 1CD / E

>Barouh Pierre SaravahItchi go itchi e / SHL2089 / 1CD / E

>Barouh Pierre SaravahCa va ça vient / SHL2090 / 1CD / E

>Barouh Pierre SaravahViking Bank / SHL 2114 / 1CD / E

>Barouh Pierre SaravahSaudade / SHL 2115 / 1CD / E

>Barouh Pierre SaravahDaltonien / SHL 2124 / 1CD /

X=17€

>Barthelemy / Denizet /Ponthieux EvidenceSolide / EVDC316/ 1CD / E

>Barthélemy Claude Label BleuSereine / LBLC 6631 / 1CD / E

>Barthelemy EvidenceSolide / FA453/ 1CD / E

>Bartikian Araïk EmouvanceMonodiques / EMV1024 / 1CD /

E

>Battista Lena Label BleuBanda Sonora / LBLC 6591 / 1CD

/ E

>Battista Lena Label BleuI Cosmonauti Russi / LBLC

6641/42 / 2CD / F

>Battus Pascal Amor FatiPick-up / FATUM005 / 1CD / E

>Beaussier / Pékar / Laurent /Mariotto Charlotte RecordsHekla / CP 210 / 1CD / E

>Beckett / Levallet / MarshEvidence

Images of Clarity / EVDC315/ 1CD

/ E

>Bellanger / Benoist Petit labelAngela / Plfree002 / 1CD /E

>Benoit / Boespflug / Guell / LeBorgne / Madiot Emil 13Les 30 Glorieuses / LE0004 /

1CD / E

>Benoît / Guionnet Vand’Œuvre& UN / VDO0223 / 1CD / E

>Beresford / Zorn / Marshall /Toop natoDeadly Weapons / HS10051 /

1CD / E

>Beresford Steve / BenninkHan natoDirectly to Pyjamas / 777727 /

1CD / E

>Beresford Steve CinénatoPentimento / ZOG3 / 1LP / A

>Beresford Steve CinénatoPentimento / ZOG3 / K7 / A

>Beresford Steve CinénatoAvril Brisé / 777764 ou 901 ou

112035 / 1CD / E

>Beresford Steve nato - cinénatoPentimento / 777765 ou 777901

1CD / E

>Courtois Vincent Le TritonLes contes de rose Manivelle /

TRI-04509 / 1CD / E

>Courtois Vincent Le TritonWhat do you mean by silence? /

TRI-06513 / 1CD / E

>Couturier / Larché CharlotteRecords

Acte IV / CP166 / 1CD / E

>Couturier / Chalet CharlotteRecords

Pianisphères / CP167 / 1CD / E

>Coxhill / Boni / Horsthuis natoChantenay 80 / 10 / 1LP / A

>Coxhill Lol nato Before my time / HS10052 / 1CD

/ E

>Cueco / Villarroel Duo TransesEuropéennes

En public aux Instants Chavirés /

TE005 / 1CD / E

>Cueco / Villarroel DuoVolume 2 Transes EuropéennesTE020 / 1CD / E

>Cueco Pablo & T.E. OrchestraTranses Européennes

Sol, suelo, sombra y cielo /

TE023 / 1CD / E

>Cueco Pablo / HeymannPierre Etienne TransesEuropéennes

Coffret de l’intégrale de Gargantua

de François Rabelais / TE860131

/ 8CD / X=60€

>Cueco Pablo / HeymannPierre Etienne TransesEuropéennes

Gargantua à Paris (2e vol de l’in-

tégrale de Gargantua de François

Rabelais) / TE030 / 2CD / F

>Cueco Pablo / HeymannPierre Etienne TransesEuropéennes

Gargantua contre Picrochole (3e

vol de l’intégrale de Gargantua de

François Rabelais) / TE031 / 2CD

/ F

>Cueco Pablo / HeymannPierre Etienne TransesEuropéennes

La naissance de Gargantua (1er

vol de l’intégrale de Gargantua de

François Rabelais) / TE029 / 2CD

/ F

>Cueco Pablo / HeymannPierre Etienne TransesEuropéennes

La Victoire de Gargantua (4e vol

de l’intégrale de Gargantua de

François Rabelais) / TE032 / 2CD

/ F

>Cueco Pablo TransesEuropéennes

Musiques pour Gargantua /

860132 / 1CD / E

>Cueco Pablo TransesEuropéennes

ZARB / 1985512 / 1CD / E

>D’Andrea / Humair / Rava /Vitous Label BleuEarthcake / LBLC 6539 / 1CD /

E

>D’de Kabal Chief InspectorLa théorie du K.O / CHIN200711

/ 2CD / F

>Dalachinski / Capazza /Lasserre Amor Fati3 Rocks & A socks / FATUM007 /

1CD / E

>Das Kapital Quark recordsAll Gods Have Children /

QUARKD01/01 / 1CD / E

>Davies Paul Riot Trio AA, Lepetit Faucheux

Voices Off / 312608 / 1CD / E

>Davy Eliane Petit LabelLouise Labé ou l’amour fou /

PLT001 / 1CD / E

>Dawson Alan Space TimeRecords

Waltzin’ with flo / BG9808 / 1CD

/ E

>Day Terry natoLook at me / 777749 ou 777902

ou 1229 / 1CD / E

>Day Terry natoLook at me / 1229 / 1LP / A

>De Chassy / Yvinec avecAndré Minvielle BeeJazzWonderfull World / BEE008 / 1CD

/ E

>De Chassy / Yvinec avecAndré Minvielle BeeJazzChanson sous les bombes /

BEE007 / 1CD / E

Nemo / C22 / 1CD / E

>Chemirani (Trio) EmouvanceTchechmeh / EMV1019 / 1CD / E

>Chevillon Bruno D’AutresCordes

Hors Champs / D’AC0101 / 1CD

/ E

>Circum Grand OrchestraCircum Disc

Circum / CIDI501 / 1CD / E

>Coe Tony CinénatoMer de Chine / 777767 ou

777903 ou ZOG2 / 1CD / E

>Coe Tony CinénatoMer de Chine / ZOG2 / 1LP / A

>Coe Tony natoLes Voix d’Itxassou / HS10054 /

1CD / E

>Cohen / Cotinaud Musivi Jazzbank

Yo m’enamori / MJB008CD / 1CD

/ E

>Coleman Bill Cismonte epumonti

Swing Low Sweet Chariot / CP

33167 / 1CD / E

>Coleman Steve Label BleuResistance is futile / LBLC 6643 /

44 / 2CD / F

>Coleman Steve Label BleuOn the Rising / LBLC 6653 /

1CD / E

>Coleman Steve Label BleuWeaving Symbolics /

LBLC6692/93 / 2CD / F

>Coleman Steve Label BleuLucidarium / LBLC 6673 / 1CD /

E

>Colin Denis & Les Arpenteursnato

Etude de Terrain / HS10050 et

777770/ 1CD / E

>Colin Denis Trio nato Hope streetSongs for swans / HS10058 /

1CD / E

>Colin Denis Trio TransesEuropéennes

In situ à Banlieues Bleues /

TE001 / 1CD / E

>Collectif Kusamakura (vol1)Saravah

SHL2127 / 1CD / E

>Collectif Slang Chief InspectorSlanguistic / CHIN200303 / 1CD

/ E

>Collectif Slang Chief InspectorAddict / CHPR200601 / 1CD / E

>Colley Scott Free LancePortable Universe / FRL-CD027 /

1CD / E

>Comelade Pascal Vand’ŒuvreStranger in Paradigm / VDO630 /

LP / E

>Contrabande Rude AwakeningPresent

Contrabande / RA2002 / 1CD / A

>Contrabande Rude AwakeningPresent

Décomposé / RA2011 / 1CD / C

>Cooper Mike natoIsland Songs / 777707 / 1CD / E

>Cordes s/ciel EvidenceGünter “Baby” Sommer /

EPC883/ 1CD / E

>Corneloup François EvidencePidgim / FA466/ 1CD / E

>Corneloup François EvidenceFregoli / EVDC519/ 1CD / E

>Corneloup François EvidenceJardins Ouvriers / EVDC824 et

FA454/ 1CD / E

>Corneloup François EvidenceCadran Lunaire / EVDC2029/ 1CD

/ E

>Corneloup Next (François)nato Hope street

Next / HS10068 / 1CD / E

>Coronado Gilles TransesEuropéennes

Urban Mood / TE019 / 1CD / E

>Cotinaud François Musivi Jazzbank

Princesse / MJB002CD / 1CD / E

>Cotinaud François Musivi Jazzbank

Pyramides / MJB003CD / 1CD /

E

>Cotinaud François Musivi Jazzbank

Loco Solo / MJB006CD / 1CD / E

>Coulon-Cerisier Pierre AA, Lepetit Faucheux

Lazuli / 312616 / 1CD / E

>Courtois Vincent / Ze JamAfane Chief InspectorL’homme Avion / Chin200806 /

Awakening Present

Live au baloard / RA1001 / 1CD /

A

>Cache Cache / Ed Sarath AA,Le petit Faucheux

Tandems / 312609 / 1CD / E

>Cache Cache AA, Le petitFaucheux

L’Océane / 312600 / 1CD / E

>Cache Cache AA, Le petitFaucheux

Typo / 312627 / 1CD / E

>Caillaud Cédric Trio AphroditeRecords

June 26 / APH106004 / 1CD / E

>Capozzo Jean-Luc /Tchamitchian Claude La NuitTransfigurée

Le soufflé aux éclisses / LNT

340119 / 1CD / E

>Cappozzo / Charmasson /Ponthieux AJMI SeriesSophisticated Ladies / AJM08

/1CD / E

>Caratini Patrice Label BleuHard Scores / LBLC 6602/03 /

2CD / F

>Caratini Jazz Ensemble LabelBleu

Darling Nellie Gray

/LBLC6625/1CD / E

>Carlos Maza Label BleuSalvedad / LBLC 2589 / 1CD / E

>Caroline Chief InspectorCaroline / CHIN200407 / 1CD /

E

>Casimir Daniel CharlotteRecords

Sound Suggestions / CR172 /

1CD / E

>Casini / Rava Label BleuVento / LBLC 6623 / 1CD / E

>Cat-Berro Sonia CharlotteRecords

Keep in Touch / CP 205 / 1CD /

E

>Cat-Berro Sonia CharlotteRecords

A singing Affair / CAT98 / 1CD /

E

>Caussimon Jean-RogerSaravah

L’intégrale / SHL9001 / 4CD / G

>Caussimon Jean-RogerSaravah

vol 1 / SHL1001 / 1CD / E

>Caussimon Jean-RogerSaravah

vol 2 / SHL1002 / 1CD / E

>Caussimon Jean-RogerSaravah

vol 3 / SHL1003 / 1CD / E

>Caussimon Jean-RogerSaravah

vol 4 / SHL1004 / 1CD / E

>Cazamou Benoit LinoleumCaribou /LIN009 / 1CD /E

>CDL / Chalet Charlotte RecordsSuite pour le vin / CP183 / 1CD /

E

>Célea / Couturier / HumairBeeJazz

Tryptic / BEE022 / 1CD / E

>Celea / Couturier Label BleuPassagio / LBLC 6543 / 1CD / E

>Celea / Couturier Label BleuL’Ibère / LBLC 6567 / 1CD / E

>Celea / Liebman / ReisingerLabel Bleu

Missing a page / LBLC 6597 /

1CD / E

>Celea / Liebman / ReisingerLabel Bleu

World View / LBLC 6592 / 1CD /

E

>Chabbey William AphroditeRecords

At home / APH106015 / 1CD / E

>Chalet Jean Pierre CharlotteRecords

Autoportrait / CR174 / 1CD / E

>Charmasson / Tchamitchian /Julian AJMI SeriesL’ombre de la pluie / AJM03 /

1CD / E

>Charmasson / TchamitchianCelp

Claude Caminando / C16 / 1CD /

E

>Charmasson Rémi CelpRésistances / C32 / 1CD / E

>Charmasson Rémi QuintetAJMI Series

Manœuvres / AJM13 / 1CD / E

>Charmasson Rémi trio Celp

La légende du Franc Rock’N’Roll /

SHP1 / 1CD / E

>Buirette Michèle GRRRLa mise en plis / GRRR1009 /

1LP / A

>Buirette Michèle GRRRLe Panapé de Caméla /

GRRR2025 / 1CD / E

>Bunky Green Label BleuAnother place / LBLC 6676 / 1CD

/ E

>Butcher / Charles / DörnerPotlach

The contest of pleasures / P201 /

1CD / E

>Butcher / Kurzmann PotlachThe Big misunderstanding betwen

hertz and megahertz / P106 / 1CD

/ E

>***Collectif Sarajevo / ED13039 / 1CD / E

>***Collectif ARFIArfi maison fondée en 1977 /

AM040 / 1CD / E

>***Collectif FR/CHN LabelForge

Tian Xia (sous le ciel) / FOR3/1 /

1CD / E

>***Collectif in situICIS, les Instants Chavirés, toute

la musique improvisée In Situ /

IS167/8/9 / 3CD / G

>***Collectif natoVol pour Sidney / 777706 / 1CD

/ E

>***Collectif natoGodard ça vous chante / 777713

ou 112127 / 1CD / E

>***Collectif natoBO du Journal de Spirou 777716

/ 777717 / 2CD / F

>***Collectif natoBO du Journal de Spirou /

1715/1774 / 2LP / C

>***Collectif natoLes Films de ma ville 1 / 777718

ou 112033 / 1CD / E

>***Collectif natoLes Films de ma ville 2 / 777718

ou 112033 / 1CD / E

>***Collectif natoBuenaventura Durruti / 777733 /

2CD / F

>***Collectif natoJoyeux Noël / 777742 / 1CD / E

>***Collectif natoSix séquences pour Alfred

Hitchcock / 777763 ou 904 ou

112131 / 1CD / E

>***Collectif natoSept tableaux phoniques Erik

Satie / HS10063 / 1CD / E

>***Collectif natoLe Chronatoscaphe /NATO0574 /

3CD+Livre / X=47€

>***Collectif natoNigth Songs / HS10065 / 1CD /

E

>***Collectif natoFolk Songs / HS10066 / 1CD / E

>***Collectif natoErik satie et autres messieurs

«Airs de jeux» / HS10064 / 3CD /

G

>***Collectif Quoi De NeufDocteur

Haute Fréquence 4.1 /DOC065 /

1CD / E

>***Collectif Quoi De NeufDocteur

Folklore Moderne / DOC066 / 1CD

/ E

>***Collectif Quoi De NeufDocteur

around 3 gardens / DIA 070 /

1CD / E

>***Collectif Quoi De NeufDocteur

Surnatural Orchestra / DOC069 /

1CD / E

>***Collectif SaravahKusamakura / SHL2127 / 1CD / E

>***Collectif Space TimeRecords

Continuum act one / BG2421 /

1CD / E

>***Collectif Vand’ŒuvreMusique’s action: Vandoeuvre

1988-1992 / VDO9304 / 1CD /

E

>***Collectif Vand’ŒuvreMusique’s action 2 / VDO9509 /

1CD / E

>***Collectif Vand’ŒuvreMusique’s action 3 / VDO0224 /

1CD / E

>Ca dépend des mouettes Rude

>Bonnardel invite PadovaniCharlotte Records

Le courant acide de l’écluse /

CP175 / 1CD / E

>Bonne Nouvelle (Trio) FreeLance

Patchwork / FRLNS0601 / 1CD /

E

>Bosetti / Doneda / RaineyPotlach

Placés dans L’air / P103 / 1CD /

E

>Botlang / Seguron / SilvantAJMI Series

Trilongo / AJM07 / 1CD / E

>Botlang René AJMI SeriesArt Longo / AJM14 / 1CD / E

>Botlang René AJMI SeriesSolongo / AJM05 / 1CD / E

>Bourde Hervé & d’AndreaFranco in situParis - Milano / IS106 / 1CD / E

>Bourde Hervé / d’AndreaFranco AA, Le petit FaucheuxE la storia va / 312612 / 1CD / E

>Brazier Christian CelpMemoire vive / C53 / 1CD / E

>Brazier Christian CelpBrazier / C57 / 1CD / E

>Brazier Christian CelpLumière / C47 / 1CD / E

>Brechet / Denizet / PonthieuxMusivi Jazz bank

Standard / MJB011CD / 1CD / E

>Bréchet Pascal Quintet AA, Lepetit Faucheux

Autour de Monk / 312614 / 1CD

/ E

>Breschand Helène D’AutresCordes

Le goût du sel / D’AC081 / 1CD /

E

>Briegel Bros Band LesEtonnants Messieurs Durand

Co’errances / EMD0602 / 1CD /

E

>Briegel Bros Band LesEtonnants Messieurs Durand

Détours / EMD9901 / 1CD / E

>Briegel Bros. Band LesEtonnants Messieurs Durand

Voyage en eaux troubles /

EMD9401 / 1CD / E

>Brins / Bosetti / Hayward /Krebs/ Neumann PotlachPhosphor / P501 / 1CD / E

>Brochard / Guionnet / Perraudin situ

[on] / IS241 / 1CD / E

>Brown / Thomas / Mabern /Drummond / Dawson SpaceTime Records

A Season of Ballads/BG9703/

1CD / E

>Brown Donald Space TimeRecords

Enchanté! / BG9910 / 1CD / E

>Brown Donald Space TimeRecords

French Kiss / BG2012 / 1CD / E

>Brown Donald Space TimeRecords

The Classic Introvert / BG2422 /

1CD / E

>Brown Donald Space TimeRecords

Piano Short Stories / BG9601 /

1CD / E

>Brown Donald Space TimeRecords

At this point in my life / BG2115

/ 1CD / E

>Brown Donald Space TimeRecords

Wurd on the Skreet /

BG9806/1CD / E

>Brown Marion Quartet FreeLance

Back to Paris / FRL-CD002 / 1CD

/ E

>Brunet Etienne SaravahWhite Light / SHL / 1CD / E

>Brunet Etienne SaravahTips / SHL 2118 / 1CD / B

>Brunet Etienne SaravahRing Sax Modulator, Love try /

AYR2125 / 1CD / E

>Brunet / Van Hove SaravahImprovisations / SHL2103 / 1CD

/ E

>Brunet Etienne SaravahB / Free / Bifteck / SHP7 / 1CD /

E

>Brunet Etienne Zig RagOrchestra Saravah

>32 Janvier ARFI

AM027 / 1CD / E

>69 Quark RecordsLive at le grand Mix /QUARK

CD02/01 / 1CD / E

>Äänet EmouvanceAquarian Forest / EMV1029 / 1CD

/ E

>Achiary Carter HolmesVand’Œuvre

Achiary Carter Holmes / VDO9611

/ 1CD / E

>Ad Vitam Le TritonLa ou va le vent / TRI-02505 /

1CD / E

>Adam / Botta / Venitucci QuoiDe Neuf Docteur

Hradcany / DOC068 / 1CD / E

>Agnel / Benoit in situRip-stop / IS237 / 1CD / E

>Agnel / Wodraska EmouvanceCuerdas 535 / EMV1021 / 1CD / E

>Agnel Sophie Vand’ŒuvreSolo / VDO0019 / 1CD / E

>Akchoté / Petit in situVivre encore / rectangle / 1LP / C

>Akendengue Pierre SaravahNandipo / SHL1051 / 1CD / E

>Alata Vents d’estGrain de sable / 1 CD / E

>Albertucci Jean-Michel EMDEtranges fantaisies / EMD0801 /

1CD / E

>Alula Aphrodite RecordsAnémokory / APH106008 / 1CD / E

>Alvim Cesarius AxolotlMister Jones / AXO102 / 1CD / E

>Alvim Cesarius AxolotlUltraviolet, the Bass Music /

AXO105 / 1CD / E

>Amants de Juliette (Les)(Adam / Delbecq / Foch) QuoiDe Neuf Docteur

Les Amants de Juliette / DOC005

/ 1CD / E

>Amants de Juliette (Les)(Adam / Delbecq / Foch) QuoiDe Neuf Docteur

Les Amants de Juliette / DOC050

/ 1CD / E

>Amants de Juliette (Les)(Adam / Delbecq / Foch) QuoiDe Neuf Docteur

Les Amants de Juliette / DOC063

/ 1CD / E

>Amants de Juliette (Les)(Adam / Delbecq / Foch) QuoiDe Neuf Docteur

# 4 / DOC072 / 2CD / F

>Amsallem / Ries quartet FreeLance

Regards / FRL-CD020 / 1CD / E

>Andouma GiminiFantasia / GM1014 / 1CD / E

>Andouma GiminiGM1013 / 1CD / E

>Andreu / Tusques in situArc Voltaic / IS236 / 1CD / E

>Ansolini Gérard SaravahLa Mort de la Vierge / SHL2109 /

1CD / E

>Aperghis Georges TransesEuropéennes

Triptyque / TE014 / 1CD / E

>Aperghis Georges Vand’ŒuvreTingel Tangel Jactation / VDO426

/ 1CD / E

>Apollo ARFICap Inédit / AM024 / 1CD / E

>Apollo ARFIAdieu les filles / AM041 / 1CD / E

>Appt 126 Petit LabelAppt 126 / PL003 / 1CD / E

>Appt 126 Petit LabelA1 / PL002 / 1CD / E

>Archimusic Le Triton13 Arpents de Malheur / TRI-

01503 / 1CD / E

>Archimusic Quoi De NeufDocteur

Parthéos / DOC049 / 1CD / E

>Ark / Dechepper / CapozzoCharlotte Records

Les vivants / CP213 / 1CD / E

>Ark Charlotte RecordsMagnitude de 5.4 / CP 206 / 1CD

/ E

>Ark Emil 13Strette/ LE0010 / 1CD / E

>Arnold Dieter LinoleumSputnik Project / LIN005 / 1CD /

D

>Arvanitas Georges SaravahThree of us / 591043 / 1CD / E

>Assan Christel Jim A.

23L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008 La vitrine (en vente libre)

Page 24: allumes du jazz

>Lazro Daunick / ZingaroCarlos PotlachHauts Plateaux / P498 / 1CD / E

>Lazro Daunik EmouvanceZong book / EMV1013 / 1CD / E

>Le coq SaravahTête de gondole / SHL 2120 /

1CD / E

>Léandre / Sawaï in situOrganic - mineral / IS235 / 1CD /

E

>Lebocal BeeJazzEgo / BEE013 /1CD / E

>Legnini Label BleuMiss Soul / LBLC6686 / 1CD / E

>Legnini Label BleuBig Boogaloo / LBLC6691 / 1CD

/ E

>Léon Magali Trio Jazz’PIMagali chante Ella / JP01 / 1CD

/ E

>Leprest Alain SaravahLeprest 4 / SHL2065 / 1CD / E

>Lété Christian QuartetCharlotte Records

Cinque Terre / CP195 / 1CD / E

>Levallet Didier EvidenceSwing String Systeme / FA449/

1CD / E

>Levallet Didier TentetEvidence

Génération / EVDC212/ 1CD / E

>Levallet Didier EvidenceQuiet Days in Cluny / EVCD101/

1CD / E

>Lilliput Orkestra LinoleumLa Méduse / LIN002 / 1CD / D

>Lilliput Orkestra LinoleumCa urge / LIN007 /1CD / D

>Linx / Wissels Label BleuUp Close / LBLC 6586 / 1CD / E

>Linx / Wissels Label BleuBandarkäh / LBLC 6606 / 1CD /

E

>Llabador J-Pierre CelpBirds Can Fly / C29 / 1CD / E

>Lloret Pascal ArfiLe silence du piano AM044 / 1CD

/E

>Lobo de Mesquita La NuitTransfigurée

Dominica in Palmis / LNT340104

/ 1CD / E

>Lola Lafon & Leva Label BleuGrandir à l’envers / LBLC 4010 /

1CD / E

>Lopez / Cotinaud Musivi Jazzbank

Opéra / MJB004CD / 1CD / E

>Los mamanos Petit LabelEmbrasse moi / PL 005 / 1CD /

E

>Loueke Lionel Space TimeRecords

In a Trance / BG2524 / 1CD / E

>Louki Pierre SaravahRetrouvailles / SHL2066 / 1CD /

E

>Louki Pierre SaravahVers bissextils / SHL2081 / 1CD

/ E

>Louki Pierre SaravahSalut la compagnie / SHL 2117 /

1CD / E

>Lourau / Segal / Atef / Martel/ Lohrer / Shalom Label BleuOlympic Gramofon / LBLC 6660 /

1CD / E

>Lourau Julien Label BleuFire & Forget / LBLC 6670 / 1CD

/ E

>Lourau Julien Label BleuForget / LBLC6680/81 / 1CD / E

>Lourau Julien Label BleuGroove Gang / LBLC 6576 / 1CD

/ E

>Lourau Julien Label BleuVoodoo Dance / LBLC 6593 / 1CD

/ E

>Lourau Julien Label BleuThe Rise / LBLC 6640 / 1CD / E

>Lousadzak (Grand) EmouvanceBasma Suite / EMV1007 / 1CD /

E

>Lousadzak (New) EmouvanceHuman songs / EMV1025 / 1CD /

E

>Lovano Joe Label BleuWorlds / LBLC 6524 / 1CD / E

>Love poulbot SaravahLa cave Saravah / SHL 2122 /

1CD / E

>Lowdermilk Bonnie AxolotlThis Heart of Mine / AXO104 /

1CD / E

>Machado Jean-Marie LabelBleu

L’amitié / SHL 2119 / 1CD / E

>Kee / Morel / Turi ChiefInspector

Mop / CHIN200408 / 1CD / E

>Kessler / Bachelier LabelUsine

Catamaran / 1010 / 1CD / E

>Kilimandjaro Les EtonnantsMessieurs Durand

I on Blues / EMD9801 / 1CD / E

>KolKhöze Printanium D’AutresCordes

Kolkhöznitsa / DAC151 / 1CD / E

>Konitz Lee / Alvim CesariusAxolotl

Guarana / AXO106 / 1CD / E

>Konitz Lee Label BleuMedium Rare / LBLC 6501 / 1CD

/ E

>Krakauer David Label BleuLive in Krakow / LBLC 6667 /1CD

/ E

>Krakauer David Label BleuBubbemeises / LBLC 6677 / 1CD

/ E

>Krakauer David Label BleuThe Twelve Tribes / LBLC 6637 /

1CD / E

>Kristoff K Roll Vand’ŒuvreLe petit bruit d’à côté du cœur /

VDO0222 / 2CD / F

>Kristoff K.Roll / CharlesXavier PotlachLa Pièce / P199 / 1CD / E

>Kucheida Françoise SaravahLa Mémoire Sépia / SHL 2121 /

1CD / E

>Kühn Joachim Label BleuUsual Confusion / LBLC 6560 /

1CD / E

>La Pieuvre Circum DiscEllipse / HELIX LX002 / 1CD / E

>La Pieuvre Circum Disc1999-2005 / HELIX / LX001 /

1CD / E

>Labarriere Hélène EmouvanceLes temps changent / EMV1028 /

1CD / E

>Labbé / Morières NûbaPing Pong / NUBA270890 / 1CD

/ E

>Labbé Pascale NûbaLèvres nues / NUBA1202 / 1CD /

E

>Labbé Pascale NûbaSi loin si proche / NUBA1097 /

1CD / E

>Lacy Steve / Watson Eric FreeLance

Spirit of Mingus / FRL-CD016 /

1CD / E

>Lacy Steve Free LanceThe Holy La / FRLNS0201 / 1CD / E

>Lacy Steve SaravahScratching the Seventies /

SHL2082 / 3CD / G

>Lancaster Byard Cismonte epumonti

Funny Funky Rib Grib / CP 06 /

1CD / E

>Larché / Matinier / CouturierEmouvance

Music for a while / EMV1017 /

1CD / E

>Larché / Méchali / Couturier /Edelin /Gritz Charlotte RecordsZe blue note (Opéra-Jazz pour les

enfants) / 590104 / 1CD / E

>Lasserre / Le Masson / DubocAmor Fati

Free Unfold Trio / FATUM009 /

1CD / E

>Lazro / Doneda / Lê QuanNinh in situ

IS037 / 1CD / E

>Lazro / Doneda / Pey / LêQuan Ninh Vand’Œuvre

Les Diseurss de Musique

VD09814 / 1CD / E

>Lazro / Doneda /Nick/Hoevenars Vand’ŒuvreQuatuor Aerolithes / VDO529 /

1CD / E

>Lazro / McPhee Joe in situElan Impulse / IS075 / 1CD / E

>Lazro / Minton EmouvanceAlive at sonorités / EMV1027 /

1CD / E

>Lazro / Zekri / Répécaud /Madiot Vand’ŒuvreRekmazladzep / VDO631 / 1CD /

E

>Lazro Daunick / LovensPotlach

Madly you / P102 / 1CD / E

Suite Carnavalesque / MJB007CD

/ 1CD / E

>Jackson Ali Space TimeRecords

Groove@jazzentête /BG2013 /

1CD / E

>Jacopo Andreini SaravahBossa Storta / SHL 2123 / 1CD /

E

>Jarrousse Sébastien / RobinOlivier Quintet AphroditeRecords

Dream Time / APH106009 / 1CD

/ E

>Jarrousse Sébastien / RobinOlivier Quintet AphroditeRecords

Tribulation / APH106002 / 1CD /

E

>Jaume / Medeski CelpTeam Games / C31 / 1CD / E

>Jaume / Haden / Clerc CelpPeace / Pace / Paix / C19 / 1CD /

E

>Jaume / Raharjo CelpGamelan project first session /

C55/56 / 2CD / F

>Jaume / Raharjo CelpBorobudur suite / C30 / 1CD / E

>Jaume / Soler CelpPour Théo / C44 / 1CD / E

>Jaume André CelpMerapi / C34 / 1CD / E

>Jaume André Celp3 Windows + Trio - Portraits of

J.Giuffre / C39 / 1CD / E

>Jaume André CelpClarinet Sessions / C40 / 1CD / E

>Jaume André CelpLe Collier de la Colombe / C51 /

1CD / E

>Jaume André Five CelpSomething / C15 / 1CD / E

>Jaume André Quintet /Tavagna CelpPiazza di Luna / C10 / 1CD / E

>Jeanne Frederic AxolotlLive à Kiron / 815669 / 1CD / E

>Jeanne Frédéric AxolotlRêveurs Lucides / 815617 / 1CD

/ E

>Johnson Jef Lee & the wordymines nato Gas ImportHellion / GAS IMPORT 6 / 1CD /

E

>Johnson Jef Lee nato Hopestreet

Thisness / HS10048 / 1CD / E

>Johnson Jef Leenato GasImport

St Somebody / GAS IMPORT 3 /

1CD / E

>Johnson Jef Lee nato GasImport

The Singularity / GAS IMPORT 4 /

1CD / E

>Johnson Jef Lee nato GasImport

Things are Things / GAS IMPORT

5 / 1CD / E

>Johnson Jef Lee nato GasImport

Laughing Boy / GAS IMPORT 7 /

1CD / E

>Johnson Jef Lee nato GasImport

Hype Factory / GAS IMPORT 2 /

2CD / F

>jonah Rude Awakening PresentMonotype / RA2012 / 1CD / C

>Jouin Laurent GRRREt bouge tranquille / JBT / 1CD /

E

>Jullian Jean-Pierre EmouvanceAghia Triada / EMV1010 / 1CD /

E

>Jullian Jean-Pierre EmouvanceOpus incertum on C / EMV1020

/1CD / E

>Junkyard Empire nato Gas ImportRise of the Wretched / GAS

IMPORT 8 / 1CD / X=2,5€

>Kaapi Saravahéphémerides / SEASIDE0001 /

1CD / E

>Kassap / Corneloup EvidencePointe Noire / EVDC518/ 1CD / E

>Kassap Sylvain / LabarierreHélène EvidencePicollo / FA447/ 1CD / E

>Kassap Sylvain EvidenceBoîte / FA475 / 1CD / E

>Kassap Sylvain EvidenceSaxifrages / EVDC02/ 1CD / E

>Kassap Sylvain EvidenceQuixote / EVDC417/ 1CD / E

>Kazumi et Maïa Saravah

2000 Kinpatsu / KCVD3 / 1CD /

E

>Pulsen’s Sound of choise(Halse) Quark recordsRugny in japan / QUARKCD05 /

1CD / E

>Hassell Jon Label BleuMaarifa Street / LBLC 6674 / 1CD

/ E

>Haynes Roy Free LanceTrue or False / FRL-CD007 / 1CD

/ E

>Hêlios Quatuor Vand’Œuvre

Helios Quator / VDO0018 / 1CD /

E

>Hémard Carole Musivi Jazzbank

La voix à 360 ° / MJB016 / 1CD

/ E

>Hémard / Mulpas / BarisauxVents d’est

Au cœur de Billie / VE 0803-03 /

1CD / E>Higelin Jacques SaravahInédits 1970 remasterisé /

SHL1008 / 1CD / E

>Higelin Jacques SaravahCrabouif / SHL1009 / 1CD / E

>Higelin Jacques SaravahHigelin / Areski / SHL1036 / 1CD

/ E

>Higelin Jacques SaravahLes Années Saravah / SHL1905/7

/ 3CD / G

>Hodeir André Label BleuAnna Livia Plurabelle / LBLC

6563 / 1CD / E

>Hohki Kazuko nato chabadaChante Brigitte Bardot / 777755

ou 112136 ou HS10049/ 1CD /

E

>Hohki Kazuko nato chabadaLove in Rainy Days / 777756 ou

530182 / 1CD / E

>Hopper / Allen / Cutier LeTriton

brainville3 / TRI08514 / 1DVD /

X=20€

>Hopper / Dean / Coubert /Domancich Le TritonSoft Bounds / TRI-05511 / 1CD /

E

>Horellou Trio Petit LabelLive 2008 / Pl014 / 1CD / E

>Houellebec Michel / BirgéJean JacquesGRRREtablissement d’un ciel d’alter-

nance / GRRR2026 / 1CD / E

>Hradcany & Bijan ChemiraniQuoi De Neuf Docteur

DOC075 / 1CD / E

>Huby Regis TransesEuropéennes

Le sentiment des brutes / TE017 /

1CD / E

>Hue/Circum Circum DiscBAI HAT / CIDI0802 / 1CD / E

>Humair Daniel Label BleuQuatre fois trois / LBLC 6619 /

1CD / E

>Hymas / Jenny Clark / Thollotnato

A Winter’s Tale / 777725 / 1CD /

E

>Hymas / Peterson / Gravattnato

Hope Street MN / HS10061 /

1CD / E

>Hymas Tony / Bush Barneynato

Left for dead / HS10057 ou

777723 ou 112139 / 2CD / F

>Hymas Tony / Bush Barneynato

A sense of Journey / 112010 /

1CD / E

>Hymas Tony / Rivers Samnato

Winter Garden / 777769 / 1CD /

E

>Hymas Tony natoOyate / HS10056 / 2CD / F

>Imbert Diego Les EtonnantsMessieurs Durand

Ametys / EMD9302 / 1CD / E

>Impression Circum DiscLe Bénéfice du Doute / CIDI401 /

1CD / E

>Inara Georges Label BleuAll Rise / LBLC 4016 / 1CD / E

>Israel Yoron Connection FreeLance

A Gift For You / FRL-CD024 /

1CD / E

>J’oZZ Quartet Musivi Jazz bank

lunfargo / CHIN200509 / 1CD /

E

>Général Electric Label BleuCliquety klicqk / LBLC 4000 /

1CD / E

>Gertz Bruce Quintet FreeLance

Blueprint / FRL-CD017 / 1CD / E

>Gibert Alain et Clément ARFIKif Kif les deux moitiés de

pomme / AM034 / 1CD / E

>Ginape Viviane CharlotteRecords

Café / CP187 / 1CD / E

>Ginapé Viviane CharlotteRecords

Obsession / CP 209 / 1CD / E

>Giuffre / Jaume CelpEiffel / C06 / 1CD / E

>Giuffre Jimmy CelpTalks and Plays / C41/42 / 2CD /

F

>Goldstein Malcom in situHardscrabble songs / IS238 / 1CD

/ E

>Gorgé Francis & MeensDominique in situPaysage départ / IS121 / 1CD / E

>Goualch Pierre Alain CelpThe Piano inside and outside /

C45 / 1CD / E

>Goualch Pierre Alain Tryo LesEtonnants Messieurs Durand

Voici ma Main / EMD9701 / 1CD

/ E

>Goualch Pierre-Alain etAgulhon Franck Les EtonnantsMessieurs Durand

Tikit / EMD0401 / 1CD / E

>Goyone Daniel Label BleuGoyone 2 / LBLC 6500 / 1CD / E

>Goyone Daniel Label BleuLueurs Bleues / LBLC 6550 /

1CD / E

>Goyone Daniel Label BleuIl y a de l’orange dans le bleu /

LBLC 6580 / 1CD / E

>Grallier Michel SaravahMichel Grallier / 591041 / 1CD /

E

>Grande Perezade Circum discUrban bush / CIDI 803 / 1 CD / E

>Graschaire / Goualch LesEtonnants Messieurs Durand

Honky Monk Woman / EMD0001

/ 1CD / E

>Grillo Alex AJMI SeriesTriplett / AJM02 / 1CD / E

>Grillo Alex CelpCouples / C35 / 1CD / E

>Grillo Alex CelpVibraphone Alone / C24 / 1CD / E

>Grillo La Nuit TransfiguréeL’amour / LNT340109 / 1CD / E

>Grimaud DominiqueVand’Œuvre

Slide / VDO9915 / 1CD / E

>Gritz Peter Charlotte RecordsThank you to be / CR170 / 1CD /

E

>Groupe emil Emil 13À fond dedans / LE0007 / 1CD / E

>Guérin Beb / MéchaliFrançois natoConversation / HS10053 / 1CD / E

>Guérineau Sylvain Amor FatiDies irae / FATUM013 / 1CD / E

>Guillard Alain & Yvon GiminiPazapa / JCC014CD / 1CD / E

>Guilleton Eric SaravahParadis provisoire / SHL 2126 /

1CD / E

>Guionnet / Nakamura PotlachMap / P108 /1CD / E

>Gumpert Ulrich natoSarabandes et Gnossiennes /

HS10062 / 1CD / E

>Gürültü AA, Le petit FaucheuxLe Halva qui rend fou / 312626 /

1CD / E

>Hacker Alan natoHacker Ilk (vol 2) / CD1180 / 1CD

/ E

>Hacker Alan natoHacker Ilk (vol 1) / 214 / 1LP / A

>Hacker Alan natoHacker Ilk (vol 2) / 1180 / 1LP /

A

>Hacker Alan natoMozart - Music for friends / 670 /

1LP / A

>Hacker Alan natoMozart - Gran Partita / 1132 /

1LP / A

>Happy house Circum DiscInoxydable / Cidi801 / 1CD / E

>Happy House Circum Disc

>Favarel Frédéric CharlotteRecords

Fred & Friends / CP198 / 1CD /

E

>Favarel Frédéric Group AA, Lepetit Faucheux

The Search / 312615 / 1CD / E

>Favre Patrick AxolotlDanse Nomade / LLL313 / 1CD /

E

>Favre Patrick Trio AxolotlIntense / AXO108 / 1CD / E

>Feldhandler Jean-ChristopheVand’Œuvre

Obscurités / VDO9916 / 1CD / E

>Ferré Boulou & Elios BeeJazzShades of Dream / BEE010 / 1CD

/ E

>Ferré Boulou & Elios BeeJazzParisian Passion / BEE015 / 1CD

/ E

>Ferré Boulou & Elios BeeJazzThe Raimbow life / BEE005 /

1CD / E

>Festou / Jaume CharlotteRecords

Do it / CP179 / 1CD / E

>Festou Philippe CharlotteRecords

Grand 8 - Blach Suite / CP197 /

1CD / E

>Figurines Rude AwakeningPresent

Les fourmis meurent aussi /

RA2005 / 1CD / C

>Firmin Frédéric in situBatteriste / IS165 / 1CD / E

>Fonetick Rude Awakening

Present

Fonetick / RA2006 / 1CD / C

>Fontaine Brigitte SaravahJe ne connais pas cet homme /

SHL1010 / 1CD / E

>Fontaine Brigitte SaravahEst / SHL1011 / 1CD / E

>Fontaine Brigitte SaravahEst / SHL1011/2 / 1LP / A

>Fontaine Brigitte SaravahComme à la radio / SHL1018 /

1CD / E

>Fontaine Brigitte SaravahVous et Nous / SHL2077 / 1CD /

E

>Fontaine Brigitte SaravahLe Bonheur / SHL2091 / 1CD / E

>Fontaine Brigitte SaravahBrigitte Fontaine / SHL1034 /

1CD / E

>Fornet Giani Grégory AmorFati

Troppo tintu è addivintatu lu

munnu /FATUM 010 / 1CD / E

>Four in One in situTM / IS120 / 1CD / E

>Fournier / Deschepper /Séguron EmouvanceTota la vertat / EMV1022 / 1CD /

E

>Fournier Denis AJMI SeriesLife vest under your seat / AJM12

/ 1CD / E

>Foussat Jean-Marc PotlachNouvelles / P301 / 1CD / E

>Frâjerman String QuartetLinoleum

Quatuors n°1,2,3 et 4 pour

cordes et bruitages animaliers /

LIN003 / 1CD / D

>Free Unfold Trio Amor FatiFree Unfold Trio / FATUM009 /

1CD / E

>Fresu / Salis / Di castri LabelBleu

P.A.F MORPH / LBLC 6669 / 1CD / E

>Frix Petit LabelLive in Niksic / PL004 / 1CD / E

>Frix Petit LabelGirls inside / PL 008 / 1CD / E

>Galiay / Perraud Quark recordsBig (drum&bass) / Quark mcd

01/1 / 1 miniCD / C

>Galliano Richard Label BleuNew Musette / LBLC 6547 / 1CD

/ E

>Garcin Lionel EmouvanceL’instar intime / EMV1026 / 1CD

/ E

>Gardner Jeff AxolotlNoches Habaneras / AXO107 /

1CD / E

>Gardner Jeff AxolotlThe Music of chance /

AXO4225079 / 1CD / E

>Gareil Philippe CelpLato Sensu / C17 / 1CD / E

>Gaxie Sébastien ChiefInspector

Parcours / TE008 / 1CD / E

>Dsot big band AA, Le petitFaucheux

Big band / 312625 / 1CD / E

>Du oud Label BleuWild Serenade / LBLC 2588 /1CD

/ E

>Duboc Benjamin Petit LabelPièces pour contrebasse /PL son

001 / 1CD / E

>Ducret Marc Label BleuLa théorie du Pilier / LBLC 6508/

1CD / E

>Ducret Marc Label BleuGris / LBLC 6531 / 1CD / E

>Dupain Label BleuLes Vivants / LBLC 4012 / 1CD /

E

>Dupont Hubert UltrabolicUltraboles / UBR0501 / 1CD / E

>Dupont Hubert UltrabolicSpider’s Dance / UBR0502 / 1CD

/ E

>E Guijecri ARFIFestin d’Oreille / AM025 / 1CD /

E

>Edelin / Mechali CharlotteRecords

Le Chant des Dionysies / CP191 /

1CD / E

>Edelin Michel CharlotteRecords

…et la Tosca passa… /

CP200/1CD / E

>Edelin Michel Quartet AA, Lepetit Faucheux

Déblocage d’émergence /312611

/1CD / E

>Effet Vapeur (L’) ARFI

Pièces et accessoires / AM016 /

1CD / E

>Effet Vapeur (L’) ARFIJe pense que / AM029 / 1CD / E

>Effet Vapeur (L’) / FolimageARFI

Bobines mélodies / AM045 /

1DVD / E

>Eisinger / Luccioni / HumairCelp

Jazz - Hip trio / C48 / 1CD / E

>Elan Quartet SaravahLive / SHL2086 / 1CD / E

>Electric Mop Chief InspectorJazzPop / CHPR200804 / 1CD / E

>Electric / Rdv du MichelMarthaler Quartet CharlotteRecords

Etat d’Urgence / CP185 / 1CD /

E

>Elektrik Deal Emil 13How I met the gifted guys /

DTTSP01 / 1CD / E

>Elysée Jean-Paul AphroditeRecords

Pourtant … / APH106014 / 1CD /

E

>Elysée Jean-Paul AphroditeRecords

Vocal Porter / RE11093201 /

1CD / E

>Elzière Claire SaravahLa vie va si vite / SHL 2110 /

1CD / E

>Ensemble Laborintus LabelUsine

A la maison / LABO2001/ 1CD / E

>Equip’Out GiminiUp! / GM1006 / 1CD / E

>Erdmann Daniel / Le BrasFrancis Vents d’est / VE 0801-02/1CD / E

>Etage 34 /tenko Vand’ŒuvreEtage 34 / Tenko / VDO2407 /

1CD / E

>Etna GiminiPuzzle / GM1005 / 1CD / E

>Faccini Piers Label BleuLeave no trace / LBLC 4005 /

1CD / E

>Faccini Piers Label BleuTearing sky / LBLC 4015 / 1 CD /

E

>Fall / Few / Maka Free LanceJom Futa / FRL0S0202 / 1CD /

E

>Fat kid wednesdays nato Hopestreet

The Art of Cherry / HS10045 /

1CD / E

>Fat kid wednesdays nato Hopestreet SINGLES / HS10060 / 1CD

/ E

>Fat Kid Wednesdays nato GasImport

GAS IMPORT 1 / 1CD / E

>De Chassy GuillaumeBeeJazz

Piano Solo / BEE021 / 1CD / E

>De Preissac Ludovic AphroditeRecords

Retrouvailles / APH106005 / 1CD

/ E

>Déat Jean Luc Emil 13Calligraphe / LE0009 / 1CD / E

>Debriano Santi Quintet FreeLance

Obeah / FRL-CD008 / 1CD / E

>Dehors / Debrulle / MassotCharlotte Records

Signé Trio Grande / WERF028 /

1CD / E

>Dehors Laurent EvidenceEn attendant Marcel / EVDC723/

1CD / E

>De la Sayette Etienne PetitLabel

Treize duos / PL001 / 1CD / E

>Del Campo Sylvain AphroditeRecords

Eclipsis / APH106011 / 1CD / E

>Delpierre / Gleizes ChiefInspector

Mutatis

Mutandis/CHIN200304/1CD / E

>Deschepper / Hoevenaers /Benoit Emouvance(un)written / EMV1012 / 1CD / E

>Deschepper PhilippeEmouvance

Attention Escalier / EMV1004 /

1CD / E

>Diasnas HervéVand’ŒuvreLes Buveurs de Brume /

VDO0325 / 1CD / E

>Didkovsky / ChenevierVand’Œuvre

Body Parts / VDO0020 / 1CD / E

>Dites 33 ARFISonographies / AM033 / 1CD / E

>Dites 33 SaravahVolume 1 / SHL2099 / 1CD / E

>Dites 33 SaravahVolume 2 / SHL2102 / 1CD / E

>DJ Shalom Label BleuYes professor / LBLC 4001 / 1CD

/ E

>Domancich Lydia GiminiAu delà des limites / 3TMR302 /

1CD / E

>Domancich Lydia GiminiMémoires / GM1002 / 1CD / E

>Domancich Lydia GiminiChambre 13 / GM1007 / 1CD / E

>Domancich Lydia GiminiRegard / GM1009 / 1CD / E

>Domancich Sophia GiminiLa part des anges / GM1008 /

1CD / E

>Domancich Sophia GiminiRêves familiers / GM1011 / 1CD

/ E

>Domancich Sophia TrioGimini

Funerals / GM1001 / 1CD / E

>Donato Michel Label BleuMarée bass…e / LBLC 6584 /1CD

/ E

>Doneda / Lazro natoGeneral Gramofon / 777741 /

1CD / E

>Doneda / Leimgruber / RowePotlach

The Difference between a fish /

P302 / 1CD / E

>Doneda Michel in situL’élémentaire sonore / IS107 /

1CD / E

>Doneda Michel PotlachL’anatomie des clefs / P598 /

1CD / E

>Doneda Michel TransesEuropéennes

Ogooue-Ogoway / TE003 / 1CD /

E

>Dr.Knock Chief InspectorDr.Knock / CHIN200302 / 1CD /

E

>Drins Stephan Circum DiscNatt / Resa / CIDI402 / 1CD / E

>Drins Stephan Circum DiscBonheur Temporaire / CIDI601 /

1CD / E

>Drouet Jean-Pierre TransesEuropéennes

Solo / TE004 / 1CD / E

>Drouet Jean-Pierre TransesEuropéennes

Les variations d’Ulysse / TE006 /

1CD / E

>Drouet Jean-Pierre TransesEuropéennes

24 La vitrine (en vente libre) L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

Page 25: allumes du jazz

petit Faucheux

Sangena / 312603 / 1CD / E

>Spira Stéphane BeeJazzFirst Page / BEE012 / 1CD / E

>Stengham PotlachCor Fuhler / P206 / 1CD / E

>Strigall Label BleuOzbroune / LBLC 4004 / 1CD / E

>String Trio of New York AA,Le petit Faucheux

An Outside Job / 312604 / 1CD /

E

>Supersonic riverside blues(aka Franck Vigroux) D’AutresCordes

data 4.5.1 / DAC5001 / 1CD / E

>Swings Strings SystemEvidence

Paris Suite / EVCD07/ 1CD / E

>Swings Strings SystemEvidence

Eurydice / EVCD06 et FA460/

1CD / E

>Swings Strings SystemEvidence

Original Session / EVCD203/ 1CD

/ E

>Tabato (guinéé Bissau)Evidence

Luz Bin / EVDC722 / 1CD / E

>Tazartes Ghedalia Vand’ŒuvreJeanne / VDO732 / 1CD / E

>Terra Incognita (Collectif)Terra Incognita

La planète incolore

Terra incognita / Tilpi 01 / 1CD /

E

>Terra Incognita (Collectif)Terra Incognita

Mimétique

Terra incognita / Tilpi 02 / 1CD /

E

>Terra Incognita (Collectif)Terra Incognita

L’effet Papillon / CTILP01 / 1CD

/ E

>Terrier Alex Quintet AphroditeRecords

Stop Requested / APH106006 /

1CD / E

>Tétreault / CharlesVand’Œuvre

MXCT / VDO0121 / 1CD / E

>Texier / Romano / SclavisLabel Bleu

Carnet de Routes / LBLC 6569 /

1CD / E

>Texier Henri Label BleuStrada Sextet (V)ivre /LBLC 6668

/ 1CD / E

>Texier Henri Label BleuBande originale d’Holy Lola /

LBLC 6678 / 1CD / E

>Texier Henri Label BleuAn Indian’s week / LBLC 6558 /

1CD / E

>Texier Henri Label BleuMad Nomad(s) / LBLC 6568 /

1CD / E

>Texier Henri Label BleuRespect / LBLC 6612 / 1CD / E

>Texier Henri Label BleuRempart d’Argile / LBLC 6638 /

1CD / E

>Texier Henri Label BleuParis Batignolles / LBLC 6506 /

1CD / E

>Texier Henri Label BleuLa Companera / LBLC 6525 /

1CD / E

>Texier Henri Label BleuMosaïc Man / LBLC 6608 / 1CD

/ E

>Texier Henri Stradat sextetLabel Bleu

Water Alert / LBLC6698 / 1CD /

E

>Text’Up (Ensemble) MusiviJazz bank

Cotinaud fait son Raymond

Queneau / MJB010CD / 1CD / E

>Text’Up Cotinaud (Ensemble)Musivi Jazz bank

Rimbaud et son double /

MJB012-13-14CD / 2CD+1DVD /

X=33€

>TH8 Les Etonnants MessieursDurand

Tambours sans trompettes /

EMD0601 / 1CD / E

>The contest of PleasuresPotlach

Albi days / P205 / 1CD / E

>The Jet All Star Quartet SpaceTime Records

Live at Jazz en TÍte / BG9704/

After the Demon’s leaving /

312623 / 1CD / E

>Santacruz Bernard RudeAwakening Present

Lenox Avenue / RA2013 / 1CD / C

>Sap(e) Rude Awakening PresentSap(e) / RA2008 / 1CD / C

>Sarrazy Marc / RochelleLaurent LinoleumIntranquilité / Lin008 / 1CD / E

>Schmitt Dorado Quintet LesEtonnants Messieurs Durand

Dorado Sings / EMD0501 / 1CD /

E

>Schmitt Samsom Quintet LesEtonnants Messieurs Durand

Djieske / EMD0201 / 1CD / E

>Schmitt Samson / MehrsteimTimbo Les Etonnants MessieursDurand

Alicia/ EMD0701 / 1CD / E

>Schneider / Couturier /Méchali / Laizeau CharlotteRecords

Correspondances / CP192 / 1CD /

E

>Schneider / Soler / HauenensCharlotte Records

Etre Heureux / CP184 / 1CD / E

>Schneider Larry Label BleuSo Easy / LBLC 6516 / 1CD / E

>Sclavis Louis Label BleuCeux qui veillent la nuit / LBLC

6596 / 1CD / E

>Sclavis Louis Label BleuDanses et autres scènes / LBLC

6616 / 1CD / E

>Sclavis Louis Label BleuClarinettes / LBLC 6626 / 1CD /

E

>Sclavis Louis natoAd Augusta per Angustia /

777740 / 1CD / E

>Seffer Yoch’Ko CharlotteRecords

Mestari / CP131 / 1CD / E

>Seguron Guillaume AJMISeries

Witches / AJM06 / 1CD / E

>Adam / Huby Quoi De NeufDocteur

Too Fast for techno / DOC073 /

2CD / F

>Shepp / Kessler ArchieballFirst Take / ARCH0104 / 1CD / E

>Shepp Archie ArchieballGemini / ARCH0701 / 2CD / F

>Shepp Archie ArchieballJe suis jazz, c’est ma vie /

ARCH0702 / DVD / / G

>Shepp Archie ArchieballKindred Spirits / ARCH0501 /

1CD / E

>Shimizu Yasuaki SaravahBach Cello Suites / SHL2098 /

1CD / E

>SIC (ensemble) Vand’ŒuvreSic / VDO9508 / 1CD / E

>Sicard / Méchali / LaizeauCharlotte Records

Oblik / CP199 / 1CD / E

>Sicard Jef Charlotte RecordsTropisme / CP 208 / 1CD / E

>Sicard Jef Charlotte RecordsIsthme / CR176 / 1CD / E

>Sicard Jef Charlotte RecordsLe rêve de Claude / CP188 / 1CD

/ E

>Sighicelli Samuel D’AutresCordes

marée noire / D’AC111 / 1CD / E

>Silva Alan in situTake some risks / IS011 / 1CD /

E

>Small Mina Charlotte RecordsWaiting / CP182 / 1CD / E

>Socalled Label BleuGhetoblaster / LBLC 4011 / 1CD

/ E

>Soler Alain CelpPlays the red bridge / C38 / 1CD /

E

>Soler André Réunion CelpJ’irai valser sur vos tombes / C33

/ 1CD / E

>Soletti & Besnard RudeAwakening Present

Nocturne / RA2003 / 1CD / A

>soufflants rugissants (Les)Emil 13

L’éboueur céleste / LE0003 / 1CD

/ E

>Soulreactive Chief InspectorSaltsoun / CHIN200305 / 1CD /

E

>South African Friends AA, Le

Rava l’Opéra va / LBLC 6559 /

1CD / E

>Rava Enrico Label BleuCarmen / LBLC 6579 / 1CD / E

>Rava Enrico Label BleuMonreal Diary A / LBLC 6639 /

1CD / E

>Recio / Garcia ARFITen / AM039 / 1CD / E

>Renza-Bô Petit LabelLe Roi OBAZ / pl013 / 1CD / E

>Répécaud Dominique in situAna ban / IS234 / 1CD / E

>Rigolus Chief InspectorRigolus / CHHE200707 / 1CD / E

>Rime / Belmondo CharlotteRecords

Rimes Blues Black Home / CP212

/ 1CD / E

>Rime Christophe CharlotteRecords

Heavy Loud Funk Menuet /

CP204 /1CD / E

>Rivers Sam / Hymas Tonynato

Eight Day Journal / 777726 / 1CD

/ E

>Rives Stéphane PotlachFIBRES / P303 / 1CD / E

>Robert Yves Chief InspectorL’argent / CHHE200605 / 1CD /

E

>Robert Yves Chief InspectorL’inspirine / CHHE200803 / 1CD

/ E

>Robert Yves EvidenceDes satellites avec des traces de

plumes / EVCD08/ 1CD / E

>Robin Nicaise QuintetCharlotte Records

Hommage à Art Pepper / CP190 /

1CD / E

>Rochelle Laurent LinoleumChoses Entendues / LIN004 /

1CD / B

>Rochelle Laurent LinoleumSous lea surface des mots /

LIN006 / 1CD / D

>Rochelle Laurent / SchildLoic LinoleumConversation à voix

basse LIN0201 / 1CD / D

>Rocher / Benoît / PerraudMarmouzic

Extenz’O / MAR04 / 1CD / E

>Rocking Chief InspectorRocking Chair / CHHE200708 /

1CD / E

>Rogers Paul Amor FatiBeing / FATUM015 /1CD / E

>Rogers Qtet GiminiRM027 / 1CD / E

>Romano / Benita / Ferris /Fresu Label BleuPalatino / LBLC 6605 / 1CD / E

>Romano / Benita Label BleuCorners / LBLC 6615 / 1CD / E

>Romano / Sclavis / TexierLabel Bleu

African Flashback / LBLC 6679 /

1CD / E

>Rosette Emil 13Brouniak / LE0011 / 1CD / E

>Rossé François La NuitTransfigurée

Ouroboros / LNT340107 / 1CD /

E

>Roubach / Gastaldin / VillalbaCharlotte Records

Esquisse / CP178 / 1CD / E

>Rovère / Garcia CelpBi-Bob / C27 / 1CD / E

>Rowe / Parker PotlachDark Rags / P200 / 1CD / E

>Rueff David TransesEuropéennes

Cosmophonic / TE018 / 1CD / E

>sacre du Tympan (Le) LabelBleu

Le retour / LBLC 6675 / 1CD / E

>Sage Hélène / Vitet BernardGRRR

Supposons le problème résolu /

GRRR1008 / 1LP / A

>Sage Hélène GRRRLes araignées / GRRR2022 / 1CD

/ E

>Sage Hélène GRRRComme une image / GRRR2014 /

1CD / E

>Saltiel Laurence QuartetAphrodite Records

Moondance / APH106001 / 1CD /

E

>Santacruz / Lowe / CharlesAA, Le petit Faucheux

>Planète Incolore (La) TerraIncognita

Mimétique / Tilpi 02 / 1CD / E

>Politi Adrien & Petit AlainTranses Européennes

Un secreto / TE024 / 1CD / E

>Polysoft Le TritonTribute to Soft Machine / TRI-

03506 / 1CD / E

>Portal Michel Label BleuDockings / LBLC 6604 / 1CD / E

>Portal Michel Label BleuMens’ Land / LBLC 6513 / 1CD /

E

>Portal Michel Label BleuAny Way / LBLC 6544 / 1CD / E

>Portal Michel Label BleuCinemas / LBLC 6574 / 1CD / E

>Potemkine ARFI

Potemkine / AM018 / 1CD / E

>Poulet Fred Label BleuMilan Athletic Cinema / LBLC

4008 / 1CD / E

>Poulet Fred SaravahMes plus grands succès /

SHL2067 / 1CD / E

>Poulet Fred SaravahEncore Cédé / SHL2078 / 1CD /

E

>Poulet Fred SaravahDix ans de peinture / SHL2095 /

1CD / E

>Pozzi Mirtha / Cueco PabloTranses Européennes

Improvisations préméditées /

860148 / 1CD / E

>Pozzi Mirtha Sextet TransesEuropéennes

La serpiente inmortal / TE027 /

1CD / E

>Pozzi Mirtha TransesEuropéennes

Acadacoual / TE002 / 1CD / E

>Prud’Homme Damien QuartetLabel Hemolia

Intuitions / LH-DPCD1 / 1CD / E

>Push the triangle D’AutresCordes

Cos la Machina / D’AC051 / 1CD

/ E

>Push the triangle D’AutresCordes

Repush machina / D’AC091 / 1CD

/ E

>Quartographe Rude AwakeningPresent

ARZIM 005 / RA2006 / 1CD / C

>Quatre Petit Label4 / PL000 / 1CD / E

>Quattrophage Label UsineTravel Logue / 1009 / 1CD / E

>Quatuor IXI La NuitTransfigurée

Lineal / LNT340106 / 1CD / E

>Quatuor Vocal TransesEuropéennes

Nomad / TE011 / 1CD / E

>Quinte & Sens Chief InspectorKaribu / CHIN200306 / 1CD / E

>Quoi de neuf docteur bigband Quoi De Neuf DocteurLe retour / DOC002 / 1CD / E

>Quoi de neuf docteur bigband Quoi De Neuf DocteurEn attendant la pluie / DOC003 /

1CD / E

>Quoi de neuf docteur bigband Quoi De Neuf DocteurA l’envers / DOC004 / 1CD / E

>Quoi de neuf docteur bigband Quoi De Neuf DocteurLa femme du bouc émissaire /

DOC017 / 1CD / E

>Quoi de neuf docteur bigband Quoi De Neuf Docteur51° Below / DOC033 / 1CD / E

>Rod Planet Rude AwakeningPrésente

RPM / ILK137CD/IDC0033 /

1CD / C

>Racines du ciel CharlotteRecords

Rêve d’éléphant orchestra /

WERF026 / 1CD / E

>Rajery Label BleuVolontany / LBLC 2592 / 1CD / E

>Raulin / Oliva duo EmouvanceTristano / EMV1008 / 1CD / E

>Rava / Bollani Label BleuMonreal Diary B / LBLC 6645 /

1CD / E

>Rava / Fresu / Bollani /Retropadi / Gatto Label BleuShades of Chet / LBLC 6629 /

1CD / E

>Rava Enrico Label Bleu

Didier Levallet EvidenceOnj express / EVDC825/ 1CD / E

>Orchestre national de JazzDidier Levallet EvidenceSequences / EVDC928/ 1CD / E

>Orient Express MovingShnorers Transes EuropéennesLes lendemains de la veille

TE010 / 1CD / E

>Oriental Fusion TransesEuropéennes

Oriental Fusion / TE025 / 1CD /

E

>Ortéga Antony EvidenceOn évidence / EVDC213 et

FA461/ 1CD / E

>Ortéga Antony EvidenceNeuf / EVCD620/ 1CD / E

>Ortega Anthony Quartet AJMISeries

Bonjour / AJM01 / 1CD / E

>Orti Guillaume / Sens OlivierQuoi De Neuf Docteur

Reverse / DOC074 / 2CD / F

>Oz Chief InspectorThe Thread / CHHE200501 /

1CD / E

>Öztürk Murat Label HemoliaCandies / LH-MOCD2 / 1CD / E

>Öztürk Murat Label HemoliaSöyle / LH-MOCD1 / 1CD / E

>Paczynski / Palisseaux /Fradelizi Arts et SpectaclesGénérations / ASCD060401 /

1CD / E

>Padovani / Cormann LabelBleu

Mingus Cuernavaca / LBLC 6549

/ 1CD / E

>Padovani Jean-Marc AA, Lepetit Faucheux

Quatuor / 312607 / 1CD / E

>Padovani Jean-Marc LabelBleu

Nocturne / LBLC 6566 / 1CD / E

>Pagliarini / Pilz / Jost /Manderscheid / Drohar /Troost Troost Label UsineJ.A.M. all stars / 1005 / 1CD / E

>Pagliarini Luciano LabelUsine

De fer et de feu / 1001 / 1CD /

E

>Pan’ A Paname GiminiSoka Rakaï / GM1012 / 1CD / E

>Papadimitriou Sakis in situPiano cellules / IS010 / 1CD / E

>Papys du swing (Les) AA, Lepetit Faucheux

Bourgueil Berton / 312621 / 1CD

/ E

>Paradigm Chief InspectorParadigm / CHHE200502 / 1CD

/ E

>Parisien Emile LaborieAu revoir porc-épic / LJ03 /1CD /

E

>Pascals Label BleuDodesukaden / LBLC 4017 / 1CD

/ E

>Passos Mônica ArchieballLemniscate / ARCH0801 / 1CD /

E

>Patterson /Lasserre Amor FatiThe Gernika suite / FATUM008 /

1CD / E

>Pauvros Jean-François natoLe Grand Amour / 777710 / 1CD

/ E

>Petit / Isunsungset in situLive at Vossa Jazz 2003 /

VJ06011-2 / 1CD / E

>Petit Didier La NuitTransfigurée

Déviation / LNT340103 / 1CD /

E

>Petit DidierTransesEuropéennes

WORMHOLES / 860139 / 1CD /

E

>Pfeiffer SaravahLonely Tramp / SHL2108 / 1CD

/ E

>Phillips Barre CelpNaxos / C14 / 1CD / E

>Phillips Barre soloEmouvance

Journal Violone 9 / EMV1015 /

1CD / E

>Pied de Poule GRRRIndiscrétion / GRRR2013 / 1CD

/ E

>Pilz Michel Charlotte RecordsMelusina / drops016 / 1CD / E

>Plain sud La Tribu HérissonLTH104 / 1CD / E

E

>Morières Jean Quintet NûbaWakan’ / NUBA1629 / 1CD / E

>Morilla Stéphane QuintetAphrodite Records

Façon Puzzle / APH 106010 /

1Cd / E

>Mosalini / Beytelman /Caratini Label BleuImagenes / LBLC 6507 / 1CD / E

>Mosalini / Beytelman /Caratini Label BleuViolento / LBLC 6526 / 1CD / E

>Mosalini / Beytelman /Caratini Label BleuLa Bordona / LBLC 6548 / 1CD /

E

>Mouradian / TchamitchianEmouvance

Le monde est une fenêtre /

EMV1018 / 1CD / E

>Mouradian Gaguik EmouvanceSolo de kamantcha / EMV1006 /

1CD / E

>Musseau Michel TransesEuropéennes

Sapiens, Sapiens / TE007 / 1CD

/ E

>Musseau Michel TransesEuropéennes

Mandragore, Mandragore! / TE021

/ 1CD / E

>Muvien / Humair / Jeanneau /Viret BeeJazzFlench Wok / BEE011 / 1CD / E

>Nelson Vera Label BleuVera / LBLC 6671 / 1CD / E

>New Lousadzak EmouvanceHuman songs / EMV1025 / 1CD /

E

>Nicault /Bazin / Bilman(Trio)Arts et Spectacles

L’envolée / ASCD100105 /1CD / E

>Nick Michaël trio / LiebmanDave Transes EuropéennesDis Tanz / TE009 / 1CD / E

>Niemack Judy Free LanceStraight up / FRL-CD018 / 1CD /

E

>Niemack Judy Free LanceLong as you’re living /

FRLNS0301 / 1CD / E

>Niemack Judy with WaltonCedar trio Free LanceBlue Bop / FRL-CD009 / 1CD / E

>Nissim Mico AA, Le petitFaucheux

Victor is Dancing / 312630 / 1CD

/ E

>Nissim Mico Charlotte RecordsSolo / CP177 / 1CD / E

>Nissim Mico Sextet AA, Lepetit Faucheux

Décaphonie / 312613 / 1CD / E

>Nohc in situIS181 / 1CD / E

>Novo Quartet Label ForgeJardin Volant / FOR2/1 / 1CD / E

>Nozati Annick Vand’ŒuvreLa peau des anges / VDO9712 /

1CD / E

>O’Neil / Wolfaardt AA, Lepetit Faucheux

Rubato Brothers / 312610 / 1CD

/ E

>Octuor de violoncelles (L’)Transes Européennes

L’Octuor de violoncelles / TE013

/ 1CD / E

>ogre (L’) La Tribu HérissonOgranitation / LTH103 / 1CD / E

>Old Jazz Corporation Jazz’PIDo you now…New Orleans / JP02

/ 1CD / E

>One Shot Le TritonEwaz vader / TRI-06512 / 1CD /

E

>One Shot Le TritonDark Shot / TRI08515 / 1CD /

X=25€

>Opossum Gang AA, Le petitFaucheux

Kitchouka / 312617 / 1CD / E

>Orchestre National de JazzBadault Denis Label BleuMonk Mingus Ellington / LBLC

6562/1CD / E

>Orchestre National de JazzBadault Denis Label BleuBouquet Final / LBLC 6571 / 1CD

/ E

>Orchestre national de JazzDidier Levallet EvidenceDeep Feelings /EVCD2030 et

FA448/ 1CD / E

>Orchestre national de Jazz

Les Années Saravah / SHL28 /

1CD / E

>McPhee / Bourdellon LabelUsine

Novio Lolu (music for a new

place) / 1002 / 1CD / E

>McPhee / Bourdellon LabelUsine

Manhattan Tango / 1008 / 1CD /

E

>McPhee / Jaume/ Lazro /Bourdellon Label UsineA.M.I.S. quartet for Frank Wright /

1003 / 1CD / E

>McPhee / Parker / LazroVand’Œuvre

McPhee / Parker / Lazro /

VDO9610 / 1CD / E

>Mécanos sonores RudeAwakening Present

Mécanos sonores / RA2009 / 1CD

/ C

>Méchali François CharlotteRecords

Détachement D’orchestre / CP140

/ 1CD / E

>Méchali François CharlotteRecords

Orly And Bass / CR169 / 1CD / E

>Méchali François CharlotteRecords

L’Archipel / CR171 / 1CD / E

>Méchali François CharlotteRecords

La transméditérranéenne / CP

207 / 1CD / E

>Médiavolo SaravahSoleil sans retour / SHL 2113 /

1CD / E

>Merle Maurice ARFILe Souffle continue / AM035 /

2CD / F

>Merville François QuintetEmouvance

La part de l’ombre / EMV1014 /

1CD / E

>Mevel Gaël Trio AA, Le petitFaucheux

La Lucarne incertaine / 312618

/1CD / E

>Micromégas Label ForgeSttraight from the cask / FOR 1/1

/ 1CD / E

>Mille Daniel SaravahSur les quais / SHL2064 / 1CD /

E

>Mille Daniel SaravahLes heures tranquilles / SHL2075

/ 1CD / E

>Mille Daniel SaravahLe Funambule / SHL2096 / 1CD

/ E

>Mineral Paradox QuarkRecords

Mineral Paradox / Quark CD09 / 1

/ 1CD / E

>Minvielle / Petit in situNaviguer, le chantenbraille /

IS240 / 1CD / E

>Mob AA, Le petit FaucheuxLa Musique D’Ornette est belle /

312629 / 1CD / E

>Mob Scene Space TimeRecords

Singularity / BG2523 / 1CD / E

>Mobley Bill Jazz OrchestraSpace Time Records

Live at Small’s /BG2320/1CD / E

>Mobley Bill Space TimeRecords

Moodscape / BG2725 / 1CD / E

>Mobley Bill Space TimeRecords

Mobley Bill / BG2117 / 1CD / E

>Mobley Bill Space TimeRecords

Mean what you say / BG9911

/1CD / E

>Monio Mania Quoi De NeufDocteur

Princesse Fragile / DOC064 / 1CD

/ E

>Montgomery Buddy All StarSpace Time Records

A love affair in Paris / BG2116 /

1CD / E

>Morel Frédéric Petit LabelGinette nue / PL 011 / 1CD / E

>Morières Jean NûbaImprovisations sur la flûte Zavrila

/ NUBA0900 / 1CD / E

>Morières Jean NûbaL’Ut de classe / NUBA5614 / 1CD

/ E

>Morières Jean NûbaLarge virage / NUBA0807 / 1LP /

Blanches et noires / LBLC 6572 /

1CD / E

>Mad Sheer Khan Le TritonSamarkand hotel / TRI-03507 /

1CD / E

>Madame Thomas septet AA,Le petit Faucheux

Entre chiens et loups / 312620 /

1CD / E

>Madomko GiminiD’Ouest en Ouest / GM1018 /

1CD / E

>Madomko GiminiLive / GM1017 / 1CD / E

>Magdelenat / Bouquet AJMISeries

Boumag / AJM04 / 1CD / E

>Magik Malik Orchestra LabelBleu

13 XP Song’s Book / LBLC 6672 /

1CD / E

>Magik Malik Orchestra LabelBleu

Magik Malik Orchestra /

LBLC6682 / 1CD / E

>Magik Malik Orchestra LabelBleu

69 96 / LBLC 6632 / 1CD / E

>Magik Malik Orchestra LabelBleu

Orchestra XP-1 / LBLC 6662/63 /

2CD / F

>Mahieux Jacques EvidenceEVDC314/ 1CD / E

>Mahjun SaravahMahjun / SHL37 / 1CD / E

>Maigre feu de la nonne (Le)Chief Inspector

Le Maigre feu de la nonne /

CHHE200606 / 1CD / E

>Malaby Tony Free LanceAdobe / FRLNS0305 / 1CD / E

>Mami Chan SaravahOtonamopée / SHP5 / 1CD / E

>Mansuy Perinne trio AJMISeries

Mandragore & noyau de pêche /

AJM15 / 1CD / E

>Marc Boutillot Trio Petit LabelEt alors? / PL 010 / 1CD / E

>Marcel Kanche Label BleuVertige des lenteurs/LBLC 4013

/1CD / E

>Marcotulli Rita Label BleuNight Caller / LBLC 6551 / 1CD /

E

>Marcotulli Rita Label BleuThe Woman next door / LBLC

6601 / 1CD / E

>Marguet Christophe LabelBleu

Reflections / LBLC 6652 / 1CD /

E

>Marguet Christophe LabelBleu

Résistance Poétique / LBLC

6582/1CD / E

>Marguet Christophe QuartetLabel Bleu

Les Correspondances / LBLC

6610 / 1CD / E

>Marmite Infernale (La) & LeNelson Mandela choir ARFISing for freedom / AM037 / 1CD / E

>Marmite Infernale (La) ARFIAu Charbon! / AM028 / 1CD / E

>Marmite Infernale (La) ARFIEnvoyez la suite / AM042 / 1CD /

E

>Maroney / Tammen PotlatchBillabong / P100 / 1CD / E

>Marvelous Band (Le) ARFI

Le Marvelous Band / AM020 /

1CD / E

>Mas Trio SaravahWaiting for the moon / SHL2092 /

1CD / E

>Maté Philippe CharlotteRecords

Emotions / CP180 / 1CD / E

>Mauci / Oliva / Zagaria CelpSouen / C11 / 1CD / E

>Maurane SaravahLes Années Saravah / SHL2071 /

1CD / E

>Mayot / Lucas / Fhrer / GuérinRude Awakening Present

La poche à son / RA2006 / 1CD /

C

>Mazzillo / Jaume / SantacruzCelp

Jaisalmer / C43 / 1CD / E

>McDonas Thollem SaravahSomuchHeaven, SomuchHell /

AYR2128 /1CD / B

>McNeil David Saravah

L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008 25La vitrine (en vente libre)

Page 26: allumes du jazz

>Z Quartet Le TritonZ Quartet / TRI-01502 / 1CD / E

>Zekri Camel La NuitTransfigurée

Le Cercle / LNT 340122 / 1CD / E

>Zekri Camel La Nuit TransfiguréeVenus Hottentote / LNT 340114 /

1CD / E

>Zekri Camel Vand’ŒuvreLe festival de l’eau / VDO9917 /

1CD / E

>Zingaro Carlos in situSolo / IS076 / 1CD / E

LIVRES ÉGALEMENTDISPONIBLES

> Entropie mon amour

Stéphane Cattaneo

*8 euros *

> D’Jazz à Nevers

Guy Le Querrec: chemins croisés

*25 euros*

> Ombres / portées

4 ans de concert au Triton *20 euros*

777902 / 1CD / E

>Wilen Barney SaravahMoshi / SHL35 / 1CD / E

>Wiwili Vand’ŒuvreLatitude 13°37, longitude 85°49

/ VDO427 / 1CD / E

>Wodrascka / Romain La NuitTransfigurée

Le Péripatéticien / LNT340101 /

1CD / E

>Wodrascka Christine AA, Lepetit Faucheux

Transkei / 312605 / 1CD / E

>Workshop de Lyon & HeavySpirits ARFILighting up / AM036 / 1CD / E

>Workshop de Lyon & HeavySpirits ARFITownship jazz / AM038 / 1DVD /

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>Workshop de Lyon & HeavySpirits ARFIEdith / AM030 / 1CD / E

>Workshop de Lyon ARFICôté rue / AM022 / 1CD / E

>Workshop de Lyon ARFISlogan / AM043 / 1CD / E

>yeux dans la tête (les) Petit Labell’œuf du cyclone / PL 009 / 1CD / E

6535 / 1CD / E

>Watson Eric Trio AA, Le petitFaucheux

The Fool School / 312602 / 1CD /

E

>Watson Eric Trio Free LancePunk Circus / FRL-CD023 / 1CD /

E

>Watson Eric trio Free LancePunk Circus / FRLNS0303 / 1CD /

E

>We insist Le TritonCrude / TRI-04510 / 1CD / E

>We Insist Le TritonInner Pond / TRI-02504 / 1CD / E

>Werchowska / de DionysoPetit Label

Psicolomagicolo / PLF001 / 1CD / E

>Werchowska / Pontévia /Boubaker (Le trio) Petit LabelDécalage vers le rouge / Plson003

/ 1CD / E

>Wildmimo Label BleuGroove-je / LBLC6683 / 1CD / E

>Wilen Barney CelpLes jardins aux sentiers qui

bifurquent / C52 / 1CD / E

>Wilen Barney nato WAN + wanLe Grand Cirque / 777768 ou

Flux / P2398 / 2CD / F

>Vander Maurice SaravahMaurice Vander / 591042 / 1CD /

E

>Vasconcelos Nana / N.Angelo/ Novelli SaravahAfricadeus / SHL38 / 1CD / E

>Véronique / Binet / Bolcato /Rollet AJMI SeriesQuatre à Quatre - Eau forte /

AJM09 / 1CD / E

>Versini Sylvia Octet AJMISeries

Broken Heart / AJM11 / 1CD / E

>Vigroux Franck D’AutresCordes

Lilas Triste / D’AC031 / 1CD / E

>Vigroux Franck D’AutresCordes

Looking for Lilas / D’AC041 / 1CD

/ E

>Vigroux Franck D’AutresCordes

Triste Lilas / D’AC061 / 1CD / E

>Vigroux Franck D’AutresCordes

Cœur-ô-Cœur / D’AC21 / 1DVD /

X=19€

>Viguier Jean-Marie LesEtonnants Messieurs Durand

Hot Sand / EMD001 / 1CD / E

>Viguier Jean-Marie LesEtonnants Messieurs Durand

Sage / EMD9601 / 1CD / E

>Villaroel Manuel TransesEuropéennes

Trio / TE022 / 1CD / E

>Villarroel / Deschepper /Merville Transes EuropéennesImprovisations / TE015 / 1CD / E

>Villerd / Ayler Quartet ARFIOne Day / AM031 / 1CD / E

>Virage Emouvancefacile … / EMV1011 / 1CD / E

>Vortex Le Triton1975-1979 / TRI-03508 / 2CD /

F

>Waldron Mal / Brown MarionFree Lance

Songs of love and regret /

FRLNS0302 / 1CD / E

>Waldron Mal Trio AA, Le petitFaucheux

Le Matin d’un fauve / 312606 /

1CD / E

>Wark Petit LabelWark / PL015 / 1CD E

>Watson Eric / Lacy SteveLabel Bleu

The Amiens Concert /LBLC 6512

/1CD / E

>Watson Eric / Lindberg JohnLabel Bleu

The Memory of water / LBLC

Les bons contes font les bons

amis / GRRR1006 / 1LP / A

> Un drame musical instantanéGRRR

L’homme à la caméra/

GRRR1007/ 1LP / A

> Un drame musical instantanéGRRR

L’hallali / GRRR2011 / 1CD / E

> Un drame musical instantanéGRRR

Sous les mers / GRRR2012 / 1CD

/ E

> Un drame musical instantanéGRRR

Qui Vive? / GRRR2015 / 1CD / E

> Un drame musical instantanéGRRR

Kind Lieder / GRRR2017 / 1CD /

E

>Un drame musical instantanéGRRR

Urgent Meeting: vol 1 /

GRRR2018 / 1CD / E

> Un drame musical instantanéGRRR

Opération Blow Up: vol 2 /

GRRR2020 / 1CD / E

> Un drame musical instantanéGRRR

Machiavel / GRRR2023 /

1CD+1CDExtra / E

> Un drame musical instantanéGRRR

Machiavel /GRRR2023S /1CD

+1CDExtra version midsize / F

> Un drame musical instantanéGRRR

Trop d’adrénaline nuit (réédition)

GRRR2024 / 1CD / E

> Un drame musical instantanéGRRR

Crasse Tignasse / U310043 / 1CD

/ E

> Un drame musical instantanéin situ

Jeune fille qui tombe, tombe /

IS074 / 1CD / E

>Urgent Quartet Chief InspectorUrgent Quartet / CHHE200503 /

1CD / E

>Ursus minor nato CinénatoCoup de sang / ZOG4 / 1CD / E

>Ursus Minor nato Hope streetZugzwang / HS10046 / 1CD / E

>Ursus Minor nato Hope streetNucular / HS10059 / 1CD / E

>Urtreger René SaravahDidi’s bounce / 591044 / 1CD /

E

>Van Dormol / Linx / BaldwinLabel Bleu

A Pouer’s question / LBLC 6607 /

1CD / E

>Van Hove Fred Potlach

Records

Blue Black / BG2218 / 1CD / E

>Tragédie au Cirque ARFI

Tragédie au Cirque / AM019 /

1CD / E

>Rokia Traore Label BleuBowmboï / LBLC 2594 / 1CD / E

>Treese Jack SaravahMe and company / SHL2070 /

1CD / E

>Trepp / Vigroux / BlancD’Autres Cordes

Les 13 cicatrices / D’AC001 /

1CD / E

>Tribu Musivi Jazz bankTribu / MJB009CD / 1CD / E

>Trio à Boum EvidenceA ciel ouvert / EVCD111/ 1CD / E

>trio d’arrosage (Le) LabelUsine

Brut de décoffrage / 1011 / 1CD

/ E

>Trio de batterie Amor Fatidrums noise poetry / FATUM014 /

1CD / E

>trio de clarinettes (Le)Evidence

Ramdam / FA 492 /1CD / E

>Trio N’Co Charlotte RecordsDialogue Nord Sud / CP196 / 1CD

/ E

>Trio non tempéré Label ForgeTrio non tempéré/ FOR 4/1 / 1CD

/ E

>Trio Sowari PotlachThree Dances / P105 / 1CD / E

>Trio Sowari PotlachShortcut / 208 / 1CD / E

>Triolid PotlachUr Lamento / P202 / 1CD / E

>Ttpkc & le marin ChiefInspector

ttpkc & le marin/

CHHE200504/1CD / E

>Tusques François AxolotlOctaèdre / AXO101 / 1CD / E

>Tusques François AxolotlBlue Phèdre / AXO103 / 1CD / E

>Tusques François TransesEuropéennes

Blue Suite / TE026 / 1CD / E

>Tusques François In situ1965, Free jazz / IS039/ 1CD / E

> Un drame musical instantanéavec Richard Bohringer GRRRLe K / GRRR2016 / 1CD / E

> Un drame musical instantanéGRRR

Rideau! / GRRR1004 / 1LP / A

> Un drame musical instantanéGRRR

A travail égal salaire égal /

GRRR1005 / 1LP / A

>Un drame musical instantanéGRRR

1CD / E

>The Lonely Bears natoInjustice / 777720 / 1CD / E

>The Melody Four nato chabadaOn request / HS10047 / 1CD / E

>The Melody Four nato chabadaLa Paloma / 0H5 / 1LP / A

>The Melody Four nato chabadaHello we Must be Going / 777760

- 53037 / 1CD / E

>The Recedents natoZombie Bloodbath on the isle of

Dogs / 777762 / 1CD / E

>The story of modern farmingD’Autres Cordes

Someone New/ D’AC0141 / 1CD /

E

>Thémines Olivier Trio AA, Lepetit Faucheux

Fresques et sketches / 312619 /

1CD / E

>Thibault / Carminati CharlotteRecords

Brume / CP168 / 1CD / E

>Thieblemont Bruno GroupAphrodite Records

septieme couleur / APH106007 /

1CD / E

>Thollot Jacques natoTenga Niña / 777701 / 1CD / E

>Thomas Charles All Star TrioSpace Time Records

The Finishing Touch / BG9602 /

1CD / E

>Thomas Charles Space TimeRecords

The legend of Ö / BG2014 / 1CD

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>Thomas Patrice QuartetCharlotte Records

Portraits / CR173 / 1CD / E

>Thôt Quoi De Neuf Docteur

Thôt / DOC059 / 1CD / E

>Thôt agrandi Quoi De NeufDocteur

Work on oxis / DOC067 / 1CD / E

>Ti Jaz GiminiRythm’n Breizh / GM1010 / 1CD /

E

>Tierra del Fuego Musivi Jazzbank

Calcuttango / MJB005CD / 1CD /

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>Tocanne / Hervé Petit LabelPasseur de temps / PL 012 / 1CD

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>Tonolo Pietra Label BleuPortrait of Duck / LBLC 6628 /

1CD / E

>Torero Loco ARFIPortraits / AM026 / 1CD / E

>Tous Dehors EvidenceDentiste / EVDC827/ 1CD / E

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lage + 11,00 / Autres pays (Asie /Amérique /Océanie /Dom Tom) (jusqu’à 5 CD): forfait port et emballage + 13,00 / Autres pays (Asie /Amérique /Océanie /Dom Tom) (6 et plus): forfait port et emballage +17,00⇔

26 La vitrine (en vente libre) L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

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Page 27: allumes du jazz

27Voix et visageL E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

Robert Bresson (Notes sur le cinématographe), Charles Baudelaire (Les Fleurs du mal), Elisée Reclus (Mémoire d’un révolutionnaire), Gustave Courbet, Jean Giono (Le Chant du Monde)

DENIS COLIN TRIO PRESENTS

GWEN MATTHEWSSONGS FOR SWANS

nato HS10058Gwen Matthews (chant),

Denis Colin (clarinette basse), Pabo Cueco (zarb),

Didier Petit (violoncelle)

LAURENCE SALTIELQUARTET

MOONDANCEAphrodite records APH106001Laurence Saltiel (chant), Joël

Bouquet (piano), Benoit Dunoyer deSegonzac (contrebasse), FrançoisLaizeau (batterie), Bobby Rangel

(saxophone alto et flûte)

Voixet visage. Ils se sont formés ensemble

et ont pris l'habitude l'un de l'autre. Je penseà mon grand cygne, avec ses gestes fous, comme

les exilés, ridicule et sublime et rongé d'un désir sanstrêve! L’homme est la nature prenant conscience d'elle-même. Je préfère peindre des yeux humains plutôt que descathédrales. Rien ne chante plus fort que l'envie de guérir.

VOIX ET VISAGESIm

ages de Jeanne Puchol

Texte des amis du tem

ps

Page 28: allumes du jazz

28 Pour trois enregistrements de cordes L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

STRING TRIO OF NEWYORK

AN OUTSIDE JOBAA 312604

Regina Carter (violon), JamesEmery (guitare), John Lindberg

(contrebasse)

SWINGS STRINGSSYSTEM

ORIGINAL SESSIONEvidenceEVDC 203

Jean-Charles Capon (violoncelle),Christian Escoudé (guitare), SiegfriedKessler (clavinet), Didier Lockwood(violon), Didier Levallet (contrebasse),

Bernard Lubat (batterie),Jean-Yves Rigaud (violon), Denis Van

Hecke (violoncelle

VINCENT COURTOISQUARTET

WHAT DO YOU MEAN BYSILENCE ?

Le Triton TRI06513Vincent Courtois (violoncelle),François Merville (batterie, per-cussions), Marc Baron (saxo-phones), Jeanne Added (violon-

celle, chant)

POUR TROIS ENREGISTREMENTS DE CORDES

Texte de Philippe Chartron

Photo de Guy Le Querrec

1.

Ces trois enregistrements sont-ils d'une famille, ou d'uneassociation, ou d'une petite société ?

Le ou les violons venaient de la grande famille orchestrée par dessiècles de musique officielle religieuse puis aristocratique puis bourgeoise, famille à laquelle nous les auditeurs sans école, sans diplôme, sans tradition nous étions tous conditionnés

La voix des cordes fut façonnée par des virtuoses placés devant des confrontationsbeaucoup plus esthétiques que socialesLe violoniste et son auditeur participaient du même monde devraie et fausse noblesse

et voilà que ces instrumentssont jetés dans le monde abrupt de la modernitédans le monde de l'affirmation de soide la survie à toute forcela famille fut oubliée

alors des hommes perdus mais libres ont pris ces instruments

pour en faire ce que bon leur semble ce qui n'est pas n'importe quoiet dans les ruptures et les cabrioles et les sursautsretrouver ce que l'ancien musicien en dehors de toute académie savait faire de ces quatre cordes que l'on emporte avec soi sous saveste de fortunelà-bas dans la plaine sans finou pour le cellodans ce temple austère qui permet le dialogue avec l'en-haut.

2.Où suis-je ? Oui on m'a invitémais est-ce pour ma parole propreou est-ce pour contribuer à un climat avec des riffs jolis, aériens,vaporeuxsi c'est pour figurer, alors on m'électrifie ; pourquoi pas ? Je m'enfiche un peuce qui m'importe, comme tous ces egos dressés, c'est ma parole

proprema voix mon timbre et mon gesteavec mon archet je dessine une silhouette assez poétique non ?

Qu'importe l'apparencec'est quoi ma voix ?Ce son tenu sans discontinuité qui se prolongecomme un respir qui n'aurait pas de finpuisque sans souffle nécessairenon je ne souffle paset pas de plectre non plus qui taille dans la cordeet la fracasse parfois quand le bras s'abat sur la guitarece ne sont pas là des cordes soeurset pourtant combien de routes nocturnes n'ai-je pas arpenté avecmon amie la guitare

à la maison on jouait plutôt au carré magiqueet aux quatre coinsmon jumeau de contrepoint, mon double, mon écho, l'autre violonpuis le violoncelle qui vibre au profondet l'alto bien que parmi nous fort solitaire

voilà d'où je vienset maintenant rejoint par une tradition de la modernitéexcusez le paradoxetoujours en métissages cross over et autres culbutes

me voilà violon requis pour apporter ma preuve.

3.le violon dans le jazz : un bout de romance? un bout de suave? unbout de tzigane? comment échapper à cette joliesse consubstantielle?par la fusionpar la modernitépar l'acoustique

le violon : son étoffe transparentecordes caressées, attaque et tenuenon ce n'est pas l'avalanche des chocs du plectre des guitares

pour contrôler l'attaque il faut être plus dans l'intervalle et donc

creuser le silence dans la musiquemême à tous petits traits

pour entendre cette attaque infinitésimale et cette tenue si finede la place est nécessaire

cet espace (bien entendu) c'est le silence

cependant le silence n'est pas un espace absoluil est relatif aux sons qu'on y mettra pour en dresser les dimensionsune fois une modalité d'espace paramétrée par le choix des instruments leur nombre leur volume et leur dynamique

l'éther favorable à toute musique se crée au fur et à mesure en une architecture qui se déplieet s'invente devant nous

pour percevoir ce son plus féminin il faut entendredans le plus anciencomment la vibration s'épanouitet sa phrase vélocetoujours possiblement accélérée

le timbre des cordes a fondu dans le climat l'électrique le swingmais le violon cherche sa palette son possibledans une compagnie acoustique favorableparce que naturelle

vibrant par une corde tendue vers le haut dont l'attache reste invisibleil peut avancer dans son courage

cette solitude est plutôt propice sinon à de nouvelles révélationsdu moins à des retrouvailles avec soi-mêmeil chante uniqueseul enfin.

Didier Levallet, New Swing Strings System, Festival de jazz de Paris, 1989

Page 29: allumes du jazz

29Nouvelles métropolitainesL E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

KASSAP - LABARRIÈREPICCOLO

Evidence EVCDFA447Sylvain Kassap (clarinettes), Hélène

Labarrière (contrebasse)

MARC SARRAZYLAURENT ROCHELLEINTRANQUILLITÉLinoleum LIN008

Marc Sarrazy (piano), Laurent Rochelle

(clarinette basse, sax soprano, kaplas)

MICHEL PORTALCINEMAS

Label bleu LBLC 6574 Michel Portal (clarinette, saxophone),

Doudou N'Diaye Rose (tambours),

Juan Jose Mosalini et son Grand Orchestre

de Tango, Michel Benita (contrebasse),

Mino Cinelu (percussions), Laurent Dehors

(saxophones), Andy Emler (Synthétiseur),

Paolo Fresu (trompette), Richard Galliano

(accordéon), Nguyen Le (synthétiseur, guitare)

Rita Marcotulli (piano), Linley Marthe (basse

électrique), François Moutin (contrebasse),

Guillaume Orti (saxophones), Tony Rabeson

(batterie), Aldo Romano (batterie),

RalphTowner (guitare)

LOUIS SCLAVISCLARINETTES

Label bleu LBLC 6626Louis Sclavis (clarinette, clarinette basse),

Christian Ville (percussions), Christian Rollet

(percussions)

NOUVELLES MÉTROPOLITAINESImage de Efix

Page 30: allumes du jazz

besoin que d'une prise, si lesexigences de l'exécution (lamusique autodidacte à ses diffi-cultés...) bref, le résultat va AU-DELÀ…

Roy C'est un an après ma naissance,qu'auprès de Lester Young iljoua, et ce jusqu'à ce que j'aietrois ans. Si pour moi Kennyreste ze No 1 bebop innova-teur, "he really laid it down forMax Roach and Roy Haynes."Kenny innove certes en épu-rant, créant des lignes nou-velles que les autres vinrent

colorer trouvant chacun leurécriture, leur style. Voiciquelques adjectifs qui,employés à excès, mériteraientque leur "d" soit inversé. Net etprécis, c'là va d'soi... mais çavient de lui. Riche et fluidemais sûrement pas glacial, toutjuste à l'opposé. Magie de lamise en place, le bien-être quecela procure. Les pêchesd'"Everywhere Calypso" entreautres, dans le genre (et toutmodestement) la dernièrepêche de Tenga Niña (lethème) n'est pas mal non plus,une infime réverb dans l'aura

ma talentueuse compagne,Caroline de Bendern. Desscènes empreintes de ten-dresse. Baybee-sitting Touaregsen plein désert et d'autresprises de vues sans devis (+ quechats!). Avec l'aide consé-quente de Jean que cette "autrechose" (devenue CD!) est sûre-ment tout aussi intéressante,avec des plus, probablement.Livret joliment illustré. J'aidécouvert en cette occasion,Claude TCHAMITCHIAN,NOEL,TONY, HENRY et leprofessionnalisme de ma pro-pre fille, MARIE qui n'eut

okey... vais donc réécouterTenga Niña APRÈS sonenregistrement...sans

trop tenir compte du fait quec'est AVANT que pour la pre-mière fois j'eus à découvrir soncontenu. Quelque chose d'ir-réalisable probablement. Vue,de ma part, le recul d'avec lesstudios, le rôle de leader, l'ins-trument. Quelques titres sontcependant bien présents,puisqu'ils illustrent sur myspacediverses séquences filmées par

Texte de Jacques Thollot

Photo de Guy Le Querrec

30 Sur le tabouret siège : le batteurL E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

JACQUES THOLLOTTENGA NINAnato 777701

Jacques Thollot (batterie), TonyHymas (piano), Claude

Tchamitchian (contrebasse), NoëlAkchoté (guitare), Henry Lowther(trompette), Marie Thollot (voix)

FRANÇOIS TUSQUES TRIOBLUE SUITE

Transes européennes TE026François Tusques (piano , composition),

Noël McGhie (batterie), Denis Colin (clarinette basse)

ROY HAYNESTRUE OR FALSEFree Lance FRLCD007

Roy Haynes (batterie), Ralph Moore(saxophone), David Kikoski (piano),

Ed Howard (basse)

SUR LE TABOURET SIÈGE : LE BATTEURque leur éclat dégage. J'aimequand il chante, c'est très ten-tant. Roy, fier d'avoir été laissétotalement libre, ce quin'étonne guère vu la justesse deson jeu par ceux qu'il accompa-gna (excepté Stan Getz peut-être). Roy pensait qu'il fautsans cesse agrandir son public,conserver en vie son proprenom "Que n'étais-je à ses côtéspour entendre cela". "Psalme" :aux triolets, j'associe spontané-ment le jeu d'Elvin et, pour-quoi pas les yeux d'Elsa. Et "feefi fo fum", "True or False",beaucoup de belles choses dansce disque. Merci pour ce singu-lier pluriel, le choix de ces troisdisques sans lesquels, je n'aurais pas, je crois, eu l'occa-sion d'écouter ce batteursomme toute très contemporain.

François Parmi mes premières appari-tions publiques hors Paris, cer-taines aux côtés de François Tusques resteront,font partie des temps forts sanslesquels le meilleur de moi-même serait incomplet. Je n'aipu cet été, en passant parNantes, ne pas passer à LaCigale, lieu superbe (NouveauStyle) dont les mosaïquesfurent témoins de nos nou-veaux éveils ; musicaux biensûr, mais aussi politiques(guerre d'Algérie et autre bulshit. Ici et maintenant "BlueSuite" ; moi-même en unepériode de grand besoin d'épuration, le Blues ("ToNeneh" en est un), ses struc-tures, son universalité, l'immuabilité mouvante, largeet ouverte, enfin bref... espacede liberté. Qui cela n'inspire-rait-il pas? Une nouvellematière à inclure pourl'épreuve du Bac et à la mater-nelle, pourquoi pas. Pas besoinde divan ni même d'écoute, ceserait dommage. Ses vertusthérapeutiques (se livrer, soula-ger son âme entre autres) nesont plus à prouver. Quelgarde-fou plus doux, garant etincitateur de liberté. Le ton estlancé, le disque tourne, leblues y est d'une féline lan-gueur, les espaces laissés par lapédale de résonance et ce quiles délimite bien évidemment,spectre sonore majestueux quele piano crie... un spectre peuten cacher un autre. Même dis-crète, la présence deThelonious Monk est percepti-ble. Les prises de risque la sta-bilisent. A sa façon, François vachercher loin de la clef, lesnotes les plus rebelles et moulttons égarés. Le choix des notesest sans appel. Quel beau jeude Noel McGhie sur "BluePhèdre". Really! Sur le mêmethème, avec Denis Colin, on al'impression de revenir de loinà la fin de ce fabuleux chorus.Les écarts jadis proscrits ont icila part belle. Des précurseurstel Eric Dolphy, mais aussiMichel Portal et autres dignespratiquants de cet instrumentattachant je pense seraientravis. Je le suis.

Roy Haynes, festival international de Saint-Louis, Sénégal, 1993

Page 31: allumes du jazz

L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008 31Le temps sans perdition

Juliette était si rayonnante que, comme souvent pour les êtres lumi-neux, peu la saisirent au moment de l’éclat, mais tout lemonde s’en souvint. Et ce, dans tous les hémi-

sphères ! Ce qu’on ne dit d’ailleurs pas assez,c’est qu’il y a bien plus de deux hémi-sphères, sans même compter l’Atlantideou le grand rêve Inca, et leurs joiesensevelies. Tous ceux qui avaientgardé espoir se souvenaient.Ceux qui avaient aimé Juliettel’aimaient encore biendavantage. En Bolivie, lesnouveaux maîtres dumonde, assistés devieux nazis salementrecyclés, avaientdézingué le Che. EnColombie, les diri-geants de la bois-son non alcooliséela plus venduedans le mêmemonde avaientdéjà fait exécuter14 représen-tants syndicaux.Ca en avaitdécouragé unech iée . Personnen’avait jamais pufaire la peau àJuliette et ceux quiavaient caressé cettepeau savaient tout del’empire sensuel, seul àpouvoir totalement triom-pher de l’ignoble. Le cou-rage venait aussi de ce lan-gage-là, d’un acte d’amour sansprivation ni privatisation, de cettequestion de multiplicité absolue, decette régénérescence à la fois excep-tionnelle et permanente, de ce regard nonconquérant résolument tourné vers la lune. Unregard suspendu se hâtant aussi vers un autre hémi-sphère où les nouvelles allaient bon train, où l’inefficacitépouvait devenir une vertu, où l’imparfait se lisait comme du présent,

où l’impressionnisme s’éclatait à coups de coudes à coudes d’accords etde mélodies de la résolution. Vive la résolution avec son V

bien en place ! Là aussi on avait compris, untemps devant, un jour plus tôt, que le chan-

gement était rapport de corps, de quié-tude influente, de sourire finalement

proche et de ton de la voix, decette énergie attaquant les fron-tières affligeantes del’inexistante solitude auxcris de « à bras ! àbras ! ». Pour sedéfendre contrel’emprise brutale,celle de la civili-sation sans par-don qui nesaura jamaisreconnaître lesenfants ; pourse détournerdu meurtrecomme formeextrême de lapossession.Parce quel’heure exacteest celle dudésir. Lesenchaînementssont innombra-bles, commedans une peinturetactile. La musiqueest une peinture tac-tile où l’enjeu est de

transformer les coups encaresses. Oui !

Les Amants de Juliettecomme les compagnons

d’Hélène, en des points diffé-rents du globe où les trésors sont à

toucher, connaissaient quelques clésd’esprits, clés de songes éveillés pour fraî-

chement repousser les menaces de la mort.

HÉLÈNE LABARRIÈRELES TEMPS CHANGENTEmouvance EMV1028

Hélène Labarrière (contrebasse),François Corneloup (saxophone),Christophe Marguet (batterie),Hasse Poulsen (guitare)

ADAM - DELBECQ - FOCHLES AMANTS DE JULIETTE # 4Quoi de neuf docteur DOC072Serge Adam (trompette),

Benoît Delbecq (piano, piano pré-paré), Philippe Foch (tablas, per-

cussions)

Texte de Luce Carnelli

Image de Laurel

LE TEMPS SANS PERDITION

L’heure exacteest celle du

désir

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32 Les grandes largeurs L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

LES GRANDES LARGEURSTexte de Olivier Gasnier

Photo de Guy Le Querrec

Autour, avec, à partir de : UrsusMinor, Zugzwang, FrançoisCorneloup, Next, Happy House,

Inoxydable, Steve Coleman, On the Risingof the 64 Paths, D’ de Kabal, La Théoriedu K.O, Magic Malik, 13 XP song’s book.

Une poignée de disques – vivants – etde musiciens qui cherchent encore às’exprimer aussi librement que possible dans un monde où il devientdifficile de se faire entendre dès lorsque l’on sort du consensus fabriquédepuis plusieurs décennies et imposé àgros moyens, accompagné sans douted’une part de servitude involontairetrop facilement accordée aux délicesfutiles d’une société devenue hyperconsommatrice. On tente de faire disparaître derrièrele « consumérisme » toute notion declasses sociales dont pourtant les écartsentre celle du haut et celles du bas, etles resserrements entre ces dernières,deviennent flagrants. Du coup, quand des musiciens cherchent à redonner du sens à leurmoyen d’expression favori, choisissantun genre un peu moins touché par leseffets du marketing et dont les formeset les usages peuvent laisser plus deplace à une expression élargie - ainsidu jazz et de ses rencontres multipleset diverses - leurs albums ne sont pasparmi les plus faciles à trouver et àentendre.D’autant moins qu’ils subissent unemanière de double peine. D’abord parce qu’il devient vraimentdifficile de trouver l’espace dévolu auxdisques alors que l’on pense rentrerdans un magasin spécialisé dans les « produits culturels ». C’est désormaisà la cave ou au grenier que sont de

plus en plus souvent localisés les rayonsdisques. Ensuite, une fois parvenudans l’espace réservé – entendre : l’endroit où l’on parque une espèce envoie d’extinction, provoquée, maisl’avidité régnante ne fait pas dans ledétail, y compris contre sa propre survie – donc une fois l’espace atteint,il faut faire face au déferlement depublicités et autres « communicationssur le lieu de vente ».C’est en effet un nombre restreint d’albums, mais en quantités massives,qui accueille généralement le visiteur.Et le jazz, ainsi que ses frères et sœursmusicaux un peu « spécialisés », de seretrouver au fond à droite, derrière àgauche ou encore après le pilier quimasque la perspective, etc … Certes, ilarrive parfois qu’au milieu de ce foisonnement publicitaire se glisse un-e artiste jazz. Ce jazz dont la définition n’en finit pasde s’élargir, semant parfois la perplexité parmi les spécialistes ouamateurs patentés. L’habitude de classer en catégories ou genres possèdel’avantage de faciliter une recherchemais pose aussi des limites à lamusique et à son accessibilité. Si lamusique instrumentale peut assez facilement se définir – Classique, Jazz,Musiques du Monde (on disaitFolklores autrefois) – dès lors qu’inter-vient le chant et /ou la voix, les frontières deviennent plus floues. Dèsqu’il y a chanson – française, pop,rock, soul, jazz – rap ou slam (en français ou en anglais), l’amateur – pasnécessairement éclairé – peut s’interro-ger quant à l’endroit où trouver lachanson entendue sur les ondes oul’album chroniqué dans la presse. Ainsinombre de personnes chercheront

d’abord au rayon jazz des artistes sou-vent répertoriés « pop/rock » du faitde la présence de piano ou de guitareacoustique, ces instruments étant dansl’imaginaire collectif souvent associésau jazz. Ces perceptions peuvent fairefigures de révélateur du décalage possible mais souvent présent entre lemonde du jazz (musiciens, spécialistes,amateurs éclairés…) et la majorité dupublic. Une tendance élitiste peut-êtreencore trop présente dans un mondeoù pourtant les croisements se multi-plient et qui pousse parfois à déconsi-dérer tel ou telle artiste, chanteu-r-se laplupart du temps, touchant un plusgrand public. Cela pose la question desavoir si l’on veut rester enfermer dansun genre aux contours très définis(attention, les brigades du swingrôdent) au risque de dépérir sous sapropre asphyxie et consanguinité, ou sil’on peut envisager l’accueil d’autrescourants. Le Jazz a vécu de cela aussi.Quitte à choquer, comme par le passé,quelques puristes. Heureusement, sicertains de ceux-là ont connu unepetite postérité, par leur talent de polémiste, la musique et les musiciensont bien fait fi de ce genre de considérations. Pour notre plus grandbonheur au final. C’est aussi ce que cette sélection d’al-bums nous signifie en allant piocher iciet là des éléments musicaux issus d’au-tres genres, souvent plus populaires. Etpar cette volonté d’ouverture(s) –consciente ou non – ces musiciensenvoient des signaux nous invitant à lavigilance et indiquant que nous aussi,récepteurs, devons faire montre decuriosité, rester sensibles à la richessepossible de l’altérité et dépasser lesbarrières invisibles dressées entre les

musiques, reflets de celles dresséesentre les êtres pour mieux les isolerafin d’asseoir le règne des dominants. Ainsi, qu’elle s’appuie sur la mélodie,l’improvisation ou le rythme, lamusique demeure, résiste, au moinspour partie, et par le truchement demusiciens manifestement pas près des’arrêter, en dépit des difficultés et obstacles de plus en plus nombreux dumoment. Engagements et tournéesmoins faciles à trouver et à monter,moyens financiers en baisse – voir lesmodifications du régime des intermit-tents – labels peinant à exister sous lescontraintes de la distribution et la ten-dance à la réduction de la « largeurd’offre » dans les grandes surfaces spé-cialisées, malgré une diversité encoreréelle sur le terrain de la musique maisqui tend à devenir souterraine (under-ground).

Alors, quoi faire? (What’s Next ?)

Continuer. Comme une évidence. Carles faits sont là : les disques paraissent,les musiciens jouent, et si possible, sansoublier « une donnée extrêmement impor-tante : celle du groove, de la danse » (2).S’adresser à l’esprit certes, mais aucorps et au cœur tout autant. Pour serejoindre. Se rejoindre et restaurer lachaîne en s’adressant à « la partie éclai-rée de (nos) êtres » (3), cette humanité sisouvent à portée de notes et dechant(s). De ces chants qui ont permisde trouver la force et les solutions pouraffaiblir les maîtres. Mais pas suffisam-ment encore. Car les prises de positions et les actionsde plus en plus violentes et de moinsen moins dissimulées des gouverne-ments des démocraties de marché

(oxymore typiquement néo-libéral)ainsi que les discours prônant la « sécurité » de tous pour assurer cellede quelques-uns, tout en « justifiant »les interventions brutales, le déploie-ment toujours plus large de forcesarmées à visée d’intimidation, l’immix-tion de plus en plus profonde dans lavie privée de tous, ne sont que le signede la crainte des puissants de la pertede leur pouvoir. Le vacillement sévèreet particulièrement visible du systèmeprovoque cette réaction de repli et derenforcement des moyens decontrôles. La « logique » du systèmed’organisation de la société atteint seslimites. Elles seront difficiles à repous-ser malgré les multiples tentatives dumoment. Tout juste ces dernières peuvent permettre de contenir l’écroulement qui s’amorce, rappelantl’effondrement de tours jumelles.Combien de temps la tour capitalisteva-t-elle résister à son autophagie ? Combien de temps résisterons-nous àcette dernière ? « Ne laissons pas le capitalisme s’emparer de nos âmes » (4)Le K.O devient de moins en moinsthéorique. Il est à portée de mains.Comme les notes sur leurs portées.Pour entamer sa propre révolution. Endansant.Il est encore temps de faire évacuer leslieux et – enfin – de laisser les « capi-taines du navire » sombrer avec leurpropre bâtiment pris sous le feu croiséde multiples voies d’eau.A partir d’un « ground zero » il y atant de choses à construire.Autrement.La vue y est si dégagée qu’un ventd’exaltation peut soulever les coeurs. L’ouvrage est de taille, c’est ce qui

« Ce que l’on fait estla réelle indication dece que l’on croit.Sommes-nous tropoccupés ? Vivons-noustrop bien installés? Avons-nous peur ?Avons-nous espoir ?Cela nous permet-il denous rejoindre pourchanger le monde ? Ecouter un disque nechangera pas lemonde. Mais ce quel’on fera après lepourra ». (1)

D’ de Kabal, Minnesota sur Seine, octobre 2005

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Héliotropisme : propriété des végétaux et des animaux inférieurs fixesde se tourner vers la lumière du soleil.

Les métaux et les cristaux vibrent quand on les frappe en mouvementspériodiques réguliers et alternatifs par rapport à une position moyenne. Ondit qu’ils oscillent. Ces vibrations produisent des sons qui peuvent affecterplus ou moins notre oreille interne par un jeu complexe de tambours, d’os-selets, de membranes et de marteaux. Visitant une usine vous avez puconstater un jour que différents sons, métal frappant le métal, tôle frois-sée ou fraisée par le diamant industriel, au lieu que de se distinguer, sedéfinissaient chacun par une période à laquelle il n’est pas si difficile detrouver un multiple commun, et que venait un moment où vous retrouviezla succession que vous aviez auparavant reconnue. Et c’est bien rassurant.Comme le mouvement circulaire ou le retour des saisons.Un autre exemple : les annonces dans les gares ou les aéroports, qui sontdes voix numérisées, recomposées en phrases, transmises par câbles et parla membrane de haut-parleurs en carbone, réverbérées par des halls deverre et d’acier, trouvent elles aussi un écho, une vibration, une période,qu’on finira par reconnaître comme telle et qui nous consolera de n’avoirpas compris l’annonce ; d’ailleurs, nous était-elle destinée ? En tout cas,vous aurez bien vite acquis la conviction que c’est à vous qu’on parle, etque vous vous trouvez avec une autre personne sous une voûte de pierre en

des points exactement opposés à chu-choter des messages à vous seuls des-tinés. Vous avez été pris en flagrantdélit d’égocentrisme ! Egocentrisme : attitude mentale quiconduit les tournesols à s’attribuertout le mérite du mouvement des pla-nètes dans le système solaire.Je fais une dernière tentative : obser-vez à présent le mouvement d’uneaiguille sur le cadran d’une horlogeélectrique. Ce mouvement n’estqu’apparemment circulaire. Si vousregardez attentivement, et je vous pried’être attentif, il se décompose enpetits allers et retours parfaitementrectilignes, dans un sens puis dans unautre, le mouvement dans le sens dela marche (dit “des aiguilles d’unemontre“) excédant légèrement lemouvement inverse. C’est unedémonstration positive de la quadra-ture du cercle, mais vous n’écoutezpas ! C’est pourtant plus fort que la

métaphysique des Tubular Bells ! Ouvrez les yeux, bon sang, qu’est-ce que vousentendez ? PS : il y a quelqu’un, si, si ! qui m’a dit : « C’est beau comme la rencon-tre du minéral et du végétal dans un roman de Charles “Cormac“ McCarthy » !Quand même, quand même…

Dans le numéro 22 des Allumés du Jazz, Jean-Pierre Drouet entrait defaçon signifiante dans la série Le Cours du Temps. On connaît souventnos héros d'ailleurs, on ignore trop les bâtisseurs de notre côté. On y

a lu Shepp, Lacy, Tusques, Vitet, Portal, Thollot, Texier, Frith, Léandre,Phillips, Lazro. Les intentions de cette rubrique sont bien claires : faireconnaître mieux ceux qui ont fait et font l'histoire en inventant, en trans-mettant. Surtout en transmettant ; saisir la patte, la marque, s'en emparer,l'amener ailleurs. A propos de cette si capitale transmission (que reste-t-ilde nos autours ?), l'effet de l'entretien était dynamisé par le fait qu'il futréalisé par Pablo Cueco, élève de Jean-Pierre Drouet et producteur de cedisque-ci. Ce n'est pas rien ! Il y a quelque chose de bouleversant à voir cespassages de témoins. Un disque solo est un atout précieux. Drouet figuredans quelques enregistrements vibrants (Alors avec Portal, le New PhonicArt ou bien les Sonates pour piano et percussion de Bartok), mais le solodéposé constitue un cadeau à chérir pour tous les auditeurs frustrés dumanque d'enregistrements d'un artisteaussi important. On se souvient de l'at-tente précédant la sortie de CaféL'Estaminet de Bernard Lubat, decelle de Dejarme Solo de Michel Portaldans un temps où l'on entendait sou-vent ces trois-là ensemble. Le port ducasque était obligatoire à St Germaindes Prés, cette nuit où DidierMalherbe s’est invité en passantcomme un elfe lors d'un furieux set dece trio, trio des plus fous retrouvé à laChapelle des Lombards, le port ducasque toujours o-bli-ga-toi-reuh.Henri Texier s'est joint ensuite auxtrois hommes, lui qui aussi avait signéun autre solo de taille Amir, disque degrande ouverture, disque très enavance (la nécessité future parlerapour lui). Le solo de Jean-Pierre Drouet c'est laliberté des Hellènes, leur félicité incomprise par les rustres fondateurs deRome, c'est un récit à la Jonathan Swift, celui d'un voyageur libre quidécouvre le monde sans cesse en connaissance - parce qu'il n'est d'autrechoix pour un homme - en regardant les astres : l'évacuation immédiate dela stupidité contemporaine, le port du casque obligatoire, le regard perma-nent et bien frappé qui va loin, tout près.

JEAN-PIERRE DROUETSOLO

Transes européennes TE004Jean-Pierre Drouet (batterie, percussions, objets divers, voix)

33Frappes de couleurs vives L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

FRANÇOIS CORNELOUPNEXT

nato HS10068François Corneloup (saxophonesbaryton et soprano), DominiquePifarély (violon), Dean Magraw (guitare), Chico Huff (basse),

JT Bates (batterie)

STEVE COLEMANON THE RISINGLabel bleu LBLC6653

Steve Coleman (saxophone alto),Jonathan Finlayson (trompette),Malik Mezzadri (flûte et voix),Anthony Tidd (basse électrique),Reggie Washington (contrebasse),

Sean Rickman (batterie)

MAGIC MALIK13XP SONG’S BOOKLabel bleu LBLC6672

Magic Malik (flûte, voix), DenisGuivarch (saxophone alto), Or

Solomon (piano, claviers), MaximeZampieri (batterie), Sarah Murcia(contrebasse), Nelson Veras (gui-

tare), DJ Rebel (platines)

JULIEN LOURAUTHE RISE

Label bleu LBLC6640Julien Lourau (saxophones), Ari Hoenig (batterie), Bojan Z. (piano), HenriTexier (contrebasse), Minino Gary (batterie, percussions), Carlos Bushini(baby bass), Gerardo Di Giusto (piano), Gustavo Ovalles (congas, tamboursbata, percussions), Elvita Delgado (chant), Krassen Lutzkanov (kaval), MalikMezzadri (flûte), Fred Chiffoleau (contrebasse), Maxime Zampieri (batterie)

HAPPY HOUSEINOXIDABLE

Circum Disc CIDI801Olivier Benoit (guitare), JulienFavreuille (saxophone), NicolasMahieux (contrebasse), Jean-Luc

Landsweerdt (batterie)

D’ DE KABALLA THÉORIE DU KO

Chief Inspector CHHE200711D’ de Kabal (voix, mots et spasme),Franco Mannara (guitare, claviers),Professor K (basse), Marc Ducret(guitare) , Alix Ewandé (batterie)

URSUS MINORZUGZWANGnato HS10046

Tony Hymas (claviers), Jef Lee Johnson (guitare), François Corneloup (saxo-phones), David King (batterie) avec Boots Riley, M1, Umi, D' de Kabal, Spike,

Ada Dyer (rap, chant) et Jeff Beck (guitare).

L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

FRAPPES DE COULEURS VIVES

QUATUOR HÊLIOSVand’œuvre VDO0018Isabelle Berteletti , Florent Haladjian,

Jean-Christophe Feldhandler, Ninh Lê Quan (percussions)

Textes de Jacques Petot et Vincent Menière

rend légers et fraternels. Le soleil point encore à l’horizon, les forêts bruissentde milles sonorités, la musiquepeut s’y jouer, s’y créer, derrière quelques pans de bois et de vastes fenêtres. Une « maison heureuse ». La quiétudenaturelle permet l’émergencede couleurs urbaines améliorées.Par la voix, d’un continentancien ou nouveau, le contacts’établit, l’énergie circule, le courant passe, la lumièrerevient.

Stay Human (5)

(1) Boots Riley in Ursus Minor,Zugzwang

(2) F. Corneloup in Jazz Magazine n°595 (sept.2008)

(3) In L’art de l’amour (à bicyclette) (28sept. 2008) www.nato-glob.blogspot.com

(4) M1 in Ursus Minor, Zugzwang

(5) Michael Franti & Spearhead, StayHuman, (BooBoo Wax) 2001.

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34 Tableaux d’une exposition (la grande porte africaine)L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

LA MARMITE INFERNALESING FOR FREEDOM

Arfi AM037La Marmite infernale : Jean-Paul Autin, Guy

Villerd (saxophones), Jean Bolcato, Claude

Tchamitchian (contrebasse), Jean-Luc

Cappozzo, Jean Méreu (trompettes), Jean-

François Charbonnier (tuba), Patrick

Charbonnier, Alain Gibert (trombone), Xavier

Garcia (sampler), Pascal Lloret, (piano),

Christian Rollet, Alfred Spirli (batterie percus-

sions, objets), Le Nelson Mandela Metro Choir :

sous la direction de M. Mthuthuzeli Majeke M.

Booi Thanduxolo, Mlle Hombana Phumeza,

Mme January Thungiwe, Melle Lutywantsi

Sindiswa, M. Manganya Simphiwe, Melle

Masumpa Ntombizanele, Melle Masumpa

Xolani, Melle Mbiko Siphokazi, Melle

Mcanyangwa Zoleka, Melle Mgqali Lindelwa,

M. Mkoko Thanduxolo, M. Ngaleka Pindile,

Melle Ngalo Phakama, Melle Ngcayisa

Nompumezo, Melle Ntshobodi Nyameka, M.

Rulashe Woxolo, M. Tshula Sakiwo, M. Tulwana

Mzukisi, M. Tyelebana Simpiwe

SOUTH AFRICA FRIENDSSANGENAAA 312603

Lucky Ranku (guitare), Pinise Saul (chant),

Mike Rose (saxophone, flûte), PhilScragg (basse), Roland Perrin(piano), Victor Starkey (batterie)

ANDOUMAANDOUMAGimini GM1013

Lydia Domancich (piano), Aïssata Kouyaté (voix),

Pierre Marcault (percussions) invitée : Céline Fabre (voix)

BECKETT - LEVALLET -MARSH

IMAGES OF CLARITYEvidence EVDC315

Harry Beckett (trompette), Didier Levallet (contrebasse),

Tony Marsh (batterie)

TABLEAUX D’UNE EXPOSITION (LA GRANDE PORTE AFRICAINE)Texte et images de Muzo

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35L’ombre de la nuitL E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

HYMAS - BUSHLEFT FOR DEADnato HS10057Tony Hymas

(piano, claviers), Barney Bush (textes, voix),

Edmond Tate Nevaquaya (flûte),Geraldine Barney et Merle Tendoy (chant),

Evan Parker (saxophones), Jean-François Pauvros (guitares),Johnathan Kane (batterie)

HENRI TEXIER AN INDIAN’S WEEKLabel bleu LBLC 6558

Henri Texier (contrebasse), TonyRabeson (batterie), Glenn Ferris(trombone), Bojan Zulfikarpasic(piano), Michel Portal (clarinette),

Louis Sclavis (clarinette)

L’OMBRE DE LA NUIT

Texte de Leonard Peltier

Image de Jonathan Thunder

Photos de Guy le Querrec

Parfoisdans l’ombrede la nuit

je deviens esprit.Les murs, les barreaux,les grillages s’évanouissent dans la

lumièreet je libère mon âmepour voler à traversl’obscurité intérieurede mon être.Je deviens transparent, une ombre lumineuse,un oiseau-rêve chantantdepuis l’arbre de vie.

Extrait de Leonard Peltier, Ecrits de prison - le combat d’un Indien, Albin Michel, avec l’aimable autorisa-tion de Francis Geffard

Leonard Peltier, militant indienanishinaabe - Lakota del'American Indian Movement -est incarcéré depuis 1976 aupénitencier de Leavenworth,Kansas et condamné à deuxpeines à perpétuité à la suited'un procès honteusementfabriqué par le FBI. Prisonnier politique pour le seul crime"d'être indien", Leonard Peltierest symbole vivant de toutes lesminorités résistantes.

The Chicken or the Egg?

Big Foot Memorial ride, Eli Tail à un Pow wow en l’honneur des riders , décembre 1990 Big Foot Memorial ride, Wounded Knee , décembre 1990

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36 Amant de ponts neufsL E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

Je dis souventpar un abus delangage, que

telle chose est jaz-zique. Le crumble,un voyage, MalcolmLowry. Je me faismoquer, bien-sûr,bader, blaguer. Jepersiste. Cette nuit,c'est Paris. On m'in-vite à partager desémotions ; voicimes projections etmes explorations -urbaines, s'il vousplaît. Jazz en ban-doulière, me voicidans la ville nue.Tête nue, ouïesnues, face à elle.Avec l'ombre portéedes grandes parti-tions dans mamémoire cinéphi-lique - un peu - etlittéraire - surtout :rencontresimpromptues entreun ascenseur et unéchafaud, entreMickey One etquelques Mockyatonaux... et cellesqui peuplent lesdérives de mespairs, de mesfrères, des héros dela Marelle deCortazar, auprèsdesquels mes rêve-ries ne sont queroupie deSénonais.

Je prends la "C line", ouvertepar le Damien Prud'hommeQuartet. Si le disque s'ornedes volubilis orientalisants dumusée Cernushi, la musiquese fait (sous mon ouïe) volon-tiers parisienne. "If..." Lespremiers instants sont uneincitation à bourlinguer.Vacillement permanent.Funambulisme. On débarquedans une ville inconnue, aty-pique, instable. On est horsde soi et hors du monde, surle fil - toute bonne dérive pré-suppose le vide... mais pluspour longtemps.Du fond d'une cave sidéralemontent des notes qui m'ar-raisonnent, se catapultent,rebondissent contre les toits.Une araignée me sort de latête. Ses congénères me per-cent l'oreille. Me vrillent.M'entêtent. La C line est lemoteur des transports interur-bains. Celle qui recomposeun plan de Paris comme nulleautre. Sous le signe.... dulion - ou de telle créature àl'existence moins avérée, plusnocturne au fond. D'emblée,je me retrouve rue Watt. Uneambiance de soupiraux men-taux, de ponts amovibles, detunnels explosifs. Je mecoule dans ce couloir citadin,bardé d'envolées célestes,hérissé d'échappées sur lefleuve, percé de de rayonstraversant le bitume. Concertd'éclats, de klaxons, de stri-dulences, résurgences dequelles convivialités passées? Passage impromptu dansl'ambiance feutrée desarcades de Rivoli (est-ceRumpelmeyer, ou Angelina,qu'y admire-t-on, qu'y res-pecte-t-on, à quelle époqueest-on?), puis dégringoladedes escaliers de la rue duCalvaire. Berthe, Blanche,Gabrielle... lâchez jupons,quittez souliers, précipitez-vous nez au vent et aux bal-cons, c'est la course des gar-çons du pavé.Petites perles. Doigté noc-turne des pavés qu'on égrène.Débordement de soi. J'ai l'im-pression d'avoir la mer face àmoi. A l'heure de quitter letram en marche, "Dreams","dreams", "dreams" est uneerrance autour des jardinsclos. Une silhouette se des-sine dans la brume des pre-mières heures... PeterIbbetson est proche. Il règneune animation extraordinairedans les rues ce matin.

A la sortie, direction "A6".Guidé par la Dream "time"d'Olivier Robin et SébastienJarrousse, je m'abandonne àla marche, une marche deplus en plus pressée, unedouce accélération. Ce n'estplus de la dérive, ce n'estplus du rêve, c'est unecavale. Tour de ville enténé-brée à deux roues. Défilé demonuments irrévélés, des basquartiers - non, des longsquartiers, ces villes inté-rieures aux rues sans fin, auxbras tentaculaires, qui for-ment autant de quartiers detraverse. Rue de la Volga, ruede Buzenval, rue desMaraîchers... Frontièreporeuse et floue entre le XIIeet le XXe. J'emprunte uneautoroute capitale - privilègedu marathonien de hasard, àqui échoient les clefs de pas-sages privilégiés. Je surfe surdes lignes de force, qui dessi-nent de belles trajectoires etcisaillent ma ville. La ligne 1du métropolitain ; le XXearrondissement, en déboîtantdes Buttes à Saint-Blaise ; larue Saint-Jacques et ses pro-longements faussement fau-bouriers ; la rue Ordener, oules corridors sans fin deDaumesnil et de Parmentier(avenues plus ternes, plusglaciales dans leur linéarité). J'ai eu de la chance de profi-ter de cette ouverture, mor-ceau de bravoure au sein d'unensemble plus calme, plusposé, plus imprégné derythmes insidieux, notam-ment africains. Sauf dans"Calame", où je capte les der-niers échos du métro : desmilliards de bestioles souter-raines se joignent à la rumeurdes fantômes hypogées pourfaire entendre, et mesurer, lepouls, le battement, lerythme du grand Animal sou-terrain. C'est le Paris plaisir,le Paris jubilant, le Parisalerte du coureur avalant laville. Dans tel solo de batte-rie, telle acrobatie auditive, jereconnais les grands mythesurbains : tambour battant,Ferragus ferraille, etFantômas file. Je pense à desfanfarons et des fier-à-brasfaisant du djembé à vélo sansles mains. Ou à cet ascenseurde la Tour Eiffel qui, dans leroman-feuilleton Fulgur, "unefois lancé, arriva au troisièmeétage et ne s'arrêta pas" !

AMANT DE PONTS NEUFS

François Couturier, Europa Jazz Festival, mai 1998

SÉBASTIEN JARROUSSE /OLIVIER ROBIN QUINTET

TRIBULATIONAphrodite records APH 106002Sébastien Jarrousse (saxophone

ténor & soprano), Olivier Bogé (saxo-phone alto), Emil Spanyi (piano),Jean-Daniel Botta (contrebasse),

Olivier Robin (batterie)

DAMIEN PRUD’HOMMEQUARTETINTUITION

Label’hémiola LH-DPCD1Etienne Cauchemez (contrebasse),Sergio Gruz (piano), Laurent paran-

thoën (batterie), DamienPrud'homme (saxophone)

Texte de Benoit Virot

Photos de Guy Le Querrec,B enoît Virot et Yann Bernal

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37Jazz doctors L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

EISINGER - LUCCIONIHUMAIR

JAZZ - HIP TRIOCELP C48

Jean-Bernard Eisinger (piano), RogerLuccioni (contrebasse), Daniel

Humair (batterie)

JAZZ DOCTORS

Dans Un jour à New-York(Stanley Donen 1950 –musique Saul Chaplin et RogerEdens), trois marins (GeneKelly, Frank Sinatra, JulesMunshin) mettent à profit 24heures de permission pourdécouvrir la ville de New-Yorket certaines de ses habitantes.Le film avait impressionné lejeune pianiste marseillais Jean-Bernard Eisinger qui se lancealors dans le jazz. Le trio esttoujours une somme aimable-ment pyramidale, un bon équi-libre. Un autre film, Les para-pluies de Cherboug (JacquesDemy 1964 – musique MichelLegrand), marquera l’espritd’Eisinger, s’en suivra un inté-rêt affirmé pour la composi-tion. Etudiant en médecine, ilrencontre un autre étudiant enmédecine, Roger Luccioni,contrebassiste en 1958 et s’allierapidement un des grands bat-teurs du jazz content pour un :Daniel Humair. Le trio, deuxmédecins et un peintre, combi-naison guérissante, prendra lenom de Jazz Hip Trio aprèsavoir été rôdé dans les clubs dusud de la France. Eisinger com-pose en route un titre mini-phare du jazz contemporain :Stella, Starbright, popularisépar Jean-Luc Ponty (avec le trioGeorge Duke). La mélodie clôtle présent album enregistréentre 1976 et 1982 au festivalde Chateauvallon (concertsd’après-midi fastes) et à la SalleAppolinaire de La Seyne surMer. Le disque s’ouvre surTableau de Daniel Humair,hommage du pianiste au pein-tre. Robert Bonaccorsi (avecAndré Jaume producteur exé-cutif inspirées de ce témoi-gnage), dans ses notes depochettes, insiste sur l’époque« du bonheur de jouer » où «la confrontation et le partagerenvoyaient à l’essence mêmedu jazz ». C’est bien de celadont il s’agit, on avait biencompris à chaque prestation dutrio de saine médication. Lejazz est question d’influences,elles sont ici bien assumées etbien allumées, doucement.Soyons Hip !

Les pas de clown du BertrandAuger Quintet tombent à point.Le disque a, dit-on, été enre-gistré dans un "théâtre demagie" : "Metamorphosis". Unnom de maladie? Le mal dequi s'imprègne de la ville, sefond en elle, change de corpset de climat intérieur en fonc-tion des quartiers qui l'habi-tent. Un passe-muraille quis'oublierait dans la muraille.Un trav' à la sauce situ."Metamorphosis" introduit à unParis carnavalesque, mais dis-cret... Jeux de mots, motsétrangers, étranges comme unguide non conventionnel, nonconventionné, et c'est unedébauche d'initiations :"Penta's tic", "Onzolyd", "BelaBali"... Si l'Auguste mène laprocession, le clown blancn'est pas loin. Dans "Pascal",on cerne ses pas prudents,timides, ses grands pas malmaîtrisés, très purs, si pursqu'ils deviennent des ombres.Chausse-trappe aérien : oùvont-ils aboutir? Où vont-ilsnous mener? Tout en haut si l'on patienteun petit peu. Latour 84 peutbien être le nom d'un vin, oucelui d'un quartier de Ladéfense (vivement le jour oùl'on dégustera les quartierscomme des crus), il apporte un point de vue inégalable. "Le toit du ciel", quant à lui,est synonyme de grimpers decathédrale, de jardins suspen-dus, de montées sauvages àdes squats improbables,construits comme des cabanesinaccessibles... Au terme del'ascension, pleins feux sur laville. Coups de tocsin. Maistant d'efforts se paient ; l'airse fait plus rare, la voixchuinte, attention, sommets !"Acte IV" de mon périple odys-séen : je manque de peu leplantureux Paris du luxe, desdancings et des bars de nuit,des drugstores et des brasse-ries ouvertes sur demain... « Cinéma », dédié à Eve,m’aurait amené trop près duMac Mahon, seule adresse àsauver du pourtour desChamps. Dans la lignée des"Chants magnétiques" surréa-listes, aux brillantes et trébu-chantes résonances métal-liques, c'est « Belle et bête »qui brille des reflets les plusfroids, insolites, et atemporels.Atmosphère parallèle des pas-sages Modern Style, aux toi-tures et aux enseignesvibrantes. Je croise la structuremétallique du PontCaulaincourt - ses X ajourésenveloppants, protégeant etouvrant en même temps surl'inconnu - avec les réseauxferroviaires, le Paris sourd etsecret des lieux de transit,anonymes et déserts, livré augrand silence intimidant desarchitectures industrielles.Zones de transit, entrepôts,halls, voies de garage... On yest cerné, dans un espace,qu'on peut faire sien au prix demille abstractions. Mais toutl'espace, tout cet espace, estlaissé à l'auditeur. Résonnentles accents futuristes, indus-trieux - d'une industrie déca-pée, décantée, récupérée -,beauté qu'il faut aller quérir, etforcer.

Feu rouge ! Je marque unepause face aux ombres duFrédéric Jeanne quartet : lapochette de l'album, enre-gistré à l'espace Kiron (oh !prison et guillotine ont untemps traîné leurs miasmesdans ce quartier), dessinedes personnages gantés denuit, s'écartant des globesdes phares rougeoyants etdes ballons de quelqueslampadaires. "Rêveur fore-ver" consacrera-t-il madébauche onirique? C'est aucontraire le titre le plus"pausé", sensé, contempla-tif... "Je passais au bord dela Seine, un livre anciensous le bras..." Mieux : aubord de la Marne. Noussommes sur les quais, indé-niablement. Pénétrés d'unemélancolie peu banale, unétat de vide, d'incapacité, desonge et d'amoindrissementde soi. Pas plus vivantsqu'un parapet, tout soudain.Une musique lancinante,rencontres d'êtres mi-éveil-lés, mi-endormis, hagards.Dans ce mal-être ; tout lepaysage se transforme enzone. C'est ma zone mentalequi déteint, déborde sur lepaysage. Quelques notes iso-lées, les perverses, piquentl'esprit de mille penséestroubles. Tout ballant, jem'achemine vers une coma-teuse insomnie.

Embarquement pour Sixterres. Terra Incognita medélivre un billet pour "la pla-nète incolore mimétique".Est-ce le titre? Si oui, c'estCyrano qui compose cettebal(l)ade. Zig-zag. Entréedans la capitale des sons, lecaravansérail des tonalités.Au bal instrumental tradi-tionnel se sont ajoutés, pourl'occasion, harpes, loops,shakuhachis... dans des pasde danse. Ces pièces sontautant d'"Odes à la magie",de distractions auditives, deplaisirs non calculés : flirtsavec la ville, patinage etpapillonnage élevant la flâ-nerie au rang des beaux-arts.A l'horizon, surprise ethasard objectif. Sautsdevant vitrines et échoppes,entrées au hasard dans dessalles de cinéma, parties decache-cache dans lesmusées d'art contemporain.Ne pas écouter. Entendre.Capter, du fond d'un loin-tain, les clins d'œil, le liftingdu regard. Ah, les titres desmorceaux fleurent bon lachanson néo-réaliste ("A lasanté de Vénitie", "Effiloché") ;on danse, on joue, on joute,on jongle, on se fait plaisir ;mais "Hymne à la poussière"et "Sur la corde raide" merappellent à mes principes.

Entre mes stations, je melaisse faire par les morceauxoniriques. Les interludes deDamien Prudhomme, lesintros du Frédéric JeanneQuartet, les respirations de"Générations" (Partone/two/three), exprimant lesdeux moments symétriquesde la ville en léthargie : lacité qui s'assoupit... et lamême qui s'éveille, frappantde menus coups sur sestempes, toute en nuances eten discrétion. Derrière labasse, le pavé fait sa gym-nastique ; non, c'est du des-sous du pavé que ça pointe,c'est la vie des phalanges etdes sociétés secrètes, quifont entendre leurs gratte-ments, qui battent le rappel.On est hors du temps, livréau langage nocturne, aupouls des grands témoinscapitaux (le métro, les col-lines, les bords du fleuve oudu canal). Moments derythme, chuchotements, piz-zicatis de la vie.

GEORGES PACZYNSKITRIO

GÉNÉRATIONSArts et spectacles ASCD060401Georges Paczynski (batterie),

Renaud Palisseaux (piano), LaurentFradelizi (contrebasse)

COUTURIER-LARCHÉMÉCHALI - GRITZ

ACTE IVCharlotte CP166

François Couturier (piano), PeterGritz (batterie), Jean-Marc Larche(saxophone), François Méchali

(contrebasse)

BERTRAND AUGER QUINTETMETAMORPHOSISJim A musique JIMA1

Bertrand Auger (saxes ténor etsoprano), Guy Figlionlos (trombone),Francis Demange (piano), Marc-Michel Le Bévillon (contrebasse),Jean-Michel Davis (batterie)

FRÉDÉRIC JEANNE QUINTET

LIVE A KIRONAxolotl 815669

Olivier Ker Ourio (harmonica chromatique), Yoann Loustalot

(bugle, trompette),Eric Surmenian (contrebasse),David Patrois (vibraphone),Frédéric Jeanne (batterie)

COLLECTIF TERRAINCOGNITAMIMÉTIQUE

Terra incognita Tilpi 02Arnaud Roy (harpe), Pascal Arnold(piano), Julien Lepreux (guitare),

Julien Blasco (batterie, percussions),Sylvie Coquidé (violon), Catherine Lubatti (alto),

Alexis Eskandari (violoncelle)

Texte de Dominique Dompierre

Page 38: allumes du jazz

Né aux Antilles hollandaises (Aruba), JeanToussaint a grandi à St Thomas. Tantantan tandantantan tan tantantan, Jean n’en veut qu’à

Toussaint, tandandan tan tan tantandan * : saxophoneténor OBLIGATOIRE et bien senti ; direction BerkleeUSA et rencontres avec Brandford Marsalis, Billy Pierce,Jeff Tain Watts, Cindy Blackman, Donald Harrison.1982, grande immersion pour quatre ans, place dechoix dans les Jazz Messengers d’Art Blakey. Rappel :Flamboyant (waouh !) batteur afro (très) – américain, ArtBlakey, agitateur du hard bop (back to Africa), aentraîné, depuis 1954 jusqu’à sa disparition, en routepour St Paul Minnesota en 1990, les Jazz Messengers.Les messagers ont reçu dans ce groupe ultra formateur,orchestre à variations constantes et révélatrices, TOUSles atouts pour faire face à la vie tumultueuse du jazz.Clifford Brown, Hank Mobley, Horace Silver, WayneShorter, Curtis Fuller, Benny Golson, Bobby Timmons,Bobby Watson, Jackie McLean, Wynton Marsalis,Terence Blanchard, Donald Harrison, Kenny Garrett etJean Toussaint en sont sortis comme autant de maillonsvigoureux (le son ! le son !) de la grande chaîne (élas-tique) du jazz. Chez Blakey, on apprenait aussi à(dé)tenir un orchestre (la place ! le jeu !). Fin du rappel(toutes les occasions sont bonnes pour se remémorer legrand Art) ! C’est à Londres, ensuite, que Toussaint vaaffûter sa signature. Espace. Pour son septième disqueau titre taciturne (sorte de bleu noir) enregistré àBrooklyn (bon endroit pour un ténor), il réunit unorchestre à la classe explicite d’harmonieux messagersqui, en conformité avec la griffe des disques SpaceTime, offre une magnanime balade au pays des volcanséteints.

* d’après Sonny Rollins – Claude Nougaro

Six pistes, pour décoller direct dans un jet « rivé » à l’incan-descence d’une session torride, atteindre l’extase dans unsiège éjectable au dosseret bourré de vibrations cosmiques,

langoureuses ou planantes, c’est selon car le menu céleste debyard Lancaster, épigone méconnue du free jazz américain trans-planté dans le Paris théorico - musical des années 70 a de quoiravir les plus rétifs au kidnapping sonore.Funckisant à souhait pour la plupart des morceaux, avec bassemoelleuse et alto feutré en guise d’accoudoir, rien n’est à jeter,tout à s’injecter dans les tréfonds de l’âme à l’écoute de cettepoignée de compos diablement séduisantes. Compagnon fugitif de pointures de l’avant-garde comme SunnyMurray, Sun Râ ou Pharoah Sanders, Lancaster a l’espièglerieconsommée des musiciens tout terrain. Saxophoniste tout d’abordabonné au plaisir de dépenser correctement son magot d’émo-tions, il chausse avec une semblable décontraction les bottinesd’un James Brown enfiévré dans sa cadence rythmique ou lescothurnes ailées d’un Coltrane en première classe pour l’Olympe,mais ne s’égare jamais dans des sentiers trop grands pour lui, etc’est bien là, par la fissure de cette diversité sans orgueil qu’onregarde pousser cette végétation sonore dans un lopin de noteslibératrices seulement délimitées par l’entrain, la bonne humeuret la vitalité – Byard fait partie de ces musiciens qui n’ont àconvaincre personne mais qui s’en voudrait de n’avoir su séduirel’espace d’une soirée de tintements de verre ou de cigarettesdégustées, un peu plus que l’humanité tout entière.La pasmoldie prophético – urbaine de work and prayer me faitsonger au meilleur de Terry callier période oracle soul en dérivedans ses lagunes mentales – on s’y laisse enrober sans faillir – tantl’intervention de chaque instrument est sagement méditée sanspousser à une prudence qui nous laisserait déconfit après tant depromesses. Un concert de Lancaster est un prêche élégant mais limpide, oul’on repousse les tables, fait flamber les totems et s’agenouille (mentalement) face à l’ultime icône qui semble encore prévaloirsur l’absurdité du monde ; le dieu du rythme. Lancaster n’a pasrévolutionné le free jazz, il l’a empêché de sombrer dans la cari-cature de ses propres concepts et cette belle prévoyance est toutaussi remarquable que la rage calculée des défricheurs officielsde ce mouvement torride.Son jazz débridé, lascif ou possédé est viril sans être agressif, lesattaques de cuivre – soulignant surtout un sens assez crédible dela mélodie accrocheuse, décime d’une rafale unique les rangéesde sceptiques éventuels, auditeurs timorés qui trouveraient dansla diversité des styles en présence matière à marmonner dansleur barbiche d’éternel mécontent.En tout cas, moi j’aime ça, on sent la sueur de l’effort, la valsedes nuages de tabac, et l’on s’y voit tellement qu’on se croiraitpour un peu assis sur un ampli Marshall, ou adossé contre unmur lacéré de graffitis anonymes, tout occupé à surprendre lesclins d’œil que s’échangent – l’esprit soudé par une connivenceséculairement établie – des musiciens sur-motivés par l’enjeud’une soirée ou tout donner au public serait encore un insuffisantsacrifice. Amateurs simplement éclairés ou fans transis attendantqu’un soleil musical frappe de plein fouet leurs oreilles somno-lentes, ce disque est fait pour vous.

Quel âge a cette voix ?

Voix murmurée, chuchotée, prenant appui sur le silence propre-ment joué par Jérôme Bourdellon qui une fois de plus (re) trouveen McPhee un partenaire idéal.Musique venue non d’instants agités qui se dispersent puis semettent en place dans le disque, mais de longues évocations poé-tiques et sonores de plus en plus présentes, pressantes appeléespar un désir impérieux de deux rêveurs éveillés.

La musique prend corps dans ce murmure tenace qui résisteadmirablement au vacarme tapageur de ce début de siècle.

Ceux qui aiment le pain parfaitement blanc qu’ils n’entrent pasici !

Les autres, prennent le disque en main, le soupèsent, l’observentd’un œil intrigué.Que va-t-il se passer

Je suis toujours dans la difficulté quand il s’agit d’écrire sur lamusique. Il y a dans ce « sur » quelque chose qui me donne àpenser que la musique va se retrouver sous ce que je peuxécrire, cela m’est infiniment désagréable. J’ai du respect et del’amour pour la musique, le jazz particulièrement que je « pra-tique » depuis près de trente ans.

Il y a comme une incongruité à prétendre substituer ma « prose »à une musique que j’aime, et le malheureux lecteur qui va passerquelques moments à me lire ferait de son temps (le temps c’estde la musique) un bien meilleur usage.Par exemple il pourrait mettre sur sa platine un de ces disquesreçus voici quelques semaines !

Par exemple le trio Jaume, Haden et Olivier Clerc qui évoqueune musique qui me hante depuis la découverte presque simulta-née des premiers disques d’Ornette Coleman et du Saxanimalierde Jaume le caractère primesautier du premier rebondissant surla raucité turbulente du second. Plus de vingt ans plus tard leschoses sont moins incertaines pour moi. Ces deux-là m’accompa-gneront encore longtemps.

JAUME - HADEN - CLERCPEACE - PACE - PAIX

Celp C19André Jaume (saxophone), CharlieHaden (contrebasse), Olivier Clerc

JOE MC PHEE - JÉRÔMEBOURDELLON

MANHATTAN TANGOLabel Usine 1008

Jérôme Bourdellon (flûtes), Joe McPhee (trompette, voix)

38 Trilojazz (en 3/4)L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

BYARD LANCASTERFUNNY FUNKY RIB GRIGCismonte è pumonti cp06

Eric Denfert (saxophone alto, bary-ton), Clint Jackson (trompette), ZiziJaphet (basse), Byard Lancaster(saxophones soprano, alto, baryton,piano, voix), Sylvain Marc (batterie),Steve McCall (batterie), FrançoisNyombo (guitares électriques etacoustiques), Del Rabenja, FrankRaholison (batterie), Joseph Traindl(trombone), François Tusques(piano, Fender Rhodes)

JEAN TOUSSAINTBLUE BLACK

Space Time records BG 2218Jean Toussaint (saxophone),Mulgrew Miller (piano),Robert Hurst (basse),

Jeff «Tain» Watts (batterie),Bill Mobley (trompette),Anga Diaz (percussions)

Joe McPhee, Festival de Jazz à Mulhouse, 2004

TRILOJAZZ (EN 3/4)Textes de Didier Boudet, Rachid Bordji, Dominique Dompierre

Photos de Guy Le Querrec

Page 39: allumes du jazz

L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008 39Hors du tas..L

MICHEL DONEDAL'ÉLÉMENTAIRE SONORE

in situ IS107Michel Doneda (saxophone sopranosur les plages 4 & 6), Dominique

Regef (vielle à roue)

JEF SICARDTROPISMESCharlotte CP208

Jef Sicard (saxophones soprano etalto, clarinettes, conques, cloches),Nicolas Genest (trompette, bugle,conques), Sébastien Llado (trom-

bone, conques), François Méchali (contrebasse), François Laizeau (batterie)

PHILIPPE MATÉÉMOTIONSCharlotte CP180

Olivier Ayello (batterie), ChristianLété (batterie), Hugues Maté (contre-basse), Philippe Maté (contrebasse),François Méchali (contrebasse),Dominique Regef (vielle à roue)

TONY MALABY ADOBE

Free Lance FRLNS0305Tony Malaby (saxophone), Paul Motian (batterie),Drew Gress (contrebasse)

HORS DU TAS, QUELQUES PENSÉES.MERCI SUBLIMES SOUFFLEURS.

Texte de Marc Péridot

Dessin d’Andy Singer

Les boulevards des villes ont tant rejeté qu’il fautpanser, peser et penser. Ce qu’il reste, ce qu’ilnous faut encore, ce qui peut luire sans nuire. Onsaura faire le tri des objets restant vraiment, dedisques importants par exemple comme ceux quiconstituent la discothèque infiniment précise durévolutionnaire saxophone. Ni l’instrument, nices enregistrements n’iront à la casse, ils ne pol-lueront pas les océans, jamais. On saluera lesdeux car ils nous entretiennent. Et l’on voudrabien écouter leurs praticiens avertis et avertisseurset pas seulement les héros évidents (un monde nereconnaissant que ses héros ne saura en retourque produire autant de déchets alors que lemonde attentif à ceux qui contribuent réellementà la subsistance de ses parfums saura toujoursconstruire et se construire).

Ce que la vie refuse (par manque de délicatesse),les rêves l’apportent à sa place comme preuve tan-gible de trésors et de cœurs purs, parfois en par-fait synchronisme au creux de la main et au creuxde l’oreille. Les mouvances sableuses tirent le traitau fil de la paix. L’important, c’est le regard quitouche, le regard trophique en pleine chaleur.

Les pierres rouges ne seront jamais informatisées,elles ne sont pas tenues à l’impossible. Seuls lespossibles les animent. Elles sont ROUGES.Humpty Dumpty est tombé du mur de pierresrouges, crâne d’œuf, et s’est pété la gueule volon-tairement. Pas question de se faire recoller par lessujets du roi, ni ses chevaux, l’envie de vivre la viecomme elle est l’a emporté dans sa chute en par-faite santé. Humpty Dumpty swingue, HumptyDumpty place ses balades sensationnelles.

L’ogre qui tue a peur du hurdy gurdy * qu’il aune fois pris pour Humpty Dumpty. Tant mieux !L’ogre recule lorsque quelque chose est sur lepoint de se produire. Il fuit lorsqu’il saisit que lejeu n’est pas frivole, qu’il lève les censures. Il asoif. Au détour de son humanité même, il devrapalper ses émotions.

Trace élémentaire (hurdy gurdy encore), jeuxd’ombres parfumées et souffles continus embras-sent l’image exacte du monde qui se forme loindes balayures, qui s’élève contre elles et fait naîtredes espaces réellement habitables, qui s’ébruiteloin des overdoses mortelles et des ennemis per-sonnels. C’est enfin dit, l’oiseau rassemble la terre. * hurdy gurdy : vielle à roue

Page 40: allumes du jazz

cas, l’impression de les entendre pour la premièrefois, qu’elles accompagnent pendant la guerre unpetit bal perdu, ou constituent un hymne à la gloiredu petit vin blanc. Chansons sous les bombes est sansdoute avant tout un disque sur la mémoire et quidonne comme le dit Patrick Modiano dans un textedu livret, cette “ impression de transparence émou-vante, quand le passé et le présent se confondent. “

Xenophonia

Bojan Z , depuis qu’il a radicalement écourté son véri-table nom a pris des allure de fouet qui claque. Cetteimage n’est peut-être pas le fruit du hasard. Profitonsnéanmoins de l’écrit et de la large diffusion de cejournal pour rappeler que le véritable nom de cesuperbe pianiste est Zulfikarpasic. On admettra qu’il abien fait de ne garder que l’essentiel. Musicien sansfrontières, il investit à peu près tous les genres avec unnaturel confondant. On ne peut cependant oublierqu’au départ, et comme pour tant de pianistes de jazz,il y eut l’influence de notre couple infernal nationalbien connu à savoir Ravel / Debussy. Il est ici accom-pagné au gré des plages par Remi Vignolo (contre-basse), Ari Hoenig ou Ben Perowski (batterie) etKrassen Lutzkanov (kaval). Précision utile dans cedernier cas, le kaval est un instrument traditionnelbulgare qui a la forme d’une flûte oblique diatonique,mais vous le saviez peut-être déjà. Ajoutons qu’endehors du piano Bojan Z nous gratifie de momentspassionnants surFender Rhodes et saversion trafiquée quirépond au doux nomde “ xénophone ”.C’est un albummétisse où une cou-leur largement “ rock” s’étend sur plu-sieurs plages (il fautd’ailleurs entendrece qu’il fait du “Ashes to ashes “ deBowie). Le blues estbien présent lui aussiet tout ce mondecohabite avec intelli-gence dans les com-positions du leader (ànoter un irrésistible et dansant “ Zeven ” où on nedoute pas un seul instant qu’Arie Hoenig soit derrièreles fûts). Le kaval évoqué plus haut, et qu’il convientdonc de ne pas abandonner, participe à la fête. Seulun enfant du pays pouvait entraîner avec autant defacilité cet instrument au cœur d’un swing aussiintense (Cd-rom). C’est aussi la marque des vrais voya-geurs.

Exaltatio utrusque mundi

Le nom de Frédéric Blondy vous est peut-êtreaujourd’hui plus familier. Il paraît cependant utile derappeler que ce n’était pas véritablement le cas en2001 soit au moment où ce disque a été enregistré. Cetévénement a donc à l’époque constitué pour lui unechance, et illustre parfaitement le rôle irremplaçabledu producteur indépendant à savoir celui qui, par pas-sion, décide de prendre des risques et ce, souvent seul.C’est aujourd’hui une race en voie de disparitionsachant pourtant qu’une approche marketing générali-sée entraînera la mort de toute innovation, de tout

accès à de nouveauxterritoires.L’approche de cepianiste s’inscrit dansun univers où l’onpeut deviner dans lafamille du jazz l’om-bre d’un CécilTaylor, mais aussireconnaître desinfluences multiplesdans celui de lamusique contempo-raine. On peut citersans risquer de setromper, John Cage,Morton Feldmannmais aussi Ligeti. Lepianiste aborde son

instrument comme une terre inconnue qu’il convientdonc d’investir, d’explorer de toutes les manières possi-bles. Accompagné par l’éblouissant percussionnistequ’est Lê Quan Ninh, il nous entraîne dans la décou-verte d’un monde où une succession de sons, de frotte-ments, de feulements, de bruits divers, laissentconstamment l’attention en éveil et entretiennent leplaisir de la découverte. Au fil des plages, l’attention sti-mulée, on affronte ainsi les mystères sonores d’unesorte d’univers amazonien qui s’ouvre devant nous.Seul le piano, par l’irruption de sons cristallins éclaire

40 Retours de voyage L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

Le matin d’un fauve

Mal Waldron était trop discret. Quand on a cheminéavec Mingus, Billie Holliday, Eric Dolphy, LesterYoung, John Coltrane, Max Roach et bien d’autres, onpeut estimer avoir mérité davantage de lumière. Cettediscrétion vient peut - être du fait que c’était unaccompagnateur d’exception (Billie bien sûr mais

aussi et peut-être sur-tout Jeanne Lee), etque cet exercice trèsparticulier rend l’om-bre familière, lamodestie naturelle.On oublie par ailleurstrop souvent que c’estavec lui (et non unpianiste infinimentplus célèbre) qu’acommencé la grandeaventure d’ECM.L’histoire est cruelleparce qu’elle est géné-ralement écrite par lesvainqueurs ; c’est lavie, et la vie Eicher

c’est bien connu. Il pratiquait un art minimal qu’ildéfinit lui-même par cette profession de foi rapportéepar Bernard Aimé dans le livret de l’album “ Nousn’avons jamais été riches, nous n’avons rien jeté. Alorslorsque j’ai une note, j’en fais un plein emploi, je lapressure dans tous les sens. “

Dans ce Matin d’un fauve, il officie avec DoudouGouirand (sax alto et soprano qui fut dès 1970 unpartenaire de Don Cherry) et Michel Marre (trom-pette, bugle, euphonium, grand adepte du métissagemusical), au cours d’un enregistrement “ live “ auPetit Faucheux, lieu dont la réputation a aujourd’huilargement dépassé les limites de la ville de Tours. Ilest en compagnie de deux musiciens qui lui ressem-blent par leur capacité à se mouvoir dans des mondesdifférents. Chaque plage est donc une évasion, mêmelorsque l’orthodoxie semble au rendez-vous (avec lechoix d’un “ traditionnel “ comme “ Dear oldStockholm” ). Il y a des mots qui reviennent régulière-ment lorsqu’on évoque Mal Waldron : simplicité, mys-tère, incantation, silence. Ils sont ici au coeur de cetalbum et le moins que l’on puisse dire est qu’il est enbonne compagnie.

Trilongo

On ne parle pas assez de la Suisse. Il faut affirmeravec force que, quelle que soit la qualité de son tou-cher, elle ne se réduit pas à Roger Federer. Ses enfantspassent souvent trop inaperçus (Charles-AlbertCingria !) et il est certain que parmi ceux-ci RenéBottlang ne déroge pas à la règle. Il faut donc parlerde l’homme. La Suisse est un pays où on ne plaisantepas avec l’exactitude et une anecdote le concernantmontre que Bottlang est bien un enfant du pays. Aucours d’un concert, quinze minutes précises luiétaient imparties, aussi prit-il ses dispositions. Arrivant

sur scène, juste avantde s’asseoir devantl’instrument, il sortitson portable, pro-gramma “ quelquechose “, le posa sur lepiano, puis com-mença à jouer. Aquinze minutes pilele portable émit unepetite ritournelleautour de laquelle ils’enroula, en guisede conclusion. Voicil’homme. On peutlui faire confiance.

Trilongo est un albumenregistré en 2003 soit un an après un Solongo réaliséen solitaire au retour d’un séjour en Mongolie. On sesouvient avec émotion de la suite d’accords qui dansl’ultime plage (une composition de Charlie Haden)laissait l’auditeur sur le quai. Ici, il en va tout autre-ment puisque le voyageur a recherché la compagnie.Pour ce faire, il a choisi d’adopter un discours infini-ment plus audacieux qui rompt avec l’image médita-tive antérieure. Il y gagne en vitalité, surprend, voire

déroute, investit un espace de grande liberté qu’il par-tage avec ses partenaires soit Guillaume Séguron à lacontrebasse et Samuel Silvant à la batterie.Finalement, ce musicien-voyageur continue à nousfaire visiter d’autres contrées. Bottlang appartient enquelque sorte à la famille des écrivains-voyageurssuisses. Cendrars, Maillart, Bouvier, Bottlang, mêmecombat. Pourvu qu’il reparte...

The classic introvert

The classic introvert constitue le septième album enre-gistré par Donald Brown pour le label “ Space Timerecords “. C’est dire s’il s’agit déjà d’un long compa-gnonnage pour cet ancien bassiste devenu pianiste(décidément, comme on le verra plus loin) et qui fitun bout de chemin dans ce conservatoire de jeunestalents que représentaient les “Jazz Messengers “ defeu Art Blakey. La musique de Donald Brown saisitl’esprit et le corps au gré de compositions person-nelles où il excelle dans l’art du portrait, qu’il s’agissed’une femme (“ A dance for Marie-Do “) ou d’unautre musicien (“Phineas “). Le meilleur moment del’album est sans nul doute constitué par ce portraitqu’il fait cette fois delui-même et qui s’inti-tule “ the classic intro-vert “. Loin de l’in-fluence de Monk qu’onlui prête souvent, ilévoque (pour le cli-mat, la couleur,voire, c’est très éton-nant, le thème lui-même) cette superbeversion de “ Love isfor the very young “,(thème du film Thebad and the beautifulde Minnelli) quejouait Steve Kuhndans la série “ Jazz’n(e) motion “ produite par Jean-Jacques Pussiau. C’estdire la palette du musicien.

L’éloge des producteurs courageux qui prennent desrisques a été évoqué plus haut. Il ne faudrait donc pasque cette vérité soit ternie par une image. Il s’agitd’une photo figurant dans un récent et excellent blogà vocation jazz (blogdechoc.over-blog.com) où l’onvoit le responsable du label fumer un cigare bagué debelle taille. Non, les producteurs ne s’enrichissent passur le dos des musiciens, pas ceux associés au sein des“ Allumés” tout au moins... On est donc prié (surtoutles mauvais esprits) de ne pas prendre ce cliché pourargent comptant et de considérer qu’il ne s’agit qued’une attitude “inapropriée” comme on pourrait ledire à la Maison Blanche ou au FMI. Il fallait que cesoit dit.

Chansons sous les bombes

De Chassy et Yvinec ont chanté sous les bombes et onne saurait le leur reprocher puisque c’est pour notrebonheur. Ils s’embarquaient à l’époque pour uneaventure au pays des songs qui dure encoreaujourd’hui et dont, c’est un scoop, un nouvel épi-sode paraîtra bientôt. Une vraie complicité, unegrande complémentarité, un choix savant de thèmesde ces années-là (1930-1950 avec Strauss, Trenet, VanParys etc), aboutissent à un disque d’une grande émo-tion fait par des musiciens qui pratiquent comme peusavent le faire, l’art de revisiter. Le choix judicieuxd’un chanteur comme André Minvielle ajoute unenote à la fois poétique et décalée à ce projet.

Cet album s’inscrit dans une approche que pratiquentces deux musiciens depuis déjà plusieurs années etqui suppose une rigueur d’autant plus nécessaire que,le programme clairement arrêté, elle ne les dispen-sera pas de s’exposer aux risques de l’improvisation.

C’est un exercicedélicat mais qui,avec des artistes decette trempe, per-met de capter l’émo-tion du momentsans risquer des’égarer. Intégrerl’imprévu devientsource de véritablesdécouvertes sachantqu’accepter cesconditions fait par-fois emprunter untout autre cheminque celui qu’ons’était fixé. Selon la

génération à laquelle appartient l’auditeur, il recon-naîtra ou découvrira des chansons avec, dans les deux

parfois la progression de la marche entreprise par lesmusiciens. Le livret ne donne volontairement aucuncode d’accès, ne fait aucun commentaire, ne fournitaucun minutage, laissant la musique à son mystère.Mais avions-nous besoin d’autre chose ?

La part des anges

En jazz, comme dans le monde de l’entreprise, lesfemmes ne peuvent attendre aucun cadeau. Elles sontdonc condamnées à l’excellence même si le piano atoujours constitué un domaine toléré (on se souvientd’une Melba Liston regardée comme une bête curieusederrière son pupitrede trombone chezQuincy Jones). Quandon a les armes dontdispose SophiaDomancich, cela rendsans doute les chosesplus faciles. Elle joueici ses compositions entrio avec Paul Rogers(contrebasse) et TonyLevin (batterie, parte-naires attentifs quiprennent cependanttoute leur place. Cequi séduit d’emblée,ce sont ses qualitésharmoniques et uneconception musicalequi refuse systématiquement tout cliché. Elle sait parailleurs affronter l’un des exercices les plus difficiles quisoient et auquel peu de musiciens sacrifient à savoircelui de la lenteur. Elle sait enfin être “ pêchue ”lorsque cela s’avère nécessaire (”d’Alice” ). Dans soncas (technique et virtuosité naturelle confortées par unpremier prix de conservatoire qu’on ne manque jamaisde rappeler dès que l’on parle de son travail, ce qui doitd’ailleurs plutôt l’agacer vu le chemin parcouru), c’estdonc véritablement un choix et non une solution defacilité. Elle fait partie de ceux qui savent que lamusique passe aussi et peut-être surtout entre les notes.Ce disque, qui s’ouvre et se ferme sur une très bellevignette intitulée “ 11 juillet ” résume dans une grandesimplicité les qualités harmoniques évoquées plus haut.Après l’écoute, on est hanté assez longtemps par le mor-ceau le plus long de l’album au titre étrange de “Corbeau carnivore ” tant on prend la mesure d’un uni-vers vraiment personnel et ce, même si l’ombre (maisseulement elle) de Paul Bley flotte par endroits. Cetalbum a déjà onze ans. Il pourrait facilement être d’au-jourd’hui au regard de ce qu’on peut entendre.

Mister Jones

Ce disque est l’histoire d’un homme qui, un beau jour,a décidé de mener une autre vie. D’abandonner l’ins-

trument qui avait faitsa réputation (Alvim,faut-il le rappeler, futun compagnon deMartial Solal et se vitattribuer le titre demeilleur contrebas-siste européen) pourse tourner vers lepiano. Seuls lespoètes savent com-ment passer de l’au-tre de côté du miroir.Mingus, De Johnette,pour ne citer qu’eux,n’hésitèrent pas ainsià franchir le pas et àenregistrer enquelque sorte sous ce

qu’on pourrait appeler une nouvelle identité. Il fautsavoir que ce voyage n’est pas sans danger surtout sil’ombre tutélaire de Bill Evans, (devant lequel, et à sademande, il joua un jour de la mini-contrebasse) sepenche au-dessus de votre clavier ; il dit même avoirattendu plusieurs années avant de se risquer à affronterun thème comme “ The two lonely people “. Il est évi-dent que l’exercice du solo met la barre encore plushaut, fait courir de plus grands périls.

Heureusement, comme dans toute navigation solitaire,un supplément d’âme peut aider à surmonterl’épreuve et Césarius n’en manque pas. Si le couragevenait à faire défaut, il est par ailleurs réconfortant derecevoir des encouragements qui rassurent, surtouts’ils sont prodigués par d’anciens compagnons deroute de Bill, comme Eddie Gomez par exemple. Il y a dans cet album quelques clins d’oeil au Brésilnatal, un salut enfiévré à Jean-Sébastien Bach, des compositions pleines de lyrisme qui dénotent un beautalent d’écriture. Avec un sens harmonique qui lui permet de poser des touches de couleur, Alvim n’oublie pas pour autant de garder le cap du tempo,avec une main gauche qui dessine des contrebasses imaginaires. On ne tourne pas impunément le dos àson passé.

WALDRON-MARRE-GOUIRANDLE MATIN D’UN FAUVE

AA 312606Waldron (piano), Marre (trom-pette, Gouirand (saxophone)

BOJAN ZXENOPHONIA

Label bleu LBLC 6684Bojan Z (piano, xenophone), Remi

Vignolo (basse), Ari Hoenig (batterie)

Ben Perowsky (batterie)

SOPHIA DOMANCICH TRIOLA PART DES ANGES

Gimini GM1008Sophia Domancich (piano), Paul Rogers

(contrebasse), Tony Levin (batterie)

GUILLAUME DE CHASSY - DANIEL YVINECCHANSONS SOUS LES BOMBES

BEE JAZZ 007

Guillaume de Chassy (piano), Daniel Yvinec

(contrebasse), André Minvielle (voix)

BOTLANG - SÉGURON - SILVANTTRILONGOAjmi AJM07

René Botlang (piano), Guillaume Séguron

(contrebasse), Samuel Silvant (batterie)

CESARIUS ALVIMMISTER JONESAxolotl AXO102Cesarius Alvim (piano)

DONALD BROWNTHE CLASSIC INTROVERTSpace Time records BG 2422

Donald Brown (piano)

FRÉDÉRIC BLONDY - LÊ QUAN NINHEXALTATIO UTRIUSQUE MUNDI

Potlatch P203Frédéric Blondy (piano), Lê Quan

Ninh (percussion)

Texte de Jean-Louis Wiart

RETOURS DE VOYAGE

Page 41: allumes du jazz

41La multiplication des racinesL E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

NANA VASCONCELOS ANGELO - NOVELLI

AFRICADEUSSaravah SHL38

Nelson Angelo (guitare, piano, voix),Novelli (contrebasse, guitare, piano,voix), Nana Vasconcelos (berimbao,

voix, percussions)

RITA MARCOTULLITHE WOMAN NEXT DOOR

Label bleu LBLC 6601Rita Marcotulli (piano), Stéphano DiBattista (saxophones), Caral Marcotulli(chant), Aurora Barbatelli (harpe celtique)Michel Benita (basse guitare et percussions)Robert Gatto (batterie), Gianni Lacobacci,Bruno Gherlanz, Clara Graziano, RobertaBartoletti (organetto), Enrico Rava (trom-pette), Maurizio Martusciello (samples et

programmations), Javier Giroto (saxophones et flûtes), Francesco Marini (clarinette), Carlo Rizzo (tambourin), Barbara Barbatelli (hurdy gurdy), Paolo Dieni (percussions),Fabrizio Cardosa (voix),

Billy Sechi (programmation morse), AldoRomano (voix, batterie)

COLLECTIF FR - CHNTIAN XIA - SOUS LE CIEL

Label Forge FOR 3/1Marc Ducret (guitare),

Dominique Pifarély (violon), François Raulin (piano),

Michel Mandel (clarinettes), Pascal Berne (contrebasse), Emmanuel Scarpa (batterie).

Avec les musiciens chinois : YuanLizhong Zhuyue (sheng), Sun Yi(pipa), Shen Beiyi (liu qin), ZhaoQichen Chunyuan (erhu).

Images de Sylvie Fontaine

Texte de Germain Pulbot

LA MULTIPLICATION DES RACINES

En Chine, dans les rues de Rome pleines delumières et de bruit, au conservatoire deSainte Cécile ou au Brésil, les enfants ne

s'ennuient jamais, y compris le dimanche, quandbien même on tenterait de les forcer.

R I T A M A R C O T U L L I

C O L L E C T I F F R - C H N

N A N A V A S C O N C E L O S

Page 42: allumes du jazz

Les îles désertes, c'est mieux pour les Robinson des Vendredi au soleil que pour les faiseurs de disques, mais ce n'est pas sûr… comme le reste. Ont-ils des points communs ? Qui ? Lereste et les producteurs ? Non! Les Robinson, les Vendredi, les soleils ou les faiseurs de disques ? Ecoutez ? Que gravent-ils et pourquoi ? Des fresques dans les sillons ? Du mural ?De la noix de coco et des singes rieurs ? Auraient-ils, comme Rimbaud et Gustave Courbet, soutenu la Commune de Paris ? Comment voient-ils l’avenir ? Un avenir de chiens

des avenirs d’avant ? Animaux aux oreilles et aux queues tendues ? Un premier contingent a apporté ses traces : un disque par personne morale - c’est moral les personnes, un seul : issu desluxuriants catalogues bourrés d’épices, accompagné pour une part lisible de la légende par l’origine du nom de la maison-mère - c’est mère les maisons, et un petit extrait de pressecar ça s’extrait la presse. Comme les hommes de foules aspirent aux îles désertes, celui qui se plaint des journalistes aime bien être dans le journal. Dans celui-ci aussi même! Là!

42 L’origine du monde des disques des Allumés du jazzL E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

L’origine du mondedes disques

des Allumés du jazz

Image de Jeanne Puchol

Texte du fantôme de la rédaction

Page 43: allumes du jazz

L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

Johnette. Pour mesurer la richesse del’univers de Manu Codjia, on pourras’arrêter sur le contraste entre la finessede « Al Blade » (ballade...) où chacunlaisse les notes s’épanouir et la duretédu propos de « Roc Ferek », sorte de freerock agité mais toujours sous contrôle :l’art des grands ! »

Culturejazz.net

Celp

CELP signifie Centre d'Etudes et deLiaison pour la musique (Celpmusique est la dénominationexacte) en référence à une premièreassociation qui avait contribué à lasortie du premier LP "Musique pourun film policier qui n'existe pas"(Jaume-Humair-Méchali...) en 1983et qui s'intitulait Centre d'Etudes surla Littérature Populaire (CELP).

« D’une tonalité forcément hors normesétant donné la spécificité du Gamelan -ensemble de percussions avec gongs,tambours, métallophones, utilisés àJava et à Bali - cette musique totale-ment improvisée se construit dans unmixage de sonorités bruyantes, très affûtées (…) s’en dégage un parfumd’Orient et d’Occident mêlés. Jaumeténor grave et soprano perçant, se plaîtà jouer les boutefeux (…) et où de là ilréussit à conjuguer les souffles de l’équilibre et du déséquilibre. »Robert Latxague, Jazz Magazine, Mai 2007.

Charlotte Productions

Le label initialement nommé BECABEL/CHARLOTTE RECORDS -parce que résultant d'une volonté com-mune de produire trois projets deFrançois Méchali : DétachementsD'orchestre, Tribute to Mingus, Triptyque -est devenu Charlotte productions, pré-nom de notre fille parce que Françoisne souhaitait pas du tout être impliquédans le fonctionnement de ce label, seconsacrant entièrement à son métier demusicien.

Isabelle Méchali

Une passerelle entre le jazz et la musiquearabo andalouse pour un authentique musi-cien de jazz ancré dans de profondes racines.

Document interne

Chief Inspector

Dans une discussion avec mafemme, je lui ai dit : « si j’ai unlabel, ça s’appellera Chief Inspector ».

promesses. L’Association à laRecherche d’un Folklore Imaginaireest née officiellement le 18 février1977.Tout est déjà dans son intitulé :une Association à la Recherched’un Folklore Imaginaire. Imaginersa propre création à partir d’in-fluences diverses et collectives, telest en vérité le projet ambitieuxque l’Arfi a su réaliser au fil des années.

« Quel bonheur ! ("choc" Jazzman)L’ARFI a 30 ans, la Marmite itou. Etelle bout toujours, à gros bouillons,rajeunie (je ne parle pas de la jeunessedu cœur) par des éléments et instru-ments neufs. Et l’on en prend plein lesoreilles dès l¹ouverture : une furieusecharge sonore qui n’a rien à envier auxCanto General, Municipale Balcanicaou fanfarons de Kusturica, sans quel’esprit, les couleurs, le style, le sonARFI et le sens du chant que chacundes musiciens possède au fond de lui-même, ne soient piétinés par cette trépidante jeunesse ! Avec toujours cettesensation de liberté, d¹enthousiasme etde joie qui fait deviner que, même enstudio, ils ne sont pas figés derrièreleurs partitions. N’y perce aucune nostalgie post free, mais une vitalité de tous les instants, un ressourcementpermanent qui exclut toute idée d’unpassé forcément meilleur. À l’ARFI,chaque petit matin annonce une nouvelle journée, différente de la veillesans que celle-ci soit oubliée. Cela faittrente ans que ça dure, et on ne s’enlasse pas ! Chaque disque de laMarmite Infernale est un bonheurrenouvelé. »

Jean Buzelin, Jazzman, Janvier 2008

Arts & Spectacles

Le A de arts pour des raisons alphabé-tiques. Arts pour la respectabilité et lesérieux. Spectacles parce que l'activitéprincipale de la société (à l'origine) étaitle spectacle vivant. Mais, il n'y a pas euune grande réflexion sur ce choix, c'estvenu comme ça.

Jean-Paul Bazin

« Premier vol.Le trio NBB débute avec un disque trèsréussi, combinant le piano classique etde nombreuses influences contempo-raines. NBB, comme Stéphane Nicault(piano), Jean-Paul Bazin (batterie) etWilliam Bilman (batterie) : un trio àl'instrumentation classique mais à lamusique réellement originale. Intitulél'Envolée pour célébrer le grand démar-

« Saxophoniste particulièrement solideet appliqué pour le premier de ses troisenregistrements (L'appel des sens,1999),Sylvain Del Campo a, depuis, nette-ment affirmé son style et incontestable-ment grimpé de deux divisions : unetechnique portée au presque plus hautpoint, une sonorité "rentre dedans" trèsjouissive et une volubilité qui le fontrejoindre le clan aisément identifiabledes Kenny Garrett, Di Battista, RosarioGiuliani et, par-dessus tout, VincentHerring, dont on a l'impression icid'écouter un frère jumeau (ce qui nepose aucun problème en soi) .../... »

Eric Quenot, Jazz Magazine, Juillet/Août 2008

Archieball

"Archieball" est composé de "Archie"et de "ball".C’était un coup d'envoi, un coup d'essai, une tentative d'atteindre ce quiressemblait à un rêve évoqué depuis denombreuses années : avoir son proprelabel, lancer sa propre maison de production et aussi son propre bureaude gestion des concerts. L'idée étant de lancer la balle pas trop haut en espérant faire mieux petit à petit ..."Archieball" fait aussi penser à"Archiebald" qui est un prénom maispas celui d'Archie Shepp qui senomme Archie comme un de sesoncles. Lorsqu'il était enfant, les enfantss'amusaient à l'appeler Archiebald ;"bald" signifie chauve ... Mais Archieavait alors beaucoup de cheveux.Archie Shepp a maintenant le crânelisse et la sonorité d ‘"Archieball" estpour lui une petite plaisanterie, unepetite revanche sur les taquineries d'enfance.

Valentine Gauthier

« La grande Diva brésilienne dans un programme de reprises subtilement revisitées. Mônica Passos est une créature fellinienne, maternelle et inquiétante à la fois, diva ébouriffante au grandcoeur capable de toutes les trouvailles et audaces. Impossible de lui résister.Dans son nouvel album Lemniscate(nom du symbole de l’infini) qui paraîtsur le label Archieball d’Archie Shepp,elle revient avec une musicalité et unesincérité constantes sur une poignée destandards écrasants, inabordables pourn’importe qui d’autre qu’elle, de « Riders on the storm » à « Carmen »en passant par « La mémoire et la mer »(de Léo Ferré). Du grand art, unegrande dame. »

J.-L. Caradec

Arfi

Le Label Arfi, un label de musiciens,est le reflet d’une musique quitrouve son accomplissement sur lascène, qu’il s’agisse d’un groupe oud’un projet particulier comme unemusique pour un film. Et lorsqu’elleest enregistrée, ces cultivateurs duson ont le bon goût de s’entourerdes meilleurs metteurs en conservedu moment, afin que la récoltegarde toute sa saveur première ettout son enthousiasme. Près de 50disques depuis les premières productions sur Arfi move, des collaborations multiples et unenouvelle collection pleine de

43L’origine du monde des disques

AA, le petit faucheux

...française évidemment ! On neveut pas d’histoires, surtout pourune musique sans frontières. Enfait, Bernard Aimé et moi-même,Michel Audureau, avions dans unpremier temps souhaité l’appelerA2 pour le jeux de mots entre leprojet duel et les initiales de nosdeux patronymes. Il s’est trouvéque A2 était déjà une marquedéposée donc inutilisable. Nousavons conservé l’idée de l’initialedes deux patronymes tout en cherchant à lui donner un sensplus proche du projet ce qui adonné Accord Accort. Mais le dirigeant, dont je me suis empresséd’oublier le nom, de la collectionAccord (classique) nous a menacésde procès pour homophonie (lamorale est sauve). Il a été conclu àl’amiable, terme impropre s’il enest, que nous nous appellerionsseulement AA. Comme AccordAccort et comme Aimé Audureau,ou le contraire. Vous voilà doncrenseignés sur cette origine mouvementée. Quant au sens deAccord Accort, il est celui du dictionnaire à savoir : accord agréable.

Michel Audureau

«Le pianiste Eric Watson et le contrebassisteJohn Lindberg, complices de longue date,retrouvent le batteur Bill Elgart pour une“première” en trio enregistrée “live”. Unemusique d’une rare séduction, éminemmentpersonnelle, des compositions originales d’unegrande beauté, l’un des sons de piano les plusprofonds qu’on puisse entendre aujourd’hui :une manière de perfection dans le format dutrio jazz.»

Jazz Actuel

AJMI series

1) parce que c'est le label de l'Ajmi(Association pour le jazz et lamusique improvisée - Avignon)2) "séries" parce que nous le déclinons (le label) en séries de 9 :de 1 à 9, puis de 10 à 18 (la sérieactuelle), ensuite (si tout va bien!)de 19 à 27 ... L'idée étant d'évoluergraphiquement à chaque changement de série.

Jean-Paul Ricard

«Ces quatre-là marient deux approchesavec une rare réussite : un sens de larecherche qui privilégie les sons, les

contrastes, les heurts, les lignes de fuite... etun goût mélodique prononcé, souvent en apesanteur (Les instants dérobés). Leur propos s’épanouit dans le vaste panorama dujazz contemporain conjugué aux musiques européennes.»

Anne Ramade, Jazzman, Mars 2005

Amor Fati

« Amor fati : ne rien vouloir d'autre que ce qui est, ni devantsoi, ni derrière soi, ni dans les siècles des siècles. Ne pas se contenterde supporter l'inéluctable, et encoremoins se le dissimuler - tout idéa-lisme est une manière de se mentirdevant l'inéluctable - mais l'aimer... »

Friedrich Nietzsche, Ecce Homo

« Chez Benjamin Bondonneau (clarinette) etFabrice Charles (trombone), on retrouve lesdeux attitudes, improviser, travailler avec cequ'on a, et aussi écouter et faire entendre lepaysage. Utilisation de l'acoustique naturelle,jeu avec son double, placement dans le paysage, transparence, présence organique etsensation animale. Une approche très concrètede la matière sonore à l'exemple de l'eau oudu feu qui deviennent craquements dedisques. Et puis le processus s'inverse, lesmusiciens ne jouent pas avec la nature, c'estelle qui joue avec eux - différence de position-nement. On arrive à en oublier leur présence,ils ne sont pas toujours là, pour se laisserprendre par le flux de ce véritable road movie.Une musique pensée pour le disque et l'écoutedomestique. »Jérôme Noetinger, Revu et Corrigé, Septembre 2007

Aphrodite Records

A la création du label, impossible detrouver un nom, les noms qui me plai-saient étaient tous enregistrés et proté-gés... Lors d'un dîner au restaurant, laquestion revient sur la table... un peu endésespoir... Ma petite Léa (11 ans...)nous fait une remarque "tu n'as qu'àl'appeler comme ta copine à la mai-son..." évidemment interrogation detous... encore plus de ma compagne... nous l'interrogeons... oui lafille à la maison... tu en as plusieursetc.... En fait, il s'agit des statues en albâ-tre que j'achète à chaque visite enGrèce... Evidemment, Aphrodite figureen bonne place ! Tous retrouvent lesourire et après vérification des dépôts àl'inpi, il est possible de créer APHRODITE RECORDS.

JJ Grabowski

rage public de cette formation, il faitentendre des compositions originales du batteur et du pianiste. Les trois musiciens yexploitent au mieux les possibilités dutrio en échappant à la formule du pianoaccompagné. Ici, la basse électrique, particu-lièrement mobile, et la batterie, d'unegrande musicalité, participent pleine-ment à la construction d'un univers oùse combinent la technique du piano clas-sique, les inspirations des années 1970et l'héritage bien assimilé des fusionsdiverses auxquelles le jazz a été convié...»

Denis Constant-Martin

Axolotl Jazz

Axolotl jazz est né en 1993 d'uneconversation autour d'un piano avecFrançois Tusques. Le premier album futOctaèdre qui, comme pour d'autres quisuivirent, jetait une passerelle entre la littérature et le jazz (ici Cortazar).L'album reçut une critique plus qu'élogieuse (classé dans les 10 meilleurs disques de l'année par LeMonde). D'autres albums ont suivi avecdes partenaires très divers (CésariusAlvim, Lee Konitz, Patrick Favre,Guillaume de Chassy, Frédéric Jeanne,Jeff Gardner...). Actuellement, le labelproduit sous licence deux albums àsavoir le trio Edwin Berg, EricSurménian, Frédéric Jeanne et pour ladeuxième fois le duo Guillaume deChassy - Daniel Yvinec qui viennentd'enregistrer avec Paul Motian et MarkMurphy.

Jean-Louis Wiart

« (...) on est saisi d'emblée par la profondeurde ce piano (...) disposant d'un toucher délicat Patrick Favre éblouit par la manièredont il fait respirer ses phrases, la logique deses improvisations (...) une belle lumièrenimbe sa musique, un jazz intensémentlyrique que l'on applaudit à deux mains. »

Pierre de Chocqueuse, Jazzman

BeeJazz

La maison de disques à l'origine dulabel étant Abeillemusique le nom surfesur la thématique autour des abeilles, etBEEJAZZ signifie avant tout le "miel", lenectar du jazz. Ensuite BEEJAZZ c'estaussi « Be » Jazz, être jazz : être investide, par, et pour le jazz.

« La musique est toujours là, parfaite-ment façonnée et pour retrouver uneintensité similaire, on pense à la forcedu trio Gateway qui réunissait JohnAbercrombie, Dave Holland et Jack de

BENJAMIN BONDONNEAUFABRICE CHARLES

DORDOGNEAmor Fati FATUM 011

SYLVAIN DEL CAMPO ECLIPSIS

Aphrodite Records APH 106011-8

LA MARMITE INFERNALEENVOYEZ LA SUITE

Arfi AM042

STÉPHANE NICAULTJEAN-PAUL BAZIN WILLIAM BILMAN

L’ENVOLÉEArts et spectacles ASCD100105

FRANÇOIS MÉCHALI LA TRANSMÉDITERRANÉENNE

Charlotte CP 207

MANU CODJIA SONGLINESBeejazz BEE018

VÉRONIQUE - BINETBOLCATO - ROLLET

EAU FORTE - QUATRE À QUATREAJMI AJM09

ERIC WATSON JOHN LINDBERG BILL ELGART

THE FOOL SCHOOLAA 312602

MÔNICA PASSOS LEMNISCATE

Archieball ARCH0801

PATRICK FAVRE TRIO INTENSE

Axolotl AXO 108

ANDRÉ JAUMESAPTO RAHARJO

GAMELAN PROJECT FIRSTSESSIONCelp 55 56

Page 44: allumes du jazz

Ce nom est un hommage au personnage des films La PanthèreRose, de Blake Edwards, interprétépar Peter Sellers qui est d’abordInspector Clouseau et qui devientChief Inspector Clouseau. A cetteépoque, avec un ami journaliste etun ami disquaire, nous répétionsen boucle les quelques phrasestirées des nombreuses scènesmythiques de cette série de films.

Nicolas Netter

« On a rarement entendu des textesd’une telle finesse portés, enchantés parl’écriture orchestrale. Une conversationmusicale au lyrisme novateur, qui sejoue tant dans l’engouement collectifqu’à travers des contrepoints facétieux. »

Jazzman.fr

Circum-Disc

“Circum-Disc” est le nom qui estvenu assez naturellement quand lecollectif Circum, collectif d’unedizaine de musiciens actifs dans lejazz et les musiques improvisées, adécidé de produire ses propresdisques. “Circum” évoque pour lesmusiciens qui composent le collec-tif l’idée d’un cercle très ouvertautour duquel peuvent gravitermusiciens, projets, influences,public...

Peter Orins

Prolongement du projet créé en 2006au Vietnam, le disque Bai Hat explorela richesse de la musique traditionnellede Hué confrontée au jazz contempo-rain et improvisé de Circum. Lamusique écrite au Vietnam par OlivierBenoit, Sébastien Beaumont et PeterOrins se nourrit de leur séjour à Hué,ancienne cité impériale, et de la culture traditionnelle vietnamienne. Une écriture très mélodique...

Document interne

44 L’origine du monde des disquesL E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

Cismonte è Pumonti

D'autres Cordes

D'Autres Cordes pour les donner àentendre (les autres).

Franck Vigroux

« La musique de Push The triangle estune des plus excitantes qui se puissententendre aujourd'hui dans le domainedu jazz dit vivant. »

Serge Loupien, Libération

EMD

Lorsque les initiateurs du label lorrain se sont vu refuser le nom"CINQ SUR CINQ" par la préfec-ture au moment de la création dulabel, parce que "déjà pris",Dominique Simon (ex-président etmembre fondateur d'EMD) a sortide son chapeau "Les EtonnantsMessieurs Durand" nom du groupede rock étudiant des années 90,dont il était l'un des chanteurs etfondateurs. L'idée d'associer unnom de famille bien français"Durand" avec l'adjectif "étonnants"pour s'approprier une musiquemarquée par ses origines américainesavait été trouvée par la bande dejazzeux / rockeux lors d'une soiréebien arrosée !

« Sous un titre palindromique, dix-neuf petites pièces dont la plupart

n’excèdent pas les fatidiques troisminutes des vieux 78 tours. C’est assezdire la densité de chacune : toute pro-lixité en est bannie. Il s’agit d’aller àl’essentiel, de définir en quelques notesune couleur et un climat. Ce quiimplique une précision d’entomologisteet une entente qui ne s’autorise pas lemoindre écart... la thématique, origi-nale à l’exception de Giant Steps, estassez variée pour éviter toute uniformitéet l’ennui qui en découle d’ordinaire.On se délecte donc d’un bout à l’autre àl’écoute de ces histoires courtes dont leschutes, parfois insolites, ne sont passans évoquer l’art elliptique du haïku. »

Jacques Aboucaya, Septembre 2005

Emil 13

EMIL signifie ExpériencesMusicales et Improvisées enLorraine, et le 13 est le nombre demusiciens impliqués dans le projetmusical "la 20ème pulsation", com-mande du festival NJP en 1993, unbig band déjà à l'époque, qui adonné naissance au collectif....

«... Le disque s’articule autour de cinqlongues compositions à tiroirs ou vien-nent se croiser toutes les influences pos-sibles mais surtout un foisonnementd’idées originales, solides et solitaires,innovantes, savamment orchestrées ettémoins d’une bonne humeur jamaisdémentie... Le résultat mêlant à un jazzde stricte obédience des envolées free,l’énergie du jazz-rock et la dérision dumusic-hall...»

Joël Pagier, Improjazz

Emouvance

"Emouvance" n'est rien d'autre quela contraction de deux mots,"émouvant" et "mouvance", soit, engros, de l'émotion, et du mouve-ment. Mais depuis la création de cebarbarisme que l'AcadémieFrançaise nous reproche encore,nous nous sommes beaucoupdécontractés !

Guillaume Pierrat

« Un chant ample se déploie, souventd'une beauté saisissante. C'est unemusique de raison et de déraison, devolonté et d'urgence spontanée, dedanse et de méditation. Ce disque porteplus de folie, de tendresse et de rêve,donc de musique que la plupart de ceux

qui sortent habituellement. ClaudeTchamitchian et ses compagnons de jeuont la capacité rare de larguer codes etstructures et, au-delà (ou au-deçà) detoute routine, de s'inventer les cheminsles moins balisés afin de cerner, d'effleurer ce qui pourrait bien être l'essence du jazz, la musique première. »

F. Médioni, Jazz Magazine

Evidence (LMD productions)

3 origines : tout d'abord bien sûr lethème de Thelonious Monk, mais ila été choisi aussi parce qu'àl'époque cela nous paraissait une"évidence" de nous investir dans laproduction des musiques qui nousimportaient et parce que ce mot enanglais veut dire témoignage,preuve...

Sylvain .Kassap

«Accompagné de Didier Petit (violon-celle et voix), Hélène Labarrière (contre-basse) et Edward Perraud (batterie etpercussions), Sylvain Kassap nous livreune écriture très contemporaine, radi-cale et aboutie, servie par une sectionrythmique tout terrain littéralementépoustouflante. L’univers de « Boîtes »est riche en nuances et en couleurs, avec une précision pousséejusqu’aux détails les plus infimes del’espace sonore... Mais c’est bienSylvain Kassap qui est le véritable cata-lyseur d’une forme convulsive de lyrismepeu entendue jusqu’alors mais quimérite sa place au plus haut niveau. »

Philippe Gimet, Octopus 2004

Free Lance (JPR production)

Le label Free Lance est né en 1978(il y a trente ans donc...) alors quej'étais encore journaliste à l'AFP.Dans la Presse, le "free lance", c'estle journaliste pigiste, indépendant,franc-tireur... Cela me paraissaitconvenir parfaitement au petitlabel indépendant que je lançais àcette époque. Et comme FreeLance n'est jamais passé sous lecontrôle de plus gros que lui (nid'ailleurs de plus petit que lui), lelabel mérite toujours son appellation,me semble-t-il.

JPR

« Du Blues le plus âprement "lowdown" à tels emportements libertaires,en passant par la fête souple ducalypso, voici le jazz mis en tous ses

états (de choc, d'urgence, de guerre, derêve) par l'un des plus intelligentsmusiciens apparus avec le free, MarionBrown. »

Jean-Pierre Moussaron, Jazz Magazine

Gimini

Gimini vient des différentes signifi-cations de mots approchants.Gemini est le nom latin de laconstellation des Gémeaux, c'est lesecond programme de vols spa-tiaux et Jiminy le criquet est labonne conscience de Pinocchio deCarlo Collodi. Le logo au départétait un oiseau volant au-dessus desanneaux de Saturne.

Gérard Lhomme

« (...) l'univers développé fait la partbelle aux tourneries rythmiques,promptes à vous faire bouger de votrefauteuil, mais témoigne aussi bien de laconnivence de chacun, d'une ententecollective fondée sur la reconnaissancemutuelle des deux univers que sont lejazz et la musique Mandingue... LydiaDomancich (...) compose une suite dethèmes qui ne tendent jamais à devaines effusions, ni à saupoudrer dequelques tics exotiques, mais plutôt àvaloriser l'originalité de chacun enfonction de l'autre... »

Jacques Denis, Jazzman

GRRR

GRRR, comme une envie de mordre ! Une onomatopée internationale se référant à labande dessinée. Depuis la créationdu label en 1975, nous n'avons pasperdu notre mordant, plus quejamais nécessaire pour changer lecours du temps...

JJB

« Ouvrir de nouveaux champs d'expéri-mentation : convoquer (les états géné-raux de la pop d'aujourd'hui), provo-quer (des rencontres, des réactions), évoquer (tout un cinéma mental) - etsur ce plan, Machiavel est une réussiteindéniable. Princier ! »

S.Ollivier, Les Inrockuptibles

in situ

In situ, ça peut vous arriver !A l'origine des origines "in situ"était "in side", mais "in fine" nousl'avons appelé "in situ", car vu d' "inside" cela nous semblait plusjuste qu' "in vivo". En bref, commedes "in nocent" que nous étions, ilnous paraissait "in intéressant"d'appeler "in situ" autrement que"in situ". En effet, cette dénomina-tion était plutôt "in habituelle" àcette époque, même si certainsituationniste était déjà passé avantle "in". Comment pourrait-on appe-ler autrement une collection dontl'"inimaginable" est la raison d'être !Et finalement aujourd'hui, qui nerêve d'être "in"? Dans ce cas, autantêtre "situ" avec, car "si tu" savaiscombien de bonheur nous aapporté le "in" qui va avec le "situ",tu serais toi-même "in situ". Restonsheureux !!!

Didier Petit et Théo Jarrier

« Joe McPhee et Daunik Lazro vaga-bondent depuis si longtemps dans l'his-toire du jazz et des musiques improvi-sées qu'ils en sont à la fois les héritierset les fossoyeurs. Nancy, avril 1991, untrop court moment, débarrassés dusouci d'innover, les souffles se sontconjugués - une presque indécente inti-mité. »

Jim A Musiques

C’est tout simple : le fondateur, JimAssan, se faisait appeler au débutJim A. (Quelle idée !).Par la suite, il a mieux assumé defaire figurer son nom en entier...

Jim Assan

« (...) d'autant que le cv des musiciensimpose le respect : Marc-Michel LeBévillon et François Laizeau notam-ment ont respectivement tenu la basseaux côtés de Michel Legrand et lesbaguettes au sein de Magma. Tout cebeau monde s'est avant tout fait plaisiren mettant en boîte les standards qu'ilinterprète dans les clubs. (...) Du jazzd'amateur au sens noble et donc sansprétention. »

Thomas Marcuola, Jazz Hot

VINCENT COURTOIS ZE JAM AFANE L’HOMME AVION

Chief inspector CHIN200813

PUSH THE TRIANGLEREPUSH MACHINA

D’autres Cordes DAC 091

LE GROUPE EMILA FOND DEDANSEmil 13 LE 007

HUE - CIRCUM BAI HAT

Circum disc CIDI802

PIERRE-ALAIN GOUALCHFRANCK AGULHONTIKIT, HISTOIRES

COURTES POUR PIANO ETBATTERIEEMD 0401

BILL COLEMANJEF GILSON BIG BAND

Cismonte & Pumonti cp33167

CHRISTEL ASSAN NATURE BOY

Jim A musiques JIMA2

NEW LOUSADZAK HUMAN SONGS

Emouvance EMV1025

MARION BROWN QUARTETBACK TO PARIS

Free Lance FRL-CD 002

UN DRAME MUSICALINSTANTANÉMACHIAVELGRRR 2023

SYLVAIN KASSAP QUARTETBOÎTES

Evidence fa 475

MADOMKOD’OUEST EN OUEST

Gimini GM 1018

JOE MC PHEE DAUNIK LAZROÉLAN IMPULSEIn situ IS075

Page 45: allumes du jazz

AMISFOR FRANCK WRIGHT

Label usine 1003

45L’origine du monde des disquesL E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

Label Bleu

J’ai trouvé le nom Label Bleu en jouantautour de l’idée du bleu, du jeu et del’énergie. Je me souviens que je voulaisme prémunir du sérieux qui hantait lescouvents du jazz. Le jeu de mots réson-nait comme une provocation, c’était unpeu l’almanach Vermot à l’examend’entrée de la rue d’Ulm.La Maison de la Culture d’Amiens étaitnotre terrain de jeu.

Michel Orier

«Bubbemeises, c’est-à-dire « les men-songes de ma grand-mère »... Toute lasaveur affective et ironique de la langueyiddish se trouve concentrée dans le titrede ce nouvel opus du New-YorkaisDavid Krakauer. Encore une fois officieà ses côtés le jeune Canadien Socalled,un surdoué du sampler et du séquen-ceur. Sans compter la guitare funky deSheryl Bailey et l’accordéon guincheurde Will Holshouser.C’est dire que les musiques du mariageashkénaze sont menées avec pêche et vir-tuosité. Et que les sanglots longs héritésdu chant synagogal se transmuent enun swing lorgnant à l’occasion vers latechno ou le hip-hop. Le tout est agré-menté d’échos de ce mélange d’alle-mand, d’hébreu, de slave et de diversidiomes latins qu’est le yiddish. A l’oc-casion s’y insinuent des dérives vers leshappenings contemporains, entre blueset bande-son cinématographique. Unbrin hétéroclite, peut-être, mais festif àsouhait, tout en restant à mille lieuesdes chemins balisés.»

Eliane Azoulay, Télérama

Label Forge

La légende de l’harmonieux forgeron

Un jour, Pythagore se promenaiten réfléchissant aux problèmes dela consonance, et cherchait s’ilpouvait imaginer pour l’oreille unsecours analogue à celui que possède la vue avec le compas ou larègle, le toucher avec les balancesou les mesures. Il vint à passer, parune coïncidence providentielle,devant un atelier de forgeron etentendit très distinctement desmarteaux de fer frappant sur l’enclume et donnant des sonsconsonants entre eux, à l’exceptiond’un seul couple. Rempli de joie, ilentra dans l’atelier comme si undieu secondait son dessein, et pardes expériences variées reconnutque c’était la différence de poidsqui causait la différence de son, etnon l’effort des forgerons, ni laforce des marteaux. Il releva avecsoin le poids des marteaux et leurforce impulsive, puis rentra chezlui et continua l’expérience, d’ailleurs facile à reconstituer : ilne faut qu’une ficelle mince, de 25cm environ, un crochet de fil defer et des poids de cuisine de fonte.Qu’il vous prenne un jour la fantaisie de la répéter... Et vous constaterez qu’elle est fausse !

Le rapport des poids n’a rien à voiravec les intervalles cherchés. Etnéanmoins pendant quinze siècles,on l’a enseignée comme un dogme

à une soixantaine de générations.On la trouve relatée par Gaudence,Jamblique, Macrobe, l’Hagiopolite,Boèce. Ce dernier, au VIe siècle, latransmit au Moyen Age qui larépéta fidèlement. Elle était encorecourante au XVIe siècle. On adonc recopié pendant vingt-deuxsiècles le récit d’une expériencefantaisiste que cinq minutes et unbout de ficelle eussent suffi à rectifier !

Légende (ici simplifiée) rapportéepar Nicomaque au IIè siècle denotre ère.

"Mais ce texte est peut-être postérieur àune réunion de fondation duCollectif où tout simplement étaitévoquée l'idée d'un travail musicaloù chaque note était forgée dans uncreuset où chacun apportait son souffle créatif ... "

René Robin

« Tantôt portée par les accents desmusiques traditionnelles, tantôt ancréedans le patrimoine fertile de composi-teurs du XXe siècle tels que DukeEllington, Charlie Mingus, OlivierMessiaen, György Ligeti (...), l’aventureNOVO s’appuie bel et bien sur des compositions originales construites surmesure dans une recherche permanentede couleurs, de dynamiques propres à cequartet. »

Michel Doris, Le Dauphiné Libéré

Label Hemiola

Hemiola vient du mot Hemiole quidésigne en musique une superposi-tion de rythmes ou métriques ...l'idée nous plaisait et le "son" aussi.

Murat Öztürk

« En dépit de la connotation péjorativesouvent liée à ce terme, de la méfiancelégitime que suscite le mariage improba-ble de la carpe et du lapin, parlera-t-onici de « cross- over » ? Oui, si l'onconsidère que, pour son second opus,Öztürk campe à la croisée des cheminscomme le firent avant lui Jarrett ou, enremontant dans l'histoire, Bill Evans.On conviendra qu'il est des référencesmoins flatteuses. Or, précisément, si lepianiste rappelle le premier nommé,période « Köln Concert » - par les réité-rations insistantes, par le lyrismeromantique ou l'énergie de certaines

envolées -, l'univers du second, safinesse de toucher, sa science de l'harmonieet des dynamiques, ne lui sont pasdavantage étrangers...»

Jacques Aboucaya, Jazz Magazine

Label Usine

C'est Luciano Pagliarini qui en a eu l'idée. Il avait en tête le labelFactory (fabrique, usin) mais c'étaitdéjà pris et en plus il vit à Audun leTiche pays minier et sidérurgique. D'ailleurs, l'album defer et de feu a été enregistré dansun laminoir à Dudelange. Donc, çacorrespond à une réalité industrielleet artisanale en même temps, et onpeut l'entendre comme "la belleusine" qui fabrique des cds, danscette région où à Gondrange chezMital l'énervé du "travaillerpeluche pour gagner peluche" aencore roulé les sidérurgistes pourla énième fois.

Jérôme Bourdellon

«Ce disque est out enlumin" de thermiqueslyriques, envoléees et contre-chants ;superbe étrave de Daunik Lazro quilaisse un sillage fumant, danses etvolières bariolées de Jérôme Bourdellon,calligraphie veinée d'André Jaume,vitraux et buées vocales de Joe MPhee.Poignant et somptueux.»

Guillaume Tarche

Laborie

Le label Laborie est né de l'aventuredu Centre Culturel de Rencontrede La Borie : lieu de rencontres, derecherche et de création de toutesles musiques. Il a pour vocationd'accompagner les artistes qui viennent travailler et enregistrerdans un manoir historique réaménagé, au cœur de la campagne limousine, à deux pas de Limoges.

« Yaron Herman est accompagné dubatteur Gerald Cleaver et du contrebas-siste Matt Brewer. Le trio présente sondernier disque, A Time For Everything,sorti fin 2007, pour lequel ils ont suréunir Scribine et Björk, et des stan-dards comme "In The wee Small HoursOf The Morning" avec l'"Halleluiah"de Jeff Buckley. »

Midi Libre

Le Triton

Le Triton « diabolus in musica » estun intervalle de 3 tons entiers long-temps banni. Cet intervalle est trèsutilisé dans la musique contempo-raine et dans le jazz, il est signe demodernité et de libération de lamusique après une longue périoded’inquisition.

«Dark Shot, le quatrième opus dugroupe laisse s'exprimer les sensibilitésmusicales de chacun des musiciens(puisque tous composent), et l'ensembleest pourtant très cohérent, preuve d'unematurité désormais indéniable. C’est unalbum sobre, efficace et synthétique. De"Black P" à "Nosh Partitas", c'est unvoyage ininterrompu vers l'énergie bruteque propose One Shot, avec un son deplus en plus rock, mais aussi sansdoute de plus en plus sombre. Les ver-sions live de ces nouveaux titres, présen-tées sur le DVD, sont à l'image de cequ'est le groupe, sur scène comme enstudio : concentration, exigence et maî-trise sont au service d’une musiqueintense, organique et physique, dontl’essence n'épargne ni tympans nisueur.»

Fanny Layani, Progressia

Linoleum

Linoleum est juste le nom d'une demes compositions.

Laurent Rochelle

« Le Lilliput Orkestra apporte au jazzhexagonal la touche de malice et defraîcheur qui lui fait trop souventdéfaut. Avec ce troisième album, nosgais lurons élargissent leur périmètred'intervention pour se faire émissairesde métissages du troisième type, accom-plissant au passage une libre synthèseentre l'esprit «downtown» du jazz new-yorkais et les audaces jubilatoires del'emblématique Arfi ! »

Solénoide, Avril 2008

La Nuit Transfigurée

1999, un siècle que La NuitTransfigurée a été composée parArnold Schoenberg. Elle représente lelien entre l'époque post-romantique ducompositeur et sa période dodécapho-nique, l'héritage et l'avenir, la continuitévers la modernité. Le label a le désir deprésenter dans son catalogue toutes lesmusiques (passées et contemporaines)dans un seul souci d'authenticité etd'honnêteté, allant de la musique clas-sique au contemporain écrit, en passantpar la musique improvisée. C'est peut-être aussi l'occasion de "décloisonner"les différents styles musicaux, pour nedéfendre plus que la Musique.

Thierry Mathias

« Maintenant enfin, on entrouvre lecercle, on l'ouvre, on laisse entrerquelqu'un, on appelle quelqu'un, oubien l'on va soi-même au-dehors, ons'élance. On n'ouvre pas le cercle ducôté où se pressent les anciennes forcesdu chaos, mais dans une autre région,créée par le cercle lui-même. Comme si lecercle tendait lui-même à s'ouvrir surun futur, en fonction des forces enœuvre qu'il abrite. Et cette fois, c'estpour rejoindre des forces de l'avenir, desforces cosmiques. On s'élance, on risqueune improvisation. Mais improviser,c'est rejoindre le Monde, ou se confon-dre avec lui. On sort de chez soi au fild'une chansonnette. »

Gilles Deleuze, Félix Guattari.

Marmouzic

Au départ, une association de musi-ciens et de comédiens : Le BonAlouate (l'alouate est un singe hur-leur d'Amazonie), puis un déména-gement en Bretagne qui a donné"Marmouzic" (Marmous est lesinge en breton).

Christophe Rocher

« Cet album est magnifique de maîtriseet de risques savamment calculés. (…)Sans nostalgie aucune (et bien même,elle ne témoignerait pas de temps tropanciens), l’écoute de cet enregistrementme renvoie aussitôt à l’excellent concertdonné à l’ITEMM, lors du récentEuropa Jazz du Mans, par ChristoferBjurström et Christophe Rocher. (…)Entre le piano, tantôt fougueux, tantôtrêveur de Bjurström et la clarinetteacrobate de Rocher, la conversation, sur

scène comme en studio, ne semble pasprès de faiblir. L’un épuise le rythmequand l’autre poursuit la mélodie. (…)Le silence des touches en appelle à lapoésie d’un souffle torturé. Chacun,ensemble ou séparément, oscille entrel’intimité d’une composition fragile etl’énergie soudaine d’une improvisationdébridée… (…) Et c’est ainsi que cetalbum est magnifique de maîtrise et derisques savamment calculés. Bjurströmet Rocher ne perdent jamais le contrôlede leur propre discours. Ils le connais-sent sur le bout des doigts, au point des’en amuser fortement, et nous avec, enconséquence. (…). »

Improjazz, Joël Pagier

Musivi Jazzbank

Musiques vivantes, tout simplement.Et puis, la belle muse y vit, du moinsc’est ce qu’on dit. On ne sait si cettemuse, source d’inspiration, étaitcomme Athéna armée de sagesse etde prudence et tout droit sortie ducrâne de Zeus. L’histoire du Labelmontre que cette muse a flirté avecl’audace, l’hérésie (cf. Loco solo, lesolo fou du saxophoniste FrançoisCotinaud), la folie pure (cf.Rimbaud et son double, un coffretdédié au poète) ou la déraison (cf.François Cotinaud fait son RaymondQueneau). Robe de douceur (cf. Yom’enamori, autour des musiquesjudéo-espagnoles), la muse s’amusede tout ce qui l’enchante.

François Cotinaud

«Une citation de "Misterioso", de TheloniousMonk, et trois variations sur la "SequenzaIX", de Luciano Berio, peuvent donner lesclés - jazz et musique contemporaine sourcesde l'improvisation - des musiques très person-nelles créées par le saxophoniste. Par son sensde l'espace et du volume, une sonorité claire,le délié du découpage rythmique, Cotinaudfait de ses expressions spontanées des histoireschargées d'une sereine beauté. »

Sylvain Siclier, Le Monde

nato

nato était un Apache chiricahua cousinde Geronimo (il fait une apparitionaussi brève que stéréotypée dans JerrySpring de Jijé) ; une chatte siamoise fortement indépendante (pas facile àcaresser) hérita du nom ("je suis né" envieil espagnol) ; une maison de disquesqui n'a pas fini de naître, partagea cethéritage.

Jean Rochard

MURAT ÖZTÜRK CANDIES

Label Hemiola MOCD2

LILIPUT ORKESTRA ÇA URGE !

Linoleum LIN 007

BJURSTRÖM - ROCHERBJURSTRÖM-ROCHERMarmouzic MAR002

YARON HERMAN EN TRIOA TIME FOR EVERYTHING

Laborie LJ04

TONY COELES VOIX D’ITXASSOU

nato HS10054

QUARTET NOVOJARDIN VOLANTLa forge FOR2/1

ONE SHOTDARK SHOT

Le Triton TRI08515

CAMEL ZEKRILE CERCLE

La nuit transfigurée lnt 340122

FRANÇOIS COTINAUDLOCO SOLO

Musivi MJB 006CD

DAVID KRAKAUERBUBBEMEISES

Label bleu LBLC6677

Page 46: allumes du jazz

Rude Awakening présente

Le nom de Rude Awakening vientde rencontres de musiques impro-visées que j'ai commencé à organiserà Montpellier quand j'y suis arrivéen 2000... C'était des rencontres demusiciens d'univers très différents(rock, jazz, musique impro, électro,chant lyrique...), j'avais donc cherchéun nom qui puisse qualifier le sentiment à la fois du public et desmusiciens lors de ces sessions et leterme "rude awakening", qui signifieplus ou moins "douche froide",m'avait été suggéré par une amieanglaise de passage. Par la suite un certain nombre des musiciensinvités ont continué à jouer plus ou moins régulièrement ensembleet le nom "rude awakening " estresté pour le collectif informel quis'est mis en place.

Aurélien Besnard

« Il y a, dans le deuxième album decette formation issue d'une rencontre àMontpellier entre des musiciens françaiset danois, la promesse d'un travail endevenir. D'un work in progess. Basé surun tramage polyphonique, il donne àentendre une musique hésitante entrejazz et musique contemporaine. Ilémerge de beaux moments et quelquessolistes intéressants (pas tous malheu-reusement), comme ce clarinettiste aujeu intense ou bien ce guitariste quiinsuffle une vraie énergie au groupe.On reprochera cependant à cet albumqui se veut une suite, un manque decohérence et, parfois, un sentimentd'emporte-pièce que n'aide pas une rythmique dans l'ensemble très molle quicontribue à nous laisser indifférents. »

Jean-Marc Gelin, Jazzman

Saravah

Saravah est un vocable Yoruba,répandu en Amérique du Sud parles esclaves, principalement auBrésil, et très présent dans les rituelsde Macumba. Dans le célèbre«Samba da bençao» Vinicius deMoraes, sur les notes de BadenPowell, salue ses confrères musi-ciens par le «saravah»yoruba. Dans son adaptation enfrançais, Pierre Barouh rebaptise lachanson «Samba saravah».Quelques mois avant la création deséditions du même nom, en 1966.

VÉRONIQUE BALMONT DOUCE HEURESaravah SHL2104

46 L’origine du monde des disquesL E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008

«De l’Espagne Républicaine à Sowetoen passant par la Palestine, CheGuevara, Belfast, Pékin et WoundedKnee, du Cante à la rumba ; Tony Coen’oublie personne ; autant d’hymnes etde complaintes anonymes ou non dontle voisinage constitue une suite.»

Xavier Matthyssens, Jazz Magazine

nûba

nûba a été créé en 1990. Ce nomfait référence à diverses affinités del’époque, tout à fait subjectivement :les Noubas qui vivent dans lesmonts Nouba au sud Soudan. Lesnoubats : modes traditionnels de lamusique arabo-andalouse. Enfin, lasonorité du mot, simple, dynamique,gai et ouvert.

J. Morières

« Tout commence par le vent, aurythme de la pulsation d'un métronomeélectronique. Duo issu de la mouvancemontpelliéraine, Jean Morières etPascale Labbé jouent de la voix, dusouffle, de la vibration. Un langageinventé au fil des voyages de laRoumanie au Burkina Faso, pourraconter ce qui n'est pas traduisible parde simples mots. Incantations reprisespar le saxo, cris, onomatopées, chuinte-ments : tout participe à l'émotion en unsubtil mélange de cordes vocales etd'instruments. Des instruments tradi-tionnels comme le tambour d'eau ou lessanzas. D'autres inventés par JeanMorières, telles ces flûtes en bambou quiégrènent une prière vieille comme lemonde. Un travail sur les états d'émo-tion, une musique de climat où la voixremarquable de Pascale Labbé semble sefondre en un intemporel instrumentdonnant en partage le mystère de lavibration. »

Petit Label

Pour les origines du nom du label,il n'y a malheureusement pasgrand-chose à dire, lors de la réu-nion primitive plusieurs choix ontété proposés, mais c'est ce nom trèsfonctionnel, très informatif, limiteconceptuel qui a été retenu, et c'està peu près tout, il n'y a donc pasforcément besoin d'en parler.

Pascal Vigier

Principalement saxophoniste, Nicolas

Guillemet nous propose ici une œuvre àquatre mains concoctée avec l’électroa-cousticien Marco Marini. Les deuxrêveurs nous entraînent dans un péri-ple musical à forte connotation shama-nique, très cinématographique, où s’en-tremêlent voix, instruments, et diversessources sonores triturées et déforméesavec bonheur par nos deux pataphysi-ciens. Proche du court-métrage ou de lanouvelle, cette œuvre surréaliste d’unseul tenant s’écoute d’une traite et pos-sède ce mystérieux pouvoir de ces rêvesétranges et complexes de l’enfance quinous marquent à jamais.

Document interne

Potlatch

Ce mot, aux belles sonorités, m'estvenu parce que je cherchais unnom qui symbolise ce qui est en jeuau cœur de l'improvisation. Le pot-latch désigne des cérémonies dansles tribus amérindiennes étudiéespar l'ethnologue français MarcelMauss (et magnifiquement analy-sées dans son ouvrage principalL'essai sur le don). Le potlatch, c'estle défi permanent avec une tripleobligation : donner, recevoir et ren-dre. Georges Bataille y a consacréun chapitre dans La part maudite.D'autres personnages, non moinsremarquables, ont également uti-lisé ce nom, comme titre d'un bul-letin, pour diffuser leurs idées sub-versives pendant les années 1950.

Jacques Oger

« "It don't mean a thing if it ain't gotthat swing", aurait probablementdéclaré le bon Duke Ellington à l'audi-tion de ce CD du Trio Sowari (PhilDurrant aux synthés et ordinateurs,Bertrand Denzler au ténor, BurkhardBeins aux percussions et objets), que leplus acharné des night-clubbers aurabien du mal à trouver dansant.Pourtant Duke se serait fourvoyé. Carmême s'il ne « swingue » pas, ThreeDances fait sens. A force de grogne-ments, de souffles, de frottements, iléchappe simplement aux critères esthé-tiques habituels, obligeant l'auditeurintrigué (voire subjugué) à modifierradicalement son appréhension de lamusique et, rien que pour cela, mériteun minimum de considération. »

Serge Loupien, Epok

Quasart - Quark records

Effectivement, les Quarks eux sont lesplus petites particules élémentairesde matière connues. Au final, j'aimaisbien que les noms de notre associa-tion et celui du Label englobent cesdeux infinis... Comme si on pouvaitencercler l'infini (métaphoriquementdu moins) dans nos démarches artis-tiques, et qui à la fin se retrouvent surun disque... Tout un programme...

Edward Perraud

« Frederick Galiay (basse, électronique),Edward Perraud (batterie, percussions).Nous retrouvions ce qui semble les défi-nir : une présence musicale extrême,une force d'ancrage à toute épreuve - ladrum'n bass devient tout à coup plusintéressante. Le souffle que fait circulerBig, avant tout pure énergie, nous rendà une pulsation primordiale ; il nousrappelle que la musique reste uneaffaire de respiration et de vie. »

Improjazz

QDND

On hésitait entre "quoi de neuftracteur" et "quoi de neuf docteur".On a opté pour la solution soft...C'était une blague le coup du trac-teur. En fait, la vérité, c'est qu'onhésitait entre "quoi de neuf tasoeur " et quoi de neuf docteur", tuconnais la suite…

Serge Adam

« Un trip envoûtant. Assis en cercle autourd'un impressionnant (pour le profane) dispositif technologique, les protagonistes de lanouvelle création Around 3 Gardens, proposée par le trompettiste Serge Adam, évoluent en temps réel autour des outilsd'Eric Vernhes. Les musiciens sont issus dela galaxie du nouveau jazz contemporain : le pianiste Benoît Delbecq (membre du collectifHask et du trio Les amants de Juliette deSerge Adam), nouveau venu pour les samplers, la basse et la drums station, le guitariste Gilles Coronado, leader d'UrbanMood et activiste au sein de Thôt, à l'aisanceet à la pertinence toujours renouvelées, MarcChalosse, aux claviers et aux samplers, etDjengo Hartlap à la spatialisation. L'équipéefuturiste, forte de ses improvisateurs, invente,sous l'impulsion visuelle des images enconstruction, la pâte sonore. Et vice-versa. Atour de rôle, traitement électro, impros musicales et éléments vidéo se renvoient laballe pulsante d'une performance conçuecomme une histoire. »

Dominique Queillé

A l’école, j’écrivais des poèmes sous unfaux nom, pour expédier mes devoirs etfaire croire que j’avais lu des auteursinconnus. Je voulais conserver montemps libre et ne pas rater un seul instant de cette liberté. Aujourd’hui, jechante ces moments à croquer à pleinesdents, avec nostalgie ou ironie, selonl’humeur musicale, mais avec bonheur,toujours... Au Liban, il est une coutume qui veut que l’on offre despoussins aux enfants. Mais des poussins colorés. Pour cela on injectedans l’oeuf, à l’aide d’une seringue, uncolorant, et des petits trésors de douceurbleue et de tendresse rouge, orange ouverte naissent... pour quelquessemaines. Car ces poussins ne viventpas longtemps. Boules de plumes éphémères, le merveilleux ne dure pas,triste métaphore de notre propre existence ? L’éclat de la beauté ne pouvait séduire qu’un peintre commeOlivier Di Tommaso... Au-delà de lamort, si l’on s’ingéniait plutôt à saisirces instants rares et beaux de notrevie... le temps d’une chanson. Je ne parleque de cela !

Document interne

Space Time Records

Le label Space Time Records est liéaux productions de BlueGeodesics... En physique, les géo-désiques sont en quelque sorte leslignes droites dans les espacescourbes, ceci explique cela. Deplus, les géodésiques musicales sontici choisies bleues car il s'agit dejazz. En principe, Space TimeRecords est un label en extension,tout étant relatif Docteur Watson.

Xavier Felgeyrolles

«Le plus jeune des trois frèresMontgomery, Buddy Montgomery alongtemps été un fiable, si sous-estimé,vibraphoniste et pianiste. Il est devenuprofessionnel en 1948 et a tourné l'an-née suivante avec Big Joe Turner. Il ajoué du piano avec Slide Hamptondans son Indianapolis natal, servidans l'Armée, puis est devenu un mem-bre du populaire "Mastersounds" avecson frère Monk. Buddy a joué briève-ment avec Milles Davis en 1960 etjouait fréquemment avec ses frères Weset Monk (sous la direction du guita-riste) dans les années 1960...»

Scott Yanow

Terra Incognita

L'association Terra Incognita a étécréée en 1999 par une bande depotes. A l'époque, nous devionsavoir 19 ans et nous jouions dansun groupe de métal, un peu genreKorn. L'idée est venue après la lec-ture d'un livre de Weber, LesThanatonautes, dans lequel la "TerraIncognita" représentait les terri-toires inexplorés après la mort.Nous avons décidé d'explorer unenouvelle terre musicale en créantun collectif de musiciens, une"terra incognita" où chacun se met-trait en danger et où l'improvisa-tion serait reine. Ce collectif estdevenu label associatif en 2001

lorsque notre premier album, LaPlanète Incolore, est sorti. Pour moi,la "Terra Incognita" est la partieencore inexplorée de notre créati-vité, celle qui surgit lorsque nousimprovisons et imaginons desmusiques nouvelles.

Arnaud Roy

Après La Planète Incolore (2001) etMimétique (2002), L’effet Papillon estle troisième album du collectif TerraIncognita. Ce disque rassemble les tra-vaux en studio du collectif entre 2003et 2006 et a bénéficié de l’aide à l’auto-production de la SACEM. Centréautour de quatre musiciens, le collectifTerra Incognita est une entité mou-vante, faite de rencontres et d’expéri-mentations dans les domaines du jazz,du rock et des musiques électroniques.Dans ce disque aux multiples facettes,les sonorités délayées de la harpe se fon-dent avec la rondeur du rhodes, ponc-tuées par les accents des cordes, du tubaet des machines. Du groove à l’expéri-mental en passant par le post rock, cedernier opus clos la trilogie des conceptsalbums produits par le collectif TerraIncognita.

Document interne

Transes Européennes

L’origine de ce nom se perd dansla nuit des temps. C’était avant lagrande faillite, avant les tours,avant la fin des illusions, avantl’Euro, avant le retour de la droite,avant la constitution simplifiée,avant le Non à la constitution,avant le oui à Maastricht, avant lerecul éternel de l’âge de la retraite,avant Schengen, avant que la droiterevienne, avant les sans papiers,avant le SIDA, avant le pénible,avant la jeunesse obligatoire pourtous, avant la transe, la techno et lahouse, avant que la jungle soit élec-tronique, avant qu’il y ait du synthépartout même dans les chiottes dela SACEM et Ministères et desMusées nationaux, avant la laïcitépositive, avant les parachutes dorés,avant que Val ne jette Siné, avant latélé poubelle, avant qu’on nous pri-vatise de tout, avant les guerres dugolfe, avant le retour des religions,avant les bobos et les lilis, avant lesKouchner, avant l’ordinateur facilepour tous, avant la liberté totale etobligatoire sous peine de sanctions,avant le MP3, avant le retour duvinyle, avant même son départ,avant l’arrivée du CD, avant StarWar, avant qu’on doute de tout etde tous, … C’était avant. On pen-sait pas à tout ça… On pouvait passavoir ! On se cherchait juste unnom ; pas encore pour un label,mais pour une association. Entre latranse napolitaine et les vins de dif-férents pays de la communautéeuropéenne, la revendicationd’une européanité possible de latranse, et même d’une multiplicitépossible de celles-ci, nous a remplisde joie et de bonheur.

BUDDY MONTGOMERYALL STAR

A LOVE AFFAIR IN PARISSpace Time records BG2116

COLLECTIF TERRA INCOGNITA L’EFFET PAPILLONTerra incognita CTILP01

COLLECTIFAROUND 3 GARDENS

Quoi de neuf docteur DIA070

TRIO SOWARI THREE DANCESPotlatch P105

LABBÉ - MORIÈRES PING PONGNûba 270890

GUILLEMET - MARINI LA SOLITUDE DU RÊVEUR

DE CHANDELLEPetit label PLson002

FRÉDÉRICK GALIAY EDWARD PERRAUD BIG (DRUM&BASS)Quark Records MCD01/1

CONTRABANDE DÉCOMPOSÉ

Rude Awakening présente RA2011

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L E S A L L U M É S D U J A Z Z 3EME TRIMESTRE 2008 47

« Le bassiste Hubert Dupont, co-fonda-teur du Collectif Hask et que l'on aentendu, acoustique ou électrique, avecKartet, Thôt, Altissimo et Décor, offreici quinze pièces interprétées à la contre-basse solo. Thèmes écrits et passagesimprovisés, couleurs mêlées, contrastéesou fusionnées, alternance d'archet et depizzicato, mélancolie et humour, virtuo-sité et rondeur du son, les amoureux del'instrument seront comblés par unemusique qui jamais ne ronronne et sur-prend parfois, au détour d'une mélodie,par quelque trouvaille harmonique.»

Jacques Aboucaya

Vand'Œuvre

Celui-ci a été créé dans la ville deVandoeuvre-lès-Nancy d'où cetteappellation Vand'Oeuvre

Bruno Fleurence

Se réappropriant ou recréant les idiomesde certaines musiques ethniques,Ghédalia Tazartès s'invente un mondeimaginaire qui semble s'inspirer de dif-férentes traditions oubliées. Musicienbricoleur de génie, chanteur aux accentsimprobables, Ghédalia Tazartès déverseun flot de sons et d'ambiances, voix etmélodies étranges, tissant la tramed'une bande son hallucinatoire quirend compte de l'univers du spectacle«Jeanne» (cie Pardès rimonim) pourlequel il a réalisé la plupart de ces com-positions.

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L’origine du monde des disques

"Stravinsky, Monk, Carla Bley : troismusiciens qui renvoient à l'unionintime du temps, de l'espace et des cou-leurs. Que Patricio Villarroel et PabloCueco les aient choisis pour compléter lerépertoire de leurs compositions indiquesans doute ce qui se joue dans leurmusique."

Denis Constant-Marin, Jazz Magazine

Tribu Hérisson

Que nous dit Robert Le Petit ?Hérisson : petit animal à poil dur et omnivore (qui se nourrit denombreuses influences musicales).Il se déplace souvent en tribu enproduisant de délicats sonspiquants. Il sait aussi parfois êtrehérissant et aime partager ses éructations sonores avec d'autresespèces d'animalus musicae.

« Pl[a]in Sud, c’est un peu un voyagede Sinbad Le Marin : quatre musiciensinventifs embarqués à la découverte deterritoires musicaux mythiques, guidéspar un maître du oud, ce beau luth dela tradition arabo-andalouse. […]Pl[a]in Sud est assurément une desbelles découvertes de ce début d’année :une musique riche, sans effets inutiles,encore en devenir sans doute. »

Thierry Giard, Culture Jazz

Ultrabolic

Vous connaissez la parabole, l'hy-perbole, l'ellipse... ce sont trois pro-cédés littéraires, de narration,enfin d'autres façons de faire pas-ser ce qu'on veut dire ou raconter,de suggérer, de vous mettre enrésonances, ... plus fortes qu'en ledisant. Pour les matheux, ce sontaussi trois courbes - celles des troisfonctions coniques - qui peuventpropulser notre imaginaire musicalencore plus loin (ici, il faudraittrois pages !...). Il fallait doncinventer l'ultrabole, la quatrièmeconique, celle qui répond à uneéquation inventée, ou dessine unecourbe inventée, enfin, dit ce quevous inventez... Au boulot !

Hubert Dupont

LA TRIBU HÉRISSON KHALED BEN YAHIA

PL[A]IN SUD La tribu hérisson LTH104

GHÉDALIA TAZARTÈS JEANNE

Vand’Œuvre VDO 0732

DUO CUECO - VILLARROEL VOLUME 2

Transes européennes TE020

HUBERT DUPONT ULTRABOLESUltrabolic UB0501

Image de Chloé Cruchaudet

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LES ALLUMÉS DU JAZZ N°23EST UNE SACRÉE PUBLICATION GRATUITE À LA PÉRIODICITÉ DIABLEMENT ALÉATOIRE // RÉDACTION /128 RUE DU BOURG BELÉ, 72000 LE MANS // T / 02 43 28 31 30 // F /02 43 28 38 55// W / WWW.ALLUMÉSDUJAZZ.COM // E / [email protected] // ABONNEMENT GRATUIT / MÊME ADRESSE // DÉPÔT LÉGAL / À PARUTION // LA RÉDACTION N’EST PAS TOUJOURS RESPONSABLE DES TEXTES,ILLUSTRATIONS, PHOTOS ET DESSINS PUBLIÉS QUI ENGAGENT PARFOIS LA SEULE RESPONSABILITÉ DE LEURS AUTEURS. LA REPRODUCTION DES TEXTES, PHOTOGRAPHIES ET DESSINS PUBLIÉS ESTINTERDITE (MÊME S’IL EST INTERDIT D’INTERDIRE) // IMPRIMERIE, ROTOGRAPHIE / 2 RUE RICHARD LENOIR 93106 MONTREUIL CEDEX // ROUTAGE / GCM2D / 2 RUE DE L’ERIGNY BP1313 41013 BLOIS // COMITÉÉDITORIAL / VALÉRIE CRINIÈRE, PABLO CUECO, MATHIEU IMMER, JACQUES OGER, JEAN ROCHARD, JEAN-LOUIS WIART // TRAVAILLEURS ASSOCIÉS /CÉCILE SALLE, BOMESSÉ POUNEMBETTI, CHRISTELLE RAFFAËLLI,ET / ONT ÉCRIT DANS CE NUMÉRO : PHILIPPE CARLES, CHRISTIAN TARTING, HERVÉ PÉJAUDIER, SYLVAIN TORIKIAN, MICHEL SOURIS, PATRICK WILLIAMS, NICOLE LAT, JEAN-JACQUES BIRGÉ, JIAIR, JEAN ANNES-TAY, MOCLIHER, JEAN-PAUL RICARD, LEONARD PELTIER, RACHID BORDJI, BENOÎT VIROT, OLIVIER GASNIER, PHILIPPE CHARTON, PAUL MERVAL, JACQUES THOLLOT, EMMANUELLE K., CATTANÉO, JEAN-LOUISWIART, GUY LE QUERREC, LUCE CARNELLI, VINCENT MENIÈRE, JACQUES PETOT, DIDIER BOUDET, DOMINIQUE DOMPIERRE, GERMAIN PULBOT, JEAN ROCHARD, MARC PÉRIDOT, CHRISTELLE RAFFAËLLI // LARÉALISATION EST DE VALÉRIE CRINIÈRE, D’APRÈS UNE MAQUETTE DE DAPHNÉ POSTACIOGLU // LES DESSINS SONT DE JEAN-CLAUDE CLAEYS (COUVERTURE), ZOU, PERCELAY, PIC, CATTANEO, SANGRAM MAJUM-DAR, NATHALIE FERLUT, JEAN ANNESTAY, JEANNE PUCHOL, SYLVIE FONTAINE,STÉPHANE COURVOISIER,MARIANNE TRINTZIUS, JONATHAN THUNDER, LAUREL, ROCCO, OUIN, EFIX, MUZO, CHLOÉ CRU-CHAUDET // LES PHOTOS SONT DE GUY LE QUERREC - MAGNUM, YANN BERNAL, BENOÎT VIROT //// POUR GARDER VOTRE ABONNEMENT GRATUIT, PENSEZ À NOUS COMMUNIQUER VOTRE NOUVELLE ADRESSE //

M'éloigner des Allumés a créé une dépres-sion. Le manque me permet de m'atteler àde nouveaux projets impossibles, armé d'un

sourire banane. Sans résistance, il n'y a pas d'œu-vre. Je relis mes inédits à la lumière d'aujourd'hui.Cinquante ans d'archives sonores. Je rêve les cin-quante prochains. Un album d'anticipation, évi-demment. Pas le choix. Mais un disque, allez savoir ?Sur l'Opération Blow Up d'Un Drame Musical

L’Adami gère les droitsdes artistes-interprètes(comédiens, chanteurs,musiciens, danseurs, chefsd’orchestres...) et consacreune partie des droits perçusà l’aide à la création, à ladiffusion et à la formation.

LES ALLUMÉS DU JAZZ // AA, AJMI, AMOR FATI, APHRODITE RECORDS, ARCHIEBALL, ARFI, ARTS ET SPECTACLES, AXOLOTL JAZZ, BEEJAZZ RECORDS, CELP, CHARLOTTE RECORDS, CHIEF INSPECTOR, CIRCUM-DISC, CISMONTE & PUMONTI, D’AUTRES CORDES, EMIL 13,ETONNANTS MESSIEURS DURAND, ÉMOUVANCE, EVIDENCE, FREE LANCE, GIMINI, GRRR, HEMIOLA MUSIC, IN SITU, JIM A. MUSIQUES,LABEL BLEU, LABEL LA FORGE, LABEL USINE, LA NUIT TRANSFIGURÉE, LA TRIBU HÉRISSON, LE TRITON, LINOLEUM, MARMOUZIC,MUSIVI, NATO, NÛBA, PETIT LABEL, POTLATCH, QUARK RECORDS, QUOI DE NEUF DOCTEUR, RUDE AWAKENING PRÉSENTE,SARAVAH, SPACETIME RECORDS, TERRA INCOGNITA, TRANSES EUROPÉENNES, ULTRABOLIC, VAND’OEUVRE, VENTS D’EST...

Festival international du son, Palais des congrès, Paris place de la Porte Maillot, 1979

COLLECTIF SARAJEVO SUITE

ED13039album conçu et réalisé par

Jean-Jaques Birgé et Corinne Léonet, au

profit de la reconstruction de la

bibliothèque de Sarajevo

Lindsay Cooper (basson, synthé), Henri Texier

(contrebasse), Dee Dee Bridgewater (chant), le

Quatuor Balanescu, Willem Breuker (montage

numérique, voix), Louis Sclavis (clarinette),

Pierre Charial (orgue de barbarie), Mike et Kate

Westbrook (chant), Linda Sharrock (chant)

Wolfgang Puschnig (flûte bambou, accordéon

Jane Birkin (chant), Bulle Ogier (voix), André

Dussollier (voix), Un Drame Musical Instantané,

Phil Minton (voix), Bruno Chevillon (contre-

basse), Chris Biscoe (saxophone), Noël Akchoté

(guitare), Sébastien Texier (saxophone), Bojan Z

(piano), Tony Rabeson (batterie), Thomas Bloch

(ondes Martenot), Gérard Siracusa (marimba,

percussions), Michèle Buirette (chant), Jean-

Jacques Birgé (direction artistique), Bernard

Vitet (trompette), Dean Brodrick (clavier) Brian

Abrahams (batterie), Carol Robinson (clari-

nette), Michel Godard (tuba), Emil Kristof (bat-

terie, voix), Lorre Lynn Trytten (violon), Richard

Hayon (voix), Abdullah SIidran (voix)

SERAIT-CE LE SILLON OÙ SE GRAVE LA VIERGEOU LE MICROSSILLON POUSSIÉREUX DES CONCIERGES ?

Instantané, Brigitte Fontaine chantait avec nous :"Serait-ce le sillon où se grave la vierge ou le micro-sillon poussiéreux des concierges ?"En saisissant l'instant, Guy raconte chaque fois unehistoire qu'il nous laisse inventer. J'ai toujours cher-ché à écrire et jouer de la musique à programmedont l'auditeur fomenterait sa propre interprétation.Que j'improvise en totale liberté, sans aucun inter-dit, de style, de forme, de matière, que je compose

pour un orchestre ou pratique l'alchimie de la virtua-lité, que je joue avec les mots ou tourne un nouveaufilm, que j'invente des sons interactifs ou dirige unechorale de cent lapins, une seule chose m'importe :que chacun se fasse son cinéma !C'est ce qui me plaît dans les images de GLQ, toutce qu'on ne voit pas. Il faut prêter l'oreille, scruterles bords du cadre, plonger dans l'image sans qu'au-cun mot ne soit nécessaire. Musique, maestro !

Texte de Jean-Jacques Birgé

Photo de Guy Le Querrec