3textes de Debussy

9
7/21/2019 3textes de Debussy http://slidepdf.com/reader/full/3textes-de-debussy 1/9 Société Française de Musicologie Trois textes de C. Debussy Author(s): Claude Debussy Reviewed work(s): Source: Revue de Musicologie, Vol. 48, No. 125, Claude Debussy (1862-1962) Textes et documents inédits (Jul. - Dec., 1962), pp. 41-48 Published by: Société Française de Musicologie Stable URL: http://www.jstor.org/stable/927159 . Accessed: 04/03/2013 04:58 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at  . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp  . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].  . Société Française de Musicologie is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue de Musicologie. http://www.jstor.org This content downloaded on Mon, 4 Mar 2013 04:58:26 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Société Française de Musicologie

Trois textes de C. DebussyAuthor(s): Claude DebussyReviewed work(s):Source: Revue de Musicologie, Vol. 48, No. 125, Claude Debussy (1862-1962) Textes etdocuments inédits (Jul. - Dec., 1962), pp. 41-48Published by: Société Française de Musicologie

Stable URL: http://www.jstor.org/stable/927159 .

Accessed: 04/03/2013 04:58

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TROIS TEXTES DE

C.

DEBUSSY

CONSIDERATIONS SUR LE PRIX DE ROME

AU

POINT DE VUE

MUSICAL

par

ClaudeDEBUSSY 1.

I

y

a diverses

agons

e

parler

du

prix

de Rome...

On

peut

d'abord trouver

cette institution

tupide...

opi-

nion

qui

se traduit

g6ndralement

ar

cette

apostrophe

((

Enfin Monsieur

voulez-vousme

dire

pourquoi

on

envoie

les musiciens Rome? )

A

quoi

l'on

rdpond ue

cette nstitution

st

passde

t

l'

tat

de

superstition

ans

certains

milieux.Avoir eu ou ne

pas

avoir

eu

le

prix

de Rome

r6solvait

a

question

de

savoir si l'on

avait

oui

ou non du

talent.

Pour

ne

pas

etre nfaillible '6tait

du

moins

un

moyen

commode

de

pr6parer

l'opinionpublique

une

compta-

bilite

facile tenir.

Malheureusement,

n

perd

pied

tout

de suite

en

constatant

que

M.

C.

Saint-Sai3ns,

hef officiel

e la

jeune

6cole

frangaise,

n'a pas eu le Prix de Rome,pas plus que M. Vincentd'Indy,

chef

lu

par

un

autre

groupe

plus

jeune...

Sans

discuter

a

valeur

personnelle

e ces

deux

hommes,

ls

sont

egalement

repr6sen-

tatifs

. De

les

voir

exclus

de

ce

(

palmares peut

faire roire

h

quelque

chose

de vicieux

dans la

fagon

de distribuer

'honneur

d'en

faire

partie,

par

la raison

ogique qu'ils

semblaient

esignes,

plus que

tous

autres,

cet

honneur.

A

vrai

dire,

e

suis

en

mauvaise

posture

pour

critiquer

ette

institution.

'ai l'air

de faire

fi

d'un

plat

dont

'ai mang6

omme

i. Article

paru

dans

Musica,

mai

1903,

p.

118.

Le

0o

juin

de la m?me

annie,

Debussy

publiait

dans Gil

Blas

c(

Les

impressions

d'un

Prix

de

Rome

),

texte

entierement

iff6rent

ui

a

6te

r66dit6dans M.

Croche nti-

dilettante.

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42

TROIS TEXTES

DE C. DEBUSSY

beaucoup

d'autres

puisque

j'ai

eu

le

prix

de Rome et

me suis

assis

'

la

table de la Villa

M6dicis,

i du

moins

on

peut appeler

ainsiun rdgimeui tientdu restaurant ihpourI fr.25 on nous

d6truit

'estomac

pour

e

restant

e

nos

jours

-

(Je

me

rappelle

avec

encoreun

peu

d'effroi n

certain

plat

nomme

prdtentieuse-

ment

Roba dolce

>

oui

un

gofit

e

p6trole

'alliant

sourdement

a de

la creme

tournde,

endait

bien

melancolique

notre

eune

fierte

d'etre

Prix de

Rome).

-

Laissons

de

c6td

ces

considera-

tions

toutes

matirielles

t

peut-etrendignes

e

jeunes

gens

assez

6pris

d'art

pour

en oublier

a

plus

el1mentaire

ygiene...

l

y

a

des

raisons

plus

hautes

de discuter ette

institution;

n les

a

formuldesn peu partoutet meme& la Chambredes D6putis;

jusqu'ici

cela n'a

pas

servi

"

grand'chose.

Remarquez

ue je

trouve ort ien

que

l'on

facilite

des

jeunes

gens

de

voyager ranquillement

n

Italie

et en

Allemagne;

mais

pourquoi

restreindre

e

voyage

a

ces deux

pays

?

Pourquoi

sur-

tout

ce

malencontreux

ipl6me

qui

les assimile

&

des animaux

gras

? Au

surplus,

e

flegme

cademique,

vec

lequel

ces

Messieurs

de

1'Institut

6signent

elui d'entre

ous

ces

jeunes

gens qui

sera

un

artiste,

st touchant

d'ingenuit6

onfiante.

u'en

savent-ils

Oi prirent-ilsant d'assurance diriger ne destinde ussi alka-

toire

La

musique

est

une

mathematique

mystdrieuse

ont les

"61-

ments

participent

e

l'Infini.

Elle

est

responsable

u

mouvement

des

eaux,

du

jeu

de

courbes

ue

decriventes brises

hangeantes;

rien

n'est

plus

musical

qu'un

coucherde soleil Pour

qui

sait

regarder

vec

emotion

'est

la

plus

belle

legon

de

d6veloppement

&crite

ans

ce

livre,

as

assez

frdquent6

ar

les

musiciens,

e

veux

dire

la

Nature...

ls

regardent

ans

es

livres,

traverses

maitres,

remuant

pieusement

ette

vieille

poussiere

sonore; c'est bien,

mais

l'art

est

peut-etre

lus

loin

Pour

revenir u

Prix

de

Rome,

on

juge

ce concours

ur

une

ceuvre

ppel6e

(

Cantate

,

forme

ybride

ui

participe

maladroi-

tement

e

l'Op6ra,

dans

ce

que

celui-ci

de

plus

banal;

ou

de

la

< symphonievec personnages hantants), trouvaille

vraiment

( institutaire dont

je

ne conseillerai

personne

e se

d6clarer

l'auteur

I1

me semble aussi

impossible

e

juger

que

de savoir

si

ces

jeunes gens

savent

eur m6tier e

musicien,

ur

un tel

tra-

vail...

D'ailleurs

on sait comment

es

choses

se

passent

?...

Quelques

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TROIS

TEXTES

DE C.

DEBUSSY

43

mois

avant

le

concours,

n

entraine

es

concurrents

ur

(

a

piste

Cantate

)

(tel

un

cheval

pour

e

grand

Prix),

on cherche ans

les

cantatesprim.es ntdrieurementa formule ouravoirle prixet

le tour est

jou6,

a la

grande

oie

des

parents

t de

l'assistance

t

l'on

a,

par-dessus

e

march6,

'accolade

de

M. Th.

Dubois. Sans

parti

pris

ni

paradoxe,

'est

a

peu pres

toutce a

quoi

sert e

Prix

de

Rome.

Si l'on

tient bsolument

d6livrer

n

titre,

e

pourrait-on as

s'en tenir

un

(

certificat

e

hautes

6tudes ? Mais

pas

ce

(

cer-

tificat

'imagination

,

inutilement

rotesque

t

pas

stir

du

tout.

11

peut

mime

devenir

dangereux,

es

faveurs

fficielles

ttachdes

au titre de Prix de Rome nous valent d'entendre eaucoupde

mauvaises

musiques,

t

les

familles nxieuses

de

l'avenir

de

leurs

enfants

y

trouvent

n

encouragement

depuis

surtout

ue

la

carriere

d'ing6nieur

st

si

encombrde. ar d'autres

c6t6s,

cette

espece

de surculture le

grave

defaut

d'6loigner

es

jeunes

musi-

ciens

de la

musique

pure;

cette

maudite

<

cantate leurdonnant

prdcocement

e

gofit

du

theatre theatre

ui

dans

beaucoup

de

cas

n'est

que 1'agrandissement

xaspdr6

e a

cantate).

A

peine

reve-

nus

de

Rome, ls

font a

chasse au

livret,

ris

d'une

hUte

febrile

e

marcherur la trace de leurs

aints.

- Renana dit quelque part

(a

moins

que

ce

soit M.

Barris)

que

c'est

pretention

t

echec

d'6crire avant

la

quarantaine.

On

pourrait

ustement

6tendre

cette

opinion

usqu')

la

musique dramatiquequi,

a

moins

de

g~niale

exception,

e

prend

de

reelle

valeur

que

vers cet

Age.

Lorsqu'on

se

plaint

du

peu

de

symphonies

ue

la

France

peut

opposer

ux

autres

pays,

il

faut

peut-etre

n accuser

e

Prix

de

Rome

?

Si

j'avais

le

golit

de la

statistique,

e

d6montrerais

acile-

mentque toute a musique ymphonique,u

"

peu pris,neporteaucune

estampille

fficielle.

uand

elle la

porte

ga

ne donne

pas

toujours

e

que

l'on

en

attendait,

'en

citerais

n

illustre

xemple

M.

Massenet Ne le

vit-on

pas

tout

dernierement

aire es

d6buts

dans

la

musique

symphoniqueorsqu'il

fit

ex6cuter

u Conser-

vatoire

un

concerto

pour piano

et orchestre

...

Avec

un

peu

d'irr6virence

n le

renvoya

&

Manon

Ce

concerto

'etait

proba-

blement

as

plus

mauvais

qu'un

autre,

eulement

l'education

t

les

tendances

de

M.

Massenet

'eloignerent

e

la

musique

pure,

il ne pouvaitplusy rdussirvec la sfiret6riomphanteont l est

coutumier

u

theAtre.

Quant

a

la

musique

de

chambre,

Mozart,

Beethoven,

chu-

mann,

tc.,

en

ont

beaucoup

crit.C'est

heureux,

ar le

rdpertoire

moderne

peut

se

compter

ans

respirer.

l flIchit

ous

le

poids

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44

TROIS TEXTES

DE C.

DEBUSSY

lourd

du

Pass6,

non

pas qu'il

ne

contienne ucuneceuvre

arfaite,

mais

on

ne

l'encourage as

assez.

Je

ne

parle

pas

de

la sonate

en g6ndral, i de la sonatepour piano en particulier; es consi-

d6rations ont

nactuelles.

Aussi,

n'avons

nous

guere

pour

repre-

senternotre

epoque qu'une

seule sonate

pour

piano

:

celle

de

Paul

Dukas.

Par

la

grandeur

e sa

conception

lle

prend

place

immediatement

pres

es

sonates

de

Beethoven.

e

futun

6v6ne-

ment

considerable

ui pouvait

encourager

es

amateurs

e

hautes

sp6culations.

Toutefois

l

faut avouer

que

ce

genre

de

musique

reclame

une

alchimie

articuliere laquelle

l

faut offrira

chire

petite

tran-

quilit' en holocauste ... C'est dur a souteniret absolument mpro-

ductif.

Adieu

les

bons

droits

d'auteur,

a si flatteuse

oign6e

de main

directoriale.

n

n'est

plus qu'une

espice

de

savant

parti-

culier t

vos confreres

ous

regardent

vec cette condescendance

que

le succes

rend

meprisante.

Mais

revenons

u Prix

de

Rome, e

vous

prie.Si l'on veut bien

accepter

pour

un instant e (( certificat e

hautes

6tudes

),,

donn6

ur

'ensemble

es

6tudes,

t

qui

prouverait

que

l'on

connait

toute

la

musique

et

toutes

ses

formes,

u'on

envoie

les

jeunes

titulaires

travers

toute

l'Europe,

qu'ils

se

choisissent

n maitre

ou,

s'ils

le

peuvent

rencontrer,

n

brave

homme

qui

leur

apprenne

que

l'Art n'est

pas

n6cessairement

born6

ux

monuments

ubventionnes

ar

1'Itat,

qu'il

faut

'aimer

a

travers outes

es

visions,

outes

es

miseres,

t

ne

amais

compter

sur ui pourse faire ne ((situation. Thchons onc de reprendre

ces

belles

traditions

e

jadis

qui

virent es artistes

iers

e

leur

maitre

t

susceptibles

e devouement

ntre

ux,

car s'ils

luttaient

pour

'Art,

'6tait

ans

a

firocite

ui

caracterise

es

temps

modernes.

Pourtant

n

peut

se

rappeler

ans

emotion

e

paysage

adorable

que

dessinent

es arbres

de

la

Villa

M6dicis,

t

que prolonge

a

douceur

violette

des

montagnes

mbriennes.

'architecture

e

la

((

Loggia)),,

ux

lignes

e

marbre

i

purement

ecoratives

eut

aussi

faire

ever

ndefiniment.

l

me

semble

u'a

peu

de

frais

on

pou-

vait faire6difier ans ce cadre,une de ces universit6sui sont

l'orgueil

d'Oxford

il

n'aurait

pas

6td

inutile

non

plus

de

s'en

assimiler

es conditions

materielles

ces

dernieres,

la Villa M6di-

cis,

sont mddiocres

.a

tous

point

de

vue et ne donnent

ucune

fiert6

'

tre francais.

ourtant

e cadreserait

peut-etre

lus

beau

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TROIS

TEXTES

DE

C.

DEBUSSY

45

qu'Oxford

et contiendrait

utant

de

Pass6

somptueux...

Cette

Villa

M~dicis

qui

domine Rome de toute

sa hautaine

beaut6,

n'aurait-elle as dfi

tre

un

centred'intellectualit6 ibrante

de

tous les arts

qu'elle

contient,

fi

'on

seraitvenu avec une

jeune

joie

confiante.

Malheureusement

lle

n'est

pour beaucoup qu'un

endroit

o5i

'on vient

faire

(

son

temps

...

La,

(

les

exercices

)

sont

remplac6s ar

des

((

envois

)

dont

la

qualit6

ne

prouve

pas

absolument

u'on y

travaille

beaucoup.

Conclusion

m6lancolique ui

tend

a

prouver

mieux

que

toute

critique

'inutilit6

u

Prix de

Rome,

au

moins

pour

accomplir

les destin6es

'art

par

lesquelles

e vdrifie

a

beaut6d'une

epoque.

UNE

D1CLARATION

(

ARRANGIE

n

DE DEBUSSY

EN

1904

1

...

La

souriante

roniede M.

Debussy

me

fit

oublier

es

graves

problimes.

La

musique

frangaise,

me

dit

M.

Debussy,

c'est

la

clart6,

'l6gance,

la d6clamation

imple

t

naturelle

la

musique

frangaise

eut avant

tout,

faireplaisir.Couperin,

ameau,

voilk

de vrais Frangais Cet animalde Glucka tout

g&td.

A-t-il6te

assez

ennuyeux

assez

p6dant

assez

boursouffil

Son succes me

parait

nconcevable.

t

on

l'a

pris

pour

modile,

on a

voulu

l'imi-

ter

Qu'elle

aberration

Jamais

l

n'est

aimable,

et homme

Je

ne

connais

u'un

autremusicien

ussi

insupportable

ue

lui,

c'est

Wagner

Oui

ce

Wagner

qui

nous

a

inflig6

Wotan,

le

majes-

tueux,

le

vide,

l'insipide

Wotan

...

-

Apres Couperin

et

Rameau,

quels

sont,

elon

vous,

es

grands

musiciens

rangais

Que

pensez-

vous,par exemple,de Berlioz - Berlioz est une exception n

monstre.

l n'est

pas

du tout

musicien;

l donne

'illusion

de

la

musique

vec des

proc6des

mprunt6s

la

litteraturet

'

la

pein-

ture.

D'ailleurs

je

ne vois

pas

grand'chose

de

particulierement

frangais

n lui.

Le

genie

musical

de la

France,

'est

quelque

chose

comme

a

fantaisie

ans la

sensibilit6.

Et C6sar Franck

-

Oh

C~sar

Franck

n'est

pas

frangais,

l

est

belge.

Mais

oui

il

y

a une

6cole

belge

apr

s

Franck,

ekeu

en est

un

des

plus

remar-

quables

reprdsentants,

e

Lekeu,

e

seul

musicien,

ma

connais-

sance, qui ait subi l'influence e Beethoven.L'action de C6sar

I.

P.

Landormy,

L'6tat actuel

de la

musique frangaise

in Revue

bleue,

2

avril

1904,

p.

422.

On

verra,

p.

9,

ce

que pensait Debussy

de

la mani're

dont

Landormy

rapporta

ses

propos.

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46

TROIS

TEXTESDE C.

DEBUSSY

Franck

sur

les

compositeurs

rangais

e

reduit

peu

de

chose;

il

leur a

enseigne

ertains

proc6dds

'ecriture,

mais leur

nspira-

tion n'a aucunrapport vec la sienne. Quel nomciterez-vous

donc

qui

repr6sente

vos

yeux

la

musique

frangaise

du

XIXe siecle

?

-

J'aime

beaucoup

Massenet.

Massenet a

compris

le vrai

r6le

de

l'art

musical.

l

faut

debarrassera

musique

de

tout

appareil

cientifique.

a

musique

doit

humblement

hercher

i

faire

plaisir

il

y

a

peut-&tre

ne

grande

beaut'

possible

dans

ces

limites.L'extreme

complication

st le

contraire

e

l'art.

II

faut

que

la

beautd

soit

sensible,

u'elle

nous

procure

une

jouis-

sance

immediate,

u'elle s'impose

ou

s'insinue

n nous

sans

que

nousn'ayonsaucun effort fairepourla saisir.VoyezLeonard

de

Vinci,

voyez

Mozart.

Voilk

de

grands

rtistes

,

A PROPOS

DE

CHARLES

GOUNODI

Beaucoup

de

gens

sans

parti pris,

c'est-a-dire

ui

ne

sont

pas

musiciens,

e

demandent

pourquoi

l'Opdra

s'obstine

h

jouer

Faust

?

Il

y

a h

cela

plusieurs

aisons

dont la

meilleure

st

que

l'artde Gounodrepresenten moment e la sensibilit6rangaise.

Qu'on

le

veuille

ou

non

ces choses

1&

ne

s'oublient

pas.

A

propos

de

Faust,

des

musicographes

minents

nt

reproch6

a

Gounod

d'avoir

ravesti a

pens6e

e

Goethe

les

memes

minents

personnages

e

pensbrentamais

A

s'apercevoir

ue

Wagner

vait

peut-etre

auss6

e

personnage

e

Tannhauser

ui,

dans

a

lhgende,

n'est

pas

du

tout

ebon

petit

garcon

epentant u'en

a

fait

Wagner

et dont

le

baton bruil6

u

souvenir

de

Venus

n'a

jamais

voulu

refleurir.

ans

cette aventureGounod

est

peut-etre ardonnable

parce qu'il

est

Frangais;

tandis

que

Tannhauser t

Wagner

tant

tous

les deux

Allemands,

ela

reste

ans

excuse.

Nous

aimons

tant

de

choses

en

France

que

nous

en aimons

peu

la

musique.

ourtant

l

y

a

des

gens

ris

forts

ui

d'en

entendre

tous les

jours

et de

toutes

es

marques

se declarentmusiciens.

Seulement

ls

n'

crivent

amais

de

musique...

ls

encouragent

es

autres. C'est

generalement

omme

cela

que

l'on cree

une

6cole.

A

ceux-lh,

n'allez

pas parler

de

Gounod;

ils

vous

mepriseraient

du haut de leursdieux,dont la qualite la plus charmante st

d'etre

nterchangeables.

ounod

ne

faisait

partie

d'aucune

6cole.

Et

c'est

un

peu

l'attitude

habituelle

es

foules

qui,

a

beaucoup

I.

Paru

dans

lMusica,

juillet

19o06

(consacr6

'

Gounod),

p.

99.

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TROIS

TEXTES

DE C.

DEBUSSY

47

de

sollicitations

sthetiques, epondent

n retournant ce

quoi

elles

se

sont accoutumdes. e

n'est

pas toujours

du

meilleur

ouit.

Cela oscille,sans pr6caution, u Pere la Victoire la Walkiire,

mais

c'est ainsi. Les

personnes ui

composent

i

curieusement

l'l1ite peuvent

battre du

tambour

pour

des

noms

c6lbres

ou

autoris6s,

ela

passe

comme ne

forme

e

chapeau.

Rien

n'y

fait

les 6ducateurs

y

perdent

eur souffle

le

grand

cceur anonyme

de

la foule

ne se

laisse

pas

prendre

l'art

continue souffler

iN

il

veut...

L'Opera

s'obstine

jouer

Faust.

On

devrait,

pourtant,

n

prendre

on

parti

et admettre

ue

l'art

est absolument

nutile

a

la foule. 11 n'est

pas

davantage

l'expressiond'une elite - souvent plus bete que cette foule -;

c'est

de

la

beaute en

puissance

ui

eclate au moment

ui

l le

faut,

avec

une

force

fatale et

secrete.

Mais

on

ne

commande

as plus

aux

foules

d'aimer a

beautd,

qu'on

ne

peut

d~cemment

xiger

qu'elles

marchent

ur

les mains.

En

passant,

l est h

remarquer

que,

sans

preparation

ucune,

'action

de Berlioz

sur

la foule

st

presque

unanime.

Si

l'influence

e

Gounod

est

niable,

celle de

Wagner

est

evi-

dente;

pourtant,

lle

n'atteignit amais que

les

specialistes,

e

qui revient& direqu'elle est incomplete.l fautavouerque rien

ne

fut

plus mdlancolique ue

cette 6cole

nDo-wagnerienne

i'

le

g6nie

frangais

ombra dans des

contrefagons

e

((

Wotans

,)

en

demi-bottes

t

de

((

Tristans en vestonde velours.

Si Gounod

ne decrit

pas

la courbe

harmonieuse

u'on

pouvait

lui

souhaiter,

n

doit

e

louerd'avoir

su

6chapper

u

g6nie

mp&-

rieux de

Wagner,

dont le

concept

tout allemand ne se

justifie

pas

tris

nettement ans

ce

qu'il

voulut d'une

fusion

des

arts.

Ce

qui

maintenant

'est

guereplus qu'une

formule

ui

achalande

la

littdrature.

Gounod,

avec

ses

defaillances,

st n6cessaire. 'abord

:

il

est

cultiv6;

il

connait

Palestrina,

ollabore

vec

Bach. Son

respect

des traditions

st assez

clairvoyant our

ne

pas

clamer

e nom

de Gluck

-

autre

influence

trangere

assez mal d6terminde.

I1

recommande

plut6t

Mozart

a

l'amour

de

jeunes

gens,

-

preuve

de

grand

d6sinteressement

car

jamais

il ne s'en

inspira.

Ses

relations

vec Mendelssohn

urent

lus transparentes,

uisqu'il

ui

doitcettefagon e developpera mdlodie n etagere, i commode

quand

on

n'est

pas

en train

influence,

n

somme,

eut-etre lus

directe

ue

celle

de

Schumann).

Au

surplus,

Gounod

aisse

passer

Bizet,

et c'est

tres bien. Malheureusement

e dernier

meurt

rop

t8t,

et

quoique

laissant

un

chef-d'oeuvre,

es

destinies

de

la

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7/21/2019 3textes de Debussy

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48

TROIS TEXTES

DE

C. DEBUSSY

musique

frangaise

ont remises

n

question.

La voici

encore,

elle

une

jolie

veuve

qui,

n'ayant

autour

d'elle

personne

'assez fort

pour la conduire, e laisse aller dans des bras etrangers ui la

meurtrissent.

n ne

peut

nier

qu'en

art

certaines

lliances

ne

soient

n6cessaires;

au

moins

faut-il

y apporter

uelque

delica-

tesse et

choisir

elui

qui

crie e

plus

fortn'est

pas

suivre

e

plus

grand.

Ces alliances

ne sont

trop

ouvent

u'interess6es

t

cachent

plut6t

le

moyen

de

ranimer

un succes d6faillant.

Comme

les

mariages

de

raison,

cela finit

mal.

Recevons

g6ndreusement

e

qui

s'importe

'art

en

France;

seulement

e nous laissons

pas

duper;

ne tombons

pas

dans l'extase

a

propos

de

mirlitons.

Soyonspersuadds ue cetteattituden'a pas de r6ciproquebien

au

contraire,

otre

mabilite

donne

aux

etrangers

ette

severit6

sans

civilit6,

peine

ridicule,

puisque

nous l'avons

provoqu'e.

Pour conclure

es notes

rop

brives

pour

es

idles

qu'elles

remuent,

et,

quelquefois,

ontradictoires

Gounod,

prenons

ans

raideur

dogmatique

'occasion

de

saluer

respectueusement

on

nom.

Cons-

tatons

ncore

ue

les

raisons

e

durer ans a

memoire

es

hommes

sont

multiples

t

n'ont

pas toujours

besoin

d'etre

consid6rables

6mouvoir

ne

grande

partie

de

ses

contemporains

st

un

des

meil-

leursmoyens.Nul ne songera nierque Gounods'y employa

gendreusement.

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