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T H S E
pour obtenir le grade de
Docteur
de
lInstitut des Sciences et Industries du Vivant et de lEnvironnement(Agro Paris Tech)
Spcialit : Sciences de la vie et de la sant
prsente et soutenue publiquementpar
Laure GRIMA
le
VERS UNE AMLIORATION DE LEFFICACIT ALIMENTAIRE CHEZLE POISSON
NOUVEAUX CRITERES ET VOIE DE SELECTION
Directrice de thse : Muriel MAMBRINI
Codirectrice de thse : Batrice CHATAIN
Travail ralis : INRA, UR 544 laboratoire de gntique des poissons, F-78350 Jouy-en-Josas
Ifremer, station exprimentale daquaculture, F-34250 Palavas-les-flots
Devant le jury :
M. Dominique BUREAU, Professeur, UNIVERSITE DE GUELPH, Canada . RapporteurM. Pierre SELLIER, Directeur de recherches, INRA, France. RapporteurM. Bernard CHEVASSUS-au-Louis, Directeur de recherches, INRA, France ExaminateurM. Etienne VERRIER, Professeur, AGROPARISTECH, France... ExaminateurM. Filip VOLCKAERT, Professeur, UNIVERSITE DE LEUVEN, Belgique ..ExaminateurMme Batrice CHATAIN, Cadre, Docteur dtat, IFREMER, France .. .Directrice de thseMme Muriel MAMBRINI, Directrice de recherches, INRA, France .. Co-directrice de thse
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REMERCIEMENTS
La liste des personnes que je souhaite remercier est longue, et russir exprimer toute magratitude envers ces personnes avec les mots justes me semble aujourdhui bien plus dlicat
que de rdiger une thse.
Avant tout, ma thse a t effectue entre deux quipes de recherches (regroupes au sein duGDR amlioration gntique des poissons), qui mont accueillie au-del des esprances de
tout nouvel arrivant.
Durant ces trois annes, jai eu la chance dtre lunique thsarde de ces deux quipes, mepermettant ainsi de bnficier des connaissances et des comptences de mes 5 co-encadrants.
Jai pu dune part, apprendre de leur savoir faire complmentaire et dautre part, avoir
toujours quelquun mon coute tout au long de ma thse. Ce statut de doctoranteprivilgie ma galement permis davoir les meilleurs poissons , les meilleurs salles
dexprimentation et dassister de nombreux congrs internationaux.
Je souhaitais donc les remercier ensemble davoir si bien prpar le terrain avant mon arriveet davoir su complmenter leur disponibilit .
Je remercie mes deux directrices de thse, Batrice Chatain et Muriel Mambrini, de mavoir
encadre au cours de cette thse. Je pense quil aurait t difficile de rver meilleur duo :toutes les deux dynamiques, souriantes, jamais court dides, jamais dfaitistes Bref jai
toujours t dans de bonnes conditions pour travailler. Vous tiez surtout trs
complmentaires et jai normment appris de toutes les deux. Avec le recul, je me rendscompte quel point cest incroyable, tant des scientifiques si diffrentes, que vous ayez
russi toujours tre daccord sur tout, ce qui, je dois dire, ma bien facilit la tche.
Il a t difficile pour moi de choisir par qui commencer, et comme Muriel a toujours t cite
en premier sur le papier, jai dcid de commencer par Batrice, bien que vous ayez toujoursoccup la mme place pour moi.
Je remercie Batrice pour son enthousiasme, sa capacit toujours trouver une solution tout,
et sa petite dose de fantaisie qui permet de travailler en samusant. Jai par-dessus toutapprci de travailler avec quelquun dont le mot dordre est a va passer , haut les
curs !!
Je remercie Muriel, aussi pour son enthousiasme, sa rigueur scientifique, sa capacit dmler des jeux de donnes improbables, et son besoin de toujours dfinir de nouvelles
variables (bien souvent pertinentes).
Malheureusement les mots ne sont pas assez forts pour remercier comme il se doit mes deuxdirectrices de thse.
Je remercie Marc Vandeputte, pour son aide prcieuse dans la mise en place du protocole des
expriences bar, et dans lanalyse statistiques de mes rsultats. Les statistiques sont unescience bien utile en gntique, malheureusement comme me la fait rgulirement remarquer
Marc quand je lui expliquais comment je comptais analyser mes donnes (anon.tu peux
pas faire a) on ne peut pas faire nimporte quoi. Lavantage quand on travaille avec Marc estquen lui laissant un petite minute de rflexion il trouve toujours un moyen rigoureux
danalyser les donnes mme lorsquelles ne sont pas vraiment quilibres.
Je remercie Edwige Quillet de mavoir accueillie dans son laboratoire, et surtout pour stre
montre si disponible aux moments critiques de ma thse malgr un emploi du temps charg.
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Je te remercie aussi de mavoir fait remarquer de nombreuses reprises as-tu pens tester
a ? , le a tant souvent trs pertinent.
Je remercie Thierry Boujard, de mavoir initie aux joies du comportement alimentaire des
poissons et de mavoir enseigne les secrets de la technique des rayons-X.
Je remercie Dominique Bureau et Pierre Sellier davoir accept dtre les rapporteurs de ma
thse, et Bernard Chevassus-au-Louis, Etienne Verrier et Filip Volckaert davoir acceptdtre les examinateurs de ma thse.
Je remercie les membres de mon comit de thse, Hans Komen, Inge Guerden, Christle
Robert-Grani, et Etienne Verrier, qui mont donne de prcieux conseils pour lanalyse demes rsultats, et qui, grce leur recul, ont su rorienter mes travaux lorsque javais pris du
retard dans mon emploi du temps initial. Je tiens remercier tout particulirement Inge et
Christle davoir pris sur leur temps pour maccueillir dans leur laboratoire et de mavoirinitie, pour Inge, lanalyse des compositions corporelles et, pour Christle, aux variances
htrognes.
Je remercie Nicolas Collange et Laurent Espinat davoir essuy mes dbuts en pisciculture
avec beaucoup de patience et sans railleries, moi qui croyais quil suffisait de mettre les
poissons dans leau pour quils soient contents. Je naurais jamais eu les mmes rsultats sivous ne vous tiez pas aussi bien occups de llevage.
Je remercie mes colocataires de bureau : Sophie, Mathilde, Nicolas, Sandrine, et Richard pour
lagrable salut, a va ? du matin et pour les discussions scientifiques autour dufonctionnement de limprimante (est ce que le voyant de limprimante clignote ?), je me
demande dailleurs sil ne serait pas bon de la changer.
Je remercie le laboratoire de gntique des poissons : Francine, Martine, Carine, Amandine,
Caroline, Kamila, Ren, Valrie et Pascale pour la bonne ambiance en salle caf, et pour les
financiers, les gteaux la crme de marrons, au chocolat, au th, la noisette, les sablsnantais, les tartes en tout genre, les crpes, les chouquettes, les brioches..
Je remercie Franois Ruelle davoir t le plus merveilleux des techniciens, toujours de bonne
humeur, jamais stress, capable de rparer toutes mes btises et mme, avec le temps, de lesanticiper afin de limiter les dgts. Jai vraiment eu de la chance de travailler avec toi, je crois
que lon formait le duo improbable, mais pour finir il me semble que lon ne sen est pas trop
mal sorti.
Je remercie Alain qui a lui aussi t dune grande patience et ma beaucoup enseigne sur
llevage du loup.
Je remercie mes colocataires de bureau, de lIfremer cette fois, pour le mme agrable salut,
a va? du matin, Agns et Sandie (une thsarde avec moi !! ctait chouette).
Je remercie tout le personnel de la station daquaculture exprimentale de lIfremer, vous tes
trop nombreux pour que je puisse tous vous citer individuellement mais le cur y est. Il rgne
Palavas une ambiance trs agrable, spcialement le vendredi midi, et il a t difficile pourmoi de partir.
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Je remercie plus particulirement mes cops du caf qui sont devenus mes cops en dehors de
lIfremer, Manue, Julie, Benoist, Seb, Cyrille, Stphane, et Julien. Je vous remercie pour lesbonnes rigolades, les bonnes bouffes et aussi pour mavoir soutenue et comprise dans les
moments difficiles.
Je remercie toute lquipe de Quality truite et de Competus de mavoir montre quoiressemblait un vrai abattage poissons , qui est, pour finir, quelque chose qui ma beaucoup
plu. Etre 15 pour triper un poisson (2000 en 5 jours) cre au final une ambiance pluttsympa. Jai pu, au cours de ces abattages, exprimenter le tristement fameux dcalage de
ligne, ce qui ma permis de ne pas en faire au cours de mes expriences (toutes mes excuses
pour vos quelques donnes perdues.). Cela ma galement servie lorsque jai du mettre en
place mes plus modestes chanes dabattage.
Je remercie toute lquipe du Moving pour mavoir faite transpirer le soir et mavoir vide la
tte des manips, tableurs Excel, publies en cours de rdactionEnfin pour mavoir permisede continuer faire du sport la fin de ma thse malgr mon tat .
Je remercie ma famille et mes amis davoir toujours taient l malgr mon emploi du tempsen pointill.
Je remercie Guillaume pour sa prsence et son soutien au quotidien, pour sa patience, sacomprhension et sa capacit me faciliter la vie durant ces trois ans de thse et pour avoir
toujours eu confiance en moi. Un grand merci aussi pour sa prcieuse aide dans la dernire
ligne droite.
Enfin, je remercie ma petite Lise de mavoir mis une srieuse dead line.
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Prambule................................................................................................................................... 6
Introduction ................................................................................................................................ 91. Vers une amlioration gntique de lefficacit dutilisation des aliments chez les
vertbrs terrestres, les mthodes et les paramtres gntiques........................................... 101.1 La description de lutilisation mtabolique de laliment............................................ 101.2. Les stratgies damlioration gntique de lefficacit alimentaire.......................... 13
2. Lestimation des paramtres gntiques de lefficacit alimentaire : les particularits des
poissons................................................................................................................................ 242.1 Les particularits zootechniques ................................................................................ 24
2.2 Les particularits mtaboliques.................................................................................. 27
2.3 Les particularits de la reproduction et de la gntique............................................. 33
3. Les premires estimations des paramtres gntiques de lefficacit alimentaire chez lespoissons................................................................................................................................ 42
3.1 La rponse corrle la slection sur la croissance................................................... 42
3.2 La slection sur lefficacit dutilisation de laliment................................................ 473.3 La recherche de critres indirects de lefficacit dutilisation de laliment : le pari de
la rsistance au jene et de la croissance compensatrice ................................................. 51
Objectifs et stratgie................................................................................................................. 54Rsultats ................................................................................................................................... 59
Chapitre 1 : Le dterminisme de la rsistance au jene et de la croissance compensatrice. 60
Chapitre 2 : La dtection de la variabilit gntique de lefficacit dutilisation de laliment
et lidentification de critres indirects corrls .................................................................... 80Chapitre 3: La validation des critres indirects chez le bar................................................ 102
Chapitre 4 : La pertinence des critres indirects dans un programme de slection chez le bar
............................................................................................................................................ 134
Discussion .............................................................................................................................. 1481. La pertinence de notre stratgie ..................................................................................... 149
1.1 La pertinence de lutilisation de la technique des rayons-X .................................... 1491.2. La pertinence de la croissance mesure en condition dalimentation restreinte
comme critre indirect.................................................................................................... 154
1.3. La pertinence de la rsistance au jene et de la croissance compensatrice commecritre indirect ................................................................................................................ 156
2. La mise en place dun programme de slection pour lingr rsiduel chez le poisson 160
2.1. La prdiction de la rponse la slection sur les critres indirects......................... 160
2.2. La caractrisation des critres indirects : dfinir les conditions exprimentales .... 1613. Les consquences dune slection pour lingr rsiduel sur les variations de
compositions corporelles et dutilisation des nutriments ................................................... 1733.1 La relation entre lingr rsiduel et le rendement en carcasse................................ 1733.2 La relation entre lingr rsiduel et les compositions corporelles en lipides et en
protines ......................................................................................................................... 176
3.3 La relation entre lingr rsiduel et lutilisation des nutriments en phase de jene etde ralimentation............................................................................................................ 181
Conclusions et perspectives ................................................................................................... 186
Rfrences bibliographiques .................................................................................................. 189
Communications orales et posters.......................................................................................... 206Formations suivies au cours de la thse ................................................................................. 207
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PREAMBULE
Ce travail a pour objet de caractriser la variabilit gntique de lefficacit dutilisation de
laliment des poissons dlevage, en vue de poser les bases dune slection future sur cecaractre. Il sinscrit dans un contexte de forte volution des productions piscicoles. Cette
recherche prend appui sur les avances en termes de contrle de la reproduction, de la
gntique quantitative et de la nutrition ralises ces trente dernires annes sur les espces
les plus communment leves, comme sur les connaissances tablies chez les vertbrs
terrestres, pour proposer une stratgie originale et pragmatique dapproche des paramtres
gntiques de ce caractre complexe.
Le dclin mondial des stocks de poissons marins a entrain ces quinze dernires annes un
plafonnement des captures de la pche ocanique autour de 90 millions de tonnes par an
(FAO, 2008). Or, la consommation de poissons pour lalimentation humaine et animale
augmente rgulirement. Les projections des spcialistes tablent sur une augmentation
prochaine de lordre de 20 %, faisant ainsi passer la consommation de 16 19 kg par an et par
habitant dici 2030. La pche seule ne pourra donc satisfaire les besoins en produit de la
mer. Pour rpondre ces besoins, la pisciculture est une solution. Les progrs zootechniques
et techniques prodigieux raliss dans ce domaine ces trente dernires annes ont permis une
augmentation spectaculaire de la production piscicole, qui est passe de 10 millions de tonnes
en 1984 51 millions de tonnes en 2006 (FAO, 2008). Aujourdhui, prs de la moiti des
poissons consomms dans le monde provient de la pisciculture.
Les verrous principaux, qui ont t levs pour permettre une intensification de la production
piscicole, sont la matrise de la reproduction, la mise au point daliments composs et inertes
et lamlioration de la conduite dlevage et de la prophylaxie de ces espces. Cependant, la
pisciculture intensive fait face de nombreuses critiques. Les aliments piscicoles sont, enrponse aux besoins spcifiques de ces espces, riches en protines et doivent, pour garantir la
qualit de la chair, permettre un apport consquent en acides gras polyinsaturs de la srie
omga 3. Or, les matires premires les plus communment utilises pour satisfaire ces
besoins sont la farine et lhuile de poisson. Il peut sembler aberrant, en premire approche de
baser le dveloppement de llevage de poisson sur une utilisation des rserves halieutiques.
En fait, il ne sagit pas des mmes espces, la farine de poisson tant produite partir de petits
plagiques faible valeur commerciale. Dans tous les cas, cette caractristique affecte la
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durabilit des levages, la production de farine de poisson stagne aux alentours de 30 millions
de tonnes par an et il est peu probable quelle augmente. Comme pour tous les autres levages
et quelle que soit lespce de poisson produite, laliment reprsente plus de 50% des cots
dexploitation. Le prix de la farine de poisson est lun des plus fluctuants du march des
matires premires et, ces derniers mois, le prix des aliments pour poisson a augment de
manire considrable. En corolaire, les rejets des piscicultures en azote et en phosphore sont
directement proportionnel lutilisation de farine poisson. Par exemple, on estime que la
production de 100 tonnes de saumon atlantique entraine un rejet de 3,5 tonnes dazote et 700
kg de phosphore. Une voie pour accrotre la durabilit des productions piscicoles et pour
diminuer leur dpendance vis--vis de la farine de poisson est de chercher substituer cette
dernire. Lautre est damliorer lutilisation de laliment. Ces deux objectifs se
complmentent. Ils font appel des approches de recherche diverses telles que celles visant
valoriser lutilisation dautres matires premires, une meilleure comprhension des
particularits du mtabolisme de ces espces et de leur comportement alimentaire. Le prsent
travail a pour objectif de poser les bases dune amlioration de lefficacit dutilisation de
laliment c'est--dire le rendement ingr sur gain de poids des poissons par voie de slection
gntique.
Ces dernires annes, lefficacit dutilisation de laliment sest accrue avec la matrise de la
zootechnie et de l'alimentation mais les possibilits damlioration par voie gntique ont tpeu explores. Le principe de la slection gntique est didentifier les individus qui
fourniront les meilleurs descendants. Ces individus seront ensuite utiliss comme gniteurs
pour produire la gnration suivante afin damliorer les performances moyennes de la
population pour le caractre slectionn. Lidentification de ces futurs gniteurs ncessite de
dvelopper des systmes spcifiques pour tester les performances dun grand nombre
dindividus. Lun des pr-requis fondamental lamlioration gntique est que la variabilit
gntique additive du caractre dans la population soit suffisamment importante. Chez les
poissons, la variabilit gntique de la plupart des caractres dintrts agronomiques test
ce jour est importante, sans doute du fait de la rcente domestication de la plupart des ces
espces. De plus, la grande fertilit et le fait que la reproduction chez la plupart des espces
soit externe permet de concevoir des plans de slection de grande ampleur et, ainsi de pouvoir
tester bas cot les performances dun grand nombre dindividus. Il est donc lgitime de se
demander pourquoi nous ne disposons pas encore des paramtres gntiques dun caractre tel
que lefficacit dutilisation de laliment alors que son amlioration aura un effet positif
indniable sur lconomie et limpact environnemental des levages.
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Lefficacit dutilisation de laliment est un caractre complexe minemment variable. Ceci
est vrai chez les vertbrs terrestres et cette variabilit est dcuple chez les poissons, compte
tenu de leurs caractristiques mtaboliques et zootechniques. Dcomposer la part gntique et
environnementale de cette variabilit ncessite une stratgie dapproche.
Dans une partie introductive, sont prsentes les connaissances de base qui ont t utilises
pour tablir la stratgie employe. Nous nous sommes inspirs des programmes de slection
mis en place chez les vertbrs terrestres (partie 1 de lintroduction), nous avons caractris
quelles particularits des poissons demandent leur adaptation (partie 2 de lintroduction).
Ensuite, nous avons intgr les dernires connaissances et techniques mises au point pour ces
espces afin de mieux dcomposer la variabilit du caractre defficacit dutilisation de
laliment (partie 3 de lintroduction) et pour identifier des critres indirects facilement
mesurables sur lesquels baser un programme de slection, applicable en levage et un
ensemble vari despces (partie 4 de lintroduction). Une fois la stratgie dfinie, les rsultats
du travail exprimental sont prsents sous forme de quatre chapitres qui visent attester de
la faisabilit de la mesure des critres indirects (chapitre 1) puis de leur pertinence en
tablissant un protocole de mesure des corrlations gntiques de lefficacit dutilisation de
laliment et des critres indirects (chapitre 2). Celui-ci sera appliqu des conditions
dlevage proches des situations relles (chapitre 3), o seront mesures les hritabilits descritres indirects (chapitre 4). Aprs avoir discut de la pertinence de la stratgie gnrale
adopte, nous proposerons une mthode pour dbuter une slection afin damliorer
lefficacit dutilisation de laliment applicable toute espce dlevage. Ce travail illustre
lintrt de faire converger un faisceau de connaissances, en nutrition et en gntique dans le
but de trouver des moyens simples et fondamentaux damlioration gntique des caractres
complexes.
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INTRODUCTION
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1. Vers une amlioration gntique de lefficacit dutilisation desaliments chez les vertbrs terrestres, les mthodes et lesparamtres gntiques
1.1 La description de lutilisation mtabolique de laliment
Lefficacit dutilisation de laliment dcrit la relation entre la quantit finale de biomasse
produite et la quantit daliment ingr utilise pour produire cette biomasse. Initialement
dcrit comme un simple ratio entre le gain de poids et lingr, elle est en ralit un caractre
complexe qui rsulte de linteraction entre de nombreux composants tels que le comportement
alimentaire, les capacits digestives, le mtabolisme, la composition corporelle ou encore
lactivit physique (figure 1). Au cours de leur utilisation, les aliments subissent de
nombreuses transformations dans lappareil digestif, avant que les nutriments ne soient
utiliss dans les tissus. Ils sont dgrads progressivement et chaque tape se traduit par des
pertes dnergie trs variables selon le type daliment (Vermorel, 1988). Les variations
defficacit avec lesquelles lnergie contenue dans laliment est utilise, dpendent de
nombreux processus physiologiques. Avant toute transformation, la quantit daliment ingr
est rgule par le besoin et le comportement alimentaire de lindividu. La rgulation de
lingr est donc, chronologiquement, le premier facteur de variation de lefficacit
dutilisation de laliment et il semble bien, au moins chez les bovins, que les quantits
daliment ingr sont inversement proportionnelles lefficacit dutilisation de laliment
(Herd et al., 2004). Aprs ingestion, une partie des constituants organiques nest pas digre
et est directement excrte sous forme de fces. La part restant dnergie effectivement
absorbe par lindividu est appele nergie digestible.
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Figure 1.Modle dutilisation de lnergie alimentaire par les animaux.
Une fois absorbs, les nutriments entrent ensuite dans les pools mtaboliques mais il existe
dautres postes de perte dnergie. Le premier est celui de lnergie ncessaire pour liminer
les produits finaux du mtabolisme en particulier lure ou le mthane chez les ruminants. En
retranchant cette fraction dnergie perdue lnergie digestible, on obtient lnergie
mtabolisable. Enfin, au cours de lingestion, de la digestion, de labsorption et du transport
des nutriments, une partie de lnergie contenue dans laliment est perdue sous forme
dnergie thermique appele extra-chaleur. Les dpenses dextra-chaleur augmentent avec la
quantit daliment ingr. Lnergie apparemment utilisable par les tissus est appele nergie
nette. Elle correspond lnergie mtabolisable laquelle a t retranche lextra chaleur.
Cette nergie est disponible pour assurer la couverture des besoins dentretien, de la
croissance et de lactivit physique des individus. Si, sur la base de ce schma, nous analysons
les sources de variabilit, nous pouvons les classer grossirement en trois catgories. Celles
Ingr
Energie
mtabolisable
Maintenance
Energie
digestible
Physiologie
digestive
Comportementalimentaire
Production
de tissus
Dpt
lipides
Dpt
protines
Energienette
Mtabolisme de base
Fces
Extra-chaleur
Urine
Activit
physique
Ingr
Energie
mtabolisable
Maintenance
Energie
digestible
Physiologie
digestive
Comportementalimentaire
Production
de tissus
Dpt
lipides
Dpt
protines
Energienette
Ingr
Energie
mtabolisable
Maintenance
Energie
digestible
Physiologie
digestive
Comportementalimentaire
Production
de tissus
Dpt
lipides
Dpt
protines
Energienette
Mtabolisme de base
Fces
Extra-chaleur
Urine
Activit
physique
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qui sont associes au comportement alimentaire, celles qui sont issues des processus associs
la digestion, physiologiques comme mtaboliques, et celles qui dpendent des particularits
mtaboliques des individus, rapidement regroupes sous le vocable mtabolisme de base .
Lefficacit de lutilisation de lnergie nette peut tre modlise partir des capacits
mtaboliques de base et de la composition corporelle des individus (Kielanowski, 1976; van
Milgen and Noblet, 1999). Les besoins dentretien couvrent les dpenses lies aux grandes
fonctions vitales telles que la digestion, la respiration ou la circulation sanguine. Les besoins
de croissance couvrent, la fois, la synthse et laccrtion des nutriments (protines, glucides,
lipides), les compartiments majeurs, en termes de production finale, tant les compartiments
protique et lipidique. Dune manire gnrale, on considre que lapport nergtique couvre
en priorit les besoins dentretien. Lnergie alloue la production de nouveaux tissus est
utilise pour laccrtion des protines et le dpt de lipides. La quantit dnergie ncessaire
la production dun gramme de tissu dpend de la composition corporelle de lindividu. La
dpense nergtique associe la fixation dun gramme de protines quivaux 9,4 kcal alors
que la dpense nergtique associe la fixation dune gramme de lipides quivaut 5,5 kcal
(Vermorel, 1988). Enfin, lactivit physique entraine des dpenses nergtiques
supplmentaires qui diminuent le rendement ingr / gain, et de ce fait, lefficacit
dutilisation de laliment (Braastad and Katle, 1989; Hughes et al., 1997; Luiting and Urff,
1991).
Les sources de variations de lefficacit dutilisation de laliment sont donc multifactorielles
mais il semble que le processus physiologique, affectant de manire prpondrante les
variations dutilisation de laliment au moins chez les ruminants, est le mtabolisme de base
(Herd et al., 2004). Ainsi, le mtabolisme de base pourrait-il tre le critre le plus pertinent
pour dcrire les variations defficacit alimentaire. Plus les dpenses dentretien sont faibles,
ou plus les cots nergtiques associs la synthse des tissus sont faibles, meilleure en sera
lefficacit dutilisation de laliment. Les dpenses nergtiques pour les besoins dentretien
sont dpendantes du poids de lindividu. Cependant, elles varient moins vite que le poids,
cest pourquoi elles sont reprsentes en fonction du poids mtabolique (poids lev la
puissance pour la majorit des espces tudies ; (Vermorel, 1988). Les cots nergtiques
de la synthse de nouveaux tissus varient avec le poids et lge des individus. En effet, plus
un individu est g plus la part de lipides dposs, compare la part de protines, est
importante et ceci chez toutes les espces tudies.
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Pourtant, quel que soit lge, les variations inter individuelles du mtabolisme de base
semblent essentiellement expliques par des diffrences de vitesse de turnover des protines.
Le turnover des protines est un processus ininterrompu de dgradation et de synthse des
protines permettant aux individus le remodelage continuel de leurs tissus. Chez les bovins, le
pourcentage de renouvellement des protines varie entre 3% par jour chez les bovins adultes
et 10% chez lagneau (Vermorel, 1988). Le turnover des protines est un processus coteux
en nergie qui reprsente prs de 25 % des besoins nergtiques chez le poulet (Muramatsu et
al., 1987; Muramatsu and Okumura, I, 1985). Cest sans doute ce cot nergtique qui
explique le lien entre le turnover des protines et lefficacit dutilisation de laliment. Cette
relation a t montre, en particulier, sur des lignes de rat et de poulet slectionnes sur la
croissance, les lignes prsentant la meilleure efficacit alimentaire tant galement celles
pour lesquelles le turnover des protines tait le plus faible (Tomas et al., 1998; Tomas and
Pym, 1995). Ce dernier est expliqu, pour ces deux espces, par un plus faible taux de
dgradation des protines, la vitesse de synthse restant inchange (Tomas et al., 1998; Tomas
and Pym, 1995). De mme, entre des lignes de moutons et de bufs slectionnes pour et
contre le gain de poids, la dpense nergtique par unit de muscle dpose peuvent varier de
plus de 20 %, une part significative de cette variation tant explique par une diffrence de
taux de dgradation et de synthse des protines dans le muscle (Oddy et al., 1995; Oddy et
al., 1998). Une tude rcente conduite sur le buf a montr que la vitesse de turnover desprotines et le besoin dentretien pouvaient tre lis (Bulle et al., 2007), et il ny a aucune
raison pour quelle ne soit pas en lien avec lefficacit de rtention et daccrtion des
protines. Ces tudes illustrent le rle essentiel que doit jouer le turnover protique dans les
variations de lefficacit dutilisation de laliment. Il est possible que les variations de
lefficacit du mtabolisme des lipides puissent galement expliquer des diffrences
defficacit dutilisation de laliment entre individus. Nanmoins, le stockage des lipides est
gnralement effectu dans un tissu particulier, utilis essentiellement comme rserve
dnergie, contrairement au tissu protique qui, quant lui, est dans une dynamique
dutilisation constante. Ceci explique que les variations de lutilisation mtabolique des
lipides, leur turn-over, est bien plus faible que celui des protines (Herd et al., 2004).
1.2. Les stratgies damlioration gntique de lefficacit alimentaire
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Lamlioration gntique correspond des croisements raisonns entre individus en fonction
de leur performance pour le caractre dintrt. Mettre en place un programme de slection
ncessite deux pr-requis. Il faut, dune part, tre capable de mesurer prcisment les
performances des individus et, dautre part, sassurer du fait que le critre est hritable, cest
dire que les performances des individus se transmettent de gnrations en gnrations. Pour
cela, il faut pouvoir dissocier la part de variations du caractre qui est dorigine
environnementale de celle purement dorigine gntique. Dans le cas de lefficacit
dutilisation de laliment, savoir mesurer prcisment les performances des individus a t le
premier verrou lever pour mettre en place un programme de slection.
Historiquement, les premiers progrs en termes defficacit dutilisation de laliment ont t
raliss en lien avec lamlioration de la croissance. Cependant, en vue dintensifier la
rponse la slection, il a fallu trouver un critre de slection refltant directement lefficacit
dutilisation de laliment. Le choix du critre na pas t ais car diffrentes approches ont t
dveloppes (Archer et al., 1999; Arthur et al., 2001b). Parmi ces dernires, deux ont t
majoritairement retenues. La premire vise amliorer directement le caractre defficacit
alimentaire, en mesurant ce dernier de manire aussi prcise que possible. Mais il sagit dun
ratio de deux mesures variant largement avec des facteurs environnementaux. La seconde
approche, beaucoup plus communment utilise, vise amliorer lingr rsiduel. Cettemesure correspond aux quantits daliment ingr, en plus ou en moins des quantits qui sont
attendues, en tenant compte uniquement des besoins dentretien et des cots de production.
1.2.1 La rponse corrle la slection sur la croissance
La croissance prsente un intrt conomique important. Elle est facilement mesurable, cest
pourquoi elle a t le premier caractre avoir suscit lintrt des slectionneurs. Chez lesvertbrs terrestres, la croissance est un caractre slectionnable. En effet, son hritabilit se
situe pour la majorit des tudes entre 0,20 et 0,40. Les programmes de slection cibls sur la
croissance ont pu, indirectement, conduire une amlioration de lefficacit alimentaire,
comme illustr chez le poulet (Havenstein et al., 1994) et le lapin (Moura et al., 1997). Chez
le poulet, laugmentation defficacit alimentaire est en partie explique par le fait que les
lignes croissance rapide ont des besoins dentretien plus faible, car leur priode de
croissance est plus courte (Pym, 1990). Pour autant ceci nest pas toujours le cas. En fait, la
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croissance est troitement corrle aux quantits daliment ingres. La corrlation gntique
est, quelle que soit lespce, toujours suprieure 0,7 (tableau 1). Ainsi, les gains en
croissance sont-ils gnralement accompagns dune augmentation de lingr et dun
engraissement des individus (tableau 1), une pression de slection forte sur la croissance
pouvant avoir des effets nfastes sur la sant et sur les performances de reproduction des
individus (Rauw et al., 1998). Il se peut que la relation entre croissance rapide et efficacit
alimentaire dpende des conditions environnementales (levage et / ou alimentation)
pratiques pendant la slection. Dans tous les cas, les corrlations gntiques entre la
croissance et lefficacit alimentaire sont modres (tableau 2). Ceci justifie de mettre au
point un programme de slection permettant damliorer directement ce caractre.
Tableau 1.Hritabilits (h2) et corrlations gntiques (Rg) du gain de poids avec lingr et
ladiposit chez le buf, le cochon, lagneau et le poulet
Gain de poids h2 RgIngr RgAdiposit Rfrence
Buf Hereford et Angus 0.38 0.16 0.73 0.13 -0.20 0.25 (MacNeil et al., 1991)
Buf Hereford 0.16 0.15 0.89 ND (Fan et al., 1995)
Buf Angus 0.43 0.24 0.76 ND (Fan et al., 1995)
Buf Angus 0.28 0.04 0.54 0.06 ND (Arthur et al., 2001a)
Buf Charolais 0.34 0.04 0.39 0.08 ND (Arthur et al., 2001b)
Buf japonais noir 0.30 0.18 ND 0.54 0.12a (Hoque et al., 2005)
Buf hybride 0.59 0.17 0.87 0.09 ND (Nkrumah et al., 2007a)
Cochon Yorkshire,
Landrace et Duroc
0.43 0.05 0.80 0.03 0.32 0.07b (Mrode and Kennedy, 1993)
Cochon Large white 0.31 0.02 0.87 0.03 0.23 0.04b (Labroue et al., 1997)
Cochon Landrace 0.41 0.04 0.81 0.03 0.25 0.03b (Labroue et al., 1997)
Cochon Large white 0.24 0.82 0.64 (Johnson et al., 1999)
Cochon Yorkshired 0.42 0.08 0.88 0.05 0.45 0.13 b
0.38 0.23c
(Cai et al., 2008)
Agneau 0.25 0.06 0.84 0.07 ND (Snowder and Van Vleck, 2003)
Agneau 0.26 0.06 0.80 0.10 ND (Cammack et al., 2005)
Poulete 0.26 0.07 0.84 ND (Bernon and Chambers, 1988)
Pouletf 0.33 0.09 0.78 ND (Bernon and Chambers, 1988)
a Epaisseur du tissus adipeux sous la peau, b Gras dorsal, c Gras intra musculaire, d Nombre de jours ncessaires pouratteindre 105 Kg, evoie mle, fvoie femelle ; ND = non dtermin
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1.2.2. La slection directe sur lefficacit alimentaire
Une douzaine de critres t dcrite dans la littrature (Archer et al., 1999). Le premier estlindice de conversion, qui est le ratio entre lingr et le gain de poids, paramtre
classiquement utilis pour mesurer la rentabilit dun levage. Toutefois, son utilisation est
limite par le fait quil diminue lorsque les performances samliorent et, en particulier, il
tend vers linfini lorsque lingr se rapproche des besoins dentretien. Il a donc plus
rcemment t remplac par lefficacit alimentaire, qui est son inverse. Quelle que soit
lespce tudie, ces deux critres sont hritables. Chez les bovins, lhritabilit est modre
forte pour la majorit des tudes (0,15 0,41, tableau 2). Une seule tude mentionne une
hritabilit nulle (Fan et al., 1995). Ces estimations sont relativement prcises, sauf pour une
tude (MacNeil et al., 1991). Chez les cochons, lhritabilit se situe entre 0,16 et 0,28 et chez
lagneau, elle approcherait 0,1. Cependant, les donnes tant rares, il est difficile de conclure
quant lhritabilit moyenne de ce caractre chez les ovins. Enfin, chez le poulet
lhritabilit est comprise entre 0,16 et 0,35, avec de faibles carts types (tableau 2).
Lefficacit alimentaire prsente donc une hritabilit suffisamment importante dans les
populations dlevage pour envisager son amlioration par slection gntique.
La corrlation gntique de ces caractres avec ladiposit de la carcasse est variable suivant
les espces et les exprimentations. Elle est gnralement non significative (tableau 2) mais,
lorsquelle lest, on constate quune amlioration de lutilisation de laliment est associe
une diminution de lengraissement. Une slection directe sur lefficacit alimentaire ou sur
lindice de consommation naura, soit aucune consquence sur les variations dadiposit des
individus, soit conduira une slection dindividus plus maigres.
Cependant, ce critre tant le ratio entre le gain de poids et lingr, il est gntiquement
corrl aux deux termes du ratio (tableau 2). Pour la croissance, ces valeurs sont modres leves chez toutes les espces mais, si lon considre limportance des cart-types, elles
apparaissent trs variables. Il nest pas possible de savoir si lapparente efficacit des
individus rsultant dune slection sur lefficacit alimentaire, est la consquence dune
amlioration gntique de la croissance ou bien, si elle correspond effectivement une
meilleure utilisation de laliment (Crews, 2005). Les corrlations gntiques de lingr avec
lefficacit alimentaire sont similaires celles dcrites entre la croissance et lingr. Elles
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indiquent quune amlioration de lindice de consommation ou de lefficacit alimentaire
devrait logiquement saccompagner dune baisse des quantits ingres.
Une autre limite prendre en considration concernant lefficacit alimentaire, est quelle va
varier avec lge et, en particulier avec la part croissante que prendront les besoins dentretien
au fur et mesure que la croissance se ralentira. Pour les mmes raisons, elle variera sans
doute avec les capacits dutilisation de laliment entre les individus de faible poids et les
individus de poids plus lev. En effet, les individus les plus gros doivent avoir
proportionnellement des besoins dentretien plus levs que des individus plus petits.
Enfin, les critres reprsents sous forme de ratios ont des proprits statistiques bien
particulires qui ne permettent pas de prdire prcisment la rponse la slection (Gunsett,
1986). En effet, avec de tels critres, une part plus importante de la pression de slection est
applique sur le composant qui a la plus grande variabilit gntique additive, ce qui
disproportionne leffet de la slection sur les variations des deux termes du ratio. Ainsi, dans
le cas de lefficacit alimentaire, nest-il pas possible de prdire si la slection aura pour
principal effet daugmenter le gain de poids ou de diminuer lingr.
Les carts types importants constats pour lestimation des paramtres gntiques (tableau 2)
illustrent quel point il est difficile dtudier de manire prcise les variations de lefficacitdutilisation de laliment.
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Tableau 2. Hritabilits (h2) et corrlations gntiques (RG) de lefficacit dutilisation de laliment, mesur
(IC), soit par lefficacit alimentaire (EA = 1/IC), avec le gain de poids, lingr et ladiposit de la carcasse,
lagneau et le poulet
Efficacit alimentaire Mesure h2 RGGain de poids RGIngr RGAdiposit
Buf Hereford et Angus IC 0.26 0.15 -0.43 0.28 0.31 0.30 0.30 0.26a
Buf, moyennes pondres sur 21 tudes IC 0.32 0.02 ND 0.71 -0.24
Buf Hereford EA 0.08 0.09 0.42 0.05 ND
Buf Angus EA 0.35 0.22 0.73 0.18 ND
Buf Angus IC 0.29 0.04 -0.62 0.06 0.31 0.07 0.03 0.06
Buf Charolais IC 0.46 0.04 -0.46 0.08 0.64 0.07 ND
Buf japonais noir IC 0.15 0.04 -0.17 0.33 ND -0.81 0.46
Buf hybride IC 0.41 0.15 -0.59 0.16 0.28 0.23 -0.29 0.21
Cochon Large White IC 0.19 0.02 -0.24 0.07 0.11 0.06 0.51 0.06
Cochon Landrace IC 0.20 0.03 -0.47 0.04 -0.06 0.10 0.30 0.08
Cochon Large White IC 0.16 -0.32 ND 0.40
Cochon Yorkshire, Landrace et Duroc IC 0.28 0.06 -0.28 0.11 ND 0.24 0.09b
Cochon Durocd IC 0.27 0.05 0.10 0.10 ND 0.52 0.08b/0.21 0.07c
Cochon Yorkshire EA 0.17 0.07 0.30 0.21 -0.26 0.21 -0.24 0.22b /0.23 0.47c
Agneau EA 0.10 0.05 0.85 0.16 0.79 0.07 ND
Poulete EA 0.20 0.07 0.29 -0.27 ND
Pouletf EA 0.35 0.09 0.59 -0.05 ND
Poulet IC 0.16 0.03 ND 0.38 0.35g
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apaisseur du tissus adipeux sur la douzime cte, bGras dorsal, cGras intra musculaire, dNombre de jours ncessaires pour atteindre 105 Kg,abdominal ; ND = non dtermin
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1.3.3 La slection sur lingr rsiduel
Lingr rsiduel a t propos comme critre defficacit de lutilisation de laliment pour la
premire fois en 1963 par Koch et collaborateurs. Il est dfini comme lcart entre lingrrel et lingr estim pour les besoins de croissance des individus. Deux mthodes
diffrentes peuvent tre utilises pour estimer lingr des individus. Premirement, lingr
peut tre directement prdit partir des donnes exprimentales tablissant la relation entre
lingr et les donnes de production (gain de poids, production de lait, poids des ufs)
(Crews, 2005). Deuximement, lingr peut tre estim partir de modles nutritionnels
prtablis qui calculent les besoins en entretien et en production. Il existe de multiples
modles nutritionnels, les paramtres utiliss sont trs divers et peuvent tre : la composition
nutritionnelle de laliment (Arthur et al., 2001b; Fan et al., 1995), le coefficient defficacit
dutilisation de lnergie mtabolisable pour le gain (Robinson and Oddy, 2004), les quantits
dnergie requises pour laccrtion de protines et de lipides (Fowler et al., 1980; Hoque et
al., 2006). Les paramtres des modles doivent tre recalculs pour chaque exprimentation.
Les expriences ayant compar les deux mthodes destimation de lingr mettent en
vidence de fortes corrlations gntiques et phnotypiques entre lingr rsiduel mesur
partir des donnes exprimentales et lingr rsiduel mesur partir des modles
nutritionnels (suprieures 0,7) (Arthur et al., 2001b; Hoque et al., 2006; Robinson and
Oddy, 2004). Lingr rsiduel estim partir des donnes exprimentales tant plus facile
dutilisation, il est plus souvent utilis que lingr rsiduel estim par les modles
nutritionnels.
Lquation classiquement utilise pour estimer lingr rsiduel partir des donnes
exprimentales est la suivante :
y = 0+ 1 PM + 2 GP + IR
o y est lingr, 0 est lordonne lorigine de la rgression, 1 est le coefficient de
rgression partiel de lingr sur le poids mtabolique, PM est le poids mtabolique, 2 est le
coefficient de rgression partiel de lingr sur le gain de poids, GP est le gain de poids et IR
lingr rsiduel. Le principe est de compartimenter lnergie fournie par laliment ingr
entre les besoins dentretien et de croissance, la part dingr restant correspond lingr
rsiduel. Lingr rsiduel prenant en compte, la fois, les besoins mtaboliques des
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individus et leur niveau de production quel que soit leur stade de dveloppement, il devrait
donc tre comparable tout au long du cycle de vie des individus (Crews, 2005). Cette quation
peut-tre modifie pour prendre en compte les besoins spcifiques dun individu, compte tenu
des productions attendues. Ainsi, pour les poules pondeuses, le poids de luf peut-il tre
ajout au gain de poids pour tenir compte de lnergie utilise pour pondre un uf. Lquation
devient alors :
y = 0+ 1 GP + 2 PM + 3 PO + IR
o 3est le coefficient de rgression partiel de lingr sur le poids de luf, et PO le poids de
luf. Chez le porc, lun des problmes majeurs la production de viande est la production de
gras qui lui est associe. Lobjectif, pour cette industrie, est donc damliorer lefficacit
dutilisation de laliment tout en conservant un taux dengraissement le plus faible possible.
Dans ce but, un indice de la teneur en gras de la carcasse est ajout lquation. Cet indice
peut tre le taux de gras dorsal ou intramusculaire, ou encore la teneur en muscle maigre de la
carcasse.
Les mthodes de calculs de lingr rsiduel varient donc dune espce lautre, mais aussi
dune tude lautre, en fonction des besoins de la filire et des contraintes exprimentales(disponibilit des donnes, structure dlevage etc..). Nanmoins, quelle que soit lespce
tudie on retrouve systmatiquement les cots dentretien et de production dans la prdiction
de lingr. Notons toutefois que, pour des animaux en croissance, considrer seulement le
gain de poids pourrait-tre suffisant compte tenu du fait que, dans la majorit des tudes, il
explique plus de 70 % des variations de lingr (tableau 1).
Lhritabilit de lingr rsiduel est faible modre dans la majorit des tudes menes
chez les vertbrs terrestres (tableau 3) et a t gnralement estime avec une bonne
prcision. Chez les bovins, elle est en moyenne de 0,2. Chez les cochons, elle est de lordre de
0,3. Chez le lapin, de 0,45 et chez les ovins et les poulets, elle est comprise entre 0,11 et 0,33,
et les carts types correspondants tant faibles. La corrlation gntique de lingr rsiduel
avec lingr est gnralement leve, les individus les plus efficaces tant ceux qui
consomment le moins daliment, sauf dans deux tudes ralises chez les bovins (Fan et al.,
1995; Jensen et al., 1992). Notons toutefois, ces deux tudes tant relativement anciennes,
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quil est possible que la mesure de lingr tait, cette poque, moins prcise que dans les
tudes plus rcentes.
Lingr rsiduel, de part son mode de calcul, doit tre phnotypiquement indpendant du
gain de poids. Il ressort de lensemble de ces tudes que la corrlation gntique entre ces
variables nest pas significative (tableau 3). Chez les bovins, le lapin, et les ovins toutes les
corrlations estimes sont affectes dcarts types importants Les tudes conduites chez les
cochons et les poulets apportent des rsultats similaires, hormis deux tudes pour lesquelles la
corrlation gntique entre le gain de poids et lingr rsiduel est modre (Hoque et al.,
2007a; Tixier-Boichard et al., 1995). En consquence, une slection base sur lingr
rsiduel devrait diminuer lingr de la population sans modifier ses performances de
croissance.
Les effets attendus dune slection sur lingr rsiduel sur la qualit de la chair sont
variables. Chez les bovins, les cochons et le lapin, lingr rsiduel est, pour la moiti des
tudes, indpendant de ladiposit des carcasses (tableau 3). Nanmoins, lorsquune
corrlation significative est dtecte, elle est gnralement positive quelle que soit lespce
tudie, les individus les plus efficaces tant aussi les moins gras. Il est noter que ces
rsultats doivent aussi dpendre du type de mesure dadiposit ralise. Il est probable que les
volutions constates soient diffrentes selon quil sagisse du gras musculaire, du gras
abdominal ou de la carcasse entire.
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Tableau 3. Hritabilits (h) et corrlations gntiques (RG) de lingr rsiduel avec le gain de poids, lin
laliment, estime soit avec lindice de conversion, IC, soit avec lefficacit alimentaire, EA, et ladiposit des
le cochon, lagneau et le poulet
Utilisation alimentIngr rsiduel h2 RGGain depoids
RGIngr
RG MesureRGadipo
Buf Holstein 0.36 0.17 0.39 0.29 -0.02 0.26 ND IC -0.45 0
Buf Hereford 0.07 0.13 0.31 0.87 -0.9 IC ND
Buf Angus 0.23 0.12 -0.71 -0.14 -1 IC ND
Buf Angus 0.39 0.03 -0.04 0.08 0.69 0.03 0.66 0.05 IC 0.17 0.
Buf Charolais 0.39 0.04 -0.10 0.13 0.79 0.04 0.85 0.05 IC ND
Buf japonais noir 0.24 0.11 -0.07 0.14 ND 0.64 0.10 IC -0.66 0
Buf hybride 0.21 0.12 0.46 0.45 0.73 0.18 0.62 0.09 IC 0.35 0
Cochon Yorkshire, Landrace et Duroc 0.30 0.06 0.21 0.11 ND ND IC 0.15 0
Cochon Large white 0.15 0.12 ND ND IC 0.67
Large white franais 0.24 0.03 0.00 0.12 0.77 0.10 0.71 0.12 IC 0.33 0
Cochon Duroc 0.38 0.05 0.53 0.08c ND 0.85 0.02 IC 0.39 0.03a0.3
Cochon Yorkshire 0.29 0.07 0.17 0.18 0.52 0.12 -0.74 0.13 IC -0.14 0.16a 0.
Lapin 0.45 0.11 -0.09 0.22 ND 1 IC 0.15 0
Agneau 0.26 0.07 0.29 0.20 0.77 0.07 0.23 0.07 EA ND
Agneau 0.11 0.05 -0.03 0.20 0.61 0.15 ND IC ND
Pouletf 0.33 0.03 -0.37 0.13 0.62 0.05 -0.22 0.08 EA ND
Pouletg 0.27 0.02 0.07 0.11 0.40 0.04 -0.38 0.05 EA ND
aGras dorsal, bGras intra musculaire, cNombre de jours ncessaires pour atteindre 105 Kg, eGras costal, fvoie mle, gvoie femelle ; ND = non dte
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2. Lestimation des paramtres gntiques de lefficacitalimentaire : les particularits des poissons
Trs peu de donnes sur les paramtres gntiques de lefficacit dutilisation de lalimentsont actuellement disponibles chez le poisson, et aucun programme de slection na, notre
connaissance, encore dbut. Ceci est sans doute expliqu par le fait que la majorit des
espces leves ce jour nont t que rcemment domestiques et que lintensification des
productions est relativement rcente. Toutefois, la tche est plus complexe chez ces espces
car les particularits des poissons, tant zootechniques que physiologiques, font que les sources
de variation de lefficacit dutilisation de laliment sont plus importantes que chez les
vertbrs terrestres. Autant de sources de variation quil faut savoir contrler ds lors que lon
souhaite estimer les paramtres gntiques de ce caractre complexe. Pourtant les
particularits de la reproduction des poissons font quil est possible dutiliser des voies
dapproches diffrentes de celles de vertbrs terrestres.
2.1 Les particularits zootechniques
Nous retiendrons trois grandes caractristiques qui diffrentient llevage des poissons de
celui des vertbrs terrestres : i) llevage est ralis en groupes, les individus partageant un
environnement commun, opaque et de composition difficilement contrlable, ii) il est
extrmement diversifi avec plus de 200 espces domestiques ce jour et ii) il est
relativement rcent.
Tout dabord, le fait que les poissons soient levs en groupe et dans un milieu opaque, fait
que la quantification prcise des quantits ingres est difficile lchelle du groupe voire
impossible l chelle des individus. Ceci a des implications considrables sur lestimation de
lefficacit dutilisation de laliment sur lesquelles nous reviendrons en dtails. En
pisciculture intensive, les poissons sont levs en groupe en densit leve. Chaque groupe a
sa hirarchie propre (Huntingford, 2004). De telles hirarchies peuvent affecter les
performances des poissons de manire variable suivant leur statut social. En effet, dans les
groupes de poissons o une structure hirarchique est tablie, lalimentation des individus
subordonns peut, de ce fait, tre restreinte. Pour un nombre important despces de
salmonids, il existe une corrlation ngative entre la densit dlevage et la croissance : chez
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le saumon atlantique (Salmo salar) (Refstie and Kittelsen, 1976), le saumon coho
(Onchorynchus kisutch) (Fagerlund et al., 1981), la truite arc-en-ciel (Onchorynchus mykiss)
(Li and Brocksen, 1977; Refstie, 1977), lomble de fontaine (Salvelinus fontanilis) (Vijayan
and Leatherland, 1988), et la truite de lac (Salvelinus namaycush) (Sodeberg and Krise, 1986),
mais pas chez lomble chevalier (Salvelinus alpinus)(Jorgensen et al., 1993). Les interactions
sociales peuvent affecter aussi lefficacit dutilisation de laliment car, avec ces dernires, on
a constat, dune part une augmentation des vitesses mtaboliques (Brett, 1964; Christiansen
et al., 1991) et, dautre part, une augmentation du niveau de stress des individus (Schreck,
1982). Ainsi, dans plusieurs tudes, une relation ngative entre lefficacit alimentaire et la
densit a t mise en vidence (Mary and Sakthivel, 2007; Ridha, 2006; Wang et al., 2000a).
Chez les espces territoriales comme les salmonids, des interactions sociales fortes peuvent
aussi apparaitre faible densit. Dans ces conditions, lefficacit alimentaire des individus
dominants peut aussi dpendre de la densit de la population, car lnergie dpense par les
individus dominants pour dfendre leur territoire est fonction du nombre de concurrents
potentiels (Kestemont and Baras, 2001). Une forte densit peut aussi rendre plus difficile
laccs laliment par encombrement dans le bassin, les individus augmentant alors leur
activit et leur dpense nergtique pour se nourrir (Alanara and Brannas, 1996; Marchand
and Boisclair, 1998), ce qui peut affecter lefficacit alimentaire. Par ailleurs, une forte
densit peut affecter la qualit de leau et, en consquence, la croissance et lefficacitdutilisation des aliments (Lemari, communication personnelle).
Le taxa des tlostens inclus plus de 23 000 espces et est le taxa le plus diversifi des
vertbrs. Ces espces se sont rpandues sur toute la surface du globe et ont colonis une
multitude dcosystmes diffrents. A cette diversit dhabitats correspond une diversit de
rgimes alimentaires, les diffrentes espces ayant des besoins mtaboliques varis. La
domestication des 200 espces, aujourdhui produites en pisciculture, a ncessit une
adaptation des systmes dlevage aux besoins physiologiques de chacune des espces, ce qui
a abouti une large diversification des structures et des techniques dlevage. Cette diversit
des pratiques piscicoles empche la gnralisation des rsultats trouvs sur une espce de
poissons lensemble des espces domestiques. Il semble que, mme au sein des
salmonids, lutilisation de lazote et de lnergie est diffrente selon les espces (Berg and
Bremset, 1998; Rasmussen and Ostenfeld, 2000; Refstie et al., 2000). Il a t montr que le
saumon atlantique prsentait une meilleure efficacit alimentaire que la truite arc-en-ciel, ceci
pouvant sexpliquer par une meilleure rtention des protines de la part du saumon atlantique
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(Azevedo et al., 2004a; Azevedo et al., 2005). Les rsultats des comparaisons entre les
espces sont toutefois variables. Dans une autre tude, les saumons atlantiques et les truites
arc-en-ciel avaient des efficacits alimentaires comparables mais les truites arc ciel avaient
des capacits digestives des protines, des lipides et de lnergie suprieures celles du
saumon atlantique (Krogdahl et al., 2004). Il se peut que ces rsultats dpendent des
conditions exprimentales adoptes et, en particulier de lge des poissons et de la nature du
rgime alimentaire test.
Relativement la domestication des vertbrs terrestres qui remonte lhomme prhistorique
(10 000 av JC) (Diamond, 2002), la pisciculture est une activit rcente. Historiquement, la
pisciculture est ne en Chine il y a quatre mille ans avec llevage de la carpe (Balon, 2004).
Toutefois, les premires fcondations artificielles et, avec elles la matrise du cycle de vie
complet des poissons, nont t ralises quau 18mesicle avec la truite arc-en-ciel. Ce nest
que dans les annes 1850 que la pisciculture a commenc se dvelopper, les espces
majoritairement produites tant les salmonids. A partir des annes 1950, le nombre despces
domestiques sest considrablement accru, passant de 42 186 en 2003 (FAO, 2008). Les
connaissances des particularits physiologiques et mtaboliques de ces diffrentes espces
sont variablement approfondies et les programmes damlioration gntique nont dmarr
que pour un faible nombre dentre elles. Toutefois, la relative jeunesse de la pisciculture fait,quen gnral, la variabilit gntique des populations dlevage est encore leve. Les effets
dune possible rduction de la variabilit gntique par slection des gnotypes intressants
pour llevage sont donc limits. De plus, les souches sauvages de chacune des espces
domestiques sont encore bien souvent prsentes dans la nature, permettant le
rafraichissement du pool gntique des populations dlevage. Pour certaines espces comme
la sriole ou languille, la production est encore uniquement base sur lutilisation de
gniteurs sauvages. Pour des espces comme le bar ou la daurade, on recourt priodiquement
lutilisation de gniteurs sauvages (Gjedrem, 2000). Il en rsulte que la variabilit gntique
de la plupart des caractres dintrt agronomique reste importante (Gjedrem, 2000).
Cette domestication rcente fait aussi que les progrs zootechniques sont permanents.
Gnralement, une nouvelle espce est leve en tenant compte des connaissances
accumules sur les autres espces et de ce que lon sait de ses particularits et de son
comportement en milieu naturel. Les paramtres dlevage sont ensuite amliors par
implmentations successives. Le niveau dadaptation des conditions dlevage peut donc
varier en fonction de lanciennet de la domestication. Trs vraisemblablement, ltat de
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domestication influence les besoins nergtiques des individus et leur efficacit dutilisation
de laliment. En effet, on remarque quen pisciculture les premiers gains de croissance
obtenus sont souvent lis une diminution de la rponse des situations de stress
(adaptabilit un nouvel environnement, baisse des interactions dominant-domin, .)
(Fontaine and le Bail, 2004). Il est cependant difficile de pouvoir quantifier leffet de la
domestication sur les variations de lefficacit dutilisation de laliment car il nexiste pas,
notre connaissance, dtudes comparatives entre lignes sauvages et lignes domestiques. On
constate toutefois une tendance lamlioration de lefficacit alimentaire dune espce
lorsque la zootechnie est parfaitement maitrise. Chez le saumon atlantique lefficacit
alimentaire de lignes sauvages a t compare celle de lignes slectionnes sur la
croissance depuis 5 gnrations (Thodesen et al., 1999). Cette tude montre que lefficacit
alimentaire des lignes slectionnes est bien suprieure celle des lignes sauvages (0,93 et
1,16 pour les lignes sauvages et slectionnes, respectivement). Vraisemblablement, une part
de cette amlioration peut-tre due au processus de domestication. Cependant, moins de
possder la fois des lignes sauvages, domestiques et slectionnes, il nest pas possible de
dissocier la part de lamlioration de lefficacit alimentaire explique par la domestication de
celle explique par la slection sur la croissance.
2.2 Les particularits mtaboliques
Les poissons, toutes espces confondues, prsentent deux particularits mtaboliques
majeures en comparaison aux vertbrs terrestres : i) ils sont pokilothermes en ce sens quils
ne rgulent pas leur temprature interne, ii) leur mtabolisme protique est particulier : ils
sont ammoniotliques, le produit final de leur mtabolisme azot tant lammoniac, et ils
utilisent prfrentiellement les protines des fins nergtiques, ayant des capacits limites
digrer et mtaboliser les glucides complexes.
La temprature corporelle du poisson fluctue avec la temprature de leau, ce qui influe sur la
vitesse du mtabolisme. Ainsi, la temprature extrieure fait varier les besoins nergtiques
dentretien et de croissance des poissons. Par exemple, pour une carpe de 80 g les besoins
nergtiques dentretien passe de 28 67 kJ par kg et par jour entre 10C et 20C (Mdale
and Guillaume, 1999). Chez la truite arc-en-ciel, la quantit dnergie ncessaire pour
produire un kilogramme de masse corporelle est de 15-16 kJ 8C et de 17-19 kJ entre 15 et
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18C (Mdale and Guillaume, 1999). Leffet de la temprature sur les besoins nergtiques
est espce dpendante, entre autres, elle dpend de lorigine co-systmique de lespce
(figure 2). Du fait de leur pokilothermie, les besoins dentretien en nergie des poissons sont
trs infrieurs ceux des vertbrs terrestres : ils avoisinent 40 kJ par kg et par jour chez la
truite arc-en-ciel alors que, chez les homothermes, les besoins nergtiques dentretien sont
proches de 300 kJ par kg et par jour (Cho and Bureau, 1998).
Figure 2. Effet de la temprature de leau sur les dpenses nergtiques chez diffrentes
espces (Brett, 1972), cit par Mdale et Guillaume, 1999).
Enfin, dune manire gnrale, le mtabolisme des poissons et, plus particulirement leur
besoin en nutriments, est trs dpendant des facteurs environnementaux tels que la salinit, la
quantit doxygne dissous, ou la qualit gnrale de leau (Four and Labb, 1999).
Les poissons ont un besoin lev en protines alimentaires (entre 30 et 55% de la matire
sche de laliment, selon lespce et lge des poissons) et lon sait aujourdhui que ceci est
expliqu par une utilisation particulire des protines alimentaires. En effet, le turnover
protique dans le muscle de poisson (en moyenne 3-4% par jour) est plus faible que celui
mesur chez les vertbrs terrestres (en moyenne 12-14% par jour), alors que loxydation du
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pool dacides amins des fins nergtiques est plus important (Mambrini and Guillaume,
1999). En consquence, ce sont majoritairement les acides amins dorigine alimentaire qui
servent de substrat nergtique au poisson (Mambrini and Guillaume, 1999). Pour satisfaire
ce besoin, lingrdient majeur des aliments piscicoles est une matire premire riche en
protines, de composition en acides amins quilibr, la meilleure source tant encore la
farine de poisson. Comme indiqu en prambule, ceci a des consquences indniables sur la
durabilit des levages (Cho and Bureau, 1997). Or, on connait mal le dterminisme de cette
particularit mtabolique dont la variabilit phnotypique comme gntique a t encore peu
tudie.
Les sources de variations de lefficacit dutilisation de laliment par les poissons sont donc
nombreuses : tat de domestication, hirarchie du groupe, temprature et qualit du milieu
dlevage. Il se peut aussi, compte tenu du lien entre lefficacit dutilisation de laliment et
le turnover protique dcrit chez les vertbrs terrestres, que la rgulation particulire du
mtabolisme azot des poissons ajoute un facteur supplmentaire de variation.
Il semble bien, par ailleurs, que lefficacit dutilisation des aliments, comme pour les
vertbrs terrestres, varie avec le poids, la composition corporelle et le taux de rationnement
des animaux. Le poids est un facteur de variation important. Mme si la croissance despoissons est continue, elle se ralentit avec le temps et, comme chez les vertbrs terrestres, les
besoins dentretien en nergie des poissons augmentent proportionnellement au poids des
individus (Cho and Bureau, 1995; Lupatsch et al., 2003). Pour un mme ingr, plus un
poisson est petit, plus il allouera une part importante de lnergie ingre sa croissance
(Mdale and Guillaume, 1999). Limportance du poids dans les variations de lefficacit
dutilisation de laliment devrait toutefois tre moindre que pour les vertbrs terrestres car les
besoins dentretien des poissons sont plus faibles. De mme, comme chez les vertbrs
terrestres, lefficacit dutilisation de laliment varie en fonction de la composition corporelle
des individus car la rtention et la synthse des lipides sont moins coteuses en nergie que
laccrtion et la synthse des protines (Blaxter, 1989; Bureau et al., 2002). Enfin, il semble
bien que lefficacit dutilisation de laliment varie avec le taux de rationnement. Laliment
est utilis plus efficacement lorsquil est rationn entre 50 et 70% du niveau dalimentation
volont que lorsquil est distribu un niveau proche de la satit (Bureau et al., 2006; Mazur
et al., 1993). Un tude rcente montre que la corrlation entre le gain de poids et lingr est
plus troite lorsque lalimentation est restreinte 70 % du niveau dalimentation volontaire,
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que lorsque laliment est distribu satit (Silverstein, 2006). Les auteurs suggrent que
lorsque les poissons sont nourris satit, toute lnergie fournie par lalimentation nest pas
attribue la croissance, une partie tait perdue. Ces pertes pourraient tre associes une
augmentation de lutilisation dnergie utilise pour la production de fces et durine, une
augmentation des pertes par lextra-chaleur (Smith, 1989) ainsi qu une diminution de
lefficacit digestive (Hoars et al., 1979). En fait, la relation entre la quantit dnergie
ingre et le gain nergtique nest linaire que jusqu un optimum dingr (figure 3). Au-
del de cet optimum, lefficacit de lutilisation de lnergie en gain nergtique diminue.
Ceci nous rappelle le fait que, chez les vertbrs terrestres, la corrlation gntique entre
lingr et lefficacit alimentaire est majoritairement ngative (tableau 1).
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Figure 3. Variations du gain en nergie chez la truite en fonction de lnergie digestible
ingre (Mdale and Guillaume, 1999).
En rsum, tudier les paramtres gntiques de lefficacit dutilisation de laliment chez le
poisson, demande la mise au point dun protocole spcifique qui prenne en compte les trois
contraintes majeures que soulvent les particularits zootechnique et mtabolique des
poissons (tableau 4).
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Tableau 4.Rcapitulatif des principales caractristiques du modle poisson, consquences et
implications dans ltude des variations defficacit dutilisation de laliment
Origine des
particularits
Consquences Implication pour programme de
slection sur lefficacit alimentaire
Zootechnie
Elevage en groupe,
en densit leve
Cration de hirarchie sociale
qui modifie lefficacit
dutilisation de laliment,
quantification prcise de
lingr difficile pour le
groupe et impossible pour
lindividu
Contrler la composition du groupe,
Mettre au point un protocole bas sur
des mesures de groupe ou qualifier des
mthodes destimation de lingr
individuel
Domestication
rcente
Large variabilit gntique Fort potentiel pour amlioration
gntique exploiter
Diversit des
espces leves
Grande diversit inter-espces,
variabilit des besoins
mtaboliques
Vrifier quun protocole mis au point
sur une espce peut tre appliqu
une autre
Mtabolisme
Pokilothermie Influence de la temprature sur
les besoins nergtiques
dentretien et de croissance
Contrler des paramtres de
lenvironnement, veiller dans les
comparaisons des variations
communes de lenvironnement
Mtabolisme
protique
Utilisation nette de lnergie
des protines alimentaires plus
leve
Manque de donnes pour anticiper les
effets, veiller la composition de
laliment
Il sagira de savoir mesurer de manire fiable lingr de groupe ou davoir qualifi une
mthode destimation de lingr individuel au sein dun groupe, de contrler au mieux les
sources de variations ou de comparer les individus levs dans des environnements les plus
comparables possibles et de tester la pertinence de lutilisation du protocole ainsi mis au point
dans des conditions varies dlevage et pour dautres espces.
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2.3 Les particularits de la reproduction et de la gntique
2.3.1. Gnralits
Le mode de reproduction des poissons, gnralement externe, ainsi que leur forte fcondit,
font que les modles gntiques animaux ou vgtaux peuvent tre employs. La reproduction
externe permet de sparer les ufs dune mme femelle en lot spars et il est possible, pour
chaque gniteur, dtre fertilis par un ou plusieurs gniteurs du sexe oppos, que ce soit dans
la nature ou par fcondation in vitro, lorsque cette dernire est matrise, ce qui est le cas chez
de nombreuses espces dlevage. Cette caractristique des poissons, dune part, permet de
multiplier le nombre possible de familles produites partir dun lot de gniteurs et, dautre
part offre une large flexibilit dans le choix des plans de croisements exprimentaux. La forte
fcondit des poissons permet, en outre, dobtenir pour chaque famille produite un grand
nombre de descendants. Par exemple, une femelle mature produit entre 100 et 150 mille ufs
par kilogramme pour la carpe, aux alentours de 300 mille ufs par kilogramme pour le bar et
de lordre de 1750 ufs par kilogramme pour la truite arc-en-ciel (Refstie and Gjedrem, 2005)
Cette forte fcondit des poissons permet galement dappliquer des pressions de slection
relativement fortes. En contrepartie, un faible nombre de gniteurs suffit engendrer la
gnration suivante, ce qui peut entraner, si lon ne veille pas aux plans de croisement, une
augmentation rapide du taux de consanguinit dans la population.
La reproduction des poissons rend donc possible la mise en place de plans de croisements
exprimentaux de grande ampleur y compris des plans factoriels et ceci pour un cot limit.
En revanche, les larves et les juvniles sont de taille trop petite pour raliser, lclosion, un
marquage physique, rendant difficile le suivi des individus. Par ailleurs, larves et juvniles
sont, comme les adultes, soumis aux variations environnementales. En particulier, les
performances futures de croissance peuvent largement dpendre des conditions dlevage de
dbut de vie. Ainsi, on ne pouvait comparer les performances entre familles que lorsquelles
taient leves sparment, ceci jusqu ce que les individus aient atteint une taille suffisante
pour tre marqus. Il sagit dlever les familles en groupes rpliqus, groupes pour lesquels il
faut veiller ce que lenvironnement soit aussi comparable que possible. Toutefois, mme
dans ces conditions, leffet groupe ou bassin biaise lestimation des paramtres gntiques en
confondant les effets gntiques et les effets de lenvironnement. Dans leur tude mene sur
des saumons atlantiques, Refstie et collaborateurs (Refstie, 1990)ont trouv que leffet de
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lenvironnement commun contribuait pour 10 % de la variation totale de la croissance. Ainsi,
llevage des familles en bassin spars, en ajoutant un effet denvironnement commun, a
pour consquence de surestimer les paramtres gntiques. Par ailleurs, pour un nombre de
descendants constant, plus le nombre de familles tudies est important plus les paramtres
gntiques sont estims de manire fiable. La fiabilit des rsultats dpendra donc des
capacits de la structure exprimentale utilise.
Avec le dveloppement des marqueurs gntiques, il est maintenant possible denvisager
llevage dun nombre important de familles dans un mme bassin, ds le stade uf. Les
individus peuvent tre rassigns posteriori leurs parents respectifs en utilisant les
marqueurs microsatellites (Estoup et al., 1998). Les microsatellites sont des squences
rptes non codantes du gnome nuclaire. Au sein dune espce, certains microsatellites
sont trs variables dun individu lautre. Le nombre de rptitions chacun des marqueurs
est une signature gntique des individus. En comparant les signatures microsatellites des
individus tests celles des gniteurs utiliss pour le croisement, il est possible de rassigner
les individus leurs parents respectifs. Aujourdhui, lutilisation des marqueurs
microsatellites est une technique fiable pour la rassignation de parent. Chez la carpe,
lutilisation de 8 marqueurs microsatellites a permis un taux de rassignation de 95 % pour un
croisement factoriel entre 24 mles et 10 femelles (Vandeputte et al., 2005). Chez le bar, il at possible de rassigner 96% des individus issus dun croisement factoriel complet entre 76
mles et 13 femelles en utilisant 8 marqueurs microsatellites (Vandeputte et al., 2009). De
nombreuses tudes ont utilis avec succs cette technique pour estimer la variabilit gntique
de la croissance des poissons (Dupont-Nivet et al., 2008; Fishback et al., 2002; Herbinger et
al., 1999; Saillant et al., 2006; Vandeputte et al., 2005). Cette technique est de plus en plus
utilise, malgr son cot lev, pour contrler la consanguinit.
2.3.2. Les plans de croisements
Il est donc possible, pour estimer les paramtres gntiques, de recourir diffrents plans de
croisement. Le choix du plan de croisement dpend, dune part, des effets gntiques attendus
sur les variations du caractre (i.e., additif et non additif) et, dautre part, des capacits
daccueil de la structure exprimentale ou de la possibilit de raliser une rassignation de
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parent. Quel que soit le plan choisi, il est prfrable, tant que faire se peut, de raliser les
fcondations le mme jour.
a) Les croisements parpaire
Ce plan de croisement est le plus simple. Il consiste fertiliser les ufs de chaque femelle
avec la semence dun seul mle (figure 4). A lissue du croisement, seules des familles de
plein frres sont compares. Avec ce type de croisement, il nest pas possible de quantifier
leffet maternel. Il nest pas possible non plus de tester les effets de dominance sur les
variations du caractre. Les effets maternels et de dominance, sils sont prsents, biaisent
lestimation de leffet additif. Ce plan de croisement nest donc pertinent que lorsque les
effets gntiques non additifs et les effets maternels sont connus pour tre faibles.
Figure 4.Croisement par paire, un mle crois avec une femelle. Les mles sont reprsents
en bleu, les femelles en rose et les descendants en vert.
b) Les croisements hirarchiques
Les croisements hirarchiques sont les plus couramment utiliss chez les vertbrs terrestres.
Il existe deux types de croisements hirarchiques : par la voie mle (figure 5) et par la voie
femelle (figure 6). Le croisement hirarchique par la voie mle consiste croiser chaque mle
avec plusieurs femelles. Le nombre de familles de plein frres est gal au nombre de femelles
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et le nombre de familles de demi frres est gal au nombre de mles. Le croisement
hirarchique par la voie femelle consiste croiser chaque femelle avec la semence de
plusieurs mles. Le nombre de familles de plein frres est gal au nombre de mles et le
nombre de familles de demi frres est gal au nombre de femelles. Dans les deux cas, les
composants de la variance mle et de la variance femelle reprsentent chacun un quart de la
variance additive gntique totale. Le croisement hirarchique par la voie mle permet une
estimation non biaise de la variance gntique additive et une estimation des effets
maternels, qui peuvent toutefois tre biaiss en prsence deffets de dominance. Par la voie
femelle, la variance gntique additive estime peut tre biaise par les effets maternels, si ces
derniers sont consquents. Les croisements hirarchiques ne permettent pas destimer la
variance de dominance.
Figure 5. Croisement hirarchique par voie mle. Les mles sont reprsents en bleu, les
femelles en rose et les descendants en vert.
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Figure 6.Croisement hirarchique par voie femelle. Les mles sont reprsents en bleu, les
femelles en rose et les descendants en vert.
c) Les croisement factorielsCe plan de croisement consiste croiser tous les mles avec toutes les femelles. Avec le
croisement factoriel complet, le nombre de familles de plein frres est gal au nombre de
mles multipli par le nombre de femelles (figure 7). Le croisement factoriel est le seul plan
de croisement qui permette destimer sans biais les effets gntiques additifs et de dominance
ainsi que les effets maternels.
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Figure 7.Croisement factoriel complet. Les mles sont reprsents en bleu, les femelles en
rose et les descendants en vert.
Afin de limiter les cots exprimentaux, le nombre de gniteurs utiliss ainsi que le nombrede descendants peut tre optimis. Du fait quil est plus facile de synchroniser la reproduction
dun grand nombre de mles que dun grand nombre de femelles, on peut prfrer des
croisements factoriels avec peu de femelles, plus facile mettre en uvre et ayant des
proprits similaires aux croisements factoriels utilisant le mme nombre de mles et de
femelles pour lestimation de la variance gntique additive (Dupont-Nivet et al., 2002). Le
nombre de femelles utilises dans le croisement ninflue que trs peu sur la prcision des
estimations des paramtres gntiques (Vandeputte et al., 2001). Cependant, il semble
ncessaire dutiliser au moins 40 mles et deux femelles, et de caractriser au moins 1000
descendants afin davoir une estimation prcise de lhritabilit des caractres tudis
(Vandeputte et al., 2001). Ce type de croisement factoriel partiel ne biaise pas les estimations
des paramtres gntiques. Pour autant, il ne permet pas destimer les effets maternels et peut
savrer risqu car dpendant de la fcondit de seulement deux femelles.
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2.3.3. Les possibilits offertes par les clones
La reproduction externe des poissons rend aussi possible les manipulations chromosomiques
et en particulier la production de clones. Nous insistons dans la prsente section sur les atouts
que peuvent reprsenter les clones pour estimer les paramtres gntiques, plus
spcifiquement sur la possibilit quils offrent de caractriser en dtails la variabilit
environnementale. Les clones, chez les poissons, peuvent tre produits par gynogense ou
androgense. Le principe gnral est le mme. Le matriel gntique dun des deux parents
est dtruit avant la premire division de luf, par une mthode chimique ou thermique. Cest
alors, sur la base du gnome dun seul des parents, que lembryon se dveloppera. Il est en
gnral plus difficile, mais pas impossible, de dtruire totalement le matriel gntique de la
femelle, la production de clones par androgense demandant une vigilance particulire quantau contrle de lorigine gntique effective des individus. Nous dtaillons ci-dessous plus
prcisment lobtention de clones gynogntiques.
Pour obtenir des clones gynogntiques, il faut pratiquer successivement deux types de
gynogense. La premire, la gynognse mitotique, permet de crer des individus
homozygotes tous leurs locus partir dune femelle htrozygote. La deuxime, la
gynognse miotique, permet dentretenir les clones mitotiques. Ces deux techniques ont t
rcemment dcrites en dtail (Komen and Thorgaard, 2007). La gynognse mitotique
implique plusieurs tapes. En premier, lADN contenu dans les spermatozodes est fragment
par rayonnement gamma ou ultra violets. Les spermatozodes, ainsi inactivs, sont fusionns
avec lovule non trait, ce qui a pour effet dactiver, dans lovule, la deuxime division de la
miose. Par la suite, le gnome haplode est rendu diplode en inhibant la premire division de
mitose. Cette inhibition est classiquement ralise par choc de pression ou choc thermique.
Les individus ainsi produit sont appels haplodes doubls (figure 8).
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Figure 8.A. Miose classique : recombinaison entre chromatides non surs, suivie par la
premire division de miose produisant deux paires de chromatides surs. Ces paires de
chromatides sont ensuite spares au cours de la deuxime division de miose pour produire
4 gamtes diffrents. B. Gynognse mitotique : inhibition de la premire division mitotique
crant des embryons homozygotes diplodes (Komen and Thorgaard, 2007).
Lorsque les lignes haplodes doubles ont t cres, il est possible de les conserver au
travers de gnrations successives par gynognse miotique (figure 9). Le principe est
quasiment identique celui de la gynognse mitotique : les spermatozodes sont dabord
inactivs puis fusionns avec lovule. La diffrence est, quavec cette technique, la formation
dembryons diplodes se fait la fin de la deuxime division de miose, en empchant le
globule polaire de sortir de luf et ce, par choc thermique ou par choc de pression. Pour le
Recombinaison
Ovulation
2divisionmiotique
Gamtes
Ttrades miotiques
A
Recombinaison
Ovulation
2divisionmiotique
Gamtes
Ttrades miotiques
Chocthermique
Haplodes doublsB
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maintien des lignes homozygotes, la gynognse miotique est prfre la gynognse
mitotique, car elle ncessite des conditions exprimentales moins traumatisantes pour les
ufs. Par exemple, lorsque le choc thermique est utilis pour la formation de lembryon
diplode, la temprature adquate pour la gynognse mitotique est de 31,5C alors que celle
de la gynognse miotique varie entre 26 et 28C. Ces plus faibles tempratures augmentent
le taux de survie des ufs.
Figure 9.Gynognse miotique : inhibition de la deuxime division de miose produisant
des diplodes miotiques. Si le parent est homozygote tous ses locus, comme cest le cas
la suite dune gynognse mitotique, tous les descendants sont eux aussi homozygotes
(Komen and Thorgaard, 2007).
Entre les individus dun mme clone, les variations gntiques ainsi que les co-variations
entre lenvironnement et le gnotype sont nulles lintrieur dun clone, seules restent les
variations environnementales. Ainsi, du fait de leur homognit gntique, les organismes
clons prsentent donc une rduction de la variance phnotypique. Il en rsulte que les
coefficients de variations des caractres sont en gnral plus faibles chez les clones que dans
Recombinaison
Ovulation
Chocthermique
Ttrades miotiques
Diplodes miotiques
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les familles classiques. Les variations intra clone tant plus faibles, les variations inter clones
apparaissent plus importantes, ce qui facilite la dtection de variabilit gntique. Les
particularits gntiques des clones ont dj t mises profit pour dtecter la variabilit
gntique de caractres fortement soumis aux variations environnementales tels que le
comportement (Iguchi et al., 2001; Lucas et al., 2004). Cependant, luniformit phnotypique
des clones dpend de la sensibilit du caractre aux variations environnementales dans la
population de base. Les performances des individus sont dautant plus homognes que le
caractre prsente une hritabilit leve. De plus, luniformit phnotypique des clones
dpend de leur sensibilit aux variations environnementales. En effet, la rponse des
individus aux variations environnementales peut dpendre de leur patrimoine gntique.
Ainsi, les clones peuvent tre plus ou moins sensibles aux variations environnementales. Il en
rsulte que, dans un environnement donn, les variances dun mme caractre ne seront pas
identiques dun clone lautre. En revanche, il est possible dlever un mme individu
gntique dans diffrents environnements et, ainsi, destimer lampleur des interactions
gnotype x environnement ou damliorer, par rptition, la prcision de la mesure du
caractre pour un gnotype donn.
3. Les premires estimations des paramtres gntiques de
lefficacit alimentaire chez les poissons
3.1 La rponse corrle la slection sur la croissance
Comme chez les vertbrs terrestres, une stratgie envisageable pour amliorer lefficacit
dutilisation de laliment est de slectionner sur la croissance. Il existe plusieurs critres
permettant de caractriser la croissance des poissons. Le poids est le critre le plus simple. Il
est facilement mesurable et est intgrateur des performances de lindividu depuis lclosion de
luf jusquau stade adulte. De ce fait, le poids a t le critre le plus couramment utilis pour
estimer les paramtres gntiques de la croissance (tableaux 5 et 6).
Notons immdiatement que le critre mesur pour slectionner sur la croissance a t le poids
ou la longueur, qui est troitement corrle au poids et plus facile mesurer dans des
conditions classiques dlevage. Il aurait sans doute t intressant dutiliser des critres de
gain de poids indpendants de la valeur du poids. En effet, la relation entre le gain de poids et
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le poids nest pas linaire. Longtemps, on a utilis le taux de croissance spcifique (ou
specific growth rate, SGR), qui fait lhypothse