20120712 Courrier International Supplement Pays Basque

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    3 : H I K N L I = X U X Z U V : ? b @ b @ n @ c @ k ;

    M0

    3183-1132

    -F:3,5

    0E

    VloLe nouveau mode de ville

    MaliComment intervenir ?

    Srie tlDallas passe au vert

    AfriqueCFA:260

    0FCFA-Algrie:450DA

    Allemagne:4,00

    -Autriche:4,00-Canada:5,95$CAN

    DOM:4,20-Esp

    agne:4,00-E-U:5,95$US-G-B:3,50

    Grce:4,00-Irlande:4,00-Italie:4,00-Japon:700

    Maroc:30DH-No

    rvge:50NOK-Portugalcont.:4,00

    Suisse:5,90CHF-Tunisie:4,50DTU-TOM:700CFP

    ourrierinternational.com

    N 1132 du 12 au 18 juillet 2012

    Fr

    3,

    Escrocs & faussaires (1/5) Arnaque aux grands crus

    Le Pays basqueLes reportagesde la presse trangre

    Terre, mer et caractre

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    En couverture

    II Courrier international | n 1132 | du 12 au 18 juillet 2012

    Le Pays basque

    The Daily Telegraph admire leur prodigieuse joie devivre, tandis que Le Devoir, quotidien de Montral,rappelle le rle historique quils ont jou dansldification du Qubec. Une chose estsre , les Basques fascinent plus que jamaisles journalistes trangers, qui senthou-siasment autant pour la rgion que pourses vagues parfaites et son vin fruit.

    Terre, mer et caractre

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    aux genoux. Leurs planches schent contre unmuret. Les filles portent des bikinis de couleurvive qui contrastent avec leur peau bronze,leurs cheveux blonds sont blanchis par le soleilet leau sale. Latmosphre est dtendue, le prin-cipe est de profiter de la vie. Les surfeurs locauxdans leau peuvent compter sur les ooooh ! etles aaaah ! des spectateurs.

    Sur la Grande Plage, Antoine sort de leau etsecoue les gouttes de ses cheveux. Ce Wallon de19 ans qui pratique le shortboard vient surferchaque anne Biarritz. Bronz, blond, il a unsourire dune blancheur clatante et il rayonne,

    affichant lattitude dtendue caractristique dusurfeur. Ici, les vagues sont bien mieux quen Bel-gique. Chaque anne, je viens loger quelques semaineschez des gens de ma famille. Lt je suis sur leau,lhiver sur la neige.

    Un style de vie uniqueSur la plage, deux pratiquants de longboard sap-prtent entrer dans leau. Ils schauffent rapi-dement, puis se jettent leau en sclaboussant.Des centaines dyeux de supporters suivent leurstricks, leurs prouesses. Pagayage, debout sur laplanche, puis llgance pure. Les pratiquantsde longboard doivent dcrire de longues et largescourbes, en avanant ou en reculant sur laplanche, parfois mme en saccrochant au bordde la planche laide de leurs orteils.

    La femme qui a donn le got du surf auxFranais ne peut tre absente de la comptition.Maritxu Darrigrand, ancienne championne deFrance de surf, travaille prsent pour Roxy.Elle cherche susciter la passion du surf chezles femmes europennes. Aujourdhui elle surfeencore. Le surf est un rve. Quand on prend unevague, on est ailleurs. On veut toujours recommen-cer pour ressentir nouveau cette impression, dit-elle. On ne se souvient que des bonnes vagues. Ondevient accro.

    Ses yeux scintillent. Jai grandi Biarritz.Les les Fidji sont mes sites favoris, mais jaime vrai-ment venir ici. Quand je me retrouve seule avec maplanche sur leau, cest le plaisir suprme.

    Cette Basque explique pourquoi il est si diffi-cile de comprendre le style de vie des surfeurs :On ne peut pas dcrire ce que lon ressent quand on

    prend une vague ou quand on se retrouve en dessous.On ne peut le savoir que quand on le fait soi-mme.

    Quand lAustralienne Stephanie Gilmore[quadruple championne du monde] et lHa-waiie nne Car issa Moo re [cham pio nne dumonde en 2011] plongent dans leau, Maritxuse tait. Les mains sur les hanches, elle regardeles deux femmes qui se battent pour le titre.Stephanie prend une vague et ralise quelquesvirages agressifs. Lcume se projette plusieursmtres de hauteur. Quelques minutes plus tard,cest au tour de Carissa. Elle surfe un instantsur la vague puis en descend avec une vitessefulgurante. Les deux surfeuses se valent, maiscest Stephanie qui sera la championne RoxyPro. Sur leau, elles se sont peut-tre combat-tues, mais sur la plage, Carissa Moore vient fli-

    citer la gagnante.

    Courrier international | n 1132 | du 12 au 18 juillet 2012 III

    Fous de surf,

    un art de vivreNature, picurisme et peau haleUne journaliste belge dcouvrela pratique de la glisse sur les vaguesbiarrotes. Toute une philosophie.

    De Standaard (extraits) Bruxelles

    U

    ne vague scrase contre lesrochers. Une jeune femme quiporte une planche de surf a unmouvement de recul, mais finittout de mme par descendre le

    talus en direction de leau. Surles vagues flottent une dizaine de surfeurs,sur la digue sont regroups des badauds quiattendent de voir lun des surfeurs ramer, seredresser et prendre la vague. Cest a le surf :profiter de locan et de la nature, et avoir plaisir se retrouver.

    La Cte des Basques, Biarritz, est le sitede surf le plus pris dEurope. Locan Atlan-tique y dverse de grandes vagues qui formentdes rouleaux. Roxy, la marque de surfs pourfemmes, sait que ce lieu est idal pour le surfet organise chaque anne le Roxy Surf Jam.Ce championnat du monde fminin officieuxattire les meilleures pratiquantes deshortboard[planche courte] et de longboard [planchelongue]. Pendant une semaine, elles saffron-

    tent chaque jour loccasion de courtes com-ptitions, ou heats. Le dernier jour, les meilleuresdentre elles dans chaque catgorie se mesurentles unes aux autres.

    Quand la championne franaise Lee-AnnCurren traverse la plage en direction de la mer,des cris enthousiastes se font entendre. Desjeunes filles hurlent comme si elles acclamaientune vedette de la chanson. Lee-Ann pagaie poursloigner de la rive puis sassoit sur sa planche.Regardant par-dessus son paule, elle cherchela bonne vague tout en gardant lil sur sonadversaire. Quand elle repre sa vague, elle sal-longe et commence ramer. La vague atteintses pieds, et hop ! elle se lve. Elle se positionnepour faire baisser le nez de la planche, elle acc-lre, tourne, revient dans la vague et se rassoitau moment o la vague est sur le point de se

    briser. Cest prsent son adversaire de prou-ver quelle est au moins aussi bonne. Quelquesminutes plus tard, la petite Franaise sort vain-queur de leau. Elle y retournera bientt pourbattre sa prochaine adversaire.

    Sur la digue, on se rend vite compte que lesurf nest pas seulement un sport mais aussi unstyle de vie. Des jeunes la peau tanne par lesoleil flnent en shorts de surf qui leur arrivent

    Jaime vraiment venir ici.Quand je me retrouve seuleavec ma planche sur leau,

    cest le plaisir suprmeN

    ICOLASTUCAT/RA

    En couverture :entranement auclub de trainire,une barquede pche

    traditionnelle, Ciboure.MEYER/ TENDANCE FLOUE

    Des surfeursvenus du mondeentier viennentprendre la vaguesur les plagesde Biarritz.

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    Le designer Christian Astuguevieillea install sa maison-laboratoire sur lesquais de Bayonne. Visite des lieux avecle critique dart duNew York Times.

    The New York Times (extraits) New York

    Lantre du chaman se niche au curdu Pays basque, dans un difice duXIXe sicle situ dans une ville o

    deux cours deau [lAdour et la Nive]se rejoignent. Cest un btiment dequatre tages construit autour dune

    cour intrieure couverte et qui compte selon lapersonne qui fait le calcul environ treize pices,do lon na vue ni sur les ponts, ni sur les barges,ni sur la lumire qui baigne le fleuve. Loccupantdes lieux, Christian Astuguevieille, est lun de cesesprits universels que lon rencontre dans lemonde du design, un touche--tout qui ne sestpas laiss cataloguer et sest fait un nom au coursdes dernires dcennies comme directeur artis-tique de maisons de couture et de parfumeurs notamment du label de mode japonais Commedes garons , mais aussi comme sculpteur, cra-teur de meubles, de bijoux et de bibelots.

    Mais ce nest pas son travail pour Nina Ricci,Rochas ou Herms qui la rendu clbre et qui

    a amen des collectionneurs comme DelphineKrakoff, Nate Berkus ou Philippe Starck suivreson travail avec passion. Ce sont les objets trangesquil a crs partir des annes 1980. Sinspirantde lesthtique japonaise duwabi-sabi[conceptreposant sur les principes zen de la simplicit etde limpermanence des choses] et dufuroshiki lart denvelopper les objets dans des carrs detissu , il a enroul de la corde de coton ou dechanvre autour dobjets de la vie quotidienne.

    Cest lutilisation de ce matriau ancien etordinaire quest la corde qui la consacr lors desa premire exposition de meubles la galerieparisienne Yves Gastou, en 1989. Le monde dudesign sest entich de ses chaises et de sesconsoles gaines de fibres tresses.

    Les adjectifs utiliss pour dcrire ses objets

    relvent le plus souvent du vocabulaire nautique.

    Et, sil est vrai quils voquent des docks et deshaussires, ils semblent galement faire rfrence des significations symboliques plus profondesde la corde, telles celles qui inspirent les ritesmystrieux des sorciers ou des francs-maons.

    La corde est omniprsente dans la maison deChristian Astuguevieille : elle entoure les tables,serpente travers les vitrines, forme de grosnuds rigides. Peinte en bleu Yves Klein, ellepeut aussi couvrir des vases, les rendant impos-sibles utiliser mais les imprgnant de mystre.

    Il est important pour moi de dtourner lusageoriginal des choses, prcise lhomme, qui a ense-veli un tlphone cadran rotatif sous un paquetde vtements laqus. Haussant les sourcils der-rire des lunettes qui lui donnent un air de hibou,Christian Astuguevieille se permet un rare sou-rire : Jadore dconcerter !Et il le fait en crantdes antiparfums qui voquent lodeur des dunesde sable, du carbone minral ou du caoutchoucbrl. Il travaille dans une maison qui, de toutevidence, na pas t amnage pour y vivreconfortablement ni pour recevoir des invits. Il ya des chaises, mais elles sont pourvues de cornesou dautres lments de dcoration. Il y a des pilesde vaisselle en faence de Creil-Montereau chinesaux puces au fil de plusieurs dcennies, mais,comme le designer mange rarement chez lui, ellessont l essentiellement pour le dcor. Et, mme

    sil y a des chambres, elles apparaissent commeun mal ncessaire, un ajout non prvu.

    La maison rpond en partie au besoin duneretraite loin du brouhaha de Paris et en partie auxexigences dune carrire internationale. Mais ellefait surtout office de cabinet de curiosits, o lar-tiste trouve son inspiration dans le fatras desobjets quil a collectionns au fil de ses voyagesautour du monde.

    Le but de son travail dans cette maison quila amnage sur les quais de Bayonne, o lodeurde la rivire remonte travers les planchers eto les cloches de lglise sonnent toutes les heures,est de superposer les sensations et de joueravec elles . Mon travail consiste crer de nouveauxmoyens dexprimenter les sens, que ce soit tra-vers le parfum ou la corde, conclut-il.

    Guy Trebay

    En couverture Le Pays basqueIV Courrier international | n 1132 | du 12 au 18 juillet 2012

    Des cornes et des cordes

    Ces dernires annes, le surf a pris une tour-nure beaucoup plus professionnelle : le matrielsest amlior, les planches sont plus lgres etles combinaisons plus adaptes. Cela vient delexprience des surfeurs. Certes, les bikinis sontplus jolis, dit Maritxu Darrigrand. Ils sont plus fmi-nins et ils ont de belles couleurs. Et il faut lavouer,cest plus agrable dtre en petite tenue dans leauchaude. Mais il faut aussi pouvoir bouger vite quandon est sur la planche. On na pas envie de vrifierconstamment si son bikini est bien en place.

    Mme si beaucoup de surfeurs dbutantsont envie de savoir raliser tout de suite desmoves cool sur un shortboard, cest sur un long-boardsoft top quon apprend le mieux surfer.Ces grandes planches au revtement en moussepermettent de moins se faire mal lorsquontombe et quand la planche vous atterrit sur latte. Comme elles sont plus stables, on apprendplus vite se mettre debout. Plus tard, on peutpasser un longboard hard top ou un short-board.

    Militer pour lenvironnementPeter Brabants, un pratiquant de 46 ans, pr-fre encore pour sa part surfer sur un longboard.Quand jai commenc, je voulais une petite planchecomme la plupart des gens. Jallais souvent surfersur les plages trs frquentes. Avec un shortboard,on ne peut aller quau plus haut de la vague, etquand il y a dj dix personnes qui sy trouventJe dteste la foule, alors jai choisi des planches plusgrandes qui me permettent daller ramer dautresendroits. Sans compter que surfer sur un longboardest souvent bien plus lgant. On peut y mettre plusde crativit.

    Comment peut-on se passionner ce pointpour une planche qui glisse sur leau ? En mar-chant sur les galets en direction de la mer, Peterexplique : Quand quelque chose se met jouer un

    rle aussi important dans votre vie, on en fait aussiune philosophie : on fait attention son corps et la nature. Je milite beaucoup en faveur de lenvi-ronnement et jessaie aussi de transmettre mes ides tous ceux avec qui je fais du surf. Je prends parexemple toujours soin de ramasser mes ordures.Puis il plonge dans leau. Les vagues se hris-sent mais Peter file comme un poisson tra-vers le ressac.

    Il y a quelques annes, de grandes marquesont fait connatre les sites de surf en les pr-sentant comme des endroits cool. Des millionsde voitures, de rasoirs et de boissons frachessont commercialises sous une marque de surf.Les gens ont fini par associer ce sport une viesaine. Nombreux sont ceux qui auraient enviedessayer sils en ont un jour loccasion. Saufquon ne peut pas passer une anne travailler,

    rester vautr dans son canap tous les soirs en man-geant des plats gras et aller ensuite faire du surf unesemaine par an, explique Peter. Son corps napas un gramme de graisse, les muscles de sesbras sont tendus comme des cbles sous sa peau.Il faut tre en excellente forme pour surfer. Il fautdonc mener une vie saine et sentraner. Mais quandon saccroche, on est mordu vie.Monica Mont

    On ne peut pas rester vautrdans son canap tous les soirset aller ensuite faire

    du surf une semaine par an

    Dans latelierde ChristianAstuguevieille :voil le cordageen cotonquutilisele designer dansses uvres. JE

    AN-FRANOISJAUSSAND/LUXPRODUCTIONS.COM

    Surfeursdeau douce

    Le tout dernier spotde surf de la rgionse situe au milieudes pturages !La socit Wavegardenpropose en effetun dispositif quipermet de crerdes vagues artificiellessur un tang situen pleine campagne au

    pays basque espagnol,non loin de la frontirefranaise.Selon Wavegarden,les vagues peuventatteindre 1,3 m de hautet dferler sur150 mtres. De plusamples informationssur wave-garden.com.

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    Le quotidien de Milan ne taritpas dloges sur cette petite villechic et accueillante.

    Il Giornale Milan

    Femmes aux cheveux coups lagaronne, regard qui tue ombrpar un maquillage raffin et criard,chapeaux cloches, robes fluides,souples, au genou et frangesflottantes, longs fume-cigarette en

    ivoire. A ct, des lvriers lancs, tenus par deprcieuses laisses. Hommes dune lganceimpeccable, habits en lin blanc et cru, borsalinosur la tte, chaussures gutres En arrire-

    plan, ranges de cabines parasols pour se prot-ger du vent, sable fin, magnifique mer hrissede vagues, palais Art nouveau, incomparablespalaces et casinos. Fabuleuses Annes folles Biarritz ! Mais son histoire faite de luxe, de bongot, daristocratie, de sceptres et de couronnesa commenc bien auparavant, dans la secondemoiti du XIXe sicle.

    Pose sur la cte atlantique du Pays basquefranais, Biarritz ( lorigine, elle sappelait Miar-ritze) dlimite avec son cap Saint-Martin la ctesablonneuse au nord, qui continue sur des cen-taines de kilomtres jusqu la Gironde, et le lit-toral rocheux au sud. Ainsi, le bord de mer decette cit balnaire raffine comprend de grandesplages de sable et dautres plantes de rochersdcouverts par les mares et le vent. Devant, le

    bleu de locan ; derrire, le vert intense des col-lines. Depuis quelques dcennies, Biarritz, dontle blason arbore une baleine, animal aujourdhuiencore symbole de la ville, sest pingl une autremdaille sur la poitrine : ses vagues ocaniques,qui sont, en croire les spcialistes, parmi les plusparfaites qui existent dans la nature. Elles atti-rent des centaines de surfeurs venus du mondeentier, aussi bien amateurs que sportifs de hautniveau [voir page III]. Tout a commenc de

    histoire qui a dbut officiellement avec larrivede lempereur Napolon III et de limpratriceEugnie. A partir du milieu du XIXe sicle, ilsvenaient y passer lt, entranant dans leur sil-lage une cour de nobles et de grands bourgeoisoriginaires des quatre coins de lEurope.

    Depuis, Biarritz est devenue la reine des plageset la plage des rois. Cest de cette poque que datelamnagement du rocher de la Vierge, une for-mation rocheuse que lempereur a fait percerpour la construction dun port refuge usagemilitaire. En 1865, une statue de la Vierge y a tinstalle. La vieille passerelle en bois qui reliaitllot la terre ferme a disparu en 1887 pourlaisser la place un nouvel ouvrage sorti des ate-liers Eiffel. Depuis ce formidable rocher, on peutembrasser du regard toute la cte, la Grande

    Plage et lHtel du Palais.Ce dernier, un difice singulier, exubrant,

    appel jadis Villa Eugnie, a t rig sur lordrede Napolon III pour servir de rsidence dt aucouple imprial. De nos jours, cest un htel deluxe, qui a conserv intacte son empreinte imp-riale. Authentiques meubles dpoque, vue pano-ramique incomparable sont les traits communs toutes les chambres et les suites.

    Parmi les joyaux admirer Biarritz figurentle casino de style Art dco (rnov en 1990), situprs du centre-ville le long de la Grande Plage ;le phare du cap Saint-Martin, rig en 1834, lundes plus visibles depuis la mer dans le golfe deGascogne ; le clbre hippodrome, immortalissur de nombreuses toiles, avec des personnagesde la noblesse et de la haute bourgeoisie occups

    suivre les courses ; la villa Belza, construiteentre 1880 et 1895 par larchitecte Alphonse Ber-trand sur le rocher du Cachaous, dabord rsi-dence prive, puis cabaret et restaurant de luxejusqu la Premire Guerre mondiale elle estmaintenant divise en appartements. Ici, mmesles terrains de golf font partie du paysage, au pre-mier chef le golf du Phare, command par desAnglais de noble extraction en 1888.Veronica Grimaldi

    En couverture Le Pays basqueVI Courrier international | n 1132 | du 12 au 18 juillet 2012

    Biarritz ou la douceur de vivre avec classe

    Entretien avec la directrice

    de linstitut Etxepare,

    promoteur de la languebasque dans le monde.

    Linstitut Etxepare a t cren 2010 avec pour objectifla diffusion de la langue etde la culture basques ltranger. Aprsdeux annes de travail, sonrseau de lecteurs duniversitdevrait stendre trente-neuf tablissements dansquinze pays [dont la France]dici 2013. Au coursde cette anne universitaire,1 703 tudiants du mondeentier ont suivi un cursus

    deuskera [enseignement

    de la langue et de la culturebasques].

    La culture basque se vend-

    elle bien ltranger ?

    Aizpea Goenaga Oui.Il y a une grande curiosit songard bien que cela dpendedes endroits. En Amriquedu Sud, par exemple, cestune culture trs apprcieen raison du pourcentagetrs lev de la populationqui porte un nom basque.

    Est-il compliqu dexporter

    une culture dans

    le contexte de crise actuel ?

    Non. Actuellement tout

    seffondre, sauf la culture,

    prcisment. Nous vivonsune poque de panique,

    dincertitude Et dans cettesituation, ltre humainne peut plus sappuyerque sur la culture.

    Quelle place doit occuper

    la langue basque sur une

    plante si mondialise ?

    Elle occupera la place quonvoudra bien lui donner. Il fautsavoir remettre du particulierau sein de luniversel. Nousne devons jamais perdre de vuenos origines. La langue basquese trouve dans une situationfavorable : elle est prsente luniversit, dans les moyens

    de communication et sutilise

    dans les nouvellestechnologies Ce nest pas

    une langue de muse. Elle adu pouvoir et sait vivre avecson temps. Elle rsiste parcequelle est utile. Notre rseaude lecteurs permet aussiun accs la littrature,la musique et le cinmabasques dans les universits.

    Lenseignement de la langue

    basque est-il suffisamment

    reconnu en Espagne ?

    Non. Il a t entach par desquestions politiques. On a toututilis, et tout mlang : l ETA,la violence, les ikastolas [colesbasques] Il est vrai que nous

    nous trouvons maintenant

    dans une nouvelle re et queles plus grands dfenseurs

    de la langue se trouvent enEspagne. Nous devons faire untravail plus social pour toucherdes tranches diffrentes dela socit. Ainsi, je pense quildevrait y avoir un peu deuskeradans toutes les coles du Paysbasque franais et espagnol. Lacohabitation et la coexistenceavec laltrit rendent plusprcieux ce que nous avons.La mondialisation estdangereuse lorsque rgnentlignorance et linculture.Propos recueillis par Joaqun

    Lecumberri Napal

    La Vanguardia (extraits)

    Barcelone

    Culture

    Il devrait y avoir un peu deuskera dans toutes les coles

    manire fortuite : alors que se droulait le tour-nage dun film [Le soleil se lve aussi, tir du romanponyme dErnest Hemingway], les habitants ontdcouvert la planche de surf utilise dans quelquesscnes. Certains sy sont intresss et se sont mis jouer avec les rouleaux. Cest ainsi que lendroitsest forg sa rputation.

    Le moindre coin de cette petite ville accueil-lante, anime, chic, exhale les parfums dune

    Tourne versla plage, le casinomunicipal deBiarritz silluminepour accueillirla nuit.

    ALFREDBUELLESBACH/VISUM/RA

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    Quest-ce qui rsume le mieux largion et ses habitants ? Son vignoble,unique plus dun titre, selon lanciencritique vinicole duDaily Telegraph.

    The Daily Telegraph (extraits) Londres

    Les habitants du sud-ouest de laFrance sont des gens coriaces. LeBarn et le Pays basque vouent unculte au rugby et la corrida, maisaussi, comme je lai dcouvert, lanourriture et la boisson. Je my

    trouve en compagnie de mes vieux copains JasonYapp et Tom Ashworth de [lentreprise de dis-tribution de vins] Yapp Brothers, qui sillonnentla rgion pour y dnicher de nouveaux viticul-teurs et retrouver ceux quils connaissent dj.

    Cette anne ils sintressent principalementaux iroulguys et aux juranons, mais cela ne nousempche pas de goter bon nombre dautres vinsau gr des restaurants o nous nous arrtons.

    Oui, je sais, cest un boulot extnuant. Je narrivepas comprendre comment un individu sain des-prit peut avoir envie de devenir marchand de vin

    Il est absolument essentiel de se plonger danslambiance locale, nous explique Jason. Pour com-prendre les vins, il faut comprendre les gens qui lesfont. Les gens dici ont une prodigieusejoie de vivre*,et ils produisent des vins dune grande authenticit etdun caractre marqu. A notre poque dhomog-nisation des marques, il est merveilleux de voir desviticulteurs utiliser des cpages locaux traditionnelspour laborer des vins aussi particuliers.

    Sur les pentes escarpes dIroulguy, au pieddes Pyrnes, nous faisons la connaissance dePeio Espil, qui sexprime en basque et dont ledomaine familial dIlarria est vou la vignedepuis des sicles. Avec sa trs modeste produc-

    tion, Iroulguy, qui a donn lune des appellations

    contrles les plus isoles et les moins connuesde France, a failli disparatre au cours des annesdifficiles de laprs-guerre, et aujourdhui encoreils ne sont que neuf vignerons indpendants produire et embouteiller leurs propres vins.

    Cest le sol, le soleil et les montagnes qui font denos vins ce quils sont, fait remarquer Peio Espil.Jetravaille en communion troite avec la nature. Je nerecherche pas les flicitations. Je cherche seulement faire le meilleur iroulguy possible.

    Et il y parvient admirablement, avec ses vinsblancs secs et savoureux obtenus partir de petitcourbu et de petit manseng, ses ross la robeprofonde issus de tannat et de cabernet franc etses rouges couleur de cerise relevs dune pointedamertume, composs partir de ces deuxmmes cpages, auxquels vient sajouter un peude cabernet-sauvignon. Tous ces vins sont vigou-reux, goteux et uniques.

    Espil ne produit que 2 500 caisses par an, maischaque bouteille, o se mlent fruit, douceur etpuissance, est un rgal. Et ses vins accompagnentidalement le repas que nous a prpar sa femme

    Lucie : porc rti, piperade, gteau basque, etc.Les vins rgionaux comme ceux de Peio sont tou-

    jours meilleurs quand on les consomme sur place,souligne Tom. Si bons soient-ils en Angleterre etDieu sait sils le sont ! ils natteignent jamais vrai-ment les sommets quils peuvent atteindre quand vousles dgustez avec le soleil sur la nuque et un bon platdu terroir dans lestomac.

    Les scientifiques sont extrmement intriguspar la longvit exceptionnelle des habitants duSud-Ouest, et, ayant constat de quelle faon ilsoccupent leurs loisirs et leurs heures de travail,je partage leur tonnement. Mais ce sont des gensextraordinairement attachants et, daprs ce quejai vu, cest tout simplement leur immense app-tit de vivre qui leur permet de tenir le coup aussilongtemps.Jonathan Ray

    * En franais dans le texte.

    Courrier international | n 1132 | du 12 au 18 juillet 2012 VII

    Vin sur vin pour liroulguy !

    Passion

    jambonAu Canada, le jambon de Bayonnefait toujours recette. Parolede spcialiste.

    Le Devoir(extraits) Montral

    S

    elon la lgende, le comte de Foixaurait bless un sanglier au coursdune battue, lanimal aurait subi-tement disparu, puis on lauraitretrouv, bien plus tard, parfaite-ment conserv dans une source

    saline Salies-de-Barn. Sous la houlette de lIn-terprofession porcine dAquitaine (Inpaq), leConsortium du jambon de Bayonne a rachetles salines, que lon sattache dsormais valo-riser et qui servent en premier lieu au salage desjambons. Avant dtre sals, ceux-ci sont masssavec un sel gemme dune grande puret. Aprsle salage, ils sont schs froid, mis en repos,puis affins de neuf dix-huit mois, une tem-prature contrle, aprs un graissage au sain-doux assaisonn.

    Les diffrents producteurs de jambonssuivent ces mthodes, identifies par une signa-ture commune. Nanmoins, il existe des parti-cularits qui sont le propre de chaque entreprise.Avant que la couenne des jambons soit estam-pille au fer rouge, diverses tapes ont lieu, trs

    impressionnantes, relevant de lartisanat et dela tradition, comme aux Salaisons de lAdour,prs de Lourdes. Cette belle entreprise familiale,cre par le pre et reprise par ses deux fils, per-ptue la tradition en lui adjoignant le moder-nisme ncessaire pour garantir des conditionsdhygine et de salubrit exemplaires. Rinagedu surplus de sel, dsossage manuel et pour finir,comme ailleurs, valuation qualitative du pro-duit autant dtapes qui confrent au jambon,parfaitement affin et tranch finement, un gotde noisette, un moelleux et une onctuosit syno-nymes de qualit.

    Depuis toujours, cette famille, tout commele Consortium, se bat contre les faux Bayonne.Ces produits se trouvent, mme au Qubec,revtus de lappellation, dsormais enregistre.Cette tromperie nest pas toujours punie, ni

    mme remarque lors des contrles sanitairesexigs pour que le plan de fabrication lext-rieur du Canada soit approuv par Sant et agri-culture Canada.

    Tous les ans en aot, le nouveau jambonde Bayonne, directement venu des Salaisons delAdour, arrive au Canada. Ici comme ailleurs,prcise Jean Ronan Phalip, un des fils de la maisonfamiliale, le march est avant tout au prt--manger, et nous nous devons de rpondre avec desproduits premballs qui satisfont la grande distri-bution et garantissent la longvit du produit sansen altrer le got.

    Certes, ce produit correspond un march,mais il noffre quand mme pas le mme attraitque le jambon frachement et finement tranchqui laisse exploser toutes ses qualits organo-

    leptiques. Philippe Moll

    A Saint-Jean-Pied-de-Port,Jean Branaperptuela tradition

    viticole familiale,avec notammentun iroulguyrougeauthentique.

    PATRICKFRILET/

    HEMIS.FR

  • 7/28/2019 20120712 Courrier International Supplement Pays Basque

    8/8

    En couverture Le Pays basqueVIII Courrier international | n 1132 | du 12 au 18 juillet 2012

    Basques au Qubec : la grande traverseDepuis le XVIe sicle, ces pcheursrputs ont souvent dbarqu delautre ct de lAtlantique, certainssinstallant mme demeure.Un historien leur rend hommage.

    Le Devoir(extraits) Montral

    On sait que les Basques ontchass la baleine et pch lamorue au large des ctes duLabrador et de Terre-Neuve, etjusque dans le golfe du Saint-Laurent avant mme larrive

    de Jacques Cartier [le navigateur franaisdbarque pour la premire fois dans la rgion en

    1534] et des premiers explorateurs ; ce quon saitmoins, cest quils poursuivirent leurs activitsde pche saisonnire, parfois de faon clandes-tine, durant toute la priode de la Nouvelle-France[duXVIe auXVIIe sicle]. Quelques dizaines dentreeux finirent mme par sinstaller demeure Qubec, sur la Cte-Nord et en Gaspsie. Ainsiles Detchevery, les Chenequi, les Daguerre et lesBnac devinrent-ils au Qubec des noms fami-liers ou presque.

    Cest lhistoire encore trs peu connue deces intrpides marins, Basques franais etGascons de Bayonne, que retrace lhistorienMario Mimeault dans un ouvrage intitul Des-tins de pcheurs [ditions du Septentrion]. Sur les151 Basques et Bayonnais qui immigrrent enNouvelle-France entre 1660 et 1763, seulement

    96 sy marirent et y fondrent une famille.

    Une prsence saisonnireLes plus rcentes recherches ont permis dta-blir quau milieu duXVIe sicle jusqu 2 000 ma-rins venus surtout du Pays basque sillonnaientdurant la saison de pche les eaux le long des ctesdu Labrador la poursuite de la baleine noire etde la baleine franche. Leur prsence est aussiavre dans le golfe du Saint-Laurent aux Berge-ronnes et Tadoussac, o ils se livrrent gale-ment la pche la morue. Mais, chaque automne,ils abandonnaient leurs installations sommairespour retourner sur le Vieux Continent.

    Les premiers heurts entre pcheurs basqueset colonisateurs franais se produisirent lorsqueles capitaines des morutiers se lancrent leurtour dans la traite des fourrures avec les autoch-

    tones afin de complter leurs revenus lors desmauvaises saisons de pche. Les dtenteurs deprivilges royaux firent valoir leurs droits, quitte chasser les pcheurs des berges o ils sins-tallaient chaque t pour dpecer la baleine ouscher la morue.

    Pour Mario Mimeault, Basques et Bayonnaisont jou un rle important dans lexploitation ducontinent amricain une poque o les compagniesde peuplement navaient pas russi implanter desgroupes de colons en permanence. [] Il nen restepas moins [quils] ne se sont pas proccups de dve-lopper des tablissements permanents.Il faudraattendre la priode qui va de 1630 1700 pour quecertains dentre eux envisagent enfin de rester enNouvelle-France.

    En raison de la concession de terres le long

    des deux rives du fleuve aux colons franais, les

    pcheurs basques perdirent leurs meilleurs lieuxde mouillage et les postes ncessaires la prpa-ration de la morue. Ils devaient continuellementngocier avec les seigneurs des lieux, qui exi-geaient des redevances ou dcidaient dquiperleurs propres chaloupes.

    De petites communautsA la fin du XVIIe sicle, le roi se dcida dve-lopper les pcheries en Nouvelle-France en em-bauchant une dizaine de matres de pchebasques pour apprendre le b.a.-ba du mtier une vingtaine dhabitants de Mont-Louis, enGaspsie. Mais laffaire fut un chec.

    On estime que seulement une trentaine de

    Basques et de Bayonnais sinstallrent en Nouvelle-France entre 1660 et 1700. Il sagit surtout demarchands, tel Jacques de Lalande Gayon, quidevinrent influents en se mariant avec de richeshritires. Mais la plupart des premiers Basquesinstalls ici retournrent dans leur pays dorigine,dcourags par les alas du march et, semble-t-il, par un milieu culturel, compos surtout deBretons et de Normands, trop diffrent du leur.

    Mme aprs 1700, quelques dizaines seule-ment de ces marins habitus une vie nomadesinstallrent dans le Nouveau Monde. Certainstravaillrent pour des entrepreneurs de pche,dautres pour leur propre compte. Mais le dclinde la pche la baleine dans lestuaire du Saint-Laurent et les difficults croissantes pour trou-ver des endroits afin dapprter la morue en

    incitrent beaucoup abandonner la partie.

    Disperss dans quelques tablissements rive-rains trs loigns du centre de la colonie, les gensdu Pays basque et de Bayonne ne simplantrentdonc pas en Nouvelle-France en aussi grandnombre que les migrants dautres provincesfranaises. Ceux qui restrent se fondirent dansde petites communauts en Gaspsie et sur laCte-Nord. Ils ont toutefois exerc une certaineinfluence en transmettant aux colons leursconnaissances en pcherie. Louvrage rigoureuxet bien document de Mario Mimeault tmoignede leur apport modeste, mais non ngligeable, ldification dune nouvelle socit sur les rives

    du Saint-Laurent. Paul Bennett

    Chronologie

    1525 Premiresexpditions rguliresde marins basquessur les ctesdu Canada.1534 Jacques Cartierexplorele Saint-Laurent.1630 Des colonsbasques commencent sinstaller demanire permanenteen Nouvelle-France.1663 Le Qubecdevient coloniefranaise.1763Aprsla capitulation dela France lissue de laguerre de la Conqute,le territoire du Qubecest attribu la Grande-Bretagne.

    Dans la baiede Saint-Jean-de-Luz, M. Martinezpart pour unejourne de pche lanchois,

    bord de sonbateau LAirosa. MEYER/TENDANCEFLOUE

    QUBEC

    TERRE-NEUVE-ET-LABRADOR

    NOUVEAU-

    BRUNSWICK

    LE-DU-PRINCE-

    DOUARD

    Qubec

    300 km

    CANADA

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