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ANTIQUITÉ ET MYTHOLOGIE RÉCITAL Ma 3 mai, 20h SAISON 15.16 MONTEVERDI, PURCELL SCHUBERT, XENAKIS

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ANTIQUITÉET MYTHOLOGIE

RÉCITAL

Ma 3 mai, 20h

SAISON 15.16

MONTEVERDI, PURCELLSCHUBERT, XENAKIS

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RÉCITAL

ANTIQUITÉET MYTHOLOGIEMONTEVERDI, PURCELL,SCHUBERT, XENAKIS

Durée ±1h55 avec entracte

avecGeorg Nigl baryton

Andreas Staier pianoLuca Pianca luth et théorbe

•••Solistes de l’ensemble Claudiana/Direction Luca Pianca :

Jeremy Joseph orgue et clavecinMargret Köll harpe triple

Stefano Barneschi, Chiara Zanisi violonsMarco Frezzato violoncelle

Miquel Bernat percussions (soliste d’Ictus, ensemble en résidence à l’Opéra de Lille)

Georg Nigl ©Bernd Uhlig

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Biagio Marini (1594-1663)Sonata sopra La Monica

•••Claudio Monteverdi (1567-1643)

« E pur io torno qui » (Et pourtant je reviens ici), L'Incoronazione di Poppea (Acte I, scène 1, monologue d’Othon)

Transition instrumentale

Claudio Monteverdi« Vi ricorda o bosch'ombrosi » (Vous souvient-il, bois ombrageux),

L'Orfeo (Acte II)•••

Marco Uccellini (1603-1680)Sonata XVIII

•••Claudio Monteverdi

« Possente Spirto » (Puissant esprit), L'Orfeo (Acte III)« Qual honor di te sia degno » (Quel honneur sera digne de toi), L'Orfeo (Acte IV)

— Entracte —

Franz Schubert (1797-1828)Strophe aus « Die Götter Griechenlands » D677

Ganymed D544 op. 19,3Gruppe aus dem Tartarus D583 op. 24, 1

Fragment aus dem Aeschylus D450Prometheus D674

•••Iannis Xenakis (1922-2001)

Kassandra (1987), pour baryton (amplifié), psaltérion et percussion, première partie du cycle Oresteïa

Le programme est surtitré à l’exception de Kassandra (texte à suivre)

ANTIQUITÉ ET MYTHOLOGIE

EXPOSITION

Lucien, Dialogues, gravures sur bois de Henri Laurens, Paris, Tériade, 1951Legs Maurice Jardot, 200 -3 LaM Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brutPhoto : Philip Bernard ©Adagp, Paris 2015

3 MAI-4 JUIN

Collection du LaMDécouvrez dans les petits salons de l'Opéra leslivres précieux présentant des illustrations dePablo Picasso et Henri Laurens sur desthèmes mythologiques, issus de la collectiondu LaM.

Lille Métropole Musée d'art moderne,d'art contemporain et d'art brut

www.musee-lam.fr

Exposition présentée du 3 mai au 4 juin, lessoirs de représentation sur présentation du

billet de spectacle et le dimanche 8 mai de 11h à17h à l'occasion du Happy Day Journée

européenne de l'Opéra.

Mythologie et Livre illustré au XXe siècle

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Ce programme a été conçu comme un voyage, une aventure : on y suit la naissance d’unevoix, la voix intérieure du héros mythologique ou antique s’affirmant face à son destin,mais aussi la voix de l’opéra naissant avec Monteverdi, jusqu’à son épanouissement dans lelyrisme des lieder schubertiens et ses résonances contemporaines dans l’œuvre de Xenakis.

L’HOMME FACE À SON DESTIN L’Incoronazione di Poppea (1643)(Le Couronnement de Poppée)Livret de Gian Francesco Busenello (1598-1659) d’après les Annales de Tacite (LivreXIV).

Le Couronnement de Poppée apparaîtcomme l’ultime chef-d’œuvre d’uncompositeur parvenu à l’apogée de sesmoyens musicaux et dramatiques qui luipermettent de rendre toutes les nuances despassions humaines. Ambition aveugle,amour immodéré du pouvoir, envie etdésirs effrénés déterminent l’action dans cetopéra novateur dont la première originalitéréside dans le choix d’un sujet historiquetraité avec le plus grand réalismepsychologique. S’éloignant des hérossublimes de la mythologie, s’inspirant desrécits de Tacite et Suétone, l’ouvrage offreune galerie de personnages dépourvus detout sens moral.

Si Le Couronnement de Poppée marque lanaissance de l’opéra moderne en inventantune nouvelle théâtralité, il innove aussi parses audaces rythmiques, harmoniques etvocales mises au service de l’efficacitédramatique. La primauté est accordée auchant avec l’utilisation d’un orchestre réduitet l’expressivité des passions atteint unréalisme saisissant grâce à cette lumineusenudité des voix.

SynopsisPoppée, sublime épouse du général Othon, aséduit l’empereur Néron. Cependant, denombreux obstacles entravent la route quimène au mariage et au trône. Il faudrarenvoyer en exil l’époux légitime, répudierl’impératrice en titre, et pousser au suicidele philosophe-précepteur qui cherche àramener tout le monde à la raison. Les deuxamants y parviendront finalement et c’estdans un duo d’amour hautement sensuelque se conclut l’opéra.L’Orfeo (1607)

Livret d’Alessandro Striggio (1573-1630)d’après le mythe d’Orphée et Eurydice

Dans le sillage de la création de l’Euridice deJacopo Peri qui marque la naissance del’opéra en 1600, Monteverdi réalise lasynthèse de différentes traditions musicalesavec la volonté de subordonner la forme àl’expression des sentiments. Le compositeurutilise toutes les ressources du théâtre et dela poésie, du chant et de la musiqueinstrumentale, pour créer le premier chef-d’œuvre de l’art lyrique. Façonné par cemusicien novateur, le récitatif devient lechant de l’âme humaine. C’est pourquoi, lepremier opéra de Monteverdi n’en finit pasd’exercer son pouvoir de séduction et defascination. Monteverdi cherche àdévelopper un nouveau rapport entre texteet musique en s’appuyant sur les acquisd’une forme qu’il a beaucoup pratiquée, lemadrigal.

CLAUDIO MONTEVERDI (1567-1643)

SynopsisAlors que bergers et nymphes chantentl’amour d’Orphée et Eurydice, Orphée prie lesoleil de bénir son couple. Tout entier à sonbonheur, il chante pour les arbres, les Dieux,et par la magie de ses vers, parvient même àémouvoir les pierres. Soudain, la Messagèrevient annoncer à l’assemblée horrifiée lamort subite d’Eurydice, mordue par unserpent. Brisé, Orphée décide de rejoindreson amour au royaume des morts. Guidéprudemment par l’Espérance, il parvientaux Enfers. Là, il doit franchir le Styx, queCharon lui interdit, malgré ses chantsenvoûtants. Mais Orphée déjoue les pièges…et passe. Pour récompenser sa témérité,Pluton décide de lui rendre Eurydice, àcondition toutefois qu’il ne se retourne pasvers elle lors de son retour sur terre. Lesretrouvailles d’Orphée et Eurydice sont decourte durée, car sitôt leur voyage entamé,Orphée succombe à la tentation et regardeson Eurydice – perdue à tout jamais.Accablé, il choisit de renoncer à l’amour,avant que son père, le Dieu Apollon, ne lemène au ciel, d’où il pourra admirer pourl’éternité sa chère Eurydice.

Le père fondateur du lied pourraitrassembler son esthétique dans cetteformule : « béatitude éternelle commeramassée dans un instant ». Dans sa passionlittéraire, Schubert manifeste un instinctproprement divinatoire à l’égard du verbe.Très jeune, on le voit sans crainte seconfronter aux plus grands : la poésie deSchiller et Goethe ou plus tard Mayrhofer,est un choc qui apporte une révélation sursoi-même. Son travail musical sur lespoèmes agit sur lui comme uneintrospection et une forme d’exorcisme :jusque dans l’apparent désordre, parfois, deleur émergence, les lieder rédigent unjournal intime sous le sceau d’une absoluesincérité, à mesure plus consciente.(François-René Tranchefort)

FRANZ SCHUBERT (1797-1828)

Strophe aus “Die Götter Griechenlands“ D677(Les Dieux de la Grèce)Poème de Friedrich Schiller (1759–1805)

Ce lied ne traite qu’une seule strophe d’unlong poème de Schiller : solitudenostalgique du monde après que les dieuxont quitté la terre, âge d’or que seule lapoésie permet de retrouver.

Ganymed D544 op. 19,3 (Ganymède)Poème de Johann Wolfgang von Goethe(1749-1832)

Par une radieuse matinée de printemps,l’aigle (Zeus) ravit le bel adolescentGanymède, vers l’Olympe.

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Gruppe aus dem Tartarus D583 op. 24, 1(Le Groupe surgi du Tartare)Poème de Friedrich Schiller

Dans l’obscurité, comme devant Dante auxEnfers, surgit sous les yeux du poète ungroupe de damnés qui crient leurssouffrances éternelles.

Fragment aus dem Aeschylus D450(Fragment tiré d’Eschyle), extrait des Euménides traduites par Johann Mayrhofer (1787-1836)

Le juste vit heureux, mais le criminel estvoué au naufrage.

Prometheus D674 (Prométhée)Poème de Johann Wolfgang von Goethe

Héros fondamental du Sturm und Drang deGoethe, contemporain de Kronos et deGanymed, cet autre héros faustien netriomphe du « destin éternel et du tempstout-puisssant » qu’en bravant les interdits.Le héros — l’Artiste — défie les dieuxindifférents : à lui de devenir dieu et deformer les hommes à son image.

Kassandra (1987)pour baryton (amplifié), psaltérion etpercussion, première partie de Oresteïa(1965-1966), musique de scène pour l’Orestied’Eschyle (chantée en grec).

À quoi ressemblaient la déclamation et lechant dans les tragédies de la Grèce antique ?Cette interrogation avait nourri la réflexiondes créateurs de l’opéra dans les années1600. Trois siècles et demi plus tard, IannisXenakis lui donnait une réponse fulguranteavec une spectaculaire mise en musique deL’Orestie d’Eschyle (1965), à laquelle il revientpar l’ajout de la pièce Kassandra en 1987.Dans cette cantate où la voix dialogue avecles percussions, le baryton interprètesuccessivement Cassandre dans son registreaigu et le Coryphée des vieillards d’Arposdans son registre grave, tout ens’accompagnant du psaltérion.

IANNIS XENAKIS (1922-2001)

Cassandre avait reçu d'Apollon le don deprédire l'avenir. Mais pour la punir de l'avoirdélaissé – car les dieux n'aimaient guèrequ'on leur tienne tête – le même Apollondécida que personne ne la croirait. Ainsi vit-elle que le cheval de Troie scellait la chute desa ville mais elle ne put empêcher lesTroyens de l'y faire rentrer. Ainsi vit-elle enarrivant à Mycènes que son vainqueurAgamemnon allait être poignardé par safemme, mais elle ne put éviter ni sa mort nila sienne…

CassandreLas, hélas, ô Terre ! (1072)Apollon, Apollon !

Le CoryphéeQue vas-tu hurler, en sanglots, à propos de Loxias ?Ce n'est pas à lui qu'il faut lancer des thrènes.

CassandreLas, hélas, ô Terre !Apollon, Apollon !

Le CoryphéeElle persiste à se lamenter en invoquant le dieu,Il n'est pas correct de gémir devant lui. (1079)

CassandreAh ! (1089)Haïe des dieux, oui, témoinDe fratricides, d'affreuses décapitations,Un véritable abattoir dégoulinant de sang humain !

Le CoryphéeOn dirait qu'elle a le flair d'un chien, cetteÉtrangère, elle suit la piste et trouve du sang.

CassandreAh ! (1095)Je crois ces témoignages ;Ces enfants en larmes bientôt sacrifiés,Leurs cadavres rôtis dévorés par leur père.

Le CoryphéeNous connaissons ta réputation de devineresse,Nous n'avons pas besoin de prophète.

CassandreAh ! La ! La ! qu'est-ce qui se prépare ? (1100)Quelle nouvelle, quelle terrible douleur,Réserve-t-on à cette maison, elle est atroce,Insupportable pour les proches,Sans remède, et sans recours.

KASSANDRA, TEXTE CHANTÉ

Le CoryphéeJe ne sais pas de quoi elle parle ; (1105)Je connais le reste ; toute la Cité le crie.

CassandreMisérable ! Tu vas passer aux actes ! (1107)L'époux qui partage ta couche,Tu vas le baigner, le laver — comment dire la suite ?Elle ne va pas tarder ;Deux bras se lèvent,Tour à tour.

Le CoryphéeJe ne comprends toujours rien ; elle passe des énigmesAux oracles obscurs ; je ne sais quoi penser. (1113)

CassandreRegarde ! Ah ! Regarde ! Éloigne cette vache ; (1125)Elle a pris le taureau aux cornes noires dans le filet deses tissus,Elle le frappe ; il s'écroule dans son bassin plein d'eau,Je vais te dire la machinationQui l'a conduit dans la cuve sanglante.

Le CoryphéeComment la force d'un serment solidement fiché (1198)Peut-elle être un remède ? Je suis surprisQu'élevée au-delà de la mer, parlant une autre langue, (1200)Tu tombes toujours juste, comme si tu avais été là.

CassandreC'est la tâche que m'a fixée Apollon, le devin.

Le CoryphéeAvait-il succombé au désir ?

CassandreJ'aurais eu honte, avant, de vous en parler.

Le CoryphéeL'on prend de grands airs, quand on a joui d'un telprivilège.

Traduction du texte en grec d’Eschyle (la numérotation fait référence aux vers)

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CassandreIl essayait de me forcer, il brûlait d'un tel amour…

Le CoryphéeAvez-vous fait l'amour, comme pour procréer.

CassandreJ'ai accepté de garder le secret, et je ne l'ai pas fait. (1208)

Le CoryphéeLe courroux de ce dieu t'avait-il épargnée ? (1211)

CassandrePersonne ne m'a crue, dès que je l'ai trompé.

CassandreLas ! Las ! Hélas ! Que de désastres ! (1214)Ça recommence, l'horrible travail de la prophétie me faitTourbillonner, je n'en peux plus, j'en sens les atrocesprémices :Voyez-vous ces jeunes gens assis prèsDu palais, pareils aux formes des songes ?On dirait des enfants morts tués par leurs parents ;Ces mains pleines de chairs, dont cette maison va serepaître,Avec leurs tripes, leurs viscères, un lamentable fardeauQu'ils portent, un père s'en est délecté ;L'on se prépare, je le dis, à en tirer vengeance,Un lion sans force qui se vautre sur son lit, gardeCette maison, il attend, las, le retour de sonMaître ; car il me faut porter le joug de l'esclavage ;Le chef de la flotte, le destructeur d'Ilion,Ne sait pas ce que la langue de l'odieuse chienne,Qui exprime, qui étale sa joie, ce fléauSournois, lui réserve pour son malheur.Elle est prête à tout ; c'est une femelle qui assassineSon mâle — quel nom trouver pour désigner cemonstreHaineux — Serpent avec une tête à chaque bout, ou ScyllaNichée sur ses rochers — une plaie pour les marins —Cette mère droit sortie de l'Hadès qui sacrifie, enattisant une guerreSans fin contre les siens ? Ces cris de joie qu'elle apoussés,Cette éhontée, comme après la déroute d'un ennemi !Elle semble se réjouir de ce retour providentiel.Que vous me croyez ou non, qu'est-ce que ça peut faire ?Ce qui doit arriver va arriver ; et c'est toi qui vas bientôtle voir,

Tu reconnaîtras en moi, plein de pitié, une tropvéritable prophétesse. (1241)

Le CoryphéeJ'ai reconnu le festin de Thyeste : il a mangé les chairs(1242)De ses enfants et j'ai frémi, je suis épouvanté,Ce que j'ai entendu est vrai, tu n'as rien inventé.Quant au reste, je ne m'y reconnais plus.

CassandreJe dis que tu assisteras à la mort d'Agamemnon. (1246)

Le CoryphéeTais-toi donc, malheureuse, laisse en repos ta voix.

CassandreOn ne peut rien y faire, ce que j'ai dit se produira.

Le CoryphéeNon, si cela doit arriver ; pourvu que ce ne soit pas le cas.

CassandreTu peux prier, ils s'apprêtent à tuer. (1250)

Le CoryphéeDe quel homme viendra ce coup ?

CassandreTu as bien mal saisi ce que je t'annonce.

Le CoryphéeJe ne vois pas comment il va s'y prendre.

CassandreJe connais bien pourtant la langue grecque.

Le CoryphéeComme le Pythien ; et l'on ne peut guère l'entendre.(1255)

CassandreAh là là ! Quel est le feu ! Il s'avance vers moi ! (1256)Las ! Hélas ! Apollon Lykeios ! Pauvre, pauvre de moi.C'est la lionne à deux pieds qui partage la coucheDu loup en l'absence du noble lion,Elle va me tuer, c'est affreux, elle prépareLe poison, elle va aussi me payer mon salaire ;Elle brûle, en affûtant son poignard contre son époux.

Elle l'exécutera pour m'avoir amenée ici.À quoi riment ces objets dérisoires, ce bâtonEt ces bandelettes de devineresse autour de mon cou ?Je vais m'en défaire avant de périr…Soyez maudits ; ça me fait du bien de vous voir à terre.Allez combler une autre de malheurs.Regarde, c'est Apollon lui-même qui me dépouilleDe mon habit de prophétesse ; il m'a observée,Quand, avec cette parure, j'étais l'objet des moqueriesDes miens et de mes ennemis, tous d'accord, en vain ;L'on m'appelait la vagabonde, comme une mendiante,Une gueuse crevant de faim, je tenais bon ;Le prophète qui m'a donné le don de prophétie m'aConduite à présent vers la mort qui m'a été fixée ;Ce n'est pas l'autel de mes pères, mais celui d'étrangers,qui m'attend,Mon sang chaud se répandra sous les coups duvictimaire.Mais les dieux ne fermeront pas les yeux sur ma mort ;Il viendra quelqu'un qui me vengera,Un fils tuera sa mère pour le meurtre de son père.Errant, exilé, banni de cette terre,Il rentrera couronner ces horreurs amoncelées sur les siens,Le corps renversé de son père le conduira en ces lieux.(1285)

CassandreAh !… comme je te plains, mon père, toi et tes nobles fils.(1305)

Cassandre s’enveloppe la tête et se dirige vers le palais,puis, brusquement, elle recule.

Le CoryphéeQu'est-ce donc qui t'arrive ? Quelle peur te ramène ?

CassandreHola ! Ha !

Le CoryphéeQu'est-ce qui t'a fait fuir ? Si ce n'est l'horreur quis'empare de toi.

CassandreCette demeure pue la mort et le sang qui dégoutte.

Le CoryphéeComment ça ? C'est l'odeur des offrandes qui brûlent aufoyer.

CassandreUne telle vapeur émane d'un tombeau.

Le CoryphéeTu ne nous parles pas des splendeurs syriennes de ce palais.

CassandreEh bien, j'irai gémir chez les morts sur mon sort (1313)Et sur celui d'Agamemnon ; c'est bien assez vécu.Ah ! Étrangers.Je ne me blottis pas de peur, comme un oiseau dans unbuisson,Mais après ma mort, vous me rendrez justice,Quand une femme mourra à cause d'une femme, de moi,Qu'un homme mourra pour un homme trahi par sa femme.Voilà ce que je demande à mes hôtes avant de mourir. (1320)

Le CoryphéeAh ! c'est le lot des humains ; leur bonheur (1327)Est l'esquisse d'une ombre ; lorsque ça ne va plus,Une éponge humectée a vite fait d'en effacer les traits. (1330)

Cassandre entre lentement dans le palais dont les portesse referment.

Traduction René Biberfel

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Georg NiglbarytonDe son interprétation deWozzeck à la Scala ou descantates de Bach avec LucaPianca, les performances deGeorg Nigl allient la passionet la compréhension desœuvres musicales à unengagement scéniqueremarquable. Dès l’enfance, ilse produit sur d’importantesscènes lyriques en tant quesoprano soliste au sein desWiener Sängerknaben. Il seforme auprès de Hilde Zadek.Il est un interprète trèsrecherché par les scèneslyriques du monde entier. Ilse produit au Théâtre Bolchoïde Moscou, au StaatsoperBerlin, à la BayerischeStaatsoper de Munich, auThéâtre des Champs-Élysées,au Nederlandse OperaAmsterdam ainsi que sur lesscènes de prestigieuxfestivals : Salzbourg, Aix-en-Provence ou les WienerFestwochen. Il a travaillé sousla direction musicale deDaniel Barenboim, IngoMetzmacher, ThomasHengelbrock et NikolausHarnoncourt, et avec lesmetteurs en scène AndreaBreth, Sasha Waltz, RobertWilson et Frank Castorf.Georg Nigl s’est produit dansde nombreuses créations,comme la récente créationmondiale de l’opéra Marta deWolfgang Mitterer à l’Opérade Lille (mars 2016). Il aégalement inspiré etcollaboré à de nombreusescréations de Pascal Dusapin,Georg Friedrich Haas,Wolfgang Mitterer, WolfgangRihm, Olga Neuwirth etFriedrich Cerha. Son

répertoire de musique dechambre s’étend du baroqueau clacissisme viennoisjusqu’aux œuvrescontemporaines. Il se produitrégulièrement avec AndreasStaier, Alexander Melnikov etGérard Wyss. Les moments marquants decette saison comptent desrécitals à Paris, Vienne,Hambourg, Cologne,Amsterdam, Bruxelles etLondres. Au cours desprochaines saisons on leretrouvera au WienerStaatsoper, au HamburgerStaatsoper, à l’OpernhausZürich, au Staatsoper Berlin,au Staatsoper Stuttgart, auxWiener Festwochen et à laRuhrtriennale dans desspectacles de DmitriTcherniakov, Robert Carsenou Joan Simmons, et sous ladirection de chefs commeThomas Hengelbrock, PabloHeras-Casado, MarcMinkowski, Kent Nagano...Georg Nigl enseigne àl’Université de Musique deStuttgart depuis 2014. Georg Nigl a été nomméChanteur de l’année 2015 parle magazine Opernwelt.On le retrouvera du 20 au 24mai à l’Opéra de Lille dansl’Orfeo mis en scène parSasha Waltz.

Andreas StaierpianoAndreas Staier a sans aucundoute porté l’art d’interpréterle répertoire baroque,classique et romantique surinstruments anciens à sonapogée. Né à Göttingen,Andreas Staier a étudié lepiano moderne et le clavecinà Hanovre et à Amsterdam.Après ses études, il devient leclaveciniste de MusicaAntiqua Köln avec lequel iltourne et enregistre demanière intensive pendanttrois ans. En 1986, ilcommence une carrière desoliste au clavecin et au

REPÈRES BIOGRAPHIQUES pianoforte, et joue dans lemonde entier en récital etavec les orchestres tels queConcerto Köln, FreiburgerBarockorchester, Akademiefür alte Musik Berlin etl’Orchestre des Champs-Élysées. Andreas est l’invitédes plus grands festivalseuropéens dont La Roqued’Anthéron, Saintes,Montreux, Édimbourg,Styriarte Graz, SchubertiadeSchwarzenberg, Schleswig-Holstein, Bach-Fest Leipzig,Bachtage Berlin, BachwocheAnsbach et KissingerSommer. Il s’est produit dansles salles les plusprestigieuses : Konzerthausde Vienne, Konzerthaus etPhilharmonie de Berlin,Philharmonie de Cologne,Gewandhaus Leipzig ; AlteOper de Francfort ; TonhalleDüsseldorf, Wigmore Hall,Royal Festival Hall deLondres... Deux importantestournées l’amènerontnotamment en 2016 auxÉtats-Unis et en Asie du Sud-Est, puis en 2017 en Amériquedu Sud, notamment au Brésilpour une série de concertsavec l’Orquestra Sinfônica doEstado de São Paulo. Andreas Staier a formé untrio avec le violoniste DanielSepec et le violoncelliste RoelDieltiens. Il se produit avecles pianistes ChristineSchornsheim, SashaMelnikov et Tobias Koch, lebaryton Georg Nigl, lesviolonistes Petra Müllejans,Isabelle Faust et leclarinettiste Lorenzo Coppola.Il a travaillé avec lesactrices/récitantes SentaBerger et Vanessa Redgraveainsi qu’Anne Sofie von Otter,Pedro Memelsdorff et AlexejLubimov. Son partenariatmusical avec le ténorChristoph Prégardien adonné naissance à denombreux enregistrementsde lieder (Schubert,Schumann, Mendelssohn,

Ensemble Claudiana /direction Luca PiancaL’ensemble vocal etinstrumental Claudiana estné en 2008 en lien avec unprojet d’intégrale desCantates de Bach pour leKonzerthaus de Vienne, unmarathon musical qui seconclura en 2022. Ensemble àgéométrie variable, il estformé des plus grandsinterprètes européens surinstruments anciens. Aucœur du projet de sondirecteur musical, le luthisteLuca Pianca, également co-fondateur d’Il GiardinoArmonico, se trouvent deuxmonuments de la musiqueoccidentale : les œuvres deClaudio Monteverdi etl’immense corpus descantates de Bach. Un récentenregistrement chez Naïverend hommage au maître deCrémone : Amore e Mortedell’Amore. Parmi lesreprésentations les plusremarquées de l’ensembleClaudiana, citons IlCombattimento di Tancredi eClorinda, l’Oratorio de Noël, laPassion selon Saint-Jean encollaboration avec le célèbrechœur viennois des WienerSängerknaben.L’ensemble se produitrégulièrement avec dessolistes tels que RobertaInvernizzi, Sonia Prina, GeorgNigl et Dimitri Sinkovsky.

Miquel Bernat (Ictus)percussionsFormé au Conservatoire deValence, à Madrid, Bruxelleset Rotterdam, ainsi qu’auAspen Summer MusicFestival (USA), Miquel Bernats’est ensuite produit avecl’Orquesta Ciutat deBarcelona, le RoyalConcertgebouw Orchestrad’Amsterdam, l’ensembleIctus… En tant que soliste, il acréé le Concerto pourMarimba et 15 instruments deDavid del Puerto au Festival

Ars Musica de Bruxelles et auFestival Ensems de Valence. Ilcrée Campos Magnéticos deCesar Camarero avecl’Orquesta Nacional de Portoet l’Orquesta de laComunidad de Madrid. Il créeégalement des concertos deJavier Alvarez, Luis de Pablo,Mauricio Sotelo, MarlosNobre, Joan Guinjoan… Il enseigne auxconservatoires de Rotterdamet Bruxelles ainsi qu’à l’EscolaSuperior de Musica deCatalunya à Barcelone,l’Escola Superior de Musicado Porto et Aveiro University(Portugal). Il a donné desmaster classes au DarmstadtSummer Course (Allemagne),Instrumenta de Oaxaca(Mexico), InternationalSummer Course of Brasilia, et pour de nombreusesuniversités en Argentine,Afrique du Sud, aux États-Unis, en Australie. À Porto,il fonde DRUMMING : Grupode Percussão, un ensemble depercussions majeur explorantle lien des percussions avecles autres formes artistiques.Il se produit dans les plusimportants festivals demusique contemporaine etsur les scènes de l’Opéra deParis, la Cité de la Musique,le Festival Musica Strasbourg,le Festival de Radio FranceMontpellier, au BarbicanCenter à Londres, à l’AuditorioTeresa Carreño de Caracas, auNext Wave Festival deBrooklyn... Il travaille aussiaux côtés de chorégraphescomme Anne Teresa DeKeersmaeker, MauroBigonzetti, ou avec le BalletGulbenkian de Lisbonne.

De nombreuses œuvres luisont dédiées et il s’investitactivement dans la créationmusicale.

Beethoven et Brahms). Artisteassocié à l’Opéra de Dijondepuis septembre 2011,Andreas Staier offre unepalette de programmes pourclavecin ou pianoforte, enrécital, musique de chambreet avec orchestre. Il aégalement collaboré avec lecompositeur Brice Pausetdont il a donné en créationmondiale, la Kontra-Sonate(qu’il a depuis enregistréepour AEON) et joué leconcerto, Kontra-Concert,avec le FreiburgerBarockorchester. Andreas Staier a déjà à sonactif plus de cinquanteenregistrements pourBMG/Deutsche Harmoniamundi, Teldec et Harmoniamundi. Andreas a sorti,pendant la saison 2015/2016,le CD tant attendu desconcertos pour clavecin deBach avec le FreiburgerBarockorchester et un recueilde pièces de Schubert pourpiano à quatre mains avecAlexander Melnikov, uncomplice de longue date.

Luca Piancaluth et théorbeNé à Lugano, en Suisse, LucaPianca étudie avec NikolausHarnoncourt au Mozarteumde Salzbourg et collabore avecNikolaus Harnoncourt ausein du Concentus MusicusWien depuis 1982. Il estcofondateur d’Il GardinoArmonico et collaborecomme luthiste avec le ZurichOpera House. Il accompagneCecilia Bartoli, Eva Mei, SilviaMcNair. En 2001, il a travailléavec Sting. Avec Teldec – sonlabel exclusif – il enregistre20 CDs, dont l’intégrale desœuvres pour luth de J.S. Bachet Antonio Vivaldi. LucaPianca donne 80 à 100concerts chaque année et desrécitals, du Musikverein deVienne au Carnegie Hall deNew York.

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L’OPÉRA DE LILLE ET LES ENTREPRISES

L’Opéra de Lille remercie ses partenaires pour leur soutien

GRAND MÉCÈNE DE L’OPÉRA

En finançant une représentation supplémentaire d’un grand titre d’opéra (Le Trouvère de Verdi cette saison) la FONDATION CRÉDIT MUTUEL NORDEUROPE favorise l’accès du plus grand nombre au répertoire lyrique. Son soutien aux actions Place(s) auxJeunes !, permet par ailleurs aux moins de 28 ans de bénéficier de tarifs exceptionnels.

MÉCÈNE PRINCIPAL DE LA SAISON

Mécène principal de la saison depuis 2014, le CIC NORD OUEST apporte un soutien spécifique auxproductions lyriques, Le Trouvère de Verdi et L’Orfeo deMonteverdi, pour cette saison.

LES PARRAINS D’ÉVÉNEMENTS

LES MÉCÈNES ASSOCIÉS

LES PARTENAIRES ASSOCIÉS

Illustration Loren Capelli pour BelleVillePhotographies : ©Bernd Uhlig

L’OPÉRA DE LILLE

L’Opéra de Lille, Établissement public de coopérationculturelle, est financé par

LA VILLE DE LILLE,LA MÉTROPOLE EUROPÉENNE DE LILLE,LA RÉGION HAUTS-DE-FRANCE,LE MINISTÈRE DE LA CULTURE(DRAC NORD PAS DE CALAIS-PICARDIE).

Dans le cadre de la dotation de la Ville de Lille, l’Opéra bénéficie du soutien du CASINO BARRIÈRE de Lille.

PARTENAIRES MÉDIAS

PARTENAIRES ET RÉSEAUXConsulat du Japon

Contact : [email protected]

HAPPY DAY !

WWW.OPERA-LILLE.FR +33(0)362 21 21 21

Rendez-vous à l’Opéra de Lille le dimanche 8 mai de 11h à 17h

“LE MÉCANO DE L’OPÉRA”Dans un opéra, qui fait quoi ? Qui fait chanter les sopranos ?Comment crée-t-on les éclairs ? On pourra le découvrir en familledurant un Happy Day entièrement gratuit à l’Opéra.

Au fil de la découverte du bâtiment en accès libre, on découvrira lestribulations du Directeur de Théâtre de Mozart, les chœurs d’enfantsFinoreille, des ateliers pour apprivoiser la lumière, le chant et tous les métiers de l’Opéra…

Et en exclusivité : lever de rideau sur le nouveauprogramme des spectacles 2016-2017 !

Journée européenne de l’Opéra / Tous à l’Opéra

ENTRÉE LIBRE !

Page 9: A L MONTEVERDI, PURCELL ANTIQUITÉ ET MYTHOLOGIE · R É C I T A L ANTIQUITÉ ET MYTHOLOGIE MONTEVERDI, PURCELL, SCHUBERT, XENAKIS Durée ±1h55 avec entracte avec Georg Nigl baryton

WWW.OPERA-LILLE.FR

@OPERALILLE

Opéra de Lille2, rue des Bons-Enfants b.p. 133

F-59001 Lille cedex +33 (0)362 21 21 21