Samedi 31 octobre17h | Réfectoire des moines

O SolitudePaul-Antoine Bénos-Djian contre-ténorLe Consort Théotime Langlois de Swarte et Sophie de Bardonnèche violons ; Louise Pierrard viole de gambe ; Justin Taylor clavecin

Henry Purcell (1659-1695) Ground pour clavecin Sonata of Four Parts Z 807

John Blow (1649-1708) Welcome ev’ry Guest

Henry Purcell If Music be the food of love

Nicola Matteis (1650-1714) Preludio, Bore

Henry Purcell Music for a while

Nicola Matteis Baletto, Andamento

Henry Purcell Curtain Tune O solitude Strike the viol

Nicola Matteis Triosonata in g minor (Preludio, Presto, Adagio, Sarabanda, Gavotta, Largo, Giga)

John Blow An ode of the Death of Mr Henry Purcell

John Eccles (1668-1735) The Mad Lover

Nicola Matteis Sarabanda amorosa

Henry Purcell Here the deities approve

FestivaldeRoyau

FestivalP R O

G R A

M M E

mont

O SolitudeEn 1698 et 1702, Henry Playford (1657-ca.1707) publia une anthologie posthume des œuvres d’Henry Purcell, sous le titre d’Orpheus Britannicus. Ces deux volumes, qui donnèrent son surnom au compositeur, renferment sans conteste quelques-uns des plus beaux airs (solos, duos et trios) avec ou sans symphonie (de violons ou de flûtes) et basse continue de la musique baroque européenne. « L’extraordinaire talent de l’auteur dans toutes sortes de musiques est suffisamment connu, écrit Playford, mais il fut tout particulièrement admiré pour sa musique vocale, possédant un génie particulier pour exprimer l’énergie des mots anglais, par quoi il éveillait les passions de ses auditeurs. »

Purcell a laissé près de deux cents songs dans lesquels musique et poésie sont effectivement mises au service de l’expression. « La Musique et la Poésie ont toujours été considérées comme des sœurs qui marchent main dans la main et se soutiennent mutuellement, écrit-il lui-même dans la préface de son Dioclésian (1691). […] Toutes deux peuvent exceller séparément, mais, assurément, elles atteignent la plus grande excellence quand elles sont réunies ; car rien ne manque alors à la perfection de l’une ou de l’autre. »

C’est bien naturellement à la source de Shakespeare que l’Orpheus puisa notamment son inspiration. Comme

par exemple pour If music be the food of love, dont le premier vers est tiré de La Nuit des rois. Purcell entretint d’ailleurs une relation privilégiée avec le monde du théâtre qui connut une nouvelle effervescence après 1660. Durant les six dernières années de sa vie, il collabora à près d’une quarantaine de pièces en intégrant des intermèdes musicaux aux moments des changements de décor ou au cœur de l’action dramatique. Music for a while écrit pour l’Œdipus de John Dryden et Nataniel Lee en offre peut-être le plus émouvant témoignage. Purcell choisit d’inscrire les langueurs de ce song incantatoire dans la forme, nouvelle pour l’époque, du da capo (A-B-A) venue d’Italie.

C’est encore aux musiciens italiens que Purcell emprunte le procédé de la basse obstinée, appelé ground outre-manche. En subtil coloriste et maître en rhétorique musicale, Purcell détourne la monotonie de la répétition obsédante d’un motif de basse par une invention mélodique libre, fluide et toujours renouvelée. Il en est ainsi dans O solitude, sommet d’expression de la mélancolie, fondé sur la réitération, pas moins de vingt-huit fois du même ostinato de quatre mesures…

L’Ode sur la mort de Mr. Henry Purcell, poème de J. Dryden mis en musique par son maître John Blow, dont on entendra ici un extrait, constitue un des plus beaux

« tombeaux » jamais élevés à la mémoire d’un grand artiste.

On sait peu de chose de Nicola Matteis, sinon que ce compositeur originaire de Naples mourut à Colkrik dans le Norfolk. Sa personnalité fantasque voire insaisissable transparaît dans sa musique à la virtuosité et l’inventivité indéniables. Une autre facette du style musical « anglo-latin » en somme.-Thomas Vernet – Bibliothèque musicale François-Lang - Fondation Royaumont

La Bibliothèque musicale François-Lang conserve deux exemplaires de l’Orpheus Britannicus, A collection of all the choicest songs for one, two and three voices… Together, with such symphonies for violins or flutes, as were by Him design’d for any of them : and a through-bass to each Song ; figur’d for the organ, harpsichord, or theorbe-lute…, London, J. Heptinstall, for H. Playford, 1698. – et Orpheus Britannincus, […], The second book, which renders the first compleat, London, William Pearson, for H. Playford, 1702.

Paul-Antoine Bénos-Djian contre-ténor* 2015 : l’Art de bien chanter les cantates de Bach avec Raphaël Pichon et Sébastien Daucé ; 2017 : Incubateur Rinaldo de Haendel avec le Caravensérail - Bertrand Cuiller. 2020 : formation Académie Orsay-Royaumont avec Véronique Gens et Susan Manoff

Paul-Antoine Bénos-Djian est amené à travailler auprès de nombreux artistes d’horizons divers (C. Rousset, H. Niquet, M. Piquemal, J.-C. Malgoire, J-P Drouet) et à se produire dans des lieux tels le Theater an der Wien, l’Opéra Royal et la

Chapelle Royale de Versailles, l’Arsenal de Metz, l’Opéra d’Avignon, l’Opéra de Montpellier, l’Opéra de Massy, la Fondation Louis Vuitton, les Universités de Lafayette et Bâton Rouge (USA).

Lauréat de la Fondation Royaumont, il a chanté Ottone dans Agrippina de Haendel avec Christophe Rousset et les Talens Lyriques, Unulfo dans Rodelinda au Théâtre des Champs-Élysées avec Emmanuelle Haïm et Le Concert d’Astrée

Le Consort* 2019 : concert Venez chère Ombre avec Eva Zaïcik. 2020 : résidence de recherche en bibliothèque ; résidence et concerts scolaires La Fontaine en musique avec Victoire Bunel et Manuel Weber

Le Consort, ensemble de musique de chambre unique en son genre, réunit quatre jeunes musiciens qui interprètent avec enthousiasme, sincérité et modernité le répertoire de la sonate en trio.

En juin 2017, Le Consort remporte le Premier Prix et le Prix du Public lors du Concours International de Musique Ancienne du Val de Loire, présidé par William Christie. L’ensemble s’est produit à Paris (Salle Cortot, Auditorium du Louvre...), à l’Opéra de Dijon, au Festival de Pâques de Deauville, à l’Arsenal de

Metz, au MA Festival Brugge (BE), au Festival de Sablé...

Le Consort se plaît également à défendre le répertoire vocal en collaborant très étroitement avec la mezzo-soprano Eva Zaïcik. Ils ont enregistré un programme de cantates françaises, Venez chère ombre, paru en janvier 2019 chez Alpha Classics et unanimement salué par la critique.

L’ensemble est en résidence à la Fondation Royaumont (2020-2022). Le Mécénat Musical Société Générale est le mécène principal de l’ensemble Le Consort. En résidence à la Banque de France. En résidence à la Fondation Singer Polignac. Avec le soutien de la DRAC Île-de-France. Membre de la FEVIS.

* collaborations antérieures avec Royaumont

John BlowWelcome ev’ry guest

Welcome ev’ry guest to the Muses Feast : Musick is our only cheer, Musick entertains the Ear : Welcome ev’ry guest to the Muses Feast. The sacred Nine, observe ! Observe the Mode, And bring you dainties from abroad. The delicious Thracian Lute, And Dodona’s mellow Flute, With Cremona racy Fruit, At home you have the freshest Air ; Vocal, Instrumental Fare. Our English Trumpet, nothing has surpass.

Henry PurcellIf music be the food of love

If music be the food of love, Sing on till I am fill’d with joy; For then my list’ning soul you move To pleasures that can never cloy. Your eyes, your mien, your tongue declare That you are music ev’rywhere.

Pleasures invade both eye and ear, So fierce the transports are, they wound, And all my senses feasted are, Tho’ yet the treat is only sound, Sure I must perish by your charms, Unless you save me in your arms.

Music for a while

Music for a while Shall all your cares beguile. Wond’ring how your pains were eas’d And disdaining to be pleas’d Till Alecto free the dead From their eternal bands, Till the snakes drop from her head, And the whip from out her hands.

Bienvenue à tous les invités

Bienvenue à tous les invités à la fête des Muses : La Musique est notre seule joie, Elle divertit l’Oreille : Bienvenue à tous les invités à la fête des Muses : Les neuf sacrées, suivez le ton, Et que cela vous apporte les délicatesses de l’étranger. Le délicieux Luth de Thrace, Et la douce Flûte de Dodona, Avec le Fruit racé de Crémone, À la maison vous avez l’air le plus frais ; Nourriture Vocale et Instrumentale. Notre Trompette anglaise, que rien ne surpasse.

Si la musique est la nourriture de l’amour

Si la musique est la nourriture de l’amour, Chante jusqu’à ce que je sois plein de joie. Car alors mon âme qui écoute est émue par toi Vers des plaisirs qui ne peuvent jamais être rassasiés. Tes yeux, ta mine, ta langue déclarent Que tu es la musique partout.

Les plaisirs envahissent à la fois l’œil et l’oreille, Les transports en sont si violents qu’ils blessent, Et tous mes sens se délectent, Bien que le plaisir soit seulement sonore, Sûrement je vais mourir par tes charmes, À moins que tu ne me sauves dans tes bras.

La musique un moment

La musique un moment Trompera tous vos tourments. Vous vous étonnerez de voir vos douleurs soulagées, Et ne daignerez être satisfaits, Jusqu’à ce qu’Alecto libère les morts De leurs liens éternels ; Jusqu’à ce que les serpents tombent de sa tête, Et le fouet de ses mains

O Solitude

O solitude, my sweetest choice! Places devoted to the night, Remote from tumult and from noise, How ye my restless thoughts delight! O solitude, my sweetest choice!

O heav’ns! what content is mine To see these trees, which have appear’d From the nativity of time, And which all ages have rever’d, To look today as fresh and green As when their beauties first were seen.

O, how agreeable a sight These hanging mountains do appear, Which th’ unhappy would invite To finish all their sorrows here, When their hard fate makes them endure Such woes as only death can cure.

O, how I solitude adore! That element of noblest wit, Where I have learnt Apollo’s lore, Without the pains to study it.

For thy sake I in love am grown With what thy fancy does pursue; But when I think upon my own,

I hate it for that reason too, Because it needs must hinder me From seeing and from serving thee.

O solitude, O how I solitude adore!

Ô Solitude

Ô que j’aime la solitude ! Que ces lieux consacrés à la nuit. Éloignés du monde et du bruit, Plaisent à mon inquiétude ! Ô que j’aime la solitude !

Mon Dieu ! que mes yeux sont contents De voir ces bois, qui se trouvèrent À la nativité du temps, Et que tous les siècles révèrent, Être encore aussi beaux et verts Qu’aux premiers jours de l’univers !

Que je prends de plaisir à voir Ces monts pendants en précipices. Qui, pour les coups du désespoir Sont aux malheureux si propices. Quand la cruauté de leur sort Les force à rechercher la mort.

Oh ! que j’aime la solitude ! C’est l’élément des bons esprits, C’est par elle que j’ai compris L’art d’Apollon sans nulle étude.

Je l’aime pour l’amour de toi, Connaissant que ton humeur l’aime ; Mais quand je pense bien à moi.

Je la hais pour la raison même : Car elle pourrait me ravir L’heur de te voir et te servir.

Ô que j’aime la solitude !

Strike the Viol

Strike the Viol, touch the Lute; Wake the Harp, inspire the Flute Strike the Viol, touch the Lute; Wake the Harp, inspire the Flute:

Sing your Patronesse’s Praise, Sing, in cheerful and harmonious Lays.

John BlowOde on the Death of Purcell

So ceas’d the Rival Crew When Purcell came, They sung no more, Or only sung his Fame, Stuck dumb, They all admir’d the matchless man, Alas, too soon retir’d, As he too late began !

Henry PurcellHere the deities approve

Here the deities approve The God of Music and of Love; Ali the talents they have lent you, Ali the blessings they have sent you, Pleased to see what they bestow, Live and thrive so weil below.

Pincez la viole

Pincez la viole, jouez du luth ; Éveillez la harpe, soufflez la flûte Pincez la viole, jouez du luth ; Éveillez la harpe, soufflez la flûte :

Chantez l’hymne de votre Sainte Patronne, Chantez de tendres et harmonieux vers.

Ode sur la mort de Purcell

Ainsi quand Purcell vint, il fit cesser la foule de ses rivaux, Ils ne chantèrent plus, Ou ne chantèrent que sa gloire, Muets, tous admiraient cet homme incomparable, Hélas, trop tôt parti, Lui qui trop tard avait commencé !

Ici, les dieux apprécient

Ici, les dieux apprécient, Le dieu de la musique, le dieu d’amour, Tous les talents qu’ils vous donnèrent, Toutes les bénédictions qu’ils vous ont envoyées ; Satisfaits de voir que leurs dons Vivent et prospèrent si bien ici-bas.

SoutiensAction financée par la Région Ile-de-France dans le cadre du Fonds régional pour les talents émergents (FoRTE)

L’ensemble Le Consort est en résidence à la Fondation Royaumont (2020-2022).

Concert offert par le Comité Henry Goüin, club d’entreprises mécène de la Fondation Royaumont. En 2020, Le Comité Henry Goüin poursuit son soutien aux ateliers d’éveil à la culture pour les enfants ainsi qu’aux activités de la Bibliothèque musicale François-Lang. Le Comité Henry Goüin participe également à l’aide à la diffusion hors les murs des œuvres créées à Royaumont, et s’engage à soutenir la résidence du Consort.

La Fondation Bettencourt Schueller est le mécène principal du Pôle Voix et répertoire de la Fondation Royaumont.

Protocole sanitaire- le port du masque est obligatoire dans la salle de concert

- à la fin du concert, merci d’attendre les instructions du personnel d’accueil pour quitter votre place

Une borne de don pour préserver nos actions d’intérêt généralChers spectateurs,

La Fondation Royaumont met une borne de don à la disposition de celles et ceux qui souhaitent soutenir ses actions en faveur du patrimoine, des artistes et des enfants.

Elle se trouve dans le passage du cloître. Le montant est libre, avec paiement sans contact. Vous pourrez demander un reçu fiscal après votre paiement (déduction 66 % pour les particuliers).

Nous vous remercions pour votre soutien.