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2* Année — • N“ 5 Editions du FAUNE PARIS Xw _ *

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Editions du F A U N E

PARIS

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Conseiller Fondateur : T H É M A N L Y S

Idéal et RéalitéLITTERATURE - PENSÉE - A R T

Directeur : G u s t a v e R O U G E KRédacteur en Chef : M a u r i c e I1E IM

Principales Chroniques. — L i v r e s : G u s t a v e B ouger, Maurice Heim. — T h é â t r e s : Henri D iiomont. — R e v u e s : Ernest Marx. — P e i n t u r e : Jacques Blot — M u s i q u e : François de B rktkuii.. André de Coude- kerque-Làmbïœcht. — D a n s e : Jacqueline Chaumont. — S c i e n c e s P s y c h i q u e s : Claire T hémanlys. —- L e Croupe I d é a l e t R é a l i t é : 1. R — L e d u é / n a : Pierre-Henry P roust — L e t t r e s r u s s e s : Eugène S emknokf.

A W \ -N A A -W A N A A V N--V-X».AA•N-'V̂ V N'A

S O M M A I R EPnjçe»

• I. M aurice Tranchant de L uncl: Au Pays du Paradoxe 103 II. T hém anlys : Les Sept liuts de l'Initiation (suite).. 198

III. G ustave R o u le r : A quoi pensez-vous ?.................. 208IV. Jeanne D orys : Le Bouffon.. ................................... 213V. M aurice H elm : Aspiration — A u b e .. . . ................ 214

VI. E. Sem enoff : La Littérature Russe des dernierscinquante ans ................................................... .......... 210

VII. C ivis : Communication de la Voie du M ilieu .......... 225VIII D enyse-M olié : Quelques réflexions sur la ma­

nière de jouer du piano ............................................ 228IX. A nos Lecteurs . ....................................................... .. 232

CHRONIQUES DU MOIS. — Les Livres : Frédéric de Muhcie.— Le Théâtre : Henri Diiomont. — La Musique : André de CouDEKEnQUE-LAMBiiECiiT. — L'Italie Nouvelle : Thémanlys. . . . ..................................................................... 233

A b o n n e m e n t : 20 IV. p a r a n . — E t r a n g e r : 2o IV.(V o ir :*• pufço do la o o u Y o rtu ro .)

1%'oh ubonnéM r e ç o i v e n t «le* billet* «le f a v e u r p n u r le* ra n n if c N f a - t lo n * |Hil>U«|iic* d u C r o u p e I l l É i L v% H K l i l T K .

T O U S D R O I T S R É S E R V É S

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Au p a y s du Par ad o xe

yV. M a u r i c e T r a n c h a n t de L u n e l , q u i a d i r ig é , dès le début de n o t r e o c c u p a t i o n , les B e a u x - A r t s du M a r o c et a a c c o m p l i l à u n e œ u v r e a d m ir a b le , pu b l ic t r è s p r o c h a i n e m e n t u n l iv re de s o u v e n i r s s u r le JJaroc p o u r lesquels Claude F a r r è r e a é c r i t une P r é f a c e é tince lante .

N o u s a v o n s la bonne f o r t u n e de p o u v o i r p u b l i e r quelques p a g e s de cet o u v r a g e , au qu el le p lu s g r a n d succès est a s su ré .

. Aux confins de l'interminable plaine du Sais, une longue muraille crénelée 'semblait s'avancer au-devant de nous. Rien qui révélât l'agglomération delà ville im­mense derrière cet écran massif de pierres et de pisé. Mais la masse grise barrait la plaine, paraissant enfer­mer du vide. Cà et là quelques hauts peupliers éri­geaient l’abandon de leurs fuseaux à demi-dépouillés.

«

Do longs Amis circulaires de pigeons, effrayés par les traînées de poussière soulevées par notre appareil guer-

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riir, s'y réfugiaient comme en un inviolable asile. C’était l ’Aguedal du Palais du Sultan. L’oued Fez s’y engouf­frait, brusquement, bu par la muraille, sous une arche large et basse.

La colonne tournait au pied du mur, vers la droite, franchissait un pont dont les piles inégales plongeaient dans le marais et se dirigeait pour prendre ses quartiers vers Dar Debibagh. L’Etat-Major, les chefs de colonne et nous, les attachés civils, continuions tout droit, ac­compagnant le Général Moinier qui s’en allait donner au Maître de l ’Empire le détail des semaines victo­rieuses au cours desquelles il venait de refouler les Berbères, dégager la plaine de la menace d’Akka Bou Admani et de lui reconquérir Meknès.

J'allais enfin aborder ce Moulay Hafid, dernier en date des Sultans, qui avait pu donner à certains diplomates enclins à l’indulgence, pendant quelques mois, l'illusion d’un Sultan fort, qui, prêchant la guerre sainte, avait fomenté la révolte, vaincu son frère dans la plaine de Settat, et mis en déroute cette méhalla que j ’avais vue sous les murs de Rabat. Tous ces guerriers marocains, jadis parqués entre Kenitra etChellah, avaient été par lui défaits et dispersés. Les femmes et les enfants, grouillant en ces bizarres campements, étaient devenus ses esclaves, et le trône de Moulay Hassan, légué par le défunt empereur à son fils Abd-EI-Aziz, usurpé par la force. C’était lui, Moulay Hafid, qui en détenait les droits et les charges.

Dans la muraille épaisse que nous longions depuis des centaines de pas, une porte au blindage de fer rouillé grince sur se s gonds. Nous entrons.! Un vaste espace,

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une prairie bossuée çà et là de taupinières et dont le sol en d’autres endroits disparaît sous une végétation de marécages.

Un pont en dos d’àne franchit l’oued Fez qui coule, canalisé, large fosse doublant à l'intérieur la défense de la muraille. Des carcasses de chevaux achèvent de pourrir, abandonnées dans les buissons d’ortie. On nous explique que ce sont là les restes d’uno cavalerie tenue prête en vue d’une fuite rapide pendant le siège de Fez par les Tribus. Les halles des assaillants pieu voient dans l’enclos durant des jours et nul ne se hasarda à porter aux montures abandonnées une provende qui pût les empêcher de mourir de faim. Les bêtes à la corde crevèrent d’inanition cl de soif à quelques pas du fleuve.

A l’extrémité opposée de cet immense enclos dont les seuls occupants étaient, avant notre irruption, ces restes de charogne, quelques bestiaux étiques et. pelés, des oiseaux de proie s’élèvent, lourdement gavés. Une bâtisse blanche, de construction relativement neuve. C’est un pavillon cubique, à un étage, accolé à la haute muraille qui sépare l’Agucdal d’autres jardins ou d’autres enclos sans doute pareils à celui-ci dans lequel nous avons mis pied à terre et attendons le bon plaisir de Sidna pendant plus d’une heure, chassant de la fumée de nos cigarettes ou des pans de notre cheich, les mouches importunes.

Ce pavillon est sans caractère, mais non sans his­toire. Je devais le revoir souvent depuis, en des cir­constances fort diverses, vibrant aux cris d’allégresseou aux abois tragiques d’une foule vociférante et rebelle.

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Enfin, une rumeur, derrière la muraille où s accote le pavillon, dont la porte s’ouvre. Un «Naham Sidna» mugi par des voix gutturales nombreuses. Des files demokhaznis aux tarbouchs pointus s’égrènent le long des marches et de la galerie du pavillon. Le caïd mé- chouar (introducteur des ambassadeurs) s'avance, s'ap­puyant avec gravité sur une longue canne à bout d’ivoire, insigne de sa dignité. Il fait un signe d'appel et d’accueil. Le Général Moinier se détache de notre groupe; nous suivons. En haut des marches du perron, l’ensemble de la salle du trône nous apparaît. Après les trois saluts successifs dus au descendant du Pro* phète nous nous groupons, et les interprètes débitent les compliments de circonstance, toute la litanie des mensonges officiels.

Sur un canapé qui tient lieu de trône, boiserie dorée couverte de brocart crème à fleurs dont quelques ca­pitons arrachés laissent passer des touffes de crin, Sa Majesté est assise à la turque. Un visage large, poupin, avec des tendances à la bouffissure. Les voiles blancs qui l’encadrent, le capuchon au pli régulier, font res­sortir le bistre du teint. Les mains et les pieds soignés, la netteté de la peau, dénotent des ablutions fréquentes. Une odeur de menthe et d'encens émanant des vê­tements révèle qu’il sort des mains de ses esclaves, qui, après une nuit d’orgie pareille aux précédentes, ont massé et parfumé le maître. Mais ce front bas, ces yeux proéminents dont la prunelle étrangement petite et sombre flotte sur un globe laiteux strié de veinules jaunes et qui en ce moment ont une expression bovine, cette bouche lippue sous un nez en bec d'aigle, révèlent les entrailles d'esclave de couleur qui l'ont enfanté.

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Pourtant, qu’une pensée de violence vînt tout-à-coup effleurer ce front bas, les yeux amorphes s’éveillaient aussitôt, modifiant du tout au tout l’expression bénigne et lassée du masque.Le regard s’animait, cruel, comme celui d’un oiseau de proie, dardant la menace que soulignait un rictus des lèvres fortes, découvrant la denture puissante où brillaient quelques points d’or. Ce regard>là était bien celui des conquérants, guerriers fa­rouches investis de la toute-puissance, lointains des­cendants du Prophète dont il était issu.

Maurice TRANCHANT de LUNEL.

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Les Sept Buts

de l’Initiation

(s u it e e t fin)

3. — L’ELIXIR DE LONGUE VIE

4. — LA PANACÉE UNIVERSELLE

5. — LA FONTAINE DE JOUVENCE

C’est ici le magnifique triptyque de tout le progrès biologique : la Pierre Philosophale appliquée à l’épa­nouissement de la Vie.

L’Elixir de longue vie pose le problème de la lon­gévité, d’où une science de la longévité. La conser­vation de la vie est la base de tout perfectionnement, parce que, seule, elle permet ce perfectionnement en donnant la durée à chaque tonne produite et, ainsi, le temps nécessaire à révolution. El plus cette durée sera grande, plus les formes, emmagasinant la

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complexité acquise, deviendront aptes à l’adaptation et à l’utilisation de toutes les lois du monde.

t

La science médicale et physiologique de tous les temps s’est attachée à cette recherche, qui est primor­diale pour l’humanité. Et actuellement un effort sérieux est dirigé vers cette étude. Les travaux de Mentchikoff, sur la longévité par les ferments lac­tiques, ceux de Voronoff, sur la longévité par l’acti­vité de la glande interstitielle, ceux de Carton sur le régime, de Coué sur la thérapeutique par les forces morales, et une foule d’autres travaux, montrent suffisamment l'éveil et le développement do cette préoccupation.

Mais, ce n’est pas encore assez. Le temps et l’inven­tion qui y sont aujourd’hui consacrés ne suffisent pas : il faut que le progrès mécanique, si âprement pour­suivi à cause des résultats industriels qu’il produit, laisse plus d’espace au progrès biologique qui importe bien davantage à l’homme, parce qu’il touche l’homme lui-même et pas seulement son habitat.

La religion affirme dans le même sens l’attente universelle : « Honore ton père (le principe) et ta mère (la nature) afin que tes jours soient prolongés sur la terre », dit la Bible.

Par un faux»mysticisme, il est arrivé trop souvent que des sensitits égarés aient prêché le mépris du corps, parce qu’ils ont confondu l’enseignement de se détourner des préoccupations matérielles extérieures, comme le luxe, avec celui de négliger la culture biolo­gique humaine, enseignement qui n’a jamais été

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donné et ne peut l’être, car il serait illogique et destructeur.

La Panacée Universelle, remède qui guérit tous les maux, est étroitement associée h l’Elixir de vie. C’est la réalisation d ’une santé constante, la santé, dont Platon a dit qu’elle était le premier des biens humains. Toute une partie des doctrines Yogui a pour but la maîtrise du corps et l’équilibre de la santé. Et l’on peut affirmer que la plupart des prescriptions reli­gieuses ont été promulguées en accord avec les données les plus capables de maintenir la santé.

Actuellement, la médecine, la pharmacie et la thé­rapeutique naturelle s’enrichissent constamment. A la vieille médecine d’Hippocrate sont venus s’ajouter l’homéopathie, la dosimétrie, l’hydrothérapie froide et chaude, la sérothérapie, l’éliolhéiapie, la chromothé­rapie, la climathérapie, le radium et la radioactivité, l’électricité, etc.

De ce vaste océan de possibilités curatives, on doit espérer qu'avec l’expérience et la classification, il sor­tira enfin des conquêtes nettement pratiques.

Quant à la Fontaine de Jouvence, recherche du prolongement de la jeunesse, c’est un aspect des deux premiers symboles qu’il importait grandement de définir et de souligner. C’est la nécessité de la Beauté, reconnue d’une part parce qii’elle est liée à la santé, à la force, à l’épanouissement de la vie, d’autre part parce qu’elle est la condition de réactions de joie, de bien-être et de rénovation entre les êtres. Ainsi que le dit si magnifiquement Platon dans le Phèdre, l’approche de la Beauté éveille l’àme, et lui fait pro-

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merveilleuse structure est, dans l’ordre de la civili­sation, comme un sommet parmi des cimes sur les pentes desquels l’humanité monte...

La science sociale, couronnement de toutes les sciences, qui les suppose et les emploie toutes, n'a précisément pas d’autre but : harmoniser.

On cherche les harmonies internationales, commer­ciales, industrielles ; on balbutie les ententes postales, ferroviaires, hygiéniques, astronomiques, horaires, etc.

On tente une cour de justice internationale, une Société des Nations pour la solution des conflits et l’élaboration des formules de coopération.

Dans chaque nation, les. hauts esprits tendent vers l’unité respectueuse de la complexité, vers la pensée en accord avec l’action, vers le bien-être appuyé sur la justice et la spiritualité.

Partout, le Règne Glorieux, mystiquement ou ration­nellement aperçu, attire et réveille l’intelligence atten­tive.

— Ainsi, ces sept symboles, par leur cercle fermé, forment une doctrine initiatique intégrale, une roue de la connaissance.

Chacun d’eux est asymptote à la courbe du progrès humain ; c’est-à-dire qu’il ne peut être atteint qu’à l’infini, quoique la courbe s’en approche sans cesse.

Par là, ils affirment leur magnifique puissance d’enseignement et d’entraînement dans un sursum corda perpétuel.

Sachant bien qu’ils sont des Buts à l’infini, on ne

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peut s'illusionner de leur réalisation immédiate, Sachaut pourtant qu 'ils sont la direction de la plus haute attente, on peut et on doit s’en servir cons­tamment, comme d une boussole marquant l’étoile directive.

Ces sept Symboles, posant sept Buts, sont les poteaux indicateurs des routes de la réalisation pra­tique qui, en équilibre intellectuel, tracent le progrès sùr de l’individu et du monde.

Qui les suit demeure dans la voie droite qui mène sans cesse vers le mieux.

P ar le Grand Œ uvre, le germe, la semence, le travail, l’ordre, l’organisation, la construction est demandée.

La Pierre Philosophale adapte l’œuvre première vers le progrès, le perfectionnement, l’embellisement suc­cessifs.

L'Elixir de longue vie adapte la pierre philosophale, le pertectionnement, au perfectionnement de la vie, à sa prolongation*

La Panacée Universelle adapte l’élixir de vie pour la réalisation de la santé, sans laquelle la longue vie n’aurait pas sa valeur maximum et serait d’ailleurs limitée par ce manque même.

La Fontaine de Jouvence adapte la-panacée univer­selle, la santé, à la prolongation de la jeunesse, avec sa beauté, sa vigueur, sa joie, sans laquelle l’humanité serait comme une terre desséchée, sans fleurs et sans verdures.

Le Mouvement Perpétuel adapte toutes les tonnes

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précédentes, à l’acquisition de rimmortalilé, par la culture méthodique de tout l’êlre, depuis le corps jusqu’à l’esprit et à l'intelligence.

Car, sans cette pérennité de l’intelligence et de l'esprit, l’œuvre de la formation tournerait dans un cercle vain, sans sérénité et sans progrès futur.

Enfin, la quadrature du Cercle adapte toutes les formes précédentes pour la production de l'Harmonie, dont Confucius a dit : « Placer notre destination dans la perfection, ou souverain Bien », et sans laquelle harmonie, relative et progressive, il n’y aurait aucune possibilité de croissance pour les autres formes posées, car, dans le chaos, rien ne peut efficacement pro­gresser ; et par laquelle, au contraire, toutes choses sont baignées de l'ambiance fécondante et épanouis­sante de l'Ordre.

Ainsi, le Grand Œuvre s'achève, d’harmonie en harmonie.

THÉMANLYS.

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208 ÎDÉAL BT RÉALITÉ

A QUOI P E N S E Z -V O U S ?

S o u s ce t i t r e , M . G u s ta v e R ouger va p u b lie r p r o c h a in e m e n t une s u i te de quatrains e t de d is t iq u e s , où i l r e n o u v e lle encore sa m a n iè re . A u t i t r e « A Q uoi p e n s e z -v o u s ? » i l a jo u te , en é p ig ra p h e :

* m e d e m a n d a it- e l le h o r s de propos, à to u te h e u r e du jo u r ou de la n u it , m 'obligeant a in s i à ta ir e ce que j 'a u r a is vou lu d ire , m ais à p r é c is e r ce q u e j ’e u s se a im é la is s e r dans le vague de l ’in c o n sc ie n c e , ca r te l le é ta it à cette époque m a s in g u liè r e fra n c h i s e . . . »

V oici q u e lq u e s-u n s de ce s c o u r ts poèmes :

AUBE

Lune, encore si tard qui luit Sur le frisson des mains croisées, p se ^laçant * la croisée

bleuissement doux des lèvres de la nuit.

I Z T l d W a u I «■ verre filé ‘ déljcats à embal]^

a p . 0Qlala&ei car ceux qu’on entend A P a m ' sont en coton.

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IDÉAL ÊT RÉALITÉ 201

duire de grandes œuvres, de grandes actidns : élo­quence, lyrisme, héroïsme sont fécondés par elle.

Dans la Bible, nous voyons constamment l’idée de Beauté mélangée à celle des grands hommes. Joseph, David, Samuel, sont expressément définis comme jeunesse, beauté et magnanimité.

Et comme la pensée forme intensément le devenir, il est bon qu’une saine et droite direction de la pensée, ainsi rationnellement et mystiquement définie, donne une base stable et indéfiniment salvatrice à la direc­tion des pensées philosophiques, scientifiques et morales de tous les chercheurs et de tous les hommes, car ainsi un état meilleur sera rapproché de la terre des humains.

6. LE MOUVEMENT PERPETUEL

Le Mouvement perpétuel est l’éternelle respiration de l’inconnaissable qui, par l’évolution et l'involu- tion, concentre et expansé inlassablement les anneaux de la spirale universelle.

Platon, encore dans le Phèdre, marque déjà le sens de ce symbole, que les Hennétistes ont adopté.

Le moteur en mouvement perpétuel, c’est le monde, et le moteur perpétuel en l’humanité, c’est l’âme et ses réincarnations cycliques, qui, en participant cons­ciemment au mouvement éternel, s’immortalise elle- même.

Le problème du mouvement perpétuel appliqué à l’homme, c’est donc le désir de l’immortalité de plus en plus individuelle, de plus en plus consciente,

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G est le travail de pensée, de logique, de sagesse, de spiritualité, de science, de conduite, pour fortifier et complexifier les formes de la conscience, j u s q u ’à faire naître des zones individualisées, conscientes, participant au Mouvement Universel, non plus incons­ciemment, mais consciemment, dans les sphères denses, plus ou moins inconnues el insoumises, de la vie des nerfs moteurs, végétatifs, et des cellules moins éveillées encore.

C’est la conscience et la maîtrise du corps des Yoguis, le corps incorruptible de Bouddah. C’est dans ce sens que Saint Paul parle de l’immortalité à Conquérirt « le seul prix digne d’être couru ». C’est dans ce sens qu’il faut entendre l’expression religieuse « faire son salut » : c’est-à-dire individualiser l’être dans les formules constructives qui l’immortaliseront, selon la belle parole de Spinoza : « Notre âme est l’ensemble de nos connaissances. »

La science moderne, comme psychologie et science psychique, cherche à tâtons le chemin des routes anciennes. Déjà, lorsqu’elle attribue trente milliers d’années au. rayon lumineux d’une étoile en marche vers nous, elle pose l’immortalité. Lorsqu’elle affirme : « Rien ne se perd, rien ne se crée », et la loi de la trans­formation de l’énergie, elle pose l’immortalité. Lors­qu’elle découvre l’immortalité des infusoires et delà cellule primitive, lorsqu’elle reconnaît les idées-forces, et l’ondulation universelle, l’ion et l’électron composant l’atome et la molécule plus matériels, elle pose l’immortalité.

L’immortalité de la conscience est un problème qui

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n’est pas hors de la portée humaine; c’est urié conquête qni mérite ses études, ses découvertes, ses inventions, plus que tout le progrès mécanique. Le jour où l'humanité concentrera ses forces et ses pensées dans cette direction, elle recueillera des moissons certaines de progrès et de béatitude. Ainsi que le livre de la Genèse en donne l’idée sous le sym­bole grandiose de l’Arbre de Vie.

7. LA QUADRATURE DU CERCLE

Le cercle, ou zéro, a toujours représenté lë latent; le non-manifesté, l’infini, l’inconnaissable, d’où tout émane. Le carré dans ce même langage de la géo­métrie hiéroglyphique universelle veut dire le monde émané en forme, construit sur le 4.

Quatre zones : de l’émanation, de la création, de la‘ formation, de l’action.

Quatre forces : d’amour, de spiritualité, d’intelli­gence et de vie.

Quatre directions : les points cardinaux,Quatre éléments : la terre, l’eau, l’air et le feu, etc.La quadrature du cercle, qui est la recherche d’une

surface carrée égale à une surface de cercle, veut donc dire le passage intégral du non manifesté au mani­festé, du latent ou potentiel à l’activité, du chaos au monde formé.

Ici, le cercle se referme. Le premier symbole, la construction du monde, le Grand Œuvre, se retrouve, mais dans sa perfection.

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m IDÉAL ET RÉALITÉ

C’est l’épanouissement maximum, l’harmonie, la plénitude de l’organisation de l’univers. Toute force utilisée. Toute lutte harmonisée. Toute vie épanouie Cette orchestration, celle Harmonie, c’est l’accord vivifiant de toutes les oppositions en une symphonie

de paix et d’allégresse: équilibre entre l’individu et le collectif, équilibre entre les sexes, entre les races, entre les philosophies et les religions, entre les métiers et les arts, entre les forces naturelles et les forces humaines; c’est l ’organisation d’une terre entière, d’un système solaire, d’une nébuleuse, du cosmos total.

C’est de celte harmonie qu’il est dit : « De nouveaux cieux et une nouvelle terre. »

C’est cette harmonie qui est appelée dans l’évangile « Le Règne de Dieu »; c’est cette harmonie qui est appelée quelquefois le nirvanah, c’est-à-dire la réin­tégration dans l’orchestre universel de toutes les notes et de tous les accents, et dont les prophètes ont annoncé : « Alors les armes seront changées en charrues », « le rocher fleurira », « l ’agneau et le lion fraterniseront ! »

Si loin que nous nous trouvions de cette possibilité du divin règne de l’intelligence et de l’amour, c’est en le prenant pour But de nos aspirations et de nos efforts que nous pouvons espérer alléger le fardeau de l ’humanité, et reprendre sans cesse l’essai d’améliora­tion nécessaire.

Et si loin que nous nous trouvions de ce règne de Sagesse, nul n’est fondé à le dire utopie impossible, car tout ce qui est concevable est réalisable, et cette

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ÉVEIL

Comme se dégante la peau d’hier D ont les yeux lourds encore se bouffissent, Le choc léger des petites cuillers Sur les soucoupes précise l’office.

TOILETTE

Sous l'air froid ma peau se plisse entre Mes épaules, à petits coups.Svelte, mon corps me plaît beaucoup.Il y a bien ce petit ventre...

COULOIRS

Les verts solliciteurs, entrant,Rencontrent les rouges augures.Le sens du wagon-restaurant Se voit aux teintes des figures.

TÉLÉPHONE

Sur mon bureau la bête piaffe Et ne s ’arrêtera que si Pour la soulager je dégrafe Son collier qui s’est rétrécL

M O RALISÎÉ

Noire, aveuglant ce zouave D e ta riante denture,Garde, à ta progéniture U ne poire pour la soif!

M ÉRIDIENNE

Soleil tournant des voix muezzines Sur la torpeur du midi clos,Ni appels, ni bonheurs, ni sanglots i Cris longs des âmes en gésine.

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240 IDÉAL ET RÉALITÉ

FEMMES LA-HAUT

Cou tendu et regards cillés,H a lo s e f fr a n g é s a u x t e r r a s s e s ,Q u e le c ie l f le u r it e t b a r r a s s e ,

L e s h a u ts p a v o t s e n s o le i l l é s .

ΠU F S A L A C O Q U E

V o u s d irez q u e c ’e s t p u é r il,M a is je s u is tr è s é m u , ca r il M e se m b le to u jo u r s q u e je s c a lp e

U n e r é d u c tio n du p a p e .

E V I D E M M E N T !

C o m m en t, P a u le t te , v o u s s i lin e,S e p e u t- il q u e v o u s d e m a n d ie z S i le c lim a t d e s P h ilip p in e s E s t fa v o r a b le à l’a m a n d ie r !

M A R C E L P R O U S T

A u m illièm e co u p d ’h a m e ç o n J e fr ô le e n c o re , m a is n ’a c cr o c h e L a d u c h e sse e t le v ie u x g a r ç o n .M a is q u a n d on se n o ie on en ten d le s c lo ch es .

D ’H Y D R A V I O N

A u p iq u e t, u n b a tea u c h è y re :L ’a m ira l a c c o u d e à b ord U n p o t à ta b a c d e S è v r e s 'A v e c un c o u v e r c le en o r .

T R A M W A Y

R e c e v e u r , d a n s la tr é p id a n ce ,D é ta c h e en effleurant to n lu th ,D ’un crayon c a o u tc h o u té , l ’u t R o se e t m ou d es co rresp o n d a n ces .

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MASSACRE ?

Lessive du ciel mal bouilli Une pluie aux mouvants ramages Coupe les vignes de Pouilly...

Quel dommage !

EMU

C’est un de ces petits espoirs Mi-gais, mi-tristes, d’ici-bas,Mi-court, mi-long, mi-haut, mi-bas, Mi-froid, mi-chaud... espoir Melba !...

DOUCEURS

Goût, tiède encore du baiser :Un fondant sous deux nez croisés.

CONVERSION

Mon Dieu, que le sommeil est lourd Et le renoncement facile... après l'amour.

MENDIANTS

Si encore mon pardessus était ouvert...La charité est bien difficile l’hiver !

PROVERBE MOU

On est mieux assis que debout,Couché qu’assis, mort que couché,Surtout avec un vieux péché.

HABITUDE

Un cocon fait de mille joies Où le plus acharné bonheur S’enferme, se desséche et meurt .,Je déteste les vers à soie,

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IDÉAL ET RÉALtTÉ

NOCTURNE

Le noir du lit Happe une aurore, Et,*,.. pas encore

L’oubli !

Gustave ROUGER.

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IDÉAL ET RÉALITÉ 213

LE B O U FFO N

Puisque je l’aime trop pour oser le lui dire,D ’un amour trop craintif, hélas ! et trop profond Pour savoir lui parler, puisque mon cœur se fond D ’épouvante à vouloir lui conter son martyre,

Pour demeurer aux pieds de celle qui m’attire Par l’ensorcellement de son regard sans fond,Je voudrais seulement devenir son bouffon ; Déguisant mes sanglots sous un éclat de rire,

Je passerais ma vie en face de ses yeuxOù je ferais briller mille rêves joyeuxEt — martyre d’amour moins triste qu’on ne pense —

Si son cœur découvrait mes tourments surhumains, Je lui demanderais pour toute récompense De pouvoir quelquefois pleurer contre ses m ains......

Jeanne DORYS.

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m IDÉAL ET RÉALITÉ

ASPIRATION

Pareil au fleuve las qui .rampe vers la mer,Et rêvant de noyer aux clartés qui ruissellent Mon désir altéré de lame universelle,J’aspire au gouffre bleu d’un immuable éther.J’ai fui loin de l’amour et des harpes chantantes Où ses doigts ont rythmé les spasmes de mon cœur ; J’ai vibré de l’orgueil surhumain du vainqueur ;J'ai ri de mépriser la douceur des attentes ;Je me suis reposé sur l’accoudoir des nuits •Parmi les songes blancs des heures sans ivresse ;La lune a fait un lit de nacre à ma paresse Et mis son baiser d’or au front de mon ennui ;J’ai regardé mourir le soleil dans l’espace Et pleurer la pâleur des aubes sur les flots,Avec ce calme immense où rires et sanglots Glissent sur les esprits comme un souffle qui passe,Et maintenant j ’ai froid et l’ombre qui m’étreint Tisse un pesant linceul à mon inquiétude,Et j’écoute crier parmi ma solitudeMon appel qui se heurte à des portes d’airain.Oh ! les roses d’amour de l’aurore dernière,Qui parfument les bords de l’ultime ravin Lorsque l’âme se fond dans l’univers divin

- Et meurt dans la clarté pour naître à la lumière 1...

Maurice HEIM.

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IDÉAL ET RÉALITÉ

AUBE

Un miroitement froid luit sur la mer qui chante,Et la lune s’en va, lasse comme une amante, Dormir entre les bras de la nuit qui se meurt.

Le ciel blanchit, l’eau soupire, l’étrave glisse.Et, sous le frôlement du vent doux qui les plisse, Les flots sont un satin brodé d’astres en fleur.

Seul dans l'immensité de l’espace livide,Je suis heureux de sentir battre mon cœur vide,Et j ’attends sans émoi la naissance du jour.

Mes rêves sont défunts parmi les clartés fraîches, Et je les foule aux pieds, comme des feuilles sèches, Dans la sérénité d’une aube sans amour I

Maurice HEIM.

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246 IDÉAL ET RÉALITÉ

L a L i t t é r a t u r e r usse

D E S DERNIERS CINQUANTE ANS

I

Parler de la Littérature Russe, de cette grande per­sonne morale que d’aucuns et non les moindres dans tous les pays civilisés considèrent comme la plus grande personne morale dans le monde contemporain, parler de la Littérature Russe des dernières 50 années est une tâche que peuvent et doivent entreprendre même les plus modestes et les plus petits.

À condition, toutefois, de parler en connaissance de cause et avec tout le cœur, avec toute la sincérité que le sujet comporte, en dehors de toute préoccupation de personnes ou de coterie :

Sine ira ttisi studio, disaient les anciens.

Jvec le sang de mon cœur et la substance de mes nerfs disait un grand critiqué littéraire et poète moderne (Bœrne).

Je ne comprendrais pas autrement le devoir dont je viens de parler, encore que cette tâche soit limitée par un laps de temps des derniers dix lustres et

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IDÉAL ET RÉALITÉ 247

se réduise dans ce premier article à un aperçu général sur le destin de la Littérature Russe du dernier demi- siècle et sur les écrivains les plus en vue de la patrie de Teurgueneff, Tolstoï et Dostoièwsky, suivi des études spé­ciales, consacrées à Balmont, Bounine, Kouprine, Merejkowsky et autres.

Nous ferons ainsi connaître à nos lecteurs tous ces porteurs du Flambeau— de l’antiquité que le regretté Paul Hervieu nous rappela il y a quelques vingt ans et qui sont de tous les pays et de toutes les époques, y com­pris la malheureuse Russie contemporaine.

Je commence donc par attirer l’attention sur le destin général de la Littérature Russe et sur ses courants prin­cipaux.

Et tout d’abord un souvenir personnel. Ce fut en mai pendant l’Exposition Universelle, au banquet littéraire des poètes sous la présidence de Jules Ctaretie, alors directeur du Théâtre Français.

Je représentais à ce banquet les Lettres Russes avec l’artiste merveilleuse Mme MouromtzelF, femme du futur premier président de la Douma.

Lorsque, après les discours et les poèmes de Claretie, de Jean Richepin de Fernand Gregh, de Catulle Mendès et d’autres, le tour vint aux délégués étrangers, je parlai des Lettres Russes. Les événements qui se déroulaient à cette époque en Russie nous tenaillaient tous — hommes de lettres et intellectuels de tous les pays,— et je parlai du Destin des Lettres Russes.

Je parlai de Tôlsloy malade en Crimée et persécuté, deGorky malade et arrêté, de tant d’autres martyrs passés

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218 IDE 4L ET RÉALITÉ

cl présents, et mon émotion, Tangoisse de mon cœur et la douleur de mon âme trouvèrent des échos sympa­thiques dans le cœur de tous les assistants. Les inter­ruptions, les apostrophes pendant cet incident émouvant se transformèrent en une formidable ovation à l'adresse des Lettres Russes.

Et le président, ému, les larmes aux yeux, me répondit, lorsque le calme revint :

— S — fï, vous nous avez tous émus jusqu’aux larmes...

Les représentants les plus connus et les plus autorisés des Lettres du Monde entier furent émus jusqu’aux lar­mes devant l’évocation des tristesses des Lettres Russes de l’époque, lorsqu’elles étaient en plein épanouissement, admirées de l’Univers entier et que le vieux Titan pouvait jouir malgré tout, de la vie en pleine activité au milieu d’une génération des TchekhofF, Korolenko, Léonide Àn- dreieff, Gorky, Mcrejkowky, Balmont, Brussolï, Hippins, Bounine, Kouprine, TchirikofF et tant d’autres...

Quelle émotion, quelles larmes, quel deuil aurais-je inspiré à ces représentants des sommets littéraires de l’humanité; quelle scène aurais-je provoquée si j’avais à parler d’un état de choses seulement semblable à ce qui se passe à l’heure présentera Littérature Russe déracinée parla mort de privations d’un Block, par l’assassinat du poète mer­veilleux Goumileff, etc., et par l’exil de tous les écrivains russes connus ?

C’est, en effet, un fait extraordinaire, exceptionnel dans toute l’histoire de l’Humanité qu’une Littérature d’une époque d’un grand pays soit exilée toute entière... Nous connaissons l’exil d’un Ovide, nous avons protesté contre l’exil des écrivains et des hommes de Lettres en Russie,

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I D É A L E T R É A L I T É 2 1 9

Nous nous rappelons le cas de Victor Mugo en France. Mais nous ne connaissons pas de cas d’un exil de toute une Littérature en la personne de tous les écrivains sauf une ou deux exceptions^ celles d'écrivains qui n'ont pas pu se sauver du Paradis Soviétique.

Mais n'insistons p a s d a v a n t a g e . S e u l e m e n t e n s i g n a l a n t ce fait historique to u t h fa i t e x c e p t io n n e l j e v o u s ta i s toucher du doigt la ra iso n , p o u r la q u e l le on e s t o b l ig é d e parler du Destin T r a g iq u e d e la L i t té r a tu r e R u sse , l o r s ­q u ’on p a r l e de n ’im p o r te q u e lle p é r io d e h is to r iq u e d e c e l le L i t t é r a t u r e e t s u r to u t d e la p é r io d e d u d e r n ie r d e m i s iè c le .

U n jo u r , lo r s q u e l ' H i s t o i r e d e l a L i t t é r a t u r e R u s s e q u i n ’e s t p a s e n c o r e é c r i t e , m a l g r é l e s n o m b r e u x l i v r e s q u ' o n y a d é jà c o n s a c r é s , s e r a r a c o n t é e , o n v e r r a q u e d è s s a n a issa n c e l e s o r t d e la L i t t é r a t u r e R u s s e n o u s a p p a r a î t tra g iq u e .

L a R u s s i e , e n effet , a r e c u l e C h r i s t i a n i s m e e t la c u l t u r e c h ré tie n n e d e s m a i n s d e B y z a n c e e t d e s e s p r ê t r e s . L e s l iv r e s e t t o u t e la l i t t é r a t u r e d e l ’é p o q u e f u t d o n c f o r ­c é m e n t r e l i g i e u s e , v o i r e m ê m e e c c l é s i a s t i q u e , t o u t e en t e x t e g r e c o u en t r a d u c t i o n s fa i t e s p a r l e s G recs , p a r l e s S e r b e s o u s u r t o u t p a r l e s B u lg a r e s .

To.ut un m o n d e n o u v e a u d ’id ées , d e n o tio n s , u n e m e n ta l i té n o u v e lle e t c o m p lè te m e n t é tr a n g è r e à la m a s s e d u p e u p le ru sse e n v a h it c e t te m a sse , en la q u e lle le s é c r i - va in s, les sa v a n ts e t le c le rg é g re c , b u lg a r e e t ru sse n ev it q u ’une m a tiè r e à p r o s é ly t is m e , j ’a lla is d ire une c h a ir t-à canons d e la n o u v e lle E g lise ...

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On co m p ren d dès lo rs a isé m en t ce q u i a dû a r r iv e i% et q u i a rr iva en r é a lité ,

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220 IDÉAL ET RÉALITÉ

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La lutte contre le paganisme en Grèce, où elle tut chez elle à sa place, dans son ambiance naturelle, dans sa perspective historique, ainsi que la polémique ardente des théologiens et écrivains contre les idées et traditions payennes furent transportées dans la jeune Russie sur un terrain vierge, on dirait inculte, cl balaya tout ce qui n’était pas la nouvelle croyance, la nouvelle parole. Là, en Grèce il y avait une civilisation consommée, In Lit­térature et l’Art classiques qui se détendaient d’eux- memes. Ici, eu Russie, l’assaut, l’attaque et une longue campagne impitoyable démolissaient tout ce qui était ou rappelait le paganisme, les croyances, les traditions, l’épopée, les chants populaires, tout ce qui tait et devrait présenter les premiers éléments de la Littérature Russe. On ne connaît pas d'autre exemple d’une pareille « épu­ration » , si ce n’est la conquête turque en Egypte et la tentatiye bulgare en Serbie pendant la grande guerre.

Et les historiens . russes se trouvent jusqu’à présent dans la nécessité tragique d’avouer que la poésie popu­laire Russe d'avant le IXe siècle manque, puis, qu’il leur fallait la rechercher, reconstituer par bribes, dans des conditions des plus défavorables. Il nous suffira de dire que leurs meilleures sources, les Annales (Lièlopici), portent le stygmate du phénomène tragique dont je viens de parler.

Dans leurs écrits, en effet, les rédacteurs, auteurs ou simples transcripteurs de ces Annales confondent les évé­nements et les légendes d’avant le christianisme avec ceux qui se sont produits du IX® au XI® siècles, les rapportant même à l’époque où ils vivaient et rédigeaient leurs An­nales.

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IDÉAL ET RÉALITÉ 221

Et il n’est pas étonnant dans ces conditions que ce ne fut que de nos jours qu’un grand savant, rhistorien Chakhmatoff qui vient — hélas!—-de succomber aux privations de la vie russe actuelle, a su démêler et mettre debout une hypothèse scientifique sur les origines de l’Etat Russe et sur les débuts de la littérature en Russie.

Je n’ai pas besoin de m’arrêter plus longtemps sur cette influence tragique du début de la Littérature Russe — l’influence byzantine et ses conséquences.

Les événements politiques dont le joug tartnre est le point culminant, celte période noire et mortelle de la civilisation Russe, sont connues en traits généraux de tous les lettrés.

Le Destin Tragique ainsi suit son cours. Une évolution douloureuse, longue s’ensuit, avant que le génie du peuple russe se réveille de la nuit sombre de son moyen âge. La Révolution de Pierre le Grand précipite ce réveil ét finit par initier la Russie à la culture Occidentale et l’introduire dans la famille des peuples civilisés de l’Eu­rope. La vie spirituelle, son mécanisme matériel, religion, science, littérature, art,— tout subit la Révo­lution de Pierre le Grand. Et bientôt nous voyons ap­paraître de véritables savants, écrivains, poètes, — tel le génial Lomonossoff, — qui, pour commencer, copient servilement les modèles tout prêts de l’Europe civilisée — la France au premier plan. Nous ne pouvons pas nous arrêter ici sur les conséquences de cette nouvelle in­fluence étrangère qui se fera surtout sentir dans le courant du XIXe siècle, non pas seulement dans les célèbres polé­miques des Occidentistes et des Slavophiles, mais dans le

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22É IDÉAL ET RÉALITÉ

développement m oral intellectuel et en général, culturel d e là Russie moderne.

Mais c’est avec l’apparition du grand Pouchkine, le créa* leu r de la langue et de la litté ra tu re russe moderne que cette dernière cesse de copier servilement les modèles étrangers, entre de plein pied dans la grande famille des littératures mondiales et commence sa carrière glorieuse, témoin de la grandeur du génie national et gage de sa résurrection après l’éclipse des années terribles. La flo • raison, L’éclat, le luxe, la beauté des modèles de tous les genres, en prose et en vers, que présente l’œuvre de Pouchkine devint une source intarissable pour tout le mouvement littéraire de la première moitié du XIX" siècle. Poèmes, drames et romans historiques, romantisme, réa­lisme, mysticisme — toutes les (ormes, tous les genres, tous les aspects de la grande L ittérature Russe décou­leront de cette source riche, généreuse et profonde qu’est l’œuvre de Pouchkine. U serait intéressant de suivre la filière qui ram ènerait la Guei're et la P aix d’un Tolsloy au roman historique de Pouchkine, « La fille du Capi­taine », le mysticisme d’un Dostoièvsky à certaines idées du même Pouchkine (La Dame de Pique, par exemple) et encore plus au mysticisme du génial Lermontotf. Ce serait le sujet d’une très intéressante étude sur l’enchaî­nem ent des idées maîtresses dans la grande Littérature Russe, « le Destin Tragique des Lettres Russes ».

Mais revenons à notre sujet que nous retrouvons — hé­las ! dans sa grandeur même que les génies de Pouchkine, LermontofF ont (ait éclore.

La Russie — la Russie intellectuelle s’entend — subis­sait, comme tous les pays, les commotions provoquées par la grande Révolution Française.

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IDÉAL ET RÉALITÉ 223 I

Les Règnes (le Catherine II, de Paul 1er et d’Alexandre en turent remplis. L’attitude de l’ex-grandc amie de Vol­taire et des Encyclopédistes envers les écrivains et la litté­rature à la fin de son règne, la sombre période de Paul Ior, la réaction mystique d’Alexandre 1er, le mouvement dé- cembriste lors de l’avènement de Nicolas Ier, furent funestes à la Littérature Russe. Une réaction noire s’abattit sur la Russie lettrée et pensante. Pouchkine, persécuté, in ­terné, exilé, a recours à l’intervention de Nicolas Ier qui devient ainsi lui-même son censeur, pour le délivrer de la censure des gendarmes, ce qui ne le sauve pas d’ailleurs. Les persécutions de la réaction aboutirent à un duel et le grand écrivain, le Maître des Maîtres, fut tué à l’âge de 37 ans, en 1837.

Le second grand poète génial, celui que Johan Scherr appellera le plus grand poète moderne, Lermontoff, quatre ans plus tard, en 1841, sera aussi tué dans un duel. Le noble poète Ryleïeff est pendu avec les autres chefs des décembristes à l’âge de 31 ans. Le poète Pole- jaieff arrêté et envoyé à l’âge de 20 ans, pour un poème à idées libérales, comme soldat, est persécuté toute sa courte vie et succombe à la phtisie à l’âge de 33 ans.

On connaît l’histoire de Dostoievsky, gracié sur l’écha­faud même, les persécutions et la mort du grand critique Belinski, mort jeune de phtisie après une vie pleine de ' privations. Le célèbre Herzen et son ami le poète Àgareff exilés et morts à l’étranger.

Les persécutions, subies par presque tous les écrivains russes, les Tcherny-Chevsky, les Mikhaïloff (poètes), les célèbres critiques Dobroliouboff et Piss$reff (morts tous les deux jeunes}, toute cette destinée des grands ouvriers

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IDÉAL ET RÉALITÉ

de la pensée et des Lettres Russes imprima à la littéra­ture russe de la seconde moitié du siècle dernier plus qu’une attitude — un caractère spécial que son savant historien et idéologue S.-A. Wengueroff appela caractère héroïque de la littérature russe. Les traits généraux de ce caractère du mouvement littéraire des derniers lustres en Russie jusqu’à la grande guerre peuvent être résumés et réduits à deux cléments qui sont propres, je crois, à la Russie seule : l’un a été défini comme leit-motif des Lettres Russes encore par GhtchapofF sous le nom de douleur civique, l’autre que le grand poète Nekrassoff —. mort en 1877 et dont j’ai traduit avec Edmond Harau- court l’admirable poème Les Femmes Russes — atlacha à sa muse, l’ayant appelée «t Muse de Vengeance et de Tristesse »....

Qu’on ne se méprenne pas. Cette «c douleur civique » ces « Tristesses et Vengeance » n’ont rien de commun avec les événements extérieurs, avec YEtranger. Leurs causés, leur objet, c’est l’état de choses à l’intérieur de la Russie, c’est le régime politique tzariste. Et mon excellent confrère, le professeur André Levinson eut raison de dire, dans sa leçon d’ouverture l’année dernière à la Sorbonne, que l’attitude de la Littérature Russe de cette époque a été une protestation continue et formi­dable contre l’état des choses en Russie.

(à suivre.)E. SEMENOFF.

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IDÉAL ET RÉALITÉ 229

du succès ! Il ne faut pas en vouloir à ce pauvre public qui est encore très aimable de venir nous écouter (!), car s'il avait été bien éduqué au point de vue purement musical, il se rendrait tout aussi bien compte que les quelques initiés. On se laissera éblouir plus par un trait rapide et perlé, par une exécution très vive et bruyante que par une force et une unité de pensée, un souci d'art chez l'interprète s'effaçant lui-même au bénéfice de l’œuvre exécutée. On préfère, soyons francs, un « clown » instrumental à un artiste sincère. Cet état de chose pousse hélas! tous les virtuoses à se confondre dans ce désir très humain : le grand succès du public. Quelques- uns dont l'esprit plus élevé et que les satisfactions extérieures touchent moins, n'agissent pas ainsi ; leur succès est immense auprès de ceux qui sont capables de les comprendre, et moindre sur la masse. Que cela ne les décourage pas, au contraire. Quand un artiste possède la force en lui, son fluide touche la foule qui, tout en ne le comprenant pas, ressent une impression qu'elle n'éprouvait jamais à l'audition d'autres artistes ; c'est là un point capital, l'ame étant touchée, l'esprit finira un jour par comprendre.

Combien peu d'instrumentistes subordonnent leur technique à la bonne interprétation de l'œuvre qu'ils exécutent! et nous connaissons certains virtuoses qui comptent les secondes qu'ils mettent à jouer l’Etude en sol b de Chopin (5e, 1er cahier)! c'est à celui qui jouera le plus vite telles ou telles études ou les passages les plus difficiles d'une œuvre ! On entendra des œuvres morcelées dans l'interprétation, par des « effets techniques », par ce besoin irrésistible qu'ont beaucoup de pianistes d'établir un record quelconque 1

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530 IDÉAL ET RÉALITÉ

Il est à déplorer cette absence trop importante de vrais artistes parmi ceux qui en portent le nom. Mais voilà bien des réflexions qui ne touchent pas spécialement le piano ! Je reviens donc à l’idée que j’ai de mon cher instrument et commencerai par critiquer avec énergie l’école de piano allemande que je n’apprécie pas, non sans raison : j’ai entendu bien des pianistes de cette école et chaque audition confirme en moi ma première impres­sion. Prenons le côté technique seul et nous trouvons immédiatement : une sonorité dure et sèche, qui est un grave défaut en piano; un mécanisme très articulé, qui donne également une vilaine sonorité aux « traits » et des attaques « brusques» et « tapées». C’est une école qui ne convient et encore! qu’à certains romantiques et pas du tout aux modernes. Entendre du Chopin, du Debussy, par un pianiste de cette méthode m’est vrai­ment très désagréable. Où sont les sonorités chaudes, ouatées, transparentes, ces traits légers et chantants qui font se transformer un exercice en mélodie; ce toucher délicat d’une Marguerite Long, d’un Corlot 1 Non, l’école allemande ne sera jamais celle qui saura faire vibrer et qui saura interpréter comme il convient la belle pléiade des modernes et notre grand Debussy, il est navrant de constater que les pianistes en provenant qui sont venus

• à Paris, ont influencé quelques jeunes virtuoses — c’est de leur exemple que les « courses de vitesse » ont commencié — de l’exemple d’un Marc Hambourg entre autres qui exécute la 5e Etude de Chopin le double plus vite que le mouvement indiqué, au détriment, naturelle­ment, de la musicalité exquise de celte œuvre.

J'aime le piano lorsqu’il se divinise sous des doigts et des bras souples, lorsque les sons en sortent sans que le

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IDÉAL ET RÉALITÉ 231

moindre heurt eût été entendu, lorsqu’enfin chaque touche est un archet et non un m arteau. Je i’aime surtout quand son maître y joue de la musique et pas « du piano », il n’y a pas de morceaux de piano, il y a de la bonne ou de la mauvaise musique I Tout simple­ment! Qu’on ne me parle pas de ces ce morceaux » pour « ta ire valo ir» l’exécutant, ces morceaux que je comparerai au « tour » périlleux de la fin d’un spectacle de cirque!

Gomme il faut des exemples contrôlables, qu’on peut discuter, n’est-ce pas? Allez entendre Blanche Selva, Robert Lortat entre autres et vous entendrez, dans des tempéraments différents pourtant, ce que j ’appelle « jouer du piano ».

Pour résumer, les vrais artistes sont rares; notre école de piano est considérée partout comme la première, à juste titre. Nous tous, virtuoses, ne jouons pas du piano, du violon, du violoncelle, mais tachons de réaliser, dans la conception la plus haute, les grandes pensées des génies musicaux.

DENYSE-MOLIÉ.

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d u m aitr& s h e llé n is te ^ Mario M e u n i e r , sur

la Prière dans l’Antiquité.

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IDÉAL ET RÉALITÉ 325

COMMUNICATIONDE LA

"‘Voie du M ilieu”

Question traitée : De la Vie Chère.

C onclusions

Plus la vie est bon marché, plus tout le monde est heureux.

11 y a deux sortes de raisons de la vie chère : des raisons réelles et des raisons artificielles.

Les raisons réelles se ramènent toutes à la loi de l’offre et de la demande. Or, en ce moment, les offres sont en nombre insuffisant pour la demande.

Les raisons artificielles sont diverses et varient suivant les circonstances et les lieux. Exemples : 1° L’opinion des producteurs, qui entendent dire que l’année sera mauvaise, et font monter leur prix, etc. ; 2° L’augmentation du prix des denrées pendant les saisons balnéaires, par volonté préconçue, même si la production surpasse les besoins, etc.

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m , IDÉAL ET RÉALITÉ

En réalité, la c o n c u r r e n c e est le seul moyen elficace de combattre la vie clicre. Il peut cependant se former des coalitions'qui empêchent la baisse. Ces coalitions sont surtout possibles entre grosses maisons peu nombreuses.

Contre la hausse artificielle des prix, c’est l’auto­défense odu consommateur qui doit réagir. On doit essayer d’imposer par l' a b s t e n t i o n une appréciation saine de la valeur des choses.

Au point de vue de la hausse réelle, c’est la question du c h a n g e qui joue le rôle principal. A l'heure actuelle, en francs français, nous sommes, en effet, contraints de payer toute chose trois fois plus cher. La question du change est mondiale, tous les prix cherchant à se rétablir au cours de l’or, la vie tend à se mettre, au bout d’un certain temps, au cours du change. Notons, cependant, que des intermédiaires malhonnêtes ou trop nombreux, peuvent augmenter artificiellement le coût de la vie, indépendamment de la question du change.

Ce qu’il faut, avant tout, pour remédier à la vie chère, c’est — on ne peut trop le répéter — augmenter la production, seul moyen pratique d’empêcher la spéculation, de fausser la valeur des choses, beaucoup d ’offres, ainsi que nous l’avons déjà dit plus haut, feront baisser les prix. Il né faut pas négliger non plus la loi morale du non-gaspillage qui, dans les temps difficiles actuels, devrait être beaucoup plus respectée.

Ensuite, on doit s’appliquer à faire remonter dou­cement le franc et, pour cela, à accroître les expor­tations et à diminuer les importations. Il est donc

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IDÉAL ET RÉALITÉ 227

nécessaire d’avoir une politique du blé, de produire cette céréale abondamment en France et dans les co­lonies françaises. Il faut encourager, par tous les moyens possibles, les remplaçants du pétrole et du charbon — produits nous venant surtout de l’étran­ger,—brûler le bois que nous produisons, utiliser l’huile lourde végétale, l’alcool, le gaz pauvre de bois, etc. Activer l’équipement de nos sources (houille blanche) et se servir des produits des côkcries, etc..., détendre, en outre, l’abus des applications industriel­les du lait (galalilhc); faciliter les transports ; laire entrer en France l’argent des étrangers, en dévelop­pant le tourisme et en créant des hôtels confortables ; lutter sur les terrains où nous sommes imbattables en matière industrielle, objets de luxe et d’art, modes, dé­coration, orfèvrerie, soierie, tableaux, etc... (abrogation de la taxe de luxe) ; favoriser le reboisement ; défendre nos forêts ; ramener en France l’industrie de la confi- turerie (nous avons les fruits et le sucre; pourquoi notre confiture nous reviendrait-elle de l’étranger ?) ; organiser rationnellement la production du papier, de l’alfa, du liège, etc. (produits français ou coloniaux, à traiter nous-mêmes) ; établir dans nos colonies la cul­ture du colon et des succédanés, du jute à sacs, matière dont l’importance grandit sans cesse. Propager vigou­reusement la pensée française, favoriser l’exportation de nos livres, etc.

C’est ainsi seulement que nous pouvons espérer l’abaissement - progressif du coût de la vie et Je retour à une situation normale, que nous 11e, connaissons plus, hélas ! depuis la guerre.

CIViS.

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228 IDE 4L ET RÉALITÉ

Q u e l q u e s R é f l e x i o n s

SUR LA MANIÈRE

d e jo u e r du P iano

Le grand nombre de virtuoses que j’ai entendus et mon travail personnel, m’ont suggéré quelques réflexions sur la manière de jouer du piano. Ma (s voilà que ces réflexions deviennent bien difficiles à noter clairement sur celte page, sans tomber dans des dissertations remplies de termes techniques ou dans le domaine trop étendu de l’Art 1

Tout d’abord, mes idées sur <c l’exécution » pianis- tique peuvent s’adapter à toutes les exécutions instru­mentales, venant d’une seule directive : l a r é a l i s a t i o n

i n te r p r é t é e d e l a p e n sé e d é V a u t e u r , la technique ne devant être que le moule parfait de l’œuvre en forma­tion, moule indispensable certes, mais devant toujours rester dans l’ombre de l’atelier.

Il faut, ceci dit, se ranger avec moi à la triste vérité qui consiste à reconnaître que la majorité du public des concerts ne fait pas suffisamment la différence qu’il y a entre un grand artiste et un grand pianiste et que ce dernier obtient souvent plus de succès que l’autre, grâce à la recherche de « l’Effet » , souverain dictateur

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Chroniques d u Mois

l e s LIVRESp o e o o o o t o o o o o o o o o o o o o o

L’IN F IR M E A U X M A IN S D E L U M IÈ R Epar Edouard E staunIÉ. — (Librairie GRASSET.) ■

Un charme captivant émane de ce livre. C’est une bien simple histoire, l’histoire d’un de ces dévouements obscurs, comme la vie quotidienne en cache souvent à nos yeux, et qui sont parfois aussi héroïques qu’un acte plus éclatant.

Le sacrifice que Théodat fait de son amour pour aider la pauvre vie de sa sœur, est sans doute inutile, mais aurait-il pu agir autre­ment, lui-même qui souffre et qui essaye seulement d’éviter à autrui trop de souffrances ?

L'affection qu’il rencontre auprès d’un ami de hasard nous atta­che, car nous sommes déjà attachés au héros. Et nous vibrons à ces timides confidences qui le soulagent un peu : « Peut-être, parce qu’il avait vidé son cœur, il avait l’air moins désolé... o

Nous le suivons avec un intérêt soutenu à travers tous les récits de l’auteur :

« Et pourtant,., oui pourtant, quel spectacle poignant, puisque jour à jour, j ’ai entrevu, deviné, plutôt, le dépouillement progressif subi par mon ami !

Non pas qu’il y eût en lui une volonté définie de sacrifice : c était son bonheur qui le quittait sans bruit, par morceaux, le laissant pareil à un voyageur détroussé qui n’ose se plaindre. »

Et plus loin, lorsque Théodat cherche à comprendre lui-même les motifs de sa conduite, voici de bien heureuses et jolies réflexions : c Admettez que ma sœur soit pour moi une enfant... une enfant qui rêve,.,

c Quand on n’a plus de rêve à soi, quand on a pour passé une existence gâchée, pour avenir la seule perspective d’une fin solitaire,

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m IDE 4L ET RÉALITÉ

trouver ailleurs un rêve intact parait miraculeux. On en approcha comme d’une merveille infiniment fragile. On se mire à sa lumière. On tremble de le briser. Il n’est pas à vous, c’est possible, mais il est tout de même de la beauté, c’est-à-dire quelque chose à sauver pour la beauté du monde. »

M. Estaunié exprime là, avec art, des sentiments bien délicats et rares, et il analyse subtilement la vie d’une àme modeste, d’une de ces âmes qui ignorent même jusqu’à l’intérêt qu’elles peuvent avoir pour autrui. Et ce livre est plein de charme.,,

* *

L’Œ U V R E MUTILÉE, par Gabriel D e s m a r t .(Les Editions Contemporaines.)

Travailleur infatigable, Mme Desmart, après tant d’autres romans et pièces de théâtre, a tait paraître L ' Œ u v r e Mutilée, ouvrage d'une conception hardie, d’une facture un peu ibsénienne, qui manifeste un réel talent, une grande imagination, et de vrais dons littéraires

On peut y regretter certaines longueurs, qui gagneraient à être condensées, et, surtout, ce déséquilibre fréquent entre les mots trop grandioses, et les pensées qu’ils manifestent : car celles-ci semblent moins profondes, moins savantes, moins surhumaines, que les épi­thètes dont elles se revêtent.

La fin du livre est écrite dans une atmosphère fiévreuse et n’est plus à la hauteur des rêves mêmes du héros et de ce que sa conscience éclairée faisait espérer au début.

Mais, que de belles pages, que de généreux élans ! Et quelle grande réalité touche Mm0 Desmart dans ce conflit poignant entre denx âmes, conflit qui arrive à briser la foi et le bonheur de la femme, sans que l’homme paisse parvenir à la sauver des erreurs où il Ta lui-même égarée 1

Une intéressante prélace de Marc Semeneff esquisse, autour de cet ouvrage, tout un aperçu de la littérature de l’Ame... de l’Ame russe, surtout.

Frédéric de MURCIE,

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LE T H É Â T R E• 000000000000000 o o o o # o o p

A u T h é â tr e M ic h e l. — C H A R L Y ,

comédie en 3 actes de M M . V . - A . Jagkr - Schmidt.

Trois personnages inséparables, lo mari, la femme et l’amant, trinité indispensable à ce genre do spectacles, forment le fond de la pièce. Charly (sobriquet à la mode de Charlotte) est une jeune femme dont l’ambition se borne à être adulée, choyée, gâtée par ces messieurs et qui 11e rêve que parties fines, toilettes et dancings.

Or, son bon bougre de mari, honnête commerçant ou industriel, cela importe peu, est loin d'être le compagnon de ses rêves. Homme de principes, de routine, pot-au-feu et travailleur, il s’en est tenu aux ameublements ancien style, à la cigarette, au coin du feu enlisant son journal, aux bonnes vieilles habitudes de ses parents et peut-être même de ses grands-parents, à la vie bourgeoise en un mot.

De cet état de choses naît l’inévitable conflit qui dégénère rap ide-. ment en dispute.

Monsieur défend le gros bon sens que lui suggère son égoïsme, Madame entend vivre à sa guise et .comme chacun prétend avoir raison, Madame propose le divorce. Monsieur éclate de rire. Pour divorcer il faudrait une raison. Piquée au vif, Madame lui lance à la volée un nom, un nom quelconque, le nom de son amant, le meilleur ami du mari.

Souffrance, coliques hépatiques, bizarre pincement au cœur, jalousie! Monsieur sans plus attendre court chez le séducteur qu’il prend au saut du lit, lui demande des comptes. Patatra! Cet amant n’est qu’un amant postiche qui sort des bras de sa petite amie, déli­cieuse à voir eu pyjama, mais dont le caractère pointilleux ne peut s’accommoder d’être trompée.

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Madame s’était donc moquée de Monsieur dont l’irruption sou­daine chez l’amant supposé cause la brouille d’innocents tourtereaux, fait accessoire en somme puisque voici le mari consolé.

Mais, comme en fin de compte, il faut qu'il soit cocu, son obligeant ami s’aperçoit à propos que Charly qu’il aimait l'aime de son côté. On ne résiste pas à la fatalité ! 11 en devient l’amant pour de bon

’ cette fois. C’est naturel et très humain, hélas! et ce n’en est pas plus joli. Pris de remords tardifs, il veut, malgré Charly, qui s’accommode mieux de deux hommes que d ’un, révéler tout à l’innocent cocu.

Par bonheur, ces gens-là sont de pauvres aveugles qui ne demandent qu’à le rester. La confession n’aura donc pas lieu et les choses en resteront là pour la tranquillité de Monsieur, pour la joie de Madame, ainsi que pour la joie de son heureux amant, dont les scrupules auront tôt fait de disparaître.

Bien que le sujet de cette comédie soit assez banal, les trois actes se déroulent sans ennui. Quelques couplets qui gagneraient à être allégés sur le parallèle entre la vie moderne et les vieilles habi­tudes d’autrefois. Des mots .drôles; par-ci p a r-là une esquisse psychologique nous engageant à faire crédit aux auteurs; de la gaîté facile sur un thème un peu fatigué. Des personnages fantoches aux caractères mal définis et même un certain nonchaloir dans le genre adopté, comédie ou vaudeville?

Celte pièce fera pourtant les beanx jours du Michel. Un cocu, un amant, une maltresse, une petite femme en pyjama ! Très Parisien cela, n’est-ce pas? Et il n’en faut pas davantage pour digérer un bon repas. Pour ma très humble part, je trouve un peu navrante cette façon de voir. M'en fut-il pas ainsi de tous les temps, hélas! plus ou moins je veux bien, mais plutôt plus que moins et l’amour n’est-il pas un jeu dont on s’amuse assez mal & propos quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent ? Harry-Baur, Ch. Boyer et Falconetli animent ces 3 actes de façon magistrale.

** *

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Au Théâtre des N o u v e a u té s . — LA. MAITRESSE DE BRIDGE comédie en 3 actes de M. Louis V ernkuil.

Ici les trois personnages inséparables ont trouvé un quatrième au bridge, et la partie se joue en trois actes des plus médiocres.

Bridge en l’occurence n’est d’ailleurs que le nom du personnage principal.

Deux couples, par un échange de bons procédés, qui ne va cependant pas sans quelques péripéties, faute de quoi il n’y aurait plus de pièce, font un/chassé-croisé leur permettant tout à la fois d’être individuellement cocus et adultérins. On ne pouvait pas trouver mieux, d’autant plus que l'auteur non content de cette trouvaille l'émaille de plaisanteries vulgaires et qui n’out pas même l’excuse d’être drôles.

Des artistes excellents, tels que Brasseur, Le Gallo, Jacques de Féraudy, Hyspa, Galipaux, Regina Garnier, Templey et Davia ne par­viennent qu’ineomplètement, malgré leur fantaisie, à sauver la situation.

II. DIIOMONT.

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238 IBÉAL ET RÉALITÉ

LA MUSIQUE

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Pourquoi les critiques dissèquent-ils si souvent les œuvres musi­cales ? C’est une opération horrible.

Ne serait-il pas plus intéressant de je te r simplement sur le papier quelques-unes des pensées que provoque l'audition d’une œuvre. La musique produit de nombreux effets : il y a des œuvres simple­ment agréables, c’est-à-dire harmonieuses ; dans certaines œuvres la beauté de la forme fait réfléchir à sa construction (mais alors on étudie la partition chez soi, sans étaler en nn journal une analyse technique forcément sèche et incomplète) ; d’autres œuvres ravissent par leur esprit ; il y a enfin des œuvres qui lancent le cerveau dans un rêve vivant. Eh bien! si quelques auditeurs notaient leurs pensées, il me semble qu’on aurait un bien intéressant monument d’imagination produit par certaines auditions. Cela vérifierait peut-être celte phrase écrite à propos de Beethoven :

« C’est peut-être le privilège du génie de ne jamais se faire comprendre lui-même, mais d’aider chacun à se comprendre soi- même. >.

i

Quant aux œuvres qui ont le plus de valeur, les œuvres géniales, elles produisent un nouveau phénomène !

Jusqu’ici la pensée était stimulée, la musique engendrait une somme de rêves immense. Mais là,'elle dépasse nos ressources céré­brales. Elle s'élève au-dessus de notre pensée comme l’infini. Elle hypnotise...

Là, les génies, quoique divers, se réunissent en un paradis, où noos ne pouvons les discerner.

Toute critique devient matériellement impossible, et on ne peut que relire Berlioz, lorsqu’il écrit :

« .... Mes forces vitales semblent doublées... agitation étrange « dans la circulation du sang ; mes artères battent avec violence ;

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IDÉAL ET RÉALITÉ 239

« larmes... ; contractions spasmodiques des muscles, tremblement de t tons les membres, engourdissement total des pieds et des mains, « paralysie partielle des nerfs de la vision et de l’audition ; je n'y vois « plus; j ’entends à peine : vertige... demi-évanouissement... »

Voilà tout ce qu’on peut dire quand on a entendu le « Concert en sextuor » de Chausson, le quatuor de Chausson (océan de pleurs ehassés en ondée par un vent passionné), ou même le quintette de Florent Schmitt.

Mais ce n’est pas la ‘ violence qui produit les plus grands effets. Ainsi la « Tragédie de Saldmé » de Fl. Schmitt est effroyable, parce qu’elle, n'est qu’un hurlement perpétuel. Ce compositeur entend une musique trop puissante et il se trouve débordé par elle. Et c’est pourquoi Fl. Schmitt se change en un génie dans son quintette ; car là, son torrent est guidé par les cinq instruments.

Voici la preuve que la musique est avant tout physiologique. Elle diffère en cela des autres arts, elle est plus puissante, mais plus usante. s

Et le plus souvent, lorsqu’une personne prétend ne pas aimer telle école, c’est généralement son corps qui ne l’aime pas.

Mais, d’autre part, on peut aussi, dans une certaine mesure,t 'accoutumer son corps, éduquer ses sens et acquérir une « réception » musicale qui permettra alors de jouir intellectuellement d ’œuvres tont à fait différentes.

En musique, il faut .s'exercer à beaucoup entendre et on com­prendra beaucoup.

Un amateur de musique doit savoir jouir autant de la sèvère mais chaude « Parlita » en ré mineur de Bach , pour violon seul, — que du merveilleux concerto romantique de Brahm s pour violon (si gravement calomnié), et de la « Mer t> étincelante do Debussy, on du prodigieux « Tombeau de Couperin » de Ravel.

André de COUDEKERQUE-LAMBRECHT.

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240 IDÉAL ET RÉALITÉ

L ’IT A L IE N O U V E L L EO o o o o o o o o c o o o a o e o o o o o o e o o s o a o o o o o o o o

U Italie Nouvelle ! sous ce titre qui sonne comme une fanfare l’élan de l ’avenir, il vient de sc fondera Paris, 9, rue Ghalgrin, un journal hebdomadaire, politique, littéraire et artistique, dont le But est de nous refléter l’Italie dans son vrai jour, vu et exprimé par des patriotes italiens. Et cela est passionnant. Ce que nous apprenons à travers quelques lignes des journaux parisiens sur les cultures, les civilisations, les mouvements étrangers est trop peu et laisse le re­gret de ne pouvoir en suivre la complexe texture.

Ici, nous avons toute la saveur du terroir italien, toute la fière joie du progrès national, tout l’enthousiasme de la rénovation fasciste, défendue, exaltée, démontrée dans son évolution, ses résultats et ses rêves.

Et les articles frémissants de vie, de vigueur, de tranquille audace, se succèdent participant tous d’un style spécial, très pre­nant, celui de la résurrection Romaine, style à la fois mystique, artiste, lyrique et scientifique qui correspond à l’ardeur intégrale d’une civilisation reconstruite.

L’antique Rome renaît dans ses descendants, sur la même terre, sur ses ruines refleuries, Rome du droit, Rome des grands travaux, Rome de la paix puissante.

Forte de l’expérience des siècles, cette Rome italienne sera plus douce et plus pure que l’ancienne, elle combinera ses forces avec celles des autres nations pour la gloire d’une Humanité meilleure.

Nous nous réjouissons de pouvoir lire à Paris, en français, cette expression ardente de la nation sœur, qui contribuera encore à rap* procher et à resserrer les liens naturels de la parenté latine.

THÉMANLYS.

\

Im prim erie Spéciale d ’ « Idéa l e t R éa lité », à N yons (Drôme). L’Im p riraeu r-G éran t : L. COURIAU.

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Idéal et RéalitéLITTÉRATURE - PENSÉE - A R T

Paraît vers le 5 de chaque mois, sauf en Août, S e p te m b re et Octobre.

Paix du N uméro : Fr. 2 .5 0

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' Pompe, Paris-xvie.Ils partent toujours du premier numéro de l’année en cours.

2 /es m a n u scrits , a insi que les revues qui fo n t Véchange, do iven t être adressés à M. Maurice Heim, rédacteur en chef\ 16, <¥ tu e cVaoin) Paris (6°),

LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS

Id éa l et R éalité 'ne puJolie que de l'inédit.

Par sa ferme tendance d’équilibre traditionnel, par son intense désir d’aider le progrès, par Paccueil volontairement fait aux jeunes, talents, Idéal et Réalité attire et groupe tous ceux qui veulent

• * participer au renouveau actuel de la pensée.

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Les Ames vivantes, r o m a n . . . F r . 4.— Misère et Charité, é t u d e s o c i a l e . » 4.—La Route Infinie, 2 a c t e s en p r o s e . » 2 .—Le Miroir Philosophique, î re s é r i e . » 2 — L’Humanisme, é t u d e s o c i a l e . . » 4.’—

Clair»© T H É M A N L Y S

La Conquête de l’Idéal . . . . » 5 .—Le Rayon Vert, un a c t e . . . » t.5 0

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