11 LA VIE DES CREOLES

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I 1 LP VIE M S CREOLES

1) La famille

La famille Ctendue hindoue (joint family) caractCrisbe

par la cohabitation de plusieurs gCnCrations sous le meme toit,

la prCparation et le partage d'un meme repas, la possession d'une

propriete commune, la celebration de cCrCmonies religieuses en

commun est une institution sociale que connaissent aussl les

CrOoles. Ce systbme assure a ses membres solidaritb et slcurite.

Veuves, orphelins, enfants en bas-age, ou sans travall, jeunes

epoux sans revenus autonomes sont soutenus par la famllle etendue

qui offre a l'individu, en cas de crise, un refuge.

Comme les Ind~ens, les familles crkoles btendues ac-

cueillent les nouveaux mCnages; apres quelques mols de cohabita-

t ~ o n la belle-fille obtient de grb ou de force, l'utllisation

d'une cuisine ct d'un feu a part, mais tou~ours sous le meme

toit. Les tensions sont parfois dramatiques car les jeunes n'ar-

rivent pas a se soustraire I la surveillance des parents, et la

belle-tille quelquefois subit la lagendlire tyrannie de la belle-

mCre.

Quand les revenus sont modestes, 11 y a source de

conflit permanent entre 1es membres de la meme famille, essen-

tiellemcot entre 1. belle-mere et la belle-fille et 1 1 y a sou-

'font inrultcs et nalCdictions. Le mari fait l'objet de pression

et de chant.90, tirailll entre son Cpouse et sa mere.

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Cependant ces querelles de femmes sont rarement

icout*es par les hommes. Mais i l arrive qu'elles dCbouchent sur

des conflits plus graves entre le pbre et le fils. Souvent la

cause de l't!clatement d'une famille Itendue est le partage de

biens entre les haritiers aprCs le dicls des atnCs. Dans des cas

rares, les mcmbres dm la famille Itendue dIcident de cohabiter

sous le meme toit tout en constituant des familles s&par&es avec

des cuisines sCparees.

Indepcndammmt de ces crises internes, le developpement

de l'instruct~on chez les jeunes, le dipart force vers la

mCtropole aboutissent au declin de la famille etendue. L'attratt

de la France, le dCsir d'achapper A la tutelle du chef de famille

ne font qu'acc&lc!rer le processus.

Au bas de l'bchelle sociale, chez les Creoles comme

chez les Indiens les plus dCmunis, la vie en famille Ctendue est

cependant une nCcessitb vitale.

En principe, le chef de la maisonnCe eat un homme;

quand c'est une femme, elle e3t soit veuve, soit abandonnee par

son mari.

Les fils adultes, Indiens comme Creoles, meme maribs,

continuent de vivre rvec leur mPre et jouent le role de chef de

tamille effectif.

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L'autoritb du chct dc lo maisonn&e est incontestde, en

particulier celle du plre, ct elle s'Ctend aussi bien aux cnfants

qu'aux pctits-enfants. Elle cimentc la famille et resserre les

liens cntre scs mcmbres. Tout commc le pCre indien, le pere

creole doit &lever les enfants, les maricr, en particulier lcs

tilles, leur donncr evcntuellement de l'instruction, leur trouvcr

un travail.

Les enfants b leur tour doivent obhissance au pCre,

l'aidcnt, une fois adultes, b subvenir aux besoins familiaux et h

marier frCrcs et soeurs plus Jeunes. Un plre et un fils qui

failliraient b ces devoirs scraient la honte de la famille.

Dans les familles oO cohabitent trois gCnerations, le

couple dcs grands-parents reste le centre de la famille. 11s

veillent aux echangcs et la cooperation entre les diffkrents

mombres. Souvent les cuisines sont separees, mais on s'emprunte

volonticrs nourriture, ustensiles, argent ct les entants mangent

volonticrs chez l'un ou chez l'autre.

La structure faniliale crCole conserve ce type de

solidaritb ct de cohesion ct les Creoles sont tiers de se serrer

lcs coudcs, de s'cntraider au niveau dc la tamille et de lo

parwit&.

Nous rvons constatC peu de concubinage, peu dc filles-

mPres, peu ou pas de re-mariage chez les temmes.

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Les relations parents-enfants ont 1epCrement Bvoluk,

mais la relation homme-femme dans lcs famillcs crdoles est restee

inchangbe. La femme cst soumise A son mari, il sollicite son avis

pour les dlcisions qu'il prend souvent scul malgrC tout.

Dana la plupart des cas, la mCre cst l'intcrmediaire

entre lcs adolescents et le pCrc. Elle fait preuve de patience et

de diplomatie quand une situation delicate l'exige. Son role de

conseillkre discrate et efficace n'est pas nCgligeable. Toute

1'Cducation aux bonnes manihres lui incombe.

I 1 cst frequent de vair dans la rue l'homme indien

preckder de quclques pas 1'Bpouse et les enfants, alors que le

couple crCole marche ensemble bras dessus bras dessous. tlais cela

n'est qu'un signe exterieur, la prCeminence masculine chet le

Crdole est identique b celle de 1'Indien. L'ktiquette qui pres-

crit la segregation des sexes nc laisse quare apparaftre le

couple conjugal comme tel. Dans les cort*gcs et partout ensuite,

la femme suit son mari b distance. On peut prendre cc trait comme

symbole de statut relatlf des deux sexes : l'homme commande, la

femme obeit. L'epouse nc s'assied pas en prbsence de son dpoux ou

du moins par A son nivcau : elle le sert lors des repas et ne

mange qu'ensuite. Tout cela est indien, mais la subordination est

ici plutbt atfaire dc forme, qui s'impose au debut de l'union

Conjugale ; la mere de frmille apparatt souvcnt comme une forte

PcrsonnalitC qui domine en tait sinon en droit la famillc.

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Ellc accomplit les tachcs mbnagbres aidde de ses filles

n m encore mariecs et de ses belles-filles. La femme, le plus

sarvent, reste au toyer, bllve lcs enfants. I1 subsiste un

pdjup& defavorablc au travail feminin et seulment dans quelques

failles les plus jcunes sont autorisdes aller travailler. 1 1

y r une contre-partie A la dominance masculine, c'est la

solidaritb ou plus exactement la socialisation plus grandc entre

1- fcmmcs. Tandis que les hommes se parlent peu, i l n'y a pas de

secrets, mbme de secrets d'alcbve entre les femmes. Ceci n'exclut

pas lcs querelles, mais elles sont moins importantes : parmi les

fwnes, la rlvalitC ne bloque pas les relations.

Chez les Indiens, la s&grigation des sexes va assez

loin ; souvent ils se cbtoient sans s'adresser la parole, harmis

le petit cercle familial ; chez les Crioles, cette segrbgation

n-rxiste pas, ils se saluent cordialement.

En somme les relations interpersonnelles au sein d'une

farille crCole, sont r&gles de fa~on mlnutieuse selon le prin-

cipe de la supCriarite des hommes sur les femmes et des adultes

sur les jcunes. 11 y a trPs peu d'intimitd conjugale. Dans la

fuille indivise, mari et femme nc sont guere seuls en tbte-a-

tCte que lorsque la femme sert le repas de son mari. Du reste,

l'homme ne s'entretient pas avec sa femme d'affaires sirieuses

pendant 1es premiLres annCes du mariage, et mbme tant qu'il a son

p&rr pour cela.

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Le couple n ' a pas de contacts physiques dans l a

j ou rn i c , dc c r a i n t e d ' e t r e surprim, mr i s meulement l a n u i t . Lcs

rapprochements doivent e t r e s i lenc ieux, de fagon h passer

inapergus, sans quoi l a femme " r u r a i t honte". Nos anquetes o n t

p r o u v i que l a promiscu i tk es t une chose d i f f i c i l e A Cv i te r .

Le rapprochement es t i n t e r d i t pendant l e s deux d e r n i e r s

mois de l a qrossesse e t pendant une lonque per iode apr4s l ' a c -

couchement, p a r f o i s meme s i x mois. S i durant c e t t e per iode, un

rapprochement a l i e u , il es t considere comme "ayant une mauvaise

i n f l u e n c e sur l a santC de l ' e n f a n t " (d ia r rhbe ) . Pour y p a l l i a r ,

l a femme d o i t se l ave r immedlatement apr4s e t prendre un b a i n l e

lendemain. C 'es t l a seule circonstance 00 l e ba in e s t o b l i q a t o l r e

( 1 ) . R p a r t l r des fonct ions orgmiques, l 'usaqe des mains depend

des i d & e s , r e l a t i v e s h l a not ion de purete e t d' irnpurete. Le sang

menstruel e t l e s cadavres sont impurs e t , h un degre moindre

tou tes l e s exc r& t i ons du corps sont impurcs.

Les CrColes sont moins m&t~cu lauc que l e s Tamouls su r

ces no t i ons d' impureth.

1. Enquete c h e i Mme L e t i l v e i , l e 10.5.92 Enquete cher flme Gor l i e r , l a 13.6.92 Enquete c h e i flme Odette Phrramond, l e 13.6.92 Enquetc chaz Mme Pau le t te Xavier, l e 14.6.92

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L'usage des mains

La main ~auche Ctant l a "main pour l ' o r d u r e " : "picha

kay i ", e l l e ne d o i t pas veni r en contact avec l a nour r i t u re . La

main d r o i t e seule est u t i l i s C e pour manger.

I 1 y a des circonstances oQ l e s deux mains sont

t ra i tees de l a meme fagon. On peut prendre un o u t i l B deux mains.

On j o i n t l e s deuc mains dans l e c u l t e A l a hauteur de l a po i -

t r i ne . On r e g o i t ou donne un ob je t de l a main dro i te . Les

CrColes, l e s Indiens chr is t ian isCs e t l es Hindous respectent ces

rCples de puret0-impurete.

E c h i ou salave : e l l e eat considCr&e dans 1' Inde

ent iCre comme substance impure. On ne partage pas l a meme as-

s ie t te , on ne f l n i t pas les res tes du repas de q u i que se so i t .

On ne b o i t pas dans l e meme ver re e t on ne f i n i t pas une boisson

entamee. La s a l i v e ou "echi" contamine. Dans ce r ta ines fami l l es

crholes, chaque membre de l a f a m i l l e a son verre, son ass ie t te

qu' 11 garde jalousement.

AutoritC parenta le

Ces pr inc lpes sont inculquCs d&s l e p l u s jeune ape,

cu l t ivCs a t dCvclopp&s, grace A une mul t i tude de menues rCgles de

v ie quot idicnne, qu i deviennent une seconde nature. La conformite

A l a t r a d i t i o n ind imne est t laprante. h i n s i par cxemple, l ea

hommes mangcnt d'abord avec l e s enfants, sous l e regard v i g i l a n t

de l a mLre, prPte A prCvenir l e u r s besoins. La mere de fami l l e

mange, rn d c r n i e r l ieu, seule (souvent dans l a c u i s i n e ) quand l a

t m i l l e e s t r rpue e t que tout e s t en ordre.

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Comme p a r t o u t en Inde, on a t tache un t r C s grand p r i x A

l a naissance des enfants. La s t d r i l i t e e s t une malCdic t ion ; e l l e

peut C t r e cause de separat ion. I 1 f au t a v o i r p l u s i e u r s enfants

q u i r o n t "des dons de Dieu". Les procedes a b o r t i t s sont peu

u t i l i s e s , meme s i c e r t a i n 5 al iments sont cons ideres comme t e l s .

L ' en fan t male e s t l e bienvenu, l e c u l t e f i l i a l e s t ndcessaire h

l a " con t i nua t i on du nom de fam i l l e " .

L ' e n f a n t prend l e se in jusqu 'h un an ; 11 s'accouturne

progressivement A l a n o u r r i t u r e so l ide , t o u t en cont inuant &

prendre l e se in . 11 s ' hab i t ue assez t b t h l a n o u r r i t u r e des

adul tes, en p a r t i c u l i e r au r i r accompagne de c u r r y s t de fou-

gades.

Le pPre e s t en general t rPs tendre e t t r e s p a t i e n t ,

auss i maternel que poss ib le , avec sea jeunes enfants. TrCs t a t ,

l ' e n f a n t comprend q u ' i l d o i t obCir h l ' a u t o r i t l des parents. Les

chat iments co rpo re l s sont u t i l i s e s . Les grands-parents prennent

souvent s o i n de l ' e n f a n t ; t rCs souvent, une soeur atnee remplace

l a mere, e l l e aime l e p o r t e r sur l a hanche e t l e promene a i n s i au

m i l i e u de ses compagnes, l e melant a i n s i A un groupe d ' e n f r n t s

p l u s ages avant m4me q u ' i l ne sache marcher. C ' e s t dans ce qroupe

de v o i r i n s q u i sont en mBme temps des "cousins" e t des "cousines"

p l u s ou moins proches ( 2 ) - mais l e s sexes s ' y s l pa ren t

spontanCment de bonne heure - que l ' e n f a n t t a i t son educat ion

2. Chcz l e s CrColes, on s'adresse A un a fne en l ' r p p e l a n t " t on ton ' ou " t an te " .

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I1 y a une difference trLs marquie drns les relations

des cnfants une tois qrands. Le pere devient une personne loin-

taine, imolbe dans son autorite. Le fils n'ose guLre s'adrcsser A

son pLre de son proprc chef ; il 1 'entretient cependant des

questions importantea. En cas de besoln, i l a recours A sa mere,

c'est elle qui se chargera de sonder ou de dlcider le plre.

L'autoritb du p&re btablit une telle distance qu'il faut un

intermldiaire entre lui et ses enfants. Cet intermediaire est la

mere, B qui les enfants sont lies sentimentalement tandis que

leur lien avec le pPre est surtout un lien de dependance. Ainsi,

c'est la personne la mains intlgrbe dans le proupe de la

gCnCration supCrleure, celle qui longtemps a ete une CtrangCre, B

lui Cchoit le rble central de la famille.

Relation enfants/ enfants

I1 y a beaucoup d'intimite entre frCres et cousins, ils

se consultent et sont souvent ensemble ayant des amis communs.

L'interet ne les divise pas, i l y a confiance et comprehension.

La discorde est souvent doe A leurs femmes, surtout lorsquc deux

brus sont ensemble dans la maison des parents. I 1 y a des situa-

tion%! OQ le trLre atria prend temporairement la place du pLre par

rapport au cadet.

Une affection reclle ewiste entre frbres et soeurs. La

socur atnee s'est occuple de ses cadets de bonnc heure, souvent

plus que la mLre (qui itait enceinte), les portant sur la hanche.

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Plus tard, l e s sexes se ¶&parent, il y a mains de

f a m i l i a r i t i . LC mariaqe de l a soeur est une qrande af fa i r . e t

souvent l c t r e r e atn& d o i t p a r t i c i p e r aux dipenses f a i t c s A c e t t e

occasion. La soeur c s t l a "personne qu'on donne e t pour qu i on

donne". (3 ) Pour son premier accouchement, e l l e reviendra dans l a

maison de ses parents e t l e s cadeaux de l ' o n c l e maternel aux

enfants de sa soeur expriment non seulement l es l i e n s de parent&

t r a d i t i o n n c l s mais aussi l e p lus souvent "une a f fec t ion r e e l l e u .

Les p l u s ages peuvent appeler par leurs noms l e s cadets

qu i ne s'adressent A leurs a l n i s que par l es appel la t ions de

parent@ tout comme dans l a soc i&t& indienne.

L'ob&issancc auc atn&s cs t A l a f o i s un h i r i t a q e cu l tu -

re1 e t un apprentissage f a m i l i a l . Les jeunes ne doivent pas fumer

devant l es dines e t on leur d i t souvent: "11 tau t respecter l e s

qrandes personnes(4).

Relat ion qrands-parents/enfants

On trouve cependant entre qrands-parents e t p e t i t s -

enfants des r e l a t i o n s l i b r e s e t affectueuses. A l a distance

extreme cn t re l e p l r e e t l e f i l s s'opposc l ' i d e n t i t e du grand-

pbrc c t du p e t i t - f i l s . Souvent, dans l a l iqnee atn&e, i l s po r ten t

l e meme nom. Le f a i t c s t r e f l e t @ dans l e terme tamoul "PEReN" q u i

dbsipne 1. p e t i t - f i l s : " c e l u i qu i por te mon nom" (c 'cs t -&-d i re

l e nom de son prand-pbrc).

5. Enquetc chez nmc Xavier, l c 01.7.92. Enquete chez M.Emile Loga, l e 10.7.92.

4. Enquetc char Colonel Franr Rndre, 5-11-91.

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La grand-m8re est l a seule personne dans l e groupe v i s -

v i s de q u i l e s re la t ions so ient parfai tement l i b r c s a t

fami l iCres. Par tout a i l l eu rs , l a d i f ference de sexe entrafne une

c e r t a i n e distance, e t on ne p la i san te pas p l u s avec ses t r n t e s

qu'avec ses f r8res.

Les grands-parents no paraisrent pas avo i r de r & l e

spec ia l dans l 'educat ion.

Quand on par le i c i de grands-parents, il s ' a g i t essen-

t i e l l ement de grands-parents paternels, car i l s r o n t l es seuls A

@ t r e sur place, en contact quo t id ien avec l e s enfants, tandis que

les grands-parents maternels sont beaucoup p lus lo in ta ins .

Comme chez les Indiens, aprbs l a puberte, " lee jeunes

f i l l e s 3ont elevCes avec s o i n " ( 5 ) . E l l es n 'on t pas l e d r o i t de

s o r t i r seules. E l les sont tou jours accompagnees dans leurs

s o r t i e s s o i t de leurs parents, s o i t d'un atne de l a fami l le , s o i t

de l a servante. E l l e s ne peuvent pas, non plus, p a r l e r aux jeunes

gens dans l a rue. Leur reputat ion en se ra i t t ou t de su l te compro-

mise e t e l l e s r isqueraient de gacher leurs chances d 'avo i r un bon

p a r t i.

Les jeunes gens sont p lus l i b res . 11s peuvent s o r t i r

qurnd i l s veulent mais doivent @ t r e rent res h l a maison avant

l 'ang&lus; avant que l e "Sambrani" ( l e benjoin) s o i t brOlC devant

l es images des saints. 11s servent A l a messe comme enfants .de

choeur. En rCgle gbnerale, l e male est toufours p l u s choye que l a

f i l l e .

5. Enquete char l e colonel Franz findre, l e 5.11.91

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a) Lc mariage

Le mariaqe est un hvenement majeur dans la vie indivi-

duelle au sein de la sociCtC crCole oh l'union entre deux indivi-

dus est a la fois sacrCe et indissoluble. Le cklibataire veillis-

sant n'y est pas diqne d'un statut honorable.

Lea CrColes ne se marient que dans leur communautC. I 1

est inconcevable de sortir de son clan, de son milieu. Un jeune

qui commet cette infraction est "banni" de toute la communautC.

Ainsl une mere porta le "deuil" pendant un an parce que sa fille

Cpousa un indien pourtant caste. Le mariaqe est la cCrCmonie

familiale la plus prestiqieuse, la plus onhreuse, la plus

codifiee. C'est elle qui fortifie le mieuc la conscience du

qroupe.

Le mariage est non seulement un sacrement individuel

mais aussi une institutron sociale qui implique la participation

active des parents, des amzs, des voisins. I 1 resserre les liens

de famllle et d'amitie, et fortlfle le sentiment d'appartenance A

la memc communautC.

Le mariage nCcessite la participation effective des

parents immhdiats et parfois plus CloiqnCs. Le pPre et la m&re

des deux families, la parent*, les amis intimes des jeunes maries

s'associent aux preparatifs et au dCroulement de la cbremonie.

A l'occasion du mariaqe sont consolidCs les liens

daamiti& rt dm parente, les vieilles querelles sont oubliees. De

nouvcrux liens d'affection sont parfois noubs.

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Le choix d u pa r tena i re

La recherche du c o n j o i n t const i tue, dans l ' o r g a n i s a t i o n

du mariage, 1 ' i t a p e prealable. Les grands-parents o n t souvent l e

s o i n e x c l u s i t de c h o i s i r l e p a r t e n a i r c e t l ea t u t u r s epoux ne

sont presque pas consultCs. "Les mariages d'amour" conclus sans

l ' i n t e r v e n t i o n des parents, e t souvent malgrb eux, sont rares.

C 'es t l c cas des mariages e n t r e Ind iens e t CrColes.

Les jcunes CrColes ne se frequentent pas. Une f o i s l e

cho ix t a i t , l e s parents des deuc fami l lcs , souvent apparentCes,

dkcidcnt de l a d a t e de l a c&r&monie du mariage.

Dans l e ch0 ix du pa r tena i re , ren t ren t en cons iderat ion

l a s i t u a t i o n Cconomique de l a f a m i l l e e t son s t a t u t soc ia l ,

autrement d i t il es t rare qu 'un "Haut Creole" epouse une "Bas

Creole" ou v i c e versa.

La proche parent& p a t r i l i n e a i r e e t m a t r i l i n d a i r e n ' e s t

pas exclue du c e r c l e des jcunes marlablcs.

Les t i a n g a i l l e s

Les t i a n g r i l l e s ont l i e u en p r k e n c e de l a jeune t i l l e

e t du j.une hornme, de l a parent&, des amis in t imes. "La bague d a

f i a n g a i l l e s N e s t o t t e r t e A l a jeune t i l l e par l e t ianc8, a i n s i

qU'une perbe d e f leurs . L o p a r e n t s de l a t i a n c h o f f r e n t un

p la teau en c u i v r c contenant des t l e u r s , des f e u i l l e s de be te l , de

1. no in d 'arec, des bananes e t des cocos, une coutume hindoue.

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Chez les Indiens catholiqucs, lc choix du partenairs

rcvicnt aux doyens de la famille, qui "cherchent une fille" dans

la meme caste. Toutc proche parent& matrilindaire cst exclue du

cerclc dcr mariablcs. Les mariaqes d'amour sont rare% at tr4s ma1

vus. I1 faut se marier dans la caste. Mais avec l'bmancipation

des jeunes filles qui font des etudes superieures ou qui travail-

lent, i l arrlve quc les parents tolerent un mariape d'amour si un

des prltendants est de la m@me caste ou d'une caste plus ClevCe.

Une fois le choi): fait, les parents du marie, l'ancle

et la tante maternelle, vont "voir la jeune fille" ''Pen" = fille

- "Parpadu" = voir (pour demander sa main). Lors de cettc rencon-

tre, si les parents sont satisfaits dc leurs choix, la date des

fiangailles et du mariaqe, les dCpenses du mariage et la dot sont

sujets de*conversatrons et de n@gociations.

Le jour des fiangailles est fix& aprQs consultation des

pandits(6) qul dgtermineront le jour ct l'heure propices. Ce

jour-la, cinq ou sept temmes maribes dont le mari est en vie se

charpent dcs plateaux en cuivre contenant: dcs fleurs, dcs noix

de coca, des feuilles de betel, des noix d'arec, du "LaduM(7),

de trois sucreries, du "Kukumam"(B), du "Nanjal"(9), d'une puir-

lande de jasmin ou da roses, d'un sari en soie, d'un bijou (une

bague ou un collier).

Pandit: astrologue brahme qui dressc les horoscopes. Ladu: fine patisserie a base de pois chiches. Kukumam: poudrc rouge A base de curcuma esthetique, que por t m t au milieu du front les femmcs mariees.

9 . tlanjal: curcuma esthetique, porte-bonhcur pour les femmcs mariCes.

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Ellees vont I pied chez la jeune fille accompaqnks du

son du "Mclam"(l0) et "Nadesvrram"(1l) portant chacune un pla - teau. C'est 1. "Nitcher tartam" Nichcr * confiance ou "Nitcheatr-

boulam*: les fiangailles.

ClrrivQes chez la jeune fillc, les invithes sont ac-

cucillies I la porte par les parents de la fille et la proche

parent&.

Ces parents ~'Cchanqent le "tambulam", plateau de

cuivre contenant drs fleurs, des feuilles de betel, de la noix

d'arec, des bananes, des noix de COCO. Cet bchang. de plateaux

confirae les tiangaillos et d'autrc part l'offrande du "trmbulam"

est honorifique.

L m sari en soie et la guirlandc sont offerts la &re

de la jeune fill. qui habille sa fille du sari et lui n t la

guirlande de tleurr en bandoulihre (symbolc que la jeune fille

est b i m vierge).

h e fois la jeunc tille habillde et parCe de tous mes

bijoux, son oncle maternel la mCne au *Kudrm"(lZ) od i l la trit

asseoir mur un fauteuil d'apparat puis la future belle-mlre met

au c w de la jeune fille le collier m or et lui entile la baquc

10. klamr Tambour I deux faces. 11. Nadesvaram: Instrument A vent. 12. Kudama cour intdrieure des maisons traditionnclles taumules.

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Cc iwr-ll, un repas vCgitar ien es t o f f e r t par l e s

parents de l a feune f i l l e , I l a p lus proche parent& e t aux m i s

int imes q u i ant Ctb conv i i s A l a cdrdmonie dca f ianga i l l os . AprCs

l c rcpas, l e s i n v i t e s par tent en emportant I e "Tambulam"(l3).

Chet l e s CrColes, une c o l l a t i o n es t o f f e r t s aux i n v i t i s

oO l ' o n s e r t du *Cake(l4), du Pandelo, des sandwiches, du t h i ,

du cafe e t du "Ponch". Les f i a n g a i l l e s sont une occasion dm

divert issement e t fusqu ' l une heure avurcke de l a n u i t on danse

l a ch&ga, unc danse portugaise, l a valse, l e tanpo, " l e one

step", " l e two step", l a polka, l a mazurka.

Au cours dcr journCer qui suivent, l c s femes des deux

fami l l es prennent une p a r t act ive aux p rbpara t i t s du mariage.

Le R i tue l du mariage

L ' m a l y s e des r i t e s e t cdremonics qu i jalonnent l e

mariage craolc I Pondichery, nous permet de soul igner l ' i n f l u e n c e

des coutumes hindoues bien que les Crdoles w considerent coma

un proupe I par t e t ne veulcnt cn aucun cas s ' i d e n t i f i e r aux

Indienr.

LC v i n de r a i s i n ou "v in compos&" qui sera o t f e r t pour

1. mariage est fabriqub b i m A l 'avance. La robe de m a r i a ~ e qu i

es t souvent langue, a i n s i que l c voi lc,sont o f f e r t s par l e s

parents de l a jeune f i l l e .

13. Tambulamr Noix d'arec, noix de coco, bCtel, f l w r s de jamin ,

bmane, o f t e r t s aux inv i tes.

14. Cake: P t t i s s e r i e A base de smoule de b l&, dc mantkgue, dc f r u i t s secs, de rhum, de sucre, d ' o w t s , de van i l l e , dm canncl lc, e t de noix de inuscade.

Page 18: 11 LA VIE DES CREOLES

Le voile, la couronne, les pants, 1es chaussures doi-

mt Ctre choisis avec minutie. La robe de la maribe n'est plus

portte, une fois le mariage fini.

Le marie, lui, porte un costume noir trois pikes, avec

me chemise blanche et un noeud papillon, des chaussures noires

~ r n i e s . Les demoiselles d'honneur. au nombre de trois, sont

tarter vCtues d'une meme robe de couleur pastel offerte par les

parents dr la mari&e.

Les qarGons d'honneur sont habillCs d'un pantalon noir,

d'une belle chemise A manchea lon~ues, d'un nueud papillon at de

chaussures noires vernies offerts par les parents du mariC.

Habillh comme les demoiselles d'honneur et les garqons

d'honneur, trois couples de jeunes enfants de la famille jouent

les petits papes qui tiennent le voile de la maribo.

Chez les Indiens catholiques, la maribe porte un sari

m bracard de couleur creme, la "kurai pwdavai"(l5), (au-

jourd'hui la mode veut que la couleur soit rouge bordeaux),

offmrt par les parents du mari*. La nrri@e porte un long voile

t m u par un enfant mais il n'y a pas de demoiselles et de gasons

d'honneur. Le marid a le meme costume que les nariCa crboles.

Chez 1.8 Creoles dans la jwrnhe qui prkcCde le ma-

rirpe, les parents et les amis les plus proches, essentiellement

15. La Kurai Pwdavai est port& par la maride aux autres ma- riages. Cr sari sorvira d couvrir le corps de son *oux s'il meurt avant ell.. La femme art cntcrrde dans son Kurai Poudavai mi c'rst elle qui decbde la premiere.

Page 19: 11 LA VIE DES CREOLES

Les femmes, p a r t i c i p e n t A l a preparat ion des sandwich-

es, du "pandclou Qt du "cake" dans une ambiance de gat+.&. Du

r e s s o r t des hommes es t l a d i c o r a t i a n de l a v o i t u r e q u i emmCnera

l a mariCe L l a ma i r i e e t A 1 'Cgl ise . E l l e ea t ornee de f l e u r s

blanches (en p r i n c i p e der l y s e t des roses) e t de rubans blancs.

Un f e r I cheval en car ton e t recouvert de pap ic r d 'argent, sym-

b o l e de porte-bonheur es t accrochC devant l a vo i ture .

Chez l e s Ind iens catholrques, dans l e "Kudam' (cour

r n t b r i e u r e des malsons t r a d i t l o n n e l l e s tamoules) I d oh l a

recep t i on de mariage aura l i e u , dans un coln, A gauche, t r o l s

jours avant, c l n q femmes "Ka tuka ju t i " (dont l e s maris sont en

v i e ) viennent p l a n t e r une branche d"'Arasam"(l6), a l lument une

lampe L h u i l e qu i d o l t e t r e entretenue jusqu'au lendemain du

mariage e t dans un ca r re de t e r r e dCl imi te par neuf b r i ques

lavees e t decorees de pate de safran e t de Kungumam, e l l e s sCment

l e s "NavadaniyaU- l e s neuf cerea les qu i rendent propices l ea neuf

p lanbtes (17). E l l e s sont un symbole de l a v i e du couple qu i va

commencer d Qermer. La branche d'"Arasamn, symbole de p r o s p e r i t *

e t de long&vi tb , sera p lantee dans l e jardin, chez l a mariee.

Ce t te c4rCmonie typiquement hindoue, l e "Kal Nadal" ( p l a n t a t i o n

du poteau), a e t b adoptke par l e s Indiens catho l iques mais pas

par l e s Crbolcs.

16. Firasam: Porcher - Thespesia populnea. A l ' o r i g i n e l e r o i (firasam) se dbp laga i t pour l e mariape de sea su je ts . La branche d'Arasam l e reprbcente.

17. 1) SDrya: l e s o l e i l ; 2 ) Chandra: l a lune; 3) AngBnaka: Mars; 4 ) Budha: Mercurs; 5 ) B r i h a s p r t i : Jup i ter ; 6)Shukra: Venus; 7 ) Shani: Saturne; 8) RahD e t 9 ) Ketu: l e s demons de

1 ' b c l ipse.

Page 20: 11 LA VIE DES CREOLES

Un pandal chez Ies Indiens est construit A la porte

d'entrbe cher I'un des maries ot la cCrCmonie du mariage aura

lieu. I1 s'agit d'une faqon simple de donner de I 'ombre sur un

espace degage : sur de 14gers poteaux reposent horizmtalement

des demi-feuilles de C O C O ~ ~ ~ ~ S tressies. Cette construction

leg&rc a en meme temps un caractere cerCmonia1. L'abbC Dubois,

deja en 1825, a souligne son importance dans 1- marirges "non

brahmaniques" . Le pandal est aussi indispensable lors des funerailles

que lors des mariages, ainsi que ler grandes fetes religieuses ou

dans les ceremonies familiales. C'est un des @laments rituels

fondamentaux. I 1 est @rig@ par des speclalistes qui louent et

lnstal lent le matbriel. Le pandal est decor* avec des grappes de

fruits de palmiers, de cocotiers et de dattiers.

La cer+monie du mariage creole a lieu gbn&ralement le

soir et tout le monde se rend en cortkge de voitures P la mairie

gli le mariape civil a lleu. Le cortCge debute par les couples des

qarvons d 'honneur et des demoisel les d 'honneur, puis suivent le

maria dans la voiture de ses parents, toutes lea voitures des

1nvit.6~ et, en dernier lieu, accompagnCe de ses parents, la

maribe dans une voiture dhcoree de fleurs et de rubans blancs.

Une fais le mariage civil fini, le cort&ge repart de la

m k c manibre P la Paroisse Notre-Dame des Anges oli le mariage

religicux est cCltbrC.

Page 21: 11 LA VIE DES CREOLES

Arrivd A l'dglise, le mariC re rend I l'autel

accompagnC de sa ere. Ensuite entrent par couple les garGons et

les demoiselles d'honneur ainsi qu'un petit page qui porte un

coussin rouge en forme de coeur oh se trouvent les alliances.

Tous lea invites se lbvent pour recevoir la mariee

suivie de petits pages portant son voile quand elle entre dans

1'6qlise au bras de son pere qui l'accompagne jusqu'l l'autel.

AprCs la cClebration de la messe de mariage, toutes les

cloches carillonnent, et les petits pages distribuent chaque

invite des petits paquets contenant des confetti, destines h etre

~ e t C s sur ler marihs P la sortie de 1'Cglise.

Les maries prennent la voiture destinee A la marlee et

precCdent ,le cortCge, suivis des garqons et des demoiselles

d'honneur, des parents, et des inviths. On fait "le tour d'in-

spection"(l6) en passant par le Cours Chabrol, la rue Dumas et on

se rend soit P la SociCtC Mutuelle des CrColes, soit chez le

mariC oh une rbception est donnee.

Chez les Indlens catholiques, au lieu de l'kchange

d'alliances, on noue le tali (NdA) au cou de la mariee au son du

"Nadcsvaram" et du "Ketti Melam", et au lieu des confetti, on

Jette, apanage des hommes, du "SCch&a", du rir non cuit color& au

curcuma, un symbole de prosperitl et de feconditc.

NdA : Dans la plupart des castes, les femmes mariCes portent un bijou d'or, le tali, qui symbolire leur Ctat (ou plus cxactement la prospCritC du mari). I1 est 170~4, lors du mariage et arrachC lors des fun~railles du mari. Le nouage du tali est l'rcte solennel, fondamental, sacramental du mariege.

18. Expression crbole: Une promenade dans la ville blanche aprCs la messe de mrriage.

Page 22: 11 LA VIE DES CREOLES

Dans l e s mariages indiens, l e couple c s t assls sous 1.

p l W V A R E I (chambre ou p lace du mariage), element universe1 du

mariage indien. C 'est une plate-forme 1CgPrement rurClevPe,

couver te a nouveau d'une sor te de panda1 que l e blanchisseur

double, au-dessus, d'une d t o f f e blanche louee par l u i pour former

un da is . Les maries s ' y asseyent I l ' oues t , face I l ' e s t . Le dais

.st dCcore de gu i r landes de f leurs, l e f l e u r i s t c (Sattani)

f o u r n i dans ce but l e s f l e u r s e t l es guir landes du mariage.

Chez les Ind lens comme chcz l e s CrColes, au cours de l a

c@r@mnie , l e s i n v i t e s o f f r e n t des presents a o i t A l ' u n dcs deux

marl-, s a i t au couple. Tout est soigneusement enregis t re avec l e

nom du donateur. A l ' occas ion d'un prochain mariage ou d'une

a u t r e f e s t i v i t e , il l u i sera f a i t un cadeau equivalent d molns

que l e cadeau q u ' i l v i e n t de f a i r e ne reprdsente un contre-don de

ce q u ' i l a v a i t regu prt2cedemmcnt. A l 'occas ion des mariages sc

dep lo ie un rbseau de dons e t de contre-dons, ah l a qua l i t@ e t l a

q u a n t i t e des cadeaux d&terminent autant l e s t a t u t soc ia l du

donatrur que c e l u i du donataire.

Chez les Creoles, un p e t i t ve r re de v i n eat o f f e r t A

tous l e s i n v i t e s prPsents d l a reception e t on t r lnque en l 'hon-

neur des maries tou t en mangeant l e "cake" t r a d i t ~ o n n e l , " l e

pandelo", e t l es sandwiches.

19. Chepa: danse c reo le q u i se rrpproche de l a chCgr dc l a RCunian.

Page 23: 11 LA VIE DES CREOLES

Le bal est OUVert par les mariCs et tout le monde

danse, la "chCga"(19) Ctant de rigueur. On danse assez tard dans

la nuit, jusqu'au moment oh on constate que les jeunes ne parti-

cipent plus la derniCre partie du bal. 11s dansent le "carrC"

avec les maries: le voile de la mariee est tenu par les quatre

coivs et taus les jeunes, par couple, passent sous le voile.

Selon la croyance cela porte bonheur et l'on tkpousera l'homme ou

la femme que l'on aime, car chez les creole5 les mariages sont

arrangCs. Des jeux sont aussi organisfbs: ainsi pendant une danse

la marlee qul a les yeux bandfbs jette son voile plie, celui ou

celle qui le recevra se mariera dans l'annCe qui suit.

Chez les Indiens catholiques, apres le mariage qui se

fait souvent le matin, un repas veqetarien est offert par les

parents du mariC. C'est le "Kaliana Sapadou". (Kaliana~mariage;

Sapadou-repas). Apras ce repas, le "Tambularn" ert attert: une

noix de coco, une bmane, des fleurs; de la noix d'arec, dans un

petit sac en toile dans lequel on ajoute pour les femmes du

safran et du "Kougoumam". Si l'un des rnarias est le dernier

enfant on ajoute un petit sachet de tout petits bonbons et de

pois chiches.

Le jeune couple est accueilli au seuil de la maison du

mari*, par cinq femmes KATUKAGATI ; la ctkrCmonie du ALATTI

(Sanskrit : ARATI) r lieu.

19. Drnse crCole semblable a la danse des Antilles.

Page 24: 11 LA VIE DES CREOLES

L e Tamil Lexicon i n d i q u e ARATI :

10) ~ ' u n dea se i ze ac tes de c u l t e cons is te A a g i t e r (waving) une

l um ie re ou du camphre a l lumb devant une i do le .

M ) Le f a i t d ' a g i t e r une l um ie re ou de l ' e a u melee de safran ou

,jes bouleS de n o u r r i t u r e co lo r4es de safran, devant d ' impor tants

personnage5 camme l e coup le de nouveaux mariCs, un chef temparcl

0" s p i r i t u e l , dans l e s process ions e t dans d ' a u t r e s occasions

ausp i c ieuses.

I c i , il s ' a g i t d ' u n p l a t en bronze, contenant du l a i t ,

de 1 'eau, de l a chaw:, des fragments de f e u i l l e s de b b t e l e t de

camphre al lume. Le ALATTI e s t tourne t r o l s f o i s autour de l a t e t e

des mar lbs e t dbverse d l a p o r t e d 'entree.

L e ALATTI es t d e s t i n e A protCger l e coup le du " d i s h t i "

(mauvais o e l l ) . 1'1 s ' a g i t bgalement d'une marque d'honneur e t de

respect o f f e r t e au couple.

L a mere du marl@ (ou une de res soeurs) o f f r e au couple

le PALUfl-PAJAMUM, un ve r re de l a i t dans l eque l on a melange de l a

pu r i e de bananes.

Aprds l a carbmonie du ALATTI, l a mar iee r e n t r e che: ses

beaux-parents en tenant dans sea mains un PADDl (mesure) de r i z

e t une boug ie allumee, symbole de l a femme " p r o t e c t r i c e du feu du

foyer..

Pour l a n u i t de noces, jus te apres l e mariage, l e l i t

n u p t i a l e s t decor* de jasmin. Du l a i t , des gPtcaux, des f r u i t s

rant deposes su r une p e t i t e t a b l e de chevet e t une image de l a

Sainte F a m i l l e au chevet du l i t nup t i a l .

Page 25: 11 LA VIE DES CREOLES

Chez lcs CrColcs comme chez les Indiens catholiques, le

lendemain, la belle-mbre, et les doyennes de la famille viennent

inspecter le drap blanc pour voir s'il ert bien tach@. On le

montre a touter les fcmmcs invitbes et la jeune mariee eat alors

taquinbe. Lcs femmes rCunies prennent le petit dejeuner et ren

trent chez clles mais trois, cinq, ou sept femmes restent pour

donner "le bran purificateur" b la jeune maribe.

Chez les CrBoles le lendemain du mariaqe, un db~euner

est offcrt aux parents du marib par les parents de la jeune

fille. Du "vindail de pouletU(20), du riz coco"(21), de la

"salade solemnite" fiqurent au menu. On bait du vin A table. Du

"cake", du "pandelo", restant de la veille sont offerts au des-

sert.

De meme chez les Indiens catholiques, un dkjeuner est

offert aux parents du marid, aux amis, A la parent&, par les

parents de la maribe. C'est le "Ponou Vitou Sapadou", (repas de

la fille de la maison) un ddjeuner ~ C I l'on offre du "Briyani"(22)

de mouton, du "Kourma"(23) de poulet ou de dindon, avec du "Ven-

gailla pachadiM(24), du "Takkali Titipun(25)

20. Vindail de poulet: curry de poulet avec tomates, ail, oignon, cumin, piment, vinaigre.

21. Rii coco: Rii cuit dans du lait de coca et color@ au curcuma. 22. Briyani : Riz cuit avec du mouton ou du poulet, des feuilles

de coriandre, de menthe et du yaourt, pimenta verts, cannelle, cardamome, et laurier indien.

23. Kourma: curry de poulet A base de yaourt, d'anis, de qingem- bre, ail, de piments verts et de feuille de coriandre.

24. Vengailla Pachadi: salade d'oiqnons, de yaourt, de piments verts, de feuilles de coriandre et de tomates.

25. Takali titupu: conflture de tomates aqrhmentee A la carda- mome, aux raisins secs, A la noix de cajoux frits dans du man tCque.

Page 26: 11 LA VIE DES CREOLES

du " K a t r i k r Chutney"(Zb), des "Ladou"(27), des " J i l e b i U ( 2 8 ) , e t

une banane, e t d l a s o r t i e l e "tambulam".

Le surlendemain, l a gerbe de f l e u r s de l a marlde e s t j e t@e

dans l a r i v i C r e d'Ariankoupam(29). Cecl r a p p e l l e l a coutume du

mariage h indou q u i es t de j e t e r dans un @tang ou une r i v l P r e l e s

qra ines qu 'on a mlses A germer dans des coupe l les , t r o i s Jours

avant l e mariaqe. La jeune femme r e s t e dans .a be l l e - f am l l l e .

r e tou rnan t chez ses parents , avec son marl , A l ' o ccas ion des

fe tes , e t seulement pour accoucher de son premier enfant.

La d o t

Chei l e s Creoles, deux Jours a p r h l e marlage l a proche

parent@, l e s parents des mariCs e t l e s amis i n t ~ m e s , se

rdun i ssen t pour l a remise de l a dot. Deux l i s t e s sont e tab l l es ,

une que l e s parents de l a mariCe qarde, l ' a u t r e q u i e s t remise

par un o n c l e paterne l dux pa ren ts du mariC.

26. K a t r i k a Chutney: Aubergines f r i t e s aqr@ment@es au l a i t de coco e t b l a pu lpe de tamarin e t auc +ices.

27. Ladou: p r t i s s e r i e ind ienne I base de "Ulundu", soJa n o i r , de suc re e t de mantbgue, parfum@ A l ' e a u de rose. Cet te p a t x s s e r i e se prCsente sous forme de bou le t t es .

28. J i l b b i r P a t i s s e r i e indienne, en forme de rosace h base de "Ulundu", so ja n o i r , sucre e t de manteqe, parfume b 1 'eau de rose.

29. Coutume que l ' o n r e t r o u v e chez l e s I nd iens ca tho l i ques e t h indous. Croyance que l e s "malai" ( qu i r l andes de f l e u r s ) qu i o n t s e r v i au mariage do i ven t e t r e je tees dans un f leuve, une r i v i b r e . La v i e du coup le cou lera pais ib lement, lonqtemps comme l e f leuve, l a r i v i L r e .

Page 27: 11 LA VIE DES CREOLES

~a dot c o n s i ~ f ~ en un lit deuK places, un matelas, une qranda

armoire, une table avec six chaises, des meubles de salon, six

assiett.5, six fourchettes, six cuilleres, S I X couteaux, szx

verres, six fas~es, six soucoupes, six casseroles, quelques

ustensiles de cuisine, (tous au nombre de six) six serviettes,

sic torchons, six robes, srx couvertures, six draps (de l ~ t ) , S I X

taies d'oreillers, six oreillers. Enfin tout ce dont un couple a

besoin pour commencer une vie commune. Les bljoux sont offerts h

la discretion des parents, suivant leur condition sociale.

Chez les lndlens catholiques la dot n'existait pas.

Depuls quelques annees, bien qu'interdite par la loi de 1961,

elle apparaft sous forme de dons de biens matbriels:

rbfrlgbrateur, tblbvision, radio, volture ou scooter, et trente

souveralns d'or en plus des biens mat~riels. Les frais de marlage

qui tradltionnellement etaient payes par la famille du mari sont

aujourd'hui souvent partapes par les deux familles.

I 1 va de sol quc pour des ralsons de statut social et

de prestige, les mariages coQtent cher. Le probleme de l'endette-

ment se pose dans le cas des mariaqes qui ont lieu dans les

familles de condition modeste.

SOURCES:

Enquete du 06.05.91 chez Mme Mercedes de Rozario Enquete du 07.11.91 chei Melle AurClie Loqa Enquete du 09.10.90 chet Mme Faloon Enquete du 06.10.90 chei Mme Corneille Micheline Enquete du 04.11.91 cher ttme Sycl Suzette Enquete du 09.11.91 chei Colonel Franr Andre

Page 28: 11 LA VIE DES CREOLES

b) Les f u n C r a i l l e s

Les cCrCmonies funebres se font dans l e s f a m i l l e s

c r@oles , comme a i l l e u r s , d p r o p o r t i o n du b ien qu 'a lais.@ l e

d0f un t .

D4s qu'une mort e s t annoncae, une l i s t e de l a parent6

e t des amis i n t imes es t C t a b l i e , e t on f a i t s a v o i r par c e t t e

c ~ r c u l a i r e que t e l l e ou t e l l e personne est ddcedee. Le por teur de

c e t t e c l r c u l a i r e d o i t l a f a i r e s l qne r par l e s gens q u i ont bxen

p r t s connaissance du d@c6s.

C e t t e c l r c u l a ~ r e annonce egalement l ' h e u r e A l aque l l e

l ' a b s o l u t i o n e t l 'en ter rement auront l leu . Le p r e t r e de l a Pa-

ro l sse Notre-Dame des Anges e s t inform& e t on f a i t sonner l e g las

pour que t o u t e l a v i l l e blanche sache q u ' i l y a un mort.

Pue l e mort t u t r i c h e ou pauvre, il t a u t p leurer , l u i

poser des quest ions, l u i t a i r e des reproches, des p la in tes . Tout

cela en conformi t@ avec l a t r a d i t i o n des pleureuses en Inde.

Le corps de l a peraonne dCc&d@e e s t l a v e avcc soin,

parfun@, h a b i l l @ e t couch@ au sa lon chez l u i su r un banc couvert

d'un drap blanc. Des bouquets de f l e u r s e t des bougies sont

o f f e r t s pa r l e s gens qu i v iennent A l a maison du mort . Le corps

Passe l a n u i t dans l a maison du detunt expos6 au regard des

v i s i t e u r s e t entour6 de l a f a m i l l e , des amis. La proche f a m i l l e

res te ass i se a cdtC du corps du ran t une v e i l l e e ponctu4e par des

Pr ihres.

Page 29: 11 LA VIE DES CREOLES

On offrc du cafe et du "Canqem(30) prbparb par la parent4 et les

amis intimes. (11 ne faut pas cuisiner tant que le corps est A la

L'animation est grande et la fonction sociale de ces

veillles funebres, lieu de rencontre et d'kchange pour les amis

et les parents, est loin d'etre negllgeable. Participer au deuil

d'un parent ou d'un ami est un devoir moral et une obligation

sociale pour un Creole. Enfreindre cette regle, serait rompre les

llens de parent@ ou d'amltt@. La mort comme le mariage contribu-

ent h fortifier la cohCs~on sociale au sein de la communaute

minoritairc.

C'Cpouse du ddfunt porte du noir; les orphelins du

blanc.

LC moment le plus dechirant oh tout le monde se lamente

et pleure A haute voix est quand le corps est mis dans le cer-

cueil. Juste avant, un afnC de la famille vient bter l'alliance

de mariage de l'annulaire du defunt; si un homme perd sa femme i l

lui ate l'alliance lui-meme.

Une fois le corps mis dans un cercueil, taus les mem-

bres de la famille, les amis intimes, vont h tour de rble em-

brasser le defunt sur le front. Si le defunt avait des petits

enfants, ils se tiennent autour du cercueil, une bougie allumCe h

la main et rbcitent trois Pater Noster et 1'Ave Maria.

30. Canqe: Tapioca cuit dans du lait sucre et parfume h la carda- mome et rgrementQ de noix de cajou et de raisins secs frits dans le mantbgue. MantPgue: beurre fondu et clarifie.

64

Page 30: 11 LA VIE DES CREOLES

Quand l e co rps a q u i t t C l a maison on l a balaye c t on l a

l a v e A grande eau.

LC c e r c u e i l , ouvert , e s t t ranspor t * A 1 'Cg l i se oh

l ' a b s o l u t i o n eSt donnee e t l e cortege se met en rou te P p i e d pour

l e c ime t i e r c d'0upalam. S i l e s femmes e t l e s enfants vont b

l ' d g l i s e , comme dans l a t r a d i t i o n hindoue, i l s ne se rendent pas

au c imet ie re . C ' e s t donc un c o r t l g e masculin oh f i g u r e n t , en t re

aut res , l e p r e t r e e t l e s hommes avec un brassard n o i r q u l t l en -

nent l e s cordons du po@le; l e cortege es t souvent accompagne de

musique m i l i t a i r e .

Le co rps e s t enseve l i au cirnet1Ct-e d'0upalam dans l a

2 a r t i e raservCe aux Crboles. Le c ime t i e re es t en e f f e t d l v i s e en

~ u a t r e p a r t i e s : l e c ime t i e re des EuropCens (maintenant

abandonnb), l e c i m e t i e r e des Creoles, p res de l a tombe du Pere

>ayot, l e c i m e t i e r e des Intouchables e t l e c imet ie re des Indiens

ra tho l i ques castes. I 1 y a t r o i s po r tes qu i menent P ccs

j i f f e r e n t s c imet iCres .

PrCs de l a tombe f a m i l i a l e , un discours es t prononce s i

:e mart d t a i t un n o t a b l e p u i s l e c e r c u e i l e s t c l o d e t g l i s s e

tans l a tombe. Tous l e s membres presents repondent aux p r i e r e s

-eci tCes par l c p r C t r e e t chacun j e t t e une poignee de sab le sur

le ce rcue i l , l e r c s t e du t r a v a i l Ctant f a i t par l e s croque-morts.

Une f o i s l e mort ensevel i , l e s membres prCsents se

lavent l e s mains dans un seau d'eau placC par l a f a m i l l e du

defunt pres de l a p o r t e d 'cn t rCe du c imet ib re .

Page 31: 11 LA VIE DES CREOLES

Si lc dCfunt Ctait un homme, des cigares sont offerts.

Les condoleances sont presentees et chacun rentre chez soi sans

se saluer.

Comme chez lea Indiens catholiques et les Hindous, ceux

qui ont Btl au cimetibre rentrent dans la maison du defunt et,

avant d'y entrer se lavent les pieds et les mains et s'aspergent

la t@te d'eau, pour se purifier car la mort souille.

Chez les Creoles, le soir le "Ourlmai Sorou" (le riz

rituel) offert par la belle-famille (beau-pCre, beaux-fils,

etc...) est partage avec la famille, la parent&, les amis in-

times, aprbs le decas. Ce repas n'est pas cuisine A la maison,

car 11 ne taut pas allumer le feu pendant tout le temps oic le

mort a repose et pendant le Jour de l'enterrement. Ce dtner qui

comporte du rlr, "applamU(31), poisson frit et "rasam"(32) est

commande dans un restaurant. Trois fruits : des dattes, du rai-

sin, des bananes sont servis camme dessert.

Une fois le dtner fini les membres de la famille, les

amis, les voisins partent sans se saluer car se saluer serait de

mauvais augure et signifierait qu'on ne se reverra pas.

Le troisihne jour apres l'enterrement du "cange"

"Ourimai Kanqi" (canqe rituel) prepare avec du lait, du sucre et

du tapioca est distribue aux parents, aux intimes at auc voisins.

31. hpplam: biscuit trbs fin fabriquk avec de la farine de len- tille et trite dans l'huile.

32. Rasam: soupe epicke, relevhe au cumin, poivre, coriandre, tamarin, tomate et ail.

Page 32: 11 LA VIE DES CREOLES

Ce r i t e d ' u t i l i s a t i o n du l a i t r appe l l e c e l u i des H in -

d w s q u i l e t r o i s i hme j ou r apr4s l ' en te r remen t asperqent l a tombc

de l a i t consacr l ( p a l t e l i t a l , p a l a l a i t , t e l i t a l - aspersion). Le

p ~ v o i r symbolique de resu r rec t i on p a r l e l a i t es t b i e n connu;

a i n s i , quand l e D ieu de l'Amour, Kama, e s t rCdu i t en cendres p a r

l e feu de l ' o e i l f r o n t a l de Siva, son bpouse, Ra t i , t o u t an se

lamentant, arrose ses cendres de l a i t .

Chez l e s Creoles, l e septiame jour aprPs l 'en ter rement ,

l a be l l e - f am i l l e , l a parent*, l e s amis e t l e s v o l s i n s son t

conv i ks b a s s i s t e r A une messe de requiem. AprPs, un p e t i t

dbjeuner (du "pa in b e n i " - p e t i t e b r i o c h e ronde-, une banane e t

du caf*) es t o f f e r t A tous ceux q u l e t a i e n t prbsents dans l a

maiaon du defunt. C 'es t l e moment de l a distribution de p e t ~ t s

p a p i e r s imprimbs p o r t a n t l e nom du dbfunt , se5 dates de naissance

e t de dCcBs, sa pho to a i n s i qu'une c o u r t e pr iPre. Ces s o r t e s

d' imaqes pieuses son t manifestement dest inees A e t r e g l l ssCes

dans l e s pages du m isse l pour rappe ler dux su rv l v rn t s l a date des

p r i b r e s q u ' i l s au ron t A f a i r e .

Un moia apres, une au t re messe es t o f f e r t e A 1'Lme du

defunt , qu i .era s u i v i e d 'un dejeuner pour l a parent* e t 1es

amis: repas de v iande avec cu r r y de mouton, r i r blanc, "rasam",

e t salade russe. Avant de s e r v i r l e dejeuner, on se regroupe

au tou r de l a photo du mort, d lcorde de f l e u r r e t de bougics e t

dea p r i e r e s sont r b c i tees.

Page 33: 11 LA VIE DES CREOLES

Une t e u i l l e de bananier contenant l e de~eune r e s t

dCposbe A c o t 6 de l a photo du defunt, a i n s i qu'un ve r re de v i n ou

d ' a l c o o l e t des c iga res ( s i l e mort fumai t ) . C e t t e p a r t du de fun t

es t donnCe h un pauvre. On brDle de l 'encens devant l a photo du

defunt, p u i s devant l e s images des Sa in ts accroches aux murs, une

coutume i den t i que c e l l e de l 'h indouisme OLI on o f f r e des

lumiCres e t de l 'encens aue representa t ions d i v i n e s e t aux por -

t r a i t s des dkfunts.

Un "Ladou" e t une banane sont o f f e r t s comme dessert .

Les i n v ~ t C s p a r t e n t de l a maison du defunt sans remercier l e s

hOtes e t sans l e s sa luer .

' ~ e d e u i l e s t p o r t 0 par l a f a m i l l e pendant un an, un

mois e t un jour , un compte non rond b ien p rop re A l a pensee

indienne. Pendant c e t t e per iode aucune f e t e ou cbremanie ne sera

cClCbrCe.

La veuve p o r t e du n o i r pendant un an, un mois e t un

jour e t ses t o i l e t t e s sont ensu i te sabres e t sombres. Cant ra i re-

ment dux Ind iens catho l iques l a veuve c reo le peut e t r e presente

pour tous l e s Qvenements heureux.

Le premier ann i ve rsa i re de l a mort e s t l ' occas ion d 'une

au t re rCunion f a m i l i a l e , accompagnee aussi d ' un repas de viande.

Dee pauvres sont n o u r r i s ce jour, encore une hab i tude indienne.

Par l a s u i t e , tous l e s ans l ' a n n i v e r s a i r e de l a mort es t ce lebre

avec un repas de viande e t l e s pauvres sont nou r r i s .

Page 34: 11 LA VIE DES CREOLES

Nous avons vu lcs relations hi4rrrchiqucs au w i n dc la

tamille dans la vie courmte, at au cours dcs

clrCmonies familiales intitulCcs : mariapea, ddch. Nous allons

ltudier quelques aspects prrtiqucs de la vie quotidienne.

2) La vie quotidienne

a) Les loisirs

Dans les annees 50 les familles aisles allaimt se

promener le soir en voiture du cbtl du Grand Etanq, de la

Tombe(1) de 1 'Anglais.

On allait Cgalement du cbtl de Ariankoupom le long dc

la riviere pres des berges sur lesquelles quelques propriCtls de

plaisance Ctaient construites : Villas "non Amour", "Doux

Abris".

On allait lgalement au "chateau"(2) par une route

Btrorte. On partait trCs tot le matin en voiture, deux ou troia

familles avec des paniers de nourriture, d'eau. Deux ou trois

domestiques partis la veille, attcndaient l'arrivhc de. voitures.

On allait Cgalement le dimanchc m pique-nique "au

jardin d'Eden"(3). Le jardin etait magnitique, plcin de porches,

de murettes, de belvbdhres, de kiosques ; de dallages et de

statues en bois de teck, dc trCs prandes statues en qranit qui

avaient &t& apportees de Gingy.

1. A c6tC de Jipmer L l'entrde de la Ville dc Pondichdry i l y a une tombe &rigCe I la &moire d'un officier anglais 2. Chateau de 6ingy. 3. "Le jardin d'Eden" so situe A Karouvadikoupam sur la route de

1 'aeroport de Pondichlry. "Ce jardin d 'Eden" appartient tou- four. I la famille richissime SINNAYA HWDELIAR.

Page 35: 11 LA VIE DES CREOLES

N'oublions pas la galerie des glaces calquhe sur cclle

de Versai lles.

On se rendait bgalement h Bahoor et Villenour en voi-

ture. Ce sont les banlieues les plus proches. Certains Crholes

avaient des propriCtCs et des rizieres 00 ils faisaicnt cultiver

le riz, l'arachide, le coco.

On n'aimait pas trop le Grand Etang, les payas(4)

n'ktaient pas tras aimables, ni sympathiques aux creoles et aux

EuropBens. 11s les appelaient : "velakaran, velakari" ou "satal-

karan, sataikari ". On allait se promener eqalement sur le "pier". Les ba-

teaun touchaient Pondlchery a l'epoque. Les ofticlers de la

RCpublique dbbarquaient sur le "pier".

AndrC Chevrillon nous dit:

"The mllitary torces of French India,the three hundred Sepoys that Great Britain tolerates, are here ; drawn up in double rank, enchanted at playfng sold~er, very much pleased wlth their brilliant uniforms... ... the crowd of curious na- tives is kept off, the whites however pass freely under the arches of triumph...

4. Petit paysan d'origine tres pauvre et souvent intouchablc paya = deformation du mot tamoul: PAYAN - (petit gargon)

Page 36: 11 LA VIE DES CREOLES

... Poor w h i t e popula t ion of Pondichery, poo r Frmchmen and CrColes bo rn so f a r away, p o s t e r i t y o f g a l l a n t ancestors; who estab l ished t h e m s e l v ~ ~ here when France was a famous power on Indian So i 1, and are now so forgot ten ; so reaote ! I no t i ce descendants o f o l d c o l o n i a l f a m i l i e s ; and noth ing i s more s t r i c k i n q than t o discover i n them the features and the express ion o f our race. they seem marve l l ous l y prov in- c i a l , behind t h e times w i th a kind o f f a t i q u e ; effeminacy, enfeeblement , sometimes an appearance o f be ing withered. Everything h e r e seems 1 i k e a l i t t l e French p r o v i n c i a l town, very remote f r o m the centre, yet l i v i n g o n l y by the few drops o f l i f e d i s t r i b u t e d from t h e i r own centre. ( 5 )

On a l l a i t Cgalement a l a Place Charles de Gaul le au

Kiosque. (6)

5. Romantic I n d i a Translated from the French of Andre CHEVRILLON London. Wi l l iam HEINEWANN - WDccc X V I I . p. 45.

6. Le Kiosque de musique emplacement donne par Cou. LATCHOUUANAS SAMY CHElTIAR en 1894. Ref: "Pondichery de l ' a n 1000 h nos jours" Yvcnne Robert GaebelC - Imprimerie du Governement - Pondich&ry - 1960 p. 104.

Page 37: 11 LA VIE DES CREOLES

"Hon pousse - pousse m'a con- duit un dimanche soir au con- cert donna sur la place Dupleix par la musique des cipayecn(7)

. . . Sur des bancs pres de l'orchestre, quclques rares Indiens, des femmes surtout ; fi8res de montrer leurs anneauz d'or ; leurs pendeloques ; leur choli(0) broda b manches courtes et leur sari sombre au pan gracieusement rejetb sur l'bpaule. La plupart der audi- teura etaient des Creoles. Le tout PondichCry mltis tenait lA ses assises. Chaque famll le avait comme moi, range son pousse-pousse entre la mer et les cipayes ... ... Pauvre musique ! mais bien excusable puisqu' elle donnait un pretexte h cette petite rlunion et une occaslon d'ec- hiber des robes bleues, jaunes ou blanches, et des chapeaux copils dans les journauc de modes de Paris. J'ai vu lh quelques ~ o l i s visages de demi- ndgresses qui ressemblaient h des gitanes de Grenade ; j'al assist* A des ebauches de flirts et j'al eu le plalsit- d'entendr-e autour de moi ces Frangais de 1'Inde parler ma langue. Chose curieuse ; ces Eur-aslens issus d 'ancienne~ unions entre Indiennes et Frangals ont un accent mCr-idional tr-Bs caractbrisl. Sans daute leurs ancatr-es, les pr-emier-s colons qui fonderent Pondichlr-y en 1674 etalent venus de Marseille. " (9)

7 . Policiers Indiens commandds par des officiers blancs. Corps d'Infanterie indighe

Cree en 1667 A PondlchCr-y Ref: "Histoire de Pondichery de l'an 1000 A nos jours".

8. Choli: petib corsage tr3Bs ajust* s'ar-rbtant A la taille Yvonne Robert Gaebelb Impr-imerie de Pondichdr-y 1960 p. 98.

9. MANFROID (4) - Sous le Soleil de 1'Inde - Paris - Librairie Plon, 1911 p. 107-109.

72

Page 38: 11 LA VIE DES CREOLES

b ) La mascarade

Pour l e Mardi-Gras, l e s Creoles se dhgu i sa ien t e t

dansaient devant leS maisons des notables. La mascarade ne c i r cu -

lai t que dans l e q u a r t i e r b lanc. I 1 y a v a i t t r o i s bandes q u i

* s o r t a i e n t " : une bande s o r t a i t de chez M r . C o r n e i l l e , oh toutes

l es bandes se rbun issa ient . Une aut re bande s o r t a i t du N id Arnica1

qu i O t a i t prPs de l ' e g l i s e du Sacre Coeur ; l a d e r n i l r e bande

vena i t d 'au-dela du cana l , e l l e e t a i t o r g a n ~ s h e par l e s Bas

Crgoles moins f o r t u n l s hab I t a n t Dubrayapet.

On dansa i t l a "chbga", danse o r l g t n a l r e de l a Reunion.

Dn c h a n t a i t des chants q u i rappe la lent l e p a r l e c reo le de l a

Reunion, l a chanson "Marie l a pCcheurU e t a l t chant*e :

Marie l a pecheur 00 est-ce que l a poisson ? La mer 1 'a mon tee La li 1 ' e cass le Je comprends pas, Je comprends pas La li 1 'O cassOe.

L a mascarade e x p r i m a i t l a j o ~ e de v i v r e . Tous l e s

jeunes Creo les prbpara lent A l ' avance ce jaur ; l e s masques, l e s

costumes, l e s personnages representa ient un d iab le , un bvPque, un

r o i , un car-bay, e t des personnages f a n t a i s i s t e s qu 'ava ien t crCes

l e s p a r t i c i p a n t s A I ' imag ina t i on f e r t i l e . I 1 y a v a i t des chevaux

.Les bandes s o r t i r " : ce terme es t ca lque su r l e Tamoul

.name pourapadalama ?". GOneralement on v o y a i t peu de Hauts

Creoles r e meler A ces bandes de mascarade. On n e dansa i t que

dans l e q u a r t i e r blanc. Ces bandes, d 'une maniere generale,

d t a i e n t organisees par des CrOoles moins for tun&s, q u i h a b ~ t a i e n t

au-delA du canal .

73

Page 39: 11 LA VIE DES CREOLES

Verm l e r annecs 30 chrz M. Cornc i l l e qu i a i d a i t l e s

jeunes a l a mascar.de , se retrouvaient l e s t r o i s "bmdrs"; un

p e t i t repam ou une p e t i t e c o l l a t i o n de dCpart C t a l t o t fe r t .

On se r r t r o u v a i t A l a t i n des "tourndesM I l a %c i& td

Mutuel l r des C r C 0 l r ~ pour danser e t manger un "Ta l la i ka l curry"

ovec des "Toss&".

Que soot devenues ces mascarades ?

OQ ron t l c s neiqes d'antan ?

Aufourd'hui nous ne voyonr au d e t i l * du Mardi-Oras

qu'une mascarade dansec par l e s "pousseurs" ; une danse mouvmt

vu lga i re oli f i gu ren t un diable, une int i rmiCre, un monstrc, un

ours.

La mascarads d ' m t a n n ' a p lus r i c n A v o i r avcc c e l l e

d'audourd'hui. Nous voyons bien que pour 1es Creoles c 'es t une

Bpoque rCvolue c t que l c bon vieux temps es t t i n i .

C) Les jeux

Les combats de certs-volants : M r . Cornei l le d t a i t un

spbc ia l i s tc de l a tab r i ca t ion des cerfs-volants. On f a i s r i t des

combats de cer ts-vo lmts. P w r ce la il f a l l a i t d'abord prCparer

l e "Manjs" : vcrre p i l e mClanqC I du r i z e t du w t t r e . I 1 f a l -

l a i t ensuite enduire l e t i 1 du cerf-volant a v u ce t te "Man~a".

Pour Cv i te r de r e couper l o r s de l a tenue du f i l , il

f a l l a i t r e proteger l ' index, do igt d i rectcur , d'une bandc de

tissu.

Page 40: 11 LA VIE DES CREOLES

Le j eu c o n s i s t a i t A amener son cer f -vo lant en-deszious

du ce r f - vo lan t adve rsa i re de maniCre A ce que l e f i l du premier

sous l e t i 1 d u second ; lorsque l e s deux f i l s se toucha ient

f a l l a i t e t r e l e p l u s rap ide d 'abo rd en relachant son f i l e t

dans un deuxikme temps en l e ramenant, tendu, vers s o i d 'un coup

; ce mouvement s c i a i t e t coupa i t ne t l e f11 du ce r f - vo lan t

adversa i re ; c ' e t a i t l ' e f f e t "Man~a" ou e f f e t du " v e r r e p i l 8 " .

Les ce r f s - vo lan ts C ta ien t l a n c l s d 'un q u a r t l e r a un

au t re . ces combats n ' e t a i e n t pas seulement des jeu): d ' e n f a n t s ;

l e s adu l tes y p a r t i c i p a i e n t eqalement. I 1 y a v a i t e n t r e a u t r e M r .

Decrur qu i C t a i t t r 4 s rCputC pour l a r e c e t t e de l a " t lanja".

Souvent ces combats n ' b t a i e n t pas f a c i l e s car il f a l l a ~ t f a l r e

paszier l e s ce r f s - vo lan ts en-dessus e t en-dessws des poteaux

e lec t r l ques .

Les combats de c a l l l e s : e l l e s B ta ien t fourntes par l e s

"Kouravan", ou Gi tans. On d ressa i t des c a i l l e s males ca r ce sont

des oiseaux que 1 'on peut rendre agress l fs . Le p r i n c l p e en e t a i t

s imple : il f a l l a ~ t , en premier l i e u , e n t r e t e n i r l ' a g r e s s l v l t 8 de

I ' a i s e a u en l e p r i v a n t de n o u r r i t u r e , ensu i te il f a l l a l t l e

p l a c e r devant un m i r o i r ; dhs l o r s , l a c a l l l e l t a i t convaincue

que l ' i m a ~ e q u , e l l e voya l t r ep rdsen ta i t c e l l e d 'un adversa i re e t

que c ' e s t c e t adve rsa i re q u i 1'empCchait de manger. A p a r t i r de

c e moment-la, l a c a i l l e cornmengait A chanter, ce q u i s ~ g n i f i a i t

q u ' e l l e B t a i t p r e t e pour l e combat.

Page 41: 11 LA VIE DES CREOLES

Souvent ces cailles Ctaient emportdes dans dm petits

sacs car i l fallait 1.s isoler pour les rendre agressives. h e

caille qui avaif perdu n'avait plus le droit de combattre.

L'enjeu de cms combats de cailles btait l'argmt.

La chasme : c'btait un j W d'enfantr, avec des lance-

pierres on pdparait 11 chasse avec des billes de plomb que l'on

coulait et des billes d'argile que l'on fabriquait. Le produit de

1s chasse se terminait dans un "vindail". On jouait I Ouplam car

chez ler Hauts CrColer ces jeux Ctaient proscrits. Les jeunes

passaient A leurs ycux pour des voyous.

"Kapoti" I ce jeu se pratiquait dans la rue ; le

"kapoti" est un petit morceau de bois taille en pointe sur lo

d e u ~ bouts quo l'on tape avec un petit baton pour le faire ri-

cocher. .

Tour ces jeux Ctaient trLs saisonniers ; voici quelques

autres jeux :

JRIX de biller : billes en verre, en fer, en terre,

Fmtball : ce jeu se pratiquait dans le quartier et

dans la rue,

Towies.

EnquPto : chez le colonel Franz Andre le 7.11.1991 cher nicheline Corneille Narayanan le 11.11.1991

76

Page 42: 11 LA VIE DES CREOLES

3) Commns.litb.

P m q w tous l e a I n d i m s hind- e t les cathol iques

o r t h o d ~ x e ~ r n p u t e n t l e s rbg le8 e t les i n t e r d i t s , r e l a t i f s A l a

p o l l u t i o n , qui c o n c ~ r n r n t l a nourr i ture. 11 est i n t e r d i t de

.anger du porc c t mcore p l u s du bocuf.

Les castes sup+rieures considtbrmt cet usage comme

po l luan t e t c- un a t t r i b u t des castes in fbr ieures. I1 a r r i v e

cependant qu'A PondichCry cer ta in* Indiens chr is t ian lsCs cast&%,

qui a n t f a i t d u sCjours m Mbtropole e t en Indochine, consomment

du porc c t du boeuf. 11s sont considCr4s p a r les Hindous e t l e s

a u t r r s Indiens c h r i s t i a n i s b s orthodoxes c- intouchables, ca r

m- l e s Indirns c h r i s t i a n i s * ~ gardent une qrande r@&ugnance a

1 'Cgard de l a viande de bocuf.

Les Hindous non v*gfitarirns mangent de l a chevre, du

mouton, du poulet, des oeu t r e t du poisson d'eau douce e t de mer.

Les Brahman- orthodoxes ne mangent n i a i l , n i oignms,ni cer-

ta ines courges. Quan t aux CrBoles, i l s mangent du boeuf, du porc,

du poulet , du m u t m e t de l a chtbvre, du poissson.

Banper ou ne pas manper t e l l e ou t e l l e viande d e v i m t

un c r i t b r e de s ta tu t de car te.

a) La sCgrCgation r & s i d e n t i e l l e

En Indc, l a p o l l u t i o n e t l ' oppos i t i on pur - impur s a t

l ' o r i g i n e de l a ~ i g r & ~ a t i o n spat ia le en t re 1- castes. On connatt

nBmc de nos Jours l ' e x i s t m c e de hamerux de hors-castes

I ' en t rBe des v i l l apes 1 durs les v i l l e s e l l u ~ e s , lea quar t i -

r r s t r a d i t i m n c l s s 'ordonnmt selon l a hierarchic des castes,

chaque rue porte p a r f o i s l e nom d'unc caste.

77

Page 43: 11 LA VIE DES CREOLES

I1 existe A PondichCry la rue des Brands Brahmes, des

petits Brahmes, la rue Vellafea, la rue des Chatty, la rue des

v.shi.1, la rue des Kosuva (potiers). Mais PondichCry connatt

aujourd'hui un tel error d'urbanisation que cette segragation

rCmidentielle .st devenue moins rigoureuse. Nous avons le quarti-

er musulman (Rue Kasi, Rue Mulha) OP habitent les musulmans et

trhs peu de catholiques. Aucun Creole n'habite la ville indienne

ni dans les nouveaux "Nagar" (les cites qui se construisent aux

alentours de la vieille ville de Pondichery). Les Creoles ront

regroupCs au Sud €st de la ville, dans la ville blanche surtout

danm rue Labourdonnais, la rue du Bazar Saint-Laurent, la rue

Baslieu, la rue Dumas, la rue Suttrm, la rue Romain Rolland.

Hormis les Creoles marqinaux qui se sont plus ou moins meles A la

population'indienne des Harijans et vivent a Dubraypet - village

situC entre la pare et Colas Naqar, au dela du boulevard sud. La

pluprrt des CrColes habitant la ville blanche sont propribtaires

de l w r s demeures imporantes hCrithes de leurs ancetre~.

4 PondichCry, la maison creole typique emt de meme plan

que cells de Goa: une large verandah donnant sur le jardin s'ou-

vre sur un vaste salon qui dessert toutes les autres pieces de la

maison, I l'exception de la cuislne situLe a l'arrihre, dans le

jardin.

b) Le pur et l'impur: le problCme de la pollution.

Si dans des cas tr&s nombreux, le pouvoir Cconomique

est m t r e les mains des castes supdrieures, ceux-ci bdnbficient

d'une supQrioritC rituelle incontestLe.

Page 44: 11 LA VIE DES CREOLES

Ccla cst A mcttrc m rapport r v a la notion dm pollu-

tion, avec la dirlcctique du pur ct dc l'iqur qui cst la fonde-

rncnt mCac de la hierarchic des castes.

Dans quelle mesure motivtt-cllc les reactions des

Indiens vis-A-vis des CrColes

"C'est du mhm principe que vient le m&pris qu'ant la plupart dcs Indiens.. . Les EuropBensqui vont rux Indcs". . . (10)

Etant peu instruits dcl usages du pays.

11s "se servcnt indi tfCrcmcnmt d'un domcstique prria" ... ( 1 1 )

Aujourd'hui a Pondichcry cctte notion dc pur/impur

s'est cstompbe; les gens toutes cast- confondues habitent dans

les rues reservdes i l y a quelques vingtaines d'mnCe a leur

caste propre.

10. Ler Indiens donnent le nom de Franpuis A tous les EuropCens qu'ils connrisscnt (. . . ) Un frangui selon cux, cst un home sans naissance, puisqu'il n'est lid par les lois d'rucune caste (.. . ) i l manpc du bocuf ct bait du vin : La Flotte -

historiaueq l'Inde, (1769) . Floris pantes, Anthologic etc ..., p.W0.

11. Ibid - Dcsvrulx - nocurs gartume~ g e ~ Indiens, 1777 p. 178

Page 45: 11 LA VIE DES CREOLES

4) L ' a r t c u l i n a i r e

a) Les rCgles de n o u r r i t u r e

Preque tous l e r Indiens hindous e t l e s cathol iques

orthodoxes rerpectent l es rCgles c t l e s in tmrd i t s r e l a t i f s b l a

p o l l u t i o n qui concarnent l a n o u r r i t u r e cu i te . I 1 e r t i n t e r d i t

dc manger du porc e t encore p lus ou boeuf.

Les castes s u p ~ r i e u r e s c o n r i d k r m t ce t usage comme

pol luant e t comme un a t t r i b u t dcs castes in fe r ieu re r . I 1 a r r i v e

cependant b Pondichery que c e r t r i n s Indiens ch r i s t i an isCs castes,

qui ont f a i t dcs sCjours en HCtropole e t en Indochine, consommcnt

du porc e t du boeuf. 11s sont considCr8s par l e r Hindous e t l e a

r u t r e s Indiens ch r i s t i an isCs orthodoxes contam intouchables, car

meme les Indicns c h r i s t i a n i s t ? ~ orthodoxes gardent une grandc

rbpugnance I l 'dgard de l a vfande de boeuf.

Lcs Hindour non vCgCtariens mangmt de l a chCvre, du

mouton, du poulet, dcs oeufs e t l e poisson d'cau douce e t de mer.

Les Brahamanes orthodoxes ne mangent n i a i l , n i oignons n i cer-

t a i n o courges. Quant aux CrBoles, i l s mangent du boeuf, du porc,

du poulet, du mouton e t du poisson.

hanger ou ne pas manger t e l l e ou t e l l e viande devient

un c r i t e r e de s t a t u t de caste.

Page 46: 11 LA VIE DES CREOLES

En Inde, 1es rhlcs de la commmsalitb constituent un

tissu extrhemmt complexe do relations socialer mtre les

famill- d'une &me caste et entre lcs castes diffCrmts. Elles

varient selon lcs regions, et surtout, selon la nature et le mode

de cuisson de la nourriture. Vulnerable, aucune restriction n'ex-

iste en p8nbral quand la nourriture cst crue. A l'extremc, la

nourriturr cuite, vulnerable A l'impurete est r8servhe aux mem-

bres de la famille du groups endogame et aux serviteurs provenant

de castes inftkrieures.

En matiere de commensalite, i l importe de savoir qui

falt la cuisine. Afin que tout le monde puisse manger, la nourri-

ture doit etre preparee par celul qui est le plus eleve dans la

hlbrarchie de la puretC: le Brahmane. Pour les banquets publics,

les fetes religieuses, les mariages, ou tous les invites sont

convres un festin, on veille a ce que la nourriture soit

pr8parCe par des Brahmanes venant en principe dc la region de

Udipi, dans le Mysore.

Mais chez les Crhles n'existe aucune restriction de

commensalitb, ni dans les invitations priv8es ni dans les ban-

quets publics. 11s mangent du porc et surtout du boeut. Beaucoup

d'Indims castes, et surtout les Hindous, retusent de partager un

repas ou mew d'accepter la nourriture ou la boisson offerte, par

un Crbole.

b) Les ustenriles de cuisine, les mortiers et les meules

Les hmnes A Pondichhry ne cuisinent pas, c'est un

travail principalrment fCainin. L'homme tait quelquefois le

marche mais la cuisine reste l'apanage des temmes.

81

Page 47: 11 LA VIE DES CREOLES

Les dammu crColcs n ' u t i l i s e n t pas ler appare i l s

~ lec t ro-mCnrgers t e l s que l c s mixers, l e s coco t tes minute ar l e s

cu i s in iC res I gaz. La c u i s i n e se f a i t dans des u s t e n s i l e de

t e r r e c u i t e a t au feu dc bois. Les mor t i e rs t r a d i t i o n n e l s sont

enccre d'usage cher nos dames crboles.

ammi " I Les cu r rys cons i s ten t cn un amalgame

ing6nieux d 'bp iccs que l ' o n m u d tous l e s Jours au "ammi" (meule

a epices). Le m o r t i e r e a t une tab le h o r i z o n t a l e e t l e p l l on , un

c y l i n d r e qu'on t r o t t e sur c c t t e p i c r r e (en g r a n i t e ) perpendicu-

la i rement I sa longueur ( e t qu'on frappe 1Ogtrement sur c e l l e - c i

A l ' occas ion pour b r i s e r de gros fragments). I 1 t a u t rapprocher

"amml" de "amma ou ammal", c 'es t -A-d i re l a mere. Le c y l i n d r e e s t

l e " k u l a v i ac ku landay i " , l e bdbd. Dans l e r i t u e l brahmanique du

du marlage, non seulement " l 'ammi" es t l a p i e r r e su r l a q u e l l e l a

mariCe d o i t me t t re l e p ied d r o i t ( " s o l s une femme comme c e t t e

p i e r r e " - VCda -), mais " l 'ammi" symbolise auss i S iva c t Parvat i .

Le "endra-kal" ea t un moul in P main ou une p i e r r e m n i e

d'une poignCe, tourne sur une au t re autour d 'un axe v e r t i c a l . Ce

moultn es t tournd p&Cralement I deux mains, pa r deux femmes

assises face I face. I1 e s t u t i l i s d pour moudre l c r i r , l e so ja

n o i r e t l e m i l l e t .

Le ' u ra l " c u t un mor t i e r b ddcor t iquer : l e " u r a l " e s t

un c y l i n d r e de p i e r r e rsuez large, 16gPrement CtranglC e t dCcorC

de QOrgPS au m i l i e u de sa hauteur. Le p i l o n 'u lakke i " , e s t un

long c y l i n d r e de b o i s dur, c e r c l e de f e r rux extrCmitCs.

Page 48: 11 LA VIE DES CREOLES

LC 'attu ural" eat un mortier courant ou dansmt : P

vide, le pilon "attu-kal" roule comme une bi.lle dans la cavith.

1 1 est utilise dans la fabrication des "iddli" et des "toasai" - goletter cuites A I'btuvCe A base dc riz mdlangl au

lQullundu"(soJa noir).

- Vannage : criblagc et triage. Les Tamwls comme les

Crloles de Pondichbry utilisent le "wrrm" ou van. Une tois le

riz dlcortiqud, il taut en expulser la balle (urnmi). Le riz est

lance en l'air, les particules entra2n&es par le vent retombent

en avant, le grain reste dans le van. Le mouvemcnt s'accompagne

d'un petit tapotement des doigts sur le fond pour empecher

l'adhbrence, d'oii le nom de "pudeikkiradu" c'est-A-dire vanner,

trapper. Ce vmnage n'a de sens que d m s le contexte indien dans

le traitement des cbreales (domeatiques).

- Concentrer ler pierres se dit "nembudal". On jette le riz comme pour le "pudeikkiradu" mais dans un plan oblique ayant

pour ettet de faire passer lcs grains en avant, d'oP on les tait

sauter I laext&rieur, et de concentrer les pierres en arriCre.

I1 y a un mwverncnt dc va et vient latlral, comme dans

un crible ; lcs grains viennent rebondir dans le coin gauche

tandis que les pierres demeurent groupies. Lcs pierres sont

jetees par dessus bard ou prClevCes I la main.

Pcut-etre cette classification donne-t-ell* une idbe de

la prCcision de cette technique. Hair pour decrire la dextbritl

des femmes tamoules ou crColes, il faudrait prendre en

Page 49: 11 LA VIE DES CREOLES

ConsidCration 1. rapidit& des opCrations qui, dans le cas des

vieilles femm8s expertas, confine L la prestidigitation. Les

ditfCrentes opCrations se succbdent par tranche, trCs brCvcs ;

deux ou trois mouvments differants suffisent A faire passer les

pierres par dessus bord ou A rasrembler dans la main droite une

poignbe de riz. Un film seul pourrait en donnrr une idee.

A la difference des Brahmanes et de certains Indiens

castds, les CrColel etuvent le rii avant le decorticage. I 1 est

ensuite Ctald pour sCcher compl&tement. On dit que le riz Ctuvc?

"pulangu nellu" rst plus facile A piler. I1 double de volume en

cuisant et pour cette raison convient mieux aux pauvres. Ce n'est

que pour certain5 usages spCciaux (religieux, par exemple) qu'on

emploie le.rlz dCcortlque non CtuvC "paccei rrici*.

C) La nourriture

Les Creoles ont un rCgime tr&s card. 11s mangent

presque tous les jwrs de la viande de boeuf w de porc, sauf le

Vendredi et le Srraedi. Les CrColes vegCtariens n'existent pas,

alors que nous trouvons des Indiens christianises vCg8tariens. Ce

caractare determine une des grandes coupurem dans la sociCtC

pondicherienne.

La consomation de raz est tres importante. Les "hauts

Cr@olcs" mangent du pain et du riz alors que les "bas crColesW ne

consomment que du riz, au dCJeuner et au diner. Le petit dijeuner

est le plus souvent compose de "tossCn (tossai) ou "iddli" que

l'on mange avec le curry de poisson prCparC la veille ou les

Page 50: 11 LA VIE DES CREOLES

,,stas de curry de la veille. Les dimrnches et les jours de

fetes, on retrouve les "appe" (appon) et les galettes "tannerre"

(iddi appon) que l'on sert avec du lrit de coco sucrl et du cat&

au lait. L ~ s fours de fete, on prlpare la veille le "talai kal

curry" que 1 'on mange au petit dljeuner avec des "toss&* et des

"iddli".

On a aussi chez les Creoles du cafe agrCmentC au lait

de coco, boisson tres agreable mais aussi trCs indigeste.

Le "cafe jagre" ou "vellan kapi", cafe au lait, sucrl

au sucre de palme, est une specialit& que l'on retrouve chei tous

les CrColes.

bu gooter, avec le cafO Jaqre, chei les Crdoles on

mange du "manioc-coco". C'est du manioc rtpd mClangC A du coco

rape at du sucre.

Les dimanches, chei les Creoles, le dessert se compose

de "gateau pommes de terre" gateau prCparC avec dea pommes de

terre, du sucre et du lait de coco. Ce gateau ne se conserve pas

longtemps car avec la chaleur, le lait de coco termente avec la

pomme de terre. I1 taut le consommer dans la journee qui suit la

preparation.

Chez le* * h u t s Creoles", outre le cake at le pandelo,

on pr*pare du gateau moka pour les anniversaires de naissance.

Les dames creoles aettent tout leur talent culinaire A preparer

le grasoul" . On retrouve cet entremets chez les Indiens

~Cghtrriens, le "samsa", la farce est bien .Or I base de l&gumes.

Page 51: 11 LA VIE DES CREOLES

Un plat typiquement crCole est le "vindalou" de porc

preparb aouvent le dimanche avec un curry de poulet et la

~ ~ ~ o l r n i t b salade" ou parfois la "salade russe".

Les Creoles mangent les abats de mouton, de boeuf et de

porc. Beaucoup d'lndiens christianises ne mangent pas d'ebats.

~ o u s retrouvons de nouveau cette notion de caste dans le regime

aliment~ire. L'alimentation dbtermine la caste A laquelle un

individu appartient.

Parml les currys prCpares avec les abats, nous avons le

"potti curry", curry fait avec les tripes de mouton ou de gras-

double ; le "tallai kal curry" est un plat de convivialite.

Le vendredi, les CrColes ne mangent pas de viande. 11s

ont au dejeuner du poisson, souvent preparb en mmolli", du pois-

son trit et un legume en "fougade".

Le "bafadde", le "moltani", le "iral perutal", le

"couiide ", le "curry blanc", le "errichi kadallai curry" le

"boullanbasse ", le "karuvadu chutney", le "Danmark chutney", le

" boulette curry", le "salmi", le "ragoOtn sont des plats ty-

p iquemen t creel es.

Les Cr&oles ne consomment presque pas de lentilles

blondes (le "dhal"), enormOment utilis8o dans la cuisine des

Hindous et des Indiens christianises.

La cuisine creole est typique . On utilise beaucoup de

noix de coco en pate qui donne aux currys du corps et aqremente

cette complexe et subtile pyramide de aaveurs.

Page 52: 11 LA VIE DES CREOLES

En tout dix-huit @ices sont d'urage courant chez les

cc~oles. N w s pouvons citer le piment, le poivre, le coriandre,

lo cumin, l'imis, le curcuma, les graines de pavot, la cannelle,

les clous d c girofle, la cardamome, le laurier indien, le

fenuqru, lcr qrrines de moutarde, le gingembre, l'anis &toil& et

la noix de muscadc.

Les CrColer n'utilisent pas du tout "l'asa foetida",

cette gomme-resine qui est indispensable dans la culslne

~CqCtarienne de 1 ' Inde entikre.

On bait du "vin compos@" les jours de fete, et le soir

les vieilles dames creoles consomment du "sante" ou du "P. capl-

tale" -une dose de whisky ou de "Pattai", alcool du pays-. La

consommatlon d'alcool par les femmes est ma1 vue chez les

Indians.

Les temmes crholes ne chiquent pas le bbtel, par con-

tre, alles f u m t des cigares aprt2s les repas et quand elles vont

dux W.C.

Chez les Indiens, on chique le bCtel toutes les fois

qu'on le p w t , et i l n'est pas de receptions ou de fetes sans

bCtel.

*Pour le dossier "Famille" voir : Pousse Michel - "L'Inde. Etudes Jmaaes - article L s "Cr&olea" gg descendants d'Eurooeens

PondichBry - Lourdas Tirouvanziam-Louis, L'Harmattan, Universite de l a Reunion, octobre 1993, p.187 a p.210

Page 53: 11 LA VIE DES CREOLES

Un repas crCole typique comporte du vindail de

boeuf(l2), du rir blaoc, du moltani(l3), dcs fouqades(l4). La,

plats sont prCprrC~ avec du m ~ a l a , unc pate de diverses dpices

bioy@eS, et w n t accompaqnCs d'rchards(l5) de manguc ou de citron

fortcment CpicCs car l'usrqe d'Cpices variees, fortes et

parfumCes, CaractCrisent la cuisine crdole.

Berucoup de plats typiquement crColes portent des noms

fran~ais mris ne leur ressemblent en rien tel le ragoat (sorte de

sauce P base de boeuf, carottes, pommes de terre, haricots verts

avec des clous de girofle, canelle, laurier indien et piment). La

salade russe(lb), la salade solamnitC(17), le kousid(l8),

le vindail, le curry boulettes(l9), le noltanl sont des plats

eeclusivement crColss.

12. Vindail : curry de boeuf prCpar& avec ail, tomates, cumin, piment et vlnaiqre.

13. Moltani : soupe ZpicCe I base de boeuf, cumin, poivre, coriandre, curcuma et coco.

14. Fouqade : legumes sautCs rvec crevettes ou coco rap&.

15. Achard : manque ou cltron confit dans du vinaiqre, avec du sell moutarde, ail.

16. Salade russe : salade faite uniquement de pommes de terre et de bet teraves.

17. Salade solamnit& : salade d'aubergines bouillles agrCment&es d'oiqnons crus, de piments verts, d'oeufs durs, de lait de coco et de vinaiqra. Salade servie uniquement pour des cCrdmonies ou ~Clebrations.

18. Kousid r soupe dc kirai (brCdes) avec crevettes, piments verts, tomrtes, oignons, ail, lait de coco et curcuma.

19. Curry boulettcs : curry de boulettes de boeuf hdchb, a base de lait de coco, coriandre, pimmts, ail, oiqnons et tomates

Page 54: 11 LA VIE DES CREOLES

pl retrouve aussi lcs nCmes plats crColes qu'd. Boa tels

que r le baffat(20), Ic vindalou ou vindail ct les patisseries :

kalkal (21). vivica(22), dodo1 (23).

Un condiment typiquement europCen, le vinaigre, est

w l o y l alors que les Indiens se servent du citron et du tamarin.

Cette Ctude est basae sur les enquetes, remarques et

discussions rbalisCes auprCs des jeunes et vieilles dames creoles

de Pondichdry. I 1 s'agit de l'alimentation et des prCceptcs

d'hygihne alimcntaire observbs lors de la preparation des repas.

Les dames creoles ont une connaissance approfondie et structuree

dc la nourrlture. Elles detiennent ces connaissances de leurs

&reg et de leurs grands-m@res. I 1 n'y a aucun livre de cuisine

cr4ole qui cxiste. Les recettes de cuisine sont transmises de

&re en fille, de gdnbration en gbnbration. La culsine creole est

une cuisine traditionnelle, les recettes ne sont pas modifibes,

ne sont pas simplifiees pour constituer une "cuislne moderne et

rapide".

Baffrt : curry de boeut avec cumin, anis, gingembre, oignons, tomates, ail et lrit de coco. Kalkal : sorte de petit biscuit d. base de marzena, oeuf, sucre

22. Vivica : pdtisserie a base de cr@me de riz, sucre et lait de coco parfumC A 1s cardamome.

23. Dodo1 : patisseric A base de riz gluant noir, sucre, mmt&pue, noix de cajou, lait de coco et cardamome.

Page 55: 11 LA VIE DES CREOLES

Les currys sont lonpuement mijotas danr des "chatty"

(recipient en terre cuite) . Le "massalai", broye quotidiennement

au "ammi", fait que les currys sont non seulement des plats, mais

eqalement des madicaments ingkres d'aprCs la saison (chaude ou

fratche) et d'aprPs les jours de la semaine. AprCs le dimanche od

on a fait un bon "queuleton", le lundi, le dCjeuner est stmple.

Parmi les Indiens et les Creoles, il n'est pas rare et

i l n'est pas impoli de demander A quelqu'un ce qu'il a mange dans

le courant de la journae. Que ce soit un "haut CrQole" ou un

"bas Creole", ¶on reve est d'avoir un bon "vindail" ou un

"tallai kal" curry bien &pice, puis un "dodal" ou un "pandelo".

Les Creoles alment faire bonne chbre et profitent de 1.

morndre occas~on pour preparer un bon curry (souvent ru detriment

du porte-teuille). Les Bpices, le mantbque, la viande cootent

chcr de nos jours. Halheureusement, contrairement P Boa, aucun

restaurant pondicherien ne sert de la cuisine typiquement creole.

Le souci d'une nourriturc m i n e :

La nourriture pour les CrColes n'est pas simplement une

question d'art culinaire ou dc plaisir du palais.

Contrairement aux Indiens et aue Indiens christianisCs,

les Creoles partaqent leur nourriture avec leurs amis, leurs

voisins, la famille. Pour l'Indien, dans toute l'lnde, le regime

alimentaire dbtermine le statut social. Les Indiens font atten-

tion A ce quails inqbrent et I la t a ~ o n de preparer la nourri-

ture. La qualitb l'emporte sur la quantite.

Page 56: 11 LA VIE DES CREOLES

Les CrColes qui ont pris I 1'Inde sa typolopie de nour-

.iture "achauftmte" et de nourriture "rafraichissante" en tien-

nent compte lor= de la preparation des mets.

d) Classification chaud / fraid et propri9t4s de la nourriture

Les Crdoles de Pondichdry definissent bien sQr la

qualitC de la nourriture en se basant sur certains param&tres

h6donilteS : le parfum, l'apparence et le goat. A ce plaisir

s*ajoute la valeur m9dicinale du curry. Les Creoles consomment du

lnrnoltani" de poulet aprCs une fihvre. On donne du "kalli"(boui1-

lie de soja noir torrifie et cuit avec du mantbgue et du sucre)

aux jeunes filles des qu'elles ont leurs premiCrcs regles. Le

"boullanbaisse" se mange en dte A cause de sa qualitd

rafratch~ssante.

La nourriture est classee en deux groupes bien dis-

tincts decrits comme aliments echauffants et aliments rafrafchls-

sants. Ces aliments chauds / froids influent knormement sur

1'4tat general de l'individu. Ce type de classification existe

d'une maniere ou d'une autre chez les autres Pondicheriens qul ne

l'affichent pas autant que les CrOoles.

Dans les saciCt&s curopbennes, cette classification re

fait au niveau de l'alimentation homme / femme.

Dea Ctudes sociologiques recentes sur les habitudes

alimentaires nontrent que les salades, les Cpinards, les legumes

verts, le paisson et les fruits de mer (consideres comme rafratc-

hissants par les Creoles) ront en pCn4ral prefbrds par les

f emmes.

9 1

Page 57: 11 LA VIE DES CREOLES

Quant aux hommes, ils apprdcient plutdt les viandes

rouges mt les hydrates de carbone (Cchauffants, d'aprLs les

CrColes). tes notions SOnt basbes sur des critbres modernes de

dietetique et de ligne.

Elles sont cependant secondees par une structure men-

tale plus profonde comme le dit Dumezil dans sa division tripar-

tite de la socilte : le sang, donc la viande rouge est l'attribut

de l'homme, du guerrier et de l'homme sexuellement viril, alors

que le regime vbqetarien est la marque d'un individu encore trbs

attach* A la terre et b ses produits ou celle d'un individu

pacifique, c'est-A-dire fragile, ayant besoin d'Ctre proteg4 ; i l

peut s'agir soit de la femme, soit du Brahme appartenant A la

classe sacerdotale.

Les CrColes, comme les Tamouls, classent les aliments

en deux catCgories : Cchauffant / rafraichissant.

ECHAUFFFlNT RAFRAICHISSANT

- la papaye - 1 'ananas

- la goyave - le jacque - les cacahuCtes - le piment vert - le poivre - le pinpembre sec - le boeuf

- le lait caille - le lait - 1 'eau de coco

- le fCnuprec - le gombo - le raxsln - la tomate - 1 'orange - la mandarine

Page 58: 11 LA VIE DES CREOLES

- le coq - le poulet - 1- jagre de palmier

- 1- miel

- 1s pigeon - Ie sCsame - la manque - Ie chau - la datte - 1 'ruberg inc

- le citron - le pamplemousse

- le tamarin - l'huile de ricin - le mrntPgue - 1 'oignon cru

- le porc - le coriandre

- les graines de pavot

- le canard - le melon - le soja vert - le soja noir (ullundu) - le cumin - tous les brCdes (kirai) - la menthe - la fleur de bananier - le kiraitandu

- le manata takalli kirai (brbde martin)

- la baselle rouge - 1 'illecebrum

Toutes les dames crkoles que naus avons rencontr4es ont

une cannaisrancc de base des propriCtCs medicinales des Qpices et

des p l m t e s qu'elles utilisent quotidiennement, soit pour la

preparation des repas, soi t pour se soigner.

93

Page 59: 11 LA VIE DES CREOLES

5 ) HCdlcanents L base de planter

Pour mieux comprendre ces prbceptcs, i l nous a semble

indispensable de consulter des livres dc mbdecine ayurvedique.

Les connaissances sol-dismt empiriques des CrColes de

Pondichbry sont en fait basbes sur 1'Ayurveda. La mbdccinc

ayurvedlque cxistc en Indc depuis des millbnaires, c'est-A-dire

depuis Abastyar Agastyar, avcc la collaboration de Davanagiri qui

la divulgua ensuite I l'hummite. L'Ayurveda est pratiquCc rnem

de nos jours surtout d m s le Kerala.

La mCdecinc des plantes est de moins cn moins utilisee.

Nous avons tcndancc A nous prCcipiter chei le mCdecin quand nous

sommcu maiades. Certaines tamilles crColes de Pondrchery prati-

quent encore ce qu'elles appellent le "kai vaYytiamV :

mbdlcaments que l'on prbpare avec les plantes qui sont a portee

de main.

Nous avons recueilli ccrtaines recettes de mbdicaments

de nos vieilles dames crColcs qui ne se sont jamais soignees a

l'allopathie. Elles utilisent des plantes qu'elles ont dans leur

jardin. Ces rcmCdes ne coatent rien et n'ont pas d'effet nocif

sur la ¶ante. Ces recettes leur ont CtC transmises par leurs

mCres ct par leurs grands-mares ; ce sont des recettes tradition-

nelles dc tamille. Certaines d'entre elles se retrouvent dans les

livr~s de redecinc de I'Ayurvcdha parfois modifibes.

Page 60: 11 LA VIE DES CREOLES

LC mot "Ayurvedha" est compos6 de deux mots sanskrits:

*&yus" , c'est-A-dire vie et "vedha" c'est-&-dire connaissance,

done "science dc la vie". D'aprCs la U~ythologie indiennc, 1'Ayur-

vedha avait CtO congu par Brahma, qui l'enselgna h Daksa-

prajapati, qui l'inculqua duc jumeaux Asvini qui h leur tour

passerent cette science h Indra. Dhanvantari I'apprit d'lndra.

Plusieurs ouvrages de mCdccine furent Ccrits par les

*ages dans le passe ( malheureusement, de nombreux ouvrages ne

nous ont pas dt& llgu&s.

- ABCES

Prendre des feuilles de tabac (Nicotina tabacum)

muillbe avcc la aalivc du malade lui-meme et les placer sur les

abcCs et les furoncles pour 1es faire ouvrir.

RIpcltez l'opdratian jusqu'd l'ouverture de l'abchs.

Faire bouillir des graines de fanugrec (Trigonellurn

Foenum Grecum) avec des figues, falre unc pate et mettre sur les

abcbs pour les faire m0rir.

R4pCtez l'operation jusqu'l l'ouverture de 1'abcPs.

Cueillir des feuilles trPs vertes de la plante "andima-

li" ; faire chaufter la teuille aprCs l'avoir enduite d'huile de

ricin, rur une flamme et la mettre chaude sur l'abcCs pour le

faire mQrir.

Repeter 1' operation jusqu'a Querison

95

Page 61: 11 LA VIE DES CREOLES

Le bois de marqousier " Azadirachta indica , frottl

sur de la pierre avec de l'eau en pate Cpaisse .st excellent

contre les abcCs et les turoncles.

Le bois de santal, frottb sur de la pierre avec de

l'eau en pate bpairse est tres efficace contre les abces et lea

furonc les.

Repeter l'op&ration jusqu'k ce que le furoncle ou

l'abcks r'ouvre.

- ASTHRE

- Prendre lor cigares de tabac ordinaire entoures de

feuilles jaunies de porcher 'Thespesia Populnea" et lea fumer en

pleine crise. Cettc fwille calme la crise.

- La fleur sCchee de "ummatai" (Datura Fastuoar) est

aussi utilistie pour soulager l'asthme.

Page 62: 11 LA VIE DES CREOLES

- Prendre l c s f l e u r s dm "Cinna A ta to ta in (Adhatoda

~ ~ d d o m e i ) . Fa i ro une in fus ion e t en b o i r c t r o i s f o i s par jour

avec une c u i l l d r d e I roupe de a ie l (24) .

- OROSSESSE NON DESIREE

DLs les dcux premi&res .emsines dc la grosresx, l a

papaye "Carica Papaya" ingCrtie peut provoquer l'avortement. En

ingCrant un f r u i t A chaque rcpas, l 'avortement c s t provoqub dans

les c inq ou s i x jours qui s u i v m t .

Appliquer sur les br0 lures l a f e u i l l e tendre de band-

n i c r ; c e l a procure un soulagelrent immtidiat de l a douleur. I 1

faut r e n w v e l e r l e pansement quatre ou c inq f o i s par jour fusqu'h

l a gutirison to ta le de l a p la ie . (25)

Prendre des f c u i l l e s de tabac " n i c o t i n a tabacum " ;

les chauf fer l&g&remcnt sur un feu de bois, l e s mettre en cata-

plarme sur l e ventre pour soulager l c s coliqucs.

--------------- 24. N.S. Moss - Avurvedic - ; pub l ie par

Vaidyasarathy, Kottaym. 1953, p. 11 e t 66 25. Doctcur P. hr iadaasou - & & ~gutumex de 1'IndC

tome 11, p. 13.

Page 63: 11 LA VIE DES CREOLES

Frotter uno pate trite avec le rhizome de " vacampu ", ou * acorus calrmus " sur le ventre des nourrissons contre lcs

coliques. (26)

- CATWLASMES (pour plaics intectieuses)

Prendre une ou deux poignCes de feuillem de morouguier

" M O R I W PTERYOOSPERMA", ajouter SO qrammes de poudre de curcuma

et unc cuilleree P soupc de gros sel ( taire chautter le tout

dans une culllcree P soupc d'huile de sesame.

Faire un cataplasme chaud pour plaie intectieuse,

surtout pour taire sortir les morceaux de verre ou les bpines.

RepCtei l'opbration jurqu'A amelioration.

- CONSTIPATION

Les teuilles et les tleurs de l'"agathin ou "agathi

grandifloran en preparation culinaire guerlssent de la constipa-

tion. ( 2 7 )

LC rhizome de "vacampu" ou "acorus calamus" en pate est

aussi utilisC pour les nourrissons contre la constipation ( 2 8 )

26. N.S Moss - 11 Avurvedic flora medica ", p. 54

27. N.S Hoss - ewrvcdic flora medic. - Publib par Vaidyasarathy - Kottayam - 1953, p.54.

28. Dr Paramananda Mariadasrou - U& et coutumes de 1'Inde g~ patiere mCdicale usuelle - tome 11, p.2.

Page 64: 11 LA VIE DES CREOLES

Faxre boullllr au feu de bols, dans unc grande marmite

lalton une qrandc quantit8 de feuilles de :

- goyavicr - cltronnler " citrus limonum "

- pamp lemoussicr - "notchi" 'vltex nequndo "

Vcrser de l'eau ~usqu'au bord de la marmzte et lalsser

r M u l r e I aoltlL, y ~ e t e r des brlques portdes au rouge dans le

llqulde.

Poser rur le sol le rdciprent contenant la mlxture

boulllante et proceder comme pour une ~nhalatlon : mettre le

vlrage au-dessus du llqulde et se couvrlr la tCte avec une grosse

couverture (de ~rCfbrence en lalne).

- DOULEURS UENSTRUELLES

Lea teuilles de rlcln . palma chrtstl . chautfbes et

appliqurles sur lc bas-ventre wulagent des doulwrs

menstruelles.

- DYSENTERIE

Falre une pate rlpalsse avec la pulpe que contlent le

noyau de manque.

La melanger I du lait caillC ct l'lngbrcr. C'est un bon

r-de contre la dysenteric.

99

Page 65: 11 LA VIE DES CREOLES

La pulpe du fruit vert ds ' vilai " ou ' feronia sle-

phantum " est utilirk pour la diarrhde et la dysentcrte. I1 taut

~hauffer lc fruit enticr ru charbon de bois, ecraser la pulpc, y

.jouter doux cuillhres L soupe de miel et ingerer avant ler

repas. (29 )

- nnux DE DENTS

Contre les maux de dents, atcher un clou de girofle ou

quelques feuilles fratches de basil~c sacre ou " tulassl ".

flacher un rhizome de ' vacumpu " ou " acorus calamus "

pour soulager la douleur.(30)

29. N.S. Moss - Avurvedic jlorr mrdica , P. 69. 30. Ibid, p. 56

100

Page 66: 11 LA VIE DES CREOLES

Clvec la poudre de banane verte s k h L e au soleil

(VariCtC pour pr8paration culinaire) " vajakaye ", on prepare

farine avec de l'eau que l'on fait cuire sans eel et sans

lait. IngCrer cette bouillie est trer etficace contre la

diarrhee.

En prendre jusqu'A dlioration. (51)

- DIABETE

Le fenugru . trigonella tomum qroccum " macere dans

de l'eau cinq A six heures et inger8 est excellent pour le

diabbte.

- FIEVRE

Faire une dkcction avec les teuilles de " pavalamalli-

kai " ou " nyctumthes arbor tristis " et boire trCs chaud.

RCpCtez l'cperation jusqu'A la chute de la fiPvre.(32)

31. Dr Paramananda kriadassou - PlCdecine traditionnelle & J'Inde , tome 11, Imprivrie Sainte Anne, Pondichdry 1942, p. 14.

32. N.S Moss - C)vurvedic flora medica p.99.

Page 67: 11 LA VIE DES CREOLES

Prendre unc tcuille bien verte de " andhimali " ou

amarilys rosa " ; l'enduire d'huile de ricin. La faire chauffcr

sur du charbon de bois et I'appliquer sur le turoncle.

RCpCtcz I'opCration jusqu'A l'ouverture du furoncle.

- HUILE W U R LES CHEVEUX

Prendre trente A quarante fleurs d'hibiscus " hibiscus

rosachinensis " ; les laisser macdrer au sole11 dans un demi-

litre d'hu'ile dc coco. Cette huile, ainsx prCparee, protege lc

cuir chevelu des poux et noircit les cheveux.

Les teuilles d'hibiscus " hibiscus rosachinensis "

Ocras4es en pate et frottCes sur la tete avant le bain ert ra-

fraichissant. Cette pate deqraisse bien les cheveux.

- INDIGESTION

Faire une tisane avcc une demi-cuillerCe A cat* de

Q r a i n ~ de cumin, d'anis et de coriandre.

Page 68: 11 LA VIE DES CREOLES

Faire torrCfler le tout dans un recipient en tarre.

Ajouter deux verres d'eau, rMuire I molti6. Bolre cette tlsane

avec du sucre de palme. Repetez l'operatlon ~usqu'a soulaqement.

Une pate fazte I base du rhlzome " vacambu " ou "

acorus calamus ", mlse en cataplasme sur le ventre soulage les

d0uleUrS et les malalses de l'lndiqertlon. (35)

F r ~ c t ~ o n n e z quelques gouttes ( 5 ou 7 ) d'hulle de ricln

sur le s o m e t de la tete. Ce traltement seralt tres effxcace

contre la mlgrrlne.

33. N.S Moss - CIvurvedic flora medice p.82.

103

Page 69: 11 LA VIE DES CREOLES

Prendre unc ou deux cuillerdes a soupe de riz chaud.

EcraseZ le riz avec une demi-cuiller4e A soupe d'huile de ricin.

nettre ce mClangc dans un linge propre et appliquer cette mixture

chwde sur l'orgclet, jusqu'a guerison.

Prendrc une fcuille bien verte de " amarilys " (Cleur

rose) ; l'endu~re d'huile de ricln. La faire chauffer sur du

charbon de bois et l'enrouler chaude autour du doigt infect*.

RCpCter l'opCrat~on ~usqu'A guerison. Le panaris se

rQsorbe dans les trois ou quatre jours qui su~vent le traitcment.

- RETARD DES REGLES MENSTRUELLES

Ingercr :

- cinquantc grammes de cacahubtes - cinquante grammcs de grains de sesame - cinquante grammes de sucre de palme.

Cell provoque l'arrivde des rbgles en retard. RlpQter

l'op&ration jusqu'h obtention des r&sultats.

Page 70: 11 LA VIE DES CREOLES

Ecrssar lcs feuilles de betel, en prendre l'bquivalence

d'une cuilldrbe soupe de fus, et l'ajouter I une quantitC Cgale

de jus de ~ i n g e n b r e vert ; dlanger I une demi-cuiller8e A thd de

mlel. Faire avaler cette mixture A l'enfant pendant quatre ou

clnq jourr (deux fols par our) d ralson d'une demi-culller@e I

cafe jusqu'A aa&lioratlon.

Prendre quelques feuilles de basillc sacre, quelquea

gralns de poivre " piper nlgrum " (lea falre griller dans un

r&ciplent en terre). Ajouter deux verres d'eau et faire rdduire P

moitib. Bolre chaud avec du mlel pendant quatre ou cfnq JOUrS,

trois fols par jour avant les repas ~usqu'd amal~oration.

R H U W DE CERVEAU, REFROIDISSEMENT

Faire chauffer sur la flamme d'une lampe A huile de

ricin, quelques feullles de b6tel " piper betle " et les mettre

trCs chaud sur le front, les garder dix P quinze minutes et

recommencer l'operation trols fois par jour jusqu'h amdliorat~on.

Page 71: 11 LA VIE DES CREOLES

M e procCdurc pour les refroidissements mais mettrc

les feuille¶ w r la gorge et la poitrine, lea gardar dix A quinze

minutes et recommenccr l'opbration deux ou trois fois par jour

jusqu'h amlliorotion.

- VARICELLE

Prendre un grand seau d'eau (cinq ou six litres) ;

mblanger cent cinquante grammes de " curcuma longa " et asperger

toute la maison avec cette eau. C'est un myen de dasintection.

- VERMIFUGE

La noix d'arec " arcca catechu" calcinhe, administree h

jeun est un medicament contre les oxyures.

Lcs teuilles de basilic ~ a c r e " tulasi " fratches,

ecrasbes et m&langCes A du jus de citron ingerees constituent un

Puissant vermifuge.

Page 72: 11 LA VIE DES CREOLES

Le fanugrec torrdfiC ingere tous les fours h raison

d r w e cuillerie h th& (dans du miel), avant les repas, constitue

excellent vermifuge.

Les fleurs de marqousier " azadirachta indica "

ingbr&es en tisane avec du rniel sont un excellent vermituqe.

Les feuilles de " nocci " ou " vitex nequndo " en

tasane sont un puissant vermifuge. (34)

- TOUX

Les fleurs de moronquier " moringa pteryqosperma "

cuites dans du lait de vache avec du sucre de palme, inqlrles

chaudes le soir calaent la toux.

Le lait chaud dans lequel on ajoute de la poudre de

curcurna " curcuma l o n ~ a ", calme la toux. Boire tr&s chaud une

tasse avant de dormir, jusqu'a la guer-ison.

34. N.S. Moss - Clyurvedic flora medica , 1953 p.124

107

Page 73: 11 LA VIE DES CREOLES

Prendrc six feuilles de bCtel ' chavica betel " ; an

=xtrrirc le JuS, Y adouter une cuillcrle A soupe de miel et

1,ingCrer trCs lentement. Prcndre ce melange pendant cinq ou six

jours , trois fois par jour entre les repas.

Faire une ~nfusion avec les feuilles de " cinna atato-

tai" ou " adhatoda beddomei " dans un recipient en terre et boira

chaud trois fols par Jour dusqu'a guerison. (35)

En usage externe :

rendr re le jua de s ~ x feuilles de betel, un peu de

chaux eteinte (15 grammes). Falre un m6lange et l'appliquer sur

la gorge une toss par jour. Ce melange guerit les maux de gorge,

les problCmes de toux et de volx enrouee.

Repeter l'operation jusqu'a guerison.

Toutes les tisanes sont prbparbes dans des " chatti ", rlclpient en terre. Les plantes, les racines, les feuilles sont

longuement bouillles au feu de bois et le liquide est reduit de

moitie. On les garde deux jours dans le m@me rkcipient pour

refaire de la tisma.

35. N.S Moss - fivurvedic flora medica, p . 1 1

Page 74: 11 LA VIE DES CREOLES

Le but de cette langue cuisson est d'extraire I'essence

et les parties vitales des plantes qui ne sont pas dCtruites car

la cuisson ne heurte pas les Clements qui entrent dans la cmpo-

sition des medicaments. L'eau et l'huile sont de bons mddias. Les

chrtti dans lesquels on prepare les tisanes sont rCserves exclu-

sivement A la preparation des medicaments.

Le meme principe de lonque cuisson au feu de bois est

utilise au Kerala pour la prbparation des mCdicaments

ayurvCdiques. Quelquefois, la tisane cuit toute la nuit, trCs

lentement.

Nous avons conatate que les CrColes n'utilisent que les

plantes et les herbes, mais aucun element animal n'est inclus,

tels que lea plumes de paon, le manteque ou la qralsae de porc.

Beaucoup de ces recettes se retrouvent dans l'ouvraqe du Dr P .

Hariadassou : " tledecine traditionnelle de 1'Inde " et les livres

de medeclne ayurvbd~ques. Les recettes sont parfois modifibes ct

seules lea plantes sont utilisdes.

A l'heure actuelle, beaucoup d'industries pharmaceu-

tiques emploient les plantes pour la fabrication des ddicaments.

Nous avons par exemple, le " cinna atatotai " ou " adhatoda

beddomei " qui est utilis& dans la fabrication des sirops anti-

tussifs et antipyr&tiques.

La science et la technique red&couvrent l'interet de

certaines pratiques traditionnelles 8 peut-etre devraient-elles

aussi reinventer les qualiter de I'habitat traditionnel.