5150, rue des Ormes · 2018. 4. 13. · du Conseil des Arts du Canada (CAC) et reconnaissent...

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Patrick SENÉCAL

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  • Patrick

    SENÉCAL

  • À PROPOS DE PATRICK SENÉCAL…

    « PATRICK SENÉCAL ÉCRIT DE FAÇON EFFICACE.L’ACTION, LE RYTHME, LA PRISE DE POSSESSION

    DU LECTEUR LUI IMPORTENT PLUS QUE LES

    EFFETS DE MANCHE. TANT MIEUX POUR NOUS. »Nuit Blanche

    « SANS IMITER LE STYLE DE KING, PATRICKSENÉCAL PARVIENT À SUSCITER AUTANT D’INTÉRÊT

    QUE LE MAÎTRE DE L’HORREUR AMÉRICAIN. »Québec français

    « […] SUPRÊME QUALITÉ, L’AUTEUR VA AU BOUTDE SON SUJET, AVEC FORCE DÉTAILS MORBIDES. »

    Lectures

    « LE THRILLER D’HORREUR AUSSI BIEN MAÎTRISÉNE SE VOIT QUE DANS

    QUELQUES PLUMES ÉTRANGÈRES. »Le Nouvelliste

    « LE JEUNE ROMANCIER A DE TOUTE ÉVIDENCEFAIT SES CLASSES EN MATIÈRE DE ROMANS

    D’HORREUR. NON SEULEMENT IL CONNAÎT LEGENRE COMME LE FOND DE SA POCHE,MAIS IL EN MAÎTRISE PARFAITEMENT

    LES POUDRES ET LES FUMÉES. »Ici

  • … ET DU VIDE(Prix Saint-Pacôme du roman policier 2007)

    « JE L’AI DÉVORÉ. […] J’EN SUIS SORTIE BOULEVERSÉE. »TVA – Salut Bonjour Weekend

    « VIRULENTE CRITIQUE SOCIALEOÙ LA TÉLÉ APPARAÎT COMME UN MIROIR

    GROSSISSANT DE NOS PIRES TRAVERS. »La Presse

    « AVEC LE VIDE, [SENÉCAL] CONFIRME PAR-DESSUSTOUT SON FORMIDABLE TALENT DE RACONTEUR. »

    Le Soleil

    « PATRICK SENÉCAL RÉUSSITÀ NOUS ATTRAPER DANS SON FILET. »

    Le Devoir

    « UN TRÈS GROS ROMAN ABSOLUMENT FASCINANT.CE QUE LES AMÉRICAINS APPELLENT

    UN PAGE-TURNER. »SRC – C’est bien meilleur le matin

    « UN DES MEILLEURS POLARS QUÉBÉCOISQUE J’AI LU. »

    Télé-Québec – Libre échange

    « ON RESSORT DE CE LIVRENON PAS AVEC L’IM PRESSION D’AVOIR ÉTÉ SER-MONNÉ SUR LA FAÇON DE VIVRE DES HOMMES,

    MAIS D’AVOIR TOUCHÉ À UN INSTANT DE LUCIDITÉ. »La Tribune

  • 5150, RUE DES ORMES

  • DU MÊME AUTEUR

    5150 rue des Ormes. Roman.Laval, Guy Saint-Jean Éditeur, 1994. (épuisé)Beauport, Alire, Romans 045, 2001.

    Le Passager. Roman.Laval, Guy Saint-Jean Éditeur, 1995. (épuisé)Lévis, Alire, Romans 066, 2003.

    Sur le seuil. Roman.Beauport, Alire, Romans 015, 1998.Lévis, Alire, GF, 2003.

    Aliss. Roman.Beauport, Alire, Romans 039, 2000.

    Les Sept Jours du talion. Roman.Lévis, Alire, Romans 059, 2002.Lévis, Alire, GF, 2010.

    Oniria. Roman.Lévis, Alire, Romans 076, 2004.

    Le Vide. Roman.Lévis, Alire, GF, 2007.

    Le Vide 1. Vivre au MaxLe Vide 2. Flambeaux

    Lévis, Alire, Romans 109-110, 2008.

    Hell.com. Roman.Lévis, Alire, GF, 2009.

  • 5150, RUE DES ORMES

    PATRICK SENÉCAL

  • Illustration de couverture : CIRRUSPhotographie : KARINE PATRY

    Distributeurs exclusifs :

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    Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’éditionde livres – Gestion Sodec.

    TOUS DROITS DE TRADUCTION, DE REPRODUCTIONET D’ADAPTATION RÉSERVÉS

    Publication en format poche chez Alire en 2001

    Dépôt légal : 3e trimestre 2009Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada

    © 2009 ÉDITIONS ALIRE INC. & PATRICK SENÉCAL

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  • À Chantal,au passé composé

  • REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES

    La première version de ce roman est parue en 1994 chezGuy Saint-Jean éditeur, collection Noir : horreur. La pré senteédition propose une toute nouvelle version qui en constituela version définitive.

  • Le chat noir est assis sur le trottoir,devant la maison, et se lèche une patte.Puis, il s’étire et trottine vers le milieu dela rue.

  • Fou.Un mot tellement banal, employé à tort et à travers.

    Pourtant, c’est le premier et le seul qualificatif quime traverse l’esprit en ce moment. Alors je l’écris, ettant pis pour les clichés. De toute façon, l’originalitén’est pas du tout ma préoccupation en ce moment. Jene suis pas un auteur, mais un prisonnier. Certains dirontqu’il y a analogie, mais je n’ai vraiment pas la tête àphilosopher.

    Fou, voilà. Franchement, je ne peux rien trouver demieux. Au terme de ces trois dernières journées, jecrois que je peux me vanter de comprendre le sensprofond de ce mot.

    Trois jours…C’est assez ironique : moi qui ai insisté pour avoir

    de quoi écrire, me voilà avec assez de feuilles pourrecopier le Coran au grand complet et… vide total.En fait, non, c’est le contraire : c’est trop plein.

    C’est la première fois que je vais écrire sur moi.J’ai déjà écrit des petits poèmes insignifiants, quelquesnouvelles pseudo-intello, mais rien de vraiment per-sonnel. Jamais ressenti le besoin. Mais maintenant,oui. Besoin de me défouler, de jeter sur papier mesémotions, mes peurs, mes interrogations… Mes espoirs,

  • peut-être… Si je m’en sors (Seigneur ! juste écrire cescinq mots est tellement terrifiant…), je ne suis pasconvaincu du tout que je tiendrai à ce qu’on lise ceque j’aurai écrit. Je n’écris pas ceci pour quelqu’un.

    Je veux juste écrire pour moi. C’est ma seule évasionpossible. Du moins, en ce moment. Juste écrire lesévénements dans l’ordre. Ce sera peut-être déjà trèslibérateur. Ça va peut-être m’aider à voir clair…

    Bon. On y va.Ça a commencé il y a trois jours. Soyons précis :

    le vendredi vingt et un septembre 1991. Je commencemes cours à l’Institut de littérature lundi. Je me trouveà Montcharles depuis trois jours seulement et, commeje ne connais pas cette ville de 25 000 habitants, jedécide de profiter des derniers beaux jours de l’étépour visiter le coin en vélo. Vers onze heures trente,je pédale donc sans me presser dans les rues très tran-quilles du patelin, me rends jusqu’au centre-ville, jolimais léthargique, m’arrête pour manger dans uncasse-croûte. Rien de très excitant comme ville. Maisétant donné que je viens moi-même de Drummondville,le dépaysement n’est pas trop traumatisant. De toutefaçon, j’ai l’intention d’aller voir Judith toutes les finsde semaine à Sherbrooke, qui n’est qu’à une vingtainede kilomètres d’ici. Ce sera donc les études la semaineet le défoulement le week-end. Rythme normal detout étudiant qui se respecte, non?

    Après le dîner, je poursuis mon exploration de laville. Les quartiers résidentiels se succèdent et se res -semblent, sans grande originalité, la plupart n’étantqu’une suite de maisons neuves et plutôt froides. Jeme retrouve dans un coin un peu plus ancien et doncplus attrayant, avec beaucoup d’arbres, sans trottoirni grande circulation. Je tourne dans une rue qui s’ap-pelle des Ormes, légèrement retirée et encore plusboisée. En effet, derrière la rangée des maisons, on

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  • devine un grand champ. Petit élan de nostalgie : j’aimoi-même grandi près d’un bois et toutes les joies demon enfance se trouvent encore accrochées à cesbranches et à ces arbres, derrière la maison de mesparents. Je pédale nonchalamment dans cette rue quim’apparaît de plus en plus accueillante : maisonsespacées, jolies et non modernes, une ou deux per-sonnes dehors qui travaillent sur leur terrain…

    Tout au bout, la rue se termine par une clôture engrillage jaune à laquelle est accroché un panneau :FIN. Sans descendre de mon vélo, je m’appuie contrela clôture. De l’autre côté, quelques arbres, puis unepente en gravier à pic qui descend sur une dizaine demètres, jusqu’à une rivière étroite et brunâtre. Del’autre côté de celle-ci règne la nature sauvage, sansmaison ni route. Je demeure quelques minutes àexaminer la muette rivière, puis regarde autour demoi. À ma gauche, un large terrain vague, sans aucuneconstruction. Les maisons reprennent seulement unecinquantaine de mètres plus loin. À ma droite, près dela clôture, une habitation se dresse sur deux étages,une maison de briques brunes assez quelconque quidoit avoir une soixantaine d’années. Elle dégage toutde même un certain charme, une quiétude rassurante.Peut-être parce qu’elle est un peu plus isolée des autres.Je reviens à la rivière et prends une grande inspiration.Je me sens bien. Je suis content d’être dans cette calmeville. Je pense à Judith. Je vais l’appeler ce soir. Luidire que je suis content. Que je l’aime.

    Je fais faire demi-tour à mon vélo et repars.Mes pneus n’ont pas parcouru trois mètres que

    l’ostie de chat apparaît.Dire que certaines personnes ne croient pas au

    hasard… Le hasard existe sans l’ombre d’un doute :j’ai failli l’écraser avec mon vélo. Il surgit de je nesais trop où, passant en courant à un mètre de ma

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  • roue avant. Je veux l’éviter, mais on n’évite pas lehasard. Je donne un furieux coup de guidon et je sensque tout bloque. Mon dérailleur pousse un gémissementgrinçant et une seconde après, je ressens pour la pre-mière fois les sensations fortes du vol plané.

    Je me relève en me tenant le bras et en sacrantcomme un syndicaliste. À part une ou deux érafluresaux mains et l’orgueil légèrement écorché, je devraissurvivre. Je regarde autour : personne dans la rue et,au loin, les deux ou trois personnes qui travaillent surleur terrain n’ont rien remarqué. Parfait. Je sens déjàmon ego se cicatriser. Mon vélo a eu beaucoup moinsde chance que moi. La chaîne est débarquée, le guidonmal aligné et la roue avant franchement tordue. Commeje suis du genre à me casser trois doigts en plantantun clou, j’opte pour le taxi.

    Sans même ramasser la carcasse de mon dix vitesses,je me mets en marche vers la grande maison à deuxétages, celle qui est un peu retirée des autres. Autrepreuve que le hasard s’amuse avec nous : si j’avaisplanté un peu plus loin… rien ne serait arrivé.

    Rien.Cette seule pensée est suffisante pour me faire

    pleurer de rage.Je vois le chat disparaître sous la clôture de grillage.

    Si je réussis à sortir vivant de ce cauchemar, j’offreune récompense de mille dollars à quiconque me ramèneson cadavre écorché. Non, je corrige : à quiconqueme le ramène vivant. Je l’écorcherai moi-même.

    Il y a trois fenêtres à carreaux au rez-de-chaussée ;entre la seconde et la première, une porte d’entrée.Au second étage, il y a aussi trois fenêtres. Bizar -rement, la première est plus sombre que les autres.Des rideaux? On ne dirait pas, non…

    Une cour s’ouvre à gauche et une autre porte setrouve sur le côté. J’entre dans l’entrée asphaltée où

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    est stationnée une voiture. Justement, il y a une en -seigne de taxi sur le toit de la bagnole, une vieilleChevrolet marron. Hé, ben. Un peu de chance, c’estpas de refus.

    Je sonne à la porte. Un vaste terrain s’étend derrièrela maison, entourée d’une haute haie de cèdres. Au-delà, les bois.

    Je consulte ma montre : deux heures et demie. Jesonne une deuxième fois. Le taxi stationné dans lacour m’incite à persister.

    Enfin, la porte s’ouvre. L’homme doit être dans lajeune quarantaine et fait un peu moins que mes cinqpieds onze. Il cligne des yeux, indécis, l’air vraimentsurpris de me voir. Je lui explique ce qui m’arrivetout en désignant les restes de mon vélo dans la rue.L’homme m’écoute, un rien méfiant. Il a une petitemoustache brune sous le nez et ses cheveux châtainsfrisés en boule lui donnent un air un peu quétaine, unlook à la Patrick Normand. Le banlieusard-type. Il faitun pas à l’extérieur et regarde vers la rue. Quand il voitmon vélo, un large sourire amusé retrousse sa mous-tache ridicule et fait disparaître toute suspicion.

    — Ah! Une fouille de bicycle !On dirait que ça le rassure, je ne sais trop pourquoi.

    Il me regarde, tout souriant, comme si je venais de luiraconter une bonne blague. D’ailleurs, il se met à rire.

    — À cause d’un chat! Ah, ah! Elle est bonne, celle-là ! Tu l’aurais frappé que tu t’en serais mieux sorti !J’ai jamais eu confiance en ça, moi, des bicycles. C’estplus traître qu’un char.

    Ma situation l’amuse et je souris malgré moi. Un peu«mononcle» sur les bords, mais plutôt sympathique.

    Sympathique…Je lui explique mon idée d’appeler un taxi.— Je suis chauffeur de taxi moi-même ! Tout un

    hasard, hein? C’est juste que je travaille pas cet après-midi pis… comme je suis ben occupé en ce moment…

  • Il a l’air franchement désolé.— Pas de problème… Ça vous dérange pas que

    j’entre pour en appeler un?Il hésite une seconde et reluque vers l’intérieur de

    la maison. Il frotte sa moustache un bref moment,comme s’il pesait le pour et le contre de ma demande.Est-ce que je le dérange à ce point ? Il est habilléd’un vieux jean, d’un vieux t-shirt, il y a des tachessur ses vêtements… Il doit être en train de bricoler…

    — Écoutez, je peux aller à la maison à côté si vousêtes trop…

    — Ben non, ben non ! s’exclame-t-il soudain, denouveau souriant. Entre, voyons !

    J’arrive directement dans une grande cuisine étran -gement décorée : un papier peint vert avec des motifsà fleurs mauves, des armoires brun caramel et un frigojaune maïs. Ça brûle les rétines. À ma gauche, unescalier, sous lequel se trouve une porte verrouillée avecun cadenas, mène au second. Devant, près du four,une large ouverture donne accès à la salle à manger.

    Le bonhomme commence à m’indiquer où est letéléphone lorsque la porte d’entrée que je viens toutjuste de franchir s’ouvre derrière moi, laissant entrerune femme. Elle s’immobilise et me dévisage, inter-dite. Elle tient par la main une petite fille, debout à sadroite.

    — Maude ! s’étonne le bonhomme. Ta marche apas été ben longue…

    Il dit ça d’un air embêté, comme si c’était un re -proche. La femme, elle, me fixe toujours, l’air carrémentcraintif.

    — C’est un jeune qui vient de planter en bicycle,juste en face. À cause d’un chat !

    Et il rit. Manifestement, mon accident de vélo estpour lui une source inépuisable d’amusement. Lafemme a enfin l’air rassuré. Un peu, du moins. Assez

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  • grande, cheveux châtains grisonnants coupés au carré,pas très jolie. Elle a un petit sourire contraint. Je luidonne au moins quarante-cinq ans, mais son air fa -tigué la vieillit peut-être.

    — Ma femme, Maude.Je souris poliment. Elle rougit, fuit mon regard et

    lance d’une voix faible mais rapide :— Je vais reconduire Anne dans sa chambre…La fillette, qui doit avoir six ans, est minuscule,

    maigre, elle a les cheveux longs et noirs. Elle ne ditpas un mot et ne bouge pas. Vraiment docile. Elle selaisse conduire par sa mère lorsque celle-ci, sur le pointde monter l’escalier, s’arrête brusquement et, hési-tante, bredouille vers son mari :

    — À moins que… qu’il soit trop tôt… pour que jemonte?

    Le bonhomme change d’air, soudain mal à l’aise.La voix forcée, il demande :

    — Ben non, pourquoi tu demandes ça?Il accompagne cette fausse question d’un regard

    glacial et réprobateur. Je ne comprends rien à ce quise passe, mais j’aime pas trop l’ambiance. Je n’aivraiment pas envie d’assister à une scène de ménage.Je veux juste appeler mon taxi et m’en aller. Fina -lement, la femme baisse les yeux, confuse, et montel’escalier, sans lâcher sa fille silencieuse. Le bon-homme se tourne vers moi, sa bonne humeur revenue:

    — Le téléphone est dans le salon. Tu traverses lasalle à manger, c’est dans la pièce du fond. Moi, jevais aller chercher ton bicycle dans la rue. On le mettradans le coffre du taxi quand il arrivera.

    Je le remercie et il sort. Je réalise alors que lespetites coupures sur mes mains saignent un peu plusque prévu. Je vais au lavabo et l’ouvre. À ce moment,la dénommée Maude redescend à la cuisine et je luiexplique que je veux me laver les mains. Elle me

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  • regarde un long moment en silence, intimidée. Jeremarque alors au milieu de son visage fade deuxgrands yeux noirs vraiment magnifiques. Dommagequ’ils soient si apeurés. Elle dit enfin de sa petitevoix :

    — Il faudrait désinfecter, aussi…— Ce n’est vraiment pas nécessaire…— Mais oui, sinon ça va s’infecter… Allez à la

    salle de bain, en haut, il y a du désinfectant… Ladeuxième porte à droite.

    Et elle baisse les yeux, intimidée et surprise d’avoirtant parlé. Tandis que je monte, je la vois ouvrir unplacard, saisir un balai et balayer le plancher d’un airmécanique, comme si elle ne se rendait pas comptede ce qu’elle faisait.

    Je monte les marches. J’imagine le genre de couple.Lui, le bon vivant macho qui est le maître chez lui.Elle, la femme soumise, à la vie morne et triste. Il y ades clichés qui sont tenaces…

    Un long couloir sombre et sans fenêtre traverse toutl’étage. Je croise deux premières portes, une à gaucheet l’autre à droite. Fermées. Quelques pas plus loin,je m’arrête devant une autre porte à gauche et saisisla poignée. En même temps, je me souviens que lasalle de bain est à droite, mais j’ai déjà ouvert la mau -vaise porte. C’est une chambre à coucher et il faitsombre. Je devine la silhouette de la fillette assise surle lit, qui tourne la tête vers moi.

    — N’aie pas peur, c’est ta maman qui m’a dit queje pouvais monter. Je cherchais la salle de bain et jeme suis trompé. Je m’excuse.

    Elle me regarde en silence et malgré la pénombre,je remarque qu’elle est très blême, comme si elle étaitmalade. C’est peut-être le cas… D’ailleurs, elle nedevrait pas être à l’école, elle ?

    — T’as pas peur de moi, hein?

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    Elle me fixe toujours sans un mot. Ses yeux sontimmenses et d’un noir d’encre, profond. On dirait degrandes pupilles de poisson sans vie. Ses longs cheveuxd’ébène aplatissent et allongent son visage blême.Franchement, elle m’intrigue. Que fait-elle là, assisetoute seule dans la semi-obscurité ?

    — Tu devrais ouvrir tes rideaux, il fait soleil,dehors…

    Elle ne bouge pas d’un cheveu, ne dit toujours rien.Et cette façon qu’elle a de me regarder avec sa bouchefermée, ses grands yeux fixes… Je ne voudrais vraimentpas avoir un enfant qui ressemble à ça. Vraiment pas…

    Je referme doucement la porte. Elle doit être ma -lade. C’est sûrement ça.

    Il reste deux portes. Une au fond est fermée etl’autre à droite est ouverte sur la salle de bain. En uneminute, je trouve le désinfectant, me nettoie les mainset les essuie.

    C’est en retournant dans le couloir que j’entendsle râle.

    Pas un soupir ni un murmure, mais un vrai râle.De fatigue, de peur ou de souffrance, je ne sauraistrop dire. Je pense à la fillette, mais une seconde mani -festation m’indique que ça vient de derrière la portedu fond. Je marche vers celle-ci, sans ressentir encorela peur. Pourquoi aurais-je peur? Quand on est con-vaincu que tout va bien, qu’on commence ses coursdans quelques jours, qu’on va appeler un taxi dansdeux minutes et que cette maison est tout à fait nor-male, il n’y a aucune raison qu’un simple râle nousfasse peur. Ça peut être n’importe quoi! C’est pour çaque lorsque j’entends le son une troisième fois, jefrappe tout bonnement à la porte, en lançant un naïf :«Ça va?» À la quatrième manifestation du râle, j’ouvrecarrément la porte, lentement, me préparant déjà àm’excuser.

  • Maudit imbécile ! De quoi je me mêlais, aussi !La première chose que je vois, ce sont les murs de

    la pièce. Ils sont nus et d’un vert affreux, malade. Et,surtout, il y a des taches de sang. Enfin, je vois destaches rouges et aussitôt je me dis : Mais c’est dusang, ça ! Est-ce à ce moment que j’ai eu peur? Non,pas vraiment. Tout allait trop vite.

    La pièce était totalement vide, sans un meuble,sans un lit, sans rien. Sauf une ampoule allumée auplafond et quelqu’un dans le coin, étendu de tout sonlong, face contre terre. Chemise bleu pâle, jean délavé.Et encore du sang, sous la personne, sur le plancher,beaucoup trop.

    — Mais… mais qu’est-ce que vous avez?Je ne pense absolument à rien. Je vois quelqu’un

    qui râle, étendu dans son sang, et cette question sorttoute seule.

    La personne lève enfin la tête. C’est un homme, etmalgré son visage complètement ensanglanté, je dis-tingue ses yeux suppliants tournés vers moi. Son râleprend forme et je finis par saisir des mots : « Aidez-moi…»

    J’ai enfin peur. Et cette peur se résume à un seulcri mental qui hurle silencieusement dans toute monâme : Sors d’ici tout de suite !

    Je tourne les talons et traverse le couloir rapidement.Je ne cours pas, je ne sais pas pourquoi, je me contentede marcher très vite. Malgré ma peur, une partie demoi se dit que ce serait incongru de courir. Courirserait comme une confirmation que je suis vraimenten danger…

    Je vois l’escalier là-bas, très loin. Tout à coup, d’enbas provient la voix du bonhomme:

    — Tu l’as laissé aller en haut ? Mais, calvince ! àquoi t’as pensé?

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  • — Mais… mais tu m’as dit… tu m’as dit que moi,je pouvais monter ! Je pensais… je me suis dit que tuavais fini, que… qu’il n’y avait plus personne…

    Des pas rapides montent l’escalier. OK, cette fois,je commence à courir pour vrai… mais le bonhommeapparaît soudain au bout du couloir et je m’arrête net.On se jauge du regard un bref moment. Son air sym-pathique de tout à l’heure a fait place à une expressionsoupçonneuse. Il me demande d’où je viens.

    — De la salle de bain. C’est votre femme qui m’adit que je pouvais monter…

    À ma grande surprise, ma voix sonne parfaitementnormale. Mon visage ne doit pas être trop mal non plusparce que le bonhomme hésite, tenté de me croire.

    — Pourquoi tu courais ?— Je courais pas.Cette fois, ma voix fausse un peu. Le bonhomme

    plisse les yeux, puis son regard s’allonge derrière moi.Je comprends : il vient de voir la porte du fond ou -verte.

    — Tu l’as vu, hein?— Qui ça?Ma voix sort d’une flûte fêlée, ça ne fonctionne plus

    du tout. Il hoche doucement la tête, le visage sombre.— Tu l’as vu…Tout à coup, j’éclate. Ma voix devient aussi aiguë

    que celle d’un enfant et je me mets à crier, en gesti -culant :

    — Qu’est-ce qu’il a, le gars? C’est vous qui l’avezarrangé de même ? Pourquoi vous lui avez fait ça ?Vous voulez le tuer ? Qu’est-ce qui se passe, ici ?Qu’est-ce qu’il a, c’est vous, pourquoi ? Il est plein desang, pourquoi? Il… vous… Qu’est-ce qu’il a? C’estvous? C’est vous?

    Je me tais une courte seconde… puis je lâche froi -dement :

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    — Je m’en vais.Et je me remets en marche, convaincu au plus pro-

    fond de moi-même que rien ne m’empêchera de sortir.À un point tel que lorsque le bonhomme me prend parles épaules pour me stopper, je me sens réellementchoqué. Outré. Je me mets à crier que je veux sortirtout de suite, en me débattant comme un enfant capri -cieux.

    Je vois son poing s’élever, mais je ne comprendspas pourquoi. Stupidement, je crois qu’il chasse unemouche, ou quelque chose du genre. Une secondeaprès, je reçois le premier poing sur la gueule de mavie. L’effet est explosif. Tout se met à tourner, mavision se trouble. Tandis que je vacille, j’ose enfinadmettre que je suis réellement en danger. On nefrappe pas les honnêtes gens comme ça, surtoutlorsqu’ils viennent d’avoir un petit accident de vélo,accident injuste d’ailleurs, causé par un ostie de chatnoir…

    Je sens le bonhomme me saisir le corps sous lesbras, m’amener quelque part, tandis que mes talonstraînent sur le plancher… Pas la force de me débattre.J’entends une porte s’ouvrir… puis, on me lance… jem’écrase sur quelque chose de mou. Un lit. Je suissur le dos, ma vision se rétablit graduellement. Au-dessus de moi est penché un visage long, blanc,inquiétant, qui m’observe effrontément. La fillette. Jesuis dans sa chambre. Bouffée d’espoir : d’une voixdéfaillante et molle, je lui demande d’aller chercherde l’aide.

    — Anne ! rugit une voix. Sors de ta chambre, toutde suite !

    La fillette ne bouge pas. Je réussis à lever la mainvers elle. J’ai encore de la difficulté à parler. Je ré -pète :

    — Va… chercher de… l’aide…

  • Elle fixe longuement ma main, puis son regardrevient à moi. Deux grands yeux glauques, vides,sans surprise, ni pitié, ni peur, rien. C’est affreux… jecrois que j’ai gémi…

    J’entends un grommellement, mi-colérique mi-dégoûté, puis la fillette est tirée par-derrière. Je fermeles yeux, concentre toutes mes forces et réussis enfinà me redresser, juste à temps pour voir la porte de lachambre se refermer. Après quelques secondes, je meremets debout. Terrible étourdissement, envie devomir. Je titube jusqu’à la porte, tourne la poignée.Verrouillée.

    De l’extérieur ?Je tire sur la poignée, frappe la porte, crie pour

    qu’on m’ouvre. Je fais rapidement le tour de la piècedes yeux. Une chambre d’enfant, mais sans âme.Décorée, mais sans joie. Des poupées et des dessins,mais tristes et poussiéreux. Je marche vers la fenêtreet écarte les rideaux. Le soleil entre dans la pièce etm’aveugle. J’essaie d’ouvrir la fenêtre. Impossible.

    Je cherche un projectile, un bâton. Là, une petitechaise d’enfant. Je la saisis et la jette contre la fe -nêtre. La chaise rebondit avec un bruit étrange, maisaucune fissure n’apparaît dans la fenêtre. Je reprendsla chaise et frappe deux, trois, quatre fois de toutesmes forces. La vitre tremble, mais ne casse pas.

    Une vitre incassable.Je contemple la fenêtre de longues secondes, com-

    plètement hébété.Je plaque mon visage contre la vitre et me mets à

    hurler à l’aide. Mais dehors, en face, il n’y a que leterrain vague, et les maisons, au loin à gauche, sonttrop éloignées pour que qui que ce soit puisse mevoir.

    J’entends alors des sons. Je m’éloigne de la fe -nêtre et tends l’oreille. Une porte qui s’ouvre, vers la

    5150, RUE DES ORMES 013

  • PATRICK SENÉCAL014

    gauche. Sûrement celle de la pièce du fond, aux hor-ribles murs verts tachés de sang, celle qui renfermele… le…

    Des pas lourds dans la pièce voisine. Un bruit derampement, des petits cris terrorisés… Puis, un coupsourd. Et un autre. Silence. On traîne alors quelquechose… ou quelqu’un. Ça passe devant ma porte.Puis, la voix du bonhomme, essoufflée et rageuse,qui crie :

    — Maude ! Je te l’avais dit que ta marche avait ététrop courte ! Retourne te promener vingt minutes avecta fille !

    Dix secondes plus tard, une porte se referme enbas. Le bruit de traînement reprend aussitôt dans lecouloir, s’éloigne. Des pas dans l’escalier, accompagnésde petits bruits intermittents, poc… poc… poc…

    La tête… la tête du pauvre gars qui percute chacunedes marches de l’escalier…

    Cette évocation me propulse de nouveau contre laporte et je me remets à crier, suppliant qu’on m’ouvre.Je suis au comble de la panique : j’ai l’atroce convic-tion que le bonhomme va remonter et me foutre lamême correction qu’il a administrée à l’autre. Ensuite,ce sera moi qui serai traîné dans le corridor, ce serama tête qui percutera les marches de l’escalier…

    Je tambourine sur la porte à deux poings, sans cesserde crier, puis finis par me taire, à bout de souffle,l’oreille tendue. On remonte l’escalier. Je recule dequelques pas, apeuré, sans quitter la porte des yeux.Il y a deux secondes, j’implorais que quelqu’un viennel’ouvrir, mais maintenant je n’y tiens vraiment plus…Les pas approchent, accompagnés d’un petit chuinte-ment métallique, comme si on roulait quelque chose.Les sons passent devant ma porte. Je devine qu’ilssont maintenant dans la terrible pièce verte. J’appuiemon oreille contre le mur : bruits étouffés, frottementsmouillés. On lave la pièce. On essuie le sang…

  • PATRICK SENÉCAL...

    ... est né à Drummondville en 1967. Bachelier enétudes françaises de l’Université de Montréal, il aenseigné pendant plusieurs années la littérature etle cinéma au cégep de Drummondville. Passionnépar toutes les formes artistiques mettant en œuvrele suspense, le fantastique et la terreur, il publieen 1994 un premier roman d’horreur, 5150, ruedes Ormes, où tension et émotions fortes sont àl’honneur. Son troisième roman, Sur le seuil, unsuspense fantastique publié en 1998, a été ac claméde façon unanime par la critique. Après Aliss(2000), une relecture extrêmement originale etgrinçante du chef-d’œuvre de Lewis Carroll, LesSept Jours du talion (2002), Oniria (2004), Le Vide(2007) et Hell.com (2009) ont conquis le grandpublic dès leur sortie des presses. Sur le seuil et5150, rue des Ormes ont été portés au grand écranpar Éric Tessier (2003 et 2009), et c’est Podz qui aréalisé Les Sept Jours du talion (2010). Trois autresromans sont pré sentement en dévelop pement tantau Québec qu’à l’étranger.

  • EXTRAIT DU CATALOGUE

    Collection «Romans» / Collection «Nouvelles»

    015 Sur le seuil Patrick Senécal016 Samiva de Frée (Le Sable et l’Acier -2) Francine Pelletier017 Le Silence de la Cité Élisabeth Vonarburg018 Tigane -1 Guy Gavriel Kay019 Tigane -2 Guy Gavriel Kay020 Issabel de Qohosaten (Le Sable et l’Acier -3) Francine Pelletier021 La Chair disparue (Les Gestionnaires de l’apocalypse -1) Jean-Jacques Pelletier022 L’Archipel noir Esther Rochon023 Or (Les Chroniques infernales) Esther Rochon024 Les Lions d’Al-Rassan Guy Gavriel Kay025 La Taupe et le Dragon Joël Champetier026 Chronoreg Daniel Sernine027 Chroniques du Pays des Mères Élisabeth Vonarburg028 L’Aile du papillon Joël Champetier029 Le Livre des Chevaliers Yves Meynard030 Ad nauseam Robert Malacci031 L’Homme trafiqué (Les Débuts de F) Jean-Jacques Pelletier032 Sorbier (Les Chroniques infernales) Esther Rochon033 L’Ange écarlate (Les Cités intérieures -1) Natasha Beaulieu034 Nébulosité croissante en fin de journée Jacques Côté035 La Voix sur la montagne Maxime Houde036 Le Chromosome Y Leona Gom037 (N) La Maison au bord de la mer Élisabeth Vonarburg038 Firestorm Luc Durocher039 Aliss Patrick Senécal040 L’Argent du monde -1 (Les Gestionnaires de l’apocalypse -2) Jean-Jacques Pelletier041 L’Argent du monde -2 (Les Gestionnaires de l’apocalypse -2) Jean-Jacques Pelletier042 Gueule d’ange Jacques Bissonnette043 La Mémoire du lac Joël Champetier044 Une chanson pour Arbonne Guy Gavriel Kay045 5150, rue des Ormes Patrick Senécal046 L’Enfant de la nuit (Le Pouvoir du sang -1) Nancy Kilpatrick047 La Trajectoire du pion Michel Jobin048 La Femme trop tard Jean-Jacques Pelletier049 La Mort tout près (Le Pouvoir du sang -2) Nancy Kilpatrick050 Sanguine Jacques Bissonnette051 Sac de nœuds Robert Malacci052 La Mort dans l’âme Maxime Houde053 Renaissance (Le Pouvoir du sang -3) Nancy Kilpatrick054 Les Sources de la magie Joël Champetier055 L’Aigle des profondeurs Esther Rochon056 Voile vers Sarance (La Mosaïque sarantine -1) Guy Gavriel Kay057 Seigneur des Empereurs (La Mosaïque sarantine -2) Guy Gavriel Kay058 La Passion du sang (Le Pouvoir du sang -4) Nancy Kilpatrick059 Les Sept Jours du talion Patrick Senécal060 L’Arbre de l’Été (La Tapisserie de Fionavar -1) Guy Gavriel Kay061 Le Feu vagabond (La Tapisserie de Fionavar -2) Guy Gavriel Kay062 La Route obscure (La Tapisserie de Fionavar -3) Guy Gavriel Kay063 Le Rouge idéal Jacques Côté064 La Cage de Londres Jean-Pierre Guillet065 (N) Treize nouvelles policières, noires et mystérieuses Peter Sellers (dir.)066 Le Passager Patrick Senécal067 L’Eau noire (Les Cités intérieures -2) Natasha Beaulieu

  • 068 Le Jeu de la passion Sean Stewart069 Phaos Alain Bergeron070 (N) Le Jeu des coquilles de nautilus Élisabeth Vonarburg071 Le Salaire de la honte Maxime Houde072 Le Bien des autres -1 (Les Gestionnaires de l’apocalypse -3) Jean-Jacques Pelletier073 Le Bien des autres -2 (Les Gestionnaires de l’apocalypse -3) Jean-Jacques Pelletier074 La Nuit de toutes les chances Eric Wright075 Les Jours de l’ombre Francine Pelletier076 Oniria Patrick Senécal077 Les Méandres du temps (La Suite du temps -1) Daniel Sernine078 Le Calice noir Marie Jakober079 Une odeur de fumée Eric Wright080 Opération Iskra Lionel Noël081 Les Conseillers du Roi (Les Chroniques de l’Hudres -1) Héloïse Côté082 Terre des Autres Sylvie Bérard083 Une mort en Angleterre Eric Wright084 Le Prix du mensonge Maxime Houde085 Reine de Mémoire 1. La Maison d’Oubli Élisabeth Vonarburg086 Le Dernier Rayon du soleil Guy Gavriel Kay087 Les Archipels du temps (La Suite du temps -2) Daniel Sernine088 Mort d’une femme seule Eric Wright089 Les Enfants du solstice (Les Chroniques de l’Hudres -2) Héloïse Côté090 Reine de Mémoire 2. Le Dragon de Feu Élisabeth Vonarburg091 La Nébuleuse iNSIEME Michel Jobin092 La Rive noire Jacques Côté093 Morts sur l’Île-du-Prince-Édouard Eric Wright094 La Balade des épavistes Luc Baranger095 Reine de Mémoire 3. Le Dragon fou Élisabeth Vonarburg096 L’Ombre pourpre (Les Cités intérieures -3) Natasha Beaulieu097 L’Ourse et le Boucher (Les Chroniques de l’Hudres -3) Héloïse Côté098 Une affaire explosive Eric Wright099 Même les pierres… Marie Jakober100 Reine de Mémoire 4. La Princesse de Vengeance Élisabeth Vonarburg101 Reine de Mémoire 5. La Maison d’Équité Élisabeth Vonarburg102 La Rivière des morts Esther Rochon103 Le Voleur des steppes Joël Champetier104 Badal Jacques Bissonnette105 Une affaire délicate Eric Wright106 L’Agence Kavongo Camille Bouchard107 Si l’oiseau meurt Francine Pelletier108 Ysabel Guy Gavriel Kay109 Le Vide -1. Vivre au Max Patrick Senécal110 Le Vide -2. Flambeaux Patrick Senécal111 Mort au générique Eric Wright112 Le Poids des illusions Maxime Houde113 Le Chemin des brumes Jacques Côté114 Lame (Les Chroniques infernales) Esther Rochon115 Les Écueils du temps (La Suite du temps -3) Daniel Sernine116 Les Exilés Héloïse Côté117 Une fêlure au flanc du monde Éric Gauthier118 La Belle au gant noir Robert Malacci119 Les Filles du juge Robert Malacci120 Mort à l’italienne Eric Wright121 Une mort collégiale Eric Wright122 Un automne écarlate (Les Carnets de Francis -1) François Lévesque123 La dragonne de l’aurore Esther Rochon124 Les Voyageurs malgré eux Élisabeth Vonarburg

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  • 5150, RUE DES ORMESest le cinquième volume de la collection «GF»

    et le cent cinquantième titre publiépar Les Éditions Alire inc.

    Cette version numérique a été achevée en juin 2010 pour le compte des éditions

  • Il s’appelle Yannick Bérubé, il a vingt-trois ans, il est séquestré au 5150, ruedes Ormes, dans la ville de Montcharles,et c’est pourquoi il a décidé d’écrire sonhistoire.

    Or, si son récit débute par une banalechute à bicyclette, la suite bascule rapi -dement dans l’horreur, car la famillequi le retient pri sonnier est loin d’êtrenormale : Jacques Beaulieu, le père, estun psychopathe qui ne jure que par lejeu d’échecs et qui se prend pour ledernier des Justes ; Michelle, l’adoles-cente, semble encore plus dangereuseque son père ; Maude, l’épouse et lamère, est obsédée par le Seigneur et elleobéit aveuglément à son mari. Quant àla petite Anne, elle est muette et sesgrands yeux immobiles res semblent àdes puits de néant…

    Pour Yannick Bérubé, l’enjeu est simple:il doit s’évader à tout prix de cettemaison de fous, sinon il va y laisser sapeau… ou sa raison !

    UN THRILLER OBSÉDANT,TRÈS SOUVENT

    INQUIÉTANT, MAISÔ COMBIEN MAGISTRAL !

    Alibis

    … ON APPELLE ÇAUN PAGE TURNER.

    UN LIVRE QU’ON LITEN ÉTAT DE TRANSE.

    Clin d’œil

    17,00 € TTC 24,95 $

    CONCEPTION DE L’AFFICHE : ALEXANDRE RENZO

    Table des matières1

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