ABC DE MAGIE NATURELLE

Site Internet — http://perso.wanadoo.fr/grancher/

@ 2000, Éditions Grancher, Paris. ISBN 2-7339-0671-2 — ISSN 0761-019X.

Arnaud de l'Isle

ABC DE MAGIE NATURELLE Collection dirigée par Michel Grancher

CXRANCHBR- 98, rue de Vaugirard Paris 6e

COLLECTION ABC Ésotérisme ABC de l'Astrologie,

D. de Caumon-Paoli ABC de la Cartomancie, G. Sciuto ABC de l'Astrologie chinoise,

D. de Caumon ABC des Tarots, C. Silvestre ABC du Yi-King, B. Ducourant ABC de la Géomancie,

A.-M. Cacciaguerra ABC du Magnétisme, J. Mandorla ABC de la Numérologie, J.-D. Fermier ABC des Prévisions astrologiques,

D. de Caumon ABC de la Radiesthésie,

J.-L. Crozier et J. Mandorla ABC de la Symbolique du tarot,

C. Silvestre-Haeberlé ABC des Runes, J.-P. Ronecker ABC de la Numérologie chinoise,

J.-D. Fermier ABC de l'Astrographologie,

S. Chermet-Carroy ABC de l'Encromancie,

U. Mukanda ABC de la Magie blanche, P. Guérin ABC des Coïncidences mysté-

rieuses, J. Moisset ABC de l'Énergie pyramidale, \ ' " J. Warin ',,- ABC des Pierres énergétiques,

D. Mantez, J.-M. et M. Paffenhoff

ABC de l'Astrologie indienne, D. Huat

ABC de l'Astrologie karmique, L. Larzul

Psychologie ABC de la Graphologie,

M. Moracchini ABC de l'Hypnose, É. Barone et J. Mandorla ABC des Rêves, C. Genest ABC de la Morphopsychologie, C. Binet

ABC de la Morphochirologie, M. Bouillon et P. Rouillier

ABC de la Généalogie, V. Gautier ABC de la Psychologie, C. Morel ABC de la Connaissance de soi,

C. Blin ABC des Couleurs, D. Béresniak ABC de l'Ennéagramme,

É. Salmon ABC des Psychothérapies,

C. Morel ABC de la Psychologie de l'enfant,

C. Morel ABC de l'Analyse transactionnelle,

G. Garibal ABC de la Mythologie grecque,

Ph. de Louvigny Équilibre ABC du Yoga, M.-F. Lemoine ABC de la Géobiologie,

D. Semelle ABC de la Relaxation, J. Choque ABC de la Médecine chinoise,

N. Raphaël ABC du Qi Gong, L. Dong ABC des Chakras, D. Lecroq

. ABC des Massages traditionnels thaïlandais,

j D. Lamboley ' ABC de la Réflexologie plantaire,

D. Lamboley ABC des Biorythmes,

P. Debarbieux ABC du Taï Chi Chuan,

L. Wan der Heyoten Santé ABC des Élixirs floraux,

E. et C. Maizierre ABC de la Phytothérapie,

docteurs Duraffourd, Lapraz et Valnet

ABC de la Numérologie médicale, docteur M. Rubin et M. Piétry-Vignat

INTRODUCTION

L'esprit libre, le rejet des préjugés et des limites étroites de l'être semblent devenir la peur la plus extrême de cette fin de siècle. Dès qu'une parole libre, grande et généreuse se fait entendre, il semble qu'il y ait toujours une idéologie, un groupe pour l'enfermer.

Toutefois l'être est né libre, dans un corps et sur une terre sacrée. La fibre de son être de chair est sacrée, et chacune de ses émotions, de ses joies et de ses peines est une corde divine qui vibre à l'unisson de la harpe du cosmos.

Considérer que nous nous trouvons dans un monde de douleur et d'obscurité, c'est ne pas voir que nous sommes nous-mêmes le monde et que notre conscience en forme la nature.

Au regard désacralisé et triste, correspond un monde vide et angoissant ; au regard pur et respectueux, un monde sacré et divin.

Le monde est tel que nous le voyons et le créons. Notre responsabilité est donc considérable. Or, notre être et nos entrailles crient et affirment que tout dans la nature, y com- pris nous-mêmes, est sacré.

Il suffit de s'ouvrir à cette évidence pour qu'un profond sentiment de respect et de paix s'installe en nous.

Le chamanisme, les religions liées à la Terre, ou plus exac-

tement la spiritualité naturelle, deviennent alors l'idée sous- jacente à toutes les tentatives maladroites du monde contem- porain. Nous découvrons qu'il existe alors une façon de prendre conscience de la dimension divine du monde et de l'être, en décidant d'assumer le rôle et le devoir qui sont les nôtres. Mais nous ne pénétrons pas ainsi dans une dimension vide où tout serait à construire. Depuis des millénaires cette forme de spiritualité a existé sur la Terre. Elle avait sa sensi- bilité, ses rites et ses pratiques, que nous retrouvons aujour- d'hui en les adaptant à ce que nous sommes devenus au fil de notre évolution.

La spiritualité naturelle, la voie de la Terre, est un appel à la libre expression du sacré et du culte que l'on ressent en soi. C'est cette découverte essentielle que nous ressentons tous plus ou moins consciemment en nous. Quelles que soient votre religion, votre culture ou votre couleur, il est au moins une chose que nous avons en commun, c'est le fait d'avoir un corps et d'être humain. Or, c'est de cette chair que jaillit l'appel.

La spiritualité naturelle empreinte d'humanisme nous invite à VIVRE, à profiter de l'instant tant corporellement qu'intérieurement. Les rites sont là pour nous réunir au sacré présent en nous, autour de nous, tandis que les puissances divines nous accompagnent tout au long de notre existence.

Vivre, c'est pouvoir élever les yeux vers le ciel, c'est faire une offrande au fond de la forêt alors qu'une poésie est déclamée !

Vivre, c'est pouvoir accepter son corps et ses plaisirs ! Vivre, c'est Être au monde !

AVANT-PROPOS

Il y a quelques années, je fis quatre curieuses rencontres. Bien qu'apparemment différentes, chacune éveilla en moi un écho qui fit résonner les niveaux les plus profonds de ma mémoire. Au-delà des apparences, chacun de ces êtres paraissait agir en relation avec une même source.

Le premier jour, je vis une femme sur une plage. Ayant pénétré dans l'eau, elle accomplit un rite curieux en pronon- çant des phrases que je ne compris pas. Elle semblait faire corps avec la nature, absorber l'eau et communier avec le soleil, unissant les éléments dans un rite dont j'ignorais tout.

Le deuxième jour, alors que j'entrais dans une chapelle sombre et voûtée, je rencontrai un homme, un bâton à la main, agenouillé devant une antique Vierge noire. D'an- ciennes paroles latines sortaient de ses lèvres alors qu'un nuage d'encens s'élevait à ses côtés. Il me sembla que l'éner- gie du sol remontait en lui, dans son bâton, faisant jaillir son amour et l'unissant à sa mère la Terre.

Le troisième jour, tandis que je cheminais dans la cam- pagne sous un ciel gris, je vis une femme à l'orée d'un bois. Tournée vers le levant, elle semblait parler à des êtres que je ne voyais pas. Elle leva alors ses bras vers le ciel et je crus voir le soleil tourbillonner quelques instants sous les nuages alors que ceux-ci se dispersaient et que les rayons fécon- daient la terre humide.

Le quatrième jour, je vis un homme, debout sous le soleil du désert. Dans les sables brûlants et les antiques ruines d'un

temple, il perpétuait l'ancien rite jadis oublié en ce lieu. Apposant parfois ses mains sur les murs, il marchait et priait, invoquant les dieux de ces contrées par les mots qu'ils avaient autrefois instaurés. Je sentis le souffle des antiques divinités, et la puissance du lien qui se manifestait de nou- veau.

Ces quatre rencontres contribuèrent à écarter les voiles de l'oubli et me poussèrent à rassembler quelques traces aban- données des antiques pratiques théurgiques préchrétiennes. Car, loin d'avoir complètement disparu, on retrouve toujours çà et là quelques empreintes de ces traditions. Des années de recherches et d'enquêtes, de nombreuses rencontres m'ont permis peu à peu de recueillir, d'ordonner et de clarifier, autant que cela était possible, ce qui n'était jadis transmis que de façon orale.

Mais les traditions ne doivent pas disparaître et il en est même certaines qui renaissent. Nul doute que les spirituali- tés fondées sur le caractère sacré de la nature feront un retour sans cesse plus marqué. L'homme ne peut se retrancher du milieu dont il dépend. Il en est une part pleine et entière. De la même manière, nul homme ne pourra dans le siècle à venir continuer à affirmer sérieusement qu'il détient la vérité unique. Tous les peuples, toutes les cultures, toutes les reli- gions sont l'expression d'une spiritualité ressentie et expri- mée de façon apparemment différente. Mais, derrière toutes ces doctrines ou pratiques, demeure l'homme et ses aspira- tions. Le sentiment d'appartenance à la terre nous unit tous comme habitants d'une même planète. Les intolérances, les racismes, les haines religieuses ne sont que les efforts déses- pérés de ceux qui cherchent à exalter la part destructrice de l'homme.

Différentes expressions de la magie naturelle sont rassem- blées dans cet ouvrage. Elles apparaissent comme la mani- festation d'un effort sincère d'agir délibérément au sein du monde magique et spirituel. L'objectif est l'harmonisation de l'être vis-à-vis de lui-même et du monde qui l'entoure.

Qu'importent alors la langue, la croyance ou la couleur de la peau de celui ou de celle qui ouvre ses yeux à l'invisible. La volonté d'aller au-delà des apparences, de chercher à se dépasser sans cesse dans le respect d'autrui est la marque commune de ceux qui ont transmis ces pratiques. Puissent- elles ainsi échapper à l'oubli.

PARTIE POUR BIEN DÉBUTER

DANS LA MAGIE NATURELLE

ÉLÉMENTS DE BASE POUR DÉBUTER

Ce livre est destiné à vous initier aux principes et à la pra- tique de la magie naturelle ou païenne. La plupart du temps, les ouvrages de magie (qu'elle soit blanche ou noire) se fon- dent essentiellement sur la tradition judéo-chrétienne. Cela implique que la référence constante, consciente et incons- ciente, est constituée par la morale et les principes mono- théistes. L'on pourrait considérer cela comme normal, puis- qu'il s'agit de nos racines et de notre culture. Or, la réponse n'est pas aussi simple. Bien sûr nous en sommes imprégnés depuis bientôt 2000 ans, mais nous possédons en nous une mémoire cellulaire beaucoup plus ancienne et importante. Les traditions n'étant pas fixes, le christianisme est peu à peu remplacé par une culture plus proche de ce que l'on pourrait nommer le paganisme ou le panthéisme.

Les anciennes divinités, qui s'étaient visiblement endor- mies, se réveillent aujourd'hui à travers notre mémoire cel- lulaire et nous poussent vers d'autres pratiques, telles que celles que vous allez découvrir ici.

Notre objectif est de vous donner les moyens les plus sûrs et les plus efficaces pour œuvrer dans ce courant. Nous avons rassemblé les principes fondamentaux un peu plus loin. Les pratiques que vous trouverez ensuite sont divisées en plu- sieurs catégories, afin d'en faciliter l'utilisation. Que ce soit pour protéger votre demeure, pour soigner, ou pour vous réharmoniser, vous trouverez tout ce qu'il vous faut dans les paragraphes correspondants. Lorsque vous pratiquerez seul,

vous pourrez soit utiliser un rite complet qui fait appel à un décor et à des outils spécifiques, soit travailler en méditation, en vous contentant de brûler de l'encens et d'allumer une bougie ou veilleuse.

Nous attirons votre attention sur le fait qu'un travail en visualisation et en méditation est d'une grande efficacité et qu'il est souvent une introduction utile et intéressante à un réel travail magique usant des différents outils que nous allons vous décrire.

Toutefois certains rites peuvent être pratiqués à plusieurs, ce qui leur donne un pouvoir supplémentaire et une efficacité renforcée. Nous vous indiquerons, s'il y a lieu, les adapta- tions nécessaires. L'idéal dans cette tradition est d'accomplir un travail qui n'est pas forcément fait en groupe, mais à deux : un homme et une femme.

Dans la pratique magique païenne, vous ne vous embar- rasserez pas de principes moraux tellement vagues qu'ils ne correspondent plus à rien. La seule règle morale à laquelle nous vous suggérons de faire appel est la suivante: «Fais ce que tu voudras, mais ne nuis pas ! » Vous constaterez que cette règle fait appel à votre intelligence, à votre responsabi- lité et vous laisse l'entière liberté de savoir ce que vous pou- vez faire ou ne pas faire. Bien évidemment, cette remarque ne sous-entend en rien qu'il ne faille pas respecter les lois du pays dans lequel nous vivons. Au contraire, les principes fon- damentaux des droits de l'homme constituent une base et un repère non religieux fort précieux.

Bien évidemment il n'y a pas eu dans l'histoire une seule forme de magie païenne, mais une multitude correspondant aux diverses formes de cultures qui ont existé. Vous pouvez imaginer une magie préhistorique, une magie égyptienne, une magie grecque, romaine, nordique, gauloise, celtique, wiccane, etc. Celle à laquelle nous vous introduisons aujour- d'hui est la forme composite de ces différents courants tels qu'ils se sont transmis jusqu'à aujourd'hui.

Le fondement est donc préhistorique, chamanique, et les développements empruntent aux différentes et riches cul- tures qui ont précédé. Vous trouverez donc des pratiques pui- sant dans le monde grec, d'autres dans le monde romain et d'autres dans une dimension plus gauloise. Cela importe peu, car il n'y a jamais eu véritablement dans le passé de pra- tiques précisément délimitées à telle ou telle expression. Tout s'est toujours mêlé, même si la forme de culte et de spiritua- lité principale correspondait souvent à la religion dominante.

Il est important de mentionner un dernier élément que l'on retrouve dans les courants magiques païens et qui marque une très nette différence avec l'expression chrétienne.

Dans l'esprit païen, la nature, le monde qui nous entoure et l'être humain sont sacrés. Nous ne considérons pas que la nature est le lieu où règne Satan ou le diable et à partir duquel il nous tente. Notre âme spirituelle est certes «incarnée », c'est-à-dire entourée de chair, mais c'est là un obscurcisse- ment qui nous pousse à la purification et non à la mortifica- tion pour nous racheter de telle ou telle faute que nos loin- tains ancêtres auraient commise. Vous trouverez donc très rarement dans la magie païenne des exorcismes au sens judéo-chrétien. Il s'agira tout au plus de purifications visant à éloigner les diverses influences présentes dans tel ou tel objet de telle sorte, et non d'une consécration ou d'une béné- diction focalisant un pouvoir et une force encore plus grande.

Nous insistons donc sur le fait que tout ce qui nous entoure - notre corps, le soleil, la lune et les astres - est sacré. Le sentiment esthétique que l'on ressent devant ces éléments naturels est tel qu'il touche le sacré et n'est rien d'autre que celui-ci. S'étonner, s'admirer, c'est découvrir et être sensible au sacré. Ce dernier n'est pas éloigné, il est à côté de nous, devant nous, et sans le savoir nous commencions déjà à pra- tiquer la magie païenne.

DOUZE PRINCIPES FONDAMENTAUX

Toute pratique, qu'elle soit magique, rituelle ou simple- ment religieuse, présuppose plusieurs aspects fondamentaux.

1. L'intention de toute pratique doit être parfaitement claire pour l'opérant.

Cela signifie que, avant de commencer votre opération, méditation ou rite, il convient de définir avec précision votre objectif. Il peut même être intéressant de l'écrire sur une feuille de papier que vous conserverez auprès de vous.

2. L'intellectualisation et l'analyse symbolique du rite ne sont absolument pas nécessaires.

Pour qu'un rite ou une opération soient efficaces, il n'est absolument pas nécessaire que vous compreniez toutes les lois qui sont en oeuvre ; de la même manière que vous n'avez pas à connaître le mode de fonctionnement d'un véhicule ou d'un ordinateur pour vous en servir.

3. La gestuelle et les mots sont des éléments indispen- sables au plein accomplissement de l'intention choisie.

Vous pouvez vous contenter d'utiliser la visualisation et la méditation pour agir et accomplir vos actes magiques. Il faut cependant savoir que l'utilisation réelle des gestes et des mots augmente de façon considérable l'énergie et la puissance de l'opération magique. La forme intériorisée des rites est utile et opérative, mais elle réclame toutefois une concentration qui peut faire défaut lorsqu'on utilise la forme extérieure. Dans ce cas, le geste et le mot prennent le relais et compensent ou soutiennent la force de concentra- tion.

4. Aucune croyance particulière ou changement de

convictions ne sont nécessaires pour pouvoir accomplir ces pratiques.

À la différence de la prière ou de l'adoration religieuse et mystique, les pratiques et rites païens ne nécessitent aucune croyance. Tout repose sur des lois et des mises en mouve- ment d'archétypes universels. Lorsque la formulation crée ce contact entre vous et les plans invisibles, alors l'objectif défini au début du rite est atteint. Qu'une autre forme de compréhension de la divinité se dégage ensuite est tout à fait possible, mais c'est là un élément secondaire qui n'entre pas en compte dans la pratique elle-même.

5. Il est possible de simplifier les rites dans la mesure où la structure du déroulement de la pratique est respec- tée.

Les rites que nous vous présentons sont complets, mais vous pouvez parfois ne pas pouvoir obtenir tel ou tel élément. Vous pouvez, par exemple, avoir du mal à constituer votre autel per- sonnel ou votre coin rituel. Vous pouvez aussi choisir d'ac- complir certains rites intérieurement. Dans tous ces cas, vous pouvez donc simplifier le rite, supprimer ou modifier des for- mules. L'essentiel est que vous conserviez les séquences et la progression des rites. Vous vous rendrez compte que cela par- ticipe de l'efficacité de l'opération. Mais, dans tous les cas, conservez la liberté de vos actes et de vos choix.

6. Les décors et outils sont des activations symboliques et analogiques des différents niveaux de l'être. Il demeu- re toutefois possible de ne pas réaliser soi-même les outils ou les décors ou même, dans certains cas, de se limiter à une simple visualisation.

Chaque décor ou outil est la représentation extérieure et symbolique d'un archétype universel existant dans votre inconscient. Ces archétypes existent donc en vous sans que vous vous en rendiez compte. Les utiliser de manière exté-

rieure permet donc de commencer à agir et à mettre en mou- vement l'énergie qu'ils canalisent. Il serait possible de réflé- chir sur le sens symbolique de chacun d'eux - et nous débu- terons cette réflexion plus loin -, mais encore une fois cela ne rajoute pas grand-chose à leur rôle opératif.

7. La visualisation doit faire l'objet d'un entraînement régulier afin que la concentration nécessaire lors de cer- tains moments très précis des rites puisse être effective et maintenue.

La visualisation peut permettre un travail intérieur, mais elle réclame une concentration beaucoup plus grande et, à ce titre, nécessite un travail assez fréquent, voire quotidien. À noter toutefois que tous vos efforts s'associeront et s'enre- gistreront. Ainsi, en ce domaine, rien n'est vain ni inutile.

8. En général tout rite pratiqué seul doit être discrète- ment accompli. Il est recommandé de n'en parler à votre entourage ou à vos amis qu'après l'avoir accompli.

Dans les rites magiques, nous avons affaire à des énergies qui sont concentrées et véhiculées par notre volonté et notre esprit. Or, toute activité, toute discussion dispersent l'énergie qui a été accumulée pour un objectif particulier. Il faut donc la conserver en soi jusqu'à ce que tout soit accompli sur le plan invisible. Nous pouvons ensuite en parler sans crainte de perdre quelque énergie que ce soit.

9. La pratique n'implique aucune règle morale parti- culière en dehors de celle que nous avons évoquée plus haut: «Ne pas nuire.» La conscience et la réflexion de chacun appliquées à ce principe doivent suffire.

Ceci est le principe de la liberté et de la responsabilité de celui qui opère. L'homme est créateur, tant dans les principes moraux que dans le plan invisible.

10. La pratique implique une volonté d'agir à la fois dans ce monde terrestre et dans le monde dit spirituel. Tout acte accompli est donc placé simultanément sur ces deux niveaux.

Le magicien, ou ceux qui agissent comme tels, place délibérément son œuvre sur le plan invisible. Il existe bien un rite visible, des gestes, des prières, etc., mais tout cela ne serait que de peu d'utilité sans la volonté de les rendre opérants dans l'invisible. Il n'y a pas de frontières réelles dans le domaine de l'esprit et de la magie. Ce qui est fait existe en réalité sur tous les niveaux de l'être et c'est cette idée qu'il faut conserver en soi au moment où l'on agit.

11. Il est tout à fait possible d'utiliser des rites appar- tenant à des traditions anciennes ou contemporaines dif- férentes. Cet état de choses permet de réduire les risques d'identification à l'outil utilisé.

Certains hésitent à « mélanger les genres », autrement dit à utiliser un rite de guérison chamanique, puis, quelques jours plus tard, un rite kabbalistique. Or, la seule règle est la liberté et la sensation de celui qui agit. Il faut bien savoir qu'il n'existe aucune règle divine en ce domaine.

12. Les rites pratiqués seuls peuvent aussi l'être à deux : un homme et une femme.

Dans ce dernier cas, la double polarité est intéressante pour l'équilibre des énergies et des pratiques. Nous vous engageons à expérimenter de cette manière un certain nombre d'éléments présents dans cet ouvrage, afin de perce- voir la différence des énergies astrales à l'œuvre.

LA VISUALISATION Elle est l'élément fondamental et sa maîtrise constituera

une part importante de votre travail. Nous n'aborderons pas ici les détails techniques qui font parfois l'objet de stages, nous contentant de donner les indications de base.

La visualisation consiste à créer une image mentale cor- respondant aux descriptions données dans les rituels. Il n'est pas nécessaire de se crisper mentalement. Vous devez utiliser votre imagination comme lorsque vous vous représentez quelqu'un que vous connaissez ou un lieu familier. Rien de plus pour l'heure.

Cette visualisation doit être faite au moment adéquat et être relâchée dès qu'elle est fixée, sauf si le rituel demande de la conserver un peu plus longtemps.

Elle doit rester dynamique, c'est-à-dire qu'elle ne doit pas vous immobiliser mais plutôt se couler dans votre mouve- ment, comme un geste naturel. N'est-il pas naturel de penser quelques instants à un ami éloigné en poursuivant ses activi- tés? Ne faisons pas l'erreur de croire qu'il s'agit là de quelque chose d'extraordinaire; bien au contraire...

Prenez dès aujourd'hui, si vous le pouvez sans créer de tensions supplémentaires, l'habitude de caler cette visualisa- tion sur votre respiration de la façon suivante : visualisez pendant l'inspiration, retenez l'air dans vos poumons puis relâchez cette visualisation durant l'expiration et une pause poumons vides.

Il faut s'efforcer de conserver un cycle carré, l'inspiration étant de même durée que l'expiration, de même pour les pauses. Exemple de la durée d'un cycle: :6-3-6-3ou4- 2 - 4 - 2 (l'unité de référence étant un battement cardiaque). Il convient cependant de trouver un rythme ni trop rapide ni trop lent et qui reste régulier.

L'ÉGRÉGORE

C'est le champ d'énergie invisible issu des individus ayant œuvré ou œuvrant dans un même état d'esprit et selon des rites proches.

Les écoles traditionnelles ont coutume de rattacher leurs travaux à un courant spécifique de la tradition (Rose-Croix, franc-maçonnerie, Golden Dawn, etc.). Cela présente l'avan- tage de pouvoir profiter très rapidement d'un égrégore déjà établi. Or, ce travail a pour résultat indirect de modifier la personnalité des individus, la transformant peu à peu, sans qu'ils s'en rendent compte, en une conscience de groupe proche de l'instinct grégaire. Cet effet consciemment utilisé à de hauts degrés d'initiations est préjudiciable à l'éveil de l'individu et à la découverte de ses propres potentialités et valeurs. C'est pour cette raison que les rites de plusieurs tra- ditions peuvent être pratiqués dans une voie magique et païenne.

LES TRACÉS, LE PENTAGRAMME

Les signes ou tracés rituels consistent à visualiser une figure tout en la dessinant dans l'espace devant soi. Vous pouvez au début de vos pratiques effectuer ces signes à l'aide de votre index droit, qui va donc devenir l'équivalent d'un stylet traçant une ligne brillante. Bien que cela ne soit pas pour l'instant nécessaire, vous pouvez choisir d'utiliser une dague pour faire ces tracés.

Le pentagramme est un signe qui remonte à la plus haute antiquité. Il est chargé d'un symbolisme très important et apparaît comme un des symboles de référence de la tradition pythagoricienne.

Paracelse nous indique que : « Le signe le plus puissant de

A B C DE

MAGIE NATURELLE

Cette fin de siècle semble osciller entre esprit libre et extrémisme idéologique. La quête de spiritualité donne ainsi trop souvent lieu à des dérives intolérantes et sectaires de toutes sortes. La magie natu- relle est à l'opposé de tout cela : elle réunit toutes les spiritualités, elle est ouverture sur soi-même, sur les autres et sur le monde. Ce n'est ni une religion ni son contraire, la magie naturelle est simple- ment la manifestation puis la codification de la relation de l'homme au sacré par ses actes libres et spontanés. Son unique but est l'Harmonisation. L'ABC de Magie naturelle a donc été conçu pour vous aider à faire réapparaître la relation qui existe depuis toujours entre vous et chaque élément de l'univers. L'esthétique, la poésie des mots et des gestes sont donc fondamen- tales et cet ouvrage nous invite à ouvrir la porte de notre esprit à une nouvelle appréhension du monde. Conférencier et écrivain, Arnaud de l'Isle a passé de nombreuses années à étudier les traditions religieuses et ésotériques de l'Occident. Depuis plus de trente ans, il recueille les témoignages des personnes les plus représentatives des courants méditerranéens, et il approfondit les techniques telles que les tarots, la relaxation, le chamanisme, la visualisation, le développement per- sonnel... Originaire de Catalogne et vouant une grande passion à la montagne, il a su développer une sensibilité esthétique et poétique qui ressort de ses trans- criptions et traductions des rites anciens.

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