13- Le bois et les bâtiments culturels - RND · des faits objectifs comme la qualité acoustique,...

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13- Le bois et les bâtiments culturels

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  • AU SOMMAIRE :Bois et bâtiments culturels,une complicité naturelle

    Pages 2 et 3

    Le Musée de la Forêt etdes Eaux au domainede Bérinzenne (Spa) :Le bois contribue à fédérertrois bâtiments existants

    Pages 4 et 5

    L’aile nord du château duVal Saint-Lambert à Seraing :Le bois fait battre un cœurhistorique et moderne

    Pages 6 à 9

    La Maison du Parc Naturelà Bon-Secours (Péruwelz) :Le bois rapprochenature, pédagogieet espace de travail

    Pages 10 à 13

    La bibliothèque de l’ÉcoleSupérieure des Arts Saint-Lucà Tournai :Le bois donne naissance àun “navire de la culture”

    Pages 14 et 15

    CRÉDITS :Les textes sont la propriété des architectes pour les différents projets

    présentés, de Valbois RN et de La Fibre Comm. Toute reproduction,

    même partielle, des textes et des documents de cette publication, est

    soumise à l’approbation préalable de leur(s) propriétaire(s).

    Réalisé en octobre 2009

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    Notre couverture :L’aile nord du château duVal Saint-Lambert à SeraingPhoto : © Serge Brison

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    Bois et bâtiments culturels,une complicité naturelle

    Le bois fait partie des matériaux de construction les plus anciens et les plus utilisés parl’humanité. À travers tous les temps, et transcendant toutes les cultures, il accompagnela vie de nos civilisations. En ces termes, plus qu’un patrimoine, le bois est devenu unreflet culturel de notre société.Alors, quand il s’agit d’ériger un bâtiment culturel, ouvrage qui par essence invite à laréflexion, à l’interrogation, à la remise en cause, il est important que le public soitaccueilli par des matériaux identifiés et porteur de valeurs communes.Le bois, comme la pierre, est de ceux-là. Matériaux naturels, ils apportent une chaleuret un sentiment d’épanouissement sans commune mesure.Vraisemblablement parce qu’il s’agit d’un matériau travaillé par la main de l’homme, ilconserve une proximité avec nous. Quel que soit le lieu, la présence de bois rendl’endroit plus accueillant, sans comparaison aucune avec les murs blancs, froids d’ou-vrages impersonnels.Parce que le bois est un socle, une base identitaire que nous partageons, il a une légi-timité naturelle à être utilisé dans les bâtiments culturels.

    Mais le bois, présent dans un premier temps de manière brute, a su enrichir son voca-bulaire pour accompagner l’évolution des techniques de construction. En témoigne ladiversité des produits bois, actuellement disponibles.Avec les bâtiments culturels, le bois trouve un terrain d’expression à la dimensionde ses possibilités. En structure, via une charpente par exemple, il attire le regard etévoque la maison traditionnelle, lieu synonyme de sécurité. En revêtement extérieur, lebois joue avec son environnement, pour mieux s’y intégrer. Grâce à lui, d’imposantsvolumes se fondent mieux dans le paysage.Mais s’il est un domaine dans lequel le bois et les bâtiments culturels cultivent le plusde proximité, c’est bien en intérieur. Revêtements de sol sous la forme de planchers,revêtements muraux en lambris ou en panneaux, portes, escaliers… sont autant d’élé-ments en bois qui concourent à un sentiment de bien-être. Un sentiment corroboré pardes faits objectifs comme la qualité acoustique, thermique, hygrométrique induite parl’utilisation du bois.

    Bois et bâtiments culturels sont donc bien des partenaires inséparables. Hormisquelques références avant-gardistes, le bois y fait consensus.

    Parler de bâtiments culturels, c’est se référer à uneétonnante diversité d’ouvrages. Musées, bibliothèques,centres d’interprétation, salles d’exposition, cinémas,médiathèques, églises… sont autant de lieux qui ont encommun de réunir les Hommes autour d’une même idée :développer leur sens critique, leur goût, leur jugement.Pour garder ces facultés en éveil, les concepteurs créentdes lieux où peuvent régner calme, chaleur et convivialité.Dans un tel contexte, le bois est très souvent présent. Riend’étonnant à cela, ce matériau est une référence culturelleforte dans nos sociétés, et un complice particulièrementadapté à l’invention d’espaces de sérénité.

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    age LE POINT DE VUE DU SOCIOLOGUE

    La parole à Claude JaveauProfesseur émérite de sociologie de l’Université Libre de BruxellesConférencier, chroniqueur et écrivain

    « J’aime le bois, je suis un convaincu et un converti.Je trouve que la vie sociale est déjà assez rude, assez dure etacérée sans que l’on ajoute des bâtiments eux-mêmes rudes,durs et acérés. C’est pour cette raison que je n’aime pasl’architecture des années septante, avec ses trois matériauxemblématiques : le béton, l’acier et le verre.Je suis pour une architecture avec le bois car ce matériauévoque la chaleur, il engendre une convivialité plus facile.C’est un facilitateur des rapports humains car il est moins durque les autres matériaux, il est plus accueillant et invite à latolérance. Cela me rappelle les églises orthodoxes roumainesen bois qui sont quand même plus agréables à regarder et àvisiter que ces bâtiments qui arborent du plastique.Les anciens ont déjà conçu nombre d’ouvrages remarquablesavec le bois. J’en veux pour exemple la grande salle de laSorbonne, à Paris. Cet amphithéâtre, avec ses piliers, sesrangées de sièges et ses estrades en bois, dégage unechaleur communicative qui incite à la discussion courtoise.

    Ailleurs, à Istanbul, en Turquie, les palais étaient construits enbois. À l’intérieur, ce matériau est omniprésent. Au sol, sur lesmurs, en toiture, il est marqueté, sculpté, peint de ma nièreextraordinaire. Il n’y a que le bois qui offre telle splendeur ! Onpeut trouver cette réflexion est ringarde, mais il me semblequ’il y a une âme du bois et qu’il donne de l’âme.Il y a également cette parole du célèbre compositeur Ludwigvan Beethoven, naturaliste avant l’heure, qui disait : “J’aimeun arbre plus qu’un homme”. L’humanité vient de la savane,nous sommes tous des échappés du bois. C’est sûrementpour cette raison que tous, pourtant si différents, nousaimons les arbres. C’est bien souvent le lieu idéal pour unepromenade familiale et l’endroit choisi par les enfants pourconstruire une cabane. Il y a une forme de continuité entrel’admirateur de l’arbre et l’amoureux du matériau.Quand on a le goût du travail bien achevé, le sens du détail,on se tourne immanquablement vers le bois. Avec, on peutfaire des choses modernes et très belles. »

    Claude Javeau n’en fait pas mystère, c’est un partisan du bois. De son expérience desociologue, observateur avisé de nos comportements, et de grand voyageur de par lemonde, son point de vue sur le bois et les bâtiments culturels nous paraissait intéressant à recueillir. Loin de touteconsidération technique, convictions et sentiments s’entremêlent…

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    ILLUSTRATIONS : ISTANBUL, LA ROUMANIE ET LA SORBONNE

    Le Palais de Dolmabahçe à Istanbul (Turquie) L’amphithéâtre “Louis Liard” de la Sorbonne, à Paris (France)

    L’église entièrement en bois de Dragomiresti (Roumanie)

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    Territoires & Bois ■ Le bois et les bâtiments culturels

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    Vue sur la façade avant du projet avec son brise-soleil et ses châssis en afzelia, tandis qu’au sol le chêne accueille les premiers pas des visiteurs - Photo : © Marc Grondal

    Dans un contexte difficile, lié à l’hétérogénéité du patrimoineimmobilier existant, le défi pour l’Atelier d’ArchitectureGrondal & Associés est de relier chaque bâtiment tout enoffrant au public un nouvel espace d’accueil et d’exposition.Le projet prend corps autour de deux éléments forts. D’abord,un long mur sinueux en moellons, élément lourd qui met encontact les volumes existants et assied le bâtiment. Cet endroitabrite une rampe et des passerelles aériennes connectant lesanciens bâtiments, dorénavant rénovés. S’y accole le lieu d’ac-cueil et d’exposition, une boîte légère en bois, verre et cuivre ;de faible hauteur pour s’inscrire au mieux dans le paysage.

    Le matériau bois est largement utilisé pour réaliser ce lienfédérateur, mais toujours par petites touches discrètes.La façade avant, largement vitrée, met en œuvre de l’afzelia.Des renforts métalliques lui sont adjoints car l’architecte aopté pour une structure d’une grande finesse. Au-dessus, uneossature en bois, avec une bonne isolation, forme la toiture. Leplancher des passerelles et en extérieur est en chêne. Enfin,devant le bâtiment, un brise-soleil réalisé avec des chevrons enafzelia, posés horizontalement et ajourés, semble flotter.Privilégiant la mixité des matériaux, l’architecte fait naître, avecle bois, un ouvrage léger, dynamique, lumineux et aérien. ❖

    LE MUSÉE DE LA FORÊT ET DES EAUX AU DOMAINE DE BÉRINZENNE (SPA) :

    Le bois contribue à fédérertrois bâtiments existantsSur le site de Bérinzenne, trois édifices, fortementéprouvés par le temps, se côtoient. Ils montrent peude similitudes : d’époques distinctes, leurs niveauxne coïncident pas et le dessin de leur toiture diffère.Pour pouvoir les connecter et doter le futur musée d’une identité unique, un espace deliaison polyvalent est créé. Il associe, entre-autres matériaux de construction, le bois.

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    ageAnnées de construction : 2005-2006Durée des travaux : 17 moisSurface (SHON) : 436 m2 à l’intérieur, environ 50 m2 en extérieurCoût de la construction (HTVA) : 570 000 €

    Maître d’ouvrage :Région Wallonne - Direction Générale des Ressources Naturelleset de l’EnvironnementMaître d’œuvre :Atelier d’Architecture Grondal & AssociésArchitectes : Noële Poisman, Marc Grondal, Éric GrondalTél. : +32 (0)4 361 60 40E-mail : [email protected] d’études :Bureau d’Études LemaireTél. : +32 (0)4 366 60 40E-mail : [email protected] de construction :Corman Halleux Georges & Fils sprlTél. : +32 (0)87 33 64 56E-mail : [email protected]

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    À l’intérieur, les passerelles et leur plancher en chêne guident le visiteur et permettent des perspectives tous azimuts - Photo : © Marc Grondal

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    La parole à Jean LentzFonctionnaire délégué - Directeur de la Direction générale opérationnelle Aménagement du territoire,Logement, Patrimoine et ÉnergieDirection de Liège 2 - Service public de Wallonie

    À la tête de la Direction de Liège 2, Jean Lentz a autorité sur une grande partie de la province, à l’exception de la villede Liège et de sa périphérie urbaine, ainsi que de la Communauté Germanophone. Sans aucun a priori vis-à-vis dubois, il précise le regard qu’il porte sur ce matériau dans la construction.

    « Concernant spécifiquement le domaine de Bérinzenne,ce lieu a fait l’objet de nombreuses interventions, sur plusd’une décennie. La Maison de la Nature, le pavillon JoséLilien, la tour d’observation, le Centre Régional d’Initiationà l’Environnement ou encore le Musée de la Forêt et desEaux auquel vous consacrez ces deux pages, sont autantd’exemples privilégiant le bois et témoignant d’un soinparticulier d’intégration. En lisière de la fagne deMalchamps, là où l’homme a planté de si nombreux rési-neux pour assécher le plateau, c’est une bonne chose quede développer des constructions avec le bois.Mais ce contexte boisé ne justifie pas à lui seul l’utilisationde ce matériau. Il existe beaucoup d’autres situations où lebois peut s’exprimer avec bonheur.Comme pour n’importe quel autre matériau, ce qui primeavant tout c’est la qualité d’insertion du projet dans sonenvironnement. Il doit comprendre les lignes de force dupaysage, ses courbes de niveau, s’adapter à l’identité dulieu, à ses couleurs, à ses textures…

    Indéniablement, le bois a pour lui une souplesse naturellequi lui permet de mieux se mêler aux autres matériaux.Des essences locales comme le douglas ou le mélèze, enusage extérieur, vont changer de couleur, allant vers ungris doré qui s’harmonise très bien avec la pierre.Nous préconisons d’ailleurs d’utiliser ce type d’essences.Nous avons la chance de disposer de forêts gérées defaçon durable, qui fournissent des bois adaptés au mondede la construction, dont la transformation et le transportsont peu énergivores, et dont l’utilisation favorise le déve-loppement économique local !Aujourd’hui, je constate que le bois est souvent employé àbon escient. Dans des extensions, il crée une belle dicho-tomie avec le volume existant ; tandis que dans le neuf,souvent dans l’habitat, il participe à des compositions auxlignes très contemporaines.Nous n’avons aucun a priori pour aucun matériau, nousjugeons à chaque fois au cas par cas. Le bois est donc lebienvenu dans tous les projets de construction. »

    QU’EN PENSENT LES SERVICES DE L’URBANISME RÉGIONAL ?

  • Territoires & Bois ■ Le bois et les bâtiments culturels

    Côté sud, le volume en bois se dévoile, protégé par une longue et fine toiture horizontale - Photo : © Serge Brison

    Depuis 1980, avec la disparition de la cristallerie qui exerçaitson activité dans ses murs, le château est laissé à l’abandon.Pillé et largement dégradé par des écoulements d’eau, la villede Seraing sauve ce patrimoine collectif en le rachetant.

    Consciente du caractère unique de cet équipement, la villedécide de le transformer en un lieu touristique retraçant la viede la cristallerie et en un centre d’interprétation sur le cristal.En 1996, le concours d’architecture est remporté par un tan-dem 100 % liégeois réunissant le bureau d’architectes Dethier& Associés et l’ingénieur Jean Dehareng.

    Deux premières phases de travaux, achevées en 1999 et 2001,vont permettre la restauration de la toiture et des façades desailes sud et ouest, classées par le Patrimoine. S’en suit uneréaffectation de ces deux ailes qui vont désormais pouvoiraccueillir les premières activités touristiques.

    La troisième phase du programme, dont les travaux débutenten 2004, vise à restaurer l’aile nord du château avec une nou-velle affectation touristique, puisqu’il est prévu d’y loger desespaces d’exposition temporaires et des salles de séminaire.Mais le projet pose une question plus fondamentale puisqu’ils’agit d’introduire du contemporain dans de l’ancien.

    Mais qu’est ce qui est vraiment ancien ? Sûrement pas la fa çadeavant, mur pastiche auquel les Sérésiens se sont pourtant habi-tués ! Les architectes décident donc de renforcer son ca rac tèreformaliste décoratif à l’aide de vitrages de couleur, lui ôtantson fronton et la convertissant en une façade décor.C’est dans cette intention que les vitrages, sans châssis, ont étécollés à fleur du parement et que certains d’entre eux sontteintés aux couleurs traditionnelles de la cristallerie (vert,rouge bleu, jaune), ou traité façon miroir, suivant un schémaélaboré avec l’aide du plasticien Jean Glibert.

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    L’AILE NORD DU CHÂTEAU DU VAL SAINT-LAMBERT À SERAING :

    Le bois fait battre un cœurhistorique et moderneLe château du Val Saint-Lambert a été construitau XVIIIe siècle par des moines cisterciens pourremplacer leur ancienne abbaye datant du XIIe.Un imposant palais abbatial a été érigé en1765, doté de trois ailes dont l’aile nord, face àla Meuse, abritait en son centre l’entrée principalede l’église. Celle-ci a été démolie en 1802, laissantune dent creuse, occupée progressivement par leshangars de la cristallerie.Par la suite, une façade pastiche, imitant le stylede l’ancien bâtiment du XVIIIe siècle, fut érigée sur le lieu de l’entrée actuelle. Enfin, au XIXe

    et XXe siècle, de nombreuses transformations ont totalement dénaturé le bâtiment originel.

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    Derrière ce mur coloré, ce qui fut l’axe principal au momentde la présence de l’abbatiale est magnifié. Un volume ré so -lument moderne s’établit en retrait, formé au rez-de-chausséed’un espace d’accueil, de deux niveaux dévolus à des salles deséminaire (l’une des 100 places, l’autre de même capacité maisfractionnable en 2 x 50 places), puis un salon totalement vitréémergeant au-dessus du niveau historique, et enfin une finetoiture horizontale aux larges débordements avant et arrière.Ce nouveau volume est en quelque sorte un cube, posé enretrait par rapport à la façade nord, et qui se prolonge au sudvers l’extérieur, protégé par la longue coiffe.

    Pour le rez-de-chaussée et les deux niveaux réservés aux sallesde séminaire, les architectes créent un cube en béton, en tiè -rement recouvert de bois. Le visiteur qui pénètre à l’intérieurdu bâtiment, empruntant notamment les passerelles quirelient façades anciennes et ce nouvel espace, découvre alorsune seconde façade.

    Utiliser le bois dans un contexte si particulier pourrait sur-prendre, pourtant la démarche a toute sa logique. En posantun cube, simplement complété de quelques percements, lesarchitectes se font ébénistes. Avec le bois, ils témoignent éga-lement de leur engagement en faveur du développementdurable. Une démarche d’autant plus cohérente qu’à l’arrièredu bâtiment, là où s’ouvrent les salles de séminaire, on peutdécouvrir les grandes et belles forêts de la ville de Seraing.Mais les créateurs mettent surtout en évidence le côté chaleu-reux du bois, aux prises avec un environnement austère etmassif. Le lieu appelait la présence d’un cœur moderne, maissurtout vivant, où l’on ressente une émotion. Seul le bois estapte à faire jaillir de tels sentiments.

    En extérieur, le bois mis en œuvre est du padouk, non traité.Ce bois africain se comporte très bien en revêtement grâce à

    sa grande durabilité naturelle et son exceptionnelle stabilité.

    Tant que l’on reste dans l’enceinte du château, le bardage estconstitué de lattes posées ajourées pour améliorer l’acous-tique du lieu, tandis qu’à l’extérieur le bardage se prolongeavec des lames de bois jointives.À l’intérieur, ce bois reste de couleur rouge brun tandis quesoumis au soleil et à la pluie, il tend vers un gris cendré.

    Pour l’intérieur des salles de séminaire, un autre bois est utili-sé pour ne pas faire d’amalgame. Il s’agit d’un bois très clair :le bouleau. Il est présent sur les murs et le plafond, sous laforme de panneaux ajourés et de panneaux perforés pour desmotifs acoustiques, et au niveau des cloisons amovibles quipermettent de séparer la salle au second niveau.

    Dernière particularité du projet, la façade arrière des salles deséminaire est vitrée sur toute leur largeur. D’épais volets exté-rieurs, commandés électriquement, pivotent pour jouer avecla lumière. Ces pare-soleil, à structure métallique, sont habilléssur leurs six faces avec des lames de padouk. Une fois fermés,ils se fondent avec le bardage extérieur et réaffirment le carac-tère austère (monacal) de l’intervention. ❖

    Les salles de séminaire sont modulables, ici la variante en configuration 50 places.Elles offrent une large place au bois sur les murs, au plafond, en séparation et dans les volets extérieurs - Photo : © Serge Brison

    En façade avant, le mur pastiche devient décor - Photo : © Serge Brison

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    Territoires & Bois ■ Le bois et les bâtiments culturels

    Depuis le rez-de-chaussée, le padouk habille trois niveaux consécutifs, consolidant le caractère moderne et chaleureux de l’intervention - Photo : © Serge Brison

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    age QU’EN PENSENT LES SERVICES DE L’URBANISME RÉGIONAL ?

    La parole à André DelecourFonctionnaire délégué - Directeur de la Direction générale opérationnelleAménagement du territoire, Logement, Patrimoine et ÉnergieDirection de Liège 1 - Service public de Wallonie

    André Delecour opère sur un secteur géographique très particulier, car essentiellement urbain. Dans ce contexte, onpourrait penser que la présence du matériau bois n’est qu’anecdotique, pourtant il n’en est rien. D’ailleurs l’hommea nourri une intense réflexion sur ce matériau et sa mise en œuvre dans nos villes.

    « Le cas du château du Val Saint-Lambert est à mes yeux unexemple très emblématique de la bonne utilisation du boisdans la réaffectation de bâtiments anciens. Dans un telouvrage, destiné à l’accueil du public, il est important decréer un signal qui interpelle. La grande toiture va dans cesens ! Elle a beaucoup fait parler d’elle car l’interventionn’est pas mimétique, pourtant le dialogue fonctionne biengrâce à son caractère léger et aérien.Cette volonté de ne pas rentrer en conflit avec l’existant, etde s’en distinguer, est également palpable au niveau desmatériaux. Le bois est très présent car il permet d’enrichirla composition d’ensemble. Il faut être de son époqueet l’affirmer avec force et franchise. Le bois facilite cedialogue avec l’existant, sans l’imiter. C’est un ingrédientqui amène un plus, en douceur, sans violence ni cassure.Il y a eu unanimité des services du Patrimoine, del’Urbanisme, de la ville de Seraing… devant le projet quinous était soumis. Le bâtiment est devenu une vitrine durenouveau de la commune.

    Cela reste pour moi une aventure très stimulante et desplus positives.Fonctionnaire délégué en charge de la commune de Liègeet de sa périphérie, les projets bois qui me sont soumissont presque toujours en milieu urbain.Je pense que ce matériau est un allier pour faire passerles choses. Sa force réside dans sa capacité à combler lesinterstices de manière positive. Cette complicité qu’entre-tient le bois avec les autres composants apporte quelquechose de bénéfique, surtout dans la ville.Je note un autre intérêt à l’utilisation du bois : il permetd’entretenir un équilibre entre le caractère contemporainde l’intervention et le vécu historique du bâtiment. Lebois, c’est comme une bonne épice qui relève les alimentset rend le plat beaucoup plus intéressant !Ici, nous avons beaucoup de projets d’extension sur desbâtiments très traditionnels, le bois permet de garder lalisibilité du volume ancien, sans le dénaturer ni l’annihiler.Il participe à rehausser le niveau de qualité global. »

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    ageAnnées de construction : de 2004 à 2007

    Durée des travaux : 36 moisSurface (SHON) : 3 395 m2

    Coût de la construction (HTVA) : 3 987 000 €

    Maître d’ouvrage :Ville de SeraingMaître d’œuvre :Association momentanéeDethier & Associés SATél. : +32 (0)4 254 48 50E-mail : [email protected]& Jean Dehareng sprluTél. : +33 (0)4 252 19 38E-mail : [email protected] plasticien :Jean GlibertTél. : +32 (0)2 513 23 58Entreprises de construction :Entreprise Bajart s.a. (menuiserie intérieure)Tél. : +32 (0)81 45 05 05E-mail : [email protected] Van Gysegem (menuiserie extérieure)Tél. : +32 (0)4 223 52 77E-mail : [email protected]

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    Les pare-soleil en bois pivotent pour dompter la lumière. Fermés, ils disparaissent en se confondant avec le bardage existant - Photo : © Pierre Lheureux

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    Bénédicte Delsemme est la Directrice adjointe d’Immoval s.a., la société de gestion immobilière dusite du Val Saint-Lambert. Elle a participé activement à la finalisation de la restauration de l’aile norddu château, en assurant aujourd’hui la gestion. Elle nous confie son sentiment sur cette réalisation etsur ces deux salles de séminaires en bois, les salles “Roma” et “Berlin”.

    Peu impliquée dans les choix architecturaux et dans la sélection desmatériaux de construction, chose normale quand on sait que la villede Seraing était le commanditaire, Bénédicte Delsemme ne cache passa satisfaction d’administrer ces lieux. « Il y a des matériaux noblesdans la construction et le bois en fait partie. C’est un matériau essen-tiel car il est agréable à vivre, à regarder et à toucher ». Le ton estdonné ! Et la Directrice adjointe de préciser que « dans l’architecturemoderne que le bureau Dethier & Associés a développée ici, le choixdu bois est d’abord esthétiquement agréable ; mais à l’usage, surtoutdans des salles de séminaire, il est très bienvenu car il apporte unesonorité très particulière et agréable ».En terme de qualité de vie, Bénédicte Delsemme évoque l’aspect“cosy” du bois, car « tout en étant très épurées et vides, ces salleshabillées entièrement en bois rendent toute décoration superflue. Il ya une ambiance que le bois apporte que ce soit au travers du boisclair en intérieur, qu’au niveau du bois exotique extérieur ».C’est une utilisatrice satisfaite, « heureuse de constater que les archi-tectes avaient utilisé le bois dans cette rénovation, au contact avecd’autres matériaux nobles que sont le verre, la pierre et l’acier ».

    Très vite, la question du recours à une essence de bois exotiqueémerge. « Je déplore un peu d’avoir à faire appel à des essencesexotiques » confie Bénédicte Delsemme « mais il faut bien constaterque le padouk que nous avons mis en œuvre à l’extérieur vieillitex trê mement bien. Aucune essence locale n’avait la teinte initialerecherchée, et avec le temps on peut penser qu’un bois indigèneaurait grisé et serait devenu terne, ce qui n’était pas la volonté desarchitectes. Avec le padouk, le temps modifie certes sa couleur, maisil garde de belles teintes douces. Esthétiquement, ce choix se justi-fie ! ». Il se justifie d’autant plus que le bois sélectionné est certifié,attestant qu’il est issu d’une forêt gérée de façon durable.Ce ressenti très positif vis-à-vis du bois, les visiteurs le partagentavec la Directrice adjointe. « Les gens qui découvrent ce lieu sontimpressionnés. Cette idée de réaliser un cube intérieur en bois, cettetaille imposante, ce sont des éléments plébiscités. Souvent, ils nousdemandent quelle est l’essence de bois employée. Et quand ils fran-chissent le pas de l’une des deux salles de séminaire, ils apprécientla présence de ce bois clair, le bouleau, et le bien-être qu’il amène ».Une nouvelle fois, le bois semble faire l’unanimité en sa faveur !

    « Le bois apporte une ambiance différente… »

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    En bas, le grand volume vitré permet au regard de traverser librement le bâtiment, alors qu’à l’étage se développent trois volumes en bois fermés - Photo : © Serge Brison

    Le site de la Plaine des Sapins est un lieu très présent dans lamémoire collective des habitants de Bon-Secours. Durant laseconde guerre mondiale, beaucoup n’ont eu d’autre choixque de venir y abattre des arbres pour pouvoir se chauffer.Installer un équipement de plus de 1 000 m2 dans un lieu aussifort n’est pas chose aisée : une observation fine du terrain, uneanalyse minutieuse du programme et une composition adap-tée au site sont autant d’étapes essentielles.

    En arpentant le site à pied, de long en large, l’architecteStéphane Meyrant décèle un magnifique chêne pédonculé à lasilhouette majestueuse. Donner un écrin à cet arbre magni-fique pour le hisser au rang de symbole devient très vite laligne directrice qui va guider l’implantation du futur ouvrage.

    Un relevé en trois dimensions du chêne, l’analyse de la crois-sance probable de ses branches et de son circuit racinairedonnent naissance aux premières esquisses. Le bâtiment sepositionnera autour de l’arbre, à la périphérie de sa couronne.

    Le bureau Arcadus architecte sprl imagine une compositionsous la forme de différentes boîtes. Pour mettre en relationdirecte les ateliers d’éveil destinés aux enfants et les servicesadministratifs du Parc Naturel avec la nature environnante,ceux-ci prennent place dans un niveau légèrement enterré, ausein d’un volume en verre. Au-dessus, trois grandes boîtes enbois, allusion à la forêt, permettent de répondre aux besoinsde la scénographie. Cet espace muséal est traité comme unvéritable parcours à travers des volumes fermés.Une rotonde vitrée fait office d’accueil principal. Elle débordesur l’ancienne voirie, élément d’appel depuis la rue.

    Cette disposition particulière offre de nombreux avantages.Elle vient valoriser le chêne en l’embrassant, et elle indiqueclairement son caractère central dans cette composition d’en-semble. D’autre part, le bâtiment présente des volumétrieschangeantes associées à des orientations distinctes. Ceci lerend discret et très attractif car il éveille la curiosité du visiteurqui souhaite immédiatement en savoir plus.

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    La Maison du Parc Naturel des Plaines de l’Escaut est unéquipement à vocations multiples, à la fois musée de la forêtdestiné aux touristes de tous âges, espace pédagogique pourenfants et adultes grâce à ses ateliers nature, et enfin lieude travail où se côtoient scientifiques et personneladministratif. Implanté dans un site sensible, le boiscontribue à fédérer, avec délicatesse, ces différentes missions.

    LA MAISON DU PARC NATUREL À BON-SECOURS (PÉRUWELZ) :

    Le bois rapproche nature,pédagogie et espace de travail

  • Ci-dessus, la rotonde vitrée permet d’accueillir le public qui ne manquera pasd’admirer le chêne pédonculé tout proche - Photo : © Serge Brison

    Ci-contre, l’intérieur de la rotonde avec son plancher et ses aménagementsintérieurs également en bois - Photo : © La Fibre Comm.

    Bien que le bâtiment soit réalisé avec des moyens financiersmesurés, il est un digne représentant de la mise en œuvre desprincipes du développement durable dans la construction.

    Le bois, matériau naturel et renouvelable qui ne nécessite pasde transformation avide en énergie, est largement représentédans la structure de l’étage et le revêtement extérieur. Ce boisest bien sûr issu de forêts certifiées, garantissant la gestiondurable de la forêt et la pérennité des surfaces sylvicoles.

    Pour le volume inférieur, totalement vitré, le bois intervientdans la réalisation des châssis, sous forme d’afzelia.Pour satisfaire la réglementation en matière d’accueil dupublic, les trois volumes supérieurs sont réalisés en bois et enbéton. Le béton est mis à contribution pour les dalles, confé-rant une bonne inertie à la construction, tandis que les murssont en ossature bois et la charpente en bois lamellé-collé.Pour ce travail, le bois n’a pas été privilégié sur un critèreesthétique, en effet les trois boîtes sont totalement ferméesempêchant de voir les parois. L’architecte a été séduit par lalégèreté du matériau, ses qualités d’isolant acoustique et ther-mique, et par son comportement exemplaire face au feu.En bardage extérieur, l’essence mise en œuvre est le cèdre,posé sans aucun traitement. Il s’agit d’un bois extrêmementdurable, très solide et qui se laisse facilement travailler.

    La Maison du Parc Naturel des Plaines de l’Escaut constitue unexcellent exemple de la rencontre réussie entre une implanta-tion, un geste architectural et l’utilisation du matériau bois. ❖

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    age QU’EN PENSENT LES SERVICES DE L’URBANISME RÉGIONAL ?

    La parole à Patrick RoussilleFonctionnaire délégué - Directeur de la Direction générale opérationnelleAménagement du territoire, Logement, Patrimoine et ÉnergieDirection du Hainaut 1 - Service public de Wallonie

    Basé à Mons, Patrick Roussille a en charge une zone géographique très spécifique s’agissant de la Wallonie picarde.Sur ce territoire, l’usage du bois en extérieur a toujours été anecdotique, mais aujourd’hui les demandes dans ce sensse font plus nombreuses. Alors, comment concilier architecture “historique” et nouvelles attentes de la population?

    « Le projet de la Maison du Parc Naturel des Plaines del’Escaut revêt un caractère tout à fait particulier car il a uneconnotation très marquée en direction de la protection del’environnement. De plus, il s’agit d’un bâtiment commu-nautaire. Ce sont deux raisons pour lesquelles l’utilisationdu bois me semble plus adaptée qu’ailleurs.Sur mon territoire, nous constatons une demande crois-sante en faveur du matériau bois, pour autant ce matériaume paraît mieux trouver sa place dans deux typologiesconstructives : les bâtiments communautaires et les bâti-ments en zone habitat.En effet, dans nos villages ruraux, vous noterez que le boisest absent, or notre vocation est de préserver leur aspecttypique. C’est souvent dans ces zones plus arborées, aucaractère campagnard affirmé, que l’on nous soumet degrands projets avec le bois. Le problème, c’est que les genschoisissent ce matériau pour se distinguer du paysage éta-bli. Ceci n’est pas acceptable car on fait fi de la nécessité des’intégrer dans un urbanisme existant.

    Mais n’allez pas croire que nous nous opposons au déve-loppement de projets en bois ! Nous nous montronsaccueillants et compréhensifs. Mais nous ne souhaitonspas voir le bois s’exposer n’importe comment.Par exemple, il est des projets qui marchent très bien avecce matériau, ce sont les bâtiments agricoles. Le bois leurpermet de s’intégrer dans l’environnement de manière à lafois plus douce et plus forte. Nous poussons dans ce sens.Trop souvent les projets oublient la question de l’entretiendu bois. Nous habitons une région très humide. On prônel’utilisation d’essences wallonnes en bardage, mais ellesréclament un entretien constant. Alors on nous présentedu cèdre, qui vieillit assez bien, mais malheureusement cen’est pas une essence wallonne.Ici, nous utilisons des matériaux dits “traditionnels” car ilsrésistent bien aux intempéries. Le bois comme le métaléprouve des difficultés à traverser le temps.Même si notre position face au bois est mitigée, nousessayons de ne pas le pénaliser et lui laissons sa chance. »

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    IDETA, l’Agence Intercommunale de Développement de Wallonie picarde, a joué un rôle d’ensembliersur ce dossier. Mais cette Intercommunale s’est illustrée bien avant le début du programme en prônantune démarche novatrice de développement basée notamment sur le tourisme, comme nous l’expliqueson Directeur général, Pierre Vandewattyne.

    La réalisation d’un équipement collectif est toujours un moment fortdans la vie d’un territoire, et la Maison du Parc Naturel est un deséléments au sein d’une stratégie plus globale. Comme l’illustre PierreVandewattyne, « la volonté d’IDETA, qui produisait essentiellementde l’espace économique, a été de s’ouvrir à une notion beaucoup pluslarge de développement. Vers 1994, c’était une première pour notreterritoire que de réfléchir à une autre valorisation de son tissu, fait depetites villes et d’un espace rural de qualité ».Très rapidement l’axe touristique émerge. « IDETA a soutenu le déve-loppement des Parc Naturels, aussi bien les Plaines de l’Escaut quele Pays des Collines ». Et quand se pose la question de l’affirmationde l’identité de ces parcs et des bâtiments affectés à leurs activités,« nous avons proposé la création d’équipements publics collectifs,destinés au fonctionnement de ces structures et mis en réseau entreeux pour une meilleure animation sur tout le secteur ».

    C’est ainsi qu’au-delà des Maisons pour les Parc Naturels, sont appa-rus d’autres pôles d’attraction comme la Maison des Randonneurs àMont de l’Enclus, la Maison du Sucre à Frasnes-lez-Buissenal, laMaison des Plantes médicinales à Flobecq…Pour les Plaines de l’Escaut, Pierre Vandewattyne se souvient de ladifficulté à gérer un tel dossier car « nous souhaitions créer un lieufort. Cette Maison devait accueillir l’équipe du Parc, le public, et nousy rajoutions une dimension touristique. Nous avons mis les chosesen commun et nous avons dû gérer 9 procédures différentes ! ».Portant une appréciation sur l’ouvrage de Bon-Secours, le Directeurgénéral d’IDETA estime avec satisfaction que « le geste architectural aété à la mesure du projet. Avec l’idée d’enrouler le bâtiment autour duchêne présent, le choix du bois s’est imposé naturellement à tous lespartenaires ». Un projet qui, aux yeux de Pierre Vandewattyne « trouveson aboutissement avec le Promenoir des Cimes, enfin réalisé ! ».

    « Un geste architectural à la mesure du projet… »

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    ageAnnées de construction : 1998-2000

    Durée des travaux : 18 mois

    Surface (SHON) : 1 031 m2

    Coût de la construction (HTVA) : environ 580 000 €

    Maître d’ouvrage :

    Administration communale de Péruwelz

    Maître d’œuvre :

    ARCADUS architecte sprl

    Gérant : Stéphane Meyrant

    Collaborateurs : Anne Begon, Styvie Bourgeois,

    Nunzia Brazioli, Benjamin Bulot, Mickaël Mercier,

    Sébastien Moulin, Benoît Rosenoer

    Tél. : +32 (0)69 77 67 81

    E-mail : [email protected]

    Entreprises de construction :

    ABC Études et Construction (entreprise générale)

    Tél. : +32 (0)69 59 04 00

    E-mail : [email protected]

    L. Dumay - Canard et Fils S.A. (lot bois)

    Tél. : +32 (0)71 64 42 50

    E-mail : [email protected]

    Jouxtant la Maison du Parc, le Promenoir des Cimes permet de rejoindre la canopée. L’acier a été choisi pour se faire discret, léger et élégant - Photo : © Serge Brison

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    Directeur administratif du Parc Naturel des Plaines de l’Escaut, Reinold Leplat est un “locataire” dela Maison du Parc depuis son origine. À côté de son appréciation sur ce bâtiment et l’utilisation dumatériau bois dans sa construction, il témoigne également d’une voie innovante empruntée par le Parcpour valoriser ses paysages et son patrimoine forestier.

    Pour l’utilisateur qu’il est, « le site de Bon-Secours est l’é qui pementphare du Parc Naturel. Ce lieu unique qui héberge la vingtaine de col-laborateurs du Parc, accueille le grand public et propose un es pacepour les classes ». Dissocier ces fonctions aurait été une erreur carpour le Directeur administratif « les gens extérieurs peuvent, ici,retrouver toutes les informations qu’ils attendent sur notre territoire.De leur côté, les habitants disposent d’un point relais. Et finalement,la partie scénographique donne les clés de compréhension de laforêt, invitant les personnes à découvrir la vraie forêt ».Aujourd’hui, le périmètre des Plaines de l’Escaut est symbolisé parson bâtiment. « Le choix architectural et l’option en faveur du boisdans ce bâtiment donnent sa personnalité au Parc » relève ReinoldLeplat. Il y voit « un bâtiment qui s’intègre de manière optimale ausite : discret par rapport à son environnement, qui n’écrase pasmalgré sa taille, et qui sait se dévoiler progressivement ».Interrogé plus directement sur le bois, l’homme note que « le cèdre,posé naturel, prend une patine très particulière et très plaisante àl’extérieur ; alors qu’en intérieur, il est resté légèrement orangé.

    Souvent les gens s’étonnent que le bois ne soit pas traité, ils croientque c’est obligatoire ». Alors le personnel du Parc se fait pédagoguecar « c’est une forme de responsabilité. Si on emploie la bonneessence de bois, il n’y a aucun produit supplémentaire à utiliser, rienqui ne puisse être toxique. En plus, on évite tout entretien annuel ! ».Ce sentiment de responsabilité, le Parc l’illustre parfaitement au tra-vers l’achat récent d’une chaudière à bois pour son bâtiment, maispas n’importe quel bois ! « Le saule têtard est un arbre emblématiquede notre paysage. Il s’agit d’un véritable écosystème à lui seul car ilhéberge plein d’animaux » précise Reinold Leplat.Mais le problème de ce bois est sa perte d’attractivité économique.« Avant, on taillait les saules têtards tous les 5 à 7 ans et le bois ser-vait pour le chauffage. Sans demande, les arbres ont cessé d’êtrecoupés. Mais en poussant, les branches vont écarteler le saule têtardet provoquer sa mort précoce ! ». Grâce à son action, la Maison duParc redonne un intérêt à cette taille, « on maintient les paysages, onincite à la replantation, on substitue une énergie renouvelable à desénergies fossiles, et on crée des emplois locaux ». Bravo !

    « Le bois, c’est une forme de responsabilité… »

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  • Vue générale sur le projet et sa proue - Photo : © La Fibre Comm.

    Face à un manque chronique de place, l’école a souhaité réali-ser une nouvelle bibliothèque avec plusieurs salles de lectureet des salles de classe pour que ses élèves puissent travailler àla création de maquettes d’intérieurs ou de publicité.La première difficulté de ce dossier a été de trouver un endroitadéquat pour loger cette construction. À l’intérieur des lieux,entre les bâtiments, les architectes ont repéré une zone enprolongement d’un petit bâtiment fin et allongé. Le site paraîtle plus adapté mais il faut permettre aux camions des pom-piers d’accéder et de pouvoir contourner l’édifice. Ainsi naîtl’idée de la forme ronde, en bout de bâtiment.Pour abaisser au maximum le coût du programme, les archi-tectes travaillent avec peu de matériaux : une structure enmétal, un peu de béton, des panneaux métalliques autopor-tants en toiture, des briques et du bois en parement.

    La partie cylindrique de la bibliothèque, semi-enterrée, abritedeux salles de lecture en duplex. L’autre partie du bâtiment faitplace à la bibliothèque au rez-de-chaussée, à deux salles declasse au premier et à une autre salle au grenier.En haut de la partie circulaire, on jouit d’une vue sur le fleuvel’Escaut. L’idée consiste alors à créer, ici, la proue du “navire dela culture”, les hublots renforçant cette évocation.À l’époque du projet, la technique de l’ossature bois n’étantpas encore assez diffusée, la structure est réalisée de manièretraditionnelle, en briques de terre cuite.Par-dessus, un bardage en cèdre, préalablement cintré enatelier, a été posé. Le commanditaire ne souhaitant voir ce boisse patiner, un produit de finition - une huile - a été appliqué.Enfin, une grande attention a été portée aux hublots en bois àla fois ronds et courbés, fabriqués à l’unité. ❖

    Territoires & Bois ■ Le bois et les bâtiments culturels

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    L’École Supérieure des Arts Saint-Luc de Tournai dispense unenseignement dans le domaine des arts plastiques. L’anciennebibliothèque étant devenue trop exiguë, un nouveau bâtiment aété construit pour cet usage et pour augmenter le nombre denouvelles salles à disposition. Avec le bois, le vocabulaire decette réalisation se veut résolument marin. Larguez les amarres !

    LA BIBLIOTHÈQUE DE L’ÉCOLE SUPÉRIEURE DES ARTS SAINT-LUC À TOURNAI :

    Le bois donne naissance àun “navire de la culture”

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    es En savoir plus sur la réalisation et la pose d’un bardage cintréDans le cas du bâtiment de Tournai, le bardage en cèdre décritplus d’un demi-cercle. Pour un travail de ce type, il aurait étéplus logique et plus facile d’opter pour un bardage au moyende lames posées verticalement, mais c’est sans compter surl’esprit de défi de l’architecte !Il existe nombre de techniques différentes pour cintrer du bois,plus ou moins adaptées selon l’essence, parmi celles-ci :■ la découpe dans du bois massif. C’est une approche simple et

    très utilisée, mais à réserver à des cintres de faible amplitude.■ le bois lamellé-collé, qui consiste à coller plusieurs morceaux

    de bois serrés dans un moule, et à les laisser sécher.■ le cintrage à chaud. Le réchauffement du bois (dans un bain

    d’eau chaude, par projection de vapeur d’eau, grâce à un cou-rant électrique) permet le ramollissement de la cellulose. Lebois est ensuite séché, contraint dans un moule.

    ■ les entailles. On coupe des entailles droites que l’on encolledirectement ou via un placage intérieur, en laissant sécher sousla contrainte du cintre désiré. L’option d’encoller les entailles aété retenue pour le projet de Tournai.

    ■ la déstructuration des fibres du bois. Le bois, débité à dimen-sion est ramolli par chauffage, puis compressé dans le sens dela longueur, ce qui entraîne sa déformation transversale.

    Après cette étape, sur le chantier, il est important de disposer lelattis de manière beaucoup plus rapprochée qu’à l’accoutumée.Ceci d’autant plus que le rayon de courbure est prononcé.Le travail de pose doit être exécuté de manière minutieuse car ilfaut absolument que les clous de début et de fin de chaque lamede bardage rencontrent une lambourde. À défaut, une planchepourrait perdre une partie de sa courbure et flotter dans le vide.

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    ageAnnées de construction : 2001-2002

    Durée des travaux : 9 moisSurface (SHON) : environ 550 m2

    Coût de la construction (HTVA) : environ 500 000 €

    Maître d’ouvrage :Institut Saint-Luc TournaiMaître d’œuvre :Cabinet d’architecture du Bois Jacquet sprlArchitecte : Bernard de DeurwaerderTél. : +32 (0)475 53 26 30E-mail : [email protected] de construction :Artea (entreprise générale)Tél. : +32 (0)56 32 66 88E-mail : [email protected] Build (lot bois)Tél. : +32 (0)56 40 22 80E-mail : [email protected]

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    Le lattis, fixé avec des chevilles, est très resserré - Photo : © B. de DeurwaerderUn travail très méticuleux a été accompli pour de la pose du bardage : jamaisdeux joints ne sont l’un au-dessus de l’autre - Photo : © B. de Deurwaerder

    Le projet met en œuvre peu de matériaux différents - Photo : © B. de Deurwaerder

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    Le bois dans les plaines de jeux et les zones de loisirs

    Document réalisé par Valbois RN.

    Le Domaine Provincial de Chevetogne (Ciney) et les abords de la plaine de jeux des cabanes perchées - Photo : © Vincent Matthys

    Pour retrouver d’autres bâtiments publics et privésd’intérêt collectif où le bois s’illustre :

    www.territoiresetbois.org