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Albert Cohen (1895-‐1981)
Biographie
! Citoyen suisse ! Il quitte Corfou et ses senteurs méditerranéennes à 6 ans. Il s’exile à
Marseille avec sa famille ! Lien étroit avec sa maman, qui est jeune ! A 10 ans, première expérience antisémite : un camarade le traite de «sale
youpin» ! Jeunesse marquée par le deuil et les difficultés matérielles ! S’engage pour le mouvement sioniste ! Fasciné par l’ordre et la propreté de Genève ! Noue des relations avec Freud, Einstein ! Il devient fonctionnaire international (en même temps qu’écrivain) ! Il a eu 3 femmes, car il a été deux fois veuf ! On dit qu’il a «le cœur bon et le regard méchant» ! Meurt à Genève en 1981, malade et dépressif
Résumé de l’histoire: Mangeclous (1938)
N’ayant pas été une grande fan de Mangeclous (désolé Albert), j’avoue avoir refermé le livre avant la fin. Pensant ne pas être la seule dans ce cas, j’ai choisi plusieurs résumés. Ils se ressemblent beaucoup car ils racontent la même histoire (logique), cependant chacun apporte une petite nuance. En les lisant les quatre, on obtient une vue d’ensemble correcte. Ayant ce fil conducteur en tête, analyser un des passages ne devrait pas être chose impossible : chaque extrait étant tellement dense, riche, sa place dans le livre à son importance, bien sûr, mais elle est minimisée par rapport à l’analyse de l’extrait lui même. I. En Céphalonie, île grecque, les cousins et oncles de Solal, surnommés "les Valeureux" reçoivent un télégramme mystérieux de Suisse : un message codé qui ressemble à une chasse au trésor ! Et lorsque l'on parle d'argent dans le milieu juif, ce n'est pas une mince affaire ! Voila donc notre folle équipe partie pour une grande épopée burlesque qui les mènera de Grèce en Suisse ; car Solal, le futur amoureux d'Ariane est bien sûr derrière tout ça ! Première étape : le décryptage du message. Deuxième étape : départ pour la Suisse et choc des cultures entre les emphatiques juifs orientaux et les austères Genevoix .....Puis réception du magot !
II. Les Valeureux, tous des Solal, sont issus de Juifs originaires de Provence mais installés à Céphalonie depuis des générations. Beaux parleurs, brouillons et passionnés, paresseux, menteurs, ingénus, universellement incompétents, naïvement amoureux de la France qui est demeurée leur patrie et dont ils parlent la langue. Dans Solal, les Valeureux ne jouaient qu'un rôle de second plan. Dans Mangeclous, ils ont pris la meilleure place. Ils y folâtrent et s'en donnent à cœur joie. Le famélique Mangeclous, l'homme aux cent métiers, est un faux avocat, toujours en quête de nourritures et de profits. Truculente (= excessif, haut en couleur) figure que ce grandiose menteur doué d'une éloquence (=art, talent de bien parler) torrentielle et d'une faim implacable. A Céphalonie il vaque avec passion à des occupations chimériques (= utopiques, irréalisables), sublimes et commerciales, pieds nus mais en chapeau haut-‐de-‐forme, toujours toussant -‐ et avec une vigueur qui met à mal les vitres des fenêtres. Mais un jour, un mystérieux cryptogramme arrive à Céphalonie, et Mangeclous s'embarque, accompagné de ses amis. C'est alors que commence une série d'aventures "extravagantes et hilarantes", à Genève entre autres. Car il n'y a pas que le ghetto de Céphalonie dans ce livre. Il y a les milieux de la Société des Nations où les Valeureux ne manquent pas de pétarader et de faire de la haute politique -‐ milieux dépeints avec un humour délectable. Il y a les Deume dont la quiète (=paisible) et terrible vie bourgeoise est décrite avec une tendre férocité. Il y a Solal qui, quoique tenu momentanément dans l'ombre par l'auteur, est toujours le solaire et solitaire étincelant -‐ un personnage nouveau dans la littérature. Il y a l'étrange et adorable Ariane à laquelle Solal porte un intérêt bizarrement exprimé. Et Scipion, le plus menteur des Marseillais. Et bien d'autres. Ce serait trahir que de résumer en si peu d'espace l'action de Mangeclous. Qu'il suffise de dire que rien, dans le roman contemporain, ne saurait se comparer à cette rieuse épopée." III. Nos héros coulent donc des jours plutôt paisibles bien qu’un peu misérables sur leur île où Saltiel se désole toujours d’avoir été séparé de son neveu. Ce qui fait qu’il s’est effacé, laissant le devant de la scène à Mangeclous, au physique étonnant, personnage tout à fait hors du commun, tant par sa vie personnelle que par ses pratiques familiales et éducatives. Remarquables, les cinq amis le sont d’ailleurs, chacun à son titre et avec de tels participants, l’aventure ne pouvait être commune. Elle va même devenir grandiose quand un message mystérieux accompagné d’un gros chèque va leur faire miroiter la possibilité d’un trésor et leur donner rendez-‐vous à minuit dans un parc de … Genève. Voici notre équipe de pieds nickelés qui débarque chez les sages Helvètes qui ne sont guère habitués à ce genre de manières et ne les apprécient pas plus que cela. Et c’est ainsi que de farces en drames, avec une belle constance dans l’excès et l’exagération, nos Valeureux vont aller comparer leurs mœurs à celles des Suisses en d’invraisemblables péripéties entrelardées de pages de bravoures de philosophie de bavards qui ne craignent pas d’aborder avec le plus grand des aplombs, d’aussi vastes sujets que la vie, la mort, la guerre, la religion etc. Chemin faisant, ils rencontreront de nouveaux personnages du même acabit comme Jérémy ou Scipion, le Marseillais. Cela se terminera par des retrouvailles et un passage dans le monde luxueux et contradictoire de Solal, le fastueux neveu. IV. Les Valeureux sont un clan de Juifs modestes et hauts en couleur vivant à Céphalonie, dans les Iles Ioniennes dans les années 1930. Mangeclous est le manipulateur et le profiteur du clan, se prétendant avocat en réalité à peine écrivain public. Attirés à Genève par la promesse d'un trésor que leur a fait miroiter un mystérieux courrier, ils prennent le chemin de la Suisse en grand équipage menés par l'oncle Saltiel qui dispose d'une certaine autorité sur la famille. Ils sont rejoints à Marseille par Scipion, un marseillais camarade de régiment de Mangeclous. Arrivés à Genève après les pérégrinations rocambolesques d'un voyage très dépaysant pour eux, ils ne comprennent toujours pas que l'auteur du courrier mystérieux n'est autre que le prince du clan, le brillant Solal qui est haut fonctionnaire à la Société des Nations. Mangeclous, l'infatigable baratineur du clan tente plusieurs manœuvres afin de s'approprier le trésor promis mais Saltiel déjoue ses plans et les valeureux finissent par rencontrer Solal dans son luxueux bureau. Le trésor n'existe pas ou plutôt il est simplement dans la réunification du clan et dans l'abondant repas que lui offre Solal et qui, pour Mangeclous, suffit à justifier le voyage.
Les personnages
Les héros de ce roman, Saltiel, Salomon, Michael, Mattathias et Mangeclous sont tous de la famille des Solal (à noter que le précédent livre de Cohen s’appelle «Solal», «Mangeclous» est donc une sorte de suite à celui-‐ci). On les appelle «les valeureux».
• Les valeureux :
o Mangeclous : cousin de Solal, se racle les dents avec des clous (d’où son nom, et le titre du livre), épicurien insatiable et mythomane
o Saltiel : l'oncle de Solal, l'inventeur fou o Salomon : le timide qui apprend à faire la brasse dans une bassine o Mattathias : le timoré (=trop disposé à la crainte, au scrupule)
• Solal : sous-‐secrétaire général de la Société des Nations à Genève.
• Rachel : femme de Mangeclous, ogresse hypocondriaque de 120 kilos, qui passe sa vie à répertorier ses médicaments !
• Scipion : ami de Mangeclous, un marseillais coureur de jupons et mythomane
! La «bouffonnerie» de Cohen se cache aussi dans la description des personnages. Mangeclous se dit à la fois sioniste, fasciste et communiste selon le contexte ! De même, Cohen insiste sur le tragique de toute ascension sociale: Solal se cache de tout le monde car il a honte de ses cousins.
À savoir
Voici trois critiques qui ont été faites à propos de Mangeclous. Il n’est pas important de le retenir, mais elles apportent quelques notions (soulignées et parfois mises en gras) pour qualifier le livre.
" Mangeclous, un des sommets de la littérature contemporaine. Mangeclous, livre plein d'une verve triomphale, livre d'une
liberté extraordinaire (nous sommes à l'époque des livres contraints), livre riche (nous sommes à l'époque des livres pauvres), livre gras (nous sommes à l'époque des livres maigres), grand livre enfin. Mangeclous est pour moi l'exemple à peu près unique, dans la littérature contemporaine, d'une épopée comique, c'est-‐à-‐dire d'un comique grand. Une épopée, et pourtant on ne cesse pas de hurler de rire.
Félicien Marceau, de l'Académie française.
" Un héros comme Mangeclous atteint à l'épique. Il y a là, à mon sens, quelque chose sans aucune espèce de comparaison. Il y a du souffle de Rabelais. C'est comme dans Rabelais : on accepte tout. On accepte tout parce qu'il y a encore un amour du personnage, parce qu'il y a une manière démesurée de le traiter qui fait que simplement on est ébloui.
Joseph Kessel, de l'Académie française.
" L'admirable Mangeclous, un grand héros comique d'une drôlerie extraordinaire. Le comique de Mangeclous est juif par sa subtilité, par les récifs de mélancolie qui affleurent soudain, par l'observation féroce et tendre qui le nourrit. Mais ce roman acquiert une portée générale par son humanité, son grand rire salubre, sa verve populaire. Sa fraîcheur, sa fruste saveur, sa robuste simplicité le font accéder à la majesté des légendes populaires et des grandes épopées.
Marcel Pagnol, de l'Académie française.
Points d’analyse et de comparaison
• Le langage imite au plus près les accents : celui du juif oriental ou celui du marin marseillais.
• Comparaison avec Rabelais : Je ne sais pas si vous pourrez comparer votre analyse d’extrait à Rabelais, mais si vous arrivez à le citer en faisant des liens, c’est vraiment un plus. Mais attention, simplement citer et lier votre extrait en une phrase ou deux, il faut pas non plus rester trop focalisé là-‐dessus
o Il y a un côté rabelaisien dans le personnage de Mangeclous : son appétit féroce (il n'hésite pas à dévorer une
pot de marmelade devant ses enfants en les privant de nourriture) et sa verve insatiable. o Façon un peu crue, sincère d’écrire. Rien n’est dissimulé o Introspection o Grotesque, humour qui peut dédramatiser o Lien avec l’épicurisme : les petits plaisirs peuvent nous aider à surmonter la peur de la mort o Aspect aussi un peu «enfantin » (innocence ? naïveté ?) o Même si Cohen et Rabelais ont tous deux une pensée humaniste, il y a une grande différence : chez Rabelais,
la notion de souffrance semble peu présente alors que chez Cohen la souffrance, la mélancolie sont présentes
• Exemples de l’humour de Cohen : «après avoir combiné d’acheter un scaphandre, il avait pensé qu’il serait plus rationnel et plus économique de faire de la natation à domicile et à sec»
o Nager // à sec => humour par contraste o «plus rationnel et plus économique» => Cohen joue sur le stéréotype, le cliché juif. C’est impossible de
l’attaquer là-‐dessus, puisqu’il le déclare lui-‐même.
• Autres figures de style : «l’eczémateuse vieille»
o Réduction de la vieille à son seul eczéma, comme si elle n’était rien d’autre = métonymie
«lançait le contenu d’un pot de chambre puis des imprécations» o Lancer le contenu d’un pot de chambre = figuratif o Lancer des imprécations = littéraire o Les deux termes sont reliés par le verbe lancer : cette figure de style s’appelle un zeugme
Les analyses: • Premier extrait étudié en classe : Salomon
! Ecriture : regard amusé de Cohen, sourire, humour mais bienveillant ! Salomon nous fait rire car il est très naïf (par exemple il ne veut pas tuer des microbes). Mais on ne rit pas de lui,
car ses intentions sont bienveillantes (en ne tuant pas les microbes, on voit qu’il a un extrême respect de la vie d’autrui), on rit de sa naïveté.
! Le dôme des Solal est situé au sommet d’une colline d’oliviers : sont-‐ils les élus ?
! Il y a beaucoup de références religieuses (noms des personnages etc) mais elles ne doivent pas forcément être exploitées
! Salomon est humble. De plus il est très lucide, car il se pose de bonnes questions, même s’il est naïf.
• Deuxième extrait : la femme de Mangeclous ! Il fesse sa femme, mais pas pour la punir de ce qu’elle a fait, mais de ce qu’elle pourrait faire ( absurde) ! Même si la situation est grossière, le langage sauve la situation, ainsi le chapitre n’est pas obscène ! Arriver à tout faire accepter : dans un autre contexte ce serait répugnant, mais ici ça ne l’est pas ! Femme = répulsion. Elle ne vit que pour manger, pourrait-‐elle manger Mangeclous ? ! C’est une caricature. Ses bijoux, ses habits, rappellent la richesse. Elle est grosse ce qui peut aussi être plus ou
moins synonyme de richesse. Ainsi, Cohen accentue tellement le trait de la critique ( «les juifs sont tous avares et riches»), qu’elle perd son sens. Ainsi, il désamorce la critique
• Troisième extrait : le bateau
! Salomon et Saltiel ne cautionnent pas les actes de Mangeclous (Ainsi on voit qu’il faut pas mettre tous les juifs dans le même panier, brise le stéréotype)
! Mangeclous : extrême, sans gêne, fait fuir les gens de sa cabine en disant qu’il est cannibale ! On comprend et on ressent la même gêne que Salomon et Saltiel (ainsi on se rapproche d’eux) ! Mangeclous quand il est seul il est perdu. Ainsi, il devient extravagant en public, pour exister, attirer l’attention. Le
lecteur a ainsi de la compassion pour Mangeclous, qui en est réduit à agir mal pour attirer de l’attention. Mangeclous a le courage de montrer sincèrement ses défauts, c’est une caricature (et ça provoque notre compassion). (Attention, la notion de compassion est importante. En cours, j’avais dit que justement j’éprouvais de la répulsion pour Mangeclous, car il agissait super mal, et au contraire, son comportement est censé nous «attendrir» et nous faire ressentir un peu de pitié pour lui) Sa façon de se comporter est aussi une manière de réagir à la souffrance. Mangeclous est une caricature du juif. Du fait de cette caricature, la critique est inopérante.
• Dernier extrait : Genève ! Scipion : décidée de trouver Genève super. Il cherche des excuses aux gens qui agissent mal. Il essaie de s’intégrer,
il veut se convaincre et refuse de se décevoir ! Optimisme courageux : volonté de se convaincre (mais toute cette fantaisie cache aussi quelque chose d’un peu
désespéré) ! Personne ne veut lui parler = énorme monologue pour effacer sa peur, le vide de tous ces gens qui ne lui
répondent pas ! Comment agissent les genevois = parfois nous aussi nous faisons ça => malaise provoqué ! Parfois les tournures de phrases sont bizarres, comme si on était dans sa tête, ses pensées