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La Révolution industrielle en GB   un bouleversement Révolution Industrielle : Expression devenue courante après les travaux d'Arnold Toynbee dans les années 1880 pour désigner l'ensemble des transformations qui ont marqué le passage d'un âge technique traditionnel au nouveau système de production mécanisé. 3 dates repères :

Vers 1760, l'Angleterre est encore une société préindustrielle. Elle doit à sa position dominante dans le grand commerce maritime et colonial les signes les plus visibles de sa prospérité. Mais la base de l'économie reste agricole et rurale. Il existe déjà des activités manufacturières développées, travaillant parfois pour des marchés étendus (proto-industrialisation), mais essentiellement sous des formes très dispersées et imbriquées au secteur agricole. Les grandes unités de production (manufactures) demeurent peu nombreuses, et le rôle des machines est marginal.

Pourtant vers 1840, le machinisme est déjà en voie de triompher dans les secteurs clés de la révolution industrielle anglaise. La transformation des structures économiques et sociales reste incomplète, mais l'essor des grands foyers d'industrie moderne, avec leurs concentrations ouvrières, annonce clairement le bouleversement des hiérarchies régionales et sectorielles. Les contemporains ont eu conscience de vivre une ère de mutations d'une violence sans précédent, comme l'exprime bien le terme de révolution industrielle (Friedrich Engels l'emploie dès 1845), transposé du vocabulaire politique. Et c'est aussi la révolution industrielle qui, en deux ou trois générations, a fait de la Grande-Bretagne – après sa victoire sur la France en 1815 – la superpuissance incontestée du 19e siècle.

Le 1er mai 1851 la reine Victoria inaugure solennellement à Londres la première exposition Internationale à l'initiative du prince Albert, et pour laquelle l'ingénieur Joseph Paxton (1801-1865) a construit dans Hyde Park « le Crystal », un immense hall de fer et de verre qui, transféré ensuite dans la banlieue Sud à Sydenham (1852-1854), sera détruit par un incendie en 1936. Témoignage de la puissance et de l'avance économique britanniques, elle est visitée par des millions de personnes, dont beaucoup d'étrangers.

Cette exposition tourne à l'autocélébration. Alors que débute la période commodément nommée "mid-victorienne", les Britanniques peuvent se laisser gagner par l'optimisme. Il leur semble évident : Qu’ils disposent du meilleur régime politique (sa stabilité en est la démonstration) De la meilleure maîtrise des mécanismes économiques. Ils se perçoivent comme un modèle pour le monde entier, mais ils tiennent à garder leurs distances, convaincus que la prospérité sera durable - et elle l'est en effet au moins jusqu'en 1873.

Les années 1850, 1860 et le début des années 1870, sont celles d'une sorte d'apogée économique britannique. La prospérité, en dépit des nuances sociales qu'il conviendra d'apporter, peut être regardée comme générale et le Royaume-Uni domine l'économie mondiale dans tous les domaines, occupant une position centrale dans les échanges internationaux en surclassant industriellement toutes les autres nations.Comme le dit Disraeli en 1838 dans « t he workshop of the world » , Le Royaume-Uni triomphe dans toutes les productions industrielles. Il semble imposer un mode de développement économique dans lequel la croissance repose sur le progrès industriel, même si, en 1851, les ouvriers de la grande industrie sont encore moins de 2 millions.

En fait, la révolution industrielle britannique a débuté dès les années 1740-1770, privilégiant deux secteurs de consommation : l'industrie textile (cotonnière avant tout) et les industries des métaux. Elle a connu 2 grandes phases : De la fin du 18e siècle à 1820, les premières innovations technologiques ont permis d'accroître la

production.Dans les années 1820 - 1830, la concurrence intérieure battant son plein, l'industrie, menacée par la surproduction, a réagi en améliorant la qualité de la production et en s'intégrant vers l'aval dans trois grands secteurs le tissage mécanisé, la métallurgie différenciée, la construction de machines le tout reposant sur la vapeur. C’est la fin de la première phase d'industrialisation, celle du textile dominant.

Vers 1830 - 1840, le Royaume-Uni est entré dans une seconde phase, celle qui, utilisant toujours le charbon et la machine à vapeur, met en avant les productions du fer et de l'acier ainsi que celle des biens d’équipement et aussi celle où les biens de consommation entament une grande diversification : industries alimentaires (brasseries, biscuiteries), industries du papier, des produits de droguerie, etc.

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Cette prospérité britannique et cette avance ne datent pas d’hier…En 1760, un français voyageant en Angleterre, François Chaumont, pose la question suivante : « la Grande-Bretagne n'étant à peu près territorialement que le tiers de la France et ses terres n'égalant pas les nôtres en bonté, sa population ne devrait correspondre au plus qu'au tiers de la nôtre. Son commerce, ses richesses [...] devraient suivre les mêmes rap-ports. Cependant l'Angleterre porte une population beaucoup plus étendue et presqu'égale à la moitié de celle que nous avons. Elle a une agriculture très riche, plus du double de notre commerce, un mobilier maritime immense, et quant au crédit, elle soutient un poids de dette plus considérable que le nôtre. A quoi l'Angleterre peut-elle devoir ce concours d'avantages ?»

Tous ceux qui voyagèrent en Angleterre furent frappés par la richesse de ce pays et l'aisance des habitants, notamment des classes populaires, dont le niveau de vie leur semblait nettement plus élevé qu'en France. Depuis les Lettres philosophiques de Voltaire (1734), ce fut un leitmotiv constant que le « paysan » anglais vivait dans le confort : il mangeait du pain blanc, de la viande, du poisson, il buvait du thé, il portait des chaussures (et non des sabots) et de bons habits. Les familles paysannes vivaient dans des maisons propres et au milieu de villages « plus riants et mieux bâtis qu'en France ». De nombreux cultivateurs, exempts des exactions du fisc, pouvaient atteindre une honnête aisance. On ne voyait pas en Angleterre « de visages faméliques, [...] de lamentations de mendicité ».

Des vues semblables apparaissent dans des documents officiels. (Ambassadeurs…) tous tombaient d'accord : l'Angleterre était plus prospère que la France et ils essayaient d'expliquer sa supériorité.

C’est ce que nous allons faire maintenant par un faisceau de conditions et d’applications…

A) Des conditions bien particulières mais fondamentales : 1) La stabilité politique (pas de révolution) et la paix : La Glorieuse révolution en 1688, courte et peu sanglante, est d'autant plus populaire dans la mémoire

anglaise qu'elle a eu un idéologue de génie en John Locke, qui définit en 1690 les théories du contrat, de la souveraineté populaire, des droits naturels des hommes. Le régime politique est ensuite relativement stable, en vertu de l'Acte d'établissement de 1701 qui en 1714 voit l’avènement de la dynastie des Hanovre. George 1er et, à partir de 1727, George II ont vu leur légitimité contestée à l'occasion des deux grands soulèvements jacobites en faveur de « Jacques III », en 1715, et surtout en 1745, mais la bataille de Culloden en

1746 permet de mater définitivement les rebelles. Électeurs de Hanovre, les deux souverains, souvent inattentifs aux affaires britanniques, ont permis le développement du cabinet , dirigé de fait par un Premier ministre sans le titre : Robert Walpole qui donne tout son lustre au nouveau système en exerçant le pouvoir de 1721 à 1742, puis après lui, le plus éclatant est William Pitt l'Aîné (1756-1761). Sous George III, premier Hanovre réellement anglais, on assiste au réveil et au règlement d'un vieux conflit d'autorité : le souverain entend gouverner lui-même en s'appuyant sur des Premiers ministres à sa dévotion. L’échec face aux colons d’Amérique du nord scelle l'échec de la monarchie. À partir des années 1780, avec le second Pitt » le Jeune », le souverain doit s’effacer et cela sera le cas des suivants jusqu’à l’intronisation de Victoria en 1837 qui ne fera pas exception mais avec une meilleure correspondance, Parlement-1er ministre après la réforme électorale de 1832.

En dehors de la guerre contre la France (1755 – 1763) puis contre les colons 1774 – 1783 (mais c’est loin et améliore le commerce) la période est calme jusqu’à la révolution française et Napoléon ou l’interventionnisme anglais est plus fort mais ou seul le blocus continental aura vraiment des effets encore peu négatifs finalement pour la RI….

2) DEUX révolutions singulières mais fondamentales : Au 18e l’Angleterre a connu des transformations structurelles très profondes. Certaines comme celle de l’agriculture s’inscrivent dans une évolution déjà en cours alors que d’autres comme la démographie ou l’industrie ne se développent que dans la 2e moitié du 18e siècle et sur la quadsi totalité du 19e siècle

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a) Une « révolution agricole » singulière : Cette singularité se manifeste avant tout par une diminution précoce du poids relatif de l'agriculture

bien avant la révolution industrielle : 56 % de la population active en 1688, 48 % en 1759. Chiffres à coup sûr très approximatifs, étant donné l'imbrication des activités agricoles et non agricoles en milieu rural : mais le contraste avec les autres futurs grands pays industriels, où l'agriculture emploie encore plus des 2/3 des actifs et qui ne rejoindront des proportions analogues qu'à un stade bien plus tardif de leur industrialisation (au 19e siècle, ou même au 20e dans le cas de la France), ne laisse aucun doute sur l'originalité de l'Angleterre à cet égard.

C'est la vigueur des transformations agricoles entre 1650 et 1750 qui constitue la singularité majeure de l'évolution anglaise : on le voit dans la productivité de l’agriculteur :

o En 1600, 100 agriculteurs « nourrissent » 143 personnes en Angleterre, 145 en France),o En 1750 l'indicateur progresse de 143 à 219 et de 145 à 158 seulement en France.

En effet la révolution agricole s'est développée du sud-est vers le nord et son point de départ paraît avoir été le Norfolk :

avec l'irrigation, le drainage, le dépierrement qui multiplient les surfaces cultivables l'assolement triennal avec jachère cède la place à un assolement dit « de Norfolk », quadriennal

, associant deux années de céréales à deux années de plantes fourragères, dont le mérite est de reconstituer l’équilibre chimique du sol tout en procurant les aliments nécessaires à l'élevage d'un bétail y compris à l’étable beaucoup plus nombreux ( donc apte à procurer de plus grandes quantités de fumier et donc augmenter les rendements à l’hectare.

On note aussi la sélection du bétail , le perfectionnement des races qui débute par les ovins : le New Leicester est un mouton de boucherie à engraissement rapide (2 ans au lieu de 4 ou 5). C’est ensuite le tour des bovins, qui assurent à l'Angleterre de l'époque une réputation gastronomique par la seule qualité de leur viande.

Les enclosures complètent ou conditionnent les transformations et comportent la triple opération de partage des communaux, de remembrement des parcelles et de plantation de haies vives, suivie de nombreux travaux vicinaux : une moitié de l'Angleterre est enclose en 70 ans avec une progression rapide de la grande exploitation individuelle, seul cadre possible du progrès technique. Au-delà de 1815, le 19e siècle n'aura plus à opérer que des conquêtes de détail. Ces progrès d'abord localisés et graduels, s’étendent progressivement à toute la GB.

D’où le terme de « révolution agricole » et de son rôle déterminant dans le déclenchement de la révolution industrielle formulé en 1963 par Paul Bairoch. Cette thèse a suscité un feu roulant de critiques, et il est facile d'ironiser sur l'emploi du terme « révolution » lorsque les taux de croissance agricole culminent autour de 0,5-0,7 % par an de 1700 à 1750. Mais on ne conteste plus aujourd'hui la réalité des gains de productivité agricole : permettant l'expansion des autres secteurs au sein d'une population active totale quasi constante . C'est précisément la conjonction entre une interruption prolongée de la croissance démographique (de 1600 à 1730 environ) et une croissance agricole soutenue qui permet à la « courbe des subsistances » de prendre de l'avance pour la première fois sur la courbe de la population : l'Angleterre connaît alors une période d'excédents céréaliers croissants, les exportations nettes atteignant vers 1750 près de 15% de la production nationale. L'abondance relative des produits agricoles se traduit par une baisse de leur prix réel et par une

augmentation générale du pouvoir d'achat : en un siècle (1650-1750), la hausse des salaires réels atteint 70 %. Les observateurs (les étrangers comme les anglais) s'étonnent de voir le niveau de vie des classes moyennes et populaires : « Grâce à leur salaire, ils peuvent vivre dans l'abondance et c'est l'opulence de leur mode de vie qui porte la consommation nationale [...] à une magnitude aussi prodigieuse » (Daniel Defoe, 1728).

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En effet pour les marchés intérieurs, la production industrielle est fondée, du 18e au milieu du 19e siècle, sur la consommation des biens les plus élémentaires (vêtements, ameublement, alimentation. Biencourt avait observé que « les Anglais ont le bon esprit de fabriquer pour le peuple, beaucoup plus que pour le riche », ce qui leur permettait de vendre beaucoup et régulièrement. En augmentant, la consommation se diversifie et se porte sur toute une gamme de produits manufacturés de bonne qualité courante, dont la production mécanisée et standardisée sera au cœur de la révolution industrielle .

b) une transition démographique forte mais qui arrive au bon moment

La « révolution démographique » (expression qui sert à désigner le passage d’un rythme de croissance de la population lent, entrecoupé de profonds recul à un rythme d’expansion rapide et continue de la population)

Le changement s’explique d’abord par une modification profonde du régime de la mortalité. Les mortalités exceptionnelles disparaissent après 1730, elles étaient le principal agent de l’écrêtement périodique de la population et résultaient de crises de subsistance dues à de mauvaises récoltes favorables au développement des épidémies. Même si l’on ne mourait pas de faim, la sous-alimentation exposait à des ravages accrus de la maladie… Tout cela entrainait une quasi stabilité de la population et notamment entre 1600 et 1730…La dernière grande surmortalité survient en Angleterre entre 1725 et 1729 avec une grave épidémie de petite vérole qui comme d’habitude est suivie de poussées natalistes compensatrices dues aux nombreuses naissances suivant les mariages différés dans les années difficiles.Cette disparition des surmortalités semble s’expliquer par :

o Les progrès de l’hygiène sont particulièrement importants au 18e siècle (pavage des rues, distribution de l’eau, début d’un système d’égouts efficaces, habitation plus soignée) et des pratiques médicales concernant notamment les enfants.

o On note la disparition des récoltes catastrophiques qui viendrait d’une modification du climat dans le sens du réchauffement particulièrement sensible dans les îles

La natalité augmente donc (population mieux nourrie) et la mortalité normale diminue et ainsi dans l’Angleterre de 1730 à 1755 grandissent des générations nombreuses qui à leur tour provoquent une nouvelle poussée des mariages et des naissances :

Cela porte la population du Royaume Uni de 6 à 11 M d'habitants entre 1750 et 1785(quasi doublement en 35 ans), à 16 M en 1801(près de 50% de plus en 15 ans), 24M en 1831(encore +50% en 30 ans) et 27,5 M en 1851. Et cette croissance a, dès 1798, inquiété fortement Malthus, auteur de l'Essai sur la population…

En tout cas 2 traits caractérisent la nouvelle humanité qui apparaît en Angleterre :

D’abord des hommes qui jouissent d’une plus grande espérance de vie qui du début du siècle à la fin passe en moyenne de 35 à 40 ans

Surtout des hommes qui jouissent d’une meilleure santé parce qu’ils se nourrissent mieux que la moyenne en Europe : L’anglais du 18e prend l’habitude (les classes populaires) du pain blanc, des biftecks, de la bonne bière… Cela traduit donc une amélioration substantielle du niveau de vie.

La coïncidence entre les progrès agricoles et une longue phase (1600-1730) de stabilité de la population anglaise assure un temps de répit. Sans cela, les effets du développement agricole auraient été annulés, au fur et à mesure, par la croissance démographique, comme à bien des reprises dans le passé, bloquant ainsi la progression du revenu réel par tête et la diversification de la demande.

Autre facteur fondamental aussi : une hausse de la nuptialité avec un abaissement de l’âge au mariage de l’ordre de 2 ans avec pour conséquence un nombre plus élevé de couples ayant des chances supplémentaires

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d’avoir des enfants grâce à la plus grande jeunesse de la mère. Ce phénomène tient à de profondes modifications familiales et sociales.

Traditionnellement dans la famille paysanne on contribue à tenir la population au niveau des ressources au moyen d’une certaine prudence, d’un certain retard dans la fondation de foyers.

Mais la plus forte production agricole, la protoindustrialisation et les débuts de l’industrialisation et de l’urbanisation ont pu faire abandonner partiellement cette attitude en même temps que l’émigrant quittait la famille rurale. (Surplus rural) En tout cas l’augmentation de la fécondité est aussi un moteur de la hausse démographique en Grande-Bretagne.

On a donc à la fin du 18e siècle une interaction entre le stimulant d'une demande croissante et la « réaction de l'offre », qui réussit à surmonter les goulets d'étranglement anciens et à franchir un seuil critique. Le contraste avec la France, où des inventions remarquables n'atteindront que bien plus tard le stade de l'application industrielle faute d'un marché assez large, confirme bien le rôle décisif de l'accroissement préalable de la demande. Dès le début du 18esiècle, l'Angleterre n'était plus sur la même « ligne de départ » (Crouzet 1985) que les pays du continent : la percée de l'industrie moderne y était devenue moins improbable que partout ailleurs.

Les prix agricoles augmentent ensuite avec l’accroissement de la population ce qui a enrichi les grands propriétaires et contribué à l'agrandissement des exploitations. Elle entraine aussi (productivité en hausse, enclosures…) une migration modérée mais régulière des campagnes vers les villes (surplus rural seulement car la mécanisation est lente on a encore besoin de MO agricole) qui peut facilement être embauchée dans l’industrie naissante. Elle a donc puissamment soutenu l'essor de la révolution industrielle, en développant le marché intérieur de consommation et en mettant une MO régulière à disposition…

3) Le rôle de l’état :

« La nature du gouvernement anglais » est, elle aussi, fréquemment citée comme cause de la richesse du pays. « La Constitution anglaise est merveilleusement propre au commerce », écrivait les observateurs français vers 1760 car en vertu de cette Constitution : La liberté et la propriété étaient garanties, (Par exemple, l’Angleterre , pays de la liberté, avait, à son grand

avantage, accueilli des artisans étrangers, chassés de leur pays par les persécutions religieuses et donc les Protestants. Avec une satisfaction évidente, Voltaire énumérait toutes les industries que les huguenots y avaient introduites.

Par cette constitution les pouvoirs du roi étaient limités, si bien qu'ils ne gênaient pas la liberté du commerce, et le Parlement était toujours prêt à faire de nouvelles lois pour l'encourager .

De plus, l'État fonctionnait à bon marché, la Cour ne cherchait point à en imposer à la populace par son faste, le système fiscal était simple. Les impôts étaient fixés par la loi, « selon les règles de la justice ». La land tax (impôt foncier) était proportionnelle à la propriété du contribuable et payée par le propriétaire des terres et non par le fermier, ce qui était un facteur de la prospérité de l'agriculture. Les autres impôts ne frappaient que la consommation et les produits importés, et aucun n'était levé sur l'industrie ou les fabricants.

Quant aux facteurs sociaux, les observateurs français les mirent souvent en valeur. Un mémoire de 1729 notait : « L'état du commerce est, en ce pays, sur un pied plus honorable que dans aucun autre ». Certains négociants étaient faits chevaliers, devenaient membres du Parlement en un temps où un gentilhomme français qui se livrait au commerce était frappé de dérogeance… l'Etat a su favoriser ou laisser faire aussi un système d'instruction particulièrement efficace pour l’époque : un système dont le mérite revient aux Églises non conformistes comme les presbytériens d'Écosse qui ont notamment organisé, des petites écoles aux universités, un enseignement qui met l'accent sur la formation scientifique ou technique dès le niveau élémentaire ce qui fait ressortir par

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contraste la décadence d'Oxford et de Cambridge, restées entre les mains de l'Église anglicane qui d u coup doivent suivre… D’ailleurs dès le début du 18e le taux d'alphabétisation est deux fois plus élevé en Angleterre (45 p. 100) qu'en France (22 p. 100). Les Anglais et les Écossais du 18e siècle ont fait preuve d'un esprit technicien, d'une remarquable fertilité en inventions, comme d'une grande audace dans l'entreprise industrielle. C’est à ce moment qu’apparaissent l'inventeur et l'entrepreneur : deux personnages typiques et complémentaires de la société britannique de ce temps.

On ajoutera à cela les bienfaits du libéralisme économique, qui progresse depuis la fin du 17e siècle avec Adam Smith (1723-1790), auteur de Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776David Ricardo (1772-1823), dans ses Principes de l'économie politique et de l'impôt (1817) John Stuart Mill (1806 - 1873 ouvrage Sur la Liberté en 1859

La réglementation industrielle recule rapidement, l'Angleterre n'a pas subi la longue influence d'un colbertisme monopoliste comme la France… Le moindre développement de l'appareil d'État favorise l’intelligence, l’action, le risque, les initiatives, alors qu’ailleurs on est séduit par les carrières de la bureaucratie comme en France par exemple …

4 ) En fait le progrès industriel va se déclencher à la faveur de la tension qui se développe au cours du 18 e siècle, en Angleterre, entre la demande et l'offre de produits manufacturés .

Le marché de ces produits manufacturés est en effet en pleine expansion :

D’abord le MARCHE INTERIEUR avec l’augmentation d’une population au niveau de vie relativement élevé qui aime non seulement le pain blanc et la viande de boucherie, mais aussi les chaussures de cuir et les vêtements de laine, une population qui constitue un marché relativement homogène avec des villes dynamiques et des campagnes fortement intégrées dans les circuits commerciaux

Un marché extérieur en expansion rapide avec des exportations qui quadruplent ou quintuplent de 1660 à 1800 : les Antilles anglaises , les Treize Colonies , plus encore l'Europe du Nord puis après 1790 les Etats unis qui s’équipent

Aussi une interaction entre les 2 : le commerce extérieur par l'entremise de la Compagnie anglaise des Indes orientales, a développé en Angleterre le goût des « indiennes » (toiles fines de coton décorées de motifs peints), à un point tel que la fabrication nationale des cotonnades est pressée d'accroître sa four niture à bon marché de tissus d'imitation orientale.

Or le système industriel anglais tel qu'il existe au début du siècle n'est pas en état de répondre à cette pression de la demande. Ce système, qui triomphe d'ailleurs au même moment sur la plus grande partie du continent, c'est le putting-out system, dominé par les merchants-manufacturers, autrement dit la distribution du travail industriel à des centaines de milliers d'artisans ruraux à domicile , par des négociants des villes qui exploitent dans un certain rayon la main-d’œuvre à bon marché. Il faut donc évoluer et , compte tenu de ce qui précède , seule la GB en était capable à l’époque…

5) le démarrage de la révolution industrielle est aussi permis par plusieurs autres facteurs :

Contrairement à ce qui se passe sur le continent c’est l'ensemble des classes dominantes qui s'intéresse au développement de l'industrie . Non seulement la bourgeoisie d'affaires (ambitieuse, sûre de sa valeur et de son rôle social, souple et entreprenante dans ses activités) mais aussi l'aristocratie terrienne, liée d'ailleurs à la classe marchande par des mariages et par des entreprises communes. En

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Angleterre, personne, du squire au lord, ne s'estime déshonoré par l'engagement dans le commerce ou l'industrie.Le grand propriétaire foncier voit même, plus qu'en France, dans l'activité industrielle une sorte de prolongement ou d'annexe de l'exploitation agricole , puisque le sous-sol (qui lui appartient) de ses domaines est souvent riche en charbon ou en fer. Il est conduit par là-même à s'intéresser à la construction des routes et canaux qui lui permettront d'évacuer dans de bonnes conditions les produits agricoles ou les minerais vers les villes et les ports . Il n’y a pas non plus de ruée vers la terre, signe de prestige social, qui « gèle » tant de fortunes françaises, car en Angleterre la terre est rare, chère, et déjà largement concentrée entre peu de mains (les landlords).

De plus, la monarchie anglaise ignore la vénalité des offices, qui provoque dans l'économie et la société françaises un tel détournement de capitaux, d'énergies et de prestige au bénéfice des activités non-pro-ductives

Une accumulation de capital nécessaire mais difficile entrainant sa meilleure utilisation possible : D'où sont venus les capitaux qui ont permis à l'industrie britannique d’inté grer les progrès techniques ?

o On pense aussi tôt à l'accumulation du capital dans le com merce extérieur, principalement coloni al . Pourtant les cas d'investissement direct de capitaux commerciaux dans des affaires industrielles ont été rares. Le commerce a stimulé l'essor industriel en élargissant la demande mais pas par les investissements financiers

o Il y a eu, en revanche, des transferts de capitaux de la terre à l'industrie : exploi tation directe des mines par les grands pro priétaires, passage à l'industrie manufactu rière à partir de l'industrie rurale, entrepre neurs épaulés par des revenus fonciers . Toutefois, enclosures et progrès agronomique absorbaient beaucoup des capitaux fonciers et le volume est au final peu important… L’aristocratie foncière privilégiait donc l'agriculture, les mines, le bâtiment, les canaux

o Si bien qu'en fin de compte, c'est l'industrie elle-même qui a fourni la plus grande partie des fonds nécessaires à son propre développement, recourant en particulier au crédit familial. C’est possible car :

La révolution industrielle en Angle terre est partie du niveau technique le plus modeste : les machines étaient encore rudimentaires, le seuil de l'investissement était encore bas. Par exemple pour les bâtiments, on convertissait des cottages en usines par des moyens de fortune.

Par la suite, l'autofinancement a suffi à la plupart des besoins : les entrepreneurs vivaient simplement et réinvestissaient le plus possible. Les profits assurés par l'emploi des machines étaient très élevés : la rentabilité du capital s'éleva brusquement au début de l'industrialisation, jusqu'à un taux annuel qui était couramment de 15 à 20 % et parfois montait à 30 %. Ce démarrage vertical est essentiel à la compréhension du processus de la révolution industrielle, en Angleterre au 18e siècle et encore en France dans les premières années du 19e.

Ultérieurement, le crédit bancaire interviendra pour soutenir l'expansion des entreprises existantes.

Il faut donc bien comprendre aussi que les entrepreneurs ont bataillé durement car ils ont eu de la peine à se fournir en capitaux. En conséquence, le processus d'accumulation du capital n'a pas été particulièrement favorable à l’industrie. Les industriels ont travaillé dans un climat de pénurie de

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capital, d'où leur idéalisation puritaine du capital acquis par l'épargne, d'où leur haine des dépenses improductives, d'où enfin leur dureté à l'égard des salariés.

Une avance financière d’un siècle sur la France dans leur système financier. La Banque d'Angleterre a été créée en 1694 (banque de France en 1800). L'Etat a été capable d'emprunter massivement parce que la confiance de ses créanciers n'a jamais été ébranlée, parce qu'il a honoré ses charges. La réforme monétaire de 1697 a établi de fait le système de l'étalon-or (gold standard) et la monnaie anglaise, solide, s'est investie dans les affaires nationales. Enfin, la City concentre les institutions financières nécessaires notamment du fait de l’aventure coloniale. Le 18e siècle est le début de l'époque des innovations dans les domaines de la finance, des services commerciaux et des banques notamment pour soutenir les grandes compagnies coloniales comme l'East India Company . Des compagnies d'assurance maritime ont pris leur essor en même temps que les compagnies coloniales : Sun Fire Office (1708), surtout les Lloyds depuis 1688…Cela ne sera pas perdu pour l’industrie…

5) Résulte de tout cela le développement du machinisme dernière pierre de cette RILa demande exige alors le recours à une forme d'énergie autre et plus puissante que celle de l'homme ou de l'animal. Jusque dans les années 1760 , la machine à vapeur de Newcome n existe seule, et n'est pas apte à

entraîner des machines. C'est alors que James WATT — un fabricant d'instruments de précision au service de l'université de Glasgow se consacre à son perfectionnement. En 1765, il adjoint à la machine un condenseur qui fonctionne avec une puissance quatre fois supérieure. En 1782, il met au point une machine à double effet et pourvue en outre d'un dispositif de transformation du mouvement linéaire de va-et-vient en un mouvement circulaire capable d'imprimer une rotation à toutes sortes de machines. A Birmingham puis à Londres, Watt construit des centaines de machines avec l'aide des capitaux et des techniciens de Matthew BOULTON. La machine de Watt rend ainsi possible la pleine exploitation de la machine à filer « Mule Jenny » de James Hargreaves (1765) et du métier à tisser d’Edmund Cartwright (1785). Elle est employée sur une très grande échelle dans l'industrie textile. Jusqu'en 1830, le secteur cotonnier est le plus rapidement transformé et son rôle moteur est relayé ensuite par la métallurgie et les constructions ferroviaires.

Au cours de la première moitié du XIXe siècle, la machine à vapeur devait entraîner un changement radical dans les transports. Jusque-là la 1ère révolution des transports est liée à la construction de nombreuses routes à péage, dès les années 1740, et, entre 1760 et 1790 notamment, par la « fièvre des canaux » : la voie d'eau permet désormais des convois lourds et bon marché. MAIS LA VAPEUR CHANGE TOUT : le premier navire à vapeur de l'Américain Robert Fulton (1806) ramenait brutalement les coûts de transports transocéaniques au quart de ce qu'ils étaient depuis la fin du Moyen Âge , tandis que le chemin de fer (dû à l'Anglais George Stephenson en 1825) amorçait la plus grande révolution dans les transports terrestres depuis l'invention de la roue, réduisant en un demi-siècle les coûts au sixième de leur valeur durant l'ère de la diligence.

La demande de fer suscitée pour la fabrication des machines textiles, des machines à vapeur, des navires, rails, wagons, etc. occasionne alors le développement de progrès décisifs pour la métallurgie moderne : l'utilisation du coke, connu en Angleterre depuis le 18e siècle, puis le procédé du puddlage qui permit la transformation de la fonte en fer (à la fin du 19e siècle). Mais c'est seulement à partir de 1861, que, grâce au convertisseur de l'ingénieur anglais Henry Bessemer, on put produire de l'acier en grandes quantités. Cette dernière invention allait amener la seconde phase de cette révolution industrielle : la pleine exploitation des potentialités de la sidérurgie. En 1850, il n'y avait que 35000

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kilomètres de voies ferrées dans le monde, mais en 1914 on en comptait 1 million. Dans le même temps, la flotte maritime mondiale passait de 5M à 50M de tonneaux : pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, on pouvait transporter à travers les océans un fret pondéreux (céréales et matières premières industrielles : quantité, poids lourds et faible valeur…).

La révolution industrielle débute donc vraiment à partir du moment où s'établit la coopération du fer, de la houille et de la vapeur.

La Grande-Bretagne a la première connu le triple phénomène de la mécanisation, de la concentration en usines, de la production de masse. Préparée par une longue maturation financière et intellectuelle, précédée par la révolution agricole, permise par les grandes inventions des années 1760 et 1770 (des machines textiles à la cokéfaction) (dont le perfectionnement de la machine à vapeur de Watt), la révolution industrielle a pris son véritable départ vers 1785, date discutée de son take-off. Le (factory system) système usinier s'est progressivement substitué à celui de l'atelier artisanal(domestic system), mais, avant 1830, ce dernier était encore largement prévalent : le triomphe définitif de l'usine n'est établi que vers 1850.

B) LES MUTATIONS SONT ALORS DE TOUS ORDRES, S’ENCHAINENT ET SONT IRREVERSIBLES :

Le Royaume-Uni produit 53 % du fer mondial, 50 % de la houille et 49 % du coton tissé. Sa consommation par tête peut être évaluée à 15 kg de coton brut ou à 132 kg de fonte (contre respectivement 2,5 kg et 25 kg pour la France). C'est bien le pays le plus riche du monde, si riche que le capital s'y trouve en excédent mais s'il s'investit avec tant de profit à l'étranger, c'est aussi parce que l'argent ne trouve déjà plus assez d'emploi rémunérateur dans les iles britanniques.1) L’atelier du monde et ses conséquences Gladstone en 1863 évoque l’étourdissant accroissement de richesse de son pays en l’espace d’une génération. Il est vrai que l’avance technique acquise a valu au Royaume-Uni d’ajouter, lorsque ses rivaux ont pris à leur tour leur essor, la fourniture de biens d’équipement, de machines, de rails, de locomotive à la vente traditionnelle des produits finis. En 1870 les Anglais produisent pour la fonte et le coton la moitié de la production mondiale et sortent de leur

mine 112 millions de tonnes de houille quand que les Allemands en sont à 20 et les Français à 13. Leur production industrielle et proche du cinquième du total mondial en 1870, mais du tiers si on ne prend en

compte que les productions mécanisées et elle croit dans les années 1860 au rythme de 3 % par an. La productivité du travail s’est accrue beaucoup plus vite que dans les autres pays et la richesse britannique

comporte par ailleurs les énormes revenus du commerce extérieur des investissements mondiaux ce qu’on appelle les revenus invisibles.

On n’en est pas là par hasard avec la forte capacité d'innovation qui se poursuit, le pragmatisme permettant d'intégrer très rapidement dans les techniques de production les acquis de le recherche scientifique, doublé d'une politique de secret ou de brevets.Dans cette capacité d'innovation, une place spécifique doit être faite au chemin de fer. Deux grandes vagues de croissance ferroviaire, en 1833-37 et en 1844-47 (toutes deux terminées par des crises financières et économiques), ont porté le réseau ferré à plus de 10000 km. Entre 1830 et 1854, 250 millions de livres ont été investies dans les compagnies ferroviaires, soit l'équivalent de 5 ans de recettes de l'Etat. A la fin des années 1840, la construction ferroviaire a absorbé la moitié des investissements privés. Au début des années 1850, le chemin de fer fait déjà vivre 250 000 salariés et il fait la fortune de certaines villes, comme Crewe (Cheshire), qu'il a créée de toutes pièces.

Les investissements exigés par le chemin de fer, ne pouvant se suffire ni d'une épargne antérieure, ni d'un autofinancement, ont encouragé le développement des sociétés anonymes auxquelles le public avait déjà été habitué au temps de la construction des canaux, et deux lois de 1856 et de 1862 en précisent la nature.

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Le chemin de fer, par la spéculation qui l'a entouré, a également fortifié les grandes bourses des valeurs de Londres, Manchester et Liverpool.

Il a favorisé l’essor des banques et le crédit : Elles naissent vraiment sous forme de sociétés par actions en 1857 - 1858 en Grande-Bretagne. C'est une nécessité du fait de la croissance des besoins financiers liés au développement du capitalisme libéral. Très rapidement plus de 500 banques de ce type se sont créées, entrant en concurrence les unes avec les autres. En conséquence il leur a fallu attirer une clientèle solvable - d'où l'idée de rémunérer les dépôts. Les banques sont donc nombreuses au Royaume-Uni et elles ont bien pour fonction de capter de l'épargne et de distribuer du crédit.

Le développement de la fonction bancaire correspond aux besoins monétaires d'un pays industrialisé et, au milieu du 19e siècle, le Royaume-Uni est le seul Etat à disposer d'un véritable marché monétaire mais tout sera reproduit dans les autres pays industriels..Les banques fonctionnent avec leurs fonds propres (actionnaires), les dépôts à vue remboursables à tout moment et les dépôts à terme qui permettent le crédit.Il est à court terme (de un mois à deux ans) ou à long terme (au-delà).. Pour prendre un exemple, en 1836, la banque Overend Gurney and Co n'a que 5 associés et un capital limité à 0.25M livres mais elle reçoit en dépôt à long terme 5M livres et en dépôt à court terme 2.25Mlivres. Elle réalise du profit en faisant tourner son argent très rapidement et son chiffre d'affaires atteint en 1846 36 Mlivres (soit environ 1 milliard de francs de l'époque, ce qui correspond au budget de la France) .

Très vite une spécialisation s'impose entre les banques : Les banques de dépôt travaillant avec des dépôts à vue ou à terme ne peuvent pratiquer que le crédit à

court terme. Les banques d'affaires n'emploient que leur propre capital pour les prêts à long terme essentiellement

(chemins de fer, industrie...) Exemple en GB :

o Les banques de dépôt : Westminster en 1834 : le LLOYDS en 1865, Barclays en 1896 o Les banques d'affaires : Rothschild en 1805, BARING en 1815 , LAZARD en 1877

Par ailleurs la Grande-Bretagne (surtout la City de Londres) est au centre du système multilatéral d'échanges mondiaux : elle entretient des rapports de complémentarité avec les autres économies mondiales et les autres Etats industrialisés ne sont encore que ses clients et non ses concurrents. Les cours mondiaux des matières premières et des produits coloniaux sont fixés aux bourses de commerce de Londres ou de Liverpool et, pour se procurer ces marchandises, il faut passer par des courtiers britanniques et par les docks de Londres ou de Liverpool, ces transactions assurant de très solides profits. Cela fait la fortune d'entreprises de transport (la Peninsular & Oriental Steamship Navigation Co, fondée en 1834, la Cunard Steamship Co, fondée en 1839) ou de compagnies d'assurances comme les Lloyd's…

Compte tenu de sa puissance et de son avance :

Dès les années 1840, la Grande-Bretagne pratique la délocalisation pour conquérir des marchés. Un exemple : Ainsi en 1840, lorsqu'est formée en France la compagnie ferroviaire du Paris-Rouen, les principaux capitalistes en sont anglais (Brassey, Mackensie), l'ingénieur en chef en est anglais (Locke), le matériel sera donc anglais . En 1843-1844, ils feront construire une usine à Sotteville-lesRouen. Au milieu du 19 e siècle, la Grande-Bretagne est devenue un fournisseur d'équipements à des pays en train de s'industrialiser et de construire leur réseau ferré ; elle opère alors un vaste transfert de technologie (fait nouveau) qui, à terme lui suscitera des concurrents. Mais, pour l'heure, le Royaume-Uni n'en a cure.

L’adoption nécessaire du libre-échange : Pour satisfaire les intérêts de l'aristocratie foncière (les landlords) le gouvernement avait fait passer en 1815 une loi instituant de forts droits de douane sur les céréales importées (Corn Laws). Or le Royaume-Uni au lendemain de sa victoire sur Napoléon avait connu une très grave crise économique, qui avait débouché sur des troubles sociaux (émeutes de la misère, actes de luddisme, "massacre" de Peterloo). Les hommes politiques radicaux au nom de la justice sociale avaient pris la tête d'une

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opposition aux Corn Laws dès le début des années 1820 et avaient été suivis assez rapidement par des commerçants et surtout par des industriels "utilitaristes" qui pensaient qu’il fallait à tout prix favoriser les exportations industrielles (et que celles-ci financeraient largement les importations agricoles), que l'abaissement du coût de la vie pour les masses laborieuses les satisferait et permettrait peut etre une diminution des salaires. A partir de 1836 s'étaient constitués de véritables groupes de pression, dont l'Anti-Corn Laws league de Richard Cobden et Manchester, avec son patronat du coton et ses hommes politiques radicaux était devenue le centre de l'attaque libérale contre le système protectionniste. La crise agricole qui s'était déclarée en 1838 avait apporté de l'eau au moulin des abolitionnistes : dans un contexte de chute de la production agricole anglaise, il avait fallu réaliser d'urgence des importations alimentaires qui avaient été soldées par de grosses sorties d'or, avec pour conséquence brutale un resserrement du crédit immédiatement préjudiciable aux industriels. En même temps la misère lançait l'agitation sociale (mouvement chartiste) qui se faisait la plus violente à Manchester en raison du chômage d'où l'idée des patrons du textile d'insister sur leur demande d'abrogation des Corn Laws pour apaiser les ouvriers.C’est par le nouveau gouvernement conservateur dirigé par Robert Peel qui les abolit en 2 temps en 1842 et en 1846 faisait adopter par le Parlement le libre-échange (abolition des Corn laws). L’Angleterre adhérait à l'open door policy.

Enfin il faut ajouter que la panoplie de l'ouverture libérale sur le monde est complétée en 1849 par la suppression de l'Acte de navigation, dernier vestige de l'ancienne politique mercantiliste, remontant à 1651. Cette loi prétendait interdire rentrée sur le sol anglais de marchandises européennes qui ne seraient pas transportées par des navires britanniques ou du pays producteur de ces marchandises et surtout elle réservait exclusivement aux navires britanniques les importations en provenance d'Asie, d'Afrique ou d'Amérique. En assurant un développement exceptionnel à la flotte marchande anglaise et aux docks de Londres et de Liverpool, elle a depuis longtemps atteint son but. On a donc plus besoin de cette « béquille » La flotte anglaise, la première du monde, continuera de transporter la majeure partie des produits d'outre-mer et le contrôle des réseaux commerciaux assurera à Londres une fonction durable de redistribution mondiale des échanges maritimes.

2) L’URBANISATION à marche forcée : En 1851, pour la première fois la population urbaine de GB dépasse la population rurale - les villes se comportant en prédatrices de population rurale (à la même époque, la France ne compte que 10M d’urbains pour 37 M d'habitants). Le mouvement d'urbanisation britannique présente la caractéristique d'être le premier dans le temps, le plus puissant et le plus rapide. Il surprend même le gouvernement qui hésite entre les appellations de town et de city et sur les modalités de leur administration.L’essor de la population urbaine est directement lié à la croissance industrielle. Son pourcentage augmente fortement en Europe de l’ouest mais est très inégal selon les pays le premier étant la Grande-Bretagne car le plus avancé dans le processus industriel mais l’Allemagne suit très rapidement, beaucoup plus que la France qui garde un caractère rural marqué pendant très longtemps.

1851 1910 % Pop UrbaineGB 48 73F 25 44

On note ainsi une augmentation importante du nombre des villes de plus de 0.1M hab. en 1800 l’Europe en compte 23 (5,5 M d’habitants) dont 6 pour la GB en 1910 il y en a 135 (45 M d’habitants) dont 46 pour la seule Grande-Bretagne

On note la croissance exceptionnelle de certaines villes (villes champignons) : 2 exemples : - Leeds, capitale lainière, avait déjà 53 000 habitants en 1801, elle en compte 172 000 en 1851.- Manchester, symbole des mutations industrielles entraînées par l'industrie du coton, passe dans le même temps de 75 000 à 350 000 habitants. (x5 en 50 ans)

1801 1850 1910LONDRES 1.1M 2.7M 4.5M (x4)

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La croissance des villes provinciales est plus rapide que celle de la métropole, surtout lorsque ces villes sont en rapport avec l'industrie. En 1851, Manchester, Birmingham, Liverpool et Glasgow dépassent 0.3M habitants mais Newcastle, Sheffield ou Leeds augmentent très rapidement leur population. Si, dans les premières décennies du 19e, la palme de la croissance urbaine allait au Lancashire (Liverpool, Manchester, au milieu du siècle, elle revient au Yorkshire (Leeds, Sheffield, Doncaster). De façon générale, une ligne partage une Angleterre très industrialisée au Nord-Ouest et une Angleterre plus rurale - à l'exception de Londres - au Sud-Est. Le contraste est encore plus grand en Ecosse où les Lowlands voient se multiplier les villes industrielles, la plus importante d'entre elles étant Glasgow.

Par contre d'anciennes cités prestigieuses stagnent, comme York (17 000 habitants en 1800, 22 000 en 1851), tandis que s'épanouissent les villes qui, après avoir préparé leur croissance dans la phase protoindustrielle, profitent pleinement du passage au stade industriel et qui ont servi de modèle à Dickens pour Coketown de Temps difficiles. Cet essor urbain est donc dû à l’industrialisation mais surtout :

Au taux d’accroissement naturel d’abord avec des populations jeunes De plus en plus à l’exode rural qui devient le principal facteur d’alimentation des villes. On a là une

population d’adultes jeunes en pleine force de l’âge d’où un fort excédent de naissance surtout dans les quartiers ouvriers (habitudes populaires et campagnardes). C’est moins vrai chez les bourgeois car il faut assurer la prospérité du fils… (+ l’éloignement famille et religion)

Dans les campagnes les premiers à partir sont les paysans sans terres (journaliers) du fait de la mécanisation puis les petits propriétaires. Tous vont à la ville qui est très accessible (transports) et sont attirés par des salaires réguliers et un genre de vie différent jugé plus intéressant est répandu par les jeunes qui reviennent de temps en temps dans les campagnes (snob-effect). Attirés aussi par la charité publique ou privée

Dans les villes on trouve les fonctions traditionnelles classiques (administration, culture…) Mais elles deviennent de plus en plus des carrefours commerciaux et certaines naissent autour des gardes de triage (Où l’on doit changer de locomotive par exemple). Le long des voies ferrées les villes surgissent. Ce sont aussi des centres industriels, l’industrie créant d’ailleurs des centres urbains sur des gisements de minerai de fer (Birmingham) ou sur le charbon (Liverpool) + nouveaux centres de consommation (début). L’industrie stimule aussi des villes anciennement artisanales comme Bristol ou Bath par exemple.Mais l’extension urbaine rapide suscite aussi des problèmes nouveaux :

On vit largement à l’heure des improvisations locales et l’hygiène publique, les travaux d’adduction d’eau et de drainage, le ramassage des ordures, l’administration des cimetières dépendent d’organismes encore mal définis…

o Les villes se développent sans réel plan d’urbanisme au mieux sous la contrainte de contrat de lotissements imposés par les propriétaires, elles ne font rien contre la saleté.

o Les maisons nouvelles, destinés « au commun » sont d’une qualité très médiocre, rapidement transformées en taudis, organisé en « courées » de manière à économiser l’espace et du coup en privant les occupants de chaleur et de lumière.

o Les maladies contagieuses, les épidémies trouvent un terrain de choix dans des agglomérations où les rats sont plus nombreux que les hommes, où les égouts, quand il y en a sont à ciel ouvert, et se déversent dans les ruisseaux et rivières sans que le courant garantisse une évacuation rapide.

Manchester, cumule toutes les horreurs de la nouvelle vie urbaine. On ne s’étonne pas de la surmortalité infantile, des poussées de choléra, du besoin des plus démunis de rechercher dans les tavernes la consolation de l’alcool… Voir les descriptions de Dickens à propos de Londres également.

o La densité fait augmenter le prix du terrain et pose des problèmes d’aménagement urbain. Pour rentabiliser l’achat le logement doit être collectif et le plus haut possible d’où l’apparition des immeubles à plusieurs étages.

o Le développement des moyens de transport a souvent aggravé les conditions de vie des habitants comme à Londres à Whitechapel. Les lignes ferroviaires ont peu à peu éventré les quartiers les plus tristes, épargnants les plus riches provoquant de nombreuses destructions d’habitation sans relogement garanti poussant dès lors à la densification des rues voisines. Les grandes gares, véritables monuments doublés de logements et d’hôtels comme la gare Saint

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Pancras témoigne de l’orgueil des compagnies et du génie des architectes mais ont occupé une place autrefois encore réservée à un habitat pour pauvres, même s’il était fait de taudis.

Des améliorations ont lieu cependant progressivement qui tiennent à plusieurs causes :o L’amélioration du pouvoir d’achat progressif des classes laborieuseso Les initiatives d’autorités locales comme Chamberlain maire de Birmingham en 1874 où les efforts de la

municipalité de Manchester à partir de 1844 notamment en ce qui concerne la distribution d’eau, ou la mise en place d’égouts en réseau.

o Des lois plus générales également comme celle en 1868 sur la santé publique qui détaille les règlements d’hygiène municipale et les nuisances auxquels il faut s’attaquer en attendant la grande loi de 1872 qui crée des autorités sanitaires urbaines et surtout celle de 1875 qui définit un « minimum sanitaire national » avec les adductions d’eau, les réseaux d’égouts, un nouveau tracé ordonné et planifié des rues, l’inspection des aliments, les règles pour l’inhumation… L’interventionnisme croissant de l’État dans ce domaine est important et témoigne d’un changement des mentalités.

o La charité privée est également importante surtout à partir des années 1860 1870 comme par exemple octavia Hill à Londres. (+ les églises) Mais il s’agit d’aider « les pauvres méritants » (payer ses loyers, être ponctuel, être respectable, être propre…. Véritablement un endoctrinement social… Les élites politiques interviennent également pour donner l’exemple comme Gladstone… Ce dernier fera d’ailleurs adopter en 1870 une loi sur l’enseignement élémentaire ce qui augmente la scolarisation et surtout oblige à des lois sur la durée du travail pour les enfants…Tout n’est pas pure générosité dans les motivations face à la peur du crime, à la hantise du péché pour les religieux et la peur des « classes dangereuses » avec la fondation par exemple de la première internationale à Londres en 1864, l’apparition du mouvement ouvrier mondial mais aussi les idées de Karl Marx même s’ils ont peu d’écho dans le monde ouvrier…

o On voit enfin apparaître aussi des plans d’aménagement urbain mais on est loin de Paris et de l’action du préfet Haussmann. Dans ce domaine l’Angleterre est très en retard…

o Il faut aussi que la ville se dote d’équipements nouveaux comme les halles (marché d’alimentation centralisant les denrées) comme le montre Émile Zola dans « le ventre de Paris ». Il faut aussi des égouts, l’adduction d’eau, (La distribution d’eau se fait d’abord par les fontaines publiques puis petit à petit l’eau courante gagne les étages et devient individuelle), la voierie, l’illumination des rues….

Au total la ville attire, devient un objet littéraire (voir Balzac, Zola et surtout le Londres de Dickens…). Un Nouveau Monde est bien né…3) D’où une condition ouvrière difficile : Les ouvriers sont nombreux et l’augmentation rapide ainsi en 1840 on en compte 2M, en 1900 8,5M et sans doute 10M en 1914.o La durée moyenne du travail est longue ainsi vers 1850 elle oscille entre 14 et 16 heures puis elle diminue

régulièrement La grande revendication c'est d'abord les 12 puis les 10 et enfin les 8 heures de travail quotidien. Problème du travail des enfants

o Les conditions de travail sont mauvaises : les cadences sont en augmentation et on note une hausse du nombre des accidents du travail.Exemple : on nettoie les machines sans les arrêter ainsi en GB le taux d'accident du travail qui est de 2,1 % en 1840 passe à 6,7 % après 1880.

o Les salaires sont faibles mais en progression lente et régulière jusqu'en 1900 (sauf crise 1873). Ils sont réglés aux pièces, à l'heure, à la journée. En général la paye est hebdomadaire et varie suivant les industries dans lesquelles on travaille.

o Les salaires féminins sont sous-évalués : en Grande-Bretagne 30 à 40 % de moins que les hommes. o Le travail des enfants est important parfois dès cinq ans au début de la révolution industrielle et vers

1850 ils représentent 10 % environ du salaire masculin en Angleterre. Les lois réduisant ce travail sont nombreuses et lentes, peu contrôlées d'où leur répétition...

o Le risque est longtemps total (chômage, maladie, accidents) : c'est la hantise ouvrière.o L'existence quotidienne est difficile : Logement malsain, promiscuité, on vit en banlieue (outer London) ...o La surveillance : "classes laborieuses, classes dangereuses" mais c'est aussi le début de l'affirmation d'une

conscience de classe...

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o Distractions : café avec lecture journal en commun, cabaret, music-hall, les premiers cinémas mais seulement lorsque le niveau de vie commence à augmenter. Pour les hommes seulement.

4) Des inégalités fortes malgré des progrès :Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres quand ils sont au travail bénéficient des miettes du progrès. La fortune appartient toujours à une maigre élite, le quart des terres du royaume est aux mains de 1200 personnes. On considère ensuite que 0,5 % de la population appartient à la grande bourgeoisie, la moyenne représente 2 % et en ajoutant la petite bourgeoisie on atteint au total pour les classes moyennes et supérieures environ 20 % de la population.

Le sort des classes populaires s’améliore petit à petit à partir de 1840 et jusqu’à la crise de 1873 tant du point de vue des salaires que du point de vue de l’alimentation ou du logement… On distingue les ouvriers qualifiés, sorte « d’aristocratie ouvrière » environ 1M de personnes puis les semi qualifiés environ 4M, et les manœuvres environ 5M également.

Inégalités de revenus bien sûrs mais aussi dans la vie de tous les jours, dans le nombre d’heures travaillées, la vie de famille (nombre de mères et d’enfants travail et le modèle bourgeois de la mère au foyer est donc interdit…) la quasi impossibilité de vacances et de loisirs…

Plus bas encore les pauvres ou marginaux qui à Londres représentent un tiers de la population. Une partie s’entasse dans les workhouses… Les autres pour y échapper préfèrent mendier ou s’entasser dans des taudis constituant un sous-prolétariat…

5) la "question sociale" et ses conséquences: La misère ouvrière a focalisé l'attention dans le second quart du 19e siècle, à tel point qu’elle est appelée « The Condition of England Question ». Cela tient largement au fait que les ouvriers ont depuis longtemps commencé à s'organiser pour se défendre. o L'organisation des ouvriers anglais remonte aux années 1820 où ont été adoptées les premières lois Sociales

cependant le mouvement ouvrier, à sa formation, n'a pas eu une pleine autonomie car il a immédiatement intéressé les sectes dissidentes, des utilitaristes de gauche tracassés par la question de la répartition des richesses et les radicaux qui sont allés à sa rencontre. A l'origine, beaucoup de cadres du syndicalisme ont été des prêcheurs du dimanche, imperméables aux idées socialistes, d'autant plus que celles-ci se présentaient comme héritières de la Révolution française dont la réputation était exécrable dans les Iles britanniques. Il en est sorti un grand intérêt pour les utopies sociales (toute l'œuvre de Robert Owen) et pour le mouvement coopératif.

o La principale manifestation du mouvement ouvrier britannique, depuis 1830, a été le chartisme, un mouvement complexe assurant la transition entre l'idée de réforme politique et celle de révolution sociale, un mouvement plus populaire qu'ouvrier, plus démocratique et politique que social, et qui a pourtant conduit à la revendication de la classe ouvrière. Les causes du chartisme ont été diverses :o Des causes économiques liées aux conséquences du développement du machinisme (ruine d'artisans tisserands),

au factory system (travail des femmes et des enfants, compression des salaires, mauvaise répartition des richesses, crises économiques répétées)

o Des causes sociales liées, au rejet de la Poor Law de 1834 (dénonciation des "Bastille" dans lesquelles les pauvres sont enfermés), à l'échec des premières associations ouvrières.

Le terme "chartisme" renvoie à une pétition adressée par 1,2M signataires en 1835 à la Chambre des Communes, comprenant six revendications politiques : Parlement annuel, élections au suffrage universel, égalité des circonscriptions électorales, abolition du cens d'éligibilité, vote au scrutin secret, création d'une indemnité parlementaire.

Les soutiens à cette pétition comportent les radicaux, les masses ouvrières, du prolétariat écossais à l'aristocratie ouvrière des mécaniciens, en passant par les artisans à domicile. Ces diverses composantes s'opposent sur le choix des moyens d'action : pression morale ou usage de la force physique et de la violence . Une convention de délégués réunie à Londres, puis à Birmingham, à partir de février 1839 voit l'aile révolutionnaire l'emporter mais c’est un échec. Après cet échec, le mouvement chartiste poursuit cependant son existence, miné par des divisions internes à la fois régionales et sur les moyens de manifester. Une nouvelle pétition est lancée en 1842 rassemblant 3300000 signatures) rejetée par le Parlement d’où une vague de grèves sur le Lancashire, le Yorkshire, grèves parfois accompagnées de bris de machines, mais en règle générale elles ne sont pas violentes, la classe ouvrière ne se voulant pas révolutionnaire et n'ayant ni direction, ni organisation, ni fonds. Ces grèves échouent et cela contribue à détourner les ouvriers du chartisme et, à les orienter vers les TRADE UNIONS qui luttent contre la Poor Law et pour l'abaissement de la durée de la journée de travail à 10 heures.

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Dans ce contexte, le chartisme, en perte de vitesse, se rapproche de ceux qui voudraient le rattacher au socialisme. Mais c’est très vite l’échec et les dernières organisations chartistes se dissolvent à Glasgow en 1853.

Le chartisme, a cependant exercé une très grande influence sur les milieux intellectuels comme en témoignent la publication du roman de Disraeli « Sybil » en 1845, contribuant à répandre dans les classes dirigeantes le remords social" appelant à son tour une politique de réformes. Le gouvernement a entendu cet appel et a orienté le Parlement vers le vote de réformes sociales (la loi des 10 heures de 1847 par exemple pour femmes et enfants.Par ailleurs l'échec du chartisme, loin d'être complet, a contribué à l’éveil politique de la classe ouvrière, lui a permis de gagner en autonomie et en prise de conscience de son identité, et assuré le succès du trade Unionism et l'intégration de la classe ouvrière dans le système capitaliste.

D’où la montée du syndicalisme ( ou Unionisme ) dont l’ 'histoire commence en 1824 avec l'abrogation de la loi contre les associations. Les débuts sont très difficiles : les syndicats, n'ayant pas de reconnaissance morale, ne peuvent pas avoir de fonds propres (ils doivent s'en remettre à des particuliers d'où la fréquence des détournements), l'Unionisme est pour longtemps considéré comme nuisible à la société (cf. la position exprimée par Dickens dans Temps difficiles) en 1854 encore.

Ce qui tient lieu de syndicat, à l'origine, ce sont de très petits clubs fermés, indépendants les uns des autres, on ne les trouve que dans les grandes villes, à Londres notamment - qui n'est pas un berceau de la grande industrie avec des unions professionnelles, dans les filatures de ManchesterLe syndicalisme rencontre longtemps des concurrents : o Les tories radicaux, comme lord Ashley (plus tard lord Shaftesbury) qui, dans les années 1830, se battent

pour obtenir une diminution de la durée de la journée légale de travail, qui font voter en 1833 I' Ashley Act, première loi sur le travail des enfants et en 1847 la loi de dix heures"

o Les partisans du mouvement coopératif , qui concluent que les commerçants et les capitalistes sont des parasites économiques qui peuvent être éliminés par les coopératives de production. Leur leader est un industriel philanthrope, réformateur social, Robert Owen (1771-1858). Mais échec aux USA comme en GB

o Le chartisme , Les liens entre chartisme et syndicalisme sont ténus et le syndicalisme végète plutôt dans les années 1838-45 qui constituent la grande période de l'effervescence chartiste.Le mouvement syndical de la fin des années 1840, échaudé par diverses expériences, se fait donc très

pragmatique, évite les ambitions démesurées , refuse de s'associer à des chartistes et déclare ouvertement que son but est d'élever le niveau de vie de ses adhérents et en 1858 l'Association nationale des mineurs obtiendra dès 1860 le vote d'une loi augmentant la sécurité dans les mines et permettant à des représentants des mineurs de contrôler la pesée des quantités extraites. On trouve aussi les Amalgamated Engineer s A cette date, le visage du syndicalisme est bien changé. Les organisations les plus puissantes ont entamé leur intégration dans le système capitaliste elles s'efforcent d'être efficaces et raisonnables ; elles ambitionnent de payer des allocations-chômage ou d'aider les sans-travail à émigrer vers des pays neufs vers les colonies. Elles s'efforcent aussi d'éduquer les ouvriers, en s'alliant souvent avec les sociétés de tempérance.

L’exposition de 1851 donne un sentiment de dignité aux ouvriers qui la visitent et qui se passionnent pour les différentes machines et productions. À son terme, elle peut être regardée comme un jubilé national, comme l'occasion de resserrer les liens entre les Britanniques.

Cette évolution désole Friedrich Engels, l'auteur de La condition de la classe laborieuse en Angleterre qui, en 1858, écrit avec acidité à Karl Marx : « The English prolétariat is becoming more and more bourgeois »La logique continue donc et mène en 1868 à la création par les délégués d’un certain nombre de syndicats du TRADE UNION CONGRESS ou TUC qui obtiennent en 1871 une pleine reconnaissance de leur légalité et comptent 730000 membres en 1873 puis 1.2M en 1891 et 1.5M en 1910.

L’heure est venue des tenants d’un mouvement ouvrier intégré à la société qui ne cherche pas à remettre en question le système économique lui-même. Le marxisme est loin et Karl Marx en est réduit à organiser à Londres des réunions des plus confidentielles. En réponse Disraeli supprime la notion de conspiration en cas de grève et légalise les « piquets de grève pacifiques »

La logique gagne ensuite le politique toujours sous l’influence de Disraeli qui précise sa vision en 1872 en voulant élever les conditions de vie des individus, en voulant les associer à la vie politique. Même après sa disparition les perspectives sont tracées et c’est la réforme politique électorale de 1884 et 1885 avec l’octroi du suffrage à 5 des 8M de Britanniques en âge de voter.

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La crise des années 70 complique les choses, amène a un renouveau des idées socialistes : Social Democratic Federation (SDF), La Fabian Society est une organisation née en dehors du monde ouvrier, du fait de jeunes intellectuels philanthropes , La Socialist League (marxiste)

Mais peu d’écho, de succès et on va alors vers la constitution d’un nouveau parti, Le parti travailliste qui découle du syndicalisme . Il ne correspond à aucun modèle continental et ne fait pas référence au socialisme.

En 1899 Lors de l'assemblée générale du TUC, la décision est prise de fonder un parti politique autonome, avec pour but d'accroître la représentation du monde du travail aux élections à venir. Il n'est question ni de projet socialiste, ni de lutte des classes, ni d'abolition du capitalisme, ni a fortiori de révolution. C’est bien plutôt l'extension du suffrage universel et le progrès de la démocratie politique pour une reconnaissance des droits du travail qui fonde le « Labourism » (travaillisme), parfois défini comme une volonté de la classe ouvrière d'obtenir la reconnaissance de sa spécificité corporative, plutôt que comme celle de remodeler la société tout entière à sa propre image.

Le parti travailliste, dès sa naissance, est marqué par la culture politique britannique : valorisation du compromis, du pragmatisme, du gradualisme dans le changement social . En 1900 à Londres, congrès fondateur du Labour Representation Committee (LRC) - c'est le premier nom du parti travailliste. Et en 1906 il devient le Labour Party . C'est le nom que porte toujours le parti travailliste. Cela aura de l’influence sur le SPD allemand, aux USA….

6) Des changements sur la place de la GB dans le monde et donc pour le monde : L’Angleterre est le pays d'Europe qui a eu le plus fort rayonnement humain, économique, technique, sur le reste du monde au 19e siècle, c’est aussi celui qui a édifié sur toutes les mers et sur tous les continents la plus colossale construction coloniale. Entre ces deux aspects de l'expansion britannique, le lien n'est pas nécessairement aussi Logique qu’on pourrait le penser.

Les années 1840 montrent que la voie industrielle et commerciale s'impose à tous et le symbole en est le ralliement du TORY (donc a priori protectionniste) PEEL en 1846 aux libéraux (Abolition des CORN LAWS et Actes de Navigation) ce qui donne naissance en 1859 au parti libéral. Théoriquement, l'idéologie dominante dans l'Angleterre de la Révolution industrielle : le libéralisme condamnait et excluait l'impérialisme politique, pourtant, dans la pratique, les progrès du libéralisme, n'ont nullement empêché l'Angleterre de consolider et d'étendre son emprise politique et territoriale sur l'outre-mer.

La contradiction n'est qu'apparente. Tout d'abord, malgré la perte des Treize Colonies d'Amérique du Nord, l'Angleterre restait chargée d'un

énorme héritage colonial légué par le 18e siècle : l'ancien Canada français acquis en 1763, Le Cap, acquis en 1815, plusieurs Antilles, des comptoirs africains. Une Inde où les conquêtes faisaient constamment reculer le domaine des princes, de nouvelles colonies de peuplement se constituaient en plein 19e siècle : Australie, Nouvelle-Zélande.

Le gouvernement britannique se trouvait conduit, partout, à intervenir même contre son gré : pour rétablir l'unité menacée du Canada, écartelé entre habitants de souche française et immigrants anglo-saxons, pour soutenir les colons anglais contre les Boers, en Nlle Zélande contre les Maoris...

D'ailleurs, s'il envisageait de doter rapidement les colonies de peuplement d'une autonomie interne (self-government) qui lui permettrait de se décharger sur les coloniaux de ses responsabilités et de ses dépenses, et de prévenir tout conflit entre la métropole et ces colonies, il ne comptait nullement abandonner l'élément de prestige, de puissance et, bientôt, de prospérité que leur possession représentait pour l'Angleterre.

Quant aux colonies peuplées de gens de couleur, les Anglais s'estimaient investis d'une mission éducatrice à leur égard.

Par son existence même, l'Empire perpétuait l'impérialisme politique.

D’autre part, le libéralisme recelait une puissance d'expansion qui pouvait difficilement se passer du recours à la force et à la domination.

En principe, l'expansion commerciale, qui est la conséquence de la croissance industrielle, n'a pas besoin de s'appuyer sur un Empire. En fait, l'exercice de la domination coloniale peut fournir l'occasion de l'expansion commerciale, et la protéger utilement : C’est ainsi que Disraeli, en 1863 proclame « qu’il ne fait aucun doute que le meilleur moyen de préserver la richesse, c'est la force ».

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Enfin dès le milieu de l'ère victorienne, les Anglais sont grisés par la réussite matérielle de leur pays. Ils se considèrent comme les guides du progrès, comme aptes à créer la richesse partout dans le monde. Ils pensent donc qu'il leur revient de l'imposer aux peuples inférieurs qui l'ignorent encore (John Stuart Mill, dans ses « Considérations on Representative Government » 1861)

Enfin, l’avance économique et technologique, la puissance militaire, politique et financière de la Grande-Bretagne permet de parler « d'empire informel » notamment vis-à-vis de la Chine, de l'empire ottoman et surtout de l'Amérique latine car son avance soumet ces régions à ses vœux et ses intérêts.

Les choses vont changer franchement à partir des années 1860 et surtout 1870 obligeant la Grande-Bretagne à passer d'un «   empire informel   » à un «   empire formel   ». DISRAELI et GLADSTONE seront à la charnière de ce changement et ce sera SALISBURY et surtout Joseph CHAMBERLAIN qui achèveront la mutation fin 19e, début 20e. POURQUOI   ?

Paradoxalement c'est l'affaiblissement relatif de l'hégémonie économique britannique qui explique l'impérialisme militant de la fin du 19e marqué par le grand projet d'Afrique anglaise "du Cap au Caire" de Cecil Rhodes et auparavant la constitution de l'empire des Indes en 1876 par DISRAELI.

L’impérialisme britannique prend dans les 20 dernières années du 19 e siècle une allure plus franchement agressive.C'est que les menaces ou les concurrences étrangères limitées au temps où la France manifestait seule des ambitions coloniales, se font très réelles quand l'Allemagne, la Belgique, le Portugal, l'Italie entrent dans la course.

Des indices avant-coureurs commençaient à fleurir à partir des années 1860 notamment.o C'est d'abord la difficile répression de la révolte des Cipayes en Inde en 1858o Mais c'est surtout la guerre de Crimée qui montre le piteux état de l'armée anglaise et par

comparaison la force militaire française o Enfin en 1860 le lancement du cuirassé français « la Gloire » fait prendre conscience d'une certaine

obsolescence de la NAVY. La grande dépression qui commence en 1873 exacerbe le problème. La croissance s'essouffle : avec 2,2 %

entre 1870 et 1913 la GB tombe au 6e rang européen loin derrière l'Allemagne avec 3 % ou les USA... La supériorité technique notamment dans le domaine industriel est moins évidente car la France,

l'Allemagne et les États-Unis la rattrapent technologiquement dans la chimie ou la dépasse dans l'électricité... Le dépôt de brevets suit la même pente (1890 : 35 % des brevets contre 23 % pour l'Allemagne et c'est exactement l'inverse en 1910).

Enfin, la grande dépression incite de nombreux pays à favoriser leur croissance industrielle par une course aux colonies (le fameux « SCRAMBLE » en Afrique ou ailleurs qui ne fait que commencer). Il s'agit dès lors de contrôler les territoires les plus vastes possibles afin de s'assurer les meilleures ressources en matières premières ainsi que d'éventuels débouchés...

D’OU LA REACTION BRITANNIQUE   :

La liberté des mers est britannique, elle est garantie par une flotte sans égale. La marine de guerre britannique était, en 1871, un véritable « tigre aux dents de papier ». L'effort est alors considérable.

o On construit, avant 1890, des navires de plus en plus gros, en acier, embarquant des pièces d'artillerie énormes (4 canons de 80 tonnes tirant des obus d'une tonne dans le cas de l'Inflexible en 1881)

o En 1889, le Naval Defence Act adopte le principe du « two-power standard « d’après lequel la flotte britannique devrait équivaloir à la somme des deux flottes les plus puissantes après elle : en 1898, le principe vaut effectivement pour deux flottes (la française plus la russe).

1878 apparaît l'expression d'un nationalisme agressif sous le nom de «   JINGOISME   » La littérature complète cet engouement avec le best-seller de RIDER HAGGAR « les mines du roi

Salomon » et surtout Kipling avec son célèbre poème « le fardeau de l'homme blanc » mais aussi à travers « le livre de la jungle de 1894... »

Un autre aspect de cette idéologie impériale réside dans l’exaltation de la royauté à travers la reine Victoria qui sous Disraeli devient impératrice des Indes en 1876.

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En 1914 il n’est donc plus question d’empire informel. Le tournant définitif vers l’impérialisme est pris, initié par DISRAELI et poursuivi par les gouvernements conservateurs majoritairement au pouvoir après 1886. Au final en 1914 avec 33 Mkm2 et 390 M d'habitants l'empire britannique est le premier empire colonial devançant largement celui de la France avec 10 Mkm2 et 48 M d'habitants.

Il s'agit bien là de l'apogée de la puissance de l'empire britannique, c'est l'époque du « Rule Britannia », de l'empire « sur lequel le soleil ne se couche jamais...