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LI TU R GIE Série uW/éc sores la direction die Révérendissirne Dom CARROL, ADBÛ DE FARNBOROUGR LA ZACE DES ÉGLISES PAR JULES SAUDOt Bénédictin de Farnborough C, PARIS LIBRAIRIE BLOUD ET C i - 7, PLACE SAINT-SULPICE, 7 1909 Reproduction et treauction interdites. Document __ IIIllIIlIHllI ______ 0000005347797

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LI TU R GIESérie uW/éc sores la direction die Révérendissirne Dom CARROL,

ADBÛ DE FARNBOROUGR

LA

ZACE DES ÉGLISESPAR

JULES SAUDOt

Bénédictin de Farnborough

C,

PARISLIBRAIRIE BLOUD ET Ci-

7, PLACE SAINT-SULPICE, 71909

Reproduction et treauction interdites.

Document

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IMPRIMATUR:FERNAND CABROL.

-9 août 1908.IMPRIMATUR

Pctrisiis, die 4 sept. 1908.P. FAGES, V. g.

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INTRODUCTION

Le mot dédicace n'eut pas tout d'abord, dans lelangage ecclésiastique, la signification que nous luidonnons aujourd'hui, parce que le rite désignéactuellement sous ce mot se forma peu à peu.Primitivement, dans l'antique liturgie romaine, ilsemble bien que toute la cérémonie consistait dansla consécration d'un autel dressé sur le tombeaud'un martyr et dans la célébration solennelle de lamesse sur cet autel. Dédier un temple (dedicare)était l'inaugurer en l'appliquant pour la première foisà l'usage auquel il était destiné. C'est ce que saintAugustin appelle l'encœniafesUvilas (Eu Xcnv&o), pro-prement, initier, placer un objet dans l'endroit quilui est destiné (i). L'événement attirait souventun concours considérable de fidèles, on faisait suivrela cérémonie d'un repas et sous prétexte d'honorerla mémoire des martyrs (dies dedicationis vel natali-lius sanctorum martyntrn) on tomba dans les excès etdésordres des païens qui avaient leurs anniversaires'marqués par des sacrifices: il fallut réprimer ces abusdes dédicaces (2).

En Gaule et ailleurs, il y eut bientôt un rite spécial,occasionné par la transformation de temples païens

(,) Voir Du CANGE, Clo,çsariun,, t. III, p. 263. - Lemot eaainiase trouve avec ce même sens dans Quintilien et Papias le passage desaint Augustin esta tract. 48 in Jean. P. L., t. XXXV, col. 174e etse lit au Bréviaire ic mercredi de la semaine de la Passion. On trouveentai je mot dans saint Isidore, de .Eccles,',sslicis officiis, lib. I, e. 36,P. L., t. LXXVII, 777.Voir &galement ALcunj, Continent in Jean., P. L.,t. c, col. Soi.

(2) voir dans Saint Grégoire le Grand, liontil. Xlvi,, tia'ang. P. L.,t. LXXVJ, col. ,,3o, une allusion à ces concours de peuples, et dansses lettres Epiat. 76 du livre Xi, t. LXXVII, col. sas5, une plainte ausujet de ces abus.

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bÉDICACE DES ÉGLISES, 1

en églises catholiques, on procédait d'abord à despurifications préalables. Bientôt le même rite de puri-fication s'étendit aux nouvelles églises et on yjoignitdes onctions tant pour l'édifice tout entier que pourl'autel. C'est le rite de la consécration ou dédicace deséglises ; plus tard fut instituée une cérémonie plussimple pour les oratoires ou même pour les grandeséglises dont on ne pouvait pas faire immédiatement laconsécration: ce rite désigné sous le nom de Bénédic-tion des églises ne rentre pas dans la présente étude.

La consécration on dédicace des églises peut sedéfinir une action sainte ou plutôt un ensembled'actions saintes et solennelles, déterminées pari'Eglise et dont l'effet est de rendre un édifice,sacré de profane qu'il était, dédié pour toujours àDieu et à son culte, par un ministre légitime, afin quedans cet édifice on puisse accomplir les fonctionsdivines et ecclésiastiques (r).

On donne aussi le nom de dédicace â la fête anni-versaire dont l'objet est de commémorer L'acte deconsécration le mot se prend alors comme abré-viation de l'expression Anniversaire de la Dédi-cace. C'est le sens qu'il faut attacher aux expressionssuivantes du calendrier ecclésiastique : Dédicace dela basilique du Saint-Sauveur ( 9 novembre) ; Dédi-cace de la basilique de Saint-Pierre et de Saint-Paul

-(rS novembre), etc. C'est là un sens dérivé du mot,dont la raison d'être est dans le rite qu'on se proposede décrire ici (2).

(s)Voir GAss'ARSII, Traclalits ceuo " ires de sa,lctissi,na euc/wrisiig,t. I, p. 95. Par consécration d'église, on aentendu dès Les premiersâges, la miseà part d',sn édirsce pour le soustraire asse usares profaneset y e,escer les actes dis culte divin - Le, protestants eur-nsume, admet-test cette notion Ss5ITR, Dictionary of C'isrislian Anliquities, t'em-prunte â FERRAStIS, Prompt. )?i&Uotkeca rite,, lis voir aussi BESSO5SAMAntiquities o! Me Christ,i,n Cherré., t. VIII, P. 571.

(z)Resnarquez que la célébration de ces anniversaires est aussi ancienneque la pratique de consacrer les églises et bics, antérieure â notre rite

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DÉDICACE DES ÉGLISES.

L'opuscule comprendra deux partiesPREMIÈRE PARTIE I Le développement histo-

rique du rite de la Dédicace.DEUXIÈME PARTIE I Les règles canoniques et

liturgiques du rite de la Dédicace et son symbo-lisme.

PREMIÈRE PARTIE

Le développement historiquedu rite de la Dédicace.

Pour arriver à se rendre un compte au moinsapproximatif du rite actuel de la dédicace dans laliturgie romaine, il importe de l'étudier 10 dans sesorigines primitives 20 dans Je développement qu'ilprend à travers les anciens Sacramentaires 3° dansles attestations que fournissent les liturgistesdumoyenâge et quelques documents du xv' siècle. Delà, troischapitres.

CHAPITRE PREMIERLes origines du rite romain

de la Dédicace des églises.I. Existence des églises du ler au Ive siècle. - Il

faut, toutd'abocl, dire un motdes églises aucommence-ment du christianisme. - Dès les temps apostoliqueset pendant les premiers siècles, les fidèles eurent leurslieux de réunions, mais on ne voit pas qu'il fut ques-actuel de la Dédkac.. - On rattache I'origne de cette solennité àla pratique des Juifs, pratique â laquelle Notre-Seigneur voulut seconfornar. (S. Jean, X, 22.) Voir Saint Grégoire de Naziauze, Orat. 44,P. G., e. XXXVI, col. 6.7.

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DDICACE DES ÉGLISES

tien d'en faire la dédicace par un rite quelconqueLa situation du christianisme pendant l'ère des per-sécutions ne permettait guère de donner aux sanc-tuaires un caractère de fixité et de stabilité. Lespremières assemblées chrétiennes se tinrent dans lesmaisons particulières (sortes d'églises domestiques),dans la partie supérieure à laquelle où donnait lenom de cénacle (coenaculum) (i). Le nombre des dis-ciples venant à s'accroître, on adapta, même aute' siècle, diverses parties de la maison, distinctes ducénacle, à la célébration de la liturgie (2). Aux tempsdes persécutions, les chrétiens, cédant à la nécessité,firent leurs réunions dans les cimetières (in quibus-dam cubiculis et quasi cafiellis) ce qui devint unepratique commune au 1110 siècle, dit M. de Rossi (3).Même au second siècle, comme le témoignent lesdécouvertes faites au cimetière de Calixte et aucimetière de Sainte-Priscille, il existait des chambresdites des Sacrements (cubicula sacrainentorum) avecdécorations et peintures murales symbolisant l'augustesacrifice de nos autels (4). Enfin, il n'est pas témé-rairede penser que, même à l'époquedes persécutions,il y avait quelques églises ou oratoires en dehors descimetières. TertuIlien dansses écrits (S) parle assezfréquemment de l'église, de la maison de Dieu, commelieu de réunion des fidèles.

Le premier exemple certain de l'existence d'uneéglise chrétienne remonte à l'époque de l'empereur

(s) Voir, par ex., ce gai est écrit au livre des Actes des Ap6tres,eh. 5, 13 chap. xx, 8.

(3) Mgr DucHEssE, Origines die culte clurétfe,z 2 édition, Paris, sSgS,eh. xii, p. 385-386.

(3) Dc Rossi, Renta soiteranea, -t. III, liv. III, chap. xiii, p. 478.(4)Voir MARIJCCHI, Efé,nenls dArchéologie chrétienne, t. I. Mgr Wit.-

PaRT, La Fraciic ftanfs, eh. V, P. 27-29.(S) Voir, par cx., De idolalatria, cap. visDe t'irgiaiôas V€/andit,

cap. ut; De puedicilia, cap. iv. P. G., t. 1, coi. 745 Il , col. 958, 1o38.

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Alexandre Sévère (222-235). Lampridius dit que leschrétiens achetèrent un édifice publie et eu firent uneéglise, que des cabaretiers prétendirent en reven-diquer la possessidn, mais que l'empereur l'adjugeaaux chrétiens (i). Quelques années plus tard, l'empe-reurGalliénus,ayant accordé la paix aux églises (260),fit restituer aux évêques les lieux consacrés au culte:le rescrit se lit dans Eusèbe (f) . En 272, Aurélien enagit de même vis-à-vis de la communauté d'Antiocheen communion avec Rome, après avoir fait évincerl'hérétique Paul de Samosate (3). A l'époque de lapersécution de Dioclétien (3o3), on ordonna la destruc-tion des églises chrétiennes, preuve manifeste qu'il enexistait auparavant (4). L'édit de Milan, en 3t3, fitrestituer aux communautés chrétiennes, les églisesqui subsistaient s'il faut en croire saint Optai, il yen avait plus de quarante dans la seule ville deRome (5). Constantin lui-même en construisit uncertain nombre soit à Rome, soit à Jérusalem ouailleurs, puis il transforma aussi des temples païensen églises catholiques (6).

U. Consécration des Eglises le fait et le rite. -j . Le fait. - Manifestement les Juifs avaient un ritede consécration pour le temple de Jérusalem et anté-rieurement pôur le tabernacle que Moïse établit

(i) LAMPRIOLOS, In Atexa,:drum Sevenem, n' 49; Historiez Augosta,Script. vs. Lugduni, 5671, t. I, p. maS.

(2) EusÉim, Hisloire Ecclésitzefiqtte, lit,. Vu, ch. XII[. P. G., t. xx,col 673.

(3) Item. cal. 676.(4) Eusus, Hls(où-e Ecc/dsiastiqlee, lit,. VIII, cli. I, P. G., t. XX,

coI. 740-744.(3) 0e scisismate Donezlislarurn, lit,. II, n' 4 . P. L. t. XI, coI. 954.(6) voir Liber Po,:lïcaiis, édit Duchesne, t. I, p. CLII et

Vile coacH Sivestri. -Eusèbe parle de trois basiliques construites parConstantin à J6rusaleni. De viles C'onslaflhiFZi, lit,. III, cap, XXv-LVIII.P. G., t. XX, col. ioSG. De mène l'Itinerariu,i, .flurdigale?rse (anno 313).

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d'après le plan donné par Dieu. La consécration dutabernacle est exposée au livre de l'Exode, n,, 15-35;celle du temple de Salomon, au JJJe livre des Rois, viii.Au livre d'Esdras, vi, i6, est mentionnée la dédicacedu temple reconstruit après la captivité ; sous JudasMac'habée s'accomplit une nouvelle dédicace (J Mach.,IV, 41-44 et 54-59). L'historien Josèphe signale ladédicace du temple d'Flérode. Il est à croire queles chrétiens, aussitôt qu'ils le purent, s'inspirèrent deces rites pour sanctifier leurs lieux de réunion ladifficulté est d'assigner une origine précise et déter-minée aux cérémonies de la dédicace telles qu'on lesvoit pratiquées plus tard. On n'ose guère, comme l'ontfait certains auteurs, attribuer au pape saint Evariste(112-121) l'institution d'un rite de consécration deséglises l'interprétation dans ce sens du mot Ulules(loca Dec dicala) qu'on trouve dans sa légende paraitbien problématique (z). lE faut arriver au commence-ment du ive siècle pour rencontrer des documents qui

, attestent le fait de la dédicace ou consécraton des égli-ses.Eusèbe nous parle de la dédicacede l'église deTyrcélébrée en 314, et il a inséré dans son Histoire ecclé-siastique (2), le discours qu'il fit à cette occasion ilfait aussi mention de la dédicace de l'église construite

- à Jérusalem par Constantin. Le même événement estattesté paries historiens, Socrate et Sozomène(3). Ilparait même que la consécration était alors considéréecomme nécessaire pour qu'on pût célébrer les saintsmystères et tenir des assemblées dans les édifices. En356,saintAthanase eut à se défendre près de l'empereurConstance pour n'avoir pas observé cette pratique(4).(s) Les auteurs en question sont mentionné, dans BOSSA, ReriemLsfurgtcarstoe, t. il, p 72. Sur l'interprétation, on peut consulter les Acfrs

Sanctorum. Bolland., octob., t. Xi, p. Box.(2) P. c t. XX, col. 845 et sxj.(3) P. G., t. LXVII, col. x58 et 5007.(4) Voir son AoIcgia ad Cons(a,et/um. P. G. t. XXV, col. 6,,.

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2. Le rite. - Il est bon de remarquer dès mainte-nant avec le Bienheureux Tommasi (i) que le rite dela consécration des églises était primitivement d'unetrès grande simplicité. - a) Souvent, il s'accomplis-sait sans reliques ce qui avait lieu surtout pour lesédifices construits dans l'enceinte des cités. Alors, autémoignage d'Eusèbe (2), on réunissait un assez grandnombre d'évêques, on prononçait des discours, onrécitait des prières:encore celles-ci se réduisaient-ellesà la célébration d'une messe solennelle pendantlaquelle se disaient des oraisons adaptées à la circons-tance. Une lettre du pape Vigilius (3) adressée en 538à l'évêque de Braga, Profuturus, l'atteste expressé-ment : il importe de donner ici la traduction du pas-sage qui en a été exirait pour être consigné plus tarddans le Décret de Gratien (Defaôrica, 24 dist. t, Deconsecratione) « Pour la consécration d'une églisedans laquelle on ne place pas de reliques (sanctita-ria) (4), nous savons que la solennité consiste seule-ment dans la célébration de la messe: en conséquence,dans le cas où une basilique a été reconstruite jusquedans ses fondements, sans aucun doute comme on acélébré dans cet endroit la messe solennelle, toute lasanctification de la dédicace se trouve accomplie.Si les reliques que possédait l'église ont été enlevées,c'est par leurreposition et la célébration de la messequ'elle recevra le bénéfice de la sanctification. Lasim-plicité du rite de la dédicace ressort également du

O) T0MMÂS,, Opera t. VI , P . 107, note 2.(2) toc. cit. Voir aussi D. MARTieNS, De azzIfquic Ecclesia r,IrMs,

lib. II, cap. XiII, t. II, P. 240.(3) Voir P. L. t. LXIX. col. 15.(4) Nous adoptons ici la leçon Colbert ic mot saneluaria reparaît

d'ailleurs quelques lignes plus bas. - Sur le se,is de reliques donné Acol'exprcssi sancittaria, on peut voir des passages des Lettres de

saint Grégoire le Grand, P. L., t. LXXll, col. 542, 548, 80, 832,909, 964.

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silence des plus anciens Ordines Romani; tandisqu'ils nous donnent le rite des autres offices sacrés,ils ne disent rien de la dédicace des églises (t). Lapensée du pape Vigilius s'éclaire de ce fait que leséglises furent souvent construites sur les tombeaux ouprès des tombeaux des martyrs: de là l'emploi du motmarfyrium (dont les Latins ont fait: confessia, memo-ria) pour les désigner. Eusèbe distingue avec soin ceséglises des autres et la même distinction se lit dansles actes du concile de Chalcédoine (2) tenu en 451. Cemême fait donne la raison pour laquelle on ne s'oc-cupait point de trouver des reliques pour la consé-cration des églises : elles étaient toutes trouvées, etpour célébrer les saints mystères on n'estimait pas delieu plus digne que le tombeau des martyrs. SaintJérôme fournit au sujet de cette pratique un témoi-gnage assez manifeste quand il dit sur un ton ironiqueà Vigilance: cc Alors, d'après vous, le Pontife romainfait mal d'offrir des sacrifices à Dieu sur les ossementsvénérables d'hommes morts, comme sont Pierre etPaul, et de faire de leurs tombeaux les autels duChrist (3). »

b) La pratique de Rome parait assez dans ce textedu saint Docteur. Mais la difficulté était d'avoir descorps entiers de martyrs pour chaque nouvelle égliseque l'on construisait: saint Ambroise, dans une lettreà sa soeur Marcelline, nous explique l'embarras ou setrouvaient les évêques pour la consécrationdeséglises:« Je vous dirai aussi que nous avons trouvé des saintsmartyrs (il s'agit de l'invention des corps des saintsGervais et Protais). Car pendant que je faisais la,dédicace de la basilique (nouvelle église construite

(,) On peut s'en rendre compteun lesparconrant dan. P.L.,t. LXXVIII,col. 85t.

(2) Eussz,- P. G., t. XX, col, tinS.(3) P. L.. t. XXIII, coI. 341.

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par les soins du saint évêque, et qu'on appela plustard la basilique ambrosienne), beaucoup des assis-tants se mirent à m'interrompre en me disant tousd'une même voix Faites la dédicace comme vousavez fait pour la basilique romaine. » - Je répon-dis: « Je le ferai, si je trouve des reliques de mar-tyrs (i). »

Le saint évêque continue sa lettre, en racontant l'in-vention des reliques qui tenait du prodige; il parlede la translation faite dans la basilique de Fausta oùs'accomplirent les vigiles nocturnes, puis de la repo-sition dans la nouvelle basilique.

La fin de la lettre est comme un écho de l'allocutionque saint Ambroise prononça en cette circonstanceil y donne ce détail intéressant « Je m'étais préparéce lieu pour i-ne servir de sépulture; car il convientque le prêtre repose là où il a eu coutume d'offrir lesaint sacrifice; mais je cède la partie de droite auxsaintes victimes, c'est la place due aux martyrs. Ense-velissons donc ces reliques saintes, mettons-les dansun édifice digne d'elles, et passons tout lejour à leurdonner des marques de notre confiante dévotion. » -La conduite de saint Ambroise s'explique par lescru-pule que l'on éprouvait à exhumer les corps dessaints martyrs ; les lois ou les usages de l'époquen'autorisaient guère de telles exhumations c'étaitune bonne fortune quand on pouvait obtenir pourune église la translation d'un corps entier. Saint -- -Augustin nous l'atteste à l'occasion de l'autel qu'ilérigea sur le corps de saint Cyprien, et un peu plustard quand il vit une basilique érigée sur les reliques

(.) P. L., t. XYL, col. ioSa. Il y n quelques variantes dans le texte.D'antre, croient pouvoir expliquer la parole de I'asseml,l&e Faites ladédicace comme elle se pratique à Rame. Oms pràfère dire ici quesaint Ambroise avait précédemment consacré une basiliq ue près de latorée Romaine, et qu'il y avait fait la reposition des reliques. (Notede lannotaleur de

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du premier martyr saint Etienne (i) (vers l'an 425).<t C'était moins un autel élevé à l'honneur du mar-

tyr, qu'un autel élevé à Dieu sur les reliques du mar-tyr », comme s'exprime le saint évêque d'Elippone.

La pratique observée par saint Ambroise et saintAugustin l'était également ailleurs pour ne citerqu'un exemple ou deux, saint Paulin de Noie plaçades reliques dans l'autel de la Basilica Fundanasaint Gaudentius, évêque de Brescia, au y6 sièclepour faire la dédicace de son église se procura beau-coup de reliques, et put accomplir la cérémoniedevant un grand nombre d'évêques (2). Saint Césaired'Arles, dans les Gaules devait aussi connaître cetusage (3). - Il parait même qu'en face de la difficultéde trouver des reliques, on se contenta de mettredans le tombeau de l'autel, non les ossements dessaints martyrs, mais des linges qui avaient touchéleurs corps ou qui avaient été trempés dans leursang (4). Pour les églises dédiées avec reliques, le rite,comme on le verra plus tard, comportait une transla-tion de reliques, une reposition dans le sépulcre del'autel préparée par des aspersions, et des onctions,puis la célébration de la messe.

c) Au v i e siècle, la coutume vint de ne plusconsacrer d'église sans déposer dans l'autel des

(t) P. L., t. XXxvIII, coi. [425, 1432 et t. XLI, col. 168, 0e CiviJaleDci, Hit. XXII, cap. vu,.() Le discours qu'il pronO,,ça en cette circonstance est dans P. L.,.t. XX, col. p6o.(S) Pour saint Paulin, voir P. L.. t. LXI, col. 338. Pour saint Césaire

'l'Arles, on en a la preuve dans plusieurs sermons de Dédicace qui ontété placés dans l'appendice des sermons de saint Augustin niais quidoivent être restitués à saint Césaire, par le cern,. 229 (P. L.,t. XXXIX, col. as66), qu'on lit en partie dans les leçons du BreviaireRomain pour la fête de la Dédicace. Voir dans la Revue Biblique,s. 1895, P. 593, un article de M. Lejay sur cette restitution.

(4) Mgr DUCREINE. Oripines du Cuite cArme,,, eh. XII, 2' édit., p. 388.Voir aussi dans Sains, Dictionnary cf cJznetian a,:tiq;sities, e sensdonne au mot Brande,,,,,.

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reliques de martyrs. Saint Grégaire le Grand, commeon le voit dans ses lettres, semble tout préoccupéd'en assurer l'observance, surtout lorsqu'il s'agit detransformer en église les temples païens ou hérétiques.Le livre de ses dialogues parle d'une église arienne 6,ts4désignée sous le nom de Subrirra, et que l'on consa-cra en plaçant dans l'autel les reliques de saint Sébas-tien et sainte Agathe. Ecrivant £t Jean, évêque deSurrente, il lui recommande, pour la consécration del'église des moines de Caprée, de faire la repositionsolennelle des reliques. Dans une lettre de Mellitusqui devait rejoindre en Angleterre le moine Augus-tin, il dit: «Les temples païens ne doivent pas êtredétruits, vous ferez disparaître les idoles qui s'y trou-vent. Qu'on fasse de l'eau bénitepour asperger cestemples, qu'on y construise dèé autels, et qu'on yplace des reliques (t). » L'annotateur de l'historienGrégoire de Tours dans Migne donne quelques détailsintéressants sur la pratique de la dédicace au vi 0 siècle.Palladius de Saintes reçoit des éloges de Fortunatpodr avoir construit une église en l'honneur de saintEtienne, puis une autre en l'honneur des saints Pierreet Paul, Laurent et Pancrace. Dans cette dernièreéglise, il y avait jusqu'à treize autels, quatre d'entreeux ne purent être consacrés, parce qu'on n'avaitpas de reliques à y déposer. Toutefois, avant levu' siècle, et même avant le viii', on ne voit pas deloi canonique générale prescrivant la repositiondes reliques pour la consécration des églises, lestextes du Concile d'Agde (an. 5o6) can. 14, et duConcile d'Epaon (an. Si) eao. 20, parlant de laconsécration des autels prescrivent l'onction du saint

(,) Voir P. L. t. LXXVII, pour ie passage des Dialogues, col. 283I, lettre à Jean de Surrente,lb, I, ep. 54, col. 5t6 la lettre à Mellitus11h, XI, ep. 76, coI. 1215. P. L. • t. LXXI, coI. 479.

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chrême (t). Le deuxième concile de Nicée (an. 787)prescrit de faire la reposition des reliques avec lesprières accoutumées dans les églises qui auraient étéconsacrées sans reliques de martyrs, et dit qu'à l'ave-nir, un évêque consacrant une église sans reliques seradéposé (2).

Ainsi cette première période qui va jusque vers lafin du yii' siècle nous présente pour le rite de ladédi-cace, la célébration de la messe, quelques aspersionset onctions, la reposition des reliques, non pas cepen-dant d'une façon uniforme pour les diverses ré-gions (3).

CHAPITRE Il11

Le développement du rite de la dédicacedans les Sacramentaires.

En se servant des indications répandues çà et làdans les écrivains des premiers siècles, il est difficiled'établir l'ordre suivi dans la cérémonie de la dédicace.D'ailleurs les rites devaient varier selon les régionsla substance de l'acte, séparation de l'usage profane

(s) 7,tésiv, De lacis sacris, p. ipd et 197.(2) MAi55!, Cal/eclia Conciliarans amplissirna, t. XIII, col. 51 . On

peut voir dans 5MlTR, Dictionnary of Ckrisf fan anliqeeilies, une longuesérie de Conciles généraux ou particuliers, psi du v • au lx' siècle,édictent des règlements pour la dédicace des eglises.

(3) L'Orient semble avoir connu de bonne heure les onctioas pour laconsécration des églises et des autel, et même la rcposition desreliques. Voici ce qu'on lit dans Gosse, Rilzea/eCracorvens , officirens in,fedicatio,se lenapli, p. 663: « Las saintes reliques sont placées dans letombeau de l'autel qui a été préparé_ on y tait une onction et onscelle le couvercle » et plus loin, p. 671 « Il y aune difiércnceconsldé-rable entre les églises consacrées par des prières et la célébration dusacrice (t. e,. er encznies), et la reposition des reliques sur l'autel(i. e, fter in?Jiro,eicsfionem), où l'on fait l'onction du salut chrême. Cetusage des onctions, dit MANV (De lacis sacris, P . 27), paraît avoir étéplus ancien en Orient qu'est Occiden5t.

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et application au culte divin par une sorte d'inaugu-ration, de premier commencement, devait se retrouverpartout. « Je tiens pour certain, dit Daniel, que dèsles premiers temps, on célébra une messe propre de laDédicace, et que vraisemblablement on y ajouta quel-ques formules de bénédictions, comme on en trouvedans les Sacramentaires gélasien et grégorien (t). »Binterim conteste ce dernier point. Mais ces deuxauteurs s'accordent à dire que notre rite actuel remonteà peine au ville siècle.

Maintenant si l'on compare les cérémonies de laconsécration des églises à la fin du vit- siècle, aveccelles qui se trouvent dans le Pontifical romain actuel,on trouve qu'un grand développement s'opéra dansla suite des siècles. Il ne paraît pas possible de suivrede près ce développement : il est permis toutefois dedemander quelques éclaircissements aux anciensSacramentaires qui s'échelonnent entre le vule et lexiii0 siècle, mais comme il se trouve des différencessuivant que ces documents appartiennent au riteromain, ambrosien, gallican, celtique ou mozarabe,on étudiera dans un premier article ce que chacunede ces ramifications de la liturgie latine fournit sur laconsécration des églises, et dans un second article onessaiera d'établir ce que produisit leur fusion,

ARTICLE I. - La RITE DE LA DÉDICACEDANS LES SACRAMENTAIRES DE LA LITURGIE LATINE.

I. Liturgie romaine. - On sait que les plus an-ciens livres liturgiques latins se ramènent à troisgroupes, désignés sous les noms de Sacramentaireléonien, gélasien et grégorien le premier ne nous

(j) DANIEL: Codex Lilurgicus &cksiœ universa' t. I, p. 355. I1INTE-Ris DenktSrd, IV, I 27.

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donne qu'une messe de dédicace (i) et garde le silencesur les rites et formules de la consécration de l'églisequi devait avoir lieu avant la messe. Les publicationsqu'on a données du Sacramentaire gêlasien et grégo-rien ont été plus ou moins surchargées d'usages galli-cans : on peut considérer comme purement romainela publication que le B. Tommasi a donnée sous cetitre Liber sacrarneniorum Rornamv Ecclesia, (2). Dece document il faut rapprocher ce que Mgr Duchesneappelle: e) l'Ordo de Vérone, un Sacramentaire retrou-vé dans la bibliothèque du chapitre de cette ville, pu-blié tout d'abord par Bianchini, puis par Muratori (3);b) le manuscrit de Saint-Amand jusque-là inédit, maisdont Mgr Duchesne donne les Ordines Ramant enappendice de son volume (4) . - Le Rev. W-H. Frèrejoint à ces documents une collection d'Ordines:Romani en usage à Besançon au xIt siècle, estimantque cette collection est purement romaine (5).

Résumons ces documents : 10 Le Sacramentairepublié par Tosnmasi renferme: e) une oraison pourla dédicace de la basilique nouvelle: Deus qui lacenomini; 4) une autre pour la consécration : Deussanctificatorum ; s) une autre sur l'eau et le vin qui

-doivent servir à la lustration de l'autel: Crealor etconservator - d) la préface de la consécration de• (s) Voir MCRAT05U, L?Iisrgia Romand velus dans P. L., t. LV, col. 33.

(2) Au t. VI de ses cEuvres, P. 3 et se9. - Le ms. dont il s'estservi est de l'époque mérovingienne (vils' siècle) et porte le n' 3s6 defonds de La Reine de Suède au Vatican. Muratori l'a donné aussi aprèsI..., P. L., t. LXXIV, col. 1055. Voir Dernais, Mcm. szep' d'anciensSacramentaires, p. 66. - -

(3) Mgr DUCHESNE, Origines du culte chritien;tédition, p. 390,et 129 Leop. Dcs.sas,u, (Anc. Sacrement, p - 65), le considèrent commedu vit- siècle.

(4)voir Mgr DucsinsNg, Origines die culte chrétien, , édition, p. 465Jnciftzt ad reliquias levandes shit deducendas leu conde,,das. Extraitdo Porisinies, n 974, du Ix' siècle.(5) W.}{., Fflsa, Pontifical services, wiM descriptive noies and a

liturgical introduction. - Alcuis, Club, Collection lit, in-folio, Loadon.

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l'autel e) une assez longue rubrique parle de la lus-tration de l'autel, des sept aspersions, du reste del'eau lustrale répandu à la base et de l'encens qu'onoffre sur l'autel ;f) la bénédiction de l'autel parlaprière Dei Pains omnziftoienhis, et sa consécration;g) D. in cuj'us /èonorem ; 4), le tout se termine parles prières pour la bénédiction des linges, la consé-cration de la patène et du calice, la bénédiction desautres objets à l'usage de la basilique (z).

Il n'est pas question de reliques en cet endroit,mais une formule de convocation insérée ailleurssous ce titre: Denuniiaiio cum reliquiat ftonendœ ninimaniyrum (2), donne à penser que la reposition desreliques avait lieu à un autre moment, et les nom-breuses antiennes insérées dans l'Antiphonaire gré-gorien sous cette rubrique: Ad relignias deducen-cia (3) nous font connaître que la translation s'enfaisait avec une grande solennité.

2° Les deux autres documents, d'après Mgr Du-chesne et M. W. Frère, décrivent au fond la mêmecérémonie qui est purement romaine : ce sont deuxformes qui se suppléent, l'une donnant les pièces dechant, l'autre les prières prononcées parle célébrant:il y est question, à peu près exclusivement, de latranslation des reliques: e) l'évêque et le clergé vontau lieu où sont les reliques (sancluaria) ,' le choeurchante un répons, la litanie, l'éT€îiFYébite une orai-son, porte lui-même les reliques enveloppées d'unvoile de soie. Pendant le parcours de la procession,on chante l'antiennne cum jucundulate et un psaumeon reprend la litanie en approchant de l'égliseb) l'évêque laisse les reliques entre les mains de quel-ques prêtres, pénètre dans l'église avec deux on trois

(1) To.,M.s,, t. VI, ,. 107-109.(2) ITEM, p. 137.(3) TOMM.4SI, t. V, p. 337-338.

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1V Ûs4

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clercs, fait l'exorcisme de l'eau, y mêle quelquesgouttes du saint chrême, prépare le mortier, procèdeà la lustration de l'autel, sort et termine la litanie parune deuxième oraison, puis il asperge le peuple avecle reste de l'eau lustrale e) l'évêque prend ensuiteles reliques, entre dans l'église suivi de tout le peuple,au chant d'une troisième litanie qui se termine parune troisième oraison. Le choeur chante une antienne,l'évêque s'avance seul vers l'autel où il dépose lesreliques, fait des onctions de saint chrême aux quatremurs du sépulcre, ferme la cavité, scelle la pierre,récite une oraison et fait de nouvelles onctions sur lapierre; d) on couvre alors l'autel, l'évêque reprendle vêtement »aneta) qu'il avait quitté pour la repo-sition des reliques, récite une dernière oraison, bénitles linges et vases sacrés qu'on lui présente ; e) il serend ensuite au .Sacrczrium, où en bénissant un ciergeallumé il bénit tout le luminaire de l'église qu'onallume aussitôt et la messe commence. - Un rituelpostérieur ajoutera aux onctions de l'autel les fumi-gations d'encens. Dans l'ordo de Vérone, on men-tionne à la fin l'aspersion de l'église ; c'est peut-êtreune inlerpolaiton (t).

II. Liturgie ambrosienne. - Si l'on tient comptedes citations de saint Ambroise données dans le cha-pitre précédent, on conçoit que, du temps de ce saintévêque, la consécration des églises pouvait comporterou ne pas comporter la reposition des reliques. Quefut cette cérémonie à Milan dans les âgesqui suivirent?Nous le demanderons à deux documents a) un Ponh-jîcal de l'Eçlise de Milan publié par Magistretti (2)

(r) DUCHESNS, ouvr. cité, p. 391-393.(2) MAGISTRaT?], Pontificale In usn,n Ecc/esioe Mediolanensis, ,tecnon

ordines onsbrosiarji ex Codicibus soec. 'X XI',in 8. 1\liiano. 1897. Vonpp. xix et xx, de la préface. Cf. ce qu'en dit W. FR*RE, ouVr. citeP . 46.

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nous renseigne sur ce rite, entre le ixe et le xve siècle;le document parait admettre la correction grégoriennemais a conservé des particularités qui le rattachentdeus près au Sacramentaire soit léonien, soit géla-sien; d'autre part on lui a trouvé des affinités avec lePontifical d'Egber/, un manuscrit gallican du f sièclequi serait la copie d'un document anglais duville siècle ; b) un Ordo évidemment ambrosien etmilanais, découvert et publié par Mercati (x) cedocument donne le moyen de décrire avec plus desureté l'ancien usage milanais.

Il est permis de reconnaître dans la liturgie ambro-sienne un double rituel pour la dédicace des églises:le rituel baptismal et le rituel funéraire. -Au rituelbaptismal se rattachent : 1° la cérémonie de l'alpha-bet ; ° la lustration de l'autel, des murs de l'égliseavec une oraison et la prière eucharistique (ou pré-face) ; 3° l'onction de l'autel et de l'intérieur del'église avec un invitatoire et une oraison ; 40 labénédiction des objets du culte.

L'Ordo de Mercati fournit des détails - plus com-plets sur ces divers points x° il y a une aspersionextérieure sur les murs, signe de croix sur la porteavec l'extrémité de la crosse, des onctions faites surles murs avec l'huile sainte, ou suspend aux mursdes cierges allumés, on chante les psaumes L et LVI etl'on entre dans l'église ; 20 à l'intérieur, les mêmescérémonies se répètent et dans le même ordre, ontrace par terre l'alphabet sur la cendre, on chante lepsaume bxvlTl qui est alphabétique dans l'hébreu, ondit des oraisons et la prière eucharistique Deus sent-li/ïcatioflum ; 3° alors a lieu la lustration des autelssuivie d'oraisons ; 4 0 on bénit ensuite les fonts, lesaint chrême et l'huile, ce qui peut être considéré

(I MERCATI, 4,,tic/.e reti'7iit lu urgithe arnb,-osiafle.0 romane in-&.

Rom., 1902,

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comme un complément de la cérémonie. Ce rituel,on le voit, est exclusivement baptismal; il ressembleà celui des livres gallicans, mais paraît mieuxordonné (i).

III. Liturgie gallicane. - La reconstitution durituel de la dédicace suivant l'ancien usage gallicanest une tâche délicate, car les documents dans les-quels il se présente à nous sont d'ordinaire une combi-naison du romain et du gallican, ce que M. W. Frèreappelle un Ordo comftosite. On tâchera d'écarter pourle moment tout ce qui revêt ce caractère mixte.

10 Les documents, - z) Un concile d'Orléans,tenu en 511, donne à entendre qu'il existait auvis siècle un Ordo gallica; mais où en retrouver latrace? Il y a quelques chances d'en avoir une repro-duction plus ou moins fidèle dans un ancien commen-taire d'un Rituel de la dédicace qu'a publié D. Martèneet qu'il attribue à Remi d'Auxerre (de la fin duix' siècle). De fait, ce commentaire est en harmonieavec un ordo du mc. de Vérone de la même époque,publié par Bianchini (2). - b) Le Sacramentaired'A,zgoulême, dont Mgr Duchesne donne un extraiten appendice de ses Ori rines du Cuite est, au juge-ment de Leop. Delisle, ou du vin' siècle ou ducommencement du ix', et contient à propos de la dédi-cace un Ordo semblable pour le fond au rituel de Remi

(1) Voir flic! t'ose na ire tArchéologie chrétienne et de ii?zerg(e. Riteambrosien, t. t, col. 5435'1439. - M. Mercati n établi une conipa-saison entre ce rite et l'ancienne cérémoi,ie irlandaise dans Je theLebar Be,'y tractait on (4e Coessecraijon of e c/eurch, xv siècle.M. W. Legg atténue les conclusions tirées de cette coniparaiaon.

(s) Cette remarque de Mgi. DOcHESNE, Oregines duété reproduite uite, P. 394, 5produite par W.-H. Frère onvr. cité, p. 7, à l'endroit où ilespose son second type de ritoti de la dédicace, nous la dénominationde type Gélasien (d'après les mts de Vérone et ZnrlcJ,, publiés parSiencl,ini et Gerbert) - Le Commentaire de Sciai d'Auxerre est dansP. L., t. CXXXI, col. 845,

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4) Onction de l'église. - L'évêque va ensuitefaire des onctions sur les murs, mais une fois seule-ment, avec le saint chrême.:) Prières consécratoires. - Fuis il revient â

l'autel sur lequel il dispose de l'encens allumé enforme de croix. Fendant que l'encens brûle, il réciteun invitatoire Dei Pains otnniftoteniis et une prièreconsécratoire de type gallican: D. O. in cujus hono-rem.

j) Bénédiction des objets du culte. - Les sous-diacres apportent les linges, vases sacrés et objetsservant à la décoration de l'église l'évêque les bénit.Il y a des formules spéciales pour les linges, le calice,la patène, celle-ci est consacrée par une onction avecle saint chrême

k) Translation des reliques. - L'évêque et leclergé quittent alors l'église, se rendent au lieu 'oùsont exposées les saintes reliques. On les prend et onles transporte en chantant des hymnes de triompheAmbulatis sancti Dci; le peuple pénètre dans l'église,mais quand l'évêque est entré dans le sanctuaire, unvoile retombe derrière lui. Il procède seul à la dépo-sition des saintes reliques et pendant ce temps, lechoeur chante Exultabuni sancti in gloria, puis le

S. CXLIX, cantate Domino... Remi d'Auxerre signaleici l'oraison Deus qui omni coaptione sanctorum.

La cérémonie terminée, on célèbre la messe,

IV. Liturgies mozarabe et celtique. - 'Un motsur les liturgies d'orient. - Sous ce titre nousvoulons réunir quelques notes recueillies çà et làpour montrer qu'il n'y a pas lieu de chercher ailleursque dans les documents mentionnés plus haut desrenseignements bien précis sur les origines du rituelromain de la dédicace.

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Dans son édition du Liber ordinum (z), documentde l'4lise mozarabe entre le y0 et le XI' siècle, DomFét-otin note l'absence du rite de la dédicacecependant, ajoute-t-il, la pratique de cette cérémo-nie était connue en Espagne comme on peut s'enconvaincrepar les textes canoniques et épigraphiques.D'autre part, le Liber Comicus (2) publié par DomMorin, contient des leçons empruntées soit à l'An-cien Testament, soit au Nouveau, pour la fête de ladédicace, le Bréviaire mozarabe (3) a trois hymneset un cantique pour cette même cérémonie. - Apartir du xr siècle, Dom Férotin pense qu'à l'ancienrituel nationalpour la consécration des églises suc-céda un rituel apporté de France par les bénédic-tins de Cluny; il mentionne plusieurs églises consa-crées d'après ce rite nouveau, notamment la cathé-drale d e Tolède, le iS décembre io86.

Pour l 'église celtique, nous n 'avons guère plusde détails ; certainement le rite de la consécrationdes églises y fut connu d'assez bonne heure, etM. Warren (..) a pu établir que l es sanctuaires celtesse partageaient en plusieurs classes au point de vuede leur dédicace les uns consacrés aux saints dupays, avant l'existence des églises anglo-saxonnes,les autres consacrés à des saints marqués plus tardau calendrier - anglo-saxon ou romain, d'autres--enfin dédiés à saint Michel, dans la période qui s'é-coule du vu' au r siècle. Mais en quoi consistait le

(r) Mo,,umenta RccZesia liturgica, t. V, le Liber Ordinum, coI. 5.5et 554. D'après une inscription de' siècle mersejonnée par DomFérotin, col. 452, dans rasstel d'une basilique élevée en l'honneur desaint Etiense prèsru

de Zara en Andalousie ors 'léposa des reliques de,saints martyrs Fctueux, Augurius et Eulogc.(2) D. MORES, Liber Coin icz.s, P. 3o3-3o6.(3) Voir P. L., t. LXXXVI, coL. 953, 9E6 et 872.(4) P--E- WARR gN'-. 7'he liturgy aed nue f fil" Cell cliicurci,, in-3.0xford nSsr, - Voir les pages 74, 57 et 50.

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rite dédicatoire, il est difficile de le dire, le vénérableBède (z), dans son Histoire ecclésiastique dit qu'onle faisait précéder d'un long jeûn e, M. Warren aétabli que ce rite devait différer de celui de Rouie etn'est pas éloigné de penser qu'il avait plus d'unpoint de contact avec le rite gallican ; cet auteurconstate en effet que les lettres de saint Grégoire leGrand à saint Augustin de Cantorbéry favorisent cesentiment, qu'un bon nombre d'églises celtiques ontété placées sous le patronage des saints gaulois,comme saint Martin, saint Germain, saint Loup;que des passages entiers de la liturgie gallicane seretrouvent dans le missel de S/owe.

Enfin, Mgr Duchesne (2) a été frappé de la coinci-dence qui existe entre le rituel gallican et le rituelbyzantin tel que l'a publié Goar. Un récit de Gré-goire de Tours, au sujet de la dédicace d'un oratoireen l'honneur de saint Allyre donne l'ordre qui futsuivi pour la cérémonie la nuit précédente, les reli-ques furent veillées à la basilique de Saint-Martin lematin, l'évêque (Grégoire de Tours lui-même) consa-cra l'autel à l'oratoire; puis il revint à la basiliquepour y prendre les reliques et les transporter en pro-cession au lieu préparé pour les recevoir (3). D'aprèsGoar (), dans le rituel byzantin, dédicace et dépo-sition des reliques sont des cérémonies distinctes,accomplies d'ordinaire en des jours différents t toutd'abord, l'évêque scelle lui-même la table de l'autelsoit sur des colonnes, soit sur une base pleine, il y

(1) Voir P. L., t. XCV col. '54.(2) Mgr DUCREStiE, Or/gi;zn du culte chrétien p. 40m.(3) Sur la basilique de Saint -Martin de Tours. voir Grégoire deTours, historia Franconun, il,. II, I'. L., t. LXX[, clongue note se rattachant à ol. 211, avec une notre sujet.(4) GoA g, Euchologion Sive J?itnule Grrecoruns, in-folk Venetiis173e. Voir pages 655.656.

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fait le signe de la croix, fait la lustration avec del'eau baptismale puis avec du vin; termine par desonctions du saint chrême et des fumigations d'encens.Ensuite il fait le tour de l'église en balançant l'encen-soir, tandis qu'un prêtre marchant derrière lui faitdes onctions sur les murs I puis a lieu la bénédictiondes linges et objets du culte. Pour la déposition desreliques, il y a une vigile solennelle; en arrivant àl'église, on chante le Tollile portas, l'évêque met dusaint chrême dans le tombeau des reliques avant dele fermer. - Que l'on défalque du rite gallican lesparties romaines, on reconnaîtra une ressemblancefrappante entre les pratiques gallicane et byzantine.

ARTICLE Il. - Ess*t DE FUSION

ENTRE LES LITURGIES LATINES SUR LB RITEDE LA DkLIcACE-

Les variantes constatées dans l'article précédentdurent commencer à se fondre ensemble vers la findu vIii0 siècle. Il en résulta une forme brève d'ordrecomposite dont on trouve des traces dans le Pontifi-cal d'Egbert(I)- La forme plus longue devint à partirdu ix° siècle l'Ordo romain qui prévalut en Gaule ets'introduisit en Angleterre. Pour la Gaule, on peuts'en former une idée en parcourant dans D. Martèneles Ordines du mauusctit de Reims, du manuscrit deNoyon, de plusieurs autres manuscrits (Pontifical deCahors,de Colbert,et du monastère deSaint-Thierry),documents du Ix° siècle; l'Ordo d'un Pontificat deNarbonne, d'un Pontifical de Hélinard, archevêque

(t) Copie faite an r siècle en Gaule, n'ait sur un manuscrit d'Angle-terre qui appaTtient probablement anvili' siècle. (W-H. FRÈRE,

OP. cit. p.) Cest le eccond des Ordos publi&a par D. MARTtNE,

De Anlignis Ecclesia rihbus, t. II, P. 246.

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de Lyon, d'un Pontifical de Cambrai, documents desxxii° siècles (r). Pour l'Angleterre, des renseigne-ments nous sont fournis par un Sacramejitaire anglo-saxon de l'abbaye de Jumièges, le Pontifical de saintDunstan, archevêque de Cantorbéry (2), le Pontificalde Robert (mss. de Winchester) documents duxi° siècle (3), et la plupart des livres liturgiques anglo-saxons postérieurs à la conquête normande ().

La forme la plus longue peut seule intéresser icielle est un acheminement au rite actuel du Pontificalromain; nous en donnons une idée en prenant pourpoint de repère les divisions de Mgr Duchesne:

En vue de simplifier les références, on désigneradans cet exposé les Ordines avec la numérotation enchiffres romains qu'ils ont dans D. Martène: ons'abs-tiendra de signaler l'Ordo I emprunté au Sacramen-taire de Gellone (vite siècle) parce qu'il n'accuse pasencore de fusion, les autres Os-dînes de D. Martènesont désignés en note (notes z et 2). Remarquons,pour n'avoir pas à y revenir, que tous parlent desdouze cierges allumés au commencement de la céré-monie, de l'Alphabet, du Dent in adjutorium redittrois fois avant la préparation de l'eau lustrale.

j ° Entrée de l'évêque et prières préparatoires. -L'oraison ACTIONES NOSTRA5 (5) est dans Il, III et IV,

(') Ces documents se trouvent .lans D. MARTàNE, opus. cit. Reims.Ordo V, p. aso; Noyon, Os-do VI, p. 360 Cahurs, Colberl, Salut-Thierry. Ordo VII, p. 262; Narhn,,,,c, Ordo VIII, p. 263 Hélinard,Ordo IX, p. 268; Cambrai, Ordo X, p. 273

(3) Sacrant. anglo-saxon, dans D. MSRTkNE, op. clÉ. Ordo 111,p. .Sn. Pontifical de saint Dunstan, Ordo .1V, p. 355.(3) Le Pontifical de Rocrt a été publié â ] suite de son Bénédic-

t,nnnaile par Ti. A. Wzt.so,e 74e Benediclional ofarc/zbislsopRoberf.in-8. London, .3, pp. 3 et seq.(4) itenseigiiemenis donnés par W. Frère Pontifical services, qui atoute une série le documents ii la fin de son volume.(5) Dans cette énumération nous mettons en petitS capitales toutes

les prières, antiennes ou répons qui sont au Pontifical romain.

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28 DÉDICACE DES ÉGLISES

les litanies du début dans II, IV, V et VI. Ce dernierplace à ce moment la translation des reliques, tandisque tous les autres la renvoient à la fin : c'est pour-quoi il mentionne les prières Aurxa A NOuS et FACNOS; V donne aussi ces mêmes prières sans parlerencore de translation de reliques. - La bénédictionde l'eau ordinaire avec les formules: Exoacizo TE,CREATURA SALIS, et IMMENSMI CLEMENTIAM pour le sel;ExoRCizo TE 1 CREATIJRA AQUS et DEus QUI AD SALIJ-TEM pour l'eau ; DEyS INvICT^ VIRTUTIS après le mé-lange, ne figurent que dans V (r) et X: ce dernierOrdo parle aussi d'aspersions des murs extérieurs,entre lesquelles on intercale le TOLLITE PORTAS 1 etles oraisons telles qu'on les trouve au Pontificalromain; III, V, VI et VIII signalent les trois toursextérieurs et les TOLLITE PORTAS sans mentionnerles oraisons; VIII a de plus une série de neuf réponsparmi lesquels notre Pontifical romain en a conservétrois, savoir: FUNDATA EST 1 BENEDIC et Tu DOMINE,- Le pontife, après avoir frappé pour la troisièmefois, entre avec quelques clercs, en disant: PAX HUICD0MUI; on chante alors les deux antiennes: FAXETERNA et ZACELEC, FE5TINANS, presque tous les Or-dines ont FAX ITUIC DOMUI, un seul, Le II, a l'antienneZAcHArE. Du VENI CREATOR il n'est question quedans l'ordo X; tous signalent la LITANIE pendant quel'évêque est prosterné devant l'autel et, aussitôt après,l'oraison MAGNIIrICARE.

20 La cérémonie de l'Alfthabef. - Le chant de l'an-tienne Q QUAM METUENDUS est dans II, III et VI etmanque dans les autres, le cantique BENEDICTIJS estseulement dans V; ailleurs, dans HI et IV, on le rem-

(i) Peut-étre e,t-il boa «avertir que V et X semblent se rappro-cher du Pontifical romain plus que les autres, que VII a (les analo-gies avec le Sacramentaire rrérorisn publié par D. llénard et éditéavec note, dans P. L., t. LXXVIII.

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DÉDICACE DES ÉGLISES 29place par un autre psaume, dans VIII par six réponset versets.

de l'eau lien'raie,— Tous les ordinesen parlent, tuais les formujes pour la bénédiction sontfort différentes; tandis que II, III, IV et Vont pourle sel et l'eau les exorcismes et prières ordinaires,Pou r les cendres, l'oraison O. S. D, PARCE FcENITE,...TII3US, une brève formule pour le mélange du vin,DELJS CREATOR ET coNsEavAToR . que III et IV parlentd'une infusion du saint chréme dans l'eau; VI a pourle mélange du vin, une invitation â prier: DELJM OM?1-POTENTEM, FRATRES; II donne des formules diffé-rentes qu'on lit aussi dans D. Ménard (z); VIII place,entre l 'exorcisme et la bénédiction, la longue prièreSANCTIPICARE, assigne une autre prière au mélangedu sel et de la cendre; IX se rapproche du premiergroupe, moins la prière pour la bénédiction des cen-dres, et donne dans la prière

SANCTIFICARE desphrases qui rappellent mieux notre pontifical romain •X présente plus de confusion dans la suite des for-mules (2).4° Lustrjj,rfl de l'autel, - III et IV placent ici laPréparat ion du ciment; du signe de croix fait à la

Porte avec le bout de la crosse il n'est pointdans les ordi,,es mais questionVIII parle d'une aspersiclergé on duavec l'eau lustrale, et tous signalent l'onction

de l'autel avec cette eau, l'aspersion autour de l'au-tel, mais avec des variantes pour le nombre de tours,III, VII, VIII et IX parlent de sept tours sans s'ac-corder sur le nombre des antiennes et des psaumesque l'on récite durant ce temps ; IV et V parlent detrois tours seulement autour de l'autel.

( s ) P. L., t. LXxvrrx, col. 157.(2) sur la prière Sa;ct/fic,n-e comme sur ].,bénédiction de l'eaulustrale voir l'article do P. de Puziie, dans le

flictionaa,re d'Ar'cItco/gq,' chrelienne et Liktrgje t. 11, col. 693 et 708.

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30 DÉDICACE DES ÉGLISES

S- Lustration de l'église. - Les Ordines II, IV, Vet VI font faire trois fois le tour intérieur de l'égliseavec les psaumes, MISERERE, EXURGAT Dises et QuiHABITAT et leurs antiennes respectives ; VU ne faitfaire qu'un tour à l'intérieur ; IV, V et VIII signalentà ce moment une seule aspersion à l'extérieur faitesoit par l'évêque soit par un prêtre qu'il députe à ceteffet. L'aspersion ou lustration du pavé est mention-née par tous les Ordines.

6° Prières consécratoins . - Les documents de Và X donnent les deux oraisons Dat's QUI LOCA et DEUSSANCTIFICATIONUM ; mais, tandis que IX présente ladeuxième comme prière eucharistique ou préface, Vet VIII ont la préface beaucoup plus longue JETERNEDisus, VIII avec cette particularité qu'il y a de fré-quentes réponses t AMEN entre les phrases ; II a lapréface tout à fait identique à celle de notre Ponti-fical romain: ADESTO PRECIDUS NOSTRIS, ADESTO SACRA-MENTIS.

70 Onction de l'autel. - Presque tous les Ordinesplacent ici l'antienne INTROIBO avec le psaume JIJDICAME et parlent de l'eau lustrale versée à la base del'autel. Les onctions se font par trois fois, deux foisavec l'huile sainte et une fois avec le saint chrêmeil y a quelque divergence pour les antiennes et lespsaumes chantés durant ce temps; II et IX, ont commedans le Pontifical romain les ant. MANE SURGENS;EREXIT JAcos avec le ps. 82,QUAM DILECTA SANcTI-FICAVIT avec le ps. 45, DRUS NO5TER REFUGIuM; EccE

ODOR avec le ps. 86, FUNDAMENTA III, IV, V et VIIont des psaumes un feu différents ; VIII et IX inter-calent entre chaque psaume des prières différentes decelles de notre pontifical.

go Onction de l'église. - III, W, VI et VII mention-nent les onctions avec le saint chrême sur les murs

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DÉDICACE DES ÉGLISES 3,

VIII dit qu'après avoir fait les onctions sur les mursde droite, l'évêque en fait une sur les portes à l'exté-rieur et à l'intérieur, puis continue sur les murs degauche ; puis il mêle le chant des hymnes à celui despsaumes IX signale à peu près les mêmes psaumesque le Pontifical romain.

g0 Prières consécratoires. - Ii, III et IV donnentla prière t D. O. in cujus HONORE, et la préface duPontifical romain t Ut PROPENSIoRI CURA ; VI et VIEont la prière seulement ; VI parle en outre de croixd'encens sur la pierre consacrée ; VIII a une préfacebeaucoup plus longue entrecoupée par des Amentous ont l'antienne CONFIRMA Roc Dsus pour terminerl'onction. -

100 Bénédiction des objeis du culte. - Les sous-diacres présentent à l'évêque les linges et les orne-ments de l'autel; lia pour les linges la formule du Pon-tifical romain, accompagnée d'une autre Adomnia inusuns Basilicœ, trois autres pour le corporal; III, IV,VII et VIII ont en outre des formules pour la consé-cration de la patène, dit ; V et VI pour leslinges et ornements, X donne l'antienne CIRCUMDATESI0N pour le revêtement des autels.

1 I Translation des reliques et reposilion. - II etIII ont la prière Aurca A NOBI5, les antiennes t ECCEPOPULUS ; CUM JUCUNDITATE; Dg JERUSALEM; PLA-TE€ JERUSALEM ; VIA JUSTORUM RECTA ; AMnULATESANCTI Dai, 1NGREDIMrNI ; AMBULATE SANcTI DÈI AnLocA l'oraison DOMUM TUAP.! INGREDERE ; l'onctiondu saint chrême; l'ant. Suu ALTARE Dsi; EXULTABUNTet les deux psaumes 149-150, enfi n l'oraison t DEUSQUI EX OMNI COAPTATIONE; III mentionne en outre leslitanies, l'antienne O QUA?! METUENDU5 pour l'entréedans l'église, puis aussi à la un les fumigationsd'encens. -. Quelques variantes se rencontrent dans

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1V, V, VII et VIII; il y a moins d'antiennes et d'orai-sons dans VI, l'Ordo VIII est peut-être celui quiprésente le plus de particularités, il fait vénérer lesreliques par l'évêque et les fidèles au départ ; par-lant de ce que l'on renferme avec les reliques, nonseulement il dit comme la plupart des autres Ordines,qu'on ajoute trois parcelles des espèces eucharistiqueset trois grains d'encens, mais qu'on y joint une chartesur laquelle sont écrits les dix préceptes de la loi etle commencement du texte des quatre évangélistesX semble se rapprocher davantage du Pontificalromain, soit par la place qu'il assigne à la cérémoniesoit par les détails concernant la fumigation. Enfinpour cette reposition des saintes reliques comme pourles onctions de l'autel àce moment, les Ordines disentque le pontife est séparé de l'assemblée des fidèlespar un voile qu'on laisse retomber à l'entrée du sanc-tuaire.

La conclusion qui se dégage de cet article, c'estque la transition d'une cérémonie très simple audébut à une cérémonie aussi compliquée que celle duPontifical romain ne s'opéra pas d'un seul coup. Onpeut y voir comme une sorte de stratification des for-mules que M. W. Frère résume ainsi : « Le serviceromain, ancien et pur grégorien par son caractère, necontient que deux antiennes et trois collectes ; legélasicn a onze antiennes et cinq collectes différentesdu romain ; la plupart de ces antiennes paraissentavoir été empruntées à l'Antiphonaire romain. Quandla fusion s'opéra et que l'Ordo composite plus courtfut formé, on vit apparaître quatre nouvelles prières,dont une de forme eucharistique. Un changementbeaucoup plus considérable est marqué par le déve-loppement de l'Ordo composite plus /oie: on voitapparaître deux for-mules eucharistiques addition-nelles, trois prières de supplication gallicanes. En

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même temps parurent pour la première fois, dix-neufantiennes nouvelles, neuf répons et deux versetsbeaucoup de ces antiennes sont propres à la céré-monie, les répons sont tirés des nocturnes des martyrs,des confesseurs et de la dédicace: ce qui indique uneépoque où les traditions gallicanes prévalaient (t). »- Malgré toutes ces recherches et ces réflexions, onn'arrive pas encore à s'expliquer la complication, larépétition et, disons même, l'enchevêtrement des for-mules et des rites que présente la consécration deséglises dans le Pontifical romain. On va dans le cha-pitre suivant demander un supplément d'informationaux auteurs qui pendant plusieurs siècles, à la suited'Alcuin, s'occupèrent des matières de liturgie.

CHAPITRE III

Le rite de la Dédicace d'après les liturgistesdu IX' au XIII' siècle et d'après

quelques documents du XV' siècle.I. Doôuments. - Les liturgistes du moyen âge

paraissent s'être préoccupés de trouver dans lesdivers rites de la dédicace des significations mys-tiquà; un chapitre de la seconde partie sera consacréà l'étude de ces symboles, on aura l'occasion d'ymettre à profit ce que les liturgistes en question ontlaissé de plus remarquable. Toutefois ces mêmesoeuvres offrent aussi de l'intérêt pour l'histoire durite; car elles permettent d'établir que, vers lexiit' siècle, la consécration des églises comportait âpeu près tous les éléments qui se trouvent au ponti-

(i)NI. FRÙRE, ouvrlgc cité, P. Si-5g.

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fical romain. Parmi les auteurs auxquels il est faitallusion ici, il convient de nommer Raban Maur (i)et Walafrid Strabon (2) au ix° siècle Yves de Char-tres (3) et saint Pierre Damien (4) au xi° Honoriusd'Autun (S) et lingues de Saint-Victor () au ni'enfin Sicard de Crémone (7) au xiii' siècle; Ce der-nier, en particulier, énumère â peu près tous les rites,cérémonies, antiennes et psaumes du pontifical etdans le même ordre. - Il n'est pas étonnant dès lorsque les documents, ultérieurs, comme des Pontificauxdu xtv' et du xv' siècle, se rapproçheut beaucoup denotre liturgie actuelle. Nous résumerons ici l'un deces documents le Poszjka! de Sarum (8), manuscritdu Xv8 siècle qui se trouve à Cambridge, et pourabréger un exposé déjà long,nous donnerons les ritesde la dédicace d'après ce document, parallèlementà l'Ordo romain que publia Hittorp () en i56t àCologne: entre parenthèses on signalera à côté dechaque rite les liturgistes du moyen âge qui en fontmention.

II. Exposé du rite de la consécration. -

(i) Raban MAlle, de JnslifuUone Clericorum, 11h. Ii, ch. XLV. P. L.)t. CVII, col. 358-359.

(2) \Valafrid STRABON, De rebra ecclesiashcis, eh. ix. P. -L., t. cxiv,coI. 930-931.

(3) Yvo CARN0TENSIS 7 Sermones de Sacramenhs dedicalionis. P. L.,t. CLXII. COI. 527.

(4) S . i'ctri DA21IAWI, Sermones in dedicaizone ecclesia, Sent. 69-72.P. L., t. CXLIV, col. $97 et oeq.

(5) RoloRlos dÂuton 1 Gemma anima, P. L., t. CiJXXli, col. Soi.(6) Huguos de SAiBT-VICTOR, De OfJiciis ecclesiaslicis, lib. I, de

-consecratione Ecclesiic, eh. i-ii. F, L., CLXXVII, col. 383-38;.,(7) SicAenus epiec. Cremon., Morale, lib. I, ch. VI-ix. P. L., ccXIIi,

COI. 3&36(8) D'après, W. MASKELL, Monumenta rilualia anglicana ecclesia,

vol. I, P . 192 et Seq.(g) Hinonp. De divinis caM, ceci. officiis in-fol. Pansus, i63.

Ordo Romances, de Officiis divinis, P. sig et seq.

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,1 0 Les préludes. - Prières préparatoires ;• aspersionextérieure; entrée dans l'église; alphabet.

a) Prières préparatoires. - Hittorp parle de larécitation des litanies en entier (Sicard de Crémone),le Pontifical de Saruru dit que l'évêque récite lespsaumes Judica me, Quant dilecta, Inclina Domine,puis le Memenfo avec plusieurs versets, le tout àl'endroit où sont exposées les reliques. - On se rendalors devant la porte où l'évêque dit; Zachae festi-flans, et deux oraisons; Actiones nostras et Deusqui nos pastores, d'après le Pontifical de Sarum ; lesoraisons Aufer a noUs et Foc nos, d'après Hittorp.

b) Alors se fait l'eau bénite ordinaire, puis l'asper-sion extérieure. Le Pontifical de Sarum a, sauf l'an-tienne Asperges me, les mêmes antiennes et oraisonsdites par l'évêque quand il frappe à la porte, d'a-près le Pontifical romain. Avant cette cérémonie del'aspersion et des oraisons à la porte, Hittorp faitapporter les reliques jusqu'à l'entrée de l'église, auchant des antiennes : ,Surgite sancti, et Cum jucun-ditate. - (Sans entrer dans ces détails de prières, lesliturgistes qui parlent de l'aspersion extérieure sontYves de Chartres, Honorius d'Autun, Sicard de Cré-mone, saint Pierre Damien).

e) Entrée dans l'église. - Le Pontife dit: Fax /éuicdomni; le Pontifical de Sarum signale l'antienneFax aderna du Pontifical romain; révêque entre seulavec quelques clercs; les autres restent au dehors(avec les prêtres qui portent les reliques, dit Hittorp):on récite les litanies qui se terminent par la triple in-vocation Ut kanc ecclesiam benedicere, sctnctiJicare,tonsecrare digneris, puis l'évêque dit l'oraison: Ma-gniJicare sans Dominus vobiscum (Yves de Chartres,Honorius d'Autun, Sicard).

cl) La cérémonie des alØabets a lieu pendant quele choeur chante l'antienne 0 quam meluendus avec le

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cantique Benedictus (tous nos liturgistes parlent desalphabets sans toutefois mentionner le chant dont par-lentSarum et Hittorp) (r).Là se terminent les préludes.

2. Lustration de l'autel et de l'église. - Prépara-tion de l'eau lustrale; lustration de l'autel ; lustrationde l'église i prière consécratoire.

a) Préftara.lion de l'eau lustrale. - Ici commence lacérémonie proprement dite par le Deus in adjutorium:le Pontifical de Sarum, pour la bénédiction de l'eaulustrale, donne, en majeure partie, les formules. duPontifical romain, Hittorp a des formules différentestous deux s'abstiennent de citer la longue formule.Sanclijicare (moins les formules, Yves de Chartres,saint Pierre Damien, Honorius d'Autun, Sicard deCrémone parlent de l'eau lustràle).

b) Aussitôt après a lieu la luslralion de l'autel (2).Hittorp parle de la formule SancUficelur prononcéeau milieu et aux quatre coins de l'autel, des sept toursde l'autel pendant lesquels ant. Asperges me et ps.Miserere. (Yves de Chartres, saint Pierre Damien,Honorius d'Autun et Sjcard de Crémone).

e) Lustrai ion de l'église : trois tours intérieurs, lesantiennes et psaumes sont les mêmes au Pontifical deSaruin et au Pontifical romain I-Iittorp indique lesp5. Exurgai et Qui habitat pour le premier et letroisième tour et simplement une antienne pour lesecond. (Yves de Chartres, Honorius d'Autun, Sicardde Crémone) (3). —Alors a lieu la lustration du pavé

(s) Le Ponts)2a/ du Scru,n contient ici une assez longue prièreDesa qui sœnciem Moysen pr.ir ceigne. - Maskell P. art-a':.

(2) Le Pontifical de S-,-- est asses laconique en cet endroit r ilse contente de dire lace 4rocedens episcopus ad .1i." ibidem ici.:et, et passe immédiatement sur mors de l'église, intérieurs et exté-

rieurs.(3) Ce dernier marque les psaumes do Pontifical romain on

remarquera que le Pontifical romain a simplement la seconde partie dispsaume Exureai. Le pontifical de Sarum fait faire ici trois nouveauxtours d'aspersion à l'extérieur.

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avec les oraisons Deus qui loca; Deus sanc4ficatio-num (Sarum et Hittorp) nos liturgistes du moyenâge n'en parient pas.

t!) Prière consécra foire. Elle est dans le Pontificalde Sarum et dans Hittorp. -

3. Consécration de fautel et de l'église. - Ici seprésentent certaines divergences : la translation desreliques marquée dans le Pontifical romain, a dû,d'aprS Hittorp, se faire au début; le Pontifical deSaruni la passe sous silence (r) : de plus ce dernierplace l'onction des murs avant celle de l'autel.

a) onction de l'autel. - Le pontife récite l'antienne.Tntroïbo et le psaume judica me, répand l'eau lustraleà la base de l'autel, après avoir préparé le ciment, faitles onctions avec l'huile sainte et le saint chrême surla table de L'autel : on chante pendant les onctions lesantiennes et psaumes: Erexit, Mane surgens,.,Edifi-cavit,- Unxit te... mentionnés au pontifical romainpuis ont lieu les fumigations d'encens avec l'antienne:Ecce odor. Tel est l'ordre donné par Hittorp on letrouve assez confusément dans le pontical de Sarurnoù onctions et fumigations se trouvent reportées aprèsdes oraisons identiques à celles du Pontifical romain;Sicard de Crémone le donne un peu plus nettementet signale même l'onction de la porte avec le saintchrême au montent de l'entrée des saintes reliques(Honorius d'Autun et Yves de Chartres présentent unexposé plus sommaire).

b) Onction des murs de l'église. -. Elle n'est pasexplicitement marquée dans Hittorf) qui signale pour-tant l'antienne Lapides pretiosi et le psaume LaudaJerusalem; le Pontifical de Sarum, comme on l'a déjàdit, place cette cérémonie avant l'onction de l'aitel.

(i) Sicard de Crémone place la translation des reliques au mêmemoment que le Pontifical romain.

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(Elle est marquée dans saint Pierre Damien et Sicardde Crémone.)

c) Prière consécrajfreou préface. - Elle est dansHittorp et dans le Pontifical de Sarum : celui-ci lafait suivre d'une assez longue oraison où l'on trouvedes allusions au sacrifice d'Abel, de Melchisedech etd'Jsaac.Vient ensuite l'oraison: Majeslatem que Sarumfait précéder de l'antienne Confirma hoc et du psaumeExurgai qui reparaît ici en entier comme dans le Pon-tificat romain, Il est assez difficile de retrouver dansnos documents les oraisons et antiennes qui, dans lePontifical romain, servent de conclusion aux onctionsde l'autel et des murs de l'église; ces mêmes docu-ments laissent supposer que la reposition des reliquess'est accomplie, mais ne l'indiquent pas explicitement.

4. Bénédiction des objets du culte et ornementationde l'autel. - C'est dans nos documents comme lecomplément nécessaire de la consécration : I-Iittorpprésente, au milieu de beaucoup d'autres, l'oraisonOmnzftotens et misericors Deus par laquelle l'évêqued'après le Pontifical romain, bénit les ornements; lePontifical de Saruni donne deux oraisons distinctes.Des antiennes, du répons et du paume que donnele Pontifical romain pour l'ornementation de l'autel,on ne retrouve que Circumdate Sion et Omnis terraadoret le dans le Pontifical de Saruin avec un autrePsaume , le Magnus Dominus. (La cérémonie estsommairement indiquée dans Yves de Chartres,saint Pierre Damien, Honorius d'Autun, Sicard deCrémone).

5. Célébration de la messe. - Tous les documentsla supposent : le Pontifical de Sarum en donne leséléments tels qu'on les lit au missel romain, sauf pourle psaume de l'introït qui est Dominus regnavil; ilajoute même après l'alleluia la séquence Jerusalem et

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DD1CACE DES ÉGLISES 39

Sionfihiœ que l'on dira, même en carême, observela rubrique.

6. Translation et reftositiofl des reliques. - On avu que lesdocuments ne s'accordent pas surie momentoù se fait cette translation quant à La reposition, elleest assez vaguement signalée.

DEUXIÈME PARTIE

Les règles canoniques et liturgiquesdu rite de la dédicace et son symbolisme.

Quelles que soient les difficultés que L'on éprouve àdécouvrir l'origine des cérémonies et rites de laconsécration des églises, on doit s'en tenir à lacorrection du Pontifical romain faite en 1596 par lessoins du pape Clément VIII, défense étant inséréedans la bulle de publication de rien ajouter, changerou retrancher à ce qui ycst prescrit pour l'accomplis-sement des cérémonies pontificales (r). Reste donc,dans cette seconde partie, à faire une étude sommairedu rituel de la dédicace au triple point de vue cano-nique, liturgique et symbolique (2) de là, trois cha-pitres.

(.) Voir la Balle qui se trouve au comme0cment de tous les etem-plairas du Pontifical romain. Cf. D. CUeRÀKOER, Jnst/?utiOflS liter-

g&tttS.t III, P. 230.Q) Pour suivre avec intérêt ces explications, il est bon d'avoir sous

les yeux le texte du Pontifical

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40 DkDICACE DES ÉGLISES

CHAPITRE PREMIER

Le rite actuel de la dédicace au point de vuecanonique.

Pour ne rien laisser à l'arbitraire et à la fantaisie,l'Eglise catholique a jugé bon de statuer sur les céré-monies, sur la cérémonie elle-même, sur ses effets etconséquences.

I. Préparatifs. - 10 Jours où l'on peut faire cellecérémonie, - Le droit canon, au chap. Tua fraler-nues, 2, De con,vecra/ione ecclesia, a inscrit cetteréponse du pape Innocent III à l'évêque de Tournai« Dans votre diocèse, il vous est permis d'accomplirla dédicace des églises ou le dimanche ou n'importequel jour de la semaine. » Toutefois le Pontificalromain estime qu'il est plus convenable de faire cetteconsécration ou un dimanche ou un jour de fête. Siune coutume existe à ce sujet, il la faut respecter (t).

20 Obliça lion de fe4ner la veille de la cérémo-nie. - Elle existe pour l'évêque consécrateur etpour ceux qui ont sollicité la faveur d'avoir uneéglise consacrée cette dernière clause s'entend dulaïque fondateur ou bienfaiteur insigne de l'édifice,s'il fait cette demande à l'évêque ; elle s'entend ausside tout le clergé attaché au service de cette églisequand bien même quelques membres n'auraieùt pasémis un avis favorable à la consécration. Catalanidans son commentaire sur le pontifical romain ditque, cette obligation est fondée sur une coutumetrès ancienne puisque le Pape saint Léon le Grand

(s) citons ici une fois pour toutes, deux canonistes auxquels nous,çacris

noua référons souvent au cours de ce chapitre r S.lo MANY, Prœfeclit,nesd, Mi, , un vol. in.8, Paris, i904. P. GAseÀrtRs, Tractahes cargo.niezes de .55. .Eacharist/a, 2 in-8, Lugduni, 1897.

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en parle dans une lettre à l'évêque d'AlexandrieDioscore (z).

30 Préparation des saintes reliques. - La censé-crationd!.nne..église.jIe .peut se faire liciteffffrrâETrla consécration d,-un aute' fixe.blLa tae de cetatiîVlioifffre pierre et d -un seul morceauon y fait graver cinq croix, une au milieu et une àchacun des quatre coins : en avant de la croix du mi--lieu on fait pratiquer une cavité assez grande pourrenfermer les saintes reliques, on prépare une pierrequi devra fermer l'entrée de cette cavité: cette pierreseracimentée au cours de la cérémonie, après qu'onaura déposé les saintes reliques dans le sépulcre.La discipline actuelle exige sous peine de nullité dela consécration que l'on ait des reliques pour laconsécration des églises et des autels : conséquem-ment cette obligation est sous peine de péché grave.Ceci résulte d'une instruction adressée en 1877 àl'évêque de Rennes par la Sacrée Congrégation desRites : elle allègue en particulier un texte de l'Apo-calypse, de saint Augustin, puis la nécessité de rendreconformes à la vérité ces paroles Quorum reliquiœhic sunt que le prêtre doit prononcer au commence-ment de la messe en baisant l'autel. Pour la qualitédes reliques, toujours conformément aux parolescitées tout à l'heure, il faut que ce soient des reliquesde saints, et non simplement de bienheureux, de plu-sieurs saints et non simplement d'un seul. Faut-il quece soient des reliques de martyrs? quelques-uns Pontprétendu nos canonistes se montrent plutôt embar-rassés sur ce point et Gasparri conclut en disant qu'onvoudrait avoir une réponse pratique de la SacréeCongrégation des Rites pour trancher la question (2).

(j) CATALAN!, Pon2zflca?e Rorna,,urn, t. II, p. Si. Lettre Si,desaint Léon.(2) Opus dilatum, t. J, p. 236.

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Il est à peine besoin d'ajouter que ces reliques doi-vent être authentiques, c'est-à-dire garanties commetelles par l'autorité compétente.

Donc, la veille du jour où doit se faire la consé-cration de l'église, le Pontife s'étant procuré de cesreliques, les renfermera dans une boîte convenableavec trois grains d'encens il préparera autant deboites qu'il y n d'autels à consacrer (r) il y joindraune attestation par écrit de l'acte de consécrationqu'il va accomplir, et scellera le tout de son sceau.Puis il exposera les reliques dans un endroit distinctde l'église dont il doit faire la consécration sur unetable convenablement ornée, avec deux flambeauxallumés : les reliques demeurent ainsi exposées toutela nuit (2). La coutume qu'on avait au moyen âge dejoindre aux reliques des parcelles de la sainte eucha-ristie a été déclarée inconvenante (3).

° Vigiles. - Le Pontifical romain dit que devantles reliques exposées, on chantera les nocturnes cllaudes des saints dont on a les reliques. Dans uneréponse à l'évêque du Mans, la Sacrée Congrégationdes Rites dit que cela s'entend de matines, laudes,hymnes, cantiques et oraisons du commun, sans nomexprimé, car ce ne sont fias M des parties de l'officedu jour (14 juin 1845). Conséquemment, disent lescanonistes, la veillée doit durer toute la nuit tousles clercs de l'église ne sont pas obligés de s'y réuniren même temps, mais peuvent se succéder aux diffé-

(I) On peut, en effet, d'après la discipline actuelle, consacrer plusieursautels dans une consécration d'église.

(2) Rubrique du Pontifical romain. De Rassi, Ru?!. (iSp) ditfo is cettecette boite était dé métal précieux rien n'est prescrit aujourd'huià ce sujet. Gasparri, I, p. 235.

(3) Le card Botes, Reram liturqîcartim, lib. I, t. il. p. 6:, allègueA ce sujet une décision dinoocent HI inscrite au droit canon islueGasparri, t. I p. 23:, dit innocent IV ce se réfère à N. R. T. t. XII,P- 486.

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rentes heures ; ceux qui n'assistent pas ne sont pastenus à réciter en particulier ledit office qui n'est paspartie du pensum quotidien ; d'autre part ceux quile récitent devant les reliques ne doivent pas se croiredispensés de la récitation de l'office du jour en allé-guant l'adage Officium pro ojicio. Bref, il faut voirici une ancienne pratique de la liturgie gallicaneque le Pontifical romain a voulu conserver (i).

II. La cérémonie elle-même. — Nous voulonsdire quelques mots seulement au sujet du ministreconsécrateur et de l'essence de la consécration.

1 0 Ministre consécra leur, — Le ministre ordinairede la consécration des églises est l'évêque le droitcanon, qui en décide ainsi, s'appuie sur la pratiqueuniverselle de l'Eglise. L'évêque ne peut se fairesuppléer dans cet office par un simple prêtre; seul,le souverain pontife peut accorder une semblabledélégation à un simple prêtre ; comme cette loi estd'ordre purement ecclésiastique, il appartient au chefsuprême de l'Eglise de pouvoir y déroger on envoit des exemples dans l'histoire. Benoît XIV dit delui-même qu'il usa de cette faculté de déléguer unsimple prêtre (2). — Le droit de consacrer les églisesappartient à l'évêque du lieu pour toute l'étendue deson diocèse le Saint Concile de Trente défend auxévêques d'exercer dans un autre diocèse que le leurleurs fonctions épiscopales, à moins qu'ils n'aient lapermission expresse de l'Ordinaire du lieu les contre-venants sont frappés de suspense (3). Sans nul doutea dédicace des églises doit être rangée parmi lesfonctions épiscopales.

(t) GAspAx p r, opus citat., t. I, P. 236-239.

n' (,(3) Con,tic. Saftreosa d/sftosiiione (36 apr. t749). Builariun;, t. Ml,

Ô.(3) Coud!. fl-id. Ses,. 111, dc Reformai., cap. y.

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Dans les temps anciens, lies évêques se réunissaientnombreux à l'occasion de la consécration des églises,et plusieurs se partageaient souvent les parties de lacérémonie. Dans les temps plus rapprochés de nous,Benoît 311V s'autorisant de l'exemple de ses prédé-cesseurs prit un évêque pour l'assister dans la consé-cration de l'église de Saint- Apollinaire â Rome, et ilformule ce principe qu'une même église peut êtreconsacrée non seulement par un évêque seul, maispar plusieurs. A première vue, ce principe semble enopposition avec le texte du Pontifical, mais il ne fautpas oublier que les dispositions de ce genre sontd'ordre purement eccclésiastique. Les évêques peu-vent se partager l'aspersion des murs, la consécrationdes autels (s'il y en a plusieurs), • et même l'onctiondes croix sur les murs (z).

2. Essence de la consécration. —r L'essence de laconsécration de l'église doit être placée dans l'onc-tion, avec le saint chrême, des douze croix qui sontsuries murs et dans les paroles que le pontife pro-nonce au moment de Ponction (2). - Il est bien vraiqu'on ne peut licitement consacrer une église sansconsacrer au moins un autel, mais l'omission de laconsécration de l'autel ne rendrait pas nulle la consé-cration de l'église. - La S. C. des Ritcs(i9 sept. 1665)a statué que cet autel devait être l'autel majeur ouprincipal: cependant si celui-ci avait été préalable-ment consacré, on en devrait consacrer un autre aucours de la consécration de l'église. — Il n'est pasdéfendu de consacrer plusieurs autels au cours de lacérémonie: dans ce cas, s'il y a plusieurs évêquesqui y assistent, le pontife consécrateur se réserve

( s ) On trouve dans les muvres de Benoit Xlv, t. XVIII ((du Bullaire)des exemples à l'appui de cette pratique, notamment des papes saintLéon IX (1.49-1055), Gélase II, 0118), Calixte II (- 18114, etc.

(a) Décision de lx S. C. des Rites in Lis&onern, Il apr. 1654.

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l'autel principal et confie les autres aux évêques pré-sents. - n doit célébrer la messe après la consé-cration de l'église, mais comme le consécrateur peutse faire suppléer pour cette célébration par un simpleprêtre, on s'accorde généralement pour dire que lamesse n'appartient pas à la substance de la consé-cration,

III. Les conséquences de la consécration. - Ilen est qui relèvent plus spécialement du droit canoni-que ; nous ne les mentionnerons pas: nous ne voulonsparler que de la célébration de l'anniversaire. Fourtous ceux qui sont attachés à l'église consacrée, il ya obligation de célébrer cette dédicace, plutôt envertu d'une coutume que d'une loi écrite: dès la findu iv' siècle, la pèlerine Ethérie nous atteste l'exis-tence de cette pratique à Jérusalem. Dès le jour mêmede la consécration, les clercs dans les ordres sacrésdoivent prendre au Bréviaire l'office du commun dela dédicace à partir de tierce (heure qui coïncide avecla fin de la cérémonie) (i). Fuis chaque année, au jouranniversaire de la consécration, à moins que l'évêquen'ait fixé, une fois pour toutes, un autre jour, leclergé de l'église consacrée récite l'office et célèbrela messe du commun de la dédicace en tenant comptedes rubriques générales.

—o—CHAPITRE H

Le rite actuel de la dédicaceau point de ne liturgique.

Pour présenter un exposé clair et méthodique descérémonies de la consécration d'une église, il est bonde reproduire ici les divisions et subdivisions déjà

(,) Décision de la S. C. de, Rites û; flnongan. 7 d&b. 1844.

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données dans le chapitre rit de la première partienous distinguerons donc six actes principaux: i° lespréludes 20 la lustration de l'autel et de l'église;30 la translation solennelle des reliques; 4 q la consé-cration de l'autel et de l'église; 50 la bénédiction desornements; 6° la célébration de la messe.

I. Préludes. - Cette première entrée en fonctions'étend à toutes les prières préparatoires, aux céré-monies du début y compris celle des alphabets.

i° Au préalable, le pontife vient faire l'inspectionde l'église à consacrer pour s'assurer par lui-mêmeque tout est prêt, il fait allumer les douze cierges quisurmontent les douze croix autour des murs, sort del'édifice, en fait sortir tous ceux qui s'y trouveraient,laisèant uniquement à l'intérieur un diacre qui en ferala garde; puis les portes se ferment. - Devant lesreliques exposées, l'évêque assisté du clergé réciteles priresftréftaratoires elles se composent aujour-d'hui des sept Psaumes de la Pénitence (t), de l'invo-cation à la Très Sainte Trinité (2) avec l'oraisonActiones nos iras, et de la première partie des Lita-nies des Saints. Après les sept Psaumes de la Péni-tence (dont on ne trouve pas trace dans les anciensdocuments), l'évêque se revêt de l'amict, de l'aube,du cordon, de l'étole et de la chape blanches, puisse rend avec le clergé à la porte extérieure de l'églisenon content de s'être déjà reconnu pécheur, il pro-clame ici son impuissance, fait invoquer par le choeurl'assistance des trois personnes divines, demandeleur intervention pour l'accomplissement de l'oeuvre,et, comme effrayé de l'entreprise, il se. prosterne de

(s) Voir ces psaumes dans Popuscule Friéres et chégnonies de ladédicace des egiises. On y trouvera également les prières Indiquée.dans les notes qui suivent. -

(m) Ànt. Adesto ..,a Deus; or. Actiones et Litanies des Saints, item.

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nouveau pendant qu'on invoque tous les saints duciel.

20 Alors, par des exorcismes et bénédictions réité-rés (r), il prépare l'eau qui doit servir à l'aspersionextérieure. Les trois aspersions qui se succèdent ontpour objet de ravir à l'influence du démon l'édificeavec le terrain sur lequel il est bâti, d'assujettir cetédifice pleinement à Dieu qui a présidé à la construc-tion, en a uni toutes les parties et daigne le visiter enla personne de son ministre.

C'est la pensée qu'expriment les oraisons récitésaprès chaque aspersion (2). On remarquera aussi quel'Evêque faisant cette aspersion ne cesse de répéterIn nomine Fa fris.., c'est au nom de la Sainte Trinitéqu'il prétend agir. A ce litre aussi, il demande partrois fois qu'on lui ouvre les portes (3). Ainsi la céré-monie nous fait entendre la difficulté d'arracher audémon les éléments matériels depuis qu'il en estdevenu le maître par le péché de l'homme: de là desinstances réitérées dans les oraisons du pontife, dansles répons que chante le choeur (4). Parvenu à sefaire ouvrir les portes, l'évêque prend possession del'édifice, en marquant le seuil du signe de la croix,annonce la paix au nom du Sauveur Jésus qui choi-sit ici sa demeure (5).

3° L'hymne Veni Creatorappelle la bénédiction deDieu sur cette prise de possession c'est aussi pourcela qu'on répète les Litanies des Saints avec lessolen-

(i) Exorcizo te creature salie, - Jmmn,sam ckmenIiam - Exor-ciro te creatura aqua - Dette qui cd sciutem - Dette invicta.

(3) Or. O. S. D. qui in ornai loto, - O. S. D. guiper Filium iutm,O et M. D. qui sacerdotibus.

(3) Toute portes, et in dialogue, item.(4) R&p. Fundata est, - .Renedic Domino, - ru domine univcrso-

mm. .-(5) Ecce crucissignum, - Fax «sterne, - Zac/èac festinant.

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nelles invocations (z), que l'évêque après deux orai-sons (2) et pendant le chant du Benediclus (S)gravesur le pavé les deux alphabets grec et latin.

II. Lustration de l'autel et de l'église. - Toutce qui a été fait jusqu'ici n'est qu'un préambule de lacérémonie : c'est la prise de possession de l'édifice aunom de Dieu. Maintenant commence l'oeuvre de lapurification pour laquelle l'évêque implore le secoursd'En-liant (4), par une invocation trois fois répétée,sans y joindre le chant d'allégresse.

,0 Préparation de Peau lustrale. - L'eau bénitepour la purification extérieure ne suffit plus il fautune eau spéciale dans laquelle entrent les élémentsdu sel (symbole de la doctrine incorruptible) descendres (symbole de la pénitence) et du vin (symbolede la divinité du Sauveur). Les rituels de date posté-rieure ont appelé cette eau, eau grégorienne. Poursa bénédiction, le Pontifical romain contient de nou-velles formules; l'exorcisme et la bénédiction du seldisent la vertu médicinale de cet élément et rappellentla parole de Jésus à ses Apôtres: Vos estis sal terrai (5)l'exorcisme et la bénédiction de l'eau disent la vertude l'eau pénétrée d'une efficacité divine parle baptêmedu Sauveur (6), la formule de la bénédiction descendres, employée ailleurs, inculque l'idée de péni-tence (v), celle de la bénédiction du vin rappelle le

(z) Ut locum istum visitare... Ut ccclesiam et attare hoc benediceresanctsjicare et consecrars digneris.

(2) Proevenial nos - Magn(flcare.(3) Art. O guam nzetuendz,s et Renedictus.(4) CeNS in adfutorùent et Gloria Patri trois fois sans Allelssia.(5) Exoncito te... in nomine D. N. J. C. qui apo3tolis suis. - D. D.

F. O. qui banc,(6) Rrcorciro te... "t rsftellas - D. D. F. O. statuior onniun(elemen-

torum. -(7) 0. S. D. parce ftœnitenhbus. Mercredi des Cendres.

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DÉDICACE DES ÉGLISES49miracle de Cana (z). La longue formule, qui fait suiteau mélange des éléments, célèbre les prodiges opéréspar l'eau et est en partie empruntée à saint Ambroise:vers la fin, après que le pontife a marqué de la croixla porte intérieure de l'église, il est question de l'angegardien des sanctuaires où Dieu veut habiter (2).

° Lustration de l'autel. - Elle commence par larécitation de l'antienne Intro ibo et du psaumefttdica'ne, que le prêtre dit au début de chaque messe avantde monter à l'autel. L'évêque monte ensuite à l'autelpour y marquer de l'eau lustrale les croix gravées surla table; la croix du milieu rappelle plus spécialementla passion de Jésus, les quatre autres aux quatrecoins symbolisent l'efficacité universelle de son sacri-fice. En y traçant le signe de la croix, le pontife pro-nonce une parole de sanctification qui reviendrasouvent sur ses lèvres au cours de la cérémonie (S); ilconclut ce premier acte par une oraison qui rappellel'acte de Jacob dressant un autel au Seigneur aprèsla vision dont il fut favorisé (k) . Pendant les sept toursqu'il fait pour l'aspersion de l'autel, le choeur chante

,l'antienne Asperges me et le psaume Miserere: cesactes d'aspersion nous disent l'ardeur infatigable queles Apôtres doivent apporter à la sanctification desâmes purifiées par leur ministère.

3° Lustration de l'église. - Trois tours intéri6urssont accomplis pour l'aspersion des murs pendantquele choeur chante des antiennes et des psaumes (S).

(z) D. J. C. qui in Cana Caiil,roe. - Suivent les prières pour lemélange des élé,ner,ts.(a) Sancare frerverbum De?, etc... Voir saint Ambroise inS. La 1511 11h. X, ch. xxii, P. L., t. XV, col. 1908.(3) Sanctificetzer.(4) Singulare ilind trotitialorium.(5) Ant. Hoec est domus, et ps. .Lalatus soin ant. Exurgat Vesse,et p,. in Ecciesi.iç a' partie du ps. 67uni. Q,,i habitai, et ps. DicetDomino. -

DÉDICACE DES tousse

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50DÉDICACE DuS ÉGLISES

C'est qu'en effet la purification extérieure ne suffitpas celle du dedans prépare la maison de Dieu oùses serviteurs goûteront la joie, contre laquelle lesennemis du Seigneur seront impuissants, à l'ombre delaquelle on trouvera toujours la puissante protectiondu Très-Haut. Puis le pavé St aspergé et comme lavéâ fond pendant que le choeur chante les heureux effetsde cet 'acte (r): oui, c'est ici la maison de la prière,les anges du ciel en proclament la sainteté, Dieu ydemeurera tous les jours pour exaucer, protéger,sanctifier ceux qui y viendront,

40 Préface consécrato ire ou ,prire eucharistique. -L'acte de lustration se termine par deux oraisons (2)dont la seconde tirée en partie du deuxième livre desParalipomènes, eh, vi, servait autrefois de consécra-tion : elle est suivie aujourd'hui d'une autre formuleconsécratoire dont l'objet est de nous inspirer la plusgrande vénération pour nos églises (3) : c'est là, yest-il dit, que les prêtres offrent le saint Sacrifice,que les fidèles viennent payer à Dieu le tribut de leurshommages, qu'ils sont déchargés du fardeau de leurspéchés, relevés, guéris, comblés de toutes les grâcesdu ciel. - Alors se prépare le ciment avec l'eaulustrale et le reste de cette eau est répandu à la basede l'autel. -

III. Translation solennelle des reliques. - Cetacte qui a pris dans le Pontifical romain un caractèrede grande solennité et qui porte peut-être plus quetout autre des traces de son origine gallicane, estcomme un intermède entre la purification et la consé-cration du lieu saint. Le trône étant préparé, le

(t) Ant. Domrss mea, - Dilesi Domine, - Vidit Jacob.(2) Dens qui /oc., et Dens sancIificatioflum.(3) Préface Adeslo $rec?bns nosiris, adesto sacratnettiS. La, préface

de la messe de la déd i cace que certaines liturgies ont conservée, paraitinspirée des sentimentsexprimés dans cella-ci.

4

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DEOICACE DES ÛGLISES Si

moment est venu daller chercher les maîtres ouP intât Notre-Seigneur lui-même qui ne se séparepoint de ses serviteurs, les saints martyrs. On peut sefaire quelque idée de la pompe avec laquelle a lieucelte translation en lisant ce qu'en dit D. Ménard, quiinvoque à ce sujet le témoignage de Grégoire deT ours (r). Catalani raconte aussi qu'à une consécra-tion d'église faite par le pape, ce furent des évêqueset non de simples prêtres qui portèrent les reli-ques (2). On s'explique ainsi que notre Pontifical,par la profusion des chants, ait tenu à nous donnerune idée de ce qu'étaient ces marches triomphales,durant les siècles de foi.

Il y a comme trois étapes dans cette ovation faiteaux saints martyrs.

i° Le point de départ et la procession Jusqu'àl'entrée de l'église. - Après une demande de purifi-cation du coeur qu'on retrouve sur les lèvres duprêtre ait sacrifice de la messe (3), l'évêque faitfrimer ['encens devant les saintes reliques, des prêtreschargent sur leurs épaules ic précieux fardeau et l'onse met en marche en chantant des antiennes ou desrépons qui sont une invitation enthousiaste et pres-sante adressée à la personne même des saints (4).Puis, retentit le psaume 94 qui est comme une provo-cation à la louange et, au milieu de ces acclamations,on entend une prière qui semble rappeler les guéri-Sons opérées par le contact des saintes reliques (5).Le cortège arrive ainsi à l'entrée de l'église.

(.) D. MtNARO, Noies sur ic Sacramentaire Crégorien. P. L.,t. LXXVIII, coi. 423.(2) CATALAN!, Pontificale rom., t. Il, p. 127.(3) Aujer a nobis.(4) 0 quant gioriosunt esi - Morale vos sancti, - Ecce popu/ns, -Via sanciorum.(5) Foc nos, quœsumus Dom inc -

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DÛDICACE DES ÉcLIsas

20 Allocution du pontife. — Le peuple fidèle vaêtre admis à entrer dans l'édifice à la suite des saintesreliques il importe qu'il soit éclairé sur le caractèreet les conséquences de la cérémonie. Certains docu-ments anciens, comme un rus, de N.-D. de Reimsinvoqué par Catalani, disent qu'arrivé à l'entrée dulieu saint, l'évêque adresse au peuple une instructionsur l'honneur dû aux églises, sur les dîmes et sur lacérémonie même de la dédicace. Du long discoursrelaté par le Pontifical, il n'existe point de traceavant l'édition de Clément VIII (t). Ceux qui l'ontcomposé se sont inspirés de la pensée exprimée dansle ms. de Reims et l'ont rendue en se servant oude textes de la Sainte Ecriture ou de documentsempruntés au droit canonique. Les églises, y est-ildit, sont vénérables, parce que là seulement doitêtre offert le saint sacrifice; parce que les Hébreuxont eu leur sanctuaire en grande vénération, que lesempereurs romains convertis au christianisme onttraduit leur respect pour les édifices sacrés par toutessortes d'immunités et de privilèges. Que l'o n tiennecompte aussi de ce que saint Augustin a écrit ausujet des dîmes (2). Comme pour donner une sanc-tion à son discours, le pontife fait lire par l'archi-diacre deux décrets du saint Concile de Trente, lepremier contre les usurpâteurs des biens d'église, lesecond prescrivant le paiement des dîmes (3). La mêmepréoccupation lui fait interpeller le constructeur oufondateur de l'édifice; à lui et à ses héritiers seraaccordée la première place dans les processions,

(1) CATALANI, Pontificale Ro,n,, t. 'T, P. 129 1 et Coq.

(2) P. L.; t. XXXIX, CDI. 2259 r il parait bien pie ce sermon doitêtre restitué à saintC&Sire d'Arles.

(3)Concile de Trente, Ses. 22 caft. j ,, De Reforotatiofle. Ses. 25cefi. 1 g De Reforntatione.

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mais on veut savoir quel dot il assure à cette fiancéedu Sauveur qu'est l'édifice sacré (t).

30 Entrée dans (église. - Alors reprennent leschants de triomphe en l'honneur des saintes reliques,mais avant d'aller plus loin l'évêque marque d'uneonction avec le saint chrême la porte extérieure pourqu'elle soit vraiment l'entrée du salut et de la paix (2).

IV. Consécration de l'autel et de l'église. -Cet acte constitue comme le point central de toutela cérémonie aussi bien les' canonistes nous disentque là se trouve l'essence de la consécration. IL sedécompose lui-même en reposition des reliques etonction de la table d'autel, onction des murs del'église, prière eucharistique ou conscratoire.

10. Refiosilian des reliques et onctions de latable d'autel. - La cérémonie s'accomplissait autre-fois dans le mystère et comme dans l'ombre: un voileséparait le sanctuaire du reste l'église, les fidèlesn'entendaient que les chants et les prières sans aper-cevoir ce qui se faisait à l'autel. Une ouverture a étépratiquée préalablement au milieu de l'autel ; c'est làque doivent reposer les saintes reliques comme dansun tombeau. L'évêque fait à l'intérieur, des onctionsavec le saint chrême il y place ensuite le sacrédépôt et scelle lui-même la pierre qui ferme l'entrée dece sépulcre t cette pierre devra désormais ne plusformer qu'un seul tenant avec la table d'autel, l'enle-ver ou la briser serait faire perdre à l'autel sa consé-crationPendant toute cette opération, le choeur chantedes antiébnes (3), après quoi le pontife récite uneoraison qui résume les voeux et les intentions de

(s) Scias, fraler char,ssime. - Vidée de dot en faveur des édificessacrés est déjà dans S. CstRrsostnMa, Homilia XVIII in Act. Aftost.

(s) Dornum inam ingreeie,-e - Parla, sis ôenea'icla, - Jnj'redims'ni,- Ilxullabnnl, et ps. 149- '5°.

(3) Suô allers Dei, -- Corpora sanclorttrn.

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tous (s). II marque d'une nouvelle onction du saintchrême la partie extérieure du 'tombeau et encensel'autel (2), l'encensement doit alors se continuer sansinterruption jusqu'à la fin de l'acte consécratoire, unprêtre l'accomplit pendant les moments où l'évêquepratique les onctions. Par trois fois le pontife marqued'une onction les cinq croix incrustées sur la tabled'autel, les deux premières fois avec l'huile des caté-chumènes, la troisième avec le saint chrême ; hchaque onction il répète la même formule (3), pen-dant ce temps le choeur chante des antiennes et despsaumes (4). Le pontife s'interrompt pour entonner unrépons, encenser l'autel et dire une oraison (5). Pen-dant une quatrièmeantienne ctunquatrièmepsaume(6)il répand sur toute la table et mêle ensemble l'huiledes catéchumènes et le saint chrême pour que lapierre en soit tout imprégnée et toute pénétrée onchante une cinquième antienne et un cinquièmepsaume (7), puis l'évêque en une dernière formuleexprime le résultat des onctions répétées (8). (Jus-qu'à ce moment les psaumes sont chantés sans GloriaPatri à la fin, comme pour marquer le caractère depurification des cérémonies.)

2 Onciions des murs de l'église. - Sur les mursont été gravées ou peintes des croix qui doivent êtrepour les générations futures une marque et une attes-tation de l'acte de consécration. Sur chacune de ces

(s) Deus qui ex omnium cohabitalione.t') Stetit angeina, - Dir,çatur ara tio mea.(S) Sanciifitetur et consecretur latis jeU(4) Erexit Jacob etps. 83, Qseam diiectaAtone surgens, pL g,,

]?onum est; U,,xii te Drus, p,. 44, Rn.ctazn?.(5) Rip. Dir(&'a tnr (3 fois); oraisons: Ads,t, Ont, - Adesto J.?ne.

O. S. J). altare hoc. - Descendat.(6) Ans. SanctMcavit et ps. 43, Ocres noster,refugium.() Ecce odor, et ps 56 Fundamenta tins.(5) Lapidern Sono fratres.

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croix où brûlent les cierges allumés dès le Commence-ment de la cérémonie, l'évêque vient faire une onctionavec le saint chrême en prononçant une formule (i),et immédiatement après chaque onction, il encense lacroix. Pendant ce temps le choeur exécute desantiennes, un psaume et des répons auxquels semêlent cette fois le Gloria .Pafri et i'allelluia (2).L'évêque revient ensuite à l'autel où par une antienneet plusieurs oraisons (3) il prépare les fumigationsd'encens qui vont embraser et embaumer l'autel toutentier. C'est comme une oblation d'holocauste surlaquelle on appelle les flammes de l'amour divin (.).La combustion terminée on nettoie la table d'autel, lepontife y fait descendre les bénédictions du ciel enune prière qui devient:

3 Préface consécraloire (5) : elle exprime lareconnaissance pour le choix que Dieu n daigné fairede ce temple sacré, le voeu de voir réaliser dans sonenceinte sous le regard des anges ce qu'Abraham etjacob se proposaient d'obtenir le premier, par l'immo-lation de son fils, le second par l'autel érigé à l'endroitde sa vision céleste. Le tout se termine par l'antienneConfirma hoc, le psaume Exurgaf Deus, un chant detriomphe après le combat ; enfin une dernière onctionsur la partie antérieure de l'autel, sur les jointures, etdeux oraisons (6) pour attirer les regards favorablesdu Seigneur sur les sacrifices offerts en ce lieu, ter-minent le quatrième acte.

(I) Sancllficeinr et cousecrel*r hoc templum.(2)J..apides pretiosi ç p,. 147, Lande Jerusalem; rep., H.zc est fers-

salent, - Flatea tua. -(3)£dzftcavit Moyses, - Dci Pelvis ontui., - D. D. O. cul essieu.(.1) AIleluia veni Sonde Spirilus, - Ascendil fui', us, - Stetit

angelus.(5) D. O. in czgus et préface Ut propension cura.(6) Majeslatetu tuant, - Supplices.

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56 DÉDICACE DES ÉGLISES

V. Bénédiction des ornements et objets du culte.— Vêture de l'autel. C'est l'acte complémentaire de laconsécration, beaucoup plus court et bien moinscompliqué que les précédents.

j . Bénédiction. - Le Pontifical romain n'a conservéqu'une formule commune à la bénédiction des orne-ments sacerdotaux et des ornements de l'autel (z). Lesdocuments anciens sont beaucoup plus riches enformules et ajoutent même, en cet endroit, les prièrespour la consécration des vases sacrés, patène, calice:on suppose maintenant que ces objets ont reçu leurconsécration en dehors de la présente cérémonie, fortlongue en elle-même.

2. VIdure. - Comme l'enfant aussitôt après sonbaptême, l'autel qui vient d'être consacré reçoit sonchrémeau (2), (ainsi nommé sans doute àcause de soncontact immédiat avec la partie qui a recu l'onction dusaint chrême): c'est la première nappe qui est ienmé-diatement encontact avecla pierred'autel. La rubrique,en conformité avec un usage très ancien, exige quepour la célébration de la messe l'autel soit recouvertde deux autres nappes (3). On place aussi sur l'autella croix et ]es chandeliers, et pendant ce temps lechœur exécute des chants d'allégresse (.). L'évêquemontant à l'autel fait une inclination à la croix,entonne l'antienne Omnis terra, qu'il reprend jusqu'àtrois fois entre trois encensements, conclut par deuxoraisons (5), le Dorninus vobiscum et BenedicamusDomino.

(z) O. et M. D. çsti ab initio.(2) Chrismale, Sert paonrun Iinertm cerattim.(3) CA-A1.Aru, J'ont&ffca/e romannm,tom. hp. 18 7 , renvoie s CAVANTUS,Yhesazirns sacrorum ritssnnt.(4) Circn,ndaie, Leviter, - Circnmdate Sion,—Jneinit te Dominzzs; ant.

In velamento, et pa. 6z, Verts, Dette, encra.(S) Descende! qnœsnrn,rs, Domine, — O. S. O. a/tare.hoc ,rorni,,i tua.

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VI. Célébration de la messe. -Le pontife consé-crateur célèbre lui-même ou se fait suppléer par unsimple prêtre. Le saint sacrifice sera célébré pendanthuitjours consécutifs,avec les mêmes formulesjropresà la solennité. Ces formules, qui se trouvent mainte-nant après le commun des saints dans nos missels etnos paroissiens, sont empruntées aux plus anciensSacramentaires: elles traduisent les sentiments devénération, de saint tremblement et de confiance quedoit nous inspirer la maison de Dieu. Ainsi l'Introïtnous rappelle l'impression de Jacob après sa visionau désert et nous dit aussi la confiance du saint roiDavid à la vue du Tabernacle; les mêmes sentimentsreparaissent dans le Graduel et l'Alleluia. L'Offertoireest emprunté aux paroles de David, après qu'il eutterminé les préparatifs pour la construction du temple;et la Communion nous dit quelle estime Notre-Seigneur veut que nous ayons pour la maison de sonPère. L'Epître nous rappelle comment la célesteJérusalem apparut à l'apôtre saint Jean et l'Evangilenous dit la condescendance de Notre-Seigneur quandil voulut s'arrêter dans la maison du publicain Zachée.Des sentiments analogues à ceux exprimés dans cesformules sacrées doivent naître dans nos âmes chaquefois que dans nos églises nous assistons au saint sacri-fice de la messe ou que nous venons dans nos templespour prier.

—o-

CHAPITRE III

Le rite actuel de la dédicace au pointde vue symbolique.

La cérémonie décrite dans les pages précédentesdevait plus que toute autre donner occasion à desleçons pratiques et à des interprétations mystiques,

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pour ce motif, dès ]es premiers temps, une consé-cration d'église était toujours accompagnée d'undiscours destiné à en expliquer le sens. Il serait troplong d'analyser ici tous les sermons prononcés enpareille circonstance, depuis celui d'Eusèbe à la dédi-cace de l'église de Tyr, en passant par les explicationsdes Pères grecs et latins, pour arriver à celles desliturgistes du moyen âge. A l'époque où parurent cesdernières explications (dire le Ixe et ic XIV5 siècle),la cérémonie avait reçu des surcharges et des compli-cations de prières et de rites, on éprouva le besoin desystématiser l'interprétation, d'établir des rapproche-ments entre ce rite et celui des autres sacrements (z).IL y a bien des détails à élaguer dans • ces oeuvres etcelles qui suivirent . ; retenons ces deux points prin-cipaux, la dédicace d'une église est comme unbaptêrne(2) de l'édifice sacré, elle représente l'union(3)(sorte de mariage) entre Dieu et son temple matériel.

La dédicace est un ôafttéme: elle en a les prépara-tions, le rite principal, les conséquences. Le rappro-chement sera plus sensible si l'on considère unbaptême d'adulte.

a) Les préparations; ce sont l'enseignement de lafoi, les exorcismes et les prières.

L'enseignement de la foi est présenté à l'âme païennedont le ministre de Dieu tâche d'ouvrir l'intelligenceen la marquant du signe de la croix; c'est la périodedu catéchuménat. Tout ceci est symbolisé dans noirecérémonie de la dédicace par les douze cierges allumésle long des murs de l'église, ils représentent les douzeapôtres prédicateurs de la .doctrine du salut (d.);

(z) On peut lire, à ce sujet, les ateurs liturgistes signalés dans lechap. in de la première partie, et y joindre, si l'on veut, ceux des âgessuivanis comme G. DuISAND dans son Rational des divins offices.

(s) Yvss ut C5TARTRES, .S'ermo de ,S'acramentis deeffrationis.(3) Hù&ùsiut n'AuTUN: Cem,na a,zimm et SicAizo 0E cRâSosu: Mitrale.

(4) Yves de Chartres et Remi d'Auxerre.

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ensuite par les deux alphabets tracés sur le pavé, carils contiennent tous les éléments par lesquels estexprimée la divine doctrine, rappellent la simplicitéde la foi que Notre-Seigneur envoya annoncer auxsages et aux puissants du monde (i). L'enseignementpénètre dans l'intelligence par la vertu de la croix àmesure que s'éloigne le prince des ténèbres: c'est ceque marquent les trois coups frappés à la porte del'église, la croix tracée sur le seuil, les alphabetstracés sur la croix de cendres. Les représentants deJésus ont hérité de la puissance du divin Maître, ilscommandent au ciel, à la terre, aux enfers, rien nérésiste au signe de la croix.

Les exorcismes et les prières. Il s'agit de chasser ledémon du temple matériel comme de Pâme encorepaïenne: dans les deux cérémonies le ministre deDieu parle avec autorité à l'esprit de ténèbres, réitèreses commandements et ses signes de croix, mais il n'agarde d'oublier que le triomphe est attaché àla prière,voilà pourquoi aussi il multiplie ses formules desupplication. Ce détail est particulièrement frappantdans la double préparation de l'eau pour la purifica-tion de l'église: celle de l'eau lustrale semble nousdire que l'on arrive à l'union à Dieu et à la sanctifica-tion par les leçons de la divine sagesse (sel), par leslabeurs de la pénitence (cendres), par la foià l'huma-nité et à la divinité réunies en Jésus-Christ (eau et vin).

Mais il faut venir an ) rite princijsal. - Dans lebaptême actuel, il se ramène à l'ablution par l'eau età l'onction de l'huile sainte et du saint chrême. L'ablu-tion purifie des taches et souillures du péché, l'onctionmarque plus spécialement l'infusion du Saint-Espritdans l'âme qu'il embaume de l'odeur des vertus. Ilsemble que l'une et l'autre aient été multipliées à profu-

(s) Ho,,orius d'Autun, Remi d'Auxerre, Yves de Chartres, saint PierreDamien.

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sion pour la sanctification de l'église et de l'autel. Yvesde Chartres essaie d'expliquer la triple aspersion en tarapprochant de la triple immersion par laquelle onadministrait le baptême dans les temps anciens « Nepouvant, dit-il, opérer la triple immersion de l'édificepour sa purification, nous y suppléons par une tripleaspersion (i). » C'est bien : mais il y a non seulementune triple aspersion de l'église à l'intérieur avec l'eaulustrale, on a commencé auparavant à asperger troisfois les murs extérieurs avec l'eau bénite ordinairepuis il y a les multiples aspersions de l'autel, Peaurépandue à la base de l'autel, l'eau répandue sur lepavé. Pour Remi d'Autun, il y a dans cette répéti-tion d'aspersions et d'effusions un symbole de la grâceseptiforme répandue par l'Esprit-Saint, des humilia-tions du Sauveur voulant par l'effusion de tout sonsang. briser la dureté de notre obstination, une indica-tion de l'ardeur que doivent apporter les ministres dejésus pour rendre plus purs et plus parfaits ceuxqu'ils ont initiés à la foi (2). Quant aux onctions mul-tiples, le même Remi d'Auxerre voit en particulierdans les deux onctions réitérées de l'huile sainte etdans Fonction du saint chrême sur les croix de latable d'autel, le gage de communication des troisvenus de foi, d'espérance et de charité absolumentindispensables pour le salut, la dernière étant la plusexcellente de toutes (3).

c) Les conséquences de la dédicace comme dubaptême, sont l'union intime avec Dieu de mêmeque selon sa promesse. il vient dans l'âme du nou-veau baptisé pour y faire sa demeure, de même par

(,) YVES DE CHARTRES, De Sacramenfis dedicationis. P. L., t. CLXII,col. 537.

(2) ItEM! D'AUXERRE. De ded,atione ecciesia, P. L., t. CXXXI,o!. 855.

(3) ItEMS D'AUXERRE, item. La mémo pensée est dan, SicAno DECREMONE, Mitrale. P. L., t. CCXIII, col. 36.

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la reposition des reliques des saints dans le tombeaude l'autel, Notre-Seigneur fait de l'autel et del'église sa demeure pour toujours. Ce n'est passeulement un assemblage de pierres que nous avonssous les yeux, c'est une demeure impérissable forméede cet assemblage de pierres précieuses, qui sont lessaints eux-mêmes, unies pour toujours à la pierreangulaire qui est le Sauveur Jésus en personne (t).

La dédicace est une sorte de mariage mys figueentre Dieu et nos temples matériels : n'est-ce pas laconséquence de ce qui vient d'être dit ? - L'idée decette union est d'ailleurs répétée à tout instant dansles formules du Pontifical où nous lisons les parolesdu patriarcheJacob : « C'est ici la maison de Dieu et laporte du ciel » les paroles citées par Notre-Seigneurdans le saint Evangile .: « Ma maison est une maisonde prière. » - « Cette consécration, dit Sicard de Cré-mone, opère deux effets: elle fait de l'édifice matériella propriété de Dieu, elle marque aussi notre union àl'Eglise et par l'Eglise à Dieu même. Une église nonencore consacrée est comme une fiancée qui n'a pointde dot; est-elle consacrée, elle reçoit une dot faite desbénédictions du ciel.

c<De ce fait elle devient comme l'épouse de Jésus-Christ, le palais du Roi éternel dans lequel il habitepar sa grâce et par sa réelle présence au Saint Sacre-ment. L'employer à d'autres usages que la louangede Dieu, c'est commettre un sacrilège (2). » L'égliseconsacrée est vraiment le lieu saint que le Seigneursignalait à Moïse dans le buisson ardent: « Ce lieuoù tu es est une terre sainte » en.y entrant nous nedevons plus songer qu'à nous y entretenir avec lesanges, avec les saints, avec Dieu lui-même que lerespect nous y tienne dans un profond abaissement en

(I) Item, col. 864.(,) S,c.&x» on CsSona, Mitrale. P. L., t. Ccxli!, col. 28.

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songeant à la Jérusalem céleste dont nos édificessacrés sont la figure et le vestibule. »

Saint Thomas d'Aquin consacre tout un article desa Somme théologique à la consécration des égliseset des autels. A la question de savoir s'il convientque le saint sacrifice soit offert dans des édifices et surdes autels consacrés, il répond affirmativement, parceque, dit-il, cette consécration représente la sanctifica-tion procurée aux fidèles par la passion du Sauveur,la sainteté de vie de tous ceux qui participent à cesacrement adorable, l'esprit de dévotion qu'inspirentà tous les fidèles ces édifices matériels ainsi appro-priés à la célébration du culte divin W.Un autre auteur du moyen âge, saint Bruno,d'Asti, dans un exposé qu'il intercale entre les sacre-ments de Baptême et de Confirmation a un mot d'ex-plication pour chacun des rites de la dédicace. Lesanalogies qu'il relève se rapportent surtout à cesdeux sacrements : qu'on en juge par ces quelqueslignes: «L'autel est notre coeur : le coeur est en effetdans l'homme ce que l'autel est dans l'é glise. Ainsipar la prédication évangélique et la vertu sanctifica-trice de l'Esprit-Saint, l'autel du coeur et l'hommetout entier sont purifiés et rendus saints. L'autel a étéaspergé et comme baptisé par l'eau: reste à le confir-mer par l'onction du saint chrême... De même queles saintes reliques sont déposées dans l'autel, demême l'autel de notre coeur ne peut se passer d'unpareil trésor: ce qui se réalise quand nous nous péné-trons des paroles et des exemptes des saints, et quandnous confions à notre mémoire quelques-unes de leursmaximes (2).»

Il faut renoncer à prolonger ces citations aussi(z) Stemma 14cc!., tir, p., q. 83, e. 3 ad 3 et ad Ç.(z) S. Bruno ASTENS,S, Dc Sccramentfs.Eccles,,r P. L., t. CLXV,coi. 1091 et Seq.

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bien la méditation attentive des prières et cérémoniesdu Pontifical fera-t-elle beaucoup plus d'impressionaux âmes qui voudront s'y appliquer. Une dernièrepensée pour terminer de même que l'Eglise nousinvite à nous rappeler souvent notre baptême pouren témoigner à Dieu notre reconnaissance, de mêmeelle a voulu que la fête anniversaire de la dédicacede nos temples matériels vint nous rappeler chaqueannée avec quels sentiments nous devons nous pré-senter dans la maison de la prière. A l'offrande deJésus, la victime par excellence, il faut que noussachions unir l'offrande pleine et parfaite de nos âmeset de nos corps et demander au Seigneur que parsa grâce toute-puissante nous arrivions au bonheuréternel (r).

(r) Secrète de la nese de la dédicace, An,,:,: quzsttflfles.

j.. ..........

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TABLE DES MATIÈRES

Pages.INTRODUCTION ..................................3,

PREMIÈRE PARTIE

Le développement historique du rite de la dédicace.

CHAPITRE PREmER. - Les origines du rite romain de ladédicace........................................

CHAPITRE II. - Le développement du rite de, la dédicacedans les Sacramentaires. (vif aux'sièclt) ...........14Article J. - Le rite de la dédicace dans les Sacramen-

taires de la liturgie latine .......................iSArticle .1.1. - Essai de fusion entre les liturgies sur le

rite de la dédicace...............................CHAPITRE III. - Le rite de la dédicace d'après les litur-

gistes du if au xiif siècle, et d'après quelques documentsdu xv' sièc le ..... ................................33

DEUXIÈME PARTIE

Les règles canoniques et liturgiques du ritede la dédicace et son symbolisme.

CHAPITRE PREMIER. - Le rite actuel de la dédicace aupoint de vue canonique. . .........................40

CHAPITRE Il. - Le rite actuel de la dédicace au point devue liturgique ...................................45

CHAPITRE III. - Le rite actuel de la dédicace au point devue symbolique ...................................

1072-08. - lniprmerie dcl Orphelin,-Apprnntis, F.rue La Fontaine, Paris.