Abécédaire de Saint Nicolas

Peintures de Jean Simony

Abécédaire de Saint Nicolas

Confrérie Saint-Nicolas de Yutz Page : 1 sur 29

Un abécédaire pour apprendre à connaitre Saint-Nicolas. ..................................................................................... 2

A comme Avent. ...................................................................................................................................................... 3

B comme Bari. ......................................................................................................................................................... 4

C comme Confrérie. ................................................................................................................................................ 5

D comme Décembre. .............................................................................................................................................. 6

E comme Enfants..................................................................................................................................................... 7

F comme Fouettard. ................................................................................................................................................ 8

G comme Gourmandise. ......................................................................................................................................... 9

H comme Hagiographie. ........................................................................................................................................ 10

I comme Iconographie .......................................................................................................................................... 11

J comme Jeunes-Gens. .......................................................................................................................................... 12

K comme Kyrielle. .................................................................................................................................................. 13

L comme Lorraine. ................................................................................................................................................ 14

M comme Myre. .................................................................................................................................................... 15

N comme nom. ...................................................................................................................................................... 16

O comme Orient et Occident. ............................................................................................................................... 17

P comme Port ........................................................................................................................................................ 18

Q comme question. ............................................................................................................................................... 19

R comme Réchicourt. ............................................................................................................................................ 20

S comme Saint. ...................................................................................................................................................... 21

T comme Trois. ...................................................................................................................................................... 22

U comme usages. .................................................................................................................................................. 23

V comme Voyages. ................................................................................................................................................ 24

W comme Wotan. ................................................................................................................................................. 25

X comme Xylographie. .......................................................................................................................................... 26

Y comme Yutz. ....................................................................................................................................................... 27

Z comme zoologie. ................................................................................................................................................ 28


L’abécédaire fut réalisé en 2006 par Jean-François TRITSCHLER et Jean SIMONY pour une exposition sur saint Nicolas qui, faute de salle, fut mis en place sur le marché de Saint Nicolas.

Chacun des 27 panneaux (26 lettres + 1 panneau d’accueil) d’une dimension de 0,80 x 2 m était décoré d’une lettre enluminée en partie haute, d’un texte (ci-joint dans l’abécédaire) et d’une peinture faisant référence au texte de l’abécédaire.

Partie haute du panneau avec la lettre

enluminée Peinture faisant référence à au contenu de l’abécédaire

L’œuvre a malheureusement beaucoup souffert des conditions climatiques hivernales de la Moselle (tempête) … Il n’en reste que quelques photos.

J’espère pouvoir vous faire partager à travers ce document le travail réalisé à l’époque.

Article de presse :

L’un manie le verbe, l’autre le pinceau. Jean-François Tritschler est magistrat, Jean Simony est artiste-peintre amateur. Membres de la Confrérie Saint-Nicolas, ils ont décidé d’unir leur talent il y a quelques mois pour réaliser une œuvre inédite à Yutz : un abécédaire géant dédié au saint patron. Sa raison d’être : faire connaître le personnage au public d’une façon ludique et imagée. Sur toute la place où se tiendra le marché, on trouvera une série de panneaux où s’égraineront les 26 lettres de l’alphabet. À chaque lettre, un écho à Saint-Nicolas, agrémenté d’une érudite explication. Vous apprendrez par exemple comment une simple phalange du saint a changé le destin de Port, un lieu-dit de Meurthe-et-Moselle. Vous saurez également en quelles circonstances le sieur de Réchicourt fut délivré par Saint-Nicolas ou la raison de la récurrence du chiffre trois dans les différentes légendes. En parfaite complémentarité, Jean Simony a pour sa part réalisé les 26 illustrations avec la minutie et le savoir-faire qu’on lui connaît.

Deux mois plein de travaux, 700 kg de panneaux en bois aggloméré réalisés à la peinture acrylique ... Malgré l’ampleur de la tâche, l’abécédaire restera une heureuse entreprise pour ces deux passionnés. À découvrir sans modération du deux au 10 décembre (2006).


"Réjouissez-vous, ... car le Seigneur est proche."

L’année liturgique commence par le premier des quatre dimanches qui précédent Noël. Soit au plus tôt le 27 novembre et au plus tard le 3 décembre.

Le temps de l’Avent évoque les "quatre mille ans" de l’attente biblique ainsi que nous le chantions autrefois : "Depuis plus de quatre mille ans nous attendions cet heureux temps".

Si les ornements liturgiques sont violets, couleur de pénitence, cette période de préparation et de recueillement est déjà toute imprégnée de la joie de la Nativité.

Chaque dimanche, une bougie supplémentaire est allumée sur la couronne de l’Avent.

Sur le calendrier de l’Avent qui laisse les enfants ouvrir une petite fenêtre tous les jours jusqu’à Noël, le six décembre rayonne déjà d’une grande lumière.

La Saint-Nicolas nous introduit dans la magie de Noël.

Savez-vous qu’avant la Réforme, les marchés de Noël s’appelaient les "Marchés de Saint Nicolas" ?


"Nicola, il santo delle genti"

Située sur l’Adriatique, au sud de l’Italie, Bari, ville portuaire de près de 400000 habitants et capitale des Pouilles, a l’insigne honneur d’abriter le tombeau de Saint Nicolas.

C’est au printemps de l’année 1087 que des marins de Bari parvinrent à s’emparer des restes de Saint-Nicolas qui reposaient à Myre en Asie Mineure, et risquaient de tomber aux mains des infidèles.

C’est en possession la précieuse relique, qu’ils accostèrent triomphalement à Barde le 9 mai 1087.

Le 1er octobre 1089, le pape Urbain II déposait le corps de l’évêque de Myre dans la crypte de la basilique construite en son honneur.

De ce tombeau continue de couler une huile parfumée que l’on désigne sous le nom de "manne de Saint-Nicolas".

Tous les ans, le 9 mai, de grandes fêtes célèbrent à Bari la "Translation des reliques de Saint Nicolas" : C’est" la Saint-Nicolas d’été".


"Les droits de fraternité et de charité sont inviolables". Concile de Yutz en 844.

Les confréries sont des associations qui réunissent des hommes et des femmes sous le patronage d’un saint.

Les membres de la confrérie partagent une dévotion et un intérêt commun.

Toute confrérie a ses règles qu’il convient de respecter, et elle vit au rythme des célébrations religieuses. À une époque où l’Église assurait l’éducation, les soins et veillait à la protection des plus faibles, les confréries jouaient un rôle considérable qui s’est développé avec l’urbanisation du XIIIème siècle.

Elles étaient des mutuelles avant l’heure et avaient souvent pour finalité d’assurer une sépulture chrétienne à leurs membres.

Les corporations, regroupant les membres d’une même profession, étaient très souvent doublées d’une confrérie.

Les marins, les pêcheurs, les marchands de grains, les étudiants, les procureurs, les notaires, les greffiers, les parfumeurs et bien d’autres se sont placés sous le patronage de Saint Nicolas.

Ces confréries qui étaient extrêmement nombreuses avant la Révolution, sont devenues plus rares aujourd’hui.


"Saint-Nicolas èmwinne lo mauvas temps tot à fat" "À la Saint-Nicolas, l’hiver est là"

Sous le signe du sagittaire, le soleil termine son cycle. Il renaîtra tout doucement à partir de Noël dans l’ère du capricorne.

L’hiver est à la porte, le froid s’est installé et les nuits sont les plus longues de l’année. La terre se repose et les animaux de bouche doivent être sacrifiés.

Début décembre se situe la période du "Tue-cochon". Malgré le temps de pénitence, il faut faire ripaille car si "tout est bon dans le cochon", tout ne peut être conservé. Les voisins se réunissent pour partager le boudin et les abats.

Le soir, les femmes se retrouvent autour de l’âtre et projettent des mariages tandis que la nuit et le vent imposent des histoires de revenants.

Le 6 décembre est un moment d’abondance au cœur de nos peurs et de nos espérances.


"Ils étaient trois petits enfants ..."

La légende de Domenicot, Philippot et Jacquot dont, en 1852, Gérard de Nerval a fait une ballade, apparaît dès le XIème siècle et figure depuis dans l’iconographie occidentale de Saint Nicolas.

La dotation de trois jeunes filles ainsi sauvées de la prostitution par le jeune Nicolas et surtout la libération par l’évêque de Myre de trois jeunes officiers injustement accusés d’un complot, sont certainement à l’origine de la légende des trois petits-enfants et du vilain boucher.

Représentés alors qu’ils quittent la tour où ils étaient retenus prisonniers, trois autres officiers innocentés par l’intermédiaire du grand Saint, ont pu suggérer à un visiteur non averti, trois bambins sortant du saloir.

De multiples récits ou miracles comme le sauvetage d’un enfant oublié dans son bain, la libération du beau Basile, du jeune Adéodat et de bien d’autres, confirmeront Saint Nicolas dans son rôle de protecteur de l’innocence et par conséquent de l’enfance.


"Nicolas, barbouillad, Marchand d’allumettes,

Qui a vendu sa femme en bois Pour une poire blettte ..."

Aussi sombre que Saint Nicolas est rayonnant de lumière, le Père Fouettard, barbouillé de suie, vêtu de bure et armé de verges, trouve son origine dans la nuit des temps.

Les peurs ancestrales qui ont créé les loups garous et tous les esprits maléfiques de la nuit, ont construit ce personnage effrayant.

Les masques du Klaubauf qu’on exhibe au Tyrol pour la Saint-Nicolas, les Krampus en Autriche, le Hansmuff (Jean qui fait la tête) à Cologne devenu le Hanscroute à Liège, le Hanstrapp ou le Ruprecht (Robert le diable) en Alsace, sont les cousins de ce personnage chtonien.

Toutefois, un fait historique lui donne corps en Lorraine : en décembre 1552, pendant le siège de Metz, l’empereur Charles Quint, habillé de sombre comme à son habitude et très en colère, menaça les assiégés avec un fouet. Il fut immédiatement caricaturé en "Père Fouettard".

La présence de Saint Nicolas transcende ce pauvre hère. Le compagnon du grand Saint n’est plus un personnage maléfique mais son auxiliaire. Si le Père Fouettard fait peur aux enfants c’est uniquement pour les obliger à se corriger


"Saint-Nicolas apportez-moi quelque chose de bon ..."

Autrefois, c’étaient des noix, des noisettes et des fruits qui étaient déposés dans les chaussures pendant la nuit de la Saint-Nicolas, mais le célèbre tableau de Jean Steen nous montre qu’au XVIIème siècle on offrait déjà des gaufres et des pains d’épices aux enfants sages.

La chanson populaire dit : "Apportez-moi des macarons, Des marrons pour les garçons, Des biscuits pour les p’tites filles, Des mirabell’s pour les demoiselles ..."

R de Westphalen rapporte qu’autrefois, au cours de la messe de la Saint-Nicolas, le prêtre bénissait des friandises qui étaient distribuées aux enfants.

Si les petits cochons roses en pâte d’amandes ont disparu, le pain d’épices reste la friandise la plus appréciée. Son parfum suffit à évoquer la fête. Ne dit-on pas que lorsque le ciel est rouge au couchant, Saint Nicolas cuit son pain d’épices ?

Les Saint-Nicolas en chocolat ne sont pas en reste même si leur moulage tend de plus en plus à s’éloigner de l’image traditionnelle pour rejoindre celle du Père Noël.

Mais, bien sûr, il ne saurait y avoir de 6 décembre sans un "Mânnele", ce petit bonhomme en brioche que les enfants trempent dans leur chocolat le matin de la Saint-Nicolas.


"Nicolas ne fut pas un homme qui fuyait le monde, bien au contraire." G. Cioffari

La vie de Saint Nicolas a été longue pour son époque puisqu’il est mort à près de quatre-vingts ans et elle a été particulièrement bien remplie :

Il est né vers 255, à Patare, important port de Lycie sur la Méditerranée (dans la partie asiatique de l’actuelle Turquie).

Ses parents qui étaient très fortunés et jouissaient de la citoyenneté romaine, se convertirent au Christianisme.

Élevé dans la tradition grecque, il fit de solides études.

Après la mort de ses parents vers 276, il sut se servir de sa fortune pour soulager la misère. C’est à Patare que se situe l’épisode des trois bourses d’or offertes aux trois jeunes filles.

En 293, il se transporta à Myre, autre ville de Lycie sur la Méditerranée, et en 300, il devint évêque de cette ville où il continua à se distinguer par sa charité, l’efficacité et la clairvoyance de ses décisions.

En 312, il est emprisonné pour sa Foi, mais l’édit de Milan signé en 313 par l’empereur Constantin, lui permet de retrouver la liberté. Il souffrira encore de la querelle opposant Licinius à Constantin entre 313 et 324 et sera à nouveau incarcéré au cours de cette période troublée.

En 325, en sa qualité d’évêque, il participe au concile de Nicée.

Il mourut vers 335, probablement un 6 décembre.


"Fais lui peindre le serviteur fidèle du Sauveur, cet intercesseur pour le peuple chrétien qui est Saint Nicolas"

"Le miracle des trois icônes" - VIIIème siècle

Saint Nicolas, était probablement un homme d’une grande intelligence mais aussi d’une grande taille et d’une grande force physique comme en témoignent ses actes.

Il était de culture grecque.

Sur les icônes grecques qui sont des images sacrées, il est représenté tête nue, le front haut et dégagé, il porte une barbe courte et arrondie ; il est revêtu de l’omophorion (ou pallium) des métropolites. Sa main gauche tient le livre des évangiles et les doigts de sa main droite sont repliés pour former le nom de Jésus. En haut et à droite de l’icône apparaît souvent l’image de la Vierge lui restituant son pallium.

Chez les latins, Saint Nicolas porte une longue barbe (surtout depuis le XVIIème siècle), sa tête est couverte de la mitre des évêques ; sa main gauche tient un évangéliaire sur lequel sont souvent placées trois bourses d’or ; l’annulaire et l’auriculaire de "sa dextre bénissante" sont repliés pour laisser les trois autres doigts marquer le signe de la Trinité. Les trois petits enfants sortant du saloir, figurent généralement à ses pieds.


"Saint-Nicolas qui mariez les filles avec les gars, ne m’oubliez pas"

Sainte Catherine, fêtée le 25 novembre et Saint Nicolas, célébré le 6 décembre, sont très souvent associés dans la protection des jeunes gens en âge de se marier.

S’il est d’usage d’offrir un chapeau aux catherinettes, ces jeunes filles qui n’ont pas trouvé d’époux à 25 ans, il était également d’usage d’offrir un bonnet d’âne aux garçons qui étaient toujours célibataires à 27 ans.

On dit que la nuit de la Saint-Nicolas, la jeune fille peut : "voir en son dormant, celui qui sera son mari en son vivant et, si en se couchant, elle jette ses bas par-dessus ses épaules, elle verra se dessiner l’initiale de son promis.

Dans le Nord de la France et en Belgique, il est encore d’usage d’envoyer des cartes de Saint-Nicolas à tous les enfants, adolescents et jeunes hommes non mariés, en souhaitant que les rêves des plus jeunes se réalisent et que les plus âgés ne tardent pas à trouver une épouse.

Il est vrai que les marieuses des veillées lorraines ne pouvaient trouver meilleur allié que celui qui a doté les trois jeunes filles de Patare.


"Comme on connaît ses saints, on les honore"

Les litanies qui chantent les louanges d’un Saint, commencent toujours par une invocation à Dieu, seul dispensateur de toutes les grâces. Cette invocation se faisait autrefois en grec et commençait par "Kyrie, eléison" (Seigneur, prend pitié).

Saint Nicolas, secours des pauvres, Saint Nicolas, gardien des voyageurs sur terre et sur mer,

Saint Nicolas, consolateur des affligés, Saint Nicolas, pasteur du peuple chrétien,

Saint Nicolas, santé des malades, Saint Nicolas, vainqueur des forces du mal,

Saint Nicolas, libérateur des prisonniers, Saint Nicolas, père nourricier dans la famine,

Saint Nicolas, qui avez aimé la pauvreté, Saint Nicolas, modèle de vie évangélique,

Saint Nicolas, qui exaucez ceux qui vous invoquent,

Il est facile de retrouver dans cette kyrielle de louanges la trace de toutes les grandes actions de Saint Nicolas qui a distribué ses biens aux pauvres, qui a obtenu une livraison de grains dans la famine de 326, négocié une réduction d’impôts en 332, libéré des prisonniers en 326 et 329 et qui, par d’incessants miracles, a sauvé tant d’enfants, de navigateurs, guéri le corps et l’âme de tant de malades.

"Seigneur, par des miracles innombrables, Tu as glorifié le Saint Évêque Nicolas,

Dans Ta bonté, Par son intercession,

Accorde-nous la grâce D’obtenir ce que nous Te demandons ".


"La paix soit avec vous, ne craignez rien. Je suis Nicolas votre protecteur"

(inscription à Saint-Nicolas des Lorrains).

Le culte de Saint-Nicolas s’implante en Lorraine au tout début du deuxième millénaire, probablement à l’instigation de l’abbaye de Gorze qui possède des reliques de l’évêque de Myre et un prieuré à Port qui devient un lieu de pèlerinage très important.

À partir du XVème siècle, la famille ducale se place directement sous le patronage de Saint Nicolas. En 1475, le roi René offre un magnifique reliquaire après la libération de sa fille, la reine Marguerite d’Angleterre qui était enfermée dans la tour de Londres. Le jeune René II qui attribue à "Monseigneur Saint Nicolas" sa victoire sur le Téméraire le 6 janvier 1477, fait de l’évêque de Myre le "Père du Peuple Lorrain". En 1480, la duchesse Yolande lance les travaux de construction de la Grande Église, l’actuelle Basilique de Saint-Nicolas de Port.

Désormais Saint Nicolas, présent sur les sceaux et les pièces de monnaie, sera totalement identifié à la Lorraine.

Malgré ses frontières intérieures, l’ensemble de la Lotharingie se reconnaît en Lui.

Le Région moderne ne l’ignore pas, et trouve dans ce Saint Évêque le ferment de son unité.


"Que vous êtes heureuse, ville de Myre, métropole de la Lycie, d’avoir un Patron si dévoué à ses enfants".

André de Crète, VIIIème siècle

Myre, cette ancienne ville de Lycie, aujourd’hui Demre en Turquie, conserve le souvenir de Saint Nicolas qui a été son évêque pendant trente-cinq ans, de l’an 300 à sa mort en 335.

Une église construite par Saint Nicolas, depuis, plusieurs fois remodelée, conserve son tombeau. Le sarcophage apparaît brisé et vide puisque les Baresi se sont emparés des reliques en 1087.

Homme d’action, il s’est entièrement consacré à son peuple dans cette période troublée qui a connu des persécutions religieuses pendant que l’effort de guerre nécessaire pour contenir les invasions ruinait l’économie.

L’histoire a retenu qu’en 311, à la suite d’une catastrophe naturelle, Saint Nicolas a obtenu la livraison de grains pour nourrir une population affamée. Qu’en 327, il est arrivé à rétablir l’ordre à Andryake, port situé près de Myre, et a sauvé de la décapitation trois jeunes officiers auxquels on voulait faire porter la responsabilité des troubles. Qu’en 332, il s’est rendu auprès de l’empereur à Constantinople et a obtenu une importante réduction d’impôts pour toute la province.

En 333, alors que la ville est convertie, le temple d’Artémis est détruit à son initiative.

Son culte se répand tout de suite après sa mort survenue à Myre en 335.


"ln memoria aeterna erit justus"

Le beau nom de Nicolas qui signifie "Victoire du peuple" a connu-et connaît toujours un immense succès.

Cinq papes l’ont choisi, de nombreux : princes, rois et empereurs, notamment dans les pays slaves, l’ont porté.

En France, cinquante-deux communes déclinent ce nom, de Saint-Nicolas aux Bois à Saint-Nicolas de Port en passant par le célèbre Saint-Nicolas de Bourgueil. Le nom de l’évêque de Myre est encore honoré par six cent soixante-cinq paroisses dont soixante-cinq en Lorraine.

Si les prénoms de Nicole et Colette ont aujourd’hui moins de succès qu’autrefois, Nicolas reste un des noms de baptême les plus fréquemment donnés.

Dans un pays où les noms patronymiques se sont souvent formés sur un prénom, Nicolas est un des noms de famille les plus portés (35ème rang), sans oublier ses diminutifs et dérivés comme : Nicot, Nicollet, Colas, Grand et Petitcolas, Colard, Collet, Colette, Collin, Collignon, Collot, Nicklaus, Klauss, Clausse, Klas, Klaes, Claisse, Klest, Kloser, Nigg, Nicolson, Colson, Nelson, Niklos, Niklowich, Nicolaï, Nicklassin et autres.

Autant de choix historiques qui attestent d’une popularité jamais démentie tout au long des siècles.


"Ut unum sint"

Saint Nicolas qui a vécu en Asie-Mineure dans la tradition grecque, a participé à l’élaboration du Credo ou symbole des apôtres, texte fondamental de la Foi, lors du concile de Nicée.

Depuis 1087, il repose à Bari en Italie.

Malgré le grand schisme de 1054, il continue à être vénéré par l’Église orthodoxe comme par l’Église de Rome.

En 1098, le pape Urbain II avait tenté de rétablir l’unité en réunissant cent quatre-vingt-cinq évêques grecs et latins à Bari autour du tombeau de Saint-Nicolas.

C’est dans le même esprit qu’en 1984, le pape Jean-Paul II a rencontré le métropolite Konstantidinis à Bari en souhaitant que : "L’évêque de Myre réveille en nous la nostalgie de l’union".

Ainsi, Bari, porte de l’Orient en Occident, haut lieu de l’œcuménisme, ouvre nos cœurs à l’espérance pour le XXIe siècle.


"Ces pierres ont une âme, perceptible seulement à ceux qui savent ce dont elles portent témoignage" Marcel Thiriet.

En 765, Saint-Chrodegang, fondateur de l’abbaye de Gorze, a fait construire un prieuré sur la rive droite de la Meurthe au lieu-dit Port.

À la fin du XIème siècle, Aubert, un chevalier lorrain qui s’était rendu à Bari, parvint à dérober un petit os de Saint Nicolas.

Cette "phalange" s’avérant miraculeuse, une chapelle fut construite, très vite remplacée par une église consacrée en 1193 par l’évêque de Toul.

L’afflux des pèlerins et le développement des échanges commerciaux firent de Port une ville : Saint-Nicolas de Port.

Après la victoire de Nancy en 1477, débuta la construction de la "Grande Église" qui sera terminée en 1544.

Ce chef d’œuvre gothique fut gravement incendié en 1635 pendant la guerre de Trente-Ans et subit les bombardements de 1940 mais, tant bien que mal, a toujours été relevé.

En 1950, le pape Pie XII a accordé le titre de Basilique à cette Grande Église.

Une riche américaine, Mme Camille Croué-Friedmann, portaise de naissance, sauvée d’un naufrage en 1932 et décédée en 1980, légua sept millions de dollars pour permettre à la basilique de retrouver "sa beauté originelle".

Une association créée en 1973 a permis "de faire connaître et renaître" la Basilique ; Mme Croué-Friedmann l’a sauvée, et l’engagement œcuménique de son recteur, le Père Jacquot, renouvelle son rayonnement spirituel.


"Parce que c’était lui et parce que c’était moi"

L’abécédaire n’est qu’une approche sommaire de l’histoire et de la légende de Saint Nicolas, il est aussi un questionnement qui nous renvoie à nos souvenirs, à notre perception des choses et à notre Foi.

Nous voyons comment Saint Nicolas, qui a vécu très loin de chez nous et bien avant la naissance de la notion même de Lorraine, est entré progressivement dans l’histoire de notre pays grâce à une toute petite relique, grâce à sa réputation de thaumaturge et grâce à la dévotion de la famille ducale.

Pourquoi la Lorraine qui a donné des Martyrs et de grands Saints à l’Église a-t-elle choisi - Saint Nicolas plutôt que Saints Clément, Elophe, Gengoulf, Livier, Arnould, Sigisbert et bien d’autres aujourd’hui presque oubliés ?

Certainement parce que le personnage mythique rejoignait de vieilles croyances populaires, parce que Sa personnalité bien trempée n’était pas pour déplaire à un peuple rude et bien enraciné dans la Foi, mais surtout parce que Saint Nicolas n’a jamais cessé de répondre aux prières de "ses vieux amis, les enfants des lorrains".

Nous avons le témoignage de centaines de miracles attribués à l’évêque de Myre. Plusieurs dizaines d’entre eux sont consignés par le détail dans un cahier tenu autrefois à Saint-Nicolas de Port.

En Saint Nicolas, les lorrains se sont choisis un Père qui ne les a jamais abandonnés.


"Libère-nous de nos chaînes"

La légende veut que Cunon, seigneur de Réchicourt, chef de la célèbre Maison de Linange, parti en Croisade, ait été fait prisonnier près de Gaza en 1240.

Tenu enchaîné dans un cachot, il ne cessait d’implorer Saint Nicolas.

Le soir du 5 décembre 1244, la porte de sa cellule s’ouvrit miraculeusement et le sire de Réchicourt, portant encore ses chaînes, se retrouva devant la Grande Église de Saint-Nicolas de Port, toute illuminée.

Le soir du samedi le plus proche du 6 décembre, une procession aux flambeaux fait trois fois le tour de la basilique éclairée par des centaines de bougies, et derrière le bras reliquaire, marche le sire de Réchicourt tandis que la foule reprend en chœur le refrain traditionnel :

"Saint Nicolas, ton crédit d’âge en âge, A fait pleuvoir des bienfaits souverains,

Viens, couvre encor de ton doux patronage, Tes vieux amis, les enfants des Lorrains ",

Saint Nicolas qui a lui-même été jeté en prison à deux reprises lors de persécutions contre les chrétiens et qui, par deux fois, a fait libérer des personnes injustement incarcérées, continue à être invoqué par les prisonniers.


"Le meilleur pasteur de brebis du Christ, donnant le premier l’exemple"

Michel l’Archimandrite.

Dieu seul est Saint. Mais par le baptême, les enfants de Dieu participent à Sa sainteté.

Parmi les hommes qui ont suivi le Christ, certains ont magnifiquement témoigné de leur Foi en versant leur sang ou en pratiquant les vertus de façon héroïque. Ils sont arrivés à l’union parfaite avec le Christ, c’est à dire à la sainteté.

Depuis les premiers siècles, l’Église propose "à l’imitation, à la vénération et à la prière des fidèles, des hommes et des femmes qui se sont distingués par l’éclat de leur charité et des autres vertus évangéliques".

La sainteté reconnue par le peuple était autrefois proclamée par les évêques. Depuis 1215, la canonisation relève du pape.

Dans la Communion des Saints, c’est à dire la communauté des vivants et des morts dans le Christ, les Saints qui contemplent Dieu, restent proches de nous. La communication s’établit par la prière.


Saint-Nicolas brandissant une brique déclara "Ce que je tiens dans ma main est une seule brique et pourtant je vois en elle

trois choses distinctes : du feu, de l’eau et de la terre".

Il Y a trois petits enfants, trois bourses d’or, trois jeunes filles, trois officiers, trois bateaux, et Saint Nicolas nous montre trois doigts. Il s’agit là d’une allusion directe à la Sainte Trinité, "Un seul Dieu en Trois Personnes : " le Père, le Fils et le Saint-Esprit".

C’est en 325, au concile de Nicée que ce dogme a été proclamé.

La légende veut que l’évêque de Myre, l’un des trois cent dix-huit évêques participants à ce concile, ait défendu la thèse de la divinité du Christ avec beaucoup d’ardeur ; dans son élan, il serait allé jusqu’à souffleter son contradicteur : l’évêque Arius.

Un tel emportement ne pouvait être toléré, et Saint Nicolas, déchu de ses prérogatives épiscopales, fut mis aux arrêts. Mais dans la nuit, le Christ et la Sainte-Vierge vinrent, eux-mêmes, lui restituer les insignes de sa charge ...

Cette scène est traditionnellement représentée sur les icônes grecques mais aussi dans certaines églises latines et notamment sur le grand tableau qui domine le maître-autel de Saint-Nicolas des Lorrains à Rome.


"Qui est-ce Saint-Nicolas ? C’est le patron des enfants. Ledoux dit que c’est père et mère. Ledoux est un sot.

Il l’a vu. Qu’est-ce qu’il a vu ? Son père qui lançait des noix par le vasistas".

Georges Simenon dans -"Je me souviens ".

Sainte Catherine ayant arrêté la roue (du soleil) le 25 novembre, Saint Nicolas vient éclairer la nuit en attendant l’aurore de la Sainte-Lucie.

C’est la période des bougies et des lanternes qui se reflètent dans l’eau froide ou gelée. La procession aux flambeaux du sire de Réchicourt apparaît comme la consécration de cet usage et les illuminations de nos villes font écho à cette tradition.

Autrefois, Saint Nicolas accompagné du le Père Fouettard passait de maison en maison. Il bénissait les enfants sages et laissait son valet morigéner les vilains garnements.

Aujourd’hui, Saint Nicolas vient toujours dans la nuit du 5 au 6 décembre déposer des gâteries et des jouets dans les petits souliers bien nettoyés et alignés devant la cheminée. Quelquefois, un petit garçon, pas très gentil, a la mauvaise surprise de trouver un martinet dans sa chaussure.

Dans les villes, il est désormais d’usage d’accueillir Saint Nicolas de façon triomphale. Juché sur un char magnifiquement décoré, accompagné de la fanfare, il salue les petits enfants et leur jette des bonbons.

Les usages évoluent, mais curieusement, ils reviennent à la tradition alors même qu’ils paraissent s’en éloigner.

En Lorraine, la Saint-Nicolas est un jour de grâce et reste un grand moment de bonheur.


"Saint-Nicolas est en voyage, De sa clochette, j’entends le son Ton, ton, tontaine, ton, ton ..."

Saint Nicolas veille sur les voyageurs. Son culte si présent près de chez nous, également très important en Europe et répandu dans le monde entier, nous invite à la promenade, à la découverte et à la rencontre des autres.

Il faut aller découvrir les dizaines de bildstocks et autres croix de chemin qui lui sont dédiés dans le pays de Sierck, trouver le petit Saint-Nicolas de la rue du Mersch à Thionville, visiter la chapelle romane de Morlange qui lui est consacrée.

Un peu plus loin, le souvenir du Comte de Porcheville nous attend dans la magnifique église de Munster ; le vitrail des trois vifs et les trois morts éclaire l’église Saint-Nicolas de Charme, et il ne faut pas manquer la superbe basilique de Saint-Nicolas de Port, son trésor et la procession du sire de Réchicourt.

En Italie, le tombeau du grand Saint nous attend dans la capitale des Pouilles où de grandes fêtes sont organisées les 9 mai et 6 décembre. À Rome, "Via dei Lorenesi" il faut voir l’église Saint-Nicolas des Lorrains, un bijou d’art baroque, qui vient d’être entièrement restaurée.

En Turquie, il est possible de mettre ses pas dans ceux de Saint-Nicolas, que ce soit dans les ruines de Patare et de Myre, ou dans l’église de Demre.

En Russie dont il est le Saint Patron, la cathédrale Saint-Nicolas des Marins de Saint-Pétersbourg mérite le détour.

En se promenant à Manhattan, on ne saurait oublier que la Nouvelle Amsterdam fut consacrée à l’Évêque de Myre. Comme dans bien des ports du monde un sanctuaire y est dédié à "Celui qui calma la tempête" depuis 1642.


"Le plus vieil ancêtre du Père Noël existait des milliers d’années avant la naissance imaginaire de ce faux Saint

du Vème siècle". Tony Van Rentenghem.

Wotan ou Odin, le dieu solaire germano-nordique, qui galope dans le ciel sur son cheval blanc et tire derrière lui son esclave, le sombre Eckhart, est-il l’ancêtre de notre Saint-Nicolas ? Certains le soutiennent.

Les mêmes voient dans le dieu anthropomorphe Herne (ou Pan) comme dans son cousin celte Cernunos, une célébration très sexuée de la vie qu’ils n’hésitent pas à rapprocher de notre Saint Nicolas, bénissant le mariage et sa fécondité.

Hellequin, le sauvage qui peut se montrer cruel mais sort quelquefois de sa forêt pour récompenser des enfants, est encore une autre hypothèse.

Ces théories qui ne sont pas dénuées de tout fondement, semblent créer une filiation directe entre des dieux païens et le Père Noël, si gentil avec les enfants mais quelque peu lubrique avec les dames.

C’est mépriser l’étape Santa Claus, qui conduit de Saint Nicolas au Père Noël via Coca-cola.

L’existence de l’évêque de Myre, mort au IVème siècle de notre ère, n’est pas discutable. Celui qui avait "faim et soif de Justice", qui a doté les trois jeunes filles pour les préserver, qui n’a pas hésité à détruire le temple d’Artémis et sa prostitution sacrée, puisait sa force et sa tendresse dans un autre Amour.

Saint Nicolas, héros christique, parfaitement bon, s’est naturellement substitué aux anciens mythes qui étaient plus proches de l’image du Père-Fouettard que de la sienne.


"Donne-moi des Saints à un sou".

La xylographie est l’art de découper dans une planche de bois un dessin préalablement tracé afin que chaque trait mis en relief par le couteau ou la pointe du graveur, puisse se reproduire sur le papier lorsqu’il est enduit d’encre.

Ainsi le bois gravé peut permettre la reproduction de la même image à des milliers d’exemplaires qui pourront être coloriés au pochoir.

Chez les gens simples qui n’avaient pas les moyens de s’acheter une statue en bois ou une cire habillée de Saint-Nicolas, l’image" à un sou" pouvait entrer.

Grâce à la xylographie qui se développe à Épinal à partir du XVIIème siècle et aux colporteurs qui battent la campagne, l’image de Saint Nicolas trônera dans toutes les maisons lorraines.

Graveur sur bois (XVIème siècle) Biblia pauperum, la Bible des Pauvres, xylographie

Images Wikipédia

L’imagerie d’Épinal rejointe par celle de Metz au XIXème siècle, a largement contribué à la popularité du culte de Saint-Nicolas.

Aujourd’hui encore, l’imagerie d’Épinal continue à créer des œuvres d’arts en l’honneur de Saint Nicolas.

Imagerie d’Épinal


"Crains Dieu et fais ius"

Yutz, du latin Jus qui signifie droit ou justice et qu’il faudrait prononcer comme Metz en oubliant le T, est le siège d’une confrérie de Saint Nicolas toujours en activité.

Créée en 1650, à la fin de cette guerre de Trente-Ans qui avait si cruellement ravagé la Lorraine, la Confrérie Saint-Nicolas favorisait l’entraide entre ses membres et leur assurait une sépulture décente.

Le fait que Yutz soit alors un village de pêcheurs, a certainement contribué à choisir le patronage de l’évêque de Myre.

La vénérable association a toujours bénéficié de suffisamment d’inscriptions sur ses registres pour se perpétuer jusqu’à nos jours.

Si un chancelier administre aujourd’hui la confrérie, un Maître est désigné tous les ans pour présider aux cérémonies, son successeur l’assiste ; on dit "être Saint Nicolas" et l’assistant porte le titre de "valet".

Depuis quelques années, la Confrérie connaît un important renouveau tant dans sa dévotion à Saint Nicolas que dans sa vocation caritative.

Elle constitue un patrimoine vivant dans une cité aux racines très profondes et très anciennes, mais dont les guerres ont détruit presque toutes les traces.


"Chaque fois qu’elle fait un pet, la bourrique de Saint-Nicolas libère une âme du purgatoire"

La Saint-Nicolas correspond au "tue-cochon". Parmi les jouets offerts autrefois aux enfants, figurait un sifflet en forme de coq. Dans une légende, il est question d’une cane, "la cane de Montfort" ... Mais tout cela n’est qu’anecdotique.

Si Sint Klaas traverse Amsterdam sur un cheval blanc, c’est surtout la bourrique de l’Évêque de Myre qui est passée à la postérité.

L’âne est aussi doux que robuste et sa monture est la plus sure pour un vénérable vieillard.

Cet animal qui peut être têtu, a sa personnalité que les anciens respectaient. Il est très présent dans la Bible. Pensons à l’ânesse de Balaam qui a prévenu son maître de la présence d’un Ange leur barrant la route ; souvenons-nous de l’âne de la crèche et de la fuite en Égypte. Mais surtout, n’oublions pas l’ânesse accompagnée de son ânon sur laquelle Jésus était assis le jour de son entrée triomphale à Jérusalem.

La légende des deux ânes de Nola nous rappelle l’humilité du grand Saint qui s’estimait peu digne de voyager sur un animal bénéficiant d’une aussi céleste aura.

Il existe une grande complicité entre Saint Nicolas et son petit âne qui porte les cadeaux.

La bourrique de l’Évêque de Myre aime les enfants et ne manque jamais de croquer la carotte qu’ils ont préparée à son intention. Si, par impossible, elle laissait un crottin, cela voudrait dire que le petit garçon qui habite à cet endroit, est vraiment insupportable.

Abécédaire de Saint Nicolas

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