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    PESTICIDES A USAGE DOMESTIQUE

    RISQUES POUR LA SANTE

    PESTICIDES ACTION NETWORK (PAN) BELGIUM

    Ralis grce une subvention du Secrtaire d'Etat la Scurit, l'Intgration sociale,et l'Environnement, Jan Peeters

    1999

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    AuteursMarie-Louise Van Hamme et Catherine Wattiez

    Editeur responsableCatherine Wattiez, Dr. Sc., 70, av. des Tilleuls, 1640 Rhode-Saint-Gense

    Dpt lgal: D/1999/8429/1

    publi sur papier recycl

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    PESTICIDES A USAGE DOMESTIQUE

    RISQUES POUR LA SANTE

    PESTICIDES ACTION NETWORK (PAN) BELGIUMSecrtariat: 131, rue du Prvot, 1050 Bruxelles, tl/fax: 02 344 10 66

    Ralis grce une subvention du Secrtaire d'Etat la Scurit, l'Intgration sociale,et l'Environnement, Jan Peeters

    (brochure gratuite)

    1999

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    TABLE DES MATIERES

    INTRODUCTION 6

    CHAPITRE I: Dfinitions et classifications 9

    Dfinitions 10 Classifications 11

    "Catgories de danger" et "classes de toxicit" 11 Classification des substances et prparations dangereuses en vue notamment de leur emballage et tiquetage 12

    Classes de toxicit aigu de l'OMS 14 Classifications en fonction du risque de cancer pour l'homme 15

    CHAPITRE II: A propos des intoxications aigus,d'exposition chronique et de quelques effets chroniques 18

    Considrations pralables 19 Intoxications aigus 20 Exposition chronique dans la maison 21

    Consommation de biocides 21 Rmanence des pesticides dans la maison 22

    A propos de quelques effets chroniques 22 La carcinognicit 22 L'immunotoxicit 25 Les perturbations du systme endocrinien 27 Conclusions 29

    CHAPITRE III: Pesticides et cancers de l'enfance31

    CHAPITRE IV: Toxicit et cotoxicit des substances activesde quelques produits pesticides souvent utiliss pour le contrled' htes indsirables la maison 35

    Cyfluthrine 38 Cypermthrine 40 Dichlorvos 43 Malathion 47 Mthoxychlore 52

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    Permthrine 55 Phnothrine 58 Pipronyl butoxide 59 Propoxur 61 Ttrachlorvinphos 64 Ttramthrine 65ANNEXES:

    Annexe I: Bref aperu de la lgislation relative aux pesticides 69 Annexe II: Note concernant l'valuation des risques de cancer lis des mlanges complexes de substances potentiellement carcinognes prsentes en faible concentration

    dans l'environnement (alimentation, atmosphre, "indoor pollution"), Dr. E. Pluygers,

    cancrologue 71

    RESUME 73

    BIBLIOGRAPHIE 76

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    INTRODUCTION

    L'information relative aux risques pour la sant et l'environnement des pesticides autoriss

    pour l'utilisation domestique est peu accessible au public, mme averti. Ce dernier ne dispose

    en gnral que de l'information publicitaire des firmes productrices de ces produits pesticides

    et de quelques conseils d'utilisation repris sur l'emballage ou la notice.

    Or la maison, outre le risque d'empoisonnements accidentels, trs faible mais non nul, il

    importe surtout de tenir compte de l'impact sanitaire de l'exposition long terme des doses

    faibles, ce d'autant plus que la rmanence de certains pesticides utiliss dans la maison peut

    tre bien suprieure celle qu'ils peuvent avoir l'extrieur.

    Des expositions long terme et faibles doses certains pesticides domestiques sont notam-

    ment susceptibles d'augmenter l'incidence de certains cancers, d'induire des perturbations du

    fonctionnement hormonal avec tout leur cortge d'effets potentiels et d'affecter l'immunit.

    L'existence vraissemblable d'interactions entre pesticides et entre pesticides et autres substan-

    ces xnobiotiques doivent d'autant plus nous inciter la prudence et donc l'adoption du

    principe de prcaution. Ces interactions peuvent tre antagonistes, mais aussi additives ou

    synergiques (multiplicatives). Des cas de pesticides dont la dgradation dans l'organisme estralentie par d'autres pesticides sont documents.

    La plus grande prudence s'impose ce d'autant plus que l'on a pu montrer que c'est l'enfant qui

    est le plus expos et le ftus en dveloppement qui peut, dans certains cas, tre le plus sensi-

    ble.

    Si la limitation d'usage ou l'interdiction de pesticides , par les experts chargs de les examiner

    individuellement en vue de leur mise sur le march ou de leur rvision, lorsque le risque peut

    tre formellement prouv et quantifi, est certes une dmarche indispensable, nous pronons

    toutefois une approche diffrente. Nous estimons que suffisamment d'lments plaident en

    faveur d'une approche de prcaution destine supprimer tout risque additionnel li l'utilia-

    tion de pesticides la maison. Ce, d'autant plus que des mthodes de contrle alternatives et

    efficaces des organismes indsirables existent.

    En outre, certains pesticides usage domestique peuvent galement s'avrer particulirement

    toxiques (toxicit aigu et chronique) pour certains organismes de l'environnement et se re-

    trouver, dans le milieu terrestre, aquatique ou arien lorsque les maisons sont ares ou

    nettoyes, lors de leur mise au rebut ou de l'limination non slective de leurs emballages.

    Ce dossier se veut un outil permettant aux mdecins, aux professionnels de la sant dans un

    sens large ainsi qu' toute personne avertie de mieux connatre les dangers potentiels lis

    l'utilisation domestique de certains pesticides communment utiliss pour lutter contre certai-

    nes "pestes". Son objectif est galement d'inciter ces personnes recourir des mthodes

    alternatives de contrle qui sont notamment dcrites, pour certains insectes et arachnidesconsidrs comme indsirables, dans un dossier complmentaire (voir p.8), et de les inviter

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    transmettre ce message de prudence autour d'eux.

    L' information rassemble dans ces deux dossiers et largement diffuse constitue un des

    moyens ncessaires la mise en oeuvre d'un plan intgr de rduction de l'utilisation de pesti-

    cides usage non agricole voulue par le Secrtaire d'Etat l'Environnement, Jan Peeters.

    Le premier chapitre du prsent dossier aborde certaines dfinitions relatives aux pesticides et

    passe en revue certains systmes de classification qui les concernent et qui manent de la l-

    gislation et d'organismes internationaux.

    Un second chapitre est consacr aux intoxications aigus mais surtout quelques effets chro-

    niques de pesticides divers (cancers, immunotoxicit, perturbations du systme endocrinien).

    Le degr d'exposition chronique la maison fait galement l'objet de commentaires.

    Un troisime chapitre est entirement consacr prciser la relation entre pesticides et cancers

    de l'enfant.

    Le quatrime et dernier chapitre documente sur la toxicit et l'cotoxicit de substances acti-

    ves de quelques produits pesticides qui sont souvent utiliss pour le contrle des quelques

    insectes considrs dans notre dossier complmentaire (voir p.8), destin principalement aux

    utilisateurs domestiques de pesticides. Ce dossier est intitul: "Pas de pesticides la maison- Solutions sans danger pour le contrle de bestioles indsirables".

    Les rfrences reprises dans ce chapitre, relatives diverses proprits des substances actives

    pesticides considres, sont loin d'tre exhaustives.Nous n'avons pas vrifi la conformit de chaque test "in vitro" ou "in vivo" avec les codes debonnes pratiques de laboratoire. Nous n'avons port de jugement approfondi sur la qualit des

    diverses enqutes pidmiologiques cites ni ici ni d'ailleurs aux chapitres II et III. Toutefois,nous estimons que si plusieurs tudes pidmiologiques, publies dans des revues srieuses,donnent des rsultats concordants, celles-ci acquirent un poids considrablement plus im-

    portant.

    Les tudes exprimentales sont mnes selon des protocoles varis et les rsultats sont pr-sents diffremment.

    Nanmoins , nous estimons que certaines informations rassembles ici (rsultats convergentspour diverses tudes de laboratoire ou pour plusieurs tudes pidmiologiques et des tests delaboratoire, rsultats qui mritent confirmations pour des paramtres nouveaux peu mesurs

    jusqu' prsent, suspicion de carcinognicit aprs revue par des organisations internationa-les) mritent l'adoption d'une attitude de la plus grande prudence qui consisterait viter aumaximum toute exposition ces pesticides, par le recours des mthodes de contrle alterna-tives des htes indsirables la maison.

    Ces informations n'ont rien voir avec une analyse de risques. Nous ne nous sommes pasaventurs dans cette dmarche complexe, ce d'autant plus que l'intensit globale d'expositionainsi que les voies d'exposition de l'utilisateur domestique de mme que l'apprciation quan-titative des interactions de substances xnobiotiques auxquelles il pourrait tre soumis sontdifficiles voire impossibles estimer.

    Nous avons seulement tent de dcrire qualitativement certains dangers reconnus ou poten-tiels lis l'utilisation de ces pesticides.C'est pourquoi aucune conclusion n'est tire de la description des rsultats des tudes de toxi-cit et des tudes pidmiologiques pour chaque pesticide. Nous concluons seulement la

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    ncessit de l'adoption d'une attitude de prcaution par un recours maximum des techniquesde contrle alternatives des indsirables la maison.

    Tous les pesticides usage domestique autoriss ne sont pas traits. Nous avons slectionn

    certains d'entre eux parmi ceux qui s'avrent les plus utiliss pour contrler les insectes les

    plus souvent considres comme indsirables la maison.

    Notre synthse s'est limite aborder les problmes lis l'utilisation de pesticides l'int-

    rieur des maisons. De nombreux pesticides agrs par le ministre de l'Agriculture et utiliss

    dans les jardins, quoique susceptibles d'occasionner des problmes sanitaires et d'environne-

    ment, n'ont pas t considrs dans ce dossier .

    Ce dossier complmentaire intitul"Pas depesticides la maison - Solu tions sans danger pour lecontrle de besti oles indsir abl es"expose les mthodes alternatives de prvention et de lutte directe pourle contrle des poux (poux de la tte, poux corporels, poux du pubis), des puces, des tiques, des mouches, des

    moustiques, des fourmis et des blattes ou cafards.Comme ces mthodes exigent une approche plus globale et quelques connaissances de la biologie des "pestes",nous dcrivons ces espces, leur mode de dtection, leur cycle et leur mode de vie.Sont galement explicites leur utilit dans les cosystmes ainsi que les consquences d'une infestation lamaison.Un chapitre permet au lecteur d'identifier les pesticides prsents dans les divers produits commercialiss.

    Enfin, les toxicits pour la sant et l 'environnement d'une douzaine de pesticides couramment utiliss pour con-trler ces "pestes" sont brivement dcrites.

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    CHAPITRE I

    DEFINITIONS

    ET

    CLASSIFICATIONS

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    DEFINITIONS

    Les pesticides dsignent des substances, prparations, microorganismes et virus destins assurer la destruction ou prvenir l'action des animaux, vgtaux, microorganismes ou virus

    nuisibles.

    Sur base de l'endroit o une substance est applique et du secteur d'activits qui l'utilise, la

    lgislation belge distingue les pesticides usage agricole et les pesticides usage non agri-

    cole. Certaines substances sont utilises aussi bien dans les produits usage agricole que dans

    ceux usage non agricole et dans des spcialits pharmaceutiques et vtrinaires.

    Les pesticides usage agricole sont classs en groupes en fonction de leur mode d'action:

    insecticides, fongicides, herbicides, acaricides, nmaticides, molluscicides, rodenticides. A

    ces groupes s'ajoute une panoplie de produits divers tels que rpulsifs contre le gibier, subs-tances pour empcher la formation de jets pendant la priode de conservation des vgtaux,

    pour la conservation des ensilages, pour la dsinfection des semences et du sol; des inhibiteurs

    et des rgulateurs de croissance, des produits contre la verse du bl, des adjuvants (mouillants,

    adhsifs) Hors du domaine agricole (pesticides usage non agricole), certains de ces m-

    mes groupes de pesticides auxquels s'ajoutent des algicides, bactricides, dsinfectants sont

    utiliss par exemple pour l'hygine des habitations, des btiments industriels, des bassins de

    natation, des gouts, des dpts d'immondices; pour la protection du bois et de textiles, celle

    des quipements utiliss en pisciculture et en conchyliculture; pour le traitement des eaux

    industrielles; pour l'limination des ectoparasites des animaux domestiques...

    Si les pesticides usage agricole (dnomms produits phytopharmaceutiques) font l'objet

    d'une agration dlivre par le ministre qui a l'Agriculture dans ses attributions, aprs consul-

    tation du Comit d'agration, les pesticides usage non agricole, appels aussi biocides, font

    l'objet d'une autorisation dlivre par le ministre de la Sant publique aprs avis conforme du

    Conseil suprieur d'Hygine. Les pesticides utiliss dans les jardins par les particuliers sont

    agrs par le ministre qui a l'Agriculture dans ses attributions.

    A ct des grandes familles de pesticides: organochlors, organophosphors, carbamates, py-

    rthrinodes, triazines, phytohormones, le dveloppement de la chimique organique a permis

    la mise au point de trs nombreuses substances actives.

    Le vocabulaire relatif aux pesticides usage agricole est dfini dans l'article 1 de l'A.R. du 28.

    02.1994 relatif la conservation, la mise sur le march et l'utilisation des pesticides

    usage agricole (Ministre de l'Agriculture; M.B. du 11.05.1994). Celui relatif aux pesticides

    usage non agricole est dfini dans l'article 1 de l'A.R. du 5.06.1975 relatif la conservation,

    au commerce et l'utilisation des pesticides usage non agricole (comme modifi par l'article

    89 de l'A.R. du 28.02.1994) (Ministre de l'Agriculture, Ministre de la Sant publique, Mi-

    nistre de l'Emploi et du Travail; M.B. du 04.11.1975).

    Il importe de bien distinguer le pesticide matire active du produit pesticide formul qui com-

    prend, outre la matire active, divers ingrdients de formulation dnomms peut-tre un peu

    abusivement "ingrdients inertes". Ce produit pesticide, sous sa forme commercialise, estgalement communment dnomm pesticide.

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    CLASSIFICATIONS

    Nous rappelons ici quelques lments utiles de la classification des substances actives et des

    produits pesticides dtermins par la lgislation nationale et europenne et labors par cer-

    tains organismes nationaux ou internationaux.

    Classification en "catgories de danger" et en "classes de toxicit" (*)

    (*) La classification , l'emballage, l'tiquetage, le commerce et l'utilisation des pesticides usage agricole etnon agricole sont rgis par des disposition lgislatives nombreuses et complexes. L 'annexe 1prsente un trsbref aperu de cette lgislation.

    Les produits phytopharmaceutiques et les pesticides usage non agricoles sont classs en

    "catgories de danger"et en "classes de toxicit". Mais, en raison du degr de dilution dessubstances actives dans les produits (prparations) usage du grand public , la plupart des

    signes relatifs cette classification n'apparaissent pas sur les produits vendus au particulier.

    "Catgories de danger":Ces catgories sont dfinies sur base de proprits toxicologiques et physico-chimiques.

    - Catgories " trs toxique" , " toxique" , " nocif" : cette classification est fonction de latoxicit aigu et base principalement sur la DL 50 orale ou dermale ou de la CL 50 du

    rat ou sur des essais respiratoires pour les prparations pulvrulentes (voir tableau n 1): pour les prparations usage agricole (produits), cette classification s'effectue selon

    les dispositions de l'annexe XII de l'A.R. du 28.02.1994 (modifi par l'A.M. du

    26.05.1997) relatif la conservation, la mise sur le march et l'utilisation des pesti-

    cides usage agricole et, pour les prparations usage non agricole (produits) , selon

    celles de l'annexe V de l'A.R. du 25 .07.1985 modifiant l'A.R. du 5 juin 1975 relatif

    la conservation, au commerce et l'utilisation des pesticides et des produits phyto-

    pharmaceutiques;

    pour les substances (en ce qui nous concerne: seules celles utilises telles quellescomme pesticides), cette classification s'effectue pour les usages agricoles comme

    pour les utilisations non agricoles selon les rgles mentionnes l'article 723 bis 3 du

    Rglement gnral pour la Protection du travail (RGPT).

    - Catgori es " corr osif " , " ir ri tant" , " sensibil isant" ," facilement inf lammable" , " in-flammable" , " comburant" , " explosif" :cette classification s'effectue:

    pour les prparations (produits), selon les dispositions de l'A.R. du 11.01.1993 rgle-mentant la classification, l'emballage et l'tiquetage des prparations dangereuses en

    vue de leur mise sur le march et de leur emploi (modifi par l'A.R.du 28.06.1995);

    pour les substances (en ce qui nous concerne: seules celles qui sont utilises tellesquelles comme pesticides) , selon les rgles mentionnes l'article 723 bis 3 duRGPT.

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    Tableau 1

    Classification des pesticides en catgories de danger

    Catgoriesde danger

    Prpara-tions

    Solides

    Prpara-tions

    liquides

    Gaz

    DL50 orale en

    mg/kg de poids

    du corps

    trs toxique

    toxique

    nocif

    jusque 5

    5-50

    50-500

    jusque 25

    25-200

    200-2000

    DL50dermale en

    mg/kg de poids du

    corps

    trs toxique

    toxique

    nocif

    jusque 10

    10-100

    100-1000

    jusque 50

    50-400

    400-4000

    CL50 en mg/1

    dair

    Trs toxique

    toxique

    nocif

    jusque 0,5

    0,5-2

    2-20

    Source : Annexe V de lA.R. du 25.07.1985 (Ministre des Affaires trangres, du Com-merce extrieur et de la Coopration au dveloppement, Ministre de lAgriculture, Ministrede la Sant publique et de la Famille, Ministre de lEmploi et du Travail; M.B. du18.12.1985)

    DL50 = dose (par voie orale ou dermale) qui entrane, aprs un dlai dtermin, la mort dela moiti des animaux d'exprience.CL50 = concentration dans l'air (inhale) qui entrane, aprs un dlai dtermin, la mort de

    la moiti des animaux d'exprienceNB: l'animal considr ici est le rat

    "Classes de toxicit" relatives au produit formulLa lgislation prvoit, pour les produits usage agricole ou non agricole, des classes "A"

    et "B" et des "produits non classs".

    - Appartiennent la classe A, les produits rentrant dans l'une des catgories de dangersuivantes: " trs toxique" , " toxique" , " corr osif " .

    - Appartiennent la classe B, les produits non repris dans la classe A et rentrant dansune des catgories de danger suivantes: " nocif" , " irr itant" , " sensibilisant" .

    - Les produits qui ne sont pas repris dans les classes A ou B ne sont pas classs.Seuls les produits non classs peuvent tre vendus en grande surface et seuls des utilisa-

    teurs agrs par le ministre de la Sant publique peuvent utiliser les produits usage non

    agricole des classes A et B et les produits usage agricole de la classe A.

    Classification des substances et prparations dangereuses en vue notam-ment de leur emballage et tiquetage (*)

    (*)La classification , l'emballage, l'tiquetage, le commerce et l'utilisation des pesticides usage agricole etnon agricole sont rgis par des disposition lgislatives nombreuses et complexes. L 'annexe 1prsente un trs

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    bref aperu de cette lgislation

    Sous l'impulsion de diverses directives europennes, la lgislation belge dfinit, pour les

    substances et prparations dites dangereuses:

    Les symboles et indications de danger:- E = explosif (symbole: explosion)- F= facilement inflammable (symbole: flamme)- O= comburant (symbole: flamme au dpart d'un cercle)- F+= extrmement inflammable (symbole: flamme)- T = toxique (symbole: tte de mort)- T+= trs toxique (symbole: tte de mort)- C = corrosif (symbole: tubes essais corrodant main et rglette)- N= dangereux pour l'environnement (symbole arbre, eau, poisson mort)- X= nocif (symbole: croix de Saint -Andr)- Xi = irritant (symbole: croix de Saint-Andr) La nature des risques particuliers qui leur sont attribus (phrases R) comme par

    exemple:

    - R40:possibilit d'effets irrversibles- R45:peut causer le cancer (voir classification europenne pour le cancer, ci-aprs)- R49:peut causer le cancer par inhalation (voir classification europenne pour le cancer,

    ci-aprs)

    - R46:peut causer des altrations gntiques hrditaires- R60:peut altrer la fertilit- R62:risque possible d'altration de la fertilit- R61:risque pendant la grossesse d'effets nfastes pour l'enfant- R63:risque possible pendant la grossesse d'effets nfastes pour l'enfant- R50:trs toxique pour les organismes aquatiques- R42:peut entraner une sensibilisation par inhalation- R37:irritant pour les voies respiratoires.La mention sur l'emballage des phrases de risque, comme d'ailleurs des "catgories de dan-ger" n'est obligatoire que si la substance dpasse, dans la prparation (produit formul) une

    certaine concentration comme par exemple 5% ou 1 %.

    Les phrases de risque des prparations sont dtermines lors de l'agration ou de l'autorisation

    d'un produit pesticide par les autorits comptentes.

    Les phrases de risque, pour ce qui est notamment des effets cancrognes, mutagnes et / ou

    toxiques pour la reproduction, sont dtermines par des classifications europennes des subs-

    tances (annexe I adapte aux progrs techniques de la directive 67/548/CEE concernant le

    rapprochement des dispositions lgislatives, rglementaires et administratives relatives la

    classification, l'emballage et l'tiquetage des substances dangereuses (JO L 196 du16.8.1967)). En ce qui concerne les effets cancrignes (substances considres rparties en

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    catgories 1, 2 et 3: voir infra, classification en fonction du risque de cancer de l'Union euro-

    penne), ces listes comprennent trs peu de pesticides (environ 11 pesticides encore agrs et

    20 pesticides interdits). En ce qui concerne les effets mutagnes (substances considres r-

    parties en catgories 1, 2 et 3), ces listes ne comprennent qu'une vingtaine de substances

    chimiques dont environ une dizaine de pesticides encore agrs. En ce qui concerne les effets

    sur la reproduction (substances considres reparties en catgorie 1,2 et 3), ces listes com-prennent une cinquantaine de substances chimiques dont environ une dizaine de pesticides

    encore agrs.

    NB: en Belgique, les pesticides dont les matires actives sont classes en catgorie 1 et 2 pour

    les effets mutagnes et les effets sur la reproduction sont exclus pour l'usage du particulier.

    Les conseils de prudence (phrases S) comme par exemple:- S23:ne pas respirer les gaz, vapeurs, fumes, arosols- S24:viter le contact avec la peau- S44:en cas de malaise, consulter un mdecin (si possible lui montrer l'tiquette)- S20:ne pas manger et ne pas boire pendant l'utilisation- S2:conserver hors de porte des enfants.Les conseils de prudence relatifs un produit pesticide sont dtermins lors de l'agration ou

    de l'autorisation d'un produit par les autorits comptentes.

    Certains conseils de prudence sont repris en toutes lettres sur ou dans l'emballage des produits

    pesticides destins au grand public.

    Classes de toxicit aigu de l'Organisation mondiale de la Sant

    De son ct, l'Organisation mondiale de la Sant a procd une classification des produits

    techniques (substances actives) constituants des pesticides en 5 tableaux ou classes, sur base

    de leur DL 50 sur le rat.

    Cette classification correspond au risque sanitaire aigu d'expositions unique ou multiples sur

    une courte priode de temps qui peut tre rencontr accidentellement par toute personne qui

    manipule le produit selon les indications fournies par le producteur ou selon les rgles de

    stockage ou de transport fixes par les autorits nationales comptentes.

    - Tableau 1: "extrmement dangereux": (classe Ia)- Tableau 2: "trs dangereux" : (classe Ib)- Tableau 3: "modrment dangereux" : (classe I I )- Tableau 4: "peu dangereux" : (classe I I I )- Tableau 5: "pas dangereux en cas d'usage normal".Source: International Programme on chemical Safety - The WHO Recommended Classifica-

    tion by Hazard and Guidelines to Classification 1996-1997, WHO/PCS/96.3, Distr. limited

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    Classifications en fonction du risque de cancer pour l'homme

    Deux institutions s'intressent particulirement au risque de cancer pour l'homme: l'IARC

    (International Agency for Research on Cancer) et l'US EPA (Environmental Protection Agen-

    cy,US). Elles ont tabli, sur bases de critres quelque peu diffrents , des classes de risques.

    Classification de l'IARC:- groupe 1 : cancrigne humain;- groupe 2A: cancrigne humain probable;- groupe 2B: cancrigne humain possible;- groupe 3 : non classifiable quant sa carcinognicit pour l'homme. Cette catgorie

    regroupe des pesticides pour lesquels les effets tumoraux disponibles ou d'autres don-

    nes cl sont sujets caution ou limits en quantit et donc ne conviennent pas pour

    dmontrer de faon convaincante le potentiel carcinogne pour l'homme;

    - groupe 4 : probablement pas cancrigne pour l'homme.Source: WHO IARC Juin 1997, "IARC Monographs on the Evaluation of Carcinogenic Risks

    to Humans: List of IARC Evaluations", Lyon, France.

    Classification de l'EPA:- groupe A : cancrigne humain; vidence suffisante au dpart d'tudes pidmiolo-

    giques ;

    - groupe B1 : cancrigne humain probable; vidence limite au dpart d'tudes pi-dmiologiques;

    - groupe B2 : cancrigne humain probable avec vidence suffisante pour l'animal etvidence inadquate ou pas d'vidence pour l'homme;- groupe C : cancrigne humain possible; vidence limite sur animal;- groupe Cq : une valuation du risque peut tre ralise par extrapolation au dpart

    des exprimentations sur animal en fonction du modle 'low dose";

    - groupe D : non classifiable quant sa carcinognicit pour l'homme. Cette catgorieregroupe des pesticides pour lesquels les effets tumoraux disponibles ou d'autres don-

    nes cl sont sujets caution ou limits en quantit et donc ne conviennent pas pour

    dmontrer de faon convaincante le potentiel carcinogne pour l'homme;

    - groupe E : vidence d'absence de carcinognicit pour l'homme.Source: EPA, Feb. 19 , 1997, "List of chemicals evaluated for carcinogenic potential",

    Memo from W.L. Burnam, Chief, Science Analysis Branch, Health Effects Division

    (7509), Office of Pesticides Programs.

    Classification de l'Union europenne:- groupe 1:cancrigne humain

    Selon les termes de la directive: "Ce sont des substances pour lesquelles on dispose desuffisamment d'lments pour tablir l'existence d'une relation de cause effet entrel'exposition de l'homme de telles substances et l'apparition d'un cancer";

    - groupe 2: substances devant tre assimiles des substances cancrignes pourl'homme (cancrignes probables)

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    Selon les termes de la directive: "Ce sont des substances pour lesquelles on dispose desuffisamment d'lments pour justifier une forte prsomption que l'exposition del'homme de telles substances peut provoquer un cancer. Cette prsomption est gn-ralement fonde sur des tudes appropries long terme sur l'animal et sur d'autresinformations appropries";

    - groupe 3:substances proccupantes pour l'homme en raison d'effets cancrignes pos-sibles (cancrignes possibles)Selon les termes de la directive: "Pour ces substances, les informations disponibles ne

    permettent pas une valuation satisfaisante. Il existe des informations issues d'tudesadquates sur les animaux mais elles sont insuffisantes pour classer la substance dansla deuxime catgorie".

    Source: annexe 1, adapte aux progrs techniques de la directive 67/548/CEE concernant

    le rapprochement des dispositions lgislatives, rglementaires et administratives relatives

    la classification, l'emballage et l'tiquetage des substances dangereuses (J O L196

    16.08.1967).

    NB: sont par exemple classs dans le groupe 1 des substances telles le benzne, le chlo-

    rure de vinyle, certains sels d'arsenic (qui comprennent des pesticides), certains oxydes de

    nickel, chromates de zinc

    Le tableau 2 compare le classement de l'IARC et de l'US EPA pour les pesticides classs"probablement cancrignes pour l'homme" par l'US EPA. Il ne reprend que les pesticides

    agrs ou autoriss en Belgique. Y figure galement, titre de comparaison, pour ces mmes

    pesticides, le classement de l'Union europenne (UE).

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    Tableau 2

    Pesticides classs "cancrignes humains probables" par l'US EPA

    Comparaison des classification de divers organismes internationaux

    EPA(1)

    IARC(2)

    UE(3)

    Amitrole (H) B2 2B Cat. 3

    Captane (F) B2 3 Cat. 3

    Chlorothalonil (F) B2 3 Cat. 3

    Daminozide (RC) B2 - Cat. 3

    Dichloromthane (A) B2 - Cat. 3

    Ethylnethioure (=ETU) B2 2B -

    Fnoxycarbe (I-RC) B2 - -

    Folpet (F) B2 - Cat. 3

    Iprodione (F) B2 - -

    Lindane (I) (*) B2/C 2B Cat. 3

    Mancozbe (F) (ETU) B2 - -

    Manbe (F) (ETU) B2 3 -

    Mtam-sodium (N) B2 - -

    Mtirame (F) (ETU) - - -

    Procymidone (F) B2 - -

    Propoxur (I) B2 - -

    Vinclozoline (F) B2 - -

    Zinbe (F) (ETU) - 3 -

    Notes explicatives:

    A =additif I = insecticide F = fongicide N = nmaticide

    H = herbicide RC = rgulateur de croissance

    (*) : L'usage du lindane est limit

    1. Les catgories de l'US EPA (Environmental Protection Agency, US)B2= cancrigne humain probable C = cancrigne humain possible

    2. Les catgories de l'IARC(International Agency for Research on Cancer, Lyon)2B = cancrigne possible 3 = non classifiable quant sa carcino-

    gnicit pour l'homme

    3. Les catgories de l'UE (Union europenne)3= substance proccupante pour l'homme en raison d'effets cancrignes possibles

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    CHAPITRE II

    A PROPOS DES INTOXICATIONS AIGUS,

    D'EXPOSITION CHRONIQUE A LA MAISON

    ET

    DE QUELQUES EFFETS CHRONIQUES

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    CONSIDERATIONS PREALABLES

    Les symptmes des intoxications aigus et subaigus et certains symptmes d'intoxications

    chroniques rsultant d'expositions professionnelles ont fait l'objet d'une abondante littrature

    scientifique synthtise dans certains traits classiques tels ceux de LAUWERYS (1992) et

    HAYES (1994).

    Nous avons cependant estim utile de rappeler trs brivement dans ce dossier, pour les fa-

    milles des pesticides considrs au chapitre IV, les symptmes d'intoxications aigus. En

    effet, les intoxications aigus, quoique rares, ne sont pas exclues la maison. Elles peuvent

    rsulter de manuvres accidentelles ou d'une utilisation imprudente de pesticides usage do-

    mestique et les enfants en sont souvent les premires victimes.

    Certaines autres toxicits (chroniques, subchroniques): carcinognicit, immunotoxicit, oueffets de perturbations du systme endocrinien, seront plus largement dveloppes. Elles sont

    en effet susceptibles, parmi d'autres, de se manifester pour des expositions prolonges de

    faibles doses telles celles pouvant rsulter d'une utilisation domestique de pesticides. De plus,

    la frquence de certaines affections qui en dcoulent semble augmenter dans la population

    gnrale.

    Dans ce contexte il importe galement d'avoir bien prsent l'esprit que les pesticides sont

    encore actuellement agrs, autoriss ou enregistrs principalement en fonction d'une appro-

    che essentiellement toxicologique qui s'intresse peu au mcanisme d'action des substances.

    Celle-ci:

    considre par exemple, pour tous les cancrignes non gnotoxiques, qu'en de d'unedose seuil, le risque toxique serait pratiquement nul;

    mconnat les progrs scientifiques "explosifs" rcents permettant de mieux comprendrecertains mcanismes de la carcinogense et les consquences qu'il y a lieu d'en tirer;

    ne tient pas compte des ventuelles proprits de perturbation du systme endocrinien despesticides puisque des tests spcifiques ne sont pas encore requis;

    ne tient pas compte des ventuelles proprits immunotoxiques puisque des tests spcifi-ques ne sont non plus pas encore systmatiquement requis;

    ignore, le plus souvent, les interactions et les synergies (KALDOOR et L'ABBE (1990),WARSHAWSKY et al (1993), VACA et al (1992), PASTORINO et al (1984),

    FRAWLEY et al (1956), JACKSON (1966), ABOU-DONIA et al, (1996), SHARP etCROUSE (1989), US National Research Council (1994), HOWARD (1997), encore

    tellement peu documentes, de mlanges complexes de substances xnobiotiques (pestici-

    des et/ou autres substances de synthse) auxquelles nous sommes exposs.

    S'il est vraissemblable que les experts europens comme ceux de divers Etats membres de

    l'Union europenne chargs d'examiner les pesticides en vue de leur mise sur le march ef-

    fectuent une analyse scientifique approfondie de chacun des dossiers qui leur sont soumis et

    qu'en consquence l'usage de pesticides - dont on peut individuellement prouver et quantifier

    le risque - soit limit ou mme parfois interdit, cette approche toxicologique classique , mme

    estime prcautionneuse par ces mmes experts , peut toutefois tre considre comme insuf-

    fisante. Elle ne va pas dans le sens d'une vritable prvention du risque de maladies lies l'exposition simultanne de nombreuses substances xnobiotiques dans l'environnement qui

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    peuvent agir en interaction; elle ne va pas dans le sens de l'introduction d'une vritable "hy-

    gine chimique". Cette dernire consisterait limiter au maximum, dans le cas qui nous

    occupe, le recours aux pesticides par l'adoption de mthodes de contrle alternatives des or-

    ganismes indsirables la maison , moins que l'on ne puisse inverser la charge de la preuve

    et prouver que ces substances sont inoffensives..

    INTOXICATIONS AIGUS

    Mme dans nos pays, o certains pesticides trs toxiques (T+) sont interdits, o les lgisla-

    tions sont plus ou moins restrictives, les campagnes d'information plus ou moins efficaces, la

    manipulation des pesticides reste une activit risques. Ceux-ci sont difficilement chiffrables.

    Seuls les centres antipoisons disposent de statistiques. En Belgique, les appels pour empoi-

    sonnements par pesticides (et engrais), qui manent de professionnels et de particuliers,reprsentent 7 8 % du total des appels. Ce pourcentage est constant depuis des annes et

    similaire celui des pays voisins; (communication personnelle du centre Antipoisons).

    Par ailleurs, il est vident que les statistiques des centres antipoisons ne refltent pas la ralit.

    Habitus aux cphales, vertiges, vomissements, irritations lors des pulvrisations, la majo-

    rit des agriculteurs ou autres utilisateurs professionnels ne font pas appel aux centres

    antipoisons ni au mdecin... Quant au particulier, il ne fait pas ncessairement le lien entre

    certains malaises et l'usage d'un pesticide. Ni son mdecin...

    Les organochlors:la toxicit aigu des insecticides organochlors se traduit par une stimu-lation du systme nerveux central entranant des convulsions pileptiformes, des changements

    de comportement, une perturbation de l'quilibre et des sensations, la dpression de centres

    vitaux, spcialement ceux contrlant la respiration. A plus fortes doses, nauses et vomisse-

    ments peuvent apparatre.

    Les organophosphors et les carbamates possdent le mme mcanisme de toxicit. Cespesticides inhibent une enzyme du systme nerveux, l'actylcholinestrase, dont le rle est de

    dtruire l'actylcholine libre lors de la contraction musculaire. L'inhibition conduit une

    accumulation d'actylcholine dans l'organisme, responsable d'une hyperactivit du systme

    nerveux sympathique et parasympathique. Le mcanisme est le mme pour ces deux groupes

    de pesticides chez les insectes et chez les mammifres: la diffrence rside en ce que l'enzyme

    bloque forme une liaison stable avec les organophosphors, si bien que la rcupration del'intoxication est lente; avec les carbamates, par contre, cette liaison est instable et la rgn-

    ration de l'actylcholinestrase est relativement rapide. Pour l'exposition humaine, les

    organophosphors sont donc plus dangereux que les carbamates et, en cas d'intoxication mas-

    sive, la mort peut survenir en quelques minutes.

    L'inhibition de l'actylcholinestrase induit le syndrome dit "classique" avec des effets musca-

    riniques suivis d'effets nicotiniques et des symptmes nerveux centraux qui peuvent parfois

    persister plusieurs mois.

    Les organophosphors peuvent galement, suite une intoxication aigu et au syndrome cho-

    linergique classique, engendrer aprs 1 4 jours un syndrome dit "intermdiaire" ouparalytique. Le mcanisme pathognique semble tre diffrent de celui de la crise cholinergi-

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    que et de la neuropathie retarde. Enfin, certains esters organophosphors peuvent produire,

    10 14 jours aprs une administration unique, un effet neurotoxique retard (neuropathie re-

    tarde) caractris par une ataxie et une paralysie flasque des extrmits. Des recherches sur

    le mcanisme de cette lsion nerveuse suggrent que celle-ci rsulte de l'inhibition d'une est-

    rase (autre que l'actylcholinestrase) dans le systme nerveux, la "neuropathy toxic esterase".

    Les insecticides base de pyrthre naturel et les pyrthrinodes, leurs substituts synth-tiques ont une toxicit pour les mammifres relativement faible. Ils peuvent nanmoins

    provoquer des dermites de contact et des irritations de la peau (dmangeaisons, sensations de

    brlures), parfois des manifestations d'allergie respiratoire, des paresthsies. En cas d'intoxi-

    cation massive, des manifestations nerveuses, excitation, fibrillations, convulsions peuvent se

    produire. Ce groupe de composs agit principalement sur les noyaux gris centraux du systme

    nerveux central, provoquant une excitation nerveuse rpte en prolongeant la permabilit

    l'ion sodium au cours de la phase de reconstitution du potentiel d'action des neurones. Ils se-

    raient galement toxiques pour le systme nerveux priphrique.

    EXPOSITION CHRONIQUE DANS LA MAISON

    Consommation de biocides

    Aux USA, l' EPA a lanc une vaste enqute pour valuer l'exposition de la population, non

    expose professionnellement, 25 composs organiques volatils (VOC) et 32 insecticides via

    l'air, l'eau potable, l'alimentation, le contact dermique ("Non-Occupational Pesticide ExposureStudy (NOPES)" (WALLACE,1991; WHITMORE,1994; SAVAGE,1991 in

    GURUNATHAN, 1998).

    Les enqutes menes pour mesurer les taux de rsidus de pesticides dans l'air extrieur et dans

    les maisons rvlent que 82 90 % des mnages font usage de pesticides, qu'ils utilisent 3 4

    produits par mnage ("The National Home and Garden Pesticide Use Study", WHITMORE,

    1992 in ZAHM and WARD, 1998), que les insecticides pour le traitement des maisons repr-

    sentent 75 % de la consommation des mnages, que les produits pour le jardin (insecticides et

    herbicides) reprsentent 22 % de leur consommation totale (WHITMORE, 1992 in ZAHM

    and DEVESA, 1995).

    La consommation des mnages europens ne devrait pas tre bien infrieure celle des m-

    nages amricains. Une enqute ralise en Allemagne par l'Institut pour la Recherche

    prventive et la Mdecine sociale de Brme (Bremer Institut fr Prventionsforschung und

    Sozialmedizin: BIPS) chez un groupe d'habitants de Mnchehagen (Westphalie) rvle une

    contamination gnrale des foyers qui dpasse, et parfois de loin, les niveaux attendus. Plus

    de 50 % des personnes, parmi lesquelles figurent une majorit de femmes, utilisent des in-

    secticides dans leur foyer pour liminer les insectes volants. L' insecticide le plus utilis tait

    dans le pass le lindane. Plus rcemment, ce sont les pyrthrinodes (GREISER et al., 1995).

    Les rsultats des analyses de poussires prleves dans les foyers par le BIPS et le Centre

    consultatif de biochimie/toxicologie de l'Universit de Oldenburg ont rvl que 53% des

    chantillons prlevs taient contamins au pipronyl butoxide relativement stable l'intrieurdes logements, 73% contenaient de la permthrine, 82% de mthoxychlore. Sept autres pyr-

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    thrinodes ont t mis en vidence de mme que la prsence, qualifie de proccupante par les

    auteurs, de propoxur, chlorpyriphos et trtrachlorvinphos (HOSTRUP, WITTE, HOFFMAN,

    GREISER, BUTTE, WALKER, 1997).

    En Belgique, aucune enqute n'a t ralise ce jour pour mesurer le niveau de contamina-

    tion des foyers ni pour les pesticides ni d'ailleurs pour les VOC. En outre, l'accs aux sourcesd'information sur les tonnages de pesticides mnagers, usage agricole pour les jardins

    comme usage non agricole pour la maison, vendus aux particuliers est tortueux... On peut

    cependant estimer qu'ils reprsentent 4 10 % des parts de march dont 40 % seraient rser-

    vs la grande distribution (MCE,1998). Les produits sont commercialiss en libre service

    sans aucun conseiller pour orienter les acheteurs qui se trouvent confronts une publicit et

    un emballage sduisants mais une information lacunaire. La mconnaissance des notions de

    toxicit et du devenir des pesticides la maison ou dans la nature est totale et le surdosage

    courant.

    Rmanence des pesticides dans la maison

    Les enqutes ralises aux USA pour valuer la rmanence des pesticides dans la maison et

    leur impact sur la sant des enfants ont montr que les poussires (remises en suspension) et

    l'air des maisons sont de vritables rservoirs de rsidus de pesticides (BERTEAU and

    MENGLE, 1986; ROBERTS and CAMANN,1989; FENSKE et al.,1990; LEWIS et al., 1994;

    WHITMORE et al., 1994; PAUSTENBACH, 1997). De nombreux pesticides se dgradent

    moins vite la maison que dans l'environnement extrieur car ils sont protgs de la lumire

    solaire, de la pluie, des tempratures extrmes et de la plupart des actions microbiennes.

    Des contrles et mesures effectus dans l'air ambiant intrieur, sur les mains des jeunes en-

    fants, sur le mobilier, les tapis, tentures ont mis en vidence que ce sont les tapis qui

    renferment le plus haut taux de rsidus. L'enfant qui court " quatre pattes" sur un tapis respire

    un air o la concentration en rsidus est bien suprieure celle trouve dans l'air respir par

    l'adulte. Il absorbe galement des rsidus en portant ses mains la bouche. Mme les jouets

    en plastique se sont avrs tre une source de contamination comme le montrent les mesures

    effectues dans deux appartements traits avec du chlorphyriphos, cet insecticide largespectre frquemment dtect dans d'autres enqutes (GURUNATHAN, 1998). Il convient de

    remarquer que certains rsidus peuvent persister jusqu' quatre ans dans les tapis et que ni le

    nettoyage sec ni les aspirateurs mnagers ne sont capables d'en rduire significativement la

    concentration (WHITMORE, 1994). A cause de son poids plus faible et de son absorption

    plus importante de poussires, certains auteurs (dont HAWLEY, 1985) estiment que les en-

    fants courent un risque associ l'exposition au moins 12 fois suprieur celui des adulteslorsqu'ils sont confronts des substances toxiques prsentes dans les poussires de maison.

    A PROPOS DE QUELQUES EFFETS CHRONIQUES

    La carcinognicit

    Si le travail de certaines institutions internationales (Union europenne (UE), InternationalAgency for Research on Cancer de l'Organisation Mondiale de la Sant (IARC), United States

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    Environmental Protection Agency (US EPA) en matire d'valuation des risques de cancer

    pour l'homme lis aux substances chimiques est prcieux (voir chapitre I, classifications en

    fonction du risque de cancers chez l'homme), ces institutions suivent nanmoins le mouve-

    ment scientifique avec retard. Ce retard est long pour l'UE (10 ans ou plus), moyen pour

    l'IARC (5 10 ans), plus court pour l'US EPA. Et aucune ne parvient inclure, dans sa classi-

    fication, les progrs "explosifs" raliss ces dernires annes dans le domaine de lacarcinogense ni les rsultats des tudes pidmiologiques. Or, nous disposons actuellement

    d'tudes incluant de nombreux sujets et de longues priodes d'observation, menes auprs des

    populations agricoles, qui apportent des donnes suffisamment concluantes quant la carci-

    nognicit pour l'homme de plusieurs pesticides (PLUYGERS,1994).

    Les tudes menes essentiellement aux USA depuis une vingtaine d'annes montrent que si le

    risque de cancer chez les agriculteurs est plutt bas par rapport la population gnrale, ceux-

    ci accusent un excs de certains cancers: celui des lvres, de l'estomac, de la prostate, de la

    vessie, du cerveau, des leucmies, lymphomes non hodgkiniens (LNH), sarcomes des tissus

    mous, mylome multiple (divers auteurs cits dans les revues effectues par PLUYGERS,

    1994, BLAIR and ZAHM 1995 et KHUDER, 1998, dont entre autres, WIGLE et al., 1990,DAVIS et al., 1992 et FORASTIERE, 1993).

    Des liens ont pu tre galement tablis entre certains cancers et certaines familles de pestici-

    des:

    les organochlors (et apparents)sont associs aux LNH, leucmies, sarcomes des tissusmous, cancer du pancras, du poumon, du sein;

    les organophosphorssont associs aux LNH, leucmies; les drivs de l'acide chlorophnoxyactiquesont associs aux LNH, sarcomes des tis-

    sus mous, cancer de la prostate (BLAIR and ZAHM, 1995; HARDELL et al 1994)

    les triazinessont associes au cancer de l'ovaire et du sein (DONNA, 1984; KETTLES,1997).

    Soulignons que le risque s'accrot en fonction de la superficie cultive (WIGLE et al., 1990;

    PLUYGERS et GOURDIN, 1995; CLAVEL, 1996) et de l'utilisation de pesticides usage

    vtrinaire (BROWN et al.,1990). Chez les femmes et les enfants vivant la ferme ces m-

    mes risques sont, en outre, plus levs (ZAHM et al.,1992; FINCHAM et al.,1992; CLAVEL,

    1996). Plus l'enfant est jeune, plus il est "contamin", fait confirm par des tudes pidmio-

    logiques (voir chapitre III) et par un rcent contrle biologique auprs des enfants d'ouvriers

    agricoles de l'Etat de Washington (LOEWENHERZ, 1997).

    Rcemment, VIEL et al., (1993), aprs avoir conduit des enqutes en France, soutiennent

    l'hypothse d'un lien entre leucmie et l'exposition aux pesticides utiliss en "terre arable".

    L'enqute de CLAVEL et al., (1996) ralise chez des fermiers propritaires et des ouvriers

    agricoles s'adonnant la culture de diverses crales, de fourrage, de fruits et lgumes, l'

    levage de gros et petit btail aboutit soutenir l'argument selon lequel les organophosphors

    jouent un rle dans le dveloppement de la leucmie tricholeucocytes.

    Deux autres enqutes ralises dans le Sud de la France parmi les viticulteurs impliquent

    galement l'usage des pesticides dans la surmortalit chez ces derniers par le fait du cancer de

    la vessie et du cerveau (VIEL et al., 1995, 1998).

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    En avril 1997, le "Bremer Institut fr Prventionforschung und Sozialmedizin (BIPS) et le

    Centre consultatif de Biochimie/Toxicologie de l'Universit de Oldenburg effecturent une

    tude largie sur l'utilisation de biocides dans les logements (insecticides, produits anti-puces,

    produits de protection du bois), l'exposition des occupants et la corrlation ventuelle entre

    ces facteurs et l'augmentation du risque de leucmie. (HOSTRUP, WITTE et al, 1997). Les

    auteurs annoncent "qu'ils sont en mesure de confirmer leurs rsultats initiaux exploratoires(publis dans une tude prcdente) relatifs un risque augment de leucmie suite uneutilisation domestique de pesticides".

    Le problme fondamental est de savoir si le particulier qui utilise des produits conditionns

    des concentrations infrieures celles prsentes dans les produits phytosanitaires rservs aux

    agriculteurs et si la population gnrale, expose la contamination de la chane alimentaire,

    courent galement des risques.

    La rponse est sans quivoque positive. En effet, les types de cancers pour lesquels un lien

    trs troit avec l'utilisation de pesticides a pu tre mis en vidence par des tudes pidmiolo-

    giques auprs des agriculteurs sont prcisment les mmes types de cancer que ceux qui sonten forte augmentation dans la population gnrale: sarcomes des tissus mous, lymphomes non

    hodgkiniens (LNH) (PLUYGERS 1997). Aux USA, les cas de LNH ont augment de 50% en

    20 annes. En Belgique, l'lvation des LNH est galement trs marque et du mme ordre de

    grandeur qu'aux Etats-Unis (communication personnelle du Professeur M. Boogaerts , h-

    matologue, KUL) alors que cette affection tait peu frquente jusqu'au dbut des annes

    septante, comme le montre le Registre national du Cancer. La frquence des sarcomes des

    tissus mous et des mylomes multiples est quant elle galement en nette augmentation en

    Europe comme d'ailleurs en Belgique (European Journal Cancer Prevention, 1994).

    Si les pesticides ne peuvent bien sr pas tre tenus pour seuls responsables, ils sont cependant

    estims comme un facteur causal prendre en considration (DEVRA LEE DAVIS, 1995).

    Par ailleurs, la rflexion scientifique attire l'attention sur certains aspects des mcanismes de

    la carcinogense insuffisamment considrs jusqu'ici (PLUYGERS 1997; VAN LAREBEKE

    1997):

    la synergie entre des quantits minimes de polluants cancrignes qui peuvent agir auxconcentrations les plus basses;

    la facult de certaines substances non gnotoxiques d'induire des cancers en influenantl'expression des gnes par l'intermdiaire d'un rcepteur cytosolique ou nuclaire spcifi-

    que (par exemple: les rcepteurs des hormones oestrognes, des hormones thyrodiennes,

    rcepteurs AhR (Aryl hydrocarbon Receptor) des hydrocarbures aromatiques polycycli-ques, dioxines et nombre d'organochlors).

    Pour ce dernier mcanisme, un effet de seuil semble improbable car un rcepteur peut fixer

    plusieurs ligands diffrents, chacun agissant dose monomolculaire. Comme toute dose peut

    contribuer un effet indsirable, le concept de DJA ne semble pas appropri.

    Une description des mcanismes de la carcinogense des substances non-gnotoxiques et une

    critique relative la dtermination d'une DJA pour ces substances sont donnes en annexe IIrdige par le Dr.E. Pluygers, cancrologue.

    De plus, nombre de pesticides sont galement immunodpresseurs et, de ce fait, augmentent

    le risque de cancer.

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    L'immunotoxicit:

    Bien que l'immunotoxicologie soit encore une science relativement jeune, de trs nombreuses

    tudes exprimentales (in vitro et in vivo) montrent que bon nombre de pesticides manifestent

    des proprits immunotoxiques (REPETTO et BALIGA 1996).

    Pourtant, les tests destins mettre en vidence des ventuels effets immunotoxiques ne sont

    pas systmatiquement requis pour l'agration des pesticides, tant au niveau europen (direc-

    tive 91/414/CEE) qu'au niveau national.

    Les systmes immunitaires des mammifres, poissons et oiseaux sont structurellement sem-

    blables (TURNER, 1994). Il est notoire que les rponses immunes, cellulaires ou humorales et

    non spcifiques sont remarquablement similaires chez les humains et chez les espces de ron-

    geurs utilises exprimentalement et de trs nombreux faits montrent que le modle animal est

    extrapolable l'homme (FOURNIER, 1995a et 1995b; NRC, 1992).

    Pour prciser les implications sanitaires potentielles chez l'homme, l'US National Institute of

    Environmental Health Science recommande l'utilisation successive de 2 batteries de tests des-

    tines dpister les effets et ensuite les prciser (LUSTER, 1995, 1993b, 1992, 1988). Ces

    tests comprennent des tests in vitro (insuffisamment prdictifs eux seuls) mais surtout des

    tests in vivo. Des tests de rsistance de l'animal aux agents pathognes sont galement prvus

    puisque les changements induits dans la structure du systme immunitaire sont en troite cor-

    rlation, chez l'animal, avec une diminution de rsistance aux infections (VOS, 1994).

    Par ailleurs, en mai 1997, l'Agency for Toxic Substances and Disease Register (ATSDR) et le

    Center for Disease Control (CDC) proposaient, en conclusion du workshop de l'United StatesPublic Health Service (USPHS) consacr aux "B-cell lymphoproliferative disorders", de pra-

    tiquer sur l'homme l'ATSDR Basic Immune Test Battery (BITB) ainsi que des tests demonoclonalit (co-expression de CD19 et CD5, analyses kappa-lambda, analyse des rarran-gements V,D,J,C entre les gnes des immunoglobulines des lymphocytes B).

    De plus, des groupes de travail se runissent actuellement , notamment l'initiative de l'OC-

    DE, pour la mise au point de tests standardiss qui pourraient tre requis en Europe,

    pralablement la mise sur le march des substances chimiques.

    Pourtant, certains scientifiques sceptiques affirment encore que l'on ne peut extrapoler l'im-

    munotoxicit dcele hautes doses - probablement la consquence d'un stress toxique pour

    l'animal - aux plus faibles doses (*) auxquelles les humains seraient exposs (BOTHAM,

    1990) et que les humains mme exposs de pareilles hautes doses pourraient ne pas mani-

    fester de symptmes cliniques en vertu du pouvoir de rgulation d'un systme immunitairefonctionnant normalement.

    (*)si les pesticides sont persistants et bioaccumulables dans les graisses, les gros consommateurs de poissons,viandes et produits laitiers, les individus malades subissant un amaigrissement soudain, les ftus et les nourris-

    sons pourront tre exposs des doses particulirement leves.

    A cela, d'autres scientifiques rpondent (LUSTER, 1993a; NRC, 1993; IPCS, 1986; ROSE,

    1992; BURREL, 1992) que les risques pour l'homme peuvent tre sous-estims au dpart de

    l'exprimentation animale. En effet, les animaux exprimentaux sont de jeunes mles adultes

    en bonne sant et soigneusement nourris. Or, dans la population gnrale, les individus qui

    risquent le plus de souffrir d'une exposition des pesticides immunotoxiques sont ceux dontle systme immunitaire est faible car ils sont soit trop jeunes ou trop gs, soit malades (in-

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    fections virales, bactriennes, fongiques et parasitaires) ou mal nourris ou sont des femmes

    enceintes. THOMAS (1988), auteur d'une importante revue d'tudes relatives l'immunotoxi-

    cit dclare quant lui: "traduire ces dcouvertes exprimentales en risques dmontrablespour la sant humaine est difficile puisque les humains sont ordinairement exposs de faonchronique de faibles doses et galement pour d'autres raisons, mais ceci ne veut pas dire

    que la population humaine ne court aucun risque".

    Des tudes exprimentales sur l'animal de laboratoire montrent notamment:

    que des pesticides peuvent induire chez l'animal des anticorps auto-immuns(ROSENBERG, 1995);

    qu'il est de plus en plus vident que les pesticides organophosphorsexercent des effetsimmunosuppresseurs sur les systmes cellulaires humains et animaux. L'OOS-TMP, une

    impuret forme lors de la production d'organophosphors, prsente galement divers ef-

    fets immunotoxiques (NEWCOMBE, 1992a);

    quede nombreux solvants, ingrdients "inertes" et contaminants de divers produitspesticides,exercent galement des effets immunosuppresseurs varis chez plusieurs esp-ces animales (KERKVLIET, 1994 b; SNYNDER 1994; TRYPHONAS, 1994; VOS,

    1991).

    Pour ce qui est des observations au niveau des populations humaines:

    Peu d'tudes pidmiologiques ont t menes, sauf en ex URSS. La plupart de ces tudessont cependant d'un intrt limit en ce sens qu'elles n'ont pas valu les changements

    immunologiques directement ou contrl les nombreux facteurs confondants. Elles ne

    peuvent que suggrer un lien entre l'exposition aux pesticides et la diminution de la rsis-

    tance aux maladies (BAKHRITDINOV, 1991; FAIZIEV, 1989; ISAKANDEROV, 1986;KOVTYUKH, 1995c; CHUGUNIKHINA, 1994; UBAYDULAYEV, 1984; ALLAZOV,

    1994; VOLKOVA, 1991, KOVTYUKH, 1995b in REPETTO and BALIGA, 1996);

    Les individus exposs aux pesticides immunosuppresseurs ont un risque accru de dve-lopper certains types de cancers associs l'immunosuppression: lymphomes non

    hodgkiniens, leucmies, sarcomes des tissus mous, mlanomes, mylome multiple.

    L'augmentation observe chez des individus exposs aux pesticides en ce qui concerne

    l'incidence de carcinomes squameux de la peau et des lvres, de cancers de l'estomac, du

    cerveau et de la prostate pourrait aussi avoir un lien avec l'immunosuppression (BLAIR,

    1992; HOLLEB, 1991). Or, ce sont justement ces types de cancers pour lesquels les agri-

    culteurs montrent un risque plus lev (voir supra). Les pesticides immunosuppresseurs

    peuvent permettre des cancers de se dvelopper en brisant l'immunosurveillance l'en-contre des cellules cancreuses exerce par les cellules tueuses naturelles, les cellules T

    cytotoxiques et les macrophages (PURCHASE, 1994; NEWCOMBE, 1992b) . Pour cer-

    tains types de cellules du systme immunitaire, les effets immunosuppresseurs pourraient,

    en soi, avoir un effet carcinogne sur ces mmes cellules.

    Les ractions allergiques montrent clairement que des pesticides ont des effets cliniquesobservables sur le systme immunitaire humain mais n'impliquent pas que les pesticides

    responsables sont immunosuppresseurs;

    Chez certains patients chroniquement exposs certains pesticides, des dsordres auto-immuns ont pu tre observs (BROUGHTON, 1990; THRASHER, 1990; MADISON,

    1991; NIKOLAEV, 1975);

    En ce qui concerne l'effet de pesticides sur certains paramtres immunitaires:! certaines tudes cliniques ont montr, chez des travailleurs industriels, que les pestici-

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    des organophosphors se lient chimiquement aux estrases au niveau de cellules non

    spcifiques telles les monocytes, inactivant ainsi les estrases et du mme coup les

    monocytes (ESA, 1988; WYSOCKI, 1987);

    ! une diminution du nombre et de la fonction des cellules T a t observe chez desagriculteurs de l'ex-URSS (ESHANOV, 1993);

    ! les enfants se sont avrs particulirement sensibles l'effet suppresseur des cellules Tli des pesticides (KOVALCHUK, 1990);

    ! des modifications du nombre et de la fonction des lymphocytes ont galement t ob-serves par KHAN, 1993; THRASHER, 1993; DANIEL, 1995; KOVTYUKH, 1995a

    pour des populations exposes.

    Les perturbations du systme endocrinien

    Depuis 1991 et l'initiative de scientifiques du WWF USA, plusieurs biologistes, pidmio-

    logistes, endocrinologues et toxicologues ont attir l'attention sur les effets potentiellement

    dangereux que des substances chimiques (parmi lesquelles divers chercheurs ont dj puidentifier plusieurs pesticides (*)) oestrogniques ou antiandrogniques ou ayant d'autres ef-

    fets endocriniens pouvaient avoir sur la sant humaine et sur celle des cosystmes. La

    problmatique a fait depuis lors l'objet des proccupations prioritaires de nombreuses agences

    gouvernementales, institutions scientifiques et de l'industrie.

    (*) certains pesticides des familles chimiques suivantes: pyrthrinodes, organophosphors, triazines, dithio-carbamates, organochlors, amidines, fongicides base de cuivre, fongicides conazoles, fongicidesdichloroanilides, herbicides dinitroanilides, herbicides chlorophnoxyactiques, herbicides phnylures, herbi-cides triazoles, herbicides hydroxybenzonitriles, herbicides triazinones, herbicides dinitroanilines

    Ces substances chimiques sont dnommes perturbateurs endocriniens car elles imitent les

    hormones naturelles (et peuvent donc agir trs faibles doses), inhibent l'action hormonale ouperturbent les fonctions rgulatrices normales des systmes immunitaires, nerveux ou endo-

    crinien et, ce faisant, induisent d'autres effets.

    Nous reprendrons, pour ces substances, la dfinition complte qu'en donne l'US EPA (1997):

    " agent exogne qui interfre avec la synthse, la scrtion , le transport, la f ixation, l 'ac-tion ou l 'liminati on des hormones naturel les du corps qui sont responsables du mainti ende" l 'homostasis" (rgulati on du systme endocr inien en f oncti on d'un quil ibre prala-blement f ix) , de la reproduction, du dveloppement et / ou du compor tement" .

    Les effets possibles pour l'homme de ces substances comprendraient des affections dont la

    frquence est en nette augmentation dans la population gnrale dont :

    chez la femme, le cancer du sein, l'endomtriose; chez l'homme, le cancer des testicules et de la prostate, un dveloppement sexuel anormal,

    une rduction de la fertilit (ex: diminution du nombre et de la qualit des spermatozo-

    des);

    une altration des fonctions de l'hypophyse et de la thyrode, de l'immunosuppression etdes effets neurocomportementaux.

    Plusieurs tudes mettent en rapport l'exposition diverses substances xnobiotiques dont des

    pesticides avec la perturbation des fonctions endocriniennes de populations de la faune aqua-

    tique et sauvage. Ces effets comprennent: Le fonctionnement anormal de la thyrode;

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    Le dveloppement anormal de poissons et d'oiseaux; Une diminution de la fertilit chez certains mollusques, poissons et mammifres; Une diminution du succs l'closion de poissons, oiseaux, reptiles; La dmasculinisation et la fminisation chez les poissons; La dfminisation et la masculinisation de gastropodes, poissons et oiseaux; Une diminution de la survie des portes, une altration des fonctions immunitaires et du

    comportement des oiseaux et mammifres.

    Les scientifiques parmi lesquels figure bon nombre de scientifiques de l'industrie des pestici-

    des, sont toutefois loin d'tre unanimes quant l'tendue du problme. Mais, des moyens

    importants sont prsent consacrs aux Etats-Unis, au Japon et en Europe pour la recherche

    en ce domaine et notamment pour la dtermination fine de la relation cause effet, une

    meilleure comprhension des mcanismes et la mise au point de batteries de tests standardi-

    ss.

    La dose, l'tat de contamination interne prexistant, le moment et la dure de l'exposition

    des priodes critiques de la vie doivent tre prises en considration pour valuer les effets

    dltres des disrupteurs endocriniens. Les effets peuvent tre rversibles ou irrversibles,

    immdiats (aigus) ou latents et non exprims pour certaines priodes de temps (US EPA,

    1997)

    L'exposition des perturbateurs du fonctionnement endocrinien est particulirement proccu-

    pante durant le dveloppement du ftus et en particulier lors de l'organognse qui dbute

    la fin du second mois de gestation. C'est ce moment que le cours du dveloppement de

    nombreux tissus est rgul par des hormones endognes strodes et par d'autres facteurs en-

    docrines et paracrines et que des effets dltres irrversibles de substances xnobiotiques

    peuvent alors se produire des doses bien infrieures celles susceptibles d'exercer des effets

    chez les adultes. Ces perturbateurs hormonaux peuvent donc, en fonction de leur intervention dose adquate en des priodes critiques du dveloppement, perturber la croissance et le d-

    veloppement de nombreux organes et tissus. Les organes qui semblent tre les plus

    vulnrables sont ceux dont les cellules possdent des rcepteurs d'hormones strodiennes

    (oestrognes, testostrone, progestrone) qui sont connues pour contrler la reproduction.

    Outre les organes gnitaux , les parties gnitales externes, le cerveau, le squelette, la thyrode,

    le foie, le rein et le systme immunitaire subissent l'action des hormones strodiennes et sont

    donc des cibles potentielles pour ces perturbateurs particuliers. Certains de ces effets ne se

    manifesteront que lorsque le ftus sera devenu un adulte et se reproduira (COLBORN et al.,

    1993).

    La proprit de perturber le dveloppement hormonal est particulirement proccupante pourles substances, pesticides ou autres, qui sont lipophiles, persistantes et bioaccumulables. Les

    organismes comme l'homme, situs en bout de chane alimentaire, peuvent remobiliser ces

    substances dans le sang lors d'amaigrissements soudains. La mre peut galement passer ces

    substances, patiemment bioaccumules, son enfant en gestation (si elles traversent la bar-

    rire placentaire) ou lors de l'allaitement. Ce mme phnomne de transmission de ces

    substances de la mre sa progniture est l'uvre lors de la vitellogense pour les oiseaux

    par exemple.

    Des substances perturbatrices du fonctionnement hormonal peuvent galement agir en syner-

    gie et leurs effets peuvent tre multiplicatifs (SUMPTER ET JOBLING, 1995). De nombreux

    scientifiques se posent des questions relatives aux interactions synergiques potentielles dedivers perturbateurs endocriniens (NATIONAL SCIENCE AND TECHNOLOGY

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    COUNCIL, USA, 1996).

    Jusqu' prsent, ce sont les perturbateurs des hormones strodiennes, connues pour contrler

    la reproduction, qui ont t les plus tudis. Si les pesticides ont t tests, en vue de leur

    agration ou autorisation pour dterminer leurs effets sur la reproduction (dveloppement et

    autres effets) de l'animal de laboratoire il importe de savoir que les effets intressants consi-drer (ceux manifests des doses non toxiques pour la mre) peuvent tre occasionns par

    des mcanismes varis dont la perturbation du systme hormonal n'est qu'une des explications

    possibles.

    Il est plus que probable que, lorsque des tests spcifiques pour dtecter les effets de perturba-

    tion du systme endocrinien seront systmatiquement effectus pour les pesticides, les NOEL

    (No Observed Effect Levels) dtermins en relation avec les effets sur la reproduction devront

    tre revus la baisse. Ce d'autant plus que pour certaines substances on a pu mettre en vi-

    dence une courbe dose-rponse en forme de U lorsqu'elles taient administres en des

    moments particuliers du dveloppement embryonnaire. Ceci implique que si des effets moin-

    dres peuvent se produire des doses plus leves, ce phnomne peut mener de fausses

    estimations des doses actives relles des substances (COLBORN et al., 1996).

    Si environ une trentaine de pesticides se sont avrs positifs pour divers tests mettant en vi-

    dence des perturbations du systme endocrinien, l'heure actuelle, la lgislation (notamment

    la directive 91/414/CEE) ne prvoit aucun test spcifique pour dtecter ces ventuels effets

    des pesticides en vue de leur agration ou de leur rvision. Toutefois des groupes de travail se

    runissent actuellement, notamment l'initiative de l'OCDE, pour la mise au point de tests

    standardiss qui pourraient tre requis.

    Le recours de tels tests (in vitro et in vivo) est requis de toute urgence non seulement pour

    tester les nouvelles substances mais pour rvaluer toutes celles qui sont dj sur le march.

    Des tudes sur plusieurs gnrations (minimum 2) doivent tre galement tre conduites pour

    des moments d'exposition divers et des doses adquates.

    L'adoption du principe de prcaution doit donc ici prvaloir et aucun risque inutile ne peut

    tre encouru, principalement pour la sauvegarde de l'intgrit du ftus et du jeune enfant.

    Le lecteur dsireux d'en savoir plus sur cette vaste problmatique pourra se rfrer certains

    des ouvrages ou publications parmi les suivants et dont la rfrence complte est donne dans

    la bibliographie: COLBORN, von SAAL., 1993; COLBORN, PERTERSON-MYERS,

    DUMANOSKI, 1996; DAVIS, BRADLOW, 1995; DANISH EPA, 1995; INSTIT. ENV.

    HEALTH, 1995; BIRNBAUM, 1994; GINSBERG, 1994; CE, 1997; CE 1996; US EPA,

    1997; LYONS, 1996; HEALTH COUNCIL OF THE NETHERLANDS, 1997; NATIONALINSTITUTE OF HEALTH, 1995, 1998, WORKSHOP co-organis par la GERMAN

    FEDERAL ENVIRONMENT AGENCY, Feb. 1997.

    Conclusions:

    Les pesticides sont insuffisamment tests:Les toxicits chroniques et diffres dont nous venons de donner un aperu sont dnonces

    par le monde scientifique. Aussi, est-il incomprhensible que les tests prvus par la directive

    91/414/CEE (voir annexe II) restent insuffisants (absence de tests spcifiques pour la mise en

    vidence d'effets de perturbations du systme endocrinien, tests d'immunotoxicit non syst-

    matiquement requis) pour dtecter les toxicits potentielles des nouvelles substancespesticides qui seront agres ou pour la rvision des plus de 800 substances actuellement

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    commercialises sur le march europen;

    Le caractre cancrigne prsent par un pesticide n'est pas, en soi, en facteur d'exclu-sion pour sa mise sur le march:Si il est de pratique courante que les pesticides cancrignes, reconnus tre gnotoxiques chez

    l'animal au dpart de tests varis de gnotoxicit, ne soient pas mis sur le march, il n'en va

    pas de mme pour les cancrignes non gnotoxiques. En effet, la directive 91/414/CEE, re-lative l'harmonisation de l'agration des pesticides usage agricole au niveau europen,

    prvoit toujours, en son annexe II, l'obligation de dfinir une DJA pour tous les cancrignes

    non-gnotoxiques. Ceci est en contradiction avec les progrs scientifiques rcents en matire

    de comprhension des mcanismes de la carcinognse. En effet, pour une bonne partie des

    cancrignes non gnotoxiques, un effet de seuil semble improbable et, ds lors, le concept de

    DJA ne semble pas appropri. Les cancrignes non gnotoxiques agissant par un mcanisme

    par lequel il n'y aurait pas d'effet de seuil devraient tre exclus au mme titre que les cancri-

    gnes gnotoxiques.

    L' information de l'usager est insuffisante:

    L'tiquetage des produits (voir chapitre I) contenant une ou des substances doues de l'une oul'autre proprit est fonction de la concentration de cette substance dans la prparation. Cet

    tiquetage n'est de surcrot obligatoire que quand la ou les substances actives pesticides sont

    prsentes au del d'un certain pourcentage dans le produit, alors que pour certaines d'entre ces

    substances il n'existe thoriquement pas de dose seuil pour la manifestation de certains effets

    chroniques (ex: cancer). Ceci est d'autant plus problmatique que certaines d'entre ces subs-

    tances peuvent agir en interaction (effets additifs ou mme synergiques, donc multiplicatifs),

    entre elles ou avec d'autres substances xnobiotiques pour l'induction de certains effets chro-

    niques tels par exemple le cancer ou ceux rsultant de certaines perturbations du

    fonctionnement endocrinien.

    De plus, l'Union europenne accuse un retard considrable dans la mise jour de ses listes de

    substances dangereuses (notamment pour le cancer). Et si celles de l'IARC et de l'US EPA,

    qui ne sont pas prises en considration au niveau europen, sont plus compltes pour le can-

    cer, elles ne renseignent cependant encore que sur un nombre restreint de pesticides.

    Les proprits immunotoxiques ventuelles des pesticides ne sont pas renseignes de mme

    que, le cas chant, leurs effets de perturbation du fonctionnement endocrinien.

    L'adoption du principe de prcaution est requise:Mme si de nombreux chercheurs restent "rservs" dans leurs conclusions (voir galement

    chapitre III ci-aprs), une grande prudence s'impose, surtout lorsque des enfants sont expossaux pesticides quels qu'ils soient. Et l'on ne perdra pas de vue que l'enfant est d'autant plus

    sensible qu'il est plus jeune, la plus grande susceptibilit tant observe avant sa naissance,

    pendant sa vie intra-utrine. Une exposition ce stade peut entraner des troubles du dvelop-

    pement et, ultrieurement, du comportement, des altrations du systme immunitaire, des

    cancers. Les femmes enceintes viteront donc soigneusement de s'exposer des pesticides.

    Les insecticides, sous forme de diffuseurs ou de plaquettes doivent tre bannis dans les cham-

    bres des bbs et des enfants, de mme que les tapis, ces derniers constituant des rservoirs de

    rsidus de pesticides suite aux applications directes mais aussi imports du jardin et des sen-

    tiers traits aux herbicides.

    Le jeune enfant est plus expos: en courant " quatre pattes", il respire un air plus concentren pesticides, absorbe plus de poussires. Il est galement expos par voie dermale et orale en

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    portant frquemment objets et mains contamins la bouche.

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    CHAPITRE III

    PESTICIDES ET CANCERS DE L'ENFANCE

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    QUELLE RELATION ENTRE PESTICIDES ETCANCERS DE L'ENFANT?

    Plusieurs tudes rcentes attribueraient des pesticides un rle dans l'apparition de cancers

    infantiles qui sont en augmentation alarmante dans le monde (augmentation estime 1% par

    an aux USA).

    Les enqutes ("case-report", "case-control" et diffrents types d'tudes pidmiologiques)

    ralises, particulirement aux USA, depuis plus de 20 ans, confirment la grande vulnrabi-

    lit de l'enfant, avant et aprs sa naissance, aux produits toxiques manipuls par ses parents,

    soit hors de la maison lors de leurs occupations professionnelles, soit la maison. Elles ont

    mis en vidence une augmentation du risque pour l'enfant expos aux pesticides de dvelop-

    per certains cancers et plus particulirement si c'est la mre qui est expose. Ces enqutes ont

    t menes chez des enfants d'agriculteurs et chez des enfants de la population gnrale. Ontt associs des pesticides: leucmies et neuroblastomes chez des enfants exposs avant et

    aprs leur naissance au chlordane (plus agr) (INFANTE, 1978; EPSTEIN, 1987 in ZAHM

    and DEVESA, 1985); leucmies aigus et anmie aplastique aprs exposition des insectici-

    des organophosphors utiliss dans la maison (REEVES, 1981, 1982); cas de cancer colo-

    rectal aprs exposition des insecticides utiliss pour la culture du coton et du soya (PRATT,

    1977 in ZAHM and DEVESA, 1995). Sarcomes d'Ewing (HOLLY,1992; WINN in ZAHM

    and DEVESA, 1995; DAIGLE, 1987 in ZAHM and WARD, 1998) et tumeurs de Wilm's

    (MOSES, 1989; OLSHAN, 1993; SHARPE, 1995; KRISTENSE et al., 1995, 1996 in ZAHM

    and WARD, 1998) ont galement t associs des pesticides mnagers chez des enfants ex-

    poss pendant la gestation de leur mre et aprs leur naissance.

    Pour la leucmie, dans une tude de cas-contrle, LOWENGART (1987) estime un OR*de6,5(95% CI = 1,47 - 59,33) pour l'enfant dont les parents utilisent, plus d'une fois par mois

    pendant sa gestation ou durant la priode d'allaitement, des pesticides dans le jardin et un ORde 3,8 (95% CI = 1,37 - 13,02) lorsque ceux-ci sont utiliss dans la maison. Le risque est pluslev quand l'usage est plus frquent.

    Pour la leucmie aigu non lymphode, ce sont les solvants utiliss par le pre et l'exposition

    directe aux pesticides mnagers qui prsentent le risque le plus lev dans l'tude de cas-

    contrle de BUCKLEYet al. (1989).

    * OR: Odds Ratio = risque relatif de dvelopper une affection par rapport une population tmoin pourlaquelle le risque est gal 1

    Trois tudes de cas-contrle, plus rcentes, devraient retenir notre attention:

    La premire, celle de DAVIS et al. (1993) conduite dans un groupe d'enfants du Missouri,montre des corrlations significatives entre des tumeurs crbrales et des insecticides utili-

    ss dans la maison et le jardin. Par exemple, un OR de 4,6 (95% CI=1.2-17.9) pour lediazinonutilis dans le jardin, un ORde 2,4(95% CI=1.1-5.6) pour lecarbarylgale-ment utilis dans le jardin. Le dichlorvos prsent dans les "no pests strips" pourraitoccasionner un risque positif pour l'enfant lorsque sa mre est expose cet insecticide

    l'intrieur de la maison ou lorsqu'il y est expos durant l'enfance. Il pourrait galement tre

    l'origine de cancers du cerveau chez l'enfant expos aux "flea collars used on pets"dontplusieurs marques en contiennent. Le shampoing au lindane(qui vient d'tre interdit en

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    Belgique) est galement associ par ces auteurs au cancer du cerveau ("Kwell shampoo").

    Le tableau 3donne les "Odds ratio" - avec leur intervalles de confiance 95% (95% CI)pour le cancer du cerveau de l'enfance, pour diverses priodes d'exposition des pestici-

    des.

    La deuxime, ralise chez des enfants dans le nord de la Caroline (LEISS and SAVITZ,1995), montre une association, juge vidente par les auteurs, entre lymphomes (mais pasd'autres cancers) et l'usage d'insecticides dans la maison. Parmi les plus utiliss, le chlor-

    dane, l'heptachlore, le diazinonet le chlorpyriphos; ces deux derniers insecticides sonttoujours autoriss pour l'usage des mnages dans notre pays. Une relation "relativement

    forte" a t trouve entre l'usage de plaquettes contenant dudichlorvoset la leucmie. Cersultat confirme la relation entre tumeurs du cerveau et plaquettes trouve chez DAVIS et

    al. (1993). Une relation "forte, mais imprcise" a t tablie entre sarcomes des tissus

    mous et des pesticides utiliss au jardin pour la priode comprise entre la naissance et le

    diagnostic. Les produits les plus utiliss taient l'herbicide 2,4-D(dj associ aux sarco-mes des tissus mous et aux LNH) et les insecticides carbarylet diazinon.Cette enqutene confirme pas les rsultats de l'tude de DAVIS et al. (1993) pour le risque de tumeurs

    crbrales aprs exposition des herbicides et insecticides utiliss au jardin.

    Tableau 3

    Pesticides exposures related to childhood brain cancer

    Exposure Time Period Odds Ratio

    Pesticides used for nuisance pests Child 3.4 *(1,1-10,6)Bomb used for nuisance pests Pregnancy 6.2 *(1,4-28,4)

    No-Pest-Strip used for nuisance pests Pregnancy 5.2 *(1,2-22,2)

    No-Pest-Strip used for nuisance pests Child 3.7 *(1,0-13,7)

    Termite pesticides Any period 2,9 *(1,3-7,10)

    Kwell shampoo used for head lice Child 4.6 *(1,0-21,3)

    Flea collar used on pets Infant 5.5 *(1,5-20,0)

    Flea collar used on pets Child 2.4 *(1,1-5,60)

    Insecticides used in the garden Child 2.6 *(1,1-5,90)

    Carbaryl used in the garden Any period 2.4 *(1,1-5,60)

    Diazinon used in the garden Any period 4.6 *(1,2-17,9)

    Herbicides used in the yard Infant 3.4 *(1,2-9,30)Herbicides used in the yard Child 2.4 *(1,0-5,70)

    Source: Davis JR.Childhood brain cancer linked to consumer pesticide use. Pesticides andYou Spring, 18-20 (1993). Adapted from Davis JR, et al., "Family pesticide use and chil-dhood brain cancer". Arch Environ Contam Toxicol 24:87-92 (1993).

    *( ) = 95% Confidence interval (CI)

    Nuisance pests" = blattes, fourmis, araignes, moustiques

    Les auteurs de ces deux tudes soulignent que si leurs recherches ne permettent pas de tirer

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    des conclusions dfinitives, elles suggrent cependant un lien entre divers cancers de l'enfance

    et certains usages de pesticides. Ils estiment que des recherches complmentaires sont nces-

    saires pour clarifier leur impact sur la sant des enfants.

    La troisime tude de cas-contrle (POGODA et MARTIN,1997), ralise en Californie, amis en vidence un risque significativement plus lev pour l'exposition prnatale des

    pesticides utiliss contre les puces et les tiques (OR: 1,7; 95% CI: 1.1-2.6) et plus parti-culirement chez les enfants gs de moins de 5 ans (OR: 2,2; CI: 1.2.-5.5). Ce risque

    prnatal est galement plus lev si c'est la mre qui manipule les produits (OR: 2,2; 4,4pour les enfants de moins de 5 ans) et si les prcautions d'usage ne sont pas respectes. Ce

    risque n'est mis en vidence, dans cette tude, que pour les bombes arosols et aucune

    vidence significative n'a t observe pour les traitements contre les termites, poux et

    autres insectes dans la maison ou le jardin. Selon les auteurs, leurs recherches suggrent

    une interaction entre le carbaryl et lesnitritesdans ce risque de cancer pour les enfants.

    Nous retiendrons galement les conclusions d'auteurs de deux revues d'tudes pidmiologi-

    ques:

    Si pour DANIELS et al. (1997), les auteurs d'une revue de 31 tudes pidmiologiquesrelatives aux divers types de cancer de l'enfance, l'ensemble de ces 31 tudes n'est pas

    concluant, soit parce que certains chantillonnages sont d'un effectif trop faible, ou les

    mthodes suivies sont critiquables, il ressort nanmoins de cette revue que de frquentes

    expositions des parents aux pesticides, soit lors de leurs occupations professionnelles ou

    lors d'usages privs, se trouvent plus troitement associes la leucmie infantile et au

    cancer du cerveau que l'usage ponctuel d'un pesticide la maison ou au jardin et que si les

    estimations du risque relatif (OR) sont modestes, ce risque est d'autant plus lev lorsque

    l'exposition un pesticide est davantage dtaille et l'tude d'une plus grande prcision.

    Dans une dernire revue d'enqutes pidmiologiques intitule: "Pesticides and ChildhoodCancer", Shelia Hoar ZAHM et Mary H.WARD (1998) estiment que si les enqutes

    comme le nombre de sujets tudis sont encore limites, il convient cependant de remar-

    quer que beaucoup d'entre elles montrent un risque plus lev de cancer chez les enfants

    que chez les adultes. Ceci suggre que les enfants sont particulirement sensibles aux ef-

    fets carcinognes des pesticides ds lors que ceux-ci sont exposs un cocktail de

    pesticides potentiellement cancrignes contaminant l'eau de boisson et les aliments, l'in-

    trieur des btiments (habitation, cole), l'extrieur (jardins, parcs publics, champs).

    Les auteurs soulignent galement le rle que peut jouer l'exposition de la mre pendant la

    grossesse de mme que l'exposition des parents avant la conception. Ils prnent une r-

    duction de l'exposition des enfants aux pesticides dans les maisons, les jardins et les

    espaces publics.

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    CHAPITRE IV

    TOXICITE ET ECOTOXICITE

    DES SUBSTANCES ACTIVES DE QUELQUES

    PRODUITS PESTICIDES SOUVENT UTILISES

    POUR LE CONTROLE D'HOTES INDESIRABLES

    A LA MAISON

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    AVERTISSEMENT

    Les substances actives traites ici sont celles retrouves dans les produits pesticides souventutiliss pour le contrle des Insectes et Arachnides (poux , puces, tiques, fourmis, mouches,moustiques, blattes) pour lesquels nous avons dcrit des mthodes de lutte alternatives dansune brochure complmentaire, intitule: "Pas de pesticides la maison - Solutions sansdanger pour le contrle de bestioles indsirables".

    Les rfrences reprises ci-dessous et relatives diverses proprits des substances activespesticides considres sont loin d'tre exhaustives.

    Nous n'avons pas vrifi la conformit de chaque test "in vitro" ou "in vivo" avec les codes debonne pratique de laboratoire.

    Nous n'avons port de jugement approfondi sur la qualit des diverses enqutes pidmiologi-ques cites ni ici ni d'ailleurs aux chapitres II et III. Toutefois, nous estimons que si plusieurstudes pidmiologiques, publies dans des revues srieuses, donnent des rsultats concor-dants, celles-ci acquirent un poids considrablement plus important.

    Les tudes exprimentales sont menes selon des protocoles varis, des doses, des voies d'ex-position et des paramtres mesurs diffrents et les rsultats sont prsents diffremment.Certaines tudes donnent des intervalles de confiance et des NAOEL (No Adverse Observa-

    ble Effect Level), desquels la dose journalire admissible (DJA)* est calcule , d'autres n'endonnent pas.

    *La dose journalire admissible est la dose que l'on considre tre sans effet toxique, pour un adulte de 60 kg,durant toute sa vie.

    Nanmoins , nous estimons que certaines informations rassembles ici (rsultats convergentspour diverses tudes de laboratoire ou pour plusieurs tudes pidmiologiques et des tests delaboratoire, rsultats qui mritent confirmations pour des paramtres nouveaux peu mesurs

    jusqu' prsent, suspicion de carcinognicit aprs revue par des organisations internationa-les) mritent l'adoption d'une attitude de la plus grande prudence qui consisterait viter aumaximum toute exposition ces pesticides par le recours des mthodes de contrle alterna-tives des htes indsirables la maison.Le ftus et le jeune enfant ncessitent une protection toute particulire qui justifie d'autant

    plus l'adoption du principe de prcaution..

    Ces informations n'ont rien voir avec une analyse de risques. Nous ne nous sommes pasaventurs dans cette dmarche complexe, ce d'autant plus que l'intensit globale d'expositionainsi que les voies d'exposition de l'utilisateur domestique de mme que l'apprciation quan-titative des interactions de substances xnobiotiques auxquelles il pourrait tre soumis sontdifficiles voire impossibles estimer.

    Nous avons seulement tent de dcrire qualitativement certains dangers reconnus ou poten-tiels lis l'utilisation de ces pesticides.C'est pourquoi aucune conclusion n'est tire de la relation des tudes de toxicit et des tudespidmiologiques pour chaque pesticide. Nous concluons seulement la ncessit de l'adop-

    tion d'une attitude de prcaution par un recours maximum des techniques de contrlealternatives des indsirables la maison.

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    Les doses journalires admissibles (DJA) pour l'homme de la Food and Agriculture Organisa-tion/Organisation Mondiale de la Sant (FAO/OMS) sont donnes pour les diversessubstances actives, uniquement titre indicatif puisque pour certaines substances cette notion

    peut tre considre comme totalement obsolte (voir annexe II) et que ces DJA calcules,

    d'ailleurs uniquement pour des adultes en bonne sant, sont parfois revues et ce, en gnral, la baisse.

    Les informations relatives l'cotoxicit recueillies ici concernent uniquement la toxicit ai-gu. Mais une abondante littrature dcrit les effets chroniques et sublthaux des pesticidessur la faune et la flore.

    Des rfrences des notes explicatives figurent en regard de proprits nonces pour chaquesubstance ou matire active pesticide considre. Ces notes explicatives sont donnes en finde chapitre.

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    CYFLUTHRINE

    Famille des pyrthr inodes! Utilisation non-agricole: 47 kg en 1996TOXICITE ET FACTEURS INFLUENCANT LA TOXICITE:! DJA: 0,02 mg/kg/j (FAO/OMS)toxicit aigu:! T-R23/25 (toxique par inhalation et par ingestion) (note 1);! II (OMS), "modrment dangereux"intoxications aigus et chroniques chez l'homme aprs utilisation de spray dans les mai-sons:

    ! (voir note 6)carcinogni