Aavv, L'Impromptu de Vincennes

8/18/2019 Aavv, L'Impromptu de Vincennes

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essin de Grandville

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rimpromptu de vincennes1969. Lacan à Vincennes. L'événement était d'importance. D'autant qu'il se reproduirait à un rythme

régulier, précisaient les affiches annonciatrices.Evénement d'importance, on s'en doute, étant donné le lieu et celui qui y intervenait. Première séance

prévue le 3 décembre.Bien avant l'heure, l'amphithéâtre se remplit. Plusieurs centaines de personnes se pressent comme pour

ne Assemblée Générale. Et lorsque Lacan paraît, prend place sur l'estrade, l'air est déjà pesant, alourdde fumées, de chaleur, de corps tassés, d'excitation contenue, de voix emmêlées. Silence. Il parle.Silence éphémère. Immédiatement, Vincennes s'éveille et rompt le discours commencé, le déplace, le

désoriente... La séance devint alors «mémorable», unique, car Lacan ne revint plus.usieurs enregistrements de cet impromptu existent. Le texte que nous publions est issu de l'un d'eux. Il

est complet à ceci près que le tumulte a peut-être rendu inaudible certains moments du discours.

cques Lacan — (un chien passant en l'esade qu'il occupe). Je parlerai de mon égé-e qui est de cette sorte. C'est la seule peronne que je connaisse qui sache ce qu'ellearle —je ne dis pas ce qu'elle dit — car ceest pas qu'elle ne dise rien : elle ne le dit

as en paroles. Elle dit quelque choseuand elle a de l'angoisse —ça arrive —

elle pose sa tête sur mes genoux. Elle saitque je vais mourir, ce qu'un certain nombrede gens savent aussi. Elle s'appelle Justine...Intervention — Eh, ça va pas ? Il nousparle de son chien !Jacques Lacan — C'est ma chienne, elle esttrès belle et vous l'auriez entendue parler...

la seule chose qui lui manque par rapport àcelui qui se promène, c'est de n'être paallée à l'Université,

Me voici donc, au titre d'invité, au Centre Expérimental de ladite Universitéexpérience qui me paraît assez exemplairePuisque c'est d'expérience qu'il s'agit, pourriez vous demander à quoi vous ser



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Si vous me le demandez , à moi, je v ousai un dessin —j'essaierai— parce qu'as tout, vous savez, l'Université, c'est très, ça a des assises profondes.'ai gardé pour vous l'annonce du titrel'une des quatre positions de discours

j'ai annoncé ailleurs, là où j'ai comncé mon séminaire, le discours du maîai-je dit, puisque vous êtes habitués à

endre parler de celui-là. Et ce n'est pasle de donner un exemple comme le fairemarquer hier soir quelqu'un de très

lligent. Je tâcherai quand même : c'estple, c'est là que j'en suis, laissant lase suspendue à mon séminaire. Ettes ici, ce n'est pas de continuer qu'ilgit. Impromptu ai-je dit. Vous pouvezr que cette chose a la queue basse me l'at à l'heure fourni. Je continuerai sur leme ton.Deuxièmement, discours de l'hystérique.st très important parce que c'est avec ça se dessine le discours du psychanalyste.

ulement il faudrait qu'il y en ait des psynalystes... c'est à cela que je m'emploie.rvention — Ce n'est pas à Vincennes

il y a des psychanalystes en tout cas.ques Lacan — Vous l'avez dit, pas à

ncennes.ervention — Pourquoi les étudiants dencennes, à l'issue de l'enseignement qu'ilst censés recevoir, ne peuvent pas devepsychanalystes-?

ques Lacan — (prenant une voix deset). C'est juste ment ce que je vaisUquer, Mademoiselle. C'est justementcela qu'il s'agit. Parce que la psychana

e, ça ne se transmet pas comme n'im

te quel autre savoir.Le psychanalyste a une position qui seuve pouvoir être éventuellement cellen discours. Il n'y transmet pas unoir, non pas qu'il n'ait rien à savoir,

ntrairement à ce qu'on avance imprumment, puisque c'est ça qui est mis enestion : la fonction dans la Société d'untain savoir, celui que l'on vous transmet.existe.ervention — Est-ce que vous ne pourz pas parler plus lentement parce quetains étudiants n'arrivent pas à prendrenotes ?

ervention — Il faut être débile pourndre des notes et ne rien comprendre àpsychanalyse et à Lacan en particuher.ques Lacan — (se tournant vers leleau). Ça c'est une suite, une suite algéque...ervention — L'homme ne peut pas seoudre en équation.

ques Lacan — ... qui se tient à constir une chaîne dont le départ est danse formule :

S^ a S SS ' S S a

signifiant se définit de représenter uner""pòur un au tre siphïïTant. ( "est u ne

cription tout à fait fondamentale. Elleut en tout cas être prise pour telle. Il s'est

élaboré, par mon office, une tentative quiest celle à laquelle j'ai mis le temps qu'il fallait pour donner forme, qui est celle où

j' ab ou ti s maintenant, une tentative d'instaurer ce qui nécessitait décemment demanipuler une notion en encourageant dessujets à lui faire confiance, à opérer avecça. C'est ce qu'on appelle le psychanalysant.

Je me suis d'abord demandé ce qu'il pouvait en résulter pour le psychanalyste, où ilétait lui ; car sur ce point, il est bien évidentque les notions ne sont pas claires. Depuisque Freud — qui savait ce qu'il disait — a ditque c'était une fonction impossible ... et pourtant remplie tous les jours. Si vous relisezbien le texte vous vous apercevrez que ce n'estpas de la fonction qu'il s'agit, mais de l'être dupsychanalyste. Qu'est-ce qui s'engendrepour qu'un beau jour un psychanalysants'engage à l'être, psychanalyste ?

C'est ce que j' ai tenté d'articuler qua nd j' ai parlé de l'acte psychanalytique. Mon

séminaire, cette année-là, c'était 68, je l'aiinterrompu avant la fin, afin, comme ça, demontrer ma sympathie à ce qui se remuaitet qui continue... modérément. La contestation me fait penser à quelque chose qui aété inventé un jour, si j'ai bonne mémoire,par mon bon et défunt ami MarcelDuchamp : « le célibataire fait son chocolatlui-même ». Prenez garde que le contestataire ne se fasse pas chocolat lui-même.Bref, cet acte psychanalytique est resté encarafe, si je puis d ire. Et je n'ai pas eu letemps d'y revenir d'autant plus que lesexemples fusent aut our de moi de ce que çadonne.

Interventiontive.

A savoir une surdité rela-

Jacques Lacan — Il est sorti quelque chosecomme ça qui s'appelle les Etudes Freudiennes. Je ne saurais trop vous en recommander la lecture, n'ayant jamais reculé àvous conseiller de mauvaises lectures quisoient par elles-mêmes de la nature desbest-sellers. Si je vous le conseille, c'estparce que ce sont des textes très, très bien.Ce n'est pas là comme le petit texte grotesque sur les remarques de mon style quiavait tout naturellement trouvé place aulieu deshabité de la polânerie. Ça, c'estautre chose. Vous en tirerez le plus grandprofit. A part un article de celui qui ledirige et dont je ne saurais dire trop debien, vous avez des énoncés incontestablement et universellement contestatairescontre l'institution psychanalytique. Il y aun charmant, solide et sympathique canadien qui dit ma foi des choses très pertinentes, il y a quelqu'un de l'Institut Psychanalytique de Paris y occupant uneposition très importante à la commissionde l'enseignement qui fait une critique del'institution psychanalytique comme tellepour autant qu'elle est strictement encontradiction avec tout ce qu'exige l'existence même du psychanalyste, qui est vrai

ment une merveille. Je ne peux pas dire que je le signer ais , car je l'ai déjà signé : ce son tmes propos. En tout cas, chez moi, elle aune suite, une certaine proposition qui tireles conclusions de cette impasse si magistralement démontrée. On pourrait dirquelque part, dans une toute petite notequ'il y a dans un endroit un extrémiste quia tenté de faire passer ça dans une proposition qui renouvelle radicalement le sens detoute la sélection psychanalytique. Il esclair qu'on ne le fait pas. Et ce n'est vraiment pas pour m'en plaindre puisque del'avis même des personnes intéressées, cettecontestation est tout à fait en l'air, tuite : il n'est absolument pas question quecela modifie quoi que ce soit au fonctionnement présent de l'institut dont leauteurs relèvent.

Intervention — Ah, il parle bien !Intervention — Jusqu'ici je n'ai rien compris. Alors on pourrait commencer pasavoir ce que c'est qu'un psychanalystePour moi c'est un type de flic. Les gens quise font psychanalyser ne parlent pas et nes'occupent que d'eux.Intervention — Nous avions déjà les curémais comme ça ne marchait plus, nouavons maintenant les psychanalystes.Intervention — Lacan, nous attendodepuis une heure ce que tu nous annonces àmots couverts : la critique de la psychanalyse. C'est pour ça qu'on se tait parce qulà, ce serait aussi ton autocritique.Jacques Lacan — Mais je ne critique pdu tout la psychanalyse, il n'est pas question de la critiquer. Il entend mal. Je nesuis pas du tout contestataire moi.Intervention — Tu as dit qu'à Vincenneon ne formait pas de psychanalystes et quec'était une bonne chose. En fait, un savoirest dispensé, mais tu n'as pas dit ce quec'était. En tout cas, ce ne serait pas unsavoir. Alors?

Jacques Lacan — Un peu de patience. vais vous l'expliquer. Je suis invité, je vousferai remarquer. C'est beau, c'est grandc'est généreux, mais je suis invité.Intervention — Lacan, la psychanalyse eselle révolutionnaire ?Jacques Lacan — Voilà une bonne quetion.Intervention — C'est un savoir ou c'est pun savoir ? Tu n'es pas le seul paranoïa ici.Jacques Lacan — Je parler ai d'une certainface des choses où je ne suis pas aujourd'hui, à savoir le Département de Psychanalyse. Il y a eu la délicate question deUnités de Valeur.Intervention — La question des Unités dValeur, elle est réglée et ce n'est pas lemoment de la mettre sur le tapis. Il y a eutoute une manoeuvre des enseignants duDépartement de Psychanalyse pour letraîner toute l'année. Les unités de valeuron s'en fout. C'est de Psychanalyse dont ilest question. Tu comprends ? On s'en fout

Jacques Lacan — Moi je n'ai pas du tout lsentiment que les unités de valeur on s'en



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ute. Au contraire, les unités de valeur ontient beaucoup... C'est une habitude.

uisque j'ai mis sur le tableau le schéma duuatrième discours, celui que je n'ai pas

mmé, la dernière fois et qui s'appelle lescours universitaire, le voici. Ici, en posi

on maîtresse, comme on dit, S^, le savoir.ai exphqué...tervention — Tu te moq ues de qui ici ? discours universitaire il est dans les Uni

s de Valeur. Ça c'est un mythe et ce quedemandes, c'est qu'on croie au mythe.

s gens qui se réclament de la règle du jeue tu imposes, ça coince. Alors, ne nous

it pas croire que le discours universitairet au tableau. Parce que ça, c'est pas vrai.cques Lacan — Le discours universitairet au tableau parce qu'il occupe, aubleau, une place en haut et à gauche...tervention — En haut et à droite deeu, c'est Lacan.cques Lacan — ... déjà dés igné dans unscours précédent. Car ce qui a de l'impornce dans ce qui est écrit, ce sont les relans, c'est là où ça passe et là où ça nesse pas. Si vous commencez par mettre àplace ce qui constitue essentiellement le

scours du Maître...tervention — Qu'est-ce que c'est qu'unaît re ? C'est Lacan.cques Lacan — ... à savoir qu'il ordonne,'il intervient dans le système du savoir.

ous pouvez vç^us poser la question devoir ce que ça veut dire quand le discours savoir, par ce déplacement d'un quartcercle, n'a pas besoin d'être au tableau

r il est dans le réel. Dans ce déplacement,uand le savoir prend le manche, à ce

oment là où vous êtes, c'est là où a étéfini le résultat, le fruit, la chute des raports du maître et de l'esclave. A savoir,ans mon algèbre, ce qui se désigne par lattre, l'objet a. L'objet a, l'année dernière,uand j'avais pris la peine d'annoncer quelue chose qui s'appelle « d'un autr e à l'au-e ». J'a i d it que c'éta it la place révélée,ésignée par Marx comme la plus-value.

Vous êtes les produits de l'Université etous le prouvez que vous êtes la plus-value,e serait-ce qu'en ceci : ce à quoi non seuleent vous consentez et ce à quoi vous

pplaudissez — et je ne vois pas ce en quoiy ferais objection — c'est que vous sorteze là, vous mêmes, égalés à plus ou moinsUnités de Valeur. Vous venez vous fairei Unités de Valeur : vous sor tez d'icistampillés Unités de Valeur.ntervention — Moralité, il vaut mieuxortir d'ici estampillé par Lacan.acques Lacan — Je n'estampille personne.

Qu'est-ce que c'est? Pourquoi présumez-ous que je veuille vous estampiller?

Quelle histoire !ntervention — Non, tu ne nous estampileras pas, rassure-toi. Ce que je veux dire,'est que des gens ici sont estampillés de ceue, voulant tenir le discours que tu tiens

our eux, ils ne peuvent le tenir sur le modeui s'apparente à leur présence ici. Des

gens veulent parler au titre d'une contestation que tu qualifies de vaine. Il en est d'autres qui font dans leur coin Tralala, Boum-Boum, Tsoin-Tsoin et c'est ça qui fait lemouvement d'opinion. Tout ça ne se ditpas sous le prétexte que c'est à toi de ledire. Ce que je voudrais, c'est que tu aies ledésir de te taire.Jacques Lacan — Mais ce qu'ils sont bien !

Ils pensent que je le dirais beaucoup mieuxqu'eux (puis usant comme il sait le faire,d'une voix aiguë). Moi, je rentre chez moi,c'est ce qu'on me reproche.Intervention — Oh ! Lacan, ne te moquepas des gens, hein !Jacques Lacan — Vous apportez un discours qui a des exigences telles...Interventions — Moi, ce que je propose,c'est qu'on ne se moque pas des gens quandils posent une question. On ne prend pasune petite voix comme tu l'as déjà fait àtrois reprises ; on répond et puis c'est tout.Alors, qu'est-ce que tu as posé commequestion ?

Et puis il y a autre chose, puisqu'il y a icides gens qui pensent que la psychanalysec'est une histoire de problèmes culs, il n'y aqu'à faire un love-in. Est-ce qu'il y en a quisont d'accord pour transformer ça en love-in snuvnse '^ (commençant à se déshabiller,il s'arrête après avoir retiré sa chemise).Jacques Lacan — Ecoutez, mon vieux, j'aidéjà vu ça hier soir, j'étais à l'Open Theater, il y a un type qui faisait ça, mais il avaitun peu plus de culot que vous, il se foutaità poil complètement. Allez-y, mais allez-yben continuez, Merde !Intervention — Il ne faudr ait quand même

pas charrier. Pourquoi Lacan se satisfait-ild'une critique aussi mineure de la pratiquedu camarade. Dire du camarade qu'il nepeut pas se deshabiller en tapant sur latable, c'est peut-être très drôle, mais c'estaussi très simpliste.Jacques Lacan — Mais je suis simpliste !Intervention — Et ça les fait rire, c'est intéressant.Jacques Lacan — Mais je ne vois pas pourquoi tout d'un coup ils ne riraient pas.Intervention — Moi, je voudrais bien qu'ilsrient à ce moment-là.Jacques Lacan — C'est triste !Intervention — Tout comme c'est triste devoir les gens sortir d'ici comme d'un métroà six heures du soir.Jacques Lacan — Alors, où est-ce qu'on enest ? Il paraît que les gens ne peuvent pasparler de psychanalyse parce qu'on attendque ça soit moi. Et bien ils ont raison parceque je le ferai bien mieux qu'eux.Intervention — Ce n'est pas exactement çapuisqu'ils éprouvent le besoin de parlerentre eux.Jacques Lacan — C'est prouvé !Intervention — Il y a un certain nombre degens, les mêmes qui prennent des notes etqui rient, qui, lorsque Lacan opère une

reprise en main de l'assistance, se disentsans jamais dépasser un fauteuil, car c'est

de l'ordre d'une certaine topologie, un cetain nombre de choses. Et bien ce sont cegens-là que je voudrais entendre.Intervention — Mais enfin, laissez doparler Lacan !Jacques Lacan — En attendant vous dites rien.Intervention — L-A-C-A-N avec nous Jacques Lacan — Je suis avec vous.

Alors, l'heure s'avance, tâchons quanmême de vous donner une petite idée de cqui est d'ailleurs mon projet.

Il s'agit d'articuler une logique, qquelque faible qu'elle en ait l'air (mes qutre petites lettres qui n'ont l'air de riesinon qu'il faut savoir selon quelles règleelles fonctionnent) est encore assez forpour comporter ce qui est le signe de cetforce logique, à savoir l'incomplétude...

Ça les fait rire ! Seulement ça a uconséquence très importante, spécialemepour les révolutionnaires, c'est que Rien'est Tout.Intervention — Oh ! Bien !Jacques Lacan — D'où que vous prenles choses, de quelque façon que vous lretourniez, la propriété de chacun de cpetits schémas à quatre pattes, c'est de laiser chacun sa béance. Au niveau du dcours du maître, c'est précisément celui dla récupération de la plus-value ; au niveadu discours universitaire, c'en est un autrEt c'est celui-là qui vous tourmente. Nopas que le savoir qu'on vous livre ne sopas structuré et soHde et que vous n'ayqu'une chose à faire, c'est à vous tissdedans avec ceux qui travaillent — c'est-dire ceux qui vous enseignent — au titre d

moyens de production et du même coup dplus-value.Au niveau du discours de l'hystériq

qui est celui qui a permis le passage décisen donnant son sens à ce que Marx histoquement a articulé. C'est à savoir qu'il ydes événements historiques qui ne se jugequ'en termes de symptômes. On n'a pas v

ju sq u' où ça allait ju sq u'au jo ur où on a le discours de l'hystérique pour faire le pasage avec quelque chose d'autre qui est discours du psychanalyste. Le psychanlyste d'abord, n'a eu qu'à écouter ce qdisait l'hystérique.Intervention — Donc l'hystérique estmaître du psychanalyste...Jacques Laclan — Je veux un homme sache faire l'amour... Et bien oui, l'homms'arrête là. Il s'arrête à ceci qu'il est en effquelqu'un qui sache. Pour faire l'amour peut repasser. Rien n'est Tout et vous povez toujours faire vos petites plaisanterieil y en a une qui n'est pas drôle et qui est castration.Intervention — Pendant que ce cours rronne tranquillement, il y a cent cinquancamarades des Beaux-Arts qui se sont farrêter par les flics et qui sont depuis hierBeaujon, parce que eux, ils ne font pas d

cours sur l'objet a comme le mandarinprésent et dont tout le monde se fout,



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nt allés faire un cours sauvage au Minisre de l'Equipement sur les bidonvilles etr la politique de M. Chalandon. Alors jeois que le ronronnement de ce coursagistral traduit assez bien l'état de poursement actuel de l'Université.ervention — Parce que franchement,ut ce qu'il dit, ce sont des conneries hein ?cques Lacan ~ Ouais !tervention — Si on ne veut pas me laisserrler c'est que manifestement on ne saits jusqu'à quel point je peux gueuler.

acan je voudrais te dire un certain nome de choses.Il me semble qu'on est arrivé à un point

ù il est évident qu'une contestation peutendre plus ou moins une forme de possilité dans cette salle. Il est clair que l'onut pousser des petits cris, que l'on peutre de bons jeux de mots, mais il est clairssi — et peut être d'une façon évidentejourd'hui — que nous ne pourrons

mais arriver à une critique de l'Universiténous restons à l'intérieur, dans ses coursdans les règles qu'elle a étaWis avant queus n'y intervenions.Je pense que ce que vient de dire lemarade concernant les étudiants deseaux-Arts qui sont allés faire un coursuvage sur les bidonvilles et sur la politie de Chalandon à l'extérieur de l'Univeré est un exenjple très important. Celarmet de trouver un débouché à notrelonté de changer la société et entre autredétruire l'université. Et j'aimerais que

can donne tout-à-l'heure son point dee là-dessus. Car détruite l'Université nefera pas avec une majorité d'étudiants à

rtir de l'intérieur, mais beaucoup plus àrtir d'une union que nous devons faire,us, étudiants, sur des positions révolunnaires avec les ouvriers, avec les payns et avec les travailleurs. Je vois trèsen que le rapport avec ce que disaitacan tout-à-l'heure n'existe pas...cques Lacan — Mais pas du tout, pas duut. Il existe...ervention — Il existe peut être, mais pas

façon évidente. Le rapport entre lestions que nous devons avoir à l'extérieurec le discours, si c'en est un, de Lacan, i!manifestement imphcite. Et il serait bon

e maintenant Lacan dise ce qu'il pensela nécessité de sortir de l'Université enrêtant de pinailler sur des mots, dentester un prof sur telle ou telle citationMarx. Parce que le Marx académiqueen a ras-le-bol ! On en entend baver

ns cette fac depuis un an. On sait quest de la merde. Faire du Marx académie, c'est servir une Université bourgeoise.on doit foutre en l'air l'Université, ce

ra de l'extérieur avec les autres qui sonthors.ervention — Alors pourquoi es-tudans ?ervention — Je suis dedans, camarade,rce que si je veux que les gens en sortent,faut bien que je vienne leur dire.

Jacques Lacan — Ah ! vous voyez... c'estque tout est là mon vieux, pour arriver à cequ'ils en sortent, vous y entrez...Intervention — Lacan, permets je termine.Maintenant tout n'est pas là parce que certains étudiants pensent encore qu'à entendre le discours de Monsieur Lacan ils ytrouveront les éléments qui leur permettront de contester son discours. Je prétendsque c'est se laisser avoir au piège.Jacques Lacan — Tout à fait vrai.Intervention — Si nous pensons que c'esten écoutant le discours de Lacan, de Foucault, de Dommergues, de Terray ou d'unautre que nous aurons les moyens de critiquer l'idéologie qu'ils nous font avaler,nous nous foutons le doigt dans l'œil. Jeprétends que c'est dehors qu'il faut allerchercher les moyens de foutre l'Universitéen l'air.Jacques Lacan — Mais le dehors de quoi ?Parce que quand vous sortez d'ici vousdevenez aphasiques, quand vous sortez,vous continuez à parler, par conséquentvous continuez à être dedans...Intervention — Je ne sais pas ce que c'estaphasique.Jacques Lacan — Vous ne savez pas ce quec'est aphasique ? Alors c'est extrêmementrévoltant si vous ne savez pas ce que c'estun aphasique. Il y a quand même un minimum...Intervention — Je ne suis pas 24 heures sur24 à l'Université.Jacques Lacan — Enfin vous ne savez pasce que c'est qu'un aphasique ?Intervention — Lorsque certains sortent de

l'Université, c'est pour se livrer à leurs tripatouillages personnels. D'autres sortentpour militer à l'extérieur. Voilà ce que veutdire sortir de l'Université. Alors Lacan,donne rapidement ton point de vue.Jacques Lacan — Faire une Université critique en somme, c'est-à-dire ce qui se passeici. C'est çà.

Vous ne savez pas non plus ce que c'estqu'une Université Critique. On ne vous a

jamais parlé.. . que voulez-vous...Intervention — Rien à comprendre.

Jacques Lacan — Bien. Je voudrais sur çàvous faire une petite remarque. La configuration des Ouvriers-Paysans a quandmême abouti à une forme de société oùc'est justement l'Université qui a lemanche. Car ce qui règne dans ce qu'onappelle communément l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques, c'est l'Université.Intervention — Qu'est-ce qu'on en a à foutre? C'est pas du révisionisme dont onparle, c'est du Marxisme-Léninisme !Jacques Lacan — Allez. Assez. Assez. Unpeu. Vous me demandez de parler, alors jeparle. Je ne dis pas des choses qui sontdans l'atmosphère, je dis quelque chose deprécis. Là.Intervention — Tu ne dis rien.Jacques Lacan — Je ne viens pas de dire

comment je conçois l'organisation del'U.R.S.S.?Intervention — Absolument pas.Jacques Lacan — Je n'ai pas dit que c'étale savoir qui était roi. Je n'ai pas dit çà.Non?Intervention — Et alors ?Jacques Lacan — Et alors ça a quelquesconséquences, c'est que, mon cher, vous n'yseriez pas très à l'aise.Intervention — On a posé une questioconcernant une certaine société et toi tuparles d'une autre société. Ce qu'il faudraitdire, c'est en quoi tu penses que c'est inéluctable.Jacques Lacan ~ Je suis tout à fait d'accord. C'est qu'il y a des limites infranchissables à une certaine logique que j'ai aplée une logique faible mais encore assezforte pour vous laisser un peu d'incomplé-tude dont vous témoignez en effet d'unefaçon parfaite.Intervention — Moi je me demande pourquoi cet amphithéâtre est bourré de 800personnes. Il est vrai que tu es un beauclown, célèbre et que tu viens parler. Uncamarade aussi a parlé pendant dixminutes pour dire quelles groupuscules nepouvaient pas se sortir de l'Université. Ettout le monde reconnaissant qu'il n'y a rienà dire parle pour ne rien dire. Alors si rienn'est à dire, rien à comprendre, rien àsavoir, rien à faire, pourquoi tout cemonde est là ? Et pourquoi Lacan, toi turestes ?Intervention — Nous sommes un peu égarés sur un faux problème. Tout çà parce

que le camarade a dit qu'il venait à l'Université pour en repartir avec d'autres camarades.Intervention — On parle d'une NouvellSociété. Est-ce que la Psychanalyse auraune fonction dans cette Société et laquelleJacques Lacan — Une Société ce n'est paquelque chose qui peut se définir commeçà. Ce que j'essaie d'articuler, parce quel'analyse m'en donne le témoignage, c'estqui la domine : à savoir la pratique du langage. L'aphasie, çà veut dire qu'il y a quelque chose qui flanche de ce côté là. Figurezvous qu'il y a des types à qui il arrive desmachins dans le cerveau et qui ne savent

plus du tout se débrouiller avec le langage.Ça en fait plutôt des infirmes.Intervention — On peut dire que Léninefailli devenir aphasique.Jacques Lacan — Si vous aviez un peu depatience et si vous vouliez bien que nosimpromptus continuent, je vous dirais quel'aspiration révolutionnaire, ça n'a qu'unechance d'aboutir, toujours, au discours dumaître. C'est ce que l'expérience en a faitpreuve.

Ce à quoi vous aspirez comme révolutionnaire, c'est à un Maître. Vous l'aurez. :Intervention — On l'a déjà, on a Pompidou. Jacques Lacan — Vous vous imaginez qvous avez un maître avec Pompidou!



ors ? Qu'est-ce que c'est que cette hisre... Moi aussi j'aimerais vous poser desestions.ur qui, ici, a un sens, le mot Libéral ?ervention — Pompidou est libéral,can aussi.ques Lacan — Je ne suis libéral, comme

ut le monde, que dans la mesure où jes anti-progressiste. A ceci près que je

s pris dans un mouvement qui mérite deppeler progressiste, car il est progressistevoir se fonder le discours psychanalyti

e pour autant que celui-là complète lecle qui pourrait peut-être vous permetde situer ce dont il s'agit exactement, decontre quoi vous vous révoltez. Ce quimpêche pas que ça continue foutrementn. Et les premiers à y collaborer, et icime à Vincennes, c'est vous, car vousez la fonction des ilotes de ce régime.us ne savez pas non plus ce que ça veute ? Le régime vous montre. Il dit :Regardez-les jouir»...Bien. Voilà. Au revoir pour aujourd'hui.

e.C'est terminé.

politiquede lacan

C'est un fait : il n'y a pas trace écrite, du moins jusqu'àintenant, d'une politique de Lacan. Et, en cela, il respectee tradition désuète, dérisoire même : celle qui permet auxommes de science » de tenir un discours neutre — qu'ilstendent ainsi —, parce que discours dans leur discipline,nt les effets immédiats ne portent que sur leur discipline.trement dit, Lacan veut bien se mêler défaire de la politie en Psychanalyse (ce qu'il a fait plusieurs fois de manière

ectaculaire, ce qu'il fait de toute façon enpermanence), maisefuse défaire de la politique en politique.Cette position était peut-être tenable « avant ». Aujourui, elle n'est pas même pensable. Surtout si l'on estcan...Pourtant, à chaque fois que la question de sa politique luiposée, la question de sa « conception du monde », du

ode d'intervention possible dans « ce » monde, ou mêmes conséquences possibles de son discours pour ce monde, ildérobe. Exemple frappant, la réponse qu'il fit, sur ce

sujet », lors d'une récente tournée de conférences aux Etats-nis : « en tout cas, qu'il n'y a pas de Progrès. Tout ce qu'ongne d'un côté, on le perd de l'autre... » Une manière de seuer par rapport à un débat, certes, mais aussi une manièrene pas en dire plus.

Dès lors, on pouvait se demander si ce « refus » n'était la

«.Le masque a été donné à l'Iiouinic'^.^ pour faire connaître sa pensée » (dessinde Grandville)

meilleure des interventions politiques possibles. La traduction en clair d'un aveu d'impuissance.

La politique de Lacan ? Elle peut tenir, du coup, dans c

quelques propositions :jene suis pas producteur du réel et cen'est pas le réel qui me produit ; je suis dans le réel du r(donc je ne suis pas le réel) ; il n'y a pas de cause, il n'y a qudes effets ; ce qui est est, sans auteur et sans « raison » d En d'autres termes, tout est joué.

Donc la politique n'est qu'un jeu sur le réel, par conquent ne touche pas au réel. Donc la politique en reste aau semblant.

Si Lacan ne «fait » pas de politique dans la politique, parce qu'il a « trouvé » que ça ne sert à rien. Faute de povoir changer ce qui est, mieux vaut opter pour la gestion, gérer ce qui est au mieux de ce que l'on est. En quelque sortun pessimisme radical.

Le texte qui suit nous a paru illustrer parfaitement cesquelques «propositions».

Dominique Griso

Aavv, L'Impromptu de Vincennes

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