(1900) Palais Du Costume, Le Costume en Egypte Du Ille Au XIIIe Siecle

8/9/2019 (1900) Palais Du Costume, Le Costume en Egypte Du Ille Au XIIIe Siecle

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PALAIS DU COSTUME

Le Costume en EgypteDU nie AU XIII= SICLE


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DV lir AV XIII*SlECLE4d'aprs les fouilles de iftJI.GffYETf


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Mobilier sont dune irrcprochablc exactitude ; ies moindresaccessoires ont t tudis et copis sur les modles anciens.Au rez-de-chausse on voit les Gauloises sous la hutterustique, sainte Clotilde distribuant des aumnes, Blanche deCastille unissant son (ils saint Louis Marguerite de Provence.Puis tout le moyen-ge, dont une scne bien caractristique : Avant le Tournoi attire tous les regards. La Renaissanceitalienne est rappele par des Patriciennes de Venise montantdans une vritable gondole, antrieure Tdit des Doges ,flottant dans de Teau relle, et, ct, la Renaissance Franaisenous montre d'lgantes spectatrices de l'entrevue du Camp duDrap d'or.Au premier tage, on voit les lourdes robes des Mdicis, lesvertugadins des Valois, Gabrielle d'Estre au chteau de Cu-vres, Marion Delormc montant en carrosse, puis les robesbrodes et rebrodes d'or de Louis XIV'.

Puis vient l'poque adorable des paniers et des marquises, laquelle succdent les lgances et les excentricits du Louis XVLLa srie se continue par les dshabills du Consulat et duDirectoire.Une scne reprsentant Josphine, dans son boudoir, essayant,sous les yeux de Napolon, la toilette du sacre, rigoureuse-

ment reproduite, arrtera les visiteurs.Aprs la Restauration, 1850, le second limpire, on arrive

la Mode contemporaine o la science et l'imagination de Flixse sont donn libre carrire, et qui deviendra le plerinageoblig des lgantes du monde entier, qui l'on a rserv, pourcomble de gnrosit, une remarquable Reconstilution Histo-rique de la Coiffure dans tous les temps, organise par TAcadmiede Coifture de Paris.

L'antiquit est reprsente par trois tableaux sensationnels :Antino un Atrium romain un Palais Byzantin, Tpoque de l'apoge des arts somptuaires.


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QO p P 9 9 .


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L'histoire du costume byzantin est reste, jus-qu'ici, en dehors de l'enseignement artistique. Lecycle des leons professes l'cole des Beaux-Artsembrasse l'Egypte ancienne, l'Assyrie, la Grce,Rome, et prend fin la chute de l'empire d'Occident.Ces leons, nous les avons suivies jadis, et avonspu admirer avec quelle patience elles avaient tprpares; d'autant plus que les documents mmesavaient fait dfaut. Reconstitus pice pice, d'aprsles uvres d'art que nous ont lgues chacune de cesciviHsations, ces costumes reproduisaient, avec uneminutie extraordinaire, les dtails des modles fournis


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4 LE COSTUME EN EGYPTE DU III'^ AU XII^ SICLEpar les bas-reliefs et les peintures; mais, la couleurvraie des toffes; mais, la souplesse ou la rigiditdes tissus; mais, la ralit des ornements, des bro-deries ou des tapisseries; autant de questions quidemeuraient insolubles ; toute l'habilet du professeurconsistant rsoudre un problme de draperies,ayant pour but de montrer une figure identique celles fournies par les monuments.

Pourtant, si l'enseignement classique forme lefond de notre ducation artistique, nombre dematres se sont sentis attirs vers cette poquetroublante de la priode byzantine, o le renou-vellement de la civilisation, sous l'influence duchristianisme, prte matire tant de compositionsmouvantes. Les pisodes des rgnes de Constantin,de Justinien, de Nicphore Phocas, pour ne citerque ceux-l, sont plus faits pour retenir notre atten-tion, aujourd'hui, que ceux mmes de l'histoire ro-maine; et l'intrusion de l'Islam dans les provincesde cet empire; puis enfin, les guerres des Croisadesaugmentent encore cet intrt, qu'il y aurait pournous connatre davantage l'histoire du costumeoriental.

Cette connaissance serait d'autant plus utile d'ail-


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PRFACE 5leurs que, grce aux dcouvertes rcentes, il est pos-sible de constater le peu d'exactitude des reproduc-tions fournies par les uvres d'art, considrescomme les sources les plus autorises. Jusqu'ici, lecostume byzantin n'tait connu que par les fresquesde mosaques des vieilles basiliques de Rome, deConstantinople , de l'exarchat de Ravenne , deristrie, de la Romagne, de la Lombardie et lespeintures des tombeaux alexandrins. Les plis rigidesdes draperies, l'apparence de chappes des robes, lesornements lourds dont celles-ci sont surchargesavaient donn l'ide d'un vtement peu ample, faitd'toffes paisses, o des broderies en partie de fili-gamme taient appliques en relief, servant surtout enchsser des gemmes. Rien de tout cela n'a tconfirm par les fouilles excutes par nous dans lesncropoles des villes grco-romaines ou byzantinesde la Haute Egypte, Akhmim, Assiout, Antino; o,du rgne de l'empereur Hadrien, alors que fleuris-sait encore la civilisation romaine, jusqu' la fin duxii^ sicle, les modes venues d'Orient ont constam-ment persist. Grce la scheresse du cUmat, lacoutume d'alors, d'tabUr les cimetires en pleinssables, ces ncropoles ont gard intacts leurs morts.


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6 LE COSTUME EN EGYPTE DU III^ AU XII^ SICLEvtus de costumes semblables ceux qu'ils avaientports de leur vivant; et non seulement ces costumesnous montrent ce que furent les modes grco-byzantines dans tous leurs dtails; mais encore, cer-tains objets dposs auprs des corps nous initient la pratique des arts industriels qui concouraientau luxe de la parure. C'est pas pas, en outre,que le dveloppement de ce luxe se trouve expos.Chaque priode parcourue adopte un type parti-

culier, car la mode est dj changeante. Non pas,cependant, au point d'en rendre la classification in-certaine. En dix sicles, iii^-xiii% quatre seu-lement de ces priodes se prcisent avec des carac-tres dfinis. La premire, de la fondation d'Antinopar l'empereur Hadrien, l'an 140 de notre re, l'avnement de Constantin, 320; la seconde, durgne de Constantin l'introduction de l'Islam, enEgypte, 620 ; la troisime, de l'tablissement desmusulmans dans les provinces de l'empire d'Orient,au dpart de la premire Croisade, 1096; la qua-trime enfin, du commencement des Croisades la chute de l'empire latin d'Orient, 1260, et l'av-nement de Michel Palologue au trne byzantin.A chacune de ces priodes correspondent les do-


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PREFACEcuments fournis par l'exploration de quatre ncro-poles diffrentes : celle d'Antino, pour la premire;celles de Der-el-Dyk, pour la seconde; celle d'Akh-mim, pour la troisime, et pour la quatrime enfincelles de Damiette et d'Assiout.


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PREMIERE PERIODE

LA NECROPOLE D ANTINOE.De toutes les villes de l'Egypte grco-romaine,

Aiitino est reste longtemps la plus clbre de toutes.Fonde par l'empereur Hadrien, l'an 140 de notrere, pour perptuer le souvenir du dvouement deson favori Antinous, qui, sur la foi de Toracle con-damnant le matre de Rome mourir, si son ami leplus cher ne s'offrait lui-mme en victime au destin,se jeta au Nil, au cours d'un voyage sur le fleuve, lamagnificence de l'empereur en fit une cit merveil-


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10 LE COSTUME EN EGYPTE DU III^ AU XII^ SICLEleuse, dont la lgende de luxe et d'clat survcut travers le Moyen Age et se rpercuta jusqu' nos jours.

rige en Moyenne Egypte dans le nome Her-mopolite, dont la capitale Chemounou tait l'unedes villes fabuleuses, les plus clbres de la traditiongyptienne, elle s'tendait au bord du fleuve mme,ceinte de hautes murailles, et prcde d'un arctriomphal, entour de propyles, qui existaient en-core la fin du sicle dernier. A l'intrieur, sestemples, ses palais, ses thermes, son thtre, lesportiques de ses avenues, les fontaines de ses placespubliques surpassaient en splendeur celle des villesles plus fameuses; et jusqu'au v^ sicle encore, sacivilisation, raffine jusqu' la licence, soulevait lesanathmes des Pres de l'gHse qui, tour tour,condamnrent son luxe effi'n.

Bien qu'au cours des recherches auxquelles estconsacr cet aperu d'ensemble de l'histoire du cos-tume en Egypte, les fouilles n'aient port qu'indi-rectement sur la ncropole Hadrienne, il est indis-pensable, nanmoins, d'exposer les rsultats obtenuspar des fouilles prcdentes, qui avaient tabU lapremire phase des transitions du costume antiqueau costume dj en partie asiatique. L'exploratioi;


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LA NECROPOLE D ANTINOE 1 1des ruines, commence en 1896, n'avait d'abordport que sur les monuments de la cit. En 1897,quelques sondages, faits dans la plaine de dsertenvironnante, ayant mis jour quelques tombes,les investigations furent pousses hors des murs, etrencontrrent enfin la ncropole ou du moins l'unde ses quartiers.

La position d'Antino avait rendu ces recherchesparticulirement difficiles. Enserre sur trois ctspar le dsert, elle s'levait, sous forme d'un vasteparalllogramme, au pied des montagnes qui la com-mandent l'est. Entre celles-ci et les anciennesmurailles^, une bande de sable, large d'un kilomtreet demi en moyenne, s'tend sans que rien laissedeviner la position des spultures antiques. Au sud,une valle profonde, l'Ouady Ghamous s'ouvre; aunord-est, un brusque circuit de la roche double lalargeur du dsert. Et cette roche elle-mme, coupede ravines, o viennent s'couler les eaux des pluies,de gorges et de dfils escaladant les hauts plateaux,donne naissance tout un ddale de circonvalla-tions, d'anfractuosits, pareilles des criques ensa-bles. A mi-cte, quelques hypoges, creuss enpleine roche vive, annoncent la prsence de tombes


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12 LE COSTUME EN EGYPTE DU III'^ AU XW SIECLEpharaoniques; mais, dvastes, transformes en cel-lules par les ermites et les anachortes, aux pre-miers sicles du christianisme, leurs dispositionsprimitives ont compltement disparu.

Des sondages mthodiques furent commencs,cependant, partout o la configuration du sol sem-blait rpondre l'aspect habituel des cimetires an-tiques. En peu de temps, plusieurs quartiers taientreconnus. L'un tait plus spcialement rserv auxEgyptiens de religion et de race; un autre, lapopulation grco-romaine de la cit; un troisime,aux morts byzantins; un dernier, aux spultureschrtiennes, postrieures l'apparition de l'Islam.Tous quatre sont situs l'est de la ville. Au

nord-est, le plus ancien occupe les versants d'unegorge sauvage. Puis, progressivement, remontantle nord s'tagent les quartiers grco-romains etbyzantins; puis enfin, celui de l'poque chrtiennepostrieure llslam. Mais, dissmines sur l'en-ceinte mme de la ville, les tombes de ce dernierparaissent avoir usurp une zone de terrains autre-fois rserve un autre usage; et les cimetiresgrco-byzantins, s'tre tendus jusqu'au sud mmede la ville, par de l l'entre de l'Ouady Ghamous.


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LES TOMBES HLES TOMBES.

D'un quartier l'autre de cette ville des morts,l'aspect des tombes sensiblement diffre. Celles dupremier consistent en un petit caveau, bti en bri-ques crues, dans lequel est enferm un sarcophagede bois, sans ornements. Souvent mme, le dfuntest simplement couch sur un plancher, le corpsemmaillott de bandelettes. Dans le second et letroisime, ce caveau se rduit une sorte de spulcremaonn, de la grandeur d'un cercueil. Deux outrois dalles forment le fond; quelques autres, lescts, d'autres enfin le couvercle. A fleur de sol, unrectangle trac au moyen de briques crues, poses plat, marque la place du tombeau. Dans le dernier,enfin, le corps est pos dans le sable, sans que rienle protge et l'abrite. Toutes d'ailleurs sont ano-nymes; il ne subsiste de celles des trois premiersgroupes que la chambre souterraine, le monumentqui, de toutes, marquait autrefois la place, ayantdisparu, pour servir de matriaux de construction.De l, un manque absolu de documents sur la

date exacte qu'il convient d'assigner chacuned'elles, et la personnalit de ceux qui y reposent.


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14 LE COSTUME EN EGYPTE DU III^ AU XII^ SICLEQuelques indications approximatives peuvent trefournies par la nature des objets qu'elles renfer-ment, et tout ce que l'on peut affirmer avec certi-tude est que la ncropole, tout entire, appartient la priode qui va de la fondation d'Antino, l'an140, la conqute de l'Egypte par Amrou-ibn-el-As, premier lieutenant de Mahomet, l'an 20 del'Hgire 640; le quartier byzantin renfermant desdivisions rserves aux officiers impriaux, en rsi-dence Antino, alors que dans les spultures chr-tiennes, postrieures l'Islam, toute trace de l'auto-rit de Byzance a compltement disparu.

L'aspect des corps diffre sensiblement aussi. Dansles tombes du premier groupe, le mort est em-baum d'une faon sommaire; les amulettes quil'entourent appartiennent au rituel antique; rien n'yannonce les cultes de l'Olympe. Dans le second,les cadavres sont quelquefois encore recouverts debandelettes, mais non momifis. Un bain de bitumearomatis, et l'action des sables surtout, les ontprservs pourtant, autant et plus peut-tre quel'embaumement pharaonique. Les chairs se sontdessches, la peau s'est durcie. Sur la f:ice, unmasque de pltre peint . ou dor, quelquefois se


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LE COSTUME I5pose, O s'enchssent des yeux d'mail. Mais, leplus souvent, le dfunt est vtu d'un costume sem-blable celui qu'il a port de son vivant; et lesobjets enterrs avec lui appartiennent au culte gypto-grec. Dans le quartier chrtien de basse poque en-fin, les morts sont habills comme les prcdents,mais les toffes sont plus grossires, les broderiesdont elles sont ornes moins soignes, les acces-soires moins luxueux.

LE COSTUME.Vtements et objets retrouvs dans ces tombeaux

ont, pour l'histoire du costume, une valeur inesti-mable. Dans les caveaux grco-romains, remontant la fondation de la ville; dans ceux surtout del'poque byzantine, il a t possible de recueillirainsi de prcieux spcimens des costumes ports parles femmes grecques et les fonctionnaires imp-riaux, en rsidence Antino, les images des dieuxlaraires vnres par eux; les mille choses familires,dont la pit envers les morts aimait les entourer.A ct d'un grco-romain de vieille race, lac dansson linceul par des tresses, un autre porte dj le


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l6 LE COSTUME EN EGYPTE DU III'^ AU XII^ SICLEmanteau long, garni de bandes de soieries broches,avec revers de soie et col galonn et gans. Un autreaura mme pour chaussures de vritables bottesmontantes. Un troisime, des jambires de tissucachemire ou de drap pareil celui du manteau, et

^ 0,90 yTunique romano -byzantine 111 ou iv' sicle.

pareillement ornes de bandes de soieries ou de ga-lons. Un autre encore, de vritables houseaux decuir maroquin, semblablement orns. Un ceintu-ron de gros cuir, pos directement sur la peau, e.


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LE COSTUME I7muni de jarretelles, soutenait sur les cts ces jam-bires. Tous portent la chemise, manches fermesd'un poignet, galon de laine ou de soie, damas-quine d'arabesques polychromes. Une fente ouvresur la poitrine, garnie sur ses deux bords d'un galonpareil, qui, tournant autour du cou et repli sur lui-mme, forme un col, d'o se dtachent deux pau-lettes, longues de dix douze centimtres environ.Pour les femmes, la toilette d'apparat consiste

galement dans le port du vtement asiatique. Quel-ques rminiscences classiques s'y mlent encore, deloin en loin, mais ce n'est plus qu'un souvenir, uncompromis transitoire, qui, la priode byzantine,aura compltement disparu.

Leur costume consiste en une lonorue chemisede mousseline de lin, avec empicement cintr,brod d'un semis de dlicates fleurettes, de mandres,de grecques, d'entrelacs, de rinceaux, d'o se dta-chent deux entre deux, termins par des mdaillonscirculaires ou lancols, s'talant sur le sein. Toutle bas, depuis le niveau des genoux, est en outrecouvert d'une riche broderie analogue. Semis depois ou d'amandes, branches de fleurs, fleurettesdtaches ou mdaillons arabescaux. Par -dessus


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l8 LE COSTUME EN EGYPTE DU III^' AU XII^ SICLEcette chemise est passe une robe de laine, de cou-leur crue, jaune, verte, rouge, violette, flte dedeux ls d'toffes, rays de blanc sur les bords etassembls sur de grosses ganses, auxquels s'adap-tent des manches collantes, poignets ou pare-ments. La coupe est la mme que celle de la che-mise; aucune fente n'ouvre sur la poitrine. Autourdu cou, des galons de soie broche ou des passe-menteries s'appHquent; un empicement de tissugobelins, entre-deux pareils ceux de la chemise,orne le devant. Des carrs de gobelins se posentsur les paules et sur le bas de la robe, un peu au-dessous des genoux, dont le niveau est marqu parun pli transversal fait dans la jupe; tandis que surle parement des manches s'enroule tantt un galonde soie, tantt un lisr gobehns. Une cordelire,tisse ou natte, sert fixer cette robe la taille. Surle tout, est jet un manteau de bure, dont la teintevarie du gris au jaune et mme au rouge, en pas-sant par l'orang. Il consiste en une longue piced'toffe rectangulaire, pourvue sur le milieu de l'unde ses grands cts d'un gros bourrelet de laine.C'est tantt une sorte de grosse chenille, de dix douze centimtres de diamtre, tantt une simple


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LE COSTUME I9bande de tissu natt, termine ses deux extrmi-ts par des franges, replie en deux et cousue, aprsavoir, au pralable, t rembourre de morceauxd'pong ou de crin. Pos sur la tte, ce bourreletencadre le visage, et se trouve fix sous le menton,par les franges. L'toffe retombe alors sur le doset les paules, tandis que les deux pans, rame-ns sur les bras, s'y drapent la faon de ceuxd'un mantelet. Quelquefois, des carrs de gobe-lins dcorent les pans de ce manteau, un peu au-dessous des genoux, la faon dont la robe estelle-mme orne. Quelquefois aussi, le dessinfait partie intgrante de l'toffe, enferm dans unmdaillon. Les pieds sont chausss de mules decuir brun, rehauss de rinceaux ou de motifs go-mtriques, fixs au petit fer, tandis que des appli-ques dores et gauft'res se posent sur le dessus dupied. D'autres fois enfin, cette mule est entire-ment estampe d'or, de mme qu'une reUure, dou-ble l'intrieur de soieries broches ou de toile delin. La coiffure consiste tantt en une rsille de den-telle de fil ou de laine, excute au tambour, pa-reille ce que nous nommons la dentelle d'Au-vergne; tantt en un bonnet plus ou moins riche,


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20 LE COSTUME EX EGYPTE DU III^ AU XII^ SIECLEcompos de galons de chenille de laine ctels,appliqus sur une mousseline, ou de rubans de soie,galement assembls sur un transparent de lin. Depetites cordelettes, de poil de chameau, servent par-fois aussi mettre ce bonnet en forme. D'autresfois, mont sur une assez forte toile, il consiste enun vritable bonnet trois pices, tel qu'on le con-nat encore aujourd'hui. De gros bigoudis de laine,recouverts d'un rseau de dentelle, servent ren-fler les cheveux sur les tempes ; et cette chevelure,elle-mme, gnralement teinte au henn, se relvesur la nuque, pour se nouer en chignon, rappelant lacoifl:ure tanagra. Un mouchoir, tantt blanc, tantt carreaux de couleur, complte gnralement ce cos-tume, pris encore entre les mains de la morte, tandisque, quelquefois, un miroir est attach son poignet.

Enfin, sur ces costumes o rien ne rappelle ladestination funraire, un vtement uniforme demort est pass; un Hnceul de toile, plus ou moinsfine, plus ou moins blanche ou rousse, dcor defleurs arabescales polychromes appliques au pointde chanette et relies parfois, les unes aux autres,par des fils de couleur.

Tels sont les caractres gnraux de ces costumes.


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22 LE COSTUME EN EGYPTE DU 111= AU XII= SIECLEhasard. Ces toffes dnotent une flibrication asia-tique, soit; le brocliage est un tissu cachiemire,qu'il s'agisse de soie ou de laine. Mais, si les rin-ceaux foliacs ou florescents, les animaux et les oi-seaux hraldiques, les arabesques courantes appar-tenaient au rpertoire courant de l'Orient d'alors,ces thmes n'en correspondaient pas moins l'tatd'esprit que nous rvle l'tude de l'Egypte, encorepaenne sous Hadrien, puis convertie au christia-nisme sous les empereurs byzantins. La recherchede ces thmes est le trait qui caractrise le mieuxles peuples de race contemplative et mditative ; etnul, plus que l'gyptien, ne fut contemplatif et m-ditatif. La preuve de ce fait est que, pendant prs dedix sicles, la forme du vtement resta peu prsla mme, tandis que l'ornementation varia et setransforma, suivant les lois d'une volution lente,dont on suit aisment la trace. Cette ornementationest emprunte, d'abord, au rpertoire de la Grcepaenne ; puis, s'allie celui purement arabescale del'Orient. Bientt, l'Egypte rallie au christianisme,les images hellniques font place aux saints icnes;mais, en mme temps, l'ornementation foliace ouflorescente se rvle" prpondrante; si bien, qu'


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LES ETOFFESl'poque arabe, il ne restera plus qu'elle, avec saflore irrelle et ses rinceaux ondoyants.

LES ETOFFES.

Romaines ou byzantines d'ailleurs, ces toffes,ces soieries, ces tapisseries, ces lins n'taient connus,jusqu'ici, que par l'image; les fresques de Sainte-Pru-dentienne et de Sainte-Marie Majeure Rome, deSaint-Apollinaire in Classe, de Saint- Vital et de Saint-Apollinaire nuovo Ravenne et les miniatures desmanuscrits. L'intrt qui s'attache elles prime debeaucoup tous les autres, tant par les documentsqu'elles fournissent l'histoire du costume, qu'celle des procds en usage alors.Pour les soieries, le dessin et la couleur sont ceux

du rpertoire byzantin de Syrie, avec quelquechose d'teint et d'attnu ; en ce qui touche auxcoloris surtout, la nuance est plus harmonieuse quecelle des peintures qui les ont reproduites. Les tonsle plus souvent employs sont le bleu lapis ou tur-quoise; le rouge, variant du ponceau au rose; levert meraude, le jaune d'or et toute la gamme des


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24 LE COSTUME EN EGYPTE DU III^ AU XU^ SICLEbruns. Par exception, on rencontre quelques demi-teintes; des rehauts de noir et de blanc soulignentaussi, assez souvent, le dessin. Le tisserand estmatre de tous les procds encore aujourd'hui enusage. C'est tantt un brochage tram, tantt unbrochage damass, tantt un brochage cachemire.Le dessin est alors rserv dans la chane et esquisspar la trame; puis excut ensuite l'aiguille, ainsiqu'une tapisserie, en soies de couleurs. Les galonsappartiennent aux mmes procds. Ils sont tour tour chevronns, fleuris ou comme damasquins dedhcats ornements.

Cette importance prise par les soieries relguaitnaturellement au second plan les toffes de laine.Elles furent employes confectionner les robes desfemmes, mais gnralement unies. L'poque byzan-tine pourtant fournit nombre d'exemples de robes,avec empicements, entre-deux, motifs d'paule etde bas de jupe tisss; mais, le plus souvent, cettepartie de dcoration est applique ou incruste,fixe au point de chanette ou brode sur fond r-serv. Elle est excute alors, non plus en soies,mais en laines, et prend le nom de Gobehns. Plustard, l'poque suivante, le luxe s'amoindrit; le


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LES TOFFES 2$rpertoire artistique s'appauvrit ; l'ornementationsur rseau cachemire reste seule rgner en ma-tresse. En mme temps, les riches bandes de soieriesqui couvraient le pourtour des manteaux des hom-mes font place des passementeries de laine ou des galons. Les tons dominants alors sont le rougegarance, le bleu et le violet, avec brochages jauneset bruns.

Ces toffes gobelins, employes l'ornementationdes robes grco-byzantines, appartiennent plus aurpertoire de la tapisserie qu' celui du tissage. C'estune broderie au petit point, et ce nom de Gobelinslui a t donn, faute d'un autre plus expressif. Latapisserie proprement dite est reprsente Antinopar plusieurs spcimens caractristiques. Ce sont, engnral, des coussins, employs comme oreillers fu-nbres ou mme des lits funraires, tout entiers, etdes panneaux servant de linceuls.

Les lins, quoique rservs aux vtements de des-sous, montrent une perfection de fabrication par-faite. Certaines chemises sont de vritables mousse-lines, absolument transparentes; et les broderiesdont elles sont ornes ne le cdent en rien aux bro-chages des soieries, pour le fini. Excuts en laine

Gayet. 2


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26 LE COSTUME EN EGYPTE DU III^ AU XII^ SICLEOU en soie, tous les genres de points sont tour tour employs, mais particulirement le plumetis etle point de rose. Les thmes habituels de ces bro-deries sont les semis de fleurettes; quelquefois, lafleur est polychrome; le plus souvent d'une seulecouleur. Le dessin est conventionnel, arabescal, etdonne l'lment foliac ou florescent, qui clora auxsicles suivants, dans les rinceaux coptes et arabes ;dj styHs, irrel, mais conservant encore quelquechose des modles primitifs. Ailleurs, ce dcor secomplique de zones d'entrelacs, de rinceaux et demandres, mais toujours lgrement esquisss, etexcuts avec une remarquable habilet.

S'il est ais de reconnatre les procds techniquesmis en uvre dans le tissage, le brochage et la bro-derie de ces diffrentes toffes, par contre, le rper-toire ornemental trahit des influences confuses; ici,franchement byzantines; l, purement perses, del'poque sassanide ; ailleurs encore, marques ausceau de tous les thmes de la Grce, de l'Inde etde l'Extrme-Orient. Ces rminiscences diverseslaissent supposer que la pratique du mtier detisserand tait alors aux mains d'ouvriers de racesdiffrentes, et que chaque chef de matrise conser-


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LES ETOFFES 27vait le ressouvenir de thmes ornementaux qui luitaient familiers. Tous, en tant que praticiens,taient fort habiles du reste; ce point, que maintesbandes de soieries sont identiques celles qui sorti-raient de nos mtiers les plus perfectionns.


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cmmswDEUXIME PERIODE

LA NECROPOLE DE DEIR-EL-DYK.Der-el-Dyk ne constitue,

vrai dire, qu'un quartier de lancropole antinote. A deux mil-les en aval de la cit, le Nil s'cartebrusquement, pour descendrevers l'ouest, crant tout un archi-pel d'lots dans son large lit, etdoublant, du mme coup, par della rive, la profondeur de la plaine.Dans ce coin de dsert, sans tracede vgtation aucune, sur un par-

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30 LE COSTUME EN EGYPTE DU III^ AU XW SICLEcours de prs de deux lieues, un couvent copte s'taitlev au temps des anachortes, adoss aux falaisesarabiques, Der-el-Dyk, le couvent du coq, l'entour duquel, quelques pans de murs bouls mar-quent l'emplacement d'une petite bourgade arabe,perdue dans ce milieu dsol.L'amnagement de ce quartier de la ncropole

antinote diffre de celui des quartiers situs auxalentours immdiats de la ville. Au lieu de ces petitscaveaux maonns, pareils aux spultures classiques,disposes par ranges parallles, analogues, de touspoints, en un mot, nos propres cimetires, lesmorts sont simplement couchs mme le sable,ainsi que les morts coptes des alentours d'Antino.A l'origine, ce cimetire dut tre affect des spul-

tures grco-romaines ; quelques-uns des vtementsretrouvs dans les fosses en fournissent la preuve in-discutable; mais, de bonne heure, il devint exclusive-ment byzantin. Beaucoup plus tard, vers le xii^ sicle,des spultures arabes se superposrent aux spul-tures anciennes; mais, creuses fleur de sable, elleslaissrent intactes les tombes des premiers occupants.

Les costumes retrouvs l diffrent en eftet sensi-blement des prcdents; et se classent ou parmi ceux


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LA NECROPOLE DE DEIR-EL-DYK 31de l'poque grcisante (ii^-iii^ sicles), ou parmiceux de la fin de la priode byzantine (vi^ sicle).Les traits caractristiques qui les distinguent, l'uneet l'autre, sont la coupe du vtement, et l'emploiexclusif des tissus de lin. Pour les premiers, lesmodes venues d'Asie se sont bien dj imposes auxhabitants; ils ont adopt la chemise et la robe, maisA

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Tunique byzantine, vi sicle.

non pas le manteau ; et persistent encore se dra-per dans une pice d'toffe rappelant la toge, orneaux quatre angles de motifs mythologiques. Cettesorte de chle, trs ample, passe par-dessus la tteet se rejette sur l'paule gauche, la faon antique.Point de chaussures le plus souvent; mais quelque-fois des sandales de cuir, maintenues par des lanires


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32 LE COSTUME EN EGYPTE DU III'' AU XII*^ SIECLEsur le pied. Pour les femmes, la coiffure consisteencore en une rsille de dentelle de fil cru ou decouleur, le plus souvent verte, jaune ou rouge. Unepice de lin, non brode, est le seul type de linceulretrouv jusqu'ici.

Les spultures byzantines ne diffrent en rien deces spultures premires. Les corps sont couchs demme, dans le sable; la tte l'ouest, de manire regarder le levant. Sous le corps vtu et enveloppd'un premier linceul, un plateau de bois, dcoupau niveau de la tte, de manire en reproduire peu prs le contour, s'applique, maintenu en placepar des tresses ou des cordelettes fixes aux che-villes et au cou. Le talent de l'ensevelisseur consiste donner ce corps l'aspect momiforme, tant de foisreproduit par les peintures b3'zantines ; il y parvient force de patience, en masquant soigneusement lessaillies du corps. Une serviette de lin, tordue enspirale, s'enroule autour du cou, de manire pro-longer la largeur de la tte jusque sur les paules.Mais la coutume voulait que les bras fussent rame-ns sur le cadavre, tendus de toute leur longueur,les mains croises, l'une sur l'autre, au niveau despoignets. Cela compliquait grandement le travail;


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LA NCROPOLE DE DEIR-EL-DYK 33il arrivait pourtant au rsultat cherch, en garnis-sant les vides d'charpes semblablement roules,tendues en long ou replies selon les besoins. Surles jambes, ramenes l'une contre l'autre, d'autresencore se superposent. Fallait-il rgulariser davan-tage ce premier travail de nivellement ? L'on avaitrecours une couche de gros sel, seme sur toutela surfltce ; puis, d'autres charpes taient disposes plat sur le tout. Cela fait, on procdait l'em-maillottement, qui comprenait jusqu' quinze ouvingt suaires, recroiss les uns sur les autres. Cer-tains corps en ont mme jusqu' vingt-cinq outrente; mais c'est l une exception. Les pieds eus-sent aussi paru trop petits. L'on remdia ce d-finit par un stratagme analogue, en les allongeantet en les grossissant au moyen d'charpes replieset roules. Sur le tout enfin, s'tendait un appareilde bandelettes entre-croises en losanges, courantde la tte jusqu'aux pieds. Cet appareil de lacets oudecordelettes est le plus souvent apparent; mais,quelquefois, un dernier suaire de fine toile brodeest pass sur le tout, et fix, sur le ct, au moyend'une couture. Certains de ces suaires sont mmetrs richement dcors. Un mdaillon occupe le


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34 LE COSTUME EN EGYPTE DU III^ AU XW SIECLEsommet de la tte, un autre la plante des pieds ;deux autres se posent symtriquement sur lespaules; deux autres au niveau des genoux, tandisqu'une rayure, faite le plus souvent d'une guir-lande de feuillage, rejoint le mdaillon de la tte celui des pieds.

Sous cette armure mortuaire, le costume consisteencore en une chemise de toile, quelquefois demousseline, empicement carr, dont le dcor,partag en rayures horizontales, est excut sur r-seau mnag dans la chane, que la trame ne re-couvre point, et dont les fils, simplement tendus endessous, constituent un canevas, sur lequel la bro-derie est ensuite excute au petit point, l'aiguille.Chacune de ces rayures est polychrome, sur unfond de couleur tranche: brun, jaune, rouge, bleu,au miheu duquel s'estompent des crneaux, des m-daillons, des rinceaux, des fleurs, des poissons, desoiseaux ou des figures d'enfants nus. Souvent aussi,la dernire rayure s'esquisse directement sur la toile,et est forme d'arceaux ou de cintres, ports sur descolonnettes, se dcoupant sous un profil de por-tiques, dont chaque trave est rempUe soit par unvase de fleurs, soit par une figure de saint Georges


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LA NCROPOLE DE DEIR-EL-DYK 35OU de saint Michel cheval, soit par des figures desaints guerriers. Les entre-deux sont quelquefoissupprims; mais les mdaillons persistent toujourssur les paules et le bas de la robe ou de la che-mise. Quelquefois aussi, des rayures plus ou moinslarges, remplies de rinceaux courants ou de vases,d'o s'chappent de longues tiges, prennent nais-sance aux cts de cette encolure, et descendent surtoute la hauteur du vtement, derrire et devant.La robe, galement de toile, est identique de

forme et de dcor. A l'une et l'autre sont adaptesdes manches poignet, bords galement d'unerayure ; mais assez souvent aussi, pourvues de pare-ments, reproduisant le dessin de l'encolure.Pour les femmes un chcle complte ce costume,fait d'une grande pice de toile rectangulaire, garnie

de franges noues aux deux extrmits. L'on retrouve, ct, le mantelet gans sur toute sa longueur^semblable l'tole porte au sicle d'avant par lesfemmes romaines ; la ganse est gnralement rougeou verte; elle remplace le bourrelet, et n'en diffreque par le diamtre, qui n'est plus que d'un oudeux centimtres ; et qu'en ce que, au heu d'encadrersimplement le visage, elle rgne jusqu' l'extrmit


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36 LE COSTUME EK EGYPTE DU III*^ AU XII^ SICLEdes pans. Pris sous l'aisselle droite, ce mantelet tra-verse de biais la poitrine, enveloppe la tte, et sedrape sur l'paule gauche. Sous ce voile, la coiffureconsiste en une rsille de dentelle de fil ou un bon-net de laine chenille, rouge ou verte. Les piedssont invariablement nus.

LE REPERTOIRE DU DESSIN.

Le rpertoire ornemental varie l'infini, mais apour base un principe invariable, celui indiqu dj,et qui consiste rserver le dessin au tissage, entendant la trame sous la chane. A la premire p-riode, ce dessin, tons presque toujours bleus ouviolets, variant du bleu-indigo au gris bleutre, etdu ponceau au lilas, est form de figures mythologi-ques, mles des arabesques et des entrelacs. C'estApollon sur son char, entour des muses ; Thsecombattant les monstres ; Minerve ou Dmterisiaque; des figures de sirnes, de satyres, de fauneset de faunesses; des hypocampes, des gladiateurs etdes monstres marins. L'un des procds du brodeurou du tisserand consiste accuser les traits et les


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LE RPERTOIRE DU DESSIN 37modles, en rservant, sur le champ de la figure, leslignes du canevas apparentes. De la sorte, il esquisseles yeux, le nez, la bouche des visages; les plis despectoraux, des aisselles, des aines et des doigts despieds et des mains. Le dessin est lourd, sans vi-gueur et sans lgance. Pourtant, quelques figuresclassiques, celle d'Apollon, celle de Minerve, entreautres, conservent, dans le rendu des draperies sur-tout, quelque chose de la tradition antique ; cellesdes monstres marins sont particulirement massesavec soin. Un fragment de tapisserie montre unefigure de femme nue, debout ct d'un satyre corps de dauphin, jouant de la flte de pan, quirappelle les modles archaques. Mais, le plus sou-vent, ces figures sont gtes par la recherche exa-gre du dtail.

Le dcor de la priode byzantine n'est, direvrai, que la dgnrescence de ce dcor, o s'aggra-vent considrablement ces dfauts et ces faiblesses.Ces empicements rayures, o s'accumulent lesdivers thmes du rpertoire ornemental, dont leprincipal inconvnient est d'tre trop surchargs demotifs difi'rents. Ces rayures de crneaux, de rosaces,de rinceaux conservent cependant une qualit, celleGayet. 3


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LE RPERTOIRE DU DESSIN 39de fleurs et fruits sont, elles, invariablement poly-chromes; la corbeille brune ou jaune, les fleurs etles fruits qu'elles renferment, de toutes couleurs.Les animaux, les oiseaux, les poissons sont, parcontre, presque toujours monochromes. Le dessinest plus stylis qu'imitatif. Une variante d'orne-mentation est fournie par un chanage de gros m-daillons, enfermant chacun l'une de ces dif"rentesfigures. Ce mdaillon peut se rduire un cercle,mais, le plus souvent, consiste en un gros rinceaufoliac. Quand ce chanage est employ, il se rpteen rayures sur les cts de la robe, de haut en bas,derrire et devant, reproduisant indfiniment lesmmes figures alternes; le groupe d'un homme etd'une femme nus et le saint Georges cheval; oubien encore, les vases et les oiseaux, reprsents l'empicement.

Ces difl"rentes figures fourniraient matire touteune tude de symbolisme chrtien, car toutes sontempruntes au rpertoire en usage aux premierssicles de l'gUse ; mais cette tude se trouverait icipeu sa place; tout au plus, est-il permis de signalerau passage, que presque toutes, sont celles que l'onvoit dans les catacombes, au cimetire Calixte, au


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40 LE COSTUME EN EGYPTE DU III^ AU XII^ SICLEcimetire Sothre ou celui des Austriens. Les vignes,que partout on retrouve, sont une allusion aux pas-sages de l'Ancien Testament et de l'vangile : lesarceaux reprsentent le portail de la basilique, sym-bole du seuil du paradis; les palmiers qui croissentdans ces arceaux sont ceux du jardin paradisiaque,dont les premires peintures furent une transcrip-tion des visions de sainte Perptue. Les oiseaux quitiennent la fois de la colombe et de l'pervier,voquent, tantt la colombe de No, symbole dersurrection; tantt le phnix des jardins du para-dis. Le dauphin et le poisson, l'Ichtys, leplus mystique de tous ces symboles, sont l'imagemme du Christ Sauveur, le poisson du salut,1X0YS, dont le nom se trouve form par les lettresinitiales des mots Iqzz'jq Xpizzz; Qeoj YCzq ZwTp,Jsus-Christ fils de Dieu Sauveur. Cet anagrammefameux, compos Tcole d'Alexandrie au iii^ sicle,constituait un rbus emprunt l'ancienne dogma-tique gyptienne, et incorpor par elle dans ledogme monophysite, auquel l'gypie, au lendemaindu concile de Chalcdoine, se rallia. La corbeilleremplie de pains et de grappes de raisin, le plus sou-vent accoste de dauphins, est le symbole eucha-


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LE RPERTOIRE DU DESSIN 4Iristique par excellence; le Panis vcris et acquae vivaepiscis, ainsi que disait Tertullien, sens que confir-ment les paroles de saint Grme Personne n'estsi riche, que celui qui porte le corps du Christ dansune corbeille, et son sang dans un vase de verre. ))Le dcor du linceul extrieur appartient, en partie, ce rpertoire symbolique; on y voit figurer les

paons, l'oiseau du paradis, alternant au phnix ; desvases, qui, tour tour, sont la muleta, le vase de laitdu Bon Pasteur, ou les quatre vases, figurant lesquatre sources de la montagne de Sion, (Ap., xi-i)ou enfin la corbeille eucharistique. A l'entour deces symboles rgne une ornementation compose demdaillons, de semis de pois, de fleurettes et derayures charges de rinceaux.Un autre thme de broderie mrite une mention part, les figures de saint Georges, si souvent re-produites sur les robes des femmes. Saint Georgesou saint Michel, car les deux se confondent, taientpour les chrtiens d'Egypte des protecteurs attitrs.C'taient les chefs des milices clestes; chaque jourils les conduisaient au bon combat, livrant batailleaux hordes de Satan; et ce combat se prcisait endtails minutieux dans l'esprit du fidle. Chevaliers


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42 LE COSTUME EN EGYPTE DU III^ AU XII^ SICLE l'armure tmcelante, ils n'avaient qu' paratre, etle Tentateur, paralys de frayeur, tombait leurdiscrtion. Ils l'apprhendaient, le rouaient de coups,le pendaient, non pas jusqu' ce que mort s'ensui-vt, car son heure n'tait pas venue. Bien desdtails nous sont fournis par les vies des saintscoptes sur ce rle, en voici un, entre tous :

Euphmie, femme d'Aristarque, gouverneur d'An-tino, vers le miheu du v^ sicle, tait belle entretoutes, jeune, pleine de tendresse pour son mari ;le modle des pouses, le type accompli de la femmepieuse et vertueuse. A l'instant o l'histoire com-mence, Aristarque est l'agonie et Euphmie plo-re lui dit : Je t'en prie, mon bien-aim, fais-moifaire un portrait du saint Georges, pour qu'il megarde aprs ta mort; car la femme, sans mari, estune barque sans pilote... Suit une longue disser-tation sur le sort de la femme prive de l'appui deson poux; un parfait rhteur n'aurait rien trouvmieux. Aristarque s'empresse d'accder au dsirexprim; il fait venir le plus habile peintre, quiexcute un portrait du saint Georges , lequelest sur fond d'or, o s'enchssent des gemmes.Le portrait fini, l'agonie, qui s'est prolonge assez


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LE RPERTOIRE DU DESSIN 43pour en permettre Texcution, s'achve aussi. Ilmeurt.Le diable, piqu au jeu par la saintet d'Euph-

mie, s'acharne naturellement lui tendre des em-bches. Sous les dguisements les plus varis, il seprsente, pour persuader la pieuse femme que lasolitude est chose fort triste ; qu'elle n'a aucun m-rite et n'est nullement agrable au Seigneur. C'esttantt, sous les traits d'une vieille religieuse, quivient lui dire que toutes les larmes ne lui rendrontpas son mari; qu'elle fera beaucoup mieux d'enprendre un autre; qu'il est dangereux de resterveuve. Tantt sous les traits de gants et de mons-tres effrayants, qui viennent l'pouvanter et luimontrer le besoin d'avoir un appui; rien n'y fait.Enfin, usant d'un dernier stratagme, le Malin seprsente sous la forme d'un archange, ailes blanches,robe flottante, sceptre d'or en mains, aurole aufront. Cette fois, parat-il, l'apparition avait su se fairetentatrice; et Euphmie, moins plore, avait djintroduit le Diable jusque dans sa chambre, lors-qu'elle s'aperoit temps, le saint Georges veil-lait sur elle, que le sceptre n'est point surmontde la croix. Elle en fait la remarque, et demande une


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44 LE COSTUME EX EGYPTE DU III^ AU XII


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TROISIME PRIODE

LA NCROPOLE d'aKHMIM.Akhmim, Tancienne Panopolis des

Grecs, capitale dans l'antiquit du nomde Kmit, tait encore l'une des villesles plus importantes de l'Egypte grco-byzantine. Les Grecs, qui avaient iden-tifi le titre de Pe-rherou, le Coureur, par lequel le dieu Khem est quel-quefois qualifi dans les textes, leurhros Perse, affirmaient que ce derniertait n Panopolis, et qu' son retourde Libye, alors qu'il revenait triom-phant, rapportant la tte de Mduse, ils'tait dtourn de sa route, pour visi-ter sa ville natale, et y fonder des jeuxen l'honneur de Danaos et Lynce, sesparents, Hrodote affirme avoir vu


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46 LE COSTUME EN EGYPTE DU III^ AU XII'^ SICLEces jeux, lors de son vo3'age Thbes. Quoi qu'ilen soit, Panopolis tait, au iy^ sicle, l'une desvilles les plus florissantes de la Thbade ; ellepossdait nombre de temples du paganisme et unepopulation grco-romaine considrable, au milieude laquelle le christianisme fit de trs rapidesprogrs. C'tait d'ailleurs l'poque o l'asctismepeuplait le dsert; le proslytisme avait conquis jus-qu'aux gyptiens de vieille race ; cnobites et ana-chortes habitaient les hypoges antiques, et dansla rgion immdiate de la viUe, deux des saints, lesplus vnrs des coptes, saint Schenodi et saintPakhme venaient de donner la rgle du mona-chisme, en fondant chacun un couvent rest fameux.Si ardente fut mme cette ferveur, qu'elle entrana,en peu de temps, la ruine de Panopohs, tant futgrand le zle des pieux moines, dmolir les de-meures des idoles. De la somptueuse cit, il neresta bientt qu'un amas de dcombres et de dbris,disperss de tous cts.

Mais, si la ville avait disparu, son cimetire de-meurait; et sur ce cimetire, allait s'en superposerun autre, celui de la ville convertie. Si considrablefut, pendant plusieurs sicles, la population de laPa-


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LES COSTUMES ET LES TISSUS 4ynopolis chrtienne, qu'il recouvrit entirement lecimetire ancien.

Les tombes de cette priode ne diffrent en riende l'aspect des spultures de la priode prcdente.Les morts sont simplement couchs dans le sable ;la ncropole tant, selon la coutume, tablie dansla plaine de dsert, situe entre la ville et les con-treforts des montagnes d'Arabie qui la dominent l'est. Le mode d'ensevelissement est le mme aussi.Mme assemblage d'charpes replies et de ser-viettes, donnant au corps l'apparence momiforme.Toutefois, tout cela est moins parfait. Le rembour-rage, au lieu d'tre compos d'charpes et de toiles,l'est souvent de vieilles robes et de vieilles chemiseshors d'usage: les toiles sont moins fines; les bande-lettes moins bien appareilles ou faites de cordelettesen fibres de palmier. Pourtant, certains appareilsen grosses ganses de laine, de diffrentes nuances,produisent des dessins assez artistiques. Sous lespieds, disposes en carrs, elles s'entre-croisent, for-mant damier.

LES COSTUMES ET LES TISSUS.Le costume diffre quelque peu, pour la forme,


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48 LE COSTUME EN EGYPTE DU III^ AU XIl^ SICLEdes vtements de l'poque prcdente. Pour leshommes, c'est la mme chemise, la mme robe,seule l'ornementation dnote que la mode a chang.La toilette des femmes comporte aussi la chemiseet la robe de lin, longues manches; mais l'enco-lure se rduit une fente pour passer la tte, qu'en-cadrent de larges ou d'troites rayures. Le mantelet,de grosse toile, gans sur le bord, est encore enusage; mais, ce n'est plus que l'exception. Un longchle, frang sur ses plus petits cts, le remplace.La rsille, le bonnet de dentelle restent ce qu'ilstaient, la priode prcdente encore, les piedssont invariablement nus.

Bien que la toile employe ces vtements soitassez grossire, les procds de tissage demeurentgalement les mmes, qu'il s'agisse de toile rousseou de mousseline, le dessin est excut fils tirs.L'ornementation, brode l'aiguille, sur ce canevas,change par contre de thmes et de nuances. Au lieudes figures symboliques, si en honneur aux siclesprcdents, l'on ne rencontre plus que feuillagesstyhss, arabesques et assemblages de polygones.

L'empicement des chemises et des robes est formde rayures ou de rosaces; de feuillages ou d'entre-


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LES COSTUMES ET LES TISSUS 49lacs gomtriques, alternant des rinceaux foliacsou florescents, ou mme des lianes arabescales.En mme temps, les entre-deux changent de forme;ils tombent sur la poitrine et le dos, termins parun polygone toile. Ce mme motif se rpte au


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50 LE COSTUME EN EGYPTE DU IW^ AU XII^ SICLEgamme des violets et des bruns. Pour le chle, onemploie un tissu crois, lisse ou ctel l'envers,pelucheux l'endroit, ou boucl, pareil un tapishaute lisse ou moquette de toile. Sur ce tissu, ledcor s'excute de mme la rserve, et consiste,tantt en cinq mdaillons, l'un trs grand, plac aucentre; les quatre autres, plus petits, disposs auxquatre angles; tantt de cinq polygones toiles. Lesuns et les autres se remplissent de feuillages styhss,d'arabesques ou de mandres; de figures gom-triques, esquisses en blanc ou en jaune. Aux deuxextrmits, une rayure est mnage, brode d'ani-maux passants ou de rinceaux arabescaux. Unefrange noue court sur les deux bords, sous des r-seaux de dessins infiniment variables. Quelqueschles de couleur sont aussi beaucoup plus varisde dessin. Sur un fond lisse, des assemblages poly-gonaux s'esquissent, tracs par des lignes bou-cles; au centre de chaque figure, un fleuron sem-blable s'tale, sur fond lisse aussi. Quelquefois enfin,le mdaillon ou le polygone central disparat, il nereste que les figures des quatre angles; chacundesquels prennent alors naissance deux pendentifs,retombant paralllement aux bords et termins par


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LES COSTUMES ET LES TISSUS 51un mdaillon ou motif toile semblable, mais pluspetit. Le linceul participe au rpertoire de ce dcor;il est particulirement brod de mdaillons ou depolygones, remplis d'entrelacs et de rinceaux, es-quisss en blanc ou en jaune. La rayure qui courtsur le milieu du corps est remplie de lgers rin-ceaux et d'arabesques. Vers la fin de cette priode,le dcor se simplifie; il ne reste qu'une bordure,semblable un galon, s'tendant sur les bords dela fente de l'encolure ; et d'troites rayures, rgnantsur les cts du vtement. Le dcor est alors fournipar une branche souple, peine ondule, chargede lgres folioles ou de fleurettes stylises; le tonest gnralement le bleu ou le violet.


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QUATRIME PRIODE

LA NECROPOLE DE DRONKAH.Avec la quatrime priode, une

volution s'accomplit : de byzantino-arabe qu'il tait, le costume devientuniquement arabe. Mais, l encore,la transition ne s'opre pas d'un seulcoup, et nombre de rminiscences,mlent aux modles nouveaux desthmes emprunts aux modles an-ciens.

Le nom moderne de Dronkah estcelui d'un petit village de la lisire dudsert libyque, au sud d'Assiout, laLycopolis des Grecs, qui, au tempsde la XIP dynastie, avait t l'unedes villes fodales les plus consid-rables de la Moyenne Egypte. La


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54 LE COSTUME EX EGYPTE DU III*-^ AU XII*^ SICLEncropole antique s'tend aux dclivits de la monta-gne, sur une longueur considrable; la plaine desable, courant leurs pieds, servit, de mme quedans toutes les autres rgions, de cimetires auxbasses poques; les Byzantins, les premiers, y enter-rrent leurs morts. Aux xi% xii^ sicles, la villearabe tait devenue, son tour, une ville florissante,moiti chrtienne, moiti musulmane. Le dsertd'Assiout avait t l'un des coins prfrs des anacho-rtes ; c'tait l qu'avait vcu saint Jean Lycopolis ;l, qu'autour de maintes tombes antiques, s'taientgroups des couvents, dont on voit les ruines encoreaujourd'hui. Toutefois, il est ais de distinguer lestombes chrtiennes des tombes musulmanes. Lespremires sont situes l'entour des anciens monas-tres ; les secondes, dans la dernire partie de laplaine, rejoignant la Hsire des terres cultives ; etse sont le plus souvent superposes aux cimetiresbyzantins.

Ces spultures musulmanes sont parses, sansordre, ici dissmines, l, groupes en rangs serrs,mais au hasard, ple-mle; le corps n'est plus dposdirectement dans le sable ; mais invariablement en-ferm dans un cercueil, ou mme une sorte de


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LA NCROPOLE DE DRONKAH 55cage, faite en branches de palmier. La caisse du cer-cueil, toujours trop longue, est en bois de dattierbrut, assemble par des clous ou des chevilles ; unetoile grossire l'enveloppe, maintenue l'aide defortes cordes. La cage d'osier qui en tient lieu estcompose de claies, faites de longues tiges, mainte-nues par des traverses, et pareillement enveloppede toiles, fixes par des cordes en fibres de palmier.Les enfants sont enferms dans des tuyaux de terreglaise, ou des jarres de terre cuite, de forme iden-tique celles employes encore aujourd'hui auxusages domestiques. Le plus souvent, ces jarres sontalors fermes par une cuelle, galement en terrecuite, maintenue par un peu d'argile, en guise deciment.Dans ces cercueils, les corps, moins bien prservs

que les corps byzantins, se sont dcomposs ; il nereste que les squelettes. Mais, de mme que lesByzantins, ces morts taient vtus; et leurs costumesse sont conservs. Ces costumes ont chang, tantpar la forme et dcoration, que par la nature del'toffe. C'est pour les hommes une chemise lgre-ment vase, que recouvre une pice d'tof"e, danslaquelle le mort est envelopp, ou pour mieux dire


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56 LE COSTUME EN EGYPTE DU III^ AU XII


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LA NCROPOLE DE DRONKAH 57largeur quivaut plus que la hauteur du corsage;elles s'adaptent de l'paule la hanche; de petitscarrs d'toffe, de deux centimtres de ct, possen losanges aux points de jonction, exagrent encorecette ampleur. Une ceinture sert toujours fixercette robe la taille, la coiffure est toujours la rsilleou le filet.Quelques spcimens curieux sont fournis par des

robes de mousseline transparentes, dont la formes'carte sensiblement de tous les modles jusque-len usage. Cette fois, le-vtement est rigoureusementrectangulaire, beaucoup plus large que haut. L'am-pleur est d'environ huit mtres. Une fente est m-nage au sommet, pour passer la tte. Point decoutures sur les cts ; cette robe reste flottante etouverte; quelques points fixent seuls, sur le bas, lesdeux panneaux. Toute cette ampleur se ramne enplis superposs sur les paules, de manire dgagerles bras, qui restent nus. Une ceinture longue passe la manire orientale, sur le devant du corps, pourse fixer par un premier nud sur le dos, puis, revenirs'agrafer dfinitivement sur le devant, au bas dubuste. Sur les cheveux, auxquels se mle une per-ruque natte, un long filet, pareil une cotte de


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58 LE COSTUME EN EGYPTE DU III'^ AU XII^ SICLEmailles, se pose, retombe sur les paules, et descendjusqu'au niveau des hanches, enveloppant tout lecorps. Un bonnet s'ajuste par-dessus, bonnet delaine, presque de feutre souple, de forme conique,dont le sommet se rabat sur Tarrire, couliss surune grosse ganse, qui, la coiffure une fois fixe surla tte, vient se nouer sous le menton. Le chle estune ample pice de laine blanche, raye de bleusur le bord, longue d'environ huit mtres. Prisesous l'aisselle droite, elle passe sur le dos, revient l'paule; remonte de biais, enveloppant la tte;pour, une fois encore, faire le tour du corps, sedraper dfinitivement sur l'paule gauche et retom-ber en longs plis sur le dos. Cet ajustement du chlepeut varier considrablement; un autre des typesprincipaux est forme par l'charpe longue, brode ses extrmits, qui s'ajuste en autant de tours,mais sans passer sur la tte. Dans ce cas, une autrepice de costume sert cette partie de la draperie.Rectangulaire aussi, elle est fortement ganse de troiscordelettes, qui assurent une parfiite rigidit. Posesur la tte, qu'elle encadre d'un cercle vas, elleretombe sur les paules, o elle est prise sousl'charpe. Le bonnet peut tre, lui aussi, rectangu-


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LA NCROPOLE DE DRONKAH 59laire, plus long que large, cousu sur deux de sescts angle droit. La couture du plus grand ctne rgne pas sur toute sa longueur, en sorte que lespans retombent flottants, de mme que dans lacoiffure encore aujourd'hui en usage au Maroc ouen Tunisie. Les pieds sont presque toujours nus;pourtant, l'on a quelques exemples de sandales, avecbride passant sous le pied.

Les soieries employes la confection des robessont quelquefois unies, et de nuances varies, rougecarmin, vert meraude ou jaune d'or. Le plus sou-vent pourtant, elles sont rayures, de tons tranchants,dans lesquels des motifs gomtriques s'assemblent.La gamme de ces tons est fort douce, et s'harmo-nise en demi-teintes, soutenues de quelques rehauts.Les ceintures de soie sont crues ; seules, les extr-mits sont broches, de rayures tons vivaces. Lesbroderies sur lin sont toutes excutes en noir ou enbleu, au plumetis. Partages en rayures longitudinalessur les chemises, elles consistent en semis de fleu-rettes ou en chanages de petits motifs gomtriques;hexagones entrecoups ou assembls, frettes tier-ces, entrelacs dcrits au moyen de paralllesrecoupes par des perpendiculaires, dans lesquelles


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60 LE COSTUME EN EGYPTE DU III AU XII^ SICLEon a men diagonalement les mmes espaces, l'in-tersection de chaque carr, ou de chaque secondcarr. Quelquefois, l'espace compris entre ces rayuresest couvert d'un pointill rgulier. Quelquefoisaussi, la rayure s'interrompt d'espaces en espaces,pour laisser place un mdaillon, comme frang deguipure. Mais, dtail qui a son importance, l'ara-besque, le rinceau courant n'entrent jamais dans cescompositions. Cette broderie d'ailleurs est identiqueaux broderies siciliennes, et cela s'explique. Auxii^ sicle, l'Egypte se trouvait place sous la domi-nation des KhaUfes fatimites, et ceux-ci, origi-naires du Moghreb, la Tripolitaine, avaient com-menc par s'emparer de la Sicile, alors au pouvoirdes Aghlobites, et de s'y fixer, avant de pntrersur la terre des Pharaons.

Ces divers types de costumes permettent uneclassification; les uns taient ports l'intrieur duharem, les autres au dehors, et, dans ce dernier cas,l'ampleur, comme aujourd'hui, est telle que sousles plis disparaissent les formes. Les premiers ontpour base la robe de moussefine, entirement trans-parente, ouverte sur les cts; aucun autre vtementn'est port dessous. L'ornementation est fort riche ;


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LA XCROPOLE DE DRONKAH 6lelle se compose de bandes d'inscriptions, en beauxcaractres polychromes, pris dans un rseau d'ara-besques fleuries, de nuances assorties, rappelant lesttes de pages des korans. Les seconds comportentune ou deux chemises de toile de lin, souventmme assez paisses et plus ou moins lgammentbrodes, la robe de soie, sur laquelle, quelquefois,est passe une petite veste droite, de soie raye, larges manches, et de tous les types de voiles tout l'heure dcrits.

Les costumes d'enfants sont largement repr-sents, par des spcimens complets, et d'un tat deconservation parfaite. A vrai dire, cependant, c'estmoins un costume d'enfant, qu'une miniature decostume ; un vritable modle, petite chelle, desvtements en usage alors. Celui des garons, seul,diffre un peu du costume des hommes. La chemiseest la mme, la robe aussi, mais, par-dessus celle-ci,est passe une petite veste de soie raye, garnied'une passementerie olives; de petites sandalessont la rduction minuscule des sandales desfemmes. Pour les fillettes, ce costume ne varie point.C'est la mme chemise, le mme chle, le mmemantelet, la mme rsille, les mmes sandales etGayet. 4


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62 LE COSTUME EN EGYPTE DU III^ AU XII^ SICLEjusqu' la mme perruque. Ce ne sont pas des en-fants, mais de petits hommes, et de petites femmes;modes qui du reste persistent encore aujourd'hui.

DAMIETTE.

Les ncropoles des environs de Damiette appar-tiennent, un peu, toutes les poques; les unesremontent aux rgnes des empereurs byzantins, lesautres la priode des Croisades. La ville tait l'instant de la conqute arabe (commencement duvii^ sicle), l'une des plus florissantes de la BasseEgypte, et tandis que le gnral grec Makaukass'enfermait Fostat, le Vieux Caire d'aujourd'hui,et tenait tte Amrou, gnralissime de l'armed'invasion, elle avait soutenir un sige en rglecontre un Egyptien, rcemment converti l'Isla-misme, le cheikh Chatah, qui, sorti de Tennis, bour-gade situe sur un lot, l'est du lac Menzaleh, la tte de ses compatriotes, tait venu l'investir, etavait fini par l'emporter d'assaut.

Aussi, nombreuses sont encore aujourd'hui lestombes remontant cette poque de la conqute.


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DAMIETTE 63Chatah, enterr quelques kilomtres de Damiette,a mme laiss son nom un pauvre village, perduau milieu des dunes, Cheikh Chatah, comptant peine quelques huttes, groupes autour de sontombeau. Par une concidence singulire, ce fut,six sicles plus tard, ce point prcis, qu'aborda laflotte des Croiss, venus la suite de Jean deBrienne, et qu' peine dbarqu, le beau-pre duclbre empereur d'Occident, Frdric II, installa lecampement des chrtiens. Aussi, le cimetire deceux-ci devait-il, forcment, se mler aux ancienscimetires bysantins et arabes, les dunes de CheikhChatah, qui de l'est l'ouest s'tendent sur les bordsdu lac Menzaleh, tant le seul terrain, de toute largion, l'abri de l'infiltration des eaux; Je seul,par consquent, o les cimetires pussent s'ins-taller.Une question a t pose toutefois, qui d'abord

mritait d'tre lucide. La Damiette de nos jourss'lve-t-elle sur l'emplacement de la Damiette deMakaukas et des Croiss ? Les auteurs ne sont pasd'accord sur ce point. Michaud, dans son histoiredes Croisades, place la Damiette de Jean de Brienneet de saint Louis, l'embouchure du Nil, dans la


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64 LE COSTUME EN EGYPTE DU III"^ AU XII^' SICLEMditerrane; l, o s'lve aujourd'hui l'Ezbet-Silsileh, c'est--dire, neuf kilomtres deDamiette;et d'autre part, le gographe AboulFdah et l'histo-rien Makrisi, que rarement nous prenons en dfaut,surtout lorsqu'il s'agit de la topographie de leurpays, parlant de la seconde expdition, commandepar saint Louis, s'expriment ainsi :

En 125 1, sous le rgne d'El Melek-es-SalehMoezz-ed-Din Ayoub, les Francs menaaient pourla seconde fois l'Egypte. Le 19'' jour du mois deChaban, en vertu d'une dcision, adopte l'una-nimit, par le conseil des mirs, on procda ladmoUtion de Damiette. Les murailles furent abat-tues, les maisons de la ville rases. La grande mos-que chappa seule la destruction. Quelques-unsdes habitants, les plus pauvres, se construisirent descabanes de roseaux, au bord du Nil, au milieu desterrains qu'occupait la ville, et tracrent ainsi leplan de la nouvelle enceinte, sur l'emplacement delaquelle s'lve la Damiette de nos jours.

Or, Makrisi vivait en 1450, et la Damiette denos jours, nous, a gard nombre de monumentscontemporains de l'historien arabe. Elle a de plusgard la mosque pargne par la destruction, et qui


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DAMIETTE 65s'lve au nord de la ville, au milieu des cimetiresinstalls sur les collines de dcombres, qui marquentle primtre de la cit dtruite par Moezz ed-DinAyoub. En fliut-il d'autres preuves ? Mais, la placequi s'tend devant cette mosque porte encore lenom de Barh-ed-dam, la mer de sang; tandis quederrire elle, s'ouvre le cheadah, l'enclos des mar-tyres, nom sous lequel les Musulmans dsignent lessoldats tombs pour la dfense de l'Islam ; et cesdeux noms, la tradition populaire veut encore qu'ilsremontent au temps des Croisades, et rappellent desanglants combats.

Ce premier point acquis, restait fixer l'empla-cement des campements de Jean de Brienne, et cecincessite l'expos de la topographie du pays.

Au-dessous de Damiette, la branche du Nil quibaigne ses murs dcrit un coude brusque vers l'est;et, neuf kilomtres plus bas, vient se jeter dans lamer, entre deux localits, dsignes aujourd'hui sousles noms de Ras-el-Barh , la tte du fleuve, etEzbet Silsileh, le Bordj-Silsileh, le donjon de laChane des historiens. Ce donjon a, de l'aveu detous, jou un rle considrable l'poque des Croi-sades. Plant dans une situation inexpugnable,

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66 LE COSTUME EN EGYPTE DU III'^ AU XII'= SICLEentre la mer, le lac Menzaleh et le fleuve, il com-mande l'entre de celui-ci. Son nom lui venaitd'immenses chanes de fer, qui, partant de l'une deses tours, barraient le Nil, de faon eh interdirel'entre aux galres des Croiss.

Ecoutez encore Makrisi : On installa sur ses tours les meilleurs soldats,

et l'on amarra des bateaux aux chanes, afin d'eninstaller d'autres, pour dfendre l'entre du fleuve.L'on coupa les arbres, et l'on creusa de tous ctsdes fosss. Mais bientt, des renforts tant arrivsde Syrie aux chrtiens, ceux-ci, au nombre de 70 000cavaliers et 400 000 fantassins camprent en facedu bordj. Ils creusrent des fosss, fortifirent leurcamp, construisirent des tours. Le sultan el-Kamelvoyant cela fit partir sa flotte du Caire; peinearrive, cette flotte brla nombre de vaisseaux chr-tiens, et resta quatre mois sous la place, pour endfendre l'approche. Les Francs russirent nan-moins couper les chanes, ce que voyant, le sultanprit le parti de couler ses vaisseaux, afin d'obstruerl'estuaire du Nil. Mais, les Croiss creusrent unancien canal, le Khalig el Azrac, le Canal Bleu, l'ancienne bouche mendsienne, y firent entrer


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DAMIETTE 67l'eau de la mer, et remontrent sur le lac, jusqu'Bourah, vis--vis des campements musulmans deMenzaleh.

Voici donc la situation bien tablie ; les Francsattaquent de front le bordj, mais celui-ci est impre-nable. Ils adoptent le parti le plus sage, tourner laplace. Ils font une brche la cte, de faon pn-trer dans le Menzaleh. Ils y font passer leurs vais-seaux, et investissent Damiette. Dsormais lescommunications taient coupes entre celle-ci etSilsileh.Ce second point tabli, pas besoin n'tait d'tre

stratgiste pour retrouver l'emplacement des campe-ments de Jean de Brienne. A trois kilomtres deDamiette, un promontoire s'avance dans le lacMenzaleh. C'est Cheikh Chatah, avec son anciennemosque, et le tombeau du cheikh, qui, aux tempsde la conqute arabe, s'tait en 620 empar de laville. Par de l, sur le Menzaleh, l'archipel duGheziret-ed-Dahab, les les d'or offrait unmouillage sr l'escadre. Plus loin encore, c'est lacte, o la brche ouverte existe toujours. Des son-dages faits Cheikh Chatah allaient confirmer cesdductions; des murs pais de deux trois mtres


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68 LE COSTUME EN EGYPTE DU Ul^ AU XII^ SICLEy donnent un plan parfait d'enceinte fortifie. Mais,le point capital, marquant la fouille, fut la dcou-verte d'une crypte, au fond de laquelle furentretrouvs de prcieux spcimens de tapisserie, admi-rablement conservs.

Cette crypte semble avoir appartenu une cha-pelle, leve l'intrieur du campement. Tout ves-tige de celle-ci a disparu, dvaste sans doute qu'ellefut, lors de la rentre des troupes musulmanes Damiette. En tous cas, les panneaux retrouvsfurent indubitablement les rideaux d'un ciborium ;car, en mme temps, une nappe d'autel tait dcou-verte auprs d'eux. C'tait l'usage courant, danstoutes les basiliques d'alors, d'abriter l'autel sous ledme petites colonnettes de l'glise primitive.Des rideaux pendaient ce ciborium et se drapaient l'entour de l'autel, que recouvrait la palla, lanappe, qu'il ne faut pas confondre avec le tableauque ce mot dsigna dans la suite, ainsi que l'a tabliDucange dans son glossaire, en donnant cette dfi-nition :

Plla, nom servant dsigner une broderieprcieuse, destine orner l'autel. Et, l'appuide cette dfinition, l'auteur cite ce passage : Obtulii


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DAMIETTE 69ecclesia quatuor palla , unain assignavit altari adpendanum.

Chacun de ces rideaux consiste en un panneaude toile rousse, orn sur ses deux cts de pilastres,excuts au petit point; l'un, fond bleu-violet, avecmotifs gomtriques esquisss en jaune; base sem-blable, et chapiteaux feuilles d'acanthe; l'autre,noir, avec tresses ondules, vertes, rouges et jaunes;base verte, o s'estompent deux carrs rouges, etchapiteaux feuillages jaunes et bleus, sur fond vert.Sur chacun de ces chapiteaux, est pose une ttede Christ, nimb d'une aurole jaune ou rouge; tan-dis que sur le champ du rideau, s'tale un semis deroses stylises, accostes de feuillages verts. Quant la nappe d'autel^ elle est de fin lin, brode d'un autresemis de roses stylises en calices; la rose mystique;et d'arbres paradisiaques vert ple, chargs de fleu-rettes bleues, jaunes et roses. La bordure, em-prunte, elle aussi, au rpertoire du symboHsme, estfournie par le vase, d'o s'chappent des vignes char-ges de raisins. Toute cette bordure, excute auplumetis et point de rose est une merveille de colo-ris et de finesse. Les vases sont bruns et jaunes,autant vaudrait dire or ple sur or fonc ; les tiges


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DAMIETTE 7Ides glises alexandrines, situes dans cette rgionde la cte, et furent sans doute fabriqus CheikhChaah. Depuis plusieurs sicles, cette localit taitl'une des plus rputes pour ses tapisseries ; etMakrisi, auquel il faut toujours en revenir, lorsqu'onveut tre exactement renseign sur les choses deson pays, nous apprend encore, qu'au temps deHaroun-er-Reschid, l'on y excutait les tentures dela Kaabah de la Mekke.

L'aspect des cimetires est difficile tablir d'unefaon positive. Exposs aux infiltrations de la mer etdu lac Menzaleh, nombre de tombes ont t enva-hies par les eaux. De plus, le mlange constant del'poque de la conqute arabe et de celle des Croi-sades compHque encore singulirement la classifi-cation des spultures. Partout, o un replis desdunes offrait un abri sr, un cimetire de l'poquebyzantine s'tait install. Enfin, une dernire causevient encore aggraver cette incertitude. Les tombesqu'il est permis de reconnatre pour byzantinesappartiennent, d'aprs les costumes ports par lesmorts, au type particulier qui caractrise le rgnede Justinien. L'on retrouve, sur ces robes, ces mmesarchitectures arceaux, ces mmes personnages


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7^ LE COSTUME EN EGYPTE DU III^ AU XII^ SICLEsymboliques, ces mmes figures de saints guerriers,ces vignes, ces roses, ces oiseaux, ces poissons, cesanimaux passants et rampants, d'aspect hraldique,ces plantes, ces fleurs stylises, d'un faire si parti-culier, qu'il constituerait le type d'une poque,n'tait leur prsence sur ces monuments incertains.Or, l'arme des Croiss semble, d'aprs quelquesspcimens bien tablis, avoir adopt des modes ana-logues. L'arme de Jean de Brienne renfermait, n'en pas douter, des contingents italiens, venus destats de son gendre, l'empereur d'Occident,Frdric II. Un mlange particulier de civilisationorientale et occidentale, fort en honneur alors dansla Pninsule, y avait introduit des modes byzan-tines, tempres au gr des prfrences germaniques.Arrivs en Egypte, les soldats les portaient au cam-pement, ne revtant l'armure, qu'au signal de labataille prochaine; et ces vtements, mi-partie orien-taux, c'tait encore ces sortes de chappes, sansmanches, ces ceintures d'tofle, ces manteaux delaine, qu'en Egypte, nous retrouvons la mmepoque, probablement achets sur place, auprs desmarchands coptes habitus tisser et broder lesvtements chrtiens.


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DA.MIETTE 73Dans CQS conditions, on comprend qu'il est diffi-

cile, pour ne pas dire impossible, d'affirmer quetelle ou telle tombe date de l'poque byzantine oude celle des Croisades, surtout lorsqu'il s'agit d'unespulture chrtienne. Quand les indications fourniespar l'anthropologie permettent de classer les corpscomme appartenant une race europenne, l'hsi-tation est moins grande, mais le doute subsiste tou-jours, quant l'origine du vtement. En se basantuniquement sur certains dtails d ornements, laprsence par exemple d'animaux, de plantes ou defigures, que l'on pourrait classer comme autant defigures hraldiques, l'on obtint sans doute une clas-sification fiicile; mais, des nuances tellement insai-sissables sparent, dans ces ncropoles, les diversespoques en prsence, qu'il convient de se faire scru-pule de se montrer trop affirmatif.

Ces restrictions poses, le mode de spulture enusage dans les cimetires des dunes de Damiette,s'tendant le long des ctes du lac Menzaleh, de BordjSilseleh Cheikh Chatah, et de Cheikh Chatah Matarieh, en face des Iles d'or, o se tenait mouilleTescadre, est le caveau maonn. Ce caveau ne res-semble point, toutefois, celui d'Antino ; au lieu deGayet.


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74 LE COSTUME EN EGYPTE DU III'^ AU XU^ SICLEces spulcres de dalles, bien appareilles, jointes auciment, leur maonnerie consiste en quartiers depierres, non quarries. Quelquefois mme, la pierretant assez rare, on y supple par une agglomra-tion de cailloux et de morceaux de briques, noysdans du ciment. Le couvercle est, tant bien quemal, form de quelques gros moellons irrguliers,assembls par des procds analogues. Dans cecaveau primitif, le mort est couch, vtu et enve-lopp d'un linceul.

Ces caveaux sont-ils ceux des soldats croiss ?L'on est tent de rpondre par l'affirmative, bienque, le plus souvent, il soit impossible d'en fournirde preuves. Sur nombre de corps, la croix appa-rat, soit brode sur les toffes, soit attache unchapelet de coquillage; sur les autres, la croix estabsente ; par contre, un bracelet, pass au poignet,porte un petit rouleau de parchemin, o sont critsquelques versets du koran, enferm dans un tuide cuir. Ce talisman, encore maintenant en usage,parmi les musulmans constitue tout au moins unindice. Il est vrai, cependant, que l'un de ces bra-celets a t retrouv dans une tombe, o figurait lacroix; mais, il est permis de supposer, qu'on se


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DAMIETTE 75trouve, en ce cas, en prsence d'un trophe, con-serv en souvenir d'une action clatante. D'ailleurs,ces versets, en eux-mmes, n'avaient rien de cho-quant, pouvant les exclure d'une tombe chrtienne ;ils proclamaient la toute-puissance divine, sans h'ircallusion la religion de l'individu. A part cela, cesont, dans les unes et les autres spultures, lesmmes chemises, les mmes robes, que l'on diraitcopies sur les modles justiniens, avec empice-ments rayures, crneaux, mdaillons, architectures,abritant des figures symboHques, presque hral-diques. Phnix, pareils des aigles au vol abaiss;palmiers ou oliviers paradisiaques, styliss en cr-quiers; images de saints guerriers ou d'archanges.Sur nombre de robes, il est vrai, la croix se dtachesur la poitrine, cercle d'une couronne de feuillageou tale sur un mdaillon. Mme bonnet de toileou de soie, uni, ou brod d'or, quatre segmentssphriques, monts sur un bandeau circulaire, rap-pelant le casque d'alors; mmes manteaux, d'untissu spcial, vritable tapis de haute lisse, pareil ceux que l'on fabrique encore aujourd'hui. Chemiseset robes sont pourvues de longues manches, lesmanteaux, par contre, n'ont que les fentes mnages


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76 LE COSTUME EN EGYPTE DU III^ AU XIF SICLEpour passer les bras, ouvertes au niveau de l'paule.De forme rigoureusement rectangulaire, les unssont ouverts devant, sur toute leur hauteur; lesautres, au contraire, entirement ferms, n'ont enhaut qu'une fente, juste assez large pour passer latte. Une ceinture de laine, franges tresses deplusieurs couleurs, sert fixer cette robe la taille ;mais, le plus souvent, est remplace par un cein-turon en cuir cisel et repouss, agraf par desanneaux de mtal ou assujetti par des liens de cuir;le porte-pe et les baudriers s'y attachent sur ledevant, par d'autres fils de cuir, rouls ensemble, la faon d'une cordelette. Au poignet, est le braceletdj cit; dans les mains, le chapelet de plerin, encoquillages, avec petite croix de nacre; enfin, pos ct du corps, un bton, trs haut, liss ou garnid'appliques de cuivre ou de cuir.Un modle particulier est fourni par un capuchon

de laine jauntre, vraie cagoule de moine du MoyenAge, fix par des cordons cbls, jaunes, verts etrouges; une ganse semblable rgne sur la couturemdiale, assemblant les deux cts. A droite et gauche, sont brods en rouge, vert et brun la croixet le monogramme. Sur le devant d'une autre robe,


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DAMIETTE 77s'tale une grande croix, couvrant la poitrine, jaune,seme de disques bleus et rouges, dont la tonalitrappelle encore les rubis et les saphirs sertis dansune monture d'or. Un manteau de tissu bouclmrite une autre mention. Ses rayures, disposesen losanges, enferment des croix ; non pas la croixgrecque, que l'on rencontre habituellement, maisanse, spciale l'Egypte. Cette particularit a sonimportance, car cette croix, forme christianise dusymbole de vie et de rsurrection, la priode pha-raonique, le Ankh des textes hiroglyphiques, taitd'un usage courant dans le rituel alexandrin. Etcependant, la spulture n'tait point celle d'unEgyptien, mais d'un homme de race europenne. Avrai dire pourtant, les Coptes ne se recrutaientpoint seulement parmi la population indigne, maiscomptaient parmi leurs adeptes nombre de Grecs etde Syriens. En faudrait-il conclure que cette spul-ture remonte l'poque de la domination arabe ?Mais, le reste du costume est identique celui pro-venant des tombes environnantes ; et celles-ci,maints indices, la forme des bonnets de soie, ledessin des ceintures, la prsence de la croix, prou-vent qu'on se trouve en prsence de spultures du


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78 LE COSTUME EX EGYPTE DU III^ AU XW SIECLExiii^ sicle, et quelles pouvaient-elles tre, sinoncelles des soldats croiss ?Deux toffes seulement concourent la confectionde ces costumes : le lin et la laine. Chemises etrobes sont de grosse toile, presque rousse; seuls, lesmanteaux sont trame de laine, sur chane de lin.Le dcor de ces chemises et de ces robes est excutselon les mmes procds de tissage qu' la priodeprcdente; le dessin est rserv, sur tils tirs, puisexcuts l'aiguille, aprs coup. Le rpertoire restece qu'il tait aussi alors ; compos de reprsenta-tions symboliques, de figures hroques et de thmesstyliss, si proches parents des armoiries, qu'onn'oserait se prononcer sur le rle exact jou pareux. La forme de l'aigle, au vol abaiss surtout,rappelle l'aigle de la maison de Souabe, dont lachute la bataille de Grandella, sembla au fils deFrdric II, le roi de Sicile Menfred, un si funesteprsage, qu'il se prcipita dans les rangs de l'armede Charles d'Anjou, pour y trouver la mort. A ctde cette figure, dont l'importance est caractristique,bien d'autres pourraient tre considres commefigures hraldiques; arbres, fleurs, animaux passantsou rampants. A part cela, comme on l'a vu plus


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DAMIETTE 79haut, ce dcor comporte des architectures byzan-tines, lignes de mdaillons et arabesques courantes.La polychromie y rgne en matresse, tons domi-nants bruns, rouges, jaunes et verts. Monochrome,les bleus et les violets sont seuls employs ; par excep-tion, les verts, surtout lorsque le dcor comporte desfeuillages. Le tissu des manteaux est le tissu boucl,dj dcrit, ou celui des tapis d'Orient. Dans lepremier cas, il consiste gnralement en larges m-daillons et rayures d'encadrement, ton violet,sur fond de toile ctele. Dans le second, dessin etcoloris participent de ceux du tapis. Une bordured'encadrement foit le tour du manteau ; sur les pans,de larges carrs ornent le devant, mesurant de ctenviron un demi-mtre. C'est tantt des raies decurs, imbriques, jaunes, rouges, vertes, violettes ;tantt des dessins gomtriques, rouges, sur fondvert; ou bleus, sur fond brun.


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CLASSIFICATION PAR PERIODESDES

COLLECTIONSRECUEILLIES AU COURS DES FOUILLES


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CLASSIFICATION PAR PRIODESDES

COLLECTIONSRECUEILLIES AU COURS DES FOUILLES

PREMIRE PRIODEN" I. Der-el-Dyk. Robe romaine :

entre-deux fond brun,dcors jaunes, figures d'en-fants, animaux passants,oiseaux, poissons et algues.

Carrs d'paules, bor-dure crnele, rinceauxau milieu desquels sedtache Apollon sur sonchar entour des muses.

Carrs du bas de lajupe; d'un ct Apollon


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84 LE COSTUME EN EGYPTE DU 111'= AU XII^ SIECLE

sur son char; de l'autre, Thse com-

battant les monstres ; dans un coin, Arianedebout resiarde la scne de loin.


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PREMIERE PRIODE 8s

N'^ 2. Der-cl-Dyk. Fragment de tunique romaine;mdaillons d'paule, encadrement d'ara-besques ; Apollon debout sur son char.Entre-deux, branche ondule d'arabes-ques courantes.

N" 3. Dcr-cl-Dyh. Fragment de tapisserie, per-sonnages mythologiques ; bordure rin-ceaux florescents.


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86 .E COSTUME EX EGYPTE DU IIl^ AU XII'^ SIECLE

N^ 4. Dcr-el-Dyk. Tuniqueromaine, empi-cement rougeet vert, bordured'arabesques;^^g^ mdaillons d'-paule et du bas

e la jupe, fond vert, person-nages mythologiques, rouges,esquisss en jaune.

N 5. Der-el-D\l\ Manteau romain,grand panneau d'angle sur le


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PREMIERE PERIODE 87bas, damier de laine boucle, verte, bor-dure arceaux semblables.

N'' 6. Der-el-Dyk. Fragment de tapisse-rie; monstres marins busted'homme, jouant de la flte depan, et figures de femmesnues, enveloppes dans desrinceaux.

N^ 7. Der-el-Dyk. Carr d'paule, avecfigure de Grs; encadrementform de m-daillons et delosanges orne-Hians.


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LE COSTUME EX EGYPTE DU III^ AU XII^ SICLE ^

N 8. Dcr-cl-Dyk. Tapisserie romaine, en deuxpanneaux. Rayures nattes, franges enfers de lance ; lignes de rinceaux, enfer-mant des animaux passants; figures debacchantes tenant des cymbales et depersonnages dansants. Petits panneaux


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PREMIRE PRIODE 89encadrs, enfermant des tritons et desligures de femmes nues ; entre-deux ara-bescaux, enfermant des feuilles trfles,des oiseaux et des motifs lobs.

N 9. Dcr-cI-Dyk. Tapisserie romaine, arbres sty-liss et folioles dtaches.

N 10. Dcr-el-Dyk. Fragment de tapisserie, dustyle gyptien, ttes d'enfants, les che-veux fixs par un bandeau, fleurs delotus.

N" 1 . Dc'ir-cJ-Dyk. Fragment de tapisserie, de stylegyptien, poissons et feuilles de lotus.

N 12. Der-d-Dyk. Fragment de tapisserie, satyresjouant de la flte de pan.

N 13. Ddv-cl-Dyk. Fragment de tapisserie, ani-

(1900) Palais Du Costume, Le Costume en Egypte Du Ille Au XIIIe Siecle

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