1er Colloque Interdisciplinaire du GDR Mémoire ... · Web viewL’imagerie fonctionnelle et...

Programme provisoire du colloque 2020 du GDR

Mémoire

5 – 7 mai 2020Mas de Saboth

Version du 20 février 2020

Table des matières

Programme du mardi 5 mai 2020...............................................................4

Programme du mercredi 6 mai 2020..........................................................6

Programme du jeudi 7 mai 2020...............................................................10

Résumés de la session de symposium 1....................................................13




Programme du mardi 5 mai 2020

12h Buffet

14h30 Ouverture du Colloquepar Nadine Ravel et Céline Souchay

14h35 Conférence Plénière 1Le rêve : sujet particulier de mémoire ou système particulier de mémoire ? par Perrine Ruby (CNRL, Lyon)

15h30 Pause-café

16h Symposium 1Salle 1 – Les représentations mentales dans tous leurs états par Mathieu Wolff (INCIA, Bordeaux)Pour expliciter les processus élémentaires de la cognition humaine et animale, le concept de représentation mentale est central. On peut concevoir la représentation comme un espace mental permettant l’expression flexible de nos connaissances. Nous proposons de donner un survol des conceptions liées à ces représentations, des cartes cognitives (Bruno Poucet, Marseille) aux visions plus récentes des "états" (Alain Marchand, Bordeaux). Des données obtenues chez l’insecte (Aurore Avarguès-Weber, Toulouse) et par des approches de modélisation (Mehdi Khamassi, Paris) viendront questionner notre conception des bases neurales de l’abstraction.Intervenant 1 : Bruno Poucet, Laboratoire de Neurosciences Cognitives, MarseilleUne brève histoire du concept de carte cognitiveIntervenant 2 : Alain Marchand, INCIA, BordeauxMais qu'est-ce donc qu'un état ?Intervenant 3 : Aurore Avarguès-Weber, CRCA, Toulouse Un insecte possède-t-il des représentations mentales : réflexion autour des capacités cognitives des abeillesIntervenant 4 : Medhi Khamassi, CNRS / Sorbonne Université, Institut des Systèmes Intelligents et de Robotique, ParisApprendre avec et sans carte cognitive : un point de vue issu des modèles computationnelsSalle 2 – Mémoire et interactions sociales par Guillaume Isabel (CRCA, Toulouse) & Mickael Laisney (EPHP, Paris)Les interactions sociales constituent un contexte particulier qui peut, selon les situations, faciliter ou non la mémorisation. Au-delà, elles

Programme du mardi 5 mai 2020 – page 4

modulent et peut-être même façonnent le contenu de la mémoire. Ces liens sont encore peu abordés en neurosciences alors qu’ils sont souvent plus intégrés dans d’autres disciplines. Ce symposium propose un regard croisé sur le rôle des interactions sociales sur la mémoire que nous essaierons de modéliser.Intervenant 1 : Guillaume Isabel, CRCA, ToulouseProcessus neurobiologiques sous-tendant la facilitation sociale de la mémoire chez un insecte modèle, la drosophileIntervenant 2 : Mickaël Laisney, U1077 Inserm EPHE Unicaean, CaenMémoire et interactions sociales dans les maladies neurodégénérativesIntervenant 3 : Peggy Quinette, U1077 Inserm EPHE Unicaean, Caen Mémoire et communication : apport de l’apprentissage collaboratif chez l’HommeIntervenant 4 : Sarah Gensburger, UMR 7220, CNRS-ENS Paris Saclay-UniversitéNi individuelle ni collective, la mémoire chez l’humain comme produit des interactions sociales

Salle 3 - Mémoire et attribution par Denis Brouillet (Laboratoire Epsylon, Montpellier)Selon l’approche multimodale de la mémoire nos souvenirs sont des émergences qui se construisent ici et maintenant. Dès lors, comment se fait-il que cette construction soit attribuée au passé ? Les contributions proposées défendent l’idée que cette attribution repose sur une inférence associée aux traitements sensori-moteurs Intervenant 1 : Denis Perrin, IPhiG, Université Grenoble AlpesPhénoménologie du souvenir et sentiment de passéIntervenant 2 : Denis Brouillet, Epsylon, Université Paul Valéry MontpellierDes souvenirs énactés et non récupérésIntervenant 3 : Rémy Versace, EMC, Université Lyon 2La mémoire, un système dynamique à la base de l’émergence des états cognitifs, par "recréation" ou “projection" spatio-temporelleIntervenant 4 : Lionel Brunel, Epsylon, Université Paul Valéry MontpellierRôle de l’action dans l’émergence des connaissancesIntervenant 5 : Stéphane Rousset, LPNC, Université Grenoble AlpesLa fluence du traitement sensori-moteur de l’espace et le sentiment d’épisodicité

18h Présentations Éclair 1

19h30 Poster’s Cup

20h Dîner et quizz


Programme du mercredi 6 mai 2020

9h Symposium 2Salle 1 - Approche naturalistique de la mémoire : du labo à la vie réelle et vice versa par Maud Frot (CRNL, Lyon) & Nadine Ravel (CRNL, Lyon)Le développement de l’approche naturalistique de la mémoire découle de la nécessité d'aller au-delà des situations expérimentales simplistes souvent utilisées en neuroscience. Elle propose d’étudier les mécanismes neuronaux sous-jacents aux comportements animaux et humains dans des conditions naturelles ou au plus proche de la vie réelle tout en prenant en compte les aspects biologiques, mentaux et sociaux de l'environnement. Les intervenants choisis illustreront différents aspects de ces nouvelles approches et ce sera l’occasion de discuter des avantages et des difficultés qu’elles peuvent présenter.Intervenant 1 : Emiliano Macaluso, Lyon Neuroscience Research CenterMemory retrieval following encoding in naturalistic contextsIntervenant 2 : Pascale Piolino, LMC2, Université de ParisLa réalité virtuelle pour une évaluation naturaliste de la mémoire épisodiqueIntervenant 3 : Sébastien Ballesta & Hélène Meunier, LNCA (UMR 7364), Université de StrasbourgÉtude de la cognition des macaques en condition naturalistiqueIntervenant 4 : Philippe Faure & Nicolat Torquet, Neuroscience Paris Seine, Sorbonne UniversityEmergence of inter-individual variability in a naturalistic environment: Personality is a striking feature in animal kingdom.

Salle 2 - De l’espace physique à l’espace vécu : approche pluridisciplinaire de la mémoire spatiale par Bruno Poucet (LNC, Marseille)La mémoire spatiale joue un rôle central dans tous nos comportements. Le but de ce symposium est de réunir des intervenants provenant de disciplines très différentes pour examiner comment la mémoire spatiale et plus généralement la cognition spatiale sont abordées au travers de prismes aussi différents que ceux fournis par la philosophie, les sciences sociales (géomatique), la neuropsychologie et les neurosciences. Intervenant 1 : Julien Bernard, UMR7304, CNRS, Aix Marseille Université Fondements de l'espace perceptif, fondements de l'espace physique: continuité ou rupture?Intervenant 2 : Christelle Rochefort, Institut de Biologie Paris Seine, UMR8246


La représentation mentale de l’espace chez l'animalIntervenant 3 : Teriitutea Quesnot, Laboratoire LTEG, UMR6554, Université de Bretagne OccidentaleCartographier la mémoire collective grâce aux mégadonnées géographiques ? Enjeux et perspectivesIntervenant 4 : Emmanuel Barbeau, CerCo, Université de ToulouseNeuropsychologie de l'espace chez le sujet humain : variétés des syndromes, variétés des évaluations

Salle 3 - Mémoire et justice : Perspectives historiques, psychologies et légales par Chris Moulin (LPNC, Grenoble) & Céline Souchay (LPNC, Grenoble)Les questions de Mémoire deviennent de plus en plus présentes dans le monde de la justice, en particulier dans le monde anglo-saxon, la France accusant un retard évident en la matière. Et pourtant des questions évidentes se posent sur la validité des témoignages oculaires, des témoignages d’enfants ou encore sur l’importance de la situation dans laquelle le souvenir est récupéré (interrogatoire mené par la police, influence des thérapies suggestives...). Par ailleurs, la revendication des souvenirs traumatiques collectifs en termes de reconnaissance, de justice, et de réparation est une question sociétale d'actualité. Ce symposium a pour objectif de réunir des experts de différents horizons pour aborder ces questions, l’objectif étant entre autre d’échanger sur la validité des souvenirs dans le contexte judiciaire mais également de discuter de la place de l’expert mémoire dans le monde de la justice.Intervenant 1 : Olivier Dodier, Faculté de psychologie, Université de NantesUn besoin d’experts du fonctionnement de la mémoire pour la justice françaiseIntervenant 2 : Sophie Baby, Centre Georges Chevrier, Université de Bourgogne Franche-ComtéMémoire, histoire et justice 70 ans après : témoins et traces de la Guerre civile et du franquisme en EspagneIntervenant 3 : Christopher Moulin, LPNC, GrenobleMémoire et Justice (Britannique)Intervenant 4 : Ophélia Claude, Cabinet Antonin Lévy & Associés, ParisTable ronde

11h Pause-café

11h30 Présentation Éclair 2

12h30 Déjeuner

14h Symposium 3


Salle 1 - Variabilité interindividuelle : focus sur les stratégies cognitives et l’apprentissage par Sylvie Granon (Institut des Neurosciences Paris-Saclay)Sur quoi repose l’existence -et quelles sont les conséquences- de stratégies cognitives différentes entre les individus ? Quels en sont les corrélats (neurobiologiques, épigénétiques, développementaux, environnementaux...) ? Doit-on remettre l'individu au centre du "groupe" quel qu'il soit (société, groupe expérimental, patients...) si on veut adresser la plasticité cognitive ? Nous illustrerons ces points chez l’animal de laboratoire et chez l’homme, sain ou en condition pathologique. Dans un exposé d’ouverture, nous nous interrogerons sur les potentiels aspects translationnels et sociétaux des données expérimentales de la variabilité biologique.Intervenant 1 : Sylvie Granon, UMR 9197, Institut des Neurosciences Paris-SaclayPotentiels aspects translationnels et sociétaux des données expérimentales de la variabilité biologiqueIntervenant 2 : Florian Cédrick, CERCA, ToulouseDe la variabilité épigénétique à la diversité comportementale et cognitiveIntervenant 3 : Anne-Lise Saive, CocoLab, Université de MontréalPredicting episodic odor memory richness using brain oscillatory activity during learning and retrieval: an intracranial EEG studyIntervenant 4 : Pauline Favre, Inserm U955, CEA Paris SaclayChangements neurofonctionnels des processus émotionnels après entraînement cognitifIntervenant 5 : Isabelle Luciani, UMR 7303 TELEMME, Aix Marseille UniversitéL’espace graphique comme lieu de mémoire : réflexions sur les liens entre l'essor de la littéracie et les stratégies cognitives des individus dans les écritures quotidiennes (France, XVIe-XVIIIe siècle)

Salle 2 - Quand la mémoire se trouble : approche neurobiologique, ethnologique et psychiatrique par Christelle Rochefort (IBPS, Paris)La capacité à se souvenir est une fonction essentielle qui façonne notre personnalité et notre rapport aux autres. Mais que se passe-t-il lorsque cette mémoire est altérée? Le but de ce symposium est de parler de mémoire sous l’angle de la pathologie. Il réunit des intervenants spécialisés dans l’étude des pathologies de la mémoire observées au travers d’approches complémentaires, incluant de la neurobiologie sur modèles animaux et sur sujet humain, de l’ethnologie et de la psychiatrieIntervenant 1 : Laure Verret, CRCA, ToulouseApport des modèles murins dans la compréhension des mécanismes sous-tendant les déficits mnésiques dans la maladie d’AlzheimerIntervenant 2 : Anne-Lise Paradis, IBPS, Sorbonne UniversitéNavigation, environnement virtuel et évaluation de la mémoireIntervenant 3 : Véronique Dassié, CNRS, IDEMEC, Aix Marseille UniversitéPerdre la mémoire : itinéraire du cognitif à l'anthropologiqueIntervenant 4 : Christophe Arbus, Inserm 1214 TONIC/CHU Toulouse


Schizophrénie et mémoire autobiographique

Salle 3 - Oubli et Mémoire chez l’homme et chez l’animal par Gaën Plancher (EMC, Lyon) & Gaël Malleret (CRNL, Lyon)On connaît aujourd’hui plutôt bien les processus mémoriels qui donnent lieu au stockage de l’information. En revanche, on s’intéresse beaucoup moins au phénomène inverse de l’oubli, qui peut s’avérer être, dans certain cas, utile, adaptif, pour permettre un stockage optimal des informations en mémoire. L’objet de ce symposium est de s’intéresser à ces formes d’oubli adaptatives aux travers de travaux réalisés chez l’Homme ou l’animal. Intervenant 1 : Gaël Malleret, CRNL, LyonAdaptive forgetting and synaptic depressionIntervenant 2 : Gaën Plancher, EMC, Université Lumière Lyon 2Forgetting and Maintenance in Human Working MemoryIntervenant 3 : Pierre Gagnepain, U1077 Inserm EPHE Unicaean, Caen Resilience after terror: the role of memory suppressionIntervenant 4 : Aline Marighetto, Neurocentre Magendie, BordeauxBalance between retention and forgetting of declarative memory in aging

16h Poster’s Cup

17h Pause-café

17h30 Conférence Plénière 2 Mémoire <=> Vie par Etienne Danchin (EDB, Toulouse)

18h30 AG du GDR

19h30 Dîner et soirée festive


Programme du jeudi 7 mai 2020

9h Symposium 4Salle 1 - Mémoire (s) de soi, mémoire (s) des autres. Usages et réusages des entretiens mémoriels par Anne-Marie Granet (LARHRA, Grenoble)Lorsque l’on travaille sur et avec la mémoire de témoins, en historien-ne, sociologue, politiste, anthropologue, on connaît la richesse et la complexité des récits proposés : récits reconstruits, récits mythifiés, récits oublieux, récits occultants, qui croisent et imbriquent récits de soi et récits des autres et sur les autres. Récits majeurs pour approcher autrement l’histoire des individus et des sociétés par les représentations que chacun-e donne de sa vie et de son passé, dans la compréhension qu’il -elle en a ou pense qu’il -elle a vécu. Pour autant, parmi les questions majeures actuelles, celle du réusage des mémoires collectées quelques jours, quelques mois ou quelques années auparavant se pose avec une acuité nouvelle. À quoi sert la mémoire et à quoi servent ces entretiens enregistrés et conservés ? Comment le faire et pourquoi ? Or ces mémoires réinterrogées dans des contextes différents suggèrent d’autres entrées, d’autres analyses, assorties de questions concernant la diffusion de ces récits et leur transmission, suscitant de nouvelles constructions mémorielles. À partir d’exemples de travaux en cours, les participantes à ce panel travailleront ces questions pour tenter de faire ressortir la richesse de ces récits mais aussi tous les aspects méthodologiques qui se posent s’agissant des nouvelles modalités et exigences autour des questions de mémoire que connaissent bien celles et ceux qui sont en charge de leur conservation/transmission.

Intervenant 1 : Anne Dalmasso, UGA-UMR LARHRA, GrenobleCrise et récits de crise : la mémoire de ce qui n’a pas eu lieuIntervenant 2 : Anne- Marie Granet-Abisset, UGA-UMR LARHRA, GrenobleLe temps de la mémoire, le temps du récit, le temps de l’histoire : entre silence (s), recouvrement (s) et transmissionIntervenant 3 : Véronique Ginouves, MMSH- AM, AixRémanence de la recherche de Michel Seurat à travers ses entretiens enregistrés : à propos de son archivage et de ses ré-usagesIntervenant 4 : Michèle Baussant, CNRS, ISP UMR 7220-Université Paris NanterreCollections : des fragments arrachés au présentIntervenant 5 : Lucrèce Heux, Université Grenoble Alpes et Swansea University (Pays de Galles)Les souvenirs, entre mémoires individuelles et collectives : penser une méthode interdisciplinaire entre histoire et psychologie


Salle 2 - Mémoire Individuelle, Mémoire de la Lignée par Déborah Federico (EDB, Toulouse) & Bruno Truchet (LNC, Marseille)Dans ce symposium, nous examinerons comment penser la mémoire comme un phénomène intégré à différentes échelles: individu, familles, populations en évolution. Nous nous pencherons notamment sur le domaine de l'épigénétique. Ce domaine recouvre les études des mécanismes qui peuvent influencer l’expression des gènes sans modifier la structure de l’ADN. Nombre d’études démontrent l’implication de ces mécanismes épigénétiques dans les phénomènes mnésiques, chez l’individu sain comme pathologique, en interaction avec son environnement. Certaines marques épigénétiques sont transmises entre générations, y compris sans contact direct entre parents et descendants, ce qui ajoute une dimension épigénétique à la mémoire familiale. Par ailleurs, les multiples strates de l’hérédité (génétique, non-génétique) permettent de concevoir l’évolution comme un phénomène de mémorisation à de multiples échelles temporelles, aussi bien au niveau de l’individu, de la famille, que de la population. Cela nous conduira à examiner comment l’adaptation par sélection naturelle peut être perçue comme un apprentissage au niveau d’une lignée d’individus.Intervenant 1 : Raphaëlle Cassel, Inserm U1118, Université de StrasbourgLa réactivation de l’acétylation des histones comme cible thérapeutique des maladies de la mémoire, mythe ou réalité?Intervenant 2 : Bruno Truchet, LNC, UMR CNRS 7291, Université Aix-Marseille Mémoire de nos pères : transmission intergénérationnelle des mécanismes épigénétiques modulant les capacités mnésiquesIntervenant 3 : Gaëlle Pontarotti, Université Paris DiderotL’hérédité étendue : une mémoire biologique multidimensionnelle?Intervenant 4 : Déborah Federico & Arnaud Pocheville, UMR 5174, ToulouseL’hérédité comme mémoire évolutive multi-échelles : une approche de modélisation

Salle 3 - Approche interdisciplinaire du voyage mental dans le temps : vers une nouvelle taxonomie par Valentina Lacorte (LMC2, Paris), Marco Sperduti (LMC2, Paris) & Pascale Piolino (LMC2, Paris)Le voyage mental dans le temps permet à l’individu de récupérer des évènements du passé personnel ainsi que de prévoir/imaginer des évènements dans son propre futur. Le but de ce symposium interdisciplinaire est d’encourager le débat philosophique et scientifique sur les différentes formes de voyage mental (e.g., souvenirs, prospection, imagination, vagabondage), sa nature individuelle ou collective, et ses mécanismes cognitifs et cérébraux.


Intervenant 1 : La Corte Valentina & Piolino Pascale, MC2Lab, IM2A, ParisVoyage mental dans le temps dans la maladie d’Alzheimer et la démence sémantique : le rôle de la distance temporelleIntervenant 2 : Arnaud D’Argembeau, Université de LiègeLa compression temporelle des événements lors du voyage mental dans le temps Intervenant 3 : Octavia Ionescu, UMR 7708, Université de Paris CARAVAN: Collective mentAl time tRavel And perceiVed societAl aNomie Intervenant 4 : Arcangeli Margherita & Dokic Jérôme, Institut Jean-Nicod (CNRS-EHESS-ENS), ParisImagination entre voyage et vagabondage mentaux

11h Pause-café

11h30 Remise des prix

11h40 Conférence Plénière 3 Connaissances, attitudes, émotions, identités et ressassement. Les apports de la psychologie à l’étude de la mémoire collective par Olivier Luminet (UC Louvain)

12h30 Paniers repas & départ des bus


Résumés de la session de symposium 1

Les représentations mentales dans tous leurs états par Mathieu Wolff (INCIA, Bordeaux)Une brève histoire du concept de carte cognitive par Bruno Poucet, Laboratoire de Neurosciences Cognitives, MarseilleMais qu'est-ce donc qu'un état ? par Alain Marchand, INCIA, BordeauxUn insecte possède-t-il des représentations mentales : réflexion autour des capacités cognitives des abeilles par Aurore Avarguès-Weber, CRCA, Toulouse Apprendre avec et sans carte cognitive : un point de vue issu des modèles computationnels par Medhi Khamassi, CNRS / Sorbonne Université, Institut des Systèmes Intelligents et de Robotique, Paris

Modulation de la mémoire par les interactions sociales par Guillaume Isabel (CRCA, Toulouse) & Mickael Laisney (EPHP, Paris)Processus neurobiologiques sous-tendant la facilitation sociale de la mémoire chez un insecte modèle, la drosophile par Guillaume Isabel, CRCA, ToulouseMémoire et interactions sociales dans les maladies neurodégénératives par Mickaël Laisney, U1077 Inserm EPHE Unicaean, CaenMémoire et communication : apport de l’apprentissage collaboratif chez l’Homme par Peggy Quinette, U1077 Inserm EPHE Unicaean, Caen Ni individuelle ni collective, la mémoire chez l’humain comme produit des interactions sociales par Sarah Gensburger, UMR 7220, CNRS-ENS Paris Saclay-Université

Mémoire et attribution par Denis Brouillet (Laboratoire Epsylon, Montpellier)Phénoménologie du souvenir et sentiment de passé par Denis Perrin, IPhiG, Université Grenoble AlpesDes souvenirs énactés et non récupérés par Denis Brouillet, Epsylon, Université Paul Valéry MontpellierLa mémoire, un système dynamique à la base de l’émergence des états cognitifs, par "recréation" ou “projection" spatio-temporelle par Rémy Versace, EMC, Université Lyon 2Rôle de l’action dans l’émergence des connaissances par Lionel Brunel, Epsylon, Université Paul Valéry MontpellierLa fluence du traitement sensori-moteur de l’espace et le sentiment d’épisodicité par Stéphane Rousset, LPNC, Université Grenoble Alpes


Symposium 1 – Mardi 5 mai – 16h – Salle 1Symposium : Les représentations mentales dans tous

leurs étatspar Mathieu Wolff (INCIA, Bordeaux)

Intervenant 1 : Bruno Poucet, Laboratoire de Neurosciences Cognitives, MarseilleUne brève histoire du concept de carte cognitive

L'hypothèse des cartes cognitives, avancée par Tolman en 1948, postulait que l'animal, tout comme l'Homme, était capable de construire une représentation des relations causales au sein de son environnement. Initialement controversée, en particulier par les tenants des théories behaviouristes, l'hypothèse des cartes cognitives a trouvé un nouvel essor avec la découverte, chez l'animal, du support neuronal de la représentation de l'espace (O'Keefe et Nadel, 1978). Cette découverte, considérée dans un premier temps avec un certain scepticisme, a néanmoins ouvert un nouveau champ de recherche dont les résultats confortent aujourd'hui l'hypothèse que notre cerveau possède un système dédié au traitement des informations spatiales. Au cours de mon exposé, je rappellerai les principales étapes qui ont marqué l'histoire du concept de carte cognitive et de leur support neuronal.




Intervenant 2 : Alain Marchand, INCIA, Bordeaux

Mais qu'est-ce donc qu'un état ?

Le concept d’état, largement emprunté aux sciences de l’ingénieur, est devenu fondamental dans les sciences de la décision. Toutefois, les ingénieurs proposent pour l’apprentissage par renforcement une définition objective des états qui peut différer de celle, plus subjective, des psychologues. En effet, pour un animal comme pour un sujet humain, c’est un défi d’identifier les états correspondant à une tâche donnée et la prise de décision peut s’en trouver affectée. Un état doit contenir l’information nécessaire à l’agent pour sélectionner une action. Il constitue ainsi une brique de base d’une carte cognitive. La carte cognitive doit également inclure les transitions entre états, donc les conséquences de chaque action. Un principe heuristique utile pour différencier les états est que si une même action produit des conséquences différentes, l’action a été effectuée dans deux états différents. Ainsi, par exemple, dans une tâche de discrimination conditionnelle, l’apprentissage est facilité si chaque action mène à une récompense alimentaire différente. La représentation des conséquences de l’action ferait donc partie intégrante de la représentation des états. L’imagerie fonctionnelle et l’électrophysiologie montrent que différentes composantes d’un état peuvent être encodées dans des régions cérébrales distinctes. De plus, le statut motivationnel du sujet affecte l’ensemble de l’activité cérébrale et a des conséquences directes sur la prise de décision. Ainsi en biologie, la notion d’état recouvre potentiellement une représentation cognitive très riche, où les concepts d’état, d’action et de récompense peuvent être difficiles à dissocier.




Intervenant 3 : Aurore Avarguès-Weber, CRCA, Toulouse

Un insecte possède-t-il des représentations mentales : réflexion autour des capacités cognitives des abeilles

Difficile de concevoir des représentations mentales chez un insecte. Or, les abeilles sont capables de nombreuses performances cognitives qui peuvent suggérer le recours à des représentations. Ainsi, les abeilles peuvent utiliser des symboles, résoudre des problèmes arithmétiques simples, manipuler des concepts relationnels ou encore recourir à une mémoire de type épisodique. Leur faculté d'abstraction serait ainsi facilitée par le recours à des représentations mentales même si nos capacités expérimentales ne nous permettent pas d'arbitrer sur le caractère conscient ou non de ces représentations par manque d'accès à la 'boîte' noire du niveau de conscience des animaux. Cette présentation vise donc surtout à ouvrir le débat sur la notion de représentation mentale chez les animaux et les hypothèses alternatives permettant d'expliquer les performances des abeilles.




Intervenant 4 : Medhi Khamassi, CNRS / Sorbonne Université, Institut des Systèmes Intelligents et de Robotique, Paris

Apprendre avec et sans carte cognitive : un point de vue issu des modèles computationnels

Avec l’apport de la modélisation computationnelle, on sait qu’il est mathématiquement possible de se représenter la tâche et de prendre des décisions grâce à des cartes cognitives spatiales et non-spatiales. Dans ces dernières, deux états représentés distincts peuvent correspondre à la même position spatiale (e.g., devant la mangeoire) mais à différents états de la tâche (e.g., il y a de la nourriture ou pas dans la mangeoire). A l’opposé, on sait qu’il est également mathématiquement possible d’utiliser une représentation d’états spatiaux (e.g., provenant de cellules de lieux de l’hippocampe) sans carte cognitive pour décider d’agir : on peut apprendre lentement et par renforcement des associations position-réponse qui permettent des décisions aussi réactives et inflexibles que les associations stimulus-réponse. Cet exposé vise à présenter des exemples de modèles computationnels simples fondés sur ces différents types d’utilisation de représentations spatiales et non-spatiales d’états, avec ou sans carte cognitive. Nous verrons certaines prédictions expérimentales issues de ces différents modèles et les démarches actuelles visant à tester ces prédictions.


Symposium 1 – Mardi 5 mai – 16h – Salle 2Symposium : Modulation de la mémoire par les

interactions socialespar Guillaume Isabel (CRCA, Toulouse)

&Mickael Laisney (EPHP, Paris)

Intervenant 1 : Guillaume Isabel, UMR5169 CNRS-Université Paul Sabatier, Centre de Recherches sur la Cognition Animale, [email protected]

Processus neurobiologiques sous-tendant la facilitation sociale de la mémoire chez un insecte modèle, la drosophile

En vivant dans un environnement complexe, les animaux peuvent s'appuyer sur leur capacité à établir des liens associatifs entre plusieurs stimuli dans une situation pour ajuster ultérieurement leur comportement dans une situation similaire. La contribution des interactions sociales dans l'acquisition de l'information a attiré beaucoup d'attention, mais on sait peu l'impact des interactions sociales entre congénères sur la restitution des informations acquises. Le modèle drosophile grâce à ses outils neurogénétiques disponibles permet d’aborder cette question et de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents dans l'influence des interactions sociales sur l'utilisation des renseignements personnels. Des travaux antérieurs chez la drosophile ont mis en évidence une mémoire dont la restitution à long terme est facilitée par la présence de congénères. Ce phénomène est qualifié de facilitation sociale de la mémoire (FSM). Nous présenterons ici le signal social à l’origine de cette FSM, et les mécanismes neurobiologiques qui sous-tendent l’expression de la facilitation sociale de cette mémoire.

Mots-clés : Récupération de la mémoire, Facilitation, Centres de la mémoire, Drosophile


mailto:[email protected]




Intervenant 2 : Mickaël Laisney, U1077 INSERM-EPHE-UNICAEN, Neuropsychologie et Imagerie de la Mémoire Humaine, [email protected]

Mémoire et interactions sociales dans les maladies neurodégénératives

L’évaluation et l’étude de la mémoire en neuropsychologie tient encore peu compte du caractère social intrinsèque de la mémoire. Pourtant, mémoire et interactions sociales sont intimement liées. D’une part, la plupart de nos apprentissages ont lieu dans un contexte social. Dans ce type d’apprentissage, qu’il soit par observation ou collaboratif, il est nécessaire de choisir qui copier ou avec qui apprendre et qui éviter. Chez l’Homme, ce choix d’un partenaire d’apprentissage est déterminé, en partie, par l’intention attribuée à ce partenaire. Ce partenaire, est-ce qu’il souhaite m’aider ou m’induire en erreur ? Cette habileté à attribuer à l’autre des intentions, et plus largement des états mentaux, est appelée théorie de l’esprit et peut être utilisée pour comprendre et prédire les comportements d’autrui. D’autre part, les comportements et les intentions attribués à autrui dans une situation sociale particulière dépendent de souvenirs de nos échanges passés et de nos connaissances en mémoire concernant les normes et interactions sociales. Enfin, conserver des traces en mémoire des partenaires rencontrés et des conséquences de ces interactions passées est indispensable pour avoir des réactions appropriées et efficaces lors de rencontres futures. La pertinence sociale d’une information améliorait d’ailleurs son apprentissage et sa récupération ultérieure. Nous illustrerons ces liens par des travaux réalisés, en particulier, auprès de patients souffrant de maladies neurodégénératives affectant la mémoire ou les interactions sociales : la maladie d’Alzheimer et les dégénérescences lobaires frontotemporales.

Mots-clés : apprentissage social, théorie de l’esprit, maladies neurodégénératives






Intervenant 3 : Peggy Quinette, U1077 Inserm EPHE Unicaean, Neuropsychologie et Imagerie de la Mémoire Humaine, [email protected]

Mémoire et communication : apport de l’apprentissage collaboratif chez l’Homme

L’étude des patients amnésiques a permis des avancées majeures dans la compréhension de la mémoire humaine. Des travaux se sont intéressés aux liens entre les troubles de mémoire et la communication chez ces patients et montrent une interaction entre ces deux domaines. Les processus intervenant dans la mémoire et le langage seraient en partie communs. Il s’agirait dans les deux cas de créer des représentations cohérentes à partir de différentes sources d’informations et de maintenir ces associations dans un objectif comportemental. Dans cette perspective, Duff et ses collaborateurs ont montré d’une part, que les troubles de mémoire rencontrés chez les patients amnésiques modifieraient leurs stratégies communicationnelles et d’autre part, que les situations d’interactions langagières et sociales permettraient l’émergence d’apprentissage chez ces mêmes patients. En utilisant une méthode d’apprentissage court-circuitant les voies classiques de la mémoire qui sont altérées et en agissant par une voie détournée qu’est l’échange communicationnel avec un proche, les auteurs ont montré chez quatre patients présentant une amnésie permanente hippocampique, puis plus tard chez 5 patients à un stade léger de la maladie d’Alzheimer, que ces derniers pouvaient générer, de façon arbitraire et sur l’appui d’un étayage social, des associations entre un nom et une figure géométrique et mémoriser ces associations crées. Supportées par le langage et les connaissances communes des sujets, ces associations semblent émerger relativement facilement et se maintenir dans le temps mais seraient en revanche probablement peu flexibles. Au travers d’études, nous avons cherché à comprendre les mécanismes sur lesquels reposent ces effets.

Mots-clés : Syndromes amnésiques, mémoire, langage






Intervenant 4 : Sarah Gensburger, Institut des Sciences Sociales du Politique, UMR 7220, CNRS-ENS Paris Saclay-Université Paris [email protected]

Ni individuelle ni collective, la mémoire chez l’humain comme produit des interactions sociales

Le terme de « mémoire collective » est aujourd’hui l’un des concepts les plus utilisés pour parler de la dimension sociale de la mémoire. Il donne pourtant lieu à diverses définitions et malentendus. Cette intervention se propose de revenir à la définition première du terme. Ce faisant, et croisant présentations d’études de cas et réflexions conceptuelles, elle mettra en évidence l’importance des interactions sociales pour la construction et la transformation des souvenirs par les individus. Dans la perspective d’un dialogue interdisciplinaire qui est celui de cette conférence et du GDR, elle mettra en évidence plusieurs résultats de la sociologie de la mémoire qui ne demanderont qu’à être discutés (vivement sans aucun doute) par les autres disciplines présentes : 1) au regard de la biologie, il apparaît que la mémoire n’est pas encodée, elle est toujours relationnelle, tant au moment de sa fabrication que de sa transformation à travers le temps. Elle varie notamment en fonction des relations sociales dans lesquelles les individus qui se souviennent sont pris. 2) au regard de la psychologie, les travaux de sociologie auraient tendance à croiser mémoire sémantique et mémoire épisodique pour mettre en évidence le fait qu’il n’y a pas finalement de début et de fin de la mémoire. La mémoire est toujours le résultat de cadres sociaux qui préexistent à l’événement comme par exemple le langage ou les structures sociales auxquelles on appartient (famille, classe sociale, groupe etc.…) et qui déterminent d’où et avec quelles catégories nous allons interpréter et donc faire sens de l’événement dont il s’agira de se souvenir. À cet égard, la mémoire ne relèverait pas tant du temps que de l’espace, en ce qu’il est relationnel et structuré.

Mots-clés : Interactions, mémoire, structures sociales, réseaux



Symposium 1 – Mardi 5 mai – 16h – Salle 3Symposium : Mémoire et attribution

par Denis Brouillet (Laboratoire Epsylon, Montpellier)

Intervenant 1 : Denis Perrin, Université Grenoble Alpes, Laboratoire Institut de Philosophie de Grenoble (IPhiG)

Phénoménologie du souvenir et sentiment de passé

Dans cette conférence, seront examinés plusieurs modèles qui visent à expliquer la phénoménologie du souvenir épisodique : celui fondé sur la rétention de l’expérience perceptuelle passée (Hoerl, 2019), celui fondé sur la réflexivité du contenu représentationnel du souvenir (Fernandez, 2019) et le modèle métacognitif (Dokic, 2014 ; Perrin, 2018). Je défendrai le troisième modèle, selon lequel la phénoménologie du souvenir doit être analysée en termes de sentiment du passé (feeling of pastness) résultant d’une attribution au passé déclenchée par la détection d’indicateurs procéduraux subpersonnels. Je questionnerai alors ce qu’il faut entendre exactement par un tel sentiment.




Intervenant 2 : Denis Brouillet, Université Paul Valéry Montpellier, Laboratoire Epsylon, Équipe DynaCSE

Des souvenirs énactés et non récupérés

Aussi paradoxal que cela puisse paraître la mémoire se dit toujours au présent ou plus précisément à la conscience présente. Dès lors, une question s’impose : par quel mécanisme attribuons-nous au passé l’expérience que nous sommes en train de vivre ? Par expérience que nous sommes en train de vivre nous entendons le jugement que nous devons faire pour attribuer au passé l’événement présent sur lequel porte le jugement. L’idée que défendons et qui sera étayée par des données comportementales (Brouillet et al. 2017), mais aussi par de la modélisation (Briglia et al., 2018; Servajean, 2018) c’est que cette attribution repose sur une inférence inconsciente sensori-motrice.




Intervenant 3 : Rémy Versace, Université Lyon 2, Laboratoire d’Étude des Mécanismes Cognitifs (EMC)

La mémoire, un système dynamique à la base de l’émergence des états cognitifs, par "recréation" ou “projection" spatio-temporelle

L’objectif de cette présentation sera tout d’abord de définir la mémoire comme un système se modifiant au cours des expériences sensori-motrices vécues et susceptibles de reproduire (simuler ou recréer) les états cognitifs correspondant à ces expériences. Ainsi les états mentaux (perceptions, souvenirs, connaissances, ressentis, …) émergent dans l’instant présent à partir de la re-création ou simulation d’états antérieurs (Brunel et al., 2009 ; 2010 ; Rey et al., 2015 ; 2017).




Intervenant 4 : Lionel Brunel, Université Paul Valéry Montpellier, Laboratoire Epsylon, Équipe DynaCSE

Rôle de l’action dans l’émergence des connaissances

Au cours de cette présentation, nous verrons en quoi l’action joue un rôle central non seulement dans la création d’une trace mnésique mais également dans l’émergence d’une connaissance. En effet, Camus, Brouillet et Brunel (2016) ont montré que manipuler l’action des individus (i.e., absence vs. présence) à l’exposition d’un stimulus multi sensoriel modulait le liage des composants sensoriels au sein de ce même stimulus et donc de la trace mnésique qui en résulte. Par ailleurs, Da Silva et collaborateurs (en révision) ont montré que les connaissances émergent de l’intégration entre les traces mnésiques antérieures de l’individu et de l’action par laquelle ce dernier est amené à interagir avec son environnement.




Intervenant 5 : Stéphane Rousset, Université Grenoble Alpes, Laboratoire de Psychologie & NeuroCognition (LPNC)

La fluence du traitement sensori-moteur de l’espace et le sentiment d’épisodicité

Le souvenir épisodique peut apparaître de prime abord comme une activité réflexive fondée sur l’accès à une représentation stockée d’un épisode passé, permettant ainsi de définir le quoi, le où et le quand du souvenir induit. Dans cette conférence, j’examinerai comment l’épisodicité d’une évocation mnésique pourrait plutôt être ancrée dans le traitement sensori-moteur de l’espace. Nous évaluerons comment les caractéristiques de fluence de ce traitement dans le temps présent pourraient sous-tendre la forme particulière d’attribution au passé que constitue le sentiment d’épisodicité.



Approche naturalistique de la mémoire : du labo à la vie réelle et vice versa par Maud Frot (CRNL, Lyon) & Nadine Ravel (CRNL, Lyon)Memory retrieval following encoding in naturalistic contexts par Emiliano Macaluso, Lyon Neuroscience Research CenterLa réalité virtuelle pour une évaluation naturaliste de la mémoire épisodique par Pascale Piolino, LMC2, Université de ParisÉtude de la cognition des macaques en condition naturalistique par Sébastien Ballesta & Hélène Meunier, LNCA (UMR 7364), Université de StrasbourgEmergence of inter-individual variability in a naturalistic environment: Personality is a striking feature in animal kingdom par Philippe Faure & Nicolat Torquet, Neuroscience Paris Seine, Sorbonne University

De l’espace physique à l’espace vécu : approche pluridisciplinaire de la mémoire spatiale par Bruno Poucet (LNC, Marseille)Fondements de l'espace perceptif, fondements de l'espace physique: continuité ou rupture? par Julien Bernard, UMR7304, CNRS, Aix Marseille Université La représentation mentale de l’espace chez l'animal par Christelle Rochefort, Institut de Biologie Paris Seine, UMR8246Cartographier la mémoire collective grâce aux mégadonnées géographiques ? par Teriitutea Quesnot, Laboratoire LTEG, UMR6554, Université de Bretagne OccidentaleNeuropsychologie de l'espace chez le sujet humain : variétés des syndromes, variétés des évaluations par Emmanuel Barbeau, CeRCo, Université de Toulouse

Mémoire et justice : Perspectives historiques, psychologies et légales par Chris Moulin (LPNC, Grenoble) & Céline Souchay (LPNC, Grenoble)Un besoin d’experts du fonctionnement de la mémoire pour la justice française par Olivier Dodier, Faculté de psychologie, Université de NantesMémoire, histoire et justice 70 ans après : témoins et traces de la Guerre civile et du franquisme en Espagne par Sophie Baby, Centre Georges Chevrier, Université de Bourgogne Franche-ComtéMémoire et Justice (Britannique) par Christopher Moulin, LPNC, Grenoble


Table ronde animée par Ophélia Claude, Cabinet Antonin Lévy & Associés, Paris


Symposium 2 – Mercredi 6 mai – 9h – Salle 1Symposium : Approche naturalistique de la mémoire :

du labo à la vie réelle et vice versapar Maud Frot & Nadine Ravel (CRNL, Lyon)

Intervenant 1 : Emiliano Macaluso, Lyon Neuroscience Research Center (Impact Team)

Memory retrieval following encoding in naturalistic contexts

Extensive research both in animals and in humans pointed to the medial temporal cortex and the prefrontal cortex as the main brain regions involved in the processing and integration of the multiple elements that characterize episodic memory (e.g. what, where, when). Here, I will present a series of human behavioral and imaging studies that targeted the multi-dimensional nature of episodic memory using complex and dynamic naturalistic stimuli, such as videos, virtual reality and innovative approaches based on mobile-phone technology. At the behavioral level, we found comparable interactions between the different elements of the episodic events, despite the vast differences of encoded material and retention intervals. fMRI studies using naturalistic stimuli pointed to a central role of the medial parietal cortex during memory retrieval, when activity was found to be jointly modulated by the different dimensions of the episodic events, including interactions between factors related to time, space, meaning and subjective confidence. We suggest that the parietal cortex instantiates situational models combining episode-specific multidimensional knowledge, as opposed to general schema-mediated memory in the hippocampus and prefrontal cortex.




Intervenant 2 : Pascale Piolino, Pr de Psychologie Cognitive à l’Université de Paris Laboratoire Mémoire, Cerveau et Cognition (LMC2), Institut de Psychologie

La réalité virtuelle pour une évaluation naturaliste de la mémoire épisodique

L’une des mémoires qui est particulièrement impliquée dans la vie quotidienne, et l’une des plus fragiles, est la mémoire épisodique. Or, la plupart des évaluations en laboratoire restent assez éloignées de sa richesse contextuelle et phénoménologique. Depuis les travaux d’Ulrich Neisser, la validité des tests de laboratoire sur la mémoire a été de plus en plus questionnée. L’approche naturalistique a ouvert un champ de recherche innovant sur des phénomènes mnésiques observables dans un contexte de vie quotidienne. Néanmoins, il n’est pas toujours facile d’allier validité écologique et contrôle expérimental dans la vie réelle contrairement à la réalité virtuelle. La technique de réalité virtuelle permet d’immerger l’utilisateur dans un environnement réaliste avec lequel il peut interagir, tout en assurant un contrôle expérimental de la situation d’encodage. Après la présentation d’une nouvelle expérience comparant directement un encodage incident dans un contexte réel et sa version virtuelle, nous présentons l’apport d’un paradigme de mémoire épisodique « Quoi-Où-Quand » implémenté dans différents environnements virtuels permettant d’étudier la création de nouvelles traces mnésiques, et également leurs distorsions, aux différents âges de la vie. En conclusion, sera abordé le rôle du degré d’immersion et d’interaction dans des environnements virtuels simulant des activités de la vie quotidienne pour améliorer l’évaluation et la prise en charge de la mémoire épisodique en neurologie et psychiatrie.




Intervenant 3 : Sébastien Ballesta & Hélène Meunier, LNCA (UMR 7364), Centre de Primatologie de l’Université de Strasbourg

Étude de la cognition des macaques en condition naturalistique

Le Centre de Primatologie de l’Université de Strasbourg héberge neuf espèces de primates non-humains. Des modules informatiques en libre-service, installés dans le milieu de vie de ces singes, nous permettent de tester leurs capacités cognitives de manière éthique, fiable et en s’affranchissant des contraintes physiques inhérentes aux conditions de recherche en laboratoire qui peuvent parfois nuire au bien-être des animaux. Nous proposons aux sujets des tâches comportementales permettant de tester notamment différentes dimensions de leurs capacités mnésiques et attentionnelles. Un groupe de 26 macaques de Tonkean (Macaca tonkeana) a été entraîné avec succès à l’utilisation de ces dispositifs tactiles. Durant ces quatre dernières années, plus de cinq millions d’essais ont déjà été récoltés. Les analyses en cours considèrent les effets de paramètres sociodémographiques (âge, sexe, statut social) sur les capacités cognitives des animaux. Cette approche expérimentale naturalistique nous permet aussi d’explorer les liens entre rythmes circadiens et cognition et d’avoir accès à des individus qui auraient été trop jeunes ou trop âgés pour être impliqués dans des protocoles de test standard. Ces paradigmes scientifiques novateurs offrent de nouvelles perspectives sur l’apprentissage, la mémoire, et le déclin cognitif chez les primates non-humains.




Intervenant 4 : Philippe Faure & Nicolat Torquet Neuroscience Paris Seine, Sorbonne University

Emergence of inter-individual variability in a naturalistic environment: Personality is a striking feature in animal kingdom.

Animals differ in traits and preferences, which shape their interactions, their prospects for survival and their vulnerability to addiction. These correlations are well documented, yet the neurophysiological mechanisms underlying the emergence of distinct personalities and their relation to vulnerability to addiction are poorly understood, notably because scientific studies often ignore inter-individual variability in animal behavior. Beyond genetic factors, social factors influence the emergence of behavioral traits. We devised a large environment, Souris City, in which mice live continuously in large groups. We observed the emergence of individual differences in social behavior, activity levels, and cognitive traits, even though the animals had low genetic diversity (inbred C57BL/6J strain). The phenotypic divergence in individual behaviors was mirrored by developing differences in midbrain dopamine neuron firing properties. We will discuss the notion of inter-individual variability and how such naturalistic provide important insight into the emergence of personalities and could contribute to a better understanding of what make individuals unique at the behavioral, cellular, and molecular levels.


Symposium 2 – Mercredi 6 mai – 9h – Salle 2Symposium : De l’espace physique à l’espace vécu : approche pluridisciplinaire de la mémoire spatiale

par Bruno Poucet (LNC, Marseille)

Intervenant 1 : Julien Bernard, Centre Gilles Gaston Granger, UMR7304, CNRS - Aix Marseille Université

Fondements de l'espace perceptif, fondements de l'espace physique: continuité ou rupture?

Quelles sont les structures caractéristiques de l'espace? Et quel statut doit-on lui accorder, pour comprendre comment une science de l’espace est possible? Ce que la tradition a appelé "le problème de l'espace", hérite dans sa formulation d'une tradition kantienne, et se nourrit initialement du rôle accru accordé à l'espace et ses structures dans la construction de la physique moderne (Galilée, Leibniz, Newton, etc.). Dans ses premières formulations, le problème de l'espace était adressé indifféremment à l'espace comme cadre de nos perceptions sensibles, et à celui qui servait de cadre aux théories physiques. La structure euclidienne était supposée convenir à cet espace ambivalent.Au XIXe siècle, au moment où est réfutée l'unicité logico-mathématique de la géométrie euclidienne, on assiste à une remise en cause de l'identité entre l'espace du physicien et celui qui structure nos expériences perceptives. La naissance de la relativité générale et des autres théories physiques du champ métrique, au XXe, n'ont fait qu'accroître la séparation entre la question philosophique des fondements de l'espace physique et celle des fondements de l'espace perceptif. Cette séparation entre ces deux questionnements philosophiques, pourtant un temps confondus, est-elle complètement irréversible ?Nous nous proposons de donner quelques pistes d’exploration de cette question, à partir d’un survol des grandes étapes historiques du problème de l’espace.




Intervenant 2 : Christelle Rochefort, Institut de Biologie Paris Seine, UMR8246

La représentation mentale de l’espace chez l'animal

Lorsque nous effectuons un trajet familier nous utilisons, pour nous orienter, les objets présents autour de nous mais également les mouvements de notre propre corps. Nous sommes ainsi capables de nous représenter notre corps dans l’espace tout en nous déplaçant et ceci même les yeux fermés ou dans le noir. Ceci repose sur notre faculté à construire une représentation mentale de l’espace dans lequel nous naviguons. Cette carte mentale de l’espace qui nous entoure est enregistrée en partie au niveau de neurones particuliers de l’hippocampe. Ces neurones appelé cellules de lieu ont la propriété de s’activer de manière spécifique à des endroits bien précis de l’environnement, nous indiquant ainsi notre position par rapport au monde extérieur. Le comportement physiologique de ces cellules de lieu dépend à la fois des informations présentes dans l’environnement et provenant de stimuli visuels, olfactifs, auditifs ou tactiles, et des indices provenant des mouvements du corps tels que les informations proprioceptives ou vestibulaires. Le cervelet, une structure foliée située à la base de notre cerveau est traditionnellement associée au comportement moteur. Cependant, en utilisant des souris transgéniques présentant une déficience spécifique de la plasticité de transmission synaptique au sein du cervelet, nous avons découvert que ce mécanisme cérébelleux participe aussi à la construction mentale de la représentation de l’espace dont le siège se situe au niveau de l’hippocampe et s’avère ainsi indispensable à la mise en place d’une trajectoire optimale en l’absence de repères environnementaux.




Intervenant 3 : Teriitutea Quesnot, Laboratoire LTEG (Littoral, Environnement, Télédétection, Géomatique), UMR6554, Université de Bretagne Occidentale, Brest

Cartographier la mémoire collective grâce aux mégadonnées géographiques ?

En psychologie cognitive, la mémoire spatiale renvoie généralement à l’ensemble des connaissances de l’espace acquises par l’expérience directe (c.-à-d. l’exploration physique d’un environnement) ou par l’intermédiaire d’un support (cartes, systèmes GPS, instructions de navigation, etc.). L’organisation interne de ces connaissances porte le nom de « carte cognitive ». Si la structure même de cette « carte » fait toujours débat, il est communément admis que les points de repère en forment le socle de référence. Dans le champ de la psychologie sociale, la mémoire collective s’inscrit quant à elle systématiquement dans un cadre spatial. Hormis Milgram et Jodelet qui ont travaillé sur les représentations collectives de la ville de Paris dans les années 1970, très peu se sont essayés à la cartographie de la mémoire collective. Or, avec l’essor des technologies de géolocalisation et de l’Internet mobile, les internautes – et en particulier les utilisateurs des plateformes du web social – produisent désormais un volume considérable de données géographiques qui, une fois agrégées, forment une base de points de repère reconnus sur le plan collectif. La présente intervention se propose donc de mettre en lumière le potentiel, mais aussi les limites, de ces « mégadonnées géographiques » pour la cartographie de la mémoire collective.




Intervenant 4 : Emmanuel Barbeau, Centre de recherche Cerveau & Cognition, UMR5549, CNRS - Université de Toulouse

Neuropsychologie de l'espace chez le sujet humain : variétés des syndromes, variétés des évaluations

L’intégrité de la mémoire spatiale est globalement peu étudiée chez le patient cérébrolésé au contraire de domaines cognitifs plus classiques comme le langage, les fonctions exécutives ou la mémoire verbale. Il existe plusieurs raisons à cela : d’une part un manque de connaissance sur les modèles de la mémoire spatiale, probablement à cause de leur complexité relative, d’autre part à cause d’un manque d’outils d’évaluation, d’autant plus que l’évaluation de la mémoire spatiale nécessite, a priori, une évaluation écologique en condition réelle. La redondance des système égo et allocentriques implique de plus que les patients se présentant d’emblée avec une plainte de la mémoire spatiale sont relativement rares. Pourtant, il s’agit de l’une des mémoires les plus étudiées chez l’animal et des progrès considérables ont été réalisés ces dernières années. Un syndrome spécifique d’origine développementale a été découvert récemment chez l’homme et différents syndromes acquis ont classiquement été décrits. Enfin, des outils en réalité virtuelle ont été développés pour mieux dissocier les différents processus impliqués dans la navigation spatiale. J’illustrerai ces différents aspects au travers du cas MA, une patiente présentant un syndrome de désorientation topographique développementale.


Symposium 2 – Mercredi 6 mai – 9h – Salle 3Symposium : Mémoire et justice : Perspectives

historiques, psychologiques et légales

par Chris Moulin & Céline Souchay (LPNC, Grenoble)

Intervenant 1 : Olivier Dodier, Faculté de psychologie, Université de Nantes

Un besoin d’experts du fonctionnement de la mémoire pour la justice française

L’apport des connaissances scientifiques sur le fonctionnement de la mémoire est nécessaire pour le bon fonctionnement de la justice pénale. Un grand nombre de décisions de justice se base sur des témoignages pouvant être le résultat à la fois d’expériences réellement vécues, mais aussi de facteurs d’influence variés (e.g., le stress, les suggestions de tiers ou d’enquêteurs, la répétition d’événements similaires dans le temps). Il revient alors aux experts psychologues d’informer les acteurs judiciaires des mécanismes mnésiques nombreux et complexes pouvant survenir dans des affaires où les témoignages sont centraux. Pourtant, de récentes études et analyses des pratiques françaises ont montré que (1) les experts psychologues français semblent avoir peu de connaissances scientifiques sur la façon dont la mémoire fonctionne en général comme dans un contexte de témoignage ; (2) qu’ils semblent en outre avoir moins de connaissances que les individus issus du grand public—donc de potentiels jurés qu’ils doivent informer lors de procès d’assises—et que leurs homologues européens ; alors même que (3) les pratiques des enquêteurs français en matière de recueil de la parole sont majoritairement inappropriées. L’objectif de cette présentation sera alors de décrire la façon dont sont considérés les apports scientifiques sur le fonctionnement de la mémoire au sein de la sphère judiciaire et pénale française, et des recommandations seront formulées afin d’améliorer les pratiques d’expertise relatives à la mémoire.





Intervenant 2 : Sophie Baby, Centre Georges Chevrier, Université de Bourgogne Franche-Comté

Mémoire, histoire et justice 70 ans après : témoins et traces de la Guerre civile et du franquisme en Espagne

Cette présentation portera sur les traces des violences de masse et les mouvements mémoriels en Europe et plus particulièrement en Espagne, et leurs revendications en termes de reconnaissance, de justice, de réparation. Les questions des traumatismes, des témoignages, de leurs traductions judiciaires seront évoquées du point de vue de l'histoire, des sciences sociales et de leur inscription dans le temps.





Intervenant 3 : Christopher Moulin, Laboratoire de Psychologie et NeuroCognition, Grenoble

Mémoire et Justice (Britannique)

Dans cette présentation nous allons examiner le groupe de travail « Memory and the Law » de la British Psychology Society (BPS). En 2007-2008, ce groupe (de psychologues et d'avocats) s'est rencontré pour discuter de la mémoire et du droit afin de produire un document « Memory and the Law » sous la direction de Martin Conway. Un document a été publié en 2008 et offre des conseils aux personnes dans des contextes juridiques sur le fonctionnement de la mémoire, y compris la vue scientifique de la mémoire autobiographique et d'autres domaines pertinents, et avec le soutien des études des témoignages oculaires, de la mémoire et des traumatismes, etc. La présentation terminera par les méthodes que nous avons utilisées pour générer ces informations, avec le but de stimuler la discussion autour d'un tel projet en France.





Intervenant 4 : Ophélia Claude, Cabinet Antonin Lévy & Associés, Paris

Table ronde

Pour conclure le symposium, une table ronde est proposée pour discuter des problématiques précédemment présentées avec un focus particulier sur les questions juridiques. Cette dernière partie sera animée par Ophélia Claude, avocate.



Variabilité interindividuelle : focus sur les stratégies cognitives et l’apprentissage par Sylvie Granon (Institut des Neurosciences Paris-Saclay)Potentiels aspects translationnels et sociétaux des données expérimentales de la variabilité biologique par Sylvie Granon, UMR 9197, Institut des Neurosciences Paris-SaclayDe la variabilité épigénétique à la diversité comportementale et cognitive par Florian Cédrick, CERCA, ToulousePredicting episodic odor memory richness using brain oscillatory activity during learning and retrieval: an intracranial EEG study par Anne-Lise Saive, CocoLab, Université de MontréalChangements neurofonctionnels des processus émotionnels après entraînement cognitif par Pauline Favre, Inserm U955, CEA Paris SaclayL’espace graphique comme lieu de mémoire : réflexions sur les liens entre l'essor de la littéracie et les stratégies cognitives des individus dans les écritures quotidiennes par Isabelle Luciani, UMR 7303 TELEMME, Aix Marseille Université

Quand la mémoire se trouble : approche neurobiologique, ethnologique et psychiatrique par Christelle Rochefort (IBPS, Paris)Apport des modèles murins dans la compréhension des mécanismes sous-tendant les déficits mnésiques dans la maladie d’Alzheimer par Laure Verret, CRCA, ToulouseNavigation, environnement virtuel et évaluation de la mémoire par Anne-Lise Paradis, IBPS, Sorbonne UniversitéPerdre la mémoire : itinéraire du cognitif à l'anthropologique par Véronique Dassié, CNRS, IDEMEC, Aix Marseille UniversitéSchizophrénie et mémoire autobiographique par Christophe Arbus, Inserm 1214 TONIC/CHU Toulouse

Oubli et Mémoire chez l’homme et chez l’animal par Gaën Plancher (EMC, Lyon) & Gaël Malleret (CRNL, Lyon)Adaptive forgetting and synaptic depression par Gaël Malleret, CRNL, LyonForgetting and maintenance in human working memory par Gaën Plancher, EMC, Université Lumière Lyon 2Resilience after terror: the role of memory suppression par Pierre Gagnepain, U1077 Inserm EPHE Unicaean, Caen Balance between retention and forgetting of declarative memory in aging par Aline Marighetto, Neurocentre Magendie, Bordeaux


Symposium 3 – Mercredi 6 mai – 14h – Salle 1Symposium : Variabilité interindividuelle : focus sur

les stratégies cognitives et l’apprentissagepar Sylvie Granon (Institut des Neurosciences Paris-

Saclay)

Intervenant 1 : Sylvie Granon, Institut des Neurosciences Paris-Saclay, UMR 9197, Équipe « Neurobiologie de la prise de décision »[email protected]

Potentiels aspects translationnels et sociétaux des données expérimentales de la variabilité biologique

La prise de décision est un processus complexe, particulièrement lorsqu'il s'applique dans des situations où l'obtention de la récompense (ou l'atteinte du but) repose sur des probabilités de réussite non connues à l'avance. Nous avons modélisé, chez la souris, une situation de "gambling" au cours de laquelle les souris découvrent progressivement les options qui ont la plus grande probabilité de donner des récompenses alimentaires, contrairement à celles qui sont plus susceptibles de conduire à de la quinine. Dans cet environnement où l'obtention de la récompense est incertaine et basée sur des probabilités non fixes, nous avons montré que les animaux développent des stratégies individuelles reposant sur l'exploration des options, leur exploitation, ou un mix des deux, ce qui les conduit, pour une majorité d'entre eux, à optimiser l'équilibre entre exploration et exploitation. Cependant, certains animaux développent une rigidité comportementale les conduisant à éviter exagérément le risque alors que d'autres continuent à explorer les options sans en exploiter aucune préférentiellement. Nous avons montré que ces différentes stratégies individuelles reposent sur des activités cérébrales et des niveaux de neurotransmetteurs distincts, principalement dans le cortex préfrontal et le circuit de la récompense, bien que les animaux aient le même patrimoine génétique. Ces résultats posent la question des bases neurales et neurochimiques de la vulnérabilité cognitive et suggèrent que, indépendamment du patrimoine génétique des individus, des mécanismes, qui restent à élucider, modèlent (et remodèlent) la plasticité cognitive individuelle.





Saclay)

Intervenant 2 : Florian Cédrick, Centre de Recherches sur la Cognition Animale (CNRS UMR5169) Centre de Biologie Intégrativecé[email protected]

De la variabilité épigénétique à la diversité comportementale et cognitive

Un nombre croissant d’études montrent que l’épigénétique contribue à la diversité phénotypique des Hommes et des animaux, en interaction avec leur environnement (nutrition, activité physique, relation sociale, etc..). Ainsi, il a été suggéré que la modulation épigénétique de l’expression des gènes pouvait avoir des impacts à plus ou moins long-terme sur le phénotype des individus, notamment sur leurs comportements, leur capacité d’adaptation, et sur leurs performances. Les marques épigénétiques (comme la méthylation de l’ADN, les modifications post-traductionnelles des histones) sont un véritable témoignage de l’histoire d’un individu ; elles lui sont propres et parfois exclusives. Nous verrons comment, au travers de plusieurs exemples pris chez l’Homme et l’animal, cette variabilité épigénétique peut engendrer une diversité comportementale et cognitive au niveau de l’individu, mais également comment, par son comportement ou celui du groupe auquel il appartient, un individu peut modifier son épigénome.


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Saclay)

Intervenant 3 : Anne-Lise Saive, Cognitive and Computational neuroscience lab (CocoLab), Département de Psychologie, Université de Montré[email protected]

Predicting episodic odor memory richness using brain oscillatory activity during learning and retrieval: an intracranial EEG study

Of all our life-experiences, we will only remember some of them, with varying levels of detail and specificity. Because memory guides our current and future behaviors, it is crucial to better understand what determines the future richness of our memory. However, whether our ability to remember rich episodic odor memory depends on specific patterns of neural oscillations at encoding and/or retrieval has so far remained unknown. Here, using the unmatched spatiotemporal resolution of intracranial EEG recordings and an objective graded memory score, we found that the richness of odor memory primarily depends on encoding processing and neural reinstatement at retrieval. We found that odor memory richness was primarily predicted by neural oscillations from encoding, with increases in broad-band gamma [30-120 Hz] activity alongside decreases of low-frequencies [< 30 Hz] activity leading to better subsequent odor memory performance. Moreover, fine-grained decreases of low-frequency power in the piriform cortex, anterior hippocampus (aHC) and the inferior frontal gyrus linearly tracked changes of memory richness. Second, the richness of episodic odor memory would be facilitated by means of increased similarity in the aHC and the olfactory part of the OFC across encoding and retrieval neural patterns. In sum, our results provide critical new evidence that neural oscillations and reproducibility support the richness of odor memory in memory and olfactory regions.





Saclay)

Intervenant 4 : Pauline Favre, INSERM U955 équipe psychiatrie translationnelle et Neurospin CEA Paris – [email protected]

Changements neurofonctionnels des processus émotionnels après entraînement cognitif

Face aux niveaux croissants de stress et de maladies liées à la dépression et à l’anxiété observés dans notre société, divers programmes d'entraînement cognitif basés sur des techniques de régulation émotionnelle ont été développés. Au niveau cérébral, la régulation des émotions est sous-tendue par le fonctionnement des régions frontales de contrôle cognitif (cortex préfrontal latéral ventral et dorsal) et les régions limbiques impliquées dans la perception/génération des émotions (complexe amygdalo-hippocampique, striatum ventral). Le disfonctionnement de ces régions pourrait être à l’origine de certains troubles de l’humeur comme le trouble bipolaire, mais le corrélat neurocognitif de ce trouble reste mal connu. De nombreuses techniques thérapeutiques visant spécifiquement l’apprentissage de nouvelles stratégies de contrôle émotionnel ont été développées ces dernières années (psychoéducation, méditation, TCC, etc.) sans que l’on ait encore précisément identifié les mécanismes neurocognitifs sous-jacent à l’amélioration des symptômes. Dans cet exposé, je présenterai les résultats de différentes études en IRM fonctionnelle visant à mieux comprendre ces mécanismes, en particulier : (1) la dérégulation émotionnelle dans le trouble bipolaire ; (2) l’impact de la participation à un programme de psychoéducation sur le fonctionnement cérébral chez les patients souffrants de trouble bipolaire ; (3) l’effet spécifique de différents programmes d’entraînement à la méditation sur la réactivité émotionnelle chez le sujet sain. Pour finir je discuterai de l’essor de nouvelles stratégies thérapeutiques ciblant directement l’activité cérébrale en vue d’améliorer la régulation émotionnelle comme le neurofeedback en IRMf.





Saclay)

Intervenant 5 : Isabelle Luciani, UMR 7303 TELEMME, [email protected]

L’espace graphique comme lieu de mémoire : réflexions sur les liens entre l'essor de la littéracie et les stratégies cognitives des individus dans les écritures quotidiennes (France, XVIe-XVIIIe siècle)

Le début de l’époque moderne (XVIe-XVIIIe siècle) marque l’essor de la littéracie au quotidien. Le texte, lu ou écrit, est partout. Les pratiques d’écritures pénètrent les espaces domestiques et touchent des catégories et des milieux sociaux encore peu alphabétisés, pour servir de support à la mémoire « ordinaire », confiée jusqu’alors majoritairement à la seule mémoire orale ou à un tiers dépositaire (notaire, prêtre, parent alphabétisé…). En quelques générations, et dans des contextes d’apprentissage souvent divers, de la voie scolaire à l’autodidaxie, les individus les plus variés se trouvent confrontés à la nécessité d’écrire pour mettre en mémoire, pour soi-même et pour autrui, les traces du quotidien comme autant de ressources ultérieures pour l’action. C’est à la création, à l’évolution et à la transmission de ces artefacts mémoriels que nous assistons dans les écrits personnels provençaux que nous décrirons ici. Comment, à partir de quelles compétences, dans quels contextes différenciés (genre, âges, milieux sociaux, conditions d’écriture, objectifs de la mise en mémoire…), ces individus appliquent, mais également inventent au fil de l’écriture, de nouvelles stratégies cognitives de stockage, d’encodage et de récupération de l’information ? Comment cet apprentissage de nouveaux supports affecte-t-il la mémoire de l’individu ? Il n’est pas certain que ces questions, posées aux seules traces écrites d’une activité de mémoire dont la part « vive » nous échappe à jamais, puissent trouver des réponses. Mais elles permettront de questionner la part environnementale, tout particulièrement culturelle et sociale, dans le développement de stratégies cognitives différentes entre les individus.


Symposium 3 – Mercredi 6 mai – 14h – Salle 2Symposium : Quand la mémoire se trouble : approche

neurobiologique, ethnologique et psychiatriquepar Christelle Rochefort (IBPS, Paris)

Intervenant 1 : Laure Verret, CRCA, Université Paul Sabatier, Toulouse

Apport des modèles murins dans la compréhension des mécanismes sous-tendant les déficits mnésiques dans la maladie d’Alzheimer

Parmi les pathologies qui affectent les fonctions mnésiques, la maladie d'Alzheimer (MA) est aujourd'hui la plus répandue, notamment du fait d’un vieillissement global de la population. La première description des perturbations cognitives et comportementales ainsi que des marqueurs histopathologiques de cette maladie a été effectuée par le Dr Alois Alzheimer en 1906. Depuis lors, la communauté scientifique cherche à déterminer s’il existe un lien entre la présence de ces marqueurs anatomiques et les déficits observés chez les patients, et si oui lequel. En d’autres termes : que se passe-t-il dans un cerveau atteint par la maladie d’Alzheimer qui le rende incapable de restituer les souvenirs ? Dans ce contexte, la création et l’utilisation de modèles murins de la pathologie se sont avérées pertinentes pour vérifier les hypothèses sur ses mécanismes physiopathologiques. Au cours de ces dernières décennies, ces modèles de souris ont contribué à l’effort de recherche, y compris dans les études précliniques et cliniques. Cependant, les récents échecs successifs des essais cliniques qui ont été conçus à partir de ces modèles ont précipité leur remise en question. Cette présentation sera l’occasion de donner un aperçu de la façon dont ces modèles ont contribué à la compréhension de la maladie, soulignant leurs limites mais aussi les possibilités nouvelles qu’ils peuvent offrir.




Intervenant 2 : Anne-Lise Paradis, Sorbonne Université, Neurosciences Paris Seine, IBPS

Navigation, environnement virtuel et évaluation de la mémoire

L’évaluation clinique de la mémoire antérograde repose en grande partie sur des questionnaires, tests verbaux et tests de reconnaissance visuelle. Il est cependant essentiel d’évaluer également les aspects d’orientation spatiale et temporelle, caractéristiques de la mémoire épisodique (« où » et « quand »). La navigation en environnement virtuel permet de tester de manière ludique la capacité des individus à se créer un souvenir organisé dans le temps et l’espace. Elle permet ainsi d’étudier différents types de mémoire, chez les juniors comme chez les seniors. Dans ce symposium, nous aborderons l’apport des tests de navigation en environnement virtuel au dépistage de pathologies du vieillissement, ainsi que la faisabilité de telles études dans le cadre de pathologies du développement.




Intervenant 3 : Véronique Dassié, Aix Marseille Univ, CNRS, IDEMEC

Perdre la mémoire : itinéraire du cognitif à l'anthropologique

Considérer en quoi consiste « la mémoire » relève de la gageure : insaisissable, difficile à définir et pourtant fonction de la cognition jugée indispensable. Pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et leur entourage, parents, professionnels de la santé, la mémoire devient néanmoins sensible. Dans un premier temps, j’aborderai les représentations associées à la mémoire qui s’étiole (Dassié, 2003). Elle apparaît être principe d’humanité qui dépasse largement les seules considérations cognitives individuelles. Ian Hacking a mis en évidence l’invention de la mémoire comme théorie explicative de la personnalité mais aussi comme réification d’un discours sur l’âme, porté par les sciences de la mémoire en quête de légitimité au 19e siècle. Dans un second temps, j’envisagerai le point de bascule vers une mémoire anormale, autrement dit qui questionne une norme sociale. Si la maladie d’Alzheimer est vue comme une maladie de la mémoire, son évolution conduit moins à dresser un inventaire des oublis qu’à repérer les indices d’un changement qui heurte : amaigrissement, négligence vestimentaire, problèmes d’hygiène, désorientation dans un environnement familier, dilapidation de comptes bancaires. Le « processus de dépossession de soi » (Weber, 2012) y est aussi désordre socio-familial. J’envisagerais pour finir les conditions de mise en œuvre d’une mémoire socio-familiale, anti-mémoire qui contribue à la genèse d’un complexe affectif et questionne les modalités de l’être au monde contemporain. Être un individu y est aussi condition de définition d’un collectif qui interroge la notion de mémoire collective au sens où Maurice Halbwachs l’a envisagé (1950).




Intervenant 4 : Christophe Arbus, Inserm 1214 TONIC/CHU Toulouse

Schizophrénie et mémoire autobiographique

La psychopathologie cognitive permet une nouvelle lecture de la clinique psychiatrique. Les altérations cognitives dans les maladies mentales peuvent représenter le cœur de certains troubles et notamment de la schizophrénie. Elles représentent des facteurs de pronostic et les intégrer dans les projets de prise en charge est une démarche à présent classique dans les programmes de réhabilitation (remédiation cognitive). Les difficultés que les patients souffrant de schizophrénie rencontrent dans leur vie quotidienne apparaissent en grande partie liées à des troubles de l’attention, de la mémoire et des fonctions exécutives. Plus spécifiquement, les troubles de la mémoire concernent la mémoire épisodique avec des déficits dans l’intégration de l’information contextuelle et donc un impact marqué sur la mémoire autobiographique. Certains auteurs ont ainsi évoqué la notion d’une altération du sentiment même de soi dans la schizophrénie pouvant être conceptualisé à l’aune de ces difficultés à rappeler des souvenirs épisodiques personnels. La désorganisation, symptôme quasi pathognomonique de la schizophrénie, trouverait là une hypothèse explicative dans le champ de la neuropsychologie.


Symposium 3 – Mercredi 6 mai – 14h – Salle 3Symposium : Oubli et Mémoire chez l’homme et chez

l’animalpar Gaën Plancher (EMC, Lyon)

&Gaël Malleret (CRNL, Lyon)

Intervenant 1: Gaël Malleret, CRNL, Lyon

Adaptive forgetting and synaptic depression

Although memory has been the predominant focus of cognitive neuroscience for the past fifty years, many authors throughout history have been interested in forgetting and have discussed the adaptive and beneficial nature of this process. With this presentation, we review evidence suggesting that forgetting is useful when previously stored information from the past interfere with the storage and recall of newer information. Adaptive forgetting is the process by which such information is erased or set aside in order not to interfere with this recall. Such phenomenon would allow a more optimal processing of information in short-term forms of memory (working memory) as well as in long-term semantic memory, when forgetting of episodic contextual elements of discrete memories is required to extract a common rule from many different experiences. We will also consider the potential biological bases of adaptive forgetting. Most specifically, converging results suggest that long-term synaptic depression, in particular in limbic brain areas known to be involved in memory processes, could underlie adaptive forgetting, more specifically during sleep periods.





Intervenant 2 : Gaën Plancher, Laboratoire EMC, Institut de Psychologie, Université Lumière Lyon 2

Forgetting and Maintenance in Human Working Memory

The inescapable forgetting of even small amounts of information in the short term is a striking limitation of human memory that has for a long time attracted the interest of psychologists. However, more than a century of scientific enquiry has not yet provided us with a satisfactory account of this pervasive phenomenon, and the causes of forgetting from short-term memory and working memory (WM) is still the matter of intense debate. Some researchers assume that memory traces suffer from a temporal decay in the short term (e.g. Baddeley, 1986; Cowan, 1999, 2005; Ricker & Cowan, 2010; Barrouillet & Camos, 2015), whereas others deny any role of this factor and assume that forgetting occurs through interference between representations (Lewandowsky, Oberauer, & Brown, 2009; Nairne, 1990). According to decay models, to avoid forgetting, participants run maintenance mechanisms to keep memory traces activated. We know for decades that verbal information can be maintained by articulatory rehearsal. More recently, it has been claimed that all types of information can be maintained through a general, domain-free rehearsal process relying on attention, termed attentional refreshing (Camos et al., 2018). Attentional refreshing can be described as a process by which the level of activation of memory traces is restored by focusing attention (i.e., to briefly think of a trace that has just been activated). I will present evidence that forgetting in WM can be explained by decay and that this decay can be counteracted through attentional maintenance, even if interference effect has not to be neglected.





Intervenant 3 : Pierre Gagnepain, U1077 Inserm EPHE Unicaean, Caen

Resilience after terror: the role of memory suppression

In the aftermath of a trauma, little is known about why the unwanted and unbidden recollection of traumatic memories persists in some individuals and not in others. In the last two decades, a growing literature has revealed adaptive forgetting mechanisms that could promote resilience and help combat post-traumatic stress-related disorders. These mechanisms are linked to the capacity to control and regulate the flow of thoughts and memories which enter consciousness and remain stored. This capacity is crucial for wellbeing and mental health and contribute to the regulation of distressing intrusive mental images, a central concern for most psychiatric disorders. This presentation will be articulated around the findings of a recent multiwave longitudinal neuroimaging study run by the INSERM unit U1077 in Caen in a cohort of 120 direct survivors of 11/13 Paris terrorist attacks. This research program, called “REMEMBER”, provides a unique opportunity to observe the online and structural dysfunctions of the memory control network following a severe psychological trauma and how such process may contribute to recovery and psychopathological dynamics.





Intervenant 4 : Aline Marighetto, Neurocentre Magendie, Bordeaux

Balance between retention and forgetting of declarative memory in aging

Memory complaints in the elderly refer to problems for recalling everyday events like where I parked my car this morning. This form of declarative memory (DM) takes into account changes that occurs in our environment, and thus requires antagonistic processes: retaining recent events, while forgetting irrelevant ones (where I parked my car yesterday) to prevent interference by previous memories. Brain mechanisms of memory retention are well documented, but those underlying adaptive forgetting are poorly studied and even less so are those regulating the preferential implementation of one or the other of these processes. Namely, if I rarely use my car, the difficulty of retaining last parking location will be more important than the risk of interference by memories of previous parking places (i.e., demand of retention> demand of forgetting), but if I park my car multiple times a day in the same environment, it will be the opposite. Thus, efficient DM of everyday events should rely on the brain capability to adapt to current (retention vs forgetting) cognitive demand depending on how frequently the events occur. To tackle the critical issue of retention vs forgetting balance needed for (varying) DM in everyday life, we recently developed a translational model of “where I parked my car” DM, using a radial-maze task in mice and its virtual equivalent in humans. Using this test, we obtained recent evidence supporting that the age-related impairment of DM might come from alteration of mechanisms regulating the balance between retention and adaptive forgetting.



Mémoire(s) de soi, mémoire(s) des autres. Usages et ré-usages des entretiens mémoriels par Anne-Marie Granet (LARHRA, Grenoble)Crise et récits de crise : la mémoire de ce qui n’a pas eu lieu par Anne Dalmasso, UGA-UMR LARHRA, GrenobleLe temps de la mémoire, le temps du récit, le temps de l’histoire : entre silence(s), recouvrement(s) et transmission par Anne-Marie Granet-Abisset, UGA-UMR LARHRA, GrenobleRémanence de la recherche de Michel Seurat à travers ses entretiens enregistrés : à propos de son archivage et de ses ré-usages par Véronique Ginouves, MMSH-AM, AixCollections : des fragments arrachés au présent par Michèle Baussant, CNRS, ISP UMR 7220-Université Paris NanterreLes souvenirs, entre mémoires individuelles et collectives : penser une méthode interdisciplinaire entre histoire et psychologie par Lucrèce Heux, Université Grenoble Alpes et Swansea University (Pays de Galles)

Mémoire Individuelle, Mémoire de la Lignée par Déborah Federico (EDB, Toulouse) & Bruno Truchet (LNC, Marseille)La réactivation de l’acétylation des histones comme cible thérapeutique des maladies de la mémoire, mythe ou réalité? par Raphaëlle Cassel, Inserm U1118, StrasbourgMémoire de nos pères : transmission intergénérationnelle des mécanismes épigénétiques modulant les capacités mnésiques par Bruno Truchet, LNC, UMR CNRS 7291, Université Aix-Marseille L’hérédité étendue : une mémoire biologique multidimensionnelle? par Gaëlle Pontarotti, Université Paris DiderotDéborah Federico & Arnaud Pocheville, UMR 5174, Toulouse

Approche interdisciplinaire du voyage mental dans le temps : vers une nouvelle taxonomie par Valentina Lacorte, Marco Sperduti & Pascale Piolino (LMC2, Paris)Voyage mental dans le temps dans la maladie d’Alzheimer et la démence sémantique : le rôle de la distance temporelle par La Corte Valentina & Piolino Pascale, MC2Lab, IM2A, ParisLa compression temporelle des événements lors du voyage mental dans le temps par Arnaud D’Argembeau, Université de LiègeCARAVAN: Collective mentAl time tRavel And perceiVed societAl aNomie par Octavia Ionescu, UMR 7708, Université de ParisImagination entre voyage et vagabondage mentaux par Arcangeli Margherita & Dokic Jérôme, Institut Jean-Nicod (CNRS-EHESS-ENS), Paris


Symposium 4 – Jeudi 7 mai – 9h – Salle 1Symposium : Mémoire(s) de soi, mémoire(s) des

autres. Usages et ré-usages des entretiens mémorielspar Anne-Marie Granet (LARHRA, Grenoble)

Intervenant 1 : Anne Dalmasso, UGA-UMR LARHRA, Grenoble

Crise et récits de crise : la mémoire de ce qui n’a pas eu lieu

De 2010 à 2012, une collecte de témoignages a été conduite auprès de salariés, syndicalistes et dirigeants d’entreprise pour saisir « sur le vif » les conséquences de la crise financière de 2008 sur le monde du travail, avec l’hypothèse que « quelque chose » de l’ordre de la rupture était à l’œuvre… et qui n’a pas eu lieu. Le contexte de l’évènement, bien réel, de la crise financière a néanmoins structuré la collecte qui portait sur 2 points : la compréhension de la notion de crise et son inscription dans la mémoire des crises passées, et les transformations vécues au travail par les enquêtés. En s’appuyant sur le vaste matériel alors constitué (une quarantaine d’entretiens longs, filmés, de 1 à 2 heures), nous montrerons comment les récits collectés font appel à une mémoire qui articule la mobilisation d’une histoire des mutations du travail, fortement marquée par les cultures professionnelles ou syndicales, avec les expériences individuelles des carrières des témoins, sous l’épée de Damoclès de l’attente d’un évènement collectif, d’une rupture crainte ou espérée de l’ordre productif… qui n’a pas eu lieu mais n’en a pas moins, alors, structuré la mémoire des témoins.




Intervenant 2 : Anne- Marie Granet-Abisset, UGA-UMR LARHRA, Grenoble

Le temps de la mémoire, le temps du récit, le temps de l’histoire : entre silence(s), recouvrement(s) et transmission

Parler d’événements vécus individuellement comme au sein d’un collectif d’habitants, surtout lorsqu’ils ont un caractère traumatique, est souvent difficile et toujours douloureux. Mais la production du récit tient au contexte de son énonciation possible ou retenue par les témoins, comme des usages et ré-usages qui peuvent en être faits. Avec la multiplication des collectes tant universitaires que par les médias, les témoins connaissent le prix de leur parole pour l’histoire lorsqu’ils acceptent de témoigner et de re-témoigner, souvent à des années d’intervalle. Il en va de même lorsque l’on réinterroge des mémoires collectées à l’aune de contextes nouveaux ou de questionnements différents. Outre les informations précieuses que ces temporalités différentes procurent, ces relectures ne sont pas sans interroger sur la nature des sources collectées et la nécessaire réflexion méthodologique pour traiter de cette matière riche et complexe qu’est le récit mémoriel. Ces questions seront abordées à partir d’une série d’enquêtes réalisées directement ou indirectement, en particulier sur des territoires et des sociétés marqués par la guerre et les destructions.




Intervenant 3 : Véronique Ginouves, MMSH- AM, Aix

Rémanence de la recherche de Michel Seurat à travers ses entretiens enregistrés : à propos de son archivage et de ses ré-usages.

À partir du récit du traitement archivistique du fonds Michel Seurat, politiste, chercheur au CNRS, mort en captivité au Liban en 1986, cette intervention veut mettre en avant la nécessité de réactiver les mémoires des différents acteurs qui ont participé à la production de ces archives, pour les documenter. Elle reviendra également sur les différents usages de ceux s'en sont emparés après leur traitement, prolongeant, à leur façon, les recherche de Michel Seurat.




Intervenant 4 : Michèle Baussant, CNRS, ISP UMR 7220-Université Paris Nanterre

Collections : des fragments arrachés au présent

Mes recherches s’intéressent aux translations successives d’individus – en particuliers Juifs d’Égypte et Européens d’Algérie – pour lesquels n’existe aucun chemin de retour : ni parmi les leurs, ni dans un lieu spécifique, ni enfin dans l’histoire et dans les espaces matériels et sociaux des empires et des colonies européennes, qui furent la matrice dans laquelle ils se trouvèrent associés et littéralement tamisés avant de reformer, ailleurs, les constellations diffractées de ces mondes disparus. Pour ce faire, je me fonde en particulier sur la collecte d’entretiens que j’envisage non comme une tentative nostalgique pour faire revivre l’histoire mais comme un moyen de dégager, à partir de leur contenu, les contours d’une politisation du présent par rapport au passé. Mais très vite une telle collecte, sur le temps long, soulève de nombreuses questions qui seront au cœur de cette présentation : faut-il réduire et ramener ces paroles à leurs dimensions purement historiques et sociologiques, les localiser pour tenter de les relier entre elles, les soumettre à des liaisons que leur écoute ferait apparaître a posteriori ? Ou faut-il les donner à voir et à entendre leur hétérogénéité, leur individualité, leurs ambiguïtés, les lieux communs, les silences et les non-dits ? Ou tout cela à la fois ? Et comment ? A ce questionnement s’ajoutent les défis soulevés par le monde virtuel qui viennent encore complexifier le rapport aux sources. Face à la quantité proliférante de récits et de données qui s’ajoutent à ceux que nous collectons, mais sans que nous sachions exactement quelles ont été les conditions et le contexte de leur collecte, pour qui et comment ont été définies les modalités présentes de leur partage et celles, futures, de leurs utilisations, une question émerge : que peut apporter une telle diversité ? Qu’est-ce que nous pouvons apprendre de ce corpus de sources qui semble sans limites ?




Intervenant 5 : Lucrèce Heux, Université Grenoble Alpes et Swansea University (Pays de Galles)

Les souvenirs, entre mémoires individuelles et collectives : penser une méthode interdisciplinaire entre histoire et psychologie

L’approche interdisciplinaire est à la fois une injonction grandissante dans le milieu scientifique, et un travail nécessaire ; elle continue cependant de poser de nombreuses questions. Quels outils utiliser pour l’étude de la mémoire dans les différentes disciplines ? Quels concepts, quelles définitions mobiliser ? Quelles sont les contradictions, quels sont les apports de cette démarche interdisciplinaire ? Quelle place donner au contexte mémoriel ? Comment analyser les processus de reconstruction à l’œuvre dans les souvenirs forgés à propos d’un événement singulier ? Cette présentation sera l’occasion de partager la réflexion engagée par un travail de thèse portant sur la mémoire des catastrophes. Structuré autour de deux études de cas, ce projet vise à appréhender les relations entre mémoires individuelles et collectives en tâchant de comprendre comment se développent les différentes mémoires d’un événement bouleversant sociétés et territoires affectés. A partir de cet exemple, il sera montré comment la démarche interdisciplinaire a été pensée, comment l’usage des entretiens mémoriels est envisagé et quelles sont les réflexions engagées par les mémoires des catastrophes d’Aberfan (Pays de Galles) et du Plateau d’Assy (Haute-Savoie).


Symposium 4 – Jeudi 7 mai – 9h – Salle 2Symposium : Mémoire Individuelle, Mémoire de la

Lignéepar Déborah Federico (EDB, Toulouse)

&Bruno Truchet (LNC, Marseille)

Intervenant 1 : Raphaëlle Cassel, INSERM U1118, Université de Strasbourg, Mécanismes centraux et périphériques de la neurodégénérescence, Faculté de médecine

La réactivation de l’acétylation des histones comme cible thérapeutique des maladies de la mémoire, mythe ou réalité?

La maladie d’Alzheimer (MA) est caractérisée par une perte progressive des capacités mnésiques et des fonctions cognitives accompagnée du développement de dégénérescences neurofibrillaires (DNFs) et de plaque séniles dans le parenchyme cérébral. Les traitements actuellement disponibles ont peu ou pas d’effet sur cette symptomatologie. La découverte de perturbations épigénétiques dans des cerveaux de patients atteints de la MA ont mené la communauté scientifique à se tourner vers de nouvelles voies thérapeutiques. De telles altérations, notamment au niveau de l’acétylation des histones de la chromatine, pourraient rendre compte de dysfonctionnements dans les programmes génétiques impliqués dans la mémoire ou associés à la pathologie. En utilisant un modèle murin de la MA, nous avons évalué l’efficacité de deux stratégies visant à augmenter l’acétylation des histones : activer les HATs et inhiber les HDACs. Par ce biais, nous avons rendu la chromatine (et donc les gènes qu’elle encode) accessible à la machinerie transcriptionnelle. Ces deux stratégies permettent une récupération des performances en mémoire spatiale chez les souris THY-Tau22, ouvrant ainsi de nouveaux axes thérapeutiques et de recherche dans la MA. Je focaliserai mon intervention sur les troubles épigénétiques à l’origine des altérations mnésiques rencontrées dans de nombreuses pathologies neurodégénératives. Je parlerai également d’une molécule dont les effets sont très prometteurs tant d’un point de vue des capacités mnésiques qu’au niveau du rétablissement des mécanismes épigénétiques.

Mots-clés : Mémoire spatiale, épigénétique, acétylation des histones, Maladie d’Alzheimer





Intervenant 2 : Bruno Truchet, Laboratoire de Neurosciences Cognitives, UMR CNRS 7291, Université d'[email protected]

Mémoire de nos pères : transmission intergénérationnelle des mécanismes épigénétiques modulant les capacités mnésiques

Très récemment, plusieurs études dans le domaine de l’épigénétique ont remis en question l’hégémonie du modèle Darwinien de mutation/sélection, avec la démonstration que des caractères et capacités acquis durant la vie d’un individu pouvaient être transmis à sa descendance, y compris sans contact direct entre les générations. Cette découverte majeure a remis en avant la vision développée par Jean-Baptiste Lamarck au tout début du 19e siècle. Bien que les preuves les plus convaincantes de transmission épigénétique transgénérationnelle aient été obtenues chez l’animal, plusieurs résultats récents indiquent que de tels mécanismes existent chez l’humain. La mise en évidence de tels phénomènes aura sans aucun doute un impact sociétal important : la prise de conscience que nos expériences, les modes de vie que nous avons adoptés avant la conception de nos enfants pourraient influencer l’expression de leurs gènes, devrait logiquement mener à des changements de comportements dans nos sociétés. Dans mon intervention, je me focaliserai sur deux études de cette transmission par la lignée paternelle chez l’animal. Ces deux publications ont étudié l’impact d’expériences d’apprentissage subies par des souris mâles sur leur descendance : la première (Dias & Ressler, 2014) s’est intéressée à l’effet d’un conditionnement aversif olfactif, la deuxième (Zhang et al., 2017) a évalué l’impact d’un entraînement dans une tâche d’apprentissage spatial (piscine de Morris). Enfin, j’évoquerai brièvement quelques études emblématiques de cette transmission inter/transgénérationnelle chez l’humain.

Mots-clés : épigénétique, transmission intergénérationnelle, apprentissage aversif, mémoire spatiale, animal, humain






Intervenant 3 : Gaëlle Pontarotti, Institut d'histoire et de philosophie des sciences et des techniques, Université Paris Diderot

L’hérédité étendue : une mémoire biologique multidimensionnelle?

Depuis une quarantaine d’années, de nombreux auteurs soutiennent que l’hérédité biologique ne repose pas uniquement sur la transmission de séquences d’ADN. Certains évoquent même une hérédité étendue. Dans cette présentation, j’interrogerai la pertinence du concept de mémoire pour penser l’hérédité biologique à l’heure où cette dernière n’est plus uniquement une affaire de gènes. Après avoir analysé si et comment la littérature décrit les hérédités non génétiques (épigénétique, comportementale, etc.) en termes de mémoire, je développerai un examen philosophique sur les forces et les limites épistémologiques d’une telle métaphore. Je montrerai tout d’abord que le fait de concevoir l’hérédité sur le modèle d’une mémoire multidimensionnelle va de pair avec l’idée, relativement ancienne, selon laquelle ce phénomène consiste avant tout à transmettre des informations d’une génération à l’autre (Darwin, 1868; Galton, 1876; Jacob 1970). J’examinerai ensuite dans quelle mesure les différents attributs de la mémoire (temporalités et exactitudes diverses, conservation et accumulation, lien entre passé et présent, etc.), permettent d’apporter un éclairage particulier sur les caractéristiques des différentes hérédités biologiques. Enfin, j’évoquerai un ensemble de défis devant être relevés pour que l’assimilation de l’hérédité étendue à une forme de mémoire multidimensionnelle traversant les générations puisse acquérir un caractère résolument opérationnel.





Intervenant 4 : Déborah Federico & Arnaud Pocheville, Laboratoire Évolution et Diversité Biologique, UMR 5174, Toulouse

La transmission de facteurs héréditaires de parent à descendant peut être vue comme la mémoire d’une lignée, pour laquelle l’information mémorisée perdure sur plusieurs générations, au-delà de l’échelle de vie individuelle. L’évolution par sélection naturelle fonctionne alors comme un apprentissage à l’échelle de la population : plus l’information est pertinente face à l’environnement et plus elle sera transmise et donc mémorisée, au cours des générations. De nombreuses études montrent aujourd’hui que les parents peuvent transmettre bien plus que des gènes à leur descendance : certaines marques épigénétiques, le contenu cytoplasmique des gamètes, des comportements culturels ou encore des facteurs de l’environnement peuvent ainsi contribuer à cette mémoire intergénérationnelle. Ces diverses composantes de l’hérédité non-génétique sont une mémoire à échelle temporelle plus courte que les gènes – les facteurs non-génétiques étant moins stables dans le temps. Plusieurs questions se posent alors : l’hérédité non-génétique joue-t-elle un rôle dans l’évolution ? L’hérédité génétique et non-génétique sont-elles des mémoires complémentaires, à court et plus long terme ? Comment s’influencent-elles réciproquement ? Des modèles théoriques d’évolution intégrant les différentes composantes de l’hérédité sont nécessaires pour répondre à ces questions. Nous présenterons différents exemples de modèles que nous avons réalisés afin d’étudier l’impact d’une transmission non-génétique sur l’évolution, et son interaction avec la transmission génétique : i) un modèle de transmission culturelle chez la drosophile, et ii) un modèle générique incluant une hérédité environnementale. De tels modèles nous permettront de mieux comprendre comment fonctionne la mémoire d’une population à l’échelle intergénérationnelle.


Symposium 4 – Jeudi 7 mai – 9h – Salle 3Symposium : Approche interdisciplinaire du voyage mental dans le temps : vers une nouvelle taxonomie

par Valentina Lacorte, Marco Sperduti& Pascale Piolino (LMC2, Paris)

Intervenant 1 : La Corte Valentina1,2 & Piolino Pascale1,3

1Laboratoire Mémoire, Cerveau et Cognition (MC2Lab), Université de Paris, Paris2Institut de la Mémoire et de la Maladie d’Alzheimer (IM2A), Département de Neurologie, Hôpital Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Paris3Institut universitaire de France, Paris

Voyage mental dans le temps dans la maladie d’Alzheimer et la démence sémantique : le rôle de la distance temporelle

Les capacités mnésiques ne sont pas limitées à la dimension temporelle du passé mais s’étendent à la dimension temporelle du futur en tant que capacités de prospection épisodique. Dans ce cadre, la Maladie d’Alzheimer (MA) et la Démence Sémantique (DS) constituent deux modèles pathologiques préférentiels pour investiguer le rôle des mémoires épisodique et sémantique dans la projection épisodique. Dans cette étude nous avons évalué la capacité de voyage mental dans le temps en fonction de la distance temporelle chez un groupe de patients atteints de la MA, un groupe de patients atteints de DS et un groupe de sujets contrôles. La tâche (Abram et al. 2014) consiste à récupérer/ prévoir un évènement personnel épisodique à différentes distances temporelles : une semaine, un an et cinq ans. Les résultats révèlent l’existence d’une double dissociation en fonction de la distance temporelle dans les deux pathologies : les patients atteints de MA sont déficitaires dans la prospection épisodique sur des distances temporelles proches, en revanche, les patients DS démontrent une préservation des capacités de prospection dans le futur proche mais un déficit dans la prospection épisodique dans le futur lointain. En accord avec le modèle TEDIFT (La Corte & Piolino, 2016) ces résultats confirment l’existence de deux formes de voyage mental dans le temps en fonction de la distance temporelle : une basée sur la continuité phénoménologique dépendante des structures hippocampiques et une autre basée sur une forme de continuité sémantique indépendante des structures du lobe temporal interne.




Intervenant 2 : D’Argembeau Arnaud, UR Psychologie et Neuroscience Cognitives, Université de Liège, Liège

La compression temporelle des événements lors du voyage mental dans le temps

En dépit des nombreuses recherches sur la mémoire épisodique, certaines questions fondamentales demeurent quant à la manière dont le flux continu des expériences de vie est représenté et structuré en mémoire. Dans cet exposé, je présenterai un nouveau paradigme expérimental qui se base sur l'utilisation de caméras portatives afin de comparer la structure des souvenirs aux enregistrements du contenu et du déroulement des événements de vie. Les études effectuées au moyen de ce paradigme suggèrent que les événements sont représentés en mémoire épisodique comme une succession de moments ou de tranches d’expériences antérieures qui sont séparés par des discontinuités temporelles, de sorte que le rappel mental des événements est compressé temporellement.




Intervenant 3 : Ionescu Octavia1,2, Collange Julie2, & Tavani Jean-Louis1

1Laboratoire Parisien de Psychologie Sociale – Université Vincennes Saint-Denis2Laboratoire de Psychologie et d’Ergonomie Appliquées (UMR 7708), Université de Paris

CARAVAN: Collective mentAl time tRavel And perceiVed societAl aNomie

Initialement formulé dans un contexte individuel, le voyage mental temporel est une forme de projection de soi, qui permet de remonter le cours du temps – en se souvenant et en envisageant des versions alternatives du passé – et de se projeter dans un futur hypothétique (e.g., Tulving, 2002 ; Szpunar, 2010). Récemment, le pendant collectif de ces voyages mentaux temporels a été proposé (e.g., Szpunar & Szpunar, 2016 ; Topcu & Hirst, 2018). Ces derniers concerneraient, non plus le soi individuel, mais son aspect collectif – l’identité sociale – et se fonderait ainsi sur la mémoire collective et les projections du futur du groupe, ainsi que leurs influences croisées. Les travaux présentés examinent les déterminants et conséquences de ces voyages mentaux temporels collectifs. Plus précisément, nous investiguons l’influence de la perception d’anomie dans la société actuelle – i.e., la perception d’une société dont (1) le tissu social se désintègre, et (2) le système politique ne la régule plus efficacement et légitimement (Teymori, Jetten & Bastian, 2017 ; Durkheim, 1893/2013). En effet, l’anomie suppose une forme de voyage temporel déjà identifié par Durkheim : « [...] qu’est-ce-que l’avenir peut donner de plus que le passé [...] ? » (1897/2013, p. 274). À travers quatre études expérimentales, nous montrerons 1) comment la perception d’anomie engendre une reconstruction du passé français (e.g., plus positif) et influence le futur collectif projeté (e.g., plus négatif) ; et 2) comment ces voyages temporels mobilisent les individus, notamment à travers leur soutien actuel à des actions de défense du groupe.




Intervenant 4 : Arcangeli Margherita & Dokic Jérôme, Institut Jean-Nicod (CNRS-EHESS-ENS), École Normale Supérieure, Paris

Imagination entre voyage et vagabondage mentaux

Notre but dans cette communication est d’éclairer le rôle que joue l’imagination dans deux exercices de l’esprit, à savoir d’une part le voyage mental dans le temps, qui nous permet de nous projeter dans notre propre passé (tel que nous nous en souvenons) ou futur (tel qu’il nous apparaît probable), et d’autre part le vagabondage mental, où nous laissons notre esprit errer indépendamment de toute sollicitation extérieure. Notre thèse est double. En premier lieu, nous tâcherons de montrer que ces exercices ne se réduisent pas à celui de l’imagination, mais qu’ils se caractérisent par la présence (dans le cas du voyage mental dans le temps) ou l’absence (dans le cas du vagabondage mental) de contraintes épistémiques non essentielles à l’imagination. Cependant, en second lieu, si l’exercice de l’imagination n’est pas une condition suffisante du voyage mental dans le temps et du vagabondage mental, il en est une condition nécessaire. Nous préciserons alors la forme que l’imagination prend dans les deux cas, et comment elle peut répondre à certaines contraintes épistémiques, ou au contraire s’en affranchir.


1er Colloque Interdisciplinaire du GDR Mémoire ... · Web viewL’imagerie fonctionnelle et...

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