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CPPAP N° 0713 S 06569 décembre 2012 4,60 133 133 Plus forts ensemble ! www.unsa-education.org la fédération des métiers de l’Éducation

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CPPAP N° 0 7 1 3 S 0 6 5 6 9

décembre 2012

4,60 €1 3 31 3 3

Plus forts ensemble !

www.unsa-education.org

la fédération des métiersde l’Éducation

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LAURENT ESCURESECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’UNSA ÉDUCATION

éd

ito

N° 133 • décembre 2012 3

Retrouvez les éditoriaux de Laurent Escuresur le site d’infos en temps réel : unsa-education.org

En # 2013, le numérique,un outil pour l’égalité ?

e hashtag ou cardinal, dont le signetypographique est le croisillon « # », est

devenu, en quelques années, la nouvellestar de la sphère numérique. Marqueur demétadonnées, on le retrouve notammentsur Twitter comme balise permettant d’iden-tifier, de repérer et d’organiser un sujetcommun de conversation. Vingt ans aprèsl’invention du texto, il symbolise l’incroya-ble bouleversement technologique qui amodifié en profondeur la vie profession-nelle et personnelle de nos concitoyens.

Selon certains philosophes, derrière lesécrans, se tiendrait désormais l’homo-numericus. C’est peut-être excessif maisl’image montre l’ampleur de cette révolu-tion ou « grande conversion numérique »,pour reprendre le titre du livre de MiladDoueihi . Éducateurs, ce phénomène nousconcerne au premier chef. Il a trop long-temps été ignoré, mésestimé, accusé oudiabolisé. Il est temps d’y voir un levier permettant, au contraire, de réduire lesinégalités éducatives. Cela suppose bien

sûr que les questions de l’équipement et de l’accès au haut débit pour tous soientdéfinit ivement réglées. Mais, déjà, denombreux professionnels de l’Éducation,alors qu’ils ont été plus entravés que sou-tenus, ont fait la preuve de l’intérêt dunumérique et du « web2.0 » pour favoriserla réussite et les coopérations.

Ces technologies en réseaux ne sont-ellespas aussi des sources de danger ? La répon-se est évidemment oui ; alors, raison deplus pour que l’Éducation s’en empare,d’autant que nos jeunes en font un usagequotidien.

L’avant-projet de loi sur l’École prend enfinen compte cette réalité et le gouvernementprésentera son plan numérique en févrierprochain. Il restera à transformer ces en-gagements en actes en s’appuyant sur leséducateurs déjà prêts et en formant lesautres. C’est un défi, certes, mais il mérited’être relevé !

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La Grande conversion numérique, Seuil, 2008

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Les faits marquants de ce numéro

« Soyons Actifs -Linakoun Faiilin ».

Solidarité Laïque et une dizained’organisations de la société civiletunisienne ont lancé, le 9 novem-bre 2012, à Monastir, en Tunisie, leprogramme de coopération tuni-so-français « Soyons Actifs/Lina-koun Faiilin ».

Ce programme, préparé depuis2011, travaillera sur des diagnosticsterritoriaux pour renforcer les dis-positifs d’éducation, de formationet d’insertion professionnelle dansles territoires autour de Gafsa,Kasserine, Sidi Bouzid, Bizerte etdu grand Tunis.

> solidarite-laique.asso.fr

Pour les 30 ans de Handicap International, le sac à sapin est plus solidaire que jamais !

Créé et gérépar HandicapInternational ,ce produit-par-tage écologi-que est le résul-tat d’une lon-gue chaîne des o l i d a r i t é .H a n d i c a pInternat ional

est ainsi la première association àdévelopper ses propres produits-partage. Chaque consom’acteurreverse au minimum 1,50 € per-mettant de f inancer des actionsau Sahel ou en Syrie, par exemple.Prix : 5€ dont 1,50 € au minimumreversés à Handicap International.

La Jeunesse au Plein Airouvre un site consacréà sa 68è campagne de solidarité

Si la prochaine campagne de LaJeunesse au Plein Air, en faveurdu départ en vacances des en-fants, débute le 14 janvier 2013, lesite dédié à cette opération est,dès aujourd’hui, ouvert aux ensei-gnants, aux élèves et aux parents.Ce site permet l’accès aux fichespédagogiques pour animer la cam-pagne dans les classes, les sup-ports de la collecte et l’actualité dela campagne dans les différentsdépartements.

> http://solidaritevacances.jpa.asso.fr

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ma

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C.P.P.A.P.0713 S 06569

Dépôt légal décembre 2012

UNSA ÉDUCATION

87BIS, AVENUE GEORGES GOSNAT94853 IVRY-SUR-SEINE CÉDEX

TEL. : 01 56 20 29 50FAX : 01 56 20 29 89

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Directeur de la publicationFabrice Coquelin

Rédactrice en ChefDelphine Lebahan

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Le prix du numéro est compris dans la cotisation syndicale.

Pour les personnes extérieures au secteur de syndicalisation,

le prix du numéro est de 4,60 €,l’abonnement annuel de 18,40 €.

Actualités de la Fédération9 - 1 0

Enseignement supérieur et Recherche : des assises, et après ... ?

6 - 7

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Formation des enseignants : ambitieuses ÉSPÉ, complexe transition ...1 2 - 1 3

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2 6 - 2 7

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Femmes-hommes : des retraites inégales aussi

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Exit le GIP-GRETA : une dynamique positive pour la formation continue d’adultes

Jeunesse et Sports : il est temps que la ministre réamorce le dialogue social !

Brésil : les laissés-pour-compte du Mondial et des JO

culture « L’Art en guerre », de Picasso à Dubuffet

Sur fond de contrainte budgétaire : la priorité à l’éducation respectée

à la une Abécédaire de la Refondation

N° 133 • décembre 2012

DÉCEMBRE 2012 N° 133

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Société : mariage pour tous

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Abécédaire de la Refondation :ce qui va changer ou pas !De retards en reports, l’avant-projet de loi d’orientation et de programmation surl’École vient d'être rendu public. Sans anticiper sur les débats parlementaires, ni oublier que de nombreux sujets seront traités en dehors du texte de loi, lesgrandes lignes sont, à présent, connues. Voici un extrait de « L’abécédaire de laRefondation » tel que nous pouvons le rédiger aujourd’hui. Retrouvez-le en entier et mis à jour sur le blog du secteur Éducation de laFédération : http://questionsdeduc.wordpress.com

rticles du Codede l’Éducation

La loi d’orientation et de pro-grammation modifiera unecinquantaine d’articles duCode de l’Éducation par desajouts, des suppressions oudes réécritures.

A ollège unique

Il sera réaffirmé dans la loi.L’articulation entre école primaire et collège fera égale-ment partie des affirmationsfortes du texte législatif, avecl’inscription dans les projetsd’école et d’établissement etla mise en place d’un conseilpédagogique commun.

C

ormation des enseignants et des personnels de l’Éducation

C’est, pour nous, un des leviers essentiels dela Refondation de notre système d’Éducation.La création des ÉSPÉ, dès la rentrée 2013,sera inscrite dans la loi, assurant la formationinitiale et continue des enseignants, ainsi quedes personnels d’éducation dans des schémasqui restent à définir.

F

Gouvernance

Jou

rnée

Bac

Droits

d’auteur

Kafkaïen

Sa

nté

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N° 133 • décembre 2012 7

ycée

Il est le parent pauvre de cette étapede la Refondation. Pour autant, si laréforme veut aller jusqu’au bout de salogique, il faudra, dans les années quiviennent, tirer toutes les conséquencesde l’instauration et du renforcementdu socle commun et concevoir unenouvelle organisation du lycée, afin demieux prendre en compte l’articulation« bac - 3 / bac + 3 ». Cette perspectiveet cet objectif sont explicitement indi-qués dans le rapport annexé de la loi.

L

oi d’orientation et de programmation

Si tous les éléments de la réforme ne seront pas dans la loi,car ils ne concernent pas directement la modification desarticles du Code de l’Éducation, la loi de programmationpermet la rédaction d’un rapport annexé qui donne lesaxes forts des ambitions politiques et affirme, au-delàdes aspects techniques du texte législatif, les objectifs quela Nation assigne à son système d’Éducation et les moyensqu’elle lui octroie pour les atteindre. Les 15 pages du présentrapport montrent une réelle ambition pour transformerl’École, la rendre plus juste et permettre la réussite de tous.

L

ndividualisation des parcours

Puisque rien, ou presque,n’est dit sur le lycée, lanotion de parcours modu-laires ou individualisés nesera ni présente dans la loi,ni dans les premiers textesqui en découleront.

I

Travail personnel

Enseignementprofessionnel

Mat

ern

elle

Handicap

Vac

ance

s

Brevet

Numérique

Un

e xiè

me

réfo

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Orientation

Parcoursd’éducation

artistique

Absentéisme

DENIS [email protected]

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Questions à Denis ACHARD,Secrétaire général du SNPCT-UNSA Éducation

La Fédération et ses syndicats

SNPCE-UNSA Éducation :forte progression

Le SNPCE-UNSA Éducation continues o n i m p l a n t a t i o n à l a F o n d a t i o nd’Auteuil, regroupant 5000 salariés.Avec 14,55 % des suffrages exprimés(progression de 45% en trois ans), leSNPCE renforce sa représentativitéet devient la quatrième organisationsyndica le en passant devant FO.C’est la plus forte progression quipermet au SNPCE de désigner undélégué syndical central et un repré-sentant syndical au comité centrald’entrepr ise et d’être présent danst ro is comités d’entreprise régionauxsur cinq (Ile-de-France, Sud Ouest etNord Ouest) et dans onze établisse - ments du personnel.

CEREQ : l’UNSA Éducation renforcée Lors de l ’é lect ion de repré-sentativité au CEREQ (Centred’études et de recherche surles qualifications) l’UNSA Édu-cation obtient deux sièges sursix, avec 31,70 % des suffrages.Cette implantation est le fruitdu travail de terrain mené parnos représentants du SNPTES-UNSA et d’A&I-UNSA .

Congrès du SNMSU-UNSAÉducation

Le SNMSU-UNSA Éducation, premiersyndicat des médecins scolaires et uni-versitaires, a tenu son congrès, les 6 et7 décembre, à Paris, avec pour thèmeprincipal « Santé et éducation : quellearticulation ? ».Le rôle de l’école dans les questions desanté fait consensus. Au regard de l’évolution de la profes-sion, des besoins des élèves, des diffé-rents rapports parlementaires publiéssur la médecine scolaire, les nombreuxcongressistes ont travaillé sur l’articula-tion de la santé et de l’éducation dansl’exercice du métier, avec la commu-nauté éducative et les partenaires. Lesréflexions ont également porté sur l’organisation et le pilotage à favoriser,ainsi que sur la place du médecin del’Éducation nationale, dans le dispositifde santé et d’éducation, dans son exer-cice, sa formation et sa spécialisation.

Elections professionnelles : nos syndicats s’implantent et progressent dans le champ des conventions collectives

rep

ères

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Le SNPCT (Syndicat national des Professeurs Chefsde Travaux) est devenu, depuis le 12 décembre 2012,le 22è syndicat de l’UNSA Éducation. Cette nou-velle affiliation renforce l’ensemble de la Fédéra-tion et donne plus de poids à son projet syndical.

Peux-tu nous présenter ton syndicat et ses priorités ?Le SNPCT a été créé le 22 octobre 1977, il est im-planté dans toutes les académies. C’est une or-ganisation démocratique qui, par ses actions res-ponsables, concentre son action à la défense des conditions de vie et de travail et de la qualité del’Enseignement Technologique et Professionnel. Ses adhérents sont des Professeurs Chefs deTravaux des lycées technologiques, lycées profes-sionnels et des EREA (Établissements régionauxd’enseignement adapté) ; ils sont partie prenantedes équipes de direction des EPLE (Établissementspublics locaux d’enseignement).

Quelles perspectives représente votre affiliation à l’UNSA Éducation ?Les perspectives sont aussi dans les justificationsqui ont fait que nous avons voté l’adhésion. En effet, d’importantes convergences de vue nousréunissent, particulièrement sur les enjeuxmajeurs de l’évolution du système éducatif et ledevenir des formations technologiques et profes-sionnelles. Comme nous, l’UNSA Éducation estune organisation réformiste, revendicative et trèsattachée à la conception républicaine du statut dela Fonction Publique et aux principes de la Laïcité.

À l’heure où notre métier souffre, encore et toujours,d’un déficit de reconnaissance par l’Institution, noussommes convaincus que la défense des intérêts desProfesseurs Chefs de Travaux passe par le rappro-chement de personnels de corps différents. Noussommes persuadés aussi de la valeur ajoutée, en

termes de représentativité et d’efficacité, pourêtre plus forts ensemble, notamment lors desélections professionnelles académiques et natio-nales, en faisant partie d’un réseau unique desyndicats représentatifs, autonomes et solidaires.

ALAIN [email protected]

Syndicat nationaldes Professeurs Chefs de Travaux

Le SNPCE-UNSA Éducation, avecl’aide de la Section départementalede Dordogne, vient de créer une nou-velle section à l’APEI de Périgueux.

SEP-UNSA : représentatif aux CEMEA

Pour la première fois, le SEP-UNSA seprésentait aux élections concernantles 326 salariés des CEMEA. Avec 36%des voix, le SEP-UNSA entre au comi-té d’entreprise et devient pour sa pre-mière participation le deuxième syndi-cat représentatif aux CEMEA.

Après la création de sections syn-dicales dans le réseau InformationJeunesse, dans les CSC, à la Ligue de l’Enseignement ou encore auxFrancas, le SEP-UNSA poursuit sondéveloppement dans le secteur asso-ciatif.

Propos recueillis par

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N° 133 • décembre 2012

REPÈRES

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[email protected]

FABRICE COQUELIN

L’UNSA Éducation au Salon européen de l’ÉducationL’UNSA Éducation a participé à la quatorzième édition du Salon européen de l’Éducation, du 22 au 25 novembre 2012, lequel a attiré plus de 550 000 visiteurs.

egroupement des plus im-portants salons profession-

nels de l'éducation et d'orien-tation des jeunes, le Saloneuropéen de l’Éducation cons-titue le rendez-vous annuelde toute une profession etd’une jeune génération enquête d’informations et d’é-changes directs.

La Fédération UNSA Éduca-tion, au-delà du stand surlequel elle a reçu des collègueset étudiants intéressés par lesmétiers de l’Éducation, a par-ticipé à plusieurs conférences,débats, ateliers ou tables ron-

des : GNIES (Groupe nationald'information et d'éducationsexuelle), 1 cahier 1 crayon deSolidarité Laïque, Réchauffe-ment climatique : comprendrepour agir avec la Casden ...

Ce fut aussi l'occasion, pourses responsables, de passer sesmessages en direct à Jean-MarcAyrault, Premier ministre, àVincent Peillon, ministre del'Éducation nationale, à GeorgePau-Langevin, ministre de laRéussite éducative, ou encoreà Valérie Fourneyron, ministredes Sports-Jeunesse-Éducationpopulaire-Vie associative.

La quinzième édition duSalon se déroulera du 21 au24 novembre 2013.

R

Développement de la communicationde l’UNSA Éducation

Notre Fédération UNSA Éducation s’est engagée, depuis le congrès d’Angers de mars dernier,dans le développement, voire le renouvellement de ses vecteurs de communication numériqueafin de répondre aux attentes, notamment, de ses adhérents et sympathisants. Parmi cespublications, nous vous engageons à prendre connaissance, si ce n’est déjà fait, de :

« Questions d’Éduc » et « Questions de Société » sontdeux publications qui traitent de façon approfondie dedossiers professionnels et sociétaux. Nos derniers numéros :« La décentralisation »« Les langues et cul-tures régionales »,« La formation toutau long de la vie », « Les rythmes sco-laires », ou encore « Jeunesse : généra-tion d’avenir ? ».…

« La Lettre de l’UNSA Éducation »,publiée à un rythme bimensuel,est destinée à vous informer surl’actualité de la Fédération, sesprises de position en fonction del’actualité, les communiqués deses syndicats nationaux.…

Ces publications sont consultables sur le site de la Fédération > http://goo.gl/RwGEW

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SOCIAL

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UNSA : la force de l’autonomieLes implantations de l’UNSA, tant dans le secteur privé que dans la Fonction Publique, font de l’UNSA une organisation interprofessionnelle qui pèse dans le paysage syndical français.

L’UNSA connaît un fort développement, dans le secteur privé Elle compte, maintenant, plusde 600 organisations directe-ment adhérentes, regroupantprès de 8 000 syndicats.

Développer l’UNSA partout :c’est l’affaire de tous !Les enjeux environnemen-taux, les bouleversementséconomiques en cours etl’évolution du droit du travail(accords d’entreprise déroga-toires aux conventions col-lectives) rendent, plus quejamais, nécessaire une actioncommune entre les salarié(e)s,quel que soit leur secteurd’activité.

Dans les entreprises privées, ne pas avoir de délégué(e) syn-dical(e), c’est laisser à d’au-tres le champ libre et le pou-voir de signer des accordsavec la direction qui enga-gent tous les salariés, sansque leur voix ne compte. Dansune entreprise, avoir un(e)délégué(e) syndical(e), c’estpouvoir accéder à la table des

négociations annuelles obli-gatoires (salaire, formation...)pour faire entendre leurs voixet celles de ceux que vousreprésentez. Parmi vos pro-ches, vous connaissez forcé-ment des salariés qui veulents’organiser et ne connaissentpas forcément l’UNSA.N’hésitez pas à les mettre encontact avec nous à l’adresse :developpement@ unsa.org.

L'UNSA a participé à la jour-née d'action et de solidaritéà l'appel de la Confédérationeuropéenne des syndicats

Le mercredi 14 novembre, les85 organisations syndicales,membres de la Confédérationeuropéenne des syndicats, sesont mobilisées « pour l'emploiet la solidarité, contre l'austérité ».Nous voulons « Un contrat so-cial pour l'Europe ».

L'UNSA prend toute sa placedans ce combat car il estessentiel pour l'avenir denotre Europe. « L'austérité, çane marche pas ! ». Nos cama-rades grecs, espagnols, portu-gais peuvent en témoigner.Les politiques d'austériténous emmènent droit dansle mur. Le coût social esténorme. Le chômage explose,la précarité s'accroît, la pau-vreté et l'exclusion se répan-dent. Les inégalités et les in-justices se multiplient. Malgréles sacrifices considérablesimposés aux travailleurs,l'Europe plonge dans la stag-nation économique ou, pire,dans la récession. L'endette-ment des États continue d'au-gmenter. L'UNSA, avec l'en-semble du mouvement syndi-cal européen, dit « stop » !

Nous voulons un changementde cap. Nous voulons :• que le Pacte pour la crois-sance et l'emploi soit mis enœuvre rapidement ; • une véritable réglementa-tion financière ; • que la Taxe sur les transac-tions financières, obtenue ausommet européen de la finjuin, devienne réalité ; • la justice fiscale ;• une véritable gouvernanceéconomique au service duprogrès économique et social ; • mettre fin à la concurrenceeffrénée et au dumping éco-nomique, fiscal et social ;• plus de solidarité pour plusde croissance et d'emplois.

PASCAL [email protected]

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FORMATION DES ENSEIGNANTS

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Ambitieuses ÉSPÉ, complexe transition ...

La formation des personnels enseignants et d’éducation était un champ deruines. La création d’écoles supérieures du professorat et de l’éducation (Éspé)était un engagement de la campagne présidentielle : on en connaît aujourd’huiles contours. Ils témoignent d’une ambition réelle, mais la gestion de la transi-tion entre le « système » ancien et le nouveau dispositif ne sera assurément passimple.

ouvelle positive : les deuxministères concernés par

le dossier (Éducation natio-nale, Enseignement supérieuret Recherche) ont travaillé enétroite collaboration. Quandon veut associer ou, mieux,intégrer la formation univer-sitaire et la préparation aumétier, c’est indispensable.

Les écoles supérieures duprofessorat et de l’éducationseront donc créées par lafuture loi d’orientation surl’Éducation. Elles seront descomposantes universitaires -ce qui implique, comme nousle demandions, la dimension« recherche ». Elles seront le

cadre dans lequel seront for-més des fonctionnaires sta-giaires, lauréats des concours.Elles interviendront dans laformation, tout au long de la vie professionnelle, et ellespourront même s’ouvrir àd’autres métiers de l’Éduca-tion, en particulier, pour desmodules communs.

Le transfert des IUFM (Insti-tuts Universitaires de Forma-tion des Maîtres) académiquesà une université de l’acadé-mie avait parfois (souvent)donné lieu à une foire d’em-poigne. Le modèle retenu estplus ambitieux : on créerales Éspé à partir de projets de

site (entendez par site, enprincipe, une académie) quidevront être portés par lesuniversités (y compris cellesqui ont englobé l’IUFM), dansun projet cohérent associanttous les acteurs. Le principeest celui d’une double ac-créditation (par les deuxministres concernés).

Le ministère de l’Enseigne-ment supérieur et de laRecherche a clairement faitsavoir qu’il ne s’agissait pasde monter localement desprojets concurrentiels. Ce nesera pas facile, ça prendra du temps, mais ça tourneconcrè tement l e dos à l a

N

Vers un concours en fin de première année de masterOù placer le concours ? La question n’est pas nouvelle. En tout état de cause, au même niveau pour l’ensemble des enseignants « comparables » et personnels assimilés (certifiés, CPE, PE, PEPS, PLP).L’agrégation reste un concours spécifique. Les débats, lors de la Refondation, ont montré qu’un consen-sus existait…sur la continuité du processus de formation entre le cycle licence (préprofessionnalisation) etles toutes premières années d’exercice (T1 à T3). Dans ce cadre, l’UNSA Éducation aurait préféré unconcours de recrutement à l’issue de la licence (L3) pour inscrire la formation sous statut de fonctionnai-re stagiaire rémunéré dans un cycle identifié (master). Budgétairement, cela ne rentre pas dans l’épure des« 60 000 postes » sur le quinquennat (ou il faudrait renoncer significativement aux créations d’emploisd’enseignants dans les écoles et établissements, mais aussi, aux moyens à dégager pour les formateursou la formation continue).Dès lors, il ne restait que deux solutions : 1° reporter le concours à la fin du master (M2), ce qui suppose,au minimum, cinq années d’études non rémunérées ; 2° un concours en fin de master 1 permettant derémunérer les étudiants admis au concours comme fonctionnaires stagiaires. Cela règle les problèmes destage en responsabilité, permet au ministère employeur d’être impliqué, mais nécessite un cadrage cohérentet rigoureux de la maquette du master. En tout état de cause, cette solution nous paraît moins gênantequ’un concours relégué en fin de M2, notamment pour les étudiants aux revenus modestes.

>

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FORMATION DES ENSEIGNANTS

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logique « pour avancer je doismarcher sur les voisins » quenous avions dénoncée dans leSupérieur [voir p. 14].

En attendant, la vie continueet, avec elle, les recrutementspour 2013 et 2014. Cela né-cessite des mesures transi-toires : attendre que la for-mation parfaite existe impli-querait de différer les recru-tements d’enseignants sup-plémentaires qu’on attend.En revanche, l’UNSA Éduca-tion souhaite que les ensei-gnants qui seront recrutés,dans cette période de transi-tion, puissent ultérieurementêtre prioritaires pour desactions significatives de for-mation continue.

La tâche est immense. Nousavons ainsi évoqué, auprèsdu ministère, la nécessité derecréer des cycles prépara-

toires pour les enseignantsde disciplines professionnellespour lesquelles il n’existe pas,aujourd’hui, de parcours uni-versitaire, même au niveaude la licence. Nous avons aussisouligné l’importance de dis-poser d’un réseau d’ensei-gnants formateurs ayant reçuune certification spécifique,parce qu’être formateur deformateurs ne s’improvise pas.

Dans le schéma retenu avecun concours en fin de M1[voir encadré], les enseignantspour être titularisés devraient,en fin de cursus, à la fois êtrequalifiés professionnellementpar l’employeur mais aussi,être titulaires du master com-plet : l’université validant lemaster, pas besoin de le revé-rifier. Contrairement à lacourse à l’échalote du modè-le Darcos, il faudra garder le maximum de temps pour

une formation intégrée et passeulement juxtaposée.

Dans un tel système, leconcours sera le vrai « jugede paix » : l’UNSA Éducationdemande donc qu’il soit pro-fessionnalisé et qu’il prenneen compte l’ensemble desconnaissances (disciplinairesou non), nécessaires à l’exer-cice du métier. L’examen desdifférents textes, dans lesprochaines semaines, sera uneétape décisive pour l’avenir.

6 000 emplois d’avenir seront proposés, à partir de janvier2013, aux étudiants en deuxième année de licence (L2) quise destinent à passer les concours de l’enseignement del’Éducation nationale. Ces emplois seront également acces-sibles aux étudiants inscrits en L3 ou M1 (master 1). Le dis-positif est réservé aux étudiants boursiers et vise, en priori-té, les jeunes issus des zones urbaines sensibles, ou ayanteffectué leurs études dans des établissements implantésdans ces zones, ou relevant de l’enseignement prioritaire.C’est un dispositif à trois étages : bourse universitaire clas-sique (critères sociaux) ; emploi d’avenir à temps partiel com-patible avec les études ou la préparation du concours (sansdoute un tiers temps) ; bourse de service public permettantd’assurer aux étudiants retenus dans le dispositif un mon-tant moyen de l ’ordre de 900 € par mois au tota l . Lesemplois d’avenir professeurs seront en activité dans desécoles, collèges et lycées. L’UNSA Éducation a voté pource dispositif de démocratisation du recrutement que nousconsidérons comme un premier pas positif.

Des emplois d’avenir professeurs pour démocratiser le recrutement

Les stagiaires enseignants et personnelsd’éducation sont confrontés à de grandesdifficultés pour obtenir le Certificat en Lan-gue de l’Enseignement supérieur (CLES).Nombre d’entre eux sont désormais dansl’impasse. Si les stagiaires ne détiennentpas ces certifications à la date de titularisa-tion, ils seront licenciés. Or les formations,sont aujourd’hui, en nombre insuffisant, leurcoût peut être prohibitif et leur volume diffi-cilement compatible avec l’exercice à tempsplein du métier. Ces certifications doiventfaire partie de la nouvelle formation initialeet d’autres moyens (formation continue)doivent être utilisés pour y conduire lesactuels stagiaires. C’est le sens de la pétition lancée par leSE-UNSA que soutient l’UNSA Éducation :http://petitioncles.org/.

[email protected]

LUC BENTZ

DENIS ADAM

[email protected]

CLES 2 : pas avant 2014 !>

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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET RECHERCHE

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Des assises : et après ?L’Enseignement supérieur concerne tout le post-baccalauréat [voir encadré], et la Recherche ne se borne pas aux universités et aux organismes tels que le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et l’INSERM(Institutnational de la santé et de la recherche médicale). Pour autant, les boulever-sements considérables, intervenus depuis les lois de 2006 (recherche) et2007 (LRU), ont conduit l’UNSA Éducation et ses syndicats concernés à for-muler spécifiquement « 36 propositions pour reconstruire l’Université et laRecherche publique ».

es deux quinquennats pré-cédents auront visé à met-

tre en œuvre un modèle deconcurrence exacerbée, mar-qué par la loi sur la Recherchede 2006, la loi sur les « liber-tés et responsabilités des univer-sités » de 2007 (LRU) et les dif-férents grands programmes(Idex, Labex, Equipex…). Lesattentes des personnels del’Enseignement supérieur etde la Recherche sont particu-lièrement fortes dans les uni-versités et les organismes derecherche (CNRS, INSERM…).La reconstruction du servicepublic d’Enseignement supé-rieur et de Recherche im-plique un changement radi-cal : il faut passer à un modè-le coopératif.

L’UNSA Éducation et ses syn-dicats nationaux du champ « universités » et du champ « recherche » (A&I-UNSA, SN-PTES-UNSA, Sup’Recherche-UNSA) ont élaboré 36 pro-positions à l’occasion des As-sises nationales. Elles portentsur les principes de la réfor-me, la réussite étudiante, lagouvernance (qui doit rede-venir collégiale), la carte ter-ritoriale et la recherche pu-blique. Complémentaires depropositions développées enjuin dernier, elles sont acces-sibles sur le site internet de laFédération . Ce qui comptepour nous, c’est bien la pré-paration de la loi à venir.

L’UNSA Éducation entend,également, dynamiser la poli-tique de recherche publiqueen privilégiant les créditspublics pérennes pour leslaboratoires, en facilitant lelien universités-organismesde recherche grâce à ces « bri-ques de base » de la recher-che que doivent être les unitésmixtes de recherche (UMR).

Mais avant tout, c’est la réus-site et l’insertion profession-nelle des étudiants qui doi-vent être au cœur de nos pré-occupations : on ne fera pasl’économie des moyens néces-saires pour assumer un meil-leur encadrement de ceux-ci.Il faut une politique ambi-tieuse pour l’Enseignementsupérieur et la Recherche :nous y serons vigilants.

L

[email protected]

LUC BENTZ

(1)

(1) http://goo.gl/4HpAH

Les Assises de l’Enseignement supérieur et de la Recherche concernent un champ plus largeque l’Université et les organismes de recherche. Construire une continuité « bac -3 » à « bac +3 »implique de prendre en compte l’ensemble des acteurs (lycées avec leurs formations post-bac, universités, formations postsecondaires sociales et de santé, diplômes Jeunesse et Sports).

Cette synergie ne sera pas possible sans interaction et cohérence entre les ministères du pôleéducatif ou, plus largement, certificateurs (Santé-Social). Un groupe de travail fédéral a com-mencé à réfléchir à cette question complexe qu’il nous faudra conduire avec pragmatisme etdans la durée.

Construire la continuité bac-3 / bac +3

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REFONDATION

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La culture : un levierde la RefondationL’UNSA Éducation souhaite une démocratisation culturelle.

e développement de la culture de tous etpour tous, l’accès aux œuvres mais égale-

ment aux pratiques, la conservation du patri-moine et l’aide à la création sont des leviersindispensables pour l’émancipation et l’épa-nouissement de toutes et tous.

En tant que fédération de l’Éducation, de laCulture et de la Recherche, l’UNSA Éduca-tion a inscrit l’articulation entre démocrati-sation culturelle et démocratie culturelle aucœur de son projet de société. Si l’enseigne-ment artistique contribue de manière impor-tante à l’Éducation artistique et culturelle,pour nous, il n’en est pas le levier unique.L’apport des associations et des institutionsculturelles, celui des mouvements d’éduca-tion populaire et l’intervention des artistessont autant d’éléments qu’il convient devaloriser. C’est pourquoi nous soutenonsl’idée de parcours artistiques et culturels tels

qu’ils devraient être inscrits dans la loi deRefondation de l’École.

En parallèle, Aurélie Filippetti a annoncé unnouveau grand plan pour l’Éducation artis-tique et culturelle ; le cabinet de la ministrede la Culture et de la Communication travailleavec celui de Vincent Peillon pour donnerune cohérence à l’ensemble de ces projets.

Nous y serons particulièrement attentifs, toutcomme nous le sommes face aux évolutions età l’avenir des personnels de la Culture, commeà ceux des intermittents du spectacle car la fra-gilité de leur système social est inquiétante.

Sur l’ensemble de ces points, l’UNSA Éduca-tion souhaite s’entretenir avec la ministre de la Culture et de la Communication. C’estpourquoi nous lui avons écrit pour solliciterun rendez-vous, une rencontre qui va setenir très bientôt.

L

Des projets éducatifs spécifiqueset ambitieux pour l’outre-merLa Refondation de l’École doit, pour exister, prendre en compte les spécificitésdes collectivités d’outre-mer.

a Refondation de l’École se fixe l’objectifde faire réussir tous les élèves, sur tous

les territoires, à l’issue de la scolarité obli-gatoire. Nous ne pouvons que nous réjouird’une telle ambition, que nous portons dansnotre revendication du socle commun decompétences et de connaissances rénové etrenforcé.

Si cette finalité partagée est indispensable,les moyens pour y parvenir doivent prendreen compte la spécificité des territoires. Celaest vrai en métropole. Cela s’impose encoredavantage pour les collectivités d’outre-mer(COM).

L’existence de zones isolées, la fuite des cer-veaux, le fort taux d’illettrisme, la faiblecapacité d’investissement des collectivitéslocales, la place particulière du créole fontpartie des nombreuses difficultés que ren-contrent, entre autres, la Guyane, la Gua-deloupe, la Martinique et la Réunion, et quise posent lorsqu’on évoque la Refondation

de l’Éducation. Elles illustrent la nécessitéd’une prise en compte spécifique, afin de per-mettre la réussite de tous les élèves dansl’ensemble des collectivités d’outre-mer.

C’est pourquoi l’UNSA Éducation a décidéd’engager un travail de fond avec chacun desterritoires. A partir d’un état des lieux portépar nos sections territoriales, il s’agira d’éla-borer les axes prioritaires de transformationdu système éducatif, d’identifier les leviersde changements, de proposer les démarchesd’évolution. Élaborées sous forme de projetséducatifs de territoire, ces propositions se-ront ensuite remises au ministre de l’Éduca-tion nationale afin qu’elles servent de base àl’élaboration de stratégies et de mises enœuvre territoriales.

L’École de la réussite de tous passe par laprise en compte des spécificités territoriales,c’est à ce travail que l’UNSA Éducation s’at-tèle outre-mer.

L

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DENIS ADAMArticles de

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ACTUALITÉS

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ÉGALITÉ

L’UNSA Éducation s’engageen faveur du mariage pour tousL’instrumentalisation, par certains, du débat sur le mariage pour tous, en jouant sur des peurs primaires chez nos concitoyens, déclenche despassions et ravive des haines.

a peur de la différence ouvre la porte àdes propos, voire des actions, excessifs où

la méconnaissance engendre la caricature etle rejet de l’autre.

Au sein de l’Union Européenne, six pays ontdéjà instauré le mariage de personnes demême sexe : Pays-Bas (2001), Belgique (2003),Espagne (2005), Suède (2009), Portugal (2010),et Danemark (2012). Cinq d’entre eux (lePortugal le refuse) ont également ouvert ledroit à l’adoption à tous les couples mariés.L’Allemagne et l’Angleterre ont reconnu uneforme de partenariat aux couples de mêmesexe. L’Italie ne reconnaît ni mariage, niaucune alternative.

Pour l’UNSA Éducation, ouvrir le mariageaux couples homosexuels est une évidencequi permet d’accompagner l’évolution de lasociété. Éducateurs et conscients du rôle pré-pondérant de l’éducation, nous nous battonssans relâche pour vaincre les discriminationset les exclusions, quelles qu’elles soient.

Dans cet esprit, notre participation à la mani-festation du 16 décembre à l’appel du col-lectif LGBT, marque, à nouveau, notre enga-gement.

L

[email protected]

FRANÇOISE DUCROQUET

Arbre de la laïcité, à Angers, le 9 décembre 2012L’arbre de la laïcité commémore la loi du 9 décembre 1905 de la séparationdes Églises et de l’État ; il témoigne, aujourd’hui, de notre attachement auxvaleurs laïques et républicaines. Nous vous proposons de lire quelquesextraits de l’intervention de Laurent Escure, à l’occasion de cet événement.

Est-il encore utile, au cœur du XXIè siècle, decélébrer la loi de 1905 ? Pour ceux qui sont ici,

la réponse ne se pose pas. Face aux dérives, auxmenaces, aux approximations qui pèsent sur l’idéelaïque, et pire, face à son instrumentalisation, laréponse est oui, trois fois oui ! Il ne faut cependantpas se tromper sur le sens de cette cérémonie : notreaction n’est pas une commémoration, elle est unepromotion. […]

Cette loi est le fondement juridique de la laïcité denotre République, mais elle est plus que cela. Elleest le symbole d’une volonté d’émancipation qui apermis à l’idée laïque de devenir une liberté fon-damentale, une liberté en acte qui demande à êtredéfendue, préservée, cultivée et promue. […]

À l’heure où nous cherchons à refonder notreÉcole de la République et l’Éducation, au sens

large, rappelons-nous nos objectifs. Notre projet,c’est de construire enfin l’École libératrice dont lebut est la réussite de tous. Offrir à chacun un soclecommun qui permettra que les consciences citoyen-nes de nos jeunes puissent s’aiguiser en toute liberté,voilà la mission de l’École publique et laïque duXXIè siècle. C’est dans ce creuset qu’ils devrontapprendre à vivre ensemble et à coopérer. […]

Des citoyennes et des citoyens, libres ensemble,maîtres de leur destin et coproducteurs solidairesde l’humanisme, serait-ce une utopie ? Je penseque non, ce doit être une ambition à condition quel’on ait un peu d’audace. Cette ambition et cetteaudace, les rédacteurs de la loi de 1905, n’en n’ontpas manqué. »

«

Retrouvez l’intégralité du texte sur le site de la Fédération : www.unsa-education.org

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FEMMES - HOMMES

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Femmes - hommes : des retraites inégales aussiLors des dernières réformes des retraites, la situation des femmes à cesujet était une des préoccupations de l’UNSA Éducation, à juste titre ! Et elle le reste …

e niveau moyen de pension de droitdirect (hors réversion) des femmes reste

en 2012 très inférieur à celui des hommes :899 € mensuels pour les unes, 1 522 € pourles autres.

Ces inégalités, si elles se sont réduites au fildes générations, devraient persister.

Elles sont, en effet, le reflet des écarts sur lemarché du travail et ces derniers ne se rédui-sent plus. Le taux d’activité des femmescontinue de progresser, mais pour les plusjeunes, entre 25 et 45 ans, cette progressions’est fortement ralentie avec la persistancedes interruptions d’activité liées aux nais-sances. L’emploi à temps partiel est devenuplus fréquent. Il concernait 15 % des femmesau début des années 80 et s’est stabiliséautour de 30 %, depuis une quinzaine d’an-nées. Les salaires des femmes demeurentinférieurs de 20% à ceux des hommes dansle secteur privé (pour un équivalent tempsplein) et d’environ 15 % dans le secteurpublic.

La persistance des écarts sur le marché dutravail est très liée à la dissymétrie des rôlesconjugaux et parentaux. En effet, le tempsqu’une femme consacre, au total, à son acti-vité professionnelle entre 15 et 60 ans, nereprésente en moyenne que 67 % de celuid’un homme. Les droits familiaux liés auxenfants, dont bénéficient les femmes, com-pensent, en partie, les écarts de durée d’as-surance. Mais pas totalement, et les femmesattendent plus souvent l’âge du taux pleinpour liquider leur pension. Elles partent, en

moyenne, plus tard que les hommes. Ce sontles écarts de salaire, intégrant les effets dutemps partiel, qui deviendront, à l’avenir, laprincipale cause des écarts de pension. Maisla précarité des parcours professionnelspourrait aussi concerner, de plus en plus, leshommes, entraînant une réduction par le bas.

Ces mêmes constats, relatifs aux inégalités degenre en matière de retraite, se retrouventdans les autres pays européens. Ils fontactuellement l’objet de réflexions au sein dela FERPA (Fédération européenne des re-traités et personnes âgées) à laquelle l’UNSAretraités est affiliée. Les réformes conduitesse sont faites, d’une façon générale, dans lesens d’un renforcement de la contributivitédes régimes, liant davantage le montant desretraites et les cotisations. Elles sont désa-vantageuses pour les femmes qui ont acquisdes droits propres plus faibles. La questiondes dispositifs de redistribution est alorsessentielle pour réduire les situations degrande pauvreté que vivent de nombreusesfemmes. Le combat pour l’égalité salariale etl’amélioration des parcours professionnelsdes femmes l’est tout autant.

L’UNSA Éducation a voulu analyser plusfinement la diversité des situations et identi-fier les facteurs à l’origine des écarts cons-tatés. Elle a souhaité aussi mesurer l’impactdes dernières réformes (allongement desdurées d’assurance, décalage des bornesd’âge, droits familiaux, minimum contribu-tif) sur les retraites des femmes. À cet effet,ces problématiques font actuellement l’objetd’une recherche, initiée par son centre derecherche CHA (Centre Henri Aigueperse).

L

MARIE-LUCIE GOSSELINSECRÉTAIRE DE LA COMMISSION RETRAITE-RETRAITÉSDE L’UNSA ÉDUCATION

Sources?Femmes et hommes - Regards sur la parité, Édition 2012, INSEELes retraités et les retraites en 2010, Études et résultats, n° 790, février 2012, DREES> http://ferpa.etuc.org

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BUDGET DE L’ÉTAT

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Sur fond de contrainte budgétaire : La prioritéà l’éducation respectéeDe 2007 à 2012, plus de 75 000 emplois auront été supprimés dans l’Éducationnationale, dont près de 70 000 emplois d’enseignants. À la rentrée 2013, 14 000suppressions supplémentaires avaient été programmées par le précédent gou-vernement. Ce seront un peu plus de 14 000 créations (Éducation nationale etEnseignement supérieur) qui seront enregistrées. La tendance s’inverse, mêmesi les premières créations vont concerner essentiellement la reconstruction de laformation des enseignants.

a réduction des emplois qui a été menée,de manière systématique, depuis 2007, en

application de la règle de non-remplacementd’un fonctionnaire sur deux partant à laretraite, a conduit à une perte de 75 325postes en équivalent temps-plein (ETP) entre2007 et 2012, dont près de 69 800 ETP d’en-seignants. Aux 14 000 suppressions initiale-ment prévues au budget 2012, devaients’ajouter - si la politique antérieure avait étémaintenue - 14 000 suppressions supplémen-taires.

La loi de finances rectificative, du 16 août2012, a permis de réduire les coupes 2012 encréant 4 326 emplois, dont près de 2 800postes d’enseignants, à la rentrée 2012.Entre les postes ouverts à la rentrée 2012 etles créations prévues au budget 2013, ce sont13 044 équivalents temps-plein qui seront crééspour la mission « Enseignement scolaire »,dont 11 107 ETP d’enseignants.

Hors remplacement des départs en retraite(le non-remplacement d’un départ sur deuxn’est plus), 8 781 créations nettes d’emploissont prévues. Un peu plus de 7 000 concer-nent la reconstitution du potentiel de for-mation initiale (3 344 enseignants stagiairessupplémentaires pour les écoles, 3 679 pourles corps des collèges et lycées, 49 Conseillersprincipaux d’Éducation stagiaires supplé-mentaires). S’y ajoutent 230 ETP dans l’en-seignement agricole. En outre, le budget pré-voit de créer 350 postes supplémentairesd’AVS , 100 emplois de personnels adminis-tratifs et 50 de personnels médico-sociaux.

Dans l’Enseignement supérieur, ce sont 1 000 emplois supplémentaires, par an, quidoivent être créés chaque année pendant lequinquennat. La ventilation prévue est 330emplois de personnels Biatss , 220 de Prag-PRCE et 450 enseignants-chercheurs. Lesorganismes de recherche (CNRS, INSERM…)échapperont aux restrictions budgétaires quivont toucher les opérateurs en conservantleurs emplois.

L’engagement présidentiel de créer 60 000emplois dans l’Éducation (dont 5 000 pourl’Enseignement supérieur) ne permettra pasde compenser les coupes dénoncées. L’UNSAÉducation continuera donc à faire valoir lanécessité d’investir dans l’Éducation (nousentendons par là, l’ensemble des ministèresconcernés par l’Éducation et la Recherche).Mais, dans un contexte où le nombre defonctionnaires restera stable, il est préférablede voir se dessiner une rentrée supplémen-taire avec 14 000 postes de plus (enseigne-ments scolaire et supérieur, « collectif budgé-taire » 2012 compris) qu’avec 14 000 sup-pressions supplémentaires : le changementde cap budgétaire est incontestable.

L

(1) Auxiliaires de vie scolaire.(2) Personnels des bibliothèques, ingénieurs, administratifs, techniciens, sociaux et de santé.(3) Professeurs agrégés (Prag) ou certifiés (PRCE) exerçant dans les établissements universitaires.

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[email protected]

LUC BENTZ

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ACTION SOCIALE INTERMINISTÉRIELLE

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Un manque d’ambitiondénoncé par les organisationssyndicalesLors du Comité interministériel d’action sociale (CIAS) du 24 octobre dernier, les organisations syndicales, dont l’UNSA Fonction publique, ont dénoncé la baisse des crédits sociaux interministériels pour l’année 2013,alors que les besoins sont insuffisamment couverts.

e budget des crédits so-ciaux sera en baisse en

2013. Par rapport à 2012, 13millions d’euros manquerontà l’appel en crédits de paie-ment, 15 millions d’euros enautorisations d’engagement.Dans une déclaration commu-ne, les organisations syndica-les de la Fonction publiquede l’État - à commencer parl’UNSA Fonction publique -ont dénoncé un projet de bu-dget « sans aucune ambition, loindes attentes sociales ».

L’UNSA Fonction publiquea souligné, en effet, que lenombre de bénéficiaires duchèque-vacances avait pro-gressé de 7% en 2012 e tqu’une campagne médiatique(financée par l'Associationnationale pour les chèques-vacances) avait été program-mée pour relancer cette pres-tation. Les besoins de garded’enfants sont nombreux et,en 2012, 500 places en crè-ches n’ont pu être totalementfinancées.

L’aide au maintien à domicilepour 5 000 agents retraités del’État n’est pas financée en

2013 (30 000 retraités béné-ficiaient de l’ancienne pres-tation en 2008). Le manque enlogements sociaux reste criant,notamment dans certaineszones comme l’Île-de-Franceoù 1% seulement des deman-des sont satisfaites. S’y ajoute lemanque de volontarisme pourla restauration collective : sixrestaurants inter-administra-tifs ont fermé récemment.

Comme l’indique Nelly Paulet,responsable de l’action socialeà l’UNSA Fonction publique :

« Il est inacceptable que le projetde loi de finances 2013 pour l’actionsociale des fonctionnaires soit enretrait, par rapport aux exercices pré-cédents et, surtout, aux besoins ».L’UNSA Éducation partagepleinement ce point de vue.

L

[email protected]

LUC BENTZ

Baisse des crédits sociaux en 2013Autorisations d’engagement

146 M €

131 M €

- 15 M €

147 M €

Crédits de paiement

148 M €

135 M €

- 13 M €

151 M €

en millions d’euros

2012

2013

écart

Besoins estimés(syndicats)

Les autorisations d’engagement correspondant à des actions pouvant être engagéesà partir de l’année considérée (sur une ou plusieurs années). Les crédits de paiementcorrespondent aux sommes qui devront être versées dans l’année (y compris lestranches d’autorisations d’engagement des années antérieures).

L’action sociale est déclinée au plan interministériel et au plan ministériel. Pourtant, dans desétablissements « autonomes », notamment les universités, la gestion de l’action sociale estdéconnectée des dispositifs communs. L’UNSA Éducation revendique que, quel que soit lelieu d’exercice, les personnels puissent accéder de plein droit aux prestations interministé-rielles telles que le chèque-vacances ou le chèque emploi-service universel (CESU) pour lagarde d’enfant.

L’action sociale interministérielle pour tous !

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CHÈQUES-VACANCES

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Les fonctionnaires ont droitaux Chèques-Vacances !Christophe Boniface, directeur commercial adjoint de l’ANCV (Associationnationale pour les chèques-vacances ) répond à l’Enseignement Public.

L’Enseignement Public :La règle a évolué concernant l’attribution deschèques-vacances aux fonctionnaires. Pou-vez-vous nous préciser de quelle manière ?

Christophe Boniface :Une réforme de cette prestation sociale a éténégociée et votée à l’unanimité des représen-tants syndicaux au sein du CIAS (Comitéinterministériel d’action sociale) qui permetà une importante majorité des collègues,retraités y compris, de bénéficier des chè-ques-vacances.Depuis le 1er octobre 2011, vous êtes ainsi plus nombreux à avoir droit aux chèques-vacances grâce à : • la réévaluation de 15% du plafond

du Revenu Fiscal de Référence (RFR); • la bonification de l’État passant de 10 à 30%,

initialement comprise entre 10 et 25%.

Les agents bénéficient dorénavant des avan-tages de l’épargne chèque-vacances avec :• la possibilité de se constituer un budget

vacances et loisirs en épargnant entre 4 et 12 mois ;

• le choix des versements qui peuvent s’étager entre 32 € et 272 € chaque mois ;

• la bonification de l’État jusqu’à 30%(selon le RFR).

Pour savoir si vous avez le droit aux chèques-vacances, faites votre simulation grâce : • au site Internet entièrement dédié :

www.fonctionpublique-chequesvacances.fr

• au numéro de téléphone spécifique : 0811 65 65 25

Le chèque-vacances, c’est mille et une façonsd’augmenter son pouvoir d’évasion et de

loisirs avec 170 000 points d’accueilpartout en France !

[email protected] COQUELIN

Propos recueillis par

Le 15 novembre 2012, l’ANCV (Agence nationale pour les Chèques-Vacances) célé-brait son 30è anniversaire lors d’un colloque, où il fut beaucoup question d’avenir et de partenariats. L’ANCV est un établissement public mais le chèque-vacances, c’est l’argent des salariés ; et c’est la raison de la présence des organisations syndicales àson conseil d’administration (et parmi elles, l’UNSA Éducation, continuation de la FEN,impliquée, dès l’origine, dans le projet).

Cet anniversaire fut pourtant l’occasion pour André Henry de rappeler, avec humourmais précis ion, quel les furent ses diff icul tés du minist re duTemps libre qu’il était pour mener à bien un projet, essentiel à sesyeux. Ce fut aussi le moment de rappeler comment, antérieure-ment, les centrales représentatives et notre Fédération avaientporté cette idée d’une épargne bonifiée par l’employeur, pourfaciliter le départ en vacances des salariés modestes, une ambi-tion sociale qui reste actuelle.

anniversaire de l’ANCV

[email protected]

LUC BENTZ

Luc

Ben

tzc

>

30 è

> André Henry

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ÉCONOMIE

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L’IRES a 30 ansL’IRES, Institut de Recherches économiques et Sociales, a été créé en 1983par les 5 syndicats de salariés dits représentatifs à l’époque et par la FENdevenue UNSA Éducation en 2000. Ces 6 organisations reçurent le soutiendu gouvernement de Pierre Mauroy, Premier ministre.

institut, qui réunit unevingtaine de chercheurs,

fonctionne grâce aux subven-tions de l’État et aux conven-tions de recherche qu’elle ob-tient.

Pendant ces 30 années, auservice des organisations syn-dicales fondatrices, l’instituts’est attaché, au travers deses publications, à poursuivredeux objectifs majeurs :• faire correspondre au plusprès la recherche aux problè-mes auxquels sont confrontésles salariés et leurs organisa-tions syndicales, comme parexemple, le thème des salaires ;• livrer des clés de lecture surles enjeux économiques etsociaux.

Sa publication, la « Revue del’IRES » est reconnue, tantpour sa qualité que parceque les analyses produitespermettent ensuite aux or-ganisations syndicales de lesuti l iser et de nourrir leurréflexion. Ouverte et pluri-disciplinaire, elle s’appuie surles travaux des chercheurs del’Ires, des organisations syn-dicales ou de chercheurs ve-nus d’horizons institution-nels différents. L’IRES a une structure d’as-sociation qui est présidée, à tour de rôle, par chacunedes 6 organisations syndicalesmembres. Ces dernières sontmembres du conseil d’admi-nistration et délèguent, cha-cune, un conseil ler tech-nique auprès de l’institut.

L’IRES fêtera ses 30 ans, le 24 janvier 2013, lors d’uncolloque organisé au Conseiléconomique et social. LaurentEscure, secrétaire général del’UNSA Éducation, y partici-pera. Il sera clôturé par lePremier ministre, Jean-MarcAyrault.

L’

Vers plus ou moins d’agencesde Service public ?

in août 2012, Le Conseild’État et l’Inspection gé-

nérale des finances (IGF)ont, séparément, publié unrapport sur les agences del’État, définies comme desorganismes dotés de l’auto-nomie administrative et bud-gétaire.

Le rapport de l’IGF, quirecense 1 244 agences, établitque, à périmètre constant,les effectifs des opérateursont crû de 6 % depuis 2007,alors que dans le mêmetemps, ceux de l’État dimi-nuaient de 6 %. Leurs mo-yens financiers, crédits bud-gétaires et taxes affectées,

s’élèvent en 2012 à 50 mil-liards d’euros, en progressionde 15 %, depuis 2007. Pourle Conseil d’État, la cohéren-ce de l’action publique est encause.

D’autres pays sont allés plusloin que la France, dans l’organisation de l’État enagences. Selon les théoriesde la « nouvelle gestion pu-blique », la délégation à desagences permet aux adminis-trations centrales de se re-centrer sur un rôle de « stra-tèges ». Dans ces États, lesagences font l’objet d’inter-rogations, notamment sur les difficultés des gouverne-

ments à les contrôler et lesévaluer.

Pourtant, lors du colloqueorganisé par le Conseil d’É-tat, le 19 octobre dernier, il s’est trouvé des voix favo-rables à « plus d’agences »,sous certaines conditions.

L’UNSA Éducation restevigilante sur ce dossier car,trop souvent, le recours auxagences se traduit par unedéperdition de l’action pu-blique et plus de précaritépour les personnels.

F

[email protected]

SAMY DRISSArticles de

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FORMATION

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[email protected]

SAMY DRISS

Exit le GIP-GRETAUne dynamique positive pour la formation continue d’adultesLe 23 novembre 2012 avait lieu, au ministère de l’Éducation nationale, la réunion conclusive sur le projet de « relevé de conclusions » concernant leréseau de formation continue d’adultes à l’Éducation nationale. Au terme d’unlong processus, dans lequel l’UNSA Éducation et ses syndicats nationauxconcernés ont joué un rôle moteur - spécifiquement comme au sein de l’inter-syndicale GRETA -, les ultimes propositions ministérielles tournent le dos,comme nous l’exigions, à la transformation des GRETA en groupements d’intérêtpublic (GIP).

ans un communiquéconjoint publié le même

jour, l’UNSA Éducation etses syndicats nationaux A&I-UNSA, SE-UNSA, SNPDEN-UNSA ont considéré « positi-vement le relevé de conclusionsproposé par le ministère de l’É-ducation nationale sur le réseauGRETA de formation continuedes adultes au sein de l’Éduca-tion nationale. L’UNSA Éduca-tion et ses syndicats partagent lesouci, exprimé par le ministère,du développement de son activitédans une perspective d’éducationet de formation tout au long de lavie, enfin reconnue comme mis-sion globale pour l’Éducationnationale et les EPLE ».

Le système, qui se dessine,tourne le dos au modèletechnocratique qui aurait faitdépendre directement du rectorat quelques « GIP-GRE-TA » dont les EPLE (collèges,lycées) n’auraient été aumieux que des sous-traitants.Le cadre articule le niveauacadémique et le réseau desGRETA qui restent des « grou-pements d’établissements »reposant sur un établisse-ment support. Les personnelsdes GRETA continueront doncd’être rattachés aux EPLE-

supports. Les non-titulairesresteront contractuels « Édu-cation nationale » (avec leursdroits à titularisation) et nedeviendront pas des « contrac-tuels de GIP » au devenirincertain. Nous avions trèsfortement insisté sur cettequestion majeure à nos yeux.Le dispositif tourne ainsi ledos à la loi Warsmann : leCode de l’Éducation réin-troduira donc le dispositif « GRETA » qu’elle avait pré-vu d’effacer.

Les conditions sont aujour-d’hui offertes de passer uncap nécessaire, en un mo-ment où les besoins de for-mation des salariés sont siimportants, notamment pourfaciliter le maintien de l’em-ploi ou développer l’accèspour tous à des emplois plusqualifiés. Fort de ses valeurs,de l’engagement et des com-pétences de ses personnels, leservice public de l’Éducationnationale est en mesure derelever ce défi.

Pour autant, la FédérationUNSA Éducation et ses syn-dicats A& I-UNSA, SE-UNSA,SNPDEN-UNSA seront vigi-lants, dans les discussions àvenir, sur l’application de ce

relevé pour que soient res-pectés les équilibres négociésmais aussi que soit amé-lioré le fonctionnement des « GRETA rénovés ». Commel’indique le communiquéUNSA Éducation du 23novembre 2012, si « un pasdécisif a été franchi, […] le dia-logue social n’est pas terminépour autant et la manière dont ilsera décliné dans les académiesaura une incidence capitale surl’évolution d’un dossier quel’UNSA Éducation et ses syn-dicats ont toujours considérécomme majeur ».

D

[email protected]

LUC BENTZ

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JEUNESSE

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[email protected]

> le 8 décembre 2012

SAMY DRISS

Jeunesse et Sports : il est temps que la ministreréamorce le dialogue social !Depuis juin dernier, celui-ci est totalement bloqué avec Valérie Fourneyron,ministre des Sports, Jeunesse, Éducation populaire et Vie associative. Il esttemps que la ministre prenne la mesure de cette situation et prenne l’initiative,qui lui appartient, de renouer avec les organisations syndicales, et, au premierchef, avec l’UNSA Éducation, organisation majoritaire.

près 5 ans de RGPP (Ré-vision générale des poli-

tiques publiques) et les dé-gâts considérables qui en ontdécoulé, tant sur le servicepublic que sur les personnels,l’UNSA Éducation demande :• la création du grand pôleéducatif promis par FrançoisHollande, • la création d’un CTM (Co-mité technique ministériel)propre, • la sortie du secrétariatgénéral des ministères so-ciaux et la création d’uneDRH spécifique rattachée àl’Éducation nationale.Malgré toutes les tentativesde l’UNSA Éducation de re-nouer le dialogue, la ministreest restée sourde aux reven-dications des personnels, por-tées par notre Fédération,majoritaire dans le secteur,qui sont soutenues par l’in-terfédérale CGT, FO, FSU.Depuis juillet, les organisa-tions de l’interfédérale boy-cottent tous les comités tech-niques, tant ministériel querégionaux. Elles ont lancéune pé t i t ion de sout ienauprès de l ’ensemble des personnels. Le CTM du 19novembre dernier, portantsur la présentation par lesministres Marisol Touraine etValérie Fourneyron du bud-get 2013, a ainsi été boycottépar les élus de l’intersyndica-le « Santé, Solidarités, Cohé-sion Sociale et Ville » ; ils ont

quitté ce CTM en rappelantnos revendications. Seule laCFDT, qui semble en accordavec la ministre, a siégé.La Modernisation de l’actionpublique (MAP) en perspectiveLe 21 septembre, la ministrea remis sa copie au Premierministre sur ce chantier de la MAP présentée comme une« modernisation » différentede la RGPP et de ses métho-des autoritaires. Il n’empêchequ’à aucun moment les syn-dicats n’ont été concertés, nimême informés des projetsdu ministère.Une réunion a eu lieu, le 29novembre, à l’initiative desdeux directeurs de cabinet de Valérie Fourneyron et deMarisol Touraine pour expli-quer la démarche et le calen-drier, sachant que la premiè-re échéance est le CIMAP du 20 décembre. Lorsqu’on prô-ne l’amélioration du dialoguesocial, c’est un délai bienjuste pour demander l’avisdes personnels sur un dossierqui peut chambouler les mis-sions et, par conséquent, leService public et le rôle despersonnels !Il a été obtenu que les orga-nisations syndicales repré-sentatives soient associées àla réflexion sur la modernisa-tion après cette date, et avantque toute décision irréver-sible ne soit prise. Il faut rap-peler que le gouvernement aune conception globale de la

MAP qui inclut les collecti-vités territoriales.La délégation de l’UNSAÉducation a profité de l’occa-sion pour rappeler, au repré-sentant de la ministre, ledevoir que celle-ci a de relan-cer un dialogue social aupoint mort depuis six mois.Cette occasion doit être saisiepour lancer le groupe de travail, au sein du MJSVA(Ministère Jeunesse et SportsVie associative), sur l’avenirdu ministère avec les organi-sations syndicales que l’in-terfédérale exige, en vain,depuis des mois.Trop de temps, l’équivalentd’un dixième du mandat pré-sidentiel, a été perdu en hési-tations et en tergiversations.La ministre a pourtant déjàindiqué des éléments de ré-ponse, par exemple sur lacréation d’un CTM propre.Mais elle s’est bien gardée de le dire aux organisationssyndicales directement et dedonner des éléments de ca-lendrier.L’UNSA Éducation demandesolennellement à ValérieFourneyron de prendre l’ini-tiative d’un renouveau dudialogue social dans son mi-nistère qui en a bien besoin.

A

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(1) Comité interministériel de modernisation de l’action publique

Dernière minute!

Au moment où nousbouclons cette revue,nous apprenons quel a m i n i s t r e V a l é r i eFourneyron recevrala Fédération le 23décembre.A suivre...

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MONDE

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Brésil : les laissés-pour-comptedu Mondial et des JOAfin d’accueillir la Coupe du monde en 2014, et les Jeux olympiques en2016, le Brésil s’engage dans de grands travaux de rénovation et de cons-truction de ses structures urbaines et sportives. Cette marche forcée vers la consécration internationale, et un possible développement économique, se fait au détriment des plus démunis, expulsés brutalement des zonesconcernées, les privant ainsi de leur logement et de leur travail.

ette pratique brutale n’estpas nouvelle. Aujourd’hui,

les acteurs politiques ou éco-nomiques de certains pays(Nigéria, Cambodge, Brésil …),engagés dans de grands pro-jets, n’hésitent plus, au nomde l’intérêt général mais, aumépris du droit national ouinternational, à expulser lespopulations vivant sur les terrains qu’ils convoitent etsur lesquels ils réaliseront deconfortables profits.

Ces expulsions forcées obligentdes communautés entières àquitter, contre leur volonté,le domicile qu’elles occupent,sans aucune protection ju-ridique ou autre garantie dela part des autorités, le plussouvent compl ices . Leursdroits fondamentaux, inscritsdans la Déclaration univer-selle des droits de l’Homme etdans le pacte social de l’ONUne sont plus respectés. Lesconséquences de telles pra-tiques sont dramatiques : l’ac-cès à l’école, à l’eau, à la san-té, au travail deviennent im-probables voire impossibles.

De par le monde, peu de voixs’élèvent contre ces violationsdes droits fondamentaux.Deux grandes organisationsinternationales, Amnesty In-ternational et Solidar Suisse,rompent le silence, appuientles revendications des vic-times et organisent, avec les

collectifs nationaux, des cam-pagnes afin de soutenir cecombat légitime. L’UNSA Édu-cation et ses syndicats sou-tiennent, avec Amnesty Inter-national , les actions qui semettent en place et plaidentpour le respect des droitshumains.

La situation au Brésil

Au Brésil, la réalisation de laCoupe du monde en 2014(comme celle des Jeux olym-piques de 2016), est consi-dérée, par le gouvernementbrésilien, comme « une vraiechance », tant les retombéeséconomiques envisagées sem-blent considérables. Les inves-tissements prévus, 14,5 mil-liards de dollars, supportés à99% par les pouvoirs publics,sont les plus importants del’histoire du sport .

A Rio, la mise en place desinfrastructures de transportindispensables, l’agrandisse-ment du stade ou la moderni-sation des zones portuaires sesont traduites par une poli-tique d’expulsions massivesqui va se poursuivre, malgréles dénégations des autorités,dans les favelas et les quar-tiers informels de l’agglomé-ration. D’autres villes du pays,accueillant aussi ces manifes-tations sportives, connaissentune situation semblable.Solidar Suisse estime, actuel-lement, que près de 150 000

personnes seront concernéespar cette politique, dont plusde 10 000 ont déjà été expul-sées.

Ces opérations, conduitesbrutalement, et sans informa-tion préalable, sont, la plu-part du temps, encadrées pardes forces anti-émeutes lour-dement équipées. Si elles per-mettent l’ouverture rapidedes travaux prévus, elles as-surent, également, un « véri-table nettoyage social destiné àrécupérer certaines zones urbainesde grande valeur immobilière »où une spéculation foncièremassive se développe alors.

Victimes donc d'expulsionsconduites sans préparation, et faites dans l'urgence, lesfamilles perdent égalementemploi et ressources. Les en-fants sont, pour leur part, pri-vés d’école et de soins pendantplusieurs mois. Les expulséssont, dans le meilleur des cas,relégués dans des zones éloi-gnées, privées de toute infra-structure sociale et scolaire.Rares sont ceux qui sont correctement relogés ou quireçoivent une indemnisa-tion convenable, alors que laconstitution brésilienne de1988 garantit le droit au loge-ment.

Un quart de la population duBrésil vit dans la pauvreté.C’est dans cette population

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(1) Dossier Solidar : « Le mondial 2014 au Brésil : une fête pour tous et toutes? », p.2

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que les expulsions forcées etla violation des droits hu-mains se concentrent. Est-ceà ce prix que la fête doit avoirlieu ? Les organisateurs, dontla FIFA (Fédération interna-tionale de football associa-tion) et le CIO (Comité inter-national olympique), peuvent-ils couvrir, au nom du sport,de tels comportements ?

Un exemple à méditer : le Mondial 2010 en Afrique du Sud

Comme au Brésil, l’organisa-tion de cet événement spor-tif, sur le sol africain, avaitfait naître un espoir considé-rable en termes de retombéeséconomiques. Selon SolidarSuisse, « en Afrique du Sud, leMondial a été synonyme de dé-bâcle nationale », « le pays orga-nisateur a essuyé une perte de 2,8milliards. En revanche, la FIFAet ses partenaires ont réalisé unbénéfice de plus de 3 milliards defrancs. La FIFA a engrangé le plusgros bénéfice de son histoire ». « Alors que la population devaitprofiter du Mondial, elle a souf-fert de la réduction des pres-tations sociales, une mesure àlaquelle l’Afrique du Sud a dû se résigner, après les pertes enre-gistrées ».

Il y a fort à parier que lemême scenario se reproduira,au Brésil , compte tenu del’endettement important desdifférentes structures de l’Étatet du faible engagement dusecteur privé dans ces opéra-tions. Ce sont alors les popu-lations pauvres, déjà lourde-ment touchées, qui seront lespremières victimes des ajuste-ments sociaux qui suivront.

Notre engagement militant

Loin de mettre en cause laréalisation de la Coupe dumonde et des Jeux olym-piques au Brésil, l’UNSA Édu-cation soutient, avec AmnestyInternational et les collectifsnationaux, les actions visant à protéger les populations vic-times d’expulsions forcées.

Il s’agit d’abord d’appuyer lesinterventions auprès de laFIFA et du CIO, afin que cesdeux organisations fassentpression sur le gouvernementbrésilien pour que cessent detelles pratiques. Dans unerécente lettre conjointe adres-sée au CIO, les acteurs de la société civile brésilienne,Amnesty International et l’ONG(Organisation non gouver-nementale) WITNESS décla-raient :« Forcer des familles à quitterleur domicile sans les notifier suffisamment à l’avance, sans lesconsulter au préalable, ni leurproposer de solution de reloge-ment ou de voies de recours,bafoue les valeurs défendues parles JO et viole le droit brésilien etles engagements internationauxdu Brésil en matière de droitshumains. […] Les organisateursdes JO doivent user de leurinfluence pour mettre un terme à cette pratique immédiatement,avant qu’il ne soit trop tard. Le CIO ne doit pas se rendre com-plice de violations des droitshumains, commises en son nom,et devrait condamner publique-ment et sans équivoque l’en-semble des expulsions forcées àRio de Janeiro ».« Nous reconnaissons qu’il estnécessaire que les autorités de Rio

de Janeiro mettent en place lesinfrastructures indispensables ausuccès et à la sécurité de la Coupedu monde 2014 et des Jeux olym-piques de 2016. […] Mais celadoit être fait, dans un esprit deconsultation et de coopération,avec les populations concernéesafin que leurs droits soient protégésdans le cadre des préparatifs ».

Pour ces raisons, l’UNSA Édu-cation participera, au sein duComité Syndical d’AmnestyInternational, à une pétitionproposant au milieu sportif et éducatif de soutenir lacampagne, contre les expul-sions forcées.

(2) Amnesty International : Brésil. Les jeux olympiques de Rio ne doivent pas être ternis par des expulsions forcées, www.amnesty.fr

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Créée en 1961 par Peter Benenson, AmnestyInternational est un mouvement mondial etindépendant rassemblant des personnes quiœuvrent pour le respect, la défense et la promo-tion des droits humains.

Amnesty International est indépendante de toutgouvernement, de toute tendance politique, detoute croyance religieuse et est donc en mesurede dénoncer les violations des droits humains partout dans le monde, en toute impartialité.

Prix Nobel de la paix en 1977, Amnesty Internationalrassemble, aujourd’hui, plus de 3 millions demembres et sympathisants et compte des sec-tions ou structures dans 72 pays.

www.amnesty.fr

[email protected]ÇOIS CENCERRADO

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DROITS

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L’action de groupe à la française arrive ...Après de nombreuses années de tergiversations puis de silence, l’action degroupe revient enfin sur le devant de la scène et devrait être inscrite dansle projet de loi sur la protection du consommateur, programmé pour ledébut de l'année 2013.

réalablement, le ministre chargé de laconsommation a lancé une consultation

ouverte au public et à toutes les parties inté-ressées qui avaient jusqu’au 1er décembrepour y participer. Les associations de défensedes consommateurs et les professionnels ont,quant à eux, participé à un groupe de travailorganisé par le Conseil National de laConsommation. Entre les dérives d’une action de groupe telleque la « class action » américaine et le refustotal, de la part des professionnels, d’unequelconque action collective qui risqueraitde jeter le discrédit sur eux, une solutionmédiane semble se dessiner.

Aujourd’hui, s’il existe bien une procédurepermettant à une association nationale dedéfense de consommateurs agréée de repré-senter en justice des consommateurs indivi-duels, celle-ci (action dite « en représentationconjointe ») est extrêmement lourde à mettre enœuvre et n’a été utilisée que 5 fois en 17 ans. L’action de groupe ne confèrera pas de nou-veaux droits aux individus, mais leur offrirasimplement une nouvelle possibilité, plussouple, d'accéder à la justice.

Elle devrait permettre à toutes les victimesd'un même groupe, ayant subi un mêmeagissement illicite ou abusif et un même pré-judice d'un même professionnel, d’êtreindemnisées. Cette action de groupe devrait être circons-crite à la réparation de préjudices écono-miques, ce qui exclut donc du champ decette action les domaines de la santé et del’environnement. L’affaire du Médiator nepourrait donc pas faire l’objet d’une actionde groupe. Elle sera réservée aux seules associations deconsommateurs afin d’éviter les dérives bienconnues des « class action », initiées par desavocats, entraînant la perversion du système.En pratique, et de manière un peu schéma-tique, un consommateur lésé qui prétendra à une réparation de son préjudice devras’adresser à une association de son choix.Celle-ci, après étude de la recevabilité, re-groupera des cas similaires et saisira le juge.Le système envisagé prévoit alors deuxphases. Dans la première, le juge se pronon-cera sur l’éventuelle responsabilité de l’en-treprise. Si celle-ci est engagée, alors s’ou-vrira une deuxième phase dans laquelle lejuge se prononcera sur l’indemnisation desplaignants. La procédure ne concernerait que lesconsommateurs qui se sont fait expressé-ment connaître. C’est ce que l’on appellel’Opt-in.Les modalités d’application exactes del‘action de groupe ne sont pas encore arrê-tées, et en tout état de cause, la loi n’est pasencore votée. Mais l’impulsion est enfin don-née et cela ne pourra que bénéficier auxconsommateurs que nous sommes.

P

CLAUDE DOUAREADÉIC

L’Adéic est une association nationale deconsommateurs créée par la Fédération del’Éducation nationale (devenue UNSA Édu-cation) et agréée par le Garde des Sceaux.Cela lui permet d’agir devant les tribunauxpour défendre les intérêts de ses adhérents.L’Adéic est tout particulièrement attachée à l’éducation dujeune consom-mateur. Elle siègedans les organis-mes représenta-tifs du monde dela consommation.> adeic.fr

Adéic?

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Quelles sont les raisons artistiques et historiques de ce choix concernant les dates de l’exposition « 1938-1947 » ?Nous souhaitions souligner, en partant de 1938,que nombre de signes avant-coureurs de la guer-re et des désastres à venir étaient visibles, dèsavant les accords de Munich et le début duconflit. De nombreux artistes, arrivés en Francedans les années 20 et 30, sont étrangers. Ils sontdéclarés, à l'issue des lois Daladier, « indésirables »et sont internés dans les camps (Ernst, Bellmer),dès 1939, avec les réfugiés de la Retirada et les Brigadistes internationaux, qui arriventd'Espagne en masse, bientôt rejoints par les com-munistes, les francs-maçons, et bien sûr les juifsd'origine étrangère, puis les juifs de France. 1947 a été la borne chronologique de fin, celle dela signature du plan Marshall, pour la reconstruc-tion et du début de la guerre froide, qui nous apermis, à Laurence Dorléac et moi-même, demontrer qu'à l'issue de la fin de la guerre, sontmis au jour d'autres traumatismes - avec, en pre-mier lieu, le retour des rescapés des camps de lamort et les témoignages des victimes de la Shoah- et que la Libération, si elle a été une période deliesse, a été tout à la fois une période de conti-nuités, de décompression psychique, d’éclatementnormatif et de profond renouveau. On trouve des œuvres produites dans les camps,évidemment très douloureuses et brutalescomme celles de Félix Nussbaum, mais aussides œuvres poétiques et drôles. Dans les camps, l’instinct de survie doit prévaloirpour éviter de laisser dépérir l’esprit : confé-rences, jeux, sports, pièces de théâtre, concertssont organisés par les internés eux-mêmes, cha-cun faisant partager son savoir. Horst Rosenthalcrée un petit album Mickey, au camp de Gurs,racontant la vie au camp du nouvel arrivant, quilui peut s’échapper et retourner dans le mondedes cartoons. Ce récit est publié « sans l’accord deWalt Disney », connu pour ses positions antisé-mites. Autodérision plutôt que drôlerie, on neconnaît rien d’autre de Rosenthal que les deuxcarnets que nous présentons.

Concernant Picasso, vous écrivez ques a peinture pendant la guerre, est unengagement.En 1940, Picasso se voit refuser la nationalitéfrançaise. Interdit d’expositions, il vend peu,voire pas, et continue de créer malgré lesattaques d’un Vlaminck qui l’accuse d’avoirdégénéré la peinture. Son œuvre, pendant laguerre, dit bien, dans l’assombrissement de lapalette, la déconstruction des corps, les plafondsqui semblent se resserrer sur les modèles, l’em-prise des événements sur tout : l’esprit, lesmatériaux et l’espace. L’exposition montre bien le cheminement desartistes, après la guerre, qui refusent d’utiliser le même langage. Tout témoigne de l'impossibilité, après la guerre,de rester sur les séquences de l'avant-guerre :thèmes, pratiques, techniques, matériaux fontexploser le carcan du beau métier, du lieu de l'art,et bien des verrous sautent, c'est ce que l'on voitau fil de l'exposition, grâce à ceux qui, dans lescamps, les refuges, la clandestinité, ont, par lacréation, et contre tous, fait la guerre à la guerre.

« L’Art en guerre » France 1938 -1947, de Picasso à DubuffetCette exposition, organisée par le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris,nous montre comment les artistes ont modifié, en profondeur, les contenus et les formes de l’art en France de 1938 à 1947. L’une des deux commissairesde l’exposition, Jacqueline Munck, répond à nos questions.

Propos recueillis par

MAM

Collectif, Sous la direction de Laurence BertrandDorléac et Jacqueline Munck, Paris Musées,octobre 2012.Voici un superbe cadeau à poser au pied dusapin ! Ce catalogue, très complet, s’interrogesur l’engagement pendant la Seconde Guerremondiale, mais plus encore, il pose la ques-tion de l’ar t, de l’image et de leurs enjeux.Une première par tie présente les œuvresexposées, plus de trois cents, et la secondepar tie, sous forme d’abécédaire, s’arrête surdes problématiques liées à l’histoire et à l’his-toire de l’ar t. À côté des œuvres engagées et poétiques des sur-réalistes, de Picasso, Dubuf fet ou Giacometti, pour ne citerqu’eux, on s’arrêtera sur le style naïf de Joseph Steib qui peintsa « Cène » avec Hitler au centre, sur les œuvres de Freundlich,proche de Dada et des anarchistes, ou encore sur les gouachesde Charlotte Salomon, mor te à Auschwitz, en 1943. De Ar taudaux Zazous, ce catalogue est une plongée dans l’ar t, dans notrehistoire et un manifeste pour la Liber té.

c>

[email protected] LEBAHAN

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ART

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exp

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livre

voyage

télévision

cinéma

spectacle

expo

b.d

Quel film a changé votre vie ?

Intisar conduit, en niqab, sa vieille Corollaet défie les chauffeurs, puis au chapi-tre s u i v a n t , e n d é b a r d e u r , f u m a n t ,e l l e s’adresse au lecteur et raconte sondifficile quotidien de jeune célibataireyéménite de 27 ans.Cette femme est imaginaire : elle est lasynthèse de toutes les yéménites interro-gées par Pedro Riera et son épouse, pen-dant leur séjour au Yémen. Frappés par laviolente ségrégation entre les deux sexesqui organise la société, ils ont voulu dépasser les clichés etmontrer la réalité d’Intisar tiraillée entre un père obsédé par lequ’en-dira-t-on, un frère bien trop puissant, le niqab et sonwalid (qui doit accompagner toute femme seule), son travail,ses amies et les hommes.Le dessin très réaliste et la parole drôle, émouvante mais souventrévoltante, nous rappellent combien la liberté et les droits desfemmes, si difficilement acquis, sont un bien fragile et précieux. La Voiture d’Intisar, Portrait d’une femme moderne au Yémen, Pedro Riera, Nacho Casanova,Éditions Delcourt, septembre 2012

Droits des femmes ...

Combattre les clichés

Qu’est-ce que « le labo-ratoire central » ? Ce titreévoque l ’entret ien, lesmots, au centre de l’ana-lyse et un hommage àMax Jacob, rencontré en1942. Dans des entre-tiens datant de 1970 ànos jours, le psychana-lyste et romancier Jean-Baptiste Pontal is nousparle de sa relation auxmots, à Freud, à Lacan.Pour Pontalis, « l’espace littéraire n’est paséloigné de l’espace analytique ». L’œuvre lit-téraire place l’analyste en position d’analysécar c ’est l ’œuvre qui pose les quest ions.Intéressant retournement, mais peut-être passi étonnant : le lecteur et le psychanalysteexercent, tous les deux, des « pratiques aso-ciales » dans un retrait, un silence.…I l est intéressant de suivre l ’évolut ion despassions face à la psychanalyse des années70 dominées par la figure de Lacan, à nosjours, où le débat est moins enflammé, maistoujours centré sur la question du langage etde la position du psychanalyste face à l’ana-lysé, face à ses écrits et à la société. Le Laboratoire central, Jean-Bertrand Pontalis,Editions de l’Olivier, octobre 2012

L’image de la jeunesse, portéepar notre société, est souventsimplif icatr ice. Largementrenvoyée par les médias, ellemet, souvent en avant l’imaged’une jeunesse dangereusedes quartiers dits « sensibles »,d’une jeunesse dépolitiséeou éloignée des valeurs dutravail et de l’effort, ou biend’une jeunesse radicalisée etrévoltée .. . Une approche sociologique permet de corrigercette représentation.C’est l’objet des études rassemblées dans cel ivre, dir igé par Ol ivier Gal land (directeur derecherche au CNRS) et Bernard Roudet (chargéd’études et de recherches à l’INJEP). S’appuyantsur des enquêtes conduites régulièrement,depuis 1981, l’ouvrage présente, ainsi, un tableauapprofondi des valeurs chez les jeunes et deleurs évolutions. Cet ouvrage permet de mieux comprendre quisont les jeunes aujourd’hui, et vient enrichir notreréflexion ouverte par « Question de société » n°1« Jeunesse : génération d’avenir ? ».Une jeunesse différente ? Les valeurs des jeunes Français depuis 30 ans, Olivier Galland, Bernard Roudet,La Documentation française, septembre 2012

Voici la question posée par Olivia

Rosenthal qui nous donne à com-

prendre que l’« on peut vivre par pro-

curation des choses incroyablement

douloureuses ». Ce ne sont pas des

vies tracées d’avance qui ont été bou-

leversées par ces films, mais des

existences tumultueuses, comme

celle de Béatrice qui a longtemps fait

du « Dernier Tango à Paris » de Berto-

lucci, un modèle de vie amoureuse,

celle d’Isabelle, troublée par cette histoire de père violent

dans « Le Retour » de Zviaguintsev, qui lui rappelle son

quotidien. Ou encore « Vertigo » d’Hitchcock qui lie l’auteur

à sa sœur qui a sauté dans le vide, vingt-deux ans plus tôt.

Le cinéma est « un véritable espace intérieur » qui ouvre

une brèche sur nos faiblesses ; souvent cathartique,

il nous montre que « Je est un autre » ou que l’autre est

une autre partie de nous. Le cinéma a cette force de mêler

la fiction à la réalité et ce pouvoir de changer la vie.

Ils ne sont pour rien dans mes larmes, Olivia Rosenthal,

Editions Verticales, mars 2012

[email protected] LEBAHAN

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TEMPS LIBRE

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Littérature et psychanalyse

DENIS [email protected]

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