Actusoins Magazine n°19 décembre 2015
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EN IMAGES
EN ONCOLOGIEFACE AUX JEUNES
COMBATTANTS
DOSSIER
VACCINATION :LA GRANDE HÉSITATION
A LA UNE
PLAN BLANCPOUR UNE NUIT NOIRE
DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016N°19
RETROUVEZ L’ACTUALITÉ INFIRMIÈRE AU QUOTIDIEN SUR WWW.ACTUSOINS.COM
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EDITO
Éditeur : ActuSoins SARL - 57 Rue de L’Ouest - 75014 Paris - R.C.S. PARIS 520180688Directeur de la publication : Kamel Boudjedra • Numéro de commission paritaire : 0613 W 90939 ISSN : 2256-6260Dépôt légal : à parution • Rédactrice en chef : Cyrienne Clerc
([email protected]) • Ont collaboré à ce numéro : Delphine Bauer, Olivier Blanchard, Olivia Dujardin, Caroline Guignot, Simon Lambert, Emilie Lay, Laure Martin, Laurence Piquard, Elsa Sabado, Malika Surbled, Philippe Viseux de Potter. • Photo de couverture : © C. Beaujard/BSPP • Graphisme : Pascal Fossier • Illustrations : Nawak
• Impression : Rotimpres • Routage : Routage Catalan • Contact rédaction : 09 72 40 47 17 - [email protected] • Contact annonces d’emploi/formation/publicité : 09 54 53 45 45 - [email protected]
MobilisationPlus rien ne sera pareil après le 13 novembre.
Une phrase entendue du côté des politiques…
également valable pour les soignants qui ont vécu,
cette nuit de Plan blanc, l’affl ux de victimes. Ils se
sont mobilisés de manière « exemplaire », comme
l’a souligné la ministre de la Santé. Plusieurs infi r-
miers témoignent pour ActuSoins de cette mobilisa-
tion et partagent leur ressenti mais aussi leur retour
d’expérience.
Du côté des infi rmières libérales, l’heure est aus-
si à la mobilisation contre la loi dite de « mo-
dernisation de notre système de santé » votée le
17 décembre. Mais l’État d’urgence, puis la trêve
des confi seurs, ont eu pour l’instant raison de leur
combativité. Ils trouveront dans ce numéro des
informations sur deux sujets qui les préoccupent :
la clause de non-concurrence et le DMP.
Dans votre magazine, partagez également le vécu
de professionnels qui se mobilisent face à l’handi-
cap, d’autres qui soignent les migrants, ceux qui
prennent en charge des jeunes atteints de cancer
ou encore des infi rmiers qui font le choix de deve-
nir formateurs.
Enfi n, parmi les sujets qui font débat : la vaccina-
tion. Tant pour les patients que pour les soignants.
C’est l’objet de notre dossier.
ActuSoins vous souhaite une excellente année
2016… et une bonne lecture ! n
CYRIENNE CLERC – RÉDACTRICE EN CHEF ACTUSOINS
ABONNEZ-VOUSEN PAGE 43
A LA UNE - « Plan blanc » pour une nuit noire - Deux infi rmiers sapeurs-pompiers en première ligne
4VIE LIBÉRALE 22 - Concurrence : les règles à respecter
- A quand un engouement pour le DMP ?
- Personnes âgées : éduquer pour prévenir les chutes
PRATIQUES 12 - Cathéter périnerveux : une technique d’analgésie en postopératoire
- Les pansements et leurs utilisations
VIE PROFESSIONNELLE - Rapprocher le soin et l’aide à domicile : une expérimentation
- Erreurs : signaler, analyser et prévenir
- Pour les sourds, la communication au cœur des soins32
À LA LOUPE - Un centre pour soigner les maux des migrants
40
DOSSIER - Vaccination : la grande hésitation 46
PORTRAIT - Florence Ambrosino : promouvoir la « pratique avancée »
52EN IMAGES - En oncologie, face aux jeunes combattants
5458
SOIGNANTS D’AILLEURS - Thaïlande : l’attrait du privé
INITIATIVE - Auprès des handicapés, du temps pour la coordination
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SOIGNER AUTREMENT - La relaxation, pour des élèves moins angoissés
60SE FORMER - Se former en jouant - Infi rmier et formateur vacataire dans un IFSI64
L’ACTUALITÉ SCIENTIFIQUE 10
AGENDA 70VOS DROITS 62
ACTUSOINS • 3 • NUMÉRO 19 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • à la une
« Plan blanc »pour une nuit noireC’était un vendredi soir, à 21 heures. Des soignants quittaient leurs blouses et leur fatigue
pour entamer un week-end mérité, d’autres prenaient leur relais. Quelques minutes plus
tard, ce 13 novembre, les terroristes commençaient leur ballet macabre. La mobilisation
est totale. Anne, Guillaume et Emmanuel, infirmiers, témoignent pour ActuSoins.
© Pourya Pashootan / AP-HP
Hôpital Saint-Louis, salle de réveil dans la nuit du 13 au 14 novembre 2015.
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 4 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • à la une
Saint-Louis, au cœur du carnageVéronique, pour rentrer chez elle, emprunte la rue Bichat.
Surgi de nulle part, un jeune homme court dans sa di-
rection : « Ma grand-mère est blessée ! Elle a reçu des
balles ! ». Ni une, ni deux, l’infirmière en civil arrête un
camion de pompier, réquisitionne un brancard et secourt la
vieille dame, avant de rentrer alerter ses collègues. La pre-
mière victime de cette nuit d’attentats est inscrite à 21 h 42
à l’hôpital Saint-Louis qui jouxte les deux restaurants ciblés.
Peu après, Anne Pouessel, sa cadre supérieure de santé,
reçoit un appel de Jean-Paul Fontaine, le chef du service
des urgences de l’hôpital du Xe arrondissement. « Tu peux
venir ? » Elle quitte ses confitures, prend sa voiture et avale
les quatre-vingts kilomètres qui la séparent du Canal
Saint-Martin pour prendre son poste de coordination des
infirmiers et aides-soignants. Éparpillés dans les restaurants
et cafés environnant leur lieu de travail, un grand nombre
d’entre eux se présente spontanément. « Je suis responsable
du planning et j’ai dû en renvoyer un certain nombre chez
eux. Il nous fallait de la réserve de personnel, au cas où
une autre attaque survenait dans la soirée », explique cette
cadre. Pour les soignants de Saint-Louis, c’est le choc : le
Carillon est leur base arrière, l’endroit où ils décompressent
après le travail.
Saint-Louis accueillera vingt-sept blessés par balle. « Les mé-
decins sont descendus aux urgences pour aider à trier les
blessés. Urgence absolue ou urgence relative, tout dépen-
dait de la localisation de la balle, et eux seuls pouvaient
le déterminer, raconte Anne Pouessel. Pendant ce temps,
les infirmiers s’activaient : perfusions, antalgiques, panse-
ments… Mais surtout, nettoyage des boxes. Jamais nous
n’avions vu autant de sang dont l’odeur entêtante flottait
partout ».
Cette nuit-là, tout l’hôpital est sur le pont. La direction et les
cadres sont aussi revenus en urgence. Ils assurent la logis-
tique : l’organisation des hommes, mais aussi la fourniture
de lits-porte, de draps, de bouteilles d’eau. « Il régnait une
atmosphère bizarre, très calme, très solidaire. Il n’y avait
plus de place pour les conflits personnels », souligne-t-elle.
Alors que les patients sont encore au bloc opératoire, à
une heure du matin, le téléphone commence à sonner sans
discontinuer. Ce sont les familles, folles d’inquiétudes, à
la recherche de leurs proches. « Certains appelaient de
loin. D’autres se déplaçaient à l’hôpital, dans la nuit, puis
le lendemain matin. Dans ce malheur, nous avions une
chance : nous avions identifié tous nos patients, et pouvions
répondre avec certitude à l’anxiété de ces parents », relate
cette cadre de santé.
Puis, « les victimes, comme les personnels, ont commencé
à décompenser. Notre hôpital, une référence pour le trai-
tement des cancers, dispose d’un bon nombre de psys,
appuyés par des équipes de Lariboisière », explique-t-elle.
Viennent ensuite les réunions de « débriefing ». Plusieurs
dysfonctionnements sont relevés, des points à améliorer
pour la prochaine fois, en espérant qu’il n’y en ait pas. Le
premier, lié au manque de personnel habituel à l’hôpital :
« Lorsque les premières victimes sont arrivées, il n’y avait
que trois aides-soignants. Et l’un d’entre eux était sorti avec
un brancard pour aller chercher les victimes du Carillon.
Résultat, nous manquions de bras pour porter les victimes ».
Deuxième faiblesse, les problèmes technologiques : « Aux
urgences de Saint-Louis, seuls les abonnés à SFR ont du
réseau. Lorsque le fixe est sans cesse occupé, cela pose
des problèmes pour communiquer avec nos collègues ».
Dernier point : le logiciel informatique, très lent, ne permet
pas de répondre à un afflux de victimes, ce qui peut causer
une certaine désorganisation. Mais une grande fierté est
également ressortie de ces échanges et des multiples ap-
pels de remerciements des familles des patients.
À l’Hôtel-Dieu, la prise en charge psychologique et policièreGuillaume Gandoin partageait son repas avec son
collègue, le Dr Kierzec, lorsque les « push » de BFM, l’ont
alerté sur son portable. « Nous avons appelé les respon-
sables de garde, pour savoir si c’était vrai, s’ils avaient
besoin d’aide. Le premier blessé par balle venait d’arri-
ver », raconte l’infirmier. Les deux compères se précipitent
vers l’hôpital. Titulaire d’un diplôme d’Etat d’expertise dans
la gestion des interventions d’urgence sanitaire, ancien se-
couriste à la protection civile de Paris, le jeune homme a
voix au chapitre dans la « cellule de crise » de l’hôpital. Le
Plan blanc, il connaît par cœur : « Nous nous réunissons
environ quatre fois par an, en fonction de l’actualité, pour
élaborer des schémas de circulation des patients, anticiper
les moyens nécessaires, tenir à jour la liste des personnels
pour savoir qui rappeler », détaille l’infirmier.
Comme le 11 janvier dernier, lors des attentats de Charlie
Hebdo, il faut mettre en pratique la théorie. « On se doutait
que le Plan blanc allait être déclenché, alors on est passé
dans les services pour briefer les gens, organiser les salles,
terminer au plus vite les affaires courantes », raconte-t-il.
Voisin du Quai des Orfèvres, l’hôpital est choisi pour
prendre en charge les « impliqués », ceux qui ne souffrent
pas de blessures physiques mais ont assisté au drame.
« Nous assurons les urgences médico-judiciaires toute l’an-
née, et nous avons donc une expertise sur la circulation
entre l’hôpital et la police. Ce soir-là, c’était très important,
car les policiers avaient besoin des dépositions des impli-
qués », poursuit Guillaume Gandoin.
“Je suis responsable du planning et j’ai dû
en renvoyer un certain nombre chez eux.
Il nous fallait de la réserve de personnel, au cas
où une autre attaque survenait dans la soirée.
”
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 5 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • à la une
Chargé de rappeler ses collègues infirmiers, il se saisit des
listes tenues à jour : « J’ai réfléchi à ceux qui se trouvaient
au plus près de l’hôpital, j’en ai rappelé trois. Certains sont
revenus spontanément, mais comme nous ne connaissons
pas tout le monde, nous ne savions pas qui laisser rentrer
ou pas ».
Rapidement, les cellules d’urgence médico-psychologique
de Paris et des Hauts-de-Seine viennent prêter main-forte.
« Avant, la prise en charge psychologique des victimes s’ef-
fectuait là où se déroulaient les événements. Aujourd’hui,
nous craignons le « sur-attentat » et nous acheminons les
victimes vers les hôpitaux. Et avec raison : au Bataclan, l’un
des terroristes est revenu constater son œuvre ce soir-là »,
poursuit-il.
En tout, cinquante impliqués et dix blessés physiques passe-
ront ce soir-là par l’Hôtel-Dieu. « Il faut garder groupées les
urgences psychologiques et somatiques. Certains impliqués
pensent qu’ils vont bien, alors que le choc leur a fait com-
plètement oublier leur diabète. Nous devons vérifier leurs
constantes, prendre leur tension etc. », détaille cet infirmier.
Les jours suivants, le défilé des « impliqués » continue, jusqu’à
atteindre cinq cents personnes. « Tout s’est plutôt bien passé,
nous avons vraiment bien travaillé », estime Guillaume Gan-
doin. La seule chose à améliorer ? « Si toute la nuit, nous
avons travaillé en parfaite synchronie avec la Croix Rouge,
les associations de secourisme, le SAMU, les psys, la bri-
gade criminelle, nous ne nous attendions pas à ce que la
mairie du 11e arrondissement mette en place sa propre cel-
lule psychologique. Ils envoyaient ensuite les victimes chez
nous, ce qui leur a donné un sentiment de dispersion qu’on
aurait pu leur épargner », conclut cet infirmier.
Lariboisière, destination des « urgences absolues »Emmanuel est infirmier au SMUR. À 23 heures, le télé-
phone le réveille alors qu’il sort, épuisé, de deux gardes de
24 heures. L’AP-HP lui demande de se rendre à la salle de
réveil de l’hôpital Lariboisière. Surpris, l’infirmier regarde
rapidement les actualités. Vingt minutes plus tard, il est sur
place.
Dans la salle de déchocage où sont accueillies les ur-
gences absolues avant de passer au bloc opératoire, il se
met en binôme avec une infirmière titulaire, et commence
à travailler machinalement : perfusions, bilans sanguins,
préparation des cathéters artériels, pansements, antalgie…
« Les patients portaient des garrots tourniquets autour des
membres. Ils avaient des plaies énormes : une balle de
kalachnikov, lorsqu’elle heurte un os, transforme ses frag-
ments en autant de petits projectiles. Les points de sortie
des balles sont très impressionnants. Certains avaient les
membres complètement déchiquetés », décrit l’infirmier.
Les patients sont alignés dans la salle. Ils portent une feuille
autour du cou avec le peu d’information recueillie et un
bracelet avec un code barre, qui permet de les identifier.
Une étiquette sur le front indique l’heure à laquelle ils sont
entrés à l’hôpital, à laquelle on leur a posé leur garrot. Dix
victimes seront prises en charges à « Larib’ », jusqu’à deux
heures du matin.
Emmanuel finira sa nuit à cinq heures. « Ensuite, je ne pou-
vais pas dormir. C’étaient des patients qui avaient mon
âge, nés entre 80 et 90. Cela aurait pu être moi. Au
SMUR, je vois des choses difficiles : des suicides, des gens
écrasés par le métro… mais autant de blessures, ça jamais.
Sur le moment, j’étais dans l’action. Dans les salles au sous-
sol, on n’avait pas de vision d’ensemble, pas le temps de
cogiter, on ne savait pas si les autres hôpitaux avaient au-
tant de patients que nous. Nous étions dans une ambiance
un peu irréelle. À la fin de la nuit, nous avions les larmes
aux yeux », se souvient le jeune homme avec émotion.
Une fois n’est pas coutume, il loue les mérites de l’AP-HP.
« J’ai été très surpris par la réactivité de l’institution. Ils ont
pensé à tout, y compris aux plateaux-repas à apporter aux
infirmiers rappelés in extremis. Le directeur errait dans les
couloirs à deux heures du matin ». Sa seule critique ? « Le
manque de sécurisation des hôpitaux. Pourquoi les djiha-
distes ne viendraient-ils pas se faire exploser dans une salle
d’attente des urgences, une fois les premiers blessés arri-
vés ? ». n
ELSA SABADO
© Istock/ViLevi
“Les patients sont alignés dans la salle.
Ils portent une feuille autour du cou avec le peu
d’information recueillie et un bracelet avec
un code barre, qui permet de les identifier.
Une étiquette sur le front indique l’heure
à laquelle ils sont entrés à l’hôpital.
”
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 6 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
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Actusoins • à la une
© C. Beaujard/BSPP
Major Lamache et l’adjudant Robardet
Deux infirmiers sapeurs-pompiers en première ligne
Ce soir-là, l’infirmier major Lamache était de garde
à la caserne de Champerret de la Brigade des
Sapeur Pompiers de Paris (BSPP). « Le matin
même, nous faisions un exercice d’entraînement aux at-
tentats multisites avec le SAMU. Et puis, à 21 heures,
tous mes appareils se sont mis à vibrer. On m’appelait
au Stade de France pour une « explosion avec victime
au sol » », déclare le militaire. Il se présente donc avec
un véhicule léger, un véhicule « poste de commande-
ment », un véhicule d’accompagnement sanitaire et sept
pompiers. Il met en place un poste médical avancé, et
commence à accueillir et trier les victimes. « Cette chaîne
de santé est déclenchée pour les grandes interventions,
en supplément aux premiers secours », explique le major.
Après la troisième explosion, « nous nous sommes adap-
tés et nous avons installés un second PMA », décrit-il.
Polytraumatisés, fractures, personnes inconscientes,
blast… les types de blessures sont multiples. « On a paré
au plus rapide : d’abord les évaluations biomédicales,
puis nous avons stoppé les hémorragies, libéré les voies
aériennes, tenté de faire des stabilisations hémodyna-
miques… Si la solution était chirurgicale, nous orientions
les patients sur des places dans les blocs trouvés par le
Samu 93. »
À court de brancardsRapidement, son équipe est désengagée et renvoyée sur
le Bataclan. En arrivant devant la salle de spectacle, c’est
la panique. Les gens courent dans la rue, dans tous les
sens. « On installe alors un nouveau poste médical avancé
rue Oberkampf. Notre priorité, à ce moment-là, c’est d’or-
ganiser, de structurer ». Face à l’afflux de victimes, il faut,
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 8 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • à la une
© C. Beaujard/BSPP
en urgence, mettre en place deux autres postes médicaux
avancés dans des restaurants environnants.
L’adjudant Robardet dînait de son côté dans un restaurant
au centre de Paris quand le médecin chef de l’État-Major
des pompiers l’appelle, et l’envoie au centre médical de
Ménilmontant. Il s’y rend en taxi, craignant que le métro
ne soit perturbé par les attentats. Puis file au centre de
secours de Parmentier aux côtés d’une équipe médicale.
« Tout était bien organisé. J’ai pris en charge une victime
avec une balle dans la cuisse et dans le ventre, puis une
seconde, avec une balle dans la cuisse. Ensuite, je suis
passé aux blessés légers, ceux qui s’étaient fait des en-
torses ou foulé la cheville dans la bousculade », raconte
l’adjudant. Il est ensuite envoyé au centre de Sévigné,
où il prend en charge une « urgence absolue », qui, une
fois stabilisée, est acheminée vers l’hôpital militaire Bégin.
Quatrième étape, le centre Chaligny. « Je suis arrivé alors
que les deux dernières urgences absolues partaient », re-
late le pompier.
« C’était très anxiogène »Les deux infirmiers sapeurs-pompiers se retrouvent pour la
phase la plus sinistre de la soirée. Nom de code : « Objec-
tif Sinus », (Système d’Information Numérique Standardisé).
Ils doivent entrer dans la salle où a eu lieu le carnage et
passer des bracelets avec des codes-barres à tous les ca-
davres. L’objectif est de répertorier de manière informatique
le plus d’informations possible afin d’aider au recensement
et à l’identification de ces victimes.
Si Christophe Lamache et Fabien Robardet sont habitués
aux situations critiques, pour avoir été en opération exté-
rieure avec l’armée française en Libye et en Afghanistan,
ils flanchent devant l’hécatombe. « C’était très anxiogène.
Une horreur », raconte le major, d’ordinaire peu expansif.
A l’issue du 13 novembre, chacun des pompiers engagés
a eu droit à une consultation psychologique. « Le psycho-
logue des armées décèle à ce moment ceux d’entre nous
qui souffrent de failles psychologiques. Quelques collègues
ont subi des troubles du sommeil, des cauchemars, des
angoisses… », relate l’adjudant.
DebriefingLe principal problème a été celui du manque de matériel,
en raison du nombre de victimes et de leur éparpillement
sur sept sites touchés simultanément. Des brancards, des
trousses de « damage control » munies de garrots tourni-
quets, des réserves de solutés ont manqué ce soir-là.
« Pour y remédier, la BSPP procède actuellement à un re-
censement de tous les brancards disponibles à Paris, et
déploie - déjà depuis les attentats de Charlie - 250 trousses
de « damage control » dans les véhicules de la brigade »,
conclut le major. n
ELSA SABADO
Agnès, IADE au SAMU 93
MIEUX FORMER AUX SITUATIONS DE CATASTROPHEA 21 h 30, Agnès, infirmière anesthésiste au SAMU 93, reçoit un appel. On lui demande de l’aide pour l’explosion d’une bonbonne de gaz à Saint-Denis. Elle part immédiatement sur les lieux, accompagnée de deux unités mobiles hospitalières (UMH). L’infirmière s’approche de la victime gisant au sol et, voyant la ceinture d’explosifs, prend conscience qu’il ne s’agit pas d’un accident. Spécialisée dans la médecine de catastrophe, et titulaire d’un Master 2 en « Risques sanitaires radionu-cléaires, biologiques et chimiques » (NRBC), elle réagit immédiatement. « J’ai mis en sécurité mes deux UMH, j’ai fait reculer les ambulances… Et c’est à ce moment que nous avons entendu la troisième bombe exploser. Dix minutes après notre arrivée », raconte la soignante.
Rapidement, elle met en place un poste médical avancé, regroupe les blessés et commence le tri : urgences absolues, urgence relative ou simple impliquée. « Avec un autre médecin, nous avons cherché les places dans les hôpitaux, pour y orienter les blessés », raconte Agnès, ensuite envoyée sur un arrêt cardiaque. Même pendant les attentats, il faut gérer les accidents ordinaires.
Malgré son intervention plutôt réussie, Agnès ressent « beaucoup de colère et de tris-tesse ». « Cela fait des années que je me bats pour que le préhospitalier soit formé à ce genre de situations. Longtemps, j’ai entendu que ça n’était pas une priorité, parce que ça n’arriverait pas », déplore l’IADE. « Résultat : le médecin et l’ambulancier ne comprenaient pas ce qu’il leur arrivait. Certains automatismes- rester à porter de vue les uns les autres, communiquer- manquaient. Je devais dépenser mon énergie pour recentrer mon ambulancier, il était là physiquement, mais pas mentalement… Et ce, parce que leur formation n’était pas à la hauteur de l’événement », regrette celle pour qui une telle formation devrait être rendue obligatoire. n
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 9 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • à la une
ATTENTATS : QUELLE AIDE PSYCHOLOGIQUE POUR LES SOIGNANTS ?
Après avoir pris en charge dans l’urgence les centaines de victimes des attentats du 13 no-vembre, l’heure est à l’introspection pour les soignants. Car face à autant de blessés et au-tant de violence, ils peuvent, eux aussi, être vic-times d’un choc post-traumatique. Le point avec le Dr Joachim Müllner, psychiatre à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, structure référente pour les trauma-tismes psychologiques des victimes de terrorisme.
De quelle manière les soignants peuvent-ils avoir été touchés par les attentats ?Ils peuvent avoir été exposés de plusieurs façons : soit directement en arrivant sur les lieux pendant les fusillades, soit par l’exposition à un nombre important de patients blessés graves ou de décès, soit enfi n par la réception de nombreux récits d’une rare violence ou tristesse par des personnes ayant été directement impliquées ou ayant per-du des proches. Les soignants peuvent être atteints d’un syn-drome de stress post-traumatique, d’angoisses, de troubles du sommeil ou encore de surmenage professionnel (burn-out) liés au nombre d’heures travaillées et à l’usure face à la gravité des blessures physiques et psychologiques.
Quel type de prise en charge a été mis en place pour eux ?Les soignants, comme toutes victimes du terrorisme, peuvent venir consulter à la cellule d’urgence de soutien psycholo-gique de l’Hôtel-Dieu. Étant donné le nombre de patients et la gravité de la teneur des entretiens, notre dispositif a été renforcé par des psychologues et psychiatres extérieurs. Nous assurons ainsi un accueil 24h sur 24.Le soignant est accueilli au sein de la cellule de crise et nous menons un entretien lui permettant d’être accueilli
dans son récit, dans son vécu, dans sa douleur afi n, tout d’abord, qu’il puisse se délester d’une partie du poids trau-matique. Nous aidons également à penser à la rationalité ou non des angoisses ressenties et des éventuels compor-tements d’évitement.Chez les soignants, du fait de la peur que ces symptômes soient pris comme des preuves de « fragilité », voire d’« in-compétence » par leurs collègues ou leur hiérarchie, il peut y avoir des diffi cultés à consulter et à s’exprimer libre-ment. Nous sommes donc attentifs à rappeler la normalité des symptômes ressentis et l’importance de les accepter comme tels pour pouvoir les soigner.Enfi n, en fonction de la situation de chacun, nous adres-sons le soignant pour un suivi psychothérapeutique, nous prescrivons un éventuel traitement anxiolytique et/ou hyp-notique, et, lorsque cela est nécessaire, nous prescrivons un arrêt de travail qui a la particularité, chez les soignants directement exposés, d’être un accident du travail.
Conseillez-vous à tous les soignants qui ont été exposés aux attentats de consulter un professionnel ?Je pense qu’il est important, devant la gravité de ces événe-ments, qu’ils puissent débriefer entre soignants de la même équipe, avec éventuellement un psychologue ou un psy-chiatre extérieur, afi n de verbaliser, échanger et s’autoriser à exprimer leur éventuelle souffrance.Il est également indispensable qu’ils s’autorisent à aller consulter lorsqu’ils sentent qu’ils ont été affectés. Il vaut mieux consulter avec un psychologue ou un psychiatre alors qu’on n’en a pas besoin, que ne pas y aller et prendre le risque que la situation empire. S’il y a trouble du sommeil, anxiété inhabituelle ou anticipatrice des situations d’urgence, hypervigilance, fl ash-back des événements ou encore conduites d’évitement – lieux sur lesquels on ne peut pas retourner – il faut consulter.Il est vraiment fondamental que les soignants s’autorisent à prendre soin d’eux comme ils le font avec leurs patients. Aller consulter un psychiatre ne veut pas dire que l’on est faible, au contraire, c’est avoir la force de se dire qu’on a besoin d’aide. Le stress post-traumatique, c’est comme une blessure physique mais au niveau des réseaux cognitif du traitement des émotions, de la mémoire et de la vigilance. Il faut aider le cerveau à identifi er le traumatisme, son im-portance, puis à cicatriser.
Quels comportements doivent-ils adopter vis-à-vis de leurs patients affectés ?Sur le principe, si un patient veut parler de ce qu’il a vécu ou de ce qu’il ressent vis-à-vis des attentats, il faut l’écouter et le laisser nous proposer ce dont il a besoin. Il est important d’être à l’écoute de la demande du pa-tient. Mais il faut aussi pouvoir ne pas faire quand on ne se sent pas capable, par exemple émotionnellement, et le cas échéant, orienter le patient vers un professionnel plus spécialisé. n
PROPOS RECUEILLIS PAR LAURE MARTIN
© Pascal VO
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 10 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • l’actualité scientifi que
Un pansement intelligent capable de détecter une infectionPour repérer au plus vite les
infections qui compromettent
la cicatrisation, les
chercheurs de l’université
de Bath, en Angleterre,
élaborent actuellement un
pansement « intelligent » qui détecte l’apparition d’un biofi lm
bactérien, Si un biofi lm se constitue, le pansement devient vert
fl uorescent grâce à la présence dans la matrice du pansement
de nanocapsules pleines d’un colorant fl uorescent dont
l’enveloppe se rompt au contact des toxines bactériennes,
C’est le changement de l’activité bactérienne qui est détecté
par le pansement. Et cela, en moins de quatre heures.
Les chercheurs de l’Université de Bath ont fait leurs tests sur
plusieurs bactéries communes à la plupart des infections
nosocomiales : Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa,
Staphylococcus aureus (staphylocoque doré) et Enterococcus
faecalis.
Cette nouvelle technologie pourrait s’avérer très utile pour les
diagnostics précoces d’une infection post-chirurgicale. Des
tests de sont en cours et une étude clinique devrait avoir lieu
dans trois ans environ, selon le DC Toby, Jenkins co-auteur de
l’étude.
(Source : Allodocteurs. fr)
DÉSHABILLAGE ET RISQUES DE CONTAMINATIONLe Journal of the American Medical Association a publié une étude
multicentrique qui démontre l’importance des précautions à prendre lors du
déshabillage et le retrait des dispositifs de protection.
Grâce à une lotion fl uorescente de marquage, les chercheurs ont démontré
que sur plus de 400 soignants répartis dans quatre centres dans l’état
américain de l’Ohio, les risques sont doubles : d’une part, la dissémination
des agents pathogènes et, d’autre part, la contamination de la peau et
des sous-vêtements des soignants. D’où une nécessaire sensibilisation pour
apprendre à retirer gants, masques et blouses selon des modalités codifi ées.
(Source : Quotidien du Médecin)
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ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 11 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Nettoyage et détersion, étapes clés dans la prise en charge des plaies ! Certaines barrières telles que la nécrose, la fibrine et le biofilm entravent souvent le processus de cicatrisation, rendant le traitement complexe, voire inefficace. Il est
donc important de faciliter le processus endogène normal de la cicatrisation, à condition d’avoir aussi traité l’étiologie de la plaie.
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optimale du lit de la plaie : la plaie est non seulement nettoyée, mais aussi
protégée contre les contaminations bactériennes.
Grace à sa forte teneur en eau, l’octenilin® Gel permet de ramollir nécroses et
fibrines, facilitant ainsi le geste de détersion mécanique.
L’octenilin® Solution contient de l’éthylhexylglycérine, un tensioactif qui lui
confère un très bon comportement mouillant et nettoyant, rendant donc plus rapide, le retrait des débris sur le lit de la plaie.
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Ce principe actif doté d’une excellente tolérance cutanée, inhibe, inactive et
empêche la prolifération des bactéries, permettant ainsi un contrôle de la charge bactérienne du lit de la plaie.
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Actusoins • pratiques
Cathéter périnerveux :une technique d’analgésie en postopératoireLes cathéters périnerveux permettent, après la première injection, d’assurer la prise
en charge de la douleur pour des chirurgies orthopédiques très douloureuses
en postopératoire.
L’anesthésie loco-régionale (ALR) d’un membre se définit
comme un blocage de la conduction de l’influx nerveux,
de façon réversible et temporaire, suite à l’injection d’un
anesthésique local (AL) au contact immédiat du tronc ner-
veux innervant ce membre.
Un cathéter (KT) périnerveux est un dispositif médical, mis
en place à proximité d’un tronc nerveux, permettant d’ad-
ministrer en continu un AL afin de prolonger l’analgésie
pendant plusieurs jours. L’infuseur élastomérique appelé un
« biberon », et son débit est prédéterminé de 5 à 10 ml/h).
Les anesthésiques locaux1) Mode d’actionAu contact des nerfs, les AL permettent un blocage sélec-
tif et réversible de la transmission nerveuse. Ils agissent
comme une coupure de courant, empêchant un muscle de
se contracter complètement (bloc-moteur) et entravant les
messages douloureux d’être acheminés vers le système ner-
veux central (bloc sensitif).
Après injection de l’AL, les effets sont les suivants :
• un bloc sympathique entraînant une vasodilatation péri-
phérique et une augmentation de la température cutanée ;
• un bloc-moteur entraînant l’abolition de la conduction mo-
trice, responsable d’une paralysie transitoire ;
• un bloc sensitif entraînant l’abolition de la sensibilité dou-
loureuse et tactile (toucher), responsable de l’anesthésie.
Il peut exister une dissociation de la sensibilité : la sensation
douloureuse est abolie mais les perceptions tactiles peuvent
subsister.
2) Effets secondaires ou toxicité des ALLes effets secondaires des AL apparaissent en cas de sur-
dosage, en cas de résorption rapide au niveau d’un tissu
très vascularisé ou en cas d’injection intravasculaire acci-
dentelle. La gravité dépend de la rapidité de la concen-
tration plasmatique, d’où le fait de toujours faire un test
d’aspiration (lors de la pose du KT et à tout changement de
biberon) pour détecter un reflux sanguin et donc un éventuel
déplacement du KT.
Les effets neurologiques apparaissent en premier, suivis des effets cardiovasculaires.Signes neurologiques Signes cardiovasculaires
Paresthésie et engourdissements péribuccaux
Fourmillements des extrémités
Céphalée, malaise, vertiges
Goût métallique dans la bouche
Troubles visuels, acouphènes
Convulsions (signe de gravité ++)
Coma, dépression respiratoire
Hypotension artérielle
Bradycardie
Bloc auriculo-ventriculaire
Troubles du rythme
Arrêt cardio-respiratoire
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 12 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • pratiques
Aux premiers signes d’un surdosage aux AL, il faut immé-
diatement stopper l’injection et prévenir le médecin anes-
thésiste-réanimateur (MAR).
La prise en charge du patient sera symptomatique en fonc-
tion des troubles neurologiques (convulsions) et cardiovas-
culaires (troubles du rythme à l’arrêt cardiaque), c’est-à-dire
de l’oxygénothérapie à l’injection d’intralipides (antidote
des AL), jusqu’à la réanimation cardiopulmonaire.
Les KT périnerveux1) PrincipeQuel que soit le territoire, le repérage des nerfs se fait simul-
tanément par stimulation électrique et sous échographie. Le
MAR va introduire le KT à proximité du nerf avec une asep-
sie très rigoureuse. Il effectue lui-même la première injection
d’AL (ropivacaïne, lévobupivacaïne) et vérifie l’efficacité
(bloc-moteur et sensitif).
Les trois zones des KT périnerveuxBLOC Zone de ponction Chirurgie
Interscalénique (BIS) Cou De l’épaule et du1/3 sup du bras
Fémoral Pli de l’aineDu genou
(PTG, ligamentoplastie complexe)
Sciatique par voie poplité Derrière le genou Du pied (Halux valgus)
2) Avantages et inconvénientsLes avantages de cette technique sont multiples. Elle per-
met :
• d’améliorer la prise en charge de l’analgésie de certaines
interventions très douloureuse en postopératoire ;
• d’éviter une anesthésie générale (AG), source de compli-
cations et de répercussions multiples ;
• d’être associé à une AG en diminuant les doses de mor-
phinique ;
• de reprendre une alimentation dès le retour en chambre ;
• d’optimiser et d’améliorer la réhabilitation postopératoire ;
• de diminuer les nausées/vomissements postopératoires
(NVPO).
Les inconvénients sont peu nombreux. Cette technique peut
cependant entraîtner un blocage partiel d’un territoire,
un déplacement secondaire, un retrait accidentel ou une
occlusion du KT.
3) Contre-indications absolues• Refus du patient ;
• Anomalies de la coagulation ;
• Allergie aux anesthésiques locaux ;
• Infection cutanée de la zone de ponction ;
• Atteintes neurologiques préexistantes.
Et plus particulièrement concernant le BIS :
• insuffisance respiratoire ;
• antécédents de mammectomie avec curage axillaire.
4) Complications• Intoxication, surdosage aux AL ;
• Déplacement du KT ;
• Ponction vasculaire, hématome ;
• Paresthésie lors du contact de l’aiguille avec le nerf ;
• Complications infectieuses.
Et plus particulièrement concernant le BIS :
• risque de pneumothorax ;
• paralysie du nerf phrénique (racine C4).
Une surveillance pluriquotidienneLa prise en charge et la surveillance de ce dispositif doit
être pluriquotidienne et rigoureuse afin :
• d’éviter toute confusion et erreur de branchement (la tu-
bulure comporte un détrompeur spécifique) afin de ne pas
brancher le biberon sur une perfusion intraveineuse ;
• de surveiller l’efficacité du dispositif ;
• de détecter l’apparition d’effets secondaires ou de
complications.
Cathéter périnerveux sciatique par voie poplité branché à un « biberon » contenant de la ropivacaïne. © DR
A RETENIR• Ne Jamais injecter d’anesthésiques locaux en intraveineux ;• Identifier la tubulure du KT avec des étiquettes spécifiques ;• Ne jamais repositionner un KT s’il est déplacé ;• Détecter tout signe de surdosage aux AL et appeler le MAR immédiatement.
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 14 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • pratiques
Prise en charge et surveillance du dispositif
Surveillance globale Conscience, TA, FC, température, EVA ainsi que la recherche de signes de toxicité aux AL
Surveillance locale • Point de ponction : absence de rougeur, chaleur, douleur, œdème, écoulement• Intégrité du KT : branchement du dispositif correct, absence de coudure, d’obstruction, de déplacement• Pansement de KT : occlusion parfaite• Membre opéré :
- surélévation du membre opéré afin de faciliter le retour veineux, - installation rigoureuse (risque de chute, d’entorse, d’escarres), - température cutanée (peau chaude) du à la vasodilatation veineuse.
Surveillance de l’analgésie
Le but recherché est que le patient n’est pas mal, cependant, il doit pouvoir mobiliser un peu le membre opéré.• Analgésie efficace de la zone en fonction du tronc nerveux• Surveillance du bloc-moteur• Surveillance du bloc sensitif (anesthésie et insensibilité au froid ou au chaud dans les territoires anes-thésiés) avec sensation de peau « cartonnée, qui fourmille »
En cas de douleur franche (suspicion de déplacement ou
occlusion du KT), de douleur plus ou moins bloc sensitif
(suspicion de sous-dosage ou de déplacement du KT), de
bloc-moteur complet (surdosage d’AL), il faut immédiate-
ment appeler le MAR afin qu’il réévalue la situation (repose
de KT, augmentation du débit…). Enfin, une complication
chirurgicale n’est pas à exclure et toute plainte du patient
est à prendre en considération.
Toutes ces informations seront notifiées dans le dossier de
soins.
ConclusionSi cette technique a métamorphosé le postopératoire de
certaines interventions chirurgicales d’orthopédie (PTG, li-
gamentoplastie) et a amélioré le confort et le vécu des pa-
tients, il n’en reste pas moins qu’une surveillance rigoureuse
est indispensable (détection des signes de toxicité des Al)
ainsi qu’une vigilance accrue lors des branchements des
biberons et des manipulations du KT.
LAURENCE PIQUARD, INFIRMIÈRE-ANESTHÉSISTE-FORMATRICE
Patient en décubitus ventral, après la pose d’un cathéter périnerveux sciatique par voie poplité. Le pansement est occlusif, le filtre est présent et une étiquette spécifique (Nerve Block) est apposée.
© DR
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
de
Actusoins • pratiques
Les pansementset leurs utilisationsNous poursuivons une série d’articles sur la cicatrisation. Après avoir abordé, dans nos
précédents numéros, l’anatomie de la peau, l’évolution cicatricielle et l’importance de
la cicatrisation en milieu humide, penchons-nous sur les différents types de pansements
et leurs utilisations.
Depuis les travaux du Dr Winter, l’importance de la
cicatrisation en milieu humide a déja été démontrée.
La clé de la cicatrisation réside donc en un subtil
équilibre entre la plaie sèche et la plaie exsudative.
Pour arriver à maintenir un milieu humide favorable, les
soignants ont des pansements à leur disposition.
L’objectif est de maintenir un environnement favorable sur la
plaie afin que le fibroblaste puisse effectuer son travail de
synthèse et favoriser la cicatrisation.
Les pansements de A à ZAppartenant à la famille des dispositifs médicaux, il en
existe de différentes classes, formes et tailles. Ils sont élabo-
rés par les laboratoires qui investissent dans des budgets
en recherche et développement afin de leur définir des pro-
priétés spécifiques.
Un point très important : il n’existe pas de mauvais panse-
ment. Tous les pansements quelles que soient leurs marques
ont une fonctionnalité. Quelles que soient leurs marques, ils
sont complémentaires.
La classification des pansements est issue de la norme
EN13726 chapitre 3 et leurs utilisations sont régies par la
commission d’évaluation de la HAS. Cette dernière classe
les pansements de la façon suivante :
Les alginates : ces pansements sont composés majoritaire-
ment (> 50 %) d’alginates, avec ou sans carboxyméthylcel-
lulose (CMC). Les alginates sont des polymères d’acides
alginiques obtenus à partir d’algues, caractérisés par leurs
capacités d’absorption et leurs propriétés hémostatiques. Ils
existent sous forme de compresses ou de mèches.
Les fibres de carboxyméthylcellulose (CMC, dites aussi
hydrofibres) : ces pansements sont composés majoritaire-
ment (> 50 %) de fibres non tissées de carboxyméthylcel-
lulose (CMC) pure. Ces fibres se transforment au contact
des exsudats en gel cohésif, caractérisé par sa capacité
d’absorption. Les CMC existent sous forme de compresses
ou de mèches.
Les hydrocellulaires : ces pansements à base de polymères
absorbants (généralement de la mousse de polyuréthane)
existent sous forme de plaques adhésives ou non, de formes
anatomiques ou adaptées au remplissage des plaies cavitaires.
Les hydrocolloïdes : ces pansements à base de polymères
absorbants ont des propriétés liées à la présence de car-
boxyméthylcellulose, ils existent sous forme de plaques ad-
hésives, de poudres ou de pâtes.
Les hydrogels : ces gels contiennent plus de 50 % d’eau. Ils
sont principalement destinés à assurer l’humidification des
plaies. Ils existent sous forme de plaques, de compresses
imprégnées et de gels.© iStock/dina
Schémas : Philippe Viseux de Potter 2014
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 16 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
INNOVATION
canaux de drainage
(1) Molnlycke Health Care data on file report 20130104-004 - (2) Molnlycke Health Care data on file report 20130515-001(3) Molnlycke Health Care data on file report 20120815-004 - (4) Lantin, A., Diegel, C., Scheske, J., Schmitt, C., Bronner, A., Burkhardt, S. Use of a new foam dressing with soft silicone in German specialist wound care centres. E-poster presentation at European Wound Management Association conference, London, UK.
Mölnlycke HealthCare, Mepilex® et Safetac® sont des marques et des logos déposés au niveau mondial par la société Mölnlycke Health Care AB ou l’une de ses filiales. Pour plus d’informations, veuillez-vous reporter à la notice d’utilisation accompagnant le produit. CEOO086 (BSI). L’organisme notifié pour l’ensemble de ces produits est BSI (British Standard Institute).* Remboursement LPPR, catégorie pansements hydrocellulaires, stériles, pour le traitement des plaies aiguës et chroniques.
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Actusoins • pratiques
Les pansements vaselinés : ils sont constitués d’une trame,
imprégnée ou enduite de vaseline. Leur retrait est parfois
douloureux, car ils adhèrent peu à peu à la plaie.
Les interfaces : les pansements interfaces sont constitués
d’une trame enduite de polymères de différents types, tels
que du gel de silicone. Ils se distinguent des simples panse-
ments gras par une adhérence faible, qui ne s’accroît pas
tout au long de l’utilisation au contact direct de la plaie
(absence de migration de la substance imprégnée ou en-
duite), afi n de limiter le traumatisme et la douleur induits par
le retrait du pansement.
Les pansements au charbon actif : l’ajout de charbon ac-
tif a pour propriété d’absorber les molécules responsables
des mauvaises odeurs des plaies. Ils existent sous forme de
plaques et compresses.
Les pansements à l’argent : constitués de différents sup-
ports (crèmes, compresses, plaques, etc.) auxquels a été
ajouté de l’argent sous des formes physico-chimiques va-
riées, leur visée est antibactérienne.
Les pansements à base d’acide hyaluronique : ils
contiennent de l’acide hyaluronique (constituant naturel du
derme) à des concentrations variables. Ils existent sous di-
verses formes (crèmes, compresses, sprays, etc.).
Propriétés des pansementsLes propriétés générales des pansements répondent à des
fonctions précises (Figure 1).
HÉMOSTATIQUES
ABSORBENT LES EXSUDATS
PANSEMENTS
BACTÉRICIDES
HYDRATENT LA PLAIE
Figure 1 : Propriétés générales des pansements
Au-delà de leurs propriétés générales, leurs capacités d’ab-
sorption ou d’hydratation diffèrent et leur confèrent des
propriétés plus spécifi ques. Deux variables conditionnent la
propriété d’un pansement, son coeffi cient d’absorption Ka
et son indice de relargage Kr :
Le coeffi cient d’absorption Ka est défi ni comme étant le
pouvoir d’absorption d’un pansement. Il est évalué en
g/100 cm2/24 h à une température de 37°. (Figure 2)
L’indice de relargage Kr est défi ni comme étant la propriété
d’un pansement à rejeter le liquide qu’il a absorbé lors-
qu’il est soumis à une pression et une température de 37°.
(Figure 3)
0
100
200
300
400
500
600
700
800
HydrogelAcide hyalorunique
Tulles/interfacesAlginatesHydrofibres polymères de CMC
CompressesHydrocellulairesHydrocolloides
Coefficient d’absorption en g/100 cm2/24 h
Figure 2 : Coeffi cient d’absorption
Hyd
roco
lloid
es
hydro
cellu
lair
es
Com
pre
sses
hydro
fi bre
s poly
mèr
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CM
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Aci
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hyalu
roni
que
Hyd
rogel
Indice de relargage 0,89
de0,02
à 0,30
0,90de0 à
0,0050,95 1 1 1
Figure 3 : Indice de relargage
Plus l’indice de relargage est élevé, moins le pansement
gardera les exsudats au sein de sa structure, ce qui dans
certains cas peut induire des phénomènes de macération
sur la plaie.
À l’inverse plus l’indice de relargage est faible, plus les ex-
sudats seront piégés dans le pansement, ce qui peut induire
dans certains cas des déshydratations massives des plaies.
Les modes d’absorptionConcernant les pansements absorbants, certains ont une ab-
sorption latéralisée et d’autres une absorption verticalisée.
1) absorption latéraliséeUn pansement a une absorption latéralisée lorsque les
exsudats circulent horizontalement au sein de sa matrice.
(Figure 4)
Tous les hydrocellulaires ont une absorption latéralisée et ce
quelles que soient leurs marques.
Figure 4 : pansement d’absorption latéralisée
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 18 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
NOUVEAU 5 x 12,5 cm
Actusoins • pratiques
2) absorption verticaliséeUn pansement a une absorption verticalisée s’il est utilisé en
multicouches. En effet seul le multicouches permet de faire
circuler les exsudats vers le haut en les faisant passer de
couches en couches (Figure 5). A contrario, tout pansement
monocouche est automatiquement en absorption latéralisée.
Figure 5 : Pansement d’absorption verticalisée
Comment utiliser les pansements ?Les soignants rencontrent souvent des diffi cultés. En effet,
selon un sondage :
• 57 % des soignants pensent faire du mésusage dans l’uti-
lisation des pansements absorbants (1) ;
• 68 % des soignants trouvent la classifi cation des panse-
ments modernes diffi cile à utiliser (2) ;
• 64 % des soignants trouvent diffi cile l’utilisation des pan-
sements absorbants (2) ;
• 31 % des soignants mettent des pansements hydratants
sur des plaies exsudatives (2).
Le pansement n’est qu’un outil à la disposition des soi-
gnants. Gardons bien à l’esprit que « le pansement est aux
soignants ce que la truelle est au maçon… » : ce n’est pas
la truelle qui monte le mur, c’est ce que le maçon en fait…
Ce n’est pas le pansement qui fait cicatriser c’est ce que le
soignant en fait.
L’utilisation des pansements modernes fait appel au bon
sens. Nous avons vu précédemment que les pansements
obéissent à des propriétés générales (Figure 1) et des pro-
priétés spécifi ques. Par conséquent, il est légitime pour le
soignant de se positionner dans la prise en soins de ses
plaies.
Du fait des propriétés générales et spécifi ques des pan-
sements, la première étape pour effectuer le bon choix
consiste à se poser la question : « la plaie est elle sèche
ou exsudative ? »
Si la plaie est sèche : l’objectif est de l’hydrater.
Si la plaie est exsudative : l’objectif est d’absorber les ex-
sudats.
Cas de la plaie sèchePour hydrater la plaie, plusieurs familles de pansements
peuvent être utilisés :
• Les hydrocolloïdes
• Les pansements tulles ou interfaces
• Les pansements à l’acide hyaluronique
• Les hydrogels (uniquement pour déterger la nécrose ou la
fi brine sèche).
Cas de la plaie exsudativeL’objectif est d’absorber les exsudats (juste ce qu’il faut)
sans dessécher la plaie.
Il est important de choisir le bon pansement car tous les
pansements n’ont pas le même coeffi cient d’absorption (fi -
gure 3) ni le même indice de relargage (fi gure 4).
Plusieurs types de pansements peuvent être utilisés en fonc-
tion de la quantité d’exsudat produite par la plaie :
Les hydrocellulaires pour les petits exsudats
Les hydrofi bres et polymères de CMC pour les plaies très
exsudatives
Les alginates pour les plaies hémorragiques.
PHILIPPE VISEUX DE POTTER, PDG d’i-Cica institut de la cicatrisation, Directeur d’ATouSoins formation continue
www.i-cica.fr www.atousoins.com
(1) Résultats étude 2014 auprès de 117 soignants i-Cica institut de la cicatrisation : http://www.i-cica.fr/reslutats2014.html(2) Résultats étude 2015 auprès de 634 soignants i-Cica institut de la cicatrisation : http://www.i-cica.fr/resultat2015.html
RÉFÉRENCESNorme EN13726 chapitre 3Articles pour pansements (Titre 1er, chapitre 3, sec-tion 1 de la liste des Produits et prestations men-tionnés à l’article L. 165-1 du Code de la sécurité sociale).• décret n° 2004-1419 du 23 décembre 2004 re-latif à la prise en charge des produits et prestations mentionnés à l’article L. 165-1 du Code de la sécu-rité sociale• arrêté du 12 juillet 2005 (au journal offi ciel du 28 juillet 2005).• auto-saisine de la CEPP en date du 7 février 2007 concernant notamment les descriptions génériques articles pour pansements.• Commission d’Évaluation des Produits et Prestations recommande de modifi er les conditions d’inscription des articles pour pansements, conformément au pro-jet de nomenclature• Commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et technologies de santé (CNEDiMTS) de la Haute Autorité de Santé (HAS). Suite de ce rapport, la nomenclature des pansements rembour-sables a été modifi ée (arrêté du 16 juillet 2010, paru au J.O. du 7 août 2010). n
CE QU’IL FAUT RETENIR :Une plaie peut être sèche ou exsudative. Dans le pre-mier cas, le choix se portera sur un pansement pour hy-drater, dans le second, pour absorber. L’objectif est de maintenir un milieu humide favorable à la cicatrisation.L’utilisation d’un pansement absorbant doit tenir compte de son coeffi cient d’absorption (Ka) et de son indice de relargage (Kr).Les pansements absorbants peuvent avoir une absorp-tion latéralisée ou verticalisée (uniquement en multi-couches) n
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 20 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • vie libérale
Concurrence :les règles à respecterRemplaçants, collaborateurs, associés, les règles de la concurrence entre les infirmiers
libéraux diffèrent en fonction de leur statut. Mais dans tous les cas de figure, rien de tel
qu’un contrat pour éviter de futurs désagréments.
L’installation conventionnée étant désormais régulée,
il est impossible pour une infirmière libérale (IDEL) de
s’installer là où elle le souhaite. Ce qui semble régler
un éventuel problème de concurrence. Mais la question
se pose dans les zones qui peuvent encore accueillir de
nouvelles IDEL.
Le remplacementPour les infirmiers remplaçants, les règles de concurrence sont
prévues dans le code de la santé publique. L’article R4312-47
prévoit que l’infirmier remplaçant abandonne l’ensemble de
ses activités de remplacement auprès de la clientèle de l’infir-
mier remplacé, en fin de mission. « Un infirmier qui en a rem-
placé un autre pendant une période supérieure à trois mois
ne peut pas, pendant une période de deux ans, s’installer
dans un cabinet où il pourrait entrer en concurrence directe
avec l’infirmier remplacé, et éventuellement avec les infirmiers
exerçant en association avec celui-ci, à moins que le contrat
de remplacement n’en dispose autrement. »
« À défaut de clause prévoyant les contours de la clause de
non-concurrence, c’est le juge qui appréciera si l’installation
de la remplaçante entre ou non en concurrence directe avec
© Isabelle Fernandez/Cocktail Santé
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 22 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
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Actusoins • vie libérale
le cabinet de l’infirmière remplacée, précise Maître Christelle
Chollet, avocate au barreau de Melun, spécialisée en droit
infirmier. Il est cependant possible pour l’infirmière rempla-
cée de déroger de manière expresse à l’article R 4312-47
du code de Santé publique en prévoyant qu’aucune clause
de non-concurrence sera imposée à la remplaçante. »
La collaboration« C’est la loi du 2 août 2005 en faveur des petites et
moyennes entreprises, qui prévoit, dans son article 18,
que le collaborateur doit pouvoir développer une clien-
tèle personnelle », souligne Maître Chollet. Toute clause
de non-concurrence pourrait donc être considérée comme
portant atteinte à la possibilité donnée par loi de se créer
une clientèle.
Si l’on s’en tient d’ailleurs aux recommandations de l’Ordre
national des infirmiers (ONI), la clause de non-concurrence
n’a pas sa place dans les contrats de collaboration, notam-
ment « parce qu’elles peuvent poser problème par rapport
au libre choix du patient », indique Karim Mameri, secrétaire
général de l’ONI. De plus, il semblerait que le Code de San-
té publique, suffise à garantir les droits de l’infirmier titulaire
puisqu’il interdit le détournement de clientèle (article 4312-42
du code de santé publique). L’infirmière collaboratrice ne peut
donc pas prospecter sur la clientèle de l’infirmière installée.
« Il faut cependant savoir que le détournement est difficile à
prouver, notamment en raison du sacro-saint principe du libre
choix du patient », prévient Maître Chollet.
Néanmoins, rien dans la loi n’interdit d’inclure dans le
contrat une clause de non-concurrence. Mais, elle ne peut
pas être imposée au collaborateur. Et dans tous les cas,
elle doit être rédigée avec tact et mesure pour protéger
les intérêts de l’infirmier titulaire tout en permettant au
collaborateur de développer sa propre patientèle. À titre
d’exemple, dans la jurisprudence, une clause qui prévoit
une interdiction d’installation dans un rayon de vingt kilo-
mètres pendant cinq ans va être jugée comme excessive et
portant atteinte à la liberté de travail.
En cas de désaccord entre les infirmiers, le juge va se ba-
ser sur plusieurs critères pour déterminer si la clause est ou
non raisonnable. Tout va dépendre de la pratique et du
tissu local : ville ou campagne ? Zone sous dotée ou bien
dotée ? « Tant que la clause est proportionnée à la cause
qu’elle protège et qu’elle est limitée dans le temps et dans
l’espace, elle ne devrait pas être jugée comme étant illé-
gale », précise Christelle Chollet.
Sans clause dans le contrat, l’infirmière collaboratrice pour-
ra donc s’installer où elle le souhaite.
L’associationConcernant l’association, plusieurs solutions sont possibles
mais la plus courante consiste en la conclusion d’un contrat
d’exercice en commun parfois complété par une société
civile de moyens (SCM) dans laquelle plusieurs infirmières
vont s’associer. Toutefois la SCM n’a pas vocation à régir
les relations entre infirmière dans leur exercice professionnel
puisque l’unique but de la SCM consiste à mutualiser cer-
tains frais (loyer, matériel, secrétaire). L’exercice en commun
RAPPEL DES ARTICLES DU CODE DE LA SANTÉ PUBLIQUE L’article R4312-37 du code de la Santé Publique prévoit que « la profession d’infirmier ne doit pas être pratiquée comme un commerce. Tous les pro-cédés directs ou indirects de réclame ou publicité sont interdits aux infirmiers. L’infirmier ne peut faire figurer sur sa plaque professionnelle, sur ses impri-més professionnels, des annuaires téléphoniques ou professionnels ou sur des annonces que ses nom, prénoms, titres, diplômes et, le cas échéant, lieu de délivrance, certificats ou attestations, adresse et télé-phone professionnels et horaires d’activité. L’infirmier qui s’installe, qui change d’adresse, qui se fait rem-placer ou qui souhaite faire connaître des horaires de permanence peut procéder à deux insertions consécutives dans la presse. »
L’article R4312-12 du code de la santé publique dispose que les infirmiers doivent entretenir entre eux des rapports de bonne confraternité. Il leur est inter-dit de calomnier un autre professionnel de la santé, de médire de lui ou de se faire écho de propos susceptibles de lui nuire dans l’exercice de sa pro-fession. Un infirmier en conflit avec un confrère doit rechercher la conciliation.
L’article R4312-42 interdit tous procédés de concur-rence déloyale et notamment tout détournement de clientèle. L’infirmier ne peut abaisser ses honoraires dans un intérêt de concurrence. n
CAS PRATIQUE : LE ZONAGE EN QUESTIONNous sommes un cabinet de deux infirmières associées, installé dans une zone sur-dotée. Notre activité ainsi que l’obligation de respecter la continuité des soins, y compris les dimanches et jours fériés, nécessite le fait de trouver une troisième personne. Trois possibilités s’offrent à nous :• un(e) remplaçant(e) : cet IDEL n’est pas installé, ne peut facturer lui-même ses soins et il n’est permis d’avoir re-cours à un remplaçant que pour des congés annuels, des jours de formation ou de maladie et maternité ;• un(e) collaborateur(trice) : étant installées en zone sur-dotée, nous ne pouvons avoir un collaborateur que s’il est installé dans le même bassin de vie, ou si il est installé sur un bassin de vie différent et qu’il justifie de sa propre clientèle ;• un troisième associé : impossible dans une zone sur dotée. n(ActuSoins remercie les Infin’idels pour ce cas pratique)
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 24 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • vie libérale
est donc régi exclusivement par le contrat qui peut prévoir
des modalités concernant la fin de l’exercice en commun et
« notamment l’interdiction pour l’infirmière qui part en cédant
sa patientèle de se réinstaller sur un certain périmètre et pen-
dant une certaine durée », rapporte Maître Chollet.
Les recours en cas de litigeDans le cas où une infirmière est en difficulté avec une autre
consœur mais qu’elle ne souhaite pas porter plainte, elle
peut avoir recours à une médiation pour échanger dans
un cadre neutre. « Cette médiation, qui n’est pas officielle,
va se dérouler devant le Conseil départemental de l’ONI
(CDOI) avec un élu qui sera médiateur, explique Karim
Mameri. En général, ils parviennent à se mettre d’accord. »
Mais une infirmière peut également décider de porter
plainte si elle s’estime concurrencée par une autre, si elle
estime qu’une autre infirmière a démarché sa patientèle et
qu’elle en a subi un préjudice ou encore si elle souhaite
remettre en cause une clause de non-concurrence prévue
dans le contrat. Il faut alors dans un premier temps pas-
ser par la case conciliation. « C’est l’article R43-12-12 du
code de la Santé publique qui dispose que les infirmiers
doivent entretenir des rapports de bonnes confraternité et
qu’en cas de conflit, ils doivent avant tout recherche la
conciliation », souligne Karim Mameri.
C’est la commission de conciliation du CDOI qui est
compétente. Les deux parties vont être convoquées et le
président du CDOI va nommer un ou deux conciliateurs
neutres. Les infirmiers peuvent venir assistés d’un autre infir-
mier, d’un représentant syndical ou d’un avocat.
Trois cas de figure peuvent se présenter. Soit il y a concilia-
tion et la plainte s’éteint, soit il y a carence car l’une des deux
parties ne s’est, par exemple, pas présentée, alors la plainte
suit son cours et est transmise en chambre disciplinaire du
Conseil régional de l’ordre des infirmiers (CROI), soit il n’y a
pas eu conciliation et la plainte est également transmisse au
CROI. Le CDOI peut faire le choix de s’associer à la plainte
s’il considère que les faits portent atteintes à la déontologie.
La chambre disciplinaire du CROI est présidée par un ma-
gistrat mandaté par le ministère de la Justice. Il va contacter
les deux parties, les auditionner et porter un jugement, mais
il ne peut donner que des sanctions d’ordre disciplinaire.
Si les parties ne sont pas satisfaites, elles peuvent avoir
recours à la chambre disciplinaire de niveau national pré-
sidée par un conseiller d’État, puis enfin au Conseil d’État,
qui vont également rendre des sanctions disciplinaires.
Si le requérant souhaite obtenir des dommages et intérêts, il
peut par ailleurs porter plainte devant les juridictions civiles qui
varient en fonction du montant des litiges. Pour les sommes de
moins de 4 000 euros, c’est le juge des proximités qui va sta-
tuer, entre 4 000 et 10 000 euros, c’est le tribunal d’instance,
et pour plus de 10 000 euros, c’est devant le tribunal de
grande instance que l’infirmier doit porter plainte. n
LAURE MARTIN
© iStock/Kuzma
SOPHIE* (IDEL, 35 ANS, ALPES-MARITIMES)Après avoir effectué des remplacements pendant un an au sein d’un cabinet du secteur Grassois, les associées m’ont proposé de signer un contrat de collaboration. J’étais vivement intéressée d’autant plus qu’il mentionnait que l’associée détentrice de la majorité des parts du ca-binet (66 %) s’engageait à me vendre à son départ en retraite la moitié des parts de sa patientèle et un contrat devait finaliser cette cession en juillet 2014… Sauf que cette associée m’a fait savoir qu’elle ne souhaitait plus me vendre ses parts alors que j’ai contribué pendant des années à pérenniser la clientèle du cabinet.Elle a également décidé de diminuer mes jours de colla-boration réduisant ainsi ma seule source actuelle de reve-nus. Je me retrouve donc avec un avenir sombre car une clause de non-concurrence m’interdit de m’installer dans un rayon de neuf kilomètres autour du cabinet pendant cinq ans si la rupture de ce contrat est à mon initiative.Je me retrouve donc face à un dilemme intolérable : quitter le cabinet et ne plus pouvoir travailler dans mon bassin de vie ou alors rester en ne dégageant pas suffisamment de chiffre d’affaires dans une ambiance détestable ! n* Le prénom a été changé.
“Dans le cas où une infirmière
est en difficulté avec une autre
consœur mais qu’elle ne souhaite
pas porter plainte, elle peut avoir
recours à une médiation pour
échanger dans un cadre neutre.
”
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 26 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
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Actusoins • vie libérale
Les défauts de jeunesse du dossier médical partagé (DMP) ne semblent pas
avoir donné envie – pour l’instant – aux infirmiers libéraux de s’en emparer.
Rencontre avec un infirmier franc-comtois qui ne désespère pas pour autant.
Difficile de dire si les infirmiers « fréquentent » ou pas le
DMP : l’Agence des systèmes d’information de santé
partagés, Asip santé, qui le gérait jusqu’à il y a peu,
n’en sait rien… Même les plus motivés se sont un peu désin-
téressés tant ce DMP a peiné à se lancer. Nicolas Schin-
kel, infirmier libéral en Franche-Comté et chargé de mission
télésanté de son URPS (Union régionale des professionnels
de santé), fait partie des pionniers. L’idée de disposer d’un
outil qui faciliterait le partage d’informations de santé entre
professionnels lui a tout de suite plu. Quand le groupement
franc-comtois Emosist lance un appel d’offres pour une expé-
rimentation du DMP dans la région, l’URPS répond… et est
retenue. « Nous avons lancé un appel aux infirmiers libéraux
volontaires auquel plus de 100 Idels ont répondu, raconte
Nicolas Schinkel. La coordination est un sujet qui plaît. »
Régler les problèmes d’interopérabilitéLe paramétrage des ordinateurs des candidats et l’interopé-
rabilité entre le DMP et les logiciels « métier » des infirmiers,
leur a coûté pas mal de nuits blanches. Des formations ont
enfin été organisées. « Nous avons ouvert 4 000 DMP
en un trimestre, témoigne l’infirmier, et la moitié ont été
alimentés mais seulement par les infirmiers libéraux. » Les
hôpitaux de la région s’y sont mis ensuite, en intégrant les
compte-rendus d’hospitalisation.
En Aquitaine, autre terre d’expérimentation, ce sont les
établissements de soins qui créent le plus de DMP. Mais la
faible participation des médecins ralentit la dynamique et
peu d’infirmiers non-expérimentateurs s’y sont attelés au final.
De leur côté, les éditeurs de logiciels ont résolu la question
de l’accès au DMP et une liste des logiciels DMP compa-
tibles est désormais disponible sur le site de l’Asip santé.
Vers un DMP mieux organisé et intuitif ?De faiblement actif, le DMP serait donc entré en quasi
hibernation. La nouvelle mouture du dossier – de person-
nel, il est devenu partagé - désormais pilotée par l’Assu-
rance maladie sera-t-elle plus incitatrice ? Nicolas Schinkel
l’espère. Il regrette cependant qu’une rémunération soit
prévue pour les médecins mais pas pour les infirmiers libé-
raux alors que ce sont eux qui l’alimenteront le plus en
données, notamment pour les patients atteints de maladies
chroniques. Il espère aussi que la structure sera modifiée
dans le sens d’une meilleure ergonomie et d’une hiérarchi-
sation des informations plus claire : « on ne sait pas bien
ou placer les documents », explique l’infirmier.
Il trouverait judicieux que le DMP permette de transformer
en graphique les données chiffrées sur un patient histoire
de percevoir au premier coup d’œil une évolution. Plus
intuitif et mieux organisé, le DMP sera selon lui « un très
bon outil de coordination ». Au nouveau pilote du DMP de
donner une véritable impulsion. Et à faire en sorte qu’il soit
accessible même sur les dernières versions des systèmes
d’exploitation. n
OLIVIA DUJARDIN
DMP ?A quand un engouement
pour le
© DR
Nicolas Schinkel, infirmier libéral en Franche-Comté.
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 28 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
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Actusoins • vie libérale
Personnes âgées :Membres de l’Association des infirmiers libéraux du bassin Alésien (AILBA), quinze
infirmiers forment, depuis le mois d’avril, les personnes âgées du nord des Cévennes à la
prévention des chutes à domicile. Un apprentissage à développer dans d’autres régions.
C’est à la suite d’une rencontre, lors d’une forma-
tion, que quatre infirmiers libéraux ont décidé de
répondre à un appel à projet régional interrégimes
(Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail, Mu-
tuelle sociale agricole, Régime social des indépendants,
etc.), sur la prévention des risques liés au vieillissement des
seniors fragilisés. Ensemble, ils ont bâti un programme en
s’appuyant sur leur expérience, l’aide d’ergothérapeutes et
les recommandations de la Haute autorité de santé.
Ils proposent ainsi trois ateliers à des groupes composés
de huit à dix personnes de plus 65 ans. Celles-ci sont infor-
mées de l’initiative par leur infirmier libéral, leur médecin,
la mairie, le Centre communal d’action sociale (CCAS) ou
encore les clubs de troisième âge. « Le nord des Cévennes
demeure assez précaire et de nombreuses personnes
âgées ont des logements vétustes, non adaptés, souligne
Guilhem Leynaud, infirmier libéral à Alès depuis dix ans et
référent du programme. C’est notamment pour cette raison
que les communes ont accepté notre intervention. »
Sensibilisation et apprentissageLes ateliers, organisés dans une salle communale, sont ani-
més par deux infirmiers libéraux, sur leur temps libre. Le
premier atelier est un apport de connaissances et une sensi-
bilisation des personnes. Objectif : mieux appréhender son
corps vieillissant et identifier les facteurs de risque de chute.
éduquer pour prévenir les chutes
© DR
Atelier animé par deux infirmiers libéraux, Guilhem Leynaud et Muriel Moussu-Panès (debout dans le fond de la salle).
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 30 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • vie libérale
Dans un premier temps, les infi rmiers sondent les partici-
pants sur leurs connaissances. « Généralement, ils évoquent
les escaliers, les tapis, c’est-à-dire l’environnement, mais ils
sont peu à citer spontanément le vieillissement, les maladies
chroniques, les traitements, la dénutrition », explique Estelle
Roux, infi rmière libérale à Lasalle et également référent du
projet. Après cet exercice, les infi rmiers passent à la théo-
rie. « L’échange permet aux participants de mieux identifi er
leurs limites », ajoute-t-elle.
Quinze jours plus tard, le deuxième atelier est destiné à
leur faire acquérir une bonne pratique des gestes de la vie
quotidienne et à favoriser la mise en place d’un environ-
nement sécurisé. L’atelier se déroule en deux parties avec,
tout d’abord, des exercices pratiques, des tests d’équilibre
et l’apprentissage de méthodes pour se relever après une
chute. Les infi rmiers projettent ensuite un fi lm composé
d’une partie théorique montrant les matériaux et les dis-
positifs d’alerte existants sur le marché, et d’une mise en
situation avec un appartement aménagé.
« Si nous constatons que la personne est à risque, nous
pouvons la mettre en lien avec son médecin traitant ou une
association d’activité physique adaptée », rapporte Guil-
hem Leynaud. Les infi rmiers peuvent également demander
les numéros des assistantes sociales du secteur qui vont
alors aider les personnes âgées dans leurs démarches
d’aménagement du domicile.
« Leur faire comprendre comment s’entourer de per-
sonnes-ressources et leur apprendre à se relever et anticiper
la chute avec des systèmes d’alarme est rassurant pour les
personnes âgées, constate Estelle Roux. Car tous craignent
la chute et y associent la mort, mais aussi l’incompréhen-
sion ou encore la honte. L’effet de groupe leur permet de
constater qu’ils ne sont pas les seuls, et ils acceptent alors
plus facilement leur situation. »
ÉvaluationLors du troisième atelier qui se déroule à trois mois d’in-
tervalle, les infi rmiers évaluent les bienfaits du programme
afi n de dresser un bilan collectif et une évaluation offi cielle
afi n d’obtenir le renouvellement de leur fi nancement. Ac-
tuellement, le dispositif bénéfi cie d’une subvention de
5 180 euros pour l’organisation de 14 programmes. Ce
qui revient à 185 euros par infi rmier pour l’organisation
de trois ateliers qui durent en moyenne entre 1 h 30 et 3 h
« Ce programme est important car de nombreuses chutes
sont prévisibles et évitables avec une prévention simple »,
estime Guilhem Leynaud. Et Estelle Roux de conclure : « Ce
dispositif nous tient à cœur car il nous permet aussi de
montrer que les infi rmiers ont leur place dans l’éducation
à la santé. » n
LAURE MARTIN
• La chute est la première cause de décès accidentels chez les plus de 65 ans ;• Les chutes représentent 90 % des accidents de la vie courante recensés dans les services d’urgence chez les plus de 75 ans ;• Il y a 2 millions de chutes par an et 1 200 passages par jour aux urgences ;• 40 % des personnes hospitalisées après une chute ne peuvent plus retourner à domicile ;• Après une première chute, la probabilité de retomber est multipliée par 20 ;• 90 % des chutes surviennent lors d’activités quotidiennes : se lever, marcher, faire du jardinage ou des tâches ménagères. n
(Sources : Inserm et Inpes)
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 31 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
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Actusoins • vie professionnelle
Rapprocher le soin et l’aide à domicile :
La loi sur l’adaptation de la société au vieillissement, adoptée le 14 décembre, veut
donner un élan à la création de services polyvalents d’aide et de soins à domicile
(Spasad). Objectif : expérimenter pendant deux ans ce modèle intégré. Les Spasad
préexistants témoignent.
Les enjeux liés au maintien à domicile des personnes âgés
sont multiples : prévenir la perte d’autonomie, prévenir
les fragilités, retarder l’hospitalisation ou l’institutionnali-
sation. Un enjeu qui repose sur les 2 074 Ssiad (Services
de soins infirmiers à domicile) et 26 260 organismes de
services à la personne sur son territoire. Beaucoup d’entre
eux fonctionnent de façon indépendante, sans lien étroit
avec la structure sociale ou médico-sociale correspondante.
Mais autour de patients souvent complexes, l’articulation
des professionnels sanitaires et médico-sociaux, leur coor-
dination et leur communication peuvent être déterminantes.
Pour décloisonner cette prise en charge, le projet de loi sur
le vieillissement propose d’expérimenter le rapprochement
des soins infirmiers et de l’aide à domicile. D’intégrer Ssiad
et Saad (Service d’aide et d’accompagnement à domicile)
au sein d’une seule structure.
Un manque d’engouementCe fonctionnement existe déjà, mais à la marge. En effet, dès
2004, un décret incitait à la création de services polyvalents
d’aide et de soins à domicile (Spasad) : des structures uniques
apportant à la fois un accompagnement dans les actes de la
vie quotidienne et des soins aux personnes prises en charge.
Pourtant, seuls 91 d’entre eux se sont structurés depuis.
Mireille Spitzer, présidente de l’UNASSI (Union Nationale
des Associations et Services de Soins Infirmiers), explique :
« Beaucoup d’associations portent à la fois un Ssiad et un
Saad et assurent déjà une coordination, avec souvent un
numéro unique ». En somme, même s’ils ne sont pas estam-
pillés Spasad, des services assurent déjà un travail concer-
té. Et « les Spasad ne bénéficiant d’aucun financement sup-
plémentaire, les services préexistants n’ont pas forcément
d’intérêt direct à fusionner officiellement comme tels », pour-
suit la présidente, qui souligne en contrepartie le poids de
certaines obligations, comme l’obtention de l’autorisation
une expérimentation
© DR
Yoann Boisseau, responsable du Spasad Anjou Soins Services.
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 32 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • vie professionnelle
conjointe ARS (Agence régionale de santé)-conseil général
ou la signature d’un contrat pluriannuel d’objectifs et de
moyens avec l’ARS. En outre, « la fusion n’est envisageable
que si les deux services se connaissent bien et partagent
les mêmes valeurs, ce qui n’est pas systématique ». Idem
lorsque, les services complémentaires sont de statuts diffé-
rents ou issus d’associations ou de fédérations distinctes.
Coordination uniquePour dépasser ces difficultés, le gouvernement prévoit
une expérimentation de deux ans sur la base d’un cahier
des charges qui sera publié début 2016. Mais aux yeux
des structures déjà existantes, le jeu en vaut la chandelle.
Elles insistent sur la forte valeur ajoutée de ce rapproche-
ment : « l’existence d’un projet de service commun intègre
les aspects sociaux et médico-sociaux et évite les ruptures
d’accompagnement », rapporte Pascale Capraro, res-
ponsable du Spasad de l’association PEP 17. « Il y a un
véritable esprit de coresponsabilité des professionnels qui
interviennent à domicile, qui connaissent les objectifs de
chacun d’entre eux auprès du patient », précise Yoann Bois-
seau, responsable du Spasad Anjou Soins Services.
La coordination assurée par l’infirmier coordinateur, seul
ou en lien avec le responsable de secteur des profession-
nels sociaux du Spasad est essentielle. « J’assure la visite
initiale, l’évaluation des besoins au travers d’un outil global
de recueil des données, les visites de suivi régulières qui vont
permettre d’adapter au mieux le projet », explique Mathieu
Logeon, coordinateur médico-social du Spasad Domasanté.
Dans certaines structures, la coordination intègre également
l’intervention d’une équipe spécialisée Alzheimer
Autre avantage : « Pour les patients, leurs proches, mais
aussi pour les professionnels libéraux ou hospitaliers gra-
vitant autour du patient, il y a un seul numéro unique pour
recourir aux prestations de soins et d’aides, ce qui leur
facilite grandement la tâche, ajoute Mathieu Logeon. Les
sorties d’hospitalisation sont ainsi beaucoup plus faciles ».
Liens professionnelsBéatrice Martin, infirmière coordinatrice au Spasad PEP
17 raconte : « le travail d’équipe est plus facile parce que
tout le monde se connaît. La présence constante du regard
infirmier permet de repérer l’aggravation de la dépen-
dance, de repérer la nécessité d’adapter le plan de prise
en charge, par exemple ».
Dans certaines situations complexes, si le besoin d’une inter-
vention en binôme se fait sentir, il est plus facile d’organiser
un temps d’intervention simultanée avec l’aide-soignante ou
de l’infirmière avec l’auxiliaire de vie. La seule limite reste
celle liée aux patients qui souhaitent continuer recourir à
leur infirmière libérale ou leur auxiliaire de vie habituelles,
ce qui rend caduque l’intérêt du Spasad, sauf lorsque ce
dernier fait appel à des libéraux pour la réalisation des
soins.
Et puis, il y a « des temps de formation commun avec les
professionnels de l’aide à domicile, ce qui apporte un
socle commun, ainsi que des réunions au cas par cas qui
améliorent la prise en charge et apportent une meilleure
connaissance réciproque », décrit Marie-Pierre Hum, infir-
mière du Spasad Anjou Services.
Une expérimentation à suivreReste quelques limites à la gestion quotidienne : Comment
gérer le délai de prise en charge au titre de l’APA (Alloca-
tion personnalisée d’autonomie) lorsqu’un patient bénéfi-
cie de l’aide à domicile pour la première fois ? Comment
intégrer la différence entre les territoires d’intervention du
Ssiad et du Saad ? Comment déployer un système d’infor-
mation commun ? Quel financement pour la coordination ?
Sur certains de ces points, Domasanté - qui a été consulté
par le ministère et a participé à la rédaction du cahier
des charges de l’expérimentation - apporte des éléments
de réponse : « Nous avons pu développer un outil infor-
matique commun qui facilite la gestion de l’activité du ser-
vice », explique Anne-Cécile Deffontaines, sa directrice.
« La mutualisation des moyens humains et matériels des
membres du groupement de coopération médico-social
qui porte Domasanté permet d’articuler la coordination
et de réaliser des économies d’échelle qui peuvent aider
la coordination mais aussi la prise en charge de per-
sonnes dont les soins infirmiers sont plus conséquents
qu’en Ssiad classiques (pansements complexes, patients
insulino dépendants…) ».
L’intégration (et le financement) d’actions de prévention,
effective dans certains Spasad comme Domasanté devra
aussi être tranchée. Enfin, d’autres éléments de réponses
seront apportés par les nouvelles structures créées dans le
cadre de PAERPA (parcours de santé des personnes âgées
en risque de perte d’autonomie) : ceux-ci bénéficient d’ail-
leurs déjà d’une adaptation de la tarification pour les pa-
tients sortant d’hospitalisation.
Dans tous les cas, il faudra suivre le dossier de près car,
le 27 septembre 2014, Laurence Rossignol, la secrétaire
d’État à la famille, aux personnes âgées et à l’autonomie,
projetait alors que tous les Ssiad évoluent vers une forme
Spasad dans les cinq ans… n
CAROLINE GUIGNOT
“Pour les patients, leurs proches, mais aussi
pour les professionnels libéraux ou hospitaliers
gravitant autour du patient, il y a un seul numéro
unique pour recourir aux prestations de soins et
d’aides, ce qui leur facilite grandement la tâche.
”
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 33 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • vie professionnelle
Erreurs :signaler, analyser et prévenirLes erreurs dans les soins ne résultent pas forcément d’une faute. Pour les comprendre
et les prévenir, la moitié des établissements a mis en place des procédures de
signalement et d’analyse des événements indésirables. Exemples.
Commettre une erreur durant les soins, se tromper
de dose ou de médicament, transmettre une in-
formation erronée… ces événements indésirables
(EI) surviennent parfois. Certains peuvent être évités. Les
conséquences sont plus ou moins graves pour les patients.
Ils peuvent aussi bouleverser la vie professionnelle des soi-
gnants.
Christelle Galvez, directrice des soins au centre de lutte
contre le cancer Léon Bérard (Lyon), en témoigne. Il y a plu-
sieurs années, elle a commis une erreur médicamenteuse
qui l’a profondément déstabilisée. Elle est pointée du doigt,
seule, face à la défiance et aux menaces de sanction, elle
vacille. « La sanction n’est jamais arrivée, se rappelle-t-elle,
mais pendant un certain temps, j’étais sous ce couperet… »
Elle se pose mille questions : comment cela a-t-il pu lui ar-
river, à elle qui était si investie dans son travail, se sentait
à l’aise dans sa fonction, cumulait les responsabilités et
appréciait de passer beaucoup de temps à son travail ?
Pour comprendre, l’infirmière lit tout ce qu’elle trouve sur
la survenue des erreurs. Elle réalise qu’elles se produisent
généralement à la suite d’un enchaînement de circons-
tances… et qu’elle était alors proche du burn-out, souvent
signe de dysfonctionnement collectif. « J’ai découvert que
l’erreur n’est souvent que la partie émergée de l’iceberg »,
explique-t-elle.
Après cet épisode, certains soins sont devenus difficiles et
elle choisit de bifurquer en suivant le cursus de directeur
d’hôpital… Et en montant une société de formation pour
les professionnels du soin sur l’organisation du travail en
équipe et le management, dans un seul but : la sécurité
des patients. Elle s’inspire notamment d’un stage qu’elle a
effectué pendant plusieurs mois à l’Institut de recherche bio-
médicale des armées et où elle a découvert les méthodes et
les outils de prévention et de gestion des erreurs déployés
dans l’aéronautique militaire : « toute une culture ! ».© iStock/Juanmonino
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 34 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • vie professionnelle
Des représentants de la Haute autorité de santé (HAS) ont
d’ailleurs suivi plusieurs formations de sa société avant de
lancer en 2013 le projet PACTE (Programme d’améliora-
tion continue du travail en équipe). Une démarche d’abord
suivie par dix-huit équipes et que, selon la HAS, soixante-
dix autres veulent suivre.
Favoriser les déclarationsChristelle Galvez, elle, met en œuvre depuis deux ans les
fruits de son expérience et de ses formations au centre Léon
Bérard. Un système informatisé de déclaration des événe-
ments indésirables y existe depuis longtemps et l’établisse-
ment a mis en place une organisation destinée à favoriser
la déclaration de manière non punitive et surtout à en tirer
des enseignements afin que les événements ne se repro-
duisent pas. Un dispositif qui n’est en place que dans 57 %
des établissements, selon la HAS.
Au centre Léon Bérard, il recueille quelque 2 000 signale-
ments par an, indique Georges Romero, médecin coordon-
nateur de la gestion des risques. La sensibilisation des soi-
gnants au signalement a fait l’objet de nombreuses visites
explicatives dans les services et augmenté les déclarations.
Un principe de non-punition est appliqué et les cadres ont
été sensibilisés à cette approche.
Quand une infirmière déclare une erreur, Georges Romera
la contacte pour souligner l’importance de l’auto-décla-
ration dans l’amélioration de la qualité de soins. Parfois,
Christelle Galvez se rend elle-même auprès des soignants
pour dédramatiser une situation.
Les événements indésirables du circuit du médicament sont
les plus fréquents (erreur de prescription, de dosage, etc.)
parmi les signalements. L’incompétence des professionnels
n’est jamais en cause, assure Georges Romero.
Analyse et actionsTous les mercredis, une commission de revue des incidents
médicaux (CRIM) réunit la directrice des soins, le directeur
de la qualité, le responsable de la gestion des risques, un
ingénieur qualité ainsi que deux infirmières, deux aides-soi-
gnantes et un cadre. « Il ne s’agit pas forcément des soi-
gnants concernés », précise le médecin, et ils changent
d’une fois sur l’autre.
Ils passent en revue les événements et chargent différents
comités de retour d’expérience (CREX) de les analyser, de
mettre en place des actions de prévention et de les évaluer.
La création d’un logiciel de prescription des pompes à mor-
phine a ainsi fait disparaître les erreurs dans leur utilisation.
Une fois par mois, une CRIM se penche avec la direction
sur les événements les plus graves qui nécessitent des ac-
tions institutionnelles.
L’hôpital privé Medipôle de Savoie, à Challes-les-eaux, a
également mis en place un système de signalement des
événements indésirables porté par une large communica-
tion auprès des soignants, indique Christine Lesellier, cadre
infirmier gestionnaire des risques. Tous les quinze jours, une
commission formée de représentants de la coordination des
soins, des urgences, de la pharmacie et de la qualité étudie
tous les événements signalés selon leur score de criticité.
En CREX, « avec les professionnels impliqués, nous ana-
lysons les événements suivant la méthode Alarm, poursuit
la cadre, et nous mettons en place un plan d’action mené
par un pilote. Nous avons par exemple beaucoup travaillé
sur les infections du site opératoire ». Un audit a été réali-
sé et l’installation du bloc orthopédique a ainsi été revue.
Ici aussi, la non-punition est de mise. « À ce jour, nous
n’avons jamais sanctionné pour un événement », commente
Christine Lesellier.
Les cadres ont aussi été sensibilisés à la démarche et formés
au management de la gestion des risques et à l’accompa-
gnement des personnes. Avec les agents qui ont commis
une erreur, « nous n’atténuons pas la gravité, souligne la
cadre. Mais nous essayons toujours de faire un travail d’ex-
plication et de compréhension et de rechercher ce qui atté-
nuera les dommages et évitera que l’erreur se reproduise ».
Prévenir et anticiperLes établissements planchent aussi sur la prévention, en
amont des erreurs. Le Médipôle a travaillé sur la gestion
des risques a priori et réalisé des cartographies des risques
et des moyens de les éviter. « Un énorme travail », souligne
Christine Lesellier.
Au centre Léon Bérard, l’anticipation des situations à risque
passe depuis 2015 par un dispositif de signalement des
événements relatifs à l’ambiance dans laquelle se déroulent
les soins. Sur le même outil informatique, un professionnel
« peut m’écrire, à moi directement et de manière anonyme
ou pas, pour décrire une situation dans laquelle il s’est senti
en insécurité », explique-t-elle, que ce soit une surcharge
de travail, des tensions avec un patient ou l’équipe… Des
situations « sentinelles », potentiellement à risques… La di-
rectrice des soins répond aux déclarations dans les 24 à
48 heures et une commission de revue de ces événements
d’ambiance (CRAM) composée du secrétaire du CHSCT,
du médecin du travail, d’un représentant du service RH
et d’elle-même les examine tous les mois. « Nous invitons
aussi une dizaine d’ambassadeurs de tous les corps de
métiers, dont systématiquement les personnes qui ont signa-
lé », indique la directrice des soins. Histoire de diffuser au-
près du plus grand nombre de professionnels cette culture
de prévention des risques d’erreur. n
OLIVIA DUJARDIN
“La création d’un logiciel de prescription des
pompes à morphine a ainsi fait disparaître
les erreurs dans leur utilisation.
”
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 35 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • vie professionnelle
Cancer : le rôle clé de l’infirmière référente
Le Centre hospitalier Jean-Perrin de Clermont-Ferrand,
spécialisé dans la lutte contre le cancer, offre la possibilité à
ses patients d’être mis en relation avec une infirmière référente.
Le point sur cette consultation infirmière avec Colette Vitry.
Comment est née la création de votre poste ? Je suis à ce poste de coordination depuis le début de l’an-
née dans le cadre de l’application du plan cancer 2014-
2019. Auparavant, je faisais déjà de la coordination,
mais ce n’était pas formalisé comme aujourd’hui. Nous
sommes trois infirmières à réaliser cette consultation. Je suis
la seule à temps complet et je prends en charge les patients
qui reçoivent déjà des traitements anticancéreux mais qui
basculent sur une thérapie orale comme une chimiothérapie
en comprimé à la maison. J’ai une file active de soixante
patients environ. L’une de mes collègues se concentre
essentiellement sur la prise en charge des personnes âgées
de plus de soixante-dix ans qui reçoivent tout type de traite-
ments anticancéreux.
Quelles sont vos missions dans le cadre de ce poste ? Je rencontre le patient à la suite de sa consultation avec
le médecin et le pharmacien. Cette consultation infirmière
est un temps d’écoute, de soutien, qui permet de faire le
point sur sa maladie, ses difficultés, sa situation actuelle,
son ressenti vis-à-vis de sa maladie. J’en profite également
pour évaluer sa fragilité psychosociale et l’orienter, si be-
soin, vers des soins de support : psychologue, assistante
sociale, diététicienne. Je lui fais également un rappel des
effets secondaires de ce nouveau traitement. Je peux aussi
prévoir l’HAD ou les hospitalisations en SSR.
Que se passe-t-il après cette consultation ? À la fin de la consultation, je remets au patient mes coor-
données et je l’informe qu’il peut m’appeler tous les jours
entre 9 heures et 17 heures en cas de difficultés. Les pa-
tients apprécient, c’est important et sécurisant pour eux
de savoir que nous sommes disponibles car, souvent, le
médecin est plus difficilement joignable. Ils savent qu’ils
peuvent me poser toutes les questions et que je vais alerter
le médecin immédiatement en cas de problème. Je facilite
les liens. Lorsqu’ils reviennent pour d’autres consultations
médicales, nous pouvons nous revoir, mais c’est plus rare.
Sinon, entre deux consultations médicales, je vais les appe-
ler pour m’assurer qu’ils vont bien.
Quels sont vos liens avec les professionnels de ville ? Après la consultation, j’envoie un courrier au médecin
traitant et à l’infirmière libérale pour les informer que nous
prenons en charge un de leur patient et que nous lui ad-
ministrons tel traitement. Je leur envoie également une fiche
thérapeutique qui a été faite par le pharmacien, sur la-
quelle sont indiqués les effets secondaires du traitement. Le
médecin traitant recevra par la suite une lettre médicale. Je
peux également appeler le médecin traitant ou l’infirmière
libérale, si je sens qu’un patient est en difficulté.
Quel regard portez-vous sur vos missions ? Cette consultation est très intéressante car elle permet de
développer la prise en charge globale du patient. Avant
nous avions l’impression qu’elle s’arrêtait à l’hôpital.
Aujourd’hui, nous pouvons créer un lien avec les collègues
libéraux. Nous les informons de ce qui se passe à l’hôpital,
de ce qui est prescrit à leur patient, pourquoi et comment.
PROPOS RECUEILLIS PAR LAURE MARTIN
© DR
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 36 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
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Actusoins • vie professionnelle
Pour les sourds,
Au sein de l’unité de consultation pour les personnes sourdes à la Pitié-Salpêtrière,
la coordination de tous les professionnels est essentielle pour que les consultations
et la prise en charge se déroulent correctement. Une infirmière, Aïni Amrouche, assure
ce rôle de pivot.
L’unité d’information et de soins pour les sourds l’UNISS
de la Pitié-Salpetrière (APHP, Paris) accueille chaque an-
née près de 700 patients dans sa file active. C’est la
première à avoir vu le jour, en 1995, quand il est apparu
que les personnes sourdes, inaccessibles aux messages de
prévention classiques basés sur l’écrit, étaient touchées de
plein fouet par l’épidémie de sida… Les professionnels de
santé ont « découvert » que ces personnes avaient toutes
les difficultés du monde à se faire correctement soigner.
Certaines avaient même pris le monde médical en aversion
après avoir subi bien des soins sans avoir pu poser de
question ou donner son avis, sans comprendre ou pouvoir
dire la douleur…
Une quinzaine de consultations destinées à ces patients
existent en France aujourd’hui mais tout le territoire n’est pas
couvert, loin de là. Aïni Amrouche, infirmière (entendante),
occupe une place de pivot dans l’unité de la Pitié, dirigée par
le Dr Alexis Karacostas. Certes, elle réalise quelques prises
de sang, des vaccins, des électrocardiogrammes. Mais elle
assure aussi l’accueil des patients en binôme avec un agent
d’accueil sourd : il faut en effet pouvoir répondre, en langue
des signes, aux sollicitations des personnes sourdes qui se
la communication au cœur des soins
© Laurence Dentinger PSL-CFX/AP-HP
Au centre d’accueil de l’UNISS.
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 38 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • vie professionnelle
présentent mais aussi oralement aux personnes entendantes
qui viennent ou appellent au téléphone : familles, profession-
nels de santé libéraux, d’autres structures ou d’autres services
de l’hôpital…
La langue des signes est la « langue vernaculaire » du ser-
vice puisque c’est celle qui est parlée à la fois par les pro-
fessionnels entendants (les médecins, l’infirmière, le dentiste,
l’assistante sociale, les deux interprètes) et les professionnels
sourds (une aide-soignante, une technicienne de laboratoire,
un agent d’accueil et deux intermédiateurs, éducateurs spécia-
lisés). Aïni s’est initiée à la LSF à ses débuts dans l’unité mais
pas autant qu’elle l’aurait voulu. « Je comprends assez bien,
reconnaît-elle, mais j’ai parfois des difficultés à m’exprimer
ou à avoir des conversations plus complexes ». Les collègues
sourds aident volontiers les entendants, leur enseignent cer-
tains mots techniques. La complexité monte d’un cran avec
les patients sourds étrangers, qui ne sont pas rares à Paris…
La prise en charge passe par la compréhensionL’accueil est un moment portant durant lequel il faut com-
prendre le besoin des patients. « Certains arrivent avec
un carton énorme, remplis de papiers en désordre… »,
raconte l’infirmière. Des années de soins en vrac. Elle effec-
tue un premier tri que les médecins peaufinent. « Ils arrivent
à un endroit où on les comprend », poursuit-elle. Certains
viennent d’ailleurs juste pour qu’on les aide à comprendre
une prescription. Suivre un parcours de procréation mé-
dicalement assistée, par exemple, peut être extrêmement
compliqué quand on est sourde…
« J’ai aussi un rôle de coordination entre tous les membres
de l’équipe et entre les membres de l’équipe, les autres
services et les autres structures. » Une fonction essentielle :
la réussite de la prise en charge des patients réside en effet
sur la capacité de l’unité et de l’infirmière coordinatrice à
articuler les compétences médicales, linguistiques et cultu-
relles. Les consultations des médecins du service se font
généralement avec des interprètes, ceux du service ou des
prestataires extérieurs dont les vacations durent trois heures.
Des médecins, spécialistes en gynécologie, ophtalmologie
et diabétologie assurent des permanences régulières dans
le service, toujours en présence d’interprètes expérimentés.
Mais cela ne suffit pas toujours et les intermédiateurs
apportent une aide précieuse. Sourds eux-mêmes, ils véri-
fient que les patients ont bien compris – (la séronégativité
est une bonne nouvelle, pas une mauvaise…), les aident à
poser des questions (ils osent peu), reformulent les propos
des médecins, les conseils de prévention…
Après une consultation, les intermédiateurs peuvent réex-
pliquer en détail un traitement ou, par exemple, l’indispen-
sable mais complexe préparation à une coloscopie. Ils
peuvent également être présents lors d’examens d’imagerie
pour expliquer leur déroulement et rassurer les patients.
Ils interviennent aussi aux côtés de l’assistante sociale…
Leur formation sociale leur permet d’aider les patients
individuellement dans leurs démarches. Les difficultés
sociales de ces personnes sont souvent grandes et toutes
ne connaissent pas leurs droits, loin s’en faut.
Une nécessaire coordinationAïni coordonne les plannings de tous ces intervenants selon
des configurations variables mais qui ne laissent pas de
place à l’erreur : une consultation sans interprète ou inter-
médiateur nécessaire a peu de chance d’atteindre ses ob-
jectifs. Un retard de l’un d’eux ou une annulation impacte
de multiples personnes… Un vrai casse-tête qu’elle résout
quotidiennement. Pour le service mais aussi pour les consul-
tations dans les autres services de l’hôpital ou quand une
hospitalisation est programmée.
« Avant l’arrivée du patient, explique l’infirmière, un inter-
médiateur et un interprète se rendent dans le service pour
expliquer aux soignants et aux médecins comment abor-
der les patients sourds » : pour signaler son arrivée dans la
chambre, allumer la lumière est plus utile que frapper et il
faut veiller à s’adresser de face au patient et à ne pas le
surprendre, par exemple…
Deux fois par an, des sessions de sensibilisation à la prise
en charge des personnes sourdes rassemblent des person-
nels des autres services de l’hôpital. « Elle leur permet de
comprendre les problématiques des personnes sourdes, de
se débarrasser de leurs préjugés et d’éviter les erreurs », sou-
ligne l’infirmière, qui l’a suivie à ses débuts dans l’unité.
Certes, le rôle « infirmier » d’Aïni Amrouche n’a rien à
voir avec celui qu’elle avait dans le service d’urgence
cérébro-vasculaire où elle a travaillé pendant une quin-
zaine d’années. « Il est décalé, analyse-t-elle. Je viens en
aide aux patients en faisant en sorte qu’ils puissent être au-
tonomes dans le suivi de leur pathologie ou qu’ils se sentent
bien accompagnés. » Ses connaissances en santé l’aident
beaucoup dans l’orientation des patients et l’évaluation du
degré d’urgence de leurs demandes afin que leur prise
en charge ne perde pas de temps. Leur parcours de soins
a souvent été auparavant déficient, au détriment de leur
santé. Consciencieusement, l’infirmière vérifie chaque soir
pour chaque patient du jour que l’éventuel rendez-vous sui-
vant ou les examens prescrits sont bien programmés, afin
d’éviter les retards de prise en charge dus à un problème
de communication. Et que les rouages des soins tournent
bien pour chacun. n
OLIVIA DUJARDIN
“Les intermédiateurs apportent une aide
précieuse. Sourds eux-mêmes, ils vérifient
que les patients ont bien compris.
”
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 39 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • à la loupe
Un centre pour soigner les maux
des
© Charlotte Gonzalez/Hans Lucas
Issa (le prénom a été changé), ivoirien, multiplie les démarches en Préfecture : « Je suis fatigué, je n’ai plus de courage ».
Il y a trente ans, Médecins du Monde créait son premier centre d’accueil, de soins
et d’orientation (Caso), pour les personnes n’ayant pas accès à la santé. Reportage
au Caso parisien où les infi rmières bénévoles ont l’art de déceler les grandes blessures
derrière les petits maux.
migrants
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 40 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • à la loupe
Geneviève Barthélémy fulmine. Face à elle,
Sylvie (1), Malienne et drépanocytaire. Elle a subi
quatre mois plus tôt la pose d’une prothèse de
hanche dans un hôpital parisien… intégralement payée
par sa sœur. Personne ne leur a parlé de l’Aide médicale
de l’État (AME) (2). Geneviève est infirmière bénévole au
centre d’accueil, de soins et d’orientation (Caso) de Méde-
cins du monde, à Paris. Voilà trois-quarts d’heure qu’elle se
démène en vain pour obtenir une consultation hospitalière
urgente à cette femme, qui n’a plus ni argent, ni suivi médi-
cal depuis l’intervention.
Comme elle, près de 95 % des patients sont des étrangers
en situation irrégulière, dont l’existence relève du parcours
du combattant. En 2014, la file active comptait 2 415
personnes. La plupart souffrent de maux plus bénins, qui
peuvent néanmoins dissimuler des difficultés profondes.
Leur permettre d’accéder à la santé, c’est l’objectif de
l’ONG. Et un véritable challenge.
Retrouver le cœur du métierAvec ses multiples boxes, le Caso tient de la fourmi-
lière. Agents d’accueil, assistantes sociales, médecins,
juristes… 77 bénévoles, dont 13 infirmières, se relaient
dans ce centre, créé en 1986 en faveur des plus dému-
nis. Après l’instauration de la couverture maladie univer-
selle complémentaire (CMU-C) en 2000, les migrants
sans-papiers se sont progressivement substitués aux sans-
abri locaux. Ils sont majoritairement originaires d’Afrique
noire et du Maghreb. À l’inverse de ceux de Calais,
qui tentent de passer en Angleterre, ils ont atteint leur
destination finale.
Les patients défilent, vers les secteurs administratif ou médi-
cal. Là, une infirmière réalise un premier interrogatoire de
triage pour déterminer l’urgence. L’évaluation est médicale
et psychosociale. Ils passent ensuite en consultation infir-
mière, ou directement chez le médecin en cas de malaise
manifeste (tension élevée, fièvre…) ou de rupture de traite-
ment d’une maladie chronique.
Les infirmières de Médecins du Monde ont un rôle
d’écoute et d’orientation. Quasiment de diagnostic ! Mais
pas d’inquiétude. Au Caso, on travaille en permanence
en équipe, pour échanger des conseils et se confier. Infir-
mière coresponsable de la mission, Corine Thaler y a re-
trouvé le cœur de son métier : « être avec le patient, avec
des protocoles à échelle humaine, loin des hiérarchies et
des lourdeurs des hôpitaux. On peut réagir rapidement
pour aider les gens. »
Ces personnes ne consultent qu’une fois et demie en
moyenne. Le centre a vocation à toutes les diriger vers le
droit commun, dans les permanences d’accès aux soins de
santé (Pass) notamment et en conseillant sur l’AME. « Même
s’il est frustrant d’ignorer leur devenir, les migrants ne sont
pas nos protégés : nous faisons en sorte qu’ils conservent
autonomie et dignité. »
Pathologies de la misèreLa fatigue est inscrite dans les traits et les postures. Bien
avant l’ouverture quotidienne, une petite foule s’est massée
sur le trottoir. Un distributeur de tickets y est installé dès
7 h 30. « Beaucoup viennent encore plus tôt pour s’assurer
d’être accueillis », poursuit l’infirmière.
Samba (1) est camerounais. Il souffre d’une affection derma-
tologique persistante. Probablement causée par des puces
pendant son voyage. « Cela n’a pas été facile. Depuis
la Grèce, j’ai marché à travers les forêts et les frontières
MINEURS ISOLÉS NON PROTÉGÉS : LEVER LES ENTRAVES À LA SANTÉDans la salle d’attente, un garçon affalé joue avec son téléphone portable. Un ado-lescent ordinaire… A un détail près. Il est un mineur isolé étranger. En juin, Médecins du Monde a lancé un programme dédié à ces jeunes non protégés, dont le nombre dans les Caso croît de 100 par an, depuis 2011. L’accueil du mercredi après-midi leur est réservé.Agés de 15 à 17 ans, ils sont exclus de la protection de l’enfance. En cause, des critères d’admission à l’Aide sociale à l’enfance « de plus en plus drastiques, qui mènent à contester leur minorité et/ou leur isolement », dénonce Sophie Laurant, ex-avocate et coordinatrice du « programme MIE » de l’ONG, à Paris. Pour autant, ils n’accèdent ni à l’hébergement d’urgence, ni à la santé sans consentement d’un tuteur légal.Ici, 80 % sont orientés par des associations. Ils rencontrent d’office un médecin. « Globalement, ils sont en bonne santé physique », constate le docteur Jacques-Yves Louvet. Mais 45 % souffrent d’un état de stress post traumatique. Un psychiatre peut les accueillir sans rendez-vous les mercredis.A l’instar des adultes, on leur propose aussi de réaliser des examens gratuits de dépistage du VIH, des hépatites et de la tuberculose au centre Edison, à Paris. Une bénévole les y accompagne. Les résultats sont envoyés à Médecins du Monde. « Si-non, ils n’iront pas les chercher. » n
Pierre, accueillant bénévole, reçoit un jeune tunisien de 17 ans. Il souffre de séquelles suite à une intervention chirurgicale effectuée au pays.
© Charlotte Gonzalez/Hans Lucas
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 41 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
de huit pays, raconte-t-il d’une voix douce. Les conditions
n’étaient pas toujours propres. »
Ici, on rencontre principalement des pathologies de la mi-
sère. 90 % des patients vivent en hébergement précaire :
dans un squat, chez autrui, ou tout bonnement à la rue.
« Ils présentent des maladies de la peau, la gale souvent.
Ils ont mal au dos et aux épaules parce qu’ils dorment par
terre, on observe des douleurs abdominales, des troubles
du sommeil… », explique Corine.
Mais toute cette « bobologie » peut signaler des détresses
psychologiques. Elles sont rarement avouées. Ces migrants
ont cheminé deux ans en moyenne, sur des routes dange-
reuses, exposés aux exactions. « Ils percevaient la France
comme un Eldorado, ajoute-t-elle. Et au fi nal, c’est dur, il
fait froid, il n’y a pas de travail. Nous avons très peur qu’ils
décompensent à la rue. »
Les soignants doivent alors lire entre les lignes des plaintes
multiples, en les interrogeant par exemple sur leur traversée.
Cela implique de prendre tout son temps. Et de résister à la
pression de la salle d’attente. « Il faut aussi trouver les mots
pour questionner sans blesser. Savoir entendre l’autre, avec
sa culture propre, en délaissant nos affects et a priori »,
souligne Corine. Devant l’explosion des trajectoires éprou-
vantes, l’équipe parisienne compte aussi renforcer la prise
en charge psychosociale.
« Elles ne disent jamais qu’elles sont enceintes »Geneviève introduit une Comorienne. Myriam (1) se plaint
de maux de tête. Par bien des détours, l’infi rmière débusque
l’objet réel de sa visite : « Elles se plaignent de symptômes
divers qui sont des prétextes. Ici, les femmes ne nous disent
jamais qu’elles sont enceintes », explique-t-elle après avoir
remis un test de grossesse à Myriam. Puéricultrice et titulaire
d’un DU de santé sexuelle et reproductive, Geneviève par-
tage son temps entre son travail à l’Aide sociale à l’enfance
et le bénévolat pour Médecins du Monde. Les probléma-
tiques féminines sont son cheval de bataille.
De fait, la situation se révèle préoccupante. Depuis deux
mois, les soignants reçoivent une quantité croissante de
femmes enceintes seules et à la rue. « Avant, on voyait
un cas par semaine. Aujourd’hui, c’est tous les jours »,
s’alarme Corine. Et l’idée de l’IVG choque ces patientes.
Quel que soit leur choix, le réseau Solipam (Solidarité Paris
maman), partenaire du Caso, pourra les accompagner.
À cela s’ajoutent de nombreuses violences. Hébergées par
un compatriote, certaines doivent payer de leur personne.
« Elles ne réalisent pas que c’est du viol », reprend Gene-
viève. Beaucoup ont aussi été abusées pendant le voyage.
Il faut écouter les non-dits. Et persévérer « en gardant en tête
le risque de violences sexuelles, même face à des femmes
sûres d’elles. Alors, je tends des perches en demandant par
exemple si elles ont besoin d’une contraception. »
De tout cela, les soignants ne s’en tirent pas indemnes.
Trouver la juste distance devient rude. « Face à ces histoires
qui nous dépassent, on peine à rentrer tranquillement chez
soi », avoue Corine qui projette de créer des groupes de
parole au Caso, pour prévenir l’épuisement des bénévoles.
Et contre toute attente, les patients se révèlent un soutien
malgré eux. « Ils sont déprimés, mais jamais découragés.
Ils nous transmettent leur indestructible volonté, remarque
Geneviève. Eux sont au début de l’espoir. » n
EMILIE LAY(1) Les prénoms ont été changés(2) L’AME couvre les frais de santé des personnes en situation irrégulière, résidant en France depuis plus de trois mois. Depuis 2011, les mineurs isolés peuvent la réclamer.
Actusoins • à la loupe
© Charlotte Gonzalez/Hans Lucas
Corine Thaler, infi rmière est co-responsable de la mission Caso de Paris.
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 42 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
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Actusoins • initiative
Auprès des handicapés,Pour l’adulte handicapé, tout est compliqué : les actes de la vie quotidienne, les rendez-
vous avec le médecin, les soins… Coordonner les nombreux intervenants est un rôle
essentiel. Petite visite au Samsah (Service d’aide medico-sociale pour adulte handicapé)
situé à Bordeaux-Lac, en Gironde.
du temps pour la coordination
© Olivier Blanchard
Pendant l’intervention, tous les sujets sont abordés E
lle est réparée la lumière dans votre salle de bain ? »,
dans son appartement de la banlieue Bordelaise où
les photos de Jimi Hendrix et de Janis Joplin côtoient
un Winnie l’ourson en plastique, la patiente hoche la tête :
« Oui la tutrice s’en est occupée et l’électricien doit passer
la semaine prochaine… ». Florian Brejassou, l’aide-soi-
gnant du Samsah Bordeaux-Lac, un service dépendant de
la MDPH (Maison Des Personnes Handicapées), note alors
sur son carnet et lui demande de bien le prévenir lorsque
ce sera fait.
«
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 44 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • initiative
Présentée ainsi, l’intervention du Samsah peut paraître bien
anecdotique, mais durant les trois bons quarts d’heure que
va durer la visite c’est toute une foule d’autres sujets qui
seront abordés, du plus sérieux au plus futile, tous traités
avec la même attention.
En effet, pour un adulte handicapé (que son handicap soit
physique, psychique, issu d’une déficience, d’une maladie
chronique ou dégénérative) tout peut poser problème : du
changement d’une ampoule à un rendez-vous chez le mé-
decin ou même prendre soin de soi au quotidien. Et pour
compliquer les choses, pour résoudre chaque problème
différent, il va rencontrer un intervenant spécifique (artisan,
médecin, infirmier, tuteur, etc.).
La coordination de tous les acteurs d’une prise en charge
autour de la personne handicapée est donc essentielle.
C’est l’essence des interventions du Samsah, structure crée
en 2005 par la loi du 11 février 2005 « pour l’égalité des
droits et des chances, la participation et la citoyenneté des
personnes handicapées » (dite « loi Handicap »).
Le médical, le social et la vie quotidienneLes services proposés par le Samsah s’articulent autour de
trois grands axes de coordination : médical, social et vie
quotidienne. Dans le cadre médical, le service va d’abord
tenter de reconstruire le parcours de soins de la personne,
retrouver les traces de son passé médical et parfois remettre
en place une prise en charge suspendue. Dans un deu-
xième temps, il prépare et accompagne l’adulte handicapé
lors des rencontres médicales avec tous les médecins qui le
suivent, quitte aussi à réexpliquer ce qui s’est dit en consul-
tation quelques jours plus tard. Le soignant assiste ou pas à
la consultation suivant le souhait du patient ou du médecin.
La coordination sociale consiste à faire un bilan des droits
en cours puis le lien avec les services de tutelle ou celui
des auxiliaires de vie. Côté vie quotidienne, le Samsah va
vérifier que l’adulte handicapé vit décemment au quotidien
et, si besoin, mettre en place une aide (par exemple avec
une infirmière à domicile) ou se mettre en contact avec les
services qui sont déjà en place pour évaluer ou réévaluer
les besoins.
Le Samsah permet aussi d’asseoir autour d’une même table
tous les intervenants d’un même patient, tous les deux ou
trois mois au début de la prise en charge, puis tous les
six mois au minimum. « Mais par contre nous n’avons pas
vocation à remplacer qui que ce soit, ni à juger le travail
des soignants ! » martèle Myriam Auptel, directrice adjointe
du Samsah : « Nous organisons la coordination des pro-
fessionnels sur une situation donnée, mais nous laissons
le libre choix absolu au patient quant aux intervenants et
surtout nous ne faisons pas les soins nous-mêmes, même
si les membres de notre équipe ont une formation de soi-
gnants… »
Une équipe de soignantsL’équipe du Samsah de Bordeaux-Lac regroupe trois in-
firmiers, trois aides soignants, un tiers-temps de médecin
coordinateur, un tiers-temps de psychologue, un éducateur
spécialisé, une assistante sociale, un mi-temps de monitrice
éducatrice, une assistante administrative, une directrice ad-
jointe et un directeur partagé avec cinq sites. Les régula-
tions, les grandes réunions et le travail administratif se font
dans les locaux du Samsah mais les patients sont dispersés
sur toute la communauté urbaine de Bordeaux.
Les interventions au domicile se font autant que possible
avec deux professionnels en même temps pour garantir la
neutralité et faciliter le retour d’informations. Le choix de
la qualification du professionnel se fait suivant les besoins
de la personne ou de la démarche (même si ce n’est pas
systématique, les infirmiers vont plutôt faire les visites médi-
cales et les aides-soignants les interventions autour de la
vie quotidienne).
« En fait, la vraie différence au Samsah, c’est surtout qu’on
a du temps ! » souligne Florian Brejassou, après son inter-
vention. « On laisse le patient au centre de nos interven-
tions et on ne travaille pas comme des machines… Moi
c’est ce qui me plaît le plus dans ce que je fais ! ». Chaque
jour au Samsah Bordeaux-Lac coûte moins de 90 euros par
place, pour trente places ouvertes et 45 patients pris en
charge. Bref, on en viendrait à regretter qu’un service de
coordination comme celui-ci ne soit réservé qu’aux adultes
handicapés de moins de 60 ans. n
OLIVIER BLANCHARD
LE GROUPE SOSLe Samsah de Bordeaux-Lac dépend de l’association loi de 1901 « Habitat et soins », association fondée en 1986 autour des besoins des personnes adultes han-dicapées par la maladie chronique (notamment le VIH). Cette association a rejoint depuis quelques années le « groupe SOS », un regroupement d’associations à visée sociale. L’idée de cette mutualisation est d’offrir une délégation de services (compta-bilité, gestion, communication etc.) à des associations et ainsi de permettre des éco-nomies d’échelle et donc une meilleure efficacité. Le groupe SOS (dont le fondateur Jean Marc Borelo est un ancien éducateur spécialisé) regroupe déjà plus de 12 000 salariés dans plus de 350 établissements, notamment dans les régions de PACA et de l’est de la France où ils gèrent déjà plusieurs Ehpad et même un hôpital dans le dix-neuvième arrondissement de Paris. n
“En fait, la vraie différence au Samsah,
c’est surtout qu’on a du temps !
”
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 45 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • dossier
Vaccination :la grande hésitationDepuis quelques années, les Français sont de plus en réticents à se faire vacciner ou
à faire vacciner leurs enfants. Entre les associations de victimes d’effets indésirables
potentiellement liés aux vaccins qui demandent à être entendues et la multiplication de
médecins détracteurs de certains protocoles vaccinaux, il est vrai que la vaccination peut
faire peur. Pourtant, celle-ci sauve bien des millions de vies par an dans le monde.
D’abord, il y a eu la campagne massive de vaccina-
tion contre l’hépatite B. C’était entre 1994 et 1998.
Des millions de Français se sont précipités dans leur
pharmacie, acheter le fameux vaccin. « Le ministre de la
santé de l’époque, Monsieur Douste-Blazy, avait annoncé
que l’hépatite B tuait plus en un jour que le sida une an-
née. Les vaccins se sont fait à la chaîne, sans recul suffi-
sant, sans que les médecins ne prennent le temps de s’in-
terroger, ni d’interroger sur les éventuelles conséquences.
C’était pourtant le premier vaccin à génie génétique mis
sur le marché », regrette Cathy Gaches, infirmière et pré-
sidente du Réseau des victimes du vaccin contre l’hépatite
B (Revarhb), qui a dû faire douze rappels de vaccin pour
atteindre le taux d’anticorps anti-HBS exigé. Cathy Gaches
souffre d’une sclérose en plaques (SEP) et accuse le vac-
cin d’en être responsable. Aujourd’hui, avec du recul et un
calendrier vaccinal modifié, elle n’aurait pas pu recevoir
ces douze injections.
Puis d’autres polémiques n’ont fait qu’alimenter et ampli-
fier le doute. Parmi les plus ancrées, la campagne pour
le vaccin contre la grippe H1N1. Selon ses détracteurs,
elle avait été habillement dirigé par les lobbys pharma-
ceutiques. Les erreurs de communication et d’organisation
avaient ensuite eu un impact négatif sur le taux de vaccina-
tion contre la grippe saisonnière.
Il y a eu la polémique du Gardasil aussi. Des jeunes
femmes qui avaient développé des maladies auto-immunes
après l’injection de ce vaccin contre le papillomavirus, ont
porté plainte contre Sanofi. En octobre 2015, la justice
française a classé sans suite ces plaintes, considérant
qu’il n’y avait pas de lien. Mais les experts des différentes
commissions régionales de conciliation et d’indemnisation
(CRCI) se contredisent, estimant d’une part que les troubles
neurologiques constatés trouvent leur origine dans une
décompensation secondaire à un processus vaccinatoire,
mais qu’il n’existe aucun argument scientifique en faveur
de l’incrimination du vaccin. En ce qui concerne le fac-
teur bénéfices/risques, des études rassurent. « La mise en
évidence de l’efficacité du vaccin contre les cancers pren-
dra en effet du temps car les tumeurs du col de l’utérus se
développent en dix à vingt ans. Cependant, les données
scientifiques disponibles montrent que l’infection à papil-
lomavirus est un préalable constant au développement de
lésions précancéreuses, qui précèdent toujours la survenue
GRIPPE : QUI VACCINE ?Les infirmiers sont formés pour effectuer toutes les vaccinations sur prescription médi-cale. Depuis 2008, les infirmiers libéraux sont habilités à vacciner sans prescription médicale préalable les personnes fragiles contre la grippe, à l’exception de la pri-mo-vaccination. Cette mesure de santé publique a permis la vaccination de près d’un million de personnes lors de la dernière campagne. L’Ordre National des infirmiers et les syndicats représentants les libéraux sont favorables à un élargissement à d’autres types de vaccins. Un vaccin rapporte 6,30 euros à un infirmier (tarif incluant la consultation et l’acte) contre 23 euros pour un généraliste. n
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 46 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • dossier
d’un cancer invasif. Les études ayant montré que le vaccin
est très efficace pour éviter la survenue de lésions pré-can-
céreuses, il est donc très raisonnable de penser qu’il sera
capable d’empêcher la survenue de cancers », explique
l’Agence Nationale de sécurité du médicament (ANSM).
L’aluminium, pointé du doigtActuellement et depuis quelques années, c’est surtout l’hy-
droxyde d’aluminium, adjuvant contenu dans plusieurs vac-
cins – dont le DTP en primo-vaccination, obligatoire pour
les enfants - qui est pointé du doigt comme potentiellement
responsable de complications.
« Il y a encore peu de temps, on disait que l’aluminium
injecté lors d’une vaccination était censé être éliminé par
voie urinaire peu de temps après l’injection. Puis il y a eu
des travaux de recherche, notamment en France avec les
Pr Gherardi et Authier au CHU Henri Mondor à Créteil qui
ont démontré que la bio-persistance était beaucoup plus
longue et que certaines personnes avaient des difficultés
à éliminer l’aluminium de leur organisme, ce qui créait des
complications. Le Pr Schoenfeld en Israël s’appuie d’ailleurs
sur ces travaux dans ses recherches sur ce qu’il appelle
le syndrome auto-immun des adjuvants » explique Didier
Lambert, président de l’association d’Entraide aux malades
de myofasciite à macrophages (E3M). Pour lui, c’est une
évidence : la maladie dont il souffre, serait liée à l’alumi-
nium contenu dans les vaccins.
Qui a raison ?Une grosse partie de la population (29 % selon une ré-
cente enquête menée par Ipsos) se dit « méfiante » vis-à-vis
de la vaccination. Et si certains effets indésirables graves
– comme l’autisme pour le vaccin contre la rougeole, les
oreillons et la rubéole – ont définitivement été écartés,
d’autres non-corrélations restent difficiles à prouver. « En
ce qui concerne les maladies neuro-dégénératives poten-
tiellement liées au vaccin contre l’hépatite B, il y a des
gens qui ont en effet développé une SEP dans les mois
qui ont suivi une vaccination. Mais, ce n’est pas le vac-
cin en lui-même qui provoque la maladie. De nombreuses
études scientifiques l’ont démontré. Et si ce n’est pas juste
une coïncidence, la seule hypothèse valable - et cela res-
terait à démontrer - serait de dire que le vaccin a précipité
le passage de la maladie d’un stade asymptomatique à
un stade symptomatique chez des personnes qui de toute
façon étaient porteuses de cette pathologie », rassure le
© iStock/monkeybusinessimages
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 47 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • dossier
Pr Floret, pédiatre et président du Comité technique des
vaccinations.
Ce dernier dément également un lien entre la présence
d’aluminium et la survenue de myofasciites à macro-
phages. « Cette pathologie n’existe même pas dans la
nomenclature », soupire, exaspéré, le Pr Floret. Pourtant,
en 2013, 90 parlementaires ont signé un appel pour le
retour des vaccins sans aluminium. Marisol Touraine, a
aussi débloqué 150 000 euros pour la recherche menée
à Henri-Mondor. Mais pour le Pr Floret, cela ne doit pas
alimenter le doute : « C’est normal que l’État contribue à
financer des recherches. Mais ce n’est pas pour cela qu’il
valide pour autant le concept d’existence de maladies in-
ventées en France ».
Plus de transparenceEn fait, les détracteurs, dans leur majorité, ne sont pas des
militants anti-vaccins radicaux. « Tout n’est pas tout blanc,
ni tout noir », explique Didier Lambert. « Nous ne sommes
pas contre la vaccination, au contraire. D’ailleurs si nous
sommes victimes d’effets indésirables, c’est bien que nous
nous sommes fait vacciner à un moment donné. Néan-
moins, nous souhaitons davantage de transparence et de
recherches sur les adjuvants notamment. C’est une question
de sécurité et de santé publique. Quelle que soit la manière
dont nos propos peuvent être repris, mal utilisés ou défor-
més, nous sommes convaincus qu’il faut dire les choses »,
ajoute le président de l’association. Et dire les choses, pour
Didier Lambert, ce n’est pas seulement réclamer plus de
recherche, de reconnaissance de sa maladie ou même de-
mander la commercialisation de vaccins sans aluminium
« par principe de précaution ».
C’est aussi et surtout, dénoncer les lobbys, les conflits
d’intérêts et interroger sur les pratiques. Pour ce président
d’association, si l’adjuvant au phosphate de calcium utilisé
avant 2007 ne fait plus partie de la composition des vac-
cins et qu’il a été remplacé par l’hydroxyde d’aluminium,
c’est simplement parce que les laboratoires n’y trouvaient
pas leur compte financièrement et non parce qu’il y avait
une augmentation importante d’allergies comme le prétend
le laboratoire Sanofi.
« Il suffit de faire le calcul. Le tarif du vaccin DT Polio
Mérieux sans aluminium qui n’est plus commercialisé est de
6,40 euros. Celui avec aluminium – qui ajoute d’ailleurs
une valence de façon systématique – est de 10,70 euros
et le vaccin hexavalent avec aluminium coûte 40 euros.
Devinez pourquoi le premier n’est plus du tout commercia-
lisé et le deuxième a connu de nombreuses ruptures de
stock imposant aux parents de se procurer le troisième alors
que la vaccination contre la coqueluche, l’hépatite B et
l’infection à haemophilus influenzae de type b, ne sont pas
LES INFIRMIERS SOUMIS À L’OBLIGATION VACCINALELes vaccinations en milieu de travail sont régies par deux réglementations différentes : le Code du travail, qui prévoit qu’un employeur, sur proposition du médecin du travail, peut recommander une vaccination visant à prévenir un risque profession-nel, et le code de la santé publique, rendant obligatoire, pour certains personnels particulièrement exposés, certaines vaccinations. C’est ainsi que les infirmiers sont soumis à l’obligation d’être à jour des vaccinations pour la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, l’hépatite B, le BCG. n
COMMENT ÉVOLUE LE CALENDRIER VACCINAL ?Le calendrier vaccinal fixe les recommandations « gé-nérales » ainsi que des recommandations vaccinales « particulières » propres à des conditions spéciales comme les expositions professionnelles par exemple. Le Comité technique des vaccinations (CTV), qui regroupe des experts de différentes disciplines propose des adaptations annuelles en fonction des données scienti-fiques recueillies (par exemple, la vaccination contre le papilloma-virus est passée de trois doses à une dose), mais aussi exceptionnelles comme cela a été le cas en 2013, lors d’une refonte et d’une simplification du ca-lendrier vaccinal. Le nombre de rappels pour le vaccin DTP a notamment été réduit avec un schéma à âge fixe et non calculé sur un nombre d’années écoulées depuis un dernier rappel. Cela faciliterait la mémorisation des dates pour les médecins et pour les patients. n
© Cyrienne Clerc
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 48 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
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Actusoins • dossier
des vaccins obligatoires », interroge ironiquement Didier
Lambert. Le laboratoire aurait, selon lui, falsifié des don-
nées pour inquiéter les autorités sanitaires en vue d’un re-
trait du vaccin sans aluminium en 2008.
La vaccination sauveSelon plusieurs études et sondages, les parents et les
patients semblent moins s’inquiéter des maladies dont la
vaccination protège que des risques éventuels. Pourtant,
selon l’OMS, dans le monde, 1,5 million d’enfants meurent
encore de maladies que les vaccins existants permettraient
d’éviter. Et, même si la France est un pays développé, la re-
crudescence de la rougeole, avec ses complications neuro-
logiques potentielles par exemple, inquiète. Les maladies,
dites « éradiquées » réapparaissent elles aussi. Tétanos en
France, poliomyélite en Ukraine, diphtérie en Espagne…
Idem pour la tuberculose.
Quant à l’hépatite B, dans le monde, 240 millions de per-
sonnes sont porteuses du virus. « Le vaccin anti-VHB est la
clé de voûte de la prévention contre cette pathologie lourde
de complications et mortelle », explique l’INPES.
Alors comment prendre en compte les revendications des
victimes potentielles, continuer la recherche, tout en menant
des campagnes de vaccination efficaces afin de protéger
la santé individuelle et publique ? La député Sandrine Hurel
a été mandatée l’été dernier pour remettre un rapport au
ministère de la santé à ce sujet. Au moment de la rédaction
de cet article et après maintes relances au ministère, impos-
sible de savoir quand ce rapport sera réellement rendu !
D’autres pistes pour les réticentsOutre le développement de la recherche sur la corrélation
aluminium/effets indésirables, et le remplacement de cet
adjuvant par « principe de précaution », certaines asso-
ciations préconisent des schémas vaccinaux plus « per-
sonnalisés ». « Il faudrait mettre à disposition un calendrier
vaccinal personnel car chaque personne réagit de façon
spécifique sur le plan immunologique », explique Olivier
Toma, président du C2DS (Comité pour le développement
durable en santé).
Selon lui, certains procédés, comme une simple sérologie
vaccinale pour mesurer les anticorps permettrait de ne vac-
ciner que les personnes qui en ont réellement besoin, par
exemple pour le DTPolio qui doit être renouvelé systémati-
quement à l’âge adulte à 25, 45, 65, 75 ans puis tous les
10 ans. Cela permettrait aussi de limiter les risques mais
aussi le coût financier lié à la vaccination de masse. Mais
pour le Pr Floret, cette proposition de vaccination à la carte
n’est qu’utopie. « Cela n’a aucun sens et c’est trop compli-
qué à mettre en place. On connaît la durée de protection
des vaccins qui est la même pour tout le monde, sauf pour
les personnes immunodéprimées ». À suivre… n
MALIKA SURBLED
MÉFIANCE DES PARENTS : LES PUÉRICULTRICES TÉMOIGNENT
Sébastien Colson, président de l’ANPDE (Association Nationale des Puéricultrices Diplômées D’Etat)
La vaccination est faite pour protéger l’enfant et les per-sonnes vulnérables. Actuellement, c’est le moyen le plus efficace vis-à-vis des maladies infectieuses évitables. Les infirmières puéricultrices sont garantes du bon suivi du carnet vaccinal de l’enfant et valorisent l’importance de ce bon suivi, en fonction des recommandations qui prennent appui sur des données épidémiologiques. Il est important d’éradiquer les maladies infantiles : du fait de la baisse de la vaccination, on a observé une recrudescence de la rougeole, maladie qui n’existait presque plus en France. Certains vaccins sont obliga-toires, d’autres sont simplement recommandés. Afin de couvrir plus efficacement la population, l’ONPDS (Ob-servatoire National de la Démographie des Professions de Santé) avait recommandé que la vaccination (hors première injection) relève également de la compétence des puéricultrices en 2013. Malheureusement, tout ce qui concerne une avancée de notre profession et de notre formation est en stand-by depuis 2011.
Karine, infirmière puéricultrice, responsable dans un centre de PMI à ParisOn est là pour sensibiliser les familles sur l’intérêt de la vaccination. Nous avons un grand rôle d’éducation. Parfois, les parents expriment des réticences, par rap-port au vaccin contre l’hépatite B – qui a mauvaise presse depuis une quinzaine d’années –, ou même par rapport au BCG. Je leur explique que la corrélation entre la sclérose en plaques et le vaccin contre l’hépa-tite B n’a jamais été prouvée et, pour le BCG, qu’il y a une recrudescence de tuberculose. J’invite aussi les fa-milles à parler de leurs doutes au pédiatre, chargé des vaccinations, et je leur remets une plaquette explicative avec les effets indésirables potentiels. Il y a des parents qui arrivent en ayant déjà pris une décision négative ferme par rapport aux vaccins recommandés. Même si on peut essayer de discuter de cela avec eux, voire même de les convaincre, il faut respecter leur décision. Les familles demandent malheureusement de plus en plus un service vaccinal « à la carte ». n
© DR
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 50 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • portrait
Florence Ambrosino
en 7 dates :
1984 : obtient son DE,
2008 : se forme à la consultation
infi rmière,
2008 : intègre le réseau ILHUP,
2010 : obtient un D. U plaies et
cicatrisation,
2013 : obtient un master en
Sciences cliniques infi rmières,
2014 : participe à des groupes de
travail pour la HAS,
2015 : devient coordinatrice
pédagogique pour ISIS formation.Malika Surbled
Florence Ambrosinopromouvoir la « pratique avancée »
Convaincue qu’une troisième
voie d’évolution est
possible pour la fi lière
infi rmière, Florence
Ambrosino, infi rmière
depuis trente-et-un
ans, se bat pour le
développement et
la reconnaissance
de la pratique
avancée en France.
Avec succès.
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 52 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • portrait
Elle arrive sur le lieu de rendez-vous, intriguée par l’en-
tretien auquel elle a accepté de participer. Florence
Ambrosino a pourtant l’habitude des journalistes. De-
puis plus de trois ans en effet, elle représente la promo des
infirmières de pratique avancée et n’hésite pas à soutenir
cette nouvelle filière auprès des médias. Filière que peu
de personnes, - y compris les professionnels – comprend
encore.
Cette fois, Florence est prévenue : il s’agira bien d’abor-
der le sujet de la pratique avancée, mais sous forme d’un
portrait, et non d’une interview ou encore d’un article de
fond. Et ça, pour elle, c’est bien nouveau. « Parler de
moi ? », interroge-t-elle. « En ce moment, ma vie se résume
à mon métier. Je travaille sans relâche et mes journées sont
longues. Entre mon nouveau poste de coordinatrice péda-
gogique à l’Institut de Soins Infirmiers Supérieurs et mon
implication parallèle pour la pratique avancée, je n’ai pas
une seconde. Mais j’aime ça et c’est important pour moi »,
explique Florence.
Peu de place pour une vie perso et une implication sans
limite dans son job ? Soit. De toute façon, l’idée de l’entre-
tien en tête-à-tête face à la mer – Florence habite Marseille -
était bien de parler de la pratique avancée des infirmières.
Un objectif de 12 000 infirmières formées« Après l’adoption de la loi sur la modernisation du système
de santé (le jeudi 17 décembre, N.D.L.R.) et que tout se
déroule bien, il devrait y avoir environ 12 000 infirmières
formées dans les prochaines années », ajoute Florence.
« Mais pour l’instant, nous ne sommes qu’une centaine à
avoir suivi et validé le master en sciences cliniques infir-
mières qui mène à cette fonction ».
Une fonction, qui jusqu’à présent n’était pas reconnue
officiellement, et qui représente une véritable troisième voie
d’évolution pour les professionnels souhaitant élargir leur
cercle de compétences.
« Avant, note-t-elle, quand vous souhaitiez évoluer tout en
bénéficiant d’une reconnaissance de vos compétences ap-
profondies ainsi que d’une revalorisation salariale, il n’y
avait que deux voies possibles : devenir cadre de santé
ou se spécialiser. L’ouverture d’une troisième voie avec la
pratique avancée permettra aux infirmiers d’exercer un nou-
veau métier, avec une fiche de poste et un salaire qui vont
avec et dans le cadre de textes réglementaires stricts. En
termes de compétences, ces infirmiers diplômés pourront
notamment prescrire certains traitements et certains exa-
mens complémentaires, sans que cela fasse partie d’un
protocole de coopération, qui contrairement à la pratique
avancée est une délégation d’actes ».
Une autre approche du métierPlus que de militer pour une fonction légale qui se situe-
rait entre celle de l’infirmière et celle du médecin, Florence
préfère aborder le sujet sous l’angle de la prise en charge
globale des patients. « C’est une autre approche du métier,
souligne cette passionnée. On peut exercer différemment.
On n’est pas obligé d’effectuer un acte prescrit par un mé-
decin sans se poser plus de questions que ça. On peut
élaborer des plans de soins personnalisés, travailler sur des
diagnostics infirmiers, ouvrir le champ sur tout l’environne-
ment du patient, sur ses attentes. C’est ce qui est passion-
nant dans cette fonction. Voici ce que je donne toujours
pour exemple, et cela rejoint la démarche des infirmières
en éducation thérapeutique : On ne prend pas en charge
une plaie, mais bien un patient porteur de plaie ».
« C’est-à-dire qu’il faut prendre en considération le passé
du patient, son entourage, ses croyances, ses peurs, en
fondant sa pratique sur des données probantes. L’infirmière
de pratique avancée sera là pour cela. Elle se chargera
de faire le lien et de contacter les différents intervenants
mais aussi de s’interroger sur les envies et les besoins réels
des patients. Elle exercera aussi un leadership d’équipe »,
explique Florence.
« Cela se fait déjà. Certains hôpitaux ont des postes dé-
diés à ce positionnement et à cette expertise infirmière.
Mais il fallait vraiment légiférer sur tout cela, pour une meil-
leure reconnaissance de ces fonctions complémentaires
indispensables », précise-t-elle.
Pendant vingt ans, Florence a exercé avec enthousiasme
son métier. En libéral, cheminant d’appartement en appar-
tement, elle s’intéressait aux patients et à leur bien-être. Le
déclic « Pratique avancée », même si à l’époque cela ne
portait pas encore ce nom, lui est venu lors d’une première
formation sur la consultation infirmière, suivie un peu par
hasard. C’était en 2008.
« Dans cette formation, j’ai rencontré des professionnels
exceptionnels. Cela a provoqué un réel chamboulement
de ma vision du métier », affirme-t-elle. C’est alors qu’elle
a commencé à changer. Intégrant un réseau de santé en
qualité d’infirmière coordinatrice, puis l’Institut de soins
infirmiers supérieurs, elle a mis à profit son expérience et
a toujours continué à se former et à former ses pairs. Et ce
n’est pas fini. n
MALIKA SURBLED
“Élaborer des plans de soins personnalisés,
travailler sur des diagnostics infirmiers,
ouvrir le champ sur tout l’environnement
du patient, sur ses attentes. C’est ce qui
est passionnant dans cette fonction.
”
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 53 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • en images
En oncologie,
Textes et photos de Simon Lambert
face aux jeunes combattants
Tous les matins à 9 heures, l’équipe se réunit dans le poste de soin sous la direction du Pr Nicolas Boissel, chef de service. Cette réunion permet de faire un rapide bilan des patients présents (seize lits en chambre individuelle au total) et prévoir ou adapter le protocole de soin pour la journée à venir. L’équipe de nuit a transmis ses observations lors du changement d’équipe à 6 heures du matin. Chaque infirmière fait le point sur les quatre patients dont elle a la responsabilité.
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 54 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • en images
En 2010, pour la première fois en France, une uni-
té d’hématologie ouvre à l’hôpital Saint-Louis à Paris
avec pour but l’accueil d’une population spécifique :
les adolescents et les jeunes adultes. Chaque année, ce
sont près de 200 patients âgés de 15 à 25 ans qui sont
traités pour des leucémies aiguës, des lymphomes et des
aplasies médullaires à l’AJA (unité fonctionnelle d’hémato-
logie Adolescents et Jeunes Adultes). Lors de réunions plu-
ridisciplinaires, les médecins, infirmiers, aides-soignants,
mais aussi psychologue, assistante sociale, animatrice,
diététicienne et kinésithérapeute cherchent ensemble des
traitements adaptés à chaque patient.
En proposant une structure de soins à cheval entre les méde-
cines pédiatriques et adultes, ce service tend à lutter contre
l’effet de « mise en parenthèse » subi par ces jeunes à une
période charnière de leur vie. L’environnement de soin doit
aussi répondre aux besoins psychosociaux de cette tranche
d’âge particulière : des associations interviennent pour
l’accompagnement scolaire, celui des familles et l’accueil
des proches (amis et petits copains par exemple).
Au quotidien, les soignants doivent faire preuve d’une
grande flexibilité avec ces jeunes patients pour qui tout est
négociable : les horaires de réveil, de prises de traitements,
de visites des proches. Il faut parfois adapter les règles
figées d’un hôpital au rythme de vie des adolescents et
jauger des différences de développement psychologique
des jeunes.
Le but étant toujours d’obtenir une meilleure adhésion théra-
peutique qui peut parfois faire défaut à ces âges. n
Camille Freedman (à gauche) infirmière, pose une sonde naso-gastrique sur Alexandre, un patient qui vient de recevoir une greffe de moelle, assistée de Pauline Leconte une étudiante. Les gestes courants dans le service sont : des prises de sang sur voie centrale, de l’administration de chimiothérapie, des transfusions sanguines, des greffes de cellules souches, de l’antibiothérapie, et des soins de cathéter. Il faut aussi assister les médecins et internes lors des myélogrammes, des ponctions lombaires et des biopsies ostéo-médullaires.
Clémence Loiseau, interne, (à droite) réalise une ponction lombaire sur le jeune Yann-Alric, assistée de Kevin Le Lardic, étudiant infirmier et de Souad Azdouz, aide soignante, sous les yeux attentifs de la mère de Yann-Alric. La ponction lombaire, relativement impressionnante pour les plus jeunes patients, est un acte fréquent dans le service.
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 55 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • en images
Le mercredi, c’est le jour de la grande visite médicale. Chef de service, chef de clinique, praticien hospitalier, internes et externes visitent chaque patient pour faire un point sur le traitement en cours. Cette grande visite est un élément clé de la formation des futurs médecins. Ici, Elodie écoute le médecin qui lui explique la suite de son protocole de soin.
En plus du personnel soignant, une animatrice travaille à temps plein dans le service. Marion Lazaro organise des activités ludiques et manuelles, gère différentes associations intervenant dans le service et prépare les petites fêtes qui rythment la vie du service. Sur cette photo, le personnel célèbre les 17 ans d’Elodie. Tout est bon pour redonner un peu de moral aux patients.
Le service AJA est un lieu plein de vie. Il n’est pas rare de voir des infirmières et aides-soignantes prendre une pause en jouant au baby-foot avec des patients. Souad Azdouz (à gauche), aide soignante, vient de remporter une partie contre Caroline Uloghobui (au centre), infirmière, et Cédric, un patient. En travaillant dans ce service, il faut savoir parfois réduire la distance avec les patients et dépasser le simple cadre professionnel.
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 56 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • en images
Le chef de service (Dr Nicolas Boissel, à gauche) annonce à Alexandre, en présence de Justine Decroocq (interne), de Raphael Itzykson patricien hospitalier, et d’Elodie Pichon, infirmière, que sa permission de sortie de quelques jours est reportée en raison des mauvais résultats de sa dernière prise de sang. C’est une très grande déception pour Alexandre qui attendait vraiment de pouvoir sortir de cette chambre de flux (avec un système de filtration de l’air) assez oppressante.
Suite au maquillage réalisé par la socio-esthéticienne, Juliette regarde son visage dans la glace. Pour les filles, dont le rapport au corps est particulièrement bouleversé à l’hôpital, le passage de la socio-esthéticienne est très apprécié. Les effets secondaires des chimiothérapies sont particulièrement difficiles à supporter pour de jeunes patients dont l’adolescence perturbe déjà le rapport au corps.
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 57 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • soignants d’ailleurs
Thaïlande : l’attrait Walailux Kamnungkarn est une infirmière thaïlandaise. Elle travaille dans un hôpital privé
de la capitale, Bangkok. Un choix qui lui permet de gagner jusqu’à trois fois plus que
dans le secteur public, en crise.
© Moland Fengkov/Haytham Pictures
Chaque année, elles sont ainsi plusieurs centaines à passer du secteur public au privé où elles peuvent bénéficier de salaires bien plus intéressants et d’heures supplémentaires jusqu’à trois fois mieux payées.
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 58 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • soignants d’ailleurs
du privéD
ans un hôpital moderne et ultrapropre d’un quar-
tier chic de Bangkok, nous retrouvons Walailux
Kumnungkarn, 40 ans, dans un salon cosy. On est
loin des établissements surchargés du secteur public, où
l’attente peut devenir interminable. Ici, tout est calme et
comme sous contrôle. Elle apparaît en blouse, et couvre-
chef bleu sur la tête, un sourire aux lèvres. La jeune femme
a débuté à 21 ans dans le métier, muée par une volonté
d’« aider les autres. » D’ailleurs, dans sa famille, c’est une
question de vocation : sa sœur aussi est devenue infirmière.
En Thaïlande, il y a différentes façons d’obtenir son di-
plôme : les écoles d’infirmières d’État et les écoles privées.
Les programmes sont uniformisés, mais les tarifs payés
écrèment fortement les candidates : il faut payer environ
50 000 bhats (environ 1 300 euros) pour les quatre ans
dans un établissement public, une véritable fortune, et plus
encore, plusieurs centaines de milliers de bhats, pour des
études dans le privé.
Walailux a eu la chance que ses parents puissent payer
pour elle. Pour les autres, « il reste les bourses, mais il faut
qu’elles remboursent dès qu’elles commencent à travail-
ler », explique-t-elle.
Le secteur public en criseSi dans son hôpital, elle peut prétendre à gagner entre
7 000 bhats par mois (180 euros) en début de carrière, et
10 000 bhats en fin de carrière (cadre de santé, N.D.L.R.),
Walailux reconnaît que le secteur public est en difficulté. Il
y a deux ans, les infirmières d’État étaient descendues dans
la rue pour demander plus de moyens.
Au motif de leurs doléances, la charge de travail trop
importante qui s’explique par un manque d’infirmières,
surtout spécialisées mais également des salaires très bas
qui précarisent le métier. Chaque année, elles sont ainsi
plusieurs centaines à passer du secteur public au privé où
elles peuvent bénéficier de salaires bien plus intéressants et
d’heures supplémentaires jusqu’à trois fois mieux payées.
En Thaïlande, on compte actuellement une infirmière pour
1 000 patients, ce qui est très inférieur aux taux dans des
pays voisins : en Malaisie, on en compte 2,3/1 000 et à
Singapour, 5,9/1 000 ! Or, le pays aura besoin, d’ici à
2017, de 50 000 infirmières pour travailler dans le public
et le privé, pour s’occuper d’une population qui aura atteint
alors 70 millions d’habitants.
Dans son hôpital privé, Walailux fait figure de « privilé-
giée ». « Mon quotidien, raconte-t-elle, s’organise de façon
assez régulière. Je rends visite aux patients dans la mati-
née, nous préparons la prise de médicaments, puis nous
distribuons les repas. C’est une prise en charge générale,
qui inclut aussi la toilette. »
Le cancer, une maladie en plein boomSes patients souffrent majoritairement de cancer, « une ma-
ladie en plein boom » dans le pays, du fait de l’augmenta-
tion de l’espérance de vie. Walailux assure donc les soins
thérapeutiques mais elle soutient « également les familles. »
Bien sûr, si elle constate un patient particulièrement en diffi-
culté, elle « fait appel au médecin. » Si nécessaire, en cas
d’attaque, de crise cardiaque etc., les patients sont transfé-
rés vers un hôpital plus important. L’infirmière reconnaît que
« garder la distance n’est pas toujours facile, surtout quand
on les suit sur une longue période de temps. »
Par ailleurs, Walailux souligne « de bonnes relations avec
les médecins. » Le matin, la transmission permet de faire le
point sur l’état de santé des patients, ils effectuent la vérifi-
cation sur le papier pour voir si les constantes vitales sont
correctes. Et régulièrement, des réunions du staff permettent
de communiquer entre différents corps de métier. Son hôpi-
tal compte un staff de 250 infirmières.
Son uniforme ? « Je suis fière de le porter. Cela me rappelle
toujours de mieux prendre soin de mes patients, de faire le
meilleur pour eux. Cela me rappelle ma mission, déclare-t-
elle. Et pour le patient, cela compte : c’est aussi le symbole
que l’on va bien prendre soin de lui. »
Dans son hôpital, même si la plupart des patients sont thaï-
landais, Walailux reconnaît qu’elle a également des ma-
lades birmans, chinois, japonais ou même anglais, confir-
mant aussi la Thaïlande comme celle d’un tourisme médical
de qualité et financièrement accessible. n
DELPHINE BAUER / YOUPRESS
“Le pays aura besoin, d’ici à 2017,
de 50 000 infirmières pour travailler dans le public
et le privé, pour s’occuper d’une population qui
aura atteint alors 70 millions d’habitants.
”
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 59 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • soigner autrement
La relaxation,Nathalie Scol et Armelle Lablanche, infirmières de l’éducation nationale, l’une dans
le Nord, l’autre en Alsace, cherchent à promouvoir le recours à la relaxation en milieu
scolaire pour calmer les élèves confrontés à des crises d’angoisse.
Une pratique qui a fait ses preuves.
Dire que c’est le lot quotidien de Nathalie Scol et
d’Armelle Lablanche serait quelque peu exagéré.
Mais force est de constater que les deux infirmières
de l’éducation nationale sont de plus en plus régulièrement
confrontées à des crises de spasmophilie, d’angoisse ou
encore à des agressions de la part des élèves. « Cette
tension peut s’expliquer par un mal-être familial, une forte
pression pendant leurs études ou encore par l’environne-
ment médiatique qui dépeint une société au plus mal »,
souligne Nathalie Scol, infirmière de l’éducation nationale
à Hellemmes, en banlieue lilloise, dans un collège avec
internat et trois écoles primaires.
C’est dans un lycée où elle exerçait auparavant, qu’elle a
commencé à expérimenter la relaxation. « J’ai eu une prise
de conscience dans cet établissement, où je devais courir
dans les classes pour faire face à de grosses crises d’an-
goisse de la part des élèves, notamment des jeunes filles »,
se rappelle-t-elle. Et lorsqu’elle ne pouvait pas intervenir, les
professeurs faisaient appel aux pompiers. Pourtant, « lors
de mes interventions, je parvenais à calmer les jeunes en
quelques minutes, sans avoir l’impression de faire quelque
chose d’exceptionnel », explique Nathalie Scol.
Moment de détenteDe fait, lorsqu’elle a eu l’opportunité de suivre une forma-
tion financée par l’académie de Lille, avec une sophro-
logue, elle n’a pas hésité une seule seconde. Elle a ainsi
pu apprendre des méthodes pour enseigner à son tour
aux élèves angoissés, les façons de se concentrer sur leur
respiration et de faire de la méditation pleine conscience
« simple et accessible à tous ».
Cette médiation consiste à « être là » au moment présent, à
prendre conscience de ses émotions à l’instant T et de la ré-
action de son corps. Pourquoi est-ce que je respire si vite ?
Comment puis-je réduire cette fréquence ? Pour l’infirmière,
il s’agit véritablement d’un outil de soins infirmiers puisque
l’objectif est d’améliorer le bien-être physique de l’élève.
Armelle Lablanche, infirmière de l’éducation nationale de-
puis huit ans dans le Bas-Rhin, en lycée, collège, primaire
et maternelle, est elle aussi convaincue des bienfaits de la
respiration et du recentrage sur soi pour le bien-être des
élèves. « J’ai eu un parcours de vie personnelle pas très
facile, se confie-t-elle. Être zen tout le temps est donc deve-
nue ma philosophie de vie. Je l’ai appris par moi-même. »
pour des élèves moins angoissés
© iStock/StockFinland
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 60 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • soigner autrement
Et d’ajouter : « Lorsque je suis face à des élèves en situation
de stress d’origines diverses, je vais les recentrer sur eux-
mêmes et sur leur capacité à trouver des ressources en eux,
comme je le fais pour moi. »
La respiration ventrale permet de reconnaître son émotion
et de focaliser son attention sur l’instant présent. « Avec
cette respiration, on matérialise l’inspiration et l’expiration,
on voit le ventre se remplir et se vider, indique-t-elle. Ce
focus permet un retour, en quelques minutes, à un rythme
normal de respiration et d’oxygénation permettant ainsi
d’éviter l’hospitalisation parfois nécessaire à cause des rai-
deurs provoquées par l’hyperventilation. »
Application concrèteArmelle Lablanche utilise cette méthode au cas par cas,
lorsque les professeurs ou les surveillants font appel à elle
pour un élève en crise. « Je vais déplacer l’élève, le sor-
tir de son milieu anxiogène et le conduire à l’infirmerie
pour lui faire pratiquer cette respiration ventrale ou pour
le recentrer sur lui-même, dans un endroit calme, loin du
regard des autres. »
De son côté, Nathalie Scol a développé ses premières
séances de relaxation d’environ une heure avec un groupe
d’une quinzaine d’élèves du lycée, internes et/ou externes,
qui venait toutes les semaines. « Nous faisions de la respira-
tion tous ensemble, en fermant les yeux, pour se détendre,
prendre conscience de nos bras, de nos jambes, du bien-
être puis, je leur demandais ce qui leur a plu ou déplu. »
Elle a dispensé ces séances de groupe, et parfois indivi-
duelles, pendant trois ans avant d’être mutée dans un collège.
« Il y a également des crises d’angoisse chez les collégiens,
mais c’est surtout de l’agitation, des enfants insolents, qui
manifestent une violence verbale, un mal-être par rapport à de
mauvais résultats scolaires, qui ont des difficultés à se concen-
trer en raison de leurs longues journées », constate-t-elle.
Cette fois-ci, elle a décidé de proposer des petites séances
de cinq à dix minutes en petits groupes à l’internat du col-
lège, avec les filles puis avec les garçons. « Cela leur plaît
car ils sont toujours dans l’action, et ils ont parfois besoin de
s’arrêter, d’être apaisés », explique Nathalie Scol.
Enseigner ces méthodes aux professeursElle a aussi suggéré au chef d’établissement de former les
professeurs à ces méthodes de relaxation pour permettre
une action sur un plus grand nombre. Désormais, un coach
sportif dispense une formation de 18 heures sur la médita-
tion de pleine conscience aux trois quarts des professeurs
de l’établissement, afin que ces derniers puissent l’introduire
dans leur cours. « C’est un bénéfice pour l’infirmière qui
se doit d’organiser des projets pour éviter que les élèves
ne défilent dans son infirmerie avec des maux de ventre
ou d’autres symptômes somatiques. Et puis c’est bénéfique
pour les professeurs qui vont être, en classe, face à des
élèves plus concentrés, plus aptes à mémoriser », rapporte
Nathalie Scol.
Certains professeurs mettent déjà en pratique leur forma-
tion. « D’autres me disent ne pas avoir le temps, note-t-elle,
mais il s’agit juste d’agir en prévention pendant cinq mi-
nutes au début du cours pour déstresser et désangoisser les
élèves, et ainsi éviter de perdre du temps lorsqu’ils ne sont
pas concentrés. »
Armelle Lablanche souhaiterait pouvoir mettre en place un
programme de relaxation au sein de son établissement.
« J’en ai parlé avec le chef d’établissement dans le cadre
d’un état des lieux sur la phobie scolaire et les crises de
spasmophilie. Je lui ai proposé un programme pour les pro-
fesseurs et les élèves, qui permettrait également d’évoquer
l’estime de soi et de réduire la prise de médicaments chez
certains élèves. » Pour Nathalie Scol, la relaxation est aussi
une bonne alternative aux traitements anxiolytiques que
prennent de plus en plus d’élèves. Mais pour développer
ces méthodes, l’adhésion des institutions doit se dévelop-
per. « Cela vise le mieux-être des individus dans leur quo-
tidien », considère-t-elle. Mais « c’est encore pratiqué à la
marge, pointe du doigt Armelle Lablanche. En France, nous
sommes les premiers consommateurs de médicaments. Les
gens n’arrivent pas encore à croire que nous puissions nous
soigner sans y avoir recours. » n
LAURE MARTIN
“La relaxation est aussi une bonne
alternative aux traitements anxiolytiques
que prennent de plus en plus d’élèves.
”
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 61 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • vos droits
“ IL Y A UN PROTOCOLE DE SOIN DANS MON SERVICE. EST-CE QUE CELA VAUT PRESCRIPTION MÉDICALE ? EST-IL OPPOSABLE ? SUIS-JE OBLIGÉE DE L’EXÉCUTER ?
”Le protocole constitue le plus souvent un document très général, susceptible de s’appli-
quer à une population très large consistant en un descriptif des techniques à appliquer et/ou des principes et des consignes à observer dans certaines situations de soins et dans l’adminis-tration des soins. C’est une sorte de guide de l’application des procédures de soins, centré sur une cible (groupe, communauté ou individu) présenté sous forme synthétique.Toutefois, il peut aussi être un document parti-culier pour un patient déterminé, en fonction de l’état de santé qu’il présente.L’infirmier ou l’infirmière peut être amené à appli-quer deux sortes de protocoles :• Les protocoles relevant du rôle propre de l’in-firmier et dont l’élaboration relève de l’infirmier (article R 4311-3 CSP). Ils concernent alors les actes relevant du rôle propre de l’infirmier, donc de sa compétence exclusive.Ce texte énonce, dans le cadre de son rôle propre « l’infirmier ou l’infirmière a compétence pour prendre les initiatives et accomplir les soins qu’il juge nécessaires conformément aux disposi-tions des articles R. 4311-5, R. 4311-5-1 et R. 4311-6. Il identifie les besoins de la personne, pose un diagnostic infirmier, formule des objectifs de soins, met en œuvre les actions appropriées et les évalue. Il peut élaborer, avec la participation des membres de l’équipe soignante, des proto-coles de soins infirmiers relevant de son initiative. Il est chargé de la conception, de l’utilisation et
de la gestion du dossier de soins infirmiers ».Dès lors, il est tout à fait possible pour l’infirmier placé dans une situation particulière pour un patient donné de prendre les initiatives qui lui paraissent opportunes et justifiées par l’état de santé du patient. Il appartient en réalité à l’infir-mier d’apprécier la situation et de déterminer si le protocole peut être appliqué dans la situation à laquelle il est confronté ou pas.• Les protocoles rédigés par les médecins, concernant les actes ne relevant pas du rôle propre de l’infirmier (articles R 4311-7 et R 4311-8 CSP). L’élaboration de ces protocoles permet ici, de faciliter la prise en charge des patients et évite de laisser les infirmiers et les pa-tients dans l’attente d’une prescription médicale.Ceux-là doivent être appliqués, en l’absence de prescription médicale « individuelle », dès lors que les actes qu’ils visent ne relèvent pas du rôle propre de l’infirmier. Concernant les actes visés dans ces deux textes, l’infirmier ne peut, sauf à engager sa responsabilité, s’écarter de la pres-cription médicale ou du protocole de soins.Il convient également de rappeler que l’article R.4312-29 du CSP prévoit quant à lui que « l’infirmier ou l’infirmière applique et respecte la prescription médicale écrite, datée et signée par le médecin prescripteur, ainsi que les protocoles thérapeutiques et de soins d’urgence que celui-ci a déterminés ».La seule situation, permettant à l’infirmier de refuser d’appliquer un protocole est celle où le
protocole ne serait pas suffisamment précis ou serait inadapté au cas du patient et dont l’ap-plication serait de nature à créer un risque pour ce dernier.Dans cette hypothèse, il doit demander au mé-decin prescripteur un complément d’information chaque fois qu’il le juge utile, notamment s’il estime être insuffisamment éclairé. L’infirmier ou l’infirmière communique au médecin prescripteur toute information en sa possession susceptible de concourir à l’établissement du diagnostic ou de permettre une meilleure adaptation du traite-ment en fonction de l’état de santé du patient et de son évolution (…).En d’autres termes, l’infirmier ou l’infirmière n’est pas tenu d’exercer un contrôle technique sur la prescription médicale. Cependant, si celle-ci lui paraît inadaptée voire dangereuse, il lui appartient de prendre attache avec le médecin prescripteur. En cas de refus de la part du mé-decin de revoir sa prescription ou l’application du protocole, il est préférable pour le personnel infirmier de lui signifier son refus d’exécuter la prescription et de la consigner en détail dans le dossier médical du patient.En effet, selon l’article R.4312-26 du CSP, « l’infirmier ou l’infirmière agit en toutes circons-tances dans l’intérêt du patient ».
JURISTE - MACSF
“ JE SUIS INFIRMIÈRE EN CDI DANS UNE CLINIQUE. IL N’EST PAS SPÉCIFIÉ DE SERVICE EN PARTICULIER SUR MON CONTRAT. EST-IL LÉGAL DE ME FAIRE CHANGER DE POSTE DEUX FOIS DANS LA MÊME JOURNÉE, QUI PLUS EST POUR OCCUPER DES FONCTIONS RADICALEMENT DIFFÉRENTES ?
”La jurisprudence considère que l’employeur peut confier à un salarié une tâche différente
de celles exercées précédemment ou lui confier une tâche supplémentaire, dès lors que cette tâche correspond à sa qualification.Lorsque les missions confiées à un salarié sont ramenées à un niveau inférieur ou ne se rattachent pas à sa qualification, il y a une modification du contrat de travail (Cassation soc 6 octobre 2010). Or la modification d’un élément essentiel du contrat de travail nécessite l’accord exprès du salarié pour sa mise en
œuvre. En conséquence, sauf cette hypothèse, votre refus de changer de poste ne peut être envisagé.Néanmoins au vu des difficultés rencontrées du fait de ces changements d’affectations successives je vous conseille lors de votre prochain entretien d’évaluation de vous en entretenir avec votre employeur. Vous avez la possibilité de solliciter auprès de votre employeur une modification de votre contrat afin que votre service d’affectation soit précisé ainsi que les modalités de changement.
Je vous conseille également d’appuyer votre demande lors de votre entretien sur votre fiche de poste. La fiche de poste est un descriptif de la fonction exercée par un salarié. Le poste est décrit tel qu’il est tenu en fonction des missions confiées à ce dernier. La fiche de poste est évolutive, elle est datée et réactualisée au cours de l’entretien d’évaluation.
JURISTE - MACSF
ACTUSOINS • 62 • 19 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • se former
Se formeren jouantEn marge des enseignements
académiques, les serious games
sont de plus en plus utilisés dans
la formation initiale et continue.
Une nouvelle façon de se former,
moins académique et plus ludique.
Le serious game aura certainement le vent en poupe
dans les hôpitaux et les instituts de formation en soins
infirmiers ces prochaines années. Il faut dire que l’outil
peut convaincre. « Je suis issu de la génération Y et je suis
très à l’aise avec les nouvelles technologies. L’utilisation de
serious games dans l’apprentissage du métier nous per-
mettrait d’appréhender certaines situations en conditions
réelles, avant de les rencontrer vraiment dans un service »,
raconte, enthousiaste, Tristan, étudiant en soins infirmiers en
deuxième année.
Le serious game de formation Ehpad’Panic* figure par-
mi la quinzaine de « jeux sérieux » déjà utilisés pour les
professionnels de santé. Déployé pour l’instant dans dix
Ehpad à Nice, il est aussi accessible pour les infirmiers
et aides-soignants des autres établissements via une plate-
forme en ligne.
Pour Clément Kolodziejczak, du groupe Genious, déve-
loppeur de serious games, « les professionnels y incarnent
leur propre rôle et doivent faire face à des situations com-
plexes. Cela leur permet de gérer des situations de crises
chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Les
scénarios sont différents tous les mois ».
Créer un avatar et rentrer dans le jeuEn ligne ou via un logiciel, sur abonnement ou sur licence,
sur ordinateur ou sur tablette : les solutions pour se former
sont multiples et diffèrent selon les éditeurs. « On crée
un avatar correspondant à son profil professionnel et on
rentre dans le jeu, avec des situations à analyser et des
réponses à donner. Le jeu s’adapte en temps réel aux choix
du professionnel », explique Victor Borges-Silva, cadre infir-
mier anesthésiste au Centre Hospitalier de la Ferté-Bernard
(72).
Ce gestionnaire des dépôts de sang et responsable de la
transfusion a convaincu sa hiérarchie de former tous les in-
firmiers de son établissement à la transfusion, via le serious
game Florence Transfusion Sanguine.
« Je voyais toutes ces nouvelles infirmières, qui avaient des
bases non assurées sur la transfusion. J’ai trouvé que l’outil
permettait de former le personnel d’une façon plus ludique.
Et cela a été très concluant. Les infirmiers ont oublié la peur
d’être évalués et ont acquis de solides connaissances tout
en étant capable d’analyser leurs erreurs », poursuit ce
cadre. Pendant deux ans, ce sont près de 80 infirmiers qui
ont joué le jeu.
« D’abord, on a proposé d’encadrer ces formations pen-
dant le temps de travail, puis les infirmiers ont eu la possibi-
lité de jouer chez eux, avec une attribution de 45 minutes
en heures supplémentaires pour ceux qui optaient pour ce
choix », souligne Victor Borges-Silva, justifiant cette mesure
par l’intégration du serious game dans le cadre de la for-
mation continue des soignants.
Un outil qui inspireAlors que certains serious games, conçus par des déve-
loppeurs à la demande de laboratoires ou d’associations
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 64 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
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Actusoins • se former
existent déjà, les formateurs ne sont pas toujours en mesure
les intégrer à la formation des étudiants. « Aujourd’hui, on
a beaucoup de serious games qui arrivent sur le marché.
On nous les propose pour la formation initiale, mais nous
ne parvenons pas à savoir quel usage en faire. L’intégra-
tion d’un serious game dans nos enseignements doit être
réfléchi pour qu’il soit bénéfique », explique Lydie Dondelli.
Dans le cadre d’un projet de recherche financé par la région
Île-de-France et par une PME, cette cadre formatrice à l’IFSI
Sud Francilien (91) participe – en collaboration avec trois
autres cadres d’IFSI – à la conception d’un nouveau serious
game, adapté à l’enseignement de la « compétence 1 »
des étudiants en soins infirmiers. « Le jeu, précise-t-elle, n’est
qu’à l’étape d’élaboration. Il s’agira normalement pour les
étudiants de première année de travailler sur le recueil de
données et l’élaboration des hypothèses de diagnostic infir-
mier. Cela durera vingt minutes environ ».
Un serious game sur les prescriptions médicalesÀ l’instar de Lydie Dondelli, Marie Nhan, une cadre forma-
trice de l’IFSI de Tenon (Paris), travaille - avec une équipe
de formateurs dans le cadre d’un Master 2 en ingénierie
pédagogique en formation d’adultes – sur un nouveau jeu
à destination des étudiants en soins infirmiers. « Nous sou-
haitions élaborer un serious game sur le thème du circuit
médicamenteux. Nous avons mené une enquête auprès
de 1 500 étudiants pour connaître les besoins réels des
apprenants, ce qui a confirmé nos hypothèses de travail
de départ et nous a conduit à préciser les objectifs péda-
gogiques : les étudiants ont par exemple beaucoup insisté
sur le problème de la lecture de la prescription médicale,
plus que sur le calcul de dose. En tenant compte de ces
besoins, nous avons développé un story-board avec quinze
scénarios différents », explique cette cadre de santé.
Marie Nhan estime que « le serious game apporte une
réelle plus-value par rapport aux stages et se veut complé-
mentaire à l’apprentissage effectué. Il permettra aux étu-
diants de se plonger face à des situations d’application de
prescriptions médicales auxquelles ils ne sont pas souvent
confrontés et de s’entraîner dans un environnement sans
risque pour le patient. Je pense notamment aux seringues
électriques, dont l’administration de thérapeutiques induit
souvent des erreurs ». La conception d’un serious game
pouvant valoir entre 50 000 et 100 000 euros, Marie
Nhan et son équipe espèrent trouver les financements et les
soutiens nécessaires pour faire aboutir leur projet.
Moins cher que les autres formationsAlors que la Haute Autorité de Santé recommande l’utilisa-
tion de simulateurs et de mannequins pour enseigner des
procédures diagnostiques et thérapeutiques, des installa-
tions très onéreuses, l’utilisation de serious games représen-
terait une alternative. « La simulation à grande échelle, c’est
bien, mais on ne peut pas tous s’équiper d’un mannequin à
haute-fidélité qui coûte environ 60 000 euros, ni créer une
salle de simulation à 200 000 euros », remarque Marie
Nhan.
Avec un coût moyen d’environ 23 euros par licence et par
an – pour un serious game déjà développé et existant –
l’avantage financier par rapport aux formations présen-
tielles qui reviennent en général à plus de 150 euros la
journée par participant, est évident. Mais « attention, pré-
vient Victor Borges-Silva, qui a testé et approuvé l’utilisation
d’un serious game, la mise en place de cet outil dans les
hôpitaux nécessite une réelle organisation ».
« L’outil fédère la direction des soins, la direction de la for-
mation, les services informatiques et les cadres de santé,
précise-t-il. Avant de le mettre en place, il faut soi-même
s’y former et trouver des référents qui puissent suivre l’en-
semble des agents qui se formeront ». Une logistique non
négligeable. n
MALIKA SURBLED* Accès gratuit sur la plateforme www.curapy.com
“L’utilisation de serious games dans
l’apprentissage du métier nous permettrait
d’appréhender certaines situations en
conditions réelles, avant de les rencontrer
vraiment dans un service.
”
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 66 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Conférences, ateliers
INVITÉ D’HONNEUR , professeur à l’Université
de Strasbourg, anthropologue, auteur.
PARMI LES CONFÉRENCIERS : Pascal Prayez, docteur en psychologie clinique, auteur. Pierre Ancet, maître de conférence en philosphie.
fondateur de l’IFJS, auteur. fondatrice d’Edelweiss, auteur.
psychologue clinicienne, docteur en psychopathologie et psychanalyse.
, psychomotricienne., psychologue clinicienne, auteur.
, ,
...
organisme gestionnairedu développementprofessionnel continu
/ 10 à
Depuis 1986, l’IFJS (organisme DPC n°4088) - ® - propose
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Actusoins • se former
Infirmier et formateur vacataire dans un IFSITous les instituts de formation en soins
infirmiers font appel à des intervenants
extérieurs pour compléter les équipes
pédagogiques déjà en place. Parallèlement,
nombreux sont les infirmiers qui
souhaiteraient s’impliquer dans la formation
et partager leur expertise. Témoignages et
conseils de pros.
L’IFSI pour lequel j’interviens régulièrement a d’abord
contacté le réseau d’éducation thérapeutique où je
travaille. L’équipe pédagogique de l’IFSI cherchait une
infirmière pour se charger d’enseigner aux étudiants le mon-
tage d’une éducation thérapeutique, puis pour développer
le concept. Comme j’avais une certification en éducation
thérapeutique et que je correspondais au profil recherché,
le réseau m’a sélectionnée, puis m’a proposé ces inter-
ventions », explique Marie-Delphine Gensollen-Ambrosetti,
infirmière en éducation thérapeutique dans les Bouches-du-
Rhône.
Si les IFSI font souvent appel à leurs réseaux pour trou-
ver des intervenants extérieurs, comme c’est le cas pour
Marie-Delphine Gensollen-Ambrosetti, ils acceptent aussi
les candidatures spontanées. « Je reçois des ’curriculum
vitae’ toutes les semaines. Ça va de la psychologue qui
veut participer aux entretiens de sélection ou assurer des
interventions en psychopathologie, à l’infirmière qui vient
de passer son Diplôme Universitaire en Douleur ou en Hy-
giène, au médecin qui, à l’approche de la retraite se ver-
rait bien diversifier son activité », explique Thierry Joutard,
directeur de l’IFSI de la CRF de Nantes.
Des propositions qui seraient « toujours » accueillies avec
bienveillance et étudiées avec sérieux par ce directeur et
son équipe de cadres. « Par exemple, je n’ai pas, dans mon
équipe de formateurs experts dans le domaine des plaies et
de la cicatrisation. Si une infirmière extérieure me propose
son expertise, je la fais intervenir ! », ajoute Thierry Joutard.
L’expertise du terrainAu-delà de l’expertise dans un domaine précis, indispen-
sable à toute intervention dans un IFSI, ce sont les qualités
«
© IStock
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 68 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • se former
de terrain qui sont appréciées des cadres formateurs et
des étudiants. « Nous avons souvent une grande estime
des intervenants extérieurs » témoigne Camille, une étu-
diante en soins infi rmiers de deuxième année. « Ils nous
apportent le côté pratique et le vécu. Si l’intervention
pratique est bonne, elle facilite la compréhension de la
théorie apportée par les formateurs permanents » ajoute
la jeune femme.
Mais n’est pas compétent en pédagogie qui veut. « Il
faut être à l’écoute des étudiants, être patient, proposer
des interventions dynamiques en alternant les méthodes
pédagogiques », conseille Stéphane Bretel, cadre infi rmier
formateur à l’institut de formation aux professions paramé-
dicales (IFPP) de Dreux.
Ne pas être trop ambitieux dans les savoirs à transmettre,
ne pas attendre des étudiants qu’ils deviennent experts
dans le domaine abordé… Pour les cadres qui accueillent
ces formateurs occasionnels, le cahier des charges doit
être respecté. Le vacataire doit connaître et comprendre le
projet de l’équipe qui l’a sollicité. D’où « l’importance de
soigner sa préparation » explique Hélène Chaput, cadre
pédagogique. « Il faut tenir compte du temps imparti, de la
place du cours dans le programme, des informations, des
concepts ou processus de soins fondamentaux qui doivent
être défendus ».
Une hétérogénéité des statuts et des salairesCôté salaire, le formateur extérieur qui intervient en dehors
de son temps de travail peu prétendre à environ 25 euros
brut de l’heure et un peu plus s’il préfère facturer. Mais
cela varie d’une région à l’autre, d’un IFSI à l’autre. Les
agents de la fonction publique hospitalière, eux, peuvent
être amenés à prodiguer des enseignements sur leur temps
de travail et dans l’IFSI de leur CHU, et donc être libérés
une journée, sans contrepartie fi nancière. Dans le privé,
cela arrive aussi, mais moins fréquemment.
« Cela reste négociable et les pratiques sont très hété-
rogènes, explique Thierry Joutard. Quand vous avez un
expert dans un domaine donné extrêmement précieux et
rare, il peut y avoir négociation. Ce n’est pas la pratique
la plus répandue mais elle existe. Nous avons un budget
à tenir et ne pouvons pas nous permettre de faire n’im-
porte quoi ».
S’il avait un conseil à formuler, le directeur de l’IFSI de la
CRF de Nantes, dirait simplement aux infi rmiers qu’il faut
« oser prendre contact ». « Je ne refuse jamais un entre-
tien avec une personne qui mène un projet de formation »,
conclut-il en guise d’encouragement. n
MALIKA SURBLED
Alors que certains professionnels souhaitent simplement intervenir ponctuellement, d’autres envisagent d’intégrer pleinement une équipe pédagogique.Entretien avec Martine Sommelette, présidente du CEFIEC (Comité d’Entente des Formations Infi rmières et Cadres)
Quelles sont les conditions pour intégrer une équipe pédagogique dans un IFSI et donc devenir cadre formateur ?Pour être formateur dans les IFPP, la réglementation impose que l’on soit cadre de san-
té et issu de la fi lière dont on assure l’enseignement. Néanmoins, dans certains cas
et lorsqu’aucun cadre ne se présente ou n’est disponible, les directeurs sont amenés
à recruter des professionnels qui s’inscrivent dans un Institut de formation des cadres
de santé (IFCS) et s’engagent à le devenir dans les deux ou trois années suivantes.
Certains professionnels préfèrent suivre des parcours universitaires plutôt qu’une formation en IFCS. Pourraient-ils trouver leur place dans une équipe en IFSI ?À l’heure actuelle, si ces personnes n’ont pas le projet d’intégrer un IFCS, et même
si elles sont titulaires d’un master voire d’un doctorat, cette embauche n’est pas
conforme à la réglementation. Avec l’ouverture de ces fi lières parallèles aux infi r-
miers, nous nous interrogeons néanmoins sur l’évolution des structures de formation.
De quelles équipes et de quels formateurs a-t-on besoin dans les IFSI ? Les courants de
pensées, les raisonnements et les réfl exions à ce sujet sont très variés.
Quel est votre positionnement ?Au niveau de la formation en IFSI, il me paraît essentiel de garder l’aspect profes-
sionnalisant de la formation des futurs infi rmiers. Il est important que les formateurs
soient issus de la fi lière infi rmière. L’intérêt des cadres de santé, c’est qu’ils sont à
la fois compétents dans l’accompagnement des étudiants et dans l’ingénierie péda-
gogique. Plutôt que de viser un master différent pour ensuite enseigner, notre asso-
ciation revendique depuis plusieurs années la réingénierie de la formation de cadre
avec une validation Master. Cela attirerait peut-être davantage les personnes qui
s’orientent différemment mais qui visent pourtant la même fonction.
PROPOS RECUEILLIS PAR M.S.
Martine Sommelette, présidente du CEFIEC.
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 69 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
Actusoins • agenda
SALON SECOURS EXPODU 4 AU 5 FÉVRIER 2016
Ce salon rassemble l’ensemble de ces
professionnels qu’ils soient volontaires,
bénévoles, civils ou militaires et quels
que soient leur niveau, expérience,
fonction ou grade. Libre d’accès (sur pré-inscription), Secours
Expo offre l’opportunité à tous les passionnés de secourisme
et de prévention de découvrir toutes les innovations des
fournisseurs enfi n rassemblées dans un même lieu et en
même temps. Grâce à son village des acteurs du secours,
ce salon professionnel permet également aux jeunes qui
souhaitent s’investir dans l’univers du secourisme de trouver
leur future structure d’emploi.
Lieu : Paris Expo, Porte de Versailles, Paris
Informations et inscriptions : http://www.secours-expo.com
CONGRÈS INTERNATIONAL ARSPG/4ÈME JOURNÉE « LA PSYCHIATRIE POUR LES INFIRMIERS »DU 23 AU 25 MARS 2016
La thématique de la nouvelle édition de cette
quatrième journée est « L’infi rmier comme
interface entre institution et soins externes ». Par ailleurs, du 23 au
25 mars se tiendra au même endroit le congrès international de
L’Association de Recherche et de soutien de Soins en Psychiatrie
Générale (ARSPG).
Lieu : Faculté de médecine de la Pitié Salpêtrière, Paris (75013)
Informations et inscriptions : http://www.arspg.org
JOURNÉES NATIONALES « LA PRÉMATURITÉ »10 ET 11 MARS 2016
Comment construire des liens avec ce bébé
si petit et si fragile ? Quelles aides peuvent
apporter les professionnels du soin ? Et les associations
comme SOS prémas ? De nombreux petits prématurés sont
maintenant sauvés par les équipes de réanimation néonatale et de
néonatalogie. Quel avenir pour ces enfants ?
Lieu : Centre Universitaire des Saints-Pères, Paris (75006)
Informations et inscriptions : http://anecamsp.org
19ÈMES RENCONTRES INFIRMIÈRES EN ONCOLOGIE19 MARS 2016
Les conférences-débats de la matinée sont au cœur
des réfl exions et connaissances en matière de prise en charge globale et
pluridisciplinaire (plaies en oncologie, éducation thérapeutique, interactions
médicamenteuses…) Le symposium de l’après-midi portera sur les innovations
qui font avancer les solutions au lit du patient. Trois prix seront remis : la
bourse AFIC (bourse de recherche en soins infi rmiers en oncologie), le prix
Any d’Avray et le prix du meilleur poster.
Lieu : Maison de la chimie à Paris (75007)
Informations et inscriptions : http://www.afi c-rencontres.org
20 ANS DE SOINS PALLIATIFS. ET MAINTENANT ?24 MARS 2016
Le mouvement des soins palliatifs et de l’accompagnement
fortement porté à ses débuts par les associations de
bénévoles s’inscrit dans une pratique qui souhaite
maintenant trouver toute sa légitimité. Mais aujourd’hui,
quel regard porter sur les ambitions d’hier ? Ont-elles
vraiment permis un accès équitable à des soins palliatifs
appropriés lorsqu’on souffre d’une pathologie incurable ?
Ont-elles apporté les changements espérés en matière de
soulagement de symptômes et de douleur ?
Lieu : Hôtel Mercure à Toulouse (31)
Informations et inscriptions : http://www.le-clef.fr
TROISIÈME FORUM RÉGIONAL : L’INFIRMIÈRE LIBÉRALE EN PACA4 FÉVRIER 2016
Parmi les thématiques de ces rencontres organisées par
l’URPS infi rmière PACA :
- Quelle place et quel devenir pour l’infi rmière libérale
dans le système de santé ?
Infi rmière de pratiques avancées, infi rmière clinicienne…
- La prescription infi rmière : application et bonnes pratiques
- Responsabilité de l’infi rmière – Devant qui l’infi rmière libérale est-elle
responsable ?
- Accident, arrêt de travail : quelle protection ?
Lieu : Palais Neptune à Toulon (83) à Nice
Informations et inscriptions : www.forum-infi rmiere-paca.fr
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 70 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
ANNONCES CLASSÉES OFFRES DE FORMATION
Les accès à ces formations se font sur étude de dossier et sont conditionnés au diplôme et à l’expérience professionnelle.
Dossier disponible à partir de mars 2016 sur www.iae-toulouse.fr Contact : Nadège GAUTIER 05 61 63 56 19, [email protected]
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le sanitaire, le social, le médico-social, l’économie solidaire ?
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ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 71 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
OFFRES DE FORMATION
Infirmier, infirmière ? Besoin d’une formation en cancérologie ou d’une remise
à niveau sur les techniques innovantes Contactez l’institut de formation du Centre Léon Bérard
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FORMATION APPROFONDIE POUR INFIRMIER(E)S ANESTHÉSISTES
janvier 2015 - juin 2016 à Lyon / Saint-Etienne
8 modules sur deux ans. Inscription par module possible.
Situations critiques - Cœur/Poumon - Obstétrique/Pédiatrique Polytraumatisé/Neuro - Législation/Organisation (EPP)
Actualité en anesthésie - Gestion des risques et Hygiène Médecine péri-opératoire.
Renseignements et Inscriptions : http://focal.univ-lyon1.fr04 78 77 75 76
Pour une éthique de l’accompagnement
éducatif, thérapeutique et social
Nos domaines de formation :
Des formations en activités corporelles, artistiques et culturelles, physiques ou sportives comme médiations dans le cadre du projet de soin.
Des formations pour innover en équipe dans sa pratique.
Le DEJEPS «Activités Physiques et Sportives Adaptées».
Organisme national de Formationde la FFSA
9 rue Jean Daudin - 75015 Paris01 42 73 90 07
http://transformation.ffsa.asso.fr
Toutes nos formations peuvent être réalisées en intra.
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Sauveperformance vous propose plusieurs sessions de formations AFGSU 1 et AFGSU 2, ainsi que son renouvellement.
Formations ETP42h de formation pour sensibiliser les soignants aux différentes étapes de la mise en oeuvre opérationnelle de l’éducation thérapeutique du patient.
Gestion du stress et agressivité
Sauveperformance organise différents modules de formations autour de la gestion du stress et de l’agressivité.
Formations AFGSU
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 72 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
OFFRES D’EMPLOI
‘‘AREPA – Acteur majeur du secteur médico-social (1700 salariés - 68 sites), spécialisé dans la gestion de résidences pour personnes âgées, recrute pour ses établissements médicalisés en Ile-de-France et Province des :‘‘Rejoindre l’AREPA,
c’est redonner un sens à la vie...
• INFIRMIER D.E H/F – CDI – Temps plein Sous la responsabilité du Cadre infirmier, et en relation avec l’équipe pluridisciplinaire de la résidence, vous participez à l’organisation quotidienne de l’activité de l’équipe soignante, dans un souci de continuité et de qualité de la prise en charge. Au-delà des missions propres dévolues à votre fonction, vous inscrivez votre activité dans une démarche préventive et éducative et créez les conditions d’une prise en charge individualisée. Vous assurez la mise en œuvre des protocoles de soins et des plans de sécurité sanitaire. En lien avec l’équipe et les acteurs du réseau de santé, vous participez à la gestion des relations avec les familles. Diplôme IDE exigé.
• AIDE SOIGNANT H/F – CDI – Temps plein En relation avec l’équipe soignante et pluridisciplinaire de la résidence, vous participez à la prise en charge individualisée des résidents en dispensant les soins requis, dans une démarche éducative et préventive, dans le respect des besoins de la personne. Vous participez au développement d’activités d’animation et de loisirs visant à maintenir le lien social et contribuez à la gestion des relations avec les familles. Diplôme ASD exigé.
• PSYCHOMOTRICIEN H/F – CDI – Temps plein et temps partiel Sous la responsabilité du directeur d'établissement, conformément aux différents décrets en vigueur dans la profession, et au sein d'une équipe pluridisciplinaire, le psychomotricien met en œuvre des activités de rééducation et de stimulation sensorielle auprès des résidents confrontés à des difficultés psychologiques vécues et exprimées de façon corporelle. Diplôme de Psychomotricien exigé. Expérience en gérontologie.
• ERGOTHÉRAPEUTE H/F – CDI – Temps plein et temps partiel Sous la responsabilité du Directeur d'Etablissement, et au sein de l'équipe pluridisciplinaire de la résidence, conformément aux différents décrets en vigueur dans la profession, vous contribuez au traitement des déficiences et/ou handicaps de nature somatiques et/ou psychiques par des actes de rééducation et de réadaptation. Vous sollicitez les fonctions déficientes et les capacités résiduelles afin de maintenir, récupérer ou acquérir la meilleure autonomie possible, à travers la mise en œuvre de techniques de compensation du handicap. Diplôme d’Ergothérapeute exigé. Expérience en gérontologie.
• CADRE INFIRMIER H/F – CDI – Temps plein Sous la responsabilité du Directeur d’établissement, vous avez en charge l’Animation, l’encadrement de l’équipe soignante, le recrutement, la formation, l’évaluation, l’intégration, et l’accueil des stagiaires. Vous organisez et coordonnez la prise en charge des résidents, conformément aux valeurs AREPA, aux projets de vie et de soins de l’établissement. Vous contribuez à la gestion des relations avec les familles et les divers acteurs de la santé, vous êtes garant du respect de la qualité des services dus aux résidents. Vous assurez la mise en œuvre des procédures et des protocoles de soins dans un souci de sécurisation des soins délivrés. Diplôme IDE exigé. Diplôme de Cadre de Santé apprécié.
Pour l’ensemble de ces postes, outre votre formation initiale, ce sont vos qualités professionnelles qui feront la différence : sens de l’écoute, intérêt pour les problématiques sociales et humaines, goût du travail en équipe, rigueur et patience.
Conditions de recrutement : CCN 51 + reprise d’ancienneté + prime. Avantages : Comité d’Entreprise, 1% patronal.Merci d’adresser votre dossier de candidature (CV + LM) à : [email protected]
CENTRE HOSPITALIER
Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent - Gentilly
Fondation Vallée
LA FONDATION VALLÉE Centre Hospitalier Infanto-Juvénile situé à Gentilly (94250) à proximité immédiate de Paris
Recherche H/F :
Pour son pôle adolescents :
• Infirmiers plein temps pour ses unités d’hospitalisation moyen et long séjour
• 1 Orthophoniste à 50% - 50% pour ses CMP de Gentilly et Kremlin-Bicêtre
• 2 Psychomotriciens à 50% pour ses unités d’hospitalisation d’adolescents autistes et psychotiques
Pour son pôle enfants :
• 1 Orthophoniste à 50% - 50% pour ses CMP de Villejuif et Chevilly-Larue
Pour tout renseignement écrire : [email protected]
Les candidatures doivent être adressées à Monsieur le Directeur Fondation Vallée - 7, rue Benserade - 94257 GENTILLY Cedex
ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 73 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
OFFRES D’EMPLOI
RG emplois médical SuisseRoute Courgenay 55, CH-2900 Porrentruy (Suisse)Tél. : 00 41 32 465 50 00 E-mail : [email protected] www.rg-emplois.ch
Nous recherchons constamment des infirmier(ière)s qualifié(e)s pour divers établissements hospitaliers et foyers pour personnes âgées :
Services médecine, chirurgie, gériatrie, psychiatrie, pédopsychiatrie, soins intensifs (certifié(e)s SIAMU), urgences, hémodialyse, IBODE et IADE certifié(e)s, sages-femmes, ergothérapeutes, technicien(ne)s en imagerie médicale.
Egalement parfois des aides-soignantes diplômé(e)s DEAS et des ASSC (Assistant(e)s en soins et santé communautaire) pour des foyers personnes âgées...
Contrat fixe longue durée (12 mois minimum) ou parfois temporaire, selon la demande. Cadre plaisant, bonnes conditions de travail et d’enga-gement. Nous ne recrutons que des personnes ressortissantes des pays de l’UE et parlant très bien le français. Nous nous chargeons des démarches administratives. Possibilité de logement.
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ACTUSOINS NUMÉRO 19 • 74 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2016
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