Agiculture 30 juin 2011

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© S.A. IPM 2011. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. AGRICULTURE INNOVER PAR NATURE PHOTO NEWS Supplément gratuit à La Libre Belgique du jeudi 30 juin 2011

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3SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE

Commentaire

Et si on repensaitensemble letravail de la terre?Par Yves Cavalier

D’ici à 2050, la population de la planète aurapeut­être dépassé le cap des 9milliards d’ha­bitants. Certains constatent avec soulage­ment qu’en fin de compte la croissance dé­mographique est moins rapide que ce qu’onaurait pu imaginer. On parlemême de dé­croissance, estimant que 9milliards serait unsommet à partir duquel la population terres­tre diminuera. Mais quelle population, dansquels continents, dans quels pays, dansquelles conditions ? Il y a 200 ans, un écono­miste britannique du nomdeMalthus inter­pellait ses contemporains sur lamême ques­tion: l’expansion démographique ira­t­ellede pair avec l’expansion alimentaire? End’autres termes, la Terre sera­t­elle enme­sure de nourrir toutes ses bouches dema­nière suffisante et équitable ? Si les réponsesapportées à cette question n’avaient pastoujours la pertinence requise, la questionelle­même avait tout son sens. Et force est deconstater qu’elle n’a pas trouvé de réponsesatisfaisante. La faim reste un problèmemondial majeur pour les deux tiers de laplanète. Lamalnutrition est un drame pourles pays les plus pauvres. Chez nous, dans lemême temps, on parle demalbouffe.Le défi alimentaire est à la fois quantitatif etqualitatif. Et il nous concerne tous,aujourd’hui et demain.Dans un tel scénario, la production alimen­taire passera toujours par lemétier de la terre(et de lamer). Au vu du défi planétaire quil’attend, l’agriculture est plus que jamais unsecteur d’avenir. Mais quelle agriculture ?Avec quelle terre ? Quels moyens ? Et surtoutavec quels projets ? Nombreux sont ceux quidénoncent aujourd’hui une agriculture “dé­naturée” qui nous conduit droit dans lemurde la surproduction, de la surexploitation, dugaspillage et de la dégradation qualitative.Aujourd’hui, on pourrait croire que les fer­miers produisent pour survivre alors queleurmétier est de produire pour nourrir etdonc faire vivre les autres. La relation entre laterre et la société a été biaisée par une uneévolution industrielle dont la globalisation etlamondialisation ont amplifié l’impact.Mais lemessage positif qu’il faut retenir decela, c’est qu’aujourd’hui, il y a une prise deconscience de ces dérives. Et cette prise deconscience déborde des consommateurs versles producteurs. La terre et surtout cellequ’on cultive, est un capital que l’on a troplongtemps sous­estimé. Or, elle est riche etfertile au point qu’un petit nombre de per­sonnes seulement est capable d’alimenter leplus grand nombre. Nos ancêtres l’ont com­pris, eux qui pendant desmillénaires ontétabli les fondements de notre société sur leproduit du sol. Sur la ligne du temps, l’agri­culture reste la principale activité humaine.Récemment, un économiste se réjouissait deconstater que désormais, la richesse produitedans le produit intérieur brutmondial parl’activité Internet, dépassait le poids de l’agri­culture. Faut­il vraiment s’en réjouir ? Pre­nons cela comme unemise en garde. L’inno­vation ne peut pas être uniquement virtuelle.Elle doit aussi aider les secteurs vitaux pourla planète àmener une révolution permam­nente pour le bien­être de tous.

JONA

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SA/REPOR

TERS

Supplément à La Libre Belgique.Coordination rédactionnelle : Yves Cavalier. Rédacteurs: Sébastien Lambotte,

Marc Vandermeir, Michael Peiffer.Réalisation : Sodimco. Rédacteur en chef : Vincent Slits. Rédacteur en chef adjoint: Pierre-François Lovens.Publicité : Henry Visart ([email protected]), Daphné Mertens ([email protected]).

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3SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE

Commentaire

Et si on repensaitensemble letravail de la terre?Par Yves Cavalier

D’ici à 2050, la population de la planète aurapeut­être dépassé le cap des 9milliards d’ha­bitants. Certains constatent avec soulage­ment qu’en fin de compte la croissance dé­mographique est moins rapide que ce qu’onaurait pu imaginer. On parlemême de dé­croissance, estimant que 9milliards serait unsommet à partir duquel la population terres­tre diminuera. Mais quelle population, dansquels continents, dans quels pays, dansquelles conditions ? Il y a 200 ans, un écono­miste britannique du nomdeMalthus inter­pellait ses contemporains sur lamême ques­tion: l’expansion démographique ira­t­ellede pair avec l’expansion alimentaire? End’autres termes, la Terre sera­t­elle enme­sure de nourrir toutes ses bouches dema­nière suffisante et équitable ? Si les réponsesapportées à cette question n’avaient pastoujours la pertinence requise, la questionelle­même avait tout son sens. Et force est deconstater qu’elle n’a pas trouvé de réponsesatisfaisante. La faim reste un problèmemondial majeur pour les deux tiers de laplanète. Lamalnutrition est un drame pourles pays les plus pauvres. Chez nous, dans lemême temps, on parle demalbouffe.Le défi alimentaire est à la fois quantitatif etqualitatif. Et il nous concerne tous,aujourd’hui et demain.Dans un tel scénario, la production alimen­taire passera toujours par lemétier de la terre(et de lamer). Au vu du défi planétaire quil’attend, l’agriculture est plus que jamais unsecteur d’avenir. Mais quelle agriculture ?Avec quelle terre ? Quels moyens ? Et surtoutavec quels projets ? Nombreux sont ceux quidénoncent aujourd’hui une agriculture “dé­naturée” qui nous conduit droit dans lemurde la surproduction, de la surexploitation, dugaspillage et de la dégradation qualitative.Aujourd’hui, on pourrait croire que les fer­miers produisent pour survivre alors queleurmétier est de produire pour nourrir etdonc faire vivre les autres. La relation entre laterre et la société a été biaisée par une uneévolution industrielle dont la globalisation etlamondialisation ont amplifié l’impact.Mais lemessage positif qu’il faut retenir decela, c’est qu’aujourd’hui, il y a une prise deconscience de ces dérives. Et cette prise deconscience déborde des consommateurs versles producteurs. La terre et surtout cellequ’on cultive, est un capital que l’on a troplongtemps sous­estimé. Or, elle est riche etfertile au point qu’un petit nombre de per­sonnes seulement est capable d’alimenter leplus grand nombre. Nos ancêtres l’ont com­pris, eux qui pendant desmillénaires ontétabli les fondements de notre société sur leproduit du sol. Sur la ligne du temps, l’agri­culture reste la principale activité humaine.Récemment, un économiste se réjouissait deconstater que désormais, la richesse produitedans le produit intérieur brutmondial parl’activité Internet, dépassait le poids de l’agri­culture. Faut­il vraiment s’en réjouir ? Pre­nons cela comme unemise en garde. L’inno­vation ne peut pas être uniquement virtuelle.Elle doit aussi aider les secteurs vitaux pourla planète àmener une révolution permam­nente pour le bien­être de tous.

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Marc Vandermeir, Michael Peiffer.Réalisation : Sodimco. Rédacteur en chef : Vincent Slits. Rédacteur en chef adjoint: Pierre-François Lovens.Publicité : Henry Visart ([email protected]), Daphné Mertens ([email protected]).

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4 SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE 5SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE

Agricultureet innovationh A l’invitation de La Libre Belgique, six experts du monde agricole ont débattu deux heures durant sur le thèmede l’agriculture et de l’innovation.

h Réunis dans les locaux d’InvestSud, à Marche­en­Famenne, ils ont dit leurs inquiétudes, leurs problèmes, maissurtout leur envie d’avancer. L’innovation au sens large, l’évolution des mentalités doivent conduire l’agriculteurvers une plus grande autonomie, en lien étroit avec les attentes du consommateur que nous sommes tous.Portrait sans concession d’un métier passion.

Sur l’état de l’agriculturewallonne aujourd’huiEn 2010, on dénombrait 14502 exploitations agricoles en Wallonie, contre41479 en 1978… L’érosion est constante et inquiétante. En corollaire, la tailledes exploitations existantes ne cesse d’augmenter. Une grande difficulté dumonde agricole réside dans la succession. “Un grand nombre d’agriculteurs âgésde plus de cinquante ans n’ont pas de repreneur“, constate Jean­François Ledent,responsable du département agri­business chez CBC Banque. “Le chiffre d’affai­res par exploitation a tendance à se maintenir, voire à augmenter, ces dernières an­nées, mais la valeur ajoutée se tasse légèrement“, précise le banquier. “Si le chiffred’affaires se maintient, il faut toutefois le rapporter à des exploitations plus grandes,gérées par moins d’hommes“, répond Jean­Claude Raskin de l’Union Nationaledes Agrobiologistes Belges (UNAB), défenseur de la filière bio. “Cela entraîne desinvestissements en matériel conséquents et une plus grande fragilité dans le chef desexploitants.“

A la Fédération Wallonne de l’Agriculture (FWA), on croit évidemment au rôleprépondérant de l’agriculteur au sein d’une société en quête d’un retour aux vé­ritables valeurs de la terre. “Il y a un choix de société à faire. Et le public a un rôlecrucial à jouer en la matière”, confie Yves Somville, secrétaire général adjoint dela FWA. Depuis de nombreuses années, l’agriculteur est mis à toutes les sauces,soumis à de nouvelles réglementations toujours plus contraignantes.“Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une intensification de la brutalité deschocs“, ajoute Benoît Copée, président de la Foire agricole de Libramont. “L’agri­culteur, qui vit déjà dans un contexte de régulation­dérégulation complexe et mou­vant, doit aussi faire face à des événements brutaux. La crise du lait n’en est qu’unexemple.”

S’il ne sera dévoilé que lors de la Foire de Libramont, fin juillet, l’indice de con­fiance des agriculteurs publié par le Crédit Agricole repart à la hausse cette an­née. “On avait touché le fond l’an dernier “, reconnaît Christine Lambert, respon­sable marché agricole au Crédit Agricole. “Le sentiment est désormais plus positif.Quand on demande à quels risques sont confrontés les agriculteurs aujourd’hui, lanotion de revenus arrive en première position. De nombreux conjoints sont obligés detravailler pour subvenir aux besoins du ménage.“ S’ensuit le manque de transpa­rence du politique et de la réglementation.

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Sur le rôle du politique,en Wallonie et en EuropeAlors que la Politique Agricole Commune (PAC) va être rediscutée pourl’après­2013, Yves Somville (FWA) et les autres intervenants à la tableronde soulignent que le manque de stabilité et de cohérence du cadreréglementaire constitue l’un des principaux problèmes des agricul­teurs. “Il est clair que ce sont des facteurs extérieurs au secteur qui en déter­minent le comportement“, ajoute Xavier De Munck (NTF). “Après laguerre, la PAC a eu pour but d’atteindre l’auto­approvisionnement. Il a en­suite fallu exporter pour écouler les excédents pour en arriver à une logiquede libéralisation du marché… “ Les mesures destinées à garantir la stabi­lité du marché, anciennement disponibles dans le cadre de la PAC, ontété progressivement démantelées. “En la matière, deux voies sont possi­bles, note Jean­Claude Raskin (UNAB) qui poursuit: « Soit on continue à di­minuer le nombre de fermes qui exploiteront une moyenne de 4.000 hecta­res chacune. Soit on en revient à une agriculture à échelle humaine. Il sembleque le nouveau commissaire européen, le roumain Dacian Ciolos, ait cetteenvie. Reste à voir s’il arrivera à l’imposer. Pour moi, il est essentiel quel’agriculteur puisse reprendre sa vie en main. Il s’agit pour l’heure du seul in­dépendant qui ne peut pas déterminer son prix de vente sur le marché. La fi­lière courte est une solution. Il y en a d’autres.“

A ce niveau, la Région wallonne n’a que peu de pouvoir de décision.“En matières environnementale et agricole, on dépend du cadre européen “,reprend Yves Somville. “Seul l’aspect développement durable est confiéplus largement aux Etats et Régions. Les mesures prises dans ce cadre sontcofinancées. Une région peut donc décider de donner des avantages au bio,de promouvoir tel ou tel type de production, de s’intéresser à la formation,etc. “ C’est justement en matière d’encadrement et de formation que nosinterlocuteurs attendent un geste de la Région wallonne. “On pourraitsoutenir l’encadrement des agriculteurs dans les domaines de la diversifica­tion, de la commercialisation de leurs produits, en agriculture bio ou con­ventionnelle“, insiste Jean­Claude Raskin (UNAB). “Apprendre à tra­vailler ensemble, créer des coopératives… Le problème du politique, quel qu’ilsoit, est qu’il travaille à court terme. C’est plus facile d’offrir de l’argent encompensation de quelque chose plutôt que d’investir durablement.“

LLB

“Si j’avais un conseil à donner auxagriculteurs, ce serait de lesencourager à travailler ensemble”Christine Lambert

RESPONSABLE DU MARCHE AGRICOLE AUCREDIT AGRICOLE

“En bio, nous conseillons àl’agriculteur de diminuer sa taillepour une viabilité plus grande”Jean-Claude Raskin

UNION NATIONALE DES AGROBIOLOGISTES

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Sur l’état de l’agriculturewallonne aujourd’huiEn 2010, on dénombrait 14502 exploitations agricoles en Wallonie, contre41479 en 1978… L’érosion est constante et inquiétante. En corollaire, la tailledes exploitations existantes ne cesse d’augmenter. Une grande difficulté dumonde agricole réside dans la succession. “Un grand nombre d’agriculteurs âgésde plus de cinquante ans n’ont pas de repreneur“, constate Jean­François Ledent,responsable du département agri­business chez CBC Banque. “Le chiffre d’affai­res par exploitation a tendance à se maintenir, voire à augmenter, ces dernières an­nées, mais la valeur ajoutée se tasse légèrement“, précise le banquier. “Si le chiffred’affaires se maintient, il faut toutefois le rapporter à des exploitations plus grandes,gérées par moins d’hommes“, répond Jean­Claude Raskin de l’Union Nationaledes Agrobiologistes Belges (UNAB), défenseur de la filière bio. “Cela entraîne desinvestissements en matériel conséquents et une plus grande fragilité dans le chef desexploitants.“

A la Fédération Wallonne de l’Agriculture (FWA), on croit évidemment au rôleprépondérant de l’agriculteur au sein d’une société en quête d’un retour aux vé­ritables valeurs de la terre. “Il y a un choix de société à faire. Et le public a un rôlecrucial à jouer en la matière”, confie Yves Somville, secrétaire général adjoint dela FWA. Depuis de nombreuses années, l’agriculteur est mis à toutes les sauces,soumis à de nouvelles réglementations toujours plus contraignantes.“Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une intensification de la brutalité deschocs“, ajoute Benoît Copée, président de la Foire agricole de Libramont. “L’agri­culteur, qui vit déjà dans un contexte de régulation­dérégulation complexe et mou­vant, doit aussi faire face à des événements brutaux. La crise du lait n’en est qu’unexemple.”

S’il ne sera dévoilé que lors de la Foire de Libramont, fin juillet, l’indice de con­fiance des agriculteurs publié par le Crédit Agricole repart à la hausse cette an­née. “On avait touché le fond l’an dernier “, reconnaît Christine Lambert, respon­sable marché agricole au Crédit Agricole. “Le sentiment est désormais plus positif.Quand on demande à quels risques sont confrontés les agriculteurs aujourd’hui, lanotion de revenus arrive en première position. De nombreux conjoints sont obligés detravailler pour subvenir aux besoins du ménage.“ S’ensuit le manque de transpa­rence du politique et de la réglementation.

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Sur le rôle du politique,en Wallonie et en EuropeAlors que la Politique Agricole Commune (PAC) va être rediscutée pourl’après­2013, Yves Somville (FWA) et les autres intervenants à la tableronde soulignent que le manque de stabilité et de cohérence du cadreréglementaire constitue l’un des principaux problèmes des agricul­teurs. “Il est clair que ce sont des facteurs extérieurs au secteur qui en déter­minent le comportement“, ajoute Xavier De Munck (NTF). “Après laguerre, la PAC a eu pour but d’atteindre l’auto­approvisionnement. Il a en­suite fallu exporter pour écouler les excédents pour en arriver à une logiquede libéralisation du marché… “ Les mesures destinées à garantir la stabi­lité du marché, anciennement disponibles dans le cadre de la PAC, ontété progressivement démantelées. “En la matière, deux voies sont possi­bles, note Jean­Claude Raskin (UNAB) qui poursuit: « Soit on continue à di­minuer le nombre de fermes qui exploiteront une moyenne de 4.000 hecta­res chacune. Soit on en revient à une agriculture à échelle humaine. Il sembleque le nouveau commissaire européen, le roumain Dacian Ciolos, ait cetteenvie. Reste à voir s’il arrivera à l’imposer. Pour moi, il est essentiel quel’agriculteur puisse reprendre sa vie en main. Il s’agit pour l’heure du seul in­dépendant qui ne peut pas déterminer son prix de vente sur le marché. La fi­lière courte est une solution. Il y en a d’autres.“

A ce niveau, la Région wallonne n’a que peu de pouvoir de décision.“En matières environnementale et agricole, on dépend du cadre européen “,reprend Yves Somville. “Seul l’aspect développement durable est confiéplus largement aux Etats et Régions. Les mesures prises dans ce cadre sontcofinancées. Une région peut donc décider de donner des avantages au bio,de promouvoir tel ou tel type de production, de s’intéresser à la formation,etc. “ C’est justement en matière d’encadrement et de formation que nosinterlocuteurs attendent un geste de la Région wallonne. “On pourraitsoutenir l’encadrement des agriculteurs dans les domaines de la diversifica­tion, de la commercialisation de leurs produits, en agriculture bio ou con­ventionnelle“, insiste Jean­Claude Raskin (UNAB). “Apprendre à tra­vailler ensemble, créer des coopératives… Le problème du politique, quel qu’ilsoit, est qu’il travaille à court terme. C’est plus facile d’offrir de l’argent encompensation de quelque chose plutôt que d’investir durablement.“

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“Si j’avais un conseil à donner auxagriculteurs, ce serait de lesencourager à travailler ensemble”Christine Lambert

RESPONSABLE DU MARCHE AGRICOLE AUCREDIT AGRICOLE

“En bio, nous conseillons àl’agriculteur de diminuer sa taillepour une viabilité plus grande”Jean-Claude Raskin

UNION NATIONALE DES AGROBIOLOGISTES

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6 SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE 7SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE

Sur le rôledes Banques

Si, vu l’évolution du paysage agricole wallon, les exploitations sont demoins en moins nombreuses, les demandes de financement restent trèsfréquentes auprès des organismes bancaires. “Le secteur a dû constam­ment investir pour se mettre aux normes, atteindre une taille critique quipermet d’être rentable et de vivre”, constate Christine Lambert (CréditAgricole). La spécialisation de certains les a contraints à acquérir du ma­tériel de pointe, mais le simple remplacement des machines existanteset les mises aux normes des bâtiments sont autant de postes coûteux. Etsi les représentants du monde agricole sont conscients des dangers del’endettement, la banque reste un partenaire incontournable des agri­culteurs.

“On est sur un partenariat à long terme “, précise Jean­François Ledent(CBC). “Les questions qui se posent sont différentes que dans d’autres do­maines économiques. Quand survient la crise du lait et qu’on vient d’investirplusieurs millions dans une installation, on ne peut réagir à court terme.“ Lebanquier se pose en conseiller et en confident.

“En cas de crise particulière, nous mettons en place des mesures adaptées etponctuelles au niveau du crédit“, souligne la responsable du Crédit Agri­cole. Des mesures de soutien destinées à assurer la survie de l’économierurale. Constat tiré par tous les intervenants, pour investir aujourd’huidans le monde agricole, il faut être né dedans. “En Belgique, on peut diffi­cilement faire autrement “, confie Yves Somville (FWA). Parmi les diffi­cultés relevées, celle de se fixer un objectif clair pour les jeunes agricul­teurs. Le contexte général est mouvant, les chocs sont brutaux. Alorsqu’un investissement ne s’amortit qu’en dix ou vingt ans, les politiqueset les normes changent beaucoup plus rapidement. La situation restecomplexe. L’agriculture constitue un véritable défi pour notre société.Mais il n’y a pas de fatalité. Des pistes existent qu’elles passent par le bioou le conventionnel, grâce à l’imagination, à l’inventivité et à la qualitédu travail fourni au quotidien pour les agriculteurs, toujours mieux for­més et conscients des enjeux de notre société.

LLB

Sur la solidarité et ladiversification du secteur

“Si j’avais un conseil à donner aux agriculteurs, ce serait de les encourager à tra­vailler ensemble, de ne pas hésiter à se remettre en question. A plusieurs, on est plusforts”, explique Christine Lambert (Crédit Agricole). Afin de gagner en auto­nomie, certains agriculteurs ont choisi la voie du circuit court. Vente à laferme, sur le marché local, mais aussi dans le secteur de la grande distributionen Belgique. “Si on parvenait à distribuer la production wallonne dans le circuitbelge, en évitant l’importation, ce serait un très grand pas en avant“, constateJean­Claude Raskin (UNAB). “Mais il faut reconnaître aussi que les grandes sur­faces profitent de l’étiquette bio pour vendre plus cher alors que, chez le produc­teur, le bio n’est pas plus cher, hormis le fait qu’il doive répercuter le prix des con­trôles supplémentaires.“

La vente locale constitue une piste pour de nombreux agriculteurs. “On a lachance de vivre à proximité d’un pôle de consommation énorme “, poursuit YvesSomville (FWA). ”Pour l’agriculteur qui sera encore présent demain, l’ouvertured’esprit et la solidarité seront, à mes yeux, tout aussi incontournables.“ Ouverturesur tout ce qui touche à la diversification bien sûr, mais aussi ouverture àl’évolution des techniques.

“Pour avoir récemment participé à une conférence sur le labour simplifié ou lesemis direct, j’ai été étonné du nombre d’agriculteurs prêts à revoir leur façon detravailler. Ils sont quatre cents à travailler de la sorte en Wallonie aujourd’hui,aucun ne fera marche arrière. Je refais vraiment de l’agronomie depuis que monfils a voulu passer en labour simplifié m’a confié un vieil agriculteur présent“, sou­ligne le secrétaire fédéral adjoint de la FWA.

La notion de plaisir doit être indissociable du travail de la terre. On l’a par­fois oublié. “Quand je parle de solidarité, c’est celle d’une profession vis­à­vis d’el­le­même, mais aussi face au pouvoir politique, au consommateur. Demain, c’est lanécessité qui fera que des agriculteurs achèteront du matériel et vendront leursproduits en commun.“

“En prenant un peu de recul, on s’aperçoit que les agriculteurs ont réussi às’adapter à toutes les réformes, à suivre les exigences réglementaires, à intégrer detrès hautes technologies, c’est dans cette force que réside le levain de notre agricul­ture de demain”, résume Xavier De Munck (NTF

LLB

Sur l’avenir du secteuragricole“En deux générations, pour utiliser un raccourci, l’agriculteur est passé ducheval de trait au tracteur guidé par GPS “, lance Xavier de Munck. Ob­servateur attentif, le secrétaire général de l’Association des propriétai­res ruraux de Wallonie (NTF) ajoute : “ Si l’innovation, thème de notre dis­cussion est un moteur incontestable, c’est l’homme qui en détient la clé. Jereste confiant quant à l’avenir de l’agriculture, mélange de passion, de com­pétences techniques toujours plus pointues, de créativité et de capacitéd’adaptation. La seule inquiétude vient de la situation financière des jeunesqui se lancent aujourd’hui.“ “Je ne crois pas à un déclin d’un secteur qui aurades rôles fondamentaux à jouer demain“, confie Yves Somville. “Un sec­teur qui a fait d’énormes progrès aux niveaux technique et environnemen­tal, qui a su répondre aux nouvelles attentes du consommateur, qui a tra­versé les crises,…» Toutefois, l’agriculteur est à un tournant. Doit­il pour­suivre sur la voie de la croissance, des exploitations toujours plusgrandes et des investissements toujours plus lourds ? La réponse estnuancée. “Le secteur bio répondra non”, explique Jean­Claude Raskin.“Nous avons une vision différente. Nous conseillons souvent à l’agriculteurde diminuer sa taille afin d’atteindre une viabilité plus grande.“

Une réflexion que mène également le secrétaire fédéral adjoint de laFWA. “Pour nous aussi, l’aspect raisonnement des investissements reste fon­damental. L’innovation doit aussi se faire dans les mentalités. Le fait de met­tre du matériel en commun, par l’intermédiaire de CUMA est une piste à ex­plorer et à développer.“ La solution viendra­t­elle de la nouvelle généra­tion ? “Pour s’en convaincre, il suffit de discuter avec des jeunes “, relateJean­François Ledent (CBC Banque). “Ils ont des projets. Leur connais­sance des défis qui les attendent a fortement évolué. Ils sont capables de trou­ver des solutions, dans un contexte difficile. Ils sont également conscients desattentes de la population à leur égard.“ Circuits courts, diversification dela production, fermes éducatives, gîtes,… C’est dans l’innovation que ré­side le salut d’une profession.

LLB Sur la vision et le rôle

du consommateurCes dernières années, l’agriculteur a grandement amélioré son image auprèsdu grand public. Il a surtout suivi l’évolution des mentalités, vers plus de sé­curité de la chaîne alimentaire et de qualité des produits. “Il est important desouligner la qualité exceptionnelle de ce qui est produit en Belgique“, fait remar­quer Benoît Coppée (Foire de Libramont). “Se diversifier prend du temps et,pour y parvenir, l’agriculteur a besoin du soutien du consommateur. Que les genscomprennent les difficultés du métier et ses richesses. La Foire de Libramont seveut un pont entre ces deux mondes. L’alimentation est un débat majeur à menerau sein de notre société.“

Les acteurs agricoles en appellent à une plus grande cohérence de la part duconsommateur. “En tant que citoyen, il exige des règles très strictes pour lui ga­rantir une alimentation saine. Quand il consomme, il exige avant tout le prix leplus bas possible… “, relève Yves Somville (FWA).

Deux positions difficilement conciliables. “Veut­on vraiment promouvoir uneagriculture intensive, avec plus d’intrants chimiques et les conséquences que l’onimagine sur la santé de tous ?“, s’interroge Jean­Claude Raskin (UNAB).Aujourd’hui, le public attend du monde agricole une meilleure qualité de vie,un environnement de qualité, un potentiel touristique, bref, qu’il s’inscrivecomme un acteur clé de l’économie rurale dans son ensemble. “Il faudra trou­ver le juste milieu entre l’hyper­mécanisation des grandes exploitations et la fermeà taille humaine, ouverte, formatrice que le consommateur est en droit d’atten­dre“, confie Yves Somville. “Mais si tel est son souhait, il doit soutenir l’agricul­teur qui lui a montré qu’il était capable de répondre à de multiples crises, de réagiret de s’adapter aux normes. La question est simple : est­il bon de mettre en concur­rence un poulet que je vois courir dans la ferme avec celui produit en batterie et quin’a jamais vu la couleur du jour ? “

Selon Jean­François Ledent (CBC Banque), la capacité du monde agricole àmettre le consommateur dans sa poche va aller en s’accélérant. “On a beau­coup parlé du cadre réglementaire, mais j’ose encore croire que les politiciens sontélus par le consommateur. C’est par ce côté, qu’il faut attaquer le problème.“L’éducation du consommateur, l’information sur les réalités du métier d’agri­culteur et les contraintes du secteur sont des éléments fondamentaux quipermettront au monde agricole et au public d’avancer ensemble. “Le secteur abeaucoup travaillé à son image “, ajoute Christine Lambert (Crédit Agricole).“Il a cherché un soutien auprès du consommateur et il l’a trouvé. “

LLB

“Il ya un choix de société à faire etle public à un rôle crucial à jouer enla matière”Yves Somville

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT FÉDÉRA-TION WALLONNE DES AGRICULTEURS

“Aujourd’hui, l’agriculture estconfrontée à une intensification dela brutalité des chocs”Benoit Coppée

PRÉSIDENT DE LA FOIRE AGRICOLE DELIBRAMONT

“En deux générations, l’agriculteurest passé du cheval de trait autracteur guidé par GPS”Xavier de Munck

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL - PROPRIÉTAIRESRURAUX DE WALLONIE (NTF)

“Agriculteurs et banquiers, noussommes des partenaires sur le longterme”Jean-François Ledent

RESPONSABLE SECTEUR AGRO-BUSINESSCBC BANQUE

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7SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE

Sur le rôledes Banques

Si, vu l’évolution du paysage agricole wallon, les exploitations sont demoins en moins nombreuses, les demandes de financement restent trèsfréquentes auprès des organismes bancaires. “Le secteur a dû constam­ment investir pour se mettre aux normes, atteindre une taille critique quipermet d’être rentable et de vivre”, constate Christine Lambert (CréditAgricole). La spécialisation de certains les a contraints à acquérir du ma­tériel de pointe, mais le simple remplacement des machines existanteset les mises aux normes des bâtiments sont autant de postes coûteux. Etsi les représentants du monde agricole sont conscients des dangers del’endettement, la banque reste un partenaire incontournable des agri­culteurs.

“On est sur un partenariat à long terme “, précise Jean­François Ledent(CBC). “Les questions qui se posent sont différentes que dans d’autres do­maines économiques. Quand survient la crise du lait et qu’on vient d’investirplusieurs millions dans une installation, on ne peut réagir à court terme.“ Lebanquier se pose en conseiller et en confident.

“En cas de crise particulière, nous mettons en place des mesures adaptées etponctuelles au niveau du crédit“, souligne la responsable du Crédit Agri­cole. Des mesures de soutien destinées à assurer la survie de l’économierurale. Constat tiré par tous les intervenants, pour investir aujourd’huidans le monde agricole, il faut être né dedans. “En Belgique, on peut diffi­cilement faire autrement “, confie Yves Somville (FWA). Parmi les diffi­cultés relevées, celle de se fixer un objectif clair pour les jeunes agricul­teurs. Le contexte général est mouvant, les chocs sont brutaux. Alorsqu’un investissement ne s’amortit qu’en dix ou vingt ans, les politiqueset les normes changent beaucoup plus rapidement. La situation restecomplexe. L’agriculture constitue un véritable défi pour notre société.Mais il n’y a pas de fatalité. Des pistes existent qu’elles passent par le bioou le conventionnel, grâce à l’imagination, à l’inventivité et à la qualitédu travail fourni au quotidien pour les agriculteurs, toujours mieux for­més et conscients des enjeux de notre société.

LLB

Sur la vision et le rôledu consommateurCes dernières années, l’agriculteur a grandement amélioré son image auprèsdu grand public. Il a surtout suivi l’évolution des mentalités, vers plus de sé­curité de la chaîne alimentaire et de qualité des produits. “Il est important desouligner la qualité exceptionnelle de ce qui est produit en Belgique“, fait remar­quer Benoît Coppée (Foire de Libramont). “Se diversifier prend du temps et,pour y parvenir, l’agriculteur a besoin du soutien du consommateur. Que les genscomprennent les difficultés du métier et ses richesses. La Foire de Libramont seveut un pont entre ces deux mondes. L’alimentation est un débat majeur à menerau sein de notre société.“

Les acteurs agricoles en appellent à une plus grande cohérence de la part duconsommateur. “En tant que citoyen, il exige des règles très strictes pour lui ga­rantir une alimentation saine. Quand il consomme, il exige avant tout le prix leplus bas possible… “, relève Yves Somville (FWA).

Deux positions difficilement conciliables. “Veut­on vraiment promouvoir uneagriculture intensive, avec plus d’intrants chimiques et les conséquences que l’onimagine sur la santé de tous ?“, s’interroge Jean­Claude Raskin (UNAB).Aujourd’hui, le public attend du monde agricole une meilleure qualité de vie,un environnement de qualité, un potentiel touristique, bref, qu’il s’inscrivecomme un acteur clé de l’économie rurale dans son ensemble. “Il faudra trou­ver le juste milieu entre l’hyper­mécanisation des grandes exploitations et la fermeà taille humaine, ouverte, formatrice que le consommateur est en droit d’atten­dre“, confie Yves Somville. “Mais si tel est son souhait, il doit soutenir l’agricul­teur qui lui a montré qu’il était capable de répondre à de multiples crises, de réagiret de s’adapter aux normes. La question est simple : est­il bon de mettre en concur­rence un poulet que je vois courir dans la ferme avec celui produit en batterie et quin’a jamais vu la couleur du jour ? “

Selon Jean­François Ledent (CBC Banque), la capacité du monde agricole àmettre le consommateur dans sa poche va aller en s’accélérant. “On a beau­coup parlé du cadre réglementaire, mais j’ose encore croire que les politiciens sontélus par le consommateur. C’est par ce côté, qu’il faut attaquer le problème.“L’éducation du consommateur, l’information sur les réalités du métier d’agri­culteur et les contraintes du secteur sont des éléments fondamentaux quipermettront au monde agricole et au public d’avancer ensemble. “Le secteur abeaucoup travaillé à son image “, ajoute Christine Lambert (Crédit Agricole).“Il a cherché un soutien auprès du consommateur et il l’a trouvé. “

LLB

“En deux générations, l’agriculteurest passé du cheval de trait autracteur guidé par GPS”Xavier de Munck

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL - PROPRIÉTAIRESRURAUX DE WALLONIE (NTF)

“Agriculteurs et banquiers, noussommes des partenaires sur le longterme”Jean-François Ledent

RESPONSABLE SECTEUR AGRO-BUSINESSCBC BANQUE

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8 SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE 9SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE

l Agriculture et innovation l Enseignement

En prise directe avec le terrain

h Les écoles secondaires etsupérieures font de l’innovation et duchangement leur quotidien. En jouantsur la flexibilité des programmes.

Le reproche étechnique ou professionnel sont in­suffisamment formés à l’outillage moderne et àl’innovation.

Cette critique vaut­elle pour les jeunes qui se des­tinent à la filière agricole ? Eléments de réponse,pour le supérieur et le secondaire, avec MarianneDawirs, directrice à la Haute école de la Province deLiège, catégorie agronomique (bachelier en agrono­mie), et Michel Hendrickx, directeur à l’Institutprovincial d’enseignement agronomique de LaReid.

Tous deux soulignent d’emblée que l’innovationest avant tout un état d’esprit, une autre approchede l’agriculture, comme par exemple la gestion in­tégrée des cultures, la diminution des doses d’im­plants, etc. « La technologie n’est qu’un des aspects del’innovation, parce que celle­ci est aussi le change­ment, la capacité d’adaptation et l’amélioration à tousniveaux », note Marianne Dawirs. «Le monde agricolechange tout le temps, beaucoup plus vite qu’on nel’imagine, et les grandes écoles agronomiques sont enprise directe sur le terrain. Elles vivent le changement.Ainsi les élèves sont­ils beaucoup à l’extérieur, entreautres par des stages mais aussi de multiples activités,qu’assis sur un banc. L’innovation, nous la vivons, demanière encore plus forte dans le supérieur que dans lesecondaire. Et à cela s’ajoute la formation continuée. »

Les écoles disposent­elles à la fois des outils et dela marge de manœuvre pour intégrer innovation etchangement ? « Les contraintes sont beaucoup plusfortes dans le secondaire, technique comme profes­sionnel », note Michel Hendrickx. « Là, il y a un profilde qualification établi pour tout ce qui gravite autourde l’agriculture, et qui implique un profil de formationet un programme. Mais tout va être remis en chantierdans les années qui viennent, précisément du fait desbouleversements. Reste que, dans un programme, il y ades thèmes génériques. Comme tous les professeurssuivent de près l’évolution du monde agricole en yétant eux­mêmes impliqués d’une manière ou d’uneautre, ils savent ainsi répercuter les changements dansles divers thèmes génériques. De plus, tous les élèves de5è, 6è et 7è année font un stage d’un mois, en Belgiquecomme à l’étranger, et c’est pour eux l’occasion de ren­

contrer l’innovation, de la vivre sur le terrain. Notreécole est en outre certifiée ISO 14001, ce qui impliqueune amélioration continue, sous contrôle d’un audi­teur externe. Là, c’est une démarche à la fois intellec­tuelle et de pratique de terrain. Et nous sommes candi­dats à être l’une des écoles pilotes en matière de déve­loppement durable. C’est dire que, oui, nous intégronsen permanence innovation et changement. »

Quant à Marianne Dawirs, elle indique que, dansle supérieur, l’on intègre de plus en plus, par exem­ple, une approche Nord – Sud, avec les incidencesde nos pratiques commerciales sur les échanges,« ce qui nous a amenés à fortement modifier nos pro­

grammes ». Comment, concrètement, adapter lesprogrammes à l’innovation et au changement ? « Enrefusant le confort du fonctionnaire ! », s’exclamentles deux directeurs. « Nous mettons sans cesse l’élèveen situation de déséquilibre et de découverte, pourqu’il s’y habitue et vive avec », explique Michel Hen­drickx, qui établit une comparaison avec la révolu­tion informatique. « C’est une culture du change­ment. Ce que nous disons maintenant peut s’avérerfaux demain. Il faut donc en permanence se remettreen question, découvrir de nouvelles notions et faire lapart des choses. Le monde agricole est assisté et victimede prédateurs. Pour construire un nouvel avenir, il fautune formation solide, en étant capable d’analyse. Ca,ce n’était pas le cas avant. »

« Aujourd’hui, pour être exploitant, il faut être bache­lier et, demain, ingénieur », ajoute Marianne Dawirs.« On voit que ceux qui sont bacheliers savent partir derien, s’installer et s’adapter. L’ouverture d’esprit est es­sentielle. Ceux qui l’ont, et qui ont un bagage intellec­tuel, s’en sortent. Tout cela concerne aussi bien sûr aupremier chef les enseignants. Une condition de basepour enseigner ici est de sortir au maximum avec lesétudiants, sur des exploitations, à des conférences,journées d’étude etc. Quant aux programmes, ils fixentdes thèmes, comme les cultures ou le machinisme agri­cole, que l’on respecte administrativement avec la li­berté de pouvoir y mettre beaucoup de choses et desans cesse les adapter. Il ne faut pas se retrancher der­rière des programmes et des grilles pour ne pas évoluercar, en réalité, il y a beaucoup de souplesse. Mais – etc’est encore essentiel – il faut que nous, nous nous po­sions sans arrêt la question de savoir ce qu’on veut quenos étudiants atteignent et les compétences à leur ap­porter. Pour cela, il faut être à l’écoute du monde agri­cole et aller voir ce qui s’y passe, d’autant que le chan­gement est toujours plus rapide. »

Mme Dawirs comme M. Hendrickx soulignentque « la difficulté, pour les jeunes, c’est de se poser, detrier et analyser l’info puis de prendre une décision quisera toujours lourde du point de vue socioéconomi­que ». « Il y a beaucoup de choses que l’exploitant necontrôle pas. Il lui faut agir sur ce qu’il contrôle, en sor­tant des sentiers classiques et en valorisant beaucoupmieux leurs produits. On a roulé les agriculteurs, ils sesont faits déposséder de leur métier. A eux de se le réap­proprier. Il faut ainsi leur réapprendre à faire du com­merce, à vendre en gagnant sa vie. Ce qui passe aussipar l’esprit d’entreprendre et l’abandon des anciensréflexes. Car, pendant que certains disparaissent,d’autres s’installent et réussissent. C’est interpellant. »Marc Vandermeir

JEAN

-LUC

FLEM

AL

l Agriculture l Innovation l

L’inéluctable concentration

h Le « Baromètre 2011» confirme lachute du nombre d’exploitationsagricoles.

h Et la forte augmentation de leurtaille moyenne.

En 2010, la Belgique comptait 42854 exploitationsagricoles, dont 2672 en province de Luxembourg.La Flandre, avec 28 352 exploitations, l’emportelargement sur la Wallonie (14502). Le point com­mun, en Belgique (et dans nombre de pays) est ladiminution forte et constante.

Ainsi, la Wallonie comptait 41479 exploitationsen 1978, et la province de Luxembourg 7991. Unetendance que rien n’arrête. Mais, en parallèle, lataille des exploitations ne cesse d’augmenter. Ainsi,en Luxembourg, la surface moyenne a­t­elle triplédepuis 1978.

Quel est l’état de l’agriculture dans la plus grandeprovince wallonne ? Le « baromètre 2011 de l’éco­nomie agricole », qui vient d’être présenté par le dé­puté provincial à l’Agriculture, René Collin, endresse le profil. Ce baromètre a été élaboré par leCentre d’économie rurale et son service de gestion

agricole (SPIGVA), sur base des résultats de l’en­quête agricole 2010 du Service public fédéral Eco­nomie.

“Chaque année, une centaine d’exploitations dispa­raît“, constate Pierre Peeters, directeur du SPIGVA.C’est sur les communes de Bastogne et de Libra­mont­Chevigny – soit au cœur de l’Ardenne – queles agriculteurs sont, et de loin, les plus nombreux.La surface agricole utile (SAU) en Luxembourg estde 143 828 ha, à 87% consacrés aux fourrages etprairies. L’emploi agricole, lui, dégringole. Alorsqu’ils étaient 12406 en 1978, les travailleurs agri­coles ne sont plus que 4365 en Luxembourg. Unphénomène dû à la fois à la diminution du nombred’exploitations et à la forte mécanisation liée à lahausse de superficie des exploitations restantes.

Encore faut­il souligner que 53,3% seulement deces travailleurs, soit 2365 personnes, sont occupésà temps plein, et que 30,7% du total (1339 person­nes) sont des femmes.

Une autre difficulté bien connue du monde agri­cole est la succession. A preuve, plus de 60% de laSAU sont exploités par des agriculteurs de plus de50 ans, dont 22,4% disent ne pas avoir de succes­seur et 26,2% ne pas savoir s’il y aura successeur ounon. Le problème n’est pas mince puisque quelque32000 ha devraient changer d’exploitants dans lesquinze prochaines années. “Les jeunes agriculteurssont de plus en plus rares. En 2010, 18 nouvelles ex­ploitations seulement ont vu le jour“, constate RenéCollin.

Une autre menace plane sur le monde agricole, àsavoir l’appétit de sociétés foncières spécialiséesdans la reprise de terrains. “Ces fonds tentent de s’im­planter dans la province“, explique Christiane Colli­net, agricultrice à La Roche­en­Ardenne. “Lors­qu’une exploitation est à vendre, elles se proposent deracheter les terres avant de les remettre en location auprix fort. Tout le monde ne peut pas suivre et seuls ceuxqui ont les moyens acceptent de payer.“

Si l’on parle souvent de la diversification commel’une des pistes déterminantes pour relever les dé­fis du futur, la réalité est que cette diversité en estencore à ses balbutiements, avec moins de 10% seu­lement des exploitants qui saisissent cette oppor­tunité en pratiquant le tourisme à la ferme, les pro­duits du terroir par la transformation sur place,l’artisanat, les énergies renouvelables, etc.

De plus, cette diversification ne concerne­t­ellesurtout que les conjoints ayant un travail à l’exté­rieur, pour faire face aux fins de mois… Si la tailledes exploitations grimpe, il y a par contre de moinsen moins de bovins. Après avoir atteint un chiffrerecord de 428.000 bêtes en 2002, il n’y en a plusaujourd’hui que 366000 (à 80% pour la viande et à20% seulement pour le lait), soit le même nombrequ’en 1988. Les promoteurs du baromètre expli­quent ce net recul par les exigences de la Politiqueagricole commune (PAC) européenne, qui dimi­nuent le nombre d’animaux à l’hectare pour rai­sons environnementales.

TIMDIRV

EN/REPOR

TERS

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9SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE

l Agriculture et innovation l Enseignement

En prise directe avec le terrain

h Les écoles secondaires etsupérieures font de l’innovation et duchangement leur quotidien. En jouantsur la flexibilité des programmes.

Le reproche étechnique ou professionnel sont in­suffisamment formés à l’outillage moderne et àl’innovation.

Cette critique vaut­elle pour les jeunes qui se des­tinent à la filière agricole ? Eléments de réponse,pour le supérieur et le secondaire, avec MarianneDawirs, directrice à la Haute école de la Province deLiège, catégorie agronomique (bachelier en agrono­mie), et Michel Hendrickx, directeur à l’Institutprovincial d’enseignement agronomique de LaReid.

Tous deux soulignent d’emblée que l’innovationest avant tout un état d’esprit, une autre approchede l’agriculture, comme par exemple la gestion in­tégrée des cultures, la diminution des doses d’im­plants, etc. « La technologie n’est qu’un des aspects del’innovation, parce que celle­ci est aussi le change­ment, la capacité d’adaptation et l’amélioration à tousniveaux », note Marianne Dawirs. «Le monde agricolechange tout le temps, beaucoup plus vite qu’on nel’imagine, et les grandes écoles agronomiques sont enprise directe sur le terrain. Elles vivent le changement.Ainsi les élèves sont­ils beaucoup à l’extérieur, entreautres par des stages mais aussi de multiples activités,qu’assis sur un banc. L’innovation, nous la vivons, demanière encore plus forte dans le supérieur que dans lesecondaire. Et à cela s’ajoute la formation continuée. »

Les écoles disposent­elles à la fois des outils et dela marge de manœuvre pour intégrer innovation etchangement ? « Les contraintes sont beaucoup plusfortes dans le secondaire, technique comme profes­sionnel », note Michel Hendrickx. « Là, il y a un profilde qualification établi pour tout ce qui gravite autourde l’agriculture, et qui implique un profil de formationet un programme. Mais tout va être remis en chantierdans les années qui viennent, précisément du fait desbouleversements. Reste que, dans un programme, il y ades thèmes génériques. Comme tous les professeurssuivent de près l’évolution du monde agricole en yétant eux­mêmes impliqués d’une manière ou d’uneautre, ils savent ainsi répercuter les changements dansles divers thèmes génériques. De plus, tous les élèves de5è, 6è et 7è année font un stage d’un mois, en Belgiquecomme à l’étranger, et c’est pour eux l’occasion de ren­

contrer l’innovation, de la vivre sur le terrain. Notreécole est en outre certifiée ISO 14001, ce qui impliqueune amélioration continue, sous contrôle d’un audi­teur externe. Là, c’est une démarche à la fois intellec­tuelle et de pratique de terrain. Et nous sommes candi­dats à être l’une des écoles pilotes en matière de déve­loppement durable. C’est dire que, oui, nous intégronsen permanence innovation et changement. »

Quant à Marianne Dawirs, elle indique que, dansle supérieur, l’on intègre de plus en plus, par exem­ple, une approche Nord – Sud, avec les incidencesde nos pratiques commerciales sur les échanges,« ce qui nous a amenés à fortement modifier nos pro­

grammes ». Comment, concrètement, adapter lesprogrammes à l’innovation et au changement ? « Enrefusant le confort du fonctionnaire ! », s’exclamentles deux directeurs. « Nous mettons sans cesse l’élèveen situation de déséquilibre et de découverte, pourqu’il s’y habitue et vive avec », explique Michel Hen­drickx, qui établit une comparaison avec la révolu­tion informatique. « C’est une culture du change­ment. Ce que nous disons maintenant peut s’avérerfaux demain. Il faut donc en permanence se remettreen question, découvrir de nouvelles notions et faire lapart des choses. Le monde agricole est assisté et victimede prédateurs. Pour construire un nouvel avenir, il fautune formation solide, en étant capable d’analyse. Ca,ce n’était pas le cas avant. »

« Aujourd’hui, pour être exploitant, il faut être bache­lier et, demain, ingénieur », ajoute Marianne Dawirs.« On voit que ceux qui sont bacheliers savent partir derien, s’installer et s’adapter. L’ouverture d’esprit est es­sentielle. Ceux qui l’ont, et qui ont un bagage intellec­tuel, s’en sortent. Tout cela concerne aussi bien sûr aupremier chef les enseignants. Une condition de basepour enseigner ici est de sortir au maximum avec lesétudiants, sur des exploitations, à des conférences,journées d’étude etc. Quant aux programmes, ils fixentdes thèmes, comme les cultures ou le machinisme agri­cole, que l’on respecte administrativement avec la li­berté de pouvoir y mettre beaucoup de choses et desans cesse les adapter. Il ne faut pas se retrancher der­rière des programmes et des grilles pour ne pas évoluercar, en réalité, il y a beaucoup de souplesse. Mais – etc’est encore essentiel – il faut que nous, nous nous po­sions sans arrêt la question de savoir ce qu’on veut quenos étudiants atteignent et les compétences à leur ap­porter. Pour cela, il faut être à l’écoute du monde agri­cole et aller voir ce qui s’y passe, d’autant que le chan­gement est toujours plus rapide. »

Mme Dawirs comme M. Hendrickx soulignentque « la difficulté, pour les jeunes, c’est de se poser, detrier et analyser l’info puis de prendre une décision quisera toujours lourde du point de vue socioéconomi­que ». « Il y a beaucoup de choses que l’exploitant necontrôle pas. Il lui faut agir sur ce qu’il contrôle, en sor­tant des sentiers classiques et en valorisant beaucoupmieux leurs produits. On a roulé les agriculteurs, ils sesont faits déposséder de leur métier. A eux de se le réap­proprier. Il faut ainsi leur réapprendre à faire du com­merce, à vendre en gagnant sa vie. Ce qui passe aussipar l’esprit d’entreprendre et l’abandon des anciensréflexes. Car, pendant que certains disparaissent,d’autres s’installent et réussissent. C’est interpellant. »Marc Vandermeir

JEAN

-LUC

FLEM

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Page 10: Agiculture 30 juin 2011

© S.A. IPM 2011. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.

10 SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE 11SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE

l Agriculture et innovation l Sélection génétique l

Le Blanc­Bleu : l’innovation par le génie de l’éleveur

h A travers l’histoire du Blanc­BleuBelge et son succès, les secrets del’innovation par la génétiqued’élevage.

Si le Blanc­Bleu Belge, ou Belgian Blue, est unerace bovine qui a pu partir à la conquête dumonde, c’est avant tout parce qu’elle comportedes qualités intrinsèques intéressantes, acquisesgrâce à une sélection génétique poussée et menéeau sein de nos élevages.

« Avec la Blonde d’Aquitaine, le Blanc Bleu Belge estdésormais, en termes d’élevages et de nombre de bê­tes, la troisième race bovine productrice de viande aumonde », explique Pierre Mallieu, secrétaire géné­ral du Herd­Book Blanc­Bleu Belge. « Ses qualités,bien connues, restent la qualité de la viande, tendre,maigre et diététique, et une production moins lourdepour l’environnement qu’une autre race pour un ton­nage de viande équivalent. »

Ces qualités, remarquables, sont le fruit d’unlong travail. L’aboutissement d’une raceaujourd’hui reconnaissable entre mille. Car, oui, leBlanc­Bleu Belge a bien été créé. La race n’est autreque le résultat d’une volonté d’innover, le produitdu génie de quelques éleveurs belges qui, au cœurdes années cinquante, ont dû faire face à de nou­veaux enjeux. « La race, telle que nous la connaissonsaujourd’hui, est le fruit de plus de trente ans de sélec­tion génétique », précise Pierre Mallieu. « A l’époque,plusieurs fermiers qui élevaient une race mixte, pro­ductrice de lait et de viande, ont désiré répondre à unmarché qui demandait plus de viande. A partir dequelques culards, bêtes au rendement viandeux élevémais considérées comme anormales et peu viables, ilsont initié la race. Ils en ont sélectionné quelques­unes,plus costaudes. Et au moyen d’une discipline de fer,grâce à une réelle mémoire visuelle, en comparantleurs vaches lors de concours, avec la volonté d’amé­liorer leur élevage, ils sont parvenus à faire émergerune race originale. »

Cela n’aurait pas été possible sans un supportscientifique, aujourd’hui encore bien présent. Nisans une orientation commune, adoptée et parta­gée par l’ensemble des éleveurs de la race. Pendantdes années, les éleveurs, ont sélectionné les tau­reaux avec lesquels ils pouvaient, grâce à l’insémi­nation artificielle, accoupler leurs vaches. Ils ontainsi amélioré la conformation de leur bétail,autrement dit la quantité de viande que chacun de

leurs bovins pouvait produire.

« Qu’on ne se trompe pas, si le développement etl’évolution de la race a été supporté par le mondescientifique qui, en Belgique, a accompagné le mouve­ment, c’est avant tout au cœur de la ferme, dans lechef des éleveurs, que se situe le génie, les clés de l’évo­lution de la race », précise Pierre Mallieu. « Quimieux que l’éleveur, en effet, connaît ses bêtes, quimieux que lui sait avec quels taureaux il convient deles inséminer pour répondre à certaines lacunes ouaméliorer certaines qualités ? Lui seul parvient à inté­grer les multiples facteurs nécessaires à l’évolutiond’une race, et à évoluer avec la race et les besoins dumarché. C’est le secret de la sélection génétique. C’estau sein de la ferme que l’on trouve les clés de la réus­

site, la réelle innovation. » L’éleveur, en effet, s’ilconnaît bien son élevage, doit être bien informésur les semences des taureaux disponibles et lesqualités de ces derniers.

Pendant des années, la sélection génétique,au niveau de la race Blanc­Bleu Belge a permisd’en améliorer la conformation, la quantité deviande que peut porter une bête. Le rendementà l’abatage et au découpage, et son amélioration,était donc l’objectif poursuivi par les éleveurs.« Aujourd’hui, on peut considérer que le Blanc­BleuBelge est une race achevée, qui a trouvé un équili­bre et qui est adapté au marché », ajoute le secré­taire général du Herd­Book Blanc­Bleu Belge.« Mais la sélection est un processus qui ne s’arrêtepas. Il y a quelques années, nous avons atteint deslimites en termes de conformation. La sélection nepermettait plus d’atteindre les résultats escomptéset nous devions faire face à des problèmes de con­sanguinité. Nous avons décidé, et ce fut une vraierévolution pour la race et ses éleveurs, de modifiernos objectifs de sélection. »

Depuis 2003­2004, il n’est plus questiond’améliorer la conformation des animaux de larace mais bien de la préserver. « Grâce à la sélec­tion génétique, désormais, nous travaillons àl’amélioration de critères fonctionnels, comme lesaplombs, la fertilité, l’aptitude à boire, la vitalitédes bovins », ajoute Pierre Mallieu. De sorte que,la sélection génétique, à l’heure actuelle, per­met toujours d’améliorer les qualités d’une racequi n’a pas à rougir de sa réputation et, par là, àaméliorer la productivité de nos éleveurs. Unefierté belge, dont de nombreux amateurs deviande restent bleus.Sébastien Lambotte

Le Blanc­Bleu,bientôt enNamibie

Le Blanc­Bleu Belge, appelé de par le mondeBelgian Blue, s’exporte bien. Ses qualités, en ef­fet, semblent appréciées par de nombreux éle­veurs et producteurs de viande, mais aussi parde nombreux consommateurs. C’est le Herd­Book Blanc­Bleu Belge qui en assure la promo­tion à l’étranger. On retrouve notamment larace en Nouvelle­Zélande, en Australie, en Afri­que du Sud, en Amérique du Nord. Elle est enfait présente dans la plupart des pays d’élevage.Depuis trois ans, elle est implantée au Chili. Et,prochainement, on la retrouvera en Namibie.Un protocole d’accord vient en effet d’êtrepassé entre des éleveurs namibiens et le Herd­Book Blanc Bleu Belge. Ce dernier a sélectionnécent embryons fécondés de qualité qui vontpouvoir être implantés dans une douzaine devaches au sein de six fermes en Namibie. Ces« vaches porteuses », donc, mettront au monde,dans environ neuf mois, les premiers veaux derace Blanc­Bleu Belge pure en Namibie.S.L.

JEAN

LUCFLEM

AL

Pierre Mallieux blanc bleu belge HBBBB secretaire general agriculture

Vers des porcs Piétrains plus résistantsh L’ULg vient de créer une lignéede porcs résistants à certainesmaladies.

La Faculté de Médecine Vétérinaire de l’Univer­sité de Liège (ULg) vient, grâce à la sélection gé­nétique, de créer une nouvelle lignée de porcsPiétrain, à la musculature impressionnante.Grâce à des associations génétiques de porcs dela race présentant des caractères intéressants,cette nouvelle lignée engendre des animaux ré­sistants au stress, aux diarrhées colibacillaires, àla maladie de l’œdème et à la grippe.

Dans les conditions actuelles d’élevage porcin,l’extrême densité des populations animalesfournit aux agents pathogènes une niche infini­ment plus propice à la contagion. Autrement dit,les éleveurs doivent faire face à la propagation

rapide de maladies au cœur de leurs élevages. « Jus­qu’ici, le secteur des productions animales a réagi en re­courant à l’administration d’antibiotiques mais cettestratégie, du fait de l’émergence des résistances, a faitlong feu », explique Pascal Leroy, doyen de la Facultéde Médecine Vétérinaire de l’ULg.

Aujourd’hui, la profitabilité des élevages de porcs,pour l’exemple qui nous concerne, stagne à cause del’impact maladies. « D’où la demande pressante du sec­teur de pouvoir sélectionner des animaux naturelle­ment plus résistants aux maladies », poursuit le doyen.La diarrhée colibacillaire, provoquée par deux sou­ches différentes de la bactérie Escherichia coli (aussiresponsable de plusieurs décès humains, récem­ment, en Allemagne), la diarrhée du post­sevrage ouencore la maladie de l’œdème sont économique­ment dévastatrices. Pour les contrer, des vaccinssont à l’étude mais aucun n’a encore démontré sonefficacité. Les antibiotiques, eux, n’ont qu’un succèslimité. Les pneumonies, d’autre part, constituent leprincipal problème de santé en élevage porcin. A el­les seules, elles sont responsables de plus de 50% de

la consommation d’antibiotiques et de plus desdeux tiers des moins values économiques dues à lamortalité, aux retards de croissance, à un indice deconversion moindre et à la diminution de la qualitédes carcasses. « D’autre part, il existe une pression deplus en plus forte pour que l’utilisation des antibioti­ques en élevage soit proscrite en raison de l’explosiondu nombre de maladies humaines causées par des bac­téries rendues multi­résistantes du fait de cette prati­que », ajoute Pascal Leroy.

Pour ces raisons, et pour répondre à des enjeuxaussi bien économiques que sociétaux, le secteurporcin s’est trouvé confronté à la nécessité d’utiliserdes animaux génétiquement plus résistants auxmaladies infectieuses.

Le projet mené par l’Université de Liège visait àcréer une nouvelle lignée de porcs Piétrain, qui ré­siste aux maladies grâce à la présence, dans leurs gê­nes, d’un jeu de marqueurs de résistance innéeidentifiés. Les chercheurs ont identifié, au sein dutroupeau de la Faculté, quatre porcs qui résistaient

au stress et à la maladie de l’œdème. Cela alors que laprésence d’une telle combinaison semblait, au ni­veau des gênes, jusqu’ici très improbable selon la lit­térature internationale. Au niveau sociétal, la philo­sophie du projet est « de démontrer en pratique que lamise en œuvre des biotechnologies via une sélection as­sistée par marqueurs permet de réconcilier les aspira­tions du producteur (la rentabilité et la fourniture desproduits de qualité), du consommateur (disposer d’uneviande sans résidus et qui soit pécuniairement aborda­ble), du citoyen urbanisé (maximiser le bien­être ani­mal) et de la santé publique (restreindre l’usage des an­tibiotiques en élevage pour juguler le danger des bacté­ries multirésistantes) ».

C’est pourquoi, préconise la Faculté, le projet dedonner les moyens au secteur porcin wallon d’utili­ser des animaux génétiquement résistants aux ma­ladies infectieuses visées s’impose, « parce qu’il cris­tallise maturité conceptuelle, faisabilité technologique,probabilité élevée de succès et bien­fondé sociétal ».Sébastien Lambotte

La génomique,une avancéeDepuis l’émergence de la race Blanc­Bleu Belge, les éleveurs, parl’intermédiaire du Herd­Book, travaillent avec le monde scientifi­que et les universités. “En Belgique, nous avons eu la chance que lemonde scientifique a toujours accompagné le mouvement. Si tout estparti des fermes et des éleveurs, la science a permis de l’expliquer, de l’en­courager“, explique Pierre Mallieu, secrétaire général du Herd­BookBlanc­Bleu Belge.

A l’heure actuelle, quelques projets sont en cours de développe­ment, des outils qui doivent soutenir les éleveurs dans leurs démar­ches de sélection génétique. Le monde scientifique travaille notam­ment à l’amélioration de l’évaluation génétique des taureaux d’in­sémination, ces producteurs de semences sélectionnés pour leursdifférentes qualités. A l’issue de ces évaluations, un index génétiquedes taureaux est établi. Celui­ci permet aux éleveurs de faire lesbons choix, pour inséminer la bonne vache avec les semences dutaureau qui convient en vue d’améliorer son élevage. Plus cet indexsera fiable, plus les résultats de la sélection seront probants.

La génomique, évolution scientifique dont on parle beaucoupaujourd’hui, doit permettre d’accélérer les résultats de la sélection.“A l’heure actuelle, pour établir des index, il faut regarder les qualitésd’un taureau en analysant les qualités de sa progéniture“, explique Ar­naud Sartelet, chercheur à l’ULg, spécialisé dans la génomique. “Celaprend donc beaucoup de temps avant de pouvoir classifier un taureau,ou sa descendance. La génomique doit permettre d’évaluer ses qualitésdirectement à partir de ses gênes.“

Actuellement, cette pratique se développe plus vite au niveau desraces laitières, qui peuvent être évaluées selon des facteurs moinscomplexes et dont on connaît mieux le génome. Mais, avec l’Univer­sité de Liège, le Herd­Book travaille à son application pour le Blanc­Bleu. La génomique présente une autre avancée. Elle permet en effetd’identifier plus facilement les tares génétiques pouvant apparaître,et les animaux qui les portent. De la sorte, il est possible d’éviter leurreproduction, et limiter les pertes et moins values liées à ces taresdans le développement des élevages.

Page 11: Agiculture 30 juin 2011

© S.A. IPM 2011. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.

11SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE

l Agriculture et innovation l Sélection génétique l

Le Blanc­Bleu : l’innovation par le génie de l’éleveur

JEAN

LUCFLEM

AL

Pierre Mallieux blanc bleu belge HBBBB secretaire general agriculture

Vers des porcs Piétrains plus résistantsrapide de maladies au cœur de leurs élevages. « Jus­qu’ici, le secteur des productions animales a réagi en re­courant à l’administration d’antibiotiques mais cettestratégie, du fait de l’émergence des résistances, a faitlong feu », explique Pascal Leroy, doyen de la Facultéde Médecine Vétérinaire de l’ULg.

Aujourd’hui, la profitabilité des élevages de porcs,pour l’exemple qui nous concerne, stagne à cause del’impact maladies. « D’où la demande pressante du sec­teur de pouvoir sélectionner des animaux naturelle­ment plus résistants aux maladies », poursuit le doyen.La diarrhée colibacillaire, provoquée par deux sou­ches différentes de la bactérie Escherichia coli (aussiresponsable de plusieurs décès humains, récem­ment, en Allemagne), la diarrhée du post­sevrage ouencore la maladie de l’œdème sont économique­ment dévastatrices. Pour les contrer, des vaccinssont à l’étude mais aucun n’a encore démontré sonefficacité. Les antibiotiques, eux, n’ont qu’un succèslimité. Les pneumonies, d’autre part, constituent leprincipal problème de santé en élevage porcin. A el­les seules, elles sont responsables de plus de 50% de

la consommation d’antibiotiques et de plus desdeux tiers des moins values économiques dues à lamortalité, aux retards de croissance, à un indice deconversion moindre et à la diminution de la qualitédes carcasses. « D’autre part, il existe une pression deplus en plus forte pour que l’utilisation des antibioti­ques en élevage soit proscrite en raison de l’explosiondu nombre de maladies humaines causées par des bac­téries rendues multi­résistantes du fait de cette prati­que », ajoute Pascal Leroy.

Pour ces raisons, et pour répondre à des enjeuxaussi bien économiques que sociétaux, le secteurporcin s’est trouvé confronté à la nécessité d’utiliserdes animaux génétiquement plus résistants auxmaladies infectieuses.

Le projet mené par l’Université de Liège visait àcréer une nouvelle lignée de porcs Piétrain, qui ré­siste aux maladies grâce à la présence, dans leurs gê­nes, d’un jeu de marqueurs de résistance innéeidentifiés. Les chercheurs ont identifié, au sein dutroupeau de la Faculté, quatre porcs qui résistaient

au stress et à la maladie de l’œdème. Cela alors que laprésence d’une telle combinaison semblait, au ni­veau des gênes, jusqu’ici très improbable selon la lit­térature internationale. Au niveau sociétal, la philo­sophie du projet est « de démontrer en pratique que lamise en œuvre des biotechnologies via une sélection as­sistée par marqueurs permet de réconcilier les aspira­tions du producteur (la rentabilité et la fourniture desproduits de qualité), du consommateur (disposer d’uneviande sans résidus et qui soit pécuniairement aborda­ble), du citoyen urbanisé (maximiser le bien­être ani­mal) et de la santé publique (restreindre l’usage des an­tibiotiques en élevage pour juguler le danger des bacté­ries multirésistantes) ».

C’est pourquoi, préconise la Faculté, le projet dedonner les moyens au secteur porcin wallon d’utili­ser des animaux génétiquement résistants aux ma­ladies infectieuses visées s’impose, « parce qu’il cris­tallise maturité conceptuelle, faisabilité technologique,probabilité élevée de succès et bien­fondé sociétal ».Sébastien Lambotte

La génomique,une avancéeDepuis l’émergence de la race Blanc­Bleu Belge, les éleveurs, parl’intermédiaire du Herd­Book, travaillent avec le monde scientifi­que et les universités. “En Belgique, nous avons eu la chance que lemonde scientifique a toujours accompagné le mouvement. Si tout estparti des fermes et des éleveurs, la science a permis de l’expliquer, de l’en­courager“, explique Pierre Mallieu, secrétaire général du Herd­BookBlanc­Bleu Belge.

A l’heure actuelle, quelques projets sont en cours de développe­ment, des outils qui doivent soutenir les éleveurs dans leurs démar­ches de sélection génétique. Le monde scientifique travaille notam­ment à l’amélioration de l’évaluation génétique des taureaux d’in­sémination, ces producteurs de semences sélectionnés pour leursdifférentes qualités. A l’issue de ces évaluations, un index génétiquedes taureaux est établi. Celui­ci permet aux éleveurs de faire lesbons choix, pour inséminer la bonne vache avec les semences dutaureau qui convient en vue d’améliorer son élevage. Plus cet indexsera fiable, plus les résultats de la sélection seront probants.

La génomique, évolution scientifique dont on parle beaucoupaujourd’hui, doit permettre d’accélérer les résultats de la sélection.“A l’heure actuelle, pour établir des index, il faut regarder les qualitésd’un taureau en analysant les qualités de sa progéniture“, explique Ar­naud Sartelet, chercheur à l’ULg, spécialisé dans la génomique. “Celaprend donc beaucoup de temps avant de pouvoir classifier un taureau,ou sa descendance. La génomique doit permettre d’évaluer ses qualitésdirectement à partir de ses gênes.“

Actuellement, cette pratique se développe plus vite au niveau desraces laitières, qui peuvent être évaluées selon des facteurs moinscomplexes et dont on connaît mieux le génome. Mais, avec l’Univer­sité de Liège, le Herd­Book travaille à son application pour le Blanc­Bleu. La génomique présente une autre avancée. Elle permet en effetd’identifier plus facilement les tares génétiques pouvant apparaître,et les animaux qui les portent. De la sorte, il est possible d’éviter leurreproduction, et limiter les pertes et moins values liées à ces taresdans le développement des élevages.

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12 SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE 13SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE

l Agriculture et innovation l Controverse

Pour ou contre les OGM ?h La controverse autour des OGMmobilise l’opinion. Et si on setrompait de débat ?

Difficile de traiter de l’innovation au sein dumonde agricole, et plus principalement en culture,sans se heurter au difficile débat relatif aux orga­nismes génétiquement modifiés (OGM).

Cette controverse oppose principalement lemonde scientifique, défenseur des possibilités of­fertes par ce créneau de recherche, à la société, quicraint pour les risques qu’elles pourraient présen­ter. Les uns et les autres campant sur leurs posi­tions, très arrêtées, on n’est pas près de trouver uneissue au débat.

Peu importe. Deux agronomes de l’UCL, GaëtanVanloqueren, auteur d’un récent article intitulé« Gouverner l’innovation à l’heure des OGM », etPhilippe Baret, directeur de sa thèse de doctorat,défendent une idée qui doit permettre de dépasserle désaccord.

Pour les deux chercheurs, la question de l’inno­vation ne doit pas partir de la technologie, mais dela problématique à laquelle elle pourrait répondre.“Si les OGM sont une solution, à quelle question ré­pondent­ils ?“, lance Philippe Baret.

“Pour définir l’innovation, aujourd’hui, il ne fautpas partir de l’OGM mais bien du système agricole etdes problématiques qu’il rencontre. Plutôt que de direque l’on est pour ou contre une avancée technologique,ne vaudrait­il pas mieux réfléchir aux systèmes agri­coles que l’on veut développer et voir quelles sont lesinnovations qui nous permettront de le mettre enœuvre.“

En prenant le problème dans ce sens, on se rendcompte, selon les deux chercheurs, que les OGM neseraient qu’une solution parmi d’autres voies d’in­novations possibles. Gaëtan Vanloqueren, dans sonarticle, évoque la complexité socio­technique etsocio­économique qui existe entre une innovationet les problèmes agronomiques qu’elle tente de ré­soudre. “C’est l’exploration de cette complexité quipermet de dépasser la controverse du ‘pour ou contreles OGM’ et de replacer ceux­ci a leur juste place”,énonce­t­il. “Pour chaque problème agronomique, ilexiste une gamme plus ou moins grande de stratégieset d’innovations.”

Les pommiers transgéniques résistants à la tave­lure, par exemple, avaient pour objectif de créerdes arbres qui n’auraient pas ou peu besoin d’êtreaspergés de fongicides. Mais, à cette solution, onpourrait très bien préférer une des vingt autresstratégies existantes et innovations potentielle­ment porteuses permettant d’atteindre le mêmeobjectif. Bien que chacune de ces solutions aie desdegrés d’efficacité divers, on aurait pu privilégierl’usage de champignons antagonistes, prédateursde la tavelure, ou encore l’amélioration des systè­mes d’avertissement, qui permettent aux produc­teurs de ne traiter qu’en réelles situations de risquepour les fruits.

On aurait pu aussi évoquer la création de vergersdiversifiés ou l’aménagement de haies stoppant lapropagation de la maladie. Les OGM ne constituentpas l’unique solution, affirment les chercheurs. Et,plus qu’une discussion sur les OGM, c’est un débatsur les choix technologies que prônent ces deuxscientifiques.

Gaëtan Vanloqueren, parmi les grandes voiesd’innovations en agriculture, en distingue deux ac­tuellement favorisés. Il met ainsi, côte à côte, l’ingé­nierie génétique et l’agroécologie. Alors que la pre­mière a la volonté de modifier les plantes dans no­

tre intérêt pour qu’elles soient productives danstoutes les situations, même les plus adverses,l’autre cherche à comprendre et à améliorer lessystèmes dans leur ensemble, en se basant sur unecompréhension fine de leurs propriétés et des in­teractions qui ont lieu en leur sein.

La première des approches a eu les faveurs desmondes scientifiques et politiques depuis les an­nées 70, aux dépens de l’agroécologie. “Mais l’in­novation, en agriculture, doit être déterminée par lessystèmes agricoles que l’on veut développer demain.

C’est un débat citoyen, à ce niveau, qu’il convientd’abord de mener “, assure Philippe Baret. Ce n’estqu’à partir de là qu’on pourra dire sur quellesvoies d’innovations il faut s’engager, en évaluantles risques et opportunités que chacune d’ellesporte…

De “pour ou contre les OGM ?” on pourrait pas­ser à la question “Les OGM, l’agroécologie, lesdeux ? Quelles sont les innovations les plus adé­quates ?’” C’est, en effet, un tout autre débat ?Sébastien Lambotte

JEAN

LUCFLEM

AL

Entre ingénieriegénétique et agroécolo-gie, l’innovation doit êtreenvisagée autrementproposent deuxchercheurs en agronomiede l’UCL.Philippe Baretfaculte agronomie UCL

l Agriculture et innovation l Bio

Certes innovant, le bio n’est pasnouveau pour autant.h Le bio est une innovation…ancienne, concernée elle aussi par laglobalisation.

L’agriculture biologique est souvent présentéecomme une innovation déterminante pour le fu­tur. Mais cette innovation en est­elle vraiment uneet, si oui, pourquoi ? Pierre Stassart, chef de tra­vaux à l’Ulg campus d’Arlon, Docteur en sociologiede l’environnement et enseignant de la transitionau développement durable à l’Ulg et des filières àl’UCL, apporte une réponse toute en nuances.

“En­dehors de tout jugement de valeur ni sur l’agri­culture bio, ni sur la conventionnelle“, entame cechercheur. “Je considère qu’il y a toujours intérêt à ceque cohabitent les deux systèmes, car on ne sait quelsproblèmes pourront surgir demain. Il faut donc unebiodiversité des systèmes pour un développement du­rable, et il faut que chacun ait la capacité d’évoluer se­lon les difficultés qu’il rencontre. ” Cela étant, “dupoint de vue environnemental, la manière la plus sim­ple de protéger l’environnement en matière d’exploi­tation agricole est la culture bio, surtout à cause despesticides. Ceci en termes de politique publique. Il fautd’ailleurs se réjouir, dans ce contexte, de la reconnais­sance, en 1992, par l’Union européenne, de l’agricul­ture biologique et de l’instauration des primes de con­version. Ces primes sont une spécificité européennepuisque, si l’agriculture bio est aussi reconnue aux

Etats­Unis, il n’y a aucun dispositif financier de con­version.“

Quant à déterminer si l’agriculture bio est ou nonune innovation, la réponse tient du non et du oui.Du non, car Pierre Stassart rappelle que les pre­mières expériences sont apparues au 19è siècle, àpropos du rapport phosphore/potassium néces­saire à la production de plantes. Du oui, car“ l’agriculture bio est un moyen de produire autre­ment que selon un modèle industriel”. “Ca, c’est uneinnovation, et une grande.“

“Mais ce modèle industriel a été contesté dès le dé­part, certes par une minorité, qui prônait déjà unautre système. Le mouvement s’est amplifié dans lesannées 1970, lors des grandes catastrophes environ­nementales et du début du mouvement environne­mentaliste, qui a fait sortir le bio de son côté confiden­tiel, voire sectaire. C’est cela qui a mené à la recon­naissance de 1992. Et c’est aussi une innovation carla production repose sur d’autres paradigmes.“

Selon Pierre Stassart, un aspect innovant lié aubio est organisationnel, avec l’apparition du labelet de la certification indépendante, avant même lacrise de la vache folle. “Les enquêtes sur la crédibilitéde ce label bio prouve qu’il a beaucoup plus de crédibi­lité que ceux de grandes marques, car il inclut une ré­putation sociale. ”

Le chercheur concède toutefois que la multipli­cation des labels fait que le consommateur s’y re­trouve de moins en moins. “Surtout qu’il n’y a pasune seule forme d’agriculture bio, mais plusieurs, quivarient selon les conceptions et organisations, tandis

que certains producteurs refusent de se faire certifiercar ils contestent les critères de certification… Maiscette diversité d’approche existe aussi dans le tradi­tionnel.“ Et de souligner une démarche de certifica­tion collective née au Brésil, qui rassemble agricul­teurs, organisations et consommateurs.

“Car la labellisation sert avant tout à la globalisa­tion du marché bio. Et, là, se pose la question de savoirsi le bio est fait pour exporter ou pour la consomma­tion locale alors que certains produits bio importésont une empreinte environnementale moins forte queceux produits localement. Avec en filigrane la problé­matique de la souveraineté alimentaire et de l’emploi.Sans oublier cette autre grande question : peut­on ré­duire un agriculteur à son produit ? “

On touche là à une dimension sociale essentielle.“Mais qui n’est pas dans le cahier des charges del’agriculture bio – qui implique une obligation demoyens mais pas de résultats – alors même que beau­coup de producteurs sont porteurs de cette dimensionsociale qu’on trouve dans le commerce équitable. L’en­jeu est très fort au niveau mondial puisqu’il s’agira denourrir 9 à 10 milliards de personnes en 2050. Tousles circuits courts de vente sont des signaux de cettequestion, avec des gens qui veulent à la fois la sécuritéalimentaire et sauvegarder ou créer de l’emploi. Or,rien n’empêche un petit producteur de se développerjusqu’à devenir un gros, avec peu de main d’oevre. Ace niveau, la Région wallonne a osé faire ce qui ne s’estjamais fait en agriculture traditionnelle, avec des pri­mes bio plafonnées et décroissantes selon le niveau deproduction. “

JOHA

NNADE

TESSIÈRE

S

l’agriculture bio est un moyen de produire autrement que selon un modèle industriel Ferme Bio de M.Taziaux, fermier à Binnines.

l Entretien

L’agroécologie, pour répondre aux enjeuxPhilippe Baret, professeur d’agronomie à l’UCL

Que penser des organismes génétiquement modifiésen tant qu’innovation ?

Aujourd’hui, les OGM sont devenus incontour­nables au niveau médiatique. Cela a deux effets.D’une part, ça a le mérite de faire percevoirl’existence de l’agriculture à une grande partiede la population. D’autre part, la question desOGM simplifie la problématique agricole à undébat sur les enjeux d’une simple modificationgénétique des plantes. L’agriculture, c’est bienplus que cela, c’est tout un système complexe,comprenant de multiples facteurs et dont laplante n’est qu’un élément.

Le débat est donc réducteur ?Oui, certainement. Il est réducteur dans la me­sure où il ne se concentre que sur cette seule in­novation technologique, alors qu’il en existed’autres.

La recherche sur les OGM ne constituerait donc pas uneinnovation pertinente ?

Nous mesurons la pertinence sur la capacitéd’une innovation à répondre à un problèmesans en créer de nouveaux. C’est là­dessus qu’ilfaut jauger une innovation, et aussi par rapportà ce qu’on cherche et aux problèmes auxquels ilfaut répondre. Un des risques actuels, avec lesOGM, est qu’ils poussent au développementd’une agriculture encore plus productiviste.Est­ce vraiment ce que l’on veut aujourd’hui ?

Les inquiétudes des anti-OGM, face aux risques que

présentent les cultures transgéniques, sont-elles justi-fiées ?

Les OGM, au premier abord, ne présentent passpécialement de grand risque. Sinon le risquefaible qu’un transgène que porte un OGM ne sedisperse dans la nature. Et là, ce serait une ca­tastrophe. Les conséquences pourraient êtredramatiques.

Quels sont les enjeux qui concernent, aujourd’hui,l’agriculture en Wallonie ?

Aujourd’hui, nous avons une agriculture quicoûte cher en termes de foncier, et qui doitdonc valoriser au mieux chaque hectare deterre. D’autre part, les agriculteurs subissentune pression émanant de la population contrela population au cœur de la culture. Enfin, ilfaut une agriculture qui doit diminuer sa con­sommation en énergie. Pour 2050, il faut pou­voir arriver à une agriculture sans pétrole.

L’agroécologie, autre grande voie d’innovations, peut-elle répondre à ces enjeux et problématiques ?

Oui, je pense qu’elle peut y répondre. Mais celaexige une remise en question du système agro­alimentaire dans son ensemble, pour pouvoirbénéficier d’une agriculture plus saine, sansdoute moins productiviste. L’agroécologieconstitue une autre façon de voir et de fairel’agriculture, dans ses multiples dimensions.Cela va de la culture sans labour aux circuitscommerciaux courts, en passant par la cultureagroforestière, diversifiée, le recylcage… Mais,forcément, c’est plus compliqué. Et donc, c’estplus difficile de convaincre que c’est la solutionà adopter.

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13SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE

l Agriculture et innovation l Bio

Certes innovant, le bio n’est pasnouveau pour autant.h Le bio est une innovation…ancienne, concernée elle aussi par laglobalisation.

L’agriculture biologique est souvent présentéecomme une innovation déterminante pour le fu­tur. Mais cette innovation en est­elle vraiment uneet, si oui, pourquoi ? Pierre Stassart, chef de tra­vaux à l’Ulg campus d’Arlon, Docteur en sociologiede l’environnement et enseignant de la transitionau développement durable à l’Ulg et des filières àl’UCL, apporte une réponse toute en nuances.

“En­dehors de tout jugement de valeur ni sur l’agri­culture bio, ni sur la conventionnelle“, entame cechercheur. “Je considère qu’il y a toujours intérêt à ceque cohabitent les deux systèmes, car on ne sait quelsproblèmes pourront surgir demain. Il faut donc unebiodiversité des systèmes pour un développement du­rable, et il faut que chacun ait la capacité d’évoluer se­lon les difficultés qu’il rencontre. ” Cela étant, “dupoint de vue environnemental, la manière la plus sim­ple de protéger l’environnement en matière d’exploi­tation agricole est la culture bio, surtout à cause despesticides. Ceci en termes de politique publique. Il fautd’ailleurs se réjouir, dans ce contexte, de la reconnais­sance, en 1992, par l’Union européenne, de l’agricul­ture biologique et de l’instauration des primes de con­version. Ces primes sont une spécificité européennepuisque, si l’agriculture bio est aussi reconnue aux

Etats­Unis, il n’y a aucun dispositif financier de con­version.“

Quant à déterminer si l’agriculture bio est ou nonune innovation, la réponse tient du non et du oui.Du non, car Pierre Stassart rappelle que les pre­mières expériences sont apparues au 19è siècle, àpropos du rapport phosphore/potassium néces­saire à la production de plantes. Du oui, car“ l’agriculture bio est un moyen de produire autre­ment que selon un modèle industriel”. “Ca, c’est uneinnovation, et une grande.“

“Mais ce modèle industriel a été contesté dès le dé­part, certes par une minorité, qui prônait déjà unautre système. Le mouvement s’est amplifié dans lesannées 1970, lors des grandes catastrophes environ­nementales et du début du mouvement environne­mentaliste, qui a fait sortir le bio de son côté confiden­tiel, voire sectaire. C’est cela qui a mené à la recon­naissance de 1992. Et c’est aussi une innovation carla production repose sur d’autres paradigmes.“

Selon Pierre Stassart, un aspect innovant lié aubio est organisationnel, avec l’apparition du labelet de la certification indépendante, avant même lacrise de la vache folle. “Les enquêtes sur la crédibilitéde ce label bio prouve qu’il a beaucoup plus de crédibi­lité que ceux de grandes marques, car il inclut une ré­putation sociale. ”

Le chercheur concède toutefois que la multipli­cation des labels fait que le consommateur s’y re­trouve de moins en moins. “Surtout qu’il n’y a pasune seule forme d’agriculture bio, mais plusieurs, quivarient selon les conceptions et organisations, tandis

que certains producteurs refusent de se faire certifiercar ils contestent les critères de certification… Maiscette diversité d’approche existe aussi dans le tradi­tionnel.“ Et de souligner une démarche de certifica­tion collective née au Brésil, qui rassemble agricul­teurs, organisations et consommateurs.

“Car la labellisation sert avant tout à la globalisa­tion du marché bio. Et, là, se pose la question de savoirsi le bio est fait pour exporter ou pour la consomma­tion locale alors que certains produits bio importésont une empreinte environnementale moins forte queceux produits localement. Avec en filigrane la problé­matique de la souveraineté alimentaire et de l’emploi.Sans oublier cette autre grande question : peut­on ré­duire un agriculteur à son produit ? “

On touche là à une dimension sociale essentielle.“Mais qui n’est pas dans le cahier des charges del’agriculture bio – qui implique une obligation demoyens mais pas de résultats – alors même que beau­coup de producteurs sont porteurs de cette dimensionsociale qu’on trouve dans le commerce équitable. L’en­jeu est très fort au niveau mondial puisqu’il s’agira denourrir 9 à 10 milliards de personnes en 2050. Tousles circuits courts de vente sont des signaux de cettequestion, avec des gens qui veulent à la fois la sécuritéalimentaire et sauvegarder ou créer de l’emploi. Or,rien n’empêche un petit producteur de se développerjusqu’à devenir un gros, avec peu de main d’oevre. Ace niveau, la Région wallonne a osé faire ce qui ne s’estjamais fait en agriculture traditionnelle, avec des pri­mes bio plafonnées et décroissantes selon le niveau deproduction. “

JOHA

NNADE

TESSIÈRE

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l’agriculture bio est un moyen de produire autrement que selon un modèle industriel Ferme Bio de M.Taziaux, fermier à Binnines.

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14 SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE

l Agriculture et innovation l Bio

Le bio à l’appui du social

h « Ferme à projets sociaux »,l’asinerie de l’O pratique lecircuit­court.

Si l’émergence de plus en plus marquée des “cir­cuits courts” ­ la vente directe du producteur auconsommateur, ou avec moins d’intermédiaires– n’est pas l’apanage de l’agriculture bio, celle­ciy est souvent liée dans l’idée que s’en fait le pu­blic. Avec, souvent, un côté social qui n’est pasmoins important. Un exemple typique en est“L’asinerie de l’O”, à Habay­la­Vieille, dans leSud­Luxembourg.

Au départ, en 1997, cette asinerie est une asblorganisant des stages pour enfants fragilisés. En2001, elle se développe en devenant “ferme àprojets sociaux”. Avec un travail sur trois axes :l’asino­médiation (travail avec enfants dyspha­siques, leucémiques, caractériels, autistes, …) ; lesattelages pour personnes voiturées, qui obtien­nent un prix de la Fondation Roi Baudouin ; l’ac­cueil pour séjour de toxicodépendants adultes,trisomiques adultes et enfants, enfants séroposi­tifs, écoles en discrimination positive, enfantsmalvoyants, etc.

La ferme, au départ d’élevage avec une certifi­cation bio, lance un projet en 2008 de maraî­chage afin de donner des compétences à des per­sonnes fragilisées. La vente de produits bio sui­vra très vite. L’asinerie de l’O se démarque en neproposant pas des paniers imposés. Tous les lé­gumes et fruits peuvent être achetés séparé­ment. Chaque semaine, l’asinerie envoie à sesclients, des particuliers, une newsletter repre­nant la liste des produits disponibles et leursprix. Commandés pour 9h, ils sont disponibles à16h. “Les clients viennent chercher sur le terrain etvoient que ce ne sont pas des légumes achetés àl’étranger ou dans des centrales”, explique MaïthéSondag, directrice de l’asinerie. “Ils ont du frais etla viabilité de leur produit est donc plus longue (pasde transport, emballage minimum, pas de longuesdurées entre la récolte et la vente), ils rencontrent leproducteur, ce qui permet de voir les associations deplantes, le respect agri­environnemental (nichoirsà insectes, fleurs, haies, ...). Nous ne vendons que deslégumes ou fruits de saison. Donc, pas questiond’avoir des fraises en janvier... Or dans certains pa­niers, on retrouve des légumes venant d’Afrique duSud, des fruits dont ce n’est pas du tout la saison,etc. Cela pose la question de l’impact écologique deces produits (serres chauffées au mazout en hiver,poids environnemental du transport…) mais aussiéconomique dans la mesure où il s’agit trop souventd’un commerce international au détriment despaysans locaux, qu’ils soient belges, perdant unesource de revenus, ou africains, perdant leurs terrescontre de l’argent pour acheter une nourritureétrangère. Il y a vraiment un problème éthique, nonéquitable. Il faut donc réapprendre à manger ré­gion et saison.“

Les recettes de la vente en circuit court de cesproduits bio certifiés permet de renforcer le vo­

let social du travail de l’asinerie en finançant lessalaires d’une éducatrice spécialisée en psycho­social et d’un formateur chargés de prendre encharge, en collaboration avec des CPAS et autresinstitutions, des personnes éloignées de l’em­ploi. Bio et social, là, sont ainsi intimement liés.

Et cette interaction se renforce encore avecune méthode de culture en traction animale. Cemaraîchage alternatif se veut à la fois respec­tueux de la terre par une production moins coû­teuse (pas de fertilisant chimique, pas de com­post préparé, peu d’entretien) et du public cible.Ce dernier est composé de personnes en diffi­culté d’accès à l’emploi, de faible niveau de qua­lification, à handicaps légers, de demandeursd’emplois de longue durée. Soit des personnesfragilisées ou à risque de précarisation (actionpréventive).

“Mais nous voulons aussi avoir une action secon­daire dans le milieu où nous vivons en nousouvrant à d’autres : adolescents en manque d’occu­pation, personnes âgées, gens du village n’ayantpas les moyens (temps, connaissances), gens sou­haitant intégrer le projet parce qu’ils peuvent y ap­porter quelque chose (savoir, compétence,…) ou ve­nant y chercher la présence des autres, se rendreutile, etc “ ajoute Maïthé Sondag.

“Nous avons créé un jardin solidaire, durable etressourçant afin de créer cet endroit de mixité so­ciale où tous se côtoient pour parler, faire des ac­tions ensemble et produire des légumes. Cela per­met aux gens les plus démunis, qui participent à ceprojet, d’obtenir des légumes gratuits et d’avoirainsi accès à une alimentation saine et de qua­lité. Notre objectif se résume ainsi en deux points,mieux­vivre et mieux­être.“

DR

L’objectif de l’asinerie de l’O se résumeen deux points, mieux-vivre et mieux-être

grâce notamment à la vocationsociale de l’activité.

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16 SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE 17SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE

l Agriculture et innovation l Mécanisation

L’indispensable machine

h La technologie embarquée permetà l’agriculteur de gagner surplusieurs tableaux

Si, dans notre pays, le nombre d’exploitations agri­coles diminue, les surfaces exploitées par chacunpris isolément augmentent. Pour faire face à ce re­gain de travail, et combler le manque demain­d’oeuvre, les agriculteurs s’appuient engrande partie sur les avancées de la mécanisation.“Tout a évolué très vite ces dernières années. Il devientrare aujourd’hui de trouver une machine qui ne s’ap­puie pas sur un système électronique quelconque“,constate Olivier Miserque, président de la com­mission Machines et Produits de la Foire agricolede Libramont.

Grâce aux innovations apportées par les cons­tructeurs, l’agriculteur peut gagner sur différentstableaux, que ce soit en précision du travail ou enrapidité d’exécution. ”Les constructeurs ont biencompris que, pour exister, ils devaient présenter desmachines plus performantes. Les nouveaux enginstravaillent sur des surfaces plus grandes et sont capa­bles de travailler plus vite tout en conservant une qua­lité de travail identique voire supérieure. Le but étantd’exploiter au mieux la machine.“

Récemment, le secteur a assisté à l’arrivée dessystèmes GPS. D’abord mise au point afin de carto­graphier l’exploitation et d’en optimiser la gestion,la technologie connaît son véritable essor mainte­nant que les systèmes de guidages par satellite sesont démocratisés. Quand on sait qu’il n’est pasrare qu’un agriculteur travaille désormais sur unelargeur de 18 à 24 mètres, sans aucun repère vi­suel, on comprend mieux l’utilité d’un GPS embar­qué. “Un système de base permet de localiser le trac­teur avec une précision de 20 à 30 centimètres. Pourbeaucoup de travaux, cette marge est suffisante“, ex­plique Olivier Miserque. Mais la technologie vadéjà beaucoup plus loin. Les systèmes les plus évo­lués prennent le contrôle du tracteur et proposentun guidage au centimètre près.

L’innovation conduit à toujours plus de préci­sion. Notamment dans l’application des pesticideset engrais. “L’agriculture se voit imposer de nouvellesrègles de travail, tant par l’action du législateur quepar la pression de l’opinion publique“, constate en­core le président de la commission Machines et

Produits. “Toutes les questions ne peuvent pas être ré­solues par la machine mais, dans le domaine de laphytotechnie, on assiste à certaines évolutions positi­ves.“

Les nouveaux outils permettent de mieux con­trôler la diffusion des produits sur la surface à trai­ter. Surtout, ils ont été conçus pour éviter les volu­mes morts, ce qui permet de réduire les résidus depesticides. Fondamentalement, dans de nom­breux cas, la machine utilisée voici vingt ans est lamême aujourd’hui, l’électronique en plus. “ Et leconfort“, s’empresse d’ajouter Olivier Miserque.“Les tracteurs sont équipés de suspensions et de boîtesde vitesse performantes. Les constructeurs jouent à lafois sur la puissance et la capacité. Les déplacementssont plus rapides, chaque minute compte.“ L’électro­nique permet de plus en plus d’interactions entrele tracteur et la machine qui communiquent entreeux dans un seul but : améliorer encore et encore larentabilité du travail agricole.

Cette évolution rapide des technologies n’est pas

sans poser de problème. En premier lieu, la com­plexification des machines demande une exper­tise plus grande dans le chef de leurs utilisateurs.Si, autrefois il suffisait de mettre les mains dans lecambouis pour réparer un moteur défectueux,l’électronique se montre moins docile. L’autreécueil est celui du coût des investissements, tou­jours plus lourds. “Les ventes de matériel, en nombred’unités, se réduisent d’année en année“, constateOlivier Miserque. “Les machines sont plus grosses etplus chères. Inévitablement, dans un marché de plusen plus volatile, le risque augmente pour l’agriculteurqui décide d’investir.“ Une solution réside dans ledéveloppement des coopératives d’utilisation dumatériel agricole, très courues en France, moinschez nous.

“L’autre piste que choisissent certains est de faireappel à des entrepreneurs en travaux agricoles à quiils sous­traitent une partie du travail pour maîtriserles coûts. » Pour que tout le monde y gagne.

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TERS

Les constructeurs ont bien comprisque, pour exister, ils devaient

présenter des machinesplus performantes.

Coopérer pour mieux avancer

Dans la région de Verlaine et Milmort,en province de Liège, Henri Lhoest etcinq autres agriculteurs ont, depuisdouze ans, décidé d’unir leurs forces ausein d’une CUMA. “A l’époque, les condi­tions de récolte avaient été très difficiles.Nous étions tributaires d’entrepreneurs,sans grandes marges de manœuvre“, sesouvient M. Lhoest. “Le constat était sim­ple. Seuls dans nos exploitations, nousétions tous plus vulnérables, sur le plan fi­nancier, mais aussi physiquement et men­talement. Avec un cousin, un ami, leurs filset mon frère, nous nous sommes donc assisautour de la table et avons très vite trouvéun terrain d’entente pour l’achat en com­mun de matériel.“

La CUMA de Basse Hesbaye, société coo­pérative à responsabilité limitée, était née.Les six hommes décident rapidementd’investir dans une première machinedestinée à arracher les betteraves et la chi­corée. “Avec le recul, force est de constater

que la solution était la bonne. Nous avons puacquérir et amortir un engin qu’on n’auraitjamais pu acheter à titre individuel. La coo­pérative permet de réaliser d’importanteséconomies d’échelle, sans compter que l’Eu­rope et la Région wallonne octroient une sé­rie d’aides importantes à ce type de structu­res. » Grâce aux économies réalisées lorsde l’achat de la première machine, dix ansplus tard, une arracheuse plus perfor­mante a pu être acquise et deux autres en­gins vont rejoindre les exploitations dansles jours à venir.

“Nous venons d’acheter une épandeused’effluents d’élevage et une moissonneuse­batteuse“, souligne le président de la coo­pérative qui grandit petit à petit et pour­rait s’étendre à d’autres exploitations dela région, même si le but est de conserverson caractère familial.

En matière de Coopérative d’Utilisa­tion de Matériel Agricole, la France fait fi­gure de précurseur. “Là, on trouve des so­ciétés regroupant vingt­cinq à trente ex­ploitations, mais cela implique une touteautre organisation. Notre petite associationreste facilement gérable et donne déjàbeaucoup d’avantages.“

Outre la possibilité d’amortir plus rapi­dement le matériel, et donc de le renou­veler plus vite, la CUMA introduit unenotion capitale de solidarité et de partagedu travail. “Il est important que chacun sa­che quel est son rôle au sein de la coopéra­tive. Et que tout soit écrit dès le début. UneCUMA, c’est l’équivalent d’un mariage.Mieux vaut être certain de savoir avec quion s’engage et de quelle manière. Dès le dé­

part, nous nous sommes retrouvés devantun notaire pour définir précisément les im­plications de cette association.“

Au sein de la CUMA de Basse Hesbaye,chacun joue un rôle différent. HenriLhoest en assure la présidence tout engérant l’aspect administratif. Deuxchauffeurs attitrés sont chargés de con­duire les machines, un autre gère le ma­tériel de semis et de pulvérisation de lachicorée sur butte. Parmi les difficultésdu système, le président souligne qu’uneCUMA exige une certaine ouvertured’esprit, de la compréhension, un sensdu partage et de la solidarité exacerbés.“A l’avenir, il est clair que, en raison du coûtdu matériel agricole en hausse constante,chaque agriculteur devra réfléchir autre­ment. Certains qui n’auront pas réussi à sefédérer pourraient faire face à de sérieusesdifficultés”, confie­t­il.

Encore trop peu répandue en Wallon­nie, la formule fait tout de même sonchemin. “Il n’est pas toujours nécessaire decréer une société pour acheter une machineà deux. Mais cela peut rapidement devenircompliqué s’il n’y a pas des règles bien défi­nies en termes d’utilisation notamment“,avertit Henri Lhoest.”La CUMA offre denombreux avantages, à condition que lespersonnes aient la même façon de penser etplus ou moins la même structure d’exploi­tation. On ne s’engage pas sur un coup detête. Mais, à l’heure actuelle, tout agricul­teur doit bien réfléchir à cette possibilité,pour ne pas dire cette nécessité de s’associerpour assurer sa survie et son développe­ment.“

ERIC

HERS

HAFT/REPOR

TERS

La coopérative introduitune notion capitale desolidarité et de partagedu travail.

Épinglé

Un concept valorisant

Le concept de “mécanisa-tion partagée” n’est pasencore suffisammentconnu ni adopté par lesagriculteurs. Pourtant ilsemble évident qu’ilpermet de faire diminuerles coûts de productionet ainsi augmenter lavaleur ajoutée. L’inves-tissement en groupeprésente l’avantaged’être mieux raisonnétechniquement : - l’objec-tif est de réduire globale-ment les achats dematériel agricole (écono-mie d’échelle) et parconséquent de diminuerindividuellement lescharges de la mécanisa-tion ; - la CUMA permetd’optimiser la mécanisa-tion de beaucoup d’ex-ploitations trop petitesen superficie, en valori-sant leur main d’œuvre ; -le projet technique estmieux suivi : l’utilisationd’un matériel perfec-tionné et de rendementsupérieur peut êtreassurée à tout moment.

Épinglé

743 coopératives en 25ans

En réponse à une récentequestion parlementairewallonne, on apprendque, pour la périodeFonds d’InvestissementAgricole (depuis 1961 à2006), l’administration arépertorié 743 coopérati-ves d’utilisation dematériel en commun.Depuis 2007, 195 dos-siers (de demanded’aide) ont été introduitspar des CUMA existantesou nouvellement créées.

Épinglé

Toutes les nouveautés au Mecanic’Show de Libramont

Chaque année, le Mécanic’Show de la Foire agricole, forestière et agroalimentaire de Libramont est l’occasionde présenter les matériels sélectionnés pour leurs innovations technologiques. Comme de coutume, cetteannée, les présentations se dérouleront dans le Grand Ring le vendredi, le samedi, le dimanche et le lundi. Lesmatériels sont exposés en permanence dans le parc « Mecanic’Show », le long du Grand Ring. La sélection estopérée par la commission « Machines & produits » de la Foire de Libramont. “Après une année 2010 axée sur larécolte de l’herbe, l’accent sera mis davantage sur les grandes cultures“, explique Olivier Miserque, présidentde la commission.

Mécanicien agricole : une formation méconnue

Il est possible de se former au métier de mécanicien de tracteurs et machines agricoles et horticoles. A l’heureoù les divers constructeurs proposent des machines toujours plus perfectionnées et complexes, il ne suffit eneffet plus d’avoir des notions de mécanique pour intervenir sur un tracteur ou une machine quelconque. Cetteformation en apprentissage est donnée par Format PME, à Gembloux, en collaboration avec le Centre wallon deRecherches en agronomie (CRA-W). Elle ouvre les portes de l’emploi à de nombreux jeunes qui apprécienttravailler en milieu agricole et cherchent à étoffer leurs connaissances.

h Pour réduire les coûts etgagner en solidarité, certainsagriculteurs se regroupent enCoopératives d’Utilisation duMatériel Agricole (CUMA).

Exemple pratique avec HenriLhoest et « la CUMA de BasseHesbaye ».

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17SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE

Coopérer pour mieux avancer

Dans la région de Verlaine et Milmort,en province de Liège, Henri Lhoest etcinq autres agriculteurs ont, depuisdouze ans, décidé d’unir leurs forces ausein d’une CUMA. “A l’époque, les condi­tions de récolte avaient été très difficiles.Nous étions tributaires d’entrepreneurs,sans grandes marges de manœuvre“, sesouvient M. Lhoest. “Le constat était sim­ple. Seuls dans nos exploitations, nousétions tous plus vulnérables, sur le plan fi­nancier, mais aussi physiquement et men­talement. Avec un cousin, un ami, leurs filset mon frère, nous nous sommes donc assisautour de la table et avons très vite trouvéun terrain d’entente pour l’achat en com­mun de matériel.“

La CUMA de Basse Hesbaye, société coo­pérative à responsabilité limitée, était née.Les six hommes décident rapidementd’investir dans une première machinedestinée à arracher les betteraves et la chi­corée. “Avec le recul, force est de constater

que la solution était la bonne. Nous avons puacquérir et amortir un engin qu’on n’auraitjamais pu acheter à titre individuel. La coo­pérative permet de réaliser d’importanteséconomies d’échelle, sans compter que l’Eu­rope et la Région wallonne octroient une sé­rie d’aides importantes à ce type de structu­res. » Grâce aux économies réalisées lorsde l’achat de la première machine, dix ansplus tard, une arracheuse plus perfor­mante a pu être acquise et deux autres en­gins vont rejoindre les exploitations dansles jours à venir.

“Nous venons d’acheter une épandeused’effluents d’élevage et une moissonneuse­batteuse“, souligne le président de la coo­pérative qui grandit petit à petit et pour­rait s’étendre à d’autres exploitations dela région, même si le but est de conserverson caractère familial.

En matière de Coopérative d’Utilisa­tion de Matériel Agricole, la France fait fi­gure de précurseur. “Là, on trouve des so­ciétés regroupant vingt­cinq à trente ex­ploitations, mais cela implique une touteautre organisation. Notre petite associationreste facilement gérable et donne déjàbeaucoup d’avantages.“

Outre la possibilité d’amortir plus rapi­dement le matériel, et donc de le renou­veler plus vite, la CUMA introduit unenotion capitale de solidarité et de partagedu travail. “Il est important que chacun sa­che quel est son rôle au sein de la coopéra­tive. Et que tout soit écrit dès le début. UneCUMA, c’est l’équivalent d’un mariage.Mieux vaut être certain de savoir avec quion s’engage et de quelle manière. Dès le dé­

part, nous nous sommes retrouvés devantun notaire pour définir précisément les im­plications de cette association.“

Au sein de la CUMA de Basse Hesbaye,chacun joue un rôle différent. HenriLhoest en assure la présidence tout engérant l’aspect administratif. Deuxchauffeurs attitrés sont chargés de con­duire les machines, un autre gère le ma­tériel de semis et de pulvérisation de lachicorée sur butte. Parmi les difficultésdu système, le président souligne qu’uneCUMA exige une certaine ouvertured’esprit, de la compréhension, un sensdu partage et de la solidarité exacerbés.“A l’avenir, il est clair que, en raison du coûtdu matériel agricole en hausse constante,chaque agriculteur devra réfléchir autre­ment. Certains qui n’auront pas réussi à sefédérer pourraient faire face à de sérieusesdifficultés”, confie­t­il.

Encore trop peu répandue en Wallon­nie, la formule fait tout de même sonchemin. “Il n’est pas toujours nécessaire decréer une société pour acheter une machineà deux. Mais cela peut rapidement devenircompliqué s’il n’y a pas des règles bien défi­nies en termes d’utilisation notamment“,avertit Henri Lhoest.”La CUMA offre denombreux avantages, à condition que lespersonnes aient la même façon de penser etplus ou moins la même structure d’exploi­tation. On ne s’engage pas sur un coup detête. Mais, à l’heure actuelle, tout agricul­teur doit bien réfléchir à cette possibilité,pour ne pas dire cette nécessité de s’associerpour assurer sa survie et son développe­ment.“

ERIC

HERS

HAFT/REPOR

TERS

La coopérative introduitune notion capitale desolidarité et de partagedu travail.

Épinglé

Un concept valorisant

Le concept de “mécanisa-tion partagée” n’est pasencore suffisammentconnu ni adopté par lesagriculteurs. Pourtant ilsemble évident qu’ilpermet de faire diminuerles coûts de productionet ainsi augmenter lavaleur ajoutée. L’inves-tissement en groupeprésente l’avantaged’être mieux raisonnétechniquement : - l’objec-tif est de réduire globale-ment les achats dematériel agricole (écono-mie d’échelle) et parconséquent de diminuerindividuellement lescharges de la mécanisa-tion ; - la CUMA permetd’optimiser la mécanisa-tion de beaucoup d’ex-ploitations trop petitesen superficie, en valori-sant leur main d’œuvre ; -le projet technique estmieux suivi : l’utilisationd’un matériel perfec-tionné et de rendementsupérieur peut êtreassurée à tout moment.

Épinglé

743 coopératives en 25ans

En réponse à une récentequestion parlementairewallonne, on apprendque, pour la périodeFonds d’InvestissementAgricole (depuis 1961 à2006), l’administration arépertorié 743 coopérati-ves d’utilisation dematériel en commun.Depuis 2007, 195 dos-siers (de demanded’aide) ont été introduitspar des CUMA existantesou nouvellement créées.

h Pour réduire les coûts etgagner en solidarité, certainsagriculteurs se regroupent enCoopératives d’Utilisation duMatériel Agricole (CUMA).

Exemple pratique avec HenriLhoest et « la CUMA de BasseHesbaye ».

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18 SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE

Le hêtre à l’épreuve du climat

Novembre 1998 : un coup de gel précoce et très in­tense – la température passe de 10°C ­ moins 10°Cet moins 14°C en quelques jours – touche tout leSud de la Belgique, le Luxembourg et le Nord­Estde la France. En 1999 et 2000, les hêtres y sont at­taqués par des scolytes et dépérissent très rapide­ment. Les pertes pour les propriétaires et exploi­tants forestiers s’élèveront à plusieurs millionsd’euros.

Les scientifiques, à l’analyse des données climati­ques, se sont posé la question de savoir si un phé­nomène climatique pouvait provoquer le dépéris­sement du hêtre, qui n’est attaqué par les scolytesque s’il est déjà fragilisé. Ils observent que ces ar­bres présentaient des nécroses orientées au secteurNord­Est de leur tronc, avec gel des tissus corti­caux. D’où, au printemps suivant, dégagementd’éthanol, attractif pour le scolyte du hêtre, avecl’épidémie que l’on sait.

A l’ULB, Sylvie La Spina, bioingénieur, cherche

alors à étudier le lien éventuel entre circonstancesmétéorologique et les attaques du hêtre par le sco­lyte, dans le cadre d’une thèse de doctorat auFNRS, avec pour promoteurs les Pr Jean­ClaudeGrégoire, directeur du Service de Lutte biologiqueet d’Ecologie spatiale, et Charles De Cannière, di­recteur du Service Ecologie du paysage et Systèmede production végétale.

La thèse – qui passe par une expérimentationlourde à mettre en œuvre sur le terrain, en forêt deSoignes – est soutenue financièrement par leFNRS, le Département Nature et forêt (DNF) duService public de Wallonie et Bruxelles­Environ­nement. “Les hêtraies de la forêt de Soignes n’avaientpas été touchées par l’épidémie”, explique CharlesDe Cannière. “L’expérience a donc consisté à y sou­mettre des hêtres à différentes formes de stress pourétudier leur sensibilité aux attaques des scolytes.“ Ilfaut en effet savoir que la résistance au gel dépenddes réserves carbonées que les arbres ont pu stoc­

ker pendant leur période de végétation. La quan­tité de ces réserves dépend des stress – dont lestress hydrique – que les arbres ont pu subir. En ef­fet, lors d’un manque d’eau, l’arbre diminue satranspiration, avec une répercussion directe surson activité de photosynthèse qui peut à son tourse répercuter sur sa croissance, sur son stockagedes réserves carbonées et, finalement, sur sa capa­cité de résistance.

D’où l’impressionnant dispositif installé en sep­tembre 2008 dans une hêtraie de la forêt de Soi­gnes où, par des tranchées et des bâches assurantune étanchéité complète au niveau des troncs, deshêtres sont soumis à un stress hydrique fort, l’eaun’arrivant plus à leurs racines.

De multiples dispositifs de mesures et de suivisont installés. L’opération culmine en novembre2010, avec une simulation de gel à moins 20°Cpendant quatre jours. “Et, ce printemps 2011, nousavons dénombré des dizaines d’attaques de scolytesdans la partie gelée des troncs“, continue Charles deCannière. “L’expérimentation touche à sa fin et nousen sommes à la période du traitement des données,mais on peut déjà dire que le hêtre est très attractifpour le scolyte lorsqu’il a subi des dégâts de gel tout enestimant qu’une sécheresse induite ne semble pasavoir beaucoup d’impact sur le taux d’attaque.“

Une des questions qui reste en suspend est de sa­voir si les arbres ont subi un stress hydrique sus­ceptible de les affaiblir. Ceux situés dans les parcel­les séchées pourraient avoir réagi en développantleurs racines plus profondément pour aller cher­cher l’eau au­delà de quatre mètres (profondeurasséchée lors de l’expérience). Il faudra attendreles résultats complets pour pouvoir y répondre,mais l’étude promet de précieuses pour les fores­tiers, en termes de choix d’essences et de lieu deplantation.

JEAN

-LUC

FLÉM

AL

On a soumis des hêtres à différentes formes destress pour étudier leur sensibilité.Fendre bois chauffage couper travail ado parenthêtre maladie scolyte insecte forêt réservetracteur force vis

l Agriculture et innovation l Le secteur forestier l

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20 SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE

l Agriculture et innovation l Le secteur forestier l

Dans le bois, innover,c’est faire le bon choix

h Les modifications climatiquesobligent à réfléchir aux espèceschoisie.

Forêt et agriculture sont intimement liées, ne se­rait­ce que par leur importance dans la protectionde l’environnement et par leur appartenance àl’économie dite du secteur agri­forestier. C’est direque les propriétaires et exploitants forestiers pu­blics comme privés sont tout aussi concernés parl’innovation. Qui, pour ce qui les concerne, prendd’autres formes et engage pour une période extrê­mement longue.

Alors que les agriculteurs vivent, peut­on dire encaricaturant un peu, d’année en année, les fores­tiers, eux, parlent en décennie et même en siècle.Car, mis à part le peuplier, les essences les plus ra­pides mettent une soixantaine d’années à attein­dre leur maturité, et les plus lentes plus d’un siècle.Autrement dit, effectuer maintenant un mauvaischoix de plantation peut avoir des conséquencesqui ne se verront que plusieurs décennies plustard.

Pour faire le bon choix, les forestiers (nous utili­sons ce terme de manière générique en y unissantpropriétaires et exploitants) wallons s’appuient surdeux documents édités par la Région wallonne, le“fichier écologique des essences” et le “guide duboisement”. Qui datent de la fin des années 80 etsont nettement dépassés puisque, depuis, le ré­chauffement climatique est devenu une réalité in­contestée qui ne sera pas sans impact sur nos fo­rêts. Et donc sur toute l’économie qu’elles génè­rent.

Or, le bon choix des espèces lors du boisement estdéjà une garantie de meilleure tolérance aux modi­fications climatiques en cours. La Région s’est ainsitournée, via le Département Nature et Forêt (DNF),vers la Faculté de Gembloux de l’université deLiège pour actualiser ces outils. Hugues Claessens,chargé de cours à l’ULg Gembloux pour la sylvicul­ture et l’analyse des stations, et l’un des scientifi­ques en charge de cette mise à jour indique que,

“outre le réchauffement climatique, d’autres chosesont évolué, qui sont une meilleure connaissance de larelation entre les arbres et leur milieu, et le fait que laRégion dispose maintenant de multiples couches d’in­formations en système informatique et donc disponi­bles immédiatement”. “Mais, la grande interrogation,et la grande préoccupation des forestiers, c’est lechangement climatique, vu la durée de vie des arbres.Nous, notre terme de réflexion, c’est le demi­siècle oule siècle. Or, comme l’ont établi les travaux du GIEC(groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolu­tion du climat), on prévoit de grosses perturbations enbout de siècle avec, pour l’Europe, une hausse des tem­pératures et des phases de canicule et de sécheresse.Cette tendance à un milieu plus sec fait que, pour vousdonner une idée, Bruxelles serait dans une zone clima­tique semblable à celle actuelle de la Loire. Où il n’y apas de hêtraies dignes de ce nom, et la forêt de Soignesn’est faite quasi que de hêtres.“

Le hêtre. Le nom essentiel est lâché. Car cette es­sence constitue, avec le chêne, l’épicéa et le dou­glas, près de 80% de notre ressource en bois. Si, dèslors, il ne résiste pas bien aux évolutions climati­ques, c’est maintenant qu’il faut faire des choix.D’où tout l’intérêt de l’étude en cours à l’ULB (voirpar ailleurs). “Il faut savoir que l’on peut adapter uneforêt au changement climatique par la diversité desessences et en la restructurant pour qu’elle soit en ré­génération continue, prête à réagir aux accidents. S ily a inquiétude sur le hêtre, c’est parce que la réaliténous prouve que cet arbre, devrait souffrir davantage,car il est plus ‘montagnard’. De plus, il est emblémati­que parce qu’il constitue notre forêt climacique, natu­relle. “

Les résultats – encore provisoires – de la recher­che menée par l’ULB indiquent que, face à une si­tuation hydrique difficile, le hêtre a tendance àplonger ses racines pour aller chercher l’eau. “Biensûr, cela a ses limites, comme celle de la profondeurrau niveau des sols“, remarque Hugues Claessens,qui dit préférer le mot ‘modification’ à celui de ‘ré­chauffement’, “car l’on trouve aussi notamment desparasites qui ne se manifestaient pas avant et qui,aujourd’hui, migrent”.

Au passage, le professeur tord le cou à ce qui estune idée préconçue : “à court terme, le premier ré­

sultat du réchauffement climatique – pour cela, il uti­lise ces mots – est que la productivité de la forêt d’Eu­rope tempérée augmente puisque, en schématisant, lesarbres ont plus de CO2 pour nourriture et plus de so­leil et de chaleur pour moteur“.

“Actuellement les difficultés apparaissent seulementà certains endroits. L’impact n’est donc pas aussi né­gatif que certaines veulent bien le dire, excepté, peut­être, pour le hêtre. Celui­ci peut être plus fortement af­fecté par des événements de sécheresse comme ceux de1976 et 2003, qui pourraient devenir la norme d’icicinquante ans.“ Mais, à plus long terme, HuguesClaessens admet que les problèmes seront plusaigus et que l’on est assez démunis face à la vitessedu changement. La nature ne s’adaptera pas touteseule. “Ca pourrait être très brutal. Souvenons­noussimplement que, à l’époque de la glaciation, des espè­ces ont été éradiquées.“

Ce qui revient tout le temps, c’est plus une posi­tion de prudence qu’une réaction ciblée vis­à­visdes impacts. “Diversifier pour ne pas mettre tous sesœufs dans le même panier, favoriser la régénérationnaturelle continue et limiter la consommation en eau,puisque le stress hydrique sera le plus gros problème.”

Fin de cette année ou de 2012 au plus tard, les fi­ches du guide de boisement pour les espèces préci­tées, les plus répandues, auront été révisées surbase des connaissances actuelles. “Pour le reste, lesscientifiques veulent toutes les garanties, donc c’estplus lent. Si l’on veut informatiser toutes les démar­ches et produire une carte du risque pour certaines es­sences, là, il faudra des années. Mais il y a une nou­veauté, c’est que les nouvelles fiches traitent aussi desespèces délaissées, comme l’érable ou le tilleul, qui per­mettent d’atténuer les risques par la diversificationtout en ayant un effet positif sur la forêt. Enfin, nouscomblons une lacune du premier guide, en ajoutanttous les rôles écologiques des essences.“

Ce travail n’est pas non plus sans impact régle­mentaire. Car le guide du boisement a force de loivia le code forestier, n’en déplaise aux scientifi­ques. Ce que ne souhaitait pas son concepteur, F.Weissen. Parce que cette obligation de planter se­lon les indications du guide ne tient forcément pascompte d’une série d’exceptions, la réalité étantparfois loin des concepts.

JEAN

-LUC

FLÉM

AL

La Région acommandé unnouveau « Guidedu boisement » carla réflexion dusecteur portesouvent sur unsiècle...bois arbreforêt Ardennesdécoupe chauffagenature bio hêtreAnlier

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22 SUPPLÉMENT À LA LIBRE BELGIQUE

La biomasse, un fortpotentiel innovant

h Que ce soit pour l’énergie ou lachimie végétale, la biomasse apporteaux agriculteurs et forestiers unemultitude de possibilités.

’innovation pour les agriculteurs comme pour lespropriétaires et exploitants forestiers, intimementliés tant par leurs activités que dans la protectionde l’environnement, passe également par la bio­masse. Autrement dit par la valorisation énergéti­que mais aussi non­énergétique aussi bien du boisque des produits de culture tels que le lin, le colza,les céréales, la chicorée, la betterave, la pomme deterre, le miscanthus, le chanvre, les taillis à trèscourte rotation, les sous­produits des industries dubois et agro­alimentaires, etc.

C’est au service de cette valorisation non alimen­taire innovante de la biomasse que s’est spécialiséel’asbl ValBiom, “avec le souci de respecter les princi­pes du développement durable“. Au niveau des pro­cédés, Valbiom s’attache à la combustion, la bio­méthanisation, la cogénération, la gazéification, lachimie végétale, etc, en travaillant avec des repré­sentants du secteur agricole, de l’administration etdes milieux politiques.

Ses activités s’inscrivent aussi bien dans des étu­des économiques et dans des travaux de recher­che. Une diversification innovante maintenantbien connue est évidemment le bois­énergie, tantpour les collectivités que les particuliers.

Ainsi la cogénération et le chauffage à pellets ou àplaquettes ne sont­ils plus à présenter. Ce chauf­fage à pellets ou plaquettes a d’ailleurs pris cheznous, en quelques années, un essor important(alors qu’il est utilisé de longue date dans les paysnordiques, en Allemagne, Autriche et Suisse) aupoint de susciter un débat récurrent entre indus­tries papetière et de la seconde transformation dubois, et producteurs de cette forme de bois­éner­gie. Les industries accusent en effet le système decertificats verts qui, en encourageant les projets debioénergie fait, selon elles, pression sur la matièrepremière et donc sur les prix, menaçant du coupl’avenir des industries.

“Un débat qui se justifie lorsque l’on voit des produc­teurs utiliser du bois qui pourrait effectivement êtredestiné à la transformation“, nous dit un produc­teur de pellets. “Mais qui ne tient pas si le bois utilisépour les pellets et plaquettes est par exemple celui desdeuxième et troisième éclaircies en forêt que, de toutefaçon, les industrie de transformation du bois n’utili­sent pas.“

Il est par contre un autre potentiel bois­énergiebien moins connu, celui que pourraient en faire lesagriculteurs et qui a été analysé par deux cher­cheuses de ValBiom, Christelle Mignon et NoraPieret. Lesquelles, constatant que “le secteur agri­cole possède des ressources comme les haies, les arbresd’alignement, les bosquets, etc, qui peuvent être utili­sées pour la production d’énergie“, ont mené une en­quête auprès du secteur agricole pour connaître lespratiques à ce niveau.

Si, sans surprise, bon nombre des agriculteurs

contactés possèdent des ressources potentielles,73% des sondés indiquent qu’ils se bornent à lesutiliser pour chauffer leur habitation et/ou leurexploitation, surtout en tant que chauffage d’ap­point d’une partie du domicile. “Seul un agricul­teur a déclaré utiliser le bois pour la production d’eauchaude de son exploitation.“

Autrement dit, alors que les agriculteurs mani­festent un intérêt pour cette filière, “ils manquentd’information et sont soucieux de la rentabilité d’unprojet bois­énergie, de même que des autres utilisa­tions de la matière première bois.“ Le potentiel estlà, reste à l’exploiter en innovant.

“Un tout autre potentiel d’innovation réside dans lefait de créer de nouveaux débouchés pour la bio­masse ; c’est une filière beaucoup plus jeune car labiomasse s’affirme comme le premier substitut pourles industries chimiques et des matériaux via les bio­raffineries“, ajoute Julie Roiz, de ValBiom égale­ment. On touche là à un autre débat très aigu,comme le montrent les interrogations sur les bio­carburants, qui voient utiliser à titre énergétique –ou de contribution à l’énergie – une matière pre­mière alimentaire. “Mais il faut nuancer, car la va­lorisation non énergétique de la biomasse alimen­taire et non alimentaire (les parties de plantes non­utilisées pour la production alimentaire, ndlr) n’a pasle même ordre de grandeur que l’utilisation de la bio­masse alimentaire les biocarburants“, souligne JulieRoiz. “Et les produits biobasés – les produits non ali­mentaires issus de la biomasse ­ doivent faire lapreuve qu’ils sont de meilleure qualité que les dérivésdu pétrole et qu’ils ont un bilan environnemental po­sitif sur l’ensemble du cycle de production.“

Là, la Wallonie “dispose de ressources non négli­geables, d’une industrie chimique de pointe avec uneposition forte dans le secteur biotechnologique, d’unpotentiel important, d’un enseignement supérieur dequalité (à ce sujet), de projets et d’initiatives déjà fi­nancés“. Mais le secteur présente aussi des faibles­ses : “pas de stratégie régionale sur les produits bio­basés, une articulation trop faible entre les différentsacteurs, un manque d’esprit coopératif en amont dela filière, une distorsion du soutien public entre labioénergie et le sproduits biobasés, l’absence d’un en­vironnement de communication lisible pour le ci­toyen, un manque de visibilité sur la disponibilité enbiomasse, un nombre d’acteurs industriels limité etune qualité, une disponibilité, des prix pas toujourséquivalents aux produits dérivés du pétrole “.

Alors que le marché est porteur. A preuve, pourne citer que cet exemple­là, cette huile de chaînepour tronçonneuse, fabriquée sur l’idée d’un agri­culteur de Rebecq, à partir de ses champs de colza,en plus de la part destinée au carburant. “Une so­ciété wallonne lui a fabriqué un additif à façon, et leproduit est sur le marché. C’est, comme pour le chan­vre, une filière qui permet à l’agriculteur de sortir deson rôle traditionnel.“

Le sujet – et la filière ! – sont quasi inépuisables.Jean­Luc Wertz, collègue de Mme Roiz, souligne,lui, l’importance du bioraffinage de deuxième gé­nération. “Car il permet de n’utiliser que les résidusforestiers et agricoles qui ne servent pas à l’industriealimentaire. Il y a là un énorme potentiel derrière le­quel courent tous les pays car tout le monde sait quele pétrole a atteint son pic. Mais il n’y a pour le mo­ment que des pilotes de démonstration, car les coûtsrestent trop élevés.“

JEAN

LUCFLEM

AL

La biomasses’affirme comme lepremier substitutpour les industrieschimiques et desmatériaux via lesbioraffineriesCulture agriculturecolza

Page 23: Agiculture 30 juin 2011

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