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T.G Thème 3 Dynamiques des grandes aires continentales (29-31) 1 III) L’AFRIQUE : LES DEFIS DU DEVELOPPEMENT A) Le Sahara : ressources et conflits 1) Un espace à fortes contraintes 1.1) Un milieu très contraignant 1.2) Une zone « fragile » 2) Des ressources nombreuses et convoitées 2.1) Un sous-sol très riche 2.2) Des ressources destinées au marché mondial 2.3) Le gisement touristique, une activité sensible 3) Les défis du développement 3.1) Restaurer l’autorité de l’Etat et la sécurité 3.2) Régler ( ?) l’épineuse question des frontières : 3.3) Stabiliser les flux migratoires en coopérant avec l’UE. 3.4) Etablir une coopération entre les Etats du Sahara. B) Le continent africain face au développement et à la mondialisation 1) Un continent à l’écart du développement et du monde ? 1.1) Un continent toujours marqué par la pauvreté et l’instabilité politique 1.2) D’innombrables richesses naturelles 1.3) Une périphérie de la mondialisation libérale 2) De nouvelles perspectives pour l’Afrique ? 2.1) Une Afrique en mutation 2.2) Un continent convoité 2.3) Un « décollage » à nuancer 3) Des défis à relever qui restent nombreux 3.1) Le défi démographique 3.2) Le défi alimentaire et environnemental 3.3) Le défi politique C) L’Afrique du Sud : un pays émergent 1) l’Afrique du Sud : une puissance continentale 1.1) Reconstruction politique : la « nation arc-en-ciel » 1.2) Un pôle de croissance économique 1.3) Une puissance régionale 2) Une puissance émergente a l’échelle mondiale 2.1) Internationalisation de l’économie 2.2) Un nouvel acteur sur la scène internationale 3) Une émergence inachevée 3.1) Une ségrégation socio-spatiale marquée 3.2) Une société marquée par la violence et ravagée par le sida

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T.G Thème 3 – Dynamiques des grandes aires continentales (29-31)

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III) L’AFRIQUE : LES DEFIS DU DEVELOPPEMENT

A) Le Sahara : ressources et conflits

1) Un espace à fortes contraintes

1.1) Un milieu très contraignant

1.2) Une zone « fragile »

2) Des ressources nombreuses et convoitées

2.1) Un sous-sol très riche

2.2) Des ressources destinées au marché mondial 2.3) Le gisement touristique, une activité sensible 3) Les défis du développement

3.1) Restaurer l’autorité de l’Etat et la sécurité

3.2) Régler ( ?) l’épineuse question des frontières :

3.3) Stabiliser les flux migratoires en coopérant avec l’UE.

3.4) Etablir une coopération entre les Etats du Sahara.

B) Le continent africain face au développement et à la mondialisation

1) Un continent à l’écart du développement et du monde ?

1.1) Un continent toujours marqué par la pauvreté et l’instabilité politique

1.2) D’innombrables richesses naturelles

1.3) Une périphérie de la mondialisation libérale

2) De nouvelles perspectives pour l’Afrique ?

2.1) Une Afrique en mutation

2.2) Un continent convoité

2.3) Un « décollage » à nuancer

3) Des défis à relever qui restent nombreux

3.1) Le défi démographique

3.2) Le défi alimentaire et environnemental

3.3) Le défi politique

C) L’Afrique du Sud : un pays émergent

1) l’Afrique du Sud : une puissance continentale

1.1) Reconstruction politique : la « nation arc-en-ciel »

1.2) Un pôle de croissance économique

1.3) Une puissance régionale

2) Une puissance émergente a l’échelle mondiale

2.1) Internationalisation de l’économie

2.2) Un nouvel acteur sur la scène internationale

3) Une émergence inachevée

3.1) Une ségrégation socio-spatiale marquée

3.2) Une société marquée par la violence et ravagée par le sida

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III) L’AFRIQUE : LES DEFIS DU DEVELOPPEMENT (9)

Grand angle p232-233 « L’Afrique & le développement »

Cette étude consacrée à l’Afrique suppose une prise en compte globale de la notion de développement ; celle-ci, largement renouvelée en particulier dans le sens du développement durable, ne peut plus se limiter aux seuls indicateurs économiques et financiers (PNB, PNB/habitant, dette, etc.), ni même aux composantes du développement humain ; elle doit aussi intégrer la dimension environnementale. Elle interroge également la place du continent face à la mondialisation et suppose, en examinant les capacités de réaction, les adaptations et les dynamiques en œuvre, de dépasser le constat d’une Afrique subissant dans la passivité les effets de la mondialisation.

A) Le Sahara : ressources et conflits (3) Photo 6 p236 « Sur la frontière entre le Maroc & l’Algérie »

Quels sont les enjeux économiques et géopolitiques de l’ensemble saharien au

regard des ressources qu’il recèle ?

Le Sahara une « zone grise » incontrôlée et incontrôlable en marge des grandes

mutations géographiques du monde ?

1) Un espace à fortes contraintes

Carte 1 p234 « Espace de fortes contraintes & d’importantes ressources »

Etude de cas p234-237 « Le Sahara, désert convoité »

1.1) Un milieu très contraignant

Situation : entre l’Afrique du Nord et l’Afrique Subsaharienne (avec une zone de

transition au Sud : le Sahel) et d'Est en Ouest de l'Atlantique à la mer Rouge = 8.5

m km2 (16x la France !!)

Environnement politique : une dizaine de pays avec un tracé de frontières

rectilignes héritées de la colonisation, acceptée par l’OUA mais de + en +

remises en questions par les populations nomades (Touaregs) => AZAWAD qui

signifie zone de transhumance

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Contraintes physiques : peu peuplée (al-sahrà = désert) cette région « ultra-aride

», offre des paysages différents (ergs, regs, montagnes, oueds, villes autour des

oasis ….) marqués par de forts contrastes thermiques.

La faible présence humaine liée à l’insuffisance d’eau (5 m d’hab. sans la vallée du Nil), le très faible niveau de développement, la possibilité de se déplacer rapidement et de « se fondre » dans le paysage font du Sahara une « zone fragile » en retard de développement propice aux activités illicites en tout genre. 1.2) Une zone « fragile »

Texte « activités illicites »

Les flux illicites de marchandises : armes, stupéfiants, contrebande.

Le Sahara est un espace de transit entre l’Afrique Subsaharienne et l’Europe. Les frontières ne constituent pas un obstacle aux échanges entre les 2 « rives » du Sahara. Au contraire, elles protègent les trafiquants en ralentissant les enquêtes dans un espace marqué par l’absence d’organisation supranationale et la corruption de fonctionnaires parfois de haut rang. Elles sont même une ressource pour certains marchands qui jouent sur les écarts de prix des marchandises d’un pays à l’autre (ex – lait subventionné l’Algérie revendu plus cher dans les pays voisins). L’essor de la contrebande date des années 1990 avec le trafic de cigarettes de Cotonou au Bénin vers la Libye et l’Algérie, et le trafic d’armes alimenté par le conflit tchadien. Dans les années 2000 s’ajoute le trafic de drogue avec d’une part le haschich (depuis le Maroc vers l’Europe et le Moyen Orient), l’héroïne (importée au Soudan depuis l’Afghanistan) et la Cocaïne destinée au marché européen, importée par les cartels sud-américains depuis la Guinée Bissau. Quant au trafic d’armes, il s’est fortement développé depuis la chute du régime de Kadhafi. Ce dernier ayant ouvert les dépôts d’armes à ses partisans, une quantité importante d’armes circule désormais dans tout le Sahara.

Photo « Camion de migrants nigériens à Agadez »

L’immigration clandestine.

Source de multiples enrichissements à tous les niveaux (du passeur aux autorités locales corrompues) l’immigration clandestine s’inscrit dans des organisations de type mafieux et s’appuie sur des villes relais qui constituent de véritables plaques tournantes et organisationnelles. Dans les années 1990, les migrants d’Afrique subsaharienne qui empruntent les mêmes itinéraires que les sahéliens contribuent à la croissance spectaculaire des villes-carrefour, à la multiplication de petites bourgade relais, notamment près des postes frontière.

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Les capitales constituent des points importants des migrations transsahariennes. Dans les années 1990 la Libye tente de rapprocher économiquement les Etats sahélo-saharien en signant plusieurs accord bilatéraux ou multilatéraux, puis en créant le CEN-SAD en 1998, entrainant ainsi une démilitarisation partielle des frontières dans les années 1990. Cette ouverture a eu comme conséquence le développement de l’immigration notamment subsaharienne, vers l’Afrique du Nord et l’Europe.

Texte & carte 8 p237 « Aqmi & le trafic de drogue »

Une base arrière du terrorisme d’AQMI

Peu nombreux (500 selon les renseignements français en 2011), les combattants s’organisent en petites unités légères autonomes très mobiles et trouvent refuge dans des camps où l’on apprend le maniement des armes et où l’on reçoit un enseignement idéologique. Créé en 2006 après la disparition du GSPC (Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat issu d’un éclatement du Groupe Islamique Armé alors en guerre contre le gouvernement algérien afin d’établir un Etat islamique) le mouvement fait allégeance à Ben Laden en 2007 et devient AQMI : Al-Qaïda au Maghreb islamique (Al-Qaïda signifiant « la base » en arabe). L’objectif d’AQMI est d’instaurer un émirat saharien, le « Grand Sahara », base arrière d’une législation islamiste, dont l’espace géographique s’étendrait du Sud algérien au nord du Mali et de la Mauritanie. Organisé en 3 grandes Katibas (groupes mobiles) AQMI mènent régulièrement des raids vers l’Algérie, la Mauritanie (attentats), le Niger (prise d’otages) et touche une sorte de « dîme » sur les trafics de la région. Base de replis pour AQMI et source d’approvisionnement, la région du Mali septentrional reste aujourd’hui le centre de l’organisation. Si les cadres dirigeants des Katibas sont d’origine algérienne, marocaine où libyenne, l’organisation s’implante localement par des mariages et partage son influence avec d’autres mouvements comme les milices nées des dernières grandes rebellions touareg dans les années 1990 (MNLA). Grâce à l’argent des rançons et les bénéfices tirés de leurs trafics (l’un des leaders d’une Katiba est appelé « Monsieur Marlboro » en raison de son activité dans la contrebande de cigarette), les combattants d’AQMI disposent de moyens de communication modernes et de véhicules rapides. Historiquement liée à l’Algérie, l’organisation recrute de plus en plus en Afrique subsaharienne, et des liens ont été établis avec le mouvement Boko Haram au Nigeria. S’il ne faut pas confondre wahhabisme et combattant islamiste, l’Islam politique s’est fortement développé depuis 20 ans dans la région sahélo-saharienne avec le financement de mosquées et d’écoles coraniques par l’Arabie Saoudite, s’opposant ainsi à un Islam confrérique plus tolérant.

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En s’appuyant sur les différents éléments cités ci-dessus, nous pouvons réfléchir sur la notion de « zone grise ».

conclusion

Difficilement contrôlable et en partie délaissé par les autorités locales, le Sahara est une zone fragile où l’économie illicite et criminelle comble l’absence de développement et le peu d’activité créée par l’économie licite. Exploitant les espaces de cette vaste zone grise, des groupes mafieux & terroristes se sont développés et organisés.

2) Des ressources nombreuses et convoitées

Photo 4 p235 « Puits de pétrole dans le désert algérien »

2.1) Un sous-sol très riche

Carte « Des ressources énergétiques abondantes & variées »

Diversité des ressources (exploitées ou « potentielles ») : Le pétrole saharien : Exploité par la France à partir de 1958 dans le sud algérien, le pétrole saharien est depuis 1999 aussi exploité au Soudan par la Chine (China National Pétroleum Corporation) et Petronas (Malaisie), depuis 2002 au Tchad (avec un consortium américano-malaisien ExxonMobil, Chevron, Petronas et plus récemment la Chine) et depuis 2006 en Mauritanie avec un gisement offshore (à 70 km de Nouckchott). + Uranium (Niger), phosphates (Maroc), zirconium (Sénégal). 2.2) Des ressources destinées au marché mondial Photo 2 p235 « Route transsaharienne Alger-Lagos » Les contraintes liées à l’enclavement et l’indispensable accès aux côtes pour exploiter les ressources pour le Mali, Niger et Tchad. D’autres gisements découverts dans les années 1980-90 sont restés inexploités pendant de longues années. Malgré les recherches, aucun forage n’a encore été construit au Mali aujourd’hui. A l’exception de la Mauritanie, les pays qui abritent les gisements pétroliers n’ont pas d’accès à la mer. Comme partout ailleurs, l’exploitation du pétrole saharien nécessite des investissements importants. Sa rentabilité dépend donc tout naturellement du prix du baril de pétrole. Cela explique en partie l’abandon de certains projets peu rentables voire déficitaires. C’est le cas du Niger, situé à plus de 1500 km des côtes,

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Carte « Des ressources algériennes convoitées par la Chine » L’intérêt des puissances étrangères comme la Chine pour ces ressources : Aujourd’hui très présente dans le Sahara (avec ses 3 sociétés étatiques la CNCP, CNOOC, la SINOPEC) la Chine souhaite sécuriser ses approvisionnements et accepte de s’installer dans des zones où personne ne veut aller. Au Niger, il faut attendre 2008 et l’arrivée d’une société chinoise pour procéder au forage d’une cinquantaine de puits et la construction d’une raffinerie et d’un oléoduc. Profitant du retrait des anciennes puissances coloniales européennes, elle a construit une véritable diplomatie économique vers ces pays « délaissés » comme l’atteste l’exemple du Soudan et du Tchad, où la CNCP supplante Chevron pourtant présente depuis 2003 en construisant une raffinerie à côté de la capitale N'Djamena et un nouveau pipeline de 300 km. Les limites de l’économie de rente (déjà abordées) Texte 3 p235 « Uranium & marginalisation des Touareg au Niger » Les tensions sécessionnistes (ex-Soudan) ou irrédentistes (ex-Maroc) accentuées ou suscitées par ces ressources. 2.3) Le gisement touristique, une activité sensible Photo « Touristes à chameaux dans l’erg » Le tourisme de randonnée chamelière, méharée, expédition 4x4, raids … A l’image du rallye Paris-Dakar en 2007 l’engouement des occidentaux pour le Sahara s’est brutalement arrêté avec l’accroissement de l’insécurité. La Banque mondiale indique que le tourisme représente 8,9% du PIB en Afrique de l’Est, 7,2% en Afrique du Nord, 5,6% en Afrique de l’Ouest et 3,9% en Afrique australe. Et seulement 1% en Afrique centrale. L’Afrique du Nord a enregistré une perte de 12% en 2011 par rapport à l’année précédente à cause de l’instabilité politique dans la région.

conclusion

Si les ressources naturelles sont structurellement sous-exploitées au Sahara, l’arrivée de nouveaux acteurs comme la Chine, change la donne. L’exploitation de ces ressources pourraient devenir des éléments moteurs du développement économique et social du Sahara ; à condition bien sûr de mettre fin à l’insécurité et d’investir dans les infrastructures.

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3) Les défis du développement

Photo « Aréva au Niger » Tableau « Des population en marge du développement » 3.1) Restaurer l’autorité de l’Etat et la sécurité

Texte « une période agitée »

Accords de coopération avec les pays d’Europe et les Etats-Unis.

Le Sahara est devenu un terrain de lutte contre le terrorisme islamiste. Les

Etats-Unis se sont engagés en 2002 aux côtés des Etats sahariens dans cette

région alors sous influence française, en lançant le PSI (Pan-Sahel Initiative), un

programme de 8 millions de dollars chargé de la formation de compagnies

militaires locale au Tchad, Mali, Niger et en Mauritanie.

En 2005, le TSCP (Trans-Saharan Counter Terrorisme Partnership) qui regroupe

les 4 pays du PSI avec l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, le Nigéria, le Burkina-

Faso et le Sénégal - la Libye décline l’invitation - est un nouveau partenariat dont

l’objectif principal est d’empêcher le recrutement et la formation des groupes

terroristes.

Depuis cette date, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et les

Pays-Bas organisent avec les pays membres du TSCP des exercices annuels dit

« FLINTLOCK », destinés à partager l’information et développer

l’interopérabilité entre les différentes forces militaires.

Par ailleurs, AFRICOM (le commandement des forces américaines en Afrique

créé en 2007 situé à Stuttgart), conjointement avec la France appuie les forces

armées locales en privilégiant la formation, l’équipement et le renseignement et

en limitant le plus possible les interventions militaires directes.

Beaucoup de blocages entravent malheureusement les programmes coopération

On pourra à cette occasion s’interroger sur la notion « d’Etat défaillant » et aborder

les conséquences géopolitiques du printemps arabe.

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3.2) Régler ( ?) l’épineuse question des frontières :

Dessin « Sud-Soudan : guerre promise »

- le principe d’intangibilité depuis la création en 1963 de l’OUA (devenue UA) et sa récente remise en cause (création de l’Erythrée en 1991 et du Sud-Soudan en 2011) - les litiges frontaliers issus de la décolonisation et les tensions sécessionnistes. Texte 9 p237 « Le Sahel malien, un territoire qui échappe au contrôle de l’Etat » - la question des populations nomades comme les Touareg (1,5 millions de personnes) et les Toubou. Une nouvelle insurrection a éclaté depuis janvier 2012 contre l’Etat malien, après la chute de Kadhafi (octobre 2011) et le retour dans leurs « pays » d’origine de nombreux touareg lourdement armés, qui avaient fait allégeance à l’ancien dictateur. La rébellion touareg s’organise au Mali début 2012 autour de deux mouvements : le MNLA (MOUVEMENT NATIONAL DE LIBERATION DE L’AZAWAD) favorable à l’autodétermination de l’Azawad, considérés comme le berceau des touareg et ANSAR EDDIN (ou ANÇAR DINE), un groupe touareg salafiste appuyé par les jihadistes d’AQMI et favorable à l’établissement d’une République islamique de l’Azawad appliquant la Charia. Après leurs succès militaires établissant un contrôle total sur le Nord du Mali entre avril et mai 2012, les deux mouvements ont annoncé leur autodissolution et la création d’un « Conseil transitoire de l'Etat islamique de l'Azawad ». Si un risque de contagion avec le Niger existe, le pays ne semble pour l’heure pas encore affecté par ces turbulences. Les gouvernements successifs nigériens qui ont su intégrer dans l’appareil d’Etat les ex-leaders touaregs des rébellions des années 1990-1995 doivent néanmoins se méfier des 3000 à 4000 Touareg armés et livrés à eux-mêmes au Nord du pays. Par ailleurs, des combats meurtriers ont opposé les Toubou (qui souhaitent eux aussi un Etat indépendant) et les tribus arabes de Libye en mars 2012. Le risque de voir éclater une autre guerre sur un territoire qui s’étend de la Libye au Tchad existe. 3.3) Stabiliser les flux migratoires en coopérant avec l’UE.

Carte 7 p236 « Un désert très parcouru »

Le contrôle des « frontières » méridionales de l’Europe s’étend désormais à la zone

sahélo-saharienne.

Depuis les années 1990, les pays d’Afrique et d’Europe ont mis en place des

politiques concertées de gestion des flux migratoires dans le cadre d’accords

avec une contrepartie financière pour les pays africains chargés de contrôler

l’immigration.

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Les contrôles s’organisent aujourd’hui de 3 manières sur 3 espaces distincts :

1) Les limites de l’espace Schengen avec des patrouilles de surveillance des

côtes africaines méditerranéennes et atlantiques, chargées d’intercepter en mer et

de refouler les migrants en partance pour l’Europe avec le soutien des pays

africains. Ces patrouilles sont composées des corps européens des gardes

frontières sous la responsabilité de FRONTEX, une Agence européenne pour la

gestion et la coopération aux frontières extérieures des Etats de l’U.E.

2) Un espace tampon en Afrique du Nord et de l’Ouest avec des camps de

rétention, un filtrage entre migrants économiques et réfugiés par les autorités

locales.

3) L’espace saharo-sahélien avec des contrôles ponctuels, des arrestations et

des opérations de refoulement.

3.4) Etablir une coopération entre les Etats du Sahara.

Pour les pays du Maghreb et Machrek (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte) le

Sahara ne constitue qu’un arrière pays riche en ressources.

La plupart des organisations régionales existantes sont tournées vers la

Méditerranée et le monde arabo-musulman (UMA, ZALE, Ligue Arabe …).

A l’inverse, les États saharo-sahéliens comme le Mali, le Niger et le Tchad,

participent à des organisations régionales tournées vers l’Afrique Sub-

saharienne comme la CEDEAO l’UEMOA, ou la CEMAC.

Deux exceptions cependant : le Soudan et la Mauritanie. Bien que situés dans

l’espace sahélo-saharien, ces deux Etats culturellement proches des pays d’Afrique

du Nord appartiennent à la Ligue Arabe.

De même, bien que n’appartenant pas au Maghreb, la Mauritanie est membre de

l’UMA.

Finalement, et même si l’Algérie n’y participe pas, la seule véritable organisation

sahélo-saharienne reste la CEN-SAD, une organisation créée de toute pièce par

Kadhafi et « moribonde » depuis sa disparition.

Quant à l’Union Africaine, elle reste toujours impuissante sur la question du

Sahara Occidental.

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conclusion générale

- Le Sahara est un immense espace à forte contraintes physiques, peu peuplé et disposant de ressources principalement souterraines et parfois très recherchées (uranium, pétrole, or …). -Elles suscitent de nombreuses convoitises des acteurs externes et dans une moindre mesure internes à l’Afrique. -Les Etats sahariens tirent l’essentiel de leurs revenus des rentrées financières liées à l’exploitation de ces ressources. L'économie de rente qui caractérise la plupart de ces pays correspond plus à une utilisation de richesses qu'à une création de richesses. -D’autre part, elles exacerbent les tensions dans un espace politiquement fragile depuis les indépendances. Issues de la colonisation, les frontières des Etats pourtant reconnues par l’ONU et garanties par tous les Etats d’Afrique depuis la création de l’OUA en 1963 (à l’exception du Sahara Occidental) sont régulièrement contestées par les populations locales (Darfour, Touareg, Sahara Occidental …). Remettant en cause les principes de l’intangibilité des frontières qui prévalait jusqu’à présent, deux nouveaux Etats ont été créés : l’Erythrée et le Sud-Soudan. -Fragiles politiquement, nombreux sont les Etats du Sahara qui n’assurent plus un contrôle total sur l’ensemble de leur territoire laissant le champ libre aux activités illicites et terroristes. -Instable et conflictuel le Sahara intéresse de nouveau les grandes puissances qui tentent de coopérer « à distance » avec les Etats de la région afin d’y développer des actions commune de maintien de la paix et de sécurité. -En plus de l’insécurité qui entrave tout développement économique et interdit « de fait » le tourisme, les Etats sahélo sahariens sont confrontés à d’autres problèmes comme l’extrême pauvreté, une croissance démographie inquiétante dans des régions ou le désert avance comme au Niger, et une urbanisation (et micro urbanisation) croissante et mal contrôlée des oasis.

Croquis p254-255 « Le Sahara, un désert convoité » Méthode composition p258-259 « Le Sahara : ressources & conflits » Composition p280 « Les enjeux du développement de l’espace saharien & de son intégration dans la mondialisation »

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B) Le continent africain face au développement et à la mondialisation (3)

Carte 1 p238 « Des milieux bioclimatiques & naturels très divers » Continent africain : 3 sous ensembles : Afrique sahélienne – Afrique subsaharienne (ou noire) –Afrique australe (AdS + Namibie + Botswana + Swaziland) qui correspondent en gros à 3 ensembles bioclimatiques distincts Carte 2 p239 « Densités de population & principales agglomérations » Une Afrique plurielle donc, sept fois plus étendue que le continent européen, qui vient de franchir le milliard d’habitants (35% de la pop mondiale) et qui semble à l’écart du développement et de la mondialisation. L’attraction suscite les convoitises et l’Afrique est bien au cœur de la mondialisation mais elle en constitue au mieux la périphérie exploitée. Pourtant depuis 2010 de nombreuses publications évoquent le décollage de l’Afrique « nouvel eldorado des investisseurs » Quelle est la situation de l’Afrique face aux questions de développement ? Le continent connait-il un réel décollage économique ? Quelle place occupe-t-il dan la mondialisation ? Quels défis démographiques, économiques, environnementaux et politiques doit-elle encore relever ?

1) Un continent à l’écart du développement et du monde ?

Carte p232-233 « La mortalité des enfants de moins de 5 ans dans le monde » 1.1) Un continent toujours marqué par la pauvreté et l’instabilité politique

IDH : moyenne mondiale à 0,75 tous les pays africains sont en dessous, y compris l’Afrique du Sud. Espérance de vie particulièrement basse mortalité infantile très élevée (moins la femme est éduquée + la mortalité des enfants est forte, 160 millions d’analphabètes en Afrique Carte 1 p243 « La santé en Afrique » « La santé en Afrique » : maladies tropicales, sous encadrement médical, manque d’accès à une eau salubre, manque d’infrastructures sanitaires, l’insalubrité => bilharziose, paludisme, fièvre jaune, méningites, Ébola, sida. IPH : l’Afrique ressort comme étant le continent le plus pauvre de la planète et abrite 33 des 48 PMA du monde. En 2008 390 millions de pauvres

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Carte 2 p241 « Etats, conflits & famines des 15 dernières années » L’instabilité politique fait fuir les investisseurs : Etats défaillants du Sahel, printemps arabes, guerres au Soudan, au Congo troubles (en déc. 2012 en République Centre Africaine), corruption. L’Afrique est le continent qui compte le + gd nb de réfugiés (11 millions) et le + gd nb d’interventions de l’ONU. => malgré d’immenses richesses exploitées depuis le 19è siècle, l’Afrique demeure le continent le plus pauvre. 1.2) D’innombrables richesses naturelles

Carte 1 p240 « Les ressources africaines : mines & énergie »

Des richesses exploitées très tôt dans le contexte de la colonisation et dont les bénéfices n’ont pas été réinvestis dans le développement = économie de rente extensive (qui peut être définie comme l’obtention de revenus par l’exploitation de ressources sans contribution à la production de biens et de services supplémentaires). Le continent détient le tiers des réserves minérales mondiales. Ces ressources ont surtout servi à enrichir des compagnies étrangères (Elf Aquitaine devenue Total) mais aussi et surtout des élites corrompues qui ont placé leur fortune à l’étranger ou financé des projets pharaoniques sans retombées sur la population : Yamoussoukro en Côte d’Ivoire, Monument de la Renaissance africaine de l’ancien président Wade au Sénégal, coût 20 millions d’euros, construite par des Nord Coréens 1.3) Une périphérie de la mondialisation libérale

Dessin p280 « l’Afrique dans la mondialisation »

Part dans les échanges mondiaux est <3%, part du PIB mondial 1%. L’Afrique exporte essentiellement des produits bruts (74% de ses exportations), non transformés et importe des produits industriels et alimentaires. Elle subit donc l’inégalité des termes de l’échange du fait de la faible valeur ajoutée de ses exportations. Le continent n’abrite aucune ville monde, même si elle compte de nombreuses mégapoles, du fait de leur faible centralité, pas de bourse de valeurs de rang mondial, pas de fonctions urbaines de niveau supérieur (sièges sociaux de FTN, organisations internationale, connexion à tous les réseaux mondiaux, bref ce qui définit une ville monde). Johannesburg est un centre d’impulsion mais pas une ville monde. Stock d’IDE = 2% du stock mondial et les flux d’IDE = 1,5%. L’Afrique est en marge des grands réseaux de transport.

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Conclusion

Malgré de nombreuses richesses naturelles, le continent africain reste en retard de développement. La transition démographique toujours en cours & l’instabilité politique persistante ont maintenu l’Afrique en marge de la mondialisation

2) De nouvelles perspectives pour l’Afrique ?

Photo 2 p231 « Préparation de fleurs pour l’exportation au Kenya » 2.1) Une Afrique en mutation

Texte 2 p249 « It’s time for Africa » Depuis 2000 l’Afrique enregistre une croissance économique autour de 5%, ce qui a permis une progression annuelle de 4% du PIB/hab. et soutenu la consommation intérieure. L’Afrique est désormais perçue comme un marché d’avenir par les investisseurs Photo 1 p249 « Orascom, une multinationale égyptienne » Le secteur des télécommunications est en croissance spectaculaire. En 2010 la couverture atteint 90% dans les villes et 40% dans les campagnes. Mais cela s’explique avant tout par l’absence de réseau filaire, compensé ainsi par le mobile. 4 groupes de pays se distinguent et on ne peut parler de « Lions africains » que pour ceux qui ont diversifié leur économie (Egypte, Maroc, Namibie, Tunisie et Afrique du Sud). Cas du Botswana sorti des PMA en 1994 grâce à l’exploitation de ses richesses minières (diamants) 2.2) Un continent convoité

Texte 2 p245 « Les entreprises chinoise en Algérie »

Convoité pour ses nouveaux consommateurs, pour ses richesses minières, pour ses « terres rares » (métaux stratégiques, lanthanides, yttrium et scandium, indispensables aux industries de haute technologie et aux matériaux militaires.) Continent convoité aussi pour ses terres à cultiver : accaparement des terres par des multinationales, des Etats. Avec 13% des réserves prouvées de pétrole, l’Afrique est devenue un enjeu pour les Etats-Unis qui tireront le ¼ de leur approvisionnement d’ici 2025 et pour les puissances émergentes. La part de l’Asie progresse dans les échanges extérieurs, la Chine, le premier partenaire commercial depuis 2010 est présente dans 40 pays (« Chinafrique »).

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Le commerce avec l’Asie a augmenté de 20% entre 2005 et 2011 alors qu’il n’a progressé que de 7% avec l’Europe et avec l’Amérique du Nord selon l’OMC (rapport oct. 2012) 2.3) Un « décollage » à nuancer

Carte 2 p260 « Consommation d’électricité en Afrique en 2007 »

L’essor du PIB résulte surtout de l’envolée du cours de matières premières. Les industries manufacturières sont encore sous-développées et les nouveaux acteurs asiatiques maintiennent l’Afrique dans une économie de rente (travailleurs chinois ou indiens sur les chantiers qui leur sont confiés), malgré quelques délocalisations bas de gamme. Le secteur informel assure la vie et la survie du plus grand nombre. Les PAS ont réduit la dette des Etats en contrepartie de la suppression des droits de douane et des aides aux producteurs. Mais agriculteurs (coton), éleveurs et artisans subissent de plein fouet la concurrence de produits à bas prix et eux-mêmes souvent subventionnés (coton US, poulet de la PAC, riz indien). L’APD reste importante malgré les désordre qu’elle provoque dans les économies locales. Les disparités spatiales et sociales se creusent, la mondialisation ne bénéficie qu’aux classes moyennes urbaines et aux diasporas indienne, libanaise et chinoise.

Conclusion

Le décollage récent de l’Afrique reste à nuancer quand on observe les indicateurs de développement et la réalité des infrastructures. C’est un marché potentiel pour les investisseurs mais qui reste captif & qui subit la mondialisation plus qu’il n’en tire parti. En effet, la croissance africaine est vulnérable car subordonnée à la volatilité des cours des matières premières. Elle dépend en partie de l’aide publique au développement et des négociations sur la dette extérieure avec le FMI.

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3) Des défis à relever qui restent nombreux

Photo 1 p230 « Tramway de Rabat, 2011 » 3.1) Le défi démographique

Affiche 3 p243 « Promotion de la planification familiale au Sénégal »

La pop africaine a été X4,5 de 1950 à 2010. Elle atteindra 2 milliards en 2050 dont 1,8 en Afrique subsaharienne Aucune stabilisation n’est attendue avant 2100. Objectif du Millénaire : faire reculer l’analphabétisme comme condition préalable du recul de la fécondité et du taux de mortalité infantile. Malheureusement cette cible ne sera pas atteinte, aucun progrès, voire même recul. La mortalité infantile baisse un peu mais pas suffisamment. La pression humaine s’accroît sur les ressources et notamment sur les terres cultivées, expliquant en partie la pauvreté des populations majoritairement rurales. Depuis les années 1980, les mobilités sont devenues intenses : réfugiés + migrations éco du S vers le N du Sahara et d’Afrique centrale vers l’Afrique du Sud. Fort exode rural : la pop urbaine a été X 13 depuis 1950 et le solde naturel urbain explique désormais leur forte croissance. 3 grandes mégapoles : Le Caire, Lagos et Kinshasa mais le poids relatif des mégapoles diminue, l’urbanisation de la pop se faisant surtout dans des villes petites ou moyennes. 3.2) Le défi alimentaire et environnemental

Carte p256 « Les principales zones de famines en Afrique depuis 30 ans »

L’agriculture traditionnelle se maintient mais de nouvelles formes d’exploitation apparaissent pour tirer profit de l’urbanisation :c’est le développement du « vivrier marchand », des cultures vivrières destinées à approvisionner les villes . Des recherches génétiques ont mis au point des variétés à haut rendement comme le Nerica (New Rice for Africa). L’extension des surfaces cultivées a permis de faire à peu près face à la croissance démographique mais l’agriculture doit faire face à de nombreux défis : problème récurrent des sècheresses avec le problème de la désertification de la bande sahélienne liée au surpâturage, dégradation des sols et épuisement par l’utilisation d’OGM et cultures exportatrices, recul des forêts, dumping des pays du Nord, accaparement des terres (vu avant).

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Le problème environnemental reste entier, par manque d’infrastructures de recyclage ou de retraitement des déchets, partout des décharges à ciel ouvert, des lagunes ou des berges couvertes de détritus que les chèvres « recyclent », avec les conséquences sanitaires que l’on connaît (bilharziose et autres maladies parasitaires). Pollution du Niger par l’exploitation pétrolière

3.3) Le défi politique

Dossier p246-247 « En Afrique Centrale, la « première guerre mondiale africaine » ? » Texte 3 p246 « Un pays riche dépourvu de tout »

Sortir de l’économie de rente pour emprunter le chemin de l’émergence comme l’a fait l’Afrique du Sud suppose des politiques publiques capables de promouvoir un développement adapté aux sociétés africaines. Le développement de l’économie numérique, présenté comme spectaculaire trouve ses limites dans l’insuffisance des infrastructures électriques : les coupures incessantes rendent l’accès à internet aléatoire même si désormais l’Afrique est bien reliée par des câbles sous-marins. Le mauvais état des routes freine les échanges inter régionaux et à l’exemple du Bénin, il est parfois moins cher d’acheter un poulet qui vient de Belgique que d’une campagne plus proche. Texte 6 p247 « Le poids de la corruption » La nature de l’Etat est un lourd handicap. Clientélisme, corruption « L’Etat postcolonial est devenu une machine d’extraction-redistribution au profit des détenteurs de l’autorité [qui mènent] « une politique du ventre »… assurant la lubrification sociale par le népotisme et la corruption » (L’Afrique subsaharienne, Dubresson, Moreau, Steck, Raison, 2011) Dossier p250-251 « Dynamiques transnationales en Afrique de l’Ouest » Pour devenir un acteur efficace de la mondialisation, l’Afrique doit promouvoir ses échanges intra régionaux, dynamiser son marché intérieur, par l’intégration régionale. Carte p 241 « Organisations régionales en Afrique » Les structures existent et sont même nombreuses mais peu sont efficaces. CEDEAO (héritage colonial, franc CFA, frein au développement ?), SADC (communauté de développement de l’Afrique australe) créée en 1992, arrière cour de l’Afrique du Sud, UA qui monte en puissance notamment pour la gestion des conflits mais qui demeure un forum politique.

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Conclusion

La maîtrise de la croissance démographique & urbaine, l’augmentation de la production agricole & industrielle tout en préservant l’environnement, la mise en place d’Etats responsables & stratèges, l’intégration des économies régionales sont les défis à relever pour un développement durable du continent africain.

Croquis p256-257 « Le continent africain face au développement & à la mondialisation » Révisions p252-253 Méthode étude critique de documents p260-261 « Le continent africain face au développement & à la mondialisation » Etude critique de document p280 « L’Afrique face à la mondialisation » Etude critique de documents p281 « L’Afrique face au développement » Etude critique de documents p282 « L’Afrique face au développement & à la mondialisation » Composition p280 « Le continent africain face au développement & à la mondialisation » Croquis p283 « Les contrastes de développement en Afrique »

C) L’Afrique du Sud : un pays émergent (3) Photo 1 p262 « Le centre d’affaires de Johannesburg » Photo 2 p263 « Soweto » La notion d’émergence Cette notion est un concept récent qui se répand surtout à partir des années 2000. Il est utilisé d’abord par le monde de la finance pour caractériser des pays à haut potentiel, avec une forte croissance mais qui restent encore fragiles. Il n’existe pas de définition précise mais l’émergence se caractérise par un certain nombre de critères :

- Une croissance forte et soutenue sur une période suffisamment longue

- Une croissance démographique pour accompagner la croissance économique

(marché de consommation, main d’œuvre dynamique et de plus en plus éduquée)

- Investissements étrangers importants

- Conditions de durabilité de la croissance (stabilité institutionnelle, niveau de

corruption, régulation des marchés)

- Développement tardif qui menace les positions des pays du Nord

- Polarisation de l’espace à une échelle au moins régionale.

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Ainsi si le groupe des BIC (Brésil, Inde, Chine) bouleverse l’équilibre mondial, l’Afrique du Sud appartient à un groupe de pays émergents qui apparait moins menaçant : les CIVETS (Colombie, Indonésie, Viet Nam, Egypte, Turquie, Afrique du Sud).

Introduction Première puissance économique du continent africain, l’Afrique du Sud revêt une dimension symbolique forte au niveau international. 51 m hab. 1 219 000 km2 Marqué par un régime d’apartheid (système de ségrégation spatiale imposé par le gouvernement blanc et fondé sur des critères raciaux et ethniques) de 1948 à 1991, le pays a surmonté cette période avec l’investiture à la présidence de la République de Nelson Mandela en 1994. L’Afrique du Sud s’affirme désormais comme la principale puissance d’Afrique. Elle appartient au groupe des pays émergents et s’inscrit dans le système mondial d’échanges. Comment le statut de pays émergent se manifeste-t-il pour l’Afrique du Sud ?

1) l’Afrique du Sud : une puissance continentale

Carte p264-265 « Les firmes sud-africaines présentes en Afrique » 1.1) Reconstruction politique : la « nation arc-en-ciel »

Photos « Drapeaux sud-africain 1928 & 1994» Photo 3 p269 « Bureau de vote, 1° élections démocratiques, 27 avril 1994 » Drapeau: le « Y » symbolise le chemin vers l’unité des différents groupes composant la société sud-africaine (drapeau ANC : noir, jaune, vert – rouge, blanc, bleu : anciennes puissances coloniales) Carte 3 p267 « Des dynamiques territoriales contrastées » 1994 : l’Afrique du Sud devient une démocratie, arrivée au pouvoir de l’ANC et de ses alliés dans la lutte contre l’apartheid Démocratisation réelle avec des taux de participation élevés aux élections nationales et la mise en place d’un système de participation citoyenne (forums de discussion et de consultation) Redécoupage interne du pays pour éviter la persistance d’entités mono-raciales : les bantoustans et les townships sont intégrés aux anciennes provinces « blanches » par la création de 9 nouvelles provinces avec nouvelle toponymie (2 ont des noms en langues africaines : le Gauteng, « le lieu de l’or » et le Mpumalanga, « pays où se lève le soleil »)

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1996 : nouvelle constitution avec mise en place de plusieurs échelles de gouvernement (central, provincial et local) qui doivent concilier croissance économique et justice sociale (favoriser la redistribution des richesses et permettre une meilleure intégration des populations) Financement de mesures sociales : logements subventionnés (ex : programmes de Reconstruction et développement postapartheid, accès à l’eau potable (6 m³ gratuits/ mois par foyer)… Limites : avancées insuffisantes sur la question foncière : moins de 5 % des terres spoliées par la colonisation puis par l’apartheid ont été redistribuées depuis 1994 (engagement de 30 %), mécontentement grandissant des ouvriers agricoles et des habitants des anciens bantoustans (régions réservées aux noirs du temps de l’apartheid). 1.2) Un pôle de croissance économique

Graphique p268 « Croissance économique sud-africaine » Indéniables atouts économiques (PIB : 20% de celui de l’Afrique) Croissance économique soutenue : 5% depuis 1998, baisse avec la crise de 2008 puis reprise : 3% en 2011 Monnaie stable, système bancaire relativement solide (secteur bancaire contrôlé à 80% par 4 grandes banques), endettement faible, balance commerciale bénéficiaire Photo 1 p269 « L’exploitation des ressources minières » Carte 2 p266 « Contraintes & richesses naturelles » L’exploitation minière (charbon, fer, diamants, or) a favorisé l’essor de l’industrie et du secteur financier Carte 4 p267 « L’exploitation économique du pays » Puissance industrielle complète qui constitue un atout essentiel avec des secteurs de pointe (nucléaire, armement…) Tertiarisation de l’économie : 65% du PIB Publicité 4 p271 « Réserve naturelle privée Thanda » Graphique 4 p265 « Un nouvel attrait touristique à l’international » Essor du tourisme : le tourisme, marqueur de l’émergence de l’Afrique du Sud 21 millions de visiteurs étrangers en 2010 (Coupe du monde) et 10 millions de Sud-africains (majoritairement blancs), multiplication des complexes touristiques sur les littoraux (ex : Sun City reconstitution d’une cité perdue de l’Atlantide), tourisme de safari dans les parcs naturels (parc Kruger), tourisme de mémoire en lien avec l’histoire de l’apartheid (île-prison de Robben Island où les visites sont guidées par d’anciens détenus)

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Johannesburg, symbole de la puissance économique : Métropole moteur de l’émergence (4,5 millions d’habitants) : sièges sociaux des grandes entreprises du pays, première place boursière d’Afrique (Johannesburg Stock Exchange ou JSE : 15ème rang mondial), afflux d’investissements nationaux et étrangers, métropole intégrée aux réseaux de la mondialisation Clivages spatiaux forts : Le CBD historique et le quartier de Standton situé au Nord de la ville forment un duopole économique (concentration activités tertiaires de haut niveau) / Le Sud autour de l’ancien township de Soweto est à l’écart du cœur des réseaux mondialisés (espace sous-développé, chômage, criminalité) 1.3) Une puissance régionale

Photo 1 p271 « Le premier réseau ferré du continent » Photo 3 p271 « L’approvisionnement en eau » Influence de l’Afrique du Sud sur le continent africain et notamment sur l’Afrique subsaharienne grâce à sa puissance économique, cherche à renforcer son leadership tant sur le plan économique que diplomatique 1ère puissance économique d’Afrique subsaharienne : 40% du PIB de la zone implantation des entreprises sud-africaines sur le continent (investissements de plus en plus nombreux) 90% des entreprises cotées au JSE travaillent dans tout le continent africain 127 entreprises sud-africaines sont classées parmi les 500 premières d’Afrique (60% du chiffre d’affaires) Exploitation des matières premières en RDC, implantation de grands groupes sud-africains (Eskom : électricité, 1er producteur d’électricité du continent, Shoprite : grande distribution, implanté dans 15 pays, Sasol : industrie chimique et pétrole, 1er groupe chimique du continent, MTN et Vodacom : télécommunications) Carte 1 p266 « L’Afrique du Sud dans les organisations régionales & internationales » Domination dans des organisations régionales avec une zone d’influence qui couvre toute l’Afrique australe et au-delà Puissance centrale de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC : South African Development Community), groupe qu’elle a rejoint en 1994 Union douanière de l’Afrique australe (SACU : Southern African Custom Union) avec le Botswana et la Namibie Participation à la mise en place du NEPAD : nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (New Economic Partnership for Africa’s Development) avec l’Algérie et le Nigéria

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Politique diplomatique active (négociations de paix, rôle de médiateur) : modèle démocratique stable dans un environnement turbulent Rôle important dans la transformation de l’OUA en UA (Union africaine) en 2000 Intervention au Congo sous l’égide de l’ONU (MONUC : Mission de l’ONU au Congo devenue MONESCO en 2010) intervention en mars 2013 en RCA où ils ont essuyé de lourdes pertes et n’ont pu empêcher le renversement du régime de Bozizé Potentiel militaire : 1ère puissance militaire du continent, volonté de faire progresser le budget et les effectifs mais place marginale / grandes puissances mondiales

Conclusion

En reconstruction politique depuis les années 1990, l’Afrique du Sud est devenue le pôle majeur de l’économie africaine. Puissance agricole, minière, industrielle, commerciale & financière du continent, son implication est croissante dans les affaires politiques régionales.

2) Une puissance émergente a l’échelle mondiale

Photos 1 p264 « L’aménagement du port de Durban » 2.1) Internationalisation de l’économie

Texte 2 p269 « La forte croissance de la production automobile » Insertion dans les flux mondiaux de marchandises et de capitaux Pays récepteur d’IDE (ex : usines d’assemblage automobile : Toyota, Ford, GM, BMW) Porte d’entrée du Brésil et de l’Inde en Afrique, rôle de plaque tournante du commerce africain : flux licites et illicites (diamants, drogue) Principaux partenaires commerciaux hors d’Afrique : Chine (1er partenaire), Europe (surtout Royaume-Uni et Allemagne), Etats-Unis, Faiblesses : balance commerciale déficitaire avec ces régions, équilibre de la balance commerciale réalisé grâce à ses exportations en Afrique Dépendance / complexe minéralo-énergétique (moitié des exportations en valeur)

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Internationalisation des entreprises sud-africaines en Afrique et dans le monde ex : Anglo American : firme symbole de cette internationalisation Groupe né de l’exploitation minière (or) en 1917 puis diversification (diamants, cuivre, platine, charbon, années 1960 : filiale spécialisée dans le bois et début des investissements miniers à l’étranger 1961 : 1er investissement hors d’Afrique : Hudson Bay Mining (Canada), années 1970 : implantation en Amérique latine, années 1980 : Etats-Unis et Europe (emballages et matériaux de construction) Filiales opérant dans de nombreux pays du monde (ex : De Beers : 1er groupe mondial pour l’extraction et la commercialisation des diamants, présence dans 25 pays) 1998 : siège social transféré : la société n’est plus cotée à Johannesburg mais à Londres 2.2) Un nouvel acteur sur la scène internationale

Photo « Sommet des BRICS à Durban, 2013 » Organisation de grands événements internationaux après la fin de l’apartheid 1995 : coupe du monde de rugby, 1996 : coupe d’Afrique des nations, 2003 : Sommet de la Terre à Johannesburg, 2010 : Coupe du monde de football (démonstration des capacités du pays à organiser un événement sportif majeur, coûteux et très médiatique, construction de 4 nouveaux stades et rénovation de 6 existants, coût : 1 milliard $) 2011 : Conférence des Nations unies sur le changement climatique à Durban ; à Durban toujours, sommet des BRICS en mars 2013 Carte 1 p266 « L’Afrique du Sud dans les organisations régionales & internationales » Rapprochement transcontinental : groupe IBAS Brésil, Inde et Afrique du Sud réunis dans un forum interrégional : IBAS (IBSA en anglais) suit à la déclaration de Brasilia le 6 juin 2003 formation d’un G3 avec la volonté d’apparaître comme des puissances mondiales en incarnant 3 continents ou sous-continents du Sud, démocraties stables avec un jeu diplomatique consensuel Crainte / hégémonie de la Russie et de la Chine Souci d’efficacité afin de présenter des vues communes (ONU, FMI, OMC) Coopération économique dans le but d’augmenter les échanges commerciaux entre les 3, d’harmoniser les réglementations douanières et de mettre en place des partenariats stratégiques (aéronautique, agro-carburants) Coopération militaire (développement d’une nouvelle génération de missiles air-air, manœuvres navales communes) Engagement géopolitique (ex : délégation envoyée à Damas en août 2011 dans le but d’éviter une intervention militaire)

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Avril 2011 : invitation par la Chine à se joindre au sommet des BRIC devenu alors sommet des BRICS grande puissance régionale, l’Afrique du Sud rejoint le groupe plus du fait de la géopolitique que de ses résultats économiques qui sont inférieurs à ceux des autres membres (la Chine étant intéressée par les ressources et le marché africains) Effets attendus pour l’Afrique du Sud : peser davantage dans les organisations internationales et renforcer son leadership en Afrique

Conclusion

L’Afrique du Sud, porte d’entrée des investisseurs étrangers en Afrique, est en forte croissance économique au début du XXI° siècle. L’internationalisation de son économie, la multiplication des partenariats commerciaux, le poids de ses FTN, ses ambitions diplomatiques sont à l’origine de l’émergence à la « nation arc en ciel » dans la mondialisation.

3) Une émergence inachevée

Photo 4 p273 « Le Cape Town Stadium » Dossier p272-273 « Le Cap, entre héritages, développement & mondialisation »

3.1) Une ségrégation socio-spatiale marquée

Texte 3 p272 « Le Cap, ville sud-africaine » Déségrégation de la société à la fin de l’apartheid : suppression des espaces interdits, disparition des entités territoriales mono-raciales, politique sociale en faveur des victimes du régime d’apartheid (la mixité raciale et sociale est apparue comme une question secondaire) Composition de la population : Noirs : 79,3%, Blancs : 9,1%, Métis : 9%, Asiatiques d’origine indienne : 2,6% Carte 1 p272 « Le Cap sous l’apartheid » Carte 5 p273 « Des inégalités sociales héritées » Persistance de la pauvreté dans une société encore très inégalitaire, concordance entre race et pauvreté, tendance à l’accroissement de la ségrégation sociale avec le départ des élites noires et des classes moyennes vers des zones autrefois interdites aux Noirs, nombreux espaces d’exclusion dans les villes, 25% chômage Années 1980, développement de bidonvilles (Squatter camp ou informal settlement) : seule solution pour les plus pauvres de se loger

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Emergence d’une classe moyenne noire (signe de progrès dans la mixité raciale), jeunes noirs qualifiés Mise en place d’une politique de discrimination positive (Affirmative Action et BEE :Black Economic Empowerment), installation dans les grandes villes (suburbs) Enfermement des plus riches à la périphérie des grandes villes ou près des centres dans des espaces privatisés et sécurisés : gated community, office park = centre d’affaires, shopping mall (espace le plus ouvert avec une clientèle multiraciale). 3.2) Une société marquée par la violence et ravagée par le sida

Graphique 2 p271 « Principales causes de mort prématurée » La violence est un phénomène ancien en Afrique du Sud (colonisation, apartheid) Aujourd’hui :fort taux de criminalité (assassinats, hold-up, cambriolages, car highjackings) : un des plus élevé du monde, circulation massive d’armes à feu de manière légale (4 millions de permis) ou illégales (1 million d’armes), implantation de réseaux criminels internationaux (drogue, prostitution), criminalité ancienne dans les townships noirs et plus récente dans les quartiers blancs, certains espaces sont mieux sécurisés par les autorités (espaces commerciaux ou touristiques, centre-ville, quartier d’affaires) Importance de la violence domestique : record mondial du taux de viol (1 femme sur 3 en serait victime au cours de sa vie), violence envers les enfants Epidémie de sida 10,6% de la population (officiellement), faible croissance démographique (1993 : 2%, 2011 : 1,1%), baisse de l’espérance de vie (1990 : 59 ans, 2011 : 54 ans ), population active (15 – 49 ans) la plus touchée (17%), les bidonvilles et les townships noirs sont plus touchés que les quartiers résidentiels aisés jusqu’en 2003, discours de déni (président Thabo Mbeki) Aujourd’hui : politique de prévention et distribution gratuite de traitements ARV, forte augmentation des budgets consacrés à la lutte contre le sida

Conclusion

Avec la fin de l’apartheid, l’Afrique du Sud est entrée dans le système mondialisé tant sur le plan économique que diplomatique. Les transformations du pays sont majeures (démocratisation, déségrégation, rattrapage social, insertion dans la mondialisation libérale…). Cependant, les héritages sociaux et spatiaux du régime d’apartheid pèsent encore lourdement sur le pays avec notamment la persistance d’une très forte ségrégation socio-spatiale. Le pays reste l’un des plus inégalitaire de la planète.

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Croquis p276-277 « Les espaces inégalement développés d’un pays émergent : l’Afrique du Sud » Révisions p274-275 Méthode étude critique de documents p278-279 « L’Afrique du Sud : un pays émergent» Composition p283 « L’Afrique du Sud : un pays émergent »